et du commerce electronique - DROIT
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et du commerce electronique - DROIT
UNIVERSITE MONTPELLIER I Faculté de Droit ERCIM IMMATERIEL ET SOUVERAINETE FISCALE AUX ETATS-UNIS : LES ANTINOMIES DU « NEXUS » ET DU COMMERCE ELECTRONIQUE Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies de Droit des Créations Immatérielles par Jean-Christophe BOZE Directeur de Mémoire : Monsieur Jean-Louis Bilon Directeur de Recherche au CNRS Responsable de l’IRETIJ ANNEE 2001-2002 “Is this a dagger which I see before me The handle toward my hand? Come let me clutch thee! I have thee not, and yet I see thee still. Art thou not, fatal vision, sensible To feeling as to sight? Or art thou but A dagger of the mind, a false creation, Proceeding from the heat-oppressed brain?” The Tragedy of Macbeth, William Shakespeare (Act 2, Scene 1) “She wants to travel far”. A Calixte, à Charlotte INTRODUCTION 1. Créé et développé sous l’égide de l’armée américaine comme un moyen de communication susceptible de demeurer opérationnel en cas d’attaque nucléaire1, rendu accessible au plus grand nombre par la suite, c’est avec l’avènement de l’ère numérique et l’explosion des ventes d’ordinateurs qui s’en est suivie qu’Internet s’est développé de manière exponentielle jusqu’à devenir aujourd’hui l’outil incontournable de communication que nous connaissons. 2. Même s’il est banal de le relever, force est de constater en effet que le Web est aujourd’hui utilisé dans les domaines les plus divers, pour consulter des horaires de trains, écouter la radio, accéder à tous types de documents, licites ou pas, lire des journaux en ligne ou faire des achats. Tout semble envisageable ou presque sur le « réseau des réseaux ». Monsieur le Professeur Vivant, fin juriste qui n’en reste pas moins homme, nous indique même connaître « une pâtisserie libanaise de Tripoli qui dispose de son site Internet et propose livraison sous 48 ou 72 heures en divers lieux de la planète par DHL2». Vous avez dit hétéroclite ? 3. Le Web a donc été créé aux Etats-Unis, « continent » où le business règne sans partage et où un consensus s’est rapidement développé pour considérer qu’il était susceptible de devenir la « nouvelle frontière » du commerce, un moyen potentiellement sans limites de créer richesses et emplois. Tout a ainsi été mis en place pour pousser au développement de cette forme de commerce que l’on a coutume de nommer « en ligne »3, encouragement qui a pu prendre la forme de discours officiels, de déclarations de principes et autres décisions d’orientation politique, de l’administration Clinton notamment, comme nous le verrons dans le cours du présent mémoire. 4. Au cours des années 90, nous sommes assez rapidement passés d’un Internet espace potentiel d’une liberté quasiment absolue à un réseau où la grande majorité des sites et des acteurs sont commerçants ou ont vocation à faire des profits. Notons que le débat, aussi déséquilibré soit-il, fait encore rage aujourd’hui qui oppose d’un côté les « idéalistes » (ceux qui voudraient 1 Voir à ce propos l’histoire de l’Internet racontée par http://www.fnet.fr/history/VintonCerf.html 2 Michel VIVANT, Les Contrats du Commerce Electronique, Litec 1999 p.1. 3 Online en anglais. Vinton Cerf sur le site suivant: que le Web demeurât un espace de liberté absolue et totalement déréglementé jusqu’à donner lieu à l’émergence de positions étonnamment extrêmes sur la question) et les « marchands » pour qui la « Toile » n’est qu’un moyen de faire plus et plus de profits. 5. Soit, donc, un réseau, planétaire par essence, que les marchands se sont peu à peu appropriés pour y faire du commerce. Commerce électronique : créature aux contours mythiques. Karl Frieden et Michael Porter le définissent4 comme l’ensemble des transactions impliquant l’échange de biens ou de services par des moyens électroniques, principalement sur Internet5. Source de mirages (mais en sont-ils vraiment ?) car, dans années quatre-vingt dix, peu nombreux étaient les spécialistes qui voyaient une limite à son développement. Force est pourtant de constater qu’en ce début de XXIème siècle, il est devenu assez commun d’entendre ou de lire, ici et là, des prévisions plutôt pessimistes quant aux perspectives de son évolution6. Il est vrai que la fin spectaculaire de l’engouement pour les « start-ups » que nous avons connue en France au premier semestre 2001 suivi par les « effets collatéraux » des « évènements » du 11 septembre de la même année n’ont pas manqué de peser leur poids et pousser au ralentissement de l’activité économique (même si celui-ci s’est fait sentir sur un plan plus global et plutôt moins d’ailleurs que ce qui avait été craint). De plus, et même si elles semblent peu justifiées, les peurs liées au paiement des transactions en ligne sont souvent ressenties, aujourd’hui encore, comme autant de freins à un développement plus franc du commerce électronique7. Malgré tout, les prévisions des financiers semblent relativement optimistes dans leur ensemble. Ainsi, selon une étude du cabinet Benchmark Group8 relayée par le quotidien Libération au début de cette année, le commerce en ligne a plus que doublé en France au cours de l’année 2001 avec un montant total d’achats qui s’élève à 1,45 milliards d’euros. Bien sûr, la progression est moins spectaculaire qu’en 1999 et 2000 où l’explosion du commerce électronique avait atteint respectivement +227% et +240% en France. Il n’en demeure pas moins que la tendance est toujours à une progression soutenue et les prévisions poussent à envisager une nouvelle augmentation de 62% pour l’année 2002. Aux Etats-Unis, la tendance demeure également à la hausse puisque le total des ventes en ligne (selon une estimation de mars 2002 du site New-Yorkais spécialisé eMarketer.com) a atteint les 32,6 billions de dollars en 2001. Une progression constante est prévue pour aboutir à un chiffre de 109,4 billions de dollars en 2005. Optimisme mesuré chez les spécialistes9 donc, mais il faut aller au-delà des 4 Karl Frieden et M. Porter, The Taxation of Cyberspace : State Tax Issues Related To The Internet and Electronic Commerce, Andersen 2000 Part I 5 L’US Census Bureau offre une définition plus détaillée sur le site suivant: http://www.census.gov/ « E-commerce is any transaction completed over a computer-mediated network that involves the transfer of ownership or rights to use goods or services. Transactions occur within selected e-business processes (e.g., selling process) and are completed when the agreement between buyer and seller to transfer the ownership of, or rights to use, goods or services occurs over computer-mediated networks. Electronic agreement, not payment, is the key determinant of an e-commerce transaction.” 6 Nous utilisons et utiliserons dans le cadre de ce mémoire indifféremment cette expression ou celle de e-commerce. 7 Selon une étude du cabinet Benchmark Group, on trouve en tête des freins à l’achat sur le Web pour 91% des internautes sondés la crainte de ne pas savoir à qui s’adresser en cas de problème lié au paiement en ligne. 8 Cabinet d’études économiques. 9 www.census.gov/mrts/www/current.html (Chiffres du commerce de détail des Etats-Unis) chiffres. 6. Les spécificités du commerce électronique sont nombreuses sans qu’il soit utile de les lister ici. Celui-ci conserve malgré tout un point commun notable avec son pendant traditionnel, le brick-and-mortar10 : comme ce dernier en effet, ses transactions sont susceptible de se voir appliquer un traitement fiscal, traitement qui, selon le niveau de pression exercée, sera plus ou moins neutre. A ce propos, le Professeur Austan Goolsbee de l’Université de Chicago a démontré en 1999 qu’en matière de commerce électronique les taxes avaient un effet non négligeable sur le comportement des consommateurs11 et incitaient notamment ceux de ces consommateurs qui sont domiciliés dans les endroits les plus lourdement taxés à effectuer plus d’achats en ligne dès lors qu’ils arrivent à échapper au paiement de certaines taxes. 7. Car avec la croissance du commerce en ligne s’est développé aux Etats-Unis un problème spécifique de territorialité dans le domaine de la fiscalité. Cette question, celle de l’application des taxes à la consommation aux transactions électroniques, forme l’objet du présent mémoire. 8. Elle n’est pas nouvelle puisqu’elle était apparue avec le développement du commerce à distance dans les années 50. Mais force est de constater que par sa nature (dématérialisation, instantanéité des transactions, facilité d’utilisation) et du fait qu’il est très certainement encore amené à gagner en importance, le commerce sur Internet a donné à ce problème de taxation une acuité et une ampleur nouvelles car ses conséquences, en termes économiques, sont tout sauf négligeables. Il sera donc question de taxes envisagées dans leur application au commerce électronique. Encore faut-il les définir. 9. Les taxes concernées sont de deux types : la sales tax et la use tax. La sales tax est apparue après la Grande Dépression, époque où les Etats voyaient leurs rentrées fiscales s’effondrer avec la dégradation de la situation économique. Elle grève, aux Etats-Unis, tout achat de biens dans un Etat donné12 et dans les conditions (biens ou prestations concernés, taux) prévues par le Tax Code de l’Etat. Il s’agit de l’impôt à la consommation par excellence. Cependant, pour des raisons constitutionnelles13, il n’est dû que si l’acheteur a un lien suffisamment fort avec l’Etat dans lequel il effectue la transaction. En droit amériain on parle de nexus. Une personne de passage dans un Etat qui y achète un bien (un livre par exemple) n’est pas tenue de s’acquitter de la sales tax sur son achat car elle n’a pas avec cet Etat de lien suffisant n’y étant pas établie en permanence. Par contre, elle est en théorie tenue lors du retour dans son Etat d’origine de s’acquitter du paiement de la 10 Expression fréquemment utilisée en référence au commerce traditionnel, de boutiques et de magasins, par opposition au commerce électronique. 11 Austan GOOLSBEE, In a World Without Borders : the Impact of Taxation on Internet Commerce, University of Chicago, 1998 rev. 1999. 12 Dans les faits, les services ne sont pas concernés par les sales taxes aux Etats-Unis, différence notable avec la TVA en Europe par exemple qui concerne biens et services. 13 ère Voir les développements de la 1 partie du présent mémoire. use tax (taxe sur l’utilisation du bien acquis), ce qui n’est que très rarement le cas dans la pratique. Relevons au passage que la use tax est apparue dans les années cinquante avec le développement du commerce entre Etats, ces derniers l’ayant instaurée sur l’utilisation sur leur territoire de biens achetés à l’extérieur de celui-ci. De manière générale, les taux de sales tax et use tax sont équivalents dans chacun des Etats concernés. Notons également que quatre Etats seulement (le Delaware, le New Hampshire, le Montana et l’Oregon) ne prélèvent pas de sales tax ou de use tax. 10. Les sales et use taxes pèsent un poids très important dans le budget des Etats. Elles représentent en effet pas moins de 25% de leurs rentrées fiscales14 en moyenne (33% selon certains spécialistes). Il est dès lors aisé de comprendre l’intérêt qu’ont les Etats à veiller à ce que la collecte se fasse avec la plus grande efficacité. Or, le développement du commerce électronique s’est effectué avec des repères très différents de ceux qui prévalent en matière de commerce traditionnel. Le monde du Web est sans frontières par nature (« a borderless world » comme il est souvent écrit) et les notions de localisation et de territorialité y ont acquis des valeurs différentes. L’association de ces nouveaux repères (nous pourrions presque parler de « nouveau paradigme », expression chère à Monsieur le Professeur Vivant15) avec un concept, celui du nexus, qu’il fallait déjà manier avec précaution en matière de transactions brick-and-mortar, ont donné naissance à un débat qui fait rage aux Etats-Unis depuis plusieurs années maintenant. 