LE MAÎTRE DE L`HUMOUR

ALEXANDRE ASTIER
LE MAÎTRE DE L’HUMOUR
- Décembre 2015
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Couverture : dessin spécialement réalisé pour ce numéro
d’In Fine magazine par «Mélusine - Aisling Art» à partir
d’un portrait photo d’Alexandre Astier.
SOMMAIRE
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#01 - DECEMBRE 2015
KAAMELOTT / QUE MA JOIE DEMEURE / EXO - CONFÉRENCE
Antoine Lifaut
Etudiant en première
année de cycle bachelor journaliste à l’institut supérieur des
médias à Paris (l’ISCPA)
ÉDITORIAL
attaques de Paris qui entrainent le décès de
cent-trente personnes - l’émission « Un jour
dans l’histoire » de Laurent Delahousse est
diffusée. Ce programme retrace l’ensemble de
l’histoire de l’État Islamique - qui revendique
être responsable de ses actes barbares et inAntoine Lifaut
humains perpétrés au sein de la capitale - et
Photographie : Noémie Watel
contre qui la France est en guerre. « C’est un
« Felix qui potuit rerum cognoscere cau- acte de guerre » telle est la phrase prononcée
sas » signifie, en latin, « heureux celui par l’actuel président français. Toutefois - selon
qui a pu pénétrer les causes secrètes des le site « Toutelatélé » cette émission instructive,
choses ». Telle est la définition du journa- ne réunie que 15,04% de part de marché. Elle
lisme.
est battue par TF1 qui - avec un divertissement
- fédère presque trois millions de téléspectaAprès avoir écouté l’échange entre l’humoriste teurs supplémentaires.
Alexandre Astier et Michel Mayor - Professeur
à l’université de Genève - j’ai décidé de réaliser Vivre dans un monde au sein duquel une soice numéro sur le créateur de la série « Kaame- rée Secret-Story - émission de télé réalité - raslott ».
semble plus de téléspectateurs qu’un journal
Dans le cadre du spectacle « Exo-Conférence » télévisé me désole. C’est la raison pour laquelle
d’Alexandre Astier, Michel Mayor demande à Alexandre Astier, ses travaux et la manière qu’il
ce dernier : «Le soir de la finale du mondial de a de les réaliser sont les sujets principaux de
football, on annonce un signal pouvant provenir ce dernier numéro 2015 d’In Fine Magazine. En
d’extraterrestre, quelle sera l’émission la plus tournée dans toute la France pour son dernier
regardée ?» Monsieur Astier lui répond : « Le spectacle : Exo-Conférence et source de poléboson de Higgs, ça a duré trois jours aux infor- mique vis-à-vis du retour de Kaamelott dans les
mations. Philae cinq, maximum. [En revanche] salles sombres, monsieur Astier est au coeur
François Hollande qui emmène des croissants de l’actualité.
en scooter à Julie Gayet : un mois. Et d’une Cet artiste brillant, aussi bien réalisateur que
façon générale, qu’est ce qui pourrait battre un monteur vidéo, acteur, humoriste, composimondial de football ? À moins que les extrater- teur, musicien, écrivain, scénariste ou encore
restres débaroulent sur le stade et prennent Lio- dialoguistes m’a transmit un certain savoir à
nel Messi en otage, rien [aucuns programmes] travers ses oeuvres que nous pouvons qualifer
ne battra le football. »
d’intelligentes, d’humoristiques, d’historiques,
Aujourd’hui, nous sommes dans un monde où de philosophiques et parfois même, de dramal’information ne captive pas l’attention d’une tiques.
majorité de français comme se fût le cas lors
de l’âge d’or de la presse. En effet, l’heure est Monsieur Alexandre Astier est un des rares coau divertissement. Dimanche 29 novembre médiens à réaliser des oeuvres comiques intel2015 - seulement seize jours après les terribles ligentes: il est le maître de l’humour.
@alifaut
Antoine Lifaut
Kaamelott - Arthur et Lancelot
Dessin réalisé par Mary du site
Katikut
Biographie
05 Présentation
Le créateur de Kaamelott n’est pas seulement à l’origine de la
série culte mais aussi de nombreuses autres oeuvres toutes plus
grandioses les unes des autres.
