Livrel Via Veritas - Questions bibliques, logiques et scientifiques

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Livrel Via Veritas - Questions bibliques, logiques et scientifiques
LIVREL COLLABORATIF – 2010
ANTHOLOGIE TIREE DES PAGES DU SITE VIA VERITAS (2005-2009)
Via Veritas
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Comme le site originel, ce livrel est placé sous la licence Creative Commons
Attribution-Noncommercial-No Derivative Works 2.0 France License
Glossaire
Suivent quelques conventions et expressions utiles pour comprendre ce livrel (francisation du mot
anglais e-book).
Pour ceux qui sont au fait des Témoins de Jéhovah, ces termes sont familiers, usuels, ancrés, pour
ne pas dire consubstantiels. Pour les autres, ces quelques lignes leur éclaireront la route et les
propos.
Témoin de Jéhovah, c’est long. Alors vous trouverez souvent l’abréviation TJ ou parfois TJs pour le
pluriel.
Ce site utilise la Traduction du Monde Nouveau (TMN en français ou NWT en anglais, traduction
de la Bible apparue dans les années 60 et instrument principal des Témoins de Jéhovah) comme
version de référence, c’est elle qui sera citée par défaut. Toute autre traduction sera citée
nommément.
La Watchtower, quelque fois abrégée en WT dans cet ouvrage, désigne la Watchtower Bible and
Tract Society (WBTS) principal instrument juridique utilisé aux Etats Unis par les Témoins de
Jéhovah. Pendant des années, la Watchtower a été plus qu’une simple association, elle s’est
confondue intimement avec le noyau enseignant. Celui-ci s’appelle Collège Central en français, et
Governing Body (corps gouvernant) en anglais qui a le mérite de rendre pleinement l’autorité que
les Témoins de Jéhovah lui reconnaissent.
La Tour de Garde (annonce le Royaume de Jéhovah) est la publication maîtresse des Témoins de
Jéhovah. Cette publication bi-mensuelle donne la ligne officielle du mouvement. Elle est souvent
citée sous la forme abrégée WT ou même W suivie de l’année de référence.
Une publication complémentaire, moins doctrinale, et devenue depuis janvier 2006 mensuelle est le
Réveillez-Vous (Awake pour les anglophones).
Le jéhovisme désigne de manière générale la doctrine des Témoins de Jéhovah.
La Vérité, c'est le fondement du jéhovisme, sa justification, son ultime prétention. Nous établirons
que le fondement du jéhovisme est le mensonge organisé et institutionnalisé.
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DESIRER LA VERITE
Au commencement était le doute, mais la vérité dérange.
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VIA VERITAS
Par Lucretius
Via Veritas, Chemin et Vérité
Via Veritas, la Voie de la Vérité, comme c'est présomptueux et illusoire1 !
Présomptueux, car la vérité n’appartient à personne et nous ne pouvons faire que la circonscrire et
l’approcher avec la plus grande humilité.
Doit-on pour autant se taire lorsqu’une propagande persistante et conquérante s’autoproclame
effrontément la vérité sans en donner les preuves, mais en faisant fi de la réalité ?
Illusoire, car la vérité qu’elle soit historique ou scientifique ne sera jamais absolue.
Doit-on pour autant s’interdire de parler, de transmettre des connaissances nécessaires à la
réflexion, et de lutter contre la pensée fondamentaliste qui sclérose le jugement ?
Les contributeurs de ce livrel, dont les matières furent celles d'un site éponyme qui se fit largement
connaître durant quelques années (2005-2009), ne le pensent pas et restent pleinement conscients
des limites de ce témoignage. Ces pages ne reprennent d'ailleurs que certaines pages marquantes et
choisies de la collection de quelques quatre cents articles qui furent publiés.
Aussi ne voyez pas dans cet ouvrage autre chose qu’une invitation à l’exercice salutaire de l’esprit
critique qui est le fondement de toute pensée vraiment libre.
Via Veritas, comme existaient au temps de Rome la Via Appia, la Via Augusta ou encore la Via
Domitia qui irriguaient l’Europe du Sud , des voies établies par le génie romain et pour assurer la
communication dans l’empire. Ces voies étaient appareillées de dalles de pierre bien ajustées.
Combien a-t-il été nécessaire de temps et d’ouvriers à leur élaboration ?
Voie romaine à Vienne (Isère - 38)
De même ce modeste ouvrage prétend contribuer à baliser une route qui mène du fondamentalisme
1 Les mauvais esprits remarqueront que d’autres sont allés encore plus loin : egos sum via veritas et vita - je suis le chemin, la vérité
et la vie. - Jean 14:6
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chrétien le plus obstiné, le jéhovisme2, à l’humanisme, voire à la revendication de liberté la plus
forte qui soit, l’athéisme.
Beaucoup se sont déjà exprimés sur des portions de ce parcours, beaucoup ont tenu des
raisonnements remarquables, beaucoup ont porté à la connaissance de nos contemporains des
ressources instructives et ont, de fait, contribué à notre réflexion personnelle.
Ami lecteur ou amie lectrice, si au gré de vos recherches vous lisez ce livrel, nous formons le vœu
que ces quelques pages vous soient utiles, vous interpellent ou prolongent votre pensée.
La première question qui vient à l'esprit n'est-elle pas : qu'est-ce que la vérité ?
Qu’est-ce que la vérité ?
Par Lucretius
"Pilate lui dit : "Qu’est-ce que la vérité ?" (Jean 18:38)
Selon le Petit Larousse (2005), c’est : "latin veritas - 1. caractère de ce qui est vrai ; adéquation
entre la réalité et l’homme qui le pense ; 2. Idée, proposition qui emporte l’assentiment général ou
qui s’accorde avec le sentiment que quelqu’un a de la réalité ; 3. Connaissance ou expression
d’une connaissance conforme à la réalité, aux faits tels qu’ils se sont déroulés ; 4. Bonne foi,
sincérité ; 5. Expression artistique fidèle à la nature.
Chercher la vérité, c’est donc confronter ses pensées aux faits et à la réalité, la vérité n’est pas un
fantasme (Petit Robert = toute production de l’imagination par laquelle le moi cherche à échapper à
l’emprise de la réalité).
Nombre d’auteurs se sont exprimés sur la vérité à travers les siècles, voici quelques citations
choisies et un petit voyage à travers le temps...
~
"La complaisance aveugle engendre des amis ; la franche vérité nous fait des ennemis." [Térence,
Publius Terentius Afer] (-190, -159)
~
"En doutant on atteint la vérité." [Cicéron, Marcus Tullius Cicero] (-106, -43) - citation clé du logo
du site et du livrel.
~
"Nous parvenons quelquefois, en poursuivant nos recherches, à trouver la vérité là où nous nous y
attendions le moins." [Quintilien] (30-100)
~
"Si nous résolvons les problèmes de la foi par seule voie d’autorité, nous posséderons certes la
vérité mais dans une tête vide !" [Saint Thomas d’Aquin] (1225-1274)
~
2 Doctrine des Témoins de Jéhovah
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"On peut voir trois principaux objets dans l’étude de la vérité : l’un, de la découvrir, quand on la
cherche, de la démontrer, quand on la possède, le dernier, de la discerner d’avec le faux quand on
l’examine." [Blaise Pascal] (1623-1662)
~
"Pour mettre la raison sur la voie de la vérité, il faut commencer par la tromper ; les ténèbres ont
nécessairement précédé la lumière." [Casanova, Giacomo Girolamo] (1725-1798)
~
"La vérité est une ligne tracée entre les erreurs." [Franz Anton Mesmer] (1734-1815)
~
"Les amis de la vérité sont ceux qui la cherchent et non ceux qui se vantent de l’avoir trouvée."
[Condorcet] (1743-1794)
~
"L’homme qui ne craint pas la vérité n’a rien à craindre du mensonge." [Thomas Jefferson] (17431826)
~
"La vérité n’est pas faite pour consoler comme une tartine de confitures qu’on donne aux enfants
qui pleurent. Il faut la rechercher, voilà tout, et écarter de soi ce qui n’est pas elle." [Gustave
Flaubert] (1821-1880)
~
"La science ouvre à l’esprit humain une voie infinie, et le lance, par une série d’étapes sans
nombre, sur l’Asymptote de la Vérité." [Paul Bert] (1833-1886)
~
"Une société n’est forte que lorsqu’elle met la vérité sous la grande lumière du soleil." [Emile
Zola] (1840-1902)
~
"Ce que nous dénommons vérité n’est qu’une élimination d’erreurs." [Georges Clémenceau]
(1841-1929)
~
"La vérité vit à crédit. Nos pensées et nos croyances passent comme monnaie ayant cours tant que
rien ne les fait refuser, exactement comme les billets de banque, tant que personne ne les refuse."
[William James] (1842-1910)
~
"Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire." [Jean Jaurès] (1859-1914)
~
"Toute vérité est une route tracée à travers la réalité." [Henri Bergson] (1859-1941)
~
"La vérité vaut bien qu’on passe quelques années sans la trouver." [Jules Renard] (1864-1910)
~
"Par sa nature même, la vérité porte l’évidence en soi. Dès qu’on la débarrasse des toiles
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d’araignée de l’ignorance, elle brille avec éclat." [Gandhi] (1869-1948)
~
"L’erreur ne devient pas vérité parce qu’elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas
erreur parce que nul ne la voit." [Gandhi] (1869-1948)
~
"Pour convaincre, la vérité ne peut suffire." [Isaac Asimov] (1920-1992)
~
"Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ont abandonné la poursuite du chemin vers
elle. La vérité ne se possède pas, elle se cherche." [Albert Jacquard ] (1925- )
~
Et enfin une énigme... "La vérité vous libèrera." [Jn 8:32 ; Jésus ?] ( ?- ?)
Confronter la connaissance transmise aux faits et à la réalité, c'est la démarche que doit
entreprendre toute personne soucieuse de vérité.
Cette démarche du plus élémentaire bon sens est-elle reçue par tous ?
Ce n’est pas la vérité ? Et alors ?
Par Lucretius
Jusqu’où peut aller la fidélité ?
Suite aux critiques sévères portées contre le mouvement, voici ce qu’un Témoin de Jéhovah a écrit
dans un forum faisant suite à un certain article :
"(...)Je comprends que vous puissiez ne pas aimer nos croyances. Mais soyez persuadé que quand
bien même vous me prouveriez indiscutablement que les TJ3 sont dans l’erreur, que Dieu
n’interviendra jamais, malgré tout je resterai TJ, ne serait ce que pour les valeurs qui sont
défendues par cette très vilaine secte, et pour le bonheur que j’éprouve à vivre avec mes amis TJ.
Et si j’ai envie de donner un peu de mon argent, à ces « filous » plutôt qu’à d’autres, n’est ce pas
mon droit ? ma liberté ? (...)"
Au-delà de la liberté individuelle, c’est toute une approche de l’intégrité intellectuelle qui est en jeu.
Nous comprenons parfaitement qu’un individu puisse être attaché à un milieu dans lequel il se sent
bien où il s’est fait à la fois des repères et le nid douillet de ses convictions. Mais la communauté
des Témoins de Jéhovah n’est pas une simple communauté de réflexion et d’entraide, c’est une
communauté qui prétend porter bien haut les couleurs de la "Vérité".
La vérité est même son fonds de commerce, c’est ce qui lui permet de s’opposer aussi farouchement
au Monde, instrument aux mains du Diable, le Père du mensonge (1Jn 5:19 ; Jn 8:44). Car la vérité,
c’est la justification du prosélytisme, notez ce que disait il y a trente cinq ans la Tour de Garde :
3 TJ : Témoins de Jéhovah
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[Citation de la Tour de Garde du 1/11/1971 p. 649 - Où est la vérité ?]
Bien entendu, nous ne nous attendons pas ce que vous acceptiez les yeux fermés ce que
nous vous disons. Il est possible que votre religion vous paraisse encore la meilleure. Il
est normal qu’il en soit ainsi si vous êtes sincère. Toutefois, vous devriez désirer avoir
raison et posséder la vérité. Il a été dit sous ce rapport : “Vouloir posséder la vérité de
son côté est une chose, vouloir sincèrement être du côté de la vérité en est une autre.”
La vérité n’est pas populaire. Elle ne l’était pas à l’époque de Jésus. Les Juifs voulaient
le tuer parce qu’il disait la vérité. Cette vérité, qui différait de leur enseignement, les
mettait en colère. C’est pourquoi d’ordinaire les témoins de Jéhovah ne sont pas
populaires. Leur enseignement se différencie des autres parce que la vérité est
différente. (...)
Évidemment, ce qui précède ne suffit pas pour dire qu’on possède la vérité. Quand on
sait ce qu’est la vérité, on ne doit pas avoir peur de la dire, même si elle est différente.
C’est pourquoi vous voyez si souvent les témoins de Jéhovah à votre porte.
Sous-entendu, si nous, Témoins de Jéhovah, n’avions pas la vérité nous n’irions pas à votre porte.
Mais alors si on prouve, par les faits, à un Témoin de Jéhovah "que les TJ sont dans l’erreur, que
Dieu n’interviendra jamais" et qu’il persiste dans le mensonge uniquement à cause des repères
moraux ou de l’ambiance qu’il y trouve, ne trouvez-vous pas qu’un tel homme serait d’une
hypocrisie sans pareille ? Comment pourrait-il sortir prêcher publiquement : "voici, c’est ici la
Vérité" ou encore chanter à tue-tête les premières paroles du chant 191 de son recueil de cantiques
"Manifestons la vérité" :
"L’unique chemin qui mène au bonheur sans fin, c’est la voie de la vérité (...) C’est la vérité, il faut
la manifester..."
Faut-il avoir si peu de conscience et d’intégrité pour oser dire : c’est un mensonge, mais ça ne fait
rien, j’y suis j’y reste.
La pensée de celui qui voit sa représentation mentale de la vie s’écrouler est facile à deviner. Il se
calme l’esprit et se raccroche à ce qu’il peut. Il me reste mes amis et les valeurs morales. Mais les
valeurs morales n’ont de sens que si réellement elles ont une origine supérieure, suprahumaine.
Or si la source de cette morale est illusion et mensonge, quelle est sa valeur réelle, si ce n’est que
j’y suis attaché parce qu’on me l’a enseignée et que je l’ai suivie pendant tant d’années ?
Et si vraiment j’ai des amis, ne faudrait-il pas qu’ils apprennent eux aussi la triste réalité : nous
avons cru à des mensonges ? Et là, il faut bien l’avouer, j'hésite à prendre un risque dévastateur, car
je connais bien le mécanisme élaboré de protection du mouvement. Que penseraient les autres
membres de la communauté et les membres de ma famille si je manifestais l’honnêteté intellectuelle
que devrait manifester tout homme réfléchi ?
Mais, comme il est difficile de se poser des questions qui pourraient remettre en cause son univers
bien rodé, le Témoin de Jéhovah fidèle refusera simplement de se les poser.
C’est une manière simplissime et éprouvée de résoudre le dilemme que pose toute ouverture et tout
choix aussi cornéliens : que faire avec le mensonge et la vérité.
Ce n’est pas la vérité ? Et alors ?
Prenons bien garde de ne pas creuser plus avant, de ne pas vérifier plus complètement, notre monde
d’illusions et de faux semblants pourrait bien s’écrouler.
Et pourtant, plus que toute autre chose, le besoin de vérité doit s'imposer.
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Le besoin de vérité
Le livre Truth – Vérité
Par Lucretius
Nourrir l’intellect de millions de gens de pages d’absurdités et de mensonges est-il une activité
innocente ou une faute vénielle largement disculpées par la liberté d’opinion ?
Une philosophe française engagée du siècle dernier du nom de Simone Weil (1909-1943), à ne pas
confondre avec la femme politique Simone Veil, s’est exprimée sur cette question.
Elle nous délivre un texte empreint de révolte et de colère.
Le besoin de vérité est plus sacré qu’aucun autre. Il n’en est pourtant jamais fait
mention. On a peur de lire quand on s’est une fois rendu compte de la quantité et de
l’énormité des faussetés matérielles étalées sans honte, même dans les livres des
auteurs les plus réputés. On lit alors comme on boirait l’eau d’un puits douteux.
Il y a des hommes qui travaillent huit heures par jour et font le grand effort de lire le
soir pour s’instruire. Ils ne peuvent pas se livrer à des vérifications dans les grandes
bibliothèques. Ils croient le livre sur parole. On n’a pas le droit de leur donner à
manger du faux. Quel sens cela a-t-il d’alléguer que les auteurs sont de bonne foi ?
Eux ne travaillent pas physiquement huit heures par jour. La société les nourrit pour
qu’ils aient le loisir et se donnent la peine d’éviter l’erreur. Un aiguilleur cause d’un
déraillement serait mal accueilli en alléguant qu’il est de bonne foi.
A plus forte raison est-il honteux de tolérer l’existence de journaux dont tout le monde
sait qu’aucun collaborateur ne pourrait y demeurer s’il ne consentait pas parfois à
altérer sciemment la vérité
Le public se défie des journaux, mais sa défiance ne le protège pas. sachant en gros
qu’un journal contient des vérités et des mensonges, il répartit les nouvelles annoncées
entre ces deux rubriques, mais au hasard, au gré de ses préférences. Il est ainsi livré à
l’erreur.
Tout le monde sait que, lorsque le journalisme se confond avec l’organisation du
mensonge, il constitue un crime. Mais on croit que c’est un crime impunissable.
Qu’est-ce qui empêche de punir une activité une fois qu’elle a été reconnue comme
criminelle ? D’où peut bien venir cette étrange conception de crimes non punissables ?
C’est une des plus monstrueuses déformations de l’esprit juridique.
[L’enracinement in Oeuvres, « Quarto », Gallimard, 2000.]
Colporter le mensonge et lui donner l’apparence du vraisemblable parce qu’il est affirmé avec
ostentation et conviction l’Organisation des Témoins de Jéhovah en est passé maîtresse.
Ses membres rédacteurs qui se livrent à de minutieuses recherches orientées ont tout le loisir de
vérifier leurs dires, mais ils s’abstiennent bien de le faire.
Faire indéfectiblement croire en un coffre de bois flottant qui aurait préservé Noé et sa famile, mais
également faunes et flores du monde entier, en une ânesse qui parle à Balaam, à un soleil qui
s’arrête dans le ciel aux ordres de Josué, à un poisson qui engloutit Jonas pendant trois jours entiers,
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à des calculs cabalistiques faisant lien entre Nebucadnezzar et l’année 1914 et à tant d’idioties
encore, et ne pas être tenus coupables de mensonges éhontés, voilà qui heurte le bon sens et fait
jaillir la colère.
Mais là le mensonge est organisé, il forme un tout harmonieux, il est biblique et il ne peut donc pas
faire de tort. C’est le mensonge pieux, et même béni, théocratique.
L’ouvrier décrit qui se défie de ce qu’il lisait avait un avantage, le Témoin de Jéhovah avale
goulûment les vérités qu’on lui soumet. Comment la Watchtower4 pourrait-elle tromper ses
enfants ? Toute vérification est inutile, les sources extérieures sont empoisonnées.
Seule la Watchtower est à même de dire le vrai et de faire la part du faux. Cette confiance imméritée
est à elle seule un scandale, elle est constitutive de l’abus de confiance5.
Si l’organisation du mensonge est un crime punissable, alors l’Organisation des Témoins de
Jéhovah est déjà condamnée. Et son crime est imprescriptible.
Un jour viendra où elle devra en répondre car le besoin de vérité est plus sacré qu’aucun autre.
En attendant, elle use de tous les moyens pour essayer de faire taire ceux qui dénoncent la fausseté
de ses prétentions.
Vade Retro Veritas
Par Lucretius
Avez-vous un esprit ouvert ?
Voici l’excellente et pertinente analyse faite par le Réveillez-vous du 22 février 1985 à ce sujet :
[Réveillez-Vous ! du 22/2/1985 p. 3-4 Un esprit ouvert ou borné - Lequel pensez-vous avoir ?]
"Que signifie avoir un esprit ouvert ?
Un esprit ouvert est dépourvu de préjugés. Ce dernier mot peut se définir ainsi :
“Croyance préconçue ou non vérifiée, favorable ou défavorable ; jugement fondé sur
des critères autres que la raison ou la justice ; particulièrement, opinion prématurée ou
de parti pris.”
Dans la vie, il est nécessaire de prendre des décisions et de porter des jugements.
Néanmoins, des croyances ‘non vérifiées’ ou des jugements fondés “sur des critères
autres que la raison ou la justice” sont preuves d’un esprit borné.
Par contre, avoir un esprit ouvert, c’est se montrer réceptif aux idées nouvelles. C’est
être disposé à examiner et à juger une information sans préjugés. En acceptant ce qui
est valable et en rejetant ce qui ne l’est pas, on peut aboutir à une conclusion précise
tout en restant prêt à revoir son point de vue si on dispose ultérieurement d’un
complément d’information. Celui qui croit tout savoir peut être certain que cette
attitude d’esprit l’empêchera d’en apprendre plus."
4 Abréviation de Watchtower Bible and Tract Society, la Tour de Garde Société de Bibles et de Tracts.
Il s’agit de la principale structure juridique qui sert à l’Organisation des Témoins de Jéhovah. En raison de leurs liens étroits l’une
est synonyme de l’autre.
5 N’oublions pas q’un ouvrage majeur des Témoins de Jéhovah s’intitulait précisément La Vérité qui conduit à la vie éternelle (1968
- diffusé à plus de 100 millions d’exemplaires) appelé tout simplement Vérité.
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Avez-vous noté ce qui conditionne l’esprit ouvert ?
Le recours à la raison, et la faculté d’être suffisamment curieux pour recevoir un complément
d’information. Continuons notre lecture :
"Pourquoi certains ont-ils un esprit borné ?
Un esprit borné peut être le résultat de l’ignorance. Il arrive que l’on en sache si peu
sur un sujet, ou que l’on dispose d’informations tellement fausses ou incomplètes, que
l’on n’a pas en main les faits nécessaires à une conclusion exacte.
(...)
Un esprit étroit peut provenir d’un manque d’intérêt pour un sujet ou d’une réticence à
approfondir une question. En fait, ce pourrait même indiquer que l’on n’est pas certain
de ses propres croyances, que l’on doute. Par exemple, si nous sommes incapables de
défendre les doctrines de notre religion, nous risquons d’en être réduits à nous
répandre en invectives contre ceux qui les contestent. Nous ne leur répondrons pas par
des arguments logiques, mais par des insultes et des insinuations malveillantes. Cela
sent les préjugés et l’intolérance.
Un esprit obtus peut également être dû au désir égoïste de conserver des avantages
auxquels on devrait renoncer si on avait l’esprit ouvert. "
Et enfin, la conclusion imparable :
"Êtes-vous assez ouvert pour envisager la possibilité que vous pourriez ne pas l’être ?
Cela vaut la peine de vous en assurer. En effet, tandis que vous aurez avantage à avoir
un esprit ouvert, un esprit borné vous nuira très certainement."
Belle ouverture d’esprit en effet que celle décrite ici, mais est-ce vraiment ce que le Témoin de
Jéhovah lambda est encouragé à faire face à des idées profondément dérangeantes ?
Non.
Pour preuve la défense absolue qui est faite dans la Tour de Garde du 15 mars 1986
[La Tour de Garde du 15/3/1986 p. 12 - 'Ne vous laissez pas rapidement ébranler dans votre bon sens’] :
"Gardons-nous de tout rapport avec les apostats
Et vous, que feriez-vous si vous entriez en contact avec les idées d’un apostat, avec des
raisonnements perfides visant à vous convaincre que les croyances des Témoins de
Jéhovah sont fausses ? Par exemple, quelle serait votre réaction si, en ouvrant une
lettre qui vous est destinée, vous vous aperceviez aussitôt qu’elle émane de ce genre de
personne ? La curiosité vous pousserait-elle à la lire, ne serait-ce que pour savoir de
quoi elle parle ? Peut-être vous diriez-vous : “Je ne risque rien. Je suis suffisamment
fort dans la vérité. Et de toute façon, nous n’avons rien à craindre si nous possédons
la vérité. Celle-ci sortira victorieuse de l’épreuve.” Pour avoir raisonné de la sorte,
certains ont nourri leur esprit de pensées erronées, et ils se sont mis à douter
sérieusement (voir Jacques 1:5-8). Souvenez-vous de l’avertissement consigné en I
Corinthiens 10:12 : “Que celui qui pense être debout prenne garde de tomber.”(...)
10 Nous avons peut-être tendance à nous boucher les oreilles quand des hommes nous
disent : “Ne lisez pas ceci !” ou : “N’écoutez pas cela !” Toutefois, n’oubliez pas que
dans ce cas précis c’est Jéhovah qui nous indique au moyen de sa Parole l’attitude à
adopter. Or que déclare-t-il au sujet des apostats ? “Évitez-les.” (Romains 16:17, 18).
‘Cessez de les fréquenter.’ (I Corinthiens 5:11). ‘Ne les recevez pas chez vous et ne leur
dites pas de salut.’ (II Jean 9, 10). Ce sont là des instructions claires, des ordres
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formels. Si, par curiosité, nous lisions les écrits d’un apostat notoire, cela ne
reviendrait-il pas à inviter un ennemi du vrai culte chez nous pour qu’il nous expose ses
vues à loisir ?
Prenons un exemple. Si votre fils adolescent trouvait une revue pornographique dans
la boîte aux lettres, que feriez-vous ? Supposons que par curiosité il manifeste le désir
de la lire. Lui diriez-vous alors : “Oui, lis-la, mon fils. De toute façon tu ne risques
rien : depuis que tu es tout petit on t’explique que l’immoralité sexuelle est mauvaise.
Après tout, il faut bien que tu saches ce qui se passe dans le monde pour te convaincre
que ce n’est vraiment pas beau.” Tiendriez-vous ce genre de raisonnement ? Bien sûr
que non. Sans l’ombre d’un doute, vous montreriez à votre fils les dangers de la revue
en question et vous exigeriez qu’il la détruise. Pourquoi ? Parce que, quelle que soit la
force qu’une personne ait acquise dans la vérité, si elle se repaît des idées corrompues
qui sont présentées dans de tels ouvrages elle ne manquera pas de souiller son esprit
et son cœur. Or les mauvais désirs latents que cette lecture sèmera au fond de son cœur
risquent fort, avec le temps, de donner le jour à un appétit sexuel impur. Quel en sera le
résultat ? Jacques nous a avertis que le mauvais désir, une fois fécondé, produit le
péché, et que le péché, lui, mène à la mort (Jacques 1:15). Pourquoi courir le risque de
déclencher cette réaction en chaîne ?
Par conséquent, nous prendrions certainement des mesures énergiques pour protéger
nos enfants de la pornographie. Dès lors, n’est-il pas logique que notre Père céleste
nous protège d’une manière analogue de la fornication spirituelle, dont l’apostasie fait
partie ? Voilà pourquoi il nous dit sans détour : N’y touchez pas !"
Vous voilà prévenu.
Deux poids, deux mesures : une mesure pour le commun des mortels qui est encouragé à ouvrir son
esprit aux idées saines émanant de la Watchtower et une mesure pour ceux qui ont déjà la Vérité
(les TJ au cas où vous ne l’auriez pas compris), mais une vérité bien faible qui ne résisterait pas aux
coups de boutoir des pornographes de tout poil qui pourraient les amener à se masturber la pensée.
Le raisonnement est à la fois partial et captieux.
C’est assimiler le recours à la logique et à la raison, et l’appel aux réalités historiques ou
scientifiques ou aux développements bibliques différents de la ligne du prêt-à-penser jéhoviste, à de
la vulgaire pornographie.
Ne trouvez-vous pas l’image à la fois malveillante et insultante ?
Moi si.
Je me trompe ou j’ai lu un peu avant (Réveillez-Vous! du 22/2/1985 p. 4 - Un esprit ouvert ou borné
- Lequel pensez-vous avoir ?) :
Un esprit étroit peut provenir d’un manque d’intérêt pour un sujet ou d’une réticence à
approfondir une question. En fait, ce pourrait même indiquer que l’on n’est pas certain
de ses propres croyances, que l’on doute. Par exemple, si nous sommes incapables de
défendre les doctrines de notre religion, nous risquons d’en être réduits à nous
répandre en invectives contre ceux qui les contestent. Nous ne leur répondrons pas par
des arguments logiques, mais par des insultes et des insinuations malveillantes. Cela
sent les préjugés et l’intolérance."
Pour sûr, ça sent les préjugés et l’intolérance. Et pourtant ne faudrait-il pas faire, au contraire,
l'éloge de l'apostasie ?
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Éloge de l’apostasie
Par Lucretius
Ne vous approchez pas de l’apostasie et du venin fielleux des apostats, car ils en veulent à votre vie
spirituelle. Ils veulent vous séparer de votre sainte mère l’Organisation. Bouchez-vous les yeux et
les oreilles et attendez que ça passe.
Voici l’avertissement clair et répété que donne l’organisation jéhoviste à ses membres. Et avec
l'avènement d’internet et du brassage d’idées contrastées et non contrôlées "théocratiquement"
l’avertissement va devenir un leitmotiv entêtant.
L’apostat est un traitre, un déserteur. Nous hésitons pour le punir entre la corde et douze balles dans
la peau. A moins que la lapidation ne le ramène à la raison pour regretter son crime de lèse-majesté.
En tout cas, honte à lui.
Et pourtant... L’apostasie, c’est selon le Petit Larousse (2005) : (gr. apostasis : abandon) 1.
abandon public et volontaire d’une religion, particulièrement de la foi chrétienne. 2. litt. abandon
d’un parti, d’une doctrine, etc.
L’apostat n’est pas un faible qui déserte et s’évanouit dans la nature par faiblesse et lassitude.
L’apostasie assumée est au contraire un acte revendicatif, un acte positif, un sursaut politique, une
démarche citoyenne.
Même la Watchtower reconnaît implicitement cette dimension citoyenne. Car avant même que le
christianisme ne récupère le terme et ne le colore de la manière la plus négative qui soit, l’apostasie
emporte l’idée d’un contre-pied politique, selon le livre "Étude perspicace des Écritures" (1997),
"En grec, ce nom (apostasia) dérive du verbe aphistemi qui signifie littéralement "s’éloigner de" ; il
a le sens de "désertion, abandon ou rébellion". En grec classique, on l’employait pour parler des
défections politiques."
Affirmer ses désaccords sur le plan politique, c’est faire vivre la cité grecque ou moderne. C’est
s’affirmer en démocratie et ne pas reconnaître les pleins pouvoirs d’une dictature, ou d’une
théocratie, qui écrase la contestation et la diversité sous le poids des dogmes pensés et arrêtés par
une poignée d’humains tout aussi faillibles que les autres.
L’apostat antique devait aimer l’agora, la place publique, car il ne craignait pas la contestation et la
confrontation. Le dictateur, lui, devait faire tout son possible pour museler la contestation.
Cet apostat est un traitre et un félon. Arrachez-lui la langue et coupez lui les mains et condamnez-le
à l’exil. Et pourquoi ne pas le supprimer ?
Doit-il en être autrement aujourd’hui ?
L’apostat vient à la lumière, il parle, il crie, il dénonce et il prouve. La Watchtower veut garder ses
privilèges de prince des consciences. N’écoutez pas l’apostat, il en veut à votre vie spirituelle6.
6 Et si c’était pour lui comme une obligation morale ?
“Quand des personnes sont menacées d’un grand danger pour une raison qu’elles ne soupçonnent même pas ou parce qu’elles sont
trompées par des gens qu’elles croient être des amis, est-ce mal de les en avertir ? Peut-être préféreront-elles ne pas croire celui qui
les avertit. Il se peut même qu’elles lui en veuillent. Mais cela le dégage-t-il de la responsabilité morale de les avertir ?” — La Tour
de Garde du 1er mai 1974.
Via Veritas
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Mais où se trouve la réflexion, la liberté, la vérité ?
Celui qui est fort ne craint pas la bataille des idées. L’apostat antique était le poil à gratter du
dictateur de la cité et une chance pour la liberté d’expression. Les apostats d’aujourd’hui sont la
hantise de la Watchtower et une bouffée d’air pour ceux qui étouffent sous elle.
Oui, il faut faire l’éloge de l’apostasie, elle seule permet de dévoiler l'erreur sans complaisance
aucune.
Discussion sur l’excommunication
Par Winston Wesson
Mon ami S. qui est en pleine sortie du jéhovisme se pose un certain nombre de questions, fort
légitimes. Il découvre à son tour, comme nous avons dû tous le faire, la "face cachée" du jéhovisme
(ou plutôt celle que nous nous sommes cachée), comment ce qui nous paraissait légitime hier prend
un tout autre aspect dès qu’on change un tant soit peu de perspective. Concernant
l’excommunication (dont il réalise aujourd’hui qu’elle le guette), il formule deux questions : Quelle
est la fonction sociale de cette mesure ? Peut-on penser que certains TdJ aient au fond un rejet
inconscient de cette disposition, et qu’ils ne font que la légitimer en occultant sans scrupules ses
aspects socialement et moralement destructeurs ?
Quelle est la fonction sociale de cette mesure ?
L’exclusion (rebaptisée ces dernières années excommunication pour faire plus respectable) telle que
vécue par les Témoins de Jéhovah est une pratique bien rodée, et comme tout système a d’abord
pour fonction de se perpétuer, celui des TdJ ne changera probablement pas de sitôt une pratique
qui est à ce point efficace.
Les TdJ pensent que c’est "le culte de Jéhovah" qui les réunit, que c’est cette valeur-là qui fait la
force de cohésion du groupe. À mon avis, ils se leurrent ! La composante cultuelle est bien sûre
importante, mais de ce qu’il m’est permis d’en juger aujourd’hui, l’essentiel de la "belle cohésion",
la belle unité qu’ils se plaisent tant à souligner, est surtout assurée par une autre caractéristique
sociale de leur groupe : le rejet du monde, la cristallisation autour de cette haine/peur de l’ennemi.
D’une manière générale, on n’a pas trouvé mieux dans l’histoire de l’humanité, pour fédérer autour
de sa cause, que de désigner à ceux que l’ont veut se rallier un ennemi commun. En 1870, Bismarck
scellera définitivement la toute nouvelle unité allemande par la guerre qui éclate contre la France
(pour un motif qu’on a peine à imaginer aujourd’hui...)
Chez les Témoins de Jéhovah, donc, l’ennemi c’est "le monde", l’extérieur. Je me souviens que
c’est une des choses qu’un récent reportage de l’émission "Envoyé Spécial" (reportage pourtant pas
particulièrement défavorable aux TdJ, voire un peu complaisant sur certains points à mon goût) n’a
pu s’empêcher de souligner : une barrière franche et nette entre ce qui est à l’intérieur et ce qui est à
l’extérieur.
Via Veritas
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C’est à mon avis ÇA qui permet surtout au TdJ de se définir, qui lui renvoie une image rassurante
de lui-même : pas tant son appartenance à une Église ou son acceptation du dogme jéhoviste
commun à tous que le fait qu’il se déclare ne faisant "pas partie du monde". Le dogme fluctue
perpétuellement, la pratique du jéhovisme connait elle aussi une évolution permanente (quoi que
plus lente que la doctrine), mais ce qui reste, c’est ce sentiment d’être "autre". C’est "le monde"
-honni- qui permet surtout au Témoin de Jéhovah de se définir, en négatif. Or l’exclusion leur est
nécessaire pour maintenir l’illusion de cette séparation. On doit pouvoir renvoyer les indésirables,
à l’extérieur, sinon c’est qu’il n’y a plus d’extérieur.
L’exclusion/excommunication est une menace perpétuelle qui pèse sur le Témoin de Jéhovah :
"Rien n’est acquis, on peut te renvoyer, te livrer au "monde" à tout moment." Et il a la plupart du
temps tellement intégré le jéhovisme comme constituant de sa personne, de son identité, que cette
perspective lui parait à peu près équivalente à la mort.
En fait, je vois deux catégories distinctes d’exclus :
La première regroupe ceux qui ne veulent ou ne peuvent prendre aucun recul sur le dogme, ou sur la
façon profonde dont il perçoit "l’Organisation". Pour eux, La Vérité c’est la Vérité, point à la ligne !
Quand bien même ils ont telle ou telle chose à reprocher à la WT, ils ne doutent pas, globalement,
que c’est LA vraie religion, c’est LE peuple de Dieu, qu’ils ont LA bonne lecture de la Bible, etc.
Pour eux l’exclusion reste "normale", même si ils doivent en souffrir : Jéhovah châtie ceux qu’il
aime.
Et l’exclusion remplit globalement très bien son premier objectif de façon très efficace pour eux.
L’humiliation qu’on leur fait subir, la perte de tout son tissu social, sa difficulté à réintégrer
sereinement une société qu’ils perçoivent toujours comme étant fondamentalement mauvaise et
hostile, tout ça garantit presque à coup sûr leur retour au bercail, à moyen terme. L’exclusion est
dans ce cas un moyen de pression très efficace pour amener la personne à revenir au sein de la secte
qu’elle voulait quitter.
La seconde catégorie concerne ceux qui ne croient plus une seconde au dogme jéhoviste (tel votre
serviteur). Pour ceux-là l’exclusion atteint très bien son second objectif : la "pureté" du peuple de
Dieu. Évidemment le terme "pureté" a une définition très fluctuante...
Pour les nazis, très attachés à cette notion, ça signifiait "aryen et convaincu par les thèses du
national-socialisme", par exemple.
Pour le Stalinisme, était pur celui qui renonçait totalement à son individualité au profit du Parti.
(désolé pour les exemples, mais ce sont bien ces idéologies-là qui ont le plus fait la promotion de la
"pureté".)
Pour les Témoins de Jéhovah, la pureté est la qualité de ceux qui sont soumis mentalement et
spirituellement à la Watchtower. En fait, je raccourcis l’idée que se font les TdJ de la pureté, car le
TdJ ne se rend généralement pas compte -par une sorte "d’auto-endoctrinement" très efficace- que
c’est à la Watchtower qu’il est soumis. Pour lui, sa soumission va à Jéhovah.... qui dicte ses
volontés par la Watchtower. Concrètement, tout le monde se rend compte que ça revient exactement
au même, mais pour le TdJ cette nuance reste essentielle. Si il veut sauver sa conception du
jéhovisme, shunter cet aspect des choses -sa soumission de fait aux doctrines d’autres hommes - est
obligatoire : si il se l’avoue, il a déjà un pied dehors...
Via Veritas
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Celui qui parvient à prendre ce recul (et qui,
au passage, réalise aussi à quel genre
d’idéologies s’apparentent ce type
prétentions à la "pureté du peuple") devient
forcément l’ennemi numéro 1. Celui qui a
brisé son carcan mental, celui qui a franchit
la porte interdite -d’autant plus si il a
l’outrecuidance de ne pas s’en porter plus
mal, prouvant ainsi qu’on peut "réussir" sa
sortie- celui-là devient le Traître, l’Iscariote,
le Satan.
Il devient à son tour l’ennemi-type autour
duquel pourra se cristalliser encore un peu
plus la cohésion du groupe. Le "tuer" ( il est
tué "socialement", et pas physiquement bien
entendu) à ce double objectif :
1/ il ne peut plus parler, il lui est impossible de s’expliquer (ce qui est au passage contraire aux
"principes bibliques", mais passons !)
2/ on a un nouvel ennemi, qui renforce le groupe dans l’image de "nous-contre-eux" qui lui permet
de se sentir si uni.
Petite anthologie du traitement de la question par la Watchtower.
Voici un petit extrait de la littérature jéhoviste sur ce thème, qui montre que je n’exagère pas (en
gras, le champ lexical de l’apostat chez les TdJ, véritable appel à la haine -parfois totalement et
explicitement assumé) :
La Tour de Garde, 1er novembre 1980, pages 17 à 22 :
Après avoir produit les fruits de la chair que sont “les inimitiés, la querelle, la jalousie, les
accès de colère, les disputes, les divisions, les sectes”, les apostats tombent souvent dans le
piège d’autres œuvres charnelles, telles que “les beuveries”, “l’inconduite” et “la
fornication”. (Gal. 5:19-21.)
La Tour de Garde, 15 juin 1986, pages 10 à 15 :
Malheureusement, d’autres ont sombré dans l’obscurité la plus totale, au point même d’en
revenir aux fausses doctrines de la chrétienté. Pierre a aussi décrit la situation désespérée
des individus qui avaient marché pendant un temps dans la vérité, mais qui s’en étaient
finalement détournés. Il a dit : “En effet, si, après avoir échappé aux souillures du monde par
une connaissance exacte du Seigneur et Sauveur Jésus Christ, ils se trouvent de nouveau
entraînés dans ces choses et sont vaincus, la condition finale est devenue pire pour eux que
la première.” L’apôtre les comparait ensuite au chien qui retourne à son propre
vomissement et à la truie qui, à peine lavée, court se vautrer de nouveau dans son
bourbier - II Pierre 2:20-22.
Personnellement, ces versets, bibliques ou pas, me paraissent être de la bien mauvaise rhétorique.
Mais même pour un chrétien convaincu de la justice de ces paroles ( qui estime que si "Pierre" le
dit, c’est que c’est légitime), je note que ce verset ne parle pas de ceux qui ont quitté la WT, mais de
ceux qui ont quitté le Christ...
Via Veritas
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La Tour de Garde, 1er novembre 1987, pages 15 à 20 :
Certains apostats font souvent appel à l’égoïsme ; ils affirment que nous sommes privés de
nos libertés, notamment de celle d’interpréter la Bible (voir Genèse 3:1-5). En fait, ces
individus qui cherchent à nous corrompre n’ont rien d’autre à offrir qu’un retour aux
enseignements répugnants de “Babylone la Grande”. (Révélation 17:5 ; 2 Pierre 2:19-22.)
D’autres apostats font appel aux désirs de la chair ; ils exhortent leurs anciens compagnons à
“prendre du bon temps” ; à les entendre, l’humble œuvre de témoignage de maison en
maison est “inutile” ou “non biblique”. (Voir Matthieu 16:22, 23.) Certes, extérieurement,
ces individus qui profèrent des paroles doucereuses peuvent sembler purs, sur les plans
physique et moral. Mais intérieurement, ils sont impurs, rongés par l’orgueil et l’esprit
d’indépendance.
Ici, il me semble que l’allusion à Raymond Franz et à son livre, "Crise de conscience", est à
peine voilée. Ceux qui ont lu les propos très pondérés de M. Franz, ceux qui ont constaté la
façon dont il refuse systématiquement de condamner les gens ou juger de leurs mobiles (y
compris ceux qui l’ont fait souffrir à titre personnel) apprécieront la différence de styles.
La Tour de Garde, 1er octobre 1993, page 15 :
Il existe des milliards de personnes qui ne connaissent pas Jéhovah. Nombre d’entre elles
pratiquent, par ignorance, des choses que la Parole de Dieu déclare mauvaises. Si ces
personnes persistent dans leur voie, elles seront parmi les humains qui périront lors de la
grande tribulation. Toutefois, Jéhovah ne prend pas plaisir dans la mort des méchants, et
nous devons l’imiter (Ézéchiel 33:11). Tant que nous en avons la possibilité, nous nous
efforçons d’aider ces gens à apprendre les voies de Jéhovah et à marcher dans ces voies.
Mais que faire si certains haïssent profondément Jéhovah ?
À leur propos, le psalmiste a dit : “Est-ce que je ne hais pas ceux qui te haïssent
profondément, ô Jéhovah, et est-ce que je n’éprouve pas du dégoût pour ceux qui se
révoltent contre toi ? Je les hais d’une haine totale. Ils sont devenus pour moi de véritables
ennemis.” (Psaume 139:21, 22). C’est parce que ces gens haïssaient profondément Jéhovah
que David les avait en horreur. Les apostats figurent parmi ceux qui montrent leur haine
pour Jéhovah en se révoltant contre lui. L’apostasie est bel et bien une rébellion contre
Jéhovah. Certains apostats prétendent connaître et servir Dieu, mais ils rejettent les
exigences ou les enseignements énoncés dans sa Parole. D’autres prétendent croire la Bible,
mais ils rejettent l’organisation de Jéhovah et s’efforcent d’entraver son action. Lorsque des
individus font délibérément le mal après avoir eu connaissance de ce qui est droit, lorsque le
mal s’enracine tellement en eux qu’il en vient à faire partie de leur constitution, les
chrétiens doivent les haïr (au sens biblique du terme), car ils se sont inséparablement
attachés au mal. Les vrais chrétiens éprouvent les mêmes sentiments que Jéhovah à l’égard
de ces apostats ; les idées apostates n’éveillent pas leur curiosité. Au contraire, ils
‘éprouvent du dégoût’ envers ceux qui se sont faits ennemis de Dieu, mais ils laissent à
Jéhovah le soin d’exécuter sa vengeance sur eux. — Job 13:16 ; Romains 12:19 ; 2 Jean 9,
10.
On appréciera l’expression entre parenthèse -haïr ? oui, mais "au sens biblique du terme"- censé
nuancer le propos, j’imagine, ou justifier ce qu’on est bien obligé d’appeler un appel à la haine...
Mais on n’explique pas en quoi ce "sens biblique" serait différent du sens commun - sinon, peutêtre, tout à la fin, par le fait qu’on invite les TdJ à ne pas tuer eux-mêmes les apostats, comme au
bon vieux temps de la lapidation ! Je souligne en outre pour ma part que je suis un apostat du
jéhovisme, j’assume parfaitement mon passé et mes choix actuels, et je peux vous assurer que je
n’éprouve pas la moindre haine pour Jéhovah. Je n’y crois pas, c’est aussi simple que cela !
Via Veritas
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La Tour de Garde, 1er juillet 1994, pages 8 à 13 :
Quels fruits les apostats et leurs publications ont-ils produits ? Leur propagande porte quatre
caractéristiques. 1) L’habileté intellectuelle. Éphésiens 4:14 parle de “leur astuce à machiner
l’erreur”. 2) Un étalage d’érudition. 3) L’absence d’amour. 4) La malhonnêteté à divers
égards. Ce sont précisément les ingrédients qui entrent dans la composition de la nourriture
présentée sur la table des démons, qui n’ont d’autre objet que de miner la foi des serviteurs
de Jéhovah.
Un point très étonnant en 1) : il semblerait qu’on reconnaisse quelqu’un qui raisonne mal au
fait qu’il raisonne bien ! Par ailleurs, j’aimerais qu’on m’explique pourquoi, lorsque la
Watchtower cite à l’appui des ses théories la littérature patristique, ou s’en va rechercher
l’étymologie du stauros, de la parousia, avec dictionnaire, citation anciennes, c’est parce
qu’elle cherche la vérité, alors qu’un ex-TdJ qui va vérifier ces sources et y relève des
contradictions avec la théorie jéhoviste, celui-là fait un étalage d’érudition. Il semblerait que
le droit de faire des recherches historiques ou textuelles soit mystérieusement réservé aux
exégètes de la Watchtower... Enfin la dernière question qui me vient en lisant ce passage : le
Témoin de Jéhovah qui va prêcher n’a-t-il un autre but que de miner la foi que le Catholique
place en son Église ?
La Tour de Garde, 1er mai 2000, pages 8 à12 :
Les apostats représentent une autre menace pour notre spiritualité. Conformément à la
prédiction de Paul, une grande apostasie est apparue parmi les chrétiens après la mort des
apôtres (Actes 20:29, 30 ; 2 Thessaloniciens 2:3). Elle a donné naissance à la chrétienté. De
nos jours, aucune apostasie de grande ampleur chez les serviteurs de Jéhovah : seulement
des défections isolées. Certains anciens Témoins, cependant, bien décidés à nous diffamer,
n’hésitent pas à manier le mensonge et la désinformation ; quelques-uns rejoignent des
groupes pour s’opposer de façon organisée au culte pur. En agissant ainsi, ils font cause
commune avec le premier apostat : Satan.
Aujourd’hui la Société Watchtower est connue pour ne RIEN laisser passer en matière de
diffamation. Que penser alors d’un Raymond Franz ou d’une Barbara Anderson, auxquels
elle n’a jamais eu, à ma connaissance, le "courage" d’intenter le moindre procès ? Ne seraitce pas l’aveu (implicite) que, contrairement à ce qui est écrit ici, tout ce qu’ils ont dit est
vrai... Quant à la diabolisation de "l’ennemi", c’est tellement grossier dans cet extrait, que je
me demande si ça vaut bien la peine d’être commenté ! Je ne peux m’empêcher de relever le
peu de scrupules qu’ont eu les avocats de la Watchtower en France, quand ils ont osé se
plaindre d’être "diabolisés" par des livres comme celui de de N. Jacquette. Quand on lit ce
qu’ils écrivent au sujet de gens comme lui, on pourrait presque trouver ça drôle.
La Tour de Garde, 15 février 2004, pages 16 à 21 :
Tel un ravisseur qui emmène loin de sa famille une victime sans méfiance, les apostats
abusent de la confiance des membres de la congrégation pour les attirer loin du troupeau.
(…) Ils recourent souvent à la déformation, aux demi-vérités ou au mensonge pur et
simple.
Quelle subtilité dans l’image employée, n’est-ce pas ? Les apostats sont décrits comme une espèce
de Marc Dutroux spirituels. Relire à ce sujet les articles (assez bon d’ailleurs) que la société
Watchtower a publié pour dénoncer les méthodes propagandistes, dans Réveillez-vous ! du 22 juin
2000, pages 6 à 8 :
"Certains insultent ceux qui ne partagent pas leur point de vue en mettant en doute leurs mobiles
ou en critiquant leur personnalité au lieu de rester sur le terrain des faits. L’agresseur colle une
Via Veritas
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étiquette négative, facile à retenir, sur une personne, un groupe ou une idée, en espérant que c’est
de cela que l’on se souviendra. Il aura gagné si les gens rejettent la personne ou l’idée visées à
cause de cette étiquette négative et non parce qu’ils auront eux-mêmes pesé le pour et le contre. "
Étrangement, tous les articles cités ci-dessus enjoignent fortement les Témoins de Jéhovah à ne
surtout pas "peser eux-mêmes le pour et le contre" de ce qu’auraient à dire ceux qui ont quitté le
jéhovisme. Il est étonnant qu’ils défendent leur Vérité exactement de la façon dont ils disent euxmêmes qu’elle sert à défendre habituellement le mensonge.
La Tour de Garde, 1er septembre 2004, pages 13 à 18 :
Quel est leur but ? Pierre ajoute : “ Ils vous exploiteront. ” Les apostats ont beau prétendre le
contraire, leur but véritable est de “ voler et tuer et détruire ”. (Jean 10:10.) Prenons
garde à ces étrangers !
Les Témoins de Jéhovah sont-ils seulement les victimes de discriminations, de stigmatisations, ou
en sont-ils également coupables ?
Seconde question abordée par S.
Peut-on penser que certains TdJ aient au fond un rejet inconscient de cette disposition, et qu’ils ne
font que la légitimer en occultant sans scrupules ses aspects socialement et moralement
destructeurs ?
À mon avis, ça dépend pour une grande partie de QUI on parle. L’uniformisation du jéhovisme est
une façade tellement marquante qu’on en oublie facilement (tant du côté des opposants que du côté
des apologistes) que les motivations des uns et des autres sont extrêmement variables (d’un individu
à l’autre, mais aussi pour un même individu à différentes époques de sa vie). Je ne doute pas que ce
que ce refus inconscient, ou au moins une forte gêne à ce sujet, soit vrai pour une bonne partie des
TdJ, mais comme un Témoin de Jéhovah ne produit en général que le discours que le mouvement
attend de lui, il est impossible de dire, de près ou de loin, de quoi elle se compose cette "bonne
partie" : 25% ou 75% ?
On peut établir un parallèle avec la façon qu’ont de nombreux TdJ de ne pas vouloir se rendre
compte de l’horreur de ce qui constitue leur espérance, qui passe rappelons-le par l’annihilation
de 99.9% de l’humanité (selon les chiffres actuels). Un massacre inimaginable à côté duquel la
seconde guerre mondiale ferait office de pétard mouillé.
À l’époque de Rutherford (et dans une moindre mesure jusqu’à la mort de F. Franz -le dernier vrai
Rutherfordien) les TdJ assumaient parfaitement la violence de leur discours (nombreuses
illustrations de gens en train de mourir, effarés, terrorisés, femmes et enfants compris, descriptions
très morbide des cadavres qui serviront à nourrir les piafs ou enrichir le sol pour la prochaine
récolte, etc.)
Mais aujourd’hui, ça devient beaucoup plus rare, à quelques fanatiques prêt. Je me souviens qu’une
Tour de Garde de 2001 était retombé dans ce genre de travers, très violente dans ses mots, et je me
souviens aussi qu’elle avait créé un certain malaise dans ma congrégation de l’époque...
Très majoritairement, Les TdJ ne sont plus du tout "fiers" de cet aspect-là de leur Vérité ! Depuis
cet article de 2001, je n’ai pas souvenir d’avoir lu quelque chose dans cet esprit-là (à part le livre
"Révélation - grand dénouement", plusieurs fois étudié en études de livre, bien sûr, mais qui est déjà
assez ancien pour ce qui est de sa publication). Même le récent livre sur les douze Prophètes ("Vivez
en gardant à l’esprit le jour de Jéhovah") est étonnamment sobre de ce point de vue, alors qu’il y
avait largement moyen sur ce thème de faire dans le morbide, compte tenu de la teneur de certains
versets qu’on trouve dans cette partie de la Bible.
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Bien sûr dans le fond, on continue de prêcher la même chose, mais on ne veut plus (assez
hypocritement, mais on l’est tous plus ou moins quand il s’agit de défendre sa cause, surtout si elle
est sacrée...) regarder "en face" ce que ça implique. J’ai souvenir de discussions avec des personnes
assez sensibles au discours jéhoviste et où, effectivement, le malaise devenait palpable quand la
discussion allait dans ce sens-là, quand il s’agissait de tirer toutes les conséquences du message des
TdJ !
Posez-leur la question : "Est-il juste de tuer une personne qui n’a pas la bonne religion ?" Il est
probable que les TdJ lambda (toujours à l’exception des quelques fanatiques dont on parlait plus
haut) vous verront comme un fou furieux, pour le seul fait d’oser poser une question si affreuse.
Et pourtant : qu’est-ce qu’ils prêchent d’autre ? Leur invitation pressante à la conversion ("c’est
une question de vie ou de mort") veut bien dire que c’est pour eux ni plus ni moins ce que compte
faire Jéhovah : tuer toutes les personnes qui n’ont pas choisi la bonne religion. Mais présenté
comme ça, ça ne leur va pourtant plus du tout !
Phénomène très connu et qu’on appelle la "dissonance cognitive" : la cohabitation -très
inconfortable- de deux "vérités’ qui sont fondamentalement incompatibles entre elles, mais
auxquelles on tient trop, chacune à sa façon, pour pouvoir se résigner à les réviser.
Toute cette longue tirade pour en revenir à la pratique de l’exclusion. Même si elle ne plaît pas au
Témoin de Jéhovah lambda, elle est trop importante -puisqu’elle "légitime" le jéhovisme comme
"pas-partie-du-monde"- pour qu’il puisse la remettre en cause. Cette dissonance cognitive me
semble assez perceptible dans certains articles qui traitent du sujet :
La Tour de Garde, 15 décembre 1981, pages 25-30 :
4 La même alternative se présentait lorsqu’un Israélite devenait apostat. Sa famille allaitelle essayer, sous l’influence des sentiments et des liens du sang, de le soustraire au
retranchement ? Ou bien son propre frère, son propre fils et sa propre fille comprendraientils que la fidélité à Dieu et à la congrégation constituait la voie juste et sage (voir
Deutéronome 13:6-11) ? Dans le système chrétien actuel, on ne retranche pas le pécheur en
le mettant à mort ; néanmoins, le fait qu’un membre de leur famille est discipliné peut
représenter une épreuve pour les chrétiens.
QUAND LES MEMBRES DE LA FAMILLE SONT CAUSE DE PROBLÈMES
5 Les liens et l’affection entre membres d’une famille peuvent être très puissants. Ceci est
naturel et conforme à l’ordre voulu par Dieu (Jean 16:21). Mais ces liens solides peuvent
aussi mettre le chrétien à rude épreuve. Jésus expliqua que la conversion d’une personne au
christianisme pourrait avoir pour effet de dresser contre elle certains membres de sa famille.
Il déclara : “Je suis venu mettre, non pas la paix, mais l’épée. Car je suis venu causer la
division : l’homme sera contre son père, la fille contre sa mère, la jeune épouse contre sa
belle-mère. Oui, les ennemis de l’homme seront ceux de sa propre maison. Celui qui a plus
d’affection pour son père ou pour sa mère que pour moi n’est pas digne de moi.” — Mat.
10:34-38.
6 Les chrétiens ne désirent pas qu’une telle hostilité s’installe, et leur famille n’a pas à les
combattre ou à les haïr parce qu’ils sont devenus des serviteurs de Dieu purs, moraux et
honnêtes [1]. Toutefois, les vrais chrétiens reconnaissent qu’ils ne peuvent pas faire passer
leur famille avant Dieu. À long terme, il est dans l’intérêt de tous que le chrétien demeure
fidèle à Dieu. Peut-être pourra-t-il un jour inciter les membres de sa famille à emprunter la
voie qui mène au salut. — Rom. 9:1-3 ; I Cor. 7:12-16.
7 Les membres de la famille peuvent encore être une source de problèmes d’une autre
Via Veritas
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façon : quand l’un d’eux est exclu. Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, si
un chrétien pratique un péché grave et ne se repent pas, Dieu exige qu’il soit exclu (I Cor.
5:11-13). La conduite du coupable a modifié complètement ses relations avec Jéhovah et,
partant, avec les membres de sa famille qui sont Témoins de Jéhovah. Dieu n’est pas à
blâmer, car ses principes sont justes (Job 34:10, 12.). La responsabilité de cet état de
choses n’incombe pas non plus aux membres de la famille qui sont restés des chrétiens
fidèles. C’est l’exclu qui s’est créé des problèmes et qui en a créés à sa famille, comme
jadis Coré, Dathan et Abiram.