11. « Taxer ou ne pas taxer ? Telle est la question » aurait-pu dire un Prince du Danemark fameux. Plusieurs siècles plus tard, il s’agit en tout cas d’une des interrogations centrales dans le débat sur le développement du commerce électronique aux Etats Unis. Les enjeux de ce débat sont relativement faciles à identifier. Il s’agit pour une part de ne pas tuer la poule aux œufs d’or en n’étouffant pas le développement du e-commerce qui, sans ne plus en être au stade de ses balbutiements, n’en a pas moins besoin de solidifier son assise (même si, au vu du stade actuel de son développement, il est difficile d’envisager qu’il pourrait réellement être mis à mal jusqu’à péricliter). Tel est principalement, aux Etats-Unis, le souci du gouvernement fédéral qui a tout à gagner, en termes économiques, à ce que ce développement se fasse dans les meilleures conditions. C’est le sens du moratoire sur les taxes nouvelles en matière de commerce électronique mis en place depuis 1998 avec l’Internet Tax Freedom Act. Il s’agit d’autre part de ne pas mettre en danger l’équilibre budgétaire et, dans certains cas, la santé économique des Etats pour qui sales et use taxes sont une source de revenus fondamentale. Et en disant cela n’oublions pas que les premières victimes d’éventuelles difficultés financières que rencontrerait un Etat seraient les citoyens de cet Etat euxmêmes, automatiquement pénalisés du fait d’une redistribution qui serait immanquablement moins importante. Il n’est donc pas sain pour lesdits Etats, et ils le font clairement savoir, de laisser se développer le commerce électronique, source importante et croissante de rentrées fiscales potentielles, sans qu’ils puissent taxer comme ils l’entendent et donc recevoir la « part du 14 15 Advisory Commission on Electronic Commerce, Report to Congress, April 2000. Michel VIVANT, A la recherche d’un nouveau paradigme, Conférence délivrée dans le cadre de l’ « Université de Tous Les Savoirs » le 16 septembre 2000. gâteau » qui selon eux leur revient naturellement. Cela est d’autant plus vrai qu’à l’heure actuelle, et nous tenterons d’expliquer pourquoi, s’est développée une situation dans laquelle la réalité fiscale des Etats-Unis a créé un déséquilibre entre les commerçants traditionnels d’une branche donnée (qui ne peuvent matériellement échapper à la collecte de la sales tax sur leurs ventes) et les commerçants en ligne (qui lorsqu’ils vendent hors de leur Etat d’établissement notamment ne sont pas tenus de collecter la taxe, leurs prix de vente étant donc d’autant inférieurs à ceux pratiqués pour un même produit par un magasin brick-and-mortar). Inutile de dire que ce déséquilibre est un problème qu’il est important pour les Etats de prendre en considération, pour le solutionner, car le commerce traditionnel est un pourvoyeur d’emploi et donc de stabilité sociale ce qui ne saurait être négligé sans risques. 12. Dans le débat que nous évoquons, un élément est central qui peut finalement être considéré comme la clé de voûte de la question. Dans le système fiscal des Etats-Unis en effet, une vente ne sera grevée de la sales tax que si celui qui l’effectue a un lien réel et suffisant avec l’Etat qui prélève cette taxe. On parle en l’occurrence de nexus, du Latin nectere, lier16, qui est le critère déterminant en matière de compétence territoriale fiscale. Toute la difficulté réside en la définition de ce qu’il faut entendre par nexus et surtout de ce que, dans la pratique, les Etats considèrent comme susceptible de créer un nexus. A partir de quel niveau de présence dans un Etat un commerçant est-il suffisamment « lié » à celui-ci pour se voir forcé à prélever une taxe sur les ventes qu’il effectue ? Nous tenterons, pour répondre à cette question, de voir dans un premier temps et après avoir présenté les fondements constitutionnels et jurisprudentiels du nexus, quels sont les éléments qui opposent fondamentalement le commerce électronique et ce concept et qui rendent donc délicate et inconsistante l’utilisation et l’application du nexus aux transactions en ligne. Nous présenterons ensuite et dans le temps les différentes initiatives qui ont été prises ces dernières années dont l’objectif est de concilier les intérêts de tous les protagonistes tout en visant à mettre en place un système de sales et use taxes unifié, plus lisible, plus digeste et, partant, plus efficace. 16 Voir pour une définition : http://dictionary.lp.findlaw.com I LES RAISONS D’UN CONFLIT A. A L ‘expression traditionnelle du nexus 13. En droit fiscal américain, le nexus (1) est le critère-clé qui permet d’établir si une opération doit donner lieu au paiement de la sales tax dans un Etat donné. Ce critère trouve ses fondements dans deux principes constitutionnels, la Due Process Clause et la Commerce Clause (2), les contours de son application ayant été précisés en pratique par plusieurs décisions marquantes de la Cour Suprême des Etats- Unis (3). Un critère déterminant : le nexus 14. Le principe fondamental en droit fiscal américain est qu’un Etat ne peut constitutionnellement exiger d’un vendeur qu’il recueille la sales tax s’il n’a pas de nexus avec cet Etat. Il est important de préciser que dans la pratique commerciale et fiscale aux Etats-Unis la sales tax est due par l’acheteur d’un bien mais que c’est le vendeur de ce bien qui est, de manière générale, tenu de la « collecter » puis de la reverser à l’Etat sans quoi il engage sa responsabilité. Par sa nature au contraire, la use tax (taxe sur l’utilisation dans un Etat d’un bien acheté dans un autre Etat) est censée être payée spontanément par l’acheteur, ce qui, on s’en doute, pose un certain nombre de problèmes17 que nous aurons l’occasion d’évoquer plus en détails ci-avant. 15. Le problème tient à la définition de ce qui sous-tend le concept de nexus. Inutile de dire que ce problème est plus aigu encore en matière de commerce électronique, du fait de la délocalisation et de la dématérialisation des lieux de vente qui en font la spécificité. Nous verrons que la jurisprudence pose certains principes en consacrant notamment la notion de « physical presence » voire de « substantial physical presence18 » mais que selon les Etats et les juridictions, l’appréciation de ce qui crée le nexus est pour le moins fluctuante, donc source d’insécurité. 16. La mise en œuvre de ce critère ne pose pas de réel problème lorsqu’il est question de commerce traditionnel. Pour prendre un exemple concret, un marchand de chaussures, va vendre ses chaussures dans un magasin matérialisé par un immeuble, construit dans une ville et un Etat donné, dans lequel il va exposer ses produits et recevoir ses clients19. Les transactions ont lieu dans son magasin ce qui permet d’établir que la sales tax est due dans l’Etat de localisation de celui-ci. Dans tous les cas et même si aucune définition définitive du nexus n’a jamais été donnée, les tribunaux saisis en 17 Peu de consommateurs s’acquittent spontanément la use tax, parfois tout simplement parce qu’il ne savent même pas qu’elle est due. 18 Substantial physical presence : présence physique substantielle 19 Les Américains font fréquemment référence au commerce traditionnel en utilisant l’expression « brick and mortar », manière à la fois de mettre l’accent sur la matérialité de ces commerces et de l’opposer au caractère immatériel du commerce électronique. cas de litiges tranchent. Le problème est cependant que le développement des pratiques commerciales sur Internet a donné naissance à des situations nouvelles. Les localisations fixes et les produits tangibles, fondamentaux du commerce traditionnel, ne sont plus les éléments incontournables du commerce effectué sous forme électronique et en cela au moins, les données du problème du nexus sont changées. 17. Pour des raisons constitutionnelles, les sales taxes sont de la compétence exclusive des Etats. De même les règles concernant le commerce entre Etats est de la compétence exclusive fédérale. Les fondements constitutionnels du nexus: Due Process Clause et Commerce Clause 18. Le terme « nexus » est donc une référence directe au niveau de présence d’un assujetti dans un Etat donné (ou dans toute autre juridiction fiscale20 d’ailleurs puisqu’aux Etats-Unis diverses autorités locales peuvent se voir accorder par les Etats une autorité fiscale propre ce qui est source de complications supplémentaires). Pour qu’une taxe soit due, la Constitution impose que l’assujetti ait établi un degré suffisant d’activité, une connexion minimale dans la juridiction. Ce sont respectivement la Due Process Clause et la Commerce Clause qui sont le fondement de ce principe. I. La Due Process Clause21 19. Cette disposition est consacrée par deux amendements de la Constitution des Etats-Unis, le Cinquième22 et le Quatorzième Amendements23. Elle pose l’obligation que les lois et de manière générale toutes les actions légales et judiciaires soient justes et équitables24. Elle crée par exemple le principe selon lequel nul ne peut être privé de sa vie, sa liberté ou sa propriété sans que le processus légal de droit25 ait été respecté. Selon les termes mêmes du juge suprême26, « il est une doctrine établie de cette Cour que la Due Process Clause représente un système de droits fondés sur des principes moraux si profondément ancrés dans les traditions et sentiments de notre peuple que l’on peut les déclarer fondamentaux dans une société civilisée telle qu’elle a été conçue par notre histoire dans sa globalité. Le principe du Due Process consiste en tout ce qui transporte les notions les plus profondes d’équité et de 20 Il est peu commode de traduire en Français l’expression « jurisdiction », couramment utilisée en matière fiscale aux Etats-Unis : nous proposons dans le cadre de ce mémoire d’utiliser le terme français transparent de « juridiction ». 21 Pour une présentation exhaustive de la Due Process Clause, voir les développements concernant le cinquième et le quatorzième amendement à l’adresse suivante : http://supreme.lp.findlaw.com/constitution/amendment05.html 22 th “no person shall … deprived of life, liberty or property without due process of law”, U.S. Constitution 5 Amendment. 23 th “…nor shall any state deprive any person of life, liberty of property without due process of law », U.S. Constitution, 14 Amendment. 24 « fair » selon le texte original. 25 « due process of law » 26 Solesbee v. Balkcom, 339 U.S. ç, 16 (1950). justice »27. Relevons en un mot que la Due Process Clause met en place des principes d’équité que nous retrouvons en droit français et communautaire dans toutes les règles qui visent à créer le droit pour toute personne à se voir infliger un traitement équitable par la justice (durée des procédures, respects des droits fondamentaux etc.). 20. Les différentes juridictions américaines compétentes ont bien entendu précisé ce qu’il fallait entendre par Due Process dans de nombreuses décisions. Il a par exemple été jugé que la demande pour un processus légal équitable était justifiée dès lors qu’une question de propriété ou de liberté est en jeu28. Jugé également que la loi « garantit à un accusé le droit fondamental d’être clairement informé quant à la nature et les motifs pour lesquels il est accusé »29 . Pour résumer ce qui sous-tend au principe de Due Process, on peut dire qu’à chaque fois qu’un individu est traité de manière inéquitable par le gouvernement des Etats-Unis ou par une juridiction, il est susceptible de considérer qu’il a été privé ou qu’on lui a nié le droit à un Due Process, le droit en quelque sorte à un traitement équitable par l’administration tel qu’il est constitutionnellement reconnu à tous. 21. En matière de taxation des transactions de commerce électronique entre Etats, la Due Process Clause intervient pour établir si un Etat est fondé à taxer une transaction ou pas. La jurisprudence a retenu le principe selon lequel cela sera le cas dès lors que le commerçant aura établi une connexion minimale avec l’Etat. En d’autres termes et en vertu de la Constitution donc, un commerçant ne sera pas considéré comme étant traité de manière juste et équitable par les services fiscaux d’un Etat si ceux-ci visent à le taxer alors qu’il n’a pas de lien, fût-il minimal, avec cet Etat. I. ii. La Commerce Clause30 22. La Commerce Clause apparaît à l’article I section 8 de la Constitution. Elle donne compétence au Congrès pour « légiférer en matière de commerce entre Etats et en matière de commerce avec les pays étrangers31 » dans les termes suivants : “The Congress shall have Power (…) To regulate Commerce with foreign Nations, and among the several States, and with the Indian Tribes” 23. La Commerce Clause, outre qu’elle forme la base constitutionnelle de nombreux textes de loi, est importante pour le domaine spécifique de la 27 “It is now the settled doctrine of this Court that the Due Process Clause embodies a system of rights based on moral principles so deeply imbedded in the traditions and feelings of our people as to be deemed fundamental to a civilized society as conceived by our whole history. Due Process is that which comports with the deepest notions of what is fair and right and just” Solesbee v. Balkcom, 339 U.S. ç, 16 (1950). 