X Maths 1 MP 2010 — Corrigé
Transcription
X Maths 1 MP 2010 — Corrigé
c Éditions H&K Publié dans les Annales des Concours 1/20 X Maths 1 MP 2010 — Corrigé Ce corrigé est proposé par Guillaume Dujardin (Chercheur à l’INRIA) ; il a été relu par Emmanuel Cornet (ENS Lyon) et Guillaume Batog (ENS Cachan). Cette épreuve se propose de répondre à quelques questions de calcul différentiel, principalement dans Mn (R). Elle se compose de trois parties précédées de deux questions préliminaires. • Les questions préliminaires ont pour but de montrer un résultat concernant des formes linéaires sur Rn , qui sera utilisé à de nombreuses reprises dans le reste de l’épreuve. • Dans la première partie, on considère une matrice symétrique réelle A et on montre que la fonction x 7→ hx | Axi définie sur la sphère unité de Rn atteint son maximum en un vecteur qui est nécessairement un vecteur propre de A. • On montre dans la deuxième partie que la norme usuelle, définie sur Mn (R) par 1/2 P 2 kMk = mij 16i,j6n est minorée sur SLn (R) et√atteint son minimum exactement en les matrices orthogonales, où elle vaut n. • Enfin, dans la troisième partie, on démontre notamment la formule classique (et hors-programme) donnant l’expression de la différentielle de la fonction exponentielle en toute matrice X ∈ Mn (R) : P +∞ d expX (Y) = exp(X) n=0 (−1)n ϕ(X)n (Y) (n + 1)! où ϕ(X) est l’endomorphisme de Mn (R) défini par ϕ(X)(Y) = XY − YX. Rédigé de manière attentive, ce sujet guidait les candidats dans la démonstration progressive de plusieurs résultats intéressants en eux-mêmes, à l’aide des seuls outils du programme. Comme il parcourt une très large partie du programme de MP, il permet à la fois de réviser et d’enrichir sa culture mathématique. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K 2/20 Publié dans les Annales des Concours Indications 1.a Discuter en fonction du rang de α. 1.b Montrer le résultat plus général suivant : pour tout r > 1 et toutes formes linéaires α, β1 , . . . , βr définies sur un R-espace vectoriel de dimension finie, on a r T i=1 Ker βi ⊂ Ker α =⇒ α ∈ Vect (β1 , . . . , βr ) 2 Différentier la relation kγ(t)k2 = 1. 3 Poser Γ(t) = x + tv puis γ(t) = Γ(t)/kΓ(t)k. 4 Justifier que Ker hx | ·i ⊂ Ker dfx et utiliser la question 1.a. 5.a Écrire un développement limité à l’ordre 1 de f (x + h). 5.b Appliquer à f le résultat de la question 4. 2 6.c Développer l’expression q(M + H) pour (M, H) ∈ Mn (R) . 7 Montrer que det(M + tEij ) = det(M) + t m e ij . 8 Utiliser la relation SLn (R) = f −1 ({0}). 9 Montrer la formule pour M ∈ Mn (C) triangulaire, puis M ∈ Mn (C) quelconque. 10 Utiliser la question précédente et la question 7 pour montrer que det(γ(t)) = e t Tr (M −1 H) =1 t 11.b Montrer qu’il existe λ ∈ R tel que dqM = λdfM , puis que M M = (λ/2) In . 13.a Poser A(t) = C1 (αt)C2 (βt) 14.b Justifier que pour H suffisamment petit, In + H est inversible et P +∞ (In + H)−1 = (−H)n = In − H + O(N(H)2 ) n=0 où N est la norme subordonnée à la norme euclidienne. 15.b Montrer que a et b sont de classe C 1 sur R et sont solutions du problème de Cauchy ( Y′ (t) = Y(t)dfIn (X) Y(0) = 0 15.c Prendre pour f la fonction déterminant et utiliser le résultat de la question 7 et l’égalité a(1) = b(1). 15.d Utiliser la question 15.b en t = 1 pour de bonnes fonctions a et b. 16.b Admettre que la fonction exponentielle est de classe C 2 sur Mn (R) et utiliser l’identité de Schwarz en (t, s) pour u. