montage des prismes
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montage des prismes
Cyrille TOULON Annick SIMI Opticiens Mémoire professionnel AIDE PRATIQUE A DESTINATION DES OPTICIENS Université de Bourgogne Diplôme universitaire : Perception, action et troubles des apprentissages Année 2009/2010 SOMMAIRE 1. 2. 3. 4. INTRODUCTION ..................................................................... 3 PROBLEMATIQUE ................................................................... 4 MISE EN OEUVRE ................................................................... 4 3.1. Effet recherché par le biais des prismes posturaux :.................. 4 3.2. En complément des lunettes : ............................................ 4 3.3. Choix des montures ........................................................ 5 3.4. Reglages et prises de mesures à la commande : ....................... 6 3.5. Les prises de mesure ....................................................... 8 3.6. Les verres .................................................................... 9 3.7. Livraison et recommandation : ........................................... 9 3.8. Suivi et fréquence de réglage ...........................................10 CONCLUSION ...................................................................... 12 1. INTRODUCTION Confronté pour la première fois à la réalisation d’une « lunette à prismes posturaux », l’opticien doit impérativement en connaître la spécificité. Dans ce but, et pour réaliser dans les règles de l’art, un équipement de qualité irréprochable, nous aimerions donner quelques clefs qui vont vous aider à être tout à fait capable d’accompagner le patient dans cette relation de confiance si importante. 2. PROBLEMATIQUE Connaissance de « l’action » optique recherché par le biais des lunettes. Connaissance du protocole mis en place le plus souvent en même temps que l’équipement lunette. Approche particulière due à l’aspect « traitement » du patient. Choix des montures avec les critères énoncés, ci-après. Livraison avec recommandations et description des effets secondaires possibles. Fréquence des réglages due à la précision de l’équipement – suivi. 3. MISE EN OEUVRE 3.1. Effet recherché par le biais des prismes posturaux : En intégrant des prismes de petites valeurs (entre 1∆ et 3∆) dans chaque verre et avec des bases bien spécifiques, on va réussir à dévier l’image de la rétine centrale sur la rétine périphérique dans le but de rééduquer le « système postural ». Celui-ci comprend l’oreille interne, les yeux (rétine et muscles), les muscles (par le biais de la proprioception) et la peau (surtout celle des pieds). Le tout pour changer la localisation spatiale et l’intégration perceptive des informations visuelles et probablement auditives perturbées pour ces patients. Recommandation Il est indispensable de connaître avant « l’acte de vente » de l’équipement optique, les effets recherchés, donc d’avoir pris le temps de lire les documents disponibles dans ce but. 3.2. En complément des lunettes : Des semelles proprioceptives + pupitres + exercices de respiration + position d’endormissement, toujours dans le même but de régulation posturale. L’aspect psychologique particulier de ces patients est à traiter avec attention. C’est pourquoi, on parle de patient et non de client. En effet ces patients en souffrance depuis longtemps pour la plupart, sont en attente de l’aspect professionnel et pluri-disciplinaire de notre métier et des autres praticiens intervenant. Il est essentiel, dès le début des contacts, de travailler sur rendezvous pour avoir du temps à leur consacrer. La prise de contact initial devra montrer au patient que le professionnel qu’il a devant lui connaît le dossier technique qui le concerne et va l’aider à l’accompagner dans son traitement souvent d’une durée de 3 à 4 ans. Recommandation Dans la mesure du possible, « s’isoler » du reste de la clientèle, dans un endroit calme pour un meilleur dialogue. 