peachtree audio nova

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peachtree audio nova
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essai intégré/convertisseur universel
PEACHTREE AUDIO
NOVA
Prix indicatif : 1 290 €
Le monde de la hi-fi musicale bouge beaucoup du côté des produits innovants, capables d’exploiter correctement un grand nombre de sources numériques en plus de celles analogiques, en intégrant, par
exemple, dans les amplis-préamplis les convertisseurs idoines et les prises de liaison les plus couramment
utilisées en numérique (USB, optique, Cinch) à côté de celles analogiques traditionnelles. La toute nouvelle société Peachtree Audio, située dans l’état de Washington aux USA, propose avec l’intégré Nova
une merveilleuse électronique répondant à ces critères de traitement des sources numériques et analogiques, tout en offrant un agrément d’écoute exceptionnel.
Cette musicalité hors du commun est due entre autres
à sa section préampli à tubes et ses étages de sortie de
configuration Mos Fet avec un circuit de contrôle de la
contre-réaction qui assure un parfait amortissement
(cela se remarque par un grave superbe) et des convertisseurs numérique / analogique les plus performants à
l’heure actuelle (ESS Sabre) capables de décoder la plupart des formats en plus de ceux CD et CD-RW (en particulier à partir de l’entrée USB) tels que MP3, FLAC,
AIFF, WAV, etc.
Ainsi l’audiophile d’aujourd’hui peut aisément utiliser
les sources numériques à partir des ordinateurs avec
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leurs serveurs, dock i-pod (dont le Wadia 170 entre
autres). Mais, le tour de force de Peachtree Audio
réside, sous un design d’inspiration néo-rétro des plus
réussi, avec son coffret en bois à bords arrondis (disponible en diverses finitions, bois de rose, cerisier ou
laque piano nacrée) avec un clin d’œil au rougeoiement des filaments du tube double triode 6922 qui
apparaît dans une fenêtre, de proposer le Nova à moins
de 1 300 € !
Or (voir Technologie par l’image) aucune petite économie n’a été réalisée sur les circuits de traitement du
signal, ni sur la finition d’assemblage... chapeau.
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CONDITIONS D’ECOUTE
Nous avons au préalable effectué une petite période de
rodage d’une journée (notre appareil de test étant totalement neuf) afin de stabiliser tous les circuits pour qu’ils puissent être au top de la musicalité. Après, il suffit seulement
de dix minutes de chauffe, le temps que la double triode
soit au mieux de sa plage d’utilisation. Aucun bruit ne se
fait entendre à l’allumage ou à l’extinction (attention au
sens de la prise secteur, voir article n°21, de légères différences sont audibles en particulier dans la définition des microinformations). La puissance est suffisante pour driver des
enceintes à moyen ou à haut rendement avec une remarquable tenue du grave (surprenant pour un intégré de ce
type, grâce très certainement à son circuit particulier de
contrôle de l’amortissement).
Attention, cependant, une grande partie de l’esthétique
sonore ressentie dépendra de la qualité de la source, avec
des modifications sensibles aussi en fonction des caractéristiques des câbles de modulation, le Nova est tout sauf un
étouffoir.
Enfin, on dispose à l’arrière, dans le cas de l’utilisation d’une
source numérique, d’un commutateur de filtrage numérique à pente douce ou à pente raide. Nous avons effectué
de nombreuses comparaisons car les différences sont très
minimes. Cependant, avec le filtrage à pente raide, on peut
constater une très grande précision dans l’analyse bien distinctive de chaque instrument d’une formation, un grave
hyper tendu, un médium-aigu très transparent. En commutant sur pente douce, on retrouve pour ainsi dire les mêmes
caractéristiques que précédemment, mais avec un lien
encore plus fluide, plus évident, dans le déroulement mélodique, à la manière de nombreuses électroniques à tubes,
sans pour autant tomber dans des excès de romantisme
sonore, qui se traduit par une emphase du bas-médium.
Aussi, avons-nous choisi pour l’ensemble des écoutes, le filtrage à pente douce, qui s’est avéré toujours globalement
des plus musical, avec une notion de profondeur des plans
sonores tout à fait étonnante.
Nos écoutes ont tout d’abord été effectuées avec notre lecteur CD/convertisseur, point de repère. Nous nous sommes
rendus compte que le convertisseur intégré au Nova était
supérieur à celui de la section convertisseur de notre point
de repère, après comparaison à partir de CD tests enregistrés à des niveaux extrêmement faibles. Les écarts en définition sur les micro-informations étaient en faveur, sans
contestation possible, du Nova. Nous avons renouvelé l’expérience avec un autre lecteur CD/convertisseur (disposant
naturellement d’une sortie numérique), les mêmes conclusions se sont imposées d’elles-mêmes après seulement quelques minutes d’écoute.
