dossier rites monuments funéraires

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dossier rites monuments funéraires
DOSSIER :
Rites et monuments
funéraires chez les galloromains.
Dossier extrait d’une publication du CRDP de Reims :
Patrimoine culturel de Reims, Inscriptions funéraires du musée Saint Remi,
pour une initiation à l’épigraphie latine.
Mars 1988, épuisé.
L'étude des rites et monuments funéraires chez les Gallo-romains présente une certaine complexité. Ils diffèrent en
effet, suivant les siècles et les régions de la Gaule, parce qu'ils sont très liés aux changements politiques et sociaux et
aux influences économiques et religieuses subies par chaque cité ou région. L'étude de ce thème demande donc une
approche nécessaire d'autres thèmes qui, loin de nous écarter de notre sujet, nous apportera une connaissance plus juste
et nuancée de celui-ci.
Les stèles présentées au Musée Saint-Rémi datent approximativement des IIème et IIIème siècles après Jésus
Christ. Il est en effet assez difficile dans notre région, comme ailleurs, en France, de retrouver des monuments plus
anciens; cet état de fait s'explique par des périodes très troublées et des sociétés assez pauvres. Nous étudierons donc
les rites et monuments de cette époque précise. Mais ceux-ci sont les résultantes de nombreuses influences que nous
devons présenter dans un ordre chronologique, tout en sachant, qu'en matière de religion et de rites, les croyances ne
se suivent pas en s'effaçant du jour au lendemain, mais se côtoient longuement, s'assimilent progressivement, sans
jamais laisser une unité, mais des diversités parfois contradictoires et surprenantes.
Les influences ayant contribué à l'aspect des rites et monuments funéraires gallo-romains sont quadruples : celles
des Gaulois, des Romains, à partir des conquêtes, des civilisations orientales à dater du 1er siècle après J. Christ et du
Christianisme au siècle suivant.
1 . INFLUENCE DES GAULOIS
Il est malaisé de retrouver des documents précis qui amèneraient des connaissances détaillées sur cette question.
Toutefois, nous pouvons affirmer que les Gaulois, héritiers des Celtes, croyaient en l'immortalité de l'âme et en la
«métempsychose» dans «un autre monde» : peut-être dans ces îles fabuleuses dont les Celtes insulaires peuplaient
l'étendue d'un océan ignoré, peut-être dans l'astre lunaire. Les stèles gauloises représentaient d'ailleurs des vents, des
oiseaux, des étoiles, symboles aériens du voyage de l'âme. Les mythes exprimaient la conviction que le repos d'outretombe, dans un monde supérieur .• devait être mérité comme une récompense donnée à une vie courageuse, laborieuse
et vertueuse.
Les Celtes pratiquaient l'inhumation. Certaines sépultures préservées par un «tumulus» ont été retrouvées et ont
livré aux archéologues de riches enseignements. Le guerrier était enterré avec ses armes et son char démonté; des
vases emplis de nourriture, des coupes pleines d'hydromel, de bière ou même de vin l'accompagnaient. L'artisan était
entouré de ses outils, la femme de ses bijoux. Les vivants portaient ainsi une grande attention au voyage confortable
du mort dans l'Au-delà, mais désiraient également s'attirer les
bontés des Dieux et de l'âme du défunt.
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Les tombes présentaient diverses formes: pierres sculptées, obélisques de pierre, stèles plus ou moins travaillées,
«stèles-maisons» symbole de leur cabane primitive. Elles étaient parfois groupées, parfois dispersées et pouvaient être
individuelles, familiales ou corporatives.
Les rites sont mal connus mais les «libations» étaient pratiquées: on estimait en effet que la vie dans l'au-delà
devait être entretenue par un aliment rituel.
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II - L'INFLUENCE DES ROMAINS
1 • Rappel mythologique:
Les âmes, après leur mort, descendent aux Enfers, royaume de Pluton, pour y être jugées et recevoir le châtiment de
leurs fautes ou la récompense de leurs bonnes actions. Le mort arrivait d'abord sur la rive d'un fleuve noir, le Styx et
devait, pour le franchir, payer une obole au passeur Charon. Si le mort n'avait pas d'argent, son ombre errait en
gémissant sur les bords du Styx et revenait tourmenter les vivants sous forme de fantômes. Le fleuve franchi, il se
trouvait devant la porte des Enfers, gardée par le chien Cerbère, monstre à trois têtes qui empêchait les morts de sortir.