3.3. Choix des montures Parce que le prisme prescrit, et à intégrer dans les verres, est un prisme dit « actif », c’est son action sur la rétine périphérique qui est recherché. Il va falloir choisir une monture que l’on va rendre très enveloppante en modifiant son galbe. Elle devra également suivre le galbe de l’arcade sourcillière afin que le verre soit toujours à même distance de l’œil. Dans ce but, choisir une monture métallique, dans un matériau qui gardera la déformation que l’on va créer. Le volume de la monture doit être très nettement supérieur en volume (taille-hauteur) habituellement vendu. Le verre aura une hauteur moyenne de 30 mm au moins, y compris le côté temporal. Il peut être plus facile, pour ce faire, de choisir une monture Nylor avec une grande rigidité et permettant de modifier la hauteur du verre assez aisément. Le matériau titane ou titane mémoire est donc proscrit car un bon nombre de montures lors de la phase de déformation se casse, de suite ou dans le temps, et une réparation d’URGENCE doit être possible dans les plus brefs délais. Puisque sous l’action de la chaleur le « plastique » peut se déformer assez facilement, il n’est donc pas conseillé de l’utiliser car celui-ci reprendra sa forme initiale rapidement. En résumé, la monture la plus logique est métal – grande – rigide et permettra un SAV de bonne qualité. Attention ! : S’assurer que les branches pourront être faciles à raccourcir et à incliner !!! (éviter les branches doubles…). Il peut être nécessaire d’installer des plaquettes en siliconematériau plus poreux et confortable pour faciliter la tenue de la monture – voire même pour les enfants avec de petites racines de nez, l’installation de nez siamois en silicone. Recommandation Faire une pré-sélection de montures métal – grande – rigide avec un bon SAV. 3.4. Reglages et prises de mesures à la commande : 1er réglage : le galbe : dans le cas d’un réglage standard, le galbe habituellement constaté est d’environ 6 à 8° (vue 1). DANS CE CAS PRECIS, IL SERA PLUTOT DE 17 A 20°. En effet, il faut faire en sorte que la monture soit la plus près possible du visage du patient ; et que les verres définitifs soient les plus près des yeux. La distance, du sommet de la cornée à la face arrière du verre sera la plus courte possible, mais aussi la plus constante quand le patient tournera le regard de côté. Pour ce faire, il faut déformer la monture, à l’aide de pinces à mords plastiques, au niveau du nez pour la rendre beaucoup plus enveloppante. Ainsi ajustée, le galbe final sera souvent d’au moins 17° mais plus important si le visage de l’enfant est étroit (vue 2). Attention : Bien vérifier, qu’ainsi réglées, les branches ne se retrouvent pas trop en pression au niveau des tempes du patient, ce qui empêcherait à la lunette de tenir. Si tel était le cas pression. bien ouvrir les tenons de la monture pour éviter cette La difficulté la plus couramment rencontrée est liée au fait que les patients atteints de Syndrome Déficience Posturale présentent souvent une asymétrie faciale plus ou moins importante, ce qui oblige à un réglage méticuleux et asymétrique. 2ème réglage : l’angle pantoscopique ou inclinaison. Pour favoriser la vision de près, il conviendra d’incliner la monture d’environ 15° et faire en sorte que le patient ne regarde pas entre le verre et sa pommette, d’où le choix de branches faciles à orienter et de verre assez haut. Recommandation Prendre le temps, pour un réglage précis, qui facilitera la livraison et évitera d’autant le risque de casse de la monture à ce moment-là. Vue 1 Vue 2 3.5. Les prises de mesure Pour mesurer l’écart pupillaire, le pupillomètre est à utiliser mais attention, il faut impérativement reporter l’écart mesuré sur les verres factices de la monture après les réglages effectués et il faudra vérifier que ceux-ci correspondent bien à la réalité, compte tenu du galbe de la monture. Pour se fairese mettre face à face avec le patient à une distance d’environ 1,50 m et lui demander de regarder votre OD puis OG vérification du centrage OG vérification du centrage OD La hauteur pour les verres simple foyer – montage à 1 mm sous la pupille. Pour les progressifs, les recommandations des verriers sont à respecter. Plusieurs fabricants de verres proposent des outils pour les verres progressifs qui permettent de vérifier le galbe et l’inclinaison de l’équipement fourni (Essilor – Rodenstock – Hoya…). Vue 3 Recommandation Avoir à disposition l’outil de mesure de l’angle de galbe et de face ou un rapporteur. 3.6. Les verres Il faut impérativement intégrer le prisme dans le verre et non pas créer un effet prismatique par un décentrement dans le cas de SIMPLE FOYER. Dans le cas de verres progressifs, il faudra veiller à demander d’extraire les prismes d’allègement qui sont intégrés aux verres et ne mettre QUE les prismes posturaux afin qu’il n’y ait pas d’effet conjugué des prismes d’allègement + prismes posturaux. PAS DE PRESS-ON Les matériaux pour les SF seront de préférence au plus léger pour faciliter le réglage et ne pas utiliser de verres asphériques qui n’ont qu’une puissance dioptrique approximative sur le côté. Pour le moment, en l’absence d’étude complémentaire, on évitera les verres à base spéciale. Un traitement anti-reflet est à recommander du fait du galbe de la monture pour éviter les reflets de côté. Pour les progressifs, dans la mesure du possible, il serait préférable d’utiliser des verres ayant un champ de vision latéral le plus dégagé possible, voire surmesure et comme pour les SIMPLES FOYERS, les alléger au maximum, toujours dans le but de faciliter le réglage et la bonne tenue de la lunette. Recommandation Garder à l’esprit que plus l’équipement sera léger, plus le réglage sera facile, donc alléger monture et verre. 