Véritablement, le Nova est équipé d’un convertisseur exceptionnel qui peut en remontrer à bien d’autres modèles de
valeur très nettement supérieure et encore qui ne disposent
pas pour autant des deux possibilités de filtrage autorisant
une adaptation à certaines sources numériques pour en
tirer le meilleur parti. De plus, à souligner, une sortie casque
à partir du tube double triode 6922 des plus époustouflante
(écoute effectuée à partir du dernier casque Sennheiser)
par l’absence de souffle parasite, d’effet de gain dans le
haut-médium. De plus, la qualité des timbres est un vrai
bonheur pour les oreilles. Voilà qui nous a mis dans des
conditions de confort d’écoute des plus favorables.
LA TECHNOLOGIE PAR L’IMAGE
Vue de face.
1 – Bouton poussoir de sélection Marche / veille (anneau périphérique éclairé en rouge pour la veille, en bleu pour le mode
marche).
2 – Boutons poussoirs de sélection d’entrée (anneau périphérique éclairé en bleu pour l’entrée active).
3 – Récepteur infrarouge pour la télécommande.
4 – Tube triode 6922 visible depuis la façade.
5 – Réglage du volume.
6 – Prise casque Jack 3,5 mm.
Vue arrière.
1 – Prise de raccordement au secteur.
2 – Fusible de protection.
3 – Emplacement pour insérer un module optionnel (boîtier
Sonos, par exemple, pour diffusion sonore dans plusieurs pièces).
4 – Prise d’entrée USB.
5 – Deux entrées audio numériques coaxiales Cinch.
6 – Deux entrées audio numériques optiques TosLink.
7 – Entrée et sortie « Remote » pour liaison télécommande
filaire.
8 – Deux entrées audio analogiques haut niveau.
9 – Troisième entrée audio haut niveau pouvant être configurée en entrée « Home Theater ». Dans ce cas, l’entrée est directement reliée à l’amplificateur, sans passer par le préampli.
Le processeur ou préampli home-cinéma relié en amont (sorties
voies principales gauche et droite) gère le niveau.
10 – Commutateur de mode pour l’entrée 3 : auxiliaire ou
home-cinéma.
11 – Sortie stéréo ligne (niveau fixe).
12 – Sortie préampli (niveau variable) pouvant attaquer un bloc
de puissance externe.
13 – Commutateur permettant de choisir entre deux types de
filtres numériques pour la conversion (modifie la sonorité).
14 – Sorties enceintes.
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écoute
LA TECHNOLOGIE PAR L’IMAGE
Vue interne.
1 – Transformateur toroïdal de forte capacité en courant
(diamètre 9 cm, hauteur 8 cm).
2 – Transformateur EI pour les circuits de veille.
3 – Fusibles de protection.
4 – Sous la nappe : pont de diodes intégré fixé sur le
radiateur de dissipation thermique.
5 – Filtrage de l’alimentation des étages de sorties par
deux condensateurs de 22 000 µF / 50 V chacun.
6 – Etage préamplificateur utilisant un tube doubletriode 6922 H de chez Electro Harmonix.
7 – Potentiomètre de volume Alps motorisé.
8 – Etages de sorties utilisant, pour chaque canal, un circuit amplificateur TDA 7293 ce chez ST Microelectronics.
Le TDA 7293 est un circuit monolithique de type DMOS,
faible bruit, intégrant des étages de protection contre les
surcharges en courant, en tension et en température.
Il peut fournir une puissance maxi de 100 W sous 4 Ohms
(avec 10% de DHT) et un courant crête de 10 A.
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Peachtree utilise un circuit spécifique de contre-réaction
en courant (très bonne tenue du grave).
9 – En dessous (autre côté du petit circuit imprimé), circuits transistors drivers et pré-drivers.
10 – Sorties enceintes.
11 – Convertisseur N/A interface USB avec sorties SPDIF :
circuit Burr-Brown PCM 2704.
12 – Convertisseur ESS 9006 numérique / analogique stéréo de type « Sabre », très hautes performances en bruit
de fond et dynamique, de chez ESS Technology (fabricant
américain de composants, processeurs audio professionnels). Les signaux sont « upsamplés » en 24 / 96 avant
conversion.
13 – Interfaces sortie ligne et préampli.
14 – Commutation des entrées et sorties par relais de précision.
15 – Emplacement libre pour module optionnel (boîtier
Sonos, par exemple, pour une diffusion sonore dans plusieurs zones).
