Analyse de la performance de l`enseignement supérieur au
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Analyse de la performance de l’enseignement supérieur au Burkina Faso : le cas de l’Université de Ouagadougou Rapport Analytique Equipe du Burkina Faso LOYE Alexis Salvador, Démographe BAHAN Dalomi, Démographe BOLY Dramane, Démographe BAYI Sylvie, Démographe Parrain scientifique: Dr Jean François KOBIANE Directeur adjoint de l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) Burkina Faso Ouagadougou, Mai 2012 1 TABLE DES MATIERES LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................ 3 LISTE DES GRAPHIQUES ................................................................................................... 3 Introduction .............................................................................................................................. 4 Chapitre I : Contexte et aspects méthodologiques ................................................................ 5 1.1 Contexte de l’étude........................................................................................................... 5 1.1.1 Analyse de l’offre au niveau du supérieur ................................................................. 5 1.1.2 Analyse de la demande au niveau du supérieur ......................................................... 7 1.2. Aspects méthodologiques ................................................................................................ 8 1.2.1 Revue de littérature .................................................................................................... 8 1.2.2 Hypothèses de recherche et définition des concepts.................................................. 9 1.2.3 Méthodologie d’analyse........................................................................................... 11 a) Source de données.................................................................................................... 11 Chapitre II- Performance et conditions d’études à l’université de Ouagadougou .......... 13 2.1 L’issue de la première année de 1996 à 2007................................................................. 13 2.2 L’évolution des issues des quatrièmes années (filières de quatrième année)................. 15 2.3 L’issue de la première année selon le statut économique............................................... 18 2.4- Conditions d’études et efficacité interne à l’université de Ouagadougou..................... 19 2.4.1 Evaluation de l’offre ................................................................................................ 19 2.4.2 Focus sur les bourses d’étude .................................................................................. 21 2.4.3 Focus sur le FONER et l’aide octroyés aux étudiants ............................................. 21 2.4.4 Œuvres universitaires (restaurant, infirmerie, loisir)? ............................................. 22 2.4.5 Origines sociales et performance des étudiants au Burkina Faso ........................... 22 2.4.6 Analyse comparée de la performance interne selon le genre................................... 23 Conclusion............................................................................................................................... 24 Références bibliographiques ................................................................................................. 25 Annexe : Outils de collecte..................................................................................................... 26 2 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Evolution du nombre d’étudiants de 2005-2006 à 2010-2011. ............................... 7 Tableau 2 : Mesure de l’accès à l’enseignement supérieur ....................................................... 8 Tableau 3 : Répartition des focus groups et entretien individuel réalisés ................................ 12 Tableau 4 : Sortants de l’année académique 2009-2010.......................................................... 15 LISTE DES GRAPHIQUES Graphique 1 : Evolution du nombre d’écoles supérieures au Burkina de 2005-2011................ 6 Graphique 2 : Evolution du nombre d’enseignants dans écoles supérieures au Burkina Faso .. 7 Graphique 3: Issue de la première année universitaire, des promotions de 1996-97 à 2007-08 .................................................................................................................................................. 14 Graphique 4: Issue pédagogique selon l’année universitaire, par niveau (de la première à la quatrième année), pour les filières de niveau maîtrise ou moins ............................................. 16 Graphique 5 : Nombre d’années de maîtrise effectuées par les étudiants de la promotion 200001 ayant atteint la quatrième année, selon la filière académique (observation en 2008-09).... 18 Graphique 6: Issue de la première année selon le statut économique ...................................... 19 3 Introduction Au regard de l’importance de l’éducation dans le développement socio économique d’un pays, les pays africains ont exprimé une volonté de la développer en souscrivant pour la plupart aux Objectifs du Millénaire pour le Développement. Malgré les efforts consentis, à l’enseignement (volonté politique, objectifs…), la situation de l’enseignement supérieur est loin de satisfaire les objectifs. Ainsi, dès la moitié des années 1980, la crise économique s’est accompagnée d’une crise des universités africaines. Pendant que les effectifs ne cessent de croître nécessitant plus d’investissements humain et en infrastructures, à l’inverse les politiques d’austérité économique, notamment les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), préconisent une réduction drastique des budgets alloués à l’enseignement supérieur (Kobiané et al., 2010) en faveur de la priorisation de l’enseignement de base préconisée par les organisations internationales (Banque Mondiale, conférence de Jomtien en 1990 et la conférence de Dakar sur l’Education Pour Tous en 2000). Si cette option s’est justifiée par des faibles niveaux de scolarisation, quelques années plus tard, cela s’est traduit par une croissance d’effectif de nouveaux arrivants pour lesquels l’université n’a pas été en mesure d’absorber. Au Burkina Faso par exemple, la population estudiantine connait un accroissement rapide et a doublé au cours des six dernières années, passant de 30 488 en 2005-2006 à 60 998 en 20102011. L’université de Ouagadougou ne déroge pas à la règle puisque le nombre d’étudiants a presque quadruplé (multiplié par 3,7) en 10 ans, entre 1998 et 2008, passant de 8 669 en 1998 à 31 739 en 2008 (Kobiané et al, 2010). Avec de tels changements, l’on est en droit de penser que cette situation pourrait non seulement influer la qualité de l’enseignement à l’université de Ouagadougou, les niveaux de réussite mais pourrait être désormais réservé aux étudiants issus des