En immersion à la communauté Emmaüs-Alençon
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En immersion à la communauté Emmaüs-Alençon
En immersion à la communauté Emmaüs-Alençon « Je sais que tu ne m’aimes pas mais l’important c’est que moi je t’aime », de L’abbé Pierre, fondateur de Emmaüs Le vendredi 4 décembre 2015, notre promotion de première année d’assistant de service social de l’IRFSS de la Croix Rouge d’Alençon, est allée visiter la communauté d’Emmaüs Alençonnaise. L’objectif de cette rencontre était de découvrir cette fondation en observant les lieux ainsi qu’en menant des entretiens auprès des membres de la communauté. Le groupe d’étudiants chargé de l’observation a pu visiter la structure dans son intégralité, et ainsi rencontrer les compagnons et bénévoles présents ce jour-là et échanger avec eux. Guidés par le responsable des compagnons, les étudiants ont alors pu observer que la structure était divisée en plusieurs pôles avec différentes fonctions. Celle-ci est composée de trois pôles essentiels: le pôle rénovation/tri/stockage, le pôle vente, et l’espace de vie des compagnons comportant des bureaux administratifs. Un grand hangar sert de lieu de tri et de stockage. Accolés à celui-ci on trouve un atelier menuiserie, puis un atelier mécanique, électronique, informatique, métaux, vélo, un espace littérature, puis une salle dédiée au tri des vêtements. Une entrée à l’arrière de l’entrepôt est aménagée pour l’arrivée des particuliers apportant leurs dons. Ensuite la partie restante du hangar est consacrée à la vente, ainsi qu’un espace dehors et un autre bâtiment. Les compagnons bénéficient d’un espace de vie commune dans un troisième bâtiment, dans lequel ils disposent d’une chambre chacun. A proximité de cet espace, dans le même bâtiment, se situe un bureau de l’intervenante sociale à l’intention des compagnons. Poursuivons cette découverte… L’historique : Au lendemain de la 2nd Guerre Mondiale, la France est en pleine reconstruction. De nombreuses personnes se retrouvent sans logement, c’est pourquoi l’abbé Pierre, de son nom de baptême Henri Grouès, a créé en 1949 une auberge de jeunesse à Neuilly plaisance. A l’hiver 54, une période de grand froid touche la France. Voyant un grand nombre de sans abri, l’Abbé Pierre décida de monter des tentes le long du canal saint martin avec l’aide du premier compagnon George, un ancien bagnard. C’est à partir de cette collaboration que naît Emmaüs sous forme d’une communauté itinérante en 1955. Aujourd’hui, Emmaüs France, association loi 1901, fédère 284 groupes Emmaüs en France, qui peuvent être de différentes natures en fonction de leurs activités, de leurs spécificités et de leur projet social : communautés, structure action sociale et logement, SOS Familles Emmaüs, comités d’amis et structures d’insertion. Le mouvement lutte aussi à l’étranger avec Emmaüs international par des actions comme la construction d’écoles, rendre l’eau potable. Les principes : Depuis cette époque, la communauté Emmaüs a pour principe la solidarité, l’accueil inconditionnel, l’autonomie par l’activité et le développement durable. La communauté n’a que pour seul principe d’accueillir toute personne se présentant à la communauté et d’aider les plus souffrants. Les valeurs : Les valeurs de la communauté Emmaüs sont la lutte contre les inégalités, les injustices et les indignités. Elle s’engage et milite en faveur d’une société plus humaine et plus juste. Par exemple, la communauté refuse toute subvention étatique pour préserver leur indépendance et leur liberté d’expression politique. Les étudiants assistants de service social 1ère année, IRFSS Alençon, janvier 2016 La direction : Au sein de la communauté d’Alençon, le responsable a le même rôle qu’un directeur d’entreprise, c’est-àdire qu’il gère tous les compagnons, bénévoles et employés, les ateliers, l’hygiène, l’économie, la flotte de véhicule ainsi que tous les plannings. Le responsable de la communauté d’Alençon s’appelle Régis. Il