De l`initiation au haut niveau, portrait de l`entraineur
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De l`initiation au haut niveau, portrait de l`entraineur
13 Mai 2014 Le Stade Français De l’initiation au haut niveau, portrait de l’entraineur du pôle compétition du Stade Français Biographie Diplômé du Brevet d’Etat de tennis 2ème degré et également du Brevet Professionnel de golf, Nicolas Pietrowski peut se prévaloir de 20 ans d'expérience dans le domaine de l'enseignement. Il a la particularité d'avoir travaillé sur différents projets individuels mais aussi dans différentes structures privées et publiques, tant en tennis qu’en golf. Formateur dans différents clubs alsaciens mais aussi en région parisienne, il a été entraineur de ligue et formateur de cadres pour la ligue des Hauts-de-Seine. Stagiaire au pôle France de Roland Garros, Nicolas devient Entraineur National au sein du Département Haut Niveau Féminin de la Direction Technique Nationale, auprès de Georges Goven puis d’Alexia Dechaume. Il a également été, sur le circuit professionnel, le coach de Gisela Dulko, joueuse argentine à l'époque Numéro 1 mondiale Junior, mais aussi le sparring partner de Justine Henin, à l'époque Numéro 1 mondiale. Il fut l’assistant, notamment pour certaines victoires de Justine Henin à Roland Garros, de Carlos Rodriguez, coach mondialement connu. Depuis septembre 2013, il coordonne le centre de compétition de la section tennis du Stade Français, avec comme principaux objectifs de mettre en avant l'esprit d'équipe, de développer le plaisir dans l’effort et de permettre aux enfants de la compétition d'atteindre le maximum de leur potentiel. M.G. : Vous vous êtes illustré dans l’entrainement tennistique féminin de haut niveau. Est-ce un choix ou une évolution naturelle de votre carrière ? N.P. : Si j’ai été davantage investi et spécialisé dans la formation des joueuses, c’est grâce à de grandes références tennistique et à des rencontres : - Bernard Pestre, mon formateur au Brevet d’Etat, est le premier à m’avoir permis de me forger mes premières convictions. - Georges Goven est ma référence en tant qu’entraineur de tennis féminin. - Carlos Rodriguez, l’ancien entraineur de Justine Hénin et Gisela Dulko. - Hugues De Castilla de la Ligue des Hauts de Seine m’a fait confiance pour former une joueuse qui est devenue championne de France Junior. - Patrice Dominguez, membre du Stade Français m’a recruté au sein de la Fédération et m’a nommé Entraineur National. M.G. : Pensez-vous qu’il existe une différence entre l’entraînement d’un joueur et celui d’une joueuse ? N.P. : Oui il y a des différences, on n’enseigne pas le tennis à une fille comme à un garçon. J’en suis convaincu pour ce qui concerne la formation des enfants ensuite pour ce qui est du haut niveau je suis un peu plus nuancé. Je pense que la comparaison avec le tennis masculin provoque trop souvent une dévalorisation du tennis féminin. Je suis persuadé qu’un coach peut s’inspirer du jeu féminin et masculin pour progresser dans son enseignement. M.G. : Comment se fait-il que vous vous investissez à présent davantage dans les matchs par équipes ? N.P. : Lorsque j’ai débuté l’enseignement à 18 ans, très vite, j’ai été porté par le souhait d’être entraineur de haut niveau. Je pense avoir ancré cette conviction en moi, lorsqu’en 1991 l’équipe de France a gagné la coupe Davis à Lyon. J’avais 16 ans et j’avais été marqué par l’attitude du capitaine Yannick Noah. Cette victoire, j’aurais aimé la vivre de l’intérieur. Je me suis très vite sensibilisé à la victoire d’équipe. 13 Mai 2014 La notion de match par équipe revêt pour moi une valeur très importante, celle de la force collective. Après une victoire, le partage avec l’équipe est tellement fort, que c’est l’une des plus belles récompenses possibles. Mon rêve était alors tout trouvé : être capitaine d’une équipe de France… M.G. : Quelles valeurs sportives et humaines voulez-vous transmettre aux joueurs que vous entrainez ? N.P. : Mon objectif est de transmettre mon savoir-être mais également mon savoirfaire. Pour que le joueur acquière les bonnes valeurs, je dois lui proposer des choix, des situations dans lesquelles il peut être tant en réussite qu’en échec. Ainsi, il engrange une expérience qu’il devra réutiliser d’une façon pertinente. Selon moi, les notions d’adaptation, de rigueur, d’envie et de courage sont très importantes. J’essaie également d’inculquer la valeur de fierté au joueur : qu’il soit fier de lui, de jouer pour son club, pour son pays. L’étape ultime pour moi est d’arriver à concilier l’intérêt individuel et l’intérêt collectif. Il faut utiliser la notion d’équipe, pour comprendre qu’en mettant en avant la collectivité c’est tout le monde qui en sort enrichi. Ces