Comment D2C/D interprète les chiffres….

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Comment D2C/D interprète les chiffres….
Commerce
Comment D2C/D interprète
les chiffres….
.
Cet article n’a pas l’intention de passer au crible le commerce à Météo-France, mais plutôt sa mise en œuvre.
Pour ce qui est du commerce, le Congrès 2009 du SPASMET-Solidaires a voté une motion (p8 du MI 138 spécial Congrès).
Le présent texte met en lumière l’interprétation des chiffres et l’appropriation du « commerce à Météo-France » par D2C/D,
exemple significatif de la mise en œuvre du commerce dans notre « boutique »
Voici ce qu’il était possible de lire dans l’édito de D2C/D pour la nouvelle revue interne Horizon : « L’année 2009 a
été marquée par .../.... « la croissance des recettes sur Internet ».
Toujours ce directeur de D2C, pendant un « séminaire des ventes » (si si c’est le terme !), fin mars dernier : « on observe une
absence de progression des recettes Espace PRO ». C’est quoi la différence avec « la présence d’une régression »?
De quoi parlons-nous exactement :
Les recettes Internet sont la somme de 3 lignes distinctes :
•
•
•
Ventes en ligne de prestations météo sur l’Espace PRO
Vente des Stations de La Crosse Technology (quel rapport avec Internet ?)
Recettes publicitaires
Prestations ( en
Meuros HT )
2008
Objectif
2009
2009
Evolution p/r Objectif Evolution
à 2008
2010
p/r à 2009
SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°141 Avril 2010
8
Réel
Recettes Internet
Espace Pro
0,80
1,4
0,67
-15%
La Crosse Technology
0,02
0,1
0,08
300%
Publicité Internet
3,22
5
3,94
Total Internet
4,04
6,5
4,69
Les prestations météo vendues en ligne sur l’espace Pro Internet rapportent en 2009 moins de 700 000 euros, soit toujours moins que les recettes du Minitel (pourtant en baisse).
Et surtout, elles sont en forte baisse (-15%) par rapport à celles
de 2008, pour redescendre en dessous de celles de….2005.
Puisqu’on vous dit que la progression s’absente !
Qu’en termes délicats ces choses là sont dites !
C’est là tout l’art d’un bon marchand de voiture d’occasion…présenter une 2CV de 1940 comme la Ferrari du XXI ième siècle.
Le site Internet actuel, lancé avec 6 mois de retard en
décembre 2008, mobilise pourtant une énorme équipe
humaine, qui bosse sans fléchir.
Prévu
1,0
35%
+22%
4,5
14%
+16%
5,5
17%
gnes… ». Près de 15% des stations rencontrent des difficultés d’acquisition des données et les incohérences avec les
prévisions du site Internet sont mal comprises des utilisateurs. En 2008, ces recettes étaient comptabilisées dans les
« recettes professionnelles ». En 2009, elles entrent dans les
« Recettes Internet ». Et, ça permet de faire apparaître un
+300%.
L’étape suivante : s’approprier pleinement les « facturations » des services régionaux ou départementaux. C’est la
base du « bonimenteur » commercial, le coup du bolto. A la
place du billet sous les gobelets, il suffit de placer le travail
d’un autre et le tour de passe-passe est joué, ni vu ni connu
j’embrouille !
Ce site Internet devait être « La solution » à la baisse des
La vente d’espaces publicitaires sur notre site Internet
recettes kiosques. Les recettes devaient atteindre rapidement
« grand public »(avec des annonceurs type Actimel, Hôtels
le million d’euros annuel. Mais avec les prestations propoMercure, Air France, Peugeot, Pierre et Vasées (complètement automatiques, telles
cances, la Princesse et la grenouille....) sont
Vigimet), et l’ergonomie retenue (mauLes
chiffres,
on
en
fait
effectivement en augmentation (malgré
vaise présentation de l’offre commerun léger fléchissement au 2nd semestre),
ciale, lenteur de visualisation, plantace que l’on veut
avec près de 4 millions d’euros de recetges réguliers avec certains navigateurs,
tes. Mais devons-nous nous réjouir de ces
et surtout complexité dans le circuit des
« recettes météo » d’un nouveau genre, et de
commandes), qui pensait réellement que l’objectif serait
toute cette pub qui envahit la page du site de Météo-France ?
tenu ?
De plus, 27% de ces recettes sont à reverser à «notre» filiale
Pourtant, nos stratèges commerciaux persistent et signent, de régie publicitaire, Météo-France Régie. A croire que l’oben demandant 1 million de recettes pour 2010 (en intégrant jectif c’est de devenir un espace « sandwich », où accidentelles stations La Crosse Technology), soit 35% d’augmentation ! (Et lement le surfeur aperçoit une prévision météo.
ça démarre doucement, avec -27% sur les 2 premiers mois
Vous l’aurez compris : les chiffres, on en fait ce que l’on
de 2010 par rapport à 2009)
veut. Il y a bien une chute des recettes Internet météo, que
Revenons sur cette ligne « La Crosse Technology »? Ces l’on ne peut pas masquer par 2 pirouettes à la Brian Joubert !
stations automatiques d’observations et de réception hert- (Et patatras, le tarin dans la glace !)
zienne des prévisions Météo France, ont été lancées sur le
Et ce ne sont pas les recettes Internet « sous conventions »
marché fin 2008. « En vente dans toutes les bonnes ensei(c’est-à-dire des clients dont les consommations de pres-
tations météo sur Internet sont comptées et facturées en
différé) qui vont équilibrer la balance, vu la complexité de
calcul avec le nouveau système de « back office » utilisé,
et la charge de travail « humaine » que ces historiques de
consommations génèrent.