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K 3/20 Publié dans les Annales des Concours Préliminaires 1.a Rappelons que la dimension de l’image d’une forme linéaire sur Rn est soit 0 soit 1 suivant que la forme linéaire est nulle ou non. Le théorème du rang certifie alors que la dimension de son noyau est n si elle est nulle ou n − 1 sinon. Considérons deux formes linéaires α et β sur Rn telles que Ker β ⊂ Ker α et construisons un réel λ vérifiant α = λβ. Si α = 0, alors λ = 0 convient. Supposons désormais que α 6= 0. Dans ce cas, dim Ker α = n − 1. Puisque Ker β ⊂ Ker α et dim Ker β > n − 1, on a dim Ker β = n − 1. Par suite, Ker α = Ker β n Soit x0 ∈ R un vecteur directeur d’un supplémentaire de Ker α de sorte que Rn = Ker α ⊕ Rx0 Puisque α(x0 ) 6= 0, on a β(x0 ) 6= 0 car α et β ont le même noyau. Posons λ = Soit x ∈ Rn . Écrivons α(x0 ) . β(x0 ) x = xk + µ x0 avec xk ∈ Ker α et µ ∈ R. Calculons α(x) = = = = = = α(x) = En conclusion, α (xk + µx0 ) α(xk ) + µα(x0 ) µα(x0 ) λµβ(x0 ) λβ(xk ) + λµβ(x0 ) λβ(xk + µx0 ) λβ(x) car α(xk ) = 0 par définition de λ car β(xk ) = 0 α = λβ 1.b Montrons par récurrence sur r ∈ N∗ la propriété P(r) : « Pour tout R-espace vectoriel E de dimension finie, toute famille de r + 1 formes linéaires α, λ1 , . . . , λr définies sur E telle que r T Ker βi ⊂ Ker α i=1 vérifie également α ∈ Vect (β1 , . . . , βr ) » • P(1) : Soit E un R-espace vectoriel et α et β deux formes linéaires sur E telles que Ker β ⊂ Ker α. Si E est de dimension nulle, alors toutes les formes linéaires sur E sont nulles et le résultat est trivial : α = β ∈ Vect (β). Sinon, E est de dimension n ∈ N∗ . Dans ce cas, à l’aide d’une base de E, on construit un isomorphisme ϕ de E dans Rn . Les applications α e = α ◦ ϕ−1 et βe = β ◦ ϕ−1 sont des formes linéaires sur Rn qui vérifient Ker α e = ϕ (Ker α) et Ker βe = ϕ (Ker β) Puisque Ker β ⊂ Ker α par hypothèse, on a Ker βe ⊂ Ker α e. Le résultat de la e Puisque question précédente assure alors qu’il existe λ ∈ R tel que α e = λβ. e α=α e ◦ ϕ et β = β ◦ ϕ, on en déduit que α = λβ. Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr . c Éditions H&K 4/20 Publié dans les Annales des Concours • P(r) =⇒ P(r + 1) : Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie. Considérons r + 2 formes linéaires définies sur E, notées α, β1 , . . . , βr+1 telles que r+1 T i=1 Posons F = r T i=1 Ker βi ⊂ Ker α Ker βi et notons α e et βer+1 les restrictions respectives de α et de βr+1 à F. Constatons que et Ker α e = Ker α ∩ F L’inclusion précédente se réécrit Ker βer+1 = Ker βr+1 ∩ F F ∩ Ker βr+1 ⊂ Ker α Par conséquent, F ∩ Ker βr+1 ⊂ Ker α ∩ F Ker βer+1 ⊂ Ker α e soit En appliquant le résultat P(1) aux formes linéaires sur F que sont α e et βer+1 , e on obtient l’existence de λr+1 ∈ R tel que α e = λr+1 βr+1 . Définissons une nouvelle forme linéaire sur E en posant γ = α − λr+1 βr+1 Constatons que, pour x ∈ r T Ker βi = F, on a i=1 γ(x) = α(x) − λr+1 βr+1 (x) =α e(x) − λr+1 βer+1 (x) γ(x) = 0 Ceci montre que r T i=1 car x ∈ F par définition de λr+1 Ker βi ⊂ Ker γ On peut donc appliquer l’hypothèse de récurrence à la famille de r + 1 formes linéaires γ, β1 , . . . , βr sur E pour conclure qu’il existe λ1 , . . . , λr ∈ R tels que γ = λ1 β1 + · · · + λr βr . Ceci s’écrit encore α = λ1 β1 + · · · + λr+1 βr+1 On a ainsi démontré l’hérédité de la propriété P. • Conclusion : On a donc montré que P(r) est vraie pour tout r, c’est-à-dire Pour tout r > 1 et toutes formes linéaires α, β1 , . . . , βr définies sur un R-espace vectoriel de dimension finie, on a r T i=1 Ker βi ⊂ Ker α =⇒ α ∈ Vect (β1 , . . . , βr ) Le résultat demandé par l’énoncé correspond au cas E = Rn pour un certain n ∈ N⋆ . Téléchargé gratuitement sur www.Doc-Solus.fr .