couches sociales les plus aisées. D’où les questions de recherches suivantes : • • • Quels sont les profils démographiques et socio économiques des étudiants ? Quelles sont les conditions de vie et d’étude des étudiants ? Quelle est la performance académique des étudiants? C’est à ces questions que la présente étude va tenter d’apporter des éléments de réponses. L’objectif général de l’étude est de contribuer à une meilleure connaissance de la performance des étudiants afin d’aider à de meilleures prises de décisions dans le système éducatif. Plus spécifiquement, l’étude analyse : - l’évolution de l’offre et de la demande en enseignement supérieur ; - les résultats des étudiants à l’université de Ouagadougou ; - la qualité de l’enseignement et les conditions d’étude selon le point de vue des acteurs Le document est structuré ainsi qu’il suit : un premier chapitre consacré aux contexte et aspects méthodologiques, un second chapitre présente les résultats de l’étude en abordant les résultats académiques des étudiants, leurs perceptions sur les conditions d’étude et la qualité de l’enseignement. 4 Chapitre I : Contexte et aspects méthodologiques Ce chapitre présente le contexte de l’enseignement supérieur au Burkina et les aspects méthodologiques de l’étude. 1.1 Contexte de l’étude L’offre, la demande en enseignement supérieur peuvent avoir une incidence sur son rendement interne. 1.1.1 Analyse de l’offre au niveau du supérieur L’offre est analysée sous l’angle du nombre d’écoles supérieures mais également en personnel enseignant dans lesdites écoles. a) Analyse de l’évolution des écoles supérieures Le premier centre d’enseignement supérieur du Burkina Faso (Ancienne Haute-Volta) fut, suite à l’accord de coopération en matière d’enseignement supérieur signé le 24 avril 1961 signé avec la France, créé par un décret du 20 octobre 1965. C’était l’Institut Supérieur de Formation Pédagogique composé de l’Ecole Normale Supérieure (E.N.S.) et du Centre de Documentation et de Perfectionnement Pédagogique (C.D.P.P.). La première, dont l’un des objectifs était la formation des enseignants du secondaire, évoluera1 pour donner naissance à l’Université de Ouagadougou en avril 1974 (ordonnance n°74/031 du 19 avril 1974, pour compter du 1er avril 1974), avec la double mission suivante : - l’élaboration et la transmission de la recherche et la formation des hommes ; connaissance, le développement de la - répondre aux besoins de la nation en lui fournissant les cadres dans tous les domaines et en particulier au développement social et économique de chaque région. Au regard de la forte demande en enseignement supérieur, d’autres universités et écoles supérieures publiques et privées ont vu le jour : universités publiques (université de Bobo, université de Koudougou etc.), universités privées (université Saint Thomas d’Aquin, université catholique d’Afrique de l’Ouest etc.) et des écoles supérieures privées sans cesse en augmentation. 1 Un décret du 24 juillet 1967 remplace l’E.N.S. par un Centre Préparatoire aux Enseignements Secondaires (C.P.ES.) comprenant l’Institut Universitaire De Technologie Pédagogique (I.U.T.P.) et le Centre d’Etudes Universitaires (C.E.U.). L’ordonnance du 5 mai 1969 crée le Centre d’Enseignement Supérieur (C.E.Sup.) dont font partie le Collège Littéraire Universitaire (CLU) qui remplace le C.E.U., l’Institut Universitaire Pédagogique (I.U.P.) remplaçant l’I.U.T.P., l’Institut Universitaire de Technologie (I.U.T.), le Centre Voltaïque de la Recherche Scientifique (C.V.R.S.), actuel C.N.R.S.T., le Centre de Documentation et de Perfectionnement Pédagogique (C.D.P.P.), actuel I.P.B. 5 Pour l’année académique 2005-2006, le Burkina Faso comptait 36 écoles supérieures. Ce nombre est passé à 79 en 2010-2011 soit un accroissement annuel moyen de 14,0 % (Graphique 1). Si cette tendance se maintient, le nombre d’écoles supérieures va doubler chaque cinq ans. Graphique 1 : Evolution du nombre d’écoles supérieures au Burkina de 2005-2011 79 Nombre d'écoles supérieures 80 70 61 60 50 50 40 54 42 36 30 20 10 2005-2006 2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011 Année académique Source : DEP/MESS, annuaire statistique 2011 et illustration des auteurs b) Evolution du nombre de personnel enseignant A l’instar de l’évolution du nombre d’écoles supérieures, le nombre d’enseignants ne cesse de croitre quel que soit leur statut. En effet, à la rentrée académique 2005-2006, le nombre d’enseignants permanents dans les écoles supérieures (y compris les unités de formations des universités) était passé de 1 913 enseignants (1913 enseignants permanents et 718 enseignants vacataires) à 5 986 (3531 enseignants permanents et 2455 enseignants vacataires) en 20102011, ce qui correspond à un accroissement annuel moyen de 20,9 %. 6 Graphique 2 : Evolution du nombre d’enseignants des écoles supérieures au Burkina Faso Nombre d'enseignants permanents Nombre d'enseignants vacataires Effectifs des enseignants 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 2005-2006 2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011 Année académique Pour l’année académique 2010-2011, l’université de Ouagadougou comptait 634 enseignants dont 212 vacataires (DEP/MESS, 2011). Ceci correspond à 10,6 % des enseignants du Burkina. 1.1.2 Analyse de la demande au niveau du supérieur L’évolution des effectifs des étudiants connaît une croissance soutenue avec l’évolution du nombre des établissements supérieurs au Burkina. En 2005-2006, l’effectif des étudiants était estimé à 30 488 et est passé à 60 998 en 2010-2011 (Tableau 1). Les femmes représentaient en 2010-2011, 32,6 % de la population estudiantine. Le rythme moyen d’accroissement annuel de la population estudiantine entre 2005-2006 et 2010-2011 est évalué à 12,3 %. A ce rythme, le nombre d’étudiants va doubler chaque six (06) ans au plus et nécessitera un nombre importants d’écoles supérieures à créer. Tableau 1 : Evolution du nombre d’étudiants de 2005-2006 à 2010-2011. Années 2005-2006 2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011 Total Garçons 21 038 23 154 28 138 32 466 34 868 41 112 180 776 Filles 9 450 10 361 13 641 15 289 16 298 19 886 84 925 Total 30 488 33 515 41 779 47 755 51 166 60 998 265 701 7 Source de données : Annuaire statistique, 2011, DEP/MESS En 2010-2011, l’université de Ouagadougou, comptait à elle seule, 25 120 étudiants soit 41,2 % de l’effectif total des étudiants du Burkina. S’il est vrai que l’on puisse noter l’accroissement des effectifs des étudiants au Burkina, il n’en demeure pas moins que l’accès à l’enseignement supérieur reste très faible au regard du nombre d’étudiants pour 100 000 habitants. Passé de 218 étudiants pour 100 000 habitants en 2005-2006 à 377 étudiants pour 100 000 habitants en 2010-2011, l’accès à l’enseignement supérieur connait une amélioration. Néanmoins, cet indicateur reste très faible et des efforts doivent être faits pour davantage améliorer l’accès à l’enseignement supérieur au Burkina. Tableau 2 : Mesure de l’accès à l’enseignement supérieur Années académiques Population Burkina* 2005-2006 2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011 14017262 14 300 000 14 700 000 15 200 000 15 700 000 16 200 000 Nombre d’étudiant pour 100 000 habitants 218 234 284 314 326 377 * : Projections de Population, et recensement 2006 et calcul des auteurs Les résultats du recensement général de la population et de l’habitation ont montré que l’accès est meilleur pour les enfants des ménages riches (1 896 étudiants pour 100 000 habitants) 1.2. Aspects méthodologiques Une revue de littérature, la formation d’hypothèse et l’identification des méthodes et techniques d’analyse des données collectées sont présentées dans cette section. 