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ECOUTE
Après l’Ouverture pour Feux d’Artifices
de Haendel par la formation Zeffiro, (en
utilisant son convertisseur et le filtrage
sur pente douce), nous avons été réellement agréablement surpris par la facilité
déconcertante du Nova à séparer chaque
groupe d’instruments au sein de l’acoustique du cloître.
L’aération est naturelle avec surtout une sorte de souplesse dans le lien entre chaque note qui facilite le déroulement mélodique que seules quelques rares électroniques à tubes des plus prestigieuses sont capables de
transcrire. On constate ce caractère fluide aussi dans les
enchaînements de rythme, avec un côté généreux, ample
dans la restitution des timbres (un peu à la manière
Mc Intosh, ce n’est pas un mince compliment ! pour un
intégré à moins de 1 300 €). L’établissement des timbres
est d’une fermeté, d’une rapidité, d’une couleur vraie
avec des résonances qui se prolongent, saisissantes de
naturel. Au lieu, dans ces conditions extrêmes de restitution d’un message ultra complexe, d’assister à une bouillie sonore infâme et criarde, le Nova assure avec une
sorte de majesté sonore (qui sied parfaitement à ce passage musical) avec tout l’éclat, la puissance rutilante des
cuivres, mais aussi la beauté de la couleur boisée des instruments à cordes jusqu’au clavecin qui ressort comme au
travers des plus grandes électroniques. Voilà un intégré,
avec sa section convertisseur, qui assure devant l’exigence
d’une restitution qui ne souffre pas la moindre pointe de
vulgarité sonore, un plaisir d’écoute distingué, avec des
couleurs de timbres chatoyantes qui n’agressent jamais
les oreilles, même dans le haut-médium aigu.
Avec le passage Vissi d’Arte extrait de la
Tosca par la soprano Renée Fleming, le
Nova “joue dans la cour des grands” car
il transcrit avec naturel l’enchaînement
correct des mots, avec les bonnes intonations dramatiques du livret par la
soprano. Au lieu de la certaine froideur constatée sur
nombre d’intégrés dans cette catégorie, le Nova propose
une intensité dans la transcription de la voix où l’émotion
de l’interprétation est omniprésente, voire décuplée.
Les très grands écarts dynamiques sont respectés sans tassement soudain apparent, ni dérapage de la tessiture du
timbre de la voix de la soprano vers des duretés qui ne
donnent qu’une envie, se précipiter sur le volume pour le
baisser. Rien de cela, une généreuse ampleur est au rendez-vous de la scène sonore, avec une voix bien structurée, parfaitement lisible qui évolue sans effet de
contrainte, tout à fait remarquable de la part d’un intégré que l’on n’attendait pas à “pareille fête sonore”.
Sur le Quatuor avec piano Op 25 de
Brahms par les frères Capuçon, le Nova
révèle une richesse peu courante des timbres des cordes parfaitement différenciés
entre alto, violon, violoncelle. Le Nova,
avec une assurance peu commune, assure
la fluidité, la souplesse des lignes mélodiques complexes
qui s’entrecroisent procurant ce lien ténu entre chaque
note, une sorte de grâce magique. Combien d’intégrés
de prix “budget” ont révélé leurs caractères acides, tranchés, saccadés sur ces passages difficiles. Or, le Nova (toujours, il faut le souligner, avec son convertisseur intégré
qui est une pure merveille) procure une lisibilité “mœlleuse”, sans sonorités pincées ou mise en avant du hautmédium aigu. Même le déroulement mélodique du
piano s’effectue “comme avec de l’huile dans les rouages” tout en nuance, avec une autorité certaine dans le
secteur grave.
Côté image, le Nova s’avère très stable, chaque interprète autour du piano est à sa place et n’en bouge pas,
cela dans un environnement acoustique qui répond aux
sollicitations des écarts dynamiques de chaque instrument. Le Nova, sur ce passage fort complexe, nous a vraiment plus que sidéré, se situant à un niveau de finesse,
d’élégance de restitution, très au-dessus de sa catégorie
de prix !
Dans un tout autre genre musical, avec le
très dynamique groupe e.s.t. sur
Eighthundred Streets by Feet, le Nova
pulvérise les critères habituels de suivi
rythmique et de compréhension de la
montée mélodique progressive en spirale
qui a vu s’essouffler plus d’une électronique incapable de
restituer de tels écarts dynamiques. Là aussi, le Nova
assure une tenue étonnante du grave (pourtant nos quatre 38 cm à haut rendement ne lui ont pas fait de cadeau
en retour de force contre-électromotrice) sans trouble, ni
traînage sur la basse de Dan Berglund.
Le Nova n’est pas passé à côté du jeu très particulier de
ce bassiste qui enroule littéralement l’attaque des cordes
pour faire chanter le prolongement de la note.