28 Board of Regents v. Roth, 408 U.S. 564, 69 (1972) 29 “guarantees a criminal defendant a fundamental right to be clearly informed of the nature and causes of the charges against him”, In Re Oliver, 333 U.S. 257, 273-74 (1948) 30 er Pour une présentation exhaustive de la Commerce Clause, voir les développements concernant l’article 1 de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique à l’adresse suivante : http://supreme.lp.findlaw.com/constitution/article01/index.html 31 Merriam-Webster’s Dictionary of Law © 1996 taxation du commerce électronique. En effet, c’est sur son fondement que dans d’innombrables décisions la Cour Suprême a censuré autant de tentatives qui voyaient certains Etats essayer de taxer des transactions qui ne les concernaient que de manière minimale confirmant ainsi le principe de la compétence du Congrès en matière de commerce entre les Etats. 3. L’apport de la jurisprudence 24. Les fondements constitutionnels du nexus ont été précisés par plusieurs décisions de la Cour Suprême des Etats-Unis, décisions incontournables en ce qu’elles posent les principes fondamentaux en matière de nexus dans les ventes entre Etats. Ces affaires concernent directement les ventes à distance et donc, par extension, le commerce électronique. Il s’agit tout d’abord d’un arrêt fondamental, l’arrêt Miller Bros. Co.32 dans lequel la Cour Suprême crée un « safe harbor », un havre de protection, pour les commerçants en interdisant aux Etats de taxer les sociétés n’ayant pas de « lien défini », de « connexion minimale » avec eux33. Par la suite, trois décisions marquantes vont poser les fondements directs de la fiscalité du commerce entre Etats qui s’appliqueront donc par la suite au commerce électronique. Il s’agit d’abord de l’affaire National Bellas Hess (1) qui vient confirmer et consacrer en 1967 la nécessité d’un lien minimal avec un commerçant et l’Etat qui veut taxer une transaction. Il s’agit ensuite de l’affaire Complete Auto Transit (2) qui met en place un test que l’on pourrait nommer « test des 4 étapes » visant à établir si la taxation d’une transaction est conforme à la Commerce Clause. Dans l’affaire Quill Corp enfin (3), c’est une présence physique substantielle dans l’Etat qui est rendue nécessaire pour que la taxation puisse légalement avoir lieu dans un Etat34. i. National Bellas Hess, Inc v. Department of Revenue, 386 U.S. 753 (1967) 25. Dans l’affaire National Bellas Hess35 , l’Etat de l’Illinois avait essayé d’imposer une use tax36 sur les ventes opérées dans l’Illinois par une société de vente par correspondance établie hors de cet Etat et dont les seuls contacts avec l’Illinois se faisaient par la poste ou par transporteur privé37, pour l’établissement des commandes puis la livraison des biens achetés. 26. La Cour Suprême avait jugé que le fait d’autoriser les Etats ou toute autre juridiction à faire supporter la use tax sur la base de liens si minimes risquait 32 33 Miller Bros. Co. v. State of Maryland, 347 U.S. 340 (1954) En l’espèce, le seul lien entre la compagnie Miller, établie dans le Delaware, et l’Etat du Maryland, qui voulait imposer une taxe, était un camion appartenant à ladite société saisi dans cet Etat. 34 Voici une liste complémentaire de décisions de la Cour Suprême touchant à la taxation de transactions d’opérations entre Etats : Oklahoma Tax Comm. V. Jefferson Lines Inc., 514 U.S. 175 (1994) National Geographic v. California Equalization Bd., 430 U.S. 551 (1977) Freeman v. Hewit, 329 U.S. 249 (1946) Wisconsin v. J.C. Penney Co., 311 U.S. 435 (1940) 35 National Bellas Hess Inc v. Department of Revenue of Illinois, 386 US 753, L. ed 2d 505, 87 S Ct 1389 (1967) 36 Voir lexique 37 “common carrier” d’entraver le bon déroulement du commerce entre les Etats en créant un « noeud virtuel d’obligations complexes imputées à des juridictions locales sans qu’elles aient de droit légitime à imposer une participation substantielle aux coûts liés à l’exercice du gouvernement local38». La Cour allait donc conclure que la société de vente par correspondance n’avait pas un nexus suffisant en Illinois et que le fait de se voir imposer la use tax dans cet Etat violait la Due Process Clause et la Commerce Clause. ii. Complete Auto Transit, Inc v. Brady, 430 U.S. 274, 97 S.Ct. 1076 (1977)39 27. Dans l’affaire Complete Auto Transit, la Cour Suprême précise encore sa position en matière de taxation du commerce entre Etats. L’Etat du Mississippi avait tenté de taxer un transporteur installé hors de l’Etat, dans lequel il livrait cependant des véhicules, en invoquant « le privilège de faire des affaires40 » dans cet Etat dont bénéficiait la société Complete Auto Transit. 28. La Cour Suprême, visant à clarifier la question du niveau de nexus susceptible de satisfaire aux exigences de la Commerce Clause, mit en place un test en quatre points. Selon ce test, toute taxe émanant d’un Etat devait : -se voir appliquée à une activité avec un « nexus substantiel » dans l’Etat concerné41 ; -être équitablement proportionnée 42 ; -ne pas opérer de discrimination contre le commerce entre Etats43 ; -avoir un lien suffisant avec les services offerts par l’Etat44. 29. Le test émanant de ce cas d’espèce est resté jusqu’à aujourd’hui la référence pour définir si une transaction est taxable sous l’angle de la Commerce Clause. iii. Quill Corp v. N. Dakota, 504 U.S. 298 (1992) 30. Dans cette affaire, qui date de 1992, le juge suprême était amené à se prononcer et dire si une société de vente par correspondance avait établi un nexus suffisant avec l’Etat du North Dakota pour que cet Etat puisse lui imposer de payer les consumption taxes45. 31. Les faits dans cette espèce ressemblaient sensiblement à ceux de l’affaire National Bellas Hess : la société Quill faisait de la publicité pour ses produits 38 in a « virtual welter of complicated obligations to local jurisdictions with no legitimate claim to impose a fair share of the cost of the local government ». 39 Kevin J. SMITH, Internet Taxes: Congressional Efforts to Control States’ Ability to Tax the World Wide Web by Richmond Journal of Law and Technology (Fall 2000) (§70-72) 40 “the privilege of doing business” 41 “be applied to an activity with a substantial nexus in the taxing state” 42 “be fairly apportioned” 43 « not discriminate against interstate commerce » 44 « be fairly related to the services provided by the state » 45 La sales tax et la use tax. d’aménagement de bureaux dans des catalogues et prospectus, par des publicités insérées dans des magazines nationaux et par démarchage téléphonique. Les produits étaient livrés dans l’Etat du North Dakota par la poste ou par transporteur mais étaient stockés hors de cet Etat. Le seul bien que la société possédait sur le territoire du North Dakota était des logiciels donnés en licence à certains clients domiciliés dans cet Etat qui leur permettait d’avoir accès au catalogue et aux prix de la société, qui leur permettait aussi de commander de manière directe. 32. Dans cette affaire, la Cour déclara que le lien physique constitué par ces logiciels devait être considéré comme insignifiant en termes de nexus. Elle écartait la Due Process Clause pour justifier sa décision de censurer la position de l’Etat du North Dakota qu’elle fondait sur la Commerce Clause. 33. La Cour expliqua tout d’abord que la Due Process Clause impose que les actes de gouvernement et d’administration aient un caractère fondamentalement équitable et qu’à ce titre elle rendait incontournable l’existence d’un « lien indiscutable, une connexion minimale entre un Etat et la personne, le bien ou la transaction que cet Etat a l’intention de taxer »46. Selon la Cour Suprême, toujours selon la Due Process Clause, « le revenu fiscalement attribué à l’Etat doit être lié de manière rationnelle à des valeurs attachées à cet Etat»47. Dans le cas d’espèce, la connexion minimale était établie dès lors que la société, fût-elle établie hors d’un Etat, visait intentionnellement un marché à l’intérieur dans la juridiction fiscale constituée par cet Etat, même sans y avoir de présence physique. En l’espèce, Quill avait dirigé une partie substantielle de ses activités commerciales vers le North Dakota et devait dès lors avoir clairement conscience de relever de la juridiction fiscale de cet Etat. La Cour avait ainsi jugé que la use tax que voulait faire payer l’Etat du North Dakota ne violait pas le principe du Due Process. 34. Par contraste au « test du lien minimal »48 sur la base de la Due Process Clause , la Cour observa que le test, pour satisfaire à la Commerce Clause, impliquait l’existence d’un nexus substantiel, l’objectif de la Commerce Clause étant de limiter l’intervention des Etats en matière de commerce entre Etats. Dans ce contexte, la Cour releva que le test de la présence physique49 tel que consacré dans l’affaire National Bellas Hess devait être respecté d’autant qu’il était au cours des années devenu principe fondamental en matière de commerce à distance. C’est donc dans l’intérêt de la « stabilité et du développement cohérent de la loi » que la Cour maintint la présence physique comme le critère déterminant du nexus substantiel50 sur la base de la Commerce Clause et conclut que dans l’affaire Quill Corp aucun nexus substantiel ne pouvait être relevé. 46 « some definite link, some minimal connection between a state and the person, property or transaction it seeks to tax » [Quill Corp v. North Dakota (112 S. Ct. 1904, 119 L.Ed.2d 91 (1992)] 47 « the income attributed to the State for tax purposes must be rationally related to values connected with the taxing state » [Quill Corp v. North Dakota (112 S. Ct. 1904, 119 L.Ed.2d 91 (1992)] 48 “minimal physical connection” 49 “physical presence” 50 “substantial nexus” B Les difficultés d’application du nexus en matière de commerce électronique 35. Avec une pointe d’ironie, David Hardesty51 affirme que, selon lui, « intuitivement, un enfant devrait être capable d’établir si une société est physiquement présente dans un Etat » pour mieux relever que dans la réalité fiscale « ça n’est pas le cas »52. Il illustre son propos en citant l’exemple d’une décision récente53 où un tribunal du Tennessee a jugé que la société America On Line n’avait pas une présence physique suffisante pour qu’un nexus soit établi avec cet Etat nonobstant le fait que ladite société était propriétaire dans le Tennessee d’une quantité substantielle de matériel de télécommunications dont elle proposait même à d’autres sociétés l’utilisation en leasing. Les difficultés rencontrées pour dire si une société brick-and-mortar a un nexus ou pas dans un Etat ne manquent pas d’être encore plus importantes lorsqu’il est question de commerce électronique. Que doit-on entendre par physical presence ? Comment éviter les taxations multiples et assurer la collecte des taxes de manière optimale? Comment pour les Etats faire face à la baisse spectaculaire des rentrées fiscales liées au développement du commerce électronique ? Telles sont quelques-unes unes des questions importantes qu’il nous semble utile d’aborder car elles illustrent ces difficultés d’application du nexus au commerce électronique. 1. La notion de physical presence 36. Comme l’indique notamment Laura Gordon-Murnane de Knowledge Net Unlimited, “Internet a créé un monde sans frontières”54. A notre époque, il est en effet possible d’acquérir des biens ou d’accéder à des services dans tous les pays du monde et de nous faire livrer directement, en ligne dans certains cas et si nous le désirons, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons. Nous indiquerons pour l’anecdote que dans le cadre de cette étude nous avons fait l’acquisition de l’ouvrage de David Hardesty55 totalement en ligne (de la commande à la livraison par l’envoi sur notre ordinateur d’un fichier au format PDF qu’il ne nous restait plus qu’à imprimer). Les problèmes nouveaux soulevés par le développement du commerce électronique trouvent principalement leur source dans le fait que le commerce dans le cyberespace fait intervenir de manière moins importante des localisations connues et définies où ont lieu les transactions et/ou la vente de produits tangibles que le commerce traditionnel. 37. L’application d’un critère tel que le nexus au commerce électronique est un de ces problèmes. Il s’agit en effet de répondre au cas par cas à la question de savoir ce qu’il faut entendre par physical presence, critère clé consacré par la jurisprudence. Et force est de constater que l’interprétation du principe diffère 51 David Hardesty est un comptable californien reconnu comme étant l’un des meilleurs spécialistes en matière de fiscalité du commerce électronique aux Etats-Unis. 52 « It seems that intuitively a child should be able to figure out if a company has physical presence in a state but this is not so » in David E. HARDESTY, Sales Tax and Electronic Commerce, 2001 Edition p. 18. 53 AOL v. Johnson 54 Laura GORDON-MURNANE, E-Commerce and Internet Taxation: Issues, Organizations and Findings, Searcher, Volume 8, no. 6, June 2000 (“The Internet has created a world without borders”). 