Article de fond
06 Manière de faire
Alexandre Astier a une façon de travailler qui lui est propre. Vous
découvrirez à travers une enquête sur la véracité de son travail et
le témoignage d’une actrice de Kaamelott : Alexandra Saadoun qui me confie que dire à des jumelles qu’elles sont identiques est
la pire des choses - pourquoi monsieur Astier a autant de succès.
Reportage
08 Tous à l’Exo-Conférence !
Concernant les travaux d’Alexandre Astier, toute analyse est impossible sans se rendre à l’une de ses représenations. Par conséquent, nous sommes allés à Amiens le 30 septembre dernier. Afin
d’assiter à son spectacle : l’«Exo-Conférence»
Témoignage d’un proche d’Alexandre Astier
09 François Vatin - Créateur sonore
François Vatin est régisseur et créateur sonore pour l’artiste depuis son premier spectacle - après Kaamelott - : «Que ma joie
demeure», il me raconte son quotidien auprès d’Alexandre Astier.
Interview d’Alexandre Astier
10 «Je suis un Leucosélophile»
«Je vais écrire Kaamelott juste pour que ça me plaise à moi»,
Alexandre Astier répond à mes questions par courrier électronique.
OURS
Rédaction :
12 Rue Alexandre Parodi,
75010 Paris
Tél: 01 80 97 65 80
Directeur de la
rédaction :
Charles Desjardins
Rédacteur en Chef :
Antoine Lifaut
Rédaction de ce
numéro:
Antoine Lifaut
Graphiste :
Antoine Lifaut
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ALEXANDRE
ASTIER
L’HUMOUR
EXCEPTIONNEL
Antoine Lifaut - In fine Magazine
D
ies Iræ - « jour de colère »
en latin. Tel est le nom
d’une des préparations à l’origine de la série télévisée Kaamelott - les plus chères
d’Alexandre Astier né le 16 juin 1974
à Lyon, qui conquit rapidement son
public grâce à un humour décalé et
réfléchi.
Talentueux, tel est l’adjectif adéquat pour qualifier cet homme qui
est aussi bien réalisateur que scénariste, monteur vidéo, compositeur, humoriste et comédien.
Alexandre Astier
Droits réservés
Après avoir étudié - à partir de 1989
- à l’American School of Modern
Music il est remarqué pour jouer la
pièce «Le Jour du Froment» à Lyon.
Alexandre Astier multiplie les réalisations et obtient notamment le prix du
public - du festival Off-Court en 2003
- pour un court-métrage de quatorze
minutes : Dies Iræ.
La série télévisée Caméra Café
- programme court diffsé sur M6 touche à sa fin en 2003 et la sixième
chaine de la TNT recherche un nou-
veau successeur, capable de maintenir les audiences engendrées par
le précédent programme.
Le projet du réalisateur lyonnais est
sélectionné et très vite, devient la
série : Kaamelott, désormais culte.
Entre le 03 janvier 2005 et le 31 octobre 2009, Alexandre Astier met en
scène - sous forme de courts programmes - les personnages de la
légende arthurienne, en quête du
Saint-Graal. L’humour absurde est
au coeur du travail de l’artiste.
La série télévisée s’éteint, quatre
années après avoir commencé et
laisse aux français une trace indélébile. Toutefois, son créateur a pour
projet de divulguer son oeuvre - afin
de poursuivre l’histoire du roi Arthur,
interprété par lui même - dans les
salles noires, sous forme de trois
longs-métrages. Ce projet ne voit
pas le jour dans les temps souhaités
par le réalisateur car un conflit oppose - selon Bruno Solo, producteur
associé - la société de production
CALT et notament Jean-Yve Robin
son président au lyonnais Alexandre
Astier. Néanmoins, ce dernier an-
nonce le 02 novembre 2015 au micro
de France Inter :
« Je me retrouve aujourd’hui avec
Kaamelott dans la situation que
j’avais désirée, j’ai recommencé
à travailler sur une prochaine saison destinée au cinéma. »
En attendant que voit le jour ce septième volet tant attendu, Alexandre
Astier séduit la France grâce à ce
style qui lui est propre à savoir mélanger histoire, apprentissage et surtout humour. Le 05 mars 2012 - quelques mois
avant la sortie du premier long métrage de l’artiste : « David et Madame
Hansen »- au Théâtre du RondPoint, Alexandre Astier monte sur
les planche afin d’incarner le Cantor de Leipzig - Johann Sebastian
Bach, dans une pièce où il vulgarise
ce grand musicien et montre aussi
sa part de fragilité. Après avoir reçu
le prix du jeune théâtre par l’académie française, il travaille durant deux
années sur un nouveau spectacle :
l’Exo-Conférence.
