Les sodalités de Marc Fumaroli

Transcription

Les sodalités de Marc Fumaroli
1996
son livre la substance. Elkman en prend acte pp. 261262, et, à la page suivante, il nous gratifie d’une belle
photo représentant Doddy dans les bras de son père.
Mais l’étude de Darwin sur « Doddy » est rédigée
dans une optique anthropologique beaucoup plus
large que l’expression des émotions, et elle mérite de
nous intéresser vivement ne serait-ce que par les
notations sur ce qui deviendra si célèbre, grâce à
Lacan, sous l’appellation de « stade du miroir ».
Spencer et l‟évolutionnisme philosophique, Paris,
Que sais-je ? n° 3214, in-12, 128p.
PUF,
TORT, Patrick (dir.)
1985
Misère de la sociobiologie, Paris, PUF, in-8°.
1992
Darwinisme et société, actes du congrès international des 4,
5, et 6 juin, Paris, PUF, grand in-8°, VI+693p.
1996
Dictionnaire du darwinisme et de l‟évolution, Paris, PUF,
3 vol., grand in-8°, XIV+4862p.
‫ﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋﻋ‬
On trouvera dans un récent numéro de la
Psychiatrie de l‟Enfant une étude trés fouillée de Claude
Allard (1997) qui situe le texte de Darwin à la fois
dans ses propres préoccupations et dans les nôtres. Il
nous en annonce également une traduction française
pour paraître dans un volume collectif dirigé par
Patrick Tort aux Presses Universitaires de France et
qui sera intitulé : Pour Darwin.

e-mail : [email protected]