Puis le défunt se présentait devant les trois juges Eaque, Minos et Rhadamanthe. Les criminels étaient envoyés dans
«(L'Enfer des méchants», lieu redoutable de toutes les expiations. Les âmes vertueuses ou héroïques-avaient droit aux
Champs-Elysées, plaine au printemps éternel où les bienheureux jouissaient d'une jeunesse et d'une quiétude
perpétuelles.
2 - Les croyances:
Les Romains se sentaient entourés de démons, puissances surnaturelles souvent innommées qui surgissaient de l'audelà pour, la plupart du temps, tourmenter les vivants. Les ancêtres des familles ne restaient pas enfermés dans leur
tombeau, croyait-on; à certains jours de l'année, les portes des Enfers s'ouvraient et les vivants devaient apaiser les
mânes. C'est pourquoi les rites funéraires ont une telle importance chez les Romains. Que représentent en fait ces
MANES ? Elles expriment une croyance en l'immortalité de l'âme qui demeure auprès de ses descendants qui lui
doivent respect et vénération, car les morts vivent, mais sont prêts à se venger, à punir les injustes, ils sont plus
redoutables que bienveillants. Ce mot présente donc la nuance d'une immortalité malheureuse ou irritée. C'est pourquoi
l'inscription DIS MANIBVS, abrégée en D.M., est aussi souvent inscrite sur les monuments funéraires et le restera
même encore à l'époque chrétienne. Cette dédicace aux dieux est l'inscription la plus courante.
3 - Le Culte des Mânes :
Cérémonies publiques:
Les Feralia : célébrées fin février, elles duraient 10 jours pendant lesquels toutes les affaires étaient suspendues, les
temples fermés, les autels éteints et les mariages interdits.
Les Lemuria : Aux Ides de Mai (soit le 15 mai), les vivants conjurent les Maléfices des spectres (larvae : âmes des
criminels ou de leurs victimes -lemures : âmes des revenants). Elles duraient 6 jours, les pratiques religieuses
remplissant 3 nuits. Le jour des Ides, les Vestales jetaient dans le Tibre, à Rome, 30 mannequins d'osier représentant des
vieillards.
Cérémonies privées:
Le Novemdiale : le neuvième jour après les funérailles, on fait des sacrifices aux Mânes et on offre un repas
composé de mets spéciaux: lait, miel, vin pur, oeufs, fèves, lentilles, fruits et pain. On orne la sépulture de fleurs:
violettes, anémones, roses, lys ou myrtes de préférence. Le grand deuil cesse, mais l'entretien des tombes reste un devoir
pour les survivants.
Les Parentalia : ce sont des repas anniversaires rituels auxquels le mort participe. Les
Profusiones : sont des libations censées nourrir le mort dans l'au-delà.
Le financement de ce culte privé était assuré soit par les héritiers soit par un collège auquel le titulaire de la tombe
avait légué une somme destinée à subvenir aux frais. Les collèges funéraires étaient, sous l'Empire, de plus en plus
nombreux dans les basses classes sociales. Ils se composaient d'associations d'artisans, d'acteurs, de gladiateurs,
d'affranchis, de vétérans, de confréries religieuses. Ils participaient aux frais du culte et auparavant de la sépulture.
4 - Les pratiques funéraires:
A la fin de la République (1er siècle avant J.C.), le rite le plus pratiqué à Rome et en Italie est l'incinération,
«crematio». Après les cérémonies préliminaires de l'adieu, de la toilette, de l'exposition et du cortège funèbre, le mort
est placé sur un bûcher « rogus ». Les restes sont déposés dans une urne cinéraire, « olla», de terre cuite, de plomb ou de
pierre; celle-ci sera placée dans le tombeau, accompagnée de l'offrande funéraire: vases, coupes, assiettes contenant le
nécessaire à la survie du mort que l'on entoure parfois d'objets familiers et d'une pièce de monnaie pour le passage du
Styx.
Cependant, un enfant de moins de 7 ans ne pouvait être incinéré, aussi pratiquait-on également l'inhumation qui,
sous l'Empire, était une pratique courante.
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5 - Les monuments funéraires:
Sous l'Empire, il existe 2 sortes de tombes: les collectives et les individuelles qui recouvrent plusieurs aspects.
