verres antiques - Musée Royal de Mariemont

Transcription

verres antiques - Musée Royal de Mariemont
MUSÉE DE MARIEMONT
Catalogue des
VERRES ANTIQUES
de la collection Ray Winfield Smith
8 mai
*
15 septembre 1954
MUSÉE DE MARIEMONT
V e r r e s Antiques
Collection Ray Winfield Smith
8 MAI - 15 SEPTEMBRE 4 954
COMITÉ DE PATRONAGE
S. Exc. Frederick M. ALGER,Ambassadeur des États-Unis à
Bruxelles.
M. Paul-Henri SPAAK,Ministre des Affaires étrangères et du
Commerce extérieur.
M. Leo COLLARD,
Ministre de l'Instruction publique.
M. Émile CORNEZ,Gouverneur de la province de Hainaut.
COMITÉ D'HONNEUR
M. L. VERNIERS,
Secrétaire général au Ministère de l'Instruction
publique.
M. Lucien CHRISTOPHE,
Directeur général des Beaux-Arts et
Lettres.
M. F. VANDENBORRE,
Directeur général des Services éducatifs
et des Relations culturelles.
M. John L. BROWN,
Attaché culturel à l'Ambassade des ÉtatsUnis.
M. Yvan ORBAN,Président de la Commission administrative du
Domaine de Mariemont.
M. Charles TISTHOUD,
Président de l'association cc Les Amis de
Mariemont n.
M. L. DE BAY,Président de la Fédération de l'industrie du verre.
M. Charles-Emmanuel JANSSEN,Président de la Société anonyme Glaces et Verres (Glaver).
M. le Baron Carlo HÉNIN,Vice-président du Conseil d'administration de la Société anonyme Glaces et Verres (Glaver).
M. P. DEVIVIER,
Administrateur-Délégué de la Société anonyme
Glaces et Verres (Glaver).
M. Serge LAMBERT,Administrateur-Délégué de l'Union des
Verreries mécaniques belges.
M. Georges HENRY,Directeur Général de l'union des Verreries
mécaniques belges.
M. L. VANDECAPELLE,
Directeur de l'Institut national du Verre.
M. Alphonse OOSTERLINCK,
Président de l'Union nationale des
acheteurs directs en verre plat.
Conseiller à la Propagande artistique de la
M. Émile LANGUI,
Direction générale des Relations culturelles.
Conservateur du Domaine de
Madame G. FAIDER-FEYTMANS,
Mariemont.
LA COLLECTION
RAY WINFIELD SMITH
Monsieur R. W. Smith, actuellement United States Commissioner of the Military Security Board, a commencé sa collection de
verres antiques en 1931. Ses premières acquisitions ont été réalisées à Cologne. Il acheta ensuite un grand nombre de pièces
dans des ventes publiques à Londres, à Cologne et aux ÉtatsUnis. Un certain nombre d'objets proviennent des collections
von Gans, Schiller (Berlin), Niessen (Cologne), Eumorfopoulos
(Londres), Sobernheim (Berlin), Sir John Evans (Londres), etc.
Enfin M. Smith a recherché lui-même la plupart de ses verres,
tant en Europe occidentale qu'en Proche-Orient.
Des objets de la collection Smith ont été déposés dans les
musées suivants : Metropolitan Museum of Art, New York City ;
Brooklyn Museum, Brooklyn, N. Y. ; Boçton ~ u s e u mof Art,
Boston, Massachusetts ; Fogg Museum of Art, Harvard University, Cambridge, Massachusetts ; Dumbarton Oaks, Washington,
D. C. ; Corning Museum of Glass, Corning, N. Y. ; Virginia
Museum of Fine Arts, Richmond, Virginia ; Carnegie Museum,
Pittsburgh, Pennsylvania; Houston Museum of Fine Arts,
Houston, Texas ; Dahlem Museum, Berlin ; Kurpfàlzisches
Museum, Heidelberg ; Musée du Louvre, Paris.
Monsieur R. W. Smith a exposé une partie de sa collection à
Berlin en 1951, et à Heidelberg en 1952-1954 ; mais - la collection ayant toujours été dispersée - c'est la première fois qu'est
réunie une portion aussi importante de ses pièces : plus de trois
cents, c'est-à-dire en quantité environ le tiers, en qualité la
moitié.
Enfin, Monsieur Ray Winfield Smith est président-fondateur du
Comité international d'histoire du verre ancien.