55 David E. HARDESTY, Sales Tax and Electronic Commerce, 2001 edition selon les cas et selon les Etats56 et que dans ce domaine, rien n’est définitivement fixé. Les meilleurs spécialistes de la matière se veulent prudents et l’un d’eux, David Hardesty, que nous avons déjà évoqué, ne manque pas d’inviter toute personne susceptible de faire du commerce en ligne sur plusieurs Etats à la plus grande rigueur lorsqu’il écrit que « pour la plus grande part, le commerce électronique fait intervenir des modèles commerciaux qui n’ont pas encore été testés sous l’angle du nexus »57. Il va plus loin en relevant le fait que, selon lui, certains Etats continuent à taxer certaines opérations sans qu’un lien substantiel soit établi conformément à la jurisprudence Quill58, dans la plus radicale anti-constitutionnalité donc. La situation est floue et il faut, pour les personnes concernées, intégrer cette donnée afin d’éviter de se retrouver dans une situation délicate. 38. David Hardesty propose un état des lieux59 afin de voir, dans telle ou telle situation, si un lien suffisant est susceptible d’être reconnu par les services fiscaux des Etats. Il envisage pour cela plusieurs cas de figure (une société est propriétaire de biens dans l’Etat, a des liens commerciaux avec une autre société dans une configuration click-and-mortar60, est en relation d’affaires avec une société de maintenance des ordinateurs vendus dans l’Etat, a des logiciels61 ou tout simplement des clients dans l’Etat). Il évoque également la situation dans laquelle une société a des employés, des agents ou des locaux commerciaux dans un Etat donné. Nous développerons plus particulièrement ce point car il nous semble très révélateur des difficultés qui subsistent pour l’application du nexus au commerce électronique. 39. Lorsque des employés, des agents ou locaux commerciaux d’une société commerciale se trouvent dans un Etat donné, il semble probable qu’un nexus va pouvoir être établi, la présence du commerçant dans l’Etat dépassant largement le cadre de l’envoi de courriers ou de mailings par voie postale. Il faut malgré tout être prudent et il ne nous semble pas possible de faire l’économie d’une approche casuistique. Dans le cas par exemple où un employé est établi de manière permanente dans un Etat autre que celui dans lequel sa société est établie, le nexus a de forte chance d’être reconnu. Cependant, certains jugements controversés existent selon lesquels seul un employé dont la fonction serait de vendre des produits dans un Etat est susceptible de créer un nexus entre sa société et cet Etat62. Cela semble d’ailleurs vrai quelles que soient les activités dévolues auxdits vendeurs. Dans l’affaire National Geographic v. California Board of Equalization63, la Cour 56 Notons au passage que certains Etats n’appliquent pas de taxes à la consommation et ne sont donc pas directement concernés par la question (c’était le cas au 28 janvier 2001 pour les Etats du Delaware, Montana, New Hampshire et Oregon) 57 David HARDESTY, Sales Tax and Electronic Commerce, 2001 Edition, E-commerceTax.com, p. 18. 58 Ibidem 59 60 Ibidem La société a des établissements « en dur » dans plusieurs Etats et un site web unique qui vend les mêmes produits tout en étant juridiquement autonome 61 software dans le texte original 62 Par exemple Tyler Pipe Indus., Inc v. Washington State Department of Revenue, 483 U.S. 232 (1987); Standard Pressed Steel Co v. Department of Revenue of Washington, 326 U.S. 310 (1945) 63 National Geographic v. Cal. Equalization Board., 430 U.S. 551 (1977) Suprême avait confirmé l’existence d’un nexus alors que la personne concernée ne vendait que de la publicité pour le magazine sans avoir le moindre lien avec le service des ventes à distance de la société. 40. Une société qui fait du commerce électronique peut avoir des agents dans un Etat sans y être elle-même physiquement établie. Faisant référence à la théorie de l’ « attributional nexus », certains Etats s’emploient à taxer des transactions effectuées par ces agents sur leur territoire en « attribuant » le nexus à la société pour laquelle ceux-ci sont censés œuvrer. Il a ainsi été jugé dans l’affaire Scripto v. Carson64 que le fait pour une société établie dans un autre Etat de travailler avec dix agents indépendants dans l’Etat de Floride établissait un nexus. La Cour Suprême posait avec cette décision un principe en affirmant que la sollicitation régulière d’agents, fussent-ils indépendants, aux fins qu’ils effectuent des ventes devait être considérée comme aboutissant à la création d’un nexus. Cinq affaires suivirent dont les protagonistes étaient deux libraires en ligne65. Dans ces affaires, toutes similaires au fond, les libraires faisaient parvenir des catalogues accompagnés de bulletins de commande à des enseignants qui les transmettaient à leurs étudiants. Ceux-ci pouvaient ainsi commander des ouvrages, ventes sur lesquelles les enseignants touchaient une commission minimale pour leur rôle d’intermédiaire. Sur les cinq juridictions saisies de ces différentes affaires, deux allaient décider que les professeurs étaient des agents des libraires alors que trois allaient considérer le contraire. Cet exemple est très révélateur et illustre bien les difficultés qui demeurent en matière d’application du nexus au commerce à distance, par extension au commerce électronique66, dans le sens où l’existence d’un principe solidement consacré par la Cour Suprême n’a pas empêché ces décisions contradictoires de Cours inférieures. Karl Frieden fait à ce propos un constat pour le moins désarmant lorsqu’il affirme qu’il est « probable que plusieurs années passeront avant que les contribuables aient une vision claire de ce qui peut constituer un nexus en matière de commerce électronique ». Le spécialiste parle et ne peut finalement qu’inviter toutes les personnes concernées à la prudence. Implicitement cependant, ses propos montrent qu’une réforme est nécessaire et incontournable. 41. Certains Etats ont tenté d’aller au devant de ces difficultés en clarifiant explicitement les choses. La Californie en est le meilleur exemple. Dans cet Etat en effet et en vertu de la loi67, les détaillants qui établissent un site Web dans l’Etat et n’ont pas d’autre forme de présence sur le territoire californien 64 65 66 Scripto v. Carson, 362 U.S. 207 (1960) Scholastic Books et Troll Books Les affaires impliquant des transactions de commerce électronique sont encore très rares, celui-ci étant encore selon les termes de David Hardesty dans sa “petite enfance”. 67 California Code of Regulations Titre 18, section 1684 (a): “§1684. Collection of Use Tax by Retailers (a) Retailers Engaged in Business in State. Retailers engaged in business in this state (…) making sales of tangible personal property, the storage, use, or other consumption of which is subject to the tax must register with the Board and, at the time of making the sales, or, if the storage, use or other consumption of the tangible personal property is not then taxable, at the time it becomes taxable, collect the tax from the purchaser and give the purchaser a receipt therefore.(…) The use of a computer server on the Internet to create or maintain a World Wide Web page or site by an out-of-state retailer will not be considered a factor in determining whether the retailer has a substantial nexus with California.“ http://ccr.oal.ca.gov/ ne se voient pas imposer la collecte des sales taxes68. Le même texte indique que, sous certaines conditions, un commerçant n’est pas considéré comme étant engagé en affaires dans l’Etat (comme ayant un nexus avec cet Etat donc) du seul fait de la présence d’un représentant ou d’un contractant indépendant dans cet Etat qui y accomplirait des prestations de service aprèsvente en rapport à des biens vendus par ledit commerçant69. L’Etat de NewYork a adopté une approche très similaire70 et ne considère pas qu’un nexus existe du seul fait que de la publicité pour les produits ou services d’un commerçant établi hors de l’Etat soit accessible dans l’Etat de New York, fûtelle directement placée sur un serveur localisé dans cet Etat. 42. Le Texas fait au contraire partie de ces Etats qui ont eu pendant plusieurs années une attitude très agressive en matière de taxation du commerce électronique comme le relève Monsieur Bilon71, Directeur de Recherches au CNRS. Les autorités fiscales de cet Etat avaient par exemple adopté la position radicale qui consistait à taxer les ventes en ligne en fonction du lieu d’établissement du serveur, sans prendre en compte l’endroit où le client se trouvait. Ainsi, toute vente effectuée par l’entremise d’un site localisé au Texas se voyait grevée de la sales tax de cet Etat. 43. Pour illustrer encore l’inconsistance des juridictions en matière d’application du nexus au commerce électronique, relevons cette décision récente72 de l’Illinois Department of Revenue. Saisie d’une question préjudicielle par une société de vente de livres et de disques établie hors de l’Etat mais qui y effectuait des ventes, l’administration fiscale informait ladite société que les ventes sur Internet ou à distance étaient taxables dès lors que les commandes avaient été passées dans l’Illinois. Avec cette prise de position, l’autorité fiscale de l’Illinois faisait fi de la nécessité d’une présence physique du vendeur dans l’Etat pour qu’elle y ait un nexus. Inutile de dire qu’une telle décision n’allait pas dans le sens d’une clarification de la situation. 44. De telles disparités ne peuvent être sans conséquences. Une forme d’insécurité s’est en effet installée dans le commerce électronique, qui affecte 68 Bartley B. BAER, J. P. POWERS, Y. TRAC, Taxation of Electronic Commerce: State and Local Tax Aspects, (Baker McKenzie), 2000 p.11 69 California Code of Regulations Titre 18, section 1684 (a) : “A retailer is not “engaged in business in this state” based solely on its use of a representative or independent contractor in this state for purposes of performing warranty or repair services with respect to tangible personal property sold by the retailer, provided that the ultimate ownership of the representative or independent contractor so used and the retailer is not substantially similar. For purposes of this paragraph, “ultimate owner” means a stock holder, bond holder, partner, or other person holding an ownership interest.” 70 New York State Department of Taxation and Finance, Memorandum TSB-M-97(1)C and TSB-M-97(1)9S, January 24, 1997 (Source: Hugh GOODWIN and David COLKER, Sales and Use Tax Nexus Issues: A Practical Guide For Expanding Businesses, www.gcwf.com (Graycary) 71 Jean-Louis BILON, Fiscalité du Numérique (France-Europe-USA), Litec 2000 p.19 72 “Persons considered to be “retailers maintaining a place of business” because of their Illinois activities are required to collect Use Tax on sales made to all Illinois purchasers regardless of the manner in which the orders are placed” in Letter ruling n° ST 01-0057-GIL, 9 Mars 2001: http://www.revenue.state.il.us/legalinformation/letter/rulings/st/2001/sg010057.pdf notamment ceux des commerçants dont les activités s’étendent sur plusieurs Etats sans qu’ils soient « physiquement » présents dans tous les Etats de l’Union. De manière générale, toute société visant à faire du commerce multistate doit savoir qu’elle va se retrouver dans un « champ de mines » et que la plus grande des vigilances s’impose pour elle. 45. Dans sa configuration actuelle73, le système de sales et use taxes est inadapté au commerce électronique. Reprenons à cet égard les termes employés par George Isaacson74 lorsqu’il affirme que « ce système fou qui consiste en un enchevêtrement de sales et use taxes est particulièrement mal adapté au commerce électronique du fait de la nature sans frontières de ce nouveau moyen de faire du commerce75 ». Isaacson note que les taxes à la consommation sont apparues à l’époque de la Grande Dépression à une époque où les rentrées fiscales sur le revenu périclitaient du fait des banqueroutes et à cause d’un chômage devenu hors de contrôle, nous ajouterons également du fait de la baisse des rentrées de property taxes, principale ressource des Etats à l’époque76. La sales tax était alors un modèle de simplicité : elle avait été créée « pour une époque où l’acheteur, le vendeur, le produit et la caisse enregistreuse étaient tous au même endroit, au même moment. Le vendeur collectait une taxe (habituellement au taux de 1 ou 2 %) au moment de l’échange du bien et de l’argent à la caisse » 77. 46. Isaacson note encore que la diversité des taux n’a jamais posé de problèmes tant que la sales tax était imposée à l’intérieur d’un même Etat. Il conclut en relevant que les taxes à la consommation sont devenues extrêmement complexes et difficiles à administrer dès lors qu’elles se voient appliquées aux transactions entre Etats. Laissant poindre son souhait de voir une évolution se faire jour, il conclut en indiquant qu’il serait «idiot d’aggraver ce problème en emprisonnant le commerce électronique dans un système fiscal qui date de la période de la Grande Dépression » 78. Le Professeur Hal R. Varian79 résume quant à lui la situation en une phrase lapidaire : « Le système actuel en matière de taxes d’Etat est trop complexe et est bâti de manière insatisfaisante. Peu importe ce que l’on peut penser de l’avenir du commerce en ligne, ce système est dans l’attente d’une réforme sérieuse »80. 