Ce qui ressort de cet extrait, c’est que si une personne qui se convertit au jéhovisme provoque, en
quittant la religion "familiale", l’hostilité des siens, c’est de la responsabilité de sa famille. Mais
en retour, si c’est le jéhovisme la religion "familiale" qui est quittée par un de ses membres, il
endossera l’entière responsabilité de l’hostilité qui lui sera manifestée ; ce sera de sa faute à lui.
Qu’ils soient les "objets" ou les "acteurs" de l’hostilité familiale, ce sera de toutes façons la faute
de "l’autre". La même situation obtient -selon la distribution des rôles- deux conclusions
diamétralement opposées.
Je ne doute pas une seconde qu’un raisonnement aussi tordu, aussi "bête" pour tout dire (car le
manque total de réciprocité de ce : "c’est-nous-qu’on-a-toujours-raison" saute aux yeux de
n’importe quel lecteur "distancié") venant de personnes qui ne le sont pourtant pas (bêtes),
s’explique en grande partie, à mes yeux, par le phénomène de dissonance cognitive :
on ne peut pas renoncer à la pratique de l’exclusion,
mais on se rend bien compte en même temps des conséquences terribles qu’elle peut avoir sur les
familles...
Comment faire cohabiter ces deux vérités ? Très simple, il suffit de rendre "l’autre" responsable de
SES choix dans un sens, et de NOS choix dans l’autre sens.
Ça parait être un procédé très grossier vu de l’extérieur (et du reste, ça l’est), mais la dissonance
cognitive produit rarement des systèmes très subtils...Dès qu’on a réussi à pondre un système qui
permette de "sauver" les conceptions/vérités auxquelles on tient, on s’en saisis, on se convainc soimême que c’est LA solution, et on ne veut (ou peut) surtout plus revenir dessus ! Problème réglé : la
poussière est désormais sous le tapis, il n’y a donc plus de poussière !
Allez ! Pour finir, tout cela me rappelle une petite anecdote parmi mes souvenirs de guerre :
Une "sœur" de ma congrégation avait toutes les peines du monde à faire marcher droit sa fille
adolescente. La jeune fille était à l’époque proclamatrice non-baptisée, pas franchement motivée par
la religion, et quand elle a été surprise par ses copines TdJ à rouler goulument une galoche à son
boyfriend du lycée, elle fut dénoncée aux anciens et vertement reprise par un comité judiciaire.
Comme il y avait eu plusieurs témoins du "problème", les anciens (menés à l’époque par un
"purédur", petit kapo local à la mine sévère, une vraie caricature !) ont décidé que la réprimande
devait être publique, et la gamine a eu droit à un "discours de service" sur "l’immoralité" qui
risquait de se répandre dans la congrégation, etc. et où elle fut citée nommément comme "brebis
galeuse" avec laquelle il fallait se montrer "prudent dans ses relations". Ils ont sorti le bulldozer
pour une simple pelle...
Bref, notre petite sœur (mère divorcée) l’avait quand même un peu mauvaise que sa gamine soit
livrée ainsi à la honte publique, et elle s’en est ouverte à "frère Kapo". Connaissant bien la sœur en
question, soumise de chez soumise, pour qu’elle ose aller parler ainsi de sa difficulté à accepter la
peine, c’est qu’elle avait tout de même dû être pas mal secouée...
Réponse de frère Kapo : "Tu sais, il faut au contraire remercier Jéhovah pour son amour. Dans
l’ancien Israël, tu aurais dû toi-même participer à la lapidation de ta fille !"
Via Veritas
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Sœur Maman fut, comment dire ?, quelque peu ébranlée par la réponse pleine de bon sens de frère
Kapo... Elle est revenu à la charge en lui disant encore plus ouvertement combien elle était choquée
par cette réponse. Frère Kapo lui a alors cité cet article de Tour de Garde :
La Tour de Garde, 15 avril 1991, pages 14 à 20 :
Selon le commandement divin, si quelqu’un qui a commis le mal est exclu, les chrétiens
doivent “cesser de [le] fréquenter (...) ne pas même manger avec un tel homme”. Il est donc
‘retranché’, c’est-à-dire qu’il est privé de relations fraternelles et ne participe plus à aucune
activité récréative avec ceux qui sont fidèles, qui respectent la loi de Dieu et veulent marcher
en accord avec elle. Il se peut que certains de ces fidèles, tout en ne demeurant pas sous le
même toit que l’exclu, fassent partie de sa famille. Il se peut aussi que cela soit dur pour
ces personnes de respecter le commandement divin, comme il n’était pas facile à des
Hébreux vivant sous la Loi mosaïque de prendre part à l’exécution de leur fils
méchant. Quoi qu’il en soit, le commandement de Dieu est clair ; nous pouvons donc être
sûrs que l’exclusion est une mesure juste. — 1 Corinthiens 5:1, 6-8, 11 ; Tite 3:10, 11 ; 2
Jean 9-11.
"Tu vois, sœur Maman -lui dit frère Kapo- la comparaison n’est pas de moi ; cette idée, c’est la
Société qui l’a donnée !"
Et comment je suis au courant de cette histoire, moi ? C’est là que ça devient intéressant : c’est sœur
Maman qui me l’a racontée, quelques années plus tard !
Mais elle ne me l’a pas racontée pour se plaindre de frère Kapo, pas du tout ! Elle utilisait cette
histoire pathétique pour démontrer que, parfois, on se laisse prendre par ses sentiments, et qu’on
critique un ancien qui ne fait qu’appliquer la justice !
Raconter cette histoire était pour elle un moyen de rendre honneur à la droiture de frère Kapo et, par
lui, à l’Organisation !
Ce qui était absolument choquant, inacceptable, quand elle pensait que ça venait du seul frère Kapo,
devenait tout à coup parfaitement légitime -voire même carrément positif- quand elle a réalisé que
ça venait de la Tour de Garde !
La pauvre était absolument incapable de remettre en cause la légitimité de l’Organisation, incapable
de dire : "Si cette pensée est affreuse quand je crois qu’elle vient de frère Kapo, elle reste tout aussi
affreuse si elle vient de la Watchtower !"
C’était au dessus de ses forces ! Il fallait sauver en elle l’image qu’elle se faisait de l’Organisation.
"Dissonance cognitive" a fait son œuvre chez Sœur Maman, et elle s’est assise sur ses sentiments
maternels en cette circonstance.
Et tant qu’ils continueront tous de s’asseoir sur leurs sentiments (ce à quoi ils sont d’ailleurs
ouvertement enjoints), l’exclusion continuera de fonctionner. Et c’est ainsi que Jéhovah est grand,
comme aurait dit Vialatte !
Via Veritas
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DEVOILER L'ERREUR
Quand l'erreur est si multiple qu'elle ne peut être que mensonge.
Via Veritas
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Croyez-vous au père Noé ?
Par Lucretius
Le récit du déluge de Noé est une pierre de touche de la véracité biblique. Difficile de croire dans
les Écritures si l’on ne croit pas à l’histoire de Noé.
Car les rédacteurs des Évangiles eux y croyaient et ils font dire à Jésus : "Car de même que furent
les jours de Noé, ainsi sera la présence du Fils de l’homme. Car de même qu’ils étaient en ces jours
d’avant le déluge : ils mangeaient et buvaient, les hommes se mariaient et les femmes étaient
données en mariage, jusqu’au jour où Noé est entré dans l’arche ; et ils n’ont pas été attentifs
jusqu’à ce que le déluge vienne et les emporte tous, ainsi sera la présence du Fils de l’homme."
(Mat 22:37-40).
En toute logique si le déluge de Noé est un mythe alors les propos de Jésus le sont tout autant. On
pourra toujours objecter que le déluge n’était pas universel mais local ou même que le récit n’était
qu’une allégorie. Le raisonnement ne tient pas. Si le déluge avait été local, la plus grande partie de
l’humanité aurait alors survécu se fichant pas mal de l’ire de Dieu, or Jésus est censé convaincre son
auditoire du caractère impératif et universel d’une prise de position - cf v.30 : "Et alors le Fils de
l’homme apparaîtra dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre (grec ge) se frapperont la
poitrine en se lamentant, et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuages du ciel avec
puissance et grande gloire". Pas d’échappatoire : la mort ou la survie selon le choix de Dieu, comme
à l’époque de Noé.
Si le déluge avait été une simple allégorie dans l’esprit de Jésus et des disciples, quelle force aurait
eu la référence à une histoire imaginaire. Si Noé n’avait pas eu de présence (parousia souvent
traduite par venue) alors Jésus n’aurait pas de présence (venue).
Un déluge universel qui a porté les eaux "au point que toutes les grandes montagnes qui étaient sous
tous les cieux furent recouvertes" (Gen 7:19) a-t-il vraiment eu lieu ? La Bible est-elle véridique ?
Et par voie de conséquence, les propos attribués à Jésus sont-ils véridiques ?
C’est pourquoi le déluge de Noé est une dérangeante pierre de touche de la véracité biblique.
Le récit biblique de la Genèse est-il crédible ?
Par Lucretius
Oui, si l’on en croit l’approche fondamentaliste. Les fondamentalistes soutiennent mordicus la
réalité historique d’un déluge global et universel qui a réduit à rien la création, ou peu s’en faut, en
2370 av. n. e (date officielle retenue par les Témoins de Jéhovah) ou d’autres dates du même genre.
Combien d’espèces sont entrées dans l’arche selon la doctrine TJ ?
Selon l’encyclopédie biblique des Témoins de Jéhovah, Étude perspicace des Écritures, volume 1 p.
158 - quelques centaines tout au plus selon "certains chercheurs" (pas de nom, pas de sources, le
modèle parfait de la véracité et de la bonne foi, pas de contestation possible). Suivent des
Via Veritas
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évaluations à la louche, des estimations de créationnistes notoires, pas de zoologistes ou de
biologistes, le tout daté d’au mieux 50 ans. Les informations sont tellement soutenues par la
recherche actuelle que la même sauce est servie entre le livre Auxiliaire pour une meilleure
intelligence de la Bible (1971) et Étude perspicace des Écritures (le successeur) (1997).
Il n’existe d’ailleurs aucune autre publication qui aborde ce point. Pourquoi s’arrêter sur des points
de détails si l’on a la vraie foi ?
Qu’est ce que l’arche ?
Un coffre de bois compartimenté de 300 x 50 x 30 coudées (1 coudée 50 cm) / 150 x 25 x 15 m3
soit environ 40000 m3 exploitables.
Combien d’animaux y sont rentrés ?
Pas plus de 50 000 selon certaines estimations de créationnistes fervents, or il existe plusieurs
millions d’espèces en vie actuellement.
Nous noterons avec intérêt l’évaluation donnée par l’Encyclopedia Universalis / article biodiversité
"Les espèces, richesse de la planète
Inversement, on sait qu’une “espèce” définie morphologiquement peut inclure des espèces
biologiquement séparées mais presque impossibles à distinguer (espèces dites “jumelles”). Enfin,
on découvre sans arrêt des espèces nouvelles. Les scientifiques en viennent donc à tenter de cerner
de façon indirecte le nombre d’espèces qui pourraient effectivement exister actuellement. Par
différents procédés, tous contestables du point de vue méthodologique, des estimations fort
différentes ont été obtenues, qui s’échelonnent entre 5 millions et plusieurs dizaines de millions."
L’estimation des fondamentalistes n’est pas d’un pour cent des espèces actuelles.
Même si l’ on retient l’hypothèse créationniste haute de 50 000 animaux. Un problème de taille se
pose.
D’où vient la diversité des espèces actuelles ? Évolution ?
Nous devrions voir la création d’espèces nouvelles à un rythme effréné : des millions d’espèces
nouvelles en quelques 40 siècles.
Sur une hypothèse basse de un million de nouvelles espèces sur 4000 ans, çà fait plus de 250
nouvelles espèces par an, soit 5 par semaine. Ouf, moi qui croyait à la disparition des espèces, me
voilà rassuré.
Comment des animaux comme les koalas, les kangourous, les pingouins, les ours polaires ou les
tortues géantes ont-ils faits pour se rendre en plaine de Schinear ou sur les montagnes de Turquie ?
Ont-ils traversé les mers et les océans ?
Comment des animaux faits pour vivre en Arctique ou aux Tropiques ont ils faits pour survivre dans
un autre biotope inhospitalier ? Et après le déluge, comment ont-ils traversé les mers et les océans
pour qu’il ne s’en trouve nulle part ailleurs que dans leurs biômes actuels, en évitant soigneusement
de ne pas trop procréer en chemin.
La tortue géante des Iles Galapagos ne se trouve que dans cette île, et chose étrange ce n’est que là
que l’on en trouve les traces. Combien d’années a t’il fallu à notre pauvre couple de tortues pour
quitter son île et surtout pour y revenir après avoir dégringolé une chaîne de montagnes enneigée
(entre 4000 et 5000 m d’altitude SVP), traversé déserts et océans ?
(Gn 7:11-14) En l’an six cent de la vie de Noé, au deuxième mois, le dix-septième jour du mois, en
ce jour-là se fendirent toutes les sources de l’immense abîme d’eau et les écluses des cieux
s’ouvrirent. Et la pluie torrentielle se déversa sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits.
Ce jour même, Noé entra dans l’arche et, avec lui, Sem, Cham et Japhet les fils de Noé, ainsi que
la femme de Noé et les trois femmes de ses fils ; eux et toute bête sauvage selon son espèce, tout
animal domestique selon son espèce et tout animal se mouvant qui se meut sur la terre selon son
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espèce, ainsi que toute créature volante selon son espèce, tout oiseau, toute créature ailée.
Et le temps de chargement ?
Avec une estimation de 50 000 animaux à rentrer en une journée par une seule porte, ça fait 2500
par heure ou 41 par minute dans un bâtiment divisé en 3 ponts et grand comme le Titanic. Avec un
couple chargé et parqué toutes les 30 secondes, il aurait fallu 8,7 jours sans s’arrêter une seule
minute. Et la nourriture ?
Pour nourrir 50 000 animaux tous les jours à raison de 20 heures de travail pour 8 personnes,
chaque personne aurait dû s’occuper de plus de 310 animaux par heure. Et avec quoi ?
Le koala ne mange que des feuilles d’eucalyptus d’un certain type, certains oiseaux-mouches ne
mangent que le nectar de certaines fleurs,...
Courage Noé !
Qu’ont mangé les grands carnivores ?
Combien de tonnes de viande a-t-il fallu charger pour nourrir les fauves pendant une année
complète ?
A moins que les canines adaptées à une alimentation exclusivement carnée ne leur soient venues
qu’après le déluge (pourquoi et comment la Bible n’en parle pas) et qu’ils aient mangé eux aussi les
tonnes de fourrage nécessaires.
Et l’eau ?
Pas question de boire une eau souillée par le limon, les millions de cadavres en décomposition et la
boue, combien de tonnes d’eau aurait-il fallu charger et conserver durablement ?
Et le nettoyage de l’arche ?
Plus de 310 boxes à nettoyer toutes les heures pour un nettoyage quotidien. Pas étonnant que la vie
de Noé ait été raccourcie.
Qu’en est-il de la survie des créatures marines ?
Les poissons de mer n’auraient pas survécu à une telle arrivée d’eau douce qui aurait modifié
durablement la salinité des océans. Les poissons d’eaux douce n’auraient pas mieux survécu à un
milieu salin.
Mais ça le rédacteur et la tradition orale ne pouvaient pas le savoir.
Qu’en est-il des plantes ?
Un séjour prolongé dans l’eau salée et la boue, loin du soleil pendant un an n’aurait donné aucune
chance à la diversité botanique actuelle.
Comment les millions d’espèces d’insectes auraient-elles survécues ?
Une année complète à séjourner dans l’eau, combien de colonies d’insectes auraient pu survivre ?
Noé a pris un mâle et une femelle fourmi. Ça n’a pas de sens. Et les gastéropodes, les escargots, un
mâle et une femelle aussi (pas de chance, ils sont hermaphrodites) et en 20 siècles, ils auraient
colonisé toute l’Europe en descendant de la montagne, parce que les Romains se vantaient de les
consommer et même d’en faire l’élevage. Quels menteurs ces Romains ! Quel voyageur cet
escargot de Bourgogne !
Et enfin, qu’ont mangé les animaux en débarquant ?
Les rares plantes qui auraient survécues, quelques algues peut-être ?
Qu’ont alors mangé les carnivores ?
En un rien de temps ils auraient dévoré les rares couples d’herbivores encore vivants et au revoir le
Via Veritas
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renouvellement des espèces.
Et avec une telle pauvreté génétique, les espèces auraient dû s’éteindre. Les écologistes et
zoologistes s’arrachent les cheveux lorsque une population animale tombe en dessous d’un certain
seuil, car ils savent pertinemment que malgré leurs efforts diligents, l’espèce est malheureusement
vouée à disparaître.
Où est la logique, où est la raison, où est le bon sens ?
Disparus, avec le Déluge surement.
Six arguments sur le Déluge auxquels les créationnistes ne peuvent
répondre
Quand le créationnisme est désarmé - Traduction Popper
© 1982 par Robert J. Schadewald, Réimprimé de Création/Evolution IX (1982)
Il y a de cela quelques années, la NASA a réalisé les premières photographies de l’espace de cette
magnifique agate bleu-verte tourmentée de nuages que nous appelons la Terre. Un reporter montra
une de ces photos au défunt Samuel Shenton, alors président la Société Internationale de Recherche
de la Terre Plate. Shenton l’étudia un instant et dit « Il est facile de voir comment une telle photo
peut tromper l’œil inexpérimenté »
Les yeux bien entrainés (et l’esprit) sont caractéristiques des pseudo-scientifiques. Shenton rejetait
que la Terre était sphérique car elle entrait en conflit avec l’interprétation littérale de la Bible, et il
entraina ses yeux et son esprit à rejeter toute preuve contraire à ses yeux. Les scientifiques
créationnistes doivent faire de même avec leurs pensées pour rejeter le nombre accablant de preuves
géologiques, biologiques, physiques et astronomiques qui contredisent leur interprétation de la
Bible. Dans un forum public, la meilleure manière de démontrer que le créationnisme est une
pseudo science est tout simplement de montrer comment est bien entrainé l’esprit des créationnistes.
La pseudo-science diffère de la science dans de nombreux points fondamentaux, mais plus
particulièrement dans son attitude envers la mise à l’épreuve de ses hypothèses. En science, les
hypothèses sont les idées proposées pour expliquer les faits, et elles sont considérées comme étant
insuffisantes jusqu’à ce qu’elles survivent à l’épreuve de tests rigoureux. En pseudo-science, les
hypothèses sont érigées comme une défense contre les faits. Les pseudo-scientifiques offrent
régulièrement des hypothèses contredites catégoriquement par des faits bien connus qui peuvent
être ignorés mais uniquement par des esprits bien entrainés. De ce fait, pour démontrer que les
créationnistes sont des pseudo-scientifiques, il suffit d’amener ces hypothèses jusqu’à leur
conclusion logique.
Fossiles et Animaux
Les scientifiques créationnistes interprètent les fossiles trouvés dans les roches terrestres comme
étant les vestiges d’animaux ayant péri au déluge de Noé. Ironie du sort, ils citent souvent comme
preuve du déluge le nombre de fossiles trouvés dans les « cimetières de fossiles ». Ils semblent, tout
particulièrement épris de la formation de Karroo en Afrique, formation dans laquelle sont contenu
les restes de 800 milliards d’animaux vertébrés (voir Withcomb and Morris p.160 ; Gish, p.61).
Via Veritas
27
Comme tous les pseudo-scientifiques, les créationnistes ne préfèrent pas tester cette hypothèse
majeure que tous les animaux fossilisés soient morts lors du déluge.
Robert E. Sloan, un paléontologue de l’Université du Minnesota, a étudié la formation du Karoo. Il
m’a dit que les animaux fossilisés vont de la taille d’un petit lézard de la taille d’une vache, la
moyenne pouvant-être un animal de la taille d’un renard. Quelques secondes avec une calculatrice
suffit à démontrer que, si les 800 milliards d’animaux dans la formation du Karroo pouvaient être
ressuscités, il y aurait 21 d’entre eux pour chaque acre de terre sur la terre (une acre est égal à ¾
d’un terrain de football, cela nous donne 33 « renards » par terrain de football sur l’ensemble de la
planète Terre (et non pas des terrains de footballs existants)). Supposons que nous admettions (et
cela en toute prudence, je crois) que la formation de Karroo ne contienne qu’un pour cent des
fossiles vertébrés de la planète. Alors quand le déluge commença, il devait y avoir au moins 2100
animaux par acre (soit 3370 animaux par terrains de football), allant des minuscules musaraignes à
d’immenses dinosaures ! Pour une personne non-créationniste, la planète Terre semble un peu trop
petite pour tout ce monde.
J’ai balancé cet argument à Duane Gish lors d’un débat à la Who Radio de Des Moines, Iowa
(USA), le 21 octobre 1980. Gish fit la seule chose possible pour lui : il resta de marbre en contestant
mes chiffres, c’est-à-dire, en substance, en me traitant de menteur. Je n’avais pas de calculatrice
avec moi, mais j’ai reproduit les chiffres avec un crayon et un papier et le tançant de nouveau avec
le résultat. Sa réponse ? « Les créationnistes ne peuvent répondre à tout et « on estime qu’il y a 100
milliard de milliard d’harengs dans l’océan ». Comment s’en sortir avec cet argument ? Plus tard,
j’ai essayé le chiffre de Gish sur ma calculatrice et j’ai découvert qu’il y a environ 29 000 harengs
par mètre carré à la surface de l’océan. J’en ai conclu (a) que tous les harengs sont rouges, et (b)
qu’ils furent créés ex nihilo par Duane Gish le soir du 21 octobre 1980.
Les fossiles marins
Les continents sont, en moyenne, couverts de roches sédimentaires jusqu’à une profondeur
d’environ deux kilomètres. Certaines roches (comme la craie par exemple) sont essentiellement
fossiles à 100% et de nombreux calcaires fossiles contiennent aussi un pourcentage élevé de fossiles
marins. D’autre part, certaines roches sont vides de toute trace fossile. Supposons maintenant, qu’en
moyenne, les fossiles marins comprennent 0.1% du volume des roches terrestres. Si tous les
animaux marins fossilisés pouvaient être ressuscités, ils couvriraient l’ensemble de la planète sur
une épaisseur d’au moins 60 centimètres. Que mangeraient-ils ?
Les créationnistes ne peuvent faire référence au paradis tropical qu’ils imaginent avoir existé sous la
canopée pré-diluvienne à cause des lois de la thermo dynamique ne permettant pas à la Terre de
supporter cette biomasse animale. La première loi dit que l’énergie ne peut-être créée, donc les
animaux doivent prendre leur énergie du soleil. La seconde loi limite l’efficacité de la
transformation de l’énergie solaire en nourriture et la totalité de l’énergie solaire disponible n’est
même pas suffisante.
Varves
La célèbre formation de Green River couvre des dizaines de milliers de kilomètres carrés. Cette
formation contient environ 20 millions de varves. Chaque varve étant composée d’une fine couche
de sédiments clairs et d’une couche encore plus fine de sédiments noirs. Selon l’interprétation
géologique conventionnelle, ces couches de sédiments se sont déposées au fond d’ancien lacs
entremêlés. Les couches grossières et claires de sédiments se déposaient au cours de l’été quand les
ruissellements de l’été étaient abondants et les couches noires et fines se déposaient durant l’hiver,
quand il y en avait moins de ruissellement (ce processus peut être observé dans les lacs d’eau douce
d’aujourd’hui.) Si cette interprétation est correcte, les varves de la formation de Green River se sont
formées sur une période de plus de 20 millions d’années.
Via Veritas
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Les créationnistes
insistent sur le fait
que la terre n’a
pas plus de 10 000
ans, et que les
couches
géologiques ont
été déposées lors
du Déluge.
Whitcomb et
Morris (p. 427)
ont donc tenté
d’attribuer la
formation des
varves de Green
River à une
« turbulence
complexe de
courants peu
profonds ». Les courants de turbulence et les flux d’eaux boueuses, apparaissent en général dans
l’océan lors de glissements de terrains. Si les schistes de la Green River furent déposés durant le
déluge, il était obligatoire qu’il y ait 40 millions de courants de turbulences, alternants les eaux
claires et noires, sur plus de 300 jours environs. Un simple calcul (que les créationnistes ont évité
pendant 20 ans) montre que les couches doivent s’être formées à la vitesse d’environ trois couches
toutes les deux secondes. Une succession de 40 000 000 de courants de turbulences couvrant des
dizaines de milliers de kilomètres carrés toutes les deux-tiers de seconde semble plus
qu’improbable.
Face à ces chiffres, Henry Morris semble ne pas s’en sortir. Kenneth Miller, un biologiste de
l’Université Brown, lui lança cette "bombe" lors d’un débat à Tampa, en Floride, le 19 septembre
1981, et Morris n’a même pas tenté de répondre. Fred Edwords utilisa essentiellement le même
argument contre Duane Gish dans un débat le 2 février 1982. Pour seule réfutation, Gish affirma
que "des poissons fossilisés apparaissaient à travers les différentes couches et que par conséquent
les strates ne pouvaient être biannuelles". Comme d’habitude, l’argument de Gish ne répond pas à la
question principale qui concerne la formation de millions de couches clairement différentes en
moins d’un an. En outre, l’argument de Gish est faux. Selon R. Lance Grande, paléontologue à
l’American Museum of Natural History, une autorité en la matière sur la formation de la Green
River, si des os ou des nageoires d’un poisson peuvent traverser plusieurs couches, en général,
chaque poisson est voilé par une seule couche de sédiments.
Les germes des maladies
Pour de nombreuses maladies transmissibles, le seul “réservoir” est l’homme. C’est ainsi, des
germes ou des virus qui causent des maladies ne peuvent survivre uniquement que dans un corps d’
humain vivant ou dans des laboratoires bien équipés. Des exemples bien connus de ces maladies
comprennent la rougeole, la pneumonie et les pneumocoques, la lèpre, le typhus, la fièvre typhoïde,
la variole, la poliomyélite, la syphilis et la gonorrhée. Était-ce Adam ou Ève ou les deux qui furent
créés avec la gonorrhée ? Qu’en est-il de la syphilis ? Les scientifiques créationnistes insistent sur
une création achevée, pleine et parfaite lorsque le créateur a travaillé en se reposant après le sixième
jour de création. Ceci veut dire, qu’un membre du premier couple devait avoir été créé avec toutes
ces maladies et bien plus tard, quelqu’un devait les amener avec lui/elle dans l’arche de Noé.
Notez que cet argument couvre chaque germe de maladie ou virus qui ne peut survivre que dans un
Via Veritas
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hôte spécifique. Mais même si l’arche de Noé était un rafiot empesté de maladies, seulement
quelques unes de ces maladies auraient pu survivre. Dans le meilleur des cas, seulement deux
animaux de chaque espèce sont supposés avoir été pris dans l’arche. Supposons que le mâle était
porteur d’une de ces maladies en entrant dans l’arche. Il guérit mais passe la maladie à la femelle.
Elle guérit elle aussi, mais il n’y a plus d’animaux à qui passer la maladie puisque le mâle est
maintenant immunisé. Chaque maladie pour laquelle ce cycle dure moins d’un an devrait donc avoir
disparu !
Les créationnistes ne peuvent accuser Satan d’être responsable de ces germes. S’ils le font, la
question immédiate est : Comment savons-nous que Satan n’a pas créé le reste de l’univers ? Ceci
fut souvent proposé que si Satan peut créer une seule chose alors il peut aussi en créer une autre. Si
un créationniste essaie d’argumenter comme quoi les virus sont des mutations de plus petits
organismes (des formes dégénérées bien entendues), il se trouvera en train d’expliquer l’évolution.
L’hypothèse d’une mutation peut-être considérée seulement, et seulement si ce sont les formes
mutantes qui ont survécues.
Le registre fossile
Les créationnistes évitent par tous les moyens de discuter du comment les fossiles en sont venus à
être stratifiés de la sorte. Sur les quelques milliers de pages qu’Henry Morris a écrit sur le
créationnisme, seulement une douzaine de pages concernent ce sujet difficile, qu’il finalise en
recyclant trois apologies déjà présentes dans plusieurs de ses livres. Les mécanismes qu’il propose
peuvent être appelés les victimes de l’environnement, les victimes des déplacements, du tri et de
l’hydraulique. En général, l’apologie des victimes de l’environnement et du déplacement est
combinée. Les créationnistes expliquent que le déluge devait d’abord engloutir les animaux marins,
puis les créatures terrestres peu rapides comme les reptiles, etc. pendant que les hommes les plus
intelligents tentaient de s’échapper en haut des montagnes. Pour un créationniste, ceci explique
aisément comment les fossiles apparaissent dans les strates géologiques. Un scientifique peut tester
ces hypothèses en examinant le fait que les plantes à fleurs ne se trouvent pas dans les gisements de
fossiles jusqu’au début de l’ère du Crétacé. Un scénario avec des magnolias (une plante primitive)
poussant en haut des collines, pour être inondé avec les mammifères primitifs au-dessous, n’est pas
plus convaincant.
Si l’explication des victimes de l’environnement et du déplacement est absurde, l’argument
apologique du tri hydraulique est complètement réfuté par les gisements fossiles. La trainée
hydrodynamique d’un objet est directement proportionnelle à la superficie de sa partie transversale
et de son coefficient de traînée. Par conséquent, quand les objets avec la même densité et le même
coefficient de traînée se déplacent dans un fluide, elles sont triées selon la taille. (Les Ingénieurs
miniers utilisent ces phénomènes pour la séparation des différents types de minerais). Cela signifie
que tous les petits trilobites devraient se trouver au-dessus des grands trilobites dans le registre
fossile. Ce n’est pas ce que nous trouvons, bien au contraire. Par conséquent, cet argument est
irrecevable car réfuté immédiatement. Toutefois, on est en droit de se poser la question du comment
un ingénieur en hydraulique tel Henry Morris, reste de marbre à un tel argument.
Les strates inversées
Depuis le livre de George McCready Price, beaucoup de créationnistes ont utilisé les strates
inversées comme preuve contre la géologie conventionnelle. Mais, les géologues ont une très bonne
explication de ces strates avec pli inverses, où l’ordre normal des fossiles est inversé. La preuve du
pli géologique est naturellement évidente, et quand il n’y en a pas, il peut en être déduit de l’ordre
inversé fossiles. Mais les créationnistes n’ont pas d’explication pour ces strates inversées. Le déluge
aurait-il passé outre toutes les lois de l’hydrodynamisme (et de toutes les lois en général) ? Tous les
phénomènes qui caractérisent les strates retournées ne trouvent pas d’explications chez les
créationnistes. Par exemple, les trilobites bien préservés sont trouvé habituellement le ventre tourné
Via Veritas
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vers la roche. Si les strates rocheuses contiennent des trilobites retournés, on peut s’attendre à
trouver l’ensemble des trilobites le ventre tourné vers le haut. Et évidemment, c’est ce que nous
trouvons. D’autres éléments que peuvent montrer un géologue ou un paléontologue comprennent
des vers, les terriers de brachiopodes, empreintes de pas, des fissures de boues, des trous de pluie,
des lits de rivières, etc. Actuellement, ce n’est pas surprenant de voir que les créationnistes sont
incapables d’expliquer ces caractéristiques. Ni dans un sens, ni dans l’autre.
Chacune des six hypothèses précédentes bien connues des créationnistes ont été confrontées au plus
élémentaire et au plus basique des tests. Dans chaque cas, l’hypothèse s’est écroulée misérablement
d’elle-même. Pour tout le monde, l’échec est évident à quiconque n’étant pas protégé grâce à une
espèce d’aveuglement fanatique.
Étudier la science ne transforme pas nécessairement quelqu’un en un scientifique, de même
qu’étudier l’éthique ne fait pas devenir honnête. Les études doivent être appliquées. Créer et tester
des hypothèses sont les fondements de la science, et tout ceux qui refusent de tester leurs
hypothèses ne peuvent être appelés des scientifiques, et cela peu importe leur renommé. La plupart
des personnes qui se dénomment elles-mêmes comme étant des créationnistes, n’ont aucun bagage
ou études scientifiques et on ne peut attendre de leur part de mettre leurs hypothèses à l’épreuve
suivant la méthode scientifique. Mais les créationnistes professionnels qui dupent le public avec
leur doctorat (gagnés, payés ou mensongers) n’ont aucune excuse. Car ils échouent à tester leurs
hypothèses aux tests les plus élémentaires. Ils méritent donc pleinement le terme de pseudo
scientifique.
---Références textuelles :
Gardner, Martin. 1957. Fads and Fallacies in the Name of Science. New York : Dover, pp. 127-133.
Gish, Duane T. 1978. Evolution : The Fossils Say No ! San Diego : Creation-Life Publishers.
Whitcomb, John C., and Henry M. Morris. 1961. The Genesis Flood. Philadelphia : Presbyterian
and Reformed Publishing Co
L’arche de Noé - des questions embarrassantes
Quand le récit biblique heurte le bon sens...
L’arche de Noé
© 1996 Frank Steiger ; permission granted for retransmission. Traduction - Popper
La position créationniste
Le déluge fut crée par Dieu pour nettoyer la terre du « genre humain”, lequel (selon le point de vue
de Dieu) était devenu mauvais et donc une source d’embarras pour Dieu. Tous les hommes,
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femmes, enfants et bébés (sauf pour Noé et sa famille) furent tués par noyade.
Noé construisit, ou fit construire un grand navire en bois. Le bateau faisait a peu près 137 mètres de
long et avait des box et des enclos suffisants pour contenir toutes les espèces d’oiseaux et tous les
animaux terrestres qui existent aujourd’hui (quelques créationnistes croient que l’arche a contenu
toutes les espèces d’animaux terrestres qui ont existé). En prévision du déluge, un male et une
femelle de chaque espèce furent inviter à voyager, et se déplacèrent, venant de toute la terre vers
l’arche. Bien qu’il y ait des milliers d’espèces d’oiseaux et d’animaux terrestres, ceci étant le
résultat de la diversification : le nombre total d’espèces à l’époque de Noé devait être plus petit.
Bien qu’il n’y ait que 8 personnes à bord pour nourrir et nettoyer les déjections animales, la charge
de travail fut considérablement réduite par le fait que les animaux étaient gardés dans le noir et par
conséquent entrèrent dans un état d’hibernation.
La population humaine d’aujourd’hui et toutes les espèces d’oiseaux et d’animaux terrestres sont les
descendants des survivants de l’arche de Noé.
Il y a plusieurs vues aériennes et témoignages de personnes qui ont actuellement vu de près l’arche
sur les flancs du Mont Ararat en Turquie.
La position évolutionniste
Construire un bateau en bois à cette époque de l’antiquité devait exiger une quantité énorme de
travail et de matériaux. Où donc Noé, de toute évidence un homme ordinaire, a-t-il pu obtenir toutes
ses ressources ? Les bateaux en bois ne supportent pas très bien les vents violents et la force des
vagues, et ceci est particulièrement vrai pour les grands bateaux en bois. Les plus longs bateaux en
bois faisaient 90 mètres et il était nécessaire de les consolider avec du métal afin d’éviter le
brisement du navire.
L’assertion qu’un bateau de 137 mètres put supporter les conditions catastrophiques postulées dans
le scénario créationniste rencontre immédiatement un énorme scepticisme.
Il y a plus de 100 000 espèces distinctes et séparées d’oiseaux et d’animaux terrestres. Il devait être
physiquement impossible pour huit personnes (Noé, sa femme, les trois fils et leurs femmes) de
prendre soin et de nourrir toutes les mouches, termites, vers, escargots, puces, chauve-souris,
grenouilles, serpents, coccinelles, parasites intestinaux, etc., etc.
De plus, nous avons bien entendu quelques centaines d’espèces de grands animaux qui demandent
entre 20 et 45 kilos de nourritures par jour : hippopotames, rhinocéros, buffles, éléphants, chevaux,
bovins, girafes, élans etc., etc. (nous ne mentionnons pas les dinosaures que certains créationnistes
croient avoir fait parti du voyage)
La plupart, si ce n’est pas toutes, des plantes ainsi que leurs graines ne pourraient pas survivre une
année sous l’eau. Est-ce que Noé a transplanté des arbres à travers le monde dans des pots pour les
conserver dans l’arche, et si oui, comment a-t-il fait pour les acquérir ?
N’oubliez pas la viande mangée par les animaux. Comment Noé a-t-il acquit les tonnes de viandes
demandées pour le régime de tout ces lions, tigres, hyènes, loups, etc. ?(Sans mentionner le
Tyrannosaure Rex, l’Allosaure et tout le reste). Pour que les prédateurs tels que les lions, loups, etc.,
puissent survivent, ils devaient être dépassés numériquement par leurs proies dans un rapport d’au
moins 1 pour 100. Si chaque herbivore et chaque prédateur étaient représentés que par une seule
paire, alors tous les herbivores auraient été mangés, ou les prédateurs seraient morts de faim, ou les
deux. La seule autre alternative possible est que Noé et ses descendants auraient conservé assez de
nourriture fraiche pour nourrir des générations de lions, tigres, loups, hyènes, renards, aigles,
faucons, etc. Ce scénario est complètement grotesque !
La plupart des animaux exige un régime alimentaire adapté. Les koalas ne mangent que des pousses
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d’eucalyptus. Les pucerons mangent des plantes fraiches. Comment donc Noé pouvait-il savoir tous
les régimes alimentaires, et comment a-t-il obtenu toutes ces ressources exigées ? L a logistique
pour stocker la nourriture et nourrir les animaux est complètement impossible pour huit personnes.
Le seul fait de pelleter le fumier est totalement impossible : des tonnes de nourriture par jour créent
des tonnes de fumier par jour !
A moins, que tout les animaux vivaient dans le voisinage immédiate (peu probable en considérant
les différents habitats des grenouilles des forêts tropicales, le désert des geckos et sans compter les
ours polaires), la plupart d’entre eux devaient voyager des distances énormes pour entrer dans
l’arche ce qui est une impossibilité physique. De plus, qu’est-ce qui pouvait motiver toutes ces
grenouilles, lézards, serpents, salamandres, libellules, araignées, fourmis, etc. à quitter leur habitat
naturel et tenter le parcours sur des milliers de kilomètres jusqu’à l’arche ? Comment ont-ils pu
faire le voyage ? Comment ont-ils su où aller ?
La bible dit en Genèse 7,4 que l’arche fut chargée en 7 jours. Les 9 millions d’espèces animales
existantes auraient dû être embarquées à bord au rythme de 30 animaux par seconde !
Le créationniste expliquera que la diversification est le résultat aujourd’hui d’un nombre beaucoup
plus petit d’espèces qui a ensuite évolué pour atteindre le nombre d’aujourd’hui. Cela contredit leur
argument principal que l’évolution ne peut et n’a jamais eu lieu !
Si vous gardez à l’esprit que l’hibernation n’est pas vraiment un sommeil, mais plutôt un état
d’animation suspendue, le simple fait de garder les animaux dans l’obscurité n’aurait jamais causé
d’hibernation. La plupart des animaux n’hibernent absolument pas, peu importe les conditions, et
d’autant moins dans un bateau violemment agité par les conditions orageuses les plus
catastrophiques au monde.
Comment les parasites et virus d’aujourd’hui ont-ils fait pour survivre au déluge sans décimer la
population hôte ?
En dépit de tous les rapports de visions de l’arche sur le Mont Ararat, il n’y a pas une seule série de
photographies nettes indiquant la localisation exacte et l’apparence de l’arche. Les soi-disantes vues
n’ont jamais été vérifiées par une organisation scientifique réputée, comme la National Geographic
Society.
Les légendes du Déluge
Recherches par Alan Feuerbacher – Traduction et compléments d’informations par Popper,
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est l’argument le plus faible des créationnistes
soutenant l’idée d’un déluge biblique sur toute la terre. L’étude des légendes européennes, la
migration des instruments de musique entre les peuples ont déjà prouvés depuis longtemps que les
peuples ne sont pas hermétiques et assimilent ce qui leur vient d’ailleurs facilement.
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Ce qui est étrange, fantastique, nouveau est pris, puis assimilé, modifié.
Nous avons pour preuve la cornemuse qui n’est pas un instrument celte à part entière mais un
instrument que l’on retrouve dans une grande partie des cultures d’Europe, du pourtour de la
Méditerranée et au delà : au nord et sud du Caucase, le Golfe Persique et l’Inde. Elle existait déjà du
temps des grecs qui l’auraient empruntée à l’Égypte antique. Elle aurait été ensuite répandue par les
romains.
Il en est de même des légendes et des mythes. On trouve des corrélations entre les légendes
germaniques, celtiques, arabes, avec des protagonistes semblables. L’histoire change toujours un
peu à chaque fois, mais les bases sont là.
On constate aussi de nombreuses légendes et histoires semblables qui se rapportent à des
évènements traumatisants. Tsunami, tremblement de terre, éruption d’un volcan…
Un mythe répandu est celui du bateau fantôme et qui se trouve sur la terre entière auprès des marins
(du Canada à Calcutta). De même on trouve sur la terre entière des mythes d’un dieu supportant la
terre ou reposant sur des animaux. Est-ce suffisant pour affirmer que c’est vrai ?
Pourquoi vous direz non ? Car votre esprit rationnel sait pertinemment que les histoires fantastiques
se baladent, se transportent, s’échangent et que de toute façon, personne n’a vu quoique ce soit et
que ça pimente la vie ces histoires fantastiques. Hors, ces histoires sont les premières à passer de
bouche à oreille. Certaines sont basées sur des histoires vraies, d’autres sur des fausses.
Il y a une différence entre un mythe et une légende :
• Une légende (de l’adjectif verbal latin legenda, « qui doit être lu ») est, à l’origine, un récit
mis par écrit pour être lu publiquement : dans les monastères, pendant les repas ; dans les
églises, pour l’édification des fidèles lors de la fête d’un saint. Dans ce genre de littérature,
la précision historique passe au second plan par rapport à l’intention spirituelle (dans les
hagiographies) ou morale.
En littérature, une légende est un récit fictif le plus souvent d’origine orale faisant appel au
merveilleux. Une légende, à la différence d’un conte, est liée à un élément précis (lieu, objet,
personnage historique, etc.) et se focalise moins sur le récit lui-même que sur l’intégration de cet
élément dans le monde quotidien ou l’histoire de la communauté à laquelle la légende appartient.
Contrairement au conte qui se situe dans un temps et un lieu convenu et imaginaire (p. ex. : dans un
château il y a très très longtemps), la légende se déroule dans un lieu et un temps précis et réel,
habituellement. C’est une évolution populaire du mythe dans sa fonction fondatrice d’une culture
commune. C’est le cas de la légende de la bête du Gévaudan, de la sardine qui boucha le port de
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Marseille ou encore les innombrables légendes mettant en scène un pont du diable.
Une légende est également synonyme d’un mythe, et renvoie à quelque chose dont l’existence n’a
jamais pu être prouvée (la légende des sirènes, à titre d’exemple).
• Un mythe produit une explication concrète de certains aspects fondamentaux du monde : sa
création (cosmogonie), les phénomènes naturels, le statut de l’être humain, ses rapports avec
le divin et la nature ou avec les autres humains (d’un autre sexe, d’un autre groupe), etc., par
un récit porté à l’origine par une tradition orale. Un mythe implique des personnages
merveilleux, tels que des dieux, des animaux chimériques ou savants, des hommes-bêtes,
des anges, ou des démons, et l’existence d’un autre monde.
Il serait certainement erroné de prendre un mythe au pied de la lettre, et de croire que les peuples les
prennent pour une description parfaitement exacte (y compris les aspects surnaturels) du
déroulement des événements. Il serait sans doute tout aussi faux de les prendre pour un simple récit
poétique, dépourvu de base réelle, une forme archaïque de réflexions philosophiques et protoscientifique, réalisées par une analogie poétique plus que sur la logique, et exprimé sous une forme
symbolique, voire une sorte de roman.
Ces histoires ne sont en rien arbitraires :
Les différentes sociétés, même très différentes et sans contacts culturels, présentent des mythes qui
utilisent les mêmes archétypes ; Les mythes traitent toujours les questions qui se posent dans les
sociétés qui les véhiculent. Ils ont un lien direct avec la structure religieuse et sociale du peuple.
Sens particulier : Les philosophes de l’époque post-mythique, tels que Protagoras, Empédocle et
Platon utilisent le mythe comme une mise en scène allégorique afin de faire percevoir leurs propos
d’une manière concrète. Par exemple, Platon crée des mythes originaux (par exemple le mythe de la
caverne), ou réadapte des mythes antérieurs. À sa suite, d’autres philosophes ou certains auteurs de
discours argumentatifs ont eux aussi eu recours au mythe, dans un même emploi.
Pourtant j’accordais la possibilité de l’histoire (à noter que le Bethel choisit bien ses mots, ce n’est
pas une légende, mais une histoire) à l’universalité du Déluge.
Je n’avais jamais fait vraiment attention à la liste des récits du Déluge qu’on trouve p. Toutes ces
cases de couleurs, m’impressionnaient et je trouvais vraiment qu’il y avait une corrélation.
Toutefois, si vous regardez tout en bas, c’est une légende celtique qui appuie aussi la théorie du
Déluge.
Le récit du Déluge celtique cité avec Dwyvan et Dwyvach est tiré de Trioedd Ynys Prydein ( Les
Triades de l’Ile Preyden) une compilation médiévale du 13e siècle, des légendes celtiques
remontant aux périodes préromaines. Dedans on y trouve des références au Roi Arthur, Alain IV
Duc de Bretagne, etc…Jamais il n’est pas parlé d’une arche, ou d’un sauvetage quelconque des
animaux, ni d’un Déluge couvrant toutes les terres. Le texte original ne parle pas de cela. !
C’est la Triade n°13 :
There were three awful events in the Island of Prydein.
The first was a bursting of the lake of floods and the rushing of an inundation over all
the lands, until all persons were destroyed, except Dwyvan and Dwyvach, who escaped
in an open vessel ; and from them the Island of Prydein was peopled.
The second was a trembling of the fiery torrent, until the earth was rent to the abyss, and
the greatest part of all life was destroyed.
The third was the hot summer, when the trees and plants took fire by the burning heat of
the sun, and many people and animals, various kinds of birds, vermin, trees and plants,
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were entirely destroyed.
Traduction :
Il y a eu 3 évènements terribles dans l’ile de Preydein
Le premier était un débordement du lac des grandes pluies, et le jaillissement d’une
inondation a travers toutes les terres (litt. terres alentours), jusqu’à ce que toutes les
personnes soient anéanties, à l’exception de Dwyvan et Dwyvach, qui s’échappèrent
dans un bateau sans toit ; et grâce à eux l’ile de Preyden fut repeuplé.
Le second fut un tremblement du torrent furieux, jusqu’à ce que la terre s’enfonce dans
les abimes, et une grande partie de toutes les vies furent détruites
La troisième fut un été caniculaire, pendant lequel les arbres, les plantes prirent feu par
la chaleur du soleil, et beaucoup de personnes et d’animaux, une grande variété
d’oiseaux, de vermines, d’arbres et de plantes, furent intégralement détruits.
Maintenant, il faudrait savoir où le Comité rédactionnel s’est fourni pour inventer une autre
légende ? C’est le seul texte original et le plus ancien qui parle de cette histoire ! Les textes qui en
ont découlé furent adaptés et tordus pour correspondre au récit du Déluge Biblique par l'Église. Il en
est de même pour le Roi Arthur et sa Table ronde qui était au Ve siècle tout sauf chrétien. C’est au
Moyen-âge qu’il fut transformé en chrétien, suivit de la quête du Saint Graal qui fut inventé par la
suite pour légitimer les croisades.
Il suffit d’étudier un petit peu les légendes pour s’apercevoir que l'Église s’est rappropriée beaucoup
de légendes de peuples en y incorporant l'histoire biblique.
Malgré le souci permanent de se fonder sur les sources exactes pour se débarrasser des traces de la
fausse religion, on s’aperçoit qu’il n’en est pas de même pour les récits du Déluge.
D’où a-t-il sorti sa source ? Ceci est une hypothèse personnelle, mais la citation de la légende de
Dwyvan et Dwyvach est citée par les pro-déluges qui incluent un bateau fermé + des animaux
sauvés. Leur référence est celle-ci
Gaster, Theodor H. Myth, Legend, and Custom in the Old Testament, Harper & Row, New York,
1969.
Quelques recherches sur cette personne montrent qu’il était un étudiant de l’Université Biblique
Américaine fondée et dirigée par des fondamentalistes. Il a contribué à compléter, corriger le travail
de Sir James Frazer, anthropologue qui avait fait une étude comparative des mythes et des religions.
Une grande majorité des histoires d’un déluge rapporté se trouve dans ses livres.
Voici les faits. Maintenant, nous ne tirons aucune conclusion. Nous voyons simplement une citation
régulière auprès de ces 2 auteurs, par les pro-déluges et déjà la légende de Dwyvan et Dwyvach
n’est pas retranscrite correctement. Cela aurait pu être la source du Bethel. Qui sait ?
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Pour les autres légendes, que constatons-nous ?
Une grande majorité sont des peuples vivant auprès des cotes, ou d’une grande rivière. Il y a une
explication très raisonnable par rapport aux récits nombreux sur un déluge. Cette explication se
trouve dans un livre Legends of the Earth : Their Géologic Origins par Dorothy B. Vitaliano*
(...) On peut expliquer l’universalité de traditions d’inondation très facilement sans exiger une
inondation répandue de cosmique ou une autre origine, si nous tenons compte que les
inondations, plurielles, sont un phénomène universel géologique.... [Dans un chapitre précédent
nous] avons vu comment les légendes de volcan de peuples largement séparés à temps et la place
ont beaucoup de particularités dans commun. Si les volcans en activité ont été trouvés partout, des
légendes de volcan aucun doute ne serait si commun que quelqu’un chercherait une éruption
universelle comme la cause sous-jacente. Comme il est, des volcans en activité et avec eux des
légendes de volcan, est limité à de certaines ceintures sur le visage de la terre. D’autre part, il n’y
a pratiquement aucune partie du globe où ne pouvaient pas là à quelque temps ont été une
inondation potentiellement dangereuse aux gens dans le voisinage. Une rivière peut n’importe où
déborder si ses eaux sont rapidement augmentées par des pluies lourdes, à tout moment jusqu’à et
incluant le présent , il y a eu une source d’inondation épouvantable de secteurs côtiers dans toutes
les parties du monde - mais en particulier sur tous les rivages du Pacifique - qui serait en
particulier mémorable à ceux assez chanceux de survivre : tsunamis, ou vagues sismiques de mer
[généralement mentionné en anglais comme "raz-de-marée"]. Bien qu’en aucun cas universel
individuellement, les tsunamis ne puissent et faire souvent des ravages en places très largement
séparées, dans des heures. Puisque les tsunamis sont importants non seulement comme les sources
possibles de légendes d’inondation mais aussi dans le rapport avec les questions d’importance
primordiale dans les chapitres encore pour venir, un détaillé regardent ces vagues formidables est
nécessaire à ce point.
Les tsunamis sont en règle générale associés aux tremblements de terre sous-marins. Ils sont
produits ou bien directement, si le tremblement de terre fautif déplace le fond de la mer, ou bien
indirectement, par des glissements de terrain sous-marins, de la boue, ou la baisse soudaine est
déclenché par un tremblement de terre. De temps en temps ils peuvent résulter d’une éruption sousmarine, si une explosion sous-marine déplace des quantités importantes d’eau.
Les déplacements de lit de l’océan impliqués quand un écroulements de caldera sur le fond de la
mer peuvent de même produire des tsunamis et si le caldera est grand et son écroulement soudain,
comme dans le cas de l’éruption Krakatau de 1883, le tsunami résultant peuvent avoir de
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37
dimensions extraordinaires. Aussi dans des éruptions Krakatau-semblables, des vagues énormes
peuvent être produites quand les quantités incalculables de tephra volcanique tombent
soudainement sur la surface de mer après une explosion principale. Donc les inondations euxmêmes sont des phénomènes essentiellement universels.
Mais en ce qui concerne la question de, comment des traditions d’inondation ayant tant de
particularités en commun peuvent en découler ? Les Légendes de la Terre explique :
... En somme, alors, du point de vue purement géologique nous devons nous attendre à ce que
des traditions d’inondation indépendantes aient surgi presque n’importe où dans le monde à
presque n’importe quel temps, aient engendré par des catastrophes d’inondation arrêtant de
causes parfaitement naturelles et de toutes les causes possibles d’inondations, seulement les
tsunamis sont capables de donner la hausse pour inonder des légendes en places largement
séparées en même temps. Bien que l’on exige que beaucoup d’inondations différentes
représentent beaucoup de traditions connues, il n’y a aucune raison à être étonné ces traditions
d’inondation peuvent de tout le monde se porter des ressemblances notables. Car quand nous y
venons directement en bas, il y a seulement deux voies de base dans lesquelles les gens peuvent
réchapper d’une inondation : [italique supplémentaire] en arrivant au-dessus de cela, ou en y
allant de sur quelque objet d’action de flotter.
Il y a seulement deux voies dans lequel l’histoire de l’inondation de Noé, indépendamment de sa
source locale, pourrait avoir été étendu dans le monde entier : par la diffusion, comme les gens à
dont la culture il a à l’origine appartenu a migré à de nouveaux pays, ou par la transmission, qui
exige le contact entre au moins un narrateur et un auditeur de cultures différentes. Les traditions
d’inondation sont trouvées partout dans l’hémisphère occidental de l’Alaska à Tierra del Fuego.
Dans le point de vue extrême diffusionniste cela constitue la preuve que les Indiens de Nord et
l’Amérique du Sud sont les descendants d’une des tribus perdues d’Israël, qui a apporté l’histoire
de Noah avec eux comme ils ont migré à travers l’Asie et dans l’Amérique du Nord via le Détroit
Bering et sur en bas par l’Amérique du Sud. Mais tandis que les anthropologues croient que
l’homme a atteint les Amériques par voie du Détroit Bering, les vagues de migration ont eu lieu
longtemps avant le prototype de Noé a existé.
Un exemple fort d’illumination de comment une légende peut être transférée d’une culture à autre
littéralement la nuit a été présenté par Alice Lee Marriott dans un article de New-Yorkais il y a
quelques années7.
7
Dorson, Richard M. "le débat sur la fiabilité d’histoire orale traditionnelle." Volksuberlieferung, Kurt Ranke Festschrift (1968),
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Quand elle rassemblait le folklore d’une tribu du Dakota du Sud, elle a été défiée un jour par le
vieil Indien qui était son informateur pour lui dire un des contes de ses gens. Elle a sur ce
rapproché l’histoire "du Guerrier Courageux et les Monstres D’eau" - Beowulf. Peu de
changements étaient nécessaires ; il était "tous dans les modèles de comportement légendaire, que
le vieil homme pourrait comprendre et je l’ai reflété il pourrait y avoir plus à cette distribution-defolklore universel que j’avais compris." Un peu plus tard elle l’a entendu reporter l’histoire devant
un auditoire de sa tribu, "et je dois admettre que le vieil homme inventa une meilleure histoire que
la mienne. Une nouvelle légende créative qu’il arrangea un peu”
Avec cette illustration en mémoire, il semble tout à fait naturel que les certains détails de
l’histoire d’inondation biblique doivent apparaître dans le monde entier. Pour plus de
missionnaires de dix-neuf siècles l’ont porté à chaque coin de la terre. L’histoire de Noé est une
des plus colorée de toutes les histoires de Bible et c’est aussi celui dont la morale est en particulier
évidente et donc très probablement être souligné. De plus, il a dû faire la plupart d’impression
précisément parmi ces peuples qui avaient déjà une tradition d’inondation avec laquelle il pourrait
être fusionné. Les missionnaires ont toujours été parmi le premier pour endurer le désert pour
apporter l’Évangile aux gens primitifs et dans beaucoup de cas ils étaient les premiers pour
démonter les légendes des gens parmi qui ils ont travaillé. Dans d’autres cas, cependant, les
légendes ont été rassemblées par des ethnologues et d’autres qui sont venus après beaucoup de
temps les missionnaires. Parce que ce fut souvent le cas ou les missionnaires furent les premiers
à mettre par écrit les langues découvertes, il est impossible de prouver une légende de Déluge
Universelle
Ainsi il existe là des mécanismes plausibles pour la production de légendes d’inondation largement
répandues et il y a les exemples de ces mécanismes dans le travail. Maintenant regardons quelques
exemples de légendes antiques. Les Légendes de la Terre décrivent une légende d’inondation bien
connue grecque, le déluge de Deukalion :
Le mieux connu à la plupart d’entre nous après la tradition d’inondation babylonian-hébraïque est
celui de mythologie classique, le déluge de Deukalion. De plusieurs grec inondent des traditions,
c’est le seul dans lequel on dit que l’inondation a été dans le monde entier.... L’inondation de
Deukalion a été acceptée comme le fait historique par les grecs, incluant Aristote. Il y avait
apparemment au moins un roi par ce nom. Un pilier de marbre trouvé dans l’île de Paros donne
une liste des rois de la Grèce et les dates de leurs règnes et selon cette chronique, le déluge de
Deukalion est arrivé aux environs de 1539 av. J.-C...
Au le milieu du quinzième siècle av. J.-C, ou probablement plus tôt, il y a eu une éruption semblable
au Krakatau du volcan Santorin en Mer Égéenne.... À la fin de cette éruption le volcan s’est
effondré pour former un caldera et cet écroulement a pu produire uns ou plus tsunamis,
probablement beaucoup plus grand que tous ceux qui furent produits dans le pourtour
Méditerranéen par un tremblement de terre normal.
Les versions postérieures de l’histoire de Deukalion incluent des détails étroitement parallèles à
l’histoire d’inondation Hébraïco-Babylonienne.