1.2.1 Revue de littérature La revue de la littérature montre que la performance dans l’enseignement supérieur est abordée sous plusieurs angles dont les difficultés humaines et structurelles, des difficultés matérielles et l’inadaptation des enseignements aux réalités socioéconomiques ainsi que les différentes crises qu’il subit dans les pays. Pour Emmanuel Lacroix (2003), on enregistre aujourd’hui des effectifs démesurés qui induisent une mauvaise qualité des enseignements. L’auteur poursuit en mentionnant que dans le cas du Burkina Faso, l’augmentation des effectifs est amplifié par le manque d’enseignants, le travail d’enseignant est mal payé et peu valorisé si bien que peu d’étudiants s’orientent vers cette fonction. Au delà du problème de la quantité se pose, celui de la qualité et de la 8 pertinence des formations dispensées (Borel, 2006). En effet, dès 1985, lors des journées nationales du Ministère des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESSRS), la professionnalisation et la rationalisation de l’enseignement supérieur sont préconisées (Chilou, 2009). Au nombre des facteurs explicatifs de la performance, figure également le mode de financement des études supérieures. En effet, dans un environnement de pauvreté, l’absence des moyens financiers nécessaires pour financer les études explique les mauvaises « performances » enregistrées (Makosso, 2006). Pour Zagré (2007), les conditions matérielles d’études constituent des facteurs déterminants dans le rendement interne. Ainsi, le désengagement de l’Etat des secteurs sociaux comme l’éducation du fait des Programmes d’Ajustement Structurels (PAS) ont eu pour corollaire dans l’enseignement supérieur l’insuffisance des structures pédagogiques (laboratoires), des infrastructures essentielles (Amphithéâtres, salles de TP, TD), des équipements et des documents. Tous ces éléments ont pour conséquence un faible rendement interne de l’enseignement supérieur (fort taux d’abandons et de redoublement, faible niveau d’encadrement, baisse du niveau d’encadrement, etc). Omer (2004), analysant les freins à l’enseignement supérieur en République du Congo montre que les établissements du pays sont principalement localisés à Brazzaville, la capitale et pour une moindre mesure à Pointe Noire et ces deux localités se trouvent au sud. Ces problèmes de localisation des établissements d’enseignement supérieur en plus du la réduction du nombre de bourses au fil des années rendent la vie au campus moins confortable et peu propice aux études surtout pour ceux qui viennent d’ailleurs et n’ont aucun parent dans la localité. 1.2.2 Hypothèses de recherche et définition des concepts a) Hypothèse principale L’hypothèse principale qui sous-tend cette étude est que les conditions d’études, l’origine sociale et les caractéristiques démographiques des étudiants ont des incidences sur la performance des étudiants au Burkina en l’occurrence sur ceux de l’université de Ouagadougou. Cette hypothèse principale peut être schématisée comme suit : Figure 1 : Schéma conceptuel pour l’analyse de la performance de l’enseignement supérieur Origine sociale Caractéristiques démographiques Conditions d’études Performance des étudiants 9 Ce schéma relève que les conditions d’études sont les premiers facteurs qui influencent la performance des étudiants. Mais ces conditions d’études sont par ailleurs déterminées entre autres par l’origine sociale des étudiants et leurs caractéristiques démographiques qui peuvent avoir une influence directe sur leur performance. b) Définition des concepts Un concept considéré de façon isolée peut avoir plusieurs définitions. Pour permettre une meilleure compréhension de cette activité de recherche, on adopte les définitions suivantes pour les concepts utilisés dans la formulation de l’hypothèse principale. Origine sociale Les fonctions d’intégration sociale : une invisibilisation accrue Selon Frédéric Lébaron, même si l’ « égalité des chances » figure parmi les objectifs de la mission d’enseignement supérieur, les indicateurs qui lui sont associés (accès à l’enseignement supérieur, évolution de la représentation des origines socioprofessionnelles des étudiants selon les niveaux de formation, taux de réussite des boursiers…) sont largement déconnectés de l’enjeu de la mesure globale des performances des établissements: comme dans le domaine économique et social « en général », la « performance sociale » n’est pas objectivée au même degré que la performance « économique » et elle est en quelque sorte reléguée à un rôle résiduel (elle est, par exemple, significativement inscrite dans le cadre du programme « Vie étudiante » dans le cadre du budget de l’Etat). L'origine sociale d'un individu ou d'un groupe d'individus est un concept sociologique désignant le positionnement de ces derniers au regard de la stratification sociale à leur naissance ou lorsqu'ils apparaissent (http://fr.wikipedia.org/wiki/Origine_sociale). On considère généralement que ce positionnement est un déterminant important de l'évolution future des individus ou groupes considérés car il module la mobilité sociale. Dans la présente étude, on opérationnalise ce concept à travers l’activité professionnelle du père et de la mère de l’étudiant, les niveaux d’éducations des deux parents (mère et père). Conditions d’études Les conditions d’étude sont examinées sous deux dimensions essentiellement : les conditions d’encadrement et les conditions socio-économiques. Les conditions d’encadrement prennent en compte le nombre d’étudiants par classe, le nombre d’étudiants par enseignant tandis que les conditions socio-économiques renvoient au statut de boursier ou non, de bénéficiaire de prêt ou de l’aide et à la restauration. Performance de l’enseignement supérieur 10 La notion de performance est multidimensionnelle et est abordé par plusieurs auteurs sous différentes formes dont la notion de performance organisationnelle dont traite Olivier de La Villarmois (2001). Selon l’auteur, la performance organisationnelle recouvre des concepts aussi divers que l'efficacité, l'efficience, la productivité...chacun de ces termes ayant une acception théorique précise bien que, souvent, des