valeurs on les retrouve largement au Stade Français. Ce sont des valeurs saines, fédératrices et enrichissantes. M.G. : Et d’un point de vue personnel, quel est votre moteur ? N.P. : Pour le haut niveau, c’est d’encadrer des équipes de France. Mais c’est également de contribuer à de grandes victoires individuelles. J’ai gardé le survêtement de l’équipe de France, j’en suis fier ! La motivation que j’ai en face de moi sur un court est également un de mes moteurs. Je suis poussé par la force et l’envie de l’adversaire. Plus la personne est exigeante envers elle-même, plus je dois l’être envers moi-même. Mais le niveau de jeu d’un joueur n’est plus mon seul moteur ou ma seule récompense… On valorise souvent les entraineurs de haut niveau, je vous invite à assister à une séance de mini tennis avec 8 enfants de 5 ans et vous comprendrez qu’on devrait valoriser également ces entraineurs. M.G. : Quel est votre rôle dans l’entrainement de Haut niveau ? Le Stade Français N.P. : L’objectif n°1 pour le joueur c’est de devenir le meilleur ! Je dois l’accompagner. Le fait de vivre de l’intérieur des victoires en Grand chelem m’a permis de comprendre qu’il faut être toujours être à la recherche de la performance, de l’excellence et de la perfection. Il faut se remettre continuellement en question. C’est un travail inimaginable pour le commun des mortels… On parle de rigueur, d’exigence, de volume, d’intensité, matin, midi et soir… Cela doit devenir une raison de vivre car ça en devient une obsession, rien ne doit être laissé au hasard. On doit maîtriser ce qui dépend de nous et diminuer l’incertitude. La flamme ne doit jamais s’éteindre et la notion de rêve doit être présente… Le fait d’avoir envie de donner du plaisir aux autres permet de déplacer des montagnes. M.G. : En compétition, peut-on tout de même parler de plaisir ? N.P. : Oui, heureusement que oui mais je parle souvent de plaisir retardé… Pour moi le plaisir ultime s’obtient à la victoire finale. C’est au moment où le joueur soulève la coupe que l’objectif est réalisé. M.G. : Pourquoi avoir choisi de rejoindre le Stade Français ? N.P. : Encore une histoire de rencontres mais il va falloir demander à Julien Varlet pour savoir pourquoi il m’a choisi. J’ai rencontré Julien à New York en 2003. Il était joueur et moi j’étais le coach de Dulko. Dix ans plus tard, Julien m’a proposé le poste. Travailler dans un club prestigieux au passé tennistique fabuleux, m’a tout de suite intéressé. Le discours que Julien et Jean-Pierre Leguay, président de la section tennis, m’ont tenu m’a vraiment séduit. Nous avons le même objectif : que le Stade Français obtienne des résultats mais pas à n’importe quel prix. Nous devons trouver la politique sportive la mieux adaptée aux caractéristiques du club. Nous nous appliquons alors à former les jeunes stadistes afin qu’ils soient détectés et pris en main par la ligue et deviennent les futurs joueurs et joueuses d’équipe. M.G. : Comment fonctionne le centre de compétition du Stade Français ? N.P. : Nous avons deux pôles : - Le Pôle Compétition 13 Mai 2014 Nous entrainons des enfants de 8 à 17 ans qui ont pour objectifs de progresser au classement, de représenter leur club en équipe mais également en individuel. Nous sommes un centre de compétition et non d’entrainement. Notre objectif est que les sélectionnés dans notre centre jouent le maximum de matchs en compétition. - Le Pôle Equipe Ce sont tous les joueurs ou joueuses qui sont susceptibles de représenter le club dans les matchs par équipes. Cela commence par les équipes 9/10 ans et cela peut aller jusqu’aux équipes +65 hommes. M.G. : Entraineur de tennis, vous êtes également entraineur de golf. Pourquoi avoir voulu ce diplôme ? N.P. : J’avais besoin d’un nouveau défi après mon départ de la FFT. J’ai alors décidé de passer un Brevet d’Etat dans une autre discipline, tout en restant dans un sport de lancer. Pour réussir les tests de sélection, j’ai dû m’imposer un entraînement de professionnel et m’intéresser à la discipline de façon exhaustive. En 5 mois, je suis passé de 24 à 4 d’index et j’ai dû me replonger dans les livres. Pour vous donner une bonne idée de la difficulté, vous avez des enseignants qui vous font des livres de 500 pages rien que sur le petit jeu (cf. Dave Pelz short game bible). J’ai également côtoyé le haut niveau puisque j’ai été le caddie de Gareth Shaw (Top 10 à l’Open de France) et François Delamontagne (Top 30 à l’Open de France). Cela m’a permis de progresser dans mon métier et surtout dans l’approche de la compétition et dans la gestion des émotions… Moyenne de 70 coups en 6 heures de compétition, vous apprenez vite ce que cela veut dire de jouer les coups à fond… Propos Recueillis par Marie Gallas Le Stade Français