L`huile végétale pure (HVP) - Chambre d`Agriculture de la Haute
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L`huile végétale pure (HVP) - Chambre d`Agriculture de la Haute
L’Huile Végétale Pure (HVP) Objectifs : Le fioul domestique représente 50 % de l’énergie consommée par les exploitations agricoles, principalement utilisé par le moteur des tracteurs. 30 à 50 % en moyenne de ce fioul peut être remplacé par de l’huile végétale pure. Ceci permet une réduction des gaz à effet de serre et des émissions polluantes. Fonctionnement : L’huile végétale pure (HVP) est une huile obtenue à partir de plantes oléagineuses (colza, tournesol) par simple pression à froid, sans solvant, décantée et filtrée et sans modification chimique. Les coproduits de cette pression sont les tourteaux, qui peuvent trouver de nombreux usages, notamment en alimentation animale. L’HVP est considérée comme un biocarburant dans la Directive Européenne 2003/30/CE du 8 mai 2003. Schéma de fonctionnement Faisabilité technique Le pressage Il existe deux types de presses : les presses dites à barreaux et celles à vis. Les HVP sont produites par pression à froid, c’est-à-dire à une température inférieure à 50°C. La presse dite à barreaux : (coût de 4 500 à 20 000 € HT) Elle est constituée d’un corps cylindrique allongé dans lequel les graines sont poussées et fortement comprimées par une vis d’alimentation. Le corps cylindrique est formé par des barres horizontales peu espacées au travers desquelles l’huile passe pour tomber dans un bac de réception placé sous la presse. Les tourteaux sortent en bout de presse. Ce type de matériel permet des débits horaires plus élevés, l’extraction de l’huile est plus forte, ce qui doit permettre d’obtenir des tourteaux moins gras, mais qui engendre une quantité d’impuretés plus importante, donc une filtration plus contraignante. La presse à vis : (coût de 1 500 à 12 000 € HT) La graine est amenée par une vis sans fin contre un cône de freinage perforé d’où l’huile s’écoule. Les résidus sortent à travers une filière pour former un boudin, qui donne naissance au tourteau. Les graines sont moins malaxées que dans la précédente, par conséquent donnent une huile plus froide et plus pure. La filtration : une opération obligatoire (coût de 500 à 10 000 €) BON À SAVOIR : Il faut utiliser des graines sèches de colza ou de tournesol (6 à 9 % d’humidité) avec peu d’impuretés (< 2 %). Les tourteaux produits par pression à froid, dits « gras », sont très variables selon les températures de pressage de la graine, et de l’air ambiant. 1 ha de colza (30 qx/ha) produit 900 kg d’HVP (rendement en huile 25 à 35 %) soit 800 à 1000 litres d’HVP selon la densité moyenne de l’huile de colza, et 2.1 tonnes de tourteau gras. Suivant le type de pressage, l’huile peut contenir jusqu’à 10 - 12 % d’impuretés. La filtration s’opère soit après une décantation, soit en continu en sortie de presse. La durée de décantation est variable selon la qualité de la graine, la température extérieure et le type de presse : de 3 à 4 semaines pour une presse à barreaux, ramenée à 2 semaines pour une presse à vis. Cette étape permettra d’éliminer les grosses particules sans énergie ni coût et de supprimer 50 % des phospholipides susceptibles d’entraîner un encrassement des soupapes et de la chambre de combustion des moteurs. Ensuite, la filtration doit se faire à une porosité de 1 à 5 microns. Elle permet d’éliminer les particules et les cires (5° C< T < 14° C). Cette opération peut se réaliser avec : - des filtres à papiers : long, mais simple (10 l / J / filtre) - des filtres à cartouches - des filtres à plaques : plus onéreux, mais rapide et efficace. La qualité de filtration est primordiale pour obtenir une huile de qualité. Le stockage des huiles Il faut éviter la condensation. L’huile doit être stockée dans une citerne opaque, rigoureusement propre et peu sensible à la condensation. Il est préférable d’utiliser l’huile dans l’année. En vieillissant, elle s’oxyde, ce qui semble améliorer le taux de cétane (et donc la capacité d’inflammation), mais en revanche, s’accompagne d’une acidification qui peut être nuisible à la pérennité des joints, voire des aciers. INTÉRÊT ENVIRONNEMENTAL L’HVP est très peu polluante puisqu’elle ne contient ni métaux lourds, ni soufre, ni benzène. L’HVP possède un très bon bilan énergétique parmi les carburants d’aujourd’hui disponibles Les émissions de gaz à effet de serre comparées sont les suivantes : HVP colza : 660 g eq CO2/kg Gazole: 3390 g eq CO2/kg Faisabilité technique Valorisation de l’huile végétale