Test matériel

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Test matériel
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I Tube optique Meade ED-APO 102 mm
Test matériel
Tube optique Meade
ED-APO 102 mm
Toutes les marques se doivent d’avoir à leur catalogue une
ou plusieurs lunettes apochromatiques. Meade propose un
modèle équipé d’un triplet de 102 mm de diamètre.
Caractéristiques
techniques
Diamètre de l'objectif : 102 mm
Focale : 700 mm
Rapport F/D : 7
Livrée (selon modèles) avec colliers et
platine de fixation, renvoi coudé
50,8 mm, chercheur 8x50 éclairé et
valise aluminium.
Prix indicatif au 02/09/09 :
999 € (version de base),
1 099 € (version avec accessoires)
Le tube optique ED-APO
Meade 102 mm présente une
belle finition, caractérisée par
l’omniprésence du métal et un
assemblage visiblement soigné
des pièces qui le composent.
On a aimé
Les très bonnes performances
optiques (notamment la correction
du chromatisme)
Le porte-oculaire, sans jeu
Le chercheur éclairé
La finition mécanique
On a moins aimé
Le pare-buée, non rétractable
La patte du chercheur, trop courte
Le porte-oculaire, non rotatif
Quelques problèmes de tirage
avant selon les accessoires
montés
la revue des astronomes amateurs
ma g azine
Numéro 116
Octobre 2009
L
a tendance se confirme chez les différents
fabricants. Les ventes de lunettes APO
(ou assimilées) progressent de manière
constante, en raison notamment de prestations optiques et mécaniques souvent très bonnes
et de prix de vente en baisse régulière. Le tube
optique Meade ED-APO 102 mm se démarque de
ses concurrents par l’emploi d’un objectif à trois
lentilles (triplet) assurant, théoriquement, une
correction poussée du chromatisme.
Belle présentation et
erreurs de conception…
Les amateurs éclairés auront tout de suite noté
la forte ressemblance de cette lunette avec la
Kepler APO 127 mm (voir AM n° 112). Les deux
instruments partagent ainsi la même conception
mécanique… La Meade reprend le principe du
pare-buée amovible qu’il faut démonter, retourner
et remonter avant et après chaque utilisation. Un
système peu pratique qui a le gros inconvénient de
rayer l’intérieur du pare-buée à chaque nouveau
frottement avec l’extérieur du barillet de l’objectif.
Même constat avec le porte-oculaire… Certes très
efficace et sans jeu, il est malheureusement non
rotatif donc pénalisant lors des observations (il faut
systématiquement desserrer et basculer le renvoi
coudé selon l’orientation du tube) et des séances
de prises de vue (adieu cadrages rapides). Plus
embêtant encore, le chercheur, qui lui est rotatif,
utilise une patte de fixation trop courte : selon la
position du renvoi coudé et l’équilibrage de l’instrument (tube plus ou moins avancé dans son collier),
le chercheur bute contre la tête de l’observateur,
contre la poignée ou les vis de serrage du collier
de fixation du tube. A ces reproches, il convient
d’ajouter quelques problèmes de tirage mécanique
Le triplet ED qui compose l’objectif est une réussite : le
chromatisme est très peu sensible et ne devrait guère
gêner les amateurs, même les plus exigeants.
avant interdisant l’obtention de la mise au point
à l’infini avec certains montages (par exemple :
renvoi coudé géant + oculaire de longue focale en
31,75 mm ; renvoi coudé + lentille de Barlow +
oculaire). Une situation d’autant plus dommage que,
pour le reste, c’est-à-dire en ce qui concerne l’optique, la Meade réalise un quasi-sans faute.
Accessoires et essais sur le terrain
La 102 ED-APO est livrée en deux versions : tube
seul avec colliers de fixation, ou ce même tube avec
colliers équipé d’un chercheur éclairé 8x50, du renvoi
coudé géant Meade (haute réflectivité 99 %) et d’une
efficace mallette de transport aluminium. C’est cette
seconde version que nous avons testée. Sur le
terrain, l’instrument s’avère agréable à transporter
et à manipuler malgré les remarques soulevées
précédemment. Son équilibrage est facile, d’autant
que son gabarit, pare-buée installé, demeure moyen
(longueur 82 cm ; poids 5,5 kg).