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UNE FAÇON
ORIGINALE
DE TRAVAILLER
Nombreux sont les fans qui s’accordent pour affirmer qu’Alexandre Astier est un homme
talentueux. Ses travaux conquièrent la France depuis plus de dix années. Toutefois, la
façon dont monsieur Astier travaille est particulière. De quelle manière, le roi Arthur réalise-t-il ses travaux ?
Alexandre Astier lors d’un des ses tournages
Droits réservés
P
our répondre convenablement à cette question,
je suis allé à la rencontre
d’Alexandra Saadoun - qui
interprète le rôle de Aziliz, une des
jumelles du pêcheur dans la série
Kaamelott - avec qui je me suis entretenu longuement. Après avoir étudié à l’école : « ISIPCA » - L’institut
supérieur international du parfum et
de la cosmétique et de l’aromatique
alimentaire - située à Versailles, A.
Saadoun intègre les cours de l’école
Florent située à Paris. Elle étudie l’art
du théâtre pendant trois années puis
décide de passer - avec sa soeur jumelle : Magali Saadoun - le casting
d’Alexandre Astier. Ce dernier surprend les actrices en les priant de réaliser une vidéo chez elles et non de
passer un véritable casting.
Réalisateur, acteur, monteur, scénariste, et compositeur, le roi Arthur
est présent dans presque tous les
métiers du cinéma. Toutefois, Alexandra Saadoun et sa soeur s’étonnent
de la simplicité d’Alexandre Astier qui, malgré son succès grandissant,
conserve une humilité certaine.
Alexandra Saadoun me confie :
«Nous avions de lourdes journées
puisque nous arrivions tôt le matin
sur le plateau [au début en région parisienne puis à Lyon] apprenions nos
textes pendant que nous nous préparions - maquillage et coiffure - et tournions avec Alexandre Astier jusqu’au
soir.»
En effet, les jumelles ont été présentes
de la seconde saison de Kaamelott
jusqu’à la sixième, à l’exception de la
cinquième. En effet, Alexandre Astier
souhaitait qu’une des deux jumelles
soit enceinte pour le tournage. Magali
l’était; mais en fin de grossesse. Cette
dernière ne souhaitait pas accoucher
sur le tournage de Kaamelott [ayant
lieu en Bretagne], loin de chez elle.
Par conséquent le réalisateur dû
modifier l’écriture de la série et les
jumelles n’ont pas tounées dans la
« saison noire » - cinquième volet.
Néanmoins, Alexandra et Magali accompagnent Alexandre Astier pendant plusieurs années et l’actrice interprétant Aziliz me confie : « Nous
passions de bonnes journées malgré
la pression qu’Alexandre Astier avait
sur les épaules, il riait et mettait tout
en oeuvre pour nous détendre. »
Alexandra Saadoun ajoute « tourner dans Kaamelott était un plaisir
puisque nous pouvions observer la
complexité, la profondeur de l’écriture
d’Alexandre Astier. Oui, Kaamelott
n’est pas une comédie sans fond. »
Jumelles du pêcheur
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En effet, selon un communiqué officiel de la chaîne M6 rendu public
le 02 mars 2015 : « En prime time,
toute l’équipe de Kaamelott a réuni
son public d’inconditionnels, offrant à
la chaine un succès d’audience. En
première partie de soirée, 256 000 téléspectateurs ont répondu présents,
avec un pic à 350 000 amateurs.