Finalement l’inondation de mer est devenue neuf jours et nuits de pluie, le coffre est devenu une
arche, les animaux ont été inclus dans la liste de passagers et Deukalion a fait sortir un pigeon aux
occasions successives pour voir si les eaux avaient reculé.... Ainsi les traditions de deux places
différentes, basées sur des inondations siècles à part, fusionnés dans ce qui est essentiellement la
même histoire.... Il y a le manque considérable d’accord concernant Deukalion et les caractères
associés à d’autres traditions d’inondation grecques.
19-35
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L’article de Tour de Garde du 15 janvier 1992 a aussi décrit des légendes du Pacifique du Sud et les
Amériques. Les légendes de la Terre décrivent quelques légendes du Sud du Pacifique et
récapitulent quelques points intéressants :
Les Mers du Sud fournissent aussi des traditions d’inondation abondantes dans des formes très
diverses. À part de quelques parallèles bibliques, qui peuvent facilement être attribuées à
l’influence de missionnaire, beaucoup de ces traditions sont remarquablement compatibles avec la
géologie des lieux. Très souvent on dit que l’inondation est venue de la mer, comme s’attendraient
des îles fréquemment soumises aux tsunamis tremblement de terre produits ou des vagues scélérates
d’ouragan
Un bon résumé des questions entourant des légendes d’Inondation est dans les paragraphes finaux
des Légendes de la Terre.
Citer les nouveaux exemples de traditions d’inondation deviendraient ennuyeux, s’il n’a pas fait si
déjà. On a donné assez de cas, j’espère, pour démontrer que vu de leur contexte géologique,
beaucoup de traditions d’inondation sont évidemment originaires du lieu. Je ne peux voir aucune
raison de supposer que dans l’explication de l’omniprésence de traditions d’inondation nous
sommes limités à un choix entre deux alternatives extrêmes. Immanuel Velikovsky, expose par
exemple :
La réponse au problème de la similitude des motifs dans le folklore de peuples divers est, dans mon
avis, comme suit : beaucoup d’idées reflètent le contenu réel historique. Il y a une légende, trouvée
dans le monde entier, qu’un déluge a balayé les collines de la terre et couvertes et même des
montagnes. Nous avons un pauvre avis des capacités mentales de nos ancêtres si nous pensons que
simplement un extraordinaire débordent de l’Euphrate donc a impressionné les nomades du désert
qu’ils ont pensé que le monde entier a été inondé et que la légende si né a erré des gens aux gens8.
Auquel pourrait répondre : Bien sûr beaucoup d’idées reflètent le contenu réel historique.
Cependant, il n’y a pas une légende de déluge, mais plutôt une collection des traditions qui sont si
diverses que l’on ne peut les expliquer ni par une catastrophe générale seule, ni par la
dissémination d’une tradition locale seule. Certains sont des tentatives fortement imaginatives mais
très larges-de-marques d’expliquer des particularités locales topographiques ou la présence de
fossile bombarde haut au-dessus du niveau de mer. Un grand nombre est des souvenirs énormément déformé et exagéré, comme est la règle d’autorité dans le folklore - de désastres réels
locaux, souvent évidemment compatible avec des conditions spéciales locales géologiques.
Sûrement ce n’est pas accidentel, par exemple, que dans beaucoup de traditions d’inondation de la
côte du Pacifique des Amériques et d’îles du Pacifique, l’inondation est attribuée à une hausse de
la mer ; Plus de 90 pour cent de l’énergie des tremblements de terres se produisent dans l’ère du
Pacifique, et donc les tsunamis sont beaucoup plus présents à cet endroit.
Gardez à l’esprit la citation précédente en lisant les conclusions suivantes de l’article de Tour de
Garde sur les légendes d’Inondation, allez à la page 9. Elle contient quelques inexactitudes et des
conclusions injustifiées.
Que pouvons-nous nous conclure de beaucoup de ces légendes d’Inondation ? Quoiqu’ils diffèrent
très dans des détails, ils ont quelques particularités communes. Ceux-ci indiquent une origine dans
quelque cataclysme gigantesque et inoubliable. Malgré des colorations vives plus des siècles, leur
thème sous-jacent sont comme un fil qui les lie à un grand événement - le Déluge global(mondial)
lié dans le compte de Bible simple, incolore.
Un Déluge a forcément un thème sous-jacent : l’eau, les hommes qui survivent, les animaux… Ce
n’est pas une preuve, les amis !
8
Mondes dans Collision, Cité-jardin, New York : Doubleday et Société, 1950 ; New York : Société de Publication de Vallon, 1967
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Puisque les légendes d’Inondation sont généralement trouvées parmi les gens qui ne sont pas
entrés dans le contact avec la Bible jusqu’à siècles récents, ce serait une erreur d’affirmer que le
compte Scriptural les a influencés.... Donc nous pouvons avec assurance conclure que les légendes
d’Inondation confirment la réalité du compte Biblique.
Cet article de Tour de Garde citait The International Standard Bible Encyclopedia, fait comme
l’article du Déluge référence au livre Etudes Perspicaces. Voici celui du livre. Notez de nouveau les
inexactitudes et les affirmations péremptoires :
L’universalité des comptes d’inondation est d’habitude prise comme la preuve(évidence) pour la
destruction universelle d’humanité par une inondation et la diffusion de la race humaine d’un lieu
et même d’une famille. Quoique les traditions ne puissent pas tous se référer à la même inondation,
apparemment la majorité énorme fait.
La même inondation ? C’est quoi ? Une inondation de toutes les terres ? Je vois mal une inondation
de simplement quelques champs que les autochtones auraient transmis comme histoire, car cela
arrive plus d’une fois dans la vie d’un homme. Non c’était une inondation très importante qui a
inondé suffisamment de terre pour tuer des hommes et des animaux. Voir éradiquer plusieurs tribus.
Maintenant de toutes les terres connues par ces peuples à toute la Terre, il n’y a qu’un pas, et
l’ethnocentrisme est un phénomène universel.
L’affirmation que beaucoup de ces histoires d’inondation sont venues de contacts avec des
missionnaires ne se lèvera pas parce que la plupart d’entre eux ont été recueillies par des
anthropologues non intéressés par faisant valoir la Bible,
Quels intérêts pour des anthropologues de collectionner des récits du Déluge si ce n’est des
missionnaires ? De nombreux missionnaires étaient anthropologues aussi. Ce n’est pas un argument
suffisant. Et ils sont remplis d’éléments imaginaires et païens évidemment le résultat de
transmission pendant les périodes prolongées de temps dans une société païenne.
Tiens, si ce n’est pas dans la Bible c’est imaginaire, mais si ça correspond, c’est de l’histoire. Pas
très honnête tout ça...
De plus, certains des comptes antiques ont été écrits par les gens beaucoup en opposition avec la
tradition Hébraïque-chrétienne.(fin de citation)
L’opposition avec la tradition Hébraïque-chrétienne n’a pas apparemment était importante dans le
cas de l’histoire de Deukalion grecque ou l’histoire d’Indien Manu - ils ont graduellement pris des
éléments de plus en plus bibliques dans quelque temps.
Les Légendes de la Terre décrivent quelques traditions d’inondation américaines et des
commentaires que :
La connaissance nord-américaine indienne contient les preuves abondantes de la voie dans
laquelle des mythologies primitives absorbent des éléments postérieurs. Par exemple, on suppose
que le Old Coyote Man, le héros de culture des légendes de Corneille, avait inventé des chevaux mais les chevaux étaient inconnus aux Indiens avant que le Conquistadores ne les ait présentés
au seizième siècle. On peut aisément s’expliquer la ressemblance générale de beaucoup des
traditions d’inondation américaines indiennes en termes de migration ou des contacts entre des
tribus et des ressemblances fréquentes à l’histoire de Bible ne sont pas du tout difficiles à attribuer
aux efforts de missionnaires.
Les traditions d’inondation sont prolifiques partout dans l’Amérique latine. Il y a de nombreuses
légendes dans lequel les survivants du déluge, ou bien couple ou bien une famille, s’échappe dans
une calebasse, un canoë, ou un radeau, ou des montagnes de montée ou des arbres. Des traits
bibliques sont très reconnaissables dans quelques cas
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Un problème avec la mise de trop de valeur dans l’universalité supposée de traditions d’Inondation
consiste en ce qu’ils ne sont pas universels, mais simplement répandus. Aussi significatif qu’est le
fait que beaucoup de cultures ont des traditions d’Inondation est le fait que beaucoup manquent de
telles traditions. Selon les Légendes de la Terre,
Les traditions d’inondation manquent en Asie semi-aride Centrale, ce qui est très surprenant....
Très remarquable par son absence est une légende d’inondation égyptienne9 ; mais de même
remarquable par leur absence alors qu’en Égypte les inondations sont désastreuses. Chaque année
le Nil a débordé de ses banques doucement et d’une manière prévisible, partant derrière un dépôt
vivifiant de vase excellente pour remplir de nouveau le sol. Des années maigres ont pu s’ensuivre
quand les eaux ont fait défaut à la moyenne et d’extra-hautes eaux ont pu évidemment causer
quelque inconvénient, mais l’inondation annuelle ne pourrait jamais avoir été pas du tout bénigne
dans l’ensemble. Son échec de se réaliser aurait été le désastre pour commémorer dans la légende.
Les autres rivières principales de l’Afrique ont aussi une hausse annuelle que, étant prévisibles,
n’est pas néfaste.
La seule légende de l’Afrique du sud impliquant n’importe quel sorte d’inondation n’est pas une
tradition de déluge typique du tout, mais celui qui cherche à expliquer l’origine d’un lac
particulier.... Ce conte a été rassemblé par Livingstone et était le seul qu’il a rencontré en toutes
ses années de travail de missionnaire qui avait n’importe quelle ressemblance à une tradition
d’inondation.
On revient donc à la méthodologie de la Watchtower qui n’est pas dans un but de vérité, mais de
prouver la Bible, sans se soucier des autres explications rationnelles.
Pour terminer, on peut rajouter que si la légende du Déluge est commune, les histoires
contiennent énormément de diversités sur la méthode de sauvetage, le nombre de sauvés, sur
l’existence des animaux parmi les rescapés et enfin le récit Biblique est le SEUL à parler d’une
alliance par un arc-en-ciel pour que Dieu ne détruise pas sa création à nouveau par un Déluge.
( Liste des récits du Déluge) Pourquoi cela ne s’est-il pas propagé aussi alors ?
Les mammouths congelés du Déluge
Analysons cette "preuve" maitresse d’un Déluge universel qui aurait congelés des millions
d’animaux se situant au niveau du cercle arctique.
Cet article est inspiré du travail remarquable d’Alain Feuerbacher dont l’article se trouve ici
(traduction en français par Charles Chasson). Merci aussi à Charles Chasson pour son
aimable autorisation de reproduction de son article sur les mammouths.
Traduction, compilation et enrichissements, Popper.
Mammouth laineux
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Il faut savoir que la date supposée du Déluge correspond aux moments ou les pyramides sont déjà construites, pourtant on n’y
trouve aucune trace de Déluge.
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Cette congélation de nos mammouths est annoncée comme étant la conséquence d’un Déluge
soudain ou plutôt pour reprendre les termes du Bethel, suivant le livre Etudes perspicaces10 :
Quelles preuves démontrent qu’il y a vraiment eu un déluge global ?.... La preuve d’un
changement climatique : Des restes de mammouths et de rhinocéros ont été trouvés
dans différentes parties de la terre.... dans les falaises sibériennes.... dans les glaces
sibériennes et d’Alaska. En fait, certains ont été trouvés avec de la nourriture non
digérée dans leurs estomacs ou pas encore mâchée toujours entre leurs dents, indiquant
qu’ils sont morts soudainement.
La preuve supplémentaire du livre Création11 [p. 203]
Selon la Bible, aux jours de Noé un déluge universel recouvrit les plus hautes
montagnes de la terre et détruisit tous les humains qui ne se trouvaient pas dans
l’immense arche construite par Noé (Genèse 7:1-24). Beaucoup de gens se sont moqués
de ce récit. Pourtant, on trouve des coquillages sur les hautes montagnes. Qu’un déluge
aux proportions immenses a bel et bien eu lieu dans un passé pas très lointain, c’est ce
que prouve la découverte d’une très grande quantité de fossiles et d’ossements dans des
amas de boue glacée. Le Saturday Evening Post écrivit : “Nombre de ces animaux ont
été découverts parfaitement frais, intacts et sans blessures, soit debout, soit agenouillés.
(...) Eu égard à nos conceptions antérieures, c’est là un tableau stupéfiant. Nous nous
trouvons en présence d’immenses troupeaux de bêtes énormes et bien nourries,
inadaptées aux climats froids, qui mangeaient paisiblement dans des pâturages
ensoleillés (...). Soudain, elles ont toutes péri, sans aucun signe visible de violence et
avant même qu’elles aient eu le temps d’avaler leur dernière bouchée de nourriture. Puis
elles ont été congelées si rapidement que chaque cellule de leur corps est parfaitement
conservée.” Cela correspond tout à fait à ce qui s’est passé lors du déluge universel. La
Bible le décrit en ces termes : “Ce jour-là se fendirent toutes les sources des eaux de
l’immense abîme et les écluses des cieux s’ouvrirent.” Les eaux torrentielles
“submergèrent la terre”, et des vents glacials balayèrent sans doute les régions polaires
(Genèse 1:6-8 ; 7:11, 19). C’est là que le changement de température fut le plus rapide
et le plus considérable. Diverses formes de vie furent donc englouties et conservées
dans de la boue glacée. Ce fut peut-être le cas du mammouth représenté ici et qui a été
mis au jour en Sibérie. Il y avait encore de la verdure dans sa bouche et dans son
estomac, et une fois décongelée sa chair était même comestible.
Notez que les auteurs du livre Études Perspicaces ne donnent aucune indication permettant
d’aboutir à la conclusion que de la nourriture non digérée dans la bouche des mammouths figés
s’associe réellement au Déluge. Plutôt, ils avancent une vague connexion — de façon ou d’une
autre la mort soudaine des animaux indique qu’il y a eu un Déluge.
Malheureusement, une mort soudaine peut se produire de beaucoup d’autres façons dans la nature.
Les auteurs du livre Études perspicaces n’expliquent pas non plus ce que peut signifier le fait de
trouver des restes d’animaux dans différentes parties de la terre ou dans des strates communes. Des
restes de dinosaures sont trouvés partout sur la terre et dans des strates communes. Assurément, les
auteurs du livre Études Perspicaces ne cautionnent plus la position des créationnistes avançant que
les dinosaures sont morts dans le Déluge, puisque la Société semble avoir abandonné le modèle
géologique des créationnistes dans les années 70.
Toutes les références que nous pouvons trouver qui parlent d’animaux censés découverts dans des
strates communes, prouvent, après analyse détaillée, que les animaux n’avaient pas été simplement
jetés ensemble dans cette même strate. Ils ont plutôt été ensevelis dans un ordre de dépôt qui est
10 Études perspicaces des Écritures - encyclopédie biblique éditée par les Témoins de Jéhovah - 1997
11 La vie : comment est-elle apparue ? Évolution ou création ? - édité par les Témoins de Jéhovah - 1985
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souvent facilement datable et selon un phénomène d’accumulation sur de longues périodes
Le livre Création établit un rapport plus clair des conditions de congélation et d’inondation, mais à
l’examen, ses arguments sont réfutables. Spécifiquement, si la terre avait été immédiatement
couverte par les eaux du Déluge, et cela dans une quantité suffisante pour couvrir les montagnes,
comment oser dire que tous les animaux furent congelés, particulièrement par « des vents de
congélation » ? Ils auraient été submergés par l’eau du Déluge et isolés de ces vents de congélation.
Ce problème principal n’est pas examiné. Une alternative, non mentionnée, aurait été que l’eau ellemême était assez froide pour geler les animaux. Mais alors comment celle-ci serait-elle restée
liquide ?
Il y a toutefois un problème : si c’est de l’eau qui est tombée, pourquoi sont-ils dans la glace alors ?
Mettons nous à la place du Mammouth. Nous sommes en train de manger quand, tout à coup, il
pleut. De plus en plus fort. L’eau monte. Nous allons quand même arrêter de manger au bout d’un
moment dans l’eau !?! La Bible dit qu’il a plu pendant 40 jours et 40 nuits. Nous voyons donc notre
mammouth avec de l’herbe qu’il ne peut plus manger. 2 choix se présentent à nous :
1. l’eau tombe tellement qu’à la fin de la journée, il n’est plus possible à la terre d’absorber
l’eau, et l’eau montant recouvre l’herbe. Avant que l’eau ne recouvre le mammouth (3 m au
garrot quand même), il doit se passer un certain temps. Pendant ce temps-là, l’herbe a eu le
temps d’être digérée. Mais bon, admettons qu’il soit ballonné...
2. l’eau tombe énormément d’un coup, suffisamment pour recouvrir une bête de 5 m, puis le
ciel s’ouvre et glace instantanément sur place la bête, ne lui permettant pas de finir sa
digestion. Problème : la masse d’eau aurait du casser le squelette du mammouth. Or, les
mammouths retrouvés ne présentent pas au niveau du squelette de fêlures ou brisures.
Autre problème, si le ciel s’ouvre, c’est qu’il ne pleut plus (contradiction biblique ?). On est dans la
fiction
Le Jour d’Après (2004)
du film le Jour d’Après pour imaginer l’hypothèse d’une glaciation ou surgélation immédiate et
instantanée par - 65°C. Rappelez-vous les hélicoptères congelés... Mais c’est oublier que c’est de la
fiction, et que l’hypothèse d’une température s’abaissant aussi rapidement et congelant tout sur son
passage est en contradiction totale avec les lois physiques du ciel, mettant en jeu les courants
chauds et froids océaniques et marins ... (Référence Science et vie n°1044 sept 2004 par un
météorologue qui analysait le scénario catastrophe du film) + Analyse par l’environnementaliste
George Monbiot. C’est du cinéma, mais pas la réalité. Mais on peut imaginer qu’il ait congelé
vraiment après 40 jours. Alors la putréfaction aurait vraiment pris l’ensemble du corps, et il n’y
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aurait plus la première couche de peau (les poils, donc). On a de la chance que les requins et autres
nettoyeurs des mers n’aient pas dévoré ce menu gastronomique...
Continuons dans l’hypothèse.
Que sait-on sur ces Mammouths ?
Des restes de mammouths congelés ont été découverts dans les parties septentrionales
de la Sibérie. Cependant, la croyance populaire selon laquelle les mammouths ont étés
gelés instantanément et sont ainsi parfaitement préservés est un mythe propagé par des
pseudo-scientifiques comme Immanuel Velikovsky. La bonne conservation est très rare,
et implique que l’animal ait été enterré rapidement dans des liquides ou semi-liquides
tels que du limon, de la boue ou de l’eau qui auraient ensuite gelé.
Plusieurs possibilités sont envisageables. Des mammouths ont pu être piégés dans des
marais ou des sables mouvants, et mourir de faim ou de froid, ou encore se noyer. Ils
ont pu passer à travers la glace dans des étangs ou des nids de poule. On sait que
beaucoup sont morts dans des rivières, probablement en ayant été emportés par leurs
flots. Dans la rivière Berelekh en Iakoutie, au nord-est de la Sibérie, plus de 9 000
ossements d’au moins 156 différents individus ont été retrouvés, apparemment
rassemblés par le courant.
À ce jour, trente-neuf corps préservés ont été trouvés, bien que seulement quatre soient
complets. Dans la plupart des cas, la chair montre des signes de putréfaction avant son
gel et sa dessiccation. Les histoires de mammouths congelés dont la chair était encore
mangeable après décongélation abondent, mais les sources sérieuses 1 indiquent en fait
que les cadavres étaient fort décomposés, et que l’odeur était si repoussante que seuls
les chiens accompagnant les auteurs de la découverte avaient montré de l’intérêt pour la
viande. (Source Wikipédia)
Afin de ne pas rester avec une seule source, car nous pouvons encore les accuser de partialité,
renseignons-nous sur le pseudo-scientifique Immanuel VELIKOVSKY.
Parmi tous ces érudits qui ont voulu réécrire l’histoire du monde, l’un d’entre eux est
particulièrement célèbre. C’est Immanuel Velikovsky (1885-1981) qui a brossé, dans
ce qu’il a appelé un essai de cosmologie historique, une fresque qui a obtenu un succès
commercial mondial, mais non sans contrepartie. Son livre fameux, Worlds in collision
(Mondes en collisions), paru en 1950, a eu un double effet. Il a plu au grand public par
son côté mystérieux et par le parfum d’érudition qu’il dégage en première lecture. Mais,
revers de la médaille, il a contribué à faire passer Velikovsky pour un charlatan qui s’est
mis la quasi-totalité de la communauté scientifique de l’époque à dos. Car il faut le
redire, même si cet auteur passe encore parfois pour un martyr de la science, son livre
est inacceptable sur le plan scientifique, bien que la partie historique soit assez
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remarquable. La méconnaissance de Velikovsky sur la partie astronomique du sujet est
flagrante. Vouloir faire de Vénus une ancienne comète éjectée par Jupiter, il y a
seulement quelques milliers d’années, a fait crier à l’imposture tous les astronomes. Les
sondes spatiales qui ont étudié Vénus de près ont confirmé que cette planète n’a rien
d’une comète capturée il y a 3500 ans.(Source Wikipédia)
Bon, là, il y a un loup quand même. Si le Béthel12 adhère à une théorie non-scientifique, on
commence à rentrer dans de la fraude intellectuelle !!! Mais bénéfice du doute, bénéfice du
doute avant tout. Après tout, nous aussi, nous pouvions continuer d’y croire dur comme fer et puis
l’auteur de l’article du Saturday Post du 16 janvier 1960 I.SANDERSON n’avait pas forcément cité
ses sources. Allons-y.
L’article du Saturday Evening Post affirme que les animaux ont été détruits sans aucun signe de
violence. Est-ce que cela est conforme avec l’image d’une inondation assez grande pour couvrir la
terre ?
La Bible indique que le Déluge « est venu les balayer tous ». Comment le livre Création peut-il
argumenter sur le fait que les animaux ont été détruits sans aucun signe de violence ? L’article du
Post est lui-même en contradiction avec la photographie du mastodonte présenté avec lui. Cette
photo apparaît également à la page 203 du livre Création.
Berezovka restauré
Il est effectivement visible que le gigantesque mammifère a été enterré dans une position verticale
tentant de lutter, mais ce mastodonte à eu une hanche cassée et d’autres os brisés.
Sanderson dans le Saturday Evening Post a avancé une théorie qui était si extrême qu’aucun
journal scientifique ne le recevrait pour publication. En fait, l’article a simplement perpétué un
mythe de longue date, plusieurs de ses rapports étant des exagérations et des faussetés. Ils étaient
semblables aux spéculations d’autres auteurs de l’époque, (que je vous ai cité au-dessus) et parfois
ont été encore exagérés par les auteurs qui ont cité l’article. Plusieurs des rapports de Sanderson se
rapportent clairement à la découverte en 1899 du célèbre mammouth de Berezovka, que l’on peut
retrouver à la page 203 du livre Création, ils sont facilement mis en faute quand on les compare à la
source. Naturellement, Sanderson ne donne aucune référence sur la source de laquelle il tire ses
hypothèses.
Pourtant on peut imaginer que c’est plausible lorsqu’on tient absolument à ses preuves !
Nous déchantons rapidement. En octobre 2000, un livre en langue française est paru sur les
mammouths congelés en Sibérie « Sur la piste du Mammouth ». Il s’agit du récit de la découverte et
12 Béthel de Brooklyn : maison-mère des Témoins de Jéhovah.
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de l’extraction du Mammouth Jarkov par Bernard Buigues. Voici ce qu’on peut en retirer.
Sur la piste du Mammouth
• Le Mammouth était vraiment fait pour le froid intense. (En contradiction donc avec
l’affirmation du livre disant qu’ils étaient dans des pâturages ensoleillés)
Ses oreilles avaient diminué en taille pour donner moins de prise au vent, sa
queue s’était réduite. Il avait développé un clapet anal, une sorte d’opercule qui
fermait l’anus pour éviter le refroidissement de l’intérieur du corps, et surtout, il
s’était couvert d’une toison épaisse, très sophistiquée, qui le protégeait des
températures extrêmes. A l’extérieur, de longs poils grossiers de plus d’un mètre
de long le recouvraient. Ils étaient robustes, d’une belle couleur dorée et six fois
plus gros que les cheveux humains. Dessous, une couche de sous-poils fins,
courts, soyeux, et, au contact de la peau, un duvet laineux, molletonné, de cinq
centimètres d’épaisseur. Toutes les parties du corps étaient pourvues de poils,
même les oreilles, la tête et la trompe. Enfin, il avait entre chair et peau une
couche de graisse de deux à cinq centimètres. Ainsi pouvait-il affronter des
températures polaires de -40°C.
Le mammouth n’était donc pas fait pour vivre sous un climat tropical, ou semi-tropical.
Mais bien pour le froid.
• Ce qu’on sait, c’est que les mammouths mangeaient des herbes qu’on ne trouve que dans
des marécages. Pour bien digérer leur cent quatre-vingts kilos d’herbe quotidienne, les
mammouths devaient avaler une quantité inimaginable d’eau. Voilà pourquoi ils séjournaient
une grande partie de leur temps dans les mares et les étangs. Peut-être même nageaient-ils.
Toutefois, dans ces marécages, l’effet de succion avec la vase est extrêmement fort et des
trous existent, entraînant avec eux quiconque se trouve au-dessus. Vu la position de
l’animal, les scientifiques s’accordent sur le fait que l’animal à perdu la vie en
s’enlisant.
L’étude des mammouths et autres bestioles qui n’existent plus est passionnante ! Nous ne nous
étendrons pas plus sur le sujet, car cela suffirait à remplir au moins 20 pages. Ce qu’il faut en
retenir, c’est qu’ils ne sont pas morts par un Déluge d’eau, et qu’ils ne vivaient pas dans des
prairies ensoleillées, car leur corps n’était pas fait pour ça, que leur nourriture était typique
de la Sibérie et de sa végétation telle que nous la connaissons ! Que c’est un mensonge que de
dire qu’ils étaient en « parfait état de conservation et qu’on pouvait le manger » car seul les chiens
ont pu en manger quelques morceaux vu l’odeur de putréfaction du mammouth que la Watchtower
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cite !
Voici d’ailleurs la source véritable et les explications :
O. F. Herz, Frozen Mammoth in Siberia, Smithsonian Institution Annual Report for 1903, p. 614,
1903.
En fait seulement les parties superficielles du mammouth Berezovka ont été préservées. La plupart
des organes internes s’étaient déjà décomposés longtemps avant qu’on ne le découvre. Voici ce que
nous rapporte le rapporteur de l’expédition.
.... les restes de nourriture dans l’estomac ont été excavés. Ce dernier était sérieusement
délabré (...). Les parois de l’estomac (...) étaient sérieusement délabrées et déchirées (...)
les autres organes étaient détruits (...). J’ai rassemblé des morceaux de sang (...). Au
contact, le sang desséché ressemblait à du sable (...) avec une couleur jaunâtre, au
contact on aurait dit comme de la craie (...). L’odeur n’était plus si intolérable comme
pendant les deux premiers jours, probablement parce que nous nous étions accoutumés à
celle-ci [p 620-622]
La chair du mastodonte était-elle comestible une fois dégelée. ?
La chair prise sous l’épaule, fibreuse et marbrée avec de la graisse, est rouge foncé et
paraît aussi fraîche que de la viande bien ferme de bœuf ou de cheval. Elle paraissait si
appétissante que nous nous sommes demandé pendant un certain temps si nous ne
devions pas la goûter, mais personne n’essayât d’en avaler. Les chiens ont nettoyé la
viande du mastodonte qui leur était jetée [p612]
Précisons au passage, que nous trouvons cela aussi sur les sites créationnistes comme Answers in
Genesisqui , à défaut de croire au Déluge, donnent leurs sources !
Meilleur moyen pour se faire taper dessus après, car la référence une fois donnée et trouvée délivre
toutes les explications et non pas une sélection de certaines paroles pour confirmer la théorie du
Déluge. Maintenant, nous ne disons pas qu’on ne puisse pas manger un mammouth qu’on trouvera
en parfait état de conservation (chose rare), mais nous pointons du doigt la source du Béthel qui
affirme péremptoirement que c’était possible pour le Mammouth Berezovka ! Pas de logique, pas
d’explications, par de sources fiables. On peut à ce moment là se poser des questions !
En creusant encore et encore la question des mammouths gelés (ce qui semble pour beaucoup de
Témoins de Jéhovah, la preuve externe à la Bible la plus forte d’un Déluge universel et soudain sur
l’ensemble de la planète), on ne trouve maintenant que des preuves contraires infirmant l’hypothèse
qu’un Déluge soit la preuve de leur décès.
Bien plus, chaque élément de découverte sur ces animaux remet en cause et met à mal la théorie
d’un Déluge universel.
Faisait-il froid avant le Déluge ?
Certains tenants de l’explication du Déluge expliquent que les animaux vivaient près
de l’arche pour pouvoir être rassemblé en quelques jours, et donc devaient résider dans
un climat semblable. Ni trop chaud ni trop froid pour tout le monde. (Car un Grand
Empereur qu’on ne trouve que dans l’Antarctique devait nager vite et supporter le
changement de température entre le Pole Sud et le Moyen Orient).
Les Pôles existaient ils ? Point important car l’inclinaison de la Terre, telle que nous la
connaissons aujourd’hui, en dépend. Si oui, alors les différents climats aussi. Donc, les
saisons qui sont les conséquences de la rotation du globe autour du soleil ainsi que de
l’écliptique. On est encore en contradiction avec Genèse 8 :22 qui nous indique une
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institution des saisons. Création divine pour expliquer la pluie, et donc l’arc-en-ciel.
Sinon, alors pour un même climat sur la Terre, il aurait fallut qu’elle soit plate, car
l’angle d’incidence des rayons du soleil est la déterminante des glaces aux pôles
(climat qui vient du mot grec signifiant inclinaison) Bref, sphéricité de la Terre +
écliptique + rotation de la Terre autour du Soleil = saisons, climats, pôles glacés...
Mais les saisons existaient (il y a combien de saisons au fait ?) suivant Genèse 1:14 !
(contradiction biblique) Donc, les 4 saisons que connaît la région de Noé. Alors,
comment faisaient les animaux polaires et les animaux tropicaux pour cohabiter ?
Noé et son Arc-en-ciel
Selon la Bible, Noé a t-il connu l’arc-en-ciel qu’après le déluge ? Par Popper.
L’arc-en-ciel est considéré par les fondamentalistes comme une preuve qu’il ne pleuvait pas avant le
déluge et que c’est une institution divine. Qu’en est-il réellement ?
Afin de mieux comprendre le symbolisme de l’arc-en-ciel et ses conséquences théologiques,
reprenons ce que dit la Bible :
Genèse 2 :5-6 5."Lorsque l’Éternel Dieu fit une terre et des cieux, aucun arbuste des champs n’était
encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne germait encore : car l’Éternel Dieu n’avait pas
fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour cultiver le sol. 6. Mais une vapeur
s’éleva de la terre, et arrosa toute la surface du sol. " (Bible Louis Segond)
Ainsi, la croyance est qu’il n’y avait pas de pluie avant le déluge. Quel rapport avec l’arc-en-ciel me
direz-vous ? Et bien, lorsqu’on ne connait pas vraiment le phénomène physique de l’arc-en-ciel on
s’imagine que pluie + soleil = arc-en-ciel et qu’il n’y pas d’arc-en-ciel sans pluie.
Suivant la Bible lorsque Noé sortit de l’arche, il vit un arc-en-ciel qui fut créé par Dieu à ce
moment-la. C’est le signe de l’alliance Divine envers les hommes qu’il n’y aurait plus jamais de
Déluge sur la Terre. Continuons la lecture du récit.
Genèse 9 : 11-17 11 J’établis mon alliance avec vous : aucune chair ne sera plus exterminée par les
eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre. 12 Et Dieu dit : C’est ici le
signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour
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les générations à toujours : 13 j’ai placé mon arc dans la nue, et il servira de signe d’alliance
entre moi et la terre. 14 Quand j’aurai rassemblé des nuages au-dessus de la terre, l’arc paraîtra
dans la nue ; 15 et je me souviendrai de mon alliance entre moi et vous, et tous les êtres vivants, de
toute chair, et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair. 16 L’arc sera dans
la nue ; et je le regarderai, pour me souvenir de l’alliance perpétuelle entre Dieu et tous les êtres
vivants, de toute chair qui est sur la terre. 17 Et Dieu dit à Noé : Tel est le signe de l’alliance que
j’établis entre moi et toute chair qui est sur la terre.
Avez-vous noté les conditions données par Dieu pour l’apparition de l’arc-en-ciel ? Dieu doit réunir
des nuages. Signifiant par la même occasion qu’il n’y avait pas de nuages auparavant ?!? Le récit
nous apprend même qu’il institue les saisons(Genèse 8:22). Nous faisant comprendre qu’avant le
Déluge, il n’y avait pas 4 saisons mais 1 seule ?!?
Que nous enseigne la science à ce sujet ? (Cette maudite science qui n’est là que pour contredire la
Bible suivant certains fondamentalistes comme les TJ)
La définition simpliste est "un arc-en-ciel est un phénomène optique et météorologique qui rend
visible le spectre continu de la lumière du ciel quand le soleil brille pendant la pluie. C’est un arc
coloré avec le rouge à l’extérieur et le violet à l’intérieur"
Étudions brièvement la description physique :
On peut observer l’effet d’arc-en-ciel toutes les fois où il y a de l’eau en suspension dans l’air et
qu’une source lumineuse (en général le Soleil) brille derrière l’observateur. L’arc-en-ciel est
provoqué par la dispersion de la lumière du soleil par des gouttes de pluie approximativement
sphériques. La lumière est d’abord réfractée en pénétrant la surface de la goutte, subit ensuite une
réflexion partielle à l’arrière de cette goutte et est réfractée à nouveau en sortant. L’effet global est
que la lumière entrante est réfléchie vers l’arrière sous un angle d’environ 40-42°, indépendamment
de la taille de la goutte. La valeur précise de l’angle de réflexion dépend de la longueur d’onde (la
couleur) des composantes de la lumière. La lumière bleue est réfractée à un plus grand angle que la
lumière rouge, mais en raison de la réflexion totale, la lumière rouge apparaît plus haut dans le ciel
et forme la couleur externe de l’arc-en-ciel.
Un arc-en-ciel n’a donc pas réellement d’existence physique mais est une illusion optique dont la
position apparente dépend de la position de l’observateur. Toutes les gouttes de pluie réfractent et
reflètent la lumière du soleil de la même manière, mais seulement la lumière d’une petite partie des
gouttes de pluie atteint l’œil de l’observateur. C’est l’image formée par la lumière de ces gouttes de
pluie que nous voyons sous forme d’arc-en-ciel. (Source Wikipedia)
Et alors me direz-vous ? Quel est le problème ? La Bible est bien en accord avec la science. Et bien
non ! Cela est bien méconnaître les apparitions de l’arc-en-ciel. Regardez ces 3 photos.
Via Veritas
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SeaRainbow
MistRainbow
WaterfallRainbow
Vous ne remarquez rien ? C’est pourtant simple. Il n’y a pas de pluie et pourtant il y a un arc-enciel. Pourquoi ? Tout simplement car la vapeur d’eau produite par la chaleur du soleil sur l’eau est
constitué de milliards de gouttes d’eau et s'élève suffisamment pour qu’un observateur voit ce
phénomène optique. Nous le voyons sur ces photos avec un arc-en-ciel sur la mer, dans le brouillard
et près d’une chute d’eau.
Si Noé n’avait jamais vu d’arc-en-ciel, cela signifie qu’il n’était pas près de la mer, qu’il n’y avait
pas de chutes d’eau et pas de brouillard. OR le récit de Genèse au chapitre 2 nous parle d’une
vapeur, d’autres traductions parle d’un flot. Je vous rappelle que le brouillard est du à la
condensation de la vapeur d’eau atmosphérique en gouttelettes, qui restent en suspension dans l’air
en quantité suffisante pour réduire la visibilité et que cela peut se produire par l'évaporation. Voir
Formation du Brouillard
Il fallait une quantité d’eau importante pour irriguer les arbres qui ont permis la construction de
l’arche, et les plantes permettant aux animaux de se nourrir. Par quel phénomène physique Dieu
Via Veritas
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empechait-il la formation d’un arc-en-ciel à ce moment là, pour ne le faire apparaitre que lors de la
sortie de l’Arche ?
Les premiers hommes de la Bible n’avaient-ils jamais vu une cascade d’eau ? Que dire aussi des
arcs primaires qui se produisent par l’image virtuelle du soleil en reflexion sur un plan d’eau ?
Pendant tous ces mois dans l’arche, pourquoi Noé n’a t-il pas vu d’arc-en-ciels sur la mer, alors que
les conditions etaient réunies ?
Non ! l’arc-en-ciel n’est pas une création divine faite à la sortie de l’arche, phénomène tellement
nouveau que Noé l’attribua à Dieu et que Moïse le nota dans la Genèse, car Dieu avait parlé à ce
moment là.
C’est bien mal connaître l’arc-en-ciel.
Si vous désirez en savoir plus, je vous renvoie à l’article (format PDF) traitant de La physique et le
symbolisme de l’arc-en-ciel par Pierre Boyer.
"Un système de cet ordre ne paraît ni suffisamment complet, ni suffisamment agréable à
l’esprit."( Nicolas COPERNIC 1473 - 1543)
Un récit inscrit dans la pierre à Sumer
Par Lucretius
L’Épopée de Gilgamesh - Onzième tablette :
"Ut-napishim répondit à Gilgamesh en ces termes : "Gilgamesh, je voudrai te révéler
une chose cachée ( ...) laisse les richesses, cherche la vie sauve, renonce aux
possessions, sauve les vivants, fais monter à l’intérieur du bateau un rejeton de tout être
vivant. Quant au bateau que tu construiras, celui-là, que ses dimensions se
correspondent entre elles : égales en seront la largeur et la longueur ; couvre le comme
est couvert l’abîme (...) tout ce que j’avais comme êtres vivants, je l’en chargeai, je fis
monter sur le bateau les parents et les familles, les animaux domestiques et sauvages
(...) Pendant six jours et sept nuits, le vent persista, l’ouragan diluvien écrasa la
terre(...) C’est au mont Niçir que la bateau accosta. : le mont Niçir retient le bateau et
ne le laissa plus bouger (...) Quand arriva le septième jour, je fis sortir la colombe et la
laissa aller : la colombe s’en alla, s’élança, mais aucun perchoir ne lui apparaissant,
elle fit demi-tour. Je fis sortir une hirondelle et la laissa aller, l’hirondelle s’en alla,
s’élança, mais aucun perchoir ne lui apparaissant, elle fit demi-tour, je fis sortir le
corbeau et le laissai aller ; le corbeau s’en alla et, voyant les eaux s’écouler ; il se mit
à manger, voltigea, fienta et ne fit pas demi-tour. Ayant tout fait sortir aux quatre vents,
j’allai sacrifier, je répandis une offrande au sommet de la montagne. Je disposais en vis
à vis sept et sept récipients, au creux desquels je versai acore, cèdre et myrte. Les dieux
en flairèrent l’odeur, les dieux en flairèrent la bonne odeur".
Les archéologues ont trouvé en Asie Mineure des traductions de l’épopée de Gilgamesh en hurrite
et en hittite ce qui prouve que le texte a été traduit et pastiché un peu partout et que la similitude
avec la Bible n’est pas le fruit du hasard.
Sources : S.N Kramer "L’histoire commence à Sumer", "L’épopée de Gilgamesh" Raymond
Tournay (Les éditions du Cerf), "Au cœur des mythologies" Lacarrière
Via Veritas
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Et à propos de l’épopée de Gilgamesh :
http://www.herodote.net/motGilgamesh.htm
2600 ans avant JC
Gilgamesh raconte le déluge
Le 3 décembre 1872, devant la Société d’Archéologie
Biblique de Londres, George Smith (32 ans), un
spécialiste en assyriologie du British Museum raconte le
déluge tel qu’il est décrit sur des tablettes d’argile
originaires de... Chaldée, en Mésopotamie.
Ces tablettes remontent aux environs du XIIIe siècle
avant JC. Elles sont écrites en caractères cunéiformes,
la plus ancienne écriture connue et montrent que le
mythe du déluge est antérieur à la Bible !
Un quotidien, le Daily Telegraph, finance sans attendre une expédition sur le site de Ninive,
antique cité de Mésopotamie concurrente de Babylone.
De nouvelles tablettes, découvertes par centaines, révèlent l’épopée légendaire d’un roi en
quête d’immortalité, Gilgamesh, qui aurait vécu vers 2600 avant JC.
C’est à l’intérieur de cette épopée que se situe le récit d’un déluge. Il pourrait s’agir de la
transfiguration d’un cataclysme qui s’est produit il y a 7.500 ans, quand la Méditerranée
s’est déversée par le détroit des Dardanelles dans un lac qui est aujourd’hui la mer Noire,
avec un niveau de 100 mètres plus élevé qu’auparavant.
Daniel et les sept Temps des Gentils
1. le récit biblique
Par Lucretius
Le livre de Daniel au chapitre 4 retrace un épisode particulièrement humiliant pour Nebukadnezzar
(Nabuchodonozor) roi de Babylone, épisode censé se dérouler au VIème siècle av. n.e.
Pour l’avertir de l’épisode de folie qu’il allait bientôt connaître, Daniel, exilé juif en Chaldée, donne
au roi babylonien l’explication d’un rève étrange.
Voici le texte biblique, selon la version Second :
Dan 4:1-37
Nebucadnetsar, roi, à tous les peuples, aux nations, aux hommes de toutes langues, qui
habitent sur toute la terre. Que la paix vous soit donnée avec abondance !
(2) Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu suprême a
opérés à mon égard.
(3) Que ses signes sont grands ! que ses prodiges sont puissants ! Son règne est un règne
éternel, et sa domination subsiste de génération en génération.
(4) Moi, Nebucadnetsar, je vivais tranquille dans ma maison, et heureux dans mon palais.
(5) J’ai eu un songe qui m’a effrayé ; les pensées dont j’étais poursuivi sur ma couche et les
visions de mon esprit me remplissaient d’épouvante.
(6) J’ordonnai qu’on fît venir devant moi tous les sages de Babylone, afin qu’ils me
donnassent l’explication du songe.
Via Veritas
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(7) Alors vinrent les magiciens, les astrologues, les Chaldéens et les devins. Je leur dis le
songe, et ils ne m’en donnèrent point l’explication.
(8) En dernier lieu, se présenta devant moi Daniel, nommé Beltschatsar d’après le nom de
mon dieu, et qui a en lui l’esprit des dieux saints. Je lui dis le songe :
(9) Beltschatsar, chef des magiciens, qui as en toi, je le sais, l’esprit des dieux saints, et pour
qui aucun secret n’est difficile, donne-moi l’explication des visions que j’ai eues en songe.
(10) Voici les visions de mon esprit, pendant que j’étais sur ma couche. Je regardais, et
voici, il y avait au milieu de la terre un arbre d’une grande hauteur.
(11) Cet arbre était devenu grand et fort, sa cime s’élevait jusqu’aux cieux, et on le voyait
des extrémités de toute la terre.
(12) Son feuillage était beau, et ses fruits abondants ; il portait de la nourriture pour tous ;
les bêtes des champs s’abritaient sous son ombre, les oiseaux du ciel faisaient leur demeure
parmi ses branches, et tout être vivant tirait de lui sa nourriture.
(13) Dans les visions de mon esprit, que j’avais sur ma couche, je regardais, et voici, un de
ceux qui veillent et qui sont saints descendit des cieux.
(14) Il cria avec force et parla ainsi : Abattez l’arbre, et coupez ses branches ; secouez le
feuillage, et dispersez les fruits ; que les bêtes fuient de dessous, et les oiseaux du milieu de
ses branches !
(15) Mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de
fer et d’airain, parmi l’herbe des champs. Qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et qu’il ait,
comme les bêtes, l’herbe de la terre pour partage.
(16) Son coeur d’homme lui sera ôté, et un coeur de bête lui sera donné ; et sept temps
passeront sur lui.
(17) Cette sentence est un décret de ceux qui veillent, cette résolution est un ordre des
saints, afin que les vivants sachent que le Très Haut domine sur le règne des hommes, qu’il
le donne à qui il lui plaît, et qu’il y élève le plus vil des hommes.
(18) Voilà le songe que j’ai eu, moi, le roi Nebucadnetsar. Toi, Beltschatsar, donnes-en
l’explication, puisque tous les sages de mon royaume ne peuvent me la donner ; toi, tu le
peux, car tu as en toi l’esprit des dieux saints.
(19) Alors Daniel, nommé Beltschatsar, fut un moment stupéfait, et ses pensées le
troublaient. Le roi reprit et dit : Beltschatsar, que le songe et l’explication ne te troublent
pas ! Et Beltschatsar répondit : Mon seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et son
explication pour tes adversaires !
(20) L’arbre que tu as vu, qui était devenu grand et fort, dont la cime s’élevait jusqu’aux
cieux, et qu’on voyait de tous les points de la terre ;
(21) cet arbre, dont le feuillage était beau et les fruits abondants, qui portait de la
nourriture pour tous, sous lequel s’abritaient les bêtes des champs, et parmi les branches
duquel les oiseaux du ciel faisaient leur demeure,
(22) c’est toi, ô roi, qui es devenu grand et fort, dont la grandeur s’est accrue et s’est élevée
jusqu’aux cieux, et dont la domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre.
(23) Le roi a vu l’un de ceux qui veillent et qui sont saints descendre des cieux et dire :
Abattez l’arbre, et détruisez-le ; mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et
liez-le avec des chaînes de fer et d’airain, parmi l’herbe des champs ; qu’il soit trempé de la
rosée du ciel, et que son partage soit avec les bêtes des champs, jusqu’à ce que sept temps
soient passés sur lui.
(24) Voici l’explication, ô roi, voici le décret du Très Haut, qui s’accomplira sur mon
seigneur le roi.
(25) On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs,
et l’on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger ; tu seras trempé de la rosée du
ciel, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très Haut domine sur
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le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît.
(26) L’ordre de laisser le tronc où se trouvent les racines de l’arbre signifie que ton
royaume te restera quand tu reconnaîtras que celui qui domine est dans les cieux.
(27) C’est pourquoi, ô roi, puisse mon conseil te plaire ! mets un terme à tes péchés en
pratiquant la justice, et à tes iniquités en usant de compassion envers les malheureux, et ton
bonheur pourra se prolonger. (28) Toutes ces choses se sont accomplies sur le roi
Nebucadnetsar.
(29) Au bout de douze mois, comme il se promenait dans le palais royal à Babylone,
(30) le roi prit la parole et dit : N’est-ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie, comme
résidence royale, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ?
(31) La parole était encore dans la bouche du roi, qu’une voix descendit du ciel : Apprends,
roi Nebucadnetsar, qu’on va t’enlever le royaume.
(32) On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs,
on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger ; et sept temps passeront sur toi,
jusqu’à ce que tu saches que le Très Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne
à qui il lui plaît.
(33) Au même instant la parole s’accomplit sur Nebucadnetsar. Il fut chassé du milieu des
hommes, il mangea de l’herbe comme les boeufs, son corps fut trempé de la rosée du ciel ;
jusqu’à ce que ses cheveux crussent comme les plumes des aigles, et ses ongles comme ceux
des oiseaux.
(34) Après le temps marqué, moi, Nebucadnetsar, je levai les yeux vers le ciel, et la raison
me revint. J’ai béni le Très Haut, j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont
la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en
génération.
(35) Tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que néant : il agit comme il lui plaît
avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa
main et qui lui dise : Que fais-tu ? (36) En ce temps, la raison me revint ; la gloire de mon
royaume, ma magnificence et ma splendeur me furent rendues ; mes conseillers et mes
grands me redemandèrent ; je fus rétabli dans mon royaume, et ma puissance ne fit que
s’accroître.
(37) Maintenant, moi, Nebucadnetsar, je loue, j’exalte et je glorifie le roi des cieux, dont
toutes les oeuvres sont vraies et les voies justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec
orgueil.
2. l’interprétation jéhoviste
L’interprétation jéhoviste est un artifice intellectuel qui tient de la divination. Tout part de la
prophétie des sept temps consignée au chapitre 4 du livre de Daniel.
La vision donnée au roi Neboukadnetsar a trait à son humiliation pour sept périodes de temps.
Mais que faire de cette vision ?
Pour Charles Taze Russell , mais aussi pour William Miller avant lui, la vision a forcément une
signification prophétique non seulement mondiale mais liée à la venue du Christ.
D’où un raisonnement alambiqué que le Témoin de Jéhovah moyen ne serait pas capable de
redonner sans l’avoir révisé auparavant. C’est vous dire combien naturel et spontané peut en être
l’exposé.
Via Veritas
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Reprenons les points essentiels de la thèse jéhoviste :
• 1. Le roi babylonien Neboukadnetsar, supplanteur et destructeur du royaume de Juda, qui
devint fou se comportant en animal et retrouva finalement sa royauté est figuré par un arbre
coupé dont la souche encore vivante est liée pour un temps. Selon la Watchtower,« “ l’arbre
” représente, par-delà son application à Neboukadnetsar et avec bien plus de portée, la
souveraineté ou domination mondiale par le moyen voulu par Dieu »13.
Nous ne pourrons que nous étonner qu’un adversaire direct d’une puissance honnie par Dieu
puisse représenter de quelque façon sa souveraineté.
• 2. La durée de mise au repos de la domination mondiale de Dieu est de 2 520 ans.
Voyez combien le calcul est simple et immédiat.
Les sept temps sont sept années. Mais les années ne sont pas de 365.25 jours comme on
pourrait s’y attendre. Que nenni.
Voici la solution préconisée par les Témoins de Jéhovah selon le livre Études perspicaces
des Écritures - Temps fixés des nations :
Il s’avère que dans cet usage la durée d’une année est de 360 jours, dans la
mesure où en Révélation 12:6, 14 trois temps et demi sont donnés comme
équivalant à “ mille deux cent soixante jours ”. (Voir aussi Ré 11:2, 3.) Selon ce
calcul, “ sept temps ” équivaudraient à 2 520 jours. La lecture des textes de
Nombres 14:34 et d’Ézékiel 4:6 montre que dans le récit biblique un nombre
précis de jours peut représenter prophétiquement un nombre équivalent
d’années. C’est à la seule condition d’appliquer aux “ sept temps ” de cette
prophétie la règle énoncée dans les deux versets précités, à savoir “ un jour
pour une année ”, que la vision de Daniel chapitre 4 peut trouver un
accomplissement d’une réelle portée par-delà l’époque de Neboukadnetsar
maintenant disparu, comme les faits présentés jusqu’ici donnent à le penser. Ces
“ sept temps ” représentent par conséquent 2 520 années.
Vous avez lu la justification de la transformation des jours en années : c’est parce que sinon
on n’arrive pas à dépasser l’époque de Neboukadnetsar. Ce qui est inconcevable. Donc c’est
la bonne lecture de la prophétie.
Et devoir en passer par les livres de Daniel, des Nombres, d’Ezeckiel, de la Révélation, pour
suivre un hypothétique et invraisemblable jeu de piste à travers des expressions figurant
dans des contextes différents, dans des langues parfois différentes (hébreue et grecque), donc
avec un sens différent, ne semblent pas entamer l’enthousiasme de la Watchtower pour
l’éclair de génie de William Miller en 1836.
• 3. La date de commencement du décompte est fixée impérativement à 607 avant notre ère au
moment où, selon l’explication jéhoviste, la souche de l’arbre a été liée, c’est à dire
Jérusalem est tombée aux mains des Babyloniens.
Les historiens s’opposeront à cette date qui n’a été conservée par les Témoins de Jéhovah
qu’à cause de son importance cruciale pour le mouvement.
Si bien que le calcul nous mène tout droit à l’année emblématique des Témoins de Jéhovah :
1914.
Livre Qu’enseigne réellement la Bible (2005), p. 217 :
Les 2 520 ans ont commencé en octobre 607 avant notre ère, quand Jérusalem
est tombée aux mains des Babyloniens et que le roi de la lignée de David a été
détrôné. Ils se sont terminés en octobre 1914. “ Les temps fixés des nations ”
ont pris fin à ce moment-là, et Jésus Christ a été installé comme Roi céleste de
13 Études perspicaces des Écritures – temps fixés des nations
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Dieu. — Psaume 2:1-6 ; Daniel 7:13, 14.
Chacun des éléments de cette construction prophétique est absolument contestable. Démontrons-le.
3. des points dérangeants
Si la construction prophétique de la Watchtower relative à la prophétie de Daniel semble, a priori,
satisfaisante sur le plan intellectuel, un certain nombre de points dérangeants sont à signaler.
1. Pourquoi aller au-delà de ce qui est écrit ?
(1 Corinthiens 4:6) Or, frères, ces choses, je les ai présentées sous une autre forme, de
manière à ce qu’elles s’appliquent à moi et à Apollos pour votre bien, pour que, dans notre
cas, vous appreniez cette [règle] : “ N’allez pas au-delà de ce qui est écrit ”, afin que,
individuellement, vous ne vous gonfliez pas [d’orgueil] en faveur de l’un contre l’autre.
Oui, pourquoi aller au-delà de ce qui est écrit ?
Car, en effet, objectivement, qu’est-ce qui indique qu’il faille torturer cette vision pour en sortir
autre chose que ce que dit le verset 32 :
On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, on te
donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger ; et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu
saches que le Très Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. .
Notez bien que le verset ne dit pas
" et afin que mes serviteurs discernent, avec l’intelligence qui a de la sagesse, l’époque à laquelle
j’installerai mon roi oint pour l’éternité", ce qui aurait eu le mérite de lever toute ambiguïté.
Mais, et je le regrette, ce que le texte biblique dit c’est quelque chose comme :
c’est moi, Dieu , je suis le Tout-Puissant et je fais ce que je veux, et toi mon gars, tu vas apprendre
l’humilité.
C’est une leçon d’humilité donnée à un roi idolâtre et vantard et la fin du chapitre montre que ce roi
avait compris la leçon. Du reste, cette mésaventure allait rester, selon le rédacteur, dans les
souvenirs familiaux puisque nous lisons, rapporté par son petit-fils Belshazzar : Dan 5:20-21 Mais
lorsque son coeur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son
trône royal et dépouillé de sa gloire ; (21) il fut chassé du milieu des enfants des hommes, son
coeur devint semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on lui donna
comme aux boeufs de l’herbe à manger, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce qu’il
reconnût que le Dieu suprême domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît.
Ça va, leçon bien apprise, objectif atteint. Notez, et c’est intéressant que la référence capitale aux
sept temps a disparu du texte biblique car non essentielle à l’épisode. Mais alors, pourquoi forcer le
sens de la vision ? Nous y répondrons au point 3.
2. Sept temps ou sept ans ?
Voyez-vous la différence entre temps et ans ?
Pas trop si l’on considère que la période était vaguement définie, mais beaucoup si l’on introduit
une précision calculatoire. Car, nous lisons bien temps dans la TMN (Traduction du Monde
Nouveau - version jéhoviste) et dans la version Second cité dans l’article précédent et non ans.
Mais que peut bien dire le texte original ?
Le TWOT ( Theological Wordbook of the Old Testament by R. Laird Harris, Gleason L.
Archer, and Bruce K. Waltke) dit ceci à l’entrée temps à propos de notre expression bien
étrange :
"Mot araméen ’iddan
référence croisée de Strong : 5732
Via Veritas
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Définition : temps, période, année, ère
’iddan est probablement un mot emprunté à l’akkadien e/adanu, adannu, haddnnu. les deux
sens basiques sont un point dans le temps et une période de temps. Le mot revient à treize
reprises chaque fois dans Daniel avec trois nuances de sens différentes. (...)
Troisièmement,le fonction d’’iddan en Daniel chapitre 4 est quelque peu problèmatique.
Dans ce chapitre les versets 16,23,25 et 32 emploient la phrase shib’a ’iddanin,
littéralement sept temps. Cependant la LXX (Septante), Flavius Josèphe et les
commentateurs traditionnels juifs ont compris la phrase comme signifiant sept ans (voir J.
J. Slotki, Daniel, Ezra, Nehemiah, London : The Soncino Press, 1951, p. 33). Toutefois, il
n’est pas nécessaire de considérer ’iddan comme se rapportant à une période définie dans
ces versets et la traduction de la NASB (New American Standard Bible) en "sept périodes
de temps" est probablement préférable à toute autre expression plus spécifique à la fois
en Daniel chapitre 4 et en Dan 7:12."
A ce propos, et suivant cet avis, la Bible d’André Chouraqui (1989) rend précisément, au verset 16,
shib’a ’iddanin par sept périodes de temps.
Amis des constructions prophétiques, vos bases sont-elles solides ?
Pour semer encore plus le doute (n’oublions pas la devise du site) voici le commentaire des
hébraïsants Keil et Delitzsch à propos du verset 16 (in Keil & Delitzsch Commentary on the Old
Testament / Johann (C.F.) Keil (1807-1888) & Franz Delitzsch (1813-1890)) :
"Et sept temps passeront sur lui - dans les circonstances décrites, cad sa condition captive,
sept temps passeront sur lui. Suivant l’exemple de la LXX et de Josèphe, beaucoup de
traducteurs anciens et modernes ont remplacé le mot ’iddan par année car les temps en Dan
7:25 ; 12:7 sont aussi des années ; et qu’en Dan 4:29 mention est faite de 12 mois. Mais, à
l’analyse, et dans Dan 4:29 la durée d’’iddan ne peut être fixée et en en Dan 7:25 ; 12:7 les
temps ne sont pas des années.