pure, en motorisation sur les tracteurs et engins agricoles Sans aucune modification sur le moteur : • A 30 % d’huile en mélange avec le fioul, à eviter sur les tracteurs qui ne font que de menus travaux, le mélange ne pose pas de problèmes avec les moteurs anciens si ce n’est le risque de colmatage des filtres à carburant. En revanche, les pompes récentes à haute pression risquent d’être endommagées par temps froid. • Le taux d’incorporation peut atteindre 70 % voire 100 % en été sur les moteurs travaillant en pleine charge (batteuse, ensileuse). Avec des modifications apportées au moteur sur les moteurs basse pression ou sur les moteurs classiques pour augmenter le taux d’incorporation d’HVP : • Sur les moteurs basse pression (< à 300 bars) : tarer les injecteurs jusqu’à 250-260 bars et vérifier et régler la pompe à injection • Installation d’un kit de bicarburation (600 à 1 000 € HT + pose) et montage d’un 2ème réservoir ainsi qu’un échangeur thermique ou un réchauffeur électrique. Ce système permet de démarrer au fioul et de permuter à l’HVP grâce à une commande manuelle ou automatique, lorsque le moteur est suffisamment chaud. Il faut penser à revenir au fioul avant d’éteindre le moteur. Les moteurs récents à haute pression peuvent rouler à 100 % HVP avec ces kits de bicarburation. BON À SAVOIR : La qualité de l’huile est primordiale pour la sécurité et le fonctionnement optimal des moteurs. Les tourteaux pour l’alimentation animale Les tourteaux fermiers sont des coproduits de l’extraction des huiles. Ils sont riches en matière grasse (12 à 20 % MG). Les conditions de leur utilisation sont limitées par le taux de matière grasse de l’ensemble des constituants de la ration. Au-delà de 5 % de MG dans la ration, sa digestibilité diminue. Pour les animaux à forts besoins (vaches laitières, animaux en finition), les préconisations actuelles sont situées entre 1,5 et 2 kg par jour. Bilan économique : Surface de colza récoltée à 30 q/ha 6 ha Quantité de graines produite 18 t Quantité d'huile produite (1000 litres/ha) 6 000 l Temps de pressage 45 jours Investissements Presse + filtres + cuves + divers… 12 000 € Coût du pressage Amortissement 7 ans linéaire 1 714 € Charges colza (500 €/ha) 3 000 € Entretien, réparation 150 € Consommation électrique (45j x 24 h x 2,2kWh x 0.08 €/kWh ) 190 € Main d'œuvre (1,5 h / 1000 l) à 15 €/h 135 € Total 5 189 € Prix de revient de l'huile / litre 0,86 € La rentabilité économique de l’opération est à calculer par rapport au prix du fioul, au prix de vente des graines, au montant des investissements et dépend beaucoup de la capacité à bien valoriser le tourteau. Aspects juridiques et fiscaux Législation et obligations fiscales en Droit Français : le code des douanes modifié par la loi d’orientation agricole n°2006-11, article 49 du 5 janvier 2006 et par, l’article 37 de la loi de finances rectificative pour 2006 n°2006-1771 du 30 décembre 2006. - Les exploitants producteurs des plantes oléagineuses ont l’autorisation depuis le 5 janvier 2006 d’utiliser l’huile qu’ils ont produite comme carburant agricole et sont exonérés de TIC (taxe intérieure de consommation – ex. TIPP) (art. 265 ter du Code des douanes). - Les producteurs d’HVP doivent être agréés « entrepôt fiscal » par les douanes (formalités à accomplir auprès du directeur général des douanes) pour pouvoir utiliser ou vendre de l’huile carburant. Ils sont soumis à une comptabilité matière (entrée/sortie) de l’huile (Décret n°2006-1574 du 11 décembre 2006, titre IV). - La commercialisation d’HVP comme carburant agricole pour le monde agricole (agriculteurs, CUMA, entrepreneurs agricoles) ou pour le ravitaillement des navires de pêche professionnelle est autorisée depuis le 1er janvier 2007. Elle est exonérée de TIC. - La commercialisation d’HVP comme carburant pour les véhicules des flottes captives des collectivités territoriales et de leurs groupements est autorisée depuis le 1er janvier 2007 mais est soumise à une TIC partiellement dégrevée. - Chaque producteur d’HVP est tenu de dénaturer l’huile végétale pure obtenue au moyen de 5 % en volume de fioul domestique. Remarque : la commercialisation ou l’utilisation d’HVP comme carburant pour les véhicules particulier est interdite. Huile Végétale Pure Tourteau en sortie de presse Pour aller plus loin Contacter les conseillers machinisme et énergie de votre chambre d’agriculture : www.allier.chambagri.fr ; www.cantal.chambagri.fr ; www.haute-loire.chambagri.fr ; www.chambre-agri63.com Institut Français des HVP : www.ifhvp.org Plaquette réalisée avec le concours financier de