ambiguïtés puissent subsister dans certains exposés. Alors que l'efficacité est un construit ayant une importance centrale, un des problèmes majeurs est le caractère élusif des définitions. Une première explication de cette ambiguïté pourrait être l'ascendance des sciences de gestion. Morin et alii (1994) distinguent quatre dimensions de l performation organisationnelle, à savoir la valeur des ressources humaines (rendement du personnel, développement du personnel, etc.), la légitimité de l’organisation auprès des groupes externes (satisfaction des bailleurs de fonds, satisfaction de la clientèle etc.), l’efficience économique (économie des ressources, productivité), la pérennité de l’organisation (qualité du produit, rentabilité financière, compétivité) Dans la mise en œuvre des projets ou programmes au niveau de l’administration, le terme performance désigne l'atteinte des objectifs de l'administration dans lesdits projets ou programmes. La performance est définie selon trois critères : l'impact ou le résultat final de l'action publique (efficacité) ; l'amélioration du rapport entre les moyens consommés et la réalisation (efficience). « La mesure des performances des universités induit une soumission accrue à des critères d’évaluation « économiques » dans le contexte des politiques néo-libérales et de la domination d’une vision de plus en plus étroite de l’efficacité économique, exportée du secteur marchand2 et qui tend à rapprocher symboliquement structures et pratiques d’une vision normative issue de celui-ci. Certes, la recherche du profit et la maximisation de la « valeur actionnariale » (encore sans signification concrète dans le contexte du « service public ») ne sont pas des objectifs affichés des établissements, même dans le contexte de leur autonomie budgétaire croissante », (Fédéric Lébaron) Pour cette étude, l’on s’intéresse à l’efficacité interne de l’université de Ouagadougou et à l’efficience des dépenses dans l’enseignement supérieur. Hypothèses spécifiques Hypothèse 1 : Les étudiants dont les parents appartiennent à des classes sociales nanties performent moins que ceux appartenant à d’autres classes à l’université de Ouagadougou. Hypothèse 2 : Les étudiantes performent moins que les étudiants à l’université de Ouagadougou notamment dans les filières scientifiques. 1.2.3 Méthodologie d’analyse a) Source de données 2 Sur la domination de critères d’évaluation des « performances » issus du secteur financier, voir 11 Dans la présente étude et vu les objectifs fixés, une enquête quantitative auprès d’un échantillon de quatre cents (400) étudiants a été réalisée afin d’avoir des informations non seulement sur leur origine sociale mais également sur leurs conditions d’études pour examiner les interrelations avec leur performance. La technique d’échantillonnage utilisée est celle de sondage stratifié à deux degrés : au premier degré, les unités de formation et de recherche (UFR) de l’université de Ouagadougou sont regroupées en deux strates : la strate des UFR scientifiques et la strate des UFR littéraires. Dans chaque strate les UFR sont numérotés de 1 à n (n est le nombre d’UFR par strate) et un tirage aléatoire de deux UFR est réalisé. Ceci donne au total 4 UFR échantillon. au deuxième degré, dans les UFR ainsi tirées et disposant de la liste des étudiants de chaque UFR, l’on enquête 100 étudiants par UFR par choix raisonné. Une enquête qualitative a également été réalisée avec des groupes d’étudiants, d’enseignants et de personnes ressources afin de cerner davantage la problématique de la performance de l’enseignement supérieur au Burkina. Avec les enseignants, l’on procède à des entretiens individuels de deux enseignants par UFR. Le tableau 3 illustre les acteurs, les entretiens individuels et focus groups réalisés. Tableau 3 : Répartition des focus groups et entretien individuel réalisés Unités de Formation et de Recherche UFR 1 URF 2 UFR 3 UFR 4 Total Etudiants 1 FG x 2 1 FG x 2 1 FG x 2 1 FG x 2 8 FG Enseignants 1 EI x 2 1 EI x 2 1 EI x 2 1 EI x 2 8 EI b) Méthodes statistiques d’analyse des données Les techniques statistiques d’analyse des données quantitatives sont les analyses univariée, bivariée et multivariée explicative. Les deux premières techniques permettent entre autres de décrire la population estudiantine, d’analyser sa dynamique ainsi que sa performance tandis que la dernière technique permet d’identifier quelques facteurs déterminant la performance dans l’enseignement supérieur en tenant compte de l’origine sociale des étudiants, des conditions d’étude et des caractéristiques démographiques. Les informations qualitatives recueillies auprès des enseignants et des étudiants permettent d’enrichir les résultats quantitatifs concernant la performance de l’enseignement supérieur notamment le cas de l’université de Ouagadougou. 12 Chapitre II- Performance et conditions d’études à l’université de Ouagadougou Dans ce chapitre, nous considérons l’issue en première année et celle en quatrième année. 2.1 L’issue de la première année de 1996 à 2007 L’analyse des résultats académiques des étudiants de première année de l’université de Ouagadougou révèle que plus de la moitié des étudiants n’entrent pas en deuxième année. En effet, seulement 40 à 50 % des étudiants de la première année réussissent leur année académique (figure 3). Les étudiants rencontrés lors des entretiens expliquent ces résultats par la détérioration des infrastructures et de matériels d’étude. En effet, les étudiants trouvent que les infrastructures sont dépassées, très réduites et inadaptées. Pour eux à l’université de Ouagadougou il n’existe plus d’équipements, comme les microphones, pas de toit, l’eau coule dans la salle de classe en cas de pluie. Au niveau du matériel, ils sont d’avis que le manque est le même chez les étudiants comme chez les enseignants. Ils affirment qu’il n’y a même pas assez de chaises pour les enseignants pendant les cours. C’est l’exemple de certains amphithéâtres où plus du tiers des chaises sont cassées ce qui diminue la capacité d’accueil de l’amphithéâtre. Pour eux, les amphithéâtres nouvellement construits sont de très mauvaises qualités. Après deux ans d’utilisation, ces bâtiments sont déjà délabrés. Certains cours sont supprimés car les microphones ne fonctionnent pas. Pour les étudiants de pharmacie par exemple, certains travaux pratiques sont supprimés par manque de réactifs et de matériel au laboratoire. Au cours de leurs stages à l’hôpital, ils constatent également le manque de gants et l’étudiant doit les acheter des gants de ses propres moyens. La prise en compte des questions de changement de filière montre que très peu d’étudiants changent de filière (moins de 4 %) à l’issue de la première année et les interruptions de scolarité sont davantage rares à ce niveau (moins de 1 %) et semblent en outre diminuer au cours du temps (il n’y en a plus en 2004-05). La figure 3 laisse entrevoir une certaine amélioration pédagogique jusqu’au début des années 2000, avec notamment une augmentation des promotions et une réduction des abandons ; puis une détérioration à partir de l’année 2003-04 qui se poursuit jusqu’à l’année 2007-08. Retenons que pour l’année 2007-08, près d’un tiers des étudiants (31,6 %) redoublent sa première année et plus d’un quart (26,8 %) abandonnent dès ce niveau. Pour cette dernière année universitaire 2007-08, la prise en compte de la filière académique suivie montre une grande diversité des situations : les taux de promotion (passage en deuxième année) varient ainsi de 16,3 % en Maths physique et informatique à 73,2 % en médecine ; les taux de redoublement de 0,0% en Art et communication, dans le programme DEDA et dans les filières de l’IBAM, à 48,2 % en SVT ; les changements de filières de 0,0 % en allemand, à 3,3 % dans la filière secrétariat ; et les taux d’abandon de 8,7 % en médecine à 69,4 % en Art et communication (Kobiané et al, 2010). 