hildegard von bingen - Orchestre Philharmonique Royal de Liège
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hildegard von bingen - Orchestre Philharmonique Royal de Liège
1 € MUSIQUES ANCIENNES HILDEGARD VON BINGEN DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2015 14h30 : Rencontre avec Els Janssens-Vanmunster, Caroline Marçot et Annie Paris 16h : concert « Histoires de souffles, chants poétiques autour de l’œuvre de Hildegard von Bingen » PROLOGUE Physica : L’Air PROGRAMME O splendidissima gemma HILDEGARD VON BINGEN Hodie aperuit HILDEGARD VON BINGEN Lettre 159r : Hildegard à l’abbesse Hazzecha (1160-1161) O vivens fons HILDEGARD VON BINGEN O cruor sanguinis DAVID ESKENAZY (FR, 1977) / texte de HILDEGARD Lettre 102 : Le moine Guibert à Hildegard (1175) O quam mirabilis est HILDEGARD VON BINGEN Lettre 102r : Hildegard à Guibert (1175) Favus distillans HILDEGARD VON BINGEN O sapientia SOPHIE LACAZE (FR, 1963) / texte de HILDEGARD Ave generosa HILDEGARD VON BINGEN Et lux perpetua O pulchrae facies O viridissima virga KLAUS HUBER HILDEGARD VON BINGEN HILDEGARD VON BINGEN Lettre 102r : Hildegard à Guibert (1175) O quam pretiosa est HILDEGARD VON BINGEN O quam mirabilis est IVAN MOODY (GB, 1964) / texte de HILDEGARD O pastor animarum HILDEGARD VON BINGEN Lettre 319 : Hildegard à Berthe, Reine de Grèce (1146-1160) O nobilissima viriditas HILDEGARD VON BINGEN Lettre 108a : Guibert de Gembloux aux Sœurs de l’Abbaye du Rupertsberg (1176) Cum processit HILDEGARD VON BINGEN De Sancto Spiritu PETR EBEN (CZ, 1929-2007) Mora Vocis - voix solistes au féminin Kelly Landerkin | Caroline Marçot | Annie Paris | Hélène Richer Els Janssens-Vanmunster, direction artistique MORA VOCIS EST UN ENSEMBLE SOUTENU PAR LE MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION – DRAC LANGUEDOC-ROUSSILLON, PAR LA RÉGION LANGUEDOC-ROUSSILLON ET PAR LE CONSEIL GÉNÉRAL DU GARD. MORA VOCIS EST MEMBRE DE LA FEVIS ET DU PROFEDIM. DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2015 HILDEGARD VON BINGEN [PROGRAMME 09] Caritas abundat HILDEGARD VON BINGEN (1098-1179) Caritas abundat KLAUS HUBER (CH, 1924) Lettre 160 : L’abbesse Hazzecha à Hildegard (1161) A bbesse, femme de lettres passionnée par les minéraux, la médecine et la pharmacopée, Hildegard von Bingen (1098-1179) est aussi l’une des rares femmes du Moyen Âge à avoir laissé une œuvre musicale prodigieuse. Hymnes à la vie, à l’amour, à la femme, ses chants fleuris et poétiques, d’une modernité déconcertante, sont inspirés de ses visions mystiques. Plus de 800 ans après, quelques compositeurs d’aujourd’hui se laissent porter par sa force mélodique, offrant un regard contemporain sur une musique intemporelle. HILDEGARD VON BINGEN (1098-1179) VISIONNAIRE légendaire, Hildegard von Bingen est une des rares femmes du Moyen Âge et dans toute l’histoire de la musique qui ait laissé autant d’écrits sur des sujets très variés, tels que les plantes et les animaux, les éléments et les planètes, la diététique et les descriptions de ses visions reconnues par le pape. ABBESSE. C’est à peine quelques années après sa naissance, en 1098, dans la Hesse rhénane, que la jeune Hildegard intègre le monastère bénédictin mixte de Disibodenberg, où des moines et des moniales vivent côte à côte. Plus tard, élue Magistra de sa communauté, elle réussit à convaincre l’archevêque de la nécessité d’avoir un lieu pour elle et ses moniales, ce qui lui permet alors de déménager à Rupertsberg, près de Bingen. Devenue abbesse de ce nouveau monastère, elle y poursuit ses recherches et ses études, puis y décède en 1179, à 81 ans. RENAISSANCE. Le XIIe siècle est considéré comme le témoin d’une « renaissance », au sens d’une vaste éclosion culturelle, qui provient de l’exceptionnel épanouissement intellectuel philosophique et esthétique des arts monastiques de cette époque. Hildegard en est l’exemple par excellence. Reconnue et consultée par les plus grands de son époque, elle est néanmoins très controversée par certains et doit souvent faire preuve d’une diplomatie et d’une