Marcel Pagnol - bibliothequesdelambre.net

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Marcel Pagnol est né en 1895, il y a 120 ans « dans la ville d’Aubagne sous le Garlaban
couronné de chèvres au temps des derniers chevriers ». C’est un des auteurs français les plus
populaires, même s’il a été longtemps classé parmi les auteurs « régionalistes », et pour cette raison
un peu « snobé »par les intellectuels et les critiques qui ont eu tendance à donner de lui l’image bien
réductrice du marseillais jovial.
La famille Pagnol : à droite, Marcel
à 14 ans
en 1922
Son père était instituteur et sa mère couturière. La famille vivait à Marseille, mais passait toutes
ses vacances dans une petite maison au-dessus du village de la Treille, en pleine garrigue, où Marcel
passera les plus beaux moments de sa jeunesse. Dans une famille imprégnée de respect républicain
pour l’école laïque, le petit Marcel ne pouvait faire que de bonnes études. Il devient professeur
d’anglais, rapidement nommé en lycée à Paris.
Passionné de théâtre, il va quitter l’enseignement en 1927 pour se consacrer à l’écriture. Sa
première réussite en 1928 fut « Topaze » qui connait un immense succès. En 1929, il écrit « Marius » et
la même année découvre à Londres un des premiers films parlant, une comédie musicale américaine :
enthousiasmé, Marcel est persuadé que l’avenir du cinéma se joue sur ces progrès techniques. Alors
que personne n’y croit, il se lance dans la réalisation de ses premiers films qui seront de grandes
réussites. Il va adapter ses pièces au cinéma et de nombreuses œuvres de Jean Giono dont il a
l’exclusivité. Ce sera avant-guerre une période très riche d’activité ; les plus grands acteurs jouent
pour lui (Raimu, Fernandel, Pierre Fresnay, Charpin) et il va créer ses propres studios de cinéma à
Marseille. Excellent gestionnaire de ses affaires, il crée aussi une revue consacrée au 7 ème art qui est
l’ancêtre des « Cahiers du cinéma ». Il va également s’intéresser à la défense des droits d’auteur de
façon très active.
Quand la guerre arrive, Pagnol qui ne veut en aucun cas être obligé de collaborer vend ses
studios et va même jusqu’à brûler les copies du dernier film qu’il a réalisé. Après la guerre, le cinéma
n’est plus sa priorité. Entré à l’Académie Française, il va se consacrer à l’écriture de ses souvenirs
d’enfance et des 2 volumes de « L’eau des collines ».
Au récit de cette vie si pleine de modernité pour son époque, il faut ajouter quelques éléments
personnels : une culture classique, l’amour de la nature, celui des femmes (Pagnol est aussi un
séducteur !), une profonde honnêteté, le sens aigu de l’observation, et des épreuves personnelles,
notamment la mort de sa mère quand il a 15 ans, la perte de son frère Paul, le dernier berger des
collines, et la mort à 3 ans de la fille tant aimée qu’il a eue avec sa dernière épouse Jacqueline Bouvier
(qui est toujours vivante, elle a 95 ans).
Il faut regarder l’œuvre de Pagnol dans sa globalité : on ne peut séparer son œuvre en
catégories : les thèmes se retrouvent dans les livres comme au cinéma ; Pagnol était un grand
travailleur : il faut voir ses cahiers d’écolier couverts de sa belle écriture avec de nombreuses
corrections, et même corrections de corrections ! Il a écrit et tourné de vrais morceaux d’anthologie
comme la partie de cartes de « Marius », ou la scène finale de « La femme du boulanger », ses
répliques sont inscrites au patrimoine du cinéma. Mais il a fait aussi un portrait de son époque : dans
son monde, les hommes ont une vie rude et les femmes sont prisonnières et victimes des codes
sociaux. Le film « Regain » est construit comme une tragédie antique… Conscient que la beauté des
villages provençaux va disparaître, il en brosse un portrait émouvant. Non, Pagnol n’est pas un auteur
pour les enfants, même si on affectionnait sa lecture à l’école dans les années 60 et 70… Pour lui, être
écrivain et réalisateur, c’était arriver à faire rire et pleurer sur des thèmes éternels. Relisez Pagnol,
revoyez ses films, cela en vaut la peine !
« Marius »
« La femme du boulanger »
« La fille du puisatier »
Cet article a été rédigé grâce au colloque qui a eu lieu à Aubagne le 18 avril 2015 et au livre de Nicolas
Pagnol sur son grand-père. A Aubagne, on peut visiter sa maison natale, faire des randonnées guidées
sur les chemins de Pagnol. A la Treille, aller jusqu’à la maison des Bellons et la Valentine, visiter le très
moderne musée du cinéma du château de la Buzine qui a appartenu à Pagnol : il l’a acheté pour en
faire un lieu de cinéma par l’intermédiaire d’un agent immobilier et l’a reconnu lors de sa première
visite en 1941 comme « Le château de ma mère » : « Elle entendait les cris du garde, et le souffle rauque du
chien. Blême, tremblante, et pour jamais inconsolable, elle ne savait pas qu'elle était chez son fils ».
Disponibles dans le réseau de Lambre : les 3 volumes des « Souvenirs d’enfance », et les 2 volumes de « L’eau
des collines »
DVD sur demande