’iddan désigne une période de temps défini, dont la longueur et la durée peuvent être très
différents. Sept est "la mesure et la signature de l’histoire du développement du royaume de
Dieu et de tous les facteurs et phénomènes significatifs pour lui" (Lämmert’s “Revision of
the biblical Symbolical Numbers” in the Jahrbb.f. deutsche Theol. ix. p. 11) ou selon Lyers,
in Herzog’s Realencykl. xviii. p. 366, l’exprime lui-même "la signature de toutes les actions
de Dieu en jugement et en miséricorde, punitions, expiations, consécrations, bénédictions en
rapport avec l’économie de la rédemption s’accomplissant à travers le temps." En accord
avec cela, les sept temps correspondent à la durée de la punition divine qui fut décidée
contre Nebucadnezzar conformément au projet et l’histoire de la rédemption. Quant à
savoir si ces temps doivent être compris comme des années, des mois, des semaines, cela
n’est pas précisé et ne peut être déterminé du tout. L’hypothèse qu’ils signifient sept ans
"ne peut être conciliée avec le fait que Nebucadnezzar ait recouvré la raison, chose qui
n’arrive que très rarement après une si longue maladie mentale (J. B. Friedreich, Zur Bibel.
Naturhist., anthrop. u. med. Fragmente, i. p. 316)."
Si les sept temps ne sont pas sept ans, alors c’en est fini des 2520 ans et des élucubrations
prophétiques adventistes.
3. L’origine du calcul prophétique jéhoviste
Nombre de Témoins de Jéhovah croient que le calcul des sept temps des Gentils basé sur Daniel 4
est une intuition lumineuse de Charles Taze Russell, fondateur du mouvement, sous la direction
bienveillante de l’esprit saint.
Pas de chance il n'a rien inventé.
Via Veritas
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4. l’origine de l’interprétation
Rien n’est plus faux que de croire à l’invention originale du calcul des sept temps des Gentils par
Charles Taze Russell.
Ce calcul est en fait l’un des derniers avatars d’une recherche désespérée de la durée des temps des
Gentils qui apparaissent en Luc 21:24. "et ils tomberont sous le tranchant de l’épée et seront
emmenés captifs dans toutes les nations ; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à
ce que les temps fixés des nations soient accomplis."(TMN)
Pendant plusieurs siècles, les commentateurs bibliques pensaient que leur durée seraient de 1260
années, en s’appuyant sur Révélation 11:3 et sur le principe discutable d’un jour pour une année.
(Révélation 11:3, TMN) Et je ferai que mes deux témoins prophétisent pendant mille deux cent
soixante jours, vêtus de toiles de sac. [...]
Dans son livre en anglais "The Gentile Times Reconsidered - Chronology and Christ’s Return"
(édition Commentary Press Atlanta - 2004), Carl Olof Johnson fait un historique des multiples
tentatives pour deviner la date de la fin des temps des Gentils.
Basée sur la croyance en la chronologie de Révélation 11:3, l’auteur distingue, toutes les dates étant
de notre ère :
Date de
publication
Joachim de Floris 1195
Arnold de Villanova 1300
Walter Brute
1393
Martin Luther
1530
A. Osiander
1545
J. Funck
1558
G. Nigrinius
1570
Aretius
1573
J. Napier
1593
D. Pareus
1618
J. Tillinghast
1655
J. Artopaeus
1665
Cocceius
1669
T. Beverley
1684
P. Jurieu
1687
R. Flemming, Jr
1701
R. Flemming, Jr
1701
William Whiston
1706
Daubuz
1720
J. Ph. Petri
1768
Lowman
1770
John Gill
1776
Hans Wood
1787
Exégète
Via Veritas
Application (débutfin)
1-1260
c.74-1364
134-1394
38-1328
412-1672
261-1521
441-1701
312-1572
316-1576
606-1866
396-1656
260-1520
292-1552
437-1697
454-1714
552-1794
606-1848
606-1866
476-1736
587-1847
756-2016
606-1866
620-1880
Remarques
Temps des Gentils=1290 ans
Temps des Gentils=1290 ans
1260 années de 360 jours
1242 années juliennes
A voir
59
J. Bicheno
1793
593-1789
La Révolution Française !
A. Fraser
1795
756-1998
1242 années juliennes
G. Bell
1796
537-1797
G. Bell
1796
553-1813
Edward King
1798
538-1798
Galloway
1802
606-1849
1242 années juliennes
W. Hales
1803
620-1880
G.S. Faber
1806
606-1866
W. Cuninghame
1813
533-1792
J.H. Frere
1815
533-1792
Lewis Way
1818
531-1791
W.C. Davis
1818
588-1848
J. Bayford
1820
529-1789
Encore la Révolution Française !
John Fry
1822
537-1797
John Aquila Brown 1823
622-1844
1260 années lunaires
Pendant plus de sept siècles, on a considéré que les temps des Gentils dureraient 1260 ou 1290
années, chacun des commentateurs bibliques avançant une date ultime sans cesse repoussée. John
Aquila Brown va faire charnière, il va doubler le nombre prophétique et passer de 1260 à 2520 en
s’appuyant sur Daniel 4 (sans toutefois faire de lien direct avec Lc 21:24) et avec lui , c’est reparti,
mais cette fois avec une date de début avant notre ère ...
Date de
publication
John Aquila Brown 1823
William
1827
Cuninghame
Henry Drummond 1827
G.S. Faber
1828
Alfred Addis
1829
William Digby
1831
W.A. Holmes
1833
Matthew
1834
Habershon
John Fry
1835
William W. Pym
1835
William Miller
1842
Th.R. Birks
1843
Edward B. Elliott 1844
Edward B. Elliott 1844
Matthew
1844
Habershon
Matthew
1844
Habershon
William
1847
Exégète
Via Veritas
Application (débutRemarques
fin)
604-1917
728-1792
722-1798
657-1864
680-1840
723-1793
685-1835
677-1843
677-1843
673-1847
677-1843
606-1843
727-1793
606-1914
Le mouvement millériste va essaimer
Temps des Gentils=2450 ans
une alternative
676-1844
601-1919
une deuxième alternative
606-1847
Temps des Gentils=2452 ans
60
Cuninghame
J.H. Frere
Robert Seeley
Robert Seeley
Robert Seeley
Edward Bickersteth
Edward Bickersteth
1848
1849
1849
1849
1850
1850
603-1847
606-1914
570-1950
728-1792
727-1793
602-1918
Anonyme
1856
727-1793
1859
652-1868
1865
1865
1865
652-1867
658/47-1862/73
654-1866
The Rainbow - périodique londonien
The Rainbow - périodique londonien
The Rainbow - périodique londonien
1870
715-1815
périodique édité par Joseph A. Seiss
1870
698-1822
1870
643-1877
1870
606-1914
1870
598-1922
1871
1871
1874
1875
623-1896
652/49-1868/71
626-1894
606-1914
C.T. Russell
1876
606-1914
E.H. Tuckett
M.P. Baxter
M.P. Baxter
H. Grattan
Guinness
H. Grattan
Guinness
H. Grattan
Guinness
H. Grattan
Guinness
W.E. Blackstone
W.E. Blackstone
W.E. Blackstone
1877
1880
1880
651/50-1869/70
695-1825
620-1900
1886
606-1915
Light for the Last Days
1886
604-1917
Light for the Last Days
1886
598-1923
Light for the Last Days
1886
587-1934
Light for the Last Days
1916
1916
1916
606-1915
595-1926
587-1934
The Weekly Evangel
The Weekly Evangel
The Weekly Evangel
Richard C.
Shimeall
J.S Philipps
J.M.N.
Frederick W. Farrar
The Prophetic
Times
The Prophetic
Times
The Prophetic
Times
The Prophetic
Times
The Prophetic
Times
Joseph Baylee
P.H.G.
Edward White
N.H. Barbour
Via Veritas
Temps des Gentils=2450 ans
compté de 606 ou 607
une alternative
sa préférence
également 677-1843
un pamphlet sous nom "The Watch
Tower"
The Quaterley Journal of Prophecy
Herald of the Morning
The Bible Examiner - édité par G.
Storrs
The Rainbow
une alternative
61
Avez-vous besoin d’autre chose pour remplir votre grille de loto ?
La détermination de la durée des Temps des Gentils est une véritable machine à générer des
nombres aléatoires qui a comblé d’aise les esprits tourmentés de la fin du 19ème siècle. Baignant
dans une telle atmosphère, comment aurions nous pu échapper à l’envie de livrer notre propre
conclusion ?
Aucune des dates annoncées n’a tenu. Et 1914 aurait bien connu le même sort si le plus simple des
hasards n’avait pas chargé cette année là d’une aura particulière.
En plus l’année 1914 est livrée par un calcul qui s’appuie sur une année particulière et
controversée : 607 avant notre ère.
5. 607 avant notre ère
L’année 607 avant notre ère ou comment ne pas perdre la face.
La date de début du décompte des Temps des Gentils serait selon la doctrine officielle des Témoins
de Jéhovah l’année 607 avant notre ère. C’est à cette date, selon leur chronologie, que Jérusalem
serait tombée entre les mains de Nebucadnezzar, roi de Babylone. Le problème est qu’ils sont les
seuls à soutenir cette date et que les historiens sont d’un tout autre avis.
La succession des rois babyloniens est bien connue et bien documentée et tous les témoignages
concordent : Jérusalem est tombée entre les mains des Babyloniens en 587 avant notre ère. Cette
différence de quelque 20 ans pourrait sembler insignifiante, mais elle suffit à reléguer l’année 1914,
date ultime des 2520 années de la construction prophétique, aux oubliettes. Et si 1914 tombe, alors
c’est le dernier héritage adventiste de Charles Taze Russell qui disparait aussi, c’est le sentiment
d’avoir appartenu à une époque où Jésus a choisi sa véritable église qui s’effiloche. Et çà, c’est
inacceptable, il ne faut pas perdre la face.
Pourtant les preuves pour infirmer 607 avant notre ère ne manquent pas. Carl Olof Jonsson, ancien
Témoin de Jéhovah suédois, en a fait depuis 1977, première année de ses recherches à ce sujet, son
cheval de bataille. Dans son livre en anglais The Gentile Times Reconsidered - Chronology and
Christ’s Return" (précédemment cité), il démontre avec force l’inévitable conclusion : 607 avant
notre ère est un vœu pieu sans fondement.
Faisant la synthèse des inscriptions anciennes disponibles, l’auteur présente la chronologie néobabylonienne. Citant les chroniques néo-babyloniennes (la Chronique babylonienne BM 21946, la
Chronique de Nabonide BM 35382), la Liste des rois d’Uruk, Les Inscriptions Royales plus connu
sous le nom de Canon de Ptolémée, les durées de règnes des rois sont les suivantes :
Nom royal
Nabopolassar
Nebuchadnezzar
Evil-Mardouk
Neriglissar
Labashi-Marduk
Nabonide
Via Veritas
Chroniques néoListe des rois
babyloniennes
d’Uruk
21 ans
21 ans
43 ans
43 ans
2 ans
2 ans
4 ans
3 ans 8 mois
Quelques mois 3 mois
17 ans
17 ? ans
Inscriptions
Dates av.
Royales
n.e.
21 ans
625-605
43 ans
604-562
2 ans
561-560
4 ans
559-556
556
17 ans
555-539
62
Ces dates sont adoptées par les historiens car supportées par les anciennes sources cunéiformes,
certaines datant de l’époque néo-babylonienne même. Ces dates sont constamment recoupées par la
chronologie égyptienne, par les annales commerciales, par les relevés astronomiques de l’époque.
Tous les documents accessibles et publiés sont unanimes et univoques.
La 19ème année du règne de Nebucadnezzar (prise de Jérusalem, 2Rois 25:8) correspond bien à
587/586 avant notre ère et non 607 avant notre ère. Le plus extraordinaire est que la date-pivot
(anciennement dénommée date absolue) qui permet aux Témoins de Jéhovah de calculer 607 avant
notre ère est 539 avant notre ère, date établie par les mêmes documents qu’ils reconnaissent ou
récusent selon les besoins. La position défendue sur l’année 607 avant notre ère est si faible qu’elle
a provoqué une dissension terrible en 1980 au sein même du Collège Central (organe dirigeant des
Témoins de Jéhovah) dans les années 1980. Raymond Franz, neveu du président de la Watchtower
de l’époque et membre du Collège Central, a révélé dans son livre "Crisis of conscience"14 le
trouble profond qu’a suscité à la fois ses propres conclusions de recherche et la diffusion des
travaux de C.G. Jonsson, trouble qui l’a mené à l’exclusion des rangs des Témoins de Jéhovah.
Voici le commentaire qu’il nous livre (p.41, 42) alors que l’auteur était en charge de la rédaction de
l’entrée Chronologie du livre Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible :
"Il fallut des mois de recherches pour ce seul sujet “ Chronologie” et il en résulta le plus
long des articles du livre Auxiliaire. Nous avons consacré la plus grande partie du temps à
trouver des preuves ou un soutien historique pour 607 avant notre ère, date pivot dans
nos calculs pour 1914. Charles Ploeger, membre du siège mondial, me servait de secrétaire
à cette époque et il cherchait dans toutes les bibliothèques de la ville de New York tout ce
qui pourrait justifier l’historicité de cette date. Nous n’avons absolument rien trouvé en
faveur de 607 avant notre ère. Tous les historiens indiquaient une date vingt ans plus tôt.
Avant de commencer à préparer le sujet sur “Archéologie” pour l’Auxiliaire, je n’avais
jamais réalisé que le nombre de tablettes d’argile cunéiformes retrouvées en Mésopotamie
et remontant au temps de l’ancienne Babylone se comptait par dizaines de milliers. Rien
dans toutes ces tablettes ne permet de dire que l’empire Néo-Babylonien (où l’on retrouve
Nabuchodonosor) eut une durée qui convienne à nos calculs pour arriver à 607 avant notre
ère, date présumée de la destruction de Jérusalem. Tout indiquait une période plus courte
de vingt ans que ce qu’affirmait notre chronologie officielle. Même si cela me semblait
inquiétant, je voulais croire que notre chronologie était juste en dépit de la preuve du
contraire, qu’il y avait une erreur quelque part dans cette preuve. C’est pourquoi, dans la
préparation du sujet du livre Auxiliaire, temps et espace étaient consacrés à tenter
d’affaiblir la crédibilité de l’évidence archéologique et historique qui concourait à
démolir notre date de 607 avant notre ère et donner un point de départ différent à nos
calculs, ce qui nous aurait amenés à une date autre que 1914. Avec Charles Ploeger nous
avons fait le voyage jusqu’à l’université Brown à Providence, Rhode Island, pour
interviewer le professeur Abraham Sachs, spécialiste des textes cunéiformes anciens, et
particulièrement ceux comportant des dates astronomiques. Nous voulions voir si nous
pouvions obtenir des informations qui mettraient en évidence un point faible ou une lacune
quelconque dans la date astronomique présentée dans nombre de ces textes, date
démontrant que notre 607 avant notre ère était une erreur. Finalement, il était évident qu’il
aurait fallu une conspiration de la part des anciens scribes—sans pouvoir imaginer leur
raison de le faire—si en fait notre date était la bonne. Encore une fois, comme un avocat
face à une preuve qu’il veut dénier, je me suis efforcé de discréditer ou d’affaiblir la
confiance dans les témoins des temps anciens qui attestaient de ces faits, à savoir les
textes historiques concernant l’Empire Néo-Babylonien. Les arguments que je présentais
14 Commentary Press - Atlanta - 2004
Via Veritas
63
étaient honnêtes, mais je savais qu’ils n’avaient qu’un seul but : défendre une date qui
n’avait aucun support historique."
Comment s’étonner que depuis 1981 (annexe du livre "Que ton Royaume vienne" qui visait à
répondre tant bien que mal aux remises en cause chronologiques) aucun examen détaillé et profond
n’ait été fait du calcul des Temps des Gentils. Il ne faut pas parler des choses qui fâchent.
Conclusion :
Chacun des éléments qui fondent la construction chronologique des Temps des Gentils est
contestable : l’application forcée d’un récit fabuleux pour lui donner une valeur prophétique, un
calcul de sept périodes de temps indéfinies qui deviennent par choix personnel des années de 360
jours, des jours qui se transforment en années selon un principe à géométrie variable (les 1290, les
1335 jours de la fin de Daniel 12 restent bien des jours selon la lecture prophétique des TJ), une
année de départ fixée impérativement à 607 avant notre ère et sans aucune corrélation avec
l’histoire, pour enfin aboutir à une année chargée émotionnellement et aux vertus quasi magiques 1914. Tout cela renifle le bricolage insistant d’une époque dont la marotte était de s’interroger sur
les Temps des Gentils.
A trop vouloir lire dans le marc de café, on ne voit plus que l’on ne fait que regarder une tasse.
Zacharie, je le calcule pas !
Par Winston Wesson
Ceci n’est pas une réplique du film "La vérité si je mens"...
Si vous étiez un habitué du site Via Veritas, ou si vous êtes Témoin de Jéhovah vous-même vous
savez sans doute que la société Watchtower soutient que Jérusalem et son temple furent détruits en
607 av.JC, alors que de très nombreuses preuves placent ces événements une vingtaine d’années
plus tard (en 587/586 av.JC). Il s’agit là d’un point majeur de la doctrine jéhoviste, qui débouche sur
l’affirmation que nous vivons les “derniers jours” depuis 1914. Pourtant la Bible dit le contraire...
Comment des personnes qui n’ont pas particulièrement de qualification en histoire peuvent-elles
affirmer haut et fort que tous les spécialistes commettent une grossière erreur dans la chronologie
d’une période extrêmement riche en documentation, celle de la dynastie néo-babylonienne ?
Pour toute personne un peu sensée, le débat n’aurait même pas lieu d’être : nous avons d’un côté
des personnes qui passent leur vie à étudier l’histoire, sur le terrain ou dans les universités, et de de
l’autre des gens qui n’ont rien fait d’autre que lire les ouvrages des précédents sur le sujet. On aura
naturellement tendance à avoir confiance dans les compétences et le travail des premiers, et à
prendre un peu plus de recul sur les avis des seconds, conscient de leurs limites sur le sujet.
Mais voilà : pour soutenir leur vision des choses, les rédacteurs de la Watchtower, qui sont face aux
historiens dans l’inconfortable position que nous venons de décrire, ont une botte secrète : ils ont
forcément raison puisqu’ils s’appuient, pour écrire l’histoire comme pour le reste, sur la Bible, qui a
toujours raison !
Le sujet, ici, ne sera pas de contredire ce point de vue qui veut que, quel que soit ce qui y est écrit,
Via Veritas
64
tout ce qu’on trouve dans la Bible ne peut être que pure vérité, mais il sera de constater que la
doctrine jéhoviste n’est de toute façon pas en accord, sur ce point précis qu’est la chronologie de
la période de l’exil, avec le corpus biblique.
Nous nous proposerons de démontrer, par l’exemple du sort réservé à certains passages du livre de
Zacharie (Zekaria dans la Traduction du Monde Nouveau ou TMN), que l’affirmation jéhoviste,
selon laquelle la chronologie présentée par le récit biblique s’oppose à celle acceptée par les
historiens, est tout à fait artificielle.
La doctrine des Témoins de Jéhovah
Si vous n’êtes pas particulièrement au courant de la chronologie proposée par la société
Watchtower, et surtout des arguments qu’elle avance pour la soutenir, vous trouverez des
renseignements utiles sur les pages précédentes : Daniel et les sept Temps des gentils.
Résumons très succinctement la théorie jéhoviste : Babylone étant tombé aux mains de Cyrus en
539 av.JC (date sur laquelle les Témoins de Jéhovah et les historiens sont en accord), les Israélites
sont retournés à Jérusalem deux ans plus tard, en 537 av.JC (cet intervalle de deux ans, au passage,
n’est pas dans le texte biblique ; il s’agit d’une affirmation gratuite...). Ce retour d’exil correspond,
selon les Témoins de Jéhovah, à la fin d’une période de 70 ans, selon une prophétie qui aurait
annoncé la durée de l’état d’abandon du pays par ses habitants.
Le pays dut par conséquent se retrouver complètement désolé 70 ans avant le retour des exilés, c’est
à dire en 607 av.JC. Ainsi, c’est nécessairement à cette date-là, et pas à une autre, que les armées de
Nabuchodonozor II ont détruit Jérusalem et son temple, et emmené captifs nombre de Judéens.
CQFD !
Puisque cette "théorie des 70 ans" amène a rejeter une chronologie soutenue par des dizaines de
milliers de preuves archéologiques (vu avez bien lu : des dizaines de milliers de preuves !),
l’honnêteté intellectuelle ne voudrait-elle pas qu’on observe de très près cette interprétation des
Écritures ?
Le texte biblique est-il absolument clair, sans appel sur ce que sont ces 70 ans, sur leur
commencement et sur leur conclusion ?
Mais que dit VRAIMENT la Bible ?
Le premier qui parla de cette période de 70 ans fut le prophète Jérémie. On en trouve mention en Jér
25:10,11 ou en 29:10. A sa suite le Chroniste (2Ch 36:21) ou encore Daniel (Dn 9:2) citent cette
période comme étant un temps de désolation ou de ruines pour Juda et Jérusalem. Mais ils ne sont
pas les seuls à faire référence à ces 70 ans prophétiques.
Zacharie aussi parle de cette fameuse période (Za 1:12 ; 7:5). Toutefois on notera avec intérêt que la
société Watchtower cite ces versets nettement moins souvent que ceux de Jérémie, du Chroniste ou
encore de Daniel.
Pourquoi ? Tout simplement parce que si les différents versets que nous venons de citer semblent
compatibles avec la compréhension jéhoviste, les versets de Zacharie, eux, la contredisent
carrément. Ils sont donc plus ou moins "évités" par la Watchtower, et les rares fois où on les trouve
dans leur littérature, on omet soigneusement d’en analyser trop le contenu…
Petite démonstration : Sur la toute dernière mouture de la bibliothèque informatisée des Témoins de
Jéhovah (Watch Tower Library 2007), lorsqu’on exécute une recherche sur Zacharie 1:12 il nous est
proposé…2 occurrences15 !
15 Il est ici question d’occurrences où le verset est clairement cité, car il apparait aussi dans les programmes de lecture biblique
Via Veritas
65
La littérature jéhoviste ne s’est intéressée que 2 fois depuis presque 40 ans à ce verset :
• Une fois dans Réveillez-Vous ! du 22 août 1972 (pages 27 et 28), dans l’article ‘Quand
Jérusalem a-t-elle été dévastée par Babylone ?’, un article qui cherchait à défendre -607
comme date de la chute de Jérusalem, article dans lequel on ignore totalement le contexte du
verset (notamment sa date de rédaction), et où il n’est cité que pour argumenter le fait que
les 70 ans sont à comprendre au sens littéral.
• Une fois dans le manuel “le Paradis rétabli parmi les hommes - grâce à la Théocratie !”
(daté lui aussi de 1972 en anglais, 1977 pour la traduction française), pages 126 à129, seule
véritable exégèse de ce verset pour tenter d’expliquer pourquoi il ne faut pas vraiment
comprendre ce verset dans son sens le plus immédiat, son sens évident.
Sur cette même librairie informatique, nous trouvons une soixantaine de citations, voire
d’explications détaillées, de Jérémie 25:11.
Mais qu’est-ce qui peut justifier une telle différence de traitement ?
Si la Bible est la parole de Dieu, peut-on volontairement ignorer ainsi certains versets parce qu’ils
sont gênants vis-à-vis de ce qu’on croit comprendre à la lecture d’autres versets ? Les paroles de
Zacharie seraient-elles moins inspirées de Dieu que celles des livres de Jérémie ou de II
Chroniques ? )
Il est intéressant de noter la date de rédaction de Zacharie, chose sur laquelle les témoins de Jéhovah
sont parfaitement d’accord : entre 520 et 518 av.J.C (au moins pour la partie du livre qui nous
intéresse).
Zekaria 1:1 (Traduction du Monde Nouveau) : Au huitième mois, dans la deuxième année de
Darius, la parole de Jéhovah vint à Zekaria le fils de Bérékia le fils d’Iddo le prophète
Darius (ou Darios) a commencé à régner en -522 et est mort en -486 ; la Watchtower, cette fois, est
tout à fait en accord avec les dates données par l’histoire. Ce qui nous amène la rédaction de
Zacharie vers la fin de l’année (mois d’octobre/novembre) de l’année -520.
A ce moment-là, d’après la chronologie jéhoviste, la période de 70 ans est finie depuis au moins 17
ans.
Et pourtant…
Zekaria 1:12 (TMN) : Et l’ange de Jéhovah répondit et dit : “ Ô Jéhovah des armées, jusqu’à
quand ne feras-tu pas miséricorde à Jérusalem et aux villes de Juda, contre lesquelles tu as
invectivé ces soixante-dix ans ? ”
“Jusqu’à quand…” Cette seule expression semble indiquer que l’on est dans l’attente de quelque
chose de particulier : en l’occurence, c’est la fin de la période de colère divine contre Jérusalem et
Juda qu’on espère, dont la durée est précisément donnée ici pour être de 70 ans...
Pas pour la WatchTower !
L’exégèse jéhoviste de Zacharie
D’après les arguments du livre cité plus haut, “Le Paradis rétabli parmi les hommes - grâce à la
Théocratie !”, quand l’ange pose la question, il sait parfaitement que les 70 ans dont il parle sont
finis depuis belle lurette. Nous lisons dans ce manuel, pages 127,128 :
L’ange de Jéhovah voulait-il donc dire que ces soixante-dix ans n’étaient pas encore arrivés à leur
terme, ou bien qu’ils venaient de s’achever ? Historiquement, cela aurait été inexact. Pourquoi ?
proposé par la Société Watchtower.
Via Veritas
66
Parce qu’une vingtaine d’années auparavant (en 539), Jéhovah, par l’entremise de Cyrus le Grand,
roi de Perse, avait renversé la Puissance mondiale babylonienne, et à peu près deux ans plus tard, en
537, il avait incité Cyrus, devenu roi de Babylone, à laisser les exilés juifs sortir de cette ville et
rentrer à Jérusalem, pour y reconstruire le temple.
Puis après avoir présenté quelques arguments un peu alambiqués à mon goût (mais il ne s’agit là
que d’un jugement personnel), la conclusion tombe page 129 :
Il semble donc que lorsque l’ange s’écria : “Ô Jéhovah des armées, jusqu’à quand ?”, il faisait
allusion à cette période passée de soixante-dix ans comme à un exemple de la manière dont
Jéhovah peut invectiver son peuple élu.
La théorie de la Watchtower résiste-t-elle à l’analyse ?
Que penser de cette exégèse ? Il a été plusieurs fois reproché aux traducteurs de la TMN d’avoir
rendu certains passages un peu comme ça les arrangeait. Ici encore, on peut se demander si les
traducteurs ne savaient pas ce qu’ils voulaient trouver dans les versets de Zacharie AVANT de les
traduire.
Regardons comment d’autres traductions modernes de la Bible rendent ce verset :
Bible de Jérusalem : Alors l’ange de Yahvé prit la parole et dit : « Yahvé Sabaot, jusques à quand
tarderas-tu à prendre en pitié Jérusalem et les villes de Juda auxquelles tu as fait sentir ta colère
depuis soixante-dix ans ? »
Nouvelle Bible Segond : Le messager du SEIGNEUR reprit : SEIGNEUR (YHWH) des Armées,
jusqu’à quand seras-tu sans compassion pour Jérusalem et pour les villes de Juda, contre
lesquelles tu es en fureur depuis soixante-dix ans ?
Traduction Œcuménique de la Bible : L’ange du SEIGNEUR reprit alors : « SEIGNEUR toutpuissant, jusqu’à quand tarderas-tu à prendre en pitié Jérusalem et les villes de Juda contre
lesquelles tu es irrité depuis déjà soixante-dix ans ? »
La Bible Chouraqui : Le messager de IHVH/Adonaï répond et dit : « IHVH/Adonaï Sebaôts,
jusqu’à quand ne matricieras-tu pas Ieroushalaïms et les villes de Iehouda, contre lesquelles tu
t’exaspères depuis soixante-dix ans ? »
Bible en Français Courant : L’ange s’exclama : « Seigneur de l’univers, voilà soixante-dix ans
que tu es irrité contre Jérusalem et les autres villes de Juda. Combien de temps encore refuseras-tu
d’avoir pitié d’elles ? »
Nouvelle traduction Bayard : Alors l’ange messager de Yhwh a dit : Yhwh des Milliers, quand
donc auras-tu pitié de Jérusalem et des villes de Juda ? Cela fait soixante-dix ans que tu ne
décolères pas contre elles.
Ainsi, pour tous ces traducteurs il n’y a aucun doute sur le fait que les soixante-dix ans en question
sont toujours en cours au moment où l’ange parle. Et ce n’est pas sans raison...
Zèh pas fini !
En hébreu, le mot qui est associé à la période de 70ans est "zèh" (Numéro Strong 2088), un
démonstratif, qui peut effectivement être parfois rendu par "ce" "cette" ou "ces" (du reste, c’est
également ainsi que Darby rendit ce mot dans sa traduction, au XIXe Siècle).
Si l’on s’en tenait à cette définition restreinte, la TMN, quand bien même resterait-elle clairement
orientée par la doctrine, pourrait ne pas paraitre particulièrement fautive. Sauf que...
Via Veritas
67
Sauf que le démonstratif "zèh" est employé, en Zacharie 1:12, dans sa forme adverbiale (c’est à
dire qu’il est au singulier, il ne s’accorde pas avec le pluriel des "soixante-dix ans"). La traduction
"ces soixante-dix ans" de la TMN (désignant alors une période qui pourraient éventuellement
appartenir au passé, déjà terminée depuis un certain temps au moment où l’on parle) est donc
inexacte.
Le sens ici, est bien celui de "voici soixante-dix ans MAINTENANT" (le sens 1a dans le
dictionnaire mis en lien plus haut), et c’est pourquoi les traductions récentes mettent toutes "depuis
soixante-dix ans", ou une périphrase de même sens16.
Place au jeûne
Pour balayer tout doute concernant le fait que ces 70 ans ne sont absolument pas terminés pour
Zacharie, au moment où il écrit, nous pouvons nous reporter au chapitre 7 du livre ; il ne sera même
plus nécessaire de consulter d’autres traductions, tant le contexte est explicite.
Nous lisons en Zacharie 7:1-5 (TMN) :
1 D’autre part, il arriva, dans la quatrième année de Darius le roi, que la parole de Jéhovah vint à
Zekaria, le quatrième [jour] du neuvième mois, [c’est-à-dire] en Kislev17. [3] 2 Alors Béthel envoya
Sharétser et Réguem-Mélek et ses hommes pour adoucir la face de Jéhovah, 3 en disant aux prêtres
qui appartenaient à la maison de Jéhovah des armées, ainsi qu’aux prophètes, oui en disant : “
Dois-je pleurer au cinquième mois, en pratiquant l’abstinence, comme je l’ai fait depuis tant
d’années ? 4 Et la parole de Jéhovah des armées vint encore à moi, disant : 5 “ Dis à tout le peuple
du pays et aux prêtres : ‘ Quand vous avez jeûné et qu’il y a eu une lamentation au cinquième
[mois] et au septième [mois], et cela pendant soixante-dix ans, est-ce vraiment pour moi, oui pour
moi que vous avez jeûné ? ”
Récapitulons : à la fin de l’année -518, des juifs viennent interroger les prêtres pour savoir s’ils
doivent continuer à jeûner au cinquième mois (en mémoire du jour où Nébuzaradan, chef de la
garde du corps de Nébucadnezzar brûla la ville et son temple - Jér. 52:12,13 ; II Rois 25:8, 9) et au
septième mois (en mémoire du meurtre du gouverneur Guedalia que Nébucadnezzar avait établi
pour gouverner les Juifs - Jér. 40:13 - 41:10 ; II Rois 25:22-25), comme ils le font depuis soixantedix ans. Dieu leur répond que, de toutes façons, il ne leur a jamais demandé de jeûner…
Sur la base de ce récit, faisons un calcul très simple : quand ces juifs ont-ils commencé à jeûner ?
En -518, Dieu lui-même déclare que cela fait soixante-dix ans. Ce qui nous amène , pour le début
du jeûne, vers -588. Ou encore, si l’on veut à tout prix que les 70 ans soient un chiffre absolument
16 Nous trouvons d’ailleurs, pour preuve, d’autres exemples dans la Bible d’utilisations très similaires de cette formulation (Grammaire de l’hébreu
biblique de Joüon § 143 I) :
Genèse 27:36 : zèh pa`amayim ; voici maintenant deux fois...
Genèse 31:41 : zèh-li `èsrim shana ; voici maintenant vingt ans...
Nombres 14:22 : zèh `èsèr pe`amim ; voici maintenant dix fois...
Nombres 22:28 : zèh shalosh regalim ; voici maintenant trois fois...
Nombres 24:10 : zèh shalosh pe`amim ; voici maintenant trois fois...
Josué 14:10 : zèh ’arba`im we Hamesh shana me’az ; voici quarante-cinq ans depuis...
Josué 22:3 ou 2 Samuel 14:2 : zèh yamim rabbim ; voici longtemps maintenant...
Comme nous le voyons de par ces exemples, le sens que prend le "zèh" adverbial (invariable) est toujours l’insistance sur le présent, "maintenant",
"ce coup-ci", comme terminus ad quem de la durée ou de l’action passée dont il est question : elle s’étend jusqu’au moment où l’on parle (qu’elle se
poursuive ou non à l’avenir) ; ces versets confirment , pour Zacharie 1 :12, la traduction "depuis soixante-dix ans".
Un GRAND merci à Didier Fougeras pour son aide précieuse sur ce point.
17 Nous sommes donc ici en novembre/décembre -518.
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juste et pas seulement un ordre de grandeur (ce qui n’est pas exclu...), on peut comprendre qu’ils
sont dans leur soixante-dixième année de jeûne, et cela signifierait qu’ils ont commencé en -587 !
Quel hasard tout de même ! Pourquoi les juifs auraient-ils précisément commencé à jeûner
JUSTEMENT À CETTE PÉRIODE-LÀ, puisque, d’après la Watchtower, Jérusalem aurait été
détruite vingt ans plus tôt ?
En fait, il est tout à fait logique de conclure que Zekaria fait débuter les soixante-dix ans vers 587,
et il s’attend à vivre la fin des soixante-dix ans à l’époque où il écrit (c’est-à-dire juste avant -517).
C’est ce que l’on comprend de la déclaration angélique du chapitre 1, c’est ce qui ressort des dates
de jeûnes de commémoration des juifs, et, last but no the least, c’est surtout conforme à l’histoire…
Pourtant la Watchtower continue d’ignorer royalement ce que disent vraiment ces versets.
Toujours dans "le Paradis rétabli parmi les hommes - grâce à la Théocratie !", page 237, §9, les
témoins de Jéhovah n’hésitent pas à affirmer :
Les Juifs exilés, qui avaient jeûné pendant les soixante-dix années de la désolation du pays de Juda
et durant toutes les années qui s’étaient écoulées depuis que le reste était revenu dans son pays,
jeûnaient-ils réellement pour Jéhovah ?
Voilà donc comment, alors que Zacharie dit explicitement que le jeûne dure 70 ans, la Watchtower
soutient sans vergogne qu’il dure, en fait, depuis quatre-vingt neuf ans (soixante-dix ans plus les
dix-neuf et quelques années qui se sont écoulées depuis ce que EUX considèrent comme la fin des
soixante dix ans). Il est tout de même regrettable qu’un prophète inspiré oublie de signaler ce genre
de détails !
Comme pour la déclaration angélique du 1er chapitre, ce qui est vraiment écrit dans le texte
biblique passe au second plan ; l’essentiel est que le lecteur ne lise et ne comprenne que ce que
l’Organisation décide qu’il doit lire et comprendre !
Comment déraisonner à partir des Écritures
En fait, la Bible ne dit JAMAIS de façon absolument incontestable comment se calculent les 70 ans
prophétiques de Jérémie, quand et comment ils ont commencé, ni bien sûr quand ils se sont
terminés.
Elle n’est même pas définitive sur les événements qui sont concernés par ladite période : s’agit-il
d’une désolation complète de Juda, ou d’une période de vassalité ?
Le tout premier sens de Jérémie 25:11 semble pencher pour la deuxième option. On pourrait alors
voir les soixante-dix ans comme la période allant de -609 à -539, de la mort du dernier roi Assyrien
Assour-Ouballit à la chute de Babylone face aux Perses, période durant laquelle Babylone fut la
maitresse incontestée du Monde antique.
Si l’on penche pour une période de désolation du pays, on peut alors la considérer comme la durée
où le pays n’eut plus de Temple, unique centre du culte depuis la réforme de Josias. C’est le sens
que semble en donner Zacharie.
Devant un tel flou, la démarche "normale" est d’essayer de comprendre la Bible à la lumière de
l’histoire.
Or la Watchtower fait précisément le contraire : elle réécrit l’histoire à la lumière de SA
compréhension du texte, compréhension très partielle, pour ne pas dire partisane, nous l’avons vu.
Parmi les différentes compréhensions possibles des 70 ans bibliques, la Watchtower choisit
justement celle qui est forcément fausse, puisqu’elle oblige à considérer que toute la chronologie
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du monde antique est fausse de vingt ans, alors qu’elle est soutenue par des preuves absolument
incontestables (preuves que ces gens sont d’ailleurs très heureux de trouver pour établir -539, qui
leur sert de date-pivot...), alors qu’elle est même soutenue par certains passages de la Bible...
Question naïve : puisque les témoins de Jéhovah sont obligés de déchiffrer ainsi certains versets de
la Bible, de jongler avec leur interprétation, pourquoi le faire justement pour ceux qui sont
confirmés par l’histoire (tels ceux de Zacharie), et pas pour ceux qui sont infirmés par elle
(notamment pour 2 Chroniques 36:21, le seul verset qui semble clairement aller dans le sens de la
Watchtower) ?
Nous l’avons vu, la position de la Watchtower sur ce point ne tient absolument pas face à la
critique ; sa dernière force réside dans un argumentum ad metum, malheureusement très efficace : si
vous n’acceptez pas notre compréhension, c’est que vous êtes un apostat qui renie Dieu...
Quelle humilité !
L’héritage millérite
Par Lucretius
Nombre de Témoins de Jéhovah pensent que l’approche des sept Temps des Gentils et leur
correspondance avec une durée de 2520 ans est une invention lumineuse et inspirée de Charles Taze
Russell.
Ils ignorent par là même l’héritage millérite dont est encore redevable la doctrine jéhoviste.
William Miller (1782-1849) était un prêcheur baptiste américain à qui l’on attribue la naissance du
mouvement adventiste dans les années 1830 à 1840. Il a développé tout un argumentaire
prophétique que l’on rapprochera avec intérêt de la construction prophétique des Témoins de
Jéhovah d’aujourd’hui.
Extrait de "VIEWS OF THE PROPHECIES AND PROPHETIC CHRONOLOGY,
SELECTED FROM MANUSCRIPTS OF WILLIAM MILLER WITH A MEMOIR OF
HIS LIFE ; BY JOSHUA V. HIMES. BOSTON : PUBLISHED BY MOSES A. DOW, 107
HANOVER STREET. 1841."
[Traduit de l’anglais]
"Sept Temps - dans le rève de Nebucadnezzar, furent accomplis en sept années.
Nebucadnezzar, par son orgueil et son arrogance contre Dieu, fut rabaissé au rang des
bêtes des champs, et fut contraint de manger de l’herbe comme les boeufs, jusqu’à ce
que sept temps passent sur lui et qu’il apprenne que le Tout Puissant domine sur le
royaume des humains et qu’Il le donne à qui Il veut.
Cela aurait pu être une histoire ou une allégorie et un exemple pour le peuple de Dieu
quant à son orgueil et son arrogance, dans son refus d’être formé par Dieu, et
démontrant Son pouvoir de faire ces choses - mais lui également, comme
Nebucadnezzar devait être conduit parmi les bêtes des champs (les royaumes du
monde) jusqu’à ce qu’il reconnaisse la Souveraineté de Dieu et qu’Il dispense ses
faveurs à qui Il veut. Cela aurait pu être une simple histoire, et un exemple seulement,
accomplis en sept années, mais cela est une prophétie qui serait accomplie en sept
temps prophétiques, qui seraient sept temps de 360 ans, soient 2520 ans. Car une
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moitié de sept temps, qui est trois temps et demi est équivalent à 1260 jours en
Révélation 12:6 (accomplis en tant d’années). Voir aussi Révélation 12:14 et 13:5. 42
mois est la moitié de 2520, aussi deux fois 1260 est 2520.(...)
La question qui s’impose est la suivante : quand ces années ont-elles commencé ? Je
réponds : ils ont du commencer avec la première captivité de la tribu de Juda, les
habitants de Jérusalem, à Babylone. Car tous les prophètes s’accordent sur ce point :
Babylone serait le royaume qui enmènerait les Juifs en captivité."
Sept temps prophétiques de 2520 ans, à compter de la captivité babylonienne, annoncés dès 1836,
Charles Taze Russell n’avait décidément rien inventé.
William Miller avait-il lui aussi l’esprit saint ?
Le millérisme avait vécu, mais son héritage perdure chez les Témoins de Jéhovah.
Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme.
Vous avez certainement reconnu le Principe de Lavoisier. Et si ce principe ne concernait pas
seulement la chimie mais aussi les mouvements chrétiens fondamentalistes ?
Pour nous en convaincre pleinement, rien ne vaut un détour par le site d’Alan Feuerbacher - Some
Prophetic Speculations - qui fait un lien sans rupture entre l’Adventiste William Miller et les
Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui.
Pour une mise en jambe en cette énumération chronologique et successorale, nous vous livrons la
traduction d’une réaction de William Miller qui scelle le modèle parfait de la mauvaise foi.
« ...1844, 21 Octobre : Miller dit : "J’avais dit que quelques uns de mes frères dans le Christ ne
connaîtrait pas le Matin" car la Seconde Venue serait "à une heure que nous ne pensons pas". Il
n’était pas responsable de la déception : "Personne ne peut dire honnêtement qu’il a été déçu par
ma faute. Mon opinion a toujours été qu‘il appartient à chacun d’établir sa foi par lui même". Dieu
a du planifier le délai pour que le peuple se tourne vers la Bible pour étudier plus profondément et
se réconcilie avec Dieu. Après tout s’être trompé dans la date précise ne diminue pas l’urgence des
temps. Toute journée qui passe nous rapproche de la fin... »
Bien plus qu’un héritage de méthode de calcul chronologique (Daniel chapitre 4 et les sept temps),
Miller et sa cohorte de fidèles ont laissé aux Témoins de Jéhovah le même sens du rebond après les
multiples déceptions.
Ils ont annoncé avec foi et autorité et se sont fourvoyés, mais ce n’est jamais de leur faute ; ils se
sont trompés mais c’est pure bénédiction.
Si c’est comme ça, n’est-il pas profitable, pour tout le monde, que la fin n’arrive jamais ?
Qui dit sept temps, dit 1914. Que faut-il penser de cette année magique ?
1914 - année inattendue ou année improbable ?
Par Lucretius
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Pour la Watchtower l’affaire est pliée. L’année 1914 était une année inattendue et les hommes
politiques de l’époque n’avaient rien vu, rendant ainsi extraordinaire l’annonce des troubles de
ladite année.
Pensez donc. Seules les prophéties bibliques et la clairvoyance extraordinaire des Étudiants de la
Bible avaient pu voir assez loin.
La Tour de Garde, 1/5/1992, p. 4 :
“Le printemps et l’été de 1914 furent marqués en Europe par une tranquillité
exceptionnelle”, a écrit l’homme d’État britannique Winston Churchill. Les gens
voyaient en général l’avenir avec optimisme. “Le monde de 1914 était plein d’espoir et
de promesses”, a déclaré Louis Snyder dans son livre Première Guerre mondiale
(angl.).
Il est vrai que, depuis de nombreuses années, une très grande rivalité existait entre
l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Toutefois, comme l’explique G. Gooch dans son
livre Sous six règnes (angl.), “un conflit européen semblait moins probable en 1914
qu’en 1911, 1912 ou 1913 (...). Les relations entre les deux gouvernements étaient
meilleures qu’elles n’avaient été pendant des années”. D’après Winston Churchill,
membre du cabinet britannique en 1914, “l’Allemagne paraissait avoir conclu la paix
avec nous”.
Cependant, l’assassinat à Sarajevo, le 28 juin 1914, du prince héritier de l’Empire
austro-hongrois a fait poindre un nuage noir à l’horizon. Un mois plus tard, l’empereur
François-Joseph déclara la guerre à la Serbie et donna ensuite l’ordre à ses troupes
d’envahir ce royaume. Puis, dans la nuit du 3 août 1914, sur l’ordre du kaiser
Guillaume, une puissante armée allemande envahit soudain le royaume de Belgique et
s’enfonça dans le pays en direction de la France. Le lendemain, la Grande-Bretagne
déclarait la guerre à l’Allemagne. Quant au tsar Nicolas, il avait donné l’ordre de
mobiliser l’imposante armée russe pour entrer en guerre contre l’Allemagne et
l’Autriche-Hongrie. La Sainte-Alliance n’avait pu empêcher les rois européens de
provoquer une tuerie, qui plongea le continent dans un bain de sang. Mais les grands
bouleversements étaient encore à venir.
Le déclenchement de la guerre n’a pas refroidi l’optimisme des peuples. Beaucoup
croyaient qu’elle donnerait naissance à un monde meilleur, et des foules immenses se
rassemblaient à travers l’Europe pour exprimer le soutien qu’elles apportaient à la
guerre. “Personne, en 1914, écrit A. Taylor dans son livre La lutte pour la domination
en Europe:1848-1918 (angl.), n’a pris les dangers de la guerre au sérieux, si ce n’est
sur un plan purement militaire. (...) Personne ne s’attendait à une catastrophe
sociale.” Au contraire, beaucoup prédisaient que la guerre ne durerait que quelques
mois.
Est-ce la vérité ? Personne n’a-t-il donc perçu le danger et mesuré la « catastrophe sociale » qui
allait survenir ?
Le 25 Juillet 1914, à Vaise (près de Lyon), le député socialiste français Jean Jaurès donnait son
ultime discours.
Citoyens,
Je veux vous dire ce soir que jamais nous n’avons été, que jamais depuis quarante ans
l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous
sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole.
Ah ! citoyens, je ne veux pas forcer les couleurs sombres du tableau, je ne veux pas dire
que la rupture diplomatique dont nous avons eu la nouvelle il y a une demi-heure, entre
Via Veritas
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l’Autriche et la Serbie, signifie nécessairement qu’une guerre entre l’Autriche et la
Serbie va éclater et je ne dis pas que si la guerre éclate entre la Serbie et l’Autriche le
conflit s’étendra nécessairement au reste de l’Europe, mais je dis que nous avons
contre nous, contre la paix, contre la vie des hommes à l’heure actuelle, des chances
terribles et contre lesquelles il faudra que les prolétaires de l’Europe tentent les efforts
de solidarité suprême qu’ils pourront tenter.
Citoyens, la note que l’Autriche a adressée à la Serbie est pleine de menaces et si
l’Autriche envahit le territoire slave, si les Germains, si la race germanique d’Autriche
fait violence à ces Serbes qui sont une partie du monde slave et pour lesquels les slaves
de Russie éprouvent une sympathie profonde, il y a à craindre et à prévoir que la Russie
entrera dans le conflit, et si la Russie intervient pour défendre la Serbie, l’Autriche
ayant devant elle deux adversaires, la Serbie et la Russie, invoquera le traité d’alliance
qui l’unit à l’Allemagne et l’Allemagne fait savoir qu’elle se solidarisera avec
l’Autriche. Et si le conflit ne restait pas entre l’Autriche et la Serbie, si la Russie s’en
mêlait, l’ Autriche verrait l’Allemagne prendre place sur les champs de bataille à ses
côtés.
Mais alors, ce n’est plus seulement le traité d’alliance entre l’Autriche et l’Allemagne
qui entre en jeu, c’est le traité secret mais dont on connaît les clauses essentielles, qui
lie la Russie et la France et la Russie dira à la France : "J’ai contre moi deux
adversaires, l’Allemagne et l’Autriche, j’ai le droit d’invoquer le traité qui nous lie, il
faut que la France vienne prendre place à mes côtés." A l’heure actuelle, nous sommes
peut-être à la veille du jour où l’Autriche va se jeter sur les Serbes et alors l’Autriche
et l’Allemagne se jetant sur les Serbes et les Russes, c’est l’Europe en feu, c’est le
monde en feu. (...) La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la
Russie et la volonté brutale de l’Autriche ont contribué à créer l’état de choses
horrible où nous sommes. L’Europe se débat comme dans un cauchemar.
Eh bien ! citoyens, dans l’obscurité qui nous environne, dans l’incertitude profonde où
nous sommes de ce que sera demain, je ne veux prononcer aucune parole téméraire,
j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous
sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous
n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait
aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne.
Vous avez vu la guerre des Balkans ; une armée presque entière a succombé soit sur le
champ de bataille, soit dans les lits d’hôpitaux, une armée est partie à un chiffre de
trois cent mille hommes, elle laisse dans la terre des champs de bataille, dans les fossés
des chemins ou dans les lits d’hôpitaux infectés par le typhus cent mille hommes sur
trois cent mille.
Songez à ce que serait le désastre pour l’Europe : ce ne serait plus, comme dans les
Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de
deux millions d’hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! Et voilà
pourquoi, quand la nuée de l’orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer
encore que le crime ne sera pas consommé.
Jean Jaurès mourra assassiné trois jours après ce vibrant discours et la guerre débutera cinq jours
plus tard avec la dimension et le gâchis inouïs que le tribun pressentait. Sa mort lui confère la
stature d’un héros de tragédie grecque, emporté par un mouvement et un flot qu’il devine mais qu’il
ne peut arrêter.
Oui, assurément, l’année 1914 fut une année terrible. Et alors que tous les mécanismes d’une guerre
mondiale étaient en place, certains s’acharnent à prouver qu’ils en ont pressentis eux-aussi toute
l’importance, qu’ils étaient les sentinelles des choses invisibles de leur temps.
Selon les Témoins de Jéhovah, dès 1879 et pendant des dizaines d’années, la Tour de Garde
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annonçait que Jésus-Christ serait intronisé en 1914, provoquant par sa seule présence le cataclysme
annoncé. Notez la revendication historique.
La Tour de Garde, 1/5/1992, p. 6 :
Depuis 1879, le périodique connu alors sous le nom de La Tour de Garde et Messager
de la présence de Christ (qui s’intitule maintenant La Tour de Garde annonce le
Royaume de Jéhovah) attirait fréquemment l’attention sur 1914, montrant qu’il
s’agissait d’une année marquée dans les prophéties bibliques. Au fur et à mesure que
l’année approchait, il rappelait aux lecteurs qu’ils pouvaient s’attendre à “l’époque de
la plus grande détresse”.
Les chrétiens avaient diffusé partout ce message, s’appuyant sur la compréhension
qu’ils avaient des “sept temps” et des “temps des Gentils” dont parle la Bible. Ils
avaient compris que cette période couvrait 2 520 ans, qu’elle avait débuté avec le
renversement du royaume davidique dans la Jérusalem antique et qu’elle devait se
terminer en octobre 1914. — Daniel 4:16, 17 ; Luc 21:24, Crampon 1905.
Le 2 octobre 1914, Charles Russell, alors président de la Watch Tower Bible and Tract
Society, a courageusement annoncé : “Les temps des Gentils ont pris fin, les rois ont eu
leur jour.” Comme ces paroles se sont révélées exactes ! En octobre 1914, un
événement invisible aux yeux des humains, mais d’une importance considérable, a eu
lieu dans le ciel. Jésus Christ, l’Héritier permanent du “trône de David”, a commencé
à dominer en tant que Roi sur tous les humains. — Luc 1:32, 33 ; Révélation 11:15.
Est-ce la réalité ou de l’histoire réinterprétée ?
L’examen des publications La Tour de Garde qui ont suivi le 1er août 1914 démontre au contraire
que cette année de 1914 ne revêtait qu’un caractère simplement probable, et que de surcroît à cette
époque encore, c’est 1874 qui marquait le début de la Parousie, associée à d’autres dates toutes
aussi folkloriques. Et, si l’on va au bout du raisonnement prophétique produit en novembre 1914,
1915 aurait du être un année plus marquante encore : la venue du Seigneur dans un "feu
flamboyant".
En voici un long morceau choisi, traduit de l’anglais, extrait de la Tour de Garde du 1er novembre
1914, soit deux mois après le début de la Guerre Mondiale "prophétisée" par Jean Jaurès.
La Tour de Garde (anglaise), 1/11/1914, p. 325-327 :
LA FIN DES TEMPS DES GENTILS
En étudiant la Parole de Dieu nous avons mesuré les 2520 ans, les sept temps
symboliques, en partant de l’année 606 av. J.C18. nous avons trouvé qu’ils prenaient fin
en octobre 1914, pour autant que nous puissions le calculer. Nous n’affirmons pas de
manière certaine qu’il devrait s’agir de cette année19. Nous laissons simplement
chacun regarder les faits historiques et juger par lui-même. Cette date marquera-t-elle
le temps ou il y en aurait-il une autre ? Beaucoup d’entre nous ont conclu, qu’aussi
loin que nous puissions voir, octobre de cette année manifesterait la fin de la
domination gentile ; avec octobre s’achève la fin de l’année juive. L’année 1914 se
termine le 20 septembre selon le système juif.
18 La date est erronée, tout comme l’est d’ailleurs l’autre date à présent soutenue par les Témoins de Jéhovah - 607 avant notre
ère. Tous les historiens s’accordent pour 587 avant notre ère.
19 La Tour de Garde (anglaise), 15/10/1913, p. 307 :
Nous attendons le temps pour le Messie de recevoir les gouvernements du monde. Nous ne pouvons affirmer si cela aura lieu soit
en octobre 1914 soit en octobre 1915. Il est possible que nous nous soyons écartés de la compréhension du sujet d’un certain
nombre d’années. Nous ne pouvons le dire avec certitude. Nous ne le savons pas. C’est une question de foi et non de
connaissance.
Via Veritas
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Aussi il nous vient une question à l’esprit : les Temps des Gentils ont-ils pris fin ou
non ? Peut-être certains sont-ils enclins à dire : « Non, ils ne sont pas terminés » et
d’autres : « Si les Temps des Gentils avaient pris fin nous devrions nous attendre à voir
les Gentils dépossédés de tous pouvoirs et contrôles, et le Royaume du Christ serait
établi. N’y aura-t-il pas beaucoup de grandes choses lorsque les Temps des Gentils
prendront fin ? ».
Nous constatons que certains ont une idée, d’autres une autre. Certains pensent que la
première heure après minuit il y aurait un grand, immense bouleversement partout – le
mal effacé en soixante minutes ou en soixante secondes. Mais serait-ce une attente
raisonnable que les royaumes gentils soient balayés en une heure ou même en un jour ?
Si Dieu l’avait dit ce serait différent ; nous savons que Dieu a tout pouvoir pour faire sa
volonté partout. Mais devons nous nous attendre à une telle transition soudaine – au
point que nous mettant au lit la nuit du 20 septembre, nous trouvions, le matin du 21
septembre, tous les royaumes du monde détruits et le Royaume du Christ établi, les
saints glorifiés ? etc.
Ce serait un changement véritablement lumineux. Nous ne devrions pas croire qu’une
telle manière de penser est justifiée. Si quelqu’un a cette attente elle n’est pas garantie.
LES DEUX TEMOINS DE DIEU
Maintenant regardez en arrière et voyez ce qui advint à l’expiration de périodes de
temps marquées. On trouve par exemple de grandes périodes de temps mentionnées
dans la Bible, plus précisément les 1260 jours symboliques, les 1290, les 1335 ainsi
que les 2300 jours (Daniel 12:7, 11, 12 ; 8:13. 14). Nous n’avons pas le temps d’aller
dans les détails avec ces périodes de temps. Elles nous sont familières et sont examinées
dans les volumes des ETUDES DES ECRITURES. Aussi nous allons simplement
rafraîchir notre mémoire. Les 1260 ans prirent fin en 1799. De leur commencement à
leur point culminant, le pouvoir de persécution oscilla. Quand les 1260 ans prirent fin
une chose se fit-elle en une heure, en un jour ou en une année pour arrêter la
persécution ? Non ! L’un des résultats fut que le Dieu des deux Témoins fut exalté dans
les cieux. Ces deux Témoins de Dieu, l’Ancien et le Nouveau Testament, furent
exaltés dans les cieux, furent portés aux regards du peuple, élevés à une position de
grande influence et de dignité dont ils n’avaient encore jamais joui.
(...)
LE TEMPS FIXE POUR LA COMPREHENSION DE LA CHRONOLOGIE
La déclaration du Prophète Daniel selon laquelle « les perspicaces comprendront » se
réfèrent apparemment à la fin des 1290 jours mentionnés dans le même chapitre. Cette
période prit fin en 1829. Peu de temps après 1829 le message concernant la proximité
du second avènement du Christ commença tout particulièrement à être diffusé par
William Miller. La Parole de Dieu étant exaltée, certaines doctrines s’imposèrent. Nous
avons tous lu comment le grand mouvement de Miller débuta dans le pays (voir
ETUDES DES ECRITURES, vol.3, p. 84). Nous ne souscrivons pas aux enseignements
de Frère Miller. Quoiqu’il ait eu quelques pensées correctes sur l’Ecriture, il en a
également eu quelques unes d’erronées – tout comme Frère Calvin et d’autres frères en
leurs jours. Mais le temps était venu pour l’annonce de la Seconde Venue du Christ ; et
quoique le Second Avènement n’eut pas lieu en 1844, comme les disciples de Frères
Miller l’escomptaient, cependant graduellement depuis 1829 certaines doctrines,
jamais notées jusque là, furent portées à l’attention de l’église – certaines doctrines
concernaient l’immortalité de l’homme, les natures spirituelle et humaine, etc. Ces
sujets menèrent à une recherche soigneuse des Écritures et à la confiance dans la
Parole de Dieu qui surpasse les traditions humaines.
(...)
Via Veritas
75
PREUVES DE LA PAROUSIE DU SEIGNEUR
De quelle manière le Seigneur prendrait-il son grand pouvoir et règne ?
