Enfin, les musées et collections privées, français et

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Enfin, les musées et collections privées, français et
Enfin, les musées et collections privées, français et étrangers, renferment de nombreuses peintures qui,
lorsqu’elles présentent des caractéristiques françaises, sont souvent attribuées à Jacques Stella, rare peintre
dont nous savons qu’il se spécialise dans cette technique. Dernièrement, l’exposition d’Orléans consacrée à
Pierre Brébiette, artiste mentionné à Rome en 1617 et présent jusque vers 1626, a permis de retrouver deux de
ses peintures : une Adoration des Mages et une Salomé recevant la tête de saint Jean Baptiste, toutes deux sur
ardoise et datées entre 1624 et 1630Note1067. . Si ces recherches ont contribué à reconstituer une personnalité
artistique importante, elles ont aussi mis un terme au monopole de l’assignation des peintures sur pierre au
peintre Jacques Stella, lorsque le style excluait à la fois l’école italienne ou nordique. Peut-on pour autant
minimiser son rôle dans la diffusion de la peinture sur pierre ?
Né à Lyon en 1595 du peintre François I Stella et de Claudine Masso, Jacques Stella commence sa formation
auprès de son père. En 1616, il se rend à Florence, comme le confirme le témoignage d’André Félibien, pour y
résider jusqu’en 1622-23Note1068. . Il part alors pour Rome où il séjourne jusqu’en 1634, date à laquelle il
décide de retourner en France à la suite du maréchal de Créqui.
Jacques Stella, encensé par ses contemporains, dont André Félibien, ne fait plus l’objet de commentaires
détaillés durant les XVIIIIe et XIXe siècles. Sa production est rapidement oubliée. Faut-il envisager que
l’amitié entre Jacques Stella et Nicolas Poussin soit la raison de cette méconnaissance ?Note1069. En fait, la
mise en place d’un « atelier Stella » est également à l’origine de ces nombreuses confusionsNote1070. .
À son retour en France, Jacques Stella entreprend de former ses neveux Claudine Antoine, Françoise et
Antoinette aux techniques artistiquesNote1071. . Deux d’entre eux, Antoine et Claudine, ont eu une activité
importante même si leur rôle n’a pas encore été clairement défini. Antoine suit une formation de cinq ans à
Rome auprès de Nicolas Poussin tandis que Claudine hérite des tableaux et dessins de son oncle qu’elle copie
en gravure. Peut-on envisager que l’un d’eux se soit servi des modèles de leur oncle pour peindre des tableaux
sur pierre ? L’inventaire des biens de Claudine Bouzonnet Stella rédigé entre 1693 et 1697 montre qu’elle est
l’auteur, avec son frère Antoine de différentes peintures sur pierre. Elle cite un : « Petit tableau de la grandeur
d’une paume de la main, de mon frère et de moi / De Moi, sur marbre noir : Une Vierge et Jésus qui dort ;
bord doré / Sur marbre noir : un petit Jésus qui dort sur la chesche ; bord bois décedu / De Moi, sur marbre
noir : une Charité ; bord doré »Note1072. .
La plupart des œuvres de Jacques Stella posent de grandes difficultés et les zones d’ombres autour de son
activité contribuent à compliquer cette analyse.
Les peintures sur pierre passées en vente publique ou celles exposées dans les musées attestent d’une
production importante. Pourtant, si Jacques Stella est célébré pour ses petits tableaux sur pierre, il sied de
rester prudent quand aux nombreuses attributions erronées. Ainsi, le Christ mort et Marie Madeleine exécuté
sur améthyste - étudié au préalable - avait été présenté en vente comme étant de Jacques Stella alors qu’il faut
inscrire cette œuvre dans la mouvance de Hans van AachenNote1073. . Et nous pourrions ainsi poursuivre cette
énumération.
Malgré d’intéressantes contributions, et ce dès les années 1960, il est malaisé de déterminer quand Jacques
Stella a véritablement commencé à peindre sur pierreNote1074. .
Il est à Florence en 1616 à la cour de Cosme II, mécène qui privilégie les objets en pierre et notamment les
tableaux peints sur pierres dures. C’est là l’occasion pour Jacques Stella de s’adonner à une nouvelle
technique et de côtoyer des artistes comme Filippo Napoletano, Jacques Callot ou Cornelis van Poelenburgh.
En 1666-1668, Félibien témoigne du fait qu’il « fit plusieurs tableaux sur la pierre de paragon, et y peignoit
des rideaux d’or par un secret qu’il avoit inventé. On a vû de lui, dans la grandeur d’une pierre de bague, un
Jugement de Paris de cinq figures, d’une beauté surprenante pour la délicatesse du pinceau »Note1075. .
3. Les français en Italie : autour du cas Jacques Stella
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