13 Graphique 3: Issue de la première année universitaire, des promotions de 1996-97 à 2007-08 Promotion Redoublement Changement filière Abandon/sortie Promotion avec interruption Redoublement avec interruption Changement filière avec interruption 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 Source : Kobiané et al, 2010, analyse et valorisation des statistiques universitaires Les résultats universitaires de l’année 2009-2010 montrent qu’en moyenne, 27,5 % des étudiants obtiennent leur diplôme de fin d’année (Tableau 4). Les garçons réussissent mieux que les filles car 30,0 % d’entre eux obtiennent leur diplôme contre 21,0 % chez les filles. Ces scores sont faibles et le sont davantage pour les étudiants de quatrième année où moins de 7 % obtiennent leur diplôme et seulement 3,8 % des filles obtiennent leur diplôme. Cependant, ces résultats se contrastent avec le point de vue des acteurs rencontrés sur le terrain. Pour eux il n’y a pas de différence majeure entre les filles et les garçons car les conditions d’accès et surtout de réussite sont les mêmes pour les deux sexes. 14 Tableau 4 : Sortants de l’année académique 2009-2010 Niveau d'étude 1 2 3 4 Total Effectif des étudiants Effectif des sortants Proportion (%) Fille Garçon Total Fille Garçon Total Fille Garçon Total 2192 5154 7346 472 1630 2102 21,5 31,6 28,6 1302 3512 4814 358 1306 1664 27,5 37,2 34,6 1091 3121 4212 244 1000 1244 22,4 32,0 29,5 637 1796 2433 24 145 169 3,8 8,1 6,9 5222 13583 18805 1098 4081 5179 21,0 30,0 27,5 Sources de données : DEP/MESS, annuaires statistiques 2009-2010, 2010-2011 et calcul des auteurs 2.2 L’évolution des issues des quatrièmes années (filières de quatrième année) Un regard sur l’évolution globale au cours du temps des trois premières années confirme la légère amélioration, observée pour la seule première année, dans les années 2000 comparées à la situation prévalant avant 1999 : des taux de promotion un peu plus élevés et en revanche des taux de redoublement et d’abandon légèrement plus faibles (Kobiané et al., 2010). Mais dans le même temps, on observe une dégradation de la situation depuis le début des années 2000, surtout pour les deuxièmes et troisièmes années, avec une baisse quasi continue des taux de promotions. D’un niveau à l’autre, on note un accroissement des promotions, et parallèlement une diminution des redoublements et des abandons ; mais même en troisième année, le taux de promotion ne dépasse jamais 70 %. On note en fin de cette troisième année un léger accroissement des changements de filière par rapport à la deuxième année. 15 Graphique 43: Issue pédagogique selon l’année universitaire, par niveau (de la première à la quatrième année), pour les filières de niveau maîtrise ou moins abandon/sortie changement filière redoublement promotion abandon/sortie 100% 100% 80% 80% 60% 60% 40% 40% 20% 20% 0% changement filière redoublement promotion 0% 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 1èreannée abandon/sortie 2emeannée changement filière redoublement promotion abandon/sortie 100% 100% 80% 80% 60% 60% 40% 40% 20% 20% 0% changement filière redoublement promotion 0% 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 3emeannée 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 4emeannée Source : Kobiané et al, 2010, analyse et valorisation des statistiques universitaires 3 Kobiané et al., 2010, valorisation des statistiques universitaires 16 L’interprétation du graphique relatif à la quatrième année, celle de la maîtrise, est délicate puisque l’on ignore pour la plupart des étudiants si la non poursuite des études (sauf pour ceux déclarés promus, car poursuivant en 3ème cycle, qui représentent environ 5 %) s’accompagne de l’obtention du diplôme. L’évolution depuis le début des années 2000 révèle une diminution des passages en 3ème cycle au sein de l’université de Ouagadougou (mais qui peut s’accompagner par des poursuites ailleurs, y compris à l’étranger). Le calcul du nombre d’années de maîtrise effectué par les étudiants de la promotion 2000-01 ayant atteint la quatrième année montre, neuf ans plus tard (soit en 2008-09), que pour l’ensemble des filières de niveau maîtrise un peu plus de la moitié (54 %) n’ont fait qu’une seule quatrième année, 29 % en ont fait deux et 12 % trois, et donc 5 % de quatre à six. La situation varie sensiblement selon les filières (figure 5). C’est en économie que les étudiants enregistrent de meilleurs résultats (94 % n’ont fait qu’une seule année de maîtrise), et dans les filières dites scientifiques (CBBG, biologie, maths, etc.). En sciences sociales et humaines, en revanche, les étudiants mettent assurément plus de temps pour obtenir leur maîtrise. C’est particulièrement le cas en sociologie où 41 % des sortants ont dû faire au moins trois années de maîtrise, et encore 15 % au moins quatre. Une situation qui pose assurément la question des modalités et des conditions de réalisation puis de soutenance du mémoire qui est exigé. 17 Graphique 54 : Nombre d’années de maîtrise effectuées par les étudiants de la promotion 200001 ayant atteint la quatrième année, selon la filière académique (observation en 2008-09) cbbg-sc. biol-géol maths-phys-chimie-infor économie droit philosophie sociologie histoire & archéologie anglais lettres modernes 0% 20% 1 40% 2 3 60% 4 80% 5 100% 6 Source : Kobiané et al, 2010, analyse et valorisation des statistiques universitaires 2.3 L’issue de la première année selon le statut économique Selon le rapport de Kobiané et al. (2010), ce sont les boursiers qui réussissent mieux à l’issue de la première année universitaire que les autres statuts (Non Boursier et travailleur) en matière de réussite dans toutes les promotions (graphique 6). Les abandons en première universitaire sont plus prononcés chez les étudiants travailleurs que les autres catégories dans toutes les promotions sauf celle de 2004. Ces résultats corroborent avec le point de vue de certains acteurs rencontrés car pour eux l’étudiant boursier a plus de conditions pour réussir comparé à l’étudiant non boursier. Pour d’autres acteurs par contre la réussite est personnelle et que même si la bourse permet d’avoir de meilleures conditions elle n’est pas synonyme de réussite. 