IAM en concert à l`Arena de Genève, le 31 janvier 2015

Transcription

IAM en concert à l`Arena de Genève, le 31 janvier 2015
Etudeal : Quand on parle d’IAM, on pense souvent à Akhenaton,
Shurik’N… Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur toi ,
qui es-tu ? Quel est ton rôle dans le groupe ?
Imhotep : Alors, mon rôle dans le groupe historiquement… je
m’occupe des machines, de la programmation, des ordinateurs
et des boîtes à rythme. Je suis ce qu’on appelle, dans le langage
technique, un « beat maker ». En fait, je suis à mi-chemin entre
un compositeur et un informaticien de la musique. Cela me
permet, d’une part de composer mes propres « instru » et
d’autre part, de co-composer ou d’arranger, avec les autres
membres du groupe, les musiques dont on a besoin pour nos
albums.
E : Pourquoi avoir attendu 6 ans avant de sortir l’album « Arts
Martiens » et ensuite « …IAM » ?
I : Alors… C’est parce qu’on est un groupe un peu particulier
(rire). C’est vrai qu’entre chaque album on se laisse du temps ;
du temps pour nous ; pour nos vies personnelles ; pour nos vies
de famille, pour nos projets perso’. On se laisse du temps aussi
pour tourner, pour faire de la scène, pour être sur la route. Car
c’est aussi l’un de nos premiers plaisirs et notre première
passion. (…) On s’accorde le plus de temps possible pour toutes
ces raisons-là et toutes ces choses qu’on a envie de faire.
Et puis pour l’inspiration… Ce n’est pas parce que l’on va sortir
un album par an que les albums seront bons ! Donc pour la
trouver, il faut un peu rester à l’écoute de ce qui se passe. Il faut
aussi vivre des choses… L’inspiration ne se commande pas sur
internet. On ne peut pas produire en permanence. Pour moi,
l’inspiration rime avec respiration ! « On inspire… On expire… »
Et je pense aussi que c’est un peu notre rythme de Marseillais.
On n’a jamais voulu être esclave d’un planning hyper tendu ou
hyper pressé ! On prend le temps de faire les choses bien et à
notre rythme. Bon, c’est aussi vrai qu’en 2012 on a sorti deux
albums d’un coup et que notre public n’était pas habitué ! Mais
en général, notre rythme est plus tranquille… plus marseillais.
E : Il y a des rumeurs qui disent que ce sera le dernier album
d’IAM, peux-tu rassurer tes fans ?
I : En fait, c’était une rumeur qui a eu lieu entre l’album « Arts
Martiens » et l’album « …IAM ». « Arts Martiens » devait être
notre dernier album contractuel. C’est à dire, un album signé
avec Universal, et après ça, on était sûr de rien ! On s’est permis
d’en parler pendant la promo… Mais il se trouve qu’au final,
quand on a enregistré « Arts Martiens » on a fait comme
d’habitude : deux fois plus de morceaux que ce qui était prévu !
Les morceaux qui n’ont pas été choisis pour l’album étaient
quand même très bons et comme la maison de disque a vu que
l’album marchait bien, on en a fait un deuxième album et on l’a
complété avec quelques nouveautés. Du coup, ces deux albums
ont été réalisés durant la même période de temps avec la même
inspiration ; c’est comme si c’était un double album ! Sauf
qu’entre les deux, on ne savait pas que le deuxième allait
sortir… ce n’était pas à nous de prendre la décision ! (…) Depuis,
les deux albums ont très bien fonctionné et on a re-signé pour
deux nouveaux albums ! Donc c’est reparti pour un tour…
E : Quelle bonne nouvelle alors !!
I : Oui, bonne nouvelle au bout du compte ! Ca finit bien !
E : Maintenant, une question un peu plus personnelle. Quelle est
ta formation professionnelle ? Est-ce que tu t’es directement
dirigé vers la musique ? Ou plutôt l’informatique ?
I : Ma formation professionnelle s’est faite sur le tas. Je n’ai pas
eu la chance de pouvoir apprendre la musique que j’aime au
collège ou au lycée. A l’époque, en France, on apprenait la flûte à
bec et la musique classique. Je ne me sentais pas trop
concerné. Du coup, la musique que j’aimais je la pratiquais sur
mon temps de loisirs. J’ai appris à jouer de la batterie, aux
percussions et ensuite je suis passé à la guitare à la basse, et
au clavier ! En fait, j’ai touché un peu à tout, ça fait partie de mon
apprentissage de la musique. En fait, je ne suis pas arrivé tout
de suite sur la musique électronique tel que ça se fait
aujourd’hui dans le rap. J’ai eu la chance de me former sur des
instruments acoustiques, de « vrais » instruments et ça m’a
beaucoup aidé dans mon parcours, avant d’arriver à ce que je
fais aujourd’hui. Je n’ai jamais eu de base théorique, j’ai
totalement été autodidacte… le solfège pour moi c’est au
feeling !