était responsable de rayon boucherie dans un supermarché. Pendant longtemps il offrit un sandwich chaque midi à un sans-abri devant le magasin jusqu’au jour où il l’invita chez lui. En parlant, ces derniers se sont renseignés sur les communautés Emmaüs, Régis l’accompagna dans une communauté située dans le nord de la France. Lors de la rencontre à cette occasion avec les compagnons d’Emmaüs, Régis fit le choix de tout quitter et de rejoindre une communauté près de Reims. Il fut pendant 36 ans compagnon avant d’évoluer et de devenir maintenant directeur de la communauté d’Alençon. Lors de son parcours, il a pu rencontrer l’Abbé Pierre à de nombreuses reprises. Lors de leur première rencontre, ils eurent un entretien ensemble. Régis nous dit que par politesse il appelé l’Abbé Pierre par son nom et que ce dernier lui répondit qu’il pouvait l’appeler comme il avait l’habitude « Pierrot la soutane ». Régis a également accompagné l’Abbé Pierre lors de missions à l’international comme celle au Burkina Faso. Les compagnons : Ce sont des personnes en demande d’aide et de soutien et qui deviennent, dès leur entrée dans la communauté, les acteurs de leur propre réinsertion grâce à leur activité de récupération, de rénovation et de revente. De plus, ils participent dans la communauté au projet communautaire de vie et de travail collectif. Il y a davantage d’hommes que de femmes qui arrivent dans la communauté d’Alençon. L’accueil inconditionnel : Toute personne majeure peut être accueillie dans la communauté d’Emmaüs. Que ce soit pour une nuit ou pour des années. Lors d’un entretien avec un des responsables, le nouvel arrivant est informé du contrat moral, des règles de vie et de son rôle au sein de la communauté. A l’arrivée, la première journée, la personne est accueillie par les compagnons, une chambre temporaire lui est attribuée ainsi que des produits d’hygiène. Généralement après une période de transition de deux semaines, le compagnon peut rester au sein de la communauté et se voit attribuer une chambre définitive. Une fois installé, il s’intègre petit à petit dans les ateliers … Le travail : le recyclage : Certains considèrent l’ensemble de leurs tâches comme une activité tandis que d’autres comme un travail à part entière. En effet à travers les propos de certains compagnons, nous avons constaté qu’un compagnon ayant pour projet de se réinsérer à l’extérieur considérera leurs missions comme une activité, tandis que les plus anciens de la communauté, reconnaitront dans leur activité un réel travail, leur offrant une stabilité financière et matérielle. N’ayant pas de postes attitrés, les compagnons doivent savoir être polyvalents afin de pouvoir travailler sur chacun des ateliers proposés au sein de la communauté dont l’électronique, les livres, la mécanique, les fripes, les bibelots … Leur travail est basé principalement sur le principe de la solidarité et du tri, c’est primordial ! Les anciens arrivés transmettent leurs connaissances aux nouveaux arrivants. Ils travaillent en équipe avec un contact permanent avec les bénévoles, les salariés et les autres compagnons. Les compagnons travaillent 7 heures par jour. L’été, le temps de travail peut s’étendre jusqu’à 8 h 00. Ils sont en repos le dimanche et le lundi. Pour les compagnons, la communauté est considérée comme un réel tremplin dans leur vie professionnelle et sociale. La vie en communauté : « Historiquement, la communauté a été l’expression qui met l’accent sur l’unité de la vie commune d’un peuple ou de l’humanité » nous dit Louis WIRTH, sociologue américain. Au-delà de cette définition, de nombreux compagnons considèrent la communauté d’Emmaüs comme une « famille ». Leur quotidien s’articule autour de règles de vie qui se définissent par l’obligation de déjeuner tous ensemble, de respecter les autres. Il n’y a pas de règlement intérieur celui-ci prend la forme de « contrat moral » qui interdit l’usage d’alcool, de drogue et prohibe toute forme de racisme ou de discrimination. Comme