Les Écritures nous le montrent très clairement. En harmonie avec la même chronologie
les Écritures nous enseignent qu’il y a un temps pour la Parousie, ou présence du
Seigneur. Ce temps, pour autant que nous puissions le calculer, commença en 1874.
Depuis cette époque nous vivons dans la parousie du Fils de l’Homme. Existe-t-il
quelque chose pour corroborer cela ? Oui. En premier lieu nous observons la manière
dont Dieu traite avec son peuple, l’église.
Nous devions nous attendre à ce qu’au temps du retour du Seigneur son peuple
entendrait son « coup sur la porte » - le coup sur la porte des prophéties, et quiconque
ouvrirait son coeur et recevrait les choses dans une attitude d’esprit consacré le
Seigneur le ceindrait comme serviteur afin qu’il vienne et qu’il le suive (Rev. 3:20).
(...)
INAUGURATION GRADUELLE DU ROYAUME DU MESSIE
Ceci nous amène à penser que les prophéties restantes devraient avoir un
accomplissement similaire, et que le 20 septembre de cette année, 1914, a
probablement marqué la fin des Temps des Gentils. S’il en est ainsi ce que nous
observons aujourd’hui parmi les nations est un conflit menant à leur fin. C’est
exactement ce que nous devions attendre. De manière évidente le Seigneur est derrière.
Le Royaume de Dieu se manifestera lui-même de plus en plus. Il ne sera pas
complètement manifesté toutefois tant que l’Eglise ne sera pas dans la gloire du
Seigneur. "Quand il sera manifesté, nous serons nous aussi manifestés dans sa gloire".
Devrions-nous nous attendre à ce que le Seigneur révèle le moment exact de la fin des
Temps des gentils ? La Bible déclare qu’il doit être révélé dans un « feu flamboyant ».
Combien de temps après la fin des Temps des Gentils sera la révélation dans un « feu
flamboyant », nous l’ignorons. Apparemment suivant cette grande guerre aura lieu le
plus grand « tremblement de terre » ayant jamais existé – une révolution qui
concernera toutes les nations civilisées (Rev 16:18). Mais le Socialisme peut surgir, sa
vie sera écourtée et se mutera en anarchie. Cette anarchie sera le « feu flamboyant »
révélant le nouveau royaume, faisant vengeance, amenant la justice rétributive sur le
monde – précédant sa bénédiction.
Si la moisson de la présence de notre Seigneur (parousie) a été un travail progressif de
40 ans nous menant au temps présent, et si le temps de la fin est une période lente,
combien durera cette période au cours de laquelle les institutions seront évincées et le
présent ordre de choses condamné et chassé, pour laisser le champ libre au règne de
justice ? Nous répondons qu’au vu de ce tableau il faudrait de nombreuses années.
Nous pourrions l’espérer dans cinq, dix ou vingt ans. Mais quelque chose, d’un autre
côté, nous amène à penser que ce sera moins long.
Le Seigneur nous a dit qu’ « il se hâterait ». Mais le temps de réalisation reste
conjecturel. Chacun peut avoir sa propre opinion. A un autre moment le Seigneur dit
« en une heure », une autre fois « en un jour » et les Apôtres en ont parlé comme le
travail d’une femme enceinte – soudainement. Nous nous souvenons également qu’il y a
un certain parallèle entre l’Age Judaïque et l’Age de l’Evangile. Les 40 ans de moisson
de l’Age Judaïque, qui commencèrent avec le ministère de Jésus en 29 de notre ère,
prirent fin en l’an 69 de notre ère – tout comme nous pensons que la moisson de cet âge
commença en 1874 et prit fin cet automne, 1914. Ce fut dans l’année suivant
l’expiration des 40 ans de moisson juive que le système politique juif prit fin – lors de la
destruction de la ville. Ainsi les parallèles nous font supposer qu’une année après le
temps présent auront lieu le grand travail de désastre venant sur le monde, le
renversement des nations, en particulier la tentative de différentes nations pour
Via Veritas
76
asseoir leur suprématie – l’échec de leurs efforts – puis le feu de la colère de Dieu,
l’anarchie, la destruction qui balaiera le monde entier et introduira le royaume
messianique.
Résumons cet exposé de Charles Taze Russell. 1914 est la date probable de la fin des Temps des
Gentils. Ce n’est pas la date de la Parousie de Jésus qui restait toujours la date certaine et
authentifiée de 1874.
Et si 1914 est correcte, un parallèle prophétique concernant les différents âges amenait à penser que
la fin serait courte et que la guerre déboucherait sur l’anarchie en 1915. La guerre ne devait être
qu’une transition nécessaire de quelques mois menant à une dislocation de la société.
Voilà la réalité de l’attente prophétique énoncée à la fin de l’année 1914. Que restent-ils donc des
autres dates non moins importantes aux yeux de Russell : 1799, 1829, 1874 et bien d’autres
encore ? Disparues, et la mémoire jéhoviste les a oubliées. Il ne reste que 1914, l’année inattendue
et pour quelle raison ? Était-elle mieux fondée que toutes les autres ? Non seul un miracle l’a sauvé
de la trappe : l’année a revêtu une aura unique. Elle est la date du premier conflit mondial et ça ça
vaut tout l’or du monde.
Russell l’avait bien compris dès 1915.
La Tour de Garde (anglaise), 15/7/1915, p. 220 :
C’était un coup réussi que cette époque de troubles commence à si peu d’intervalle
d’octobre 1914, et maintenant cela va a toute vitesse. Et aucune prière ne pourrait
l’arrêter. Si l’époque de la guerre mondiale relevait de la simple conjecture, cela aurait
constitué un grand succès. Cela aurait constitué un miracle. Mais nous nous en sommes
approchés, même de manière imprécise.
Quel coup de maître en effet. Et si les choses avaient été différentes, si 1914 avait été une année
ennuyeuse, nous serions en train de discuter d’une autre date toute aussi miraculeuse.
Tout le reste est réécriture de l’histoire. La pratique de la Watchtower est celle du Parti Angsoc dans
le roman 1984 de George Orwell.
Tous les documents ont été détruits ou falsifiés, tous les livres récrits, tous les tableaux
repeints. Toutes les statues, les rues, les édifices, ont changé de nom, toutes les dates
Via Veritas
77
ont été modifiées. Et le processus continue tous les jours, à chaque minute. L’histoire
s’est arrêtée. Rien n’existe qu’un présent éternel dans lequel le Parti a toujours raison.
(Orwell, 1984, p. 221).
Qui se souvient des déclarations prophétiques originelles de Charles Taze Russell ? Qui connaît
encore la Vérité historique des Témoins de Jéhovah ?
Et où qu’ils sont passés les 7000 ans ?
Par Lucretius
Voici ce qu’avançait la Tour de Garde du 1er janvier 1987 p.30 :
"Qui plus est, un examen des prophéties de la Bible et de leur accomplissement, en
considérant où nous en sommes dans le cours de l’Histoire, laisse nettement entendre
que chaque ‘jour de création’ (Genèse chapitre 1) a une durée de 7 000 ans. Il y a tout
lieu de penser que les 1 000 ans du règne de Christ clôtureront le ‘jour de repos’ de
Dieu, qui dure 7 000 ans et qui est le dernier ‘jour’ de la semaine de création
(Révélation 20:6 ; Genèse 2:2, 3). Selon ce raisonnement, la ‘semaine de création’
devait donc durer 49 000 ans."
A cette époque reculée il était de bon ton d’enseigner que les jours de création étaient de 7000 ans et
que la semaine de création avait été de 42000 ans, de l'aménagement de la Terre (plantes, animaux,
création de l’homme), plus 7000 années d’existence humaine pour rattraper les dégâts du péché
originel. A l’époque la chronologie figurant dans la table des livres de la Bible de la Traduction du
Monde Nouveau portait vaillamment en face de Genèse : période qu’embrasse le texte - de 4602620
avant notre ère jusqu’à 1657 (c’est ce que vous pourrez constater si vous êtes les heureux
possesseurs de la version 1974).
Et aujourd’hui sur les versions postérieures (1987, 1995) de la Traduction du Monde Nouveau vous
trouverez : période qu’embrasse le texte - Au "commencement" jusqu’à 1657. Exit la référence
implicite aux 7000 ans21.
Et pourquoi ne plus faire référence aux 7000 ans et 49000 ans ?
Parce que le calcul menait tout droit à 1975, il suffisait d’additionner -46026 à 1975 ans (souvenezvous pas d’année zéro) pour obtenir 49000 ans.
Et comme 1975, année putative de la survenance d’Harmaguédon a pris du plomb dans l'aile, la
référence aux 7000 ans a beaucoup perdu de sa superbe.
Disparu le bel enthousiasme qui transparaissait dans le livre "La liberté dans la vérité des fils de
Dieu"22 (1969) chap. 1 p. 29-30 :
"En ce vingtième siècle, on s’est livré à une étude indépendante, en se gardant de suivre
aveuglément les calculs traditionnels des exégètes de la chrétienté. Or, cette
chronologie indépendante, déjà publiée, situe la création de l’homme en 4026 av. notre
20 6 jours de 7000 ans soient 42000 ans avant la création d’Adam datée de 4026 avant notre ère), soient 46026.
21 Le livre "Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile" qui contient la même table a bien évidemment subi le même sort (comparez
les éditions 1967 et 1997).
22 Selon son neveu Ray Franz tel que relaté dans son livre Crisis of Conscience, le livre a été rédigé par le vice-président et le
principal rédacteur de l’époque : Frederick Franz.
Via Veritas
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ère. D’après cette chronologie biblique digne de foi, en 1975 six mille années se seront
écoulées depuis la création de l’homme, et le septième millénaire de l’histoire
humaine commencera en automne 1975.
(...) Dans quelques années donc, au cours de notre génération, nous arriverons à ce que
Jéhovah Dieu pourrait considérer comme le septième jour de l’existence de l’homme.
Combien il serait opportun si Jéhovah Dieu faisait du septième millénaire qui va
bientôt commencer un sabbat de repos et de remise, un grand sabbat jubilaire, où la
liberté serait proclamée par toute la terre et parmi tous ses habitants ! Ce Jubilé
viendrait fort à propos pour l’humanité. Il viendrait aussi au bon moment du point de
vue de Dieu(...) Ce ne serait pas par hasard ou fortuitement, mais ce serait en accord
avec le dessein bienveillant de Jéhovah Dieu, si le règne de Jésus-Christ, le
“Seigneur du sabbat”, devait avoir lieu parallèlement au septième millénaire de
l’existence humaine."
Même le livre "La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ?" chap. 3 p. 27 § 7 livre
sans précision : "Il semble logique que les “jours” dont parle la Genèse correspondent pareillement
à de longues périodes de temps, à des millénaires23.
Oui, les 7000 ans sont passés à la trappe silencieusement, ils sont morts sans faire de bruit, comme
nombre d’enseignements démodés.
Et 1914 120
Par Lucretius
S’il est une date qui a monopolisé l’attention et focalisé les espérances des Témoins de Jéhovah
pendant plus d’un siècle, c’est bien 1914.
Qu’on en juge.
La Tour de Garde, du 15 août 1984, pp. 4-5 :
“NON, disait Jésus, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent.”
(Matthieu 24:34). Mais que faut-il entendre par “génération” ?
Dans son livre intitulé La génération de 1914, Robert Wohl, professeur d’histoire, nous
propose une définition inhabituelle de ce terme. La voici : “Sur le plan historique, une
génération ne se mesure pas à ses bornes ou à ses frontières temporelles. Ce n’est pas un
espace de temps délimité par des dates (...). Cette notion se comparerait plus aisément à
un champ magnétique au centre duquel se trouverait un événement ou une suite
d’événements. (...) Ce qui est nécessaire pour qu’une génération prenne conscience de
son existence, c’est la présence d’un point de repère commun qui l’isole du passé (...).
Un tel point de repère est toujours lié à de grands bouleversements historiques comme
les guerres, les révolutions, les pestes, les famines et les crises économiques.”
23 "Le livre "Y a t’il un créateur qui se soucie de nous ?" (1998) page 93 retient la même leçon.
Via Veritas
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Vues sous cet angle, la Grande Guerre de 1914-1918 et ses conséquences constituent
sans aucun doute un “point de repère” propre à marquer une génération. À ce sujet, le
professeur Wohl explique que la Première Guerre mondiale a déterminé “une rupture
évidente par rapport au passé. Ceux qui ont vécu cette conflagration ont toujours été
poursuivis par l’impression qu’en août 1914 un monde a pris fin et un autre a vu le
jour”.
Jésus, pour sa part, a souvent employé le mot “génération”. Il lui a d’ailleurs donné un
sens différent selon le contexte. Mais que voulait-il dire quand il a parlé de la
‘génération qui ne passerait pas’ ? D’aucuns ont voulu en faire une période de 30, de 40,
de 70 ou même de 120 ans. Toutefois, le concept de génération est lié aux hommes et
aux événements plutôt qu’à un nombre d’années fixe.
Le terme grec traduit par “génération” dans la Bible a été défini comme suit : “Ceux qui
sont nés à la même époque (...). Autre acception dérivée de la précédente : L’ensemble
des contemporains de quelqu’un, un âge.” (Nouveau dictionnaire théologique
international du Nouveau Testament [angl.]). Ou encore : “La totalité des individus nés
en même temps et, par extension, tous ceux qui vivent en une génération-temps donnée,
qui sont contemporains les uns des autres.” (Lexique grec-allemand du Nouveau
Testament [all.], de Walter Bauer, 5e édition, 1958). Ce vocable désignerait donc à la
fois les personnes nées vers l’époque d’un événement marquant et toutes celles qui sont
en vie lorsqu’il se produit.
Si Jésus a employé le mot “génération” dans ce sens-là et que nous l’appliquions
ainsi à 1914, il s’ensuit alors que les plus jeunes membres de cette génération ont
maintenant au moins 70 ans, tandis que d’autres sont déjà octogénaires,
nonagénaires, voire centenaires. Il n’empêche que des millions de représentants de
cette génération sont encore en vie. Parmi eux, il en est qui ‘ne passeront pas avant
que tout n’arrive’. — Luc 21:32.
1984, date de la rédaction d’une série d’articles entièrement consacré à 191424, était encore le bon
temps de la génération de 1914, la génération qui devait nécessairement voir l’intervention de Dieu.
Il était encore possible d’y croire.
Mais la génération de 1914 avait bel et bien vécu et le repère temporel commençait à perdre son
intérêt à mesure que l’échéance approchait.
70, et bientôt 80 ans, dans la meilleure hypothèse, pour une génération l’explication devenait
insoutenable.
D’où un revirement spectaculaire qui surprit le petit monde des Témoins de Jéhovah en 1995.
La Tour de Garde, du 1er novembre 1995, pp. 19-20, § 10-13 :
Examinons de plus près les paroles de Jésus rapportées en Matthieu 24:34, 35 : “En
vérité je vous le dis : Non, cette génération ne passera pas que toutes ces choses
n’arrivent. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront absolument pas.”
Jésus dit ensuite que ‘personne ne connaît ce jour-là et cette heure-là’. Puis, et c’est
beaucoup plus important, il montre qu’il nous faut nous garder des pièges dont nous
sommes entourés dans cette génération. Il ajoute en effet : “Car, comme ont été les jours
de Noé, ainsi sera la présence du Fils de l’homme. Comme ils étaient, en effet, en ces
jours d’avant le déluge : ils mangeaient et buvaient, les hommes se mariaient et les
femmes étaient données en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et ils ne
24 La Tour de Garde du 1er juillet : 1914 - année marquée, La Tour de Garde du 15 juillet : 1914 - un point de convergence, La
Tour de Garde du 1er août : 1914 - une date qui a changé votre vie, La Tour de Garde du 15 août : 1914 et la génération qui ne
passera pas.
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s’aperçurent de rien jusqu’à ce que le déluge vînt et les emportât tous, ainsi sera la
présence du Fils de l’homme.” (Matthieu 24:36-39). Jésus compare ici la génération de
son époque à celle de l’époque de Noé. — Genèse 6:5, 9 ; éd. angl., note.
Ce n’était pas la première fois que les apôtres entendaient Jésus faire une comparaison
entre deux ‘générations’, car quelques jours auparavant, parlant de lui-même, il avait
déclaré : “Le Fils de l’homme (...) doit endurer bien des souffrances et être rejeté par
cette génération. D’autre part, comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il
encore aux jours du Fils de l’homme.” (Luc 17:24-26). Matthieu chapitre 24 et Luc
chapitre 17 établissent donc la même comparaison. Aux jours de Noé, “toute chair [qui]
avait dégradé sa voie sur la terre” et qui a été détruite par le déluge constituait “cette
génération”. Aux jours de Jésus, les Juifs apostats qui le rejetaient constituaient “cette
génération”. — Genèse 6:11, 12 ; 7:1.
Par conséquent, aujourd’hui, dans l’accomplissement final de la prophétie de Jésus,
apparemment “cette génération” désigne les peuples de la terre qui voient le signe
de la présence du Christ mais ne redressent pas leurs voies. Par contre, nous qui
sommes disciples de Jésus, nous refusons de nous laisser façonner par le style de vie de
“cette génération”. Bien qu’étant dans le monde, nous ne devons pas en faire partie, “car
le temps fixé est proche”. (Révélation 1:3 ; Jean 17:16.) L’apôtre Paul nous exhorte en
ces termes : “Continuez à faire toutes choses sans murmures ni discussions, pour
devenir irréprochables et innocents, enfants de Dieu sans défaut au milieu d’une
génération perverse et tortueuse, où vous brillez comme des foyers de lumière dans le
monde.” — Philippiens 2:14, 15 ; Colossiens 3:5-10 ; 1 Jean 2:15-17.
‘Briller comme des foyers de lumière’ ne signifie pas seulement faire montre d’une
personnalité chrétienne pure, mais aussi, et surtout, accomplir la mission annoncée
prophétiquement par Jésus : “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la
terre habitée, en témoignage pour toutes les nations ; et alors viendra la fin.” (Matthieu
24:14). Aucun humain ne peut dire quand la fin viendra, mais nous savons que la
fin de “cette génération” méchante arrivera une fois que le témoignage aura été
donné d’une façon satisfaisante pour Dieu, c’est-à-dire “jusque dans la partie la plus
lointaine de la terre”. — Actes 1:8.
Exit toute référence à 1914. La génération cible dont Jésus avait parlé était devenue celle qui voit le
signe du temps de la fin et dont la fin viendrait après un témoignage complet. Autant dire que la fin
peut être attendue dans 10, 50 ans ou dans 3 siècles, ce sera encore et toujours la génération qui voit
le signe. Acrobatique et malicieux, le revirement était stratégiquement bien joué, à l'extrême limite
d’une déconfiture programmée.
Le mouvement de largage de l’année fatidique devenue encombrante avait commencé.
Avec cependant un soubresaut notoire en 2003.
La Tour de Garde, du 15 décembre 2003, p. 15, §§ 6-7 :
Aux jours de Noé, Jéhovah a déclaré : “ Mon esprit n’agira pas envers l’homme
indéfiniment, puisqu’il est également chair. Aussi ses jours se monteront à cent vingt
ans. ” (Genèse 6:3). Ce décret divin émis en 2490 avant notre ère a marqué le
commencement de la fin pour le monde impie. Songez à ce qu’il signifiait : plus que
120 ans, et Jéhovah allait amener “ le déluge des eaux sur la terre, pour ravager de
dessous les cieux toute chair dans laquelle la force de vie est en action ”. — Genèse
6:17.
Prévenu du cataclysme plusieurs décennies à l’avance, Noé a sagement utilisé ce temps
pour préparer sa survie. “ Après avoir été divinement averti de choses qu’on ne voyait
Via Veritas
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pas encore, relate l’apôtre Paul, [Noé] a montré une crainte de Dieu et a construit une
arche pour sauver sa maisonnée. ” (Hébreux 11:7). Et nous ? Voilà près de 90 ans,
depuis 1914, que nous vivons les derniers jours de ce système de choses. Le doute
n’est pas permis : nous sommes dans “ le temps de la fin ”. (Daniel 12:4.) Alors,
comment devrions-nous réagir aux avertissements ? “ Celui qui fait la volonté de Dieu
demeure pour toujours ”, assure la Bible (1 Jean 2:17). C’est donc maintenant qu’il faut
faire la volonté de Jéhovah, en étant plus conscient que jamais que le temps presse.
De deux choses l’une, soit le rédacteur est très maladroit dans cette ultime référence à 1914, soit
l’analogie était intentionnelle et pointe vers une date loin dans l’avenir.
Si l’on ajoute à 1914 120 ans cela nous donne 2034 et un délai supplémentaire à l’accomplissement
prophétique faisant référence à l’année 1914.
Quel est le problème ?
Les Témoins de Jéhovah s’acharnent à conserver une compréhension particulière des 120 ans de
Genèse 6:3.
Or, la majorité des traductions bibliques rendent le verset différemment.
Gen. 6:3 — Jérusalem : Yahvé dit : « Mon esprit ne demeurera pas dans l’homme,
puisqu’il est chair : sa vie ne sera que de cent-vingt ans. »
Gen. 6:3 — BFC : Alors le Seigneur dit : « Je ne vais pas laisser les hommes profiter
indéfiniment du souffle de vie que je leur ai donné ; ils ne sont après tout que des êtres
mortels. Désormais, ils ne vivront pas plus de cent vingt ans. »
A la lecture de ces versets, on comprend que la durée de vie de l’homme est raccourcie, et non que
Noé a prêché durant 120 ans, comme voudrait nous le faire croire la Watchtower.
Mais qui a raison ?
Un indice fort nous est révélé par la source du texte biblique, car le texte biblique n’est qu’un
plagiat.
Prenez connaissance de ce texte sumérien datant du 18ème siècle avant notre ère, et donc très
antérieur à la Bible.
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Le mythe sumérien de l’Atrahasis ou Supersage
Les hommes créés par ENKI et NINTU pouvaient vivre 25.000 ans. 250.000 ans
plus tard, huit rois des hommes s’étaient succédés. Les hommes étaient prospères, ils
avaient étendu leur territoire, ils s’étaient multipliés. Mais le bruit de leurs activités, de
leur agitation, de leurs guerres, de leurs fêtes, en un mot leur tapage finit par atteindre...
même les cieux.
Lors du Conseil des Grands Dieux ENLIL dit : « La rumeur des humains est devenue
trop forte. A cause de leur tapage continuel je n’arrive plus à dormir. Nous leur avons
déjà envoyé maladies, fièvres, épidémies et pestilences pour les décimer, mais très vite
ils se sont à nouveau multipliés. Nous leur avons envoyé sécheresse, famines et autres
fléaux sans plus de résultat. A chaque fois d’ailleurs, ENKI le prince les a aidés à s’en
sortir. Maintenant il faut en finir une fois pour toute et envoyer sur les hommes le
Déluge afin qu’il n’en reste pas un. » ENKI pris la parole : « J’ai créé l’homme dans
l’intérêt des dieux, ne me demandez pas d’approuver un tel cataclysme. Comment
pourrais-je porter la main sur mes créatures ! »
Les dieux ayant malgré tout pris la décision finale, ENKI en songe, prévint
ATRAHASIS, le Supersage, un homme de bien qui avait toujours mérité sa confiance. "
ATRAHASIS, jette à bas ta maison, détourne-toi de tes biens pour te sauver la vie .
Construit un grand bateau selon l’épure que j’ai tracée sur le sol. Cette embarcation aura
forme équilatérale de 60 mètres de coté. Le bateau sera entièrement clos et toituré
solidement. Que son calfatage soit épais et résistant. Tu appelleras ton vaisseau Sauve
-Vie. Après y avoir chargé ton froment, tes biens, tes richesses, embarques-y ta
femme, ta famille, ta parenté et tes ouvriers ainsi que des animaux sauvages,
grands et petits, et des oiseaux du ciel ». Supersage n’avait que 7 jours pour construire
Sauve-Vie.
Les siens et les animaux venaient juste d’embarquer quand un vent furieux rompit les
amarres et libéra le bateau. Alors le soubassement de la terre se décolla. Les étoiles
elles-mêmes furent déplacées. De profondes ténèbres cachèrent le soleil. Le fracas du
Déluge épouvanta les dieux eux-mêmes, pourtant tous réfugiés en la demeure céleste d
’ANOU. ENKI blême de colère vit ses enfants emportés par les eaux. NINTU la déesse
mère éclata en sanglots :" Comment ai-je pu dans l’assemblée des dieux laisser prendre
cette décision finale ? C’est ENLIL qui par un discours habile, a rendu vaines mes
paroles ".
Au bout de 7 jours, le vent se calma, le bateau cessa d’être ballotté. Supersage lâcha
une colombe, elle revint, ne sachant où se poser. Il lâcha une hirondelle qui revint
également. Enfin il lâcha un corbeau qui ne revint pas. Alors Supersage lâcha tous les
oiseaux.
Lorsque les eaux se furent retirées du haut de la montagne, Supersage débarqua et
prépara un banquet à la gloire d’ENKI, le dieu ingénieux qui l’avait sauvé. L’odeur
de la bonne chère attira également les grands dieux, qui, en l’absence des hommes,
n’avaient ni bu ni mangé pendant tout ce temps. On peut supposer qu’ils n’en avaient
pas vraiment besoin pour vivre, mais que ça leur manquait quand même. ENLIL voyant
alors le bateau, entre en colère : « Nous les grands dieux nous avions prêté serment,
d’où vient alors qu’un homme ait échappé à la destruction ? ». ENKI : " Oui, j’ai fait
cela contre votre volonté à tous, j’ai sauvé ATRAHASIS. Calme-toi ENLIL, si tu as pu
manger et te régaler, c’est bien grâce à cet homme. Grâce à lui la race humaine peut être
sauvée". NINTU la déesse mère prit alors la parole : « ENLIL, tes solutions sont trop
définitives. Trouvons un moyen terme. Afin que la descendance de Supersage ne
perturbe plus les dieux, ENKI l’ingénieux doit bien avoir une solution ". ENKI : " O !
Divine Matrice, nous avons donné aux hommes presque l’immortalité, c’était
Via Veritas
83
inconsidéré. Toi MAMMI, qui arrête les destins, impose donc aux hommes la mort pour
qu’un équilibre s’installe. Afin que chez eux, outre les femmes fécondes, il y ait
maintenant les infécondes, afin que chez eux sévisse la Démone Eteigneuse pour ravir
les bébés aux genoux de leurs mères ". ENLIL approuva : " C’est entendu. Ce fut une
erreur de vouloir les exterminer. Mais que les hommes ne vivent pas au delà de 120
années, afin qu’ils ne puissent jamais percer à jour nos connaissances. Ainsi, ils ne
seront plus une menace pour nous ! Veillons à ce que les hommes ne s’installent jamais
dans l’allégresse.Surveillons de près leur prolifération, leur prospérité et leur joie de
vivre. Et pour cela, QUE CHEZ LES HOMMES UN TEMPS DE MALHEUR
SUCCEDE TOUJOURS A UNE ERE DE BIEN ETRE ".
Extrait du Mythe de l’Atrahasis ,
traduction d’après J. Bottero et S.N. Kramer, Lorsque les Dieux faisaient l’homme.
Vous avez la réponse : 120 ans ; c’est bien suffisant pour les mortels. Et l’analogie ridicule faite par
le rédacteur de la Tour de Garde n’a pas de fondement.
Il faudra se rendre à l’évidence : l’année 1914 est morte. Tout ce que l’on peut lui rattacher est
invisible, virtuel. Elle ne peut plus constituer un repère temporel et pèsera bientôt comme un boulet,
comme ont pesé lourd les années 1844 et 1874 pour les Millérites et les Adventistes.
Déjà l’année marquée disparaît progressivement des publications. Voici la courbe des occurrences
du mot "1914" dans les publications Tour de Garde et Réveillez-Vous ! de 1970 à 2005.
C’est un fait. L’année s’estompe des esprits et du vocabulaire, doucement, insidieusement.
Six dates, six nombres :
Année Occurrences dans les publications — TG et RV
1974 161
1984 183
1994 113
2003 15 : le record absolu de l’oubli
2004 60 : date anniversaire ?
2005 25
Et la tendance va-t-elle s’inverser ? Certainement pas.
La Tour de Garde du 15 mars 2007, qui titre en première page « La venue de Christ. En quoi vous
concerne-t-elle ? » et consacre ses deux premiers articles à la question, réussit le tour de force de
traiter de la venue prochaine de Jésus en faisant l’impasse sur la parousie ou présence du Christ
Via Veritas
84
depuis 1914.
A croire que le passé est le passé et que seul l’avenir a encore du sens.
Nul doute, les historiens ou les sociologues qui auront pour tâche dans un avenir lointain de se
pencher sur l’histoire des Témoins de Jéhovah en arriveront à la conclusion : à la fin du vingtième
siècle 1914 s’en vint.
La génération en temps voulu
Par Lucretius
Quelle responsabilité repose sur un groupe d’hommes auto-proclamé tête pensante d’un mouvement
et grand dispensateur de la nourriture spirituelle !
La Tour de Garde, 15/12/1983, p. 19-20 § 19-20 :
Le “seul corps” mentionné par Paul est la congrégation chrétienne dont Jésus est la
“tête”. (Éphésiens 1:22, 23.) Tous les membres oints appartenant à cette congrégation
unie allaient recevoir la même nourriture spirituelle. C’est dans ce but que leur “maître”
a établi “l’intendant fidèle”, le corps ou la classe des chrétiens oints encore vivants sur
la terre, et ce depuis la Pentecôte de l’an 33. Puisqu’en 1919, lorsqu’il est arrivé pour
l’inspecter, le “maître” a trouvé le reste de ce corps en train de distribuer fidèlement et
de façon avisée la “ration de vivres”, il l’a établi “sur tout son avoir”. (Luc 12:42-44.)
Les faits démontrent que depuis cette date cet “intendant” s’est fidèlement occupé de cet
“avoir”.
Le clergé des nombreuses Églises et sectes de la chrétienté n’a pas été trouvé en train de
distribuer la “ration de vivres” spirituels qui convenaient au ‘groupe des gens’
appartenant à Christ. C’est pourquoi ces ecclésiastiques et leurs ouailles ‘souffrent de la
faim’. (Ésaïe 65:11, 13.) En revanche, “l’intendant fidèle” a veillé à avoir une “ration de
vivres en temps voulu” et en abondance pour les chrétiens oints et, depuis 1935, pour la
“grande foule” des “autres brebis” qui ne cesse de croître (Révélation 7:9, 10 ; Jean
10:16).
Combien il est aisé de faire des déclarations d’autorité sans preuve en les brandissant comme la
vérité révélée par l’Esprit Saint et de les réformer par la suite parce qu’elles se confrontent à la dure
réalité d’un monde qui ne tourne pas comme on l’avait pensé. L’actualité récente met en évidence la
versatilité des convictions jéhovistes en ce qui concerne le temps de la fin et les déclarations mêmes
de Jésus.
Pendant des décennies complètes les Témoins de Jéhovah ont mesuré leur attente du temps de la fin
sur la notion de génération telle que celle présentée par la Tour de Garde, 15/8/1984, p. 4-5 :
“Non, disait Jésus, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent.”
(Matthieu 24:34). Mais que faut-il entendre par “génération” ?
Dans son livre intitulé La génération de 1914, Robert Wohl, professeur d’histoire, nous
propose une définition inhabituelle de ce terme. La voici : “Sur le plan historique, une
génération ne se mesure pas à ses bornes ou à ses frontières temporelles. Ce n’est pas un
espace de temps délimité par des dates (...). Cette notion se comparerait plus aisément à
un champ magnétique au centre duquel se trouverait un événement ou une suite
d’événements. (...) Ce qui est nécessaire pour qu’une génération prenne conscience de
son existence, c’est la présence d’un point de repère commun qui l’isole du passé (...).
Un tel point de repère est toujours lié à de grands bouleversements historiques comme
Via Veritas
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les guerres, les révolutions, les pestes, les famines et les crises économiques.”
Vues sous cet angle, la Grande Guerre de 1914-1918 et ses conséquences constituent
sans aucun doute un “point de repère” propre à marquer une génération. À ce sujet, le
professeur Wohl explique que la Première Guerre mondiale a déterminé “une rupture
évidente par rapport au passé. Ceux qui ont vécu cette conflagration ont toujours été
poursuivis par l’impression qu’en août 1914 un monde a pris fin et un autre a vu le
jour”.
Jésus, pour sa part, a souvent employé le mot “génération”. Il lui a d’ailleurs donné un
sens différent selon le contexte. Mais que voulait-il dire quand il a parlé de la
‘génération qui ne passerait pas’ ? D’aucuns ont voulu en faire une période de 30, de 40,
de 70 ou même de 120 ans. Toutefois, le concept de génération est lié aux hommes et
aux événements plutôt qu’à un nombre d’années fixe.
Le terme grec traduit par “génération” dans la Bible a été défini comme suit : “Ceux qui
sont nés à la même époque (...). Autre acception dérivée de la précédente : L’ensemble
des contemporains de quelqu’un, un âge.” (Nouveau dictionnaire théologique
international du Nouveau Testament [angl.]). Ou encore : “La totalité des individus nés
en même temps et, par extension, tous ceux qui vivent en une génération-temps donnée,
qui sont contemporains les uns des autres.” (Lexique grec-allemand du Nouveau
Testament [all.], de Walter Bauer, 5e édition, 1958). Ce vocable désignerait donc à la
fois les personnes nées vers l’époque d’un événement marquant et toutes celles qui sont
en vie lorsqu’il se produit.
Si Jésus a employé le mot “génération” dans ce sens-là et que nous l’appliquions ainsi
à 1914, il s’ensuit alors que les plus jeunes membres de cette génération ont maintenant
au moins 70 ans, tandis que d’autres sont déjà octogénaires, nonagénaires, voire
centenaires. Il n’empêche que des millions de représentants de cette génération sont
encore en vie. Parmi eux, il en est qui ‘ne passeront pas avant que tout n’arrive’. —
Luc 21:32.
Le monde d’alors était clair et lumineux. C’était certain et annoncé il fallait s’attendre à la survenue
de l’intervention de Dieu dans l’espace d’une génération centrée sur 1914. En 1984 70 ans s’était
écoulés, c’est dire le peu de temps qu’il restait.
Mais quelle terrible tension que de patienter jusqu’à faire douter de la réalité prophétique. Mais
après tout cette attente décourageante n’avait-elle pas été pareillement prophétisée ?
La Tour de Garde, 1/5/1985, p. 4-5 :
Jésus, pour sa part, connaissait aussi la durée limite de la période marquée. Prenant
l’image d’un figuier, il a déclaré : “Dès que sa jeune branche devient tendre et qu’elle
pousse des feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, quand vous
verrez toutes ces choses, sachez qu’il est proche, aux portes. En vérité je vous le dis :
Non, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent.” — Matthieu
24:32-34.
Ainsi donc, l’intervention divine aurait lieu du vivant de personnes qui auraient vu les
premiers indices annoncés par Jésus. Le début de l’époque fatidique sonnerait le glas du
monde de Satan, contre lequel le Royaume nouvellement établi au ciel viendrait bientôt
exécuter le jugement de Dieu. Or la chronologie biblique et l’accomplissement des
prophéties des Écritures attestent que cette époque a commencé en 1914.
Par conséquent, le jugement divin doit être exécuté avant que la génération de 1914 ne
s’éteigne. Or, cette génération est encore très bien représentée. En 1980, on comptait
en Allemagne fédérale 1 597 700 personnes qui étaient nées en 1900 ou plus tôt. Ce
chiffre serait encore plus considérable si des millions d’Allemands n’avaient pas connu
une mort prématurée au cours des deux guerres mondiales.
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En rapportant ces paroles de Jésus : “Non, cette génération ne passera pas”, les
Évangiles emploient deux négations grecques, ou et mê. Un commentaire biblique (The
Companion Bible) en explique la raison comme suit : “Lorsque les deux négations
sont associées, elles perdent leur sens distinctif pour former une affirmation
extrêmement puissante et catégorique.” Or c’est aujourd’hui, à l’heure où il semble
que la génération pourrait passer avant que tout ne s’accomplisse, que les paroles de
Jésus commencent à prendre tout leur sens.
L’avertissement d’Habacuc indiquait que le jugement de Jéhovah semblerait tarder, ce
qui mettrait la foi de ses serviteurs à l’épreuve. Logiquement, pareille épreuve ne
pouvait surgir que vers la fin de la génération désignée par Jésus. Revenons à l’exemple
que nous avons pris au début de cet article. Quand vous mettriez-vous à douter
sérieusement de la venue de votre ami ? Probablement pas à 9 heures du matin, ni à
midi ; peut-être même pas en fin d’après-midi. En revanche, dans la soirée votre foi
commencerait vraisemblablement à être mise à l’épreuve. Pourtant, rappelez-vous que
même à 23 h 30 celui que vous attendez a encore le temps de tenir sa promesse !
Il n’y a aucune raison de s’inquiéter de la véracité de la Parole de Dieu. Celle-ci s’est
toujours accomplie. La remarque que Josué a faite aux Israélites voici plus de 3 000 ans
est toujours valable aujourd’hui : “N’est restée sans effet aucune parole de toutes les
bonnes paroles que vous a dites Jéhovah, votre Dieu. Toutes se sont réalisées pour vous.
Pas une seule parole d’entre elles n’est restée sans effet.” — Josué 23:14.
“Pour ce qui est de l’accomplissement des prophéties, nous avons naturellement
tendance, comme tous les humains, à manifester une certaine impatience et à souhaiter
que les choses aillent plus vite.” C’est là ce que disait La Tour de Garde dans son
édition anglaise du 1er mai 1910. On y lisait encore : “C’est un retard par rapport à
notre attente, mais nous pouvons être sûrs qu’il n’y a aucun retard du point de vue du
dessein divin (...). Nous ne doutons pas que tout s’accomplira au moment prévu par
Dieu.”
On le comprend à la fin des années 80 l’explication donnée est encore la ration spirituelle en
temps opportun, c’est la génération en temps voulu. L’explication est même idéale pour
maintenir le sentiment d’urgence qui fait les bons prédicateurs. Évoquer le monde de l’an 2000 à
cette époque reculée tient du blasphème : c’est sûr le chronomètre est lancé. On ne passera pas le
siècle.
Mais au milieu des années 90 la certitude devient moins appuyée, ça commence tout de même à
faire long.
Persister dans l’explication confortée pendant des décennies n’est plus tenable, il faut prévoir le bug
de l’an 2000 et le dépassement calendaire de la chronologie.
Alors la gamelle passe et la nourriture change, la génération en temps voulu s’adapte aux dures
réalités existentielles.
La Tour de Garde, 1/11/1995, p. 30-31 Questions des lecteurs :
Comme nous l’avons vu aux pages 10 à 15, Jésus a condamné la génération des Juifs de
son époque, ses contemporains qui le rejetaient (Luc 9:41 ; 11:32 ; 17:25). Il a souvent
utilisé des adjectifs comme “méchante et adultère”, “sans foi et tortueuse”,
“adultère et pécheresse” pour qualifier cette génération (Matthieu 12:39 ; 17:17 ;
Marc 8:38). La dernière fois que Jésus a employé le mot “génération”, c’était sur le
mont des Oliviers, en compagnie de quatre apôtres (Marc 13:3). Ces hommes, qui
n’avaient pas encore été oints de l’esprit et qui n’appartenaient pas à une congrégation
chrétienne, ne constituaient évidemment ni une “génération” ni une race. Ils étaient
cependant habitués à l’usage que Jésus faisait du mot “génération” pour parler de ses
contemporains. Ils allaient donc très logiquement comprendre ce à quoi Jésus pensait
Via Veritas
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quand il mentionnerait “cette génération” pour la dernière fois. Par la suite, l’apôtre
Pierre, qui était présent, exhorta les Juifs en ces termes : “Sauvez-vous de cette
génération tortueuse.” — Actes 2:40.
Nous avons souvent publié des faits montrant que nombre des choses annoncées par
Jésus dans cette même déclaration (les guerres, les tremblements de terre et les famines
par exemple) se sont produites entre le moment où il avait prononcé sa prophétie et la
destruction de Jérusalem en 70. Nombre, mais pas toutes. Par exemple, il n’y a aucune
preuve qu’après les attaques de Rome contre Jérusalem (66-70) le “signe du Fils de
l’homme” soit apparu, amenant “toutes les tribus de la terre” à se frapper la poitrine
(Matthieu 24:30). Ainsi, l’accomplissement de ces paroles prophétiques entre 33 et 70
n’a dû être qu’un premier accomplissement, et non pas l’accomplissement complet, sur
une grande échelle, que Jésus a également annoncé.
Dans la préface de sa traduction en anglais de La guerre des Juifs, œuvre de Josèphe, G.
Williamson écrit : “Les disciples, nous dit Matthieu, ayant posé [à Jésus] une double
question — sur la destruction du temple et sur sa dernière venue —, il leur a donné une
double réponse ; la première partie annonçait de façon très frappante les événements qui
allaient être rapportés avec force détails par Josèphe.”
Dans le premier accomplissement, manifestement “cette génération” désigne la même
chose que les autres fois : la génération contemporaine des Juifs non croyants. Cette
“génération” ne passerait pas sans avoir vécu ce que Jésus avait annoncé. Comme le dit
Williamson, et ainsi que l’a confirmé Josèphe, historien et témoin oculaire, cette
prophétie s’est bien réalisée au cours des décennies qui ont précédé la destruction de
Jérusalem.
Dans le second accomplissement, plus grand, “cette génération” allait logiquement
désigner aussi les contemporains. Comme le montre l’article commençant à la page
16, il n’y a pas lieu de conclure que Jésus faisait référence à un nombre déterminé
d’années constituant une “génération”.
Au contraire, on peut dire deux choses essentielles à propos de n’importe quelle époque
désignée par le mot “génération” : 1) Une génération d’individus ne peut être considérée
comme une période ayant un nombre déterminé d’années, contrairement à des mots
(décennie ou siècle) qui désignent des périodes comptant un nombre d’années bien
défini. 2) Les individus d’une génération ne vivent pas durant une longue période, mais
relativement peu de temps.
Par conséquent, lorsque les apôtres ont entendu Jésus parler de “cette génération”,
qu’ont-ils pensé ? Avec le recul, nous savons que la destruction de Jérusalem lors de la
“grande tribulation” a eu lieu 37 ans plus tard, mais les apôtres qui écoutaient Jésus ne
pouvaient le savoir. En parlant d’une “génération”, Jésus leur a plutôt fait penser, non
pas à une longue période, mais aux gens vivant dans une période relativement
limitée. Il en va de même dans notre cas. Les paroles que Jésus a prononcées ensuite
sont donc très appropriées : “Quant à ce jour-là et à cette heure-là, personne ne les
connaît, ni les anges des cieux ni le Fils, mais seulement le Père. (...) C’est pourquoi
vous aussi soyez prêts, car c’est à une heure que vous ne pensez pas que le Fils de
l’homme vient.” — Matthieu 24:36, 44.
Lumière fulgurante en accord avec le temps qui passe : la génération n’est plus limitée dans le
temps, elle désigne l’ensemble de nos contemporains qui vivent les éléments du signe et ne
discernent pas leur signification.
Arrêtez donc de fixer votre œil sur le chronomètre, il ne sert plus à rien et on vous l’enlève. Treize
années plus tard, un nouvel éclair de l’esprit saint vient de remodeler la signification de la
génération.
C’est quand même beau le recyclage.
Via Veritas
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La Tour de Garde, 15/2/2008, p. 23-25 :
Par le passé, il a été expliqué dans cette revue que, au 1er siècle, " cette génération "
dont il est question en Matthieu 24:34 désignait " la génération contemporaine des
Juifs non croyants ". Cette explication semblait plausible : chaque fois que Jésus avait
fait usage du terme " génération ", il lui avait attribué une connotation négative ; et,
dans la plupart des cas, Jésus employait un adjectif négatif tel que " méchante " pour
qualifier la génération (Mat. 12:39 ; 17:17 ; Marc 8:38). Aussi estimait-on que, pour ce
qui est de l’accomplissement moderne, Jésus avait à l’esprit la " génération " méchante
de non-croyants qui verrait non seulement les signes caractérisant " l’achèvement du
système de choses " [suntéléïa), mais aussi la fin du système (télos).
II est vrai que, lorsque Jésus employait le mot " génération " dans un sens négatif, il
s’adressait directement aux gens méchants de son époque ou bien il parlait d’eux. Mais
était-ce forcément le cas en Matthieu 24:34 ? Souvenons-nous que quatre des disciples
de Jésus s’étaient avancés vers lui " en particulier ". (Mat. 24:3.) Puisque Jésus n’a pas
employé de qualificatifs négatifs quand il leur a parlé de " cette génération ", les apôtres
ont vraisemblablement compris que c’étaient eux et leurs co-disciples qui allaient faire
partie de la " génération " qui ne passerait pas avant " que toutes ces choses n’arrivent ".
Qu’est-ce qui nous autorise à tirer cette conclusion ? Un examen attentif du contexte. En
Matthieu 24:32, 33, Jésus dit : " Or, apprenez ceci du figuier pris comme exemple : Dès
que sa jeune branche devient tendre et qu’elle pousse des feuilles, vous savez que l’été
est proche. De même vous aussi, quand vous verrez toutes ces choses, sachez qu’il est
proche, aux portes. " (Cf. Marc 13:28-30 ; Luc 21:30-32.) Puis, en Matthieu 24:34, il
ajoute : " Vraiment, je vous le dis : Non, cette génération ne passera pas que toutes ces
choses n’arrivent. "
Jésus disait que ce seraient ses disciples, bientôt oints d’esprit saint, qui allaient
être en mesure de tirer certaines conclusions lorsqu’ils verraient " toutes ces choses
" arriver. C’est donc à ses disciples que Jésus devait penser lorsqu’il a dit : " Non, cette
génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent. "
(...)
Ceux à qui manque la compréhension spirituelle estiment que rien n’atteste " ostensiblement " la présence de Jésus aujourd’hui. Pour eux, tout demeure comme par le
passé (2 Pierre 3 : 4). De leur côté, les fidèles frères oints du Christ, la classe
moderne de Jean, ont reconnu le signe aussi nettement que s’il brillait comme
l’éclair, et ils en comprennent le sens véritable. En tant que classe, ces oints
constituent la " génération " moderne de contemporains qui ne passera pas avant
" que ces choses n’arrivent ". Cela laisse entendre que certains des frères oints du
Christ seront encore sur la terre lorsque la grande tribulation annoncée commencera.
(...)
Donc, lorsque le terme " génération " est employé pour désigner des gens vivant à une
période donnée, la longueur exacte de cette période ne peut être déterminée.
Toutefois, cette période a bien une fin et ne peut pas être excessivement longue. Par
conséquent, en utilisant le terme " cette génération ", comme le rapporte Matthieu
24:34, Jésus n’a pas fourni à ses disciples une formule qui leur permettrait de calculer
quand " les derniers jours " prendraient fin. Au contraire, il a précisé qu’ils ne
connaîtraient pas " ce jour-là et [...] cette heure-là ". - 2 Tim. 3:1 ; Mat. 24:36.
Extraordinaire n’est-ce pas ? Il y a treize ans la génération désignait l’ensemble des gens mauvais
de l’époque, maintenant elle désigne une poignée de justes clairvoyants. Clairvoyants, mon œil.
Désorientés et changeants au gré des circonstances extérieures c’est certain.
Via Veritas
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Prenez, Témoins de Jéhovah fidèles, une bonne louche de votre ration au temps voulu.
Ne vous inquiétez pas, à la prochaine nécessité, une nouvelle lumière, toute neuve, viendra vous
éclairer.
Une fois encore ce sera la génération en temps voulu.
Merci qui ?
Nous vivons les derniers jours - 2 Timothée 3:1-5
Par Lucretius
Si un TJ vous dit : Ne voyez-vous pas que nous vivons les derniers jours ? — 2 Timothée 3:1-5
Un grand classique du genre dans la collection « Entrées en matière » est, tel qu’apparaissant à
l’entrée Actualité du livre Comment raisonner à partir des Ecritures p.9 :
‘Bonjour Monsieur (ou Madame). Je m’appelle —. Je suis un de vos voisins puisque
j’habite (donnez le nom de votre rue et de votre quartier). Peut-être avez-vous regardé
les informations à la télévision hier soir ? ... Il y a eu (mentionnez un événement qui
inquiète les gens). Qu’en pensez-vous ? ... On entend souvent cette question : “Mais où
va le monde ?” En tant que Témoins de Jéhovah, nous croyons que nous vivons ce que
les Écritures appellent les “derniers jours”. Voyez la description détaillée qui nous en est
faite en II Timothée 3:1-5.’
2 Timothée 3:1-5 Mais sache ceci : que dans les derniers jours des temps critiques,
difficiles à supporter, seront là. 2 Car les hommes seront amis d’eux-mêmes, amis de
l’argent, arrogants, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissants à l’égard de [leurs]
parents, ingrats, sans fidélité, 3 sans affection naturelle, sans esprit d’entente,
calomniateurs, sans maîtrise de soi, cruels, sans amour du bien, 4 traîtres, entêtés,
gonflés [d’orgueil], amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu, 5 ayant une forme
d’attachement à Dieu, mais trahissant sa puissance ; et de ceux-là détourne-toi.
Comment répondre ?
Voici une synthèse des réponses apportées sur le forum Unelueur.org :
Notre vision de la réalité est faussée et imparfaite :
• Les médias amplifient les malheurs.
« Les médias, comme on le sait, s’intéressent surtout aux trains qui déraillent et jamais à
ceux qui sont à l’heure ; ils insistent sur les naufrages et négligent les navires qui
parviennent à bon port. » (Jean-Claude GUILLEBAUD, essayiste, éditeur et journaliste)
(cité par Coc)
Le texte intégral — beau texte ! — sources : Reporters d’espoir :
Via Veritas
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La face cachée du réel
Par vocation, le journalisme raconte jour après jour — et tente de comprendre — les
tragédies du monde. Une logique naturelle l’incline à réserver toute son attention aux
désastres qui habitent le monde : guerres, famines, querelles, séismes, épidémies... Cette
logique fait naturellement de chaque reporter un ardent préposé aux catastrophes. Les
médias, comme on le sait, s’intéressent surtout aux trains qui déraillent et jamais à ceux
qui sont à l’heure ; ils insistent sur les naufrages et négligent les navires qui parviennent
à bon port. Cette préférence est intrinsèque au journalisme lui-même. Les journaux
sont-ils là pour s’attarder sur le « non-événement » ?
« D’innombrables bonnes nouvelles ne sont (presque) jamais rapportées ni, a fortiori,
mises en valeur... » Ainsi le journalisme se condamne-t-il quotidiennement à une forme
d’hémiplégie. Il privilégie une seule dimension du réel, la moins glorieuse. Par
définition, le discours médiatique est un discours attristé, voire alarmé. Il s’habille en
noir. Or, la réalité, nous le savons, n’est jamais aussi sombre. Elle est faite d’ombres et
de lumières. Elle mêle le pire au meilleur. Partout. Toujours. À n’insister que sur les
ombres, on pêche — et on ment — par omission. En toute bonne foi. Vieille question !
Cette insuffisance, en effet, n’est pas facile à corriger.
Qui veut faire profession d’optimisme délibéré frôle le ridicule. En produisant un récit
édifiant, moralisateur ou lénifiant, il ne fait qu’opposer à une erreur une image inversée
de celle-ci ; il substitue à une omission une autre sorte d’oubli. Ce n’est pas ce
moralisme-là, mais pas du tout, qu’entend promouvoir l’association Positive Network à
travers le prix Reporters d’espoirs. Pour Laurent de Cherisey, Christian de Boisredon et
Béatrice Leproux-Gillet, ses fondateurs, il ne s’agit pas d’encourager la « gentillesse »
et moins encore je ne sais quelle niaiserie réconfortante. Plus sérieusement, il s’agit
d’encourager les reporters et à travers eux la profession, à s’intéresser — mais
intrépidement — à l’autre dimension du réel : initiatives, victoires sur la fatalité,
engagements têtus, progrès trop ignorés, démarches de paix, réconciliations durables,
prouesses de toutes sortes... D’innombrables bonnes nouvelles ne sont (presque) jamais
rapportées ni, a fortiori, mises en valeur. C’est ce « trou », c’est ce « manque » qui vaut
d’être comblé. C’est cette « face cachée du réel » qui mérite d’être explorée. On
voudrait en somme que soit un peu moins ignoré tout ce qui, mine de rien, permet aux
sociétés humaines de tenir encore debout.
Nous vivons dans l’instantanéité des nouvelles ; nous recevons en quelques minutes des
informations chargées émotionnellement. Dans le passé nombre de ces nouvelles n’auraient même
pas passées les frontières d’un pays. Nous n’avons pas l'œil et le recul de l’historien qui mettrait en
perspective toutes ces données.
• La tentation est grande d’occulter les évolutions positives : améliorations de la durée et de la
qualité de la vie, progrès médicaux incontestables (merci Coc).
Citation de Wikipedia sur l’espérance de vie :
De 1900 à 2000 l’espérance de vie en France (moyenne homme et femmes) est passée
de 40 à 78 ans. La durée de vie moyenne a presque doublé en un siècle seulement. Cette
avancée extraordinaire a été le résultat de nombreux progrès :
· médecine : prise en charge de la grossesse et des nourrissons, asepsie, antibiotiques,
vaccinations, chirurgie...
· politique de santé publique : lutte contre les risques alimentaires, politique de sécurité
des transports, normes de sécurité dans les entreprises et les bâtiments, campagnes
Via Veritas
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contre le tabac et l’alcool...
· technique : conservation des aliments par le froid, baisse du prix du chauffage et de
l’énergie, matériels de sécurité incendie ou autre
· hausse du niveau de vie, réduction de l’extrême pauvreté et des carences alimentaires
graves associées à cette situation, accessibilité à la majorité d’un confort autrefois
réservé à une élite (eau courante, électricité, chauffage, accès au logement ...)
Remarque appropriée de Victoire sur le forum :
A tous ceux qui disent qu’avant 1914 c’était beaucoup mieux, on pourrait leur demander
de choisir une époque où ils aimeraient vivre, puis ensuite de faire quelques recherches
sur cette époque. Inévitablement on va trouver des conditions de vie bien plus difficiles
que ce soit au niveau du travail, de la santé, du logement, de la liberté d’expression
(surtout si on est une femme), de l’égalité entre les humains (esclavage, castes, classes
sociales, etc..), de la connaissance (écoles et instruction limitées), du confort, des loisirs
(qui étaient inexistants), du pouvoir politique en place souvent totalitaire, sans parler
des guerres et des diverses épidémies.....
Assurément, le monde d’aujourd’hui est-il plus cruel ou inhumain ?
Lorsque des catastrophes se produisent et que l’on constate un élan mondial de solidarité, est-ce une
preuve de la décadence de l’amour (charité) ou la progression de la dureté de coeur ?
• Le sentiment que le passé était meilleur que le présent, que la nature humaine se dégrade
n’est pas nouveau, et ne saurait constituer une preuve objective.
Des auteurs de l’antiquité ont exprimé leur sentiment personnel :
Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus
compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent
les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent
plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là en toute beauté et
en toute jeunesse le début de la tyrannie.
— Platon, 428-347 av. J.-C. (cité par Coc)
A la même époque que Paul (65 de n.e.), le romain Sénèque prenait un recul nécessaire par rapport
aux plaintes de ses contemporains.
Nos ancêtres, se sont plaints, nous nous plaignons et nos descendants se plaindront un
jour de la décadence des mœurs, de ce que le mal pénètre partout, les hommes
s’enfoncent de plus en plus dans le péché et leur condition empire. En réalité cependant
la situation ne change pas, mais elle reste et restera la même, à quelques légères
variations près, dans un sens ou dans l’autre, comme les eaux portées ou retenues à des
limites plus ou moins rapprochées du rivage, par le flux et le reflux, dans le mouvement
des marées. Les vices ne sont pas le propre des temps, mais le propre des hommes.
Jamais aucun âge n’a été exempt de péché.
— Sénèque, De Beneficiis, I, 10 ; Lettres, 97.
Quant à l’appropriation des propos de Paul pour en faire une application visionnaire, en voici un
exemple qui manifeste bien la fragilité de l’argument.
Nous le devons à St Cyprien25.
25 Cyprien (saint) (Thascius Cæcilius Cyprianus) (Carthage, déb. IIIe s. id., 258), Père de l’Église, évêque de Carthage (249) : De
l’unité de l’Église. Martyr, il mourut décapité.
Via Veritas
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Extrait de : De l’unité de l’Eglise
Le Seigneur établit en deux mots, dans l’Évangile, les fondements de notre espérance et
de notre foi : Votre Dieu, dit-il, est un Dieu unique. Vous aimerez le Seigneur votre Dieu
de tout votre cœur, de tout votre esprit et de toutes vos forces c’est là le premier
commandement. Le second commandement est semblable au premier : Vous aimerez
votre prochain comme vous-même. Dans ces deux commandements se trouvent toute la
loi et les prophètes (Marc, XII). En renfermant dans deux préceptes les prophètes et la
loi, le Seigneur nous recommande l’unité et la charité. L’unité et la charité ! ils s’en
occupent bien ces fauteurs de discordes qui. emportés par une haine aveugle, scindent
l’Église, détruisent la foi, troublent la paix, ruinent la charité, profanent nos mystères.
Ce fléau, mes frères bien-aimés, a commencé depuis longtemps ; mais, de nos jours, ses
ravages deviennent plus affreux. Les hérésies et les schismes, en se multipliant,
répandent davantage leurs poisons. N’en soyons pas étonnés ; il doit en être ainsi au
déclin du monde ; l’Esprit-Saint, par la bouche de l’apôtre, l’a prédit : Aux
derniers jours, viendront des temps difficiles. On verra paraître des hommes pleins
de confiance en eux-mêmes, superbes, vaniteux, avares, blasphémateurs,
désobéissants, ingrats, impies, sans affection, sans bonne foi, délateurs, débauchés,
cruels, ennemis de tout bien, traîtres, insolents, enflés d’orgueil, préférant leurs
passions à Dieu, altérant les dogmes de la religion et ne croyant pas à son origine et
à sa vertu divine. Ces hommes se glissent dans les maisons ; ils séduisent des femmes
faibles et chargées de fautes qui se laissent conduire par de vains désirs. Ils cherchent
sans cesse à apprendre et n’arrivent jamais à la science de la vérité. Autrefois Jamnès et
Mambrès résistèrent à Moïse : eux de même résistent à la vérité, égarés qu’ils sont par
leur corruption et leurs erreurs. Mais leur succès sera de courte durée ; bientôt leur
perversité sera découverte, comme celle des ennemis de Moïse (II Thess., III).