IAM en concert à l’Arena de Genève, le 31 janvier 2015.
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INTERVIEW D’IMOTEP
DU GROUPE IAM
E : Et donc plus concrètement, tu apprenais la musique pendant
ton temps libre… quel a été ton premier travail ? Toujours dans
la musique ?
I : Oui, durant toute mon adolescence, j’ai toujours joué de la
musique dans mon temps libre. Mais le dernier « métier sérieux
» que j’ai eu avant de pouvoir vivre de la musique et donc de
travailler dans le rap, était instituteur, enseignant. Avant ça, j’ai
eu des petits boulots « à droite, à gauche ». J’ai été animateur
dans un centre de vacances et ça m’a beaucoup appris et aidé
pour le métier d’instituteur. Ce n’est pas évident de savoir parler
à un groupe de jeunes et de pouvoir communiquer avec eux. Le
travail d’enseignant, c’est très intéressant et on apprend
beaucoup de choses.
E : Etudeal.ch est site internet destiné à tous les étudiants
romands, que penses-tu de l’éducation, de la formation et de
l’avenir des jeunes en général, aujourd’hui. Et quels conseils leur
donnerais-tu ? Peuvent-ils croire en leurs rêves ?
I : Effectivement, c’est un peu facile à dire, mais il faut toujours
croire en ses rêves et jamais les abandonner ! Il y aura toujours
des gens qui essaieront de vous décourager. Nous, par exemple,
lorsqu’on a commencé avec IAM, il y avait des gens qui se
moquaient de nous et qui disaient : Il faut arrêter. Le rap c’est
pour les américains, ça ne va jamais marcher ». Et voilà le
résultat, 25 ans après ! Je ne dis pas qu’on est au top, mais on
réussit à vivre de notre musique et les gens nous demande en
concert. Pour nous, c’est l’important. Aujourd’hui, même après
tout ce temps, on a encore envie de faire de la musique. La
passion c’est ça… Il ne faut pas se décourager ! C’est le premier
conseil que je donnerai à ceux qui sont en formation ou en
apprentissage : Ne jamais baisser les bras !
Ensuite « avoir une passion » ! C’est le moteur ! Quand on a une
passion, on ne se fatigue jamais ; on ne se décourage jamais et
on ne compte pas les heures. On apprend tout le temps. Quand
on est motivé et qu’on aime ce qu’on fait, on en apprend tous les
jours. Il ne faut jamais croire que l’on sait tout ou que l’on a fini
d’apprendre… car là « c’est le début de la fin » !
Après, je pense qu’il faut aussi beaucoup de travail. La créativité
et le talent ne font pas tout ! Il y a des gens très doués, mais qui
n’ont jamais eu de rigueur ; ou parce qu’ils n’ont pas été assez
persévérants, n’ont jamais réussi à faire « leur trou » car rien ne
remplace le travail. On peut avoir les meilleures idées et la
meilleure créativité mais, au final, il ne faut pas hésiter à mettre
la main à la pâte !
De nos jours, il faut « toucher » un peu à tout, ou plutôt pouvoir
contrôler ce qui se passe dans les différentes pratiques et les
différents niveaux d’une profession. Personnellement, je suis un
peu contre la spécialisation. (…) Il faut être polyvalent. Par
exemple, quand ta voiture tombe en panne, c’est plus facile si tu
as quelques notions de mécanique, tu peux déjà essayer de te
dépanner toi-même avant d’appeler le garagiste. Ou encore, tu
ne peux pas rester devant ton ordi et dire ça marche… à un
moment donné, il ne faut pas hésiter à aller dans le cœur du
problème et essayer de comprendre ce qu’il se passe.
Et pour finir, toujours rester à l’affût et toujours rester en
contact avec la réalité. Ne pas se reposer sur les autres. Le
travail d’équipe c’est bien, mais ce qu’on peut faire soi-même, il
faut le faire. Il ne faut pas attendre que ce soit quelqu’un d’autre
qui le fasse à notre place.
E : Vous clôturez votre tournée à Genève, que penses-tu du
public romand ? Tu les connais bien, n’est ce pas ?
I : Je t’avouerai, pour nous, la Suisse et surtout la région de
Genève c’est un peu la maison ! ça fait des années qu’on vient
chez vous en concert ! Au début, on était même mieux accueillis
en Suisse, à Genève ou à Lausanne qu’en France !! Le public
suisse est très chaleureux et très fidèle. Le public ne nous a
jamais lâché. On retrouve les mêmes têtes, les mêmes
personnes d’année en année et ça nous fait super plaisir !
Comme on dit : « Nul n’est prophète en son pays » ! Je vais faire
un peu maronner les français… il y en a qui vont être jaloux ! Mais
c’est vrai, et pourvu que ça dure !!
E : Merci beaucoup et on se verra le 31 janvier 2015 à l’Arena de
Genève !
I : Oui ! C’est ça. Merci beaucoup Jessica, à bientôt !