Nos premières observations ont été planétaires…
Malgré la faible hauteur de la Lune et de Jupiter au
moment de nos tests, nous avons été séduits par
les résultats obtenus. Sur la Lune, à faible et moyen
grossissements, les images apparaissent typiques
d’une lunette apochromatique : contraste et résolution sont au rendez-vous, avec cette impression de
‘‘peps’’ caractéristique. Plus intéressant encore, la
correction chromatique fournie par le triplet s’avère
très bonne ! Ainsi, quel que soit le grossissement,
quasiment aucune trace de chromatisme n’est
visible. Nous avons observé la Lune à des grossissements compris entre 233 et 420x : notre satellite
renvoie une image encore contrastée, fine et assez
lumineuse. Seuls quelques vagues reflets bleutés
viennent dégrader les zones de transition clair/
sombre des cratères. Même sur le limbe lunaire, le
chromatisme demeure bien maîtrisé, visible sous la
forme d’un léger liseré verdâtre.
Le porte-oculaire 50,8 mm
possède la double vitesse
de mise au point (normale
et démultipliée 1:10),
des vis de serrage et de
blocage de la translation
de son tube, ainsi que des
repères gradués pratiques
en photographie. Nos tests
ont montré une bonne
finesse dans la recherche
du point ainsi qu’une
quasi-absence de shifting.
Dommage qu’il ne soit pas
rotatif sur 360°, comme la
plupart des modèles qui
équipent la concurrence…
Certains ingénieurs n’utilisent visiblement pas les
matériels qu’ils conçoivent ! Installer une seule fois le
pare-buée à l’avant de la Meade 102 suffit à comprendre
qu’il faut vite changer ce système au profit d’un parebuée rétractable, tellement plus simple à manipuler.
Numéro 116
Octobre 2009
la revue des astronomes amateurs
ma g azine
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I Tube optique Meade ED-APO 102 mm
Format 24x36
Format APS-C
Centre
Centre
Format 24x36
Format APS-C
Intrafocale
Extrafocale
Format 24x36
Format APS-C
Les vignettes montrent l’aspect de l’étoile selon sa position
par rapport à l’axe optique.
Sur le banc optique
L’image de diffraction fournie par notre Meade 102 mm de test apparaît sous
la forme d’un disque défini et brillant, entouré d’un anneau classiquement
renforcé et de deux anneaux fins et ténus. Ces anneaux ne sont pas tout à fait
complets, preuve d’une légère décollimation de l’optique. Une faible aberration chromatique est visible sous la forme de reflets bleutés dans les anneaux
secondaires. Nous n’avons pas détecté de contrainte dans les trois lentilles
composant l’objectif.
L’image intrafocale est parfaitement lisible et définie. Elle montre une série
d’anneaux centraux assez homogènes et un anneau extérieur classiquement
renforcé. Une légère dominante verdâtre baigne les anneaux centraux tandis
qu’un halo bleu peu prononcé entoure l’anneau extérieur.
L’image extrafocale apparaît un peu moins lisible. Les anneaux centraux
demeurent assez homogènes mais un peu plus effacés. Deux anneaux extérieurs sont visibles, respectivement peu renforcé et renforcé, séparés par une
dominante bleutée assez évidente. Comme pour la plage intrafocale, l’ensemble de ces anneaux présente une faible dominante verdâtre. Les plages
intra et extrafocale ne sont donc pas tout à fait identiques.
Pour les spécialistes, signalons que l’analyse de la qualité optique de l’instrument
par la méthode de Roddier montre une précision de λ/3,4 (PTV), λ/17,3 (RMS) et
un rapport de Strehl de 0,88 (rapport entre le pic d’intensité lumineuse constaté
sur l’image de diffraction et le pic d’intensité lumineuse théorique fourni par un
instrument parfait de même diamètre). Ce rapport de Strehl de 0,88, qui doit
être le plus proche possible de 1, permet tout de même à la lunette d’atteindre
son pouvoir séparateur théorique malgré la petite décollimation constatée. Ces
résultats témoignent d’une très bonne qualité optique, d’autant que la correction chromatique améliore sensiblement la visualisation des nuances dans les
détails planétaires.