Toutes ces prophéties s’accomplissent, et comme la fin du monde approche, ces
hommes paraissent pour nous éprouver. Grâce à la fureur du démon, toutes les
passions s’agitent à la fois : l’erreur séduit les âmes déjà. égarées par l’orgueil, la
jalousie les enflamme, la cupidité les aveugle, l’impiété les déprave, la vanité les
enfle, la discorde les exaspère, la colère les précipite à leur ruine. Ne nous laissons
pas troubler ou émouvoir par l’excessive perfidie d’un si grand nombre ; mais
plutôt, puisque la chose est prédite, servons-nous-en pour fortifier notre foi. La
conduite des hérétiques est conforme à la prédiction. Donc, mes frères, appuyés sur
la prophétie, tenez-vous en garde contre eux, car le Seigneur a dit : Méfiez-vous ; (135)
je vous ai tout annoncé d’avance. Évitez ces hommes, je vous en supplie, repoussez
leurs paroles perverses comme une contagion mortelle, selon cette parole des Livres
saints : Fermez rigoureusement vos oreilles et n’écoutez pas les méchants ; et ailleurs :
Les mauvais propos corrompent les bonnes mœurs.
En toute bonne foi un tel homme pensait la fin du monde prochaine, la prophétie de Paul est, de fait,
trompeuse et inapplicable.
La prophétie citée est contredite par l’observation et l’Histoire, elle ne peut convaincre que les gens
convaincus.
Via Veritas
93
Nous vivons les derniers jours - Mat 24:3-7
Par Lucretius
Si un Témoin de Jéhovah vous dit : nous vivons les derniers jours - Mat 24:3-7
Grand classique parmi les entrées en matière des Témoins de Jéhovah :
Bonjour Monsieur (ou Madame). Comment allez-vous ? ... Nous nous efforçons de
partager avec nos voisins un point de vue positif sur l’avenir. Essayez-vous vous aussi
de voir la vie avec optimisme ? ... Ne pensez-vous pas que c’est difficile en raison de la
situation ? ... Les Saintes Écritures m’ont beaucoup aidé sous ce rapport. Elles décrivent
les conditions actuelles avec réalisme, mais elles en donnent aussi la signification et
montrent où nous allons. Notez la description qui est faite par Jésus de notre époque
particulière.
The Fourth Horsie of the Apocalypse
1986 - 83.5 x 68
crayon sur papier
Voir le site de Laurie Lipton
(Matthieu 24:3-7) 3 Tandis qu’il était
assis sur le mont des Oliviers, les
disciples s’avancèrent vers lui en
particulier et dirent : “ Dis-nous : Quand
ces choses auront-elles lieu, et quel sera
le signe de ta présence et de
l’achèvement du système de choses ? ” 4
En réponse Jésus leur dit : “ Prenez garde que personne ne vous égare ; 5 car
beaucoup viendront à cause de mon nom, en disant : ‘ Je suis le Christ ’, et ils en
égareront beaucoup. 6 Vous allez entendre parler de guerres et de nouvelles de
guerres ; veillez à ne pas être terrifiés. Car il faut que ces choses arrivent, mais ce n’est
pas encore la fin. 7 “ Car nation se lèvera contre nation et royaume contre royaume, et
il y aura des disettes et des tremblements de terre dans un lieu après l’autre.
Ne croyez-vous pas que notre époque est marquée ?
Voici la synthèse des réponses apportées par la réflexion menée sur le forum Une Lueur à ce sujet.
Des guerres mondiales ?
Coc26 nous a rappelé un article puissant :
Article publié le 19 Octobre 2005
Par Philippe Bolopion
Source : www.humansecurityreport.info
26 Fidèle intervenante sur le forum Une Lueur.
Via Veritas
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A contre-courant des idées reçues, un rapport du Human Security Center révèle une
réduction drastique du nombre de guerres, de génocides et de violations des droits de
l’homme au cours des douze dernières années. Selon l’étude "Guerre et paix au XXIe
siècle", le nombre de conflits armés a été réduit de 40 % depuis 1992. Malgré la Bosnie
et le Rwanda, le nombre de génocides et autres massacres d’ampleur a, lui, chuté de 80
% depuis la fin de la guerre froide. Cette tendance forte, décrite en préambule du
rapport par l’archevêque Desmond Tutu comme un "rare message d’espoir" , renverse
un demi-siècle d’augmentation du nombre des conflits armés et de leur cortège de
violence, dans le sillage de la seconde guerre mondiale. Pourquoi cette évolution passet-elle inaperçue ? "Les médias rapportent les événements sanglants, mais les guerres qui
s’achèvent ne font pas la "une"" , explique Andrew Mack, le directeur du Human
Security Center. Depuis 1988, une centaine de conflits ont pris fin. Presque partout, les
violations graves des droits de l’homme seraient en recul. Au cours des dix dernières
années, le nombre de réfugiés aurait chuté de 30 %. Les tentatives de coups d’Etat se
raréfient aussi, avec 25 en 1963 contre 10 en 2004, qui ont toutes échoué.
INSTITUTIONS INSTABLES
Moins nombreuses, les guerres sont aussi moins meurtrières. En 1950, une guerre faisait
en moyenne 38 000 morts, contre 600 morts en 2002. Les conflits opposent désormais
rarement de lourdes armées sur un champ de bataille. Le plus souvent, "des forces
gouvernementales faibles" font face à de "petites forces rebelles mal entraînées" . Il peut
aussi s’agir d’opérations comme au Kosovo, où le déséquilibre des forces et l’utilisation
de munitions précises assurent une victoire rapide et peu coûteuse en vies. A ce titre, la
guerre en cours en Irak est, selon le rapport, "une exception" , car "des dizaines de
milliers de personnes ont été tuées".
Cette fois encore la perception que nous avons de la réalité au plan mondial est faussée.
Le monde vit en paix depuis plus de 60 ans, la plus longue période de paix mondiale depuis des
siècles.
La période depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale est le plus long intervalle de
paix ininterrompu entre les grandes puissances depuis des siècles.
— John Mueller, Retreat from Doomsday : The Obsolescence of Major War (New
York : Basic Books, 1989). Cité par le même rapport.
Quel est ce raccourci de pensée qui permet de conclure qu’il s’agirait d’une guerre mondiale ?
Pour un juif du 1er siècle, quelques nations qui s’empoignent autour de lui dans son petit monde,
c’est nation contre nation et royaume contre royaume.
L’extrapolation mondiale est une interprétation, car le texte ne dit pas que la prise de bec serait
mondiale.
Objection TJ
Ô mais si, voyez là c’est écrit en Révélation. C’est un des Cavaliers de l’Apocalypse.
Révélation 6:3-4
3
Et quand il a ouvert le deuxième sceau, j’ai entendu la deuxième créature vivante
dire : “ Viens ! ” 4 Et un autre est sorti, un cheval couleur de feu ; et à celui qui était
assis dessus on a accordé d’ôter la paix de la terre pour qu’ils se tuent les uns les autres ;
et on lui a donné une grande épée.
Via Veritas
95
Pour « ôter la paix de la terre », André Chouraqui rend le texte ainsi : « prendre la paix hors de la
terre ».
L’idée maîtresse est la même, avec le début de la chevauchée il ne reste plus de paix sur la terre.
Or, nos propos précédents ont montré le contraire. Le verset n’est pas applicable.
Mais alors comment comprendre l’avertissement ?
En suivant la leçon donnée par des biblistes que citent quand ça l’arrange la WT. A savoir Barnes et
Clarke (19ème siècle).
Commentaire de Barnes (1798-1870 - traduit de l’anglais) :
A Césarée, les Juifs et les Syriens se disputèrent le contrôle de la cité, et 20 000 d’entre
les Juifs furent abattus. A cet affront, la nation toute entière des Juifs fut hors d’elle et
amena guerres et désolation à travers les villes et villages syriens.
La sédition et la guerre civile se répandirent à travers toute la Judée ; l’Italie aussi se
lança dans la guerre civile par la compétition entre Otho et Vitellius pour la couronne.
Clarke (1715-1832) est plus verbeux, mais reprend la même idée (également traduit de l’anglais) :
Nation contre nation Cela portait sur les dissensions, insurrections et massacres mutuels
des Juifs et de ceux des autres nations qui vivaient ensemble dans les mêmes cités ; et
particulièrement à Césarée où Juifs et Syriens se disputaient le contrôle de la cité, ce qui
se conclut par l’expulsion totale des Juifs et la mort de plus de 20 000 hommes.
La nation juive excédée, prit les armes et pilla et brûla les villes et villages syriens
d’alentour, perpétrant un immense massacre.
Les Syriens en représailles mirent à mort un nombre non moins grand de Juifs.
A Scythopolis, ils abattirent 13 000 hommes. A Ascalon, ils en tuèrent 2 500. A
Ptolemais ils en abattirent 2 000, et firent de nombreux prisonniers.
Les Tyriens également mirent de nombreux Juifs à mort, et en emprisonnèrent
beaucoup. Le peuple de Gadara agit pareillement, ainsi que toutes les autres cités de
Syrie, car ils haïssaient et craignaient les Juifs.
A Alexandrie, Juifs et non-juifs combattirent, et 50 000 Juifs périrent.
Le peuple de Damas conspira contre les Juifs de la cité et les attaquèrent, désarmés,
tuant 10 000 d’entre eux. Royaume contre royaume
Ceci portait sur les guerres ouvertes que se livraient les différentes tétrarchies et
provinces.
1. Celle concernant Juifs et Galiléens contre les Samaritains, pour le meutre de quelques
Galiléens qui s’étaient rendus à la fête à Jérusalem, alors que Cumanus était Procureur.
2. Celle de la nation complète des juifs contre les Romains et Agrippa, et d’autres alliés
de l’Empire Romain ; cette guerre commença quand Gessius Florus était procureur.
3. Celle de la guerre civile d’Italie, alors qu’Otto et Vitellius se disputaient le trône.
Il est digne de remarque, que les Juifs disaient eux-mêmes : « Au temps du Messie, les
guerres déchireront le monde ; nation se dresserait contre nation, et cité contre cité »
(Sohar Kadash).
Et encore, Rabbin Eleasar, fils d’Abina, disait : « Quand royaume se dresserait contre
royaume, alors serait attendue l’apparition immédiate du Messie. » (Bereshit Rabba
sect. 42)
Comment peut-on comprendre un verset sans connaître un tant soit peu le contexte historique et
idéologique du moment ? Les évangélistes n’ont rien inventé.
Des disettes ... dans un lieu après l’autre
Via Veritas
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Là encore qu’est-ce que ça veut dire ?
Si l’expression est proprement distributive, alors on devrait s’attendre à constater des famines ...
dans un lieu après l’autre.
Or, ce n’est pas le cas.
disette : en grec limos - famine, rareté de moisson
Attention cependant à la différence entre la famine et la malnutrition.
Bien qu’elles affectent toutes deux en premier lieu ceux qu’on appelle « les groupes à risque de la
faim », enfants de moins de cinq ans, femmes enceintes et allaitant, personnes âgées ou malades, il
ne faut pas mettre sur le même plan famine et malnutrition : elles n’ont ni les mêmes causes, ni les
mêmes conséquences, ni la même gravité.
La famine, c’est la faim aiguë, la rupture absolue de nourriture pour des populations entières
entraînant à brève échéance la mort si rien n’est fait pour les secourir. Elle frappe des peuples dont
le seul tort est de se trouver pris dans des conflits où la faim est de plus en plus utilisée comme une
arme. Somalie, Ethiopie, Libéria, Sierra-Leone, Mozambique, Angola, Sud-Soudan, région des
Grands Lacs,... toutes les famines des dix dernières années ont été la conséquence de conflits
meurtriers, engendrant des milliers de personnes réfugiées ou déplacées, premières victimes de la
faim.
La malnutrition, c’est la « faim silencieuse ». On peut être mal nourri sans ressentir la sensation de
faim. La ration alimentaire est déséquilibrée en quantité et en qualité et empêche une pleine activité.
Tout en ayant de quoi manger, des millions d’êtres humains qui souffrent de malnutrition sont
privés de certaines vitamines et manquent de substances indispensables à leur développement.
Si la malnutrition est un phénomène très répandu dans le Tiers Monde, elle n’a pas de conséquences
aussi dramatiques que les famines.
Les famines sont la plupart du temps liées aux guerres civiles qui privent les pays des ressources et
des bras pour les générer ou aux techniques agricoles inadaptées et improductives.
Elles ne sont donc pas dans un lieu après l’autre. Même si nous pouvons en tant que citoyens du
monde en déplorer l’existence.
Une réappropriation historique des famines nous permet de mieux en comprendre la fréquence au
cours de l’Histoire ;
Les grandes famines | cité par Coc
Dans l’antiquité en Égypte les famines sont principalement provoquées par la trop faible
ou forte crue du Nil.
Les famines au Moyen Âge : La famine intervient lorsque les récoltes sont mauvaises,
en particulier pendant la soudure. Le facteur météorologique est aggravé par la guerre et
le passage dévastateur des soldats dans les champs (guerre de Cent Ans). Les pauvres
sont toujours les plus touchés. Les villes organisent le ravitaillement en blé, venu
parfois de loin et à fort coût. La famine rend les corps plus faibles face aux épidémies.
Le lettré Raoul Glaber nous laisse un témoignage écrit de la famine qui a sévit en
Bourgogne vers 1033.
Famines dans le nord de la France :
1315-1317
1438-1439
1693-1694
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Famines dans le Sud de la France :
1339-1341
1343-1346
1374-1375
1430-1433
1456-1458
1480-1483
1693-1694
La famine irlandaise de la pomme de terre du milieu du XIXe siècle fit entre 750 000 et
un million de morts et poussa deux millions d’Irlandais à émigrer en Grande-Bretagne
et aux États-Unis.
Maladie et mort au Moyen-Age | cité par Coc :
Au Moyen Âge, la mort fait partie de la vie quotidienne.
La médecine, alors rudimentaire, ne permet pas d’espérance de vie au-delà de trente ans
en moyenne. Dans les classes pauvres, la malnutrition permanente se transforme en
famine chronique qui fauche rapidement les plus faibles.
Quant aux épidémies, elles se répandent à une vitesse effrayante dans les logis
surpeuplés et insalubres des villes. La plus terrible fut la Grande Peste. Véhiculée
depuis l’Asie par les rats des navires qui contaminèrent les marins, elle atteignit
l’Europe entre 1347 et 1348 et emporta un tiers de la population. De gros boutons noirs
et bleus appelés bubons apparaissaient sur le corps du malade et la mort était inévitable,
faute de remède à ce fléau.
Revenons à une lecture plus proche de l’époque présumée de Jésus et découvrons les commentaires
des biblistes Barnes et Clarke qui nous livrent le contexte de la rédaction du texte originel.
Albert Barnes, (Notes on the Bible) avance :
Et il y aura des famines.
Il y eut une famine prédite par Agabus (Ac 11:28) qui est mentionnée par Tacite,
Suétone, et Eusèbe, qui fut si sévère à Jérusalem, que Flavius Josèphe dit qu’un grand
nombre de gens périrent par manque de nourriture (Antiq. XX 227). Quatre fois durant le
règne de Claudius (41-54) la famine fit des ravages à Rome, en Palestine et en Grèce.
Pour un observateur qui voit le monde antique et civilisé en proie à la famine, c’est la famine dans
un lieu après l’autre.
Adam Clarke’s Commentary on the Bible nous livre le même commentaire.
Matthieu n’évoque pas les pestes, Luc le fait (certains diront peut-être parce qu’il était médecin).
Luc 21:10-11 10 Alors il leur dit : “ Nation se lèvera contre nation et royaume contre
royaume ; 11 et il y aura de grands tremblements de terre et, dans un lieu après l’autre,
27 Son arrivée fut tort profitable aux Hiérosolymitains, car à ce moment la famine pressait la ville et beaucoup de gens périssaient
par manque de ressources. La reine Hélène envoya des serviteurs les uns à Alexandrie pour acheter du blé pour une grosse somme
d’argent, les autres à Chypre pour en ramener un chargement de figues. Ils revinrent au plus vite et elle distribua aux indigents cette
nourriture, laissant par ce bienfait un souvenir éternel dans tout notre peuple. Son fils Izatès, dès qu’il apprit cette famine, envoya
beaucoup d’argent aux premiers des Hiérosolymitains.(Antiquités judaïques, XX, 2 : 5).
C’est sous ce dernier qu’arriva en Judée la grande disette où la reine Hélène acheta à grand prix de blé en Égypte pour le répartir
aux indigents, ainsi que je l’ai dit plus haut. (Antiquités judaïques, XX, 5 : 2).
Via Veritas
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des pestes et des disettes ; et il y aura des spectacles effrayants et, du ciel, de grands
signes.
Dans un lieu après l’autre des pestes...
Là encore parole à l’Histoire :
Le moyen-âge : les épidémies et les pestes
La première grande manifestation de la peste date du milieu du VIe siècle : cette peste,
dite de Justinien vint désoler le monde connu de 531 à 580. Partie de Péluse, elle gagna
Alexandrie, le Nord de l’Afrique, la Palestine, la Syrie, Constantinople, l’Italie, la
Gaule, la Germanie. En résumé, dans la deuxième moitié du VIe siècle, elle avait
parcouru le monde occidental. Dans certaines parties de l’Europe, la dépopulation fut
telle que des villes importantes devinrent des déserts. Une autre peste sous Constantin
Copronyme fut beaucoup moins désastreuse et ne dura que vingt ans. Entre le VIIe et le
XIVe siècle apparurent plusieurs épidémies de peste relativement bénignes. Puis vint la
grande peste du XIVe siècle, la peste noire, la mort dense, qui vint du fond de l’Asie, de
la Chine, dit-on, où il mourut 13 millions de personnes ! Après avoir parcouru l’Asie
Mineure, l’Arabie, l’Afrique, l’Égypte, elle passa en Grèce, en Italie, en Sicile, en
France, puis en Espagne, en Angleterre, en Norvège, etc. Les pays les plus éprouvés par
la peste noire perdirent au delà du tiers de leurs habitants : Bagdad aurait perdu 500 000
individus en trois mois, le Caire 10 00 habitants en un seul jour ; Chypre fut dépeuplée.
Cette grande irruption s’accomplit entre 1346 et 1353 ; l’Europe perdit, semble-t-il, 24
millions d’humains, le quart de sa population probable et l’Asie plausiblement bien
davantage. La mortalité fut donc énorme ; et d’autant plus que les maladies ne tardent
pas à frapper des organismes affaiblis. Comme le remarque un historien lorrain en 1503,
la « famine estrange » est toujours la compagne de « grande pestilence, car l’une est
comme le levain de l’autre ». Ces épidémies, mal soignées, trouvant un terrain favorable
à leur évolution, s’étendent, se multiplient nécessairement. En effet, partout des marais
stagnants ; des cités et des châteaux entourés de hautes murailles, bordées de fossés
profonds aux eaux croupissantes. A l’intérieur, rues étroites, maisons basses, malsaines ;
cimetières près des lieux habités ; inhumations faites sans souci de l’hygiène, sous les
dalles des églises ; populations entassées surtout en temps de guerre.
Outre la mortalité effrayante, ces épidémies eurent une influence énorme sur la société,
et sur les moeurs.(...)
Le fléau des fléaux
La liste des épidémies au Moyen âge est impressionnante. L’Angleterre paye son tribut ;
on cite les pestes de 1198, 1315 ; 1366, 1407. Les armées ne restent pas indemnes. La
dysenterie épidémique décime les Croisés assiégeant Antioche (1098) ; des affections
contagieuses atteignent les troupes de Frédéric Barberousse, marchant sur Rome (1167).
La peste disperse les soldats de Henri VI devant Naples (1193) et ceux de Beaudourn en
Syrie (1202). Le scorbut exerce d’affreux ravages au siège de Damiette (1218). Trois
fois saint Louis (Louis IX) ne peut empêcher la contagion d’attaquer ses compagnons
d’armes : lorsqu’il marche contre Henri III d’Angleterre (1242-1243), en Égypte (1250),
près de Tunis (1270) ; il succombe alors lui-même. En Italie, les troupes du duc d’Anjou
(1384), de Charles VIII (1496) éprouvent de ce fait de grandes pertes. De 1400 à 1510,
Raguse se voit envahie onze fois par le fléau apporté avec les ballots de marchandise
venant de l’Égypte, de l’Asie mineure, de la Sicile. La peste visite Florence dix-sept fois
de 1315 à 1495. On compte à Nîmes trente et une épidémies de 1348 à 1649. Le
Via Veritas
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Bourgeois de Paris dont le journal s’étend de 1405 à 1449 parle dix fois au moins de :
« très grant mortalité » ; de bote (petite vérole), d’espydimie, de toux. Les parties de
l’Europe atteintes le plus gravement auront été la Germanie, la France méridionale,
l’Italie et surtout les villes qui font un commerce régulier avec l’Orient : Marseille,
Venise, Rome, etc.
On le voit, toutes ces maladies épidémiques, contagieuses et infectieuses ne
correspondent pas toujours à la peste proprement dite. A côté des pestes à bubons, il y a
les fièvres catarrhales, les fièvres miliaires, le typhus, les dysenteries, le scorbut, et il
faudrait aussi y ajouter les fréquentes épizooties, qui, au total, aboutissent au même
résultat : dépeupler le pays.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et on imagine mal l’ambiance macabre qui devait régner à cette
époque. Pas une famille européenne n’a dû être épargnée. Tous les rapports sociaux ont été
modifiés : la main d'œuvre était devenue si rare que les propriétaires fonciers pleuraient pour avoir
des manouvriers qui travaillent leur terre. D’exploités, ils devenaient citoyens.
Certains TJ s'appuieront certainement sur les craintes d’épidémie qui sont relayées par l’OMS et les
médias.
Pourtant, c’est un progrès spectaculaire que de pouvoir anticiper et se préparer à une grippe
moderne.
Songeons bien que la prophylaxie n’était pas connue au 14ème siècle et que c’est l’ignorance qui a
dévasté le monde, un monde bien plus clos et hermétique que celui d’aujourd’hui.
Bien sûr, personne ne peut dire si une grande épidémie dévastera le monde, mais c’est dans l’ordre
des choses.
Nous sommes environnés par les virus, et les virus sont les formes simples qui ont été les
duplicateurs générateurs de la vie. Le même mécanisme qui a amené la vie continuera à la travailler
et la modifier.
Retour sur les exégètes bibliques des siècles passés.
Albert Barnes :
Des pestes
Des épidémies ravageuses ; la plaie qui efface des multitudes de gens d’un seul coup.
C’est communément le symptôme concomittant de la famine et souvent produit par elle.
Une peste est rapportée comme ayant ravagée la Babylonie en 40 de n.e. (Flavius
Josèphe, Antiq. xviii. 9 . 8.) ; en Italie en 66 de n.e. (Tacite 16. 1328).
Les deux événements prirent place avant la destruction de Jérusalem.
John Gill (1690-1771) Exposition of the Entire Bible fait un parallèle intéressant avec un livre
apocryphe du 1er siècle appelé 2Ezra ou 4Ezra dont la formulation est très proche des évangiles, ce
qui est la preuve que l’appropriation prophétique des événements entourant la prise de Jérusalem
était concurrentielle.
28 « Cette année souillée de tant de forfaits, les dieux la signalèrent encore par les tempêtes et les épidémies. La Campanie fut
ravagée par un ouragan qui emporta métairies, arbres, moissons. Ce fléau promena sa violence jusqu’aux portes de Rome,
tandis qu’au-dedans une affreuse contagion étendait ses ravages sur tout ce qui respire. On ne voyait aucun signe de corruption
dans l’air, et cependant les maisons se remplissaient de cadavres, les rues de funérailles : ni sexe, ni âge n’échappait au péril ; la
multitude, esclave ou libre, était moissonnée avec une égale rapidité ; ils expiraient au milieu des lamentations de leurs femmes
et de leurs enfants, qui, frappés à leur chevet, atteints en pleurant leur trépas, étaient souvent brûlés sur le même bûcher. Les
morts des chevaliers et des sénateurs, quoique aussi nombreuses, étaient moins déplorables : la mortalité commune semblait les
dérober à la cruauté du prince. » (Tacite, Annales, 16 : 13)
Via Veritas
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Et l’un entreprendra de se battre contre un autre, une cité contre une autre, un lieu contre
un autre, un peuple contre un autre, un royaume contre un autre.(2 Esdras 13:31)
Le commencement des chagrins et des grandes afflictions ; le commencement de la
famine et de la grande mort ; le commencement des guerres, et les puissances doivent se
tenir dans la crainte ; le commencement de tous les maux ! Et que ferai-je quand tous
ces maux viendront ? (2 Esdras 16:18)
Et ensuite, il y aura aussi des tremblements de terre et des révoltes populaires dans le
monde. (2 Esdras 9:3)
Des tremblements de terre dans un lieu après l’autre...
Voici l’affirmation de la WT dans le livre Comment raisonner à partir des Ecritures (p. 91) :
A-t-on recensé un nombre considérable de forts séismes depuis 1914 ? Grâce aux
renseignements fournis par le Centre national de données géophysiques de Boulder, au
Colorado, et après consultation de divers ouvrages de référence, on a dressé, en
1984, une liste de tous les tremblements de terre qui ont atteint ou dépassé 7,5 sur
l’échelle de Richter, qui ont causé pour 50 millions de francs (français) de dégâts
matériels ou plus, ou qui ont fait 100 victimes ou davantage. On en a recensé 856 au
cours des 2 000 ans qui ont précédé 1914. Or depuis 1914, en 69 ans seulement, on en a
compté 605. Ainsi, depuis 1914, la moyenne annuelle des grands tremblements de terre
est vingt fois supérieure à ce qu’elle a été au cours des 20 siècles précédents.
Premier principe de validité d’un raisonnement par références : citer ses sources. Sinon la
vérification et la contestation sont impossibles.
Qui est « on », quels « ouvrages de référence » ?
« Ce qui est affirmé sans preuve, peut être nié sans preuve ». Et la Watchtower le sait bien...
Tirez profit de l’Ecole du Ministère Théocratique, leçon 40, p. 225 § 1
Exactitude des déclarations :
Vérifiez l’exactitude de vos informations. Un fait d’actualité, une citation ou une
anecdote s’avèrent parfois utiles pour illustrer ou faire l’application pratique d’une idée.
Comment vous assurer qu’il s’agit de renseignements exacts ? Une première solution,
c’est de les puiser à des sources dignes de confiance. Pensez aussi à vérifier que
l’information est encore à jour. Les données chiffrées ne sont exactes qu’un temps ;
les découvertes scientifiques sont rapidement dépassées, et de nouveaux éclairages sur
l’Histoire et les langues anciennes remettent en question des conclusions qui
s’appuyaient sur une connaissance plus limitée. Soyez très prudent quand vous pensez
citer des informations tirées d’un journal, données à la télévision ou à la radio,
recueillies par courrier électronique ou glanées sur l’internet. Proverbes 14:15 nous
adresse ce conseil : “ Quiconque est inexpérimenté ajoute foi à toute parole, mais
l’homme astucieux est attentif à ses pas. ” Demandez-vous : ‘ La source que je cite estelle réputée pour l’exactitude de ses renseignements ? Y a-t-il moyen de vérifier
cette information autre part ? ’ Si vous avez des doutes sur la véracité d’une
information, laissez-la de côté.
Manuel pour l’Ecole du Minstère Théocratique, ét. 21 p. 110 § 9
Idées instructives, présentées clairement :
Exactitude des déclarations. L’organisation des témoins de Jéhovah est fondée sur la
vérité. Notre désir devrait être de dire la vérité et d’être rigoureusement exacts à
Via Veritas
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tout moment et dans tous les détails. Cela devrait être le cas non seulement des
doctrines, mais aussi des citations, des renseignements que nous présentons sur
d’autres personnes, des données scientifiques et des nouvelles d’actualité.
Revenons sur les tremblements de terre29 en nous reportant aux commentaires d’Albert Barnes et
Adam Clarke (op. cit.), commentaires qui ne manquent d’intérêt en ce qu’ils nous procurent un
éclairage historique et philologique certain.
Voici d’abord Barnes - traduit de l’anglais par mes soins
En langage prophétique les tremblements de terre désignent parfois des
bouleversements politiques. Littéralement ce sont des secousses ou tremblements de la
terre provoquant souvent la ruine de cités ou de villages. La terre s’ouvre et maisons et
habitants sont indifféremment engloutis. Nombre d’entre eux sont mentionnés comme
ayant précédés la destruction de Jérusalem.
Tacite en mentionne un durant le règne de Claude à Rome et affirme que sous le règne
de Néron les villes de Laodicée, Hiérapolis et Colosse furent renversées, et que la
célèbre Pompéi fut submergée et presque détruite par un tremblement de terre (Annales
15-2230) [5].
D’autres encore sont mentionnés à Smyrne, Milet, Chios et Samos.
29 Vous trouverez sur un site de Charles Chasson la traduction d’un article d’Alan Feuerbacher concernant les statistiques
relatives à le fréquence des séismes, article intitulé Les tremblements de terre : preuves de la fin des temps ?
30 Cette année fut fertile en prodiges. On vit des oiseaux sinistres perchés sur le Capitole. De nombreux tremblements de terre
renversèrent des maisons, et, dans le désordre que produisait la crainte de désastres plus étendus, les personnes les plus faibles
furent écrasées par la foule. La disette de grains et la famine qu’elle causa furent aussi regardées comme des présages funestes. »
(Tacite, Annales, 12 : 43).
« ... enfin le tribut fut remis pour cinq ans à la ville d’Apamée, renversée par un tremblement de terre. » (Ibid, 12 : 58).
« La même année, un tremblement de terre renversa Laodicée l’une des cités les plus célèbres de l’Asie : elle se releva par elle-même
et sans notre concours. » (Ibid, 14 : 27).
« Un tremblement de terre renversa en grande partie Pompéi, ville considérable de la Campanie. » (Ibid, 15 : 22).
« Le prince soulagea le désastre de Lyon par le don de quatre millions de sesterces, qu’il fit à la ville pour relever ses ruines ; les
Lyonnais nous avaient eux-mêmes offert cette somme dans des temps malheureux. » (Ibid, 16 : 13).
« Il intercéda dans le sénat en faveur des habitants de Laodicée, de Thyatirène et de Chio, qui avaient essuyé un tremblement de
terre, et qui demandaient du secours. » (Suétone, Vie des douze césars, III, 8).
« Il n’accorda aucune libéralité aux provinces, si ce n’est à l’Asie mineure dont un tremblement de terre avait renversé plusieurs
villes. » (Ibid, III, 48).
« Quelques jours avant sa mort, un tremblement de terre fit tomber la tour du phare à Caprée. » (Ibid, III, 74).
« Toutes les fois que Rome éprouvait un tremblement de terre, il faisait proclamer des jours fériés que le préteur annonçait au peuple
assemblé. » (Ibid, V, 22).
« Ses libéralités s’étendaient sur tout le monde. Il compléta la fortune des sénateurs, établit un revenu annuel de cinq cent mille
sesterces pour les consulaires pauvres, et dans tout l’empire fit reconstruire avec des embellissements un grand nombre de villes
incendiées ou renversées par des tremblements de terre. » (Ibid, X, 17).
« L’ordre de la nature paraissait renversé ; des orages affreux répandaient la terreur de toutes parts. Mais, ce qui frappait le plus,
c’étaient les tremblements de terre. Le globe traversait une convulsion parallèle à celle du monde moral ; il semblait que la terre et
l’humanité eussent la fièvre à la fois.
(...) De tous les phénomènes naturels, d’ailleurs, les tremblements de terre sont ceux qui portent le plus l’homme à s’humilier devant
les forces inconnues ; les pays où ils sont fréquents, Naples, l’Amérique centrale, ont la superstition à l’état endémique ; il en faut
dire autant des siècles où ils sévissent avec une violence particulière. Or jamais ils ne furent plus communs qu’au premier siècle. On
ne se souvenait pas d’un temps où l’écorce du vieux continent eût été si fort agitée. (...) L’an 23, l’an 33, l’an 37, l’an 46, l’an 51,
l’an 53, il y eut des malheurs partiels en Grèce, en Asie, en Italie ... Antioche était incessamment ébranlée. A partir de l’an 59, enfin,
il n’y a presque plus d’année qui ne soit marquée par quelque désastre. La vallée du Lycus, en particulier, avec ses villes chrétiennes
de Laodicée, de Colosses, fut abîmée en l’an 60 ... Ces tremblements d’Asie répandaient partout l’effroi ; on en parlait dans le
monde entier, et le nombre de ceux qui ne voyaient pas dans ces accidents les signes d’une divinité courroucée était bien peu
considérable. » (Ernest Renan, Histoire des origines du christianisme, Tome 2. Paris : Editions Robert Laffont, 1995, pages 161168).
Merci à tiierri sur le forum Une Lueur pour ces nombreuses notes de référence.
Via Veritas
102
Luc ajoute :
Lc 21:11 « Et il y aura de grands signes dans le ciel »
.
Josèphe, qui n’avait probablement rien entendu de cette prophétie et n’aurait certainement rien fait
pour montrer son accomplissement, rapporte les prodiges et les signes qu’il dit avoir précédé la
destruction de Jérusalem.
La Guerre des Juifs, b. 6, chapitre 9, section 3.
Une étoile ressemblant à une épée, stationna au dessus de la cité et une comète se fit
voir pendant toute une année.
A la fête des gâteaux sans levain, pendant la nuit, une lumière brilla tout autour de
l’autel et du temple si bien que l’on se serait crû en plein jour pendant une heure et
demie.
La solide porte est du temple renforcé de bois et de métal et qui demandait vingt
hommes pour la manœuvrer avec difficulté s’ouvrit de nuit d’elle-même.
Quelques jours après la fête, avant que le soleil ne se lève, des chariots et des troupes de
soldats en armures furent aperçus courant dans les nuages et entourant la cité.
Un grand bruit, comme le son d’une multitude, fut entendu dans le temple disant :
« Soyons désormais supprimés. »
A mon avis, à l’époque ils ne faisaient pas que récolter le chanvre pour les cordes et les oiseaux...
Comment voulez-vous que dans une telle atmosphère psychédélique le moindre personnage un peu
prophète n’ait pas eu du succès ?
Clarke à présent :
Des tremblements de terre, en différents lieux
Si nous prenons le mot seismoï du verbe seiso, secouer, dans son sens premier alors il
signifie particulièrement ces bouleversements populaires et insurrections que nous
avons déja notés ; et cela doit être, à mon avis, la véritable signification du mot.
Mais si nous le confinons au sens de tremblement de terre, il y en eu plusieurs au temps
auquel notre Seigneur se réfère ; particulièrement un en Crète sous le règne de Claude,
un à Smyrne, Milet, Chios, Samos (voir Grotius). Un à Rome, mentionné par Tacite ; et
un à Laodicée sous le règne de Néron, au cours duquel la cité fut renversée, ainsi
probablement que Hiérapolis et Colosse (voir Tacite Annal. lib. xii. and lib. xiv).
Un à Campania mentionné par Sénèque ; un à Rome, sous le règne de Galba, mentionné
par Suétone du vivant de l’empereur.
Ajouté à tous ceux là, il y en eut un de terrifiant en Juda mentionné par Flavius Josèphe
(Guerre des Juifs, b. iv. c. 4), accompagné par une terrible tempête, des vents et des
averses violents, des éclairs continuels et des coups de tonnerre ; ce qui en amenait
beaucoup à croire ces choses annonciatrices de quelque catastrophe inhabituelle. (...)
Clarke reprend les mêmes témoignages de Flavius Josèphe que Barnes cité plus avant à propos des
choses terribles devant survenir.
Mais il cite toujours de Josèphe ce témoignage relatif à la tension extraordinaire du peuple juif de
cette époque :
Ce que Josèphe reconnaît comme l’un des signes les plus terribles de tous a trait à un
certain Jésus, habitant de la région, qui quatre ans avant que la guerre ne commence, et
alors que la cité était en paix et dans l’abondance, vint à la Fête des Tabernacles et criant
en courant à travers les rues jour et nuit : « Une voix vient de l’Est. Une voix vient de
Via Veritas
103
l’Ouest. Une voix vient des quatre vents ! Une voix contre Jérusalem et contre son
temple. Une voix contre les épouses et contre les époux. Une voix contre tout le
peuple. »
Alors que les magistrats essayaient par les liens et par les tortures de le restreindre, il
continuait à crier d’une voix plaintive :« Malheur, malheur à Jérusalem ».
Et il continua de faire cela plusieurs années durant s’approchant des murailles et
pleurant à forte voix : « Malheur à la ville et à son temple ». Et alors qu’il ajoutai :
« Malheur, malheur à moi" voici qu’une pierre jeté ou lancé de la muraille le frappa
mortellement à la tête. »
Nous l’avons déjà dit : c’est dans ce contexte de crainte superstitieuse entretenue par toute la nation
juive que sont nés les évangiles et la prophétie relative aux signes.
Un dernier commentaire avant de changer de registre...
Mat 24 :7 se termine avec la locution kata topous qui est traduit dans la TMN par « dans un lieu
après l’autre » et dans d’autres traductions par « en divers lieux » (Darby, Segond).
Pourquoi cette différence de traduction ?
Car en effet, rendre que les tremblements de terre frapperont dans un lieu après l’autre, c’est
s’exposer à la remarque : « Mais les tremblements de terre ont toujours lieu en un nombre limité
d’endroits (les failles sismiques sont répertoriées et connues) et pas dans un lieu après l’autre ».
Oui, tiens pourquoi ne pas avoir rendu par « en divers lieux » qui se révèlerait bien plus exact ?
Par souci de cohérence de traduction.
Oui, souvenez-vous notamment d’Actes 20:20.
20
tandis que je ne me retenais pas de vous annoncer toutes les choses qui étaient
profitables et de vous enseigner en public et de maison en maison.
On retrouve l’expression kat oikous rendue ici par la TMN par « de maison en maison », et par
d’autres traductions par « dans les maisons » (Darby, Segond).
Selon le linguiste James Strong, la préposition kata qui peut prendre un grand nombre de sens,
« dénote l’opposition, la distribution ou l’intensité ».
La traduire c’est donc forcément faire un choix.
L’inflexion distributive est le choix opéré par la TMN et elle s’y tient de bout en bout.
Renoncer à « de maison en maison », mais vous n’y pensez pas !
Cette fois encore, à l’analyse, en nous appuyant sur la perspective historique et sur le contexte de
rédaction des Écritures, nous pourrons rejeter la lecture dramatique et prophétique que font les
fondamentalistes chrétiens des évangiles.
Mais que vaut vraiment le livre de la Révélation ?
Par Lucretius
La très vénérable Catholic Encyclopedia donne son avis... Sources
L’encyclopédie présente le livre de la Révélation et fait le point sur ce que l’on sait aujourd’hui de
sa rédaction.
Via Veritas
104
Au sujet du genre du livre, elle explique que : « ... Quoiqu’une œuvre chrétienne, l’Apocalypse
appartient à la classe littéraire traitant de sujets eschatologiques, très en vogue parmi les Juifs un
siècle avant, et après, Jésus-Christ... »
A ce propos, on notera que les apocalypses sont légion et vous en trouverez un certain nombre dans
le travail remarquable de compilation de textes apocryphes souvent cité dans nos pages ; vous
pourrez vous reporter aux textes d’une quinzaine d’apocalypses différentes.
Et réfléchissant sur l’authenticité de la Révélation dite de Jean, l’encyclopédie révèle le doute
profond qui a animé ceux qui ont été contemporains de la rédaction du livre.
Nous citons, traduit de l’anglais : « ...Les Alogi, en 200 de n.e., une secte ainsi appelée à
cause de leur rejet de la doctrine du Logos, déniait l’authenticité de l’Apocalypse,
l’attribuant à Cerinthus (Epiphanius, LI, ff, 33 ; cf. Iren, Adv. Haer., III, 11, 9). Caïus, un
presbytre de Rome, à peu près de la même époque, avait une opinion similaire. Eusèbe cite
ses mots emprunté à son Discours : "Mais Cerinthus par le moyen de révélations qu’il
prétend avoir été écrites par un grand Apôtre a avancé faussement des choses
merveilleuses, soutenant qu’après la résurrection il y aurait un royaume terrestre" (Hist.
Eccl., IIII, 28). Le principal adversaire de l’autorité de l’Apocalypse est Dionysus, Evèque
d’Alexandrie, disciple d’Origène. Il ne s’opposait pas à l’hypothèse selon laquelle
Cerinthius était le rédacteur de l’Apocalypse. "Car", dit-il, "c’est la doctrine de Cerinthus,
qu’il y aura un règne terrestre du Christ, car il était un amoureux du corps qui rêvait de se
délecter dans la satisfaction de l’appétit sensuel ". Lui même ne pensait pas que Cerinthus
en était l’écrivain. Il regardait l’Apocalypse comme l’œuvre d’un homme inspiré mais non
d’un Apôtre. Durant le 4ème et 5ème siècle la tendance d’exclure l’Apocalypse de la liste
des écrits sacrés fut croissante dans les églises syro-palestiniennes(...). Peut-être l’argument
le plus parlant contre l’autorité apostolique du livre est son omission de la Peshito, la
Vulgate syrienne... »
L’encyclopédie fait également un commentaire très documenté sur les différences de rédaction entre
le 4ème évangile, attribué à Jean, l’apôtre, et le livre de l’Apocalypse, différences constituant autant
d’obstacles à l’attribution apostolique de l’œuvre.
Est-il raisonnable d’attribuer autant d’autorité théologique à un ouvrage qui, dès l’origine, a eu des
détracteurs mettant en doute son inspiration et sa validité ? Pourquoi cette apocalypse a t’elle été
retenue et non les autres faisant partie du même genre ?
Il n’est pas sans le grand Voltaire lui-même pour s’étonner de la réussite étonnante d’un livre si
controversé dès l’origine.
Dans son
Dictionnaire philosophique,portatif 1764-APOCALYPSE
Justin le martyr, qui écrivait vers l’an 170 de notre ère, est le premier qui ait parlé de
l’Apocalypse ; il l’attribue à l’apôtre Jean l’évangéliste : dans son dialogue avec Tryphon,
ce Juif lui demande s’il ne croit pas que Jérusalem doit être rétablie un jour. Justin lui
répond qu’il le croit ainsi avec tous les chrétiens qui pensent juste. « Il y a eu, dit-il, parmi
nous un certain personnage nommé Jean, l’un des douze apôtres de Jésus ; il a prédit que
les fidèles passeront mille ans dans Jérusalem. » Ce fut une opinion longtemps reçue parmi
les chrétiens que ce règne de mille ans. Cette période était en grand crédit chez les Gentils.
Les âmes des Égyptiens reprenaient leurs corps au bout de mille années ; les âmes du
purgatoire, chez Virgile, étaient exercées pendant ce même espace de temps, et mille per
annos. La nouvelle Jérusalem de mille années devait avoir douze portes, en mémoire des
douze apôtres ; sa forme devait être carrée ; sa longueur, sa largeur et sa hauteur devaient
être de douze mille stades, c’est-à-dire cinq cents lieues, de façon que les maisons devaient
Via Veritas
105
avoir aussi cinq cents lieues de haut. Il eût été assez désagréable de demeurer au dernier
étage ; mais enfin c’est ce que dit l’Apocalypse au chapitre XXI.
Si Justin est le premier qui attribua l’Apocalypse à saint Jean, quelques personnes ont
récusé son témoignage, attendu que dans ce même dialogue avec le Juif Tryphon, il dit
que, selon le récit des apôtres, Jésus-Christ, en descendant dans le Jourdain, fit bouillir
les eaux de ce fleuve, et les enflamma, ce qui pourtant ne se trouve dans aucun écrit des
apôtres.
Le même saint Justin cite avec confiance les oracles des sibylles ; de plus, il prétend avoir
vu les restes des petites maisons où furent enfermés les soixante et douze interprètes dans le
phare d’Égypte, du temps d’Hérode. Le témoignage d’un homme qui a eu le malheur de
voir ces petites maisons, semble indiquer que l’auteur devait y être renfermé.
Saint Irénée, qui vient après, et qui croyait aussi le règne de mille ans, dit qu’il a appris
d’un vieillard que saint Jean avait fait l’Apocalypse. Mais on a reproché à saint Irénée
d’avoir écrit qu’il ne doit y avoir que quatre évangiles, parce qu’il n’y a que quatre parties
du monde et quatre vents cardinaux, et qu’Ézéchiel n’a vu que quatre animaux. Il appelle ce
raisonnement une démonstration. Il faut avouer que la manière dont Irénée démontre vaut
bien celle dont Justin a vu.
Clément d’Alexandrie ne parle dans ses Electa que d’une Apocalypse de saint Pierre dont
on faisait très grand cas. Tertullien, grand partisan du règne de mille ans, non seulement
assure que saint Jean a prédit cette résurrection et ce règne de mille ans dans la ville de
Jérusalem, mais il prétend que cette Jérusalem commençait déjà à se former dans l’air ;
que tous les chrétiens de la Palestine, et même les païens, l’avaient vue pendant quarante
jours de suite à la fin de la nuit ; mais malheureusement la ville disparaissait dès qu’il
était jour.
Origène, dans sa préface sur l’Évangile de saint Jean, et dans ses Homélies, cite les oracles
de l’Apocalypse ; mais il cite également les oracles des sibylles. Cependant saint Denys
d’Alexandrie, qui écrivait vers le milieu du IIIe siècle, dit dans un de ses fragments,
conservés par Eusèbe, que presque tous les docteurs rejetaient l’Apocalypse comme un
livre destitué de raison ; que ce livre n’a point été composé par saint Jean mais par un
nommé Cérinthe, lequel s’était servi d’un grand nom, pour donner plus de poids à ses
rêveries.
Le concile de Laodicée, tenu en 360, ne compta point l’Apocalypse parmi les livres
canoniques. Il était bien singulier que Laodicée, qui était une Église à qui l’Apocalypse était
adressée, rejetât un trésor destiné pour elle ; et que l’évêque d’Éphèse, qui assistait au
concile, rejetât aussi ce livre de saint Jean enterré dans Éphèse. Il était visible à tous les
yeux que saint Jean se remuait toujours dans sa fosse, et faisait continuellement hausser et
baisser la terre. Cependant les mêmes personnages qui étaient sûrs que saint Jean n’était
pas bien mort, étaient sûrs aussi qu’il n’avait pas fait l’Apocalypse. Mais ceux qui tenaient
pour le règne de mille ans, furent inébranlables dans leur opinion. Sulpice Sévère, dans son
Histoire sacrée, livre IX, traite d’insensés et d’impies ceux qui ne recevaient pas
l’Apocalypse. Enfin, après bien des doutes, bien des oppositions de concile à concile,
l’opinion de Sulpice Sévère a prévalu. La matière ayant été éclaircie, l’Église a décidé que
l’Apocalypse est incontestablement de saint Jean ; ainsi il n’y a pas d’appel.
Chaque communion chrétienne s’est attribué les prophéties contenues dans ce livre ; les
Anglais y ont trouvé les révolutions de la Grande-Bretagne ; les luthériens, les troubles
d’Allemagne ; les réformés de France, le règne de Charles IX et la régence de Catherine de
Médicis : ils ont tous également raison. Bossuet et Newton ont commenté tous deux
l’Apocalypse ; mais, à tout prendre, les déclamations éloquentes de l’un et les sublimes
découvertes de l’autre leur ont fait plus d’honneur que leurs commentaires.
Et pour les anglophones et ceux qui veulent aller plus avant dans le texte, nous citerons A Critical
Via Veritas
106
and Exegetical Commentary on The Revelation of St. John.
Voilà suffisamment de matières pour introduire et cultiver un doute solide et salutaire sur le bien
fondé d’un livre qui n’a que trop bien réussi.
SIX CENT SOIXANTE-SIX MAIS PAS 666
Par Lucretius
L’organisation des Témoins de Jéhovah a fait sien le message du livre de la Révélation. Selon leurs
dirigeants et théoriciens le message délivré concerne nécessairement notre époque moderne et il
faut, de fait, donner une explication aux signes et aux nombres délivrés par le livre.
Chargé émotionnellement le nombre effrayant de la bête du 13ème chapitre de la Révélation est
bien entendu expliqué à grands renforts de références bibliques et de symbolismes lumineux.
La Révélation le grand dénouement est proche, chapitre 28 p.196 §33, 34 explique :
La bête sauvage porte un nom, et ce nom est un nombre : 666. Le chiffre six est associé
aux ennemis de Jéhovah. Ainsi, la Bible parle d’un Philistin, un Rephaïm, qui était "
d’une taille extraordinaire " et dont " les doigts et les orteils allaient par six ". (1
Chroniques 20:6.) Le roi Neboukadnetsar fit une image d’or de 6 coudées de largeur et
de 60 coudées de hauteur pour unir ses dignitaires dans la pratique d’un même culte.
Lorsque les serviteurs de Dieu refusèrent d’adorer cette image d’or, ce roi les fit jeter
dans un four de feu (Daniel 3:1-23). Le chiffre six est inférieur au chiffre sept, qui
représente l’état de ce qui est complet aux yeux de Dieu. Par conséquent, un triple six
symbolise une imperfection flagrante.
Un nom sert à identifier une personne. À quoi ce nombre identifie-t-il donc la bête ?
Jean dit que celle-ci a "un nombre d’homme ", et non celui d’une personne spirituelle.
Par conséquent, ce nom confirme que la bête sauvage est terrestre, qu’elle symbolise la
domination humaine. De même que le chiffre six est inférieur à sept, de même le
nombre 666 (6 au troisième degré) est un nom approprié au système politique
gigantesque qui est bien loin de satisfaire aux normes divines de perfection. Ainsi, la
bête sauvage politique qui exerce la domination suprême sur le monde a pour nom un
chiffre : 666 ; les systèmes politique, religieux et commercial font en sorte que cette bête
sauvage continue à opprimer les humains et à persécuter le peuple de Dieu
Et plus récemment encore la Tour de Garde, 1/4/2004 p.3, reprend :
Six est égal à sept moins un. N’est-ce pas là un symbole approprié de ce qui est
imparfait, déficient, du point de vue de Dieu ? Assurément (1 Chroniques 20:6, 7) ! De
plus, écrire trois fois le chiffre six, autrement dit 666, souligne avec force cette
imperfection. Autre argument en faveur de cette compréhension : comme nous l’avons
vu, 666 est un " chiffre humain ". Ainsi, le passé de la bête, son "chiffre humain" et le
nombre 666 lui-même aboutissent tous à une seule et même conclusion : manquement
total et échec absolu aux yeux de Jéhovah.
Et voilà comment on rattache le nombre 666 à notre époque moderne sans autre forme de procès.
Mais cette compréhension résolument moderne est-elle correcte ? Supporte-t-elle un examen éclairé
Via Veritas
107
du grec ?
Voici la traduction d’une excellente étude portant précisément sur la lecture correcte, avec
l’intelligence de l’époque, du nombre de la bête.
SIX CENT SOIXANTE-SIX MAIS PAS 666
Traduction de l’anglais par mes soins.
Edward L. Pothier (Juillet 1991)
= Physics Department / Northeastern University / Boston, MA 02115 =
-I. Contre la représentation numérique 666
Le plus fameux (ou le plus infâme) nombre de la Bible toute entière est peut-être l’étrange nombre
six cent soixante-six, le nombre de l’une des bêtes du 13ème chapitre du livre de la Révélation.
A partir de films et de nouvelles, nombre de personnes, certaines n’ayant même aucune réelle
connaissance biblique, prennent conscience que ce nombre est associé au Mal et au danger.
Si l’on isole le seul verset concerné la traduction biblique nous donne : "C’est ici la sagesse. Que
celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son
nombre est six cent soixante-six." (Révélation 13:8 - Segond).
Le but de cette étude n’est pas d’ajouter encore à la considérable littérature portant sur les images
apocalyptiques et ce nombre. Des livres entiers ont été écrits sur ce sujet31.
Cette étude portera préférentiellement et uniquement sur la représentation du nombre six
cent soixante-six, établissant que le représenter 666 (un triple 6) est une erreur. Une telle
représentation peut mener les lecteurs modernes à de fausses interprétations. C’est une
représentation anachronique extravagante.
Cependant un grand nombre de traductions modernes anglaises de la Bible font usage de cette
représentation numérique, utilisant des nombres plutôt que des mots. Une liste non exhaustive de
ces traductions qui utilisent des nombres inclut : the New International Version (NIV), the
Jerusalem Bible (JB), the New Jerusalem Bible (NJB), the Good News Bible (GNB), the New King
James Version (NKJV) et the Living Bible Paraphrased (LBP).
Dans the Revised New Testament of the New American Bible le texte présente les mots au lieu des
nombres, quoique la note en bas de page "officielle" termine ainsi : "Il a également été observé que
"6" représente l’imperfection, manquant le nombre parfait "7", représenté ici sous une forme triple
ou superlative". Presque tous les commentaires qu’ils soient érudits, populaires ou sensationnels
attirent l’attention sur une sorte de symbolisme du "triple six" similaire à celui exprimé par la note
en bas de page de the revised New American Bible citée plus haut.
Écrire le nombre complet dans NOS symboles numériques, 666, peut seulement soutenir cette
orientation douteuse.
En dépit de notre aptitude immédiate, presqu’instinctive, à voir six cent soixante-six représenté
comme 666, c’est un phénomène relativement récent. Les lecteurs originaux (ou très probablement
les auditeurs32) du livre de la Révélation (probablement rédigé dans la dernière partie du premier
siècle en koiné ou grec commun de l’époque) n’ont probablement pas lu ou entendu quoique ce soit
de particulier dans la répétition du nombre 6 comme nous le faisons avec 666.
Pour comprendre pourquoi le nombre six cent soixante six ne devrait pas être écrit 666 exige
31 Un livre de plus de 300 pages a été écrit à ce sujet : David Brady, THE CONTRIBUTION OF BRITISH WRITERS BETWEEN
1560 AND 1830 TO THE INTERPRETATION OF REVELATION 13.16-18 (Tubingen : J. C. B. Mohr,1983). NDT : on se
reportera utilement à l’entrée nombre de la bête de Wikipedia pour prendre conscience de la diversité des thèses émises pour
expliquer ce nombre. L’une des plus fameuses est d’y voir le nom de César Néron, persécuteur des chrétiens de l’époque de la
Révélation.
32 Probablement tous les livres du Nouveau Testament étaient lus à voix haute. Cela devait être spécialement du livre de la
Révélation avec ses cycles répétitifs et ses chœurs célestes. Voir Rev 1:3, 22:18.2
Via Veritas
108
l’examen tant de notre représentation moderne des nombres que de la représentation grecque du 1er
siècle.
Alors que Jean, le rédacteur de la Révélation, a dû chercher à cacher l’identité de la "bête" des
regards extérieurs, "ceux qui ont la connaissance", même au 1er siècle, ont dû être capables de
calculer (décoder) le nombre et n’ont pas dû attendre une représentation numérique bien plus
tardive.
-II. Notre système décimal moderne
Pour représenter les nombres nous utilisons un système décimal (base 10). En utilisant simplement
les dix (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, et 0) chiffres arabes (ou plus exactement hindou-arabes ou indiens)
nous pouvons représenter n’importe quel grand nombre. L’usage du nombre 0 est spécialement
important en ce qu’il nous permet de n’avoir besoin (dans un système décimal) que des neuf autres
chiffres. Les mêmes chiffres peuvent servir à représenter un nombre d’unités, de dizaines, de
centaines, de milliers, etc. Sa position ou place dans le nombre composé détermine sa valeur réelle.
Parce que chaque place dans le nombre indique combien de puissances de 10 sont contenues dans le
nombre composé (peut-être aucune dans certains cas) nous disposons d’un système de valeurs
positionnelles. Par exemple nous interprétons le nombre 123 comme 1x100 + 2x10 + 3x1. De
manière identique notre nombre désigné 666 est 6x100 +6x10 +6x1.
Sans le zéro nous serions incapables de représenter un nombre tel que deux cent neuf. Mais puisque
nous avons le zéro deux cent neuf peut être représenter comme 209 = 2x100 + 0x10 +9x1. Tout ceci
semble bien trivial. Nous l’avons tous appris en cours élémentaire. Cependant cette représentation
relativement moderne, comme nombre d’inventions est l’aboutissement de beaucoup d’évolutions
et même de révolutions.
A l’époque de la rédaction du Nouveau Testament de tels nombres appartenaient au futur. A l’Ouest
nous avons reçu notre système numérique des Arabes (d’où le nom usuel de chiffres arabes) à
travers l’Espagne. Les Arabes quant à eux l’avait reçu des Indiens. La première introduction de ces
chiffres en Espagne semble dater de la fin du 1er millénaire, mais il fallut attendre le deuxième
millénaire pour qu’ils puissent s’imposer33. Jusqu’alors, et jusqu’à la fin du Moyen-Âge, l’usage des
chiffres romains était la norme, jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par les chiffres décimaux34.
-III. Les nombres de l’alphabet grec au temps du Nouveau Testament (NT)
Puisque le livre de la Révélation, à l’instar des 26 autres livres du Nouveau Testament, a été rédigé
en grec koiné au 1er ou au début du 2ème siècle nous devons étudier comment les chiffres étaient
représentés à cette époque en grec35.