‟Ashtaroût
Cahier Hors-Série n°2 (décembre 1999)
Les sodalités
de Marc Fumaroli
Recension de
Aa
FUMAROLI, Marc
1994
L‟École du silence, le sentiment des images au XVII ème
siècle, réédition, Paris, Flammarion, « Champs »
n°633, in-12, 1998, 671p. illustr.
Références
ALLARD, Claude
1997
« Charles Darwin, précurseur de la psychologie
du bébé », in Psychiatrie de l‟Enfant, 1997, XL (2),
pp. 599-624.
« SODALITE » est un terme peu usité. On ne le
trouve plus dans les dictionnaires courants. Marc
Fumaroli l’utilise par deux fois dans sa préface à
L‟École du silence (nouvelle éd., pp. 12 et 19). Et je
voudrais m’y arrêter. Car il signifie une réunion de
compagnons, et, plus particulièrement, de compagnons de table. On comprend alors pourquoi Fumaroli aime l’utiliser. C’est une référence délicate à l’humanisme de la Renaissance, au genre littéraire des
« propos de table », dont la tradition remonte encore
plus haut, puisqu’elle inclut le Banquet de Platon.
ELKMAN, Paul (dir.)
1973
Darwin and facial expression : a century of research in
review, New York, Academic Press, in-8°.
FORRESTER, John
1980
Le Langage aux origines de la psychanalyse, trad. de
l’anglais par Michelle Tran Van Khai, préface de
Pierre Fédida, Paris, Gallimard, « Connaissance
de L’Inconscient », in-8°, 1984, 396p.
Rêvez d’avoir Marc Fumaroli comme convive
ou comme voisin de table. Toute réunion deviendrait
alors une fête de l’esprit. Les rééditions de ses
grandes œuvres dans des collections de poche permettront à un plus grand nombre de personnes de
l’inviter dans leur bibliothèque. Il ne faut surtout pas
hésiter à le faire.
MAURY, Liliane
1993
Les Émotions de Darwin à Freud, Paris, PUF, « Philosophies » n° 41, in-12, 128p.
RITVO, Lucille B.
1990
L‟Ascendant de Darwin sur Freud, trad. de l’anglais
et préfacé par P. Lacoste, Paris, Gallimard, « Connaissance de L’Inconscient », in-8°, 1992, 342p.
L‟École du silence est un recueil d’essais ayant une
unité organique. C’est un livre de combat en faveur
de la « Réforme Catholique », et qui balaye la période
qui va du règne du pape-soleil (Urbain VIII Barbe-
TORT, Patrick
1983
La Pensée hiérarchique et l‟évolution, les complexes discursifs, Paris, Aubier Montaigne, série Résonances,
in-8°, 557p.
130
rini) à celui du roi-soleil (Louis XIV). Et, au bout du
compte, si on ne finit pas par accorder créance aux
sympathies de l’auteur, du moins ne lui tient-on plus
rigueur de son combat d’arrière-garde.
Complément
FUMAROLI, Marc
1980
L‟Âge de l‟éloquence : rhétorique et ‟‟res literaria‟‟ de la
renaissance au seuil de l‟âge classique, réédition, Paris,
Albin Michel, Bibliothèque de l’Évolution de
l’Humanité, in-12, 1994. [98 F]
1990
La Fontaine : Fables, réédition revue et corrigée,
Paris, Livre de Poche, « La Pochotèque : Classiques Modernes », petit in-8°, 1996, 1152p. [120 F]
1991
L‟État culturel, une religion moderne, rééd., Paris, Le
Livre de Poche, «Biblio-Essais», in-12, 1992.
[50 F]
1994
La Diplomatie de l‟esprit, de Montaigne à La Fontaine,
Paris, Hermann, collection « Savoir : Lettres »,
in-8°, XXXII+552p.
1994
Trois institutions littéraires (la Coupole, la Conversation,
et le Génie de la langue française), Paris, Gallimard,
Folio / Histoire n° 62, in-12, XLI+369p. et 16 pl.
[62 F]
1997
Le Poète et le roi : Jean de La Fontaine en son siècle,
rééd., Paris, Le Livre de Poche, «Références»,
in-12, 1999, 640p. [60 F]
Poussin d’abord, le Guide ensuite, sont au cœur
de ce volume non sans raison. Personnellement, j’aurais tout de même souhaité un rééquilibrage avec
Claude Gellée (dit Le Lorrain), dont il nous fut donné récemment une superbe rétrospective au GrandPalais. Inexplicablement, il ne reçoit, en ce gros recueil, qu’une seule mention au passage.
Le titre du volume a risqué d’être : Muta eloquentia (L‟Éloquence muette), qui est le titre d’une ancienne
étude reprise ici profondément modifiée, et consacrée justement à Poussin. On n’est pas surpris
qu’au seuil de cette étude Fumaroli eût une pensée
pieuse à Paul Claudel dont émane, comme on le sait,
une odeur de sainteté catholique qui ne pouvait que
lui plaire. Le célèbre oxymoron de Claudel est dans
tous les esprits : « L‟Œil écoute ». À Paris, une chaîne
de librairies l’a repris comme enseigne. C’est là tout
ce que certains retiennent, à juste titre peut-être, de
Claudel. Et, je crois, ce n’est que justice que le patronyme de Claudel familier aux jeunes d’aujourd’hui
soit celui de Camille. Néanmoins, je suis reconnaissant à Fumaroli de deux citations qu’il est allé pêcher
chez son frère :
La Fontaine est le seul poète lyrique du siècle de
Louis XIV. Sa résistance intérieure à la servitude politique [volontaire] n‟est pas seulement, comme celle PortRoyal et de Pascal, l‟affirmation de la primauté de Dieu
sur les rois qu‟il donne aux peuples pour les châtier, elle
se nourrit aussi de cet idéal de « liberté française » que
Montaigne, malgré sa loyauté monarchique, tenait pour
son bien le plus cher, que les mémorialistes de l‟opposition
à Richelieu et de la Fronde invoquaient, et que Racine ne
comprend plus sinon dans sa dimension purement religieuse. C‟est cet idéal moral, philosophique, politique, qui
a soutenu toute sa vie Saint-Evremont, exilé en Angleterre depuis 1661, un des plus proches amis de La Fontaine ; ce même idéal est encore partagé à la génération
suivante par le marquis de La Fare, un autre ami du
fabuliste, auteur de Mémoires vengeurs rédigés à la fin
du règne de Louis XIV. Cet idéal libéral est au cœur de
la politique de Fénelon, qui admirait La Fontaine.
Ŕ La peinture est l‟école du silence.
Ŕ Les tableaux de maîtres sont comme emplis par la sonorité
d‟une phrase non prononcée.
La première de ces phrases a donc finalement
fourni à Fumaroli le titre de son recueil. L’autre pourrait nous fournir, à nous autres psycho-cliniciens, un
accès fort original à ce qui a dû se passer dans l’esprit
de Dora plantée devant la Madone Sixtine de la Galerie
de Dresde. Au passage, félicitons-nous que l’érudition exquise de Marc Fumaroli l’ait laissé dans une
profonde indifférence envers Freud, , à quoi, en tant
qu’historien de la littérature, il préfère le ’’regard éloigné’’ de l’ethnologue (Lévi-Strauss). Aussi, avonsnous échappé à des dénonciations péremptoires à
propos de notre spécialité.
MARC FUMAROLI (1997), Le Poète et le roi : Jean de La
Fontaine en son siècle, rééd., Paris, Le Livre de Poche, «Références», 1999, pp. 38-39.
Vak
131

Documents pareils

Marc Fumaroli, de l`Académie française

Marc Fumaroli, de l`Académie française L’Âge de l’éloquence présentée en 1976 à la Sorbonne, a marqué un tournant dans la recherche littéraire. Désormais, le système de la rhétorique antique tel qu’il s’est développé au travers des huma...

Plus en détail