inventivité accrues. Hildegard von Bingen invente un langage poétique et musical qui étonne encore aujourd’hui par la force imaginative des textes 2 et le lien intime des mots à la musique, par les hardiesses modales et l’étendue vocale des mélodies. La mélodie, ici, est le véhicule idéal du texte poétique dont elle reflète le contenu. ŒUVRES D’AUJOURD’HUI. Les voix féminines de Mora Vocis tentent de faire entendre cette relation inséparable, entre le mouvement expressif musical et le mouvement expressif linguistique, sans laquelle cette musique n’existerait pas pour elle-même. Il n’est guère étonnant que moult compositeurs de notre temps se sont laissé bercer par la musique envoûtante de Hildegard von Bingen. Certaines de leurs œuvres ont d’ailleurs tout naturellement trouvé leur place dans « Histoires de Souffles », et d’autres attendent d’y être intégrées dès que possible. CORRESPONDANCE. Les lettres au Moyen Âge ne correspondent en rien à ce que l’on connaît aujourd’hui. Elles étaient préparées et envoyées après mûre réflexion car destinées à être lues par le plus grand nombre de personnes. En effet, une lettre n’était jamais un bien personnel mais trouvait de nombreux « lecteurs » sur son chemin. On avait même, et ce heureusement pour nous, pour habitude de collectionner la correspondance importante de et vers une personne importante telle que Hildegard afin de pouvoir la consulter et s’y référer en cas de besoin. Hildegard utilisait des tons très différents en fonction des destinataires : tantôt moralisatrice, tantôt encourageante ou encore en interrogation sur ses aptitudes et devoirs liés à ses visions. DOCTEUR DE L’ÉGLISE. En mai 2012, le pape Benoît XVI étend le culte liturgique de Hildegard von Bingen à l’Église universelle par canonisation équipollente. À peine trois semaines plus tard, il annonce la proclamation de la Sainte comme Docteur de l’Église. C’est le 7 octobre 2012, que Hildegard von Bingen devient officiellement la quatrième femme portant ce titre après Catherine de Sienne, Thérèse d’Ávila et Thérèse de Lisieux. Il s’agit de la plus haute reconnaissance de l’Église catholique qui n’affirme pas seulement l’exemplarité de sa vie mais également de ses écrits. LES COMPOSITEURS D’AUJOURD’HUI KLAUS HUBER (CH, 1924) étudie au Conservatoire de Zurich (le violon avec Stefi Geyer et didactique musicale) et à la Staatliche Hochschule für Musik de Berlin. Il enseigne d’abord à la Musikakademie de Bâle, puis de 1969 jusqu’à sa retraite en 1990 à la Staatliche Hochschule für Musik de Fribourg-en-Brisgau. Parmi ses élèves figurent de nombreux compositeurs de premier plan nés après 1945 (Brian Ferneyhough, Wolfgang Rihm ou Michael Jarrell). Klaus Huber a été professeur invité et compositeur en résidence à travers le monde et a reçu de nombreux prix et distinctions. DAVID ESKENAZY (FR, 1977) est un musicien de scène éclectique qui développe une esthétique hybride en tant que compositeur et arrangeur. Il étudie l’écriture musicale avec Isabelle Chovallon, et la composition avec Jean-Jacques di Tucci et Philippe Schoeller. Il a signé de nombreuses créations dans le domaine du jazz, de la musique classique contemporaine et de la musique brésilienne. La rencontre avec Mora Vocis a donné naissance à l’œuvre Le Grand Voyage, pièce théâtrale d’après le roman du même nom de Jorge Semprun. Dans son projet pédagogique autour du chant en groupe, David Eskenazy aborde rythme et voix, langage mélodique et improvisation. Après son diplôme de composition à Paris, SOPHIE LACAZE (FR, 1963) travaille avec A. Tisné, A. Gaussin, Ph. Manoury, E. Morricone et F. Donatoni. Lauréate de plusieurs concours internationaux, elle collabore avec de nombreux ensembles et solistes en France et à l’étranger. Sa musique a une esthétique très personnelle, en dehors de tout courant et de toute école. Sophie Lacaze cherche à redonner à la musique ses vocations premières, comme le rituel, l’incantation et la danse. Son catalogue comporte aujourd’hui une soixantaine d’œuvres, allant du solo à des pièces