Sur les 4 ans et plus, Kaamelott a
dominé le match des audiences de
la TNT HD, avec 1% de part de marché. Avec ces niveaux, 6ter a fait jeu
égal avec France 4 et On n’est plus
des pigeons !» et annonce - dans le
même communiqué - «que Kaamelott
disparait désormais de la grille des
programmes de la chaîne.»
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Les audiences suscitées par la série
qui met en scène les légendaires chevaliers vivant dans Kaamelott sont
aussi élevées ; non pas seulement
pour l’humour décalé d’Alexandre
Astier mais pour le côté instructif de
la série. Le monde de la comédie est
d’avantage à l’imagination qu’à la recherche historique. En effet, l’écriture
des comédies qui prennent la forme
de « ShortCom » - format court de
vidéo utilisé pour des programmes
tels : parents mode d’emploi, Caméra
Café, Kaamelott ou Scène de ménage
- sont généralement inspirés de faits
du quotidien retransmis sous forme
humoristique. Mais Alexandre Astier
- à la différence de nombreux réalisateurs - ne s’arrête pas au simple fait
d’imaginer des situations comiques,
il travaille à la véracité historique de
ses projets.
Alexandre Astier confie à In Fine
magazine : « J’étudie le plus possible sans rien écrire »
L’oeil inquisiteur des historiens, souvent en quête d’anachronisme et
d’incohérence dans les oeuvres historiques auront du mal à s’attaquer à
Kaamelott. Alexandre Astier offre une
force comique à son histoire pendant
les quatre premières saisons. Il offre
un côté philosophique à la cinquième
saison, et surtout historique pour le
sixième volet.
Dans la série télévisée, le roi Arthur
né au Ve siècle après Jésus-Christ
sur l’île de Bretagne - actuelle Angleterre - grandit à Rome en camps
militaire. Durant son éducation, la si-
Loli Puech
«Voilà comment je le perçois et ce
que je pense de lui et de son travail.
Tu fais un article sur un homme fascinant. Alexandre est carré, rigoureux,
consciencieux et organisé dans son
travail. Brillant et performant, il n’a
pas peur du défit on peut le constater dans l’exoconference ou même
pour le travail accompli dans Asterix
tuation politique bretonne est catastrophique puisque aucun chef n’arrive
à accéder au trône. Arthur réussit
donc à fédérer le royaume de l’Ogre
comprenant : l’Irlande, l’ensemble
de l’île de Bretagne, la Bretagne, la
basse normandie, les pays de la Loire
et l’Aquitaine.
Les travaux de l’artiste retranscrivent-ils vraiment l’histoire ? Pour
répondre correctement à cette question, j’ai effectué des recherches historiques sur la légende arthurienne
afin de comparer Kaamelott au véritable mythe.
Les nombreuses histoires présentes
dans la mythologie arthurienne sont
très probablement inspirées d’autres
faits historiques que ceux ayant eu
lieu lors de la chute de Rome - au Ve
siècle. En effet, la légende fut écrite
au XIIe siècle par des moines, soit
presque sept-cent années après les
fait retranscrits.
Le Ve et VIe siècle représentent une
période floue pour les historiens. En
effet, l’Europe, sous domination romaine, subit des invasions scandinaves et germaniques poussant peu
à peu le front romain à reculer. Les
historiens relèvent à ces instants de
nombreuses vagues migratoires des
habitants de l’île de Bretagne vers le
continent. Toutefois, même si aucune
version véridique n’ait pu être établie, il est probable que - excepté le
mur d’Adrien - les romains aient laissé une province sans défense.Cette
dernière est reprise par les chefs dirigeant divers peuples mais incapables
de s’allier. C’est à ce moment qu’un
(très gros challenge en matière de
conception) Déterminé, volontaire,
fait en sorte de toujours mener à bien
ce qu’il entreprend. Intelligent, voir
meme erudit, il s’en sert et le met à
profit dans son travail. Sérieux, ambitieux, responsable, perfectionniste,
draconien, droit, concret, méthodique, et calculateur. Ce qu’il bâtit
est solide.