Le tombeau collectif «colombarium» (= colombier, pigeonnier) composé de salles dont les murs sont percés de
niches. Il est édifié par de grandes familles qui y placent les cendres de leurs esclaves, par des collèges funéraires ou par
des «capitalistes» qui vendent chaque emplacement d'urne. Sarcophages et urnes se côtoient dans ces tombes.
Les tombeaux individuels: ils sont composés de 2 parties: l'une souterraine (la tombe proprement dite), l'autre
aérienne, donc visible, destinée à marquer l'emplacement. Ces deux parties revêtent des formes différentes suivant les
époques, les classes sociales et le rite utilisé.
a) La partie souterraine:
Tombe en pleine terre: c'est le mode le plus fruste.
Le défunt est enveloppé d'un linceul et repose parfois dans un cercueil de bois.
Tombe aménagée:
- urne cinéaire (entière ou coupée aux 2/3)
- tombe sous tuiles
- sarcophage rectangulaire en pierre ou en plomb, fermé par un couvercle plat ou à deux pans.
b) La partie aérienne :
Le cippe : pilier de bois ou de pierre comportant ou non une inscription, c'est le monument le plus simple.
Le stèle: dalle de pierre calcaire ou de marbre portant une inscription ou décoration empruntée à la vie quotidienne
et à la mythologie.
L'autel: de forme quadrangulaire, souvent sculpté de bas-reliefs.
Le mausolée. sculpture monumentale érigée par les personnages de haut rang et les empereurs, pouvant comporter
des annexes : un autel, une salle de réunion pour les banquets anniversaires, des jardins comprenant souvent des arbres,
des vignes et des rosiers pour les «profusiones».
Tout domaine funéraire, modeste ou grandiose, était inviolable et sacré.
6 - Leur emplacement:
Les cimetières n'existaient pas chez les Romains, comme ils existent de nos jours. La loi romaine des XII tables,
promulguée en 449 avant J.C., interdisait d'ensevelir ou d'incinérer des morts dans les agglomérations, pour des raisons
sanitaires et religieuses. Les tombes ou nécropoles se situaient donc en dehors des villes, le long des routes qui y
mènent, ou près des portes. Le tombeau pour le Romain, est avant tout un signe adressé aux vivants et perpétuant le
souvenir de ses actions. Plus il y aura de passants pour lire l'inscription funèbre, plus le défunt sera satisfait et sera ainsi
revivifié par les lèvres des vivants.
III - L'INFLUENCE ORIENTALE
Les cultes orientaux se répandirent à Rome progressivement sous l'Empire et en Gaule à partir des 1er et II ème
siècles après J.C., surtout dans le Midi et la vallée du Rhône; l'est de la Gaule, les re~ut par la Germanie qui nouait des
relations culturelles et économiques avec l'Asie Mineure.
Isis l'égyptienne, Mitha, dieu solaire perse, Cybèle divinité phrygienne et son compagnon Attis réclamaient à leurs
fidèles un effort sur eux-mêmes; cet effort de pureté et de courage serait récompensé par le salut éternel. Ces fidèles,
une fois «initiés» participaient à des Mystères, différents suivant les divinités. Isis fut célébrée surtout en Narbonnaise,
Mithra dans la vallée du Rhône, en Rhénanie et plus loin encore. Il enseignait la lutte du bien et du mal, recommandait
la pureté des moeurs, promettait l'immortalité de l'âme, la résurrection des corps après le jugement, les joies du ciel ou
les tortures de l'enfer. Ce dieu serait né d'un rocher le 25 décembre et, ce jour-là, en anniversaire, des pasteurs venaient
lui offrir les prémices de leur troupeau.
Plus répandu était le culte de Cybèle, appelée encore «Grande-Mère», «Grande Déesse» ou «Mère des dieux» ; on la
fêtait plus particulièrement du 4 au 10 avriL Elle incarnait la Terre-Mère, la Bonté, la Justice. Elle préservait les fidèles
du mal, guérissait et pardonnait. Ses prêtres, «Les Galles» offraient en exemple, le sacrifice de leur virilité, comme
avait fait Attis. On lui offrait en sacrifice un taureau que l'on égorgeait au-dessus d'une fosse où était étendu l'initié que
purifiait le sang de la victime.