4 Kobiané et al., 2010, valorisation des statistiques universitaires 18 Graphique 6: Issue de la première année selon le statut économique Abandon/sortie Changement filière Redoublement Promotion 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur non boursier boursier Travailleur 0% 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Source : Kobiané et al, 2010, analyse et valorisation des statistiques universitaires 2.4- Conditions d’études et efficacité interne à l’université de Ouagadougou 2.4.1 Evaluation de l’offre En ce qui concerne leur appréciation pour ce qui est de la capacité d’accueil, certains étudiants trouvent que les structures sont dépassées, très réduite et inadaptées. D’autres pensent que le manque de place implique des doubles flux. Enfin ils sont tous unanimes qu’il n’existe pas une politique d’anticipation sur l’effectif des étudiants, donc rien ne change chaque année. Ils pointent du doigt qu’avec le Plan Décennal de Développement de Education de Base (PDDEB), il y a eu beaucoup de classe primaire dans les villes et villages mais cette bonne politique n’est pas réalisée à l’université; ce qui fait qu’il y a une concentration des étudiants à tous les niveaux. Pour ce qui est de l’équipement, les étudiants pensent qu’à l’université de Ouagadougou il n’existe plus d’équipements, comme les microphones, pas de toit, l’eau coule dans la salle de classe en cas de pluie. Au niveau du matériel, ils sont d’avis que le manque est le même chez les étudiants comme chez les enseignants. Ils affirment qu’il n’y a même pas assez de chaises pour les enseignants 19 2007 pendant les cours. C’est l’exemple de certains amphithéâtres où plus du tiers des chaises sont cassées ce qui diminue la capacité d’accueil de l’amphithéâtre. Pour eux, les amphithéâtres nouvellement construits sont de très mauvaises qualités. Après deux ans d’utilisation, ces bâtiments sont déjà délabrés. Certains cours sont supprimés car les microphones ne fonctionnent pas. Pour les étudiants de pharmacie, certains travaux pratiques sont supprimés par manque de réactifs et de matériel au laboratoire. Au cours de leurs stages à l’hôpital, ils constatent également le manque de gants et l’étudiant doit les acheter des gants de ses propres moyens. Ils pensent qu’il n’y a vraiment pas un suivi du matériel acquis par l’université ce qui fait que ce matériel se détériore assez rapidement. Selon les étudiants, en ce qui concerne l’offre de service à l’université, l’enseignement est bâclé avec un manque de pédagogie des enseignants. Les horaires pour certains cours sont réduits, c’est l’exemple du cours de pharmaco qui est réduis à 15h au lieu de 20h. Ils font remarquer que chaque professeur est autonome et dispose d’une certaine liberté dans la façon de donner le cours. Ils suggèrent à ce niveau l’existence des inspecteurs du supérieur. De même, au lieu que l’enseignant dispense son cours en fonction de son humeur, ils souhaitent qu’il ait une collaboration parfaite entre enseignants et étudiants. Ils pensent que pour évaluer la qualité de l’enseignement, il faut voir les résultats académiques des étudiants. Ils affirment que certains professeurs prennent plaisir à attribuer des zéros aux étudiants. Enfin pour les étudiants, ils sont tous unanimes qu’il y a un manque d’encadrement et de supervision des enseignements, ce qui fait que les professeurs en font comme ils veulent et dispensent les cours selon leur gré. Pour eux certains professeurs attribuent des notes arbitraires et cela mérite des sanctions. Pour la question des ressources humaines, ils pensent que le personnel enseignant est vieillissant surtout que certains ne peuvent même plus dispensés normalement leur cours. Ils trouvent que cela est due au fait qu’il n’y aucune politique de valorisation de l’enseignement supérieur. Ils affirment que la pyramide est renversée au niveau des enseignants car les personnes âgées sont les plus nombreux et les jeunes sont rares. Et comme solution ils pensent qu’il faut imposer la formation de la relève aux enseignants. Selon eux le manque d’enseignants est dû à une insouciance des autorités car la formation des enseignants relevant des enseignants, ils vont pour affirmer qu’il existe une certaine complaisance à ce niveau. Le fait que l’attribution des titres soit soumise à avis des supérieurs, cela tire pour origine des complaisances de certains supérieurs qui en abusent. A ce titre les étudiants demandent la mise en place d’un système pour la promotion de l’excellence et non la complaisance. 20 Des étudiants de médecine pensent qu’il n’y a pas de formation pour enseigner à l’université d’où l’existence de tous les désordres. Ils demandent d’instaurer la formation des enseignants. Pour eux l’enseignement ne doit pas s’arrêter à la classe. Il doit y avoir une certaine relation entre l’enseignement et l’étudiant même après le cours, ce qui n’est pas le cas à l’université de Ouagadougou. De ce fait, ils pensent qu’il existe un grand fossé entre étudiants et enseignants. Il n’y a pas de relation directe entre ces deux entités. Pour terminer ils demandent encore l’instauration des inspecteurs de l’enseignement supérieur, car rares sont les enseignants qui finissent les programmes et il faut à ce niveau une commission qui va prendre des sanctions. A la bibliothèque de la faculté de médecine, les documents sont vieux et dépassé. Mise à part les thèses, il n’ya pratiquement pas d’entrée de nouveau documents. Selon eux le fait que la médecine est une science évolutive, les documents doivent aussi évoluer. Pour finir chaque étudiant est obligé de faire recours à l’auto formation, chose très grave car ils pensent qu’à ce niveau c’est la vie de la population qui est en danger. Pour certains l’accessibilité n’est pas un problème car personne ne s’intéresse aux vieux documents. Il existe plutôt un problème de qualité et de renouvellement. Ils pensent que même si la quantité n’y est pas, il faut qu’il y ait des documents utiles. D’autres pensent que le problème de la documentation est lié aux enseignants, car les professeurs eux-mêmes sont en déphasage. Ils sont tous unanimes qu’il y a une faible augmentation du taux de la bourse de ce fait qu’il faut réadapter le taux de la bourse. 2.4.2 Focus sur les bourses d’étude Pour ce qui est des critères d’octroi de la bourse, bon nombre pensent que les critères sont très injustes. Ils pensent que les élèves n’ont pas les mêmes chances et qu’il faudrait établir des quotas par région administrative. Selon eux, les étudiants des provinces ont moins de chances que ceux de Ouagadougou qui ont la documentation. Certains affirment que les règles d’octroi de la bourse ne sont pas respectées car il existe des gens qui n’ont pas la moyenne requise mais qui obtiennent la bourse tandis que d’autres ont de bonnes moyennes mais n’ont pas la bourse. 