N" 18.
- EGYPTE : PROFIL EN
RELIEF.
Planche offerte par l'Union des Verreries Mécaniques Belges.
INTRODUCTION
Le verre est une matière amorphe, obtenue par solidification
progressive d'un ou plusieurs corps fondus en fusion homogène.
Depuis l'époque préhistorique, des artisans égyptiens et du Proche-Orient recouvraient d'une matière vitreuse, jaunâtre ou verdâtre, des objets de pierre ou de céramique. Mais ce n'est que vers
le XVe siècle avant J.-C. que des verriers égyptiens utilisèrent le
verre en tant que matière indépendante et créèrent, en développant la technique du moulage sur corps de sable, des vases et des
perles, généralement de couleur sombre, incrustés de filets étirés
de couleurs plus claires. Ces pièces sont en général de dimensions
réduites. Cette technique, qui connut un grand succès, fut reprise
à partir duVIIes. environ avant notre ère dans différents centres
verriers hors d'Égypte, notamment en Syrie et en Espagne. De
plus en plus stylisé, ce décor aboutit souvent à l'imitation, sur
des formes empruntées à la Grèce, d'agates et de plumages d'oiseaux.
Dans le courant du premier millénaire avant notre ère, aussi
bien en Mésopotamie qu'en Égypte, fut imaginé le procédé du
moulage qui consiste à couler du verre en fusion dans un moule,
soit en bois, soit en poterie : ce qui a permis la création de statuettes de verre, d'amulettes, de perles et même de bols.
Il semble qu'il faille attendre la période ptolémaïque (IIIe-Ier S.
avant notre ère) pour trouver des vases en verre moulés entre
deux formes. C'est au même moment que fut inventé le verre doré,
et qu'on imagina de glisser une mince feuille d'or entre deux
couches de verre. C'est également à cette époque que remonte
la création des verres mosaïqués. Cette technique extrêmement
habile consiste à étirer des cannes de verre formées de tiges de
couleurs différentes déjà fondues et agglomérées. L'aspect de
miniature de ces mosaïques est dû au fait qu'en étirant les cannes,
leur section se réduit. En morcelant les cannes et en agglomérant
des morceaux, à nouveau étirés, on obtient des pièces extrêmement fines.
C'est aux approches de notre ère que remonte l'invention de la
canne du verrier qui permet, en soufflant de l'air dans une masse
de verre en fusion, la création d'objets à paroi mince et aux formes
extrêmement variées. Ce nouveau procédé, combiné avec l'ancienne technique du moulage, va donner de remarquables résultats.
Alors que les verriers égyptiens avaient atteint le point culminant de leur production au I e r siècle avant notre ère, cette maîtrise leur fut ravie aux siècles suivants par les artisans syriens.
C'est la Syrie, notamment Sidon, qui deviendra le centre verrier
le plus important de la Méditerranée orientale.
Une fois en possession de ces différentes techniques - qui,
soit dit par parenthèse, seront les seules utilisées jusqu'à notre
époque, - l'art du verre est désormais apte à tous les procédés et
à tous les progrès : verre-camée, verre peint, verre (( millefiori » ;
verre opaque, translucide ou transparent ; jeu des couleurs en
surface ou en profondeur, verre émaillé ou relevé d'or. La Syrie
reprit en fait une partie des techniques égyptiennes et, dans le
courant des siècles suivants, en créa de nouvelles, telle la décoration de filets appliqués, clairs, opaques ou polychromes. Il
n'est pas jusqu'à la nature qui ne contribue à multiplier encore la
beauté de cette matière, par la fantaisie des irisations : certains
verres enfouis dans des milieux propices, sortent du sol parés
d'une éblouissante variété de couleurs d'aspect métallique.