Beaucoup d’adjectifs qui je pense le
caractérise au mieux dans le travail
qu’il a accompli »
7
breton a pu fédérer ces peuples afin
de lutter contre les invasions des tribus saxonnes et des angles. Cette
fédération - nommée « Loegrie » par
Geoffroy de Monmouth - fut très probablement dirigée par le roi Arthur.
Cette plausible version historique
concorde parfaitement avec celle
d’Alexandre Astier et d’une manière
générale, l’artiste met tout en oeuvre
pour que ses travaux soient les plus
réalistes possible.
Le blog du petit zombie fait remarquer
: « Les costumes, les références, tout
y est. La série va même jusqu’à différencier le légionnaire du garde
prétorien, ce qui entre nous, n’aurait
rien changé dans l’œil du téléspectateur. » et ajoute également : « À ce
jour, très peu de fictions grand public
ont su manier les rouages de la Rome
antique aussi bien. Et si on se limite à
la France, il me semble que c’est la
première. Bien sûr, il ne faut pas oublier que Kaamelott, c’est une production conséquente. Si la politique de
non-papier-mâché d’Alexandre Astier
a fortement contribué au succès, les
soutiens « commerciaux » aussi. »
Le public d’Alexandre Astier, séduit
par ce côté éducatif et drôle ne demande désormais plus que la suite de
Kaamelott; cette série racontée sur
divers supports : télévision, musique,
bande dessiné et prochainement roman et cinéma.
Pour apporter un regard différent
vis-à-vis des travaux de l’artiste, je
suis allé interroger des fanatiques
d’Alexandre Astier sur un groupe
Facebook de «kaamelottophiles».
Marie Dom Bumard
«Hello, concernant Astier, son oeuvre
est transmedia et a univers cohérent,
comme les canons de la culture geek le
veulent.
Lui même s’expose de manière cohérente puisqu’il se met en scène en réalité dans son personnage. Cela permet
aux fans d’agrandir leur univers sans se
sentir dupés (contrairement par exemple
a Léonard nimoy ).
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L’Exo-Conférence : le spectacle
venu d’ailleurs
Alexandre Astier
Sur la scène du Zénith d’Amiens le 30 septembre.
A
SOMMES NOUS SEULS ?
lexandre Astier tente
de répondre - dans
l’Exo-Conférence - à
cette question ayant
déjà traversée l’esprit de chaque
terrien et qui demeure aujourd’hui
sans réponse.
À cet instant, mercredi 30 septembre 2015, il est 20h30 et
déjà de nombreuses personnes
patientent pour assister à la représentation de cette pièce de
théâtre dans laquelle le comédien
met en scène un astrophysicien
retraçant les grandes étapes de
la formation de l’univers depuis
le Big-Bang avant de se pencher
sur la question de la vie extraterrestre.
Lorsque nous entrons dans cette
grande salle qu’est le zénith
d’Amiens - prévue pour accueillir
6000 personnes - nous sommes
surpris par l’engouement du public d’Alexandre Astier. Placés
devant; rang J3, nous attendons
avec impatience l’entrée en
scène de l’artiste.
Lorsque soudainement, la salle
se plonge dans le noir le plus total
et les écrans géants s’allument ;
affichant des animations retraçant les grandes étapes de la
formation de l’univers. Monsieur
Astier - tant attendu - commence
son spectacle tel qu’il l’a toujours
fait; à savoir prendre le public
pour des imbéciles. En effet, il
tente de nous faire comprendre
que personne ne peut décrire,
avec certitude, une naissance de
l’univers et que par conséquent
le Big-Bang n’a jamais été une
explosion comme beaucoup le
pense. Il laisse le silence s’installer pendant l’espace d’une dizaine de secondes pendant lesquelles son regard signifie que
son public n’est pas suffisamment élevé intellectuellement
pour comprendre cette théorie. Il
finit par dire : « non, gardons les
explosions. »
Sur la scène, seuls deux décors
sont présents : un escalier en
mouvement ainsi qu’un endroit
dans lequel l’humoriste trouve :
ordinateur, appareil permettant
de joindre les extraterrestres, saloon etc.