73 74 Sur les questions de territorialité notamment. George S. ISAACSON, Exploding Nexus Myths: Why Current Constitutional Standards Are Fair and Serve the National Interest? (§4), (document prepared pour la Advisory Commission on Electronic Commerce) 75 “This crazy quilt system of state and local taxes is especially ill-suited to electronic commerce, because of the borderless nature of this new medium of trade”, Ibidem. 76 Illinois Economic and Fiscal Commission, A Briefing on Internet Taxation: Issues and Impacts, February 2000 77 “…for an era when the buyer, seller, product and cash register were all at the same place, at the same time. The vendor collected one tax (usually at the rate of on or two percent) as goods and cash were exchanged over the sales counter”, Ibidem. 78 “Clearly however states and sales taxes have become extremely complex and difficult to administer when applied to interstate transactions. It would be foolish to worsen this problem by saddling electronic commerce with a Depression era tax system », Ibidem. 79 Doyen de la School of Information Systems and Management à l’Université de Californie à Berkeley 80 “The current system of state taxes is overly complex and poorly designed. No matter what one thinks will happen with online purchases it stands in need of serious reform” in Hal R. VARIAN, Taxation of Electronic Commerce, University of California at Berkeley, Avril 2000 www.internetpolicy.org/briefing/4_00_story.html) 2. Les risques de taxations multiples 47. Le commerce électronique est, du fait de la nature particulière du Web, également susceptible d’aboutir, en théorie tout au moins, à des situations de taxations multiples et discriminatoires par rapport au commerce traditionnel. Le problème a cependant été en partie résolu par la promulgation de l’Internet Tax Freedom Act le 21 octobre 1998 qui a mis en place un moratoire sur toutes les nouvelles taxes à caractère discriminatoire (n’affectant pas les autres formes de commerce) ou multiple (aboutissant à une taxation multiple) susceptibles d’affecter le commerce électronique. L’ITFA protège donc le commerce électronique contre l’application de taxes nouvelles et imprévisibles, le fruit de l’imagination créative de juridictions distantes et inconnues. En cela, il est susceptible de rassurer le consommateur américain en lui donnant l’assurance qu’il ne se verra pas infliger des taxes inattendues lors d’achats effectués en ligne hors de son Etat d’origine. Cependant, les dispositions de l’Internet Tax Freedom Act ne concernent pas les taxes qui lui préexistaient81 d’où la persistance de certaines difficultés. De plus, l’ITFA ne facilite pas la tâche des commerces traditionnels dont les ventes, effectuées sur place et souvent pour des résidents du même Etat, supportent la sales tax et sont d’autant plus chères par rapport à celles pratiquées par des sociétés en ligne sans nexus dans l’Etat (voir développement sur l’ITFA ci-après). 3. Les difficultés liées à la collecte des taxes 48. Comme nous l’avons déjà relevé, les sales et use taxes représentent en gros le quart des rentrées fiscales des Etats américains. Leur collecte revêt donc une importance capitale pour l’établissement du budget des Etats. Nous reprendrons à ce propos les mots du Professeur Arthur Cockfield82 qui met le doigt sur les conséquences de l’impossibilité de taxer efficacement le commerce électronique. Cette impossibilité est selon lui susceptible d’aboutir à « des pertes significatives de rentrées fiscales » dont le résultat peut être « l’impossibilité de financer des biens publics importants tels que des écoles, des routes ou des hôpitaux »83. Le problème est particulièrement aigu en matière de commerce électronique dans le sens où la collecte se fait mal voire quasiment pas du tout, plus précisément en ce qui concerne les use taxes. 49. Selon certaines études, le fait que la collecte de ces taxes sur les ventes en ligne se fasse mal apparaît même comme un facteur encourageant la consommation sous cette forme. L’économiste Austan Goolsbee, de l’Université de Chicago, a ainsi montré que les consommateurs domiciliés dans les endroits où les taux de sales tax sont les plus élevés sont plus nombreux à consommer en ligne que ceux domiciliés dans des endroits où ces mêmes taxes sont moins élevées. Cela se comprend sans mal. Comme nous l’avons déjà expliqué l’achat d’un bien hors Etat de son domicile ne donne pas lieu à la collecte d’une sales tax par le vendeur mais oblige en 81 82 Ces taxes sont en général qualifiées de « grand-father taxes ». A. COCKFIELD, Transforming the Internet into a Taxable Forum: A Case Study in E-Commerce Taxation, Stanford Technology Law Review 83 Ibidem p.2 théorie l’acheteur à payer spontanément une use tax. Cette obligation est peu respectée dans les faits comme le relève le Professeur Varian qui indique par ailleurs que la plupart des gens considèrent les achats en ligne « hors de l’Etat » comme étant effectivement exemptés de taxes et à ce titre bien plus attractifs par rapport à ceux susceptibles d’être effectués dans l’Etat de domiciliation. Le problème est d’importance car selon l’estimation d’Austan Goolsbee les ventes en ligne pourraient baisser de 25% si elles étaient, dans les faits, taxées de la même manière que les ventes locales. Poussant le cynisme à l’extrême, certaines sociétés de vente à distance sont même allées jusqu’à communiquer sur le fait que les ventes entre Etats étaient franco de taxes, motifs pour lesquels en 1995 la Federal Trade Commission avait épinglé 13 de ces sociétés84. 50. Face à ces difficultés et à l’importance des use taxes dans le budget des Etats, des expérimentations ont été menées dans les Etats du Michigan et du Wisconsin, en Louisiane et dans l’Ohio. Dans ces Etats, des campagnes publicitaires ont été mises en place dont le but d’informer les contribuables que la use tax existait, était applicable aux ventes à distance (en ligne et sur catalogue) et qu’ils étaient censés la payer spontanément chaque année le cas échéant. Pour prendre l’exemple du Michigan, les services fiscaux de cet Etat ont en plus pris l’initiative en 1999 de faire figurer sur la déclaration fiscale une entrée concernant le paiement de la use tax sur les ventes à distance. Cette initiative a été suivie d’effets puisque pour l’année 1999, 64650 contribuables se sont acquittés pour l’équivalent de 2,9 million de dollars de use tax, ce qui a constitué, selon les termes mêmes des services fiscaux du Michigan, « une grande amélioration par rapport à l’année précédente »85. Les services fiscaux du Michigan envisagent de continuer dans cette voie. Ils espèrent que l’éducation du contribuable à ses devoirs en matière de paiement des use taxes aboutira à une progression encore plus nette des chiffres de paiement spontané de ces taxes. 4. L’augmentation permanente des pertes fiscales dues au développement du commerce électronique 51. Ce volontarisme doublé d’un optimisme qui laisse certains analystes rêveurs ne doit pas nous pousser à laisser de côté les autres constats opérés par les services fiscaux du Michigan86. Ceux-ci relèvent en effet une baisse impressionnante des rentrées fiscales, pertes directement liées au développement du commerce électronique. Pour l’an 2000, les pertes estimées ont atteint 37 millions de dollars, l’estimation pour 2005 faisant état d’une perte de 160 millions de dollars87. Selon les services de l’Office of Revenue and Tax Analysis du Michigan Department of Treasury, une partie des sociétés faisant des affaires sur plusieurs Etats mettent tout en œuvre afin 84 85 Illinois Economic and Fiscal Commission, A Briefing On Internet Taxation: Issues and Impacts, February 2000 p. 2 Office of Revenue and Tax Analysis, Michigan’s Sales and Use Taxes 2000, Michigan Department of Treasury, July 2001 p.29 86 Ces constats pourraient très bien émaner des services fiscaux de la très grande majorité des Etats concernés. 87 Ibidem. Ces chiffres concernent le commerce électronique Business to Consumer (B to C), le paiement des taxes résultant du commerce électronique Business to Business étant de manière générale mieux contrôlé par les services fiscaux. d’éviter de collecter les taxes à la consommation car se conformer aux milliers de directives et règles fiscales émanant de chaque Etat et des 7500 juridictions des Etats-Unis constitue un fardeau qu’elles ont de toutes les manières du mal à assumer88. 52. Dans la réalité et comme nous l’avons déjà évoqué, ces sociétés bénéficient d’un avantage en termes de compétitivité face aux sociétés qui ont un nexus dans l’Etat. Relevons à ce propos que l’on assiste depuis quelques années au développement des configurations dîtes click-and-mortar, solution adoptée par certaines sociétés brick-and-mortar, souvent de grande taille89, pour pouvoir continuer à faire du commerce électronique entre Etats tout en échappant à la collecte des taxes à la consommation. Ces sociétés qui ont en général une présence physique dans la plupart des Etats développent en parallèle des sociétés indépendantes présentes sur le Web qui ne sont physiquement établies que dans un ou deux Etats. La société de vente de matériel informatique Gateway par exemple a adopté ce système qui permettait à ses acheteurs potentiels d’aller choisir leur matériel dans un des magasins traditionnels de la société tout en ayant la possibilité d’en faire la commande sur le Web et d’économiser ainsi le paiement de la sales tax (vendeur établi hors de l’Etat) ou la use tax (alors même comme nous l’avons vu qu’en théorie ils sont tenus de la payer spontanément). Dans le « champ de mine » des questions de nexus, les sociétés qui veulent faire du click-and-mortar ont cependant tout intérêt à être bien conseillées d’autant que certains Etats comme l’Illinois n’hésitent plus à voter des lois pour combattre le phénomène90. Elles doivent notamment veiller à ce que leurs sociétés « en ligne » soient totalement indépendantes et autonomes à peine de voir les Etats considérer un nexus suffisant établi par la présence physique justement d’un magasin brick-and-mortar dans l’Etat de livraison, même si la commande a été faite en ligne auprès de la société censée être autonome. La difficulté réside donc dans le fait d’établir la limite à partir de laquelle deux sociétés (l’une traditionnelle, l’autre en ligne) vont être considérées comme indépendantes par les autorités fiscales. Sur ce problème, relevons une étude très intéressante et éclairante menée par trois fiscalistes américains91, étude fouillée et précise qui ne manque pas d’inciter à la plus grande prudence du fait de la nature mouvante de toutes les questions portant sur le nexus et le commerce électronique. 