Ces religions orientales connurent un vif succès parce qu'elles se rapprochaient des cultes naturistes gaulois et
présentaient une valeur morale, celle de salut, que les Romains avaient supprimée en interdisant l'enseignement des
Druides. Ces dieux n'ont pu toutefois s'assimiler aux dieux gaulois et ont gardé toute leur personnalité.
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IV - L'INFLUENCE DU CHRISTIANISME
Venu d'Orient, il n'apparaît en Gaule qu~ vers 150 après J.C., avec une communauté de la vallée du Rhône. Les
martyrs de Lugdunum en 177 après J.C., marquent ses débuts dans ce pays.
Mais il faudra attendre 250 après J.C. pour constater l'existence d'évêchés à Arles, Paris, Reims et Trèves. La force
du polythéisme gallo-romain, renforcée par celui de l'Orient rendra lente et diffi,cile l'imprégnation de la Gaule par le
christianisme, c'est pourquoi il n'apparaît pas dans les stèles du IIème siècle après J.C., trouvées à Durocortorum.
V - LES RITES FUNERAIRES GALLO-ROMAINS AU IIEME SIECLE APRES J.C.
Nous pouvons donc parler à cette époque du syncrétisme gallo-romain qui a su adopter, assimiler ou plutôt
juxtaposer à sa convenance, les religions romaines et orientales tout en préservant ses dieux (notamment Epona,
Cernunnos, Bélénos, Rosmerta, Esus, Taranis) et leur tendance à la spiritualité.
Toutes ces influences aboutirent à des compromis variables dans le temps et l'espace. Chaque région, chaque cité
avait sa physionomie particulière et c'est dans le cadre de la cité qu'il conviendrait d'étudier rites, croyances, cultes et art
funéraire. Les fouilles archéologiques de Durocortorum ,ne sont pas suffIsamment riches pour permettre de le faire et
nous nous en tiendrons donc a des généralités.
1 - Les deux types de pratiques funéraires:
En Gaule l'incinération et l'inhumation semblent remonter à des temps très reculés. Toutefois, l'incinération par~ît
avoir été privilégiée pendant la période romaine et jusqu'au IIème siècle à partir duquel l'inhumation devient une
pratique plus courante; ce changement s'explique par l'influence orientale plus que par celle du christianisme qui n'a pas
encore pénétré dans la Gaule toute entière.
On trouve cependant indifféremment ces deux modes dans toutes les couches de la société.
2 - Le culte funéraire:
Parmi les pratiques religieuses gallo-romaines, une place de choix était faite au culte funéraire: la moitié des
inscriptions retrouvées sont des épitaphes et les 3/4 des sculptures des trois premiers siècles après J.C. sont des stèles
funéraires. Assurer le culte des morts était un devoir impérieux. Cependant, il faut comprendre dans celui-ci, la
juxtaposition de deux idées contradictoires: le vivant pensait non seulement que le défunt avait reçu ou non une
récompense divine mais que son sort dépendait aussi du soin qu'on portait à sa tombe.
L'offrande : dans le cercueil, le sarcophage ou l'urne d'incinération, les offrandes rituelles sont les mêmes: des
objets familiers, des vases à boire, des aliments pour sa survie dans l'au-delà, comme le présentent deux coupes dans
l'une des vitrines du Musée Saint-Rémi.
La pénétration des usages romains en matière de culte funéraire fut très importante et facilitée par des
ressemblances avec les rites préexistants. On offrait une sépulture, la plus décente possible, et les petites gens se
groupaient en collèges funéraires, comme à Rome, pour lesquels ils cotisaient toute leur vie, étant ainsi assurés d'une
sépulture convenable et de cérémonies rituelles.
Le culte consistait en banquets anniversaires (parentalia) très importants, en libations (profusiones) pour lesquels le
vin semble l'élément symbolique le plus courant; un certain nombre de tombes gallo-romaines présentent un
aménagement spécial permettant de faire couler les liquides jusqu'aux cendres du défunt.
Parmi les rites funéraires romains, celui qui a connu en Gaule le plus grand développement est la dédicace sous
l'ascia : «sub ascia dedicare» abrégé en S.A.D. que l'on rencontre surtout en Narbonnaise, dans la vallée du Rhône et de
la Saône et que l'on peut découvrir sur l'une des stèles du Musée Saint-Rémi: il s'agit, plus exactement, d'un cippe
funéraire à deux personnages dont les images se trouvent sur les faces frontale et latérale droite, la face latérale gauche
étant ornée de l'ascia.