Alexandre Astier poursuit en montrant à son public les différentes
cosmogonies qu’ont imaginées
les diverses civilisations telles
que les mayas ou les indiens. Il
mélange durant presque deux
heures, vie extraterrestre et absurdité totale. En effet, monsieur
Astier rentre en communication
avec un habitant d’une autre planète. Ou encore, explique la bêtise des américains lorsqu’ils em-
barquent, en 1972, une plaque
métallique à bord d’une sonde
baptisée Pionneer - sur cette
plaque sont gravés homme et
femme nus ainsi que notre système solaire et le parcours effectué par la sonde pour en sortir.
En effet, les américains grave le
trajet de la sonde en partant de la
terre jusqu’à l’étoile d’Aldébaran
située à soixante cinq années lumière de notre planète. Il ironise
en disant : « Je ne vois pas l’intérêt de leur faire un topo [aux extraterrestres] sur les dix huit premiers mois d’un voyage de deux
millions d’années. C’est aussi
débile que de faire Lyon - Pékin
à vélo et une fois arrivé là bas
de dire « tiens viens voir machin,
écoute je suis sorti de mon garage, j’ai contourné ma poubelle
.. » Aussi débile. »
Alexandre Astier multiplie les
mises en scène de personnages
historiques comme l’astrologue et
astronome Ptolémée ou encore
un représentant de l’église qui
reçoit Nicolas Copernic et menace d’assassiner l’astronome
car ce dernier affirme que la terre
est ronde et n’est pas au centre
de l’univers comme nous le pensions au XVIème siècle.
Telle est la grande force
d’Alexandre Astier : vulgariser
des révolutions intellectuelle.
Lorsque l’Exo-Conférence touche
à sa fin, l’humoriste saisit sa guitare et donne un concert - de
quelques minutes - accompagné
de deux autres guitaristes et d’un
batteur.
Une fois le spectacle terminé,
nous repassons la porte du zénith
et sommes surpris d’avoir assister à une représentation humoristique tout en s’étant instruit.
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TÉMOIGNAGE DE
FRANÇOIS VATIN
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François Vatin est le créateur et régisseur sonore des spectacles d’Alexandre Astier. Après
avoir suivit une formation à l’école nationale de théâtre, il travaille dans la régie du théâtre
de l’Odéon. Monsieur Vatin commence a réaliser des sons pour A.Astier lorsque ce dernier
monte sur scène en 2012 pour jouer «Que Ma Joie Demeure». François est aujourd’hui
devenu proche de l’artiste et il nous raconte son quotidien auprès du roi Arthur.
François, comment se sont déroulés vos débuts avec A.Astier ?
«En février 2012, j’ai reçu un appel de Jean-Christophe Hembert.
Étant passionné par la série, je réalisais difficilement ce qu’il me proposait: devenir le créateur son du futur
spectacle d’Alexandre Astier : « Que
Ma Joie Demeure ».
La première représentation devait
avoir lieu le 05 mars au Théâtre du
Rond Point. La rapide préparation du
spectacle n’a pas été de tout repos
puisque nous avons travaillé sans
le texte, nous avions juste les informations nécessaires à la réalisation
de nos tâches respectives. En effet,
Alexandre est une « marmite », il
conserve les textes jusqu’à l’avantveille de la représentation, mais lorsqu’il ouvre son couvercle, alors nous
nous devons de le suivre, car il sait
exactement ce qu’il veut. C’est surement ce qui fait son succès.»
Comment s’organise la préparation d’un spectacle ?
«Mon travail est de créer des sons
pour les spectacles. C’est une tâche
dans laquelle aucun détail ne doit
être négligé afin d’offrir au show, ce
côté dynamique - parce que la particularité du comique, c’est le rythme.
Mais vous savez, Alexandre reste
extrêmement attentif à tout ce qui
se prépare durant la conception de
son spectacle c’est-à-dire qu’il vient
régulièrement me voir afin de me
conseiller. Je sais que tout ce qui me
souffle est un bon conseil.
Les spectacles d’Alexandre Astier
sont réalisés d’une façon très profes-
François Vatin
sionnelle.»