L’un des premiers systèmes numériques, connu sous le nom des nombres attiques, commença à
Athènes et utilisait des symboles pour les nombres clés 1, 5, 10, 50, 100, etc. Les symboles
individuels de chaque type étaient répétés aussi souvent que nécessaires (jusqu’à quatre fois) pour
composer la représentation numérique. Ce qui peut être appelé un système RÉPÉTITIF 1-5. Ce
33Pour une description détaillée de l’évolution de notre système numérique actuel et comment il fit graduellement son chemin vers
l’Ouest voir : Graham Flegg (ed), NUMBERS THROUGH THE AGES (London :Macmillian Education, 1989) 88-130. Georges
Ifrah, FROM ONE TO ZERO : A UNIVERSAL HISTORY OF NUMBERS (New York : Viking, 1985) 428-497. Karl Menninger,
NUMBER WORDS AND NUMBER SYMBOLS : A CULTURALHISTORY OF NUMBERS (Cambridge : MIT Press, 1969) 389-445.
34 Incidemment, certains fanatiques apocalyptiques modernrs (ou étudiants de la "prophétie") qui s’alarment beaucoup du nombre
666 et s’inquiète des grand système de contrôle informatique que la Bête utiliserait peut-être s’interroge sur le système
hexadécimal (base 16) plutôt que sur le système décimal donnant le chiffre 666. Dans le système hexadécimal un nombre est
représenté en utilisant 16 symboles numériques possibles : nos 0-9 usuels, puis 6 "chiffres" additionnels : A=10, B=11, C=12,
D=13, E=14, F=15. En notation hexadécimale notation au lie d’avoir unités, dizaines, centaines on trouve unités, facteurs de 16
et de 256. Ainsi six cent soixante-six est représenté par 29A (hexadecimal) puisque le décimal 666= 2x256 + 9x16 + 10x1.
35 Les sections concernées dans les différents ouvrages précédemment mentionnés sont : Flegg, NUMBERS THROUGH THE
AGES, 88-101. Ifrah, FROM ONE TO ZERO, 261-274. Menninger, NUMBER WORDS AND NUMBER SYMBOLS, 268-274.
Voir également O.A.W. Dilke, MATHEMATICS AND MEASUREMENT (London : British Museum Publications, 1987) 13-16.(5).
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système est très similaire à celui qui suivra (mais qui nous est plus familier), le système des
nombres romains, excepté qu’il était toujours additif (répétitif) a contrario du système numérique
romain qui pouvait avoir des formes soustractives36.
Un autre système existait également (ce qui n’est pas surprenant si l’on prend en considération
l’indépendance et la non-coopération des cités-états grecques). Ce système connu comme le
système ionien ou milésien (de Milet37 en Asie mineure) a pu débuter au 6ème siècle avant notre
ère. Le système attique était abandonné, disparaissant presque complètement au temps de l’Empire
romain. Le système alpha-numérique milésien fut officiellement adopté à Athènes au 1er siècle
avant notre ère38.
Au temps du Nouveau Testament nous avons uniquement besoin de prendre en compte le système
alpha-numérique grec. Quoique les grecs disposaient de moyens pour représenter les nombres des
milliers et des dizaines de milliers (myriades) nous ne considérerons que les nombres inférieurs à
neuf cent quatre vingt dix-neuf.
Ces Grecs, comme nous, utilisaient un système décimal mais, de manière différente, n’utilisaient
pas le nombre zéro39.
Ainsi quoiqu’un système décimal, ce n’était pas un système de valeurs positionnelles. Aussi plus de
symboles étaient nécessaires que les neuf (plus zéro) que nous utilisons.
Pour représenter les nombres jusqu’à neuf cent quatre vingt dix-neuf ils avaient besoin de 27
symboles différents : neuf pour les unités 1, 2, ..., 9 ; neuf pour les dizaines 10, 20, ..., 90 ; neuf pour
les centaines 100, 200,..., 900.
Ils utilisaient pour symboles les lettres de l’alphabet grec. Cependant un problème immédiat
apparaît car l’alphabet grec ne comporte que 24 lettres. Pour suppléer aux trois lettres manquantes
ils faisaient usage de lettres devenues obsolètes d’alphabets antérieurs et , de manière un peu
confuse, les mêlaient aux lettres classiques. Le tableau suivant40 montre les affectations.
Table des valeurs numériques des lettres grecques
1 alpha
10 iota
100 rho
2 beta
20 kappa 200 sigma
3 gamma
30 lambda 300 tau
4 delta
40 mu
400 upsilon
5 epsilon
50 nu
500 phi
6 [digamma] 60 xi
600 chi
7 zeta
70 omicron 700 psi
8 eta
80 pi
800 omega
9 theta
90 [koppa] 900 [sampi]
Notez les lettres obsolètes entre parenthèses dans le tableau : digamma pour 6, koppa pour 90 et
sampi pour 900. Le koppa et le sampi ne nous concerneront pas hormis le fait que la présence de
koppa pour 90 décale d’une position les lettres suivantes (rho, sigma,...).
Le digamma comme 6 va être d’une grande importance pour représenter le nombre six cent soixante
six. Cette lettre est également connue comme "stigma" (notez le t) car la forme de la lettre
36 Une forme soustractive signifie que parfois un nombre tel que 9 est représenté IX, avec la plus petite unité (I) précédant la plus
grande (X) signifiant un de moins que 10, plutôt qu’additionnellement VIIII signifiant quatre plus cinq. De manière intéressante
le système numérique romain, qui utilise les symboles I, V, X, etc., pour 1, 5, 10, etc., donne une représentation particulière au
nombre qui nous intéresse : six cent soixante-six. Puisque 666 = 500+100+50+10+5+1, en chiffres romains est représenté par
DCLXVI, utilisant chaque symbole depuis D (=500) une fois et une seule fois.
37 Milet est mentionnée dans le NT (mais sans rapport avec les nombres) en Actes 20:15,17 et 2 Tim 4:20.
38 Menninger, NUMBER WORDS AND NUMBER SYMBOLS, 268.Dilke, MATHEMATICS AND MEASUREMENT, 14.
39 Plus tard l’astronome grec alexandrin Ptolémée (2ème siècle) utilisa un symbole similaire au zéro pour ses tables, quoiqu’il
semble n’avoir jamais été utilisé par les Grecs.
40 Bruce M. Metzger, MANUSCRIPTS OF THE GREEK BIBLE : AN INTRODUCTION TO GREEK PALAEOGRAPHY (New York :
Oxford University Press, 1981) 7-9.
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ressemble à la ligature des lettres grecques sigma et tau, qui correspondent à peu près à nos lettres s
et t (si l’on y prête pas attention il pourrait être confondu avec le sigma, ce qui serait une erreur).
Pour la suite de l’étude cette lettre obsolète, remise en service pour représenter le chiffre 6, sera
appelée stigma.
De fait pour représenter un nombre par les caractères alphabétiques au 1er siècle de notre ère41 les
écrivains grecs concaténaient les symboles individuels comme nous le faisons. En absence du zéro
ils avaient besoin de plus de caractères possibles (les 27 de notre liste). Cependant pour représenter
un nombre qui contient un zéro dans notre représentation ils avaient besoin de moins de caractères.
Notre nombre 123 était représenté par les trois lettres grecques (rho)(kappa)(gamma). Notre nombre
209 pouvait être représenté par deux lettres seulement (sigma)(theta) et 300 par une lettre seulement
(tau).
Pour distinguer les lettres utilisées pour les nombres des lettres normales une ligne horizontale était
habituellement tracée au dessus des lettres-nombres, et parfois une petite marque seulement42.
Il doit être noté que l’ordre des lettres nécessaires à la représentation d’un nombre est sans
importance, puisque le système n’est pas un système de valeurs positionnelles. Le plus souvent,
toutefois, les lettres de plus grande valeur étaient placées en premier.
Aussi pour représenter le nombre qui nous intéresse particulièrement, six cent soixante-six, plutôt
que d’utiliser trois caractères identiques (666) comme nous le faisons dans notre système décimal à
VALEURS POSITIONNELLES, un écrivain grec du 1er siècle (s’il n’écrivait pas les nombres en
toutes lettres comme nous le faisons également) devait utiliser trois caractères différents (chi)(xi)
(stigma) !
-IV. Gématrie and Isopséphie
Au risque de transgresser la limite que nous nous sommes donnés pour nous concentrer uniquement
sur la manière dont le nombre six cent soixante-six devait être représenté, une mention particulière
doit être faite de la Gématrie ou Gematria.
Puisque dans le système alpha-numérique grec décrit plus haut chaque lettre de l’alphabet grec (et
même trois lettres qui n’étaient plus utilisées comme lettres normales) avait également une valeur
numérique, il était possible de donner à chaque mot, nom ou phrase, une valeur numérique
composée en additionnant les valeurs de chaque lettre individuelle. Et si une chose est possible elle
était certainement faite.
Les rabbins juifs suivaient un procédé similaire puisque les 22 lettres de l’alphabet hébreu servaient
également à remplacer les 22 premiers caractères sur les 27 nécessaires pour représenter les
nombres jusqu’à 999 dans leur système hébraïque. La 22ème et dernière lettre représentait la valeur
400. Les valeurs numériques restantes 500, 600, 700, 800, et 900 nécessitaient soit une "forme
finale" spéciale de certaines lettres soit de simples représentations additives, 500 pouvant se
décomposer par combinaison des lettres de valeurs 400 et 100, etc43.
Le résultat important était que chaque lettre de l’alphabet hébreu avait une valeur numérique et en
additionnant les valeurs numériques des lettres d’un mot on pouvait lui attribuer une valeur
numérique composée.
Ce procédé était appelé gématrie.
En grec l’équivalent de la gématrie est parfois appelé isopséphie (des mots grecs pour "égal" et
"compte44) car l’un des usages était de mettre en relation deux mots ou phrases ayant même valeur
41 Ces caractères alpha-numérique sont tombées en désuétude pour les Grecs modernes. Ils continuent encore à les utiliser, un peu
à la manière dont nous utilisons les chiffres romains pour les numérotations.(...)
42 Metzger, MANUSCRIPTS OF THE GREEK BIBLE, 9.
43 Ifrah, FROM ONE TO ZERO, 252-259.
44Le verbe grec pse :phizo :, souvent traduit "calculer" ou "compter", vient du nom pse :phos (galet), car les galets étaient souvent
utilisés pour compter et calculer. Le verbe est utilisé en Rév. 13:18."
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numérique45.
Quoique la gématrie est souvent considérée comme principalement une pratique juive, son usage
dans la sphère gréco-romaine46 est connue47, 276-278.(16) (avec les nombres souvent donnés par le
système alpha-numérique exposé plus haut).
C’est la source la plus probable pour la valeur numérique du nombre de la bête de Révélation 13:18.
Il était connu même dans le monde antique que, alors qu’il est extrêmement facile de passer d’un
mot, d’un nom ou d’une phrase à sa valeur numérique composée (on a simplement à additionner les
valeurs numériques des lettres) il est impossible d’inverser le processus. Avoir un nombre ne permet
pas de revenir au mot, au nom ou à la phrase, à moins de posséder une information externe. Comme
une machine équipée d’un ressort ou quelques pièges pour animaux certains procédés ne
fonctionnent que dans un sens.
-V. Lectures en grec du Nouveau Testament de Révélation 13:18
Ayant décrit plus avant le système alpha-numérique grec il est à présent possible de voir comment
Révélation 13:18 est représenté dans le grec du Nouveau Testament. Jusqu’à la première impression
du Nouveau Testament grec au 16ème siècle, chaque copie de chaque livre du NT était écrite à la
main. Des variations furent introduites accidentellement ou intentionnellement.
Puisque nous ne disposons plus des copies originales autographes comme elles vinrent des mains
des auteurs un procédé de critique textuel doit être utilisé48. La critique textuelle est la science et
l’art qui consiste à rassembler toutes les preuves issues des copies existantes afin de reconstituer,
aussi bien que possible, le texte tel qu’il était à l’origine.
Il existe deux éditions critiques modernes majeures qui sert DE FACTO de "texte standard". Ce sont
le Nestle-Aland twenty sixth edition (NA26) et le United Bible Societies Greek New Testament
third edition49 (UBSGNT3). Ce ne sont pas des éditions critiques indépendantes puisqu’elles ont en
45 Ifrah, FROM ONE TO ZERO, 291-310.
46 NDT : à propos de l’empereur romain Néron, contemporain de l’époque de la rédaction du NT, circulaient ces vers :
"Additionner les valeurs numériques
Des lettres du nom de Néron,
Et dans "meurtrier de sa propre mère"
vous trouverez qu’ils sont identiques."
(Suétone, Les 12 Césars, Neron 39, traduction)
La valeur numérique commune au nom et à la phrase l’avait soit disant prédestiné au matricide.
47 Adolf Deissmann, LIGHT FROM THE ANCIENT EAST (Grand Rapids : Baker Book House, 1978 [reprint of 1927 English
edition]).
48 Deux des introductions à la critique textuelle du grec du NT rédigées par les éditeurs des principales éditions critiques du NT
sont : Bruce M. Metzger, THE TEXT OF THE NEW TESTAMENT : ITS TRANSMISSION, CORRUPTION AND RESTORATION
2nd ed. (New York : Oxford University Press, 1968). Kurt Aland and Barbara Aland, THE TEXT OF THE NEW TESTAMENT
(Grand Rapids : William D. Eerdmans, 1987 based on German edition of 1982).
49 Standard modern critical editions : NA26 : Kurt Aland, Matthew Black, Carlo M. Martini, Bruce M. Metzger, and Allen Wikgren
(eds), NOVUM TESTAMENTUM GRAECE 26th edition (Stuttgart : Deutsche Bibelgesellschaft, 1979). UBSGNT3 : Kurt Aland,
Matthew Black, Carlo M. Martini, Bruce M. Metzger, and Allen Wikgren (eds), THE GREEK NEW TESTAMENT 3rd edition
(New York : United Bible Societies, 1979).
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commun éditeurs et leçons du texte. Elles diffèrent cependant dans la ponctuation et les signes
typographiques ainsi que la documentation des variantes textuelles des différents manuscrits.
Dans l’édition critique moderne "standard" le verset qui nous concerne est rendu (en utilisant une
translittération qui permet la reproduction du texte grec en caractères latins) sous la forme : "ho :de
he : sophia estin. ho echo :n noun pse :phisato : ton arithmon tou the :riou, arithmos gar anthro :pou
estin, kai ho arithmos autou hexakosioi hexe :konta hex." (Rev 13:18, NA26).
Dans ce verset nous voyons apparaître plusieurs fois le mot grec pour nombre (arithmos), qui a
donné notre mot arithmétique. Ce qui est particulièrement important pour nous sont les trois
derniers mots grecs représentant six cents, soixante et six. Comme nous pouvons le constater dans
la translittération tous ces mots commencent par "hex", préfixe grec que nous retrouvons dans nos
mots hexagone ou hexamètre.
Aussi quand les mots du nombre (666) sont extraits du texte grec, et non les caractères alphanumériques, un lecteur grec voit un début commun aux trois mots, "hex", tout comme un lecteur
moderne voit "six" dans les mots du nombre.
En appui de la reconstruction érudite du "meilleur", c’est à dire aussi proche de l’original que
possible, texte (de manière évidente et à certains degrés une question d’opinion basée sur la preuve
et les présuppositions savantes), une édition critique montre également combien la lecture des
manuscrits diffère.
L’édition NA26 le fait à travers un ensemble de symboles dans le texte lui-même (omis dans la
translittération donnée plus haut) et un appareil compact de notes en bas de page détaillant chaque
variante, listant les différentes lectures et mentionnant quels manuscrits (en utilisant une notation
standard relative au nom des manuscrits) retenaient telle ou telle lecture.
Les variantes et manuscrits concernant les mots grecs du nombre sont donnés à la fin de Révélation
13:18.
Un texte pour les trois mots correspondant exactement à ceux du texte critique est contenu dans le
Codex Alexandrinus datant du 5ème siècle. Une légère variante concernant quelques terminaisons
grammaticales insignifiantes est rapportée dans certains manuscrits, incluant le Codex Sinaiticus
datant du 4ème siècle. (Un autre manuscrit important datant du 4ème siècle, le Vaticanus, est
amputé du livre de la Révélation et de certains autres livres à la fin du NT). Une lecture majeure
différente (de la lecture du texte de l’édition critique) apparaît pour un autre manuscrit du 5ème
siècle, le Codex Ephraemi Syri Rescriptus, et contient le nombre six cent seize et non six cent
soixante-six. Il y a également un manuscrit tardif qui contient le nombre six cent soixante cinq50 !
D’un intérêt particulier pour nous est une collection de manuscrits qui sont indiqués soutenir la
lecture du nombre faite dans l’édition critique. Ce sont des manuscrits qui, au lieu d’écrire les trois
mots du nombre, utilisent la notation alphabétique grecque, c’est à dire les trois lettres grecques
(chi)(xi)(stigma). Parmi les manuscrits listés figurent le manuscrit P47 (un manuscrit en papyrus,
d’où le P dans le nom, datant du 3ème siècle et connu comme le Chester Beatty III), un manuscrit
du 10ème siècle noté 051 et symbole "Majority-text" (qui concerne beaucoup de manuscrits
byzantins tardifs).
P47 est du 3ème siècle et constitue le plus vieux manuscrit du livre de la Révélation. Il contient des
50 Toutes les descriptions et dates des manuscrits proviennent des tables de NA26 ou ide Aland and Aland, THE TEXT OF THE
NEW TESTAMENT.
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parties des chapitres 9 à 17. Nous allons considérer sa lecture des nombres en Révélation 13:18 et
des versets voisins dans la prochaine section.
Parce que, comme mentionné plus haut, la majorité des manuscrits (pour la plupart de minuscules
manuscrits byzantins tardifs) inclut la représentation du nombre six cent soixante-six par les trois
lettres (chi)(xi)(stigma) le texte présenté dans une autre version moderne (mais non standard) appelé
sans surprise THE GREEK NEW TESTAMENT ACCORDING TO THE MAJORITY TEXT (le
NT selon le texte majoritaire) le fait aussi51.
Notez qu’il y a un désaccord majeur concernant la valeur respective des manuscrits et des groupes
de manuscrits entre les promoteurs de cette édition et ceux des éditions standards52.
Le fameux Textus Receptus, qui fut considéré comme le texte standard depuis le 16ème siècle (le
terme fut utilisé la 1ère fois au 17ème siècle) jusqu’au 19ème siècle et la production de textes
critiques modernes, était une évolution des premiers NT grecs imprimés. Son texte utilisait
également la notation (chi)(xi)(stigma). La base essentielle de cette édition était seulement une
poignée de textes de manuscrits assez récents, une recension du texte Majoritaire.
-VI. Le Papyrus P47 en détail et les nombres de Révélation 13:18
Comme précédemment mentionné P47 est le plus ancien manuscrit contenant une partie du livre de
la Révélation. Cependant sa méthode pour rendre le nombre six cent soixante-six (en utilisant les
caractères alpha-numériques grecs) n’est pas celle retenue par le texte critique "standard" (qui rend
le nombre par des mots). L’appareil critique textuel de NA26 montre d’autres variations de P47 par
rapport au texte usuel, même en d’autres places que Rév. 13:18.
Quoique l’usage d’une édition critique du texte soit à la portée de qui sait lire le grec koiné, les
chances d’avoir accès aux reproductions des manuscrits individuels sont minces. De nombreuses
librairies théologiques n’ont même pas d’éditions publiées qui contiennent les photographies des
manuscrits recherchés.
C’est pourquoi nous avons de la chance que Kurt et Barbara Aland dans leur ouvrage largement
diffusé THE TEXT OF THE NEW TESTAMENT (le texte du NT - dans la 1ère et 2ème - éditions
de 1987 et 1989) inclut une planche 23 à la page 90 qui présente Rév. 13:16-14:4 de P47 (notez que
la légende de la planche est incorrecte car elle rattache P47 au 2ème siècle alors que dans d’autres
endroits du livre la date usuelle du 3ème siècle est citée).
Comme mentionné plus haut à propos du système alpha-numérique grec la manière usuelle pour
indiquer que les lettres devaient être considérées comme des nombres était une ligne horizontale
placée au dessus des lettres-nombres (une ligne horizontale peut également désigner autre chose).
Sur la neuvième ligne en partant du haut du fragment (on comptera les lignes en négligeant la
première ligne qui semble ne contenir qu’un seul caractère) nous pouvons voir la première ligne
horizontale soulignée. Elle est juste au dessus les trois lettres(chi)(xi)(stigma) qui représentent le six
cent soixante-six de Révélation 13:18.
Le verset 14:1 démarre immédiatement après (il n’existe aucune séparation ou espace dans de tels
manuscrits), un moyen évident de se rappeler que la division en chapitres et versets, que nous
trouvons si essentielle pour localiser et citer les textes n’est qu’une addition tardive datant de
51 Zane Hodges and Arthur L. Farstad (eds), THE GREEK NEW TESTAMENT ACCORDING TO THE MAJORITY Text 2nd ed
(Nashville : Thomas Nelson Publishers, 1985).
52 A. Carson, THE KING JAMES VERSION DEBATE : A PLEA FOR REALISM (Grand Rapids : Baker Book House, 1979)
contient une saine discussion sur le sujet. Le titre indique que l’objet du livre est plus large que la simple opposition entre le texte
majoritaire et d’autres versions critiques. La King James Version fut traduite du Textus Receptus, texte qui présente des
similitudes mais n’est pas identique au texte Majoritaire compilé aujourd’hui.
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plusieurs siècles après que les livres du NT ne soient rédigés.
Deux lignes plus bas la ligne horizontale se trouve au dessus des lettres (rho)(mu)(delta). C’est la
représentation alpha-numérique de cent quarante quatre mille. Dans ce manuscrit P47, si le nombre
(cent quarante quatre) est écrit en représentation alpha-numérique, le mot pour "milliers" est écrit à
la suite des chiffres. Les mêmes caractères (rho)(mu)(delta) à nouveau surlignés se répètent quatre
lignes à partir de la fin du fragment. (...)
-VII. Traduire les nombres de Rév. 13:18
Comment devrions nous traduire les mots numériques à la fin de Révélation 13:18 ? Si nous
considérons la traduction du texte critique "standard" : "hexakosioi hexe :konta hex", avec les
nombres rendus comme des mots, en ce cas nous devrions lire dans notre traduction "six cent
soixante-six". La séquence "hex" se répète en ce cas comme se répète le "six". Il n’y a aucune
justification, en aucun cas, d’utiliser la représentation numérique 666.
Une question DOIT être posée : si le texte devait être traduit comme en P47 ou dans le Texte
Majoritaire ou encore le Textus Receptus, c’est à dire le nombre représenté par les trois lettres
grecques (chi)(xi)(stigma), alors il y aurait quelque justification à faire usage de ce qui pourrait en
être l’équivalent "moderne", le nombre 666. Cela supporterait la "FORME" du texte original (la
représentation était numérique) mais cela ne pourrait pas supporter la "SIGNIFICATION" originale
si le symbolisme récent d’un nombre répété et identique l’emportait sur la seule signification d’une
quantité numérique. Nous n’avons aucun moyen de signifier (en utilisant notre système décimal à
valeurs positionnelles) que les nombres grecs originaux utilisés étaient tous différents. Une note en
bas de page du traducteur serait une possibilité, mais une note en bas de page est seulement une
note en bas de page.
- VIII. "Contre les Hérésies" d’Irénée de Lyon et les Oracles Sybillins
Les deux oeuvres considérées dans cette section sont toutes deux post-NT, inachevées et assez
marginales par rapport à l’essentiel de notre développement. Nous en traitons car l’une est une
discussion primitive du nombre de la bête et l’autre est un exemple de gématrie sur le nom de Jésus.
Irénée de Lyon fut évèque de Lyon au cours de la seconde moitié du 2ème siècle et rédigea une
oeuvre apologétique intitulée "Contre les Hérésies"(Adv. haer) qui nous est parvenue dans sa
version latine, quoique l’original fut rédigé en grec.
A plusieurs endroits dans son 5ème "livre" il traita du nombre de la bête (ainsi que nous l’appelons)
en Rév. 13:18, échafaudant (sans succès) des hypothèses élaborées afin de résoudre le procédé de
gématrie et de mettre un nom sur le nombre six cent soixante-six.(Adv.haer 5.30.253). Dans
plusieurs passages il mentionne le chiffre 6 : "c’est six fois cent, six fois dix et six unités."(Adv.haer
5.28.2). Dans un autre passage, il écrivit : "...si la raison nous enseigne que le chiffre du nom de la
bête, compté à la manière des Grecs à l’aide des lettres que contient ce nom, est de six cent
soixante-six, c’est-à-dire comporte un nombre de dizaines égal à celui des centaines et un nombre
de centaines égal à celui des unités — car le nombre six conservé partout pareillement indique bien
la récapitulation de toute l’apostasie perpétrée au commencement, au milieu des temps et à la fin..."
(Adv.haer 5.30.1). Le dernier passage en particulier pourrait nous amener à penser qu’Irénée avait à
l’esprit notre représentation moderne de 666. Cependant ce n’est rien de plus qu’une construction
du système décimal grec (sans être pour autant à valeurs positionnelles) car les mots pour six cents,
soixante et six commencent tous par "hex" en grec.
53 Les citations pour ADV.HAER sont extraites de la la traduction d’Irénée "Contre les Hérésies"dans les séries ANF Alexander
Roberts and James Donaldson (eds), THE ANTE-NICENE FATHERS (ANF) (Grand Rapids : Wm. B. Eerdmans, 1979 reprint of
1885 ed).
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En Adv.haer 5.29.2 Irénée montre comment (dans sa conception d’une bête récapitulant l’ensemble
du Mal) le nombre de la bête contient les six cents ans de l’âge de Noé alors que le déluge
commença à balayer le Mal de l’époque (Gen 7:6).
Il contient les soixante coudées de hauteur de l’image idolâtrique que le roi Nébucadnezzar fit
érigée (Dan 3:1). Et les six coudées de largeur de la même statue. En ce cas précis il est bien plus
intéressé par la valeur du nombre détaillé selon les lettre-nombres grecques. Mais par dessus tout, et
quoiqu’il admette son incapacité à déchiffrer le nombre, il fut plus obnubilé par ses tentatives54.
pour décoder la gématrie. Malheureusement moins d’un siècle après la rédaction du livre de la
Révélation il échoua.
Un exemple de gématrie grecque qui peut être décodée (car suffisamment d’information est donnée)
est inclus dans les Oracles Sybillins. Les Oracles Sybillins sont une anthologie complexe en raison
de la diversité des sources et des époques.
Selon une interpolation chrétienne du livre I, on trouve une description d’une gématrie basée sur le
nom de Jésus (en grec Ie :sous) sous la forme d’une "prophétie55" :
324 Alors le fils du Grand Dieu viendra,
325 incarné, semblable aux hommes mortels de la Terre,
326 portant quatre voyelles, et les consonnes en lui sont deux.
327 J’expliciterai entièrement le nombre pour vous.
328 Pour huit unités, et égal en nombre de dizaines puis addition,
329 et huit cents révéleront le nombre
330 aux hommes qui sont rassasiés de l’infidélité. Mais toi,
prends à coeur
331 Christ, le Fils du Très Haut, Dieu immortel. (1:324-331)
En substituant simplement les lettres grecques du mot Jésus en grec à leurs valeurs numériques
conventionnelles on obtient : Ie :sous → 10+8+200+70+400+200 = 888 dans notre système décimal
(qui peut d’ailleurs être représenté par (omega)(pi)(eta) en caractères grecs). Rien de plus ne semble
être fait du chiffre 8. La plupart des commentaires qui ont été fait concernant la représentation
nombre 666 aurait pu s’appliquer au nombre 888.
- IX Résumé
Cette étude a essayé d’argumenter contre la représentation numérique anachronique 666
pour le nombre de la bête en Rév. 13:18 car une telle représentation n’a pu se faire que
plusieurs siècles après la rédaction du livre de la Révélation. Toute représentation basée sur
cette exacte représentation devrait être suspecte au plus haut point.
A la section II (selon notre système de numérotation moderne) les faits furent établis et des notes en
54 I l est donc plus sûr et moins dangereux d’attendre l’accomplissement de cette prophétie, que de se livrer à des recherches et de
conjecturer les premiers noms venus, car on peut trouver un grand nombre de noms ayant le chiffre que nous avons dit, et le
problème n’en demeurera pas moins posé : en effet, si l’on trouve beaucoup de noms ayant ce chiffre, on se demandera quel est
celui d’entre eux que portera l’homme qui doit venir. Ce n’est pas faute de noms ayant le chiffre du nom de l’Antéchrist que nous
parlons de la sorte, mais par crainte de Dieu et par zèle de la vérité. Car le mot ??????? (Florissant), par exemple, possède bien
le chiffre cherché, mais nous n’affirmons rien à son sujet pour autant. Le mot ???????? (Latin) a également le chiffre six cent
soixante-six et est tout à fait digne de créance, puisque le dernier royaume possède précisément ce nom : car ce sont les Latins
qui dominent en ce moment ; cependant, nous ne nous ferons pas gloire de ce mot. Le mot ?????? (Titan) — en écrivant la
première syllabe avec deux voyelles, l’epsilon et l’iota — est, de tous ceux qui se rencontrent chez nous, le plus digne de créance.
En effet, il possède le chiffre que nous avons dit et se compose de six lettres, chaque syllabe étant constituée par trois lettres ;
c’est un nom ancien et exceptionnel, car aucun de nos rois ne s’est appelé Titan, et aucune des idoles publiquement adorées chez
les Grecs et les barbares ne possède ce nom ; ce nom passe même pour divin auprès de beaucoup, au point que le soleil est
appelé Titan par ceux qui dominent en ce moment ; ce nom contient encore l’évocation d’un châtiment et d’un vengeur, et c’est
un fait que l’Antéchrist affectera de venger les victimes des mauvais traitements ; surtout, enfin, c’est un nom digne d’un roi, et
plus encore d’un tyran. Ainsi, le nom de Titan possède assez de probabilité pour nous permettre de conclure, à partir d’indices
nombreux, qu’il pourrait fort bien être celui de l’homme qui doit venir - Irénée - Contre les Hérésies - Livre V.
55 J.J. Collins translation of "Sibylline Oracles" in James H. Charlesworth (ed), OLD TESTAMENT PSEUDEPIGRAPHA vol 1
(New York : Doubleday, 1983) 342.
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bas de page données pour plus de détails. Savoir que le système de représentation numérique actuel
est relativement tardif est important pour l’argumentation de cette étude, mais les détails sont
négligeables. Même si un degré d’incertitude porte sur quelques siècles, la conclusion reste la
même.
La section III a traité de la manière dont les écrivains grecs représentaient les nombres par des
lettres avec un remarquable effet de bord appelé gématrie, décrite en section IV.
La section V a traité des différentes lectures du texte grec du NT consigné en Rév. 13:18 et la
section VI était un manuel (si vous disposiez du livre Texte du NT de Kurt et Barbara Aland) pour
découvrir le papyrus P47 et le contexte textuel de Rév. 13:18.
La section VII a rappelé les objections à traduire le nombre de Rév. 13:18 en 666, avec une
atténuation possible si ce sont les trois lettres grecques qui sont traduites.
La section VIII a traité de deux textes post-NT, accessoirement rattachés au développement de
l’étude.
L’objectif de l’étude toute entière n’était pas seulement une attaque vigoureuse contre la
représentation numérique 666 du livre de la bête. Cela peut être partiellement exact mais c’est aussi
une tentative pour nous rappeler, à nous autres interpréteurs de la Bible, que presque 1900
ans ont passé depuis la rédaction des derniers livres du NT. Même si nous partageons la même
foi chrétienne de base que les écrivains originels et leurs lecteurs/auditeurs, nous vivons dans une
situation culturelle et intellectuelle largement différente. Une tendance à lire les textes à
travers nos yeux modernes nous rend susceptibles de commettre des erreurs de jugement et
des anachronismes, même lorsqu’il s’agit de représenter un nombre.
Si le nombre 666 ne peut valablement être lu comme trois 6 juxtaposés alors l’explication des
théoriciens de la Watchtower ne tient pas. La compréhension de la vision est erronée, et le reste de
l’enseignement est à l’avenant.
Avant d’accorder du crédit à une interprétation la sagesse voudrait d’en vérifier les fondements.
Quelques 666 célèbres, sur le site de la pertinente revue Le Tigre
A qui Jésus parlait-il ?
Par Jean-Pierre Huber
Une théologie bien particulière.
Au cours des nombreuses discussions opposant Jésus et les pharisiens, certaines interprétations s’y
référant ont débouché sur une théologie particulière, qui a marqué un groupe plus surement qu’un
autre, les Témoins de Jéhovah. Loin de moi l’idée de me moquer des membres de cette confession à
laquelle j’ai appartenu pendant plus de 30 ans.
Le but de cet article est de démontrer que parfois lorsque nous n’y prenons garde il se peut que nous
en venions à accepter ce que nous aurions rejeté en d’autres circonstances.
Beaucoup ont entendu parler des 144.000, soit en trouvant ce nombre énoncé dans le livre de
l’Apocalypse (chap. 7 verset 4ss ; chap. 14 verset 1) soit lors d’un entretien à leur porte lors de la
visite de leur immeuble par un Témoin de Jéhovah ; mais peu connaissent la doctrine des deux
classes qui est une des particularités de l’enseignement de ce groupe religieux.
Bien entendu Jésus en indiquant, par le biais de son ange, à Jean un nombre si particulier n’avait pas
Via Veritas
117
en tête un nombre limitatif mais faisait référence à des chiffres symboliques représentant des
personnes hommes ou femmes qui auraient accès à un privilège particulier. Mais ce n’est pas de cet
aspect que je désire parler.
Le titre de ce sujet se réfère à la discussion rapportée en Jean chapitre 9 et 10 et particulièrement à
la déclaration du verset 16 du chapitre 10, nous lisons :
J’ai encore d’autres moutons qui ne sont pas de cet enclos ; ceux–là aussi, il faut que je
les amène ; ils entendront ma voix, et ils deviendront un seul troupeau, un seul berger Traduction Nouvelle Bible Segond
Selon l’explication donnée par les Témoins de Jéhovah les autres moutons qui ne sont pas de cet
enclos sont des personnes de tous horizons ayant l’espérance de vivre éternellement sur terre, alors
que les moutons qui sont de l’enclos seraient des personnes venant de toutes nations ayant
l’espérance de vivre éternellement au ciel. C’est une explication comme une autre et il n’est pas
nécessaire de s’en moquer car il faut bien se rappeler les nombreuses interprétations suscitées par la
Bible, il s’agit toujours d’un texte commun mais envisagé sous un jour différent.
Néanmoins il convient de s’interroger sur la justesse de l’explication et non sur son exotisme ; afin
de bien comprendre le problème posé par le contexte, demandons-nous à qui Jésus propose-t-il cette
parabole de brebis ou moutons ?
Le chapitre 9 répond à notre interrogation au verset 40 :
Après avoir entendu cela, quelques pharisiens qui étaient avec lui lui dirent : Nous
aussi, nous sommes aveugles ? - Traduction Nouvelle Bible Sedong
Après avoir guéri un aveugle de naissance Jésus apprenant que les pharisiens l’avaient chassé du
Temple leur reprocha de se conduire comme des aveugles spirituellement parlant, ce qui amena la
question posée par les pharisiens. Ainsi donc Jésus s’entretenait avec ses disciples mais également
avec des pharisiens qui n’étaient pas ses meilleurs amis ; de plus ils étaient juifs ce qu’il ne faut pas
oublier pour mieux saisir la nature révolutionnaire de l’enseignement que Jésus allait leur expliquer.
Dans les premiers versets du chapitre 10 de Jean, Jésus se compare au berger qui protège ses brebis
des voleurs, il explique qu’il est non seulement le berger mais également la porte de l’enclos destiné
à ses brebis. Il ressort du contexte dans lequel se tient la discussion que Jésus indique à ses
auditeurs que bientôt ce ne sont pas seulement des juifs qui se tiendront dans l’enclos mais
également des gens des nations. On peut imaginer ce qu’ont ressenti les pharisiens et même les
disciples de Jésus en l’entendant annoncer que des personnes viendraient se joindre à eux pour
former un seul troupeau. Eux qui faisaient partie du peuple élu et qui évitaient autant que faire se
peut d’avoir des contacts avec un "gentil" (homme des nations) seraient donc finalement mélangés
avec des personnes "impures". Mais n’était-ce pas ce que Dieu avait déclaré à Abraham ? :
Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies
toutes les nations de la terre. - Traduction La Bible Nouvelle Edition Genève- 1979
Il y aurait donc un seul troupeau composé de Juif et de personnes non juives pour un seul enclos car
tel était le plan divin : bénir toutes les nations de la terre.
Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni
homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus–Christ. Galates 3,28 Traduction
Nouvelle Bible Sedong
Voici donc simplement ce que les paroles de Jésus peuvent signifier et quel merveilleux cadeau
elles apportent. Tous les disciples de Jésus juifs ou non ne forment plus qu’un seul troupeau avec
une seule espérance (Ephésiens 4:4-6).
Mais alors quel est le problème rencontré par la théologie des Témoins de Jéhovah ?
Via Veritas
118
Eh bien selon ces derniers Jésus expliquait en fait que le troupeau de l’enclos était composé
essentiellement de personnes, juives ou non juives, ayant l’espérance céleste, appelés
communément "les oints" et que les autres brebis qui seraient ajoutées afin de faire un seul troupeau
représentent les personnes ayant quant à elles l’espérance de vivre éternellement sur la terre
transformée en paradis. Pour arriver à justifier leur explication les Témoins de Jéhovah utilisent les
versets 4 à 8 du chapitre 7 de l’Apocalypse parlant de 144.000 personnes venant des 12 tribus
d’Israël légèrement remaniées, ainsi que des versets 9 à 10 du même chapitre pour évoquer une
grande foule de personnes que l’on ne peut compter. Ainsi nous avons à présent 2 groupes bien
différents l’un clairement dénombré et un autre trop important pour être dénombré. Les membres
formant les 12 tribus de l’Israël spirituel auront part à la vie immortelle au ciel tandis que la grande
foule ressuscitera pour la vie éternelle sur la terre.
Pour confirmer un tel raisonnement il faut accepter l’idée de Jésus parlant d’une résurrection céleste
à des pharisiens, peu disposés à l’écouter si ce n’est que pour le piéger et de pouvoir le condamner
par le biais de ses paroles, alors que même pour ses disciples cette idée était étrangère, comme le
démontre bien la question qu’ils lui ont posé rapportée en Actes 1,6 "Seigneur, est–ce en ce temps
que tu rétabliras le royaume d’Israël ?"
En effet tous ceux qui avaient suivis Jésus s’attendaient à une résurrection terrestre et non céleste, et
la question posée peut même suggérer que certains pensaient que leur maître allait revenir
rapidement et rétablir un royaume qu’ils concevaient comme terrestre à l’image des autres nations
qui les entouraient. Rien ne les avaient préparés à une résurrection céleste. Ce sont les diverses
explications données dans les lettres pauliniennes, entre autre, qui permettront de comprendre ce
changement et cette nouveauté en matière de résurrection ; nous pouvons imaginer sans peine que
l’acceptation de la résurrection céleste ne s’est pas faite en un seul jour. Donc les pharisiens auraient
été interpellés si Jésus avaient voulu leur faire comprendre que le troupeau de l’enclos allait
ressusciter au ciel.
Il convient de noter également que le Nouveau Testament n’a pas été écrit dans l’ordre dans lequel
il nous est parvenu ; par exemple l’évangile de Marc semble avoir été écrit en premier. Cependant
pour faciliter la présentation du raisonnement j’ai volontairement laissé de côté le problème de la
datation exacte des divers éléments composants le N.T. et ainsi nous pouvons considérer le
Nouveau Testament comme un tout auto-explicatif.
Les Témoins de Jéhovah se réfèrent non seulement à la dernière soirée de Jésus en compagnie de
ses disciples au cours de laquelle il leur fit des déclarations importantes, mais aussi à une question
posée par Pierre :
27 Alors Pierre lui dit en réponse : “ Vois ! Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ;
qu’y aura-t-il en fait pour nous ? ” 28 Jésus leur dit : “ Vraiment, je vous le dis : Lors de
la recréation, quand le Fils de l’homme s’assiéra sur son trône glorieux, vous qui
m’avez suivi, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes, jugeant les douze tribus
d’Israël. Matthieu 19 : 27,28 - Traduction du Monde nouveau
28 “ Cependant, vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans
mes épreuves ; 29 et moi je fais une alliance avec vous, tout comme mon Père a fait une
alliance avec moi, pour un royaume, 30 pour que vous mangiez et buviez à ma table
dans mon royaume, et que vous vous asseyiez sur des trônes pour juger les douze tribus
d’Israël. Luc 22:28-30 Traduction du Monde Nouveau
Selon les Témoins de Jéhovah seules les personnes participant à la commémoration de la mort de
Jésus (la cène) en prenant du pain et du vin, auront part à la résurrection céleste, cette possibilité
étant offerte pour la première fois aux apôtres lors de la dernière soirée de Jésus sur terre. L’apôtre
Paul a écrit aux Corinthiens afin de les reprendre à propos de leurs rassemblements aux cours
Via Veritas
119
desquels ils prenaient la cène et dans ce chapitre il leur rappelle ce qu’il aurait reçu de Jésus :
23 Car moi, j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi transmis : que le Seigneur
Jésus, dans la nuit où il allait être livré, a pris un pain 24 et, après avoir rendu grâces, il
l’a rompu et a dit : “ Ceci représente mon corps qui est pour vous. Continuez à faire ceci
en souvenir de moi. ” 25 Il a fait de même à l’égard de la coupe aussi, après avoir pris le
repas, en disant : “ Cette coupe représente la nouvelle alliance grâce à mon sang.
Continuez à faire ceci, toutes les fois que vous la boirez, en souvenir de moi. ” 26 Car
toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous continuez à
proclamer la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il arrive. 1 Corinthiens 11:23-26 Traduction du Monde Nouveau
Pour pouvoir participer à ce repas du soir les personnes doivent recevoir la confirmation de l’esprit
de Dieu qu’elles sont bien ointes de l’esprit saint.
14 Car tous ceux qui sont conduits par l’esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. 15 Car
vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage inspirant de nouveau la crainte, mais vous
avez reçu un esprit d’adoption comme fils, par lequel nous crions : “ Abba, Père ! ” 16
L’esprit lui-même témoigne avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 17 Si
donc nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : oui, héritiers de Dieu, mais
cohéritiers de Christ, pourvu que nous souffrions avec lui pour être aussi glorifiés avec
lui. Romains 8 : 14-17 Traduction du Monde Nouveau
Ces versets prouveraient que lorsqu’une personne est choisie par Dieu pour ressusciter au ciel, elle
reçoit le témoignage de ce dernier au moyen de son esprit qui l’informerait qu’elle fait partie du
petit troupeau.
Cette interprétation pose problème, car le chapitre 8 de la lettre aux Romains démontre qu’il n’y a
que deux possibilité soit nous sommes enfants de Dieu en vivant selon l’esprit, soit nous sommes
attirés par les choses de la chair. Vivre selon l’esprit ne donne pas 2 possibilités, d’une part la vie
céleste, et d’autre part la vie sur la terre.
L’ensemble du N.T. ne mentionne qu’une seule et même espérance, la vie céleste :
4 Il y a un seul corps et un seul esprit, comme aussi vous avez été appelés dans une
seule espérance à laquelle vous avez été appelés ; 5 un seul Seigneur, une seule foi, un
seul baptême ; 6 un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous et par tous et en
tous. Ephésiens 4:4-6 - Traduction du Monde Nouveau56
Nous nous trouvons donc devant une explication qui est alambiquée et qu’il est nécessaire de
justifier au moyen de versets sortis de leur contexte, alors que la simple lecture des chapitres 9 et 10
de l’évangile de Jean nous mentionne une discussion de Jésus avec des contradicteurs à propos des
péchés de ces derniers et de leur aveuglement qui risquent de leur faire perdre la possibilité de
devenir ses disciples.
La Bible est un livre qui contient de nombreuses leçons il est important d’éviter de rendre sa lecture
plus ardue qu’elle ne l’est. Le Père est un Dieu d’amour et non une personne compliquée qui
chercherait à égarer les siens.
56 Voir également 1 Corinthiens 12 : 4-31
Via Veritas
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Les temps de la fin, chronique d’un monde qui va bien...
Par Holly – Documentation glanée sur le Net – merci aux auteurs respectifs.
Le monde va mal ? Sommes nous dans les temps de la fin ? Les TJ doivent-ils regarder les news en
se frottant les mains ? Toutes les catastrophes à répétition sont-elles des preuves en soi ? Quels rôles
jouent les média dans le discours catastrophique des TJ ?
Le Monde va mal ?
Chaque témoin de Jéhovah est obsédé par le fait que la fin du monde est proche et que lui et ses
frères TJ seront sauvés, le reste de l’humanité étant promis à une destruction massive et inéluctable.
Lorsqu’ils viennent chez vous, vous n’y manquerez pas : ils parleront souvent d’un monde qui va de
plus en plus mal, de la dernière catastrophe naturelle, du dernier crime odieux… Si vous minimisez
la situation, ils vous regarderont horrifiés comme un sauvage inconscient et coupé de la réalité !
Au quotidien,Le TJ est un veinard ! les Journaux télévisés sont couverts de faits divers et
catastrophes en tout genre ! Les signes bibliques se concrétisent autour de lui et le réconforte dans
ses certitudes.
Chaque inondation, ouragan ou tremblement de terre est un fléau qui annonce et confirme « les
temps de la fin » à proximité immédiate d’Har-Maguédon. Chaque crime, dysfonctionnement de
notre société, crash d’avion ou autres joyeusetés sont l’occasion d’un réconfort collectif : tout va
mal dans le monde, c’est bon signe, Jéhovah sera bientôt là, on sera bientôt sauvé !
Le Tj finit par examiner les informations à la recherche de « preuves » confirmant ses croyances en
se frottant les mains. Les médias, lui sont dans ce cas, d’une aide précieuse. Plus c’est
catastrophique, mieux c’est pour son avenir !
Qu’en est-il vraiment ? Le monde va si mal ? Sommes-nous dans les temps de la fin ?
Approchez lire les infos positives de Holly camarades TJ !
Voici le journal que vous ne lirez jamais à la salle : la cruelle réalité d’un monde qui ne va pas si
mal…
Extraits du site Reporters d’espoirs
Jean-Claude GUILLEBAUD (Essayiste, éditeur et journaliste)
"La face cachée du réel"
Par vocation, le journalisme raconte jour après jour — et tente de comprendre — les
tragédies du monde. Une logique naturelle l’incline à réserver toute son attention aux
désastres qui habitent le monde : guerres, famines, querelles, séismes, épidémies... Cette
logique fait naturellement de chaque reporter un ardent préposé aux catastrophes.
Les médias, comme on le sait, s’intéressent surtout aux trains qui déraillent et jamais à
Via Veritas
121
ceux qui sont à l’heure ; ils insistent sur les naufrages et négligent les navires qui
parviennent à bon port.
Cette préférence est intrinsèque au journalisme lui-même. Les journaux sont-ils là pour
s’attarder sur le « non-événement » ?
« D’innombrables bonnes nouvelles ne sont (presque) jamais rapportées ni, a fortiori,
mises en valeur... » Ainsi le journalisme se condamne-t-il quotidiennement à une forme
d’hémiplégie. Il privilégie une seule dimension du réel, la moins glorieuse. Par
définition, le discours médiatique est un discours attristé, voire alarmé. Il s’habille en
noir. Or, la réalité, nous le savons, n’est jamais aussi sombre. Elle est faite d’ombres et
de lumières. Elle mêle le pire au meilleur. Partout. Toujours. À n’insister que sur les
ombres, on pêche — et on ment — par omission. En toute bonne foi.(…) "
Innocent Blaise NGOUMGANG (Président de Médias Sud) :
"Le monde est dominé par une idée de la presse qui accorde une importance particulière
au principe de l’actualité et qui, en raison de la manière dont il sélectionne les
informations, propage une idée triste de notre société. Un monde plein de désespoir.
Pourtant les journalistes peuvent, et doivent accompagner les hommes pour qu’ils
comprennent qu’une grande société ne se construit pas sans espoir(…)"
René POUJOL (directeur de la rédaction du Pélerin) :
"C’est bien connu « un train qui arrive à l’heure ne constitue pas un événement ». De ce
postulat cher au cœur de toutes les rédactions, les journalistes ont tiré la conclusion,
hâtive, que rien de positif n’était vraiment matière à information. C’est avec ce type de
réflexe que les médias, par effet cumulatif, ont fini par substituer à la réalité contrastée
du monde, une image virtuel du réel, monocolore, où prédominent crises, injustices,
cataclysmes et violences en tout genre. (…)"
Quelques informations sans intérêt :
« Rapport 1998 de la Santé dans le Monde ». Dans le premier chapitre, “le Message du Directeur
général” la chose suivante est dite :
Citation :
“Malgré deux guerres mondiales dévastatrices au début de ce siècle et beaucoup
d’autres conflits et catastrophes dans la deuxième moitié, l’humanité n’a pas,
simplement survécu ; elle a prospéré. Aujourd’hui, au moins 120 pays (plus de 5
milliards de la totalité de la population mondiale) ont une espérance de vie à la
naissance de plus de 60 ans ; la moyenne globale(mondiale) est de 66 ans à comparer
avec seulement 48 ans, en 1955 ; il est prévu d’atteindre 73 ans en 2025”
Citation :
“Basé sur un examen des tendances en matière de santé sur les 50 années passés, on
constate que en général des améliorations remarquables en termes de santé ont été
réalisées en raison du développement socio-économique, de la fourniture plus large
d’eau potable, des équipements d’assainissement, des progrès de l’hygiène personnelle
et de l’établissement et de l’expansion de la Sécurité Sociale nationale. Des maladies
infectieuses majeures , comme la poliomyélite, la lèpre, la maladie du ver de Guinée, la
maladie de Chagas et la cécité fluviale, sont fermement circonscrites. Il y a eu des
avancés spectaculaires dans le développement des vaccins et des médicaments et
d’innombrables autres innovations dans les méthodes de recherches, de diagnostic et de
traitement des maladies, ainsi que dans la réduction des incapacités et dans le domaine
Via Veritas
122
de la réadaptation. “
Citation :
“Les progrès spectaculaires réalisés dans la réduction de la mortalité des enfants en
dessous de 5 ans dans les quelques décennies passées sont prévus pour continuer et
pourrait même s’accélérer. Il y avait environ 11 millions de morts parmi les enfants en
dessous de 5 ans en 1995 comparé aux 21 millions de morts en 1955 ; il y en aura
seulement 5 millions en 2025.”
Science et vie (Juin 2001) commentant le fait que l’explosion démographique tant redoutée n’a pas
eu lieu grâce à une limitation des naissances explique les causes de l’accroissement de la population
mondiale ces deux derniers siècles (Page 133) : « Après des siècles de très faible augmentation,
l’humanité a vécu une révolution démographique à partir du XVIIIème siècle. Grâce aux progrès de
la médecine en général et de la vaccination en particulier (notamment contre la variole) ainsi qu’à
ceux de l’agriculture, les épidémies et les famines deviennent moins redoutables, la mortalité
infantile chute. »
Getting better all the time Nov 8th 2001 From The Economist print edition People from
developing countries can now expect to live two-and-a-half times longer than in 1900 People are
living longer for many reasons : better food, cleaner water, more effective medicines. How did they
get these things ? It helps that the poor are getting richer : average annual incomes in developing
countries doubled between 1975 and 1998, from $1,300 to $2,500 (in 1985 dollars at purchasingpower parity).
Journal Le Monde – Paris, le 18/05/05 - http://www.lemonde.fr
Plus de Paix et moins de guerre, le monde va mieux !
Depuis la fin de la guerre froide, les conflits sont moins meurtriers
A contre-courant des idées reçues, un rapport du Human Security Center révèle une
réduction drastique du nombre de guerres, de génocides et de violations des droits de
l’homme au cours des douze dernières années. Selon l’étude "Guerre et paix au XXIe
siècle", le nombre de conflits armés a été réduit de 40 % depuis 1992. Malgré la Bosnie
et le Rwanda, le nombre de génocides et autres massacres d’ampleur a, lui, chuté de 80
% depuis la fin de la guerre froide. Cette tendance forte, décrite en préambule du
rapport par l’archevêque Desmond Tutu comme un "rare message d’espoir" , renverse
un demi-siècle d’augmentation du nombre des conflits armés et de leur cortège de
violence, dans le sillage de la seconde guerre mondiale. Pourquoi cette évolution passet-elle inaperçue ? "Les médias rapportent les événements sanglants, mais les guerres qui
s’achèvent ne font pas la "une"" , explique Andrew Mack, le directeur du Human
Security Center. Depuis 1988, une centaine de conflits ont pris fin. Presque partout, les
violations graves des droits de l’homme seraient en recul. Au cours des dix dernières
années, le nombre de réfugiés aurait chuté de 30 %. Les tentatives de coups d'État se
raréfient aussi, avec 25 en 1963 contre 10 en 2004, qui ont toutes échoué.
INSTITUTIONS INSTABLES
Moins nombreuses, les guerres sont aussi moins meurtrières. En 1950, une guerre faisait
en moyenne 38 000 morts, contre 600 morts en 2002. Les conflits opposent désormais
rarement de lourdes armées sur un champ de bataille. Le plus souvent, "des forces
gouvernementales faibles" font face à de "petites forces rebelles mal entraînées" . Il peut
aussi s’agir d’opérations comme au Kosovo, où le déséquilibre des forces et l’utilisation
de munitions précises assurent une victoire rapide et peu coûteuse en vies. A ce titre, la
Via Veritas
123
guerre en cours en Irak est, selon le rapport, "une exception" , car "des dizaines de
milliers de personnes ont été tuées".
Il est a noter qu’il s’agit de la première guerre du pétrole : une armée étrangère s’enlisant en zone
hostile dans la durée. Cette stratégie est source inévitable de lourdes pertes humaines. On peut
parler de politique suicidaire, œuvre d’une poignée de dirigeants américains obstinés et d’ores et
déjà condamné politiquement. Sans cette politique erronée, les statistiques seraient encore plus
favorable à la paix ! tout devrait se débloquer dès les prochaines élections présidentielles
américaines.
La criminalité a baissé de 2,77 % en Belgique en 2005
(Belga) En 2005, 989.153 procès-verbaux ont été dressés en Belgique pour des infractions et
tentatives d’infractions, soit une baisse de 2,77 pc par rapport à l’année précédente. Comparé aux
chiffres de 2000, la diminution est de 2,55 pc, indiquent les statistiques de la criminalité
communiquées vendredi par la Direction générale Statistique. Sur la période 2004-2005, on
enregistre une baisse des cambriolages dans les habitations (0,26 pc), des vols et extorsions (2,53
pc), des viols (3,34 pc), et des meurtres et assassinats (5,5 pc). On constate par contre sur la même
période, une augmentation du nombre de vols à l’étalage (4,54 pc) , de procès-verbaux pour
incendie volontaire (6 pc), des procès verbaux pour infractions contre l’intégrité physique (1,87 pc).
(PRS
Extrait de la liste des délits en diminution entre 2000 et 2006 Source : statistique criminelle de la
police fédérale belge
Infraction de fraude contre la propriété
-17.19%
Extorsion et Vol
-13,07 %
Infraction contre la loi publique
-36.88%
Environnement
-18.85%
Infraction contre la morale sexuelle
-24.76%
Protection de la personne
-55.78%
Protection des animaux
-37.22%
Infraction relative au statut juridique de
- 7.65%
l’enfant
Pratiques commerciales
-39.00%
Protection des revenus publics
-10.20%
Exercice illégal de l’autorité publique
-25.00%
Infraction dans le secteur audio visuel
-52.67%
Les infractions qui augmentent :
Quelques postes de véritables délits touchant à la sécurité : trafic d’armes et explosif, intégrité
physique, trafic d’être humains, ivresse et alcool... Viennent ensuite les crimes et délits sans
incidence sur « le sentiment d’insécurité » :
Infraction sur la législation économique, les hormones et dopage, le travail au noir, la santé et
l’hygiène, les transports, les ventes de tickets de foot, les contraventions, la législation sur les
étrangers…
Globalement, la criminalité baisse sans interruption en Belgique depuis 2000 c’est la stricte vérité…
On le voit, la criminalité existe bel et bien mais pas de quoi crier à la fin du monde, la situation a
tendance à s’améliorer depuis plusieurs années, loin de ce qui est enseigné dans les salles du
royaume...
On est donc loin d’une dégradation décadente de notre société et loin d’un schéma idéal de paix et
Via Veritas
124
de prospérité. Nous sommes non pas dans les temps de la fin mais dans les temps normaux !
Rien qui ne justifie un monde qui va de mal en pis : c’est FAUX !
Une fois de plus, on est loin d’un enseignement religieux ou d’une quelconque spiritualité. Sous
forme de propagande et d’intoxication, L’organisation des TJ invente un monde qui correspond à un
passage biblique effrayant.
L’histoire nous apprend comment manipuler les foules avec de tels procédés, basé sur la peur,
l’ignorance et l’émotionnel... Le nazisme, le communisme et autres pouvoirs démoniaques
utilisaient les mêmes méthodes !
Vous pensez déstabiliser un TJ avec ce que vous avez lu ? Erreur...
Si la WT devait exploiter ces statistiques et reconnaître que c’est vrai, tout va mieux, elle se
réjouirait de voir (enfin !) s’accomplir le signe "paix et sécurité", prélude à la destruction finale à
Har-Maguédôn.
Souvenez-vous : s’il y a la guerre, les prophéties se réalisent ; s’il y a la paix, d’autres prophéties se
réalisent. Dans un cas comme dans l’autre, les prophéties se réalisent et la WT peut se vanter d’être
la seule à analyser les événements avec perspicacité et se sent fondée à confirmer "la fin" pour très
bientôt.
Avec une analyse aussi lucide et perspicace, c’est imparable : ils ont toujours raison, peu importe la
réalité et la crédibilité : l’adepte s’en contentera, convaincu que lui seul possède la vérité....