53. Il semble ici nécessaire de citer un facteur supplémentaire d’érosion des rentrées de taxes à la consommation. Comme le relèvent Karl A. Frieden et Michael E. Porter92, celle-ci provient également du fait que de manière générale les taxes à la consommation ne concernent que les ventes de biens 88 Office of Revenue and Tax Analysis, Michigan’s Sales and Use Taxes 2000, Michigan Department of Treasury, July 2001 p.27 89 Les plus connues de ces sociétés ont été ces dernières années Wal-Mart (distribution), Kmart (distribution) et Borders Online (Librairie) 90 Illinois Economic and Fiscal Commission, A Briefing On Internet Taxation: Issues and Impacts, February 2000 91 Mark S. KLEIN, Timothy P. NOONAN, Andrew B. SABOL, The New “Click-and-Mortar” Retailers: Wandering in the Nexus Minefield, (www.hodgsonruss.com) 92 Karl A. FRIEDEN, Michael E. PORTER, The Taxation of Cyberspace: State Tax Issues Related to the Internet and Electronic Commerce part V, Arthur Andersen Worldwide, Décembre 1996 tangibles. Or le développement du numérique pousse au développement des services directement accessibles sur Internet ou du transfert de biens numérisés. Dans l’Etat actuel des choses, un film acheté dans le magasin local donne lieu à collecte de la taxe alors que le même film téléchargé sur Internet directement sur son disque dur est le plus souvent exempté du paiement de cette même taxe. 54. Dans la perspective, qui est, quoi que l’on en pense, toujours d’actualité, d’un développement croissant du commerce électronique, le problème de la fiscalité des ventes à distance est amené à devenir un problème encore plus aigu pour les sociétés commerciales et les diverses autorités fiscales. C’est ce qui a peu à peu poussé à l’apparition d’initiatives visant à améliorer le système, dont l’une, le Streamlined Sales Tax Project, semble offrir des perspectives relativement intéressantes. II LES VOIES D’UNE HARMONISATION 55. George S. Isaacson93 a trouvé les mots justes pour évoquer les difficultés liées à la fiscalité du commerce électronique dans le document qu’il a établi pour l’Advisory Commission on Electronic Commerce94. En effet, selon lui, « le problème n’est pas lié au commerce électronique en tant que tel ; le problème réside dans la lourdeur du système vieillot, non uniforme, non coordonné des taxes à la consommation, qu’elles émanent des Etats ou des juridictions locales »95. Il va plus loin encore en affirmant que « si c’est le système de taxes qui est cassé, alors la première chose à faire est de le réparer. Il est bien dans les capacités des Etats d’harmoniser leurs systèmes de taxes et de réduire radicalement la confusion, la complexité et le poids supporté par les consommateurs et le commerce entre Etats»96. La position d’Isaacson, partagé par beaucoup, met le doigt sur la nécessité et l’urgence qu’il y a à faire une réforme. Cette réforme est aujourd’hui en bonne voie, encouragée par une volonté politique qui a abouti au vote de certains textes-clés puis à l’émergence du Streamlined Sales Tax Project, dont l’objectif est de simplifier et unifier le système de sales taxes aux Etats-Unis de manière progressive par le biais d’accords entre Etats. A. Une volonté politique clairement affichée 1. Les principes Commerce » du « Framework for Global Electronic 56. Le 1er juillet 1997, l’administration Clinton publie un document intitulé « A Framework for Global Electronic Commerce ». Dans la partie introductive de ce document dont l’objectif est, comme le relève Monsieur Bilon97, de proposer des « principes et lignes directrices » pour le développement du commerce électronique, une phrase émerge qui est tout à fait révélatrice des enjeux et de la vision de l’administration américaine en matière d’Internet: « Commerce on the Internet could total billions of dollars by the turn of the century »98. Les termes sont plus directs encore dans la première phrase de l’executive summary du même texte: « The Internet has the potential to become the United States' most active trade vehicle within a decade, creating millions of high paying jobs »99. En clair, Internet représente une aubaine pour 93 94 Tax Counsel to the Direct Marketing Association George S. ISAACSON, Exploding Nexus Myths: Why Current Constitutional Standards Are Fair and Serve the National Interest? (§13), document prepared pour la Advisory Commission on Electronic Commerce 95 « The problem is not with electronic commerce; the problem is with the antiquated non-uniform, uncoordinated and burdensome system of state and local sales/use taxes”. (Ibidem §13) 96 Ibidem 97 Jean-Louis BILON, Fiscalité du Numérique (France-Europe-USA), Litec 2000 p.17 98 “Le commerce sur Internet pourrait générer des milliards de dollars au tournant du millénaire” in A Framework for Global Electronic Commerce, The White House, July 1st 1997 99 « Internet a le potentiel pour devenir le vecteur le plus actif du commerce aux Etats-Unis dans la décennie à venir et créer des millions d’emplois à hauts revenus » in A Framework for Global Electronic Commerce Executive Summary (Background) le développement de l’économie nationale et de l’emploi aux Etats-Unis et il convient de l’exploiter à la mesure des potentialités affichées. 57. Dans ce document, l’administration Clinton ne traite pas directement du problème du nexus ou des taxes à la consommation tels qu’appliqués à Internet. Elle n’y affiche pas moins très clairement sa volonté de favoriser le développement du commerce électronique en veillant à intervenir de la manière la plus minimale qui soit. A dire vrai et sans vouloir faire de mauvais esprit, les termes utilisés laissent parfois croire qu’il est question non de commerce mais d’une bête merveilleuse qui serait terriblement farouche, qu’il faudrait absolument veiller à ne pas effrayer au risque de la voir s’échapper et d’en perdre toute trace. Mais jugeons plutôt sur pièces: « Governments can have a profound effect on the growth of commerce on the Internet. By their actions, they can facilitate electronic trade or inhibit it. Knowing when to act and – at least as important – when not to act, will be crucial to the development of electronic commerce”100. Notons au passage que le texte a beau émaner de la tête de l’exécutif des Etats-Unis d’Amérique il ne s’en adresse pas moins aux gouvernements… du monde entier ! 58. La Framework for Global Electronic Commerce envisage 9 catégories de problèmes à traiter101 et pose surtout les 5 principes suivants qui devraient être respectés en vue du développement du commerce sur Internet : -le secteur privé devrait mener le mouvement (The private sector should lead) ; -les gouvernements devraient éviter d’appliquer des restrictions injustifiées au commerce électronique (Governments should avoid undue restrictions on electronic commerce) ; -lorsque l’implication d’un gouvernement est nécessaire, son but devrait être de favoriser la mise en place d’un environnement légal prévisible, minimal, cohérent et simple pour le commerce (Where governmental involvement is needed, its aim should be to support and enforce a predictable, minimalist, consistent and simple legal environment) ; -les gouvernements devraient reconnaître les caractéristiques uniques d’Internet (Governements should recognize the unique qualities of the Internet) ; -le commerce électronique sur Internet devrait être facilité dans une approche globale (Electronic commerce over the Internet should be facilitated on a global basis) 59. Il n’est guère utile d’analyser plus avant ces principes dans le cadre de ce mémoire (le texte du Framework est disponible à l’adresse suivante : http://www.whitehouse.gov/WH/New/Commerce). Nous nous contenterons simplement de relever la volonté du gouvernement Clinton de voir les instances de toutes natures intervenir le moins possible et de la manière la plus coordonnée dans le développement du commerce électronique (voir à ce 100 « Les gouvernements peuvent avoir un effet profond sur le développement du commerce sur Internet. Par leurs actes, ils peuvent soit le faciliter soit le freiner. Savoir à quel moment agir et – ce qui peut-être plus important encore – à quel moment ne pas agir sera crucial pour le développement du commerce électronique » in A Framework for Global Electronic Commerce, The White House, July 1st 1997 (Background) 101 “Customs and Taxation, Electronic Payment Systems, ‘Uniform Commercial Code’ for Electronic Commerce, Intellectual Property Protection, Privacy, Security, Telecommunications Infrastructure and Information Technology, Content, Technical Standards” propos la dernière partie du texte A Coordinated Strategy). L’objectif clairement affiché était encore une fois de ne pas tuer la poule aux œufs d’or que pouvait constituer le commerce en ligne et d’éviter de l’étouffer afin de pouvoir capitaliser par la suite d’autant que les Etats-Unis étaient et demeurent le pays le mieux équipé en ordinateurs par foyer dans le monde. Une manière d’assurer le développement du commerce électronique consiste notamment à ne pas le taxer de manière déraisonnée. Dans ce domaine, l’administration Clinton ne cache pas ses préférences en indiquant que « les Etats-Unis pensent qu’il ne devrait pas y avoir de nouvelles taxes sur le commerce électronique » non sans avoir exprimé ses craintes et ses réserves face à d’éventuelles « décisions émanant d’Etats et d’autorités fiscales locales qui viseraient le commerce électronique et l’accès à Internet »102. Par ces mots, l’Internet Tax Freedom Act103 se voyait annoncé et recevait dans le même temps un soutien de premier ordre. 2. L’avènement de l’Internet Tax Freedom Act L’historique du projet 60. Le projet de l’Internet Tax Freedom Act (ITFA) est introduit par le Député Cox et le Sénateur Wyden en Mars 1997 devant leurs chambres respectives. L’idée en a germé suite, quelques mois auparavant, à la lecture par ledit Député d’un article104 qui annonçait divers projets de taxes sur le Web105. A la suite d’un long travail de sensibilisation des parlementaires selon les termes utilisés par Cox, l’ITFA est approuvé par le Congrès le 20 octobre 1998 puis promulgué par le Président Bill Clinton le 21 octobre de la même année106. Selon les termes de la nouvelle loi, l’Internet Tax Freedom Act est officiellement en place avec effet rétroactif du 1er octobre 1998 jusqu’au 21 octobre 2001107. Le contenu de l’ITFA 61. L’apport essentiel de l’Internet Tax Freedom Act est la mise en place d’un 102 “The United States believes that no new taxes should be imposed on Internet commerce” et “possible moves by states and local tax authorities to target electronic commerce and Internet access” in A Framework For Electronic Commerce. 103 Pour une étude détaillée, voir : Yasmine LEGRAND (sous la direction de Monsieur J.L. BILON), L’Internet Tax Freedom Act permettra-t-il au Commerce électronique de s’imposer ?, ERCIM 1999 et « Plain English» Summary of the ITFA, William Cox http://cox.house.gov . 104 http://cox.house.gov/nettax/shakedown.html: John SIMONS, Shaking Down the Net: Local Governments Seek to Tax Internet Sales and Services, US News and World Report. 105 Voir pour une histoire détaillée et « de première main » de l’ITFA le site personnel du Représentative COX: http://cox.house.gov/nettax/Web-history.html. 106 Public Law 105-277 107 er En Novembre 2001, le moratoire a été prolongé jusqu’au 1 Novembre 2003 (Internet Tax Non-Discrimination Act P.L. 107-75). moratoire de trois ans sur toute nouvelle taxe sur l’accès à Internet et sur tous types de taxes multiples et discriminatoires en matière de commerce électronique. Il convient de préciser que cette loi a été une source notable de confusion pour beaucoup et notamment pour de nombreux contribuables américains qui étaient persuadés que l’Internet devenait avec sa promulgation une zone sans taxes. Cela n’est évidemment pas le cas et il est surprenant de relever qu’il est jusqu’à des organismes officiels pour avoir fait la confusion à ce sujet108. Le moratoire ne concerne que la création de taxes nouvelles, les taxes préexistantes n’étant pas affectées. L’autre apport de l’ITFA est d’imposer la création d’une commission sur le commerce électronique, la Advisory Commission on Electronic Commerce109. L’Advisory Commission on Electronic Commerce 62. Cette Commission se voyait assignée pour objectif d’étudier les problèmes touchant à l’Internet et aux questions de fiscalité du commerce électronique. Elle était composée de 19 membres (trois représentants fédéraux, huit professionnels du commerce électronique et huit représentants des Etats et autorités locales dont le gouverneur de l’Utah Michael Leavitt, le gouverneur de Washington Gary Locke, et le Président de la Commission, le Gouverneur de la Virginie, James Gilmore) et ceux-ci devaient consigner leurs conclusions sur ces sujets dans un rapport qui fut délivré au Congrès le 12 avril 2000. Dans ce rapport, une différentiation était établie entre les propositions votées à une majorité des deux-tiers et celles ne recevant qu’une majorité simple des suffrages exprimés par les membres de la Commission, différence d’importance car les premières allaient pouvoir donner lieu à des recommandations formelles devant le Congrès. Malheureusement, aucun point fondamental ne donna lieu à la super majorité requise pour peser dans le débat ce qui fit perdre beaucoup de leur intérêt aux travaux de l’ACEC. 63. Nous noterons dans la partie du rapport au Congrès qui concerne les sales et use tax les trois recommandations suivantes : -extension du moratoire pour une période supplémentaire de 5 années ; -clarification de la situation par une loi concernant un certain nombre de facteurs devant être reconnus comme étant in-susceptibles de créer un nexus ; -encourager les Etats et les Autorités locales à collaborer afin d’aboutir à des lois uniformes en matière de sales et use taxes ce qui aurait pour avantage de simplifier le système. 