toute vie en communauté, des conflits peuvent apparaître entre tous les acteurs. Néanmoins, les valeurs dominantes sont : la solidarité, l’humanité, la transmission de connaissances, aider son prochain. Les bénévoles : Les bénévoles à Emmaüs aident les compagnons et les professionnels dans leurs activités quotidiennes au sein des ateliers. Les bénévoles n’ont pas de contrat et peuvent venir quand ils le veulent et autant de temps qu’ils le souhaitent. Toute personne peut devenir bénévole à condition de respecter certains principes pour le bien vivre de la communauté : -Chaque matin les bénévoles font le tour de la communauté afin de saluer toutes les personnes présentes. Elle joue aussi un rôle dans l’accès aux soins, dans la médiation et le suivi post-Emmaüs. L’intervenante sociale participe à la gestion du stock de denrées alimentaires. C’est la seule travailleuse sociale sur la communauté d’Alençon, cependant un partage d’informations entre intervenants sociaux des autres communautés d’Emmaüs est organisé annuellement. Elle fait aussi partie de la commission loisir. Cette commission consiste à mettre en place les activités pour les compagnons. L’intervenante sociale organise et négocie les prix des activités avec les partenaires. Elle travaille en lien avec un partenaire principal qui est la Caisse Allocations Familiales (CAF), mais aussi avec les chantiers d’insertion (AGIR la redingote), des professionnels de l’insertion (pôle emploi, mission locale, etc.), des partenaires médicaux (médecins, hôpital, spécialistes en addictologie, etc.), les bailleurs sociaux, promocash, etc. Cette journée a été riche professionnellement. Nous avons pu mesurer ce que signifiait le travail d’insertion, de réinsertion. La place de l’activité économique au sein d’Emmaüs nous est apparue très riche, organisée et tellement d’actualité ! Cette journée a été riche humainement et nous remercions toutes les personnes rencontrées d’avoir pris du temps pour nous accueillir, nous parler de leur activité et leur vie à Emmaüs Alençon. -Ainsi que de garder un certain cadre « professionnel » comme par exemple ne pas inviter un compagnon chez soi. Dans le cadre de la visite, nous avons rencontré 2 bénévoles retraités dont Mme A, bénévole depuis 33 ans à Emmaüs et Mme T qui elle, l’est depuis 3 ans. Selon ces deux femmes, travailler pour les personnes les plus démunies est l’une des valeurs qui leur a donné l’envie d’être bénévoles à Emmaüs. Venir dans cette communauté leur permet de maintenir du lien social, et de leur apporter un enrichissement personnel. Cela leur fait également voir « une certaine misère » (notamment celle des compagnons appelés « les écorchés vifs » par les bénévoles). De plus, ceci est un moyen de « sortir de son confort ». Cependant, certains points sont à améliorer selon elles, tel que le fait d’instaurer une réunion entre toutes les personnes faisant partie de la communauté (soit les professionnels, les compagnons et les bénévoles) et d’engager un animateur pour une meilleure cohésion lors de repas occasionnel (repas de noël). L’intervenante sociale : Dans la communauté Emmaüs Alençon, il y a quatre salariés dont deux responsables, une comptable et une intervenante sociale de formation Assistante de Service Social. Cette dernière est présente dans la structure depuis quatre ans. Nous avons pu nous entretenir avec elle. Elle nous a accueillies au sein de la communauté durant une heure afin de répondre à nos questions. La professionnelle nous a expliqué ses missions qui consistent principalement à accompagner et écouter les compagnons en vue d’une réinsertion sociale et professionnelle. Les étudiants assistants de service social 1ère année, IRFSS Alençon, janvier 2016 Dépôts: du Lundi au Samedi de 8h à 12h et de 14h à 17h (sauf jour fériés). Vente: le Mercredi et le Samedi de 9h30 à 12h et de 14h à 17h30 (sauf jours fériés). Une vente mensuelle le 2ème Samedi de chaque mois de 9h30 à 17h30 sans interruption. (Sauf jours fériés)