La cadence infernale au piano en superposition avec le
synthétiseur en re-recording soutenu par le regretté
Esbjörn Svensson, n’est pas ralentie par le Nova qui, au
contraire, respecte le bon timing dans l’enchaînement
des notes qui ne sont pas martelées mais semblent couler
de source.
La batterie de Magnus Oström est transcrite avec franchise au moment des contacts des baguettes avec les
peaux des caisses claires, toms et cymbales, sans caractère
cinglant ou effet de rafales de mitraillette. Le Nova vous
fait ressentir la texture des peaux tendues qui résonnent,
celle des alliages des grandes cymbales Zildjian, avec
leurs prolongements de rayonnements qui s’atténuent
progressivement dans le temps.
Au travers de ce surdoué de Nova, la restitution prend un
tel envol que l’on a une irrésistible envie de taper du pied
pour marquer le rythme.
Le Nova, avec sa distinction de restitution, a su rendre grâce au jeu fragile de
Chet Backer sur You’d Be So Nice To
Come Home. Rarement le timbre très
particulier et reconnaissable de la trompette de Chet Backer est ressorti avec une
telle présence, autant de nuances dans le phrasé, sans
brillance artificielle, mais avec une vraie rutilance sur les
notes élevées. Là encore, on est étonné par la fluidité
exceptionnelle dans l’enchaînement des notes qui
entraîne une facilité déconcertante à suivre la mélodie.
Tout le climat poétique de l’interprétation ressort grâce à
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l’avis du labo
la restitution, à leurs justes niveaux, d’infinis détails qui
ne sont pas gommés. De plus, la section rythmique qui
apparaît souvent un peu brumeuse et manquant de netteté dans les contours de la contrebasse est ici plus ferme
avec des différences de niveau bien marquées.
Tellement séduits par cet intégré Nova, nous avons prolongé nos séances d’écoute sur plusieurs jours, le comparant à nombre de nos points de repère habituels dans des
catégories de prix le plus souvent beaucoup plus élevées
et, à chaque fois, le charme sonore de ce démoniaque
Nova a agi, étonnant, déconcertant...
SYNTHÈSE DE L’ESTHÉTIQUE SONORE
Non seulement le Nova apporte une réponse aux
traitements des sources analogiques et numériques
grâce, pour ces dernières, à son exceptionnel convertisseur intégré (capable de décoder la majorité des
formats). Avec son étage préampli à tube et ses circuits de puissance Mos Fet, il offre une esthétique
sonore d’une finesse, d’un raffinement, d’un agrément d’écoute permanent, hors du commun, non
seulement dans sa catégorie de prix, mais bien audelà. Le Nova risque fort de créer un bouleversement
hiérarchique qui va faire mal à la concurrence.
Vous n’êtes pas censés nous croire, un seul conseil,
allez au plus vite écouter sans a priori cet intégré
novateur (utiliser si possible son convertisseur intégré), nous sommes sûrs que vous abonderez dans
notre jugement.
Spectre de distorsion à l’écrêtage
Dégradés bien réguliers en harmoniques pairs et en harmoniques impairs. Ecrêtage parfaitement symétrique.
Spectre de distorsion à - 1 dB
Pas de distorsion mesurée dans nos conditions à 40 W,
(1 dB en dessous de l’amorce d’écrêtage).
Signal carré à 40 Hz
La déformation étant nulle à 1 kHz, les 30% relevés à
40Hz révèlent une protection contre le continu.
Spécifications constructeur
Puissance continue : 2 x 80 W/6 Ohms pour 1% de THD
Section préampli : hybride tube 6922, sortie 6,5 V
Sortie casque : bande passante : 0-100 kHz, gain
10 dB ; tension maximale : 7 V ; Puissance : 100 mV/
8 Ohms - 300 mV/150 Ohms, 150 mV/300 Ohms
Section convertisseur : 5 entrées numériques : 1 USB,
2 coaxiales, 2 optiques ; suréchantillonnage 24/96
(DAC ESS 9006), étage de sortie en classe A.
Dimensions : 12,7 x 37,5 x 35,5 cm
Poids : 11 kg
Spécifications mesurées
- Puissance efficace (8 Ω) avant écrêtage : 2 x 50 W
- Distorsion harmonique totale à l’écrêtage : 0,5 %
- Niveau d’entrée (P. nominale en sortie) : 660 mV
- Puissance impulsionnelle (8 Ω) : 2 x 56 W
- Rapport S/B à la puissance nominale :
92 dB lin - 102 dBA (pond)
- Rapport S/B pour 1 W en sortie :
75 dB lin - 85 dBA (pond)
- Déformation signal carré 1 kHz : 0 %
-Temps de montée : 1,6 µs

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