2.4.3 Focus sur le FONER et l’aide octroyés aux étudiants Selon eux, l’aide octroyée aux étudiants est dérisoire. Mais pour ce qui concerne le prêt, un étudiant de médecine en fin de cycle se retrouve avec un million de francs de prêt et ils estiment que cela constitue un mauvais départ pour le jeune fonctionnaire. Les étudiants ne perçoivent pas l’idée de prêt les concernant encore moins des taux d’intérêt appliqués à ces prêts. Avec le FONER, ils pensent qu’il y a un effort de la part de l’état mais déplorent le retard pour le payement du FONER chaque année. Ils disent qu’à ce niveau deux volets s’imposent. Pour l’aide, les conditions sont abordables; seulement les conditions pour le maintenir restent peu difficiles contrairement en médecine et pharmacie ou les conditions sont un peu flexibles. Pour le nombre des bénéficiaires du FONER, ils pensent qu’il y’a une augmentation au cours des années. Pour le prêt, à part celui qui est atteint par la limite d’âge chaque étudiant bénéficie de cela. 21 2.4.4 Œuvres universitaires (restaurant, infirmerie, loisir)? Ils pensent tous qu’il n’existe pas d’œuvre universitaire au Burkina Faso. Pour la restauration seuls ceux qui n’ont pas le choix y mange, en plus les horaires des cours coïncident avec l’heure du restaurant. Il n’existe pas spécialement de transport en commun pour les étudiants, de même il n’y a pas de cité au sein du campus. Le centre de santé n’est pas adapté au besoin du campus. Le fait que le prix d’un plat au restaurant soit fixé à 600, constitue une fraude car la qualité est moindre par rapport à ce prix versé par l’état. Comparé aux années antérieures la qualité et la quantité sont en baisse. 2.4.5 Origines sociales et performance des étudiants au Burkina Faso Pour ce qui est des résultats, les étudiants pensent qu’il y a beaucoup d’abandons liés aux mauvaises conditions d’études. Les modules sont trop concentrés avec des évaluations trop rapprochés. Selon eux, les renvois sont dus au fait que le programme est ambigüe. Ils pensent que l’enseignement est médiocre. En ce qui concerne les devoirs et examens, ils affirment que le système d’évaluation est fait de sorte à éliminer le maximum d’étudiants et que le temps d’études est restreint même si une amélioration est constatée au niveau de la programmation des évaluations. Pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement, les étudiants pensent qu’il faut mettre en place un système de contrôle, motiver les enseignants qui sont bons et sanctionner les mauvais. Ils demandent à ce que le gouvernement refonde le système universitaire avec une cellule de suiviévaluation et désengorgé le nombre pléthorique des étudiants à l’université de Ouagadougou. Pour les étudiants en médecine, le fait que leurs études ont un volet théorique et pratique, Ils souhaitent qu’on mette l’accent sur une bonne prestation de ceux chargés de la formation pratique surtout au niveau de l’hôpital. P1 : « Il faut prendre la formation des étudiants avec un réel sérieux. Pour cela il faut des assises nationales sur l’enseignement supérieurs » Pour l’amélioration de l’acquisition des connaissances chez les étudiants, ils pensent qu’il faut un équilibre entre la formation théorique et la pratique pour qu’à la fin de la formation, les étudiants soient beaucoup performants. Il faut éviter de donner des formations incomplètes et mettre à leur disposition des encadreurs de qualité afin de réduire la baisse du niveau des étudiants à l’université de Ouagadougou. Pour certains, l’étudiant boursier a plus de conditions pour réussir comparé à l’étudiant non boursier et d’autres trouvent que la réussite est personnelle et que même si la bourse permet d’avoir de meilleures conditions elle n’est pas synonyme de réussite. La majorité des étudiants pensent que les étudiants issus de la classe sociale moins aisée réussissent plus car ils n’ont pas le choix. Une partie pense que les étudiants très démunis, ne peuvent pas réussir vu leur précarité et trouve que ceux de classe moyenne ont plus de chance. Ils concluent tous pour dire que la réussite dépend de l’engagement de tout un chacun. 22 2.4.6 Analyse comparée de la performance interne selon le genre Sur la question de l’accès à l’enseignement, les étudiants pensent que le fait que toutes les conditions sont déjà définies au préalable, l’accès est ouvert. Ils avouent que l’accès est relativement plus facile par rapport à d’autres pays. La seule condition est d’avoir le BAC. Mais pour le cas de la médicine il faut avoir le BAC et la mention. Pour ce qui est de la comparaison entre les filles et les garçons, ils pensent qu’il n’y a pas de différence majeure car les conditions d’accès sont les mêmes pour les deux sexes. 23 Conclusion Cette recherche a pour objectif général de l’étude est de contribuer à une meilleure connaissance sur la production et la réussite des étudiants et trouver des éléments permettant d’améliorer cette réussite. Les résultats indiquent que les effectifs des étudiants ne font que croître d’année en année. Par ailleurs l’analyse des résultats académiques des étudiants de première année de l’université de Ouagadougou révèle que plus de la moitié des étudiants n’entrent pas en deuxième année. En effet, seulement à 40 à 50 % des étudiants de la première année réussissent leur année académique. Parallèlement, on relève en ce qui concerne leur appréciation pour ce qui est de la capacité d’accueil, certains trouvent que les structures sont dépassées, très réduite et inadaptées. D’autres pensent que le manque de place implique des doubles flux. Enfin ils sont tous unanimes qu’il n’existe pas une politique d’anticipation sur l’effectif des étudiants Face à cette situation, des réformes sont nécessaires au niveau de l’enseignement supérieur afin d’améliorer la performance des étudiants et adapter les enseignements aux réalités actuelles. Pour ce faire, il importe d’organiser des assises nationales sur l’enseignement supérieur afin de trouver les solutions qui s’imposent. 