orchestrales, en passant par deux opéras et des œuvres mixtes. L’œuvre O Sapientia a été écrite en 2013 pour Mora Vocis et créée en 2014 par cet ensemble. Après avoir étudié la composition au Royal Holloway College, IVAN MOODY (GB, 1964) travaille à Londres pour Bruno Turner et Peter Phillips, puis comme écrivain et chef d’orchestre au Portugal. En 1997, il commence à enseigner à l’Academia de Artes e Technologias de Lisbonne. Sa principale influence vient de l’Église orthodoxe dont il fait partie. Il écrit essentiellement pour la voix sans chercher un usage liturgique mais en invoquant un sens du rituel et de la cérémonie, et plus largement pour des spécialistes de la musique ancienne. Sa musique est largement diffusée dans des festivals à travers l’Europe. Ancien déporté de Buchenwald, PETR EBEN (CZ, 1929-2007) reprend ses études de violoncelle, d’orgue et de piano après la Seconde Guerre mondiale, et obtient ses diplômes de piano et de composition à l’Académie de Musique de Prague en 1954. Il compose de nombreuses œuvres pour différentes formations. Pianiste virtuose, grand improvisateur à l’orgue et au piano, il a donné de nombreux concerts. Professeur à l’Université et à l’Académie de Musique de Prague, il est également, pendant les années 1990, président du Printemps de Prague. Il reçoit des distinctions et des décorations du gouvernement tchèque, mais également en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. 3 QUELQUES MOTS SUR LES CHANTS ET LES LETTRES PHYSICA : L’air est un souffle... CARITAS ABUNDAT : L’amour inonde toutes choses... LETTRE 160 : Hazzecha demande conseil à Hildegard car elle n’arrive plus à gérer ses moniales et souhaite partir pour vivre en ermite. O SPLENDIDISSIMA GEMMA : Ô pierre d’eau resplendissante, source jaillissant du cœur du Père... HODIE APERUIT : L’aurore reflète la fleur de la Vierge Marie... et Caritas abundat in omnia) Pierre d’eau lumineuse, source jaillissant du cœur du monde… ce Verbe a façonné l’homme… Marie, tu es cette matière de lumière… Amour inonde toutes choses… AVE GENEROSA : Salut, jeune fille généreuse, toi, le lys blanc que Dieu regarda avant toute autre créature… ET LUX PERPETUA : Et que la lumière éternelle les illumine. O PULCHRAE FACIES : Ô gente dame au LETTRE 159R : Hildegard fait comprendre fer- visage radieux… mement à Hazzecha qu’il vaudrait mieux qu’elle s’occupe de ses moniales. O VIRIDISSIMA VIRGA : Ô rameau de ver- O VIVENS FONS : Ô fontaine vivante, comme tu es suave... O CRUOR SANGUINIS : Ô sang écoulant, mets de ton baume sur nos langueurs. LETTRE 102 : Le moine Guibert de Gembloux (Belgique) se pose beaucoup de questions en ce qui concerne les visions de Hildegard pour qui il a une admiration sans bornes, alors il lui écrit afin d’obtenir des réponses. O QUAM MIRABILIS EST : Ô quel miracle cette inspiration qui éveilla l’humanité... LETTRE 102R : Hildegard explique à Guibert qu’elle n’est rien et ne connait rien d’elle-même. Elle explique recevoir ses visions depuis petite comme un don, mais que tout ce qu’elle voit et décrit lui est directement donné par Dieu. Elle n’est que porteuse de la parole que le Seigneur lui dicte. FAVUS DISTILLANS : Sous ta langue il y a du miel et du lait... (extrait du Cantique des Cantiques). 4 O SAPIENTIA : (textes de O virtus sapientiae deur levé, en qui fleurit la belle fleur… LETTRE 102R : Hildegard explique à Guibert que tout ce qu’elle voit et décrit lui est directement montré par Dieu. Elle n’est que porteuse de la parole que le Seigneur lui dicte. O QUAM PRETIOSA EST : Ô qu’elle est précieuse la virginité de la Vierge, qui engendra le fils de Dieu… O QUAM MIRABILIS EST : Ô quel miracle cette inspiration qui éveilla l’humanité… O PASTOR ANIMARUM : Ô Berger des âmes, délivre-nous de nos misères… LETTRE 319 : Berthe de Sulzbach, Reine de Grèce, a consulté Hildegard sur sa difficulté de devenir mère. Hildegard lui conseille d’aimer. O NOBILISSIMA VIRIDITAS : Ô noble viridité [vigueur, verdeur], tu rougis comme l’aurore et tu te consumes telle une flamme solaire… LETTRE 108A : Guibert de Gembloux écrit aux Sœurs de l’Abbaye du Rupertsberg (1176) car des rumeurs disent que Hildegard est morte. Guibert demande de lui renvoyer toute la correspondance. Il veut les rassembler en un volume afin de les préserver. La rumeur s’avère fausse. CUM PROCESSIT : L’œuvre de Dieu, formée à l’image de Dieu… tous les éléments se réjouissent en toi, ô Marie-la louange… DE SANCTO SPIRITU : Viens Esprit Saint, remplis les cœurs de tes fidèles, et allume en eux le feu de ton amour. Caritas abundat in omnia deimis exceltissima super sidera atque amantissima in omnia : quia summo regi osculum pacis dedit. L’amour inonde toutes choses du fond de la terre aux lointaines étoiles en tout il aime profondément : aussi a-t-il donné au Roi Très-Haut un baiser de paix. O splendidissima gemma et serenum decus solis qui tibi infusus est fons saliens de corde Patris quod est unicum Verbum suum per quod creavit mundi primam materiam quam Eva turbavit. Hoc Verbum effabricavit tibi Pater hominem, et ob hoc es tu illa lucida materia, per quam hoc ipsum Verbum expiravit omnes virtututes ut eduxit in prima material omnes creaturas. Ô pierre resplendissante sereine lumière du soleil en toi répandu, source jaillie du cœur du Père, son Verbe unique par lequel il créa la matière première du monde, où Ève mit le trouble. En toi le Père a fait homme ce Verbe, tu es ainsi la radieuse matière, par qui le Verbe exhale toutes les vertus, comme il avait tiré de la prime matière toutes les créations. Hodie aperuit clausa porta quod serpens in muliere suffocavit Unde lucet in aurora flos de Virgine Maria. Aujourd’hui la porte close s’est ouverte pour nous, découvrant ce que le serpent étouffait dans la femme. Et voici que brille dans l’aurore la fleur de la Vierge Marie. O vivens fons quam magna est suavitas tua, qui faciem istorum in te non amisisti sed acute previdisti quomodo eos de angelico casu abstraheres, qui se estimabat illud habere quod non licet sic stare. Unde gaude, filia Syon, quia Deus tibi multos reddit quod serpens de te abscidere voluit qui nunc in maiore luce fulgent quam prius illorum causa fuisset. Ô source vive, qu’elle est grande ta douceur, toi qui n’as pas en toi perdu leur visage mais qui a vu d’un regard pénétrant comment les arracher à la chute de l’ange, eux qui croyaient posséder ce qui ne peut ainsi subsister. Aussi réjouis-toi, fille de Sion, car Dieu t’a rendu nombre de ceux que le serpent avait voulu enlever et qui désormais resplendissent dans une lumière plus grande que celle qu’ils avaient auparavant. O cruor sanguinis qui in alto sonuisti cum omnia elementa se implicuerunt Ô sang s’écoulant criant là-haut et tous les éléments s’entremêlaient 5 6 in lamentabilem vocem cum tremore quia sanguinis Creatoris sui illa tetigit. Ungue nos de languoribus nostris. en plainte de terreur touchés du sang de leur Créateur, Ô sang, ton baume sur nos langueurs. O quam mirabilis est praescentia divini pectoris quae praescivit omnem creaturam ! Nam cum Deus inspexit facie hominis quem formavit omnia opera sua in eadem forma hominis integra aspexit. O quam mirabilis est inspiratio, quae hominem sic suscitavit ! Ô qu’elle est admirable la prescience du cœur divin qui d’avance a su toute créature ! Quand Dieu regardait le visage de l’homme qu’il formait, c’étaient ses œuvres entières dans cette forme d’homme qu’il tenait sous son regard. Ô qu’elle est admirable l’inspiration qui ainsi suscitait l’homme ! Favus distillans Ursula virgo fuit quae Agnum Dei amplecti desideravit mel et lac sub lingua eius quia pomiferum hortum et flores florum in turba virginum ad se collegit. Unde in nobilissima aurora gaude Filia Sion. quia pomiferum hortum et flores florum in turba virginum ad se collegit. Une douce friandise fut la jeune Ursule qui désirait étreindre l’Agneau de Dieu, miel et lait sous sa langue, car elle a réuni près d’elle une foule de jeunes filles, jardin fruitier, fleur des fleurs. Réjouis-toi dès l’aurore, Fille de Sion, car elle a réuni près d’elle une foule de jeunes filles, jardin