O Tempora ! O Mores ! - O temps ! O Moeurs ! - Cicéron
Par Lucretius
La tendance à se plaindre d’une époque présente ou à venir est le propre de l’homme et se révèle
des plus subjectifs.
Les fondamentalistes chrétiens aiment à citer l’apôtre Paul qui dénonce la décadence d’une époque
qui marquerait les "derniers jours" comme un sceau authentique et remarquable.
(2 Timothée 3:1-5) Mais sache ceci : que dans les derniers jours des temps critiques,
difficiles à supporter, seront là. 2 Car les hommes seront amis d’eux-mêmes, amis de
l’argent, arrogants, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissants à l’égard de [leurs] parents,
ingrats, sans fidélité, 3 sans affection naturelle, sans esprit d’entente, calomniateurs, sans
maîtrise de soi, cruels, sans amour du bien, 4 traîtres, entêtés, gonflés [d’orgueil], amis des
plaisirs plutôt qu’amis de Dieu, 5 ayant une forme d’attachement à Dieu, mais trahissant sa
puissance ; et de ceux-là détourne-toi.
A l’époque de la rédaction du texte ( 65 de n.e.) et non loin de l’apôtre Paul, un autre auteur, Lucius
Annæus Seneca - en français, Sénèque écrivait avec bon sens :
"Nos ancêtres, se sont plaints, nous nous plaignons et nos descendants se plaindront un jour
de la décadence des mœurs, de ce que le mal pénètre partout, les hommes s’enfoncent de
plus en plus dans le péché et leur condition empire. En réalité cependant la situation ne
change pas, mais elle reste et restera la même, à quelques légères variations près, dans un
sens ou dans l’autre, comme les eaux portées ou retenues à des limites plus ou moins
Via Veritas
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rapprochées du rivage, par le flux et le reflux, dans le mouvement des marées. Les vices ne
sont pas le propre des temps, mais le propre des hommes. Jamais aucun âge n’a été
exempt de péché."
Sénèque, De Beneficiis, I, 10 ; Lettres, 97.
L’apôtre Paul ne fait que suivre une tendance dénoncée par Sénèque.
Le sentiment d’une société décadente est décidément un sentiment vieux comme le monde qui ne
prouve rien.
La nourriture appropriée pour le temps convenable
Par Lucretius
Le noyau enseignant des Témoins de Jéhovah a fait son travail d’alimentation spirituelle pendant
des dizaines d’années - rétrospective du menu en anglais avec références à l’appui - tout un collier
de perles pour ceux qui aiment chiner - édifiant...
Spiritual Food at the Proper Time
Sources
« Depuis plus d’un siècle, d’exactes paroles de vérité qui plaisent et qui touchent tous les aspects
de la vie sont présentées dans les publications de la Société Watch Tower..., La Tour de Garde
15/12/1990 p.26
Liste de prophéties, prédictions et faîtes par la Watchtower Bible and Tract Society (WBTS),
l’organisation officielle des Témoins de Jéhovah, qui prêche activement représenter le seul
représentant de Dieu sur la Terre. Toutes les citations sont honnêtes et directes, et empruntées aux
publications de la Watchtower uniquement. »
Telle est l’entrée en matière de ces pages qui nous livrent en anglais des ressources abondantes
couvrant plus d’un siècle de déclarations et d’écrits. Le travail de compilation effectué est
minutieux et remarquable, et vous vous y perdrez. La visite du site vous donnera l’allure d’un
philologue à la découverte d’une langue ancienne tant ce qui est exprimé antérieurement est aux
antipodes de ce qui est aujourd’hui soutenu.
Allez, juste pour le plaisir, un exemple d’absurdité soutenue par la Tour de Garde.
Relevée sur le site la citation suivante :
« ...1961 "The blood in any person is in reality the person himself.. poisons due to personal
living, eating and drinking habits .. The poisons that produce the impulse to commit suicide,
murder, or steal are in the blood. Moral insanity, sexual perversions, repression, inferiority
complexes, petty crimes - these often follow in the wake of blood transfusion." (WT Sep 1
1961 564) [But as the Society repeatedly states man is wholly physical - monochotomous how can sin be transmitted by physical blood ?] ... »
Avec le décalage de quelques mois entre la Tour de Garde anglaise et la Tour de Garde française, ça
vous donne :
TG 15/1/62 p.25 §16... « ...Les commentaires bibliques de Soncino (édités par la Jewish
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Publication Society) portent, au sujet de l’expression : "afin que tu sois heureux", une note
qui dit :"Ibn Esdras pense que la consommation du sang a un effet corrupteur sur la nature
morale et la nature physique et transmet une tare héréditaire aux générations futures". Voilà
une remarque intéressante, qui peut aussi s’appliquer à la transfusion sanguine, comme cela
est attesté par des médecins. Par exemple, dans son livre Who is Your Doctor and Why ?
(Qui est votre médecin et pourquoi ?), le docteur Alonzo Jay Shadman déclare : "Le sang
d’une personne est en fait la personne elle-même. Il renferme tous les traits distinctifs de
l’individu qui en est le donneur. Cela comprend les tares héréditaires, les prédispositions
aux maladies, les poisons imputables à ses habitudes particulières de manger, de boire et de
vivre...Les poisons qui poussent au suicide, au meurtre, au vol, sont dans le sang". C’est ce
que confirme aussi Américo Valério, médecin brésilien et chirurgien depuis plus de
quarante ans. Voici ce qu déclare ce praticien : "L’aliénation mentale, les perversions
sexuelles, le refoulement, les complexes d’infériorité, les délits simples, tout cela forme
souvent le cortège de la transfusion sanguine". Pourtant, ainsi que l’admet la presse, les
organismes ayant un stock de sang déclaré sans danger, vont collecter du sang chez les
criminels qui possèdent ces traits caractéristiques. Est-il besoin de dire qu’aucun de ceux
qui veulent renoncer aux œuvres de la chair et employer leur vie selon la manière prescrite
par la Parole de Dieu n’est disposé à se préparer un pareil avenir ? »
Ce n’est plus de la biologie ou de la médecine mais de la possession démoniaque ! Le paragraphe ne
dit pas si on attrape la bosse des maths en saignant quelques étudiants de l’Ecole Centrale de Paris,
ou si ça valait le coup de recevoir une transfusion sanguine de prix Nobel ? C’est ça une "exacte
parole de vérité qui plaît " ?
Quand je vous disais que vous pourriez vous faire un collier de perles.
144 000 ?
Par Lucretius
Le nombre 144 000 tiré des chapitres 7 et 14 du livre de la Révélation a donné une interprétation
jéhoviste qui va devenir intenable. A quand la prochaine relecture ?
144 000 = 12 x 12 000
A votre avis, c’est un grand nombre ou un petit nombre ?
Si ce nombre désigne des rois et prêtres célestes, comme l’affirme la doctrine des Témoins de
Jéhovah, alors c’est un grand nombre, car c’est le plus grand corps gouvernant jamais constitué.
Mais si ce nombre a été complété au cours des siècles depuis la Pentecôte de l’an 33 jusqu’à notre
époque et a concerné tous les "vrais" chrétiens fidèles ayant jamais vécu, comme l’affirme la
doctrine des Témoins de Jéhovah, alors ce nombre est décidément trop petit.
Selon les sources officielles des Témoins de Jéhovah, il reste encore un peu plus de 8000 candidats
aux fonctions de roi et prêtre céleste. Or ce reliquat refuse obstinément de s’éteindre, alors que le
nombre complet était supposé être atteint en 1935 ou peu après. Plus de 70 ans après, c’est un
rassemblement qui n’en finit plus.
Jacques Luc nous fait part de ses interrogations et des réponses peu convaincantes qu’il a recu du
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Béthel de Belgique (filiale officielle de la Watchtower).
Un "simple calcul" ou comment la Watch Tower jongle avec les chiffres
Encore quelques années et la doctrine officielle deviendra intenable. L’année 1935 tant citée et
soulignée passera en pertes et profits comme les autres dates avancées par le mouvement jéhoviste.
Pour les Témoins de Jéhovah : Quelques questions à se poser
(questions bibliques par Michel797)
• Pourquoi en Apocalypse 7 les 144000 forment-ils un ensemble vivant au même
moment, à la veille du jugement qui va fondre sur la terre, et non étalés sur 2 000
ans ?
• Pourquoi est-il dit : "de toute tribu des fils d’Israël " (Apoc. 7.4) s’il s’agit en fait
d’un ensemble de Juifs et de Gentils ? (lire attentivement Apoc.3.9 et Romains
11.1)
• Pourquoi Dieu précise-t-il le nom de chaque tribu auxquelles appartiennent ces
Israélites s’il s’agit de Juifs spirituels ? (Apocalypse 7.5-8) À quelle tribu
appartiennent les "oints " que tu connais ?
• Pourquoi la grande foule d’Apoc. 7 est-elle devant le trône de Dieu avec les
anciens et les 4 êtres vivants (v.9,11,15) exactement de la même façon que les
144 000 (Apoc.14.3) si les premiers n’ont pas la même espérance que les
seconds ?
• Pourquoi est-il dit que la grande foule vient de la grande tribulation (Apoc. 7.14)
puisque celle-ci précède la venue du fils de l’homme (Matthieu 24.20-27)
laquelle aurait eu lieu en 1914 ?
• Pourquoi les morts en Christ et les vivants au retour du Seigneur vont-ils
ENSEMBLE à la rencontre du Seigneur en l’air (1 Thessaloniciens 4.17) et non
une grande partie en 1918 et le reste petit à petit ?
• Pourquoi y a-t-il des oints mariés et des oints femmes puisqu’il est dit
explicitement que les 144000 ne se sont point souillés avec les femmes car ils
sont vierges (Ap. 14.4). Pourquoi Dieu donnerait-il de telles précisions si on
devait prendre ces choses au sens spirituel ?
• Pourquoi seuls les oints participent-ils aux "emblèmes " puisque le Seigneur
Jésus les a institués pour tous et que "quiconque ", parmi les croyants, est invité à
y participer ? (Marc 14.22-23 et 1 Corinthiens 11.27-28)
• Si le Seigneur est "venu" en 1914, pourquoi le reste des oints participe-t-il encore
aux "emblèmes" puisqu’il fallait le faire seulement jusqu’à ce que le Seigneur
vienne ? (1 Corinthiens 11.23-26)
• Comment comprendre que, lorsque Jéhovah juge les oints (depuis 1918) il en
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trouve certains indignes (qui libèrent alors une place) ? N’étaient-ils pas parfaits
en vertu de l’uvre du Seigneur Jésus ? (Hébreux 10.14) Le Seigneur avait-il dans
son corps des membres indignes de Lui ? (1 Corinthiens 12.27) Pourquoi les
avait-il oints de son Esprit ? (Romains 8.14-16)
• Pourquoi y a-t-il de nombreux groupes qui prétendent avoir chacun les 144 000
dans leur sein ? qui a raison ? Pourquoi les 144000 seraient-ils tous dans une
organisation, alors que le Seigneur a ouvert le royaume des cieux à tous les
hommes, sans limitation de nombre et sans fixer d’organisation qui dise : "hors
moi point de salut" ? (Matthieu 5 et 18.4)
• N’est-il pas étonnant que tous les apôtres (sauf Jean) mais aussi tous les chrétiens
du 1 er siècle aient absolument ignoré ce nombre vu que l’Apocalypse date de
96 ?
• N’est-il pas étonnant que ce nombre, qui désignerait de façon si précise l’Église,
soit révélé par Jean dans un livre prophétique et non par Paul dans une de ses
épîtres vu que c’est ce dernier qui avait été appelé par Dieu pour révéler le
mystère de l’Église ? (Éphésiens 3.2-7)
• Pourquoi le Seigneur Jésus a-t-il promis à ses disciples qu’il reviendrait les
chercher pour les prendre auprès de Lui, donc au ciel, et pourquoi cette même
promesse est-elle faite à tous ceux qui, dans le futur, allaient croire en Lui par
leur moyen ? (Jean 14.3 ;17.20-24)
• Puisque la Bible est notre seule référence, pourrais tu indiquer les versets qui
disent que, depuis le mois de Mai 1935, tous les croyants n’ont plus eu l’appel
céleste mais seulement une très faible minorité ? .....
• Si tous les Éphésiens (Ep.1.1,13), tous les Romains (Rm. 1.7 ;8.15), toutes les
assemblées de la Galatie (Ga. 1.2 ; 3.2) étaient des oints, quel intérêt ont pour "la
grande foule" les épîtres qui leur étaient adressées ?
• Si tous les Corinthiens et tous les croyants de l’Achaïe (2 Co.1.1 ; 5.1), tous les
Philippiens (Ph.1.1 ; 3.20-21), tous les Colossiens (Col.1.2, 5), tous les
Thessaloniciens (1 Th.1.1 ; 4.15-17), tous les Juifs convertis (1 Pi. 1.1-4 et Hb.
3.1) avaient l’appel céleste, quel intérêt ont pour "la grande foule" les épîtres qui
leur étaient adressées ?
• Pourquoi Abraham désirait-il une patrie céleste alors qu’il ne fait pas partie des
144 000 ? (Hébreux 11.13-16)
• Pourquoi le Seigneur dit-il qu’Abraham, Isaac et Jacob seront assis dans le
royaume des cieux, si ceux-ci doivent rester toujours sur la terre ? (Matthieu 8.
11) , c’est très contradictoire !!
• Pourquoi faut-il être né de nouveau pour entrer, et même seulement pour voir le
royaume de Dieu ? (Jean 3. 3-7) Etes-vous né de nouveau ? Etes-vous un enfant
de Dieu ? (1 Jean 3.1 ; Jean 1. 1 2)
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• En quoi consiste la conversion indispensable pour entrer dans le royaume de
Dieu ? (Matthieu 18. 3) Etes-vous converti ?
• Pourquoi le Seigneur prononce-t-il la malédiction sur ceux qui limitent (à 144
000 ou de toute autre façon) l’entrée dans le royaume des cieux ? (Matthieu 23.
13) et ce passage est très clair ! pas de limitations !
• Pourquoi dire que les 144 000 d’Apocalypse 7 et 14 concernaient les chrétiens et
l’Église, alors que toutes les Écritures montrent le contraire ?
Bon sang mais c’est bien sûr !
Par Lucretius
Les Témoins de Jéhovah sont connus pour leur refus du sang.
Au-delà des questions thérapeutique ou juridique qui peuvent être évoquées ailleurs, il est important
de se poser la question théologique.
l’objectif est ici de rester sur le plan théologique, seul plan sur lequel le TJ sérieux acceptera de
discuter ou de réfléchir. Quel croyant peut faire passer sa vie avant la volonté de Dieu ?
Peut-on raisonnablement, Bible en main, contredire l’argumentaire jéhoviste ?
Voici la position théologique officielle des Témoins de Jéhovah telle que l’expose le livre Comment
Raisonner à partir des Ecritures p. 359 :
Les chrétiens ont reçu l’ordre de ‘s’abstenir du sang’ Actes 15:28, 29 : “L’esprit saint et nousmêmes [le collège central de la congrégation chrétienne], en effet, avons jugé bon de ne mettre sur
vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : s’abstenir des choses sacrifiées
aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé [ou mort sans avoir été saigné], et de la fornication.
Si vous vous gardez avec soin de ces choses, vous prospérerez. Portez-vous bien !” (L’absorption
de sang est mise ici au même rang que l’idolâtrie et la fornication, pratiques dont nous désirons
assurément nous garder.)
Que répondre ?
Notons d’abord que si Actes 15:29 tombe alors toutes les mentions bibliques proscrivant
l’usage du sang tombent aussi.
En effet si ces anciennes interdictions (Genèse 9:3,4 ; Lévtique 17:11,12) concernant le sang avaient
encore cours en temps et en lieux à l’époque apostolique, pourquoi, lors de l’introduction dans la
congrégation chrétienne des chrétiens gentils (goïm - non-juifs), mentionner à nouveau le sang et
son usage ?
Même si la portée du conseil apostolique est limitée, comme nous le démontrerons, le seul fait de se
poser la question abroge les directives antérieures.
C’est la preuve que les textes anciens ne pouvaient plus être opposés aux chrétiens. S’y référer est
donc une faute logique.
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Une assemblée ne légifère à nouveau que si elle a la conviction que les lois antérieures sont
inadaptées, inapplicables ou caduques.
Aborder théologiquement la question du sang c’est donc établir l’étendue juridique d’Actes
15:29.
Il est impossible de le faire en isolant simplement le verset de son contexte de rédaction et en le
citant ex-abrupto comme le font les TJ.
Quel est le contexte du chapitre 15 du livre des Actes ?
Si nous ouvrons la Bible, nous lisons :
(Actes 15:10-21 - TMN) Maintenant donc, pourquoi mettez-vous Dieu à l’épreuve en
imposant sur le cou des disciples un joug que ni nos ancêtres ni nous n’avons été capables
de porter ? Au contraire, nous espérons être sauvés par la faveur imméritée du Seigneur
Jésus de la même manière que ces gens-là aussi. ” Alors toute la multitude se tut, et ils
écoutaient Barnabas et Paul raconter les nombreux signes et présages que Dieu avait faits
par leur intermédiaire parmi les nations.
Le problème soulevé était le suivant : certains chrétiens d’origine juive voulaient imposer la Loi
mosaïque aux non-juifs.
Et la décision en elle-même suit :
"Ma décision est donc de ne pas inquiéter ceux des nations qui se tournent vers Dieu, mais
de leur écrire de s’abstenir des choses qui ont été souillées par les idoles, et de la
fornication, et de ce qui est étouffé, et du sang. 21 Car, depuis les temps anciens, Moïse a
dans une ville après l’autre des gens qui le prêchent, parce qu’on le lit à haute voix dans
les synagogues chaque sabbat. ”
Étrange construction de phrase et étonnant lien logique ne trouvez-vous pas ?
Pourquoi lier (avec la conjonction de coordination car) des interdictions qui concerneraient Juifs et
Gentils avec la fréquence et l’abondance de lecture de la Loi mosaïque dans les synagogues ?
Surtout pour des non-juifs qui ne sont absolument pas concernés par des pratiques qu’ils n’ont
jamais connues.
La réponse logique s’impose : l’interdiction est une mesure de protection qui vise à soulager la
conscience de ceux qui encore nourris de la Loi mosaïque ou imprégnés d’elle deviennent chrétiens.
L’explication lumineuse d’Albert Barnes (théologien 1798-1870) dans ses "Notes sur la
Bible" en rapport avec le verset d’Actes 15:21 va précisément en ce sens :
"Le sens de ce verset est que la Loi de Moïse, interdisant ces choses, était lue constamment
dans les synagogues. Comme ces commandements imposaient une lecture constante et que
les prosélytes juifs n’apprenaient pas immédiatement que la Loi cérémonielle cessait de leur
être imposée, il était jugé expédient de ne pas créer d’offense inutile à leur encontre.
Ayant en vue la paix il était préférable qu’ils s’abstiennent de viande sacrifiée aux idoles
plutôt que d’offenser les Juifs convertis. (cf. 1Co 8 : 10-13)."
Le raisonnement tient-il vraiment ?
Considérons à nouveau le contexte mais cette fois d’Actes 21, seul autre passage où l’interdiction
apostolique est redonné.
Après avoir narré son histoire d’apôtre des nations aux anciens présents, Paul s’entend dire :
(Actes 21:20-26- TMN) Après avoir entendu cela, ils se mirent à glorifier Dieu, et ils lui
dirent : “ Tu vois, frère, combien de milliers de croyants il y a parmi les Juifs ; et ils sont
tous zélés pour la Loi. Mais à ton sujet ils ont entendu raconter que tu enseignes à tous les
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Juifs parmi les nations l’apostasie à l’égard de Moïse, leur disant de ne pas circoncire leurs
enfants et de ne pas marcher dans les coutumes [solennelles]. Que faire alors ? De toute
façon, ils vont apprendre que tu es arrivé. Fais donc ce que nous te disons : Nous avons
quatre hommes ayant sur eux un vœu. Emmène ces hommes, purifie-toi rituellement avec
eux et charge-toi de leurs dépenses, pour qu’ils puissent se faire raser la tête. Ainsi tout le
monde saura qu’il n’y a rien [de vrai] dans les choses qu’ils ont entendu raconter à ton
sujet, mais que tu marches de manière ordonnée, gardant, toi aussi, la Loi. 25 Quant aux
croyants d’entre les nations, nous avons pris notre décision et nous [l’]avons envoyée : ils
doivent se garder de ce qui est sacrifié aux idoles ainsi que du sang, et de ce qui est étouffé,
et de la fornication. ” Alors Paul emmena ces hommes le lendemain, il se purifia
rituellement avec eux et entra dans le temple, pour annoncer les jours qui seraient
accomplis pour la purification rituelle, jusqu’au moment où l’offrande devait être présentée
pour chacun d’eux."
Qu’est-ce qui motive donc les anciens à demander à Paul de faire semblant d’être encore sous la Loi
mosaïque, au mépris de sa pensée profonde ?
Le fait que parmi les Juifs il y avait des milliers de croyants zélés.
Et à quoi les anciens associent-ils les concessions demandées à Paul qui doit faire plier sa propre
conscience devant le salut des Juifs ?
Vous l’avez lu vous aussi (v.25) : à la fameuse décision d’Actes 15.
Même problème, même solution : ne pas choquer les Juifs susceptibles de se convertir.
Croyez-vous que Paul ai continué longtemps à se conformer à la Loi mosaïque après cet épisode, lui
qui a maintes fois cherché à établir que la Loi n’était plus rien (Ga 3:2-5) ?
Notez bien l’étrange locution : quant aux croyants d’entre les nations, nous avons pris notre
décision (v.25).
Si la décision avait concerné tous les chrétiens, l’occasion aurait été trop belle de le dire et de
rappeler la belle unité qui se faisait jour dans la congrégation chrétienne.
Ce n’est pas le cas, car nous l’avons compris il s’agit d’une mesure spécifique qui protège l’autre
camp et entend faciliter la conversion des Juifs.
Nous poursuivons notre raisonnement avec l’étrange et paradoxale réflexion à laquelle se livre Paul
au chapitre 8 de la première lettre aux Corinthiens.
Paul est l’écrivain le plus prolifique dans les Ecritures grecques. Il était un acteur lors de la décision
apostolique portant sur le sang. Nous l’avons vu le contexte suffit à comprendre que la décision
apostolique était temporaire et qui plus est ne visait qu’à préserver les Juifs venant au christianisme.
Mais si la compréhension est correcte, le reste des Écritures devraient nous donner raison. Est-ce
bien le cas ?
Introduisons un raisonnement par l’absurde.
Si, comme le prétendent les Témoins de Jéhovah, l’interdiction apostolique concernant pèle-mêle le
sang, les choses sacrifiées aux idoles et la fornication était universelle et illimitée, alors nous
devrions trouver dans le reste des Écritures plusieurs versets pour conforter cette certitude. Dans les
lettres pauliniennes nous nous attendrions à trouver des références directes à un épisode aussi
fameux et une décision aussi claire.
Qu’en est-il ?
Comment ne pas être étonné par la première lettre de Paul aux Corinthiens que nous citons selon le
chapitre 8 ?
(1 Corinthiens 8:1-13 - TMN) Or, en ce qui concerne les aliments offerts aux idoles : nous
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savons que tous nous avons la connaissance. La connaissance gonfle, mais l’amour bâtit. 2
Si quelqu’un pense avoir appris quelque chose, il ne sait pas encore [cela] comme il devrait
[le] savoir. 3 Mais si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui. 4 Or, pour ce qui est
de manger des aliments offerts aux idoles, nous savons qu’une idole n’est rien dans le
monde et qu’il n’y a de Dieu qu’un seul. 5 Car, bien qu’il y ait ceux qu’on appelle “ dieux ”,
soit au ciel, soit sur la terre, tout comme il y a beaucoup de “ dieux ” et beaucoup de “
seigneurs ”, 6 pour nous il y a réellement un seul Dieu le Père, de qui toutes choses sont, et
nous pour lui ; et il y a un seul Seigneur, Jésus Christ, par l’intermédiaire de qui toutes
choses sont, et nous par son intermédiaire. 7 Toutefois, cette connaissance n’est pas en
tous ; mais quelques-uns, habitués jusqu’à maintenant à l’idole, mangent un aliment comme
quelque chose qui a été sacrifié à une idole, et leur conscience, qui est faible, est souillée. 8
Mais un aliment ne nous recommandera pas à Dieu ; si nous ne mangeons pas, nous ne
manquons de rien, et si nous mangeons, nous n’avons aucun mérite. 9 Mais prenez
toujours garde que ce droit que vous avez ne devienne d’une manière ou d’une autre pour
ceux qui sont faibles un obstacle qui fait trébucher. 10 Car si quelqu’un te voit, toi qui as de
la connaissance, étendu devant un repas dans le temple d’une idole, est-ce que la
conscience de celui-là qui est faible ne sera pas bâtie au point de manger des aliments
offerts aux idoles ? 11 Ainsi, par ta connaissance, l’homme qui est faible est en train de se
perdre, [ton] frère pour qui Christ est mort. 12 Mais lorsque vous péchez de cette façon
contre vos frères et que vous blessez leur conscience qui est faible, vous péchez contre
Christ. 13 C’est pourquoi, si un aliment fait trébucher mon frère, non, jamais plus je ne
mangerai de viande, pour ne pas faire trébucher mon frère."
Avez-vous jamais remarqué de quoi l’apôtre Paul traitait ici ?
De l’usage des choses sacrifiées aux idoles ou aux aliments offerts aux idoles, car si une
différence de traduction introduit une différence d’expression, notez bien que le grec ne l’introduit
pas. Vous pourrez vérifier que le mot grec "eidolothuton
̄
" qu’utilise Paul dans ce texte est également
et précisément le mot que l’on retrouve en Actes 15:29.
Que dit clairement l’apôtre Paul ?
Que s’abstenir ou non des choses sacrifiées aux idoles est affaire de conscience.
Si nous devions situer chronologiquement la première lettre de Paul aux Corinthiens par rapport à
l’interdiction apostolique du livre des Actes (ch. 15) que pourrions nous conclure ?
Notez cet indice qui ne peut être contesté.
(Actes 18:24-26 - TMN) 24 "Or un certain Juif nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, un
homme éloquent, arriva à Éphèse ; il était versé dans les Écritures. 25 Cet [homme] avait
été instruit oralement dans la voie de Jéhovah et, comme il était brûlant de l’esprit, il
parlait et enseignait avec exactitude les choses qui concernaient Jésus, mais il ne
connaissait que le baptême de Jean. 26 Et cet [homme] commença à parler hardiment dans
la synagogue. Quand Priscille et Aquila l’entendirent, ils le prirent avec eux et lui
exposèrent plus exactement la voie de Dieu."
C’est au chapitre 18 du livre des Actes, soit trois chapitres après le chapitre 15, qu’apparaît le
personnage d’Apollos, homme éloquent mais nécessitant une formation de base.
Or qui se trouve parmi les homme éminents cités par Paul dans sa première lettre aux Corinthiens ?
(1 Corinthiens 16:12 - TMN) "Or, en ce qui concerne Apollos notre frère, je l’ai beaucoup
supplié de venir chez vous avec les frères, et pourtant ce n’était pas du tout sa volonté de
venir maintenant ; mais il viendra quand il en aura l’occasion."
Qu’en est-il de notre recoupement chronologique ?
La première lettre de Paul aux Corinthiens est postérieure de plusieurs années (le temps nécessaire
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133
pour qu’Apollos d’orateur débutant devienne un pilier dans la congrégation) au fameux décret
apostolique.
Conclusion : l’apotre Paul évoque en pleine connaissance de la décision apostolique (n’oublions pas
qu’il a contribué avec Barnabas à sa publicité) la conscience pour ce qui est de s’abstenir des choses
sacrifiées aux idoles. Nous nous serions attendus à le voir défendre avec fermeté et clarté un décret
apostolique qu’il est censé bien connaître. Ce n’est manifestement pas le cas.
Les remarques de Paul sont absurdes si on retient le caractère universel et permanent du décret
apostolique, donc il nous faut fort logiquement (raisonnement par l’absurde) retenir le caractère
temporaire et limité du-dit décret.
A titre complémentaire faisons également remarquer que Paul, s’il s’exprime sur les choses
sacrifiées aux idoles, donne des instructions très claires en ce qui concerne la fornication.
L'apôtre utilise le terme "porneia" (fornication) à 11 reprises dans sa lettre plus que dans toutes les
autres réunies.
Il lance des morceaux des morceaux de bravoure tels que ceux-ci :
(1 Corinthiens 6:9 - TMN) "Comment ! Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas
du royaume de Dieu ? Ne vous égarez pas. Ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères, ni
hommes qu’on entretient à des fins contre nature, ni hommes qui couchent avec des
hommes"
(1 Corinthiens 6:18 - TMN) "Fuyez la fornication. Tout autre péché que peut commettre un
homme est extérieur à son corps, mais celui qui pratique la fornication pèche contre son
propre corps."
Et il n’hésite pas à citer des précédents pour prévenir et inciter à ne pas se laisser aller à la
fornication :
(1 Corinthiens 10:6-8 - TMN) 6 "Or ces choses sont devenues nos exemples, pour que nous
ne soyons pas des gens qui désirent des choses mauvaises, comme ils les ont désirées. 7 Ne
devenez pas non plus idolâtres, comme certains d’entre eux ; ainsi que c’est écrit : “ Le
peuple s’assit pour manger et boire, et ils se levèrent pour s’amuser. ” 8 Ne pratiquons pas
non plus la fornication, comme certains d’entre eux ont commis la fornication, et il en
tomba vingt-trois mille en un seul jour [...]"
Conclusion : l’apôtre Paul n’aimait pas la fornication. Mais ne trouvez vous pas absolument insensé
que Paul ne rappelle pas la décision apostolique qui aurait dû mieux que tout autre argument
emporter la conviction de ses lecteurs.
Cherchez. Jamais vous ne trouverez ailleurs que dans le livre des Actes la moindre référence à une
décision qui aurait dû avoir une portée essentielle et fondatrice.
Il faut se rendre à l’évidence : le contexte de la décision apostolique, et à présent la mise en
perspective de cette décision dans les lettres de Paul ne mènent qu’à cette seule conclusion - le
décret apostolique est bien temporaire et limité quant à son application.
Abordons, si vous le voulez bien, les mots grecs d’Actes 15:29.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
La langue grecque est une langue riche, mais la latitude du traducteur est importante. Revenons aux
versets eux-mêmes qui font l’objet de l’examen.
(Actes 15:28, 29 - TMN) : “L’esprit saint et nous-mêmes, en effet, avons jugé bon de ne
mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : s’abstenir des
choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous
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vous gardez avec soin de ces choses, vous prospérerez. Portez-vous bien !”
(Actes 21:25 - TMN) Quant aux croyants d’entre les nations, nous avons pris notre décision
et nous [l’]avons envoyée : ils doivent se garder de ce qui est sacrifié aux idoles ainsi que
du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication.”
Et distinguons à présent les expressions grecques et leurs significations possibles.
Car répétons-le toujours le traducteur en opérant son choix des mots orientent nécessairement la
pensée.
En Actes 15:29 nous retrouvons :
• "juger bon" - en grec selon l’helléniste Joseph Thayer "dokeo" a pour sens :
1) avoir pour opinion, penser, supposer ; 2) sembler, avoir pour réputation ; 3) il me semble ;
3a) je pense, je juge ce qui est en question ; 3b) il me semble bon, il me plaît de, j’ai
déterminé
L’ordre donné en ce verset, le fameux décret, vous semble-t-il aller indiscutablement dans le sens
d’un ordre absolu ?
Le verbe traduit en général une opinion ou un souhait et non un commandement.
• "nécessaires" en grec "epanagkes"
Mais la question doit se poser "nécessaires" à quoi ? A la résolution du problème. Qui était,
souvenez-vous ? Non pas le résumé de tous les interdits qui pouvaient peser sur le chrétiens
gentils, sinon pourquoi s’arrêter en si bon chemin.
Ne trouvez-vous pas que le meurtre, le mensonge ou encore le blasphème auraient dû faire
partie de cette liste ? Nécessaires afin de ne pas choquer les âmes sensibles juives encore
bien promptes à s’émouvoir d’un abandon trop flagrant de la Loi mosaïque.
• "choses sacrifiées aux idoles" - en grec "eidolothuton
̄
" que l’on retrouve à l’identique en 1
Corinthiens 8:1, 4, 7, 10 - passage commenté précédemment dans lequel l’apôtre Paul laisse
à la conscience chrétienne le choix de consommer les "choses sacrifiées aux idoles".
• "fornication" - en grec "porneia" et là encore l’éclairage de Joseph Thayer s’avère décisif.
Selon Thayer la porneia c’est :
1) relation sexuelle illicite
1a) adultère, fornication, homosexualité, lesbianisme, relations avec des animaux, etc...
1b) relation sexuelle avec des parents proches : Lev. 18
1c) relation sexuelle avec un homme ou une femme divorcés : Mc 10:11, 12
2) métaphoriquement le culte des idoles
2a) la profanation de l’idolâtrie, encourue par le fait de manger des choses sacrifiées aux
idoles
Le simple parcours des interprétations possibles de "porneia" nous prouve que l’on peut tout à fait,
sans trahir aucunement le grec, le rendre par :
• relations sexuelles entre parents proches condamnées par la loi mosaïque (Lev. 18) et donc
abominables aux yeux des Juifs - certaines unions condamnées par la loi mosaïque ne sont
plus illégitimes à notre époque (le lecteur pointilleux pourra considérer utilement Lev 18 :11
et Lev 18:9 - dans le premier cas l’union ne serait pas incestueuse à notre époque - ce n’est
nullement une demi-soeur charnelle, dans le deuxième cas si) - ou encore
• la profanation de l’idolâtrie
Allant en ce sens l’exégète Bruce Metzger dans son ouvrage Textual Commentary on the Greek
New Testament explique :
Via Veritas
135
"Le Décret Apostolique - versets Ac 15.29,15.20,21.25 - contient de de nombreux problèmes
concernant le texte et l’exégèse. (...) Il est possible que dans ces versets fornication signifie
le mariage dans la parenté prohibée par le Lévitique ((Lv 18.6-18), que les rabbins
désignaient comme "interdits pour porneia", ou les mariages mixtes avec les païens (Nb
25:1 ; à comparer avec 2 Cor 6.14), ou la participation à un culte païen qui a été souvent
décrit par les prophètes de l’Ancien Testament comme de l’adultère spirituel qui, en fait,
ouvrait des occasions dans nombre de temples pour la prostitution religieuse."
En ce cas conseiller aux non-juifs convertis de rejeter la "porneia" afin de ne pas choquer les juifs
convertis a très bien pu signifier ne pas s’engager dans des relations sexuelles contraires à loi
mosaïque ou ne pas verser dans les pratiques troubles des temples païens.
Cette explication permettrait de plus de garder une cohérence dans les choses nécessaires à un code
de bonne conduite judéo-chrétienne : le sang, les choses étouffées (donc non saignées), les choses
sacrifiées aux idoles, les relations illicites (illicites au sens de la loi mosaïque) ou encore de
l’idolâtrie.
Nous restons bel et bien dans le même champ d’interdits.
La latitude très importante laissée pour la traduction du mot porneia empêche de ne voir dans les
versets discutés que la notion stricte de fornication (relations sexuelles en dehors du mariage).
Il est donc intellectuellement malhonnête d’affirmer que l’usage du sang est tout aussi prohibé que
la fornication tant le dernier mot peut revêtir de sens différents.
C’est pourtant ce que fait la Watchtower et elle encourage les TJ à faire l’amalgame.
Souvenez-vous de l’amorce du sujet :
Comment Raisonner à partir des Écritures, p. 359 : Les chrétiens ont reçu l’ordre de
‘s’abstenir du sang’ Actes 15:28, 29 : “L’esprit saint et nous-mêmes [le collège central de
la congrégation chrétienne], en effet, avons jugé bon de ne mettre sur vous aucun autre
fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles,
et du sang, et de ce qui est étouffé [ou mort sans avoir été saigné], et de la fornication. Si
vous vous gardez avec soin de ces choses, vous prospérerez. Portez-vous bien !”
(L’absorption de sang est mise ici au même rang que l’idolâtrie et la fornication,
pratiques dont nous désirons assurément nous garder.)
Notez d’ailleurs, à titre d’exemple, le choix de traduction de la Bible de Jérusalem (1998).
(Actes 15 : 29 - Je) "vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs
étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Amen"
Il est question des unions illégitimes et non de la fornication (1Co 6:18).
En Actes 21:25 nous retrouvons fondamentalement les mêmes mots grecs commentés.
Nous noterons cependant une différence de verbe.
• "prendre sa décision" - en grec "krinō" Là encore Joseph Thayer nous permet de
comprendre que le mot a des nuances que va devoir choisir le traducteur. "krino"̄ n’est pas
seulement décider ou censurer, c’est aussi 1) séparer, prélever, sélectionner, choisir ; 2)
approuver, estimer, préférer ; 3) être d’opinion, penser.
Le retour au grec nous permet de comprendre que là où certains verront décret d’autres pourront y
voir conseil ou souhait, que les choses nécessaires le sont toujours pour un but particulier et une
situation donnée, que les relations illégitimes d’hier ne sont pas forcément la fornication
d’aujourd’hui.
Rien dans les versets examinés ne peut contredire la thèse établie et soutenue jusqu’ici :
l’interdiction concernant le sang était un conseil demandant aux chrétiens non-juifs de tenir compte
Via Veritas
136
de la conscience des Juifs du début du christianisme.
Le contexte la démontre, les lettres pauliniennes l’appuient, la langue grecque ne s’y oppose pas,
bien au contraire.
Et les auteurs anciens qui sont cités généreusement par la Watchtower leur témoignage ne vaut-il
rien ?
Citer un auteur n’est pas rien, surtout si on le cite de manière erronée.
N’est-il pas extraordinaire que la Watchtower fasse référence à des auteurs anciens abandonnant sa
sacro-sainte règle qui prescrit de ne placer sa confiance que dans les Écritures et non dans la
Tradition humaine.
Sola scriptura, l’écriture seule, lorsqu’il s’agit de contrer la doctrine de la Trinité.
Mais si l’on ne peut croire les auteurs lorsqu’ils s’expriment sur la manière dont leur communauté
avait compris les textes concernant la divinité pourquoi devrions-nous leur accorder du crédit pour
ce qui est se comprendre l’interdiction apostolique portant sur le sang ?
Tertullien
André Thévet - 1584
Car pourquoi ne pas citer Tertullien quand il soutient la Trinité (in Contre Praxéas ou sur la
Trinité) :
"Par conséquent, d’après la nature de ces exemples, je déclare que je reconnais deux
personnes, Dieu et son Verbe, le Père et son Fils. Car la racine et l’arbre sont deux choses,
mais unies ; la source et le ruisseau sont deux espèces, mais indivises ; le soleil et le rayon
sont deux formes, mais adhérentes. Toute chose qui sort d’une autre est nécessairement la
seconde par rapport à celle dont elle sort, mais sans en être nécessairement séparée. Or, il y
a un second, là où il y a deux ; il y a un troisième, là où il y a trois. Car le troisième est
l’Esprit qui procède de Dieu et du Fils, de même que le troisième par rapport à la racine est
le fruit sorti de l’arbre ; le troisième par rapport à la source est le ruisseau qui sort du
fleuve ; le troisième par rapport au soleil est la lumière qui sort du rayon. Aucun d’eux
toutefois n’est étranger au principe dont il tire ses propriétés. De même la Trinité descend
du Père comme de sa source, à travers des degrés qui s’enchaînent indivisiblement l’un à
l’autre sans nuire à la monarchie, disons mieux, en protégeant l’essence de l’économie."
La Watchtower ne se gène pas pour le citer sur l’interdiction apostolique, et par deux fois et à deux
reprises de manière malhonnête et tronquée.
Notez les déclarations.
Livre Comment raisonner à partir des Ecritures p. 360 § 3 Sang :
"Tertullien (env. 160-230) : “Rougissez de votre aveuglement devant nous autres chrétiens,
qui ne regardons pas même le sang des animaux comme un des mets qu’il nous est permis
de manger. (...) Aussi, pour mettre les chrétiens à l’épreuve, vous [les païens de Rome] leur
Via Veritas
137
présentez des boudins gonflés de sang, bien convaincus que ce mets est défendu chez eux et
que c’est un moyen de les faire sortir du droit chemin. Comment pouvez-vous donc croire
que ces hommes qui ont horreur du sang animal (vous en êtes persuadés) sont avides de
sang humain ?” - Apologétique (Paris), traduction de J. Waltzing et A. Severyns, p. 23."
Que comprenez-vous à la lecture de la citation ?
Que les Romains présentaient du boudin fait de sang animal et que les chrétiens perdaient leur vie
pour cela.
Lisez la citation entièrement rapportée (in Apologétique) :
"On dit encore que, chez certaines nations scythiques, tous les défunts sont mangés par
leurs parents. - 10. Mais je cherche trop loin. Aujourd’hui même, chez vous, c’est le sang
tiré de la cuisse ouverte, et recueilli dans la main, qu’on donne à boire aux fidèles de
Bellone pour les initier. De même, ceux qui, dans un combat de gladiateurs dans l’arène,
ont bu avec avidité, pour guérir la maladie comitiale, le sang chaud des criminels égorgés
et découlant de la gorge, où sont-ils (sinon chez vous) ? - 11. De même encore ceux qui se
nourrissent de la chair de bêtes fauves venant de l’arène, qui se repaissent de la chair d’un
sanglier ou d’un cerf. Ce sanglier, en luttant, s’est souillé du sang de l’homme qu’il a
déchiré ; ce cerf est mort couché dans le sang d’un gladiateur. On recherche même les
membres des ours qui n’ont pas encore digéré la chair humaine ; c’est un homme qui se
gorge de la chair nourrie d’un homme. - 13. Vous qui mangez tout cela, combien peu vous
êtes loin des prétendus repas des chrétiens ! Et ceux qui, par une passion monstrueuse,
convoitent les membres des hommes, sont-ils moins coupables parce qu’ils les dévorent
vivants ? N’est-ce pas par le sang humain qu’ils sont initiés à l’impudicité, parce qu’ils
boivent ce qui doit seulement devenir du sang ? Ce ne sont pas des enfants sans doute, ce
sont des hommes faits qu’ils mangent !
13. Rougissez donc de votre aveuglement devant nous autres chrétiens, qui n’admettons pas
même le sang des animaux dans des mets qu’il est permis de manger, et qui, pour cette
raison, nous abstenons de bêtes étouffées ou mortes d’elles-mêmes, pour n’être souillés en
aucune manière de sang, même de celui qui est resté enfermé dans les chairs. -14. Aussi,
l’un des moyens que vous employez pour mettre les chrétiens à l’épreuve, c’est de leur
présenter des boudins gonflés de sang, convaincus que cela leur est défendu et que c’est un
moyen de les faire sortir du droit chemin. Comment pouvez-vous donc croire que ces
hommes qui ont horreur du sang d’un animal (c’est une chose dont vous êtes persuadés)
sont avides de sang humain ? à moins peut-être que vous n’ayez, par expérience, trouvé
vous-mêmes ce sang plus agréable au goût. - 15. Ce sang, il fallait donc l’employer aussi
pour éprouver les chrétiens, aussi bien que le foyer du sacrifice, que le coffret à encens. Ils
seraient, en effet, convaincus d’être chrétiens tout aussi bien en voulant goûter le sang
humain qu’en refusant de sacrifier ; il faudrait, au contraire, nier qu’ils soient chrétiens,
s’ils ne le goûtaient pas, comme vous le feriez s’ils sacrifiaient. Et, assurément, le sang
humain ne vous ferait pas défaut, au moment où vous interrogez les prisonniers et où
vous les condamnez. "
De quel sang est-il question dans l’épreuve subie ?
De sang animal ? Non dit Tertullien, le sang humain ne vous ferait pas défaut pour interroger les
prisonniers. Nous sommes bien au-delà de la simple interdiction alimentaire.
Et cette autre déclaration de Tertullien :
Livre Comment raisonner à partir des Ecritures p. 360, 361 Sang "L’interdiction contenue dans la
Bible porte-t-elle aussi sur le sang humain ? :
Oui, et c’est ainsi que les premiers chrétiens la comprenaient. Actes 15:29 demande de
Via Veritas
138
“s’abstenir (...) du sang”. Il n’est pas simplement question de s’abstenir du sang animal.
(Voir Lévitique 17:10, qui interdit d’absorber “un sang d’une sorte quelconque”.)
Tertullien (qui défendait dans ses écrits les croyances des premiers chrétiens) a déclaré :
“Il faut comprendre que l’interdit relatif au ‘sang’ s’applique à bien plus forte raison au
sang humain.” - The Ante-Nicene Fathers, tome IV, p. 86."
Le lecteur appréciera le "Tertullien qui défendait dans ses écrits les croyances des premiers
chrétiens" à la lueur de ce que nous avons précédemment exposé sur la Trinité.
Que dit vraiment la citation dans sa version longue (in De la Pudicité) ?
" XII. — DÉCRET APOSTOLIQUE
[1] Or donc que ceux qui ont reçu dans les apôtres et par les apôtres un autre Paraclet,
qu’ils ne veulent pas reconnaître dans ses propres prophètes et que par suite ils ne
possèdent même plus dans les apôtres, nous prouvent maintenant, d’après les documents
apostoliques, que les flétrissures d’une chair souillée postérieurement au baptême peuvent
être lavées par la pénitence. [2] Quant à nous, nous voyons avec quelle rigueur, chez les
apôtres aussi, après l’abolition des formes de l’ancienne loi, l’adultère est caractérisé, pour
qu’on n’aille pas s’imaginer que la loi soit plus |119 douce dans la discipline nouvelle que
dans l’ancienne. [3] Lorsque l’Évangile, retentissant pour la première fois, ébranla tout
l’ancien système, et qu’il fallut déterminer ce qu’on devait retenir de la loi, les apôtres, sur
l’inspiration du Saint Esprit, posent cette première règle pour ceux qui venaient d’être élus
entre les nations. [4] « Il a semblé bon à l’Esprit-Saint et à nous-de ne vous imposer aucun
autre fardeau que ce qui est nécessaire, savoir : de vous abstenir des sacrifices, de la
fornication et du sang ; en vous en abstenant vous agissez bien, avec l’aide de l’EspritSaint ».
[5] Il suffit qu’ici encore l’adultère et la fornication aient conservé leur place d’honneur
entre l’idolâtrie et l’homicide. Car cette interdiction du sang, nous l’entendrons bien
plutôt du sang humain. [6] Mais de quel œil les apôtres veulent-ils que l’on regarde ces
crimes, les seuls qu’ils mettent à part de la loi ancienne, les seuls dont ils prescrivent
l’abstention absolue ? Non qu’ils permettent les autres, mais ils donnent ceux-là comme
seuls irrémissibles, eux qui, par condescendance pour les païens, ont rendu rémissibles les
autres fardeaux de la loi. [7] Pourquoi déchargent-ils notre cou d’un joug si pesant, sinon
pour lui imposer à jamais ce résidu de la discipline ? Pourquoi relâchent-ils tant de liens,
sinon pour nous enchaîner à perpétuité aux devoirs nécessaires ? [8] Ils nous ont affranchis
de la pluralité de ces obligations, pour nous forcer à l’observation de celles dont l’oubli est
le plus nuisible. Il y a eu compensation : nous avons reçu beaucoup à charge de donner
quelque chose. Une compensation n’est pas révocable ; or elle sera révoquée par ces
mêmes |121 fautes, par la réitération de l’adultère, de l’homicide, et de l’idolâtrie. [9] Car
toute la loi devra être appliquée si la condition du pardon est annulée. Mais ce n’est pas à
la légère que le Saint Esprit a l’ait avec nous un pacte, dont il a pris l’initiative- nouveau
titre à notre respect. Personne ne peut rompre sans ingratitude l’engagement pris avec lui.
D’ailleurs, il ne reprendra plus ce qu’il a concédé et il ne concédera plus ce qu’il a repris.
[10] Le Nouveau Testament est désormais immuable et la proclamation du décret ainsi que
le dessein qui y est réalisé ne finiront qu’avec le monde. L’Esprit-Saint a suffisamment
refusé le pardon des délits dont il s’est réservé la surveillance ; il a revendiqué tout ce qu’il
n’a point formellement concédé. [11] De là vient que les Églises ne rendent la paix ni à
l’idolâtrie ni à l’homicide. Que les apôtres se soient écartés de ce principe établi par eux, il
n’est pas permis, je pense, de le supposer : ou si quelques-uns peuvent le croire, il faudra
qu’ils donnent leurs preuves. "
Voici la note donnée à la suite de ce texte sur l’interprétation particulière de Tertullien :
Via Veritas
139
"XII, 3-4. Le texte des Actes, XV, 28 et s., donné ici par Tertullien diffère de la Vulgate qui,
au lieu de fornicationibus, donne suffocatis. Ce texte, où l’on peut soupçonner une
altération tendancieuse (cf. BATIFFOL, Études d’histoire..., p. 85), se retrouve dans saint
Irénée (III, xii, 14), saint Cyprien, l’Ambrosiaster et le Codex Bezae. - Il est à noter que
Tertullien interprète sanguine par homicide : il s’agissait, selon toute évidence, dans la
pensée des apôtres, d’une interdiction de boire le sang des animaux (cf. ROSE, Les Actes
des Apôtres, Paris, 1904, p. loi). La phrase qui suit dans le De Pud. (interdictum enim
sanguinis multo magis humani intellegemus) semble faire entendre que Tertullien préfère
son explication, sans ignorer toutefois qu’il y en a une autre. Voir, au surplus, De Monog.
V : Libertas ciborum et sanguinis solius abstinentia. Sur l’arbitraire de son exégèse dans
tout ce morceau, cf. les très justes observations d’ESSER, op. cit., p. 25."
Quand Tertullien lit ou écrit sang qu’a-t-il donc à l’esprit ? Sang = sang humain = homicide.
On est très loin de la vision délivrée par la Watchtower. Heureusement que "Tertullien défendait
dans ses écrits les croyances des premiers chrétiens".
En plus de citer les auteurs antiques, la Watchtower n’hésite pas à faire parler les morts plus récents.
Dans ses propres publications, elle cite à l’envi ce brave Martin Luther (voir la brochure "Comment
le sang peut-il vous sauver la vie ?").
Martin Luther
Woodcut by Lucas Cranach
Le réformateur a droit dans cette brochure a un bel encadré avec cette citation (tronquée bien
entendue) :
"Martin Luther a tiré les conséquences du décret apostolique, disant : “ Si donc nous
voulons une Église qui soit soumise à ce concile (...) il nous faut enseigner et exiger que
désormais ni prince, ni seigneur, ni bourgeois, ni paysan ne mangent de l’oie, du daim, du
cerf ou du porc cuit dans le sang (...). Bourgeois et paysans doivent surtout s’abstenir de
saucisse noire et de boudin. ”"
Alors obéissez chrétiens, abstenez-vous de sang.
Les choses ne sont jamais aussi simples, elles ne le sont que pour les Témoins de Jéhovah qui dans
leur confiance et leur aveuglement n’iront jamais voir plus loin que les quelques mots qu’on veut
bien leur délivrer.
Que dit réellement la citation ?
La Tour de Garde elle-même en livre davantage et constate que Luther avait décidé de ne pas suivre
l’injonction apostolique.
Tour de Garde du 15/9 1978 p. 23 §11 :
"En ce cas, pourquoi les Églises de la chrétienté à notre époque ont-elles cessé d’observer
cette “règle” ? Certains commentaires de Martin Luther nous éclairent sur ce point.
Quoique personnellement enclin à rejeter tous les conciles, Luther déclara cependant ce qui
suit à propos du décret d’Actes 15 :
“Si donc nous voulons une Église qui soit soumise à ce concile (ainsi qu’il sied : n’est-ce
pas là le tout premier concile et ne fut-il pas tenu par les apôtres en personne ?) il nous faut
Via Veritas
140
enseigner et exiger que désormais ni prince, ni seigneur, ni bourgeois, ni paysan ne mangent
de l’oie, du daim, du cerf ou du porc cuit dans le sang, (...) [et] doivent surtout s’abstenir de
saucisse noire et de boudin. (...) Que quiconque en a le désir ou le pouvoir s’attelle à la
tâche de mettre la chrétienté d’accord avec ce concile ! Alors je lui emboîterai volontiers le
pas.” Selon Luther, parce qu’il était difficile d’obéir au décret d’Actes 15:28, 29, et que la
majorité le transgressait, ce serait chose impossible d’exiger que tous les membres de
l’Église l’observent. Aussi ne l’observerait-il pas lui-même."
Notez la conclusion perfide de la Tour de Garde. Le paragraphe 12 est sans appel pour le pauvre
homme :
"12 Peut-être Martin Luther et les membres de l’Église de son temps étaient-ils peu disposés
à se soumettre à la loi divine, et il se peut que nombre d’habitants de la chrétienté de notre
époque ne soient guère plus disposés à obéir à ce décret. Mais il n’en va pas ainsi des
Témoins de Jéhovah."
Trahison, perfidie et ignorance des pensées réelles des auteurs cités.
Que pensait réellement Martin Luther de l’interdiction apostolique ?
Il nous livre lui-même le fond de sa pensée (La Confession d’Augsbourg de 1530 - Article 28. —
Du Pouvoir des Évêques) :
"Il y a aussi de sérieuses discussions pour savoir si les évêques ont le droit d’introduire des
cérémonies dans l’Église, s’ils peuvent imposer des ordonnances sur les aliments, sur les
jours fériés, sur l’organisation hiérarchique du clergé. Ceux qui accordent ce pouvoir aux
évêques s’appuyent sur cette parole de Christ, Jean 16, 12 : « J’ai encore beaucoup de
choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas le supporter maintenant. Mais quand l’Esprit
de Vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité ». Ils invoquent aussi l’exemple
des apôtres, Actes 15, 20. 29, où ceux-ci décrétèrent qu’on devait s’abstenir de sang et des
viandes étouffées. On fait observer aussi que le dimanche a été substitué au sabbat,
contrairement — à ce qu’ils pensent — au Décalogue. Il n’y a pas d’exemple qu’on fasse
valoir autant que celui du changement du jour du sabbat, pour prouver que le pouvoir de
l’Église est si grand qu’elle a pu même modifier les Dix Commandements et dispenser de les
observer. (...)
Les apôtres ont prescrit qu’il faut s’abstenir du sang et des viandes étouffées. Qui donc
observe aujourd’hui cette règle ? Et pourtant ceux qui ne l’observent pas ne commettent
pas de péché ; car les apôtres eux-mêmes n’ont pas voulu accabler les consciences avec
une telle servitude : ils n’ont établi cette règle que provisoirement et pour que les
chrétiens évitent de scandaliser leurs frères. Car pour bien comprendre cette ordonnance,
il faut bien garder en vue l’article principal de la foi chrétienne, qui n’est pas annulé par
ce décret.
Presqu’aucun des anciens Canons n’est observé à la lettre ; oui, beaucoup de leurs
préceptes tombent journellement en désuétude, même chez ceux qui observent ces sortes de
règles avec le plus grand zèle. Il est impossible de venir en aide aux consciences, à moins
qu’on n’applique cet adoucissement qui consiste à savoir que l’observance de ces règles
n’est nullement obligatoire, et qu’il ne peut nuire en rien aux consciences si l’on néglige
ces ordonnances complètement. "
Relevons à nouveau la pensée essentielle de Martin Luther :
"Les apôtres ont prescrit qu’il faut s’abstenir du sang et des viandes étouffées. Qui donc
observe aujourd’hui cette règle ? Et pourtant ceux qui ne l’observent pas ne commettent pas
de péché ; car les apôtres eux-mêmes n’ont pas voulu accabler les consciences avec une
telle servitude : ils n’ont établi cette règle que provisoirement et pour que les chrétiens
Via Veritas
141
évitent de scandaliser leurs frères. "
Pour Martin Luther la fameuse décision apostolique avait un caractère temporaire et avait été
uniquement édictée dans le but de ne pas choquer les consciences.
L’idée ne vous rappelle rien ?
C’est précisément l’idée maîtresse de ce très long article : l’interdiction concernant le sang était
temporaire et limitée dans son action par le désir de ne pas nuire inutilement aux Juifs qui formaient
le noyau dur de la congrégation chrétienne.
Le contexte de rédaction du décret (Actes 15), le rappel de la décision prise afin d’inviter Paul à
épargner à nouveau le sentiment des Juifs de Jérusalem (Actes 21), les lettres pauliniennes qui
n’auraient pas de sens si le décret avait été compris comme universel et permanent (choses
sacrifiées aux idoles et fornication - 1Co 6 et 8), le retour à la signification très diverse qui peut être
donnée aux mots grecs et enfin la faiblesse des citations d’auteurs anciens, tout cela tire dans le
même sens.
La Watchtower fait preuve d’un aveuglement et d’une obstination qui frisent la doctrine de
l'infaillibilité papale.
Mais la jugez-vous seulement capable d’humilité et reconnaître qu’elle s’est trompée pendant plus
de soixante ans.
Le mouvement dans son ensemble non. Mais l’individu peut-être, s’il parvient à lire et à
comprendre ces lignes, du moins souhaitons-le.
Saint le sang’ ou ’sans le sein’
Par Winston Wesson
Les Témoins de Jéhovah sont infiniment reconnaissants envers l’Esclave Fidèle et Avisé, qui leur
explique toujours quoi faire et quand le faire ! Tant qu’il s’agit d’expliquer pourquoi HarMaguédon
n’est toujours pas là, cela peut prêter à sourire. Mais quand le dogmatisme et l’arbitraire dirigent les
décisions en matière de soins de 6,5 millions de personnes, il est urgent de pointer du doigt les
absurdités du système
Mais où est-il le temps béni où les transfusions de sang se faisait avec de bonne grosses poches
remplies de liquide bien rouge, bien identifié, comme celle qui est schématisée sur la carte ‘Pas de
sang’ que porte sur lui tout Témoin de Jéhovah qui