Ces chiffres sont bien déprimants pour tous les agents de
Météo-France qui, en CDM ou dans les services commerciaux travaillent comme de vraies « petites mains », pour
réparer l’image et les prestations Météo-France auprès des
«clients» autrefois usagers.
Qui a dit qu’un système commercial se devait d’être rentable ? Tout au plus, l’apparition d’un chiffre commercial
justifie l’existence d’une direction D2C, payée à sa « juste »
valeur...
Pour nous remonter le moral, soyons consuméristes et achetons les produits dont on fait la pub pour oublier l’éloignement toujours plus important du service public…
Il suffirait donc d’endosser un costume sombre de vigile de
grande surface, une chemise claire, cravate bariolée de rabatteur pour se grimer en commercial, le tout additionné
d’un peu de bagout, « de l’audace, toujours de l’audace »,
du jonglage avec les chiffres, un vernis météorologique.
Quoique le danger avec le vernis c’est que ça craque vite.
Est ce vraiment ça le commerce de produits scientifiques
et techniques ? Est-ce avec de la mise en forme que l’on
répond aux exigences de SPB ? Appartient-on encore à la
communauté scientifique et météorologique internationale
quand on procède ainsi avec les données ?
Ne voyez pas là une attaque mais plutôt le dénigrement
d’une méthode commerciale qui oublie que notre Etablissement a un socle scientifique et technique qu’il ne faudrait
pas dévaloriser par des pratiques d’un autre âge. C’en est fini
du commerce à la Nanard !
Et puis, ne serait-il pas temps que la DG réagisse et affirme que la DEONTOLOGIE n’est pas incompatible
avec le commerce.
Le Bureau National du SPASMET-Solidaires
Prime à la casse
Exemple parlant à Météo-France : en instaurant pour les
METAR l’indicateur nombre et ponctualité, le «tout auto»
devient de fait largement gagnant : les METAR auto sont
bien plus nombreux (passage de 1 par heure avec présence
humaine à 2 par heure) et toujours à l’heure ...Le problème
(pour nous) c’est qu’on y trouve régulièrement n’importe
quoi ! Conjointement, cette approche quantitative peut nuire
à l’usager du service public : le service tend peu à peu à satisfaire les tâches qui font l’objet d’un contrôle au détriment
des autres moins rémunératrice à l’aune des indicateurs.
SPASMET-Solidaires METEO-INFO n°141 Avril 2010
Mais ce n’est pas tout : cette vision comptable de la mission de service public se heurte à la dualité satisfaction/
compensation dans le travail. Pour faire simple, on retrouve
dans l’exécution d’un travail une motivation intrinsèque
(satisfaction apportée par le travail lui-même) et extrinsèque (compensation en échange, le salaire par exemple).
Or, loin de s’additionner, ces deux motivations
Présenté aux Organisations Syndicales Foncs’opposent dès lors que l’augmentation de la
tion Publique en février 2010, ce projet d’
motivation extrinsèque (plus d’argent) se fait
Non, les primes
« accord cadre visant à instaurer l’intéressur des bases individuelles, et que l’on réduit
collectives ne contrisement collectif dans la Fonction Publipartout massivement les effectifs pour réduire
buent pas à améliorer
que » a été unanimement rejeté. Cet accord
les coûts de masse salariale : que devient dès
le service rendu
in fine amènerait à la concurrence entre les
lors l’appartenance à un collectif, la notion de
services, tout en excluant bien évidemment
service public, d’intérêt général ? Non, les priquelques maillons faibles ( agents trop noumes collectives ne contribuent pas à améliorer le
veaux dans le service, touchés par la maladie
service rendu. Elles individualisent encore plus, atomisent
ou ayant une mauvaise évaluation individuelle…). Bref une les salariés, gangrènent les relations de travail et détruisent
prime de plus pour casser les collectifs de travail.
les relations informelles entre services par la généralisation
de la méfiance.
Dégât collatéral de la LOLF et de sa batterie d’indicateurs
de résultats, l’intéressement doit « créer une émulation entre Il faut donc combattre ces idées, régressives et destrucles services ». Cet outil a été remis en cause par l’OCDE, trices socialement, sans pour autant rejeter la recherche
pourtant pas un repère de syndicalistes rétrogrades. A force d’une amélioration du service rendu. Il existe des pistes
de doper la motivation des fonctionnaires par des primes à d’amélioration dans le public comme dans le privé : gestion
la performance, on les a surtout démotivés. Une explication des carrières, implications des usagers dans les démarches
simple réside déjà dans la complexité de la mesure de la per- d’évaluations, mais surtout écoute et valorisation des salariés,
formance. Dans un service, à défaut de ne pouvoir mesurer améliorations des conditions de travail, arrêt des dégraissal’ensemble des tâches, on privilégie la mesure des plus sim- ges massifs… C’est beaucoup plus difficile à construire que
ples au détriment des plus complexes. Fort logiquement, ce de simples primes d’intéressement. Et si le gouvernement
seront celles qu’on s’efforcera de satisfaire au mieux, alors souhaite mieux payer les fonctionnaires, qu’il nous donne
que les plus complexes sont souvent le socle du service. Il alors collectivement de l’indiciaire.
est ainsi plus facile de tracer la ponctualité que le fond d’une
information.
José Chevalier
9
L’Etat souhaite mettre en place dans
les ministères des
primes collectives
censées améliorer
les résultats des services…des primes
de motivation qui
existent déjà largement dans le privé
mais qui génèrent
de nombreux effets pervers pour
conduire souvent à
un résultat inverse à
son objectif .

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