fruitier, fleur des fleurs. O sapientia O virtus sapientiae quae circuiens circuisti comprehendo omnia in una via, quae habet vitam, tres alas habens, quarum una in altum volat, et altera de terra sudat, et tercia undique volat. Laus tibi sit sicut te decet. Ô sagesse Ô vertu de sagesse qui as formé le cercle circulant dans la compréhension de tout sur l’unique chemin qui possède la vie, avec les trois ailes que tu as, l’une pour voler dans l’altitude, l’autre exsudant de la terre, la troisième vol d’absolue plénitude, louange à Toi, ô sagesse, et l’honneur qui t’est dû. Ave generosa gloriosa et intacta puella. Tu pupilla castitatis tu materia sanctitatis quae Deo placuit ! Salut à toi, jeune fille généreuse, glorieuse et intouchée. Toi, prunelle de chasteté, matière de sainteté et plaisir de Dieu ! Nam haec superna infusio in te fuit Car cet épanchement d’en haut est descendu en toi quod supernum Verbum in te carnem induit. et le Verbe d’en haut en toi a revêtu la chair. Tu candidum lilium quod Deus ante omnem creaturam inspexit. Toi, le lis blanc, que Dieu regardait avant toute créature. O pulcherrima et dulcissima, quam valde Deus in te delectabatur cum amplexionem caloris sui in te posuit ita quod Filius eius de te lactatus est. Ô la plus belle et la plus douce, comme Dieu se plaisait en toi lorsqu’en toi il déposa la caresse de son feu et qu’ainsi son Fils fut nourri de ton lait. Venter enim tuus gaudium habuit, cum omnis caelestis symphonia de te sonuit, quia, Virgo, Filium Dei portasti ubi castitatis tua in Deo claruit. Et ce fut la joie de ton ventre, la symphonie du ciel résonnant pour toi, car, Vierge, tu portais le Fils de Dieu dans l’éclat en Dieu de ta chasteté. Viscera tua gaudium habuerunt sicut gramen super quod ros cadit cum ei viriditatem infundit ! Ut et in te factum est, o Mater omnis gaudii. Et ce fut la joie de tes entrailles, comme l’herbe lorsque la rosée descend. Ce suc, et elle reverdit ! Ainsi fut fait en toi, ô Mère de toute joie. Nunc omnis Ecclesia in gaudio rutilet, ac in symphonia sonet propter dulcissimam Virginem et laudabilem Mariam, Dei genitricem ! Amen. Qu’à présent l’Église tout entière soit de joie brillante, de bruissement d’harmonie en l’honneur de la Vierge très douce en l’honneur de Marie-la-Louange, de la génitrice de Dieu ! Amen. Et lux perpetua luceat eis dona nobis pacem ! Que la lumière éternelle les illumine donne-nous la paix ! O pulchrae facies Deum aspicientes et in aurora aedificantes a beatae virgines quam nobiles estis. In quibus Rex se consideravit cum in vobis omnia caelesta ornamenta praesignavit ubi etiam suavissimum hortus estis in omnibus ornamentis redolentes O beaux visages qui contemplez Dieu et bâtissez dans l’aurore, ô vierges saintes, que vous êtes nobles. En vous le Roi est reflété lorsqu’en vous Il a préfiguré tous les ornements célestes vous êtes le jardin très suave et vos ornements de parfum pur. 7 8 O viridissima virga ave quae in ventoso flabro sciscitationis sanctorum prodisti. Salut tige verdoyante poussée au grand vent de l’appel des Saints. Cum venit tempus quod tu floruisti in ramis tui ave ave sit tibi, quia calor solis in te sudavit sicut odor balsami. Lorsque vint le temps de ta floraison ce fut salutation en tes rameaux, la chaleur du soleil se déversait en toi comme un baume de senteurs. Nam in te floruit pulcher flos qui odorem dedit omnibus aromatibus quae arida erant ! Et illa apparuerunt omnia in viriditate plena ! Car tu faisais fleurir une fleur de beauté qui redonnait leur parfum à tous les arômes évanouis ! Et ils furent tous d’éclat et de fraîcheur ! Unde caeli dederunt rorem super gramen, et omnis terra laeta facta est, quoniam viscera ipsius frumentum protulerunt, et quoniam volucres caeli nidos in ipsa habuerunt. Le ciel répandit sur l’herbe sa rosée, la terre entière se réjouit, car ses entrailles produisaient le blé, et les oiseaux du ciel en elle avaient leurs nids. deinde facta est esca hominibus et gaudium magnum epulantium. Unde o suavis Virgo, in te non deficit ullum gaudium. Haec