3.7. Livraison et recommandation : A la livraison (toujours sur rendez-vous), le patient va enfin découvrir ses lunettes définitives. Revoir le réglage définitif (notamment la distance verre – œil) avec les verres correcteurs installés. Il est capital que la lunette soit toujours à la même place et qu’elle ne glisse pas. Le patient risque de parler d’effets ressentis tels que : Voir Penché. Douleur derrière le globe oculaire. Déséquilibre lors de la marche. Douleur musculaire, etc. Ces symptômes ne sont pas obligatoires ni systématiques et il convient de rassurer les patients qui les rencontreraient mais en modifiant l’état de tension des muscles oculo-moteurs et en modifiant la posture et l’équilibre. Ces effets sont fréquents mais de durée limitée. Recommandation Indiquer que le port de ces lunettes est permanent et donner les consignes d’entretien adéquats. Choisir un étui à l’avance de très grande taille pour éviter d’écraser les lunettes et les dégalber lorsque, exceptionnellement le patient les quitte (pour sport de contact par exemple). 3.8. Suivi et fréquence de réglage Un premier contrôle après une petite semaine de port est nécessaire pour vérifier que les lunettes tiennent correctement et ne sont pas inconfortables ! A cette occasion, si le réglage paraît définitif, et si possible, il est judicieux de faire une photocopie de la lunette réglée et de préciser au patient les différents points qu’il peut par lui-même contrôler régulièrement, ce qui lui permettra de prendre complètement possession de ses lunettes. Exemple photocopié avec les points de vérification. Pour un contrôle rapide du galbe de la lunette, il faut vérifier l’alignement des 3 points de référence : Pont Tenon ou vis Tenon ou vis Le contrôle peut se faire aussi souvent que nécessaire toujours sur rendez-vous et si possible avec la même personne pour maintenir la confiance et suivre les progrès du patient. En tout état de cause, un contrôle bi-mensuel (voir mensuel pour les patients méticuleux) est à recommander. En effet, en cas de changement d’orientation du prisme de 5° ou d’une monture tordue ou dégalbée, les efforts demandés en complément au patient seraient réduits à néant. A l’occasion des passages réguliers de ces patients, il paraît opportun de bien revenir sur l’utilité des exercices respiratoires préconisés qui augmentent l’efficacité du traitement de 40 % et de prendre le temps de discuter avec le patient des gains obtenus. Recommandation Prévoir environ 15 mn pour le réglage, sur RDV et prendre le temps des vérifications d’usage, systématiquement. 4. CONCLUSION La réalisation de cet équipement très technique et l’approche professionnelle spécifique qui nous incombent permettront de donner une image très valorisante du métier d’opticien. Notre métier subit une évolution très importante depuis quelques années parfois à l’encontre du conseil professionnel et de l’écoute du patient qui nécessite du temps et du savoir-faire. En s’investissant dans la réalisation de cet équipement, nous faisons partie de l’équipe pluridisciplinaire qui suit ces patients avec les podologues, les orthophonistes, les ostéopathes, les enseignants… et donne une image moins mercantile de notre profession. L’écoute, le conseil et la satisfaction du patient nous permettra de le fidéliser et, en se positionnant dans le sur-mesure, de pouvoir espérer, en retour du temps passé, la vente à d’autres membres de la famille. De plus, vous pourrez entrer en contact avec d’autres professionnels tels que podologues – orthophonistes – médecins ostéopathes qui sauront être à votre écoute concernant la particularité de ces équipements et traitements. BIBLIOGRAPHIE DR QUERCIA Ophtalmologiste libéral à Beaune (21200) et praticien attaché au CHU de Dijon (21000) REMERCIEMENTS Le DR QUERCIA qui a su aiguiser notre curiosité et nous amener à réfléchir sur le rôle de l’opticien auprès de ces patients. Emmanuel ROCHE Ostéopathe et Nicole FLOIRAT Podologue-Posturologue qui nous ont accueilli pendant notre stage. ANNEXES Shéma Tabo