64. L’ACEC a eu le mérite d’être une tentative de faire évoluer une situation qui posait de plus en plus de difficultés, difficultés dont tout laissaient à penser qu’elles iraient en s’accentuant. Il faut cependant noter que cette commission avait un gros défaut : elle n’avait que peu de pouvoir réel et n’a donc jamais réussi à peser d’une manière décisive sur le cours des événements. C’est la 108 Pour exemple, la Kansas League of Municipalities dans un communiqué destiné à exprimer sa position en faveur de la taxation du commerce électronique : « Continuance of the exemption of all Internet transactions from the sales tax will have a dramatic impact on state and local sales tax structures. » in Kenneth DANIEL, Internet Taxation and the Streamlined Sales Tax Simplification Project, KSSmallbiz.com. 109 Une commission consultative sur le commerce électronique en quelque sorte. raison pour laquelle certaines organisations ont adopté une attitude volontariste et lancé le processus qui devait aboutir au développement du Streamlined Sales Tax Project, un projet de réforme qui a depuis évolué au point de représenter un espoir réel pour une unification des sales taxes ou tout au moins pour une simplification et une clarification du système. B Une harmonisation en marche 65. Le jus d’orange est-il un fruit ou une boisson? Voici une question toute simple à laquelle il est difficile de répondre de manière définitive dans le contexte fiscal des Etats-Unis. 7500 juridictions fiscales sont pourtant susceptibles d’être amenées à le faire, chacune d’elle d’une manière différente. Ainsi, le jus d’orange, envisagé ici comme un fruit et taxé pour cela, est là considéré comme une boisson (est-ce si surprenant ?) et échappe à la taxe. Sans véritable lien direct avec le commerce électronique, cet exemple quelque peu extrême nous est donné avec le plus grand sérieux par l’éminente National Governors Association110. Il a en tout cas l’intérêt d’être révélateur de la nécessité qui existe d’une réforme du système des sales et use tax aux EtatsUnis. Cette réforme est en marche, matérialisée par le Streamlined Sales Tax Project. 1. Le Streamlined Sales Tax Project (SSTP)111 66. Le Streamlined Sales Tax Project a été mis en place par certains Etats (certaines autorités locales et autres acteurs du secteur privé y interviennent ponctuellement sans pouvoir décisionnel) afin de moderniser et simplifier l’administration des sales et use taxes aux Etats-Unis. Ses objectifs principaux sont notamment d’améliorer le niveau de paiement de ces taxes et d’augmenter les revenus des Etats en rendant la collecte de ces taxes plus aisée par l’utilisation des nouvelles technologies112 . 67. Ce projet trouve son origine dans plusieurs propositions faites à la Advisory Commission on Electronic Commerce (ACEC) par la National Conference on State Legislatures113, la National Governors Association114 et la Multistate Tax Commission115 avec le soutien d’un certain nombre d’organisations représentatives des autorités locales. Désenchantés par l’incapacité de l’ACEC à proposer des solutions concrètes susceptibles de faire évoluer la situation, ces organismes ont décidé de démarcher les Etats pour les pousser à rejoindre et développer le Streamlined Sales Tax Project (SSTP). 110 111 112 113 114 115 http://www.nga.org/nga/salestax/1,1169,,00.html Annette NELLEN, Summary and Analysis of the Streamlined Sales Tax Project, San José State University, June 2001. Celles-ci représentent, rappelons-le, un quart voire un tiers des revenus des Etats en moyenne. http://www.ncsl.org http://www.nga.org http://www.mtc.gov 68. Ainsi depuis les premiers mois de l’an 2000, des réunions ont régulièrement eu lieu et à ce jour le SSTP rassemble des représentants officiels des autorités fiscales d’une quarantaine d’Etats. Deux types de documents ont été produits dans le cadre du SSTP, le Uniform Sales and Use Tax Administrative Act (l’Acte) et le Streamlined Sales and Use Tax Agreement (l’Accord)116. La procédure d’unification se déroule schématiquement de la manière suivante : lorsqu’un Etat vote l’Acte pour en faire une loi, les autorités fiscales se voient, en vertu de cette loi, autorisées à représenter l’Etat dans les négociations avec d’autres Etats afin de signer un Agreement. L’Agreement est dans le cadre du SSTP un document qui fixe les règles pour les commerçants et les acheteurs en matière de sales et use taxes117. Il établit un ensemble uniforme de règles en matière de taxes et de procédures que les Etats signataires s’engagent à respecter. Il faut noter que l’Agreement n’affecte pas directement les lois des Etats. Les Etats signataires s’engagent cependant à modifier leurs lois afin qu’elles deviennent conformes à l’Agreement. 69. Le SSTP a également lancé en 2000 un projet pilote visant à tester l’utilisation de systèmes informatisés118 pour la collecte des taxes. Trois sociétés se sont ainsi engagées contractuellement à gérer et superviser le paiement des sales et use taxes de commerçants volontaires pour participer au projet dans les Etats du Kansas, du Michigan, de la Caroline du Nord et du Wisconsin. La tâche n’est pas des plus aisées car il s’agit pour les systèmes mis en oeuvre d’être capables d’appliquer les taux de taxes en vigueur dans chaque Etat et pour chaque type d’achat, de faire les calculs correspondants et d’en transférer le produit aux autorités fiscales concernées pour chaque transaction qui a lieu dans les Etats impliqués. Toutes ces opérations doivent gérer l’utilisation d’environnements pas toujours compatibles (environnements Windows/Mac) et faire face aux configurations, nécessairement différentes, de chaque commerçant concerné. Inutile de dire que des efforts de coordination sont nécessaires sur le long terme pour assurer la réussite du projet119. 70. Dans la situation inextricable des sales et use taxes aux Etats-Unis, le SSTP représente un espoir et semble avoir des chances d’aboutir à des résultats concrets et durables. David Hardesty affirme qu’il a « les meilleures chances de constituer la solution législative aux problèmes des sales taxes en ligne »120. Il relève que le projet reçoit le soutien de la plupart des exécutifs des Etats, des principales associations de commerçants et même d’un grand nombre de membres du Congrès121. Cependant, il faut noter que, lorsque le 116 Ces documents peuvent être consultés sur le site officiel du Streamlined Sales Tax Project : www.geocities.com/streamlined2000/library.html (Juillet 2002). 117 Sur l’Agreement voir: http://ecommercetax.com/doc/123100.htm (David HARDESTY, Road Rules For the Streamlined Sales Tax, E-commercetax.com, Décembre 2000). 118 Les Certified Service Providers (CSP) dont 3 modèles existent: le 1er modèle (le CSP gère toutes les opérations ème modèle (le CSP ou CAS pour Certified Automated fiscales liées aux transactions effectuées par le vendeur) ; le 2 System se contente de calculer le montant de la taxe : il doit être mis à jour régulièrement en fonction des variations de ème modèle (l’Etat se contente de certifier les logiciels de traitement des taxes utilisé par le commerçant) (Source: taux); le 3 Internet Tax Advisor, Novembre 2000, Vol.1, Number 2 p. 3). 119 Lire pour plus de détails: Going for Gold in Taxing E-commerce and Other Remote Sales: Choice for Texas, House Research Organization, Texas House of Representatives, Focus Report, April 9, 2002 p.11 120 David HARDESTY, Sales Tax and Electronic Commerce, 2001 Edition p.61 121 Voir en annexe le tableau récapitulatif de la participation des Etats au SSTP (à jour en Juin 2002) SSTP a adopté le Model Agreement en décembre 2000, la National Conference of States Legislatures (une association fondée en 1975 qui regroupe les assemblées législatives des Etats), craignant que certaines dispositions du texte ne donnent lieu à controverse et ne retardent l’avancée du projet, adopta dès Janvier 2001 une version amendée du texte. Dans cette version, plusieurs parties importantes du projet initial étaient abandonnées. Le SSTP ne tarda pas à réagir et à amender son propre projet en le faisant évoluer vers la version réaménagée du NCSL. 2. L’état des lieux 71. Le SSTP n’a pas eu d’effet miraculeux en matière de réforme des sales et use taxes. Il n’empêche qu’il a l’énorme mérite d’exister et d’ouvrir peu à peu la voie vers une simplification que beaucoup finalement appellent de leurs vœux. Certains Etats, les plus prudents, ont simplement modifié leurs législations. Les autres ont à ce jour adopté l’un ou l’autre des textes modèles du SSTP ou de la NCSL122 qui de fait rend possible leur participation à un groupe « à plusieurs Etats », « an interstate tax compact » qui existe sous le nom de Streamlined Sales Tax Implementing States (SSTIS), et dont l’objectif principal est maintenant de finaliser un accord en bonne et due forme sur une réelle unification123. 72. Force est de constater que les avancées sont réelles. En Janvier 2002, les « governing states » sont même arrivés à un accord sur un projet de système d’administration uniforme et simplifié des sales taxes reprenant des dispositions communes aux versions des modèles du SSTP et du NCSL. Cet accord pose les objectifs suivants124 : -unifier la base des taxes locales et d’état à partir de 2005 -centraliser l’administration des taxes par Etat (notamment pour les taxes locales) -mettre en place un régime simplifié et unifié concernant les exemptions avec une responsabilité moins lourde sur les vendeurs en cas d’erreur au moment de la collecte -mettre en place une classification des vendeurs -encourager la participation volontaire au programme en amnistiant les commerçants de toutes les taxes dues antérieurement à leur adhésion au programme -mettre en place une système selon lequel la taxe appliquée serait celle de la destination du bien (« sourcing ») ce qui simplifierait beaucoup la procédure. -ne rendre possible le changement des taux de taxes que tous les 3 mois au minimum L’avenir 122 Quatre Etats ont même signé à la fois l’Acte et l’Agreement (District of Columbia et Minnesota, Caroline du Nord, Wyoming) 123 La NCSL fait référence à ces Etats comme les « governing states » (Etats meneurs en quelque sorte) 124 House Research Organization, Taxing E-commerce and Other Remote Sales: Choice for Texas, Texas House of Representatives, Focus Report, 9 Avril 2002 p.8 73. Quid du futur de ce projet ? Le consensus qui vient d’être décrit doit encore être finalisé par un véritable accord. Certains points posent encore problème. Nous nous contenterons d’évoquer à ce propos la question du sourcing, du ciblage, chère à Robert Wasserman. Le projet décrit envisage la mise en place du sourcing, de l’affectation d’une transaction au lieu où le bien a été envoyé voire à l’adresse connue de l’acheteur (le contraire a cours à l’heure actuelle). Force est de constater cependant qu’une taxe basée sur l’origine du bien, sur le lieu de vente notamment, est moins problématique à gérer pour les vendeurs. De plus elle nécessite la connaissance de beaucoup moins d’informations à propos de l’acheteur et est moins susceptible d’être source de problèmes pour les Etats dans l’établissement du nexus. Enfin, arriver à une situation où les transactions seraient taxées à l’endroit où l’acheteur prendrait possession de son bien pourrait résulter selon certaines études à des pertes importantes de revenus pour les grandes villes qui sont pourtant dans tous les Etats les centres commerçants les plus importants. 74. Malgré tout, il est indéniable que les chose vont de l’avant à un rythme soutenu. Ainsi, les SSTIS se sont rencontrés les 17 et 18 mai 2002 à Oklahoma City et ont adopté une série de définitions uniformes concernant les biens tangibles personnels, les logiciels et les médicaments et appareils médicaux. Ils ont également modifié le projet d’accord existant sur quelques points de détails. 75. Selon la National Governors Association, les représentants des SSTIS se sont rapprochés d’un « accord le 15 juin (2002) à Baltimore qui porte sur un modèle de gouvernance pour la mise en œuvre d’un nouveau système de simplification des sales taxes entre Etats125 ». La NGA fait état de son optimisme en indiquant que « les 33 Etats (qui sont maintenant 35) sont sur le point de finaliser cet accord uniforme et simplifié concernant les sales tax entre Etats, accord dont l’objectif est d’encourager les « vendeurs à distance à collecter les taxes sur les transactions qui ont lieu hors de leur Etat et même dans les Etats où ils n’ont pas de présence physique126 ». La voie est ouverte pour une prochaine réunion du 8 au 12 juillet 2002 où cet accord pourrait être finalisé pour être ensuite « soumis aux Gouverneurs lors de leur rassemblement annuel à Boise127 ». 