omni Eva contempsit. Nunc autem laus sit Altissimo ! Puis elle se fit nourriture pour les hommes et grande joie pour les convives. Ainsi, Vierge de douceur, nulle joie ne manque en toi. Tout cela, Ève l’a méprisé, mais à présent louange au Très-Haut ! O quam pretiosa est virginitas virginis huius Quae clausuram portam habet ! Et cuius viscera sancta divinitas calore suo infudit ita quod flos in ea crevit. Et Filius Dei pers secreta ipsius quasi aurora exivit. Unde dulce germen quod Filius ipsius est, per clausuram ventris ieus paradisum aperuit. Et Filius Dei pers secreta ipsius quasi aurora exivit. Ô qu’elle est précieuse la virginité de la Vierge dont la porte est close ! Et la divine sainteté a inondé ses entrailles de son feu et voici croître en elle une fleur. Et le Fils de Dieu traversant les secrets d’Elle est sorti comme une aurore. Le tendre bourgeon, son Fils à Elle, par la porte de son ventre a ouvert le Paradis. Et le Fils de Dieu traversant les secrets d’Elle est sorti comme une aurore. O quam mirabilis est praescentia divini pectoris quae praescivit omnem creaturam ! Nam cum Deus inspexit facie hominis quem formavit omnia opera sua in eadem forma hominis integra aspexit. O quam mirabilis est inspiratio, quae hominem sic suscitavit ! Ô qu’elle est admirable la prescience du cœur divin qui d’avance a su toute créature ! Quand Dieu regardait le visage de l’homme qu’il formait, c’étaient ses œuvres entières dans cette forme d’homme qu’il tenait sous son regard. Ô qu’elle est admirable l’inspiration, qui ainsi suscitait l’homme ! O Pastor animarum et o prima vox per quam omnes creati sumus nunc tibi, tibi placeat ut digneris nos liberare de miseriis et languoribus nostris. Ô berger des âmes ô voix première par laquelle nous fûmes tous créés, s’il te plaît, ô si tu voulais si tu daignais nous libérer de nos misères et de nos langueurs. O nobilissima viriditas quae radicas in sole et quae in candida serenitate, luces in rota quam nulla terrena excellentia comprehendit. Tu circumdata es amplexibus divinorum mysteriorum. Tu rubes ut aurora et ardes ut solis flamma. Tu circumdata es amplexibus divinorum mysteriorum. Ô très noble verdeur enracinée dans le soleil et brillant sur la roue dans la clarté sereine, aucune puissance terrestre ne peut te concevoir. Les mystères divins t’ont prise dans leurs bras. Tu rougeoies comme l’aurore tu brûles comme la flamme du soleil. Les mystères divins t’ont prise dans leurs bras. Cum processit factura digiti Dei formata ad imaginem Dei in ortu mixti sanguinis per peregrinationem casus Adae, elementa susceperunt gaudia in Te o laudabilis Maria, caelo rutilante : et in laudibus sonant te. Sur les chemins tracés par la chute d’Adam quand errait l’œuvre du doigt de Dieu formée à son image dans un mélange de sang, les éléments surent jouir de la vie, ô Marie vénérable au ciel éclatant : dans leurs louanges ils te célèbrent. De Sancto Spiritu : Veni Sancte Spiritus ! reple tuorum corda fidelium et tui in eis ignem accende qui per diversitatem linguarum cunctarum gentes in unitatem fidei congregasti Alleluia ! Veni Sancte Spiritus ! Du Saint-Esprit : Viens, Esprit Saint ! remplis les cœurs de tes fidèles et allume en eux le feu de ton amour. Réunis tous ceux que les différences séparent en une fidèle unité Alléluia ! Viens, Esprit Saint ! 9 SÉRIE « MUSIQUES ANCIENNES » (PROCHAINS CONCERTS) LES FAUSSES CONSONANCES DE LA MÉLANCOLIE ELS JANSSENSVANMUNSTER 10 DIRECTION ARTISTIQUE MORA VOCIS VOIX SOLISTES AU FÉMININ APRÈS AVOIR FAIT PARTIE de Mora Vocis INSPIRÉES PAR UN SOUFFLE MÉDIÉVAL, en tant que chanteuse (jusqu’en 2005), Els Janssens-Vanmunster est invitée comme « regard extérieur » lors de l’enregistrement du DVD Motet-Polyphonies enluminées, en 2009. Depuis décembre 2010, elle assure la direction artistique de l’ensemble avec le projet Voix Plurielle et la résidence de Mora Vocis à l’Université Paul Valéry — Montpellier III, où elle est chargée de cours. Particulièrement appréciée pour son approche du mot, cette mezzo-soprano d’origine flamande