24 Références bibliographiques OMER, Massoumou(2004), Les freins à l’enseignement supérieur en République du Congo. IN: AFEC, FASAF, GRETAF, IRD, UERD, UNIVERSITE FRIBURGENESS. Le droit à l’éducation : quelle effectivité au sud et au nord? Ouagadougou : Uerd, 2004,14p. Bethuel Makossa (2006), la crise de l’enseignement supérieur en Afrique francophone : une analyse pour les cas du Burkina Faso, du Cameroun, du Congo et de la Côte d’Ivoire, JHE/RESA vol.4, N01, 69-86 Borel Foko, Mathieu Brossard (2006), Coûts et financement de l’enseignement supérieur dans les pays d’Afrique francophone, 12p. Kobiané, Jean-François, Marc Pilon, Ram Christophe Sawadogo, Dramane Boly (2010), Rapport du projet de recherche, Analyse et valorisation des statistiques universitaires, 144p. Frédéric Lébaron, Comment mesurer les « performances » des universités ? Quelques réflexions sur la mise en place d’indicateurs à l’université de Picardie-Jules Verne, 17p. Lila Chilou (2009), Le néolibéralisme dans l’enseignement supérieur burkinabé, revue savoir agir, vol n010, 119-127p. Olivier de La Villarmois (2001), le concept de performance et sa mesure : un état de l'art, 24p. Zagré Pascal (2007), «Regard sur l’enseignement supérieur au Burkina Faso», 205p 25 ENQUÊTE SUR L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR AU BURKINA FASO : CAS DE L’UNIVERSITÉ DE OUAGADOUGOU Annexe : Outils de collecte A- CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DES ETUDIANTS Q01-Nom et prénom de l’enquêté Q02-sexe : 1. Masculin 2. Féminin Q03- Date de naissance : /__/__/ /__/ /__/__/ /__/__/__/__/ Q04- Age : /___/ __/ Q05- Lieu de naissance : 1.Burkina Faso 2.Côte d’Ivoire 3.Autre /__/ Q06- Etat matrimonial : 1.Célibataire 2.Marié 3.Union libre 4.Divorcé/séparé 5. Veuf/veuve /__/ B- CARACTERISTIQUES SCOLAIRES ET UNIVERSITAIRES Q20- Série du BAC : 1.A4 2. B 3.C /__/ 4.D 5.E 6.F 7.G1 8. G2 8. H 9.Autres (à préciser) Q21-Mention obtenue au BAC : 1.Passable 2. Assez bien 3.Bien 4. Très bien /___/ Q22- Année d’obtention du BAC : /___/___/___/___/ 26 Q 23- Lieu d’obtention du BAC : 01.Dédougou 02. Banfora 03.Ouagadougou 04.Tenkodogo 05.Kaya 06.Koudougou 07.Manga 08.Fada 09.Bobo Dioulasso 10.Ziniaré 11.Ouahigouya 12. Dori 13. Gaoua 14. Côte d’Ivoire 15. Autre /__/__/ 27 C- Parcours scolaires et universitaires Année 2010/1 1 2009/1 0 2008/0 9 2007/0 8 2006/0 7 2005/0 6 2004/0 5 2003/0 4 2002/0 3 2001/0 2 /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ Q25-Secteur de résidence 1. Ouagadougou (hors cité) 2. Cité Q.26-Statut résidence de 1. Hébergé 2. Locataire 3. Colocataire Q27-Statut d’hébergement: 1. Père uniquement 2. Mère uniquement 3. Deux parents 4. camarade (colocation) 5. Tuteur 6. cité 7. Seul 8. Autres préciser) (à Q28-Etat matrimonial : 1. célibataire 2. marié 3. union libre 4. divorcé/séparé 5. veuf/veuve 28 Année 2010/1 1 2009/1 0 2008/0 9 2007/0 8 2006/0 7 2005/0 6 2004/0 5 2003/0 4 2002/0 3 2001/0 2 /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ Q29- Survie du père : 1. Oui 2. Non Q30- Survie de la mère : 1. Oui 2. Non Q31-Profession du père : 1. Agriculteur/élev eur 2. Commerçant 3. Travailleur public/travailleu Q32-Profession de la mère: 1. Ménagère 2. Commerçante 3. Travailleur public/travailleu r privé Q33-Etat matrimonial du père : 1. Célibataire 2. Marié 3. Union libre 4. Divorcé/séparé 5. Veuf/veuve Q34-Etat matrimonial de la mère : 29 Année 2010/1 1 2009/1 0 2008/0 9 2007/0 8 2006/0 7 2005/0 6 2004/0 5 2003/0 4 2002/0 3 2001/0 2 /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____ _____ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ 1. Célibataire 2. Marié 3. Union libre 4. Divorcé/séparé 5. Veuf/veuve Q35Statut financier : 1. Boursier 2. Aide 3. Prêt FONER 4. Aucun Q36Etablissement fréquenté: 1. SEA 2. SVT 3. SDS 4. LAC 5.SH 6. SJP 7. SEG 8. IBAM Q37-Filière formation : de Q38-Niveau d’étude : 1.1ère Année 2.2ème Année 3.3ème Année 4.4ème Année 30 Année 2010/1 1 2009/1 0 2008/0 9 2007/0 8 2006/0 7 2005/0 6 2004/0 5 2003/0 4 2002/0 3 2001/0 2 /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ /__/ Q39-Résultat de fin d’année : 1. Admis 2. Ajourné 31 Enquête d’opinion sur la performance de l’enseignement supérieur au Burkina Faso : le cas de l’université de Ouagadougou Guides d’Entretiens de groupes (Étudiants) INSTRUCTIONS POUR LES ENQUETEURS(TRICES) Bonjour Madame/Monsieur. Je m’appelle ………………………………………………… et je travaille dans le cadre de la réalisation d’une étude sur la performance de l’enseignement supérieur au Burkina en l’occurrence celle de l’université de Ouagadougou. Je relève de …………………... L’objectif de l’entretien est de recueillir vos points de vue sur les conditions d’études des étudiants mais également sur leur performance au cours des dix dernières années. J’aimerais vous rassurer que les informations que vous donnerez dans le cadre de cet entretien ne seront pas divulguées et resteront strictement confidentielles. PERSONNES A ENQUETER Les questions ci-dessous doivent être posées au cours de l’entretien avec le groupe d’étudiants. Identification du groupe Avant de commencer je vous laisse la parole pour vous présenter à tour de rôle. Homme Femme Date : Lieu : Heure début : heure fin : 32 THÈMES DE DISCUSSION I. ACCÈS A L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET CONDITIONS D’ETUDE I.1 Accès et conditions d’encadrement 1) Comment appréciez-vous l’accès à l’enseignement supérieur au Burkina notamment celui de l’université de Ouagadougou? 2) Comment comparez-vous l’accès à l’enseignement supérieur des filles et des garçons? 3) Quelle est votre appréciation des actions menées pour réduire les inégalités de genre? 4) Selon vous, quelles actions prioritaires faudrait-il entreprendre pour éliminer les inégalités entre garçons et filles? 5) Quelles est votre appréciation de l’évolution de l’offre au niveau de l’université de Ouagadougou (capacité d’accueil de l’université)? 6) Comment appréciez-vous la situation de l’équipement immobilier amphithéâtres (tables bancs, tableaux, armoires, chaises bureaux, etc.)? 7) Quelle est votre appréciation de l’offre de service pour l’enseignement supérieur au Burkina (université de Ouagadougou)? 8) Quelle est votre appréciation de l’offre en matériel didactique de l’université? 9) Comment appréciez-vous les ressources en personnel d’encadrement de l’université de Ouagadougou? 10) Quelle est votre appréciation de l’encadrement pédagogique des enseignants de l’université de Ouagadougou? I.2 Conditions socio-économiques des étudiants 11) Comment appréciez-vous l’évolution du nombre de boursiers à l’université de Ouagadougou au cours des 10 dernières années? 12) Quelle est votre appréciation des critères d’obtention de la bourse ? 13) Que pensez-vous du FONER et de l’aide octroyés aux étudiants? 14) Comment appréciez-vous l’évolution du nombre d’étudiants bénéficiant du FONER ou de l’aide au cours des 10 dernières années? 15) Que pensez-vous des œuvres universitaires (restaurant, infirmerie, loisir)? 33 II PERFORMANCE 16) Quelle est votre appréciation des résultats universitaires (réussite, redoublement, abandon) et de leur évolution depuis ces 10 dernières années? 17) Quelle est votre appréciation des acquis au niveau de l’université de Ouagadougou au cours des 10 dernières années? 18) Comment appréciez-vous le dispositif d’évaluation des étudiants (devoirs, examens)? 19) Selon vous, que peut-on faire pour améliorer la qualité de l’enseignement à l’université de Ouagadougou? 20) Selon vous, que peut-on faire pour améliorer l’acquisition des connaissances chez les étudiants de l’université de Ouagadougou? 21) Pensez-vous que les étudiants boursiers réussissent mieux à l’université que les non boursiers? 22) Pensez-vous que les étudiants issus de classes sociales aisées réussissent mieux que ceux des classes moins aisées? 34