Ce rite reste cependant un mystère pour les archéologues, épigraphistes et historiens des religions.
Le problème est ainsi posé par M. Hatt dans La tombe gallo-romaine : «l'ascia est la hache des morts, affirme-t-on
traditionnellement, or, elle est aussi un outil de maçon et de tailleur de pierre. Comment donc interpréter ce signe? Est-il
d'ordre juridique ou religieux? A-t-il une valeur rituelle ou mystique?» M. Hatt penche pour une interprétation rituelle:
on inaugurait ainsi le culte, on sanctifiait une fondation funéraire ce qui donnait à l'ensemble un caractère intangible et
sacré. Ce rite semble d'ailleurs s'être acheminé d'O: rient en Cisalpine, puis en Gaule, par les fidèles du culte de Cybèle.
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VI . LES MONUMENTS FUNERAIRES GALLO-ROMAINS
Comme les rites, les monuments et l'art funéraire diffèrent suivant les siècles et les provinces de Gaule.
Ils prennent dès le 1er après J.C. un développement considérable en Narbonnaise et en Germanie et paraissent
n'avoir pénétré que lentement le reste de la Gaule. Au IIème siècle, ils connaîtront une floraison particulière.
Notre région subira l'influence des Germains et de la ville de Trèves en plein épanouissement économique et
artistique à cette époque.
1 • Le monument funéraire au IIème siècle après J.C. a)
La partie souterraine:
L'incinération : les cendres du mort reposent dans une urne de pierre, de terre cuite ou de plomb.
Celle-ci est placée à même le sol ou dans une petite fosse ou encore dans la niche d'un caveau. L'urne pouvait être
sculptée et sa forme variait (cylindrique, sphérique, conique, ovoïde, etc ... ).
L'inhumation: le mort est enterré, habillé le plus souvent ou recouvert d'un linceul et déposé dans un cercueil
de bois. Les plus riches seront inhumés dans un sarcophage : cuve rectangulaire monolithe fermée par un
couvercle et ornée parfois de sculptures comme en témoigne celui de Jovin au Musée Saint-Rémi; ces
sarcophages étaient placés dans un caveau ou laissés à l'air libre.
Parfois encore, le défunt reposait dans une bière ouvragée en plomb protégée par une auge en pierre ou un
coffre en bois.
2 . La partie aérienne ou la superstructure :
La tombe monumentale est en Gaule une innovation due à l'introduction de la civilisation romaine.
Elle présente des formes très diverses. TI existe des sépultures familiales ou individuelles. Mais on ne connaît pas
de pierres tombales où les noms des membres d'un même famille aient été inscrits au fur et à mesure de leur
décès: la tombe paraît avoir été faite d'un seul coup par un couple, ses descendants directs, ses affranchis ou ses
fidèles serviteurs.
a) Les grands monuments hérités des Romains:
Le mausolée: il pouvait prendre les formes exceptionnelles d'une pyramide, d'un temple à «cella» (Trèves) ou
les formes plus courantes d'un autel, d'un stèle à niche (Reims). Le Musée Saint-Rémi présente le couronnement
d'un petit mausolée surmonté d'un aigle, symbole de l'âme du défunt et entouré à sa base de pommes de pin,
signes d'éternité.
Le pilier funéraire sculpté : base quasi cubique surmontée d'un étage orné de 4 pilastres dans lequel a souvent
été aménagée une niche abritant la statue du défunt. Le tout est couronné d'une pyramide. Ce type, très fréquent
autour de Trèves s'est répandu dans toute la Gaule.
Les piles : plan carré comprenant un étage creusé d'une niche et couronné d'une pyramide. Elles se trouvaient
au milieu d'une petite cour bordant une voie romaine, entourées d'une enceinte renfermant des sépultures.
Piles et piliers évoquent de petits sanctuaires érigés au mort ainsi divinisé. Peut-être sont-ils des dérivés de la
stèle-menhir celte? Peut-être sont-ils d'origine orientale?