se promène avec aisance à travers les différents répertoires classiques, de la Renaissance à la création contemporaine. Sa voix souple — riche en couleurs et nuances — et sa large tessiture font d’elle une artiste souvent sollicitée par les musiciens et ensembles de renommée internationale, se produisant aussi bien en Europe (Belgique, France, Espagne, Portugal, Allemagne, Estonie…) qu’en Amérique du Nord (États-Unis, Canada). Parallèlement à sa carrière de chanteuse-interprète, Els Janssens-Vanmunster, polyglotte et orthophoniste de première formation, intervient auprès de différents ensembles et artistes, en tant que conseillère musicale, linguistique et scénique. Elle travaille également en étroite collaboration avec plusieurs compositeurs de notre temps et participe à de nombreux enregistrements CD et radio (Klara, France Musique, Radio allemande à Stuttgart, Baden-Baden et Mayence). les voix solistes « au féminin » de Mora Vocis partent sur les traces d’une musique d’antan avec un regard d’aujourd’hui. Elles incarnent ainsi avec saveur ce répertoire médiéval et contemporain et créent sur scène un espace poétique très personnel, grâce à une interprétation sans partitions et une scénographie adaptée à chaque lieu de concert. Les artistes de Mora Vocis provoquent alors une vraie rencontre entre création et patrimoine, et renforcent le lien entre l’architecture et son acoustique. Cette différence essentielle et subtile les distingue dans le monde de la musique ancienne et contemporaine. Les compositeurs et compositrices de notre temps aiment écrire pour Mora Vocis, s’inspirant de la pensée médiévale et de l’approche artistique de l’ensemble. Une poésie, un cantique ou une mélodie devient une inspiration et différentes compositions sont nées pour les voix féminines de Mora Vocis. Les chanteuses de l’ensemble interprètent ces nouvelles pages avec la même rigueur artistique que pour le répertoire ancien. En donnant une place centrale au corps, Mora Vocis complète parfois ses rangs de circassiens, comédiens ou danseurs-chorégraphes, prolongeant le mouvement chanté par un air de clown muet, un rêve de funambule… Depuis fin 2010, Mora Vocis est placé sous la direction artistique de la chanteuse Els JanssensVanmunster. www.moravocis.fr DIMANCHE 28 FÉVRIER 2016 (16H) Star du violon baroque, Amandine Beyer avec son ensemble Gli Incogniti est pour la première fois à Liège pour révéler la musique instrumentale de Nicola Matteis. Né à Naples, guitariste, violoniste et improvisateur hors pair, il arrive en Grande-Bretagne vers 1670 et initie les Anglais au style instrumental italien. Réputé pour ses bizarreries harmoniques autant que pour ses mauvaises manières, il rédige en 1682 The False Consonances of Music, un traité sur la basse continue confiée à la guitare baroque. Son œuvre est mise en parallèle avec celle de son illustre contemporain Henry Purcell. Œuvres de MATTEIS et PURCELL Gli Incogniti | Amandine Beyer, violon et direction LA FONTAINE DE VÉNUS DIMANCHE 17 AVRIL 2016 (16H) Jean Tubéry et son ensemble La Fenice nous convient à parcourir les textes licencieux de Jean de La Fontaine, le célèbre auteur des Fables. À travers ses récits d’alcôves et ses dévergondages voluptueux, La Fontaine inspire à Marin Marais, Michel Lambert, Jean-Baptiste Boësset et d’autres des musiques de ballets et airs de cour typiques du Grand Siècle français. Avec lui, musique et poésie mènent le grand bal de la séduction à la cour de Louis XIV. Airs de cours et musiques de ballet du Grand Siècle français Œuvres de MARAIS, LAMBERT, BATAILLE, BOËSSET La Fenice : Saskia Salembier, soprano, violon Francisco Mañalich, viole de gambe Nicolas Achten, clavecin Jean Tubéry, cornets, flûtes, direction 26/15 € / GRATUIT pour les moins de 16 ans -50 % pour les moins de 26 ans AGENDA LOCATION DE SALLE HOLLYWOOD MEETS CLASSIC VENDREDI 4 DÉCEMBRE 2015 (20H) John WILLIAMS, «Star Wars» suite Leonard BERNSTEIN, «West side story», medley Richard ADDINSELL, Concerto «de Varsovie» Miklos ROZSA, «Ben Hur», suite Ferde