76. Comme dans un match de football américain où l’emprise sur la partie se construit peu à peu, par une progression par phases successives, le mouvement est donc bien lancé malgré les difficultés qui demeurent. L’optimisme est de mise d’autant qu’il est même jusqu’aux Etats comme le Texas, longtemps très agressif et particulièrement intransigeant en matière de taxation de l’Internet, pour se joindre à la dynamique et reconnaître, à propos du e-commerce, que « sa croissance soutenue et son potentiel en termes de rentrées fiscales ont motivé les Etats à suivre ces nouvelles politiques en matière de sales taxes»128. Il serait peu logique qu’il en soit autrement 125 Lire à ce propos l’article dans son intégralité sur le site de la National Governors Association à l’adresse suivante : http://www.nga.org/nga/lobbyIssues/1,1169,D_1232,00.html 126 Ibidem 127 Ibidem 128 House Research Organization, Taxing E-commerce and Other Remote Sales: Choice for Texas, Texas House of d’ailleurs. Pourquoi en effet, selon la vieille expression américaine, souffler contre le vent alors qu’il est si fort ? Representatives, Focus Report, 9 avril, 2002 p.9 ANNEXE I: Taux de Sales Tax par Etat au 1er Juillet 2002 (Source: http://www.salestaxinstitute.com) ETAT (ordre alphabétique) ALABAMA ALASKA ARIZONA ARKANSAS CALIFORNIA COLORADO CONNECTICUT DELAWARE FLORÎDA GEORGIA HAWAII IDAHO ILLINOIS INDIANA IOWA KANSAS KENTUCKY LOUISIANA MAINE MARYLAND MASSACHUSETTS MICHIGAN MINNESOTA MISSISSIPPI MISSOURI MONTANA NEBRASKA NEVADA NEW HAMPSHIRE NEW JERSEY NEW MEXICO NEW YORK NORTH CAROLINA NORTH DAKOTA OHIO OKLAHOMA OREGON PENNSYLVANIA RHODE ISLAND SOUTH CAROLINA SOUTH DAKOTA TENNESSEE TEXAS UTAH VERMONT VIRGINIA WASHINGTON WEST VIRGINIA WISCONSIN WYOMING TAUX DE SALES TAX (ETAT) 4.0% PAS DE TAXE 5.6% 5.125% 6% 2.9% 6.0% PAS DE TAXE 6.0% 4.0% 4.0% 5.0% 6.25% 5.0% 5.0% 5.3% 6.0% 4.0% 5.0% 5.0% 5.0% 6.0% 6.5% 7.0% 4.225% PAS DE TAXE 5.0% 4.250% PAS DE TAXE 6.0% 5.0% 4.0% 4.5% 5.0% 5.0% 4.5% PAS DE TAXE 6.0% 7.0% 5.0% 4.0% 6.0% 6.25% 4.75% 5.0% 3.5% 6.5% 6.0% 5.0% 4.0% TAUX MAX. DE SALES TAX LOCALE 6.0% 7.0% 3.8% 4.0% 1.75% 6.3% PAS DE TAXE PAS DE TAXE 1.5% 3.0% PAS DE TAXE 3.0% 2.5% PAS DE TAXE 2.0% 3.0% PAS DE TAXE 5.5% PAS DE TAXE PAS DE TAXE PAS DE TAXE PAS DE TAXE 1.0% PAS DE TAXE 4.0% PAS DE TAXE 1.5% 1.0% PAS DE TAXE PAS DE TAXE 2.1875% 4.5% 2.5% 2.0% 3.0% 6.25% PAS DE TAXE 1.0% PAS DE TAXE 2.0% 2.0% 2.75% 2.0% 4.0% 1.0% 1.0% 2.1% PAS DE TAXE 0.6% 2.0% ANNEXE II: Prévisions pour 2003 des pertes résultant du non-paiement de la Use Tax sur des transactions électroniques (par Etat ) L' Université du Tennessee a publié un rapport qui établit une projection sur les sommes que risquent de perdre les Etats en 2003 si les sociétés commerciales ne collectent pas les use taxes dues sur les transactions commerciales électroniques. Etats ALABAMA ARKANSAS ARIZONA CALIFORNIA COLORADO CONNECTICUT FLORIDA GEORGIA HAWAII IOWA IDAHO ILLINOIS INDIANA KANSAS KENTUCKY LOUISIANA MASSACHUSETTS MARYLAND MAINE MICHIGAN MINNESOTA MISSOURI MISSISSIPPI NORTH CAROLINA NORTH DAKOTA NEBRASKA NEW JERSEY NEW MEXICO NEVADA NEW YORK OHIO OKLAHOMA PENNSYLVANIA RHODE ISLAND SOUTH CAROLINA SOUTH DAKOTA TENNESSEE millions $ 269.7 188.6 341.4 2,290.8 290.8 288 1,403 620.7 158.6 162.7 67.1 844.8 324.6 189.5 238.6 453.9 303.6 294.1 78.5 757.5 408.6 395 206.1 444.9 38.6 105.6 510.7 191.1 191.1 1,581.3 671.4 298.3 666.8 55.5 231.4 57.7 545.6 TEXAS UTAH VIRGINIA VERMONT WASHINGTON WISCONSIN WEST VIRGINIA WYOMING Total 1,735.9 158.2 363.8 31.8 646.2 320.1 104.7 38.5 20,109.9 ANNEXE III: Carte des Etats participant au Streamlined Sales Tax Project (données à jour au 20 juin 2002) BIBLIOGRAPHIE Textes officiels The Constitution of the United States of America (http://www.findlaw.com/casecode/constitution/) The Internet Tax Freedom Act The Streamlined Sales Tax Project A Framework For Global Electronic Commerce, The White House, July 1st 1997 Advisory Commission On Electronic Commerce, Report To Congress, April 2000 California Code of Regulations (http://ccr.oal.ca.gov/) Ouvrages divers Jean-Louis BILON, Fiscalité du numérique (France-Europe-USA), Litec 2001 Miche VIVANT, Les contrats du commerce électronique, Litec 1999 Articles Fiscalité du commerce électronique D. 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DANIEL, Internet Taxation and the Streamlined Sales Tax Simplification Project, KSSmallbiz.com Etudes Annette NELLEN, Summary and Analysis of the Streamlined Sales Tax Project, San José State University, Juin 2001 Revues Internet Tax Advisor, Novembre 2000, Vol.1, Number 2 SITES WEB Institutions officielles http://www.loc.gov (Bibliothèque du Congrès) http://www.doc.gov/ (Département du Commerce) http://www.census.gov/ (Site officiel des statistiques gouvernementales ) http://www.nga.org/ (Site de la National Governors’ Association) http://www.ncsl.org (National Conference on States Legislatures) http://www.mtc.gov (Multistate Tax Commission) http://www.salestaxinstitute.com http://ww.geocities.com/streamlined2000/oprules.html (Site officiel du Streamlined Sales Tax Project) http://cox.house.gov (Le site du Representative Cox, instigateur de l’Internet Tax Freedom Act) http://ccr.oal.ca.gov/ (California Code of Regulations) http://www.caltax.org/ (California Taxpayers Association) Etats http://www.michigan.gov (Site de l’Etat du Michigan) Autorités fiscales des Etats http://www.taxsites.com/state.html (Tous les liens vers les sites des autorités fiscales des Etats) http://www.taxes.state.mn.us/ (Minnesota) http://www.cpa.state.tx.us/ (Texas) http://www.boe.ca.gov/ (Californie) Universités, Facultés de droit http://www.richmond.edu (Richmond University) http://ww.tnstate.edu (Tennessee State University) http://www.harvard.edu/ (Harvard) http://ww.stanford.edu/ (Stanford) http://www.kentlaw.edu/ (Chicago Kent College of Law, Illinois Institute of Technology) Moteurs de recherche, dictionnaires http://lawcrawler.findlaw.com (Moteur de recherche juridique américain) http://supreme.lp.findlaw.com (Moteur de recherche dédié à la Constitution des Etats Unis d’Amérique) http://dictionary.lp.findlaw.com (Merriam-Webster’s Dictionary of Law © 1996) Internet http://www.fnet.fr/history/VintonCerf.html (L’histoire d’Internet selon son créateur) Liens http://www.cob.sjsu.edu/facstaff/nellen_a/e-links.html (E-commerce taxation links: une mine, réellement impressionnante, de liens autour des questions de taxation du commerce électronique) Divers http://ww.softwareindustry.org/coalition/2-3-97ltr.html (Issue 3: taxation of Electronically Delivered Products) http://www.lectlaw.com (Legal definition of Due Process) http://www.house.gov/chriscox/nettax/lawsums.html (« Plain English » Summary of the Internet Tax Freedom Act) http://www.internetpolicy.org http://www.infotoday.com http://www.internetpolicy.org/briefing/4_00_story.html http://ecommercetax.com/ (Site de David Hardesty) http://www.nga.org/nga/lobbyIssues/1,1169,D_1232,00.html (Article sur l’actualité des SSTIS) http://www.webcom.com/software/issues/docs-htm/mtc-nxs2.html (Proposition d’uniformisation du nexus par la Multistate Tax Commission) http://www.revenue.state.il.us/legalinformation/letter/rulings/st/2001/sg010057.pdf (Illinois Department of Revenue, Letter ruling n° ST 01-0057-GIL, 9 Mars 2001) JURISPRUDENCES DE LA COUR SUPREME Wisconsin v. J.C. Penney Co., 311 U.S. 435 (1940) Freeman v. Hewit, 329 U.S. 249 (1946) Solesbee v. Balkcom, 339 U.S. 16 (1950) Miller Bros. Co. v. State of Maryland, 347 U.S. 340 (1954) Scripto v. Carson, 362 U.S. 207 (1960) National Bellas Hess Inc v. Department of Revenue of Illinois, 386 US 753, L. ed 2d 505, 87 S Ct 1389 (1967) National Geographic v. California Equalization Bd., 430 U.S. 551 (1977) Quill Corp v. North Dakota (112 S. Ct. 1904, 119 L.Ed.2d 91 (1992) Oklahoma Tax Comm. V. Jefferson Lines Inc., 514 U.S. 175 (1994) Ces jurisprudences sont accessibles par le biais du moteur de recherche de la Cour Suprême à l’adresse suivante: http://supreme.lp.findlaw.com INDEX ALPHABETIQUE A ACEC, 27, 28 Advisory Commission on Electronic Commerce, 7, 19, 24, 27, 28, 37, 38 M Miller Bros, 12, 41 Multistate Tax Commission, 28, 40 N B Benchmark Group, 5 Bilon, 18, 24 brick-and-mortar, 6, 7, 22 C click-and-mortar, 16, 22 Clinton, 4, 24, 25, 26 Cockfield, 20, 37 Commerce Clause, 9, 10, 11, 12, 13, 14 commerce électronique, 5, 6, 7, 9, 11, 12, 15, 18, 19, 20, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 37, 39 Commerce électronique, 5, 21 Complete Auto Transit, 12, 13 Constitution, 10, 11, 37, 39 Cour Suprême, 9, 12, 13, 14 Cox, 26, 39 D Due Process Clause, 9, 10, 11, 13, 14 F Federal Trade Commission, 21 Framework for Global Electronic Commerce, 24, 25, 37 Frieden, 22 National Bellas, 12, 13, 14, 41 National Conference on State Legislatures, 28 National Governors Association, 28, 31 NCSL, 30 nexus, 7, 9, 10, 12, 13, 14, 15, 20, 22, 25, 27, 31, 37, 40 NGA, 31 P pertes, 20, 21, 31, 34 physical presence, 9, 14, 15 Porter, 22 Q Quill Corp, 12, 13, 14, 41 S sales tax, 6, 9, 13, 19, 20, 22, 27, 31 sales/use taxes, 7, 20, 24, 30 SSTIS, 30, 31, 40 SSTP, 28, 29, 30 Streamlined Sales and Use Tax Agreement, 29 Streamlined Sales Tax Implementing States, 30 Streamlined Sales Tax Project, 23, 28, 29, 36, 37, 38, 39 G Goolsbee, 6, 20, 21, 37 H Hardesty, 15, 16, 29, 37, 40 I Internet, 4, 6, 10, 13, 15, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 29, 31, 37, 38, 39 Internet Tax Freedom Act, 20, 26, 37, 39 Isaacson, 19, 24, 38 ITFA, 20, 26, 27 J jurisprudence, 9, 11, 12 U Uniform Sales and Use Tax Administrative Act, 29 use tax, 6, 9, 12, 13, 14, 21, 22, 27, 28 V Varian, 19, 21, 38 Vivant, 4, 7 W Wasserman, 31 Wyden, 26 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION ...................................................................................... 1 I LES RAISONS D’UN CONFLIT ................................................................ 9 A L ‘expression traditionnelle du nexus.................................................... 9 1. Un critère déterminant : le nexus .......................................................... 9 2. Les fondements constitutionnels du nexus: Due Process Clause et Commerce Clause ................................................................................... 10 i. La Due Process Clause .................................................................. 10 ii. La Commerce Clause .................................................................... 11 3. L’apport de la jurisprudence................................................................ 12 i. National Bellas Hess, Inc v. Department of Revenue, 386 U.S. 753 (1967) .............................................................................................. 12 ii. Complete Auto Transit, Inc v. Brady, 430 U.S. 274, 97 S.Ct. 1076 (1977) .............................................................................................. 13 iii. Quill Corp v. N. Dakota, 504 U.S. 298 (1992) .............................. 13 B Les difficultés d’application du nexus en matière de commerce électronique ........................................................................................... 15 1. La notion de physical presence............................................................ 15 2. Les risques de taxations multiples....................................................... 20 3. Les difficultés liées à la collecte des taxes ............................................ 20 4. L’augmentation permanente des pertes fiscales dues au développement du commerce électronique ...................................................................... 21 II LES VOIES D’UNE HARMONISATION ............................................... 24 A. Une volonté politique clairement affichée............................................ 24 1. Les principes du « Framework for Global Electronic Commerce »............ 24 2. L’avènement de l’Internet Tax Freedom Act.......................................... 26 L’historique du projet....................................................................... 26 Le contenu de l’ITFA ........................................................................ 26 L’Advisory Commission on Electronic Commerce ................................ 27 B Une harmonisation en marche ............................................................ 28 1. Le Streamlined Sales Tax Project (SSTP) .............................................. 28 2. L’état des lieux .................................................................................... 30 3. L’avenir............................................................................................... 30 ANNEXE I: TAUX DE SALES TAX PAR ETAT AU 1ER JUILLET 2002 ...... 33 ANNEXE II: PREVISIONS POUR 2003 DES PERTES RESULTANT DU NONPAIEMENT DE LA USE TAX SUR DES TRANSACTIONS ELECTRONIQUES (PAR ETAT ) ........................................................................................... 34 ANNEXE III: CARTE DES ETATS PARTICIPANT AU STREAMLINED SALES TAX PROJECT (DONNEES A JOUR AU 20 JUIN 2002)............................ 36 BIBLIOGRAPHIE.................................................................................... 37 SITES WEB ........................................................................................... 39 JURISPRUDENCES DE LA COUR SUPREME ......................................... 41 INDEX ALPHABETIQUE......................................................................... 42 TABLE DES MATIERES ........................................................................... 1