Ces 3 types de monuments se sont fort développés en Gaule, grâce à l'activité du commerce qui empruntait
les nombreuses voies de communication, notamment de l'Aquitaine à la Germanie (la route du drap), du Rhône à
la Moselle (la route du vin). Ces axes étaient ainsi jalonnés de mausolées.
b) Les petits monuments romains:
Le cippe : le plus souvent, c'est une petite colonne contenant une niche renfermant une ume.
La stèle: monument monolithe représentant les effigies des défunts (au Musée: stèle d'Attillus et d'Atepa,
d'Amanda, de Décima) dans une niche rectangulaire ou arrondie supportée par des pilastres et surmontée d'un
fronton. Elles comportent la plupart du temps des inscriptions. Ce monument, introduit a partir du 1er siècle après
J.C. par la Germanie et la Narbonnaise abonde en Gaule.
La plaque funéraire: (à Lyon surtout) c'est une stèle en réduction à fronton triangulaire qui est simplement
gravée d'inscriptions et ne comporte aucun ornement.
e) Les petits monuments hérités des Gaulois:
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Les stèles anthropomorphes: en petit nombre toutefois.
Les stèles maisons: elles représentent la cabane primitive; la plupart reposaient sur une urne cinéraire
allongée dont elles constituaient le couvercle.
Il est à noter que le seul type inconnu est la pierre tombale horizontale d'aujourd'hui.
3 - La sculpture funéraire au IIème siècle après J.C.
Les grands monuments mais aussi les petits, tels les stèles sont sculptés. Il est possible de distinguer plusieurs
éléments :
a) Les portraits funéraires.
b)Les représentations de la vie quotidienne : jeux, repas de famille, chasse, élèves et pédagogues, métiers comme
la stèle du sabotier, exposée au Musée et étudiée dans un dossier publié par le CRDP de Reims 1980 et intitulé
«Patrimoine Culturel de Reims - Période gallo-romaine».
c) Les représentations mythologiques: plus rares que les précédentes et chargées d'exprimer les espérances de l'audelà.
d) Le décor ornemental: amours tenant des guirlandes, monstres, êtres hybrides, rinceaux ...
L'art funéraire gallo-romain de cette époque n'est pas un art d'intellectuel ni de mystique. Il reflète le milieu
d'artisans laborieux, de commerçants actifs et traduit une influence orientale et héllénisante certaine.
4 - Emplacement des monuments funéraires gallo-romains du IIème siècle après J.C.
Les riches propriétaires terriens se faisaient enterrer dans leur domaine, les citadins aux alentours de la ville.
A la sortie de celle-ci, en effet, les monuments s'alignaient de chaque côté de la voie.
Le sentiment qui nous fait grouper les tombes dans un lieu paisible et clos était inconnu alors. Au contraire,
on recherchait le dialogue avec les vivants. Plus d'une épitaphe s'adresse au passant anonyme «Bonjour, voyageur,
porte-toi bien!» ou «Longue vie à qui dira: Apragius, que la terre te soit légère!» ou «Repartez sains et saufs,
soyez saufs!». Le défunt désirait ainsi perdurer à travers ces messages.
Cependant, la pratique grandissante de l'inhumation à partir du IIème, IIIème siècle rendit nécessaire la
création de nécropoles car elle exigeait des surfaces beaucoup plus étendues. Celles-ci développeront parfois loin
au-delà des limites de la ville mais toujours au voisinage des grands axes de communication.
VII - BIBLIOGRAPHIE
Pour la mythologie:
P. LAVEDAN Dictionnaire de la mythologie et des antiquités grecques et romaines· Paris· Hachette – 1931
P. COMMELIN Mythologie grecque et romaine· Classiques Garnier· Paris· 1960
Pour la civilisation:
J.J. HATT La tombe gallo.romaine· P.U.F.· Paris· 1951
P.M. DUVAL La vie quotidienne en Gaule pendant la paix romaine (Chap. VIII: croyances et pieux devoirs) . Hachette· 1952 et 1979
M.MANGARD La tombe gallo·romaine chez les Calètes et les Véliocasses (1er au IVème siècle après J.·C.) . CRDP de Rouen· 1er
trimestre· 1971
E. THEVENOT Les Gallo-romains· P.U.F. Collection - «Que sais-je ?» n° 314· Paris - 1972
ARCHEOLOGIA Fiche supplément du n° 139 (Les tombes romaines 1 - Il)
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