GROFÉ, «Hollywood», six pictures Jean-Pierre Moemars, piano OPRL | Patrick Baton, direction GRATUIT (2 tickets par personne qui se présente) MUSIQUE À MIDI HAUTBOIS EN BALADE MERCREDI 9 DÉCEMBRE 2015 (12H30) A. MARCELLO, Concerto pour hautbois VIVALDI, Concerto grosso pour cordes RV 156 J.S. BACH, Concerto pour hautbois BWV 1059 (extraits) HOLST, Suite Saint-Paul (extraits) MORRICONE, Gabriel’s oboe J.S. BACH, Concerto pour violon et hautbois BWV 1060 (extraits) Sylvain Cremers, hautbois Olivier Giot, Emilio Mecenero, Astrid Stevant, Aleš Ulrich et Urszula Padala, violon Artur Toth et Isabelle Herbin, alto Jean-Pierre Borboux, violoncelle François Haag, contrebasse Jean-François Georis, clavecin GRATUIT AVEC LE SOUTIEN DES AMIS DE L’ORCHESTRE LES SOIRÉES DE L’ORCHESTRE : PRESTIGE CONCERT DE NOËL : KLEZMER RHAPSODY VENDREDI 18 DÉCEMBRE 2015 (20H) LEHN, Yiddish Rhapsody (durée : 1h45) Isabelle Georges, chant Sirba Octet | OPRL | Christian Arming, direction LES SAMEDIS EN FAMILLE UN NOËL KLEZMER SAMEDI 19 DÉCEMBRE 2015 (16H) LEHN, Yiddish Rhapsody (durée : 1h15) Isabelle Georges, chant Sirba Octet | OPRL | Christian Arming, direction AVEC LE SOUTIEN D’ETHIAS 11 E n réaction à la crise de l’asile, le monde des arts de la scène s’engage. Les institutions culturelles se mobilisent et exposent, dans chaque théâtre ou opéra participant, le témoignage d’un migrant et sa photo prise par l’artiste Gaël Turine. En pleine controverse sur le sort des réfugiés qui fuient les guerres, nos institutions culturelles ont un devoir de pédagogie et d’alerte. Il doit passer par deux axes : accompagner l’individu qui écoute, qui regarde et qui comprend son rôle d’humain dans la société et épauler celui qui reconsidère les erreurs commises pour éviter celles d’aujourd’hui. Comme beaucoup, nous voulons résister à certains jugements péremptoires, amplifiés par certains médias et les technologies de la communication qui réduisent comme peau de chagrin le temps de la réflexion et propagent tout propos, aussi abject soit-il, sans aucune déontologie ou éthique du « savoir penser ». Le passé a jeté sur toutes les routes du monde des millions d’êtres humains fuyant la débâcle et la mort ; ils ont laissé derrière eux des histoires, des récits, des mémoires que nos œuvres d’art ont largement enrichis et qui sont notre patrimoine par leur richesse individuelle détruite et souvent oubliée. Aujourd’hui, nous sommes confrontés aux mêmes phénomènes qui jettent tous ces réfugiés sur une route inconnue et qui ne leur promet rien que la survie immédiate. Le XXe siècle a été celui des plus immenses déplacements de population, autrement plus spectaculaires que ceux de maintenant ; mais nous en combattions aussi les causes à l’époque, par le poids des institutions mondiales ; aujourd’hui nous subissons les conséquences et nous ne réglons pas les causes ; les réfugiés sont toujours le miroir de notre aveuglement et c’est pour cela qu’ils font peur ; mais ce n’est pas d’eux que nous devons avoir peur ; nous devons avoir peur de cette intolérance et de cet égoïsme que nous paierons très cher si nous ne gardons pas des yeux humains et ouverts sur la réalité. Notre Europe actuelle s’est bâtie sur cette histoire et ne peut pas l’oublier aujourd’hui. La réponse collective n’a jamais remplacé la conscience individuelle. Restons à l’écoute et tendons la main « ensemble » vers ceux qui nous ressemblent et que nous pourrions être demain. C’est notre simple rôle et devoir d’être humain. ATELIER THEATRE JEAN VILAR, THEATRE DE LIEGE, THEATRE LE PUBLIC, ORCHESTRE PHILHARMONIQUE ROYAL DE LIEGE, THEATRE DE NAMUR, ORCHESTRE ROYAL DE CHAMBRE DE WALLONIE, PIERRE DE LUNE — CENTRE DRAMATIQUE JEUNE PUBLIC DE BRUXELLES, THEATRE LES TANNEURS, THEATRE ROYAL DES GALERIES, LA COMEDIE CLAUDE VOLTER, OPERA ROYAL DE WALLONIE, LA MAISON EPHEMERE — COMPAGNIE THEATRALE, LES BALADINS DU MIROIR, THEATRE ROYAL DU PARC, CHARLEROI / DANSES, THEATRE DE L’EVEIL, FLAGEY ASBL, LA FABRIQUE DE THEATRE, DEL DIFFUSION ASBL, PALAIS DES BEAUX-ARTS DE CHARLEROI, THEATRE DE POCHE 12