De quelle manière se déroulent les
tournées des spectacles ?
«Il nous est arrivé de rencontrer
des problèmes liés, par exemple, à
l’agencement des salles. Les « Zénith » ou « Olympia » qui ne sont,
initialement pas prévus, pour le
théâtre. C’est-à-dire que la visibilité
de l’artiste sur scène est mauvaise.
Nous avons donc placé deux écrans
géants sur lesquels, l’image de l’artiste est retranscrite, afin de l’améliorer.
Notre quotidien est régi par une
bonne ambiance, ce qui est pour
Alexandre Astier, très important. Cependant, nous travaillons de la façon
la plus professionnelle possible.
Vous savez, Alexandre est soumi à
une très forte pression; mais jamais
il ne la fera subir à son équipe. Lorsqu’il est angoissé, il prend sur lui et
cela est très appréciable.»
Quel est le facteur faisant que les
salles dans lesquelles Alexandre
se produit sont toujours remplies?
«Après Kaamelott, Alexandre a
réussi à monter sur scène en travaillant comme il l’a toujours fait, à
savoir mélanger art comique, dramatique puis surtout à vulgariser les
situations. Il est très audacieux car
lorsqu’il interprète Johan Sebastian
Bach, ce grand musicien, en disant
comme première phrase au public :
« Bande de pecno », il casse l’image
rigide du Cantor de Leipzig. De plus,
à la différence de beaucoup d’artistes, Alexandre relate des faits historiques dans ses spectacles, ce qui
instruit son public tout en le faisant
rire; avec cette impulsion d’écriture,
qui lui vient de Michel Audiard et ce
jeu d’acteur inspiré de Louis De Funès.
C’est pour ces raisons que les salles
sont pleines. Alexandre durera, j’en
suis certain.»
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ALEXANDRE ASTIER
«JE SUIS UN LEUCOSÉLOPHILE»
« Lorsque le premier épisode de Kaamelott ait été diffusé, en janvier 2005, j’avais sept ans et depuis, je n’ai cessé de regarder, en
boucle, les travaux d’Alexandre Astier, tels que « Kaamelott », bien
sûr, mais aussi « David et Madame Hansen », « Que ma joie demeure » ou encore « L’Exo-conférence ». C’est la raison pour laquelle, lorsque le courrier électronique dans lequel cet artiste a
répondu à mes questions m’est parvenu; j’étais très heureux.»
Antoine Lifaut
blic. Il n’y a, en rien, un nouveau ou un ancien public. Je
vais écrire Kaamelott juste
pour que ça me plaise à moi.
Généralement, si ça me plaît,
c’est que ça risque de plaire à
d’autres.
C’est la seule chose que je
m’impose. S’occuper d’aller
conquérir un nouveau public
est le travail du marketing et
ce n’est pas mon métier.»
Quel conseil donneriez-vous
aux personnes qui se destinent à devenir humoriste ?
Monsieur Astier, comment
s’organise la préparation de
vos travaux ?
«J’étudie le plus possible sans
rien écrire à part des notes très
brèves.
Ces notes ne sont que des
envies. Rien de composé. Et
puis, quand mon retard n’est
vraiment plus envisageable,
je me force àécrire. Mais je
«Je n’ai pas de conseil à leur
donner,
vu que je ne suis pas
Alexandre Astier
Droits réservés
humoriste moi-même. J’aime
les acteurs. Les humoristes, je
ne sais pas ce que c’est. Guy
n’aime pas ça.
Bedos le dit lui-même : « On
Écrire, c’est tuer la maturation. n’est pas des comiques. On
C’est l’achever.»
est des comédiens. » Donc,
voilà un bon conseil (deux, en
La série kaamelott, initiale- fait) : soyez comédiens, pas
ment télévisée, a plus de dix humoristes et ne demandez
ans maintenant. Allez vous conseil à personne.»
diversifier votre écriture afin
de conquérir un nouveau Si vous deviez choisir l’adpublic ? jectif qui vous définit le
mieux, vous choisiriez.. ?
«Je ne conquiers pas de pu«Leucosélophile.»