L’image photographique d’une étoile placée au centre du champ apparaît très
fine et légèrement dégradée par le chromatisme résiduel (halo bleu profond).
Placée dans l’angle du format 24x36, cette même étoile est déformée (aspect
oblong) sous l’effet notamment d’un phénomène de coma. Au format APS-C en
revanche, cette étoile est peu déformée. Enfin, le vignetage est peu gênant au
format 24x36 et pratiquement résorbé en APS-C.
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Octobre 2009
Le collier de fixation du tube possède une poignée de
transport : un accessoire simple et efficace qu’on
voudrait voir généralisé à l’ensemble des matériels
astronomiques !
Sur Jupiter, ces observations de qualité se sont
confirmées. Le disque jovien apparaît assez blanc
et bien contrasté. De nombreux détails sont accessibles : irrégularités dans les bandes équatoriales,
ovales, Grande Tache Rouge… Nous avons même
pu suivre sans difficulté le passage du disque de
Ganymède devant celui de Jupiter avec une qualité
de piqué très satisfaisante. Le chromatisme est
une nouvelle fois très peu sensible (le limbe jovien
est parfois troublé par de légers reflets bleutés).
En planétaire, le grossissement utile fourni par cet
instrument est proche de 175x, avec un excellent
compromis entre qualité, grossissement et luminosité de l’image.
En ciel profond, les images obtenues sont spectaculaires pour peu que le ciel soit peu pollué et les
objets suffisamment lumineux. Les amas globulaires
typiques comme M 13 sont fortement granuleux et
assez brillants. Les champs stellaires sont rendus
avec un piqué élevé : étoiles ponctuelles et fond de
ciel bien noir, avec toutefois des risques d’apparition
de déformations pour les étoiles les plus brillantes
en bord de champ image. A ce stade, l’intérêt du
renvoi coudé de 50,8 mm est de pouvoir disposer
d’oculaires à grand champ et de longue focale. Ainsi,
l’emploi d’un UWA 28 équipé d’un filtre OIII (champ
résultant de 3,3°) donne accès, par exemple, aux
Dentelles du Cygne dans d’excellentes conditions.
Nos conclusions
Il est visiblement bien difficile de combiner en un
seul instrument toutes les attentes d’un observateur
exigeant. La Meade ED-APO 102 mm en est un parfait
exemple : sa très bonne qualité optique, servie par
Le renvoi coudé géant Meade est un
accessoire indispensable si l’on souhaite
profiter au maximum des capacités de
l’instrument, notamment en ciel profond
pour le grand champ.
Le chercheur 8x50 se
démarque par la présence
d’une gravure fine et éclairée,
pratique sur le terrain (même
si nous avons trouvé son
éclairage un peu trop fort). En
revanche, la conception de sa
patte de fixation, trop courte,
n’appelle que des critiques…
Il arrive souvent que la visée
au travers du chercheur
soit gênée par la poignée du
collier de fixation du tube,
voire que le chercheur bute
dessus !
une mécanique bien finie, aurait pu faire d’elle un
incontournable pour l’amateur en quête d’un instrument apochromatique performant à prix attractif.
Hélas, les errements ergonomiques constatés (parebuée non rétractable, patte de chercheur trop courte
et porte-oculaire non rotatif) brident un bilan qui aurait
été sans cela extrêmement positif. Signalons enfin
que son prix de vente (1 099 €), un peu plus élevé
que la moyenne de ses concurrentes, est parfaitement justifié eu égard à la très bonne correction
du chromatisme offerte par le triplet qui l’équipe. 
Alexandre Olivier
Remerciements à Meade France pour le prêt du
matériel nécessaire à ce test.
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