Entre le I e r et le I v e siècle, des ateliers de verriers utilisant
du reste fréquemment des artisans syriens et égyptiens, se multiplièrent dans les Limites de l'Empire romain. Ils produisirent des
verres à l'imitation des techniques les plus courantes inventées
en Méditerranée orientale. En Italie (à Aquilée, à Rome et en
Campanie), en Espagne (nous l'avons signalé à propos des verres
sur corps de sable), en Gaule (ateliers de la vallée du Rhône au I e r
siècle, verreries picardes, normandes, lyonnaises et rémoises
durant les siècles suivants), et surtout en Rhénanie (ateliers
de Trèves et de Cologne), la production verrière s'intensifia. A
l'exception des ateliers rhénans et mosellans, qui atteignirent
une forme de perfection dans les verres à filets et les diatrètes
- réseaux de filets détachés de la panse du verre, - la production verrière des provinces romaines ne dépassa pas le niveau de
la qualité courante. Mais quelques-unes des techniques exceptionnelles qui produisirent des chefs-d'œuvre en Méditerranée
orientale, ne purent être adoptées par les ateliers occidentaux,
dont les ouvriers étaient moins spécialisés et la clientèle moins
riche et en tout cas moins raffinée.
La qualité artistique, aussi bien que la matière et la technique,
dégénèrent nettement au Ive siècle, surtout en Occident. Le verre
perd de sa transparence, de sa pureté, et l'on retourne à des
procédés beaucoup plus primitifs et spécialement à celui du verre
moulé et du verre soufflé au moule. C'est à cette technique que se
rattachent les verres paléochrétiens et judaïques, retrouvés
nombreux dans les sépultures.
Du Ve au VIIIe siècle, le nombre d'ateliers diminue considérablement et la production se réduit, aussi bien en Occident qu'en
Orient. En Occident, les sépultures barbares, qu'elles soient
mérovingiennes, alamaniques ou lombardes, nous ont laissé de
rares verres, aux form-s abâtardies et aux couleurs ternes. En
Orient, il semble que les occupants islamiques aient laissé aux
centres verriers sassanides, égyptiens et syriens le libre exercice
de leur activité : les produits de cette époque dérivent en grande
partie des époques précédentes, avec les mêmes caractères de
dégénérescence qu'en Occident.
Ce n'est que peu à peu que l'art islamique ou arabe acquiert
un caractère original. Entre le VIIIe et le XIIIe siècle, il renouvelle certaines des techniques antérieures et les pousse à un degré
réel de perfection, spécialement dans le domaine des verres entaillés et des verres lustrés. Mais il semble bien que la Syrie, qui
jusqu'alors avait gardé une certaine primauté, l'ait perdue en
partie et que ce soit l'Égypte, l'Irak et même la Perse qui
ont occupé le premier rang dans la production du verre. Il faut
toutefois ajouter que l'état actuel de nos connaissances ne nous
permet pas de préciser les détails de ce développement.
Tout en reconnaissant la valeur esthétique limitée de la verrerie
arabe lorsque, à partir du XIIIe S. elle se cantonna dans la
production de la verrerie émaillée, il n'en reste pas moins vrai
qu'elle est au point de départ de la renaissance verrière vénitienne,
d'où partira l'art du verre en Europe aux temps modernes.
CATALOGUE
NOS 1-7 ÉGYPTE
: Technique sur cores de sable ( X V e S. avant
J.-C.).
1. PETITECRUCHE de verre bleu foncé, avec décor de filets, festonnés et en zig-zag jaunes et blancs. Pl. VIII.
XVIIIe dynastie (XVe S. avt J.-C.) Haut. : 10,5 cm. (779).
2. FLACON
opaque apode.
Décoration polychrome, anse arrondie. La base manque.
XVIIIe dynastie. Haut. : 12,5 cm. (668).
3. VASE.
Décor de filets en zig-zag sur fond bleu. Forme typique de la
XVIIIe dynastie. Haut. : 7,8 cm. (669).
4. FRAGMENT
de vase.
XVIIIe dynastie. Plus grande dimension : 2,7 cm. (889).
5. VASE en verre translucide violet rougeâtre. Base élargie.
Les verres de la XVIIIe dynastie sont génbralement opaques
et décorés de filets. Des pièces non décorées sont connues en
frites ; mais les verres translucides sont exceptionnels.
Égypte, XVIIIe dynastie. Haut. : 11 cm. (1006).
6. VASE en verre translucide turquoise.
Égypte, XVITIe dynastie. Haut. : 9 cm. (1007).
7. Trois FRAGMENTS de verre de la XVIIIe dynastie. A remarquer :
utilisation de la couleur bleu clair (1028).
Nos 8-13 Techniqz~esur corps de sable (VIe au
Ier S . ) .
8. ALABASTREen verre bleu foncé, décoré en jaune, bleu clair et
blanc d'ornements simulant de longues plumes d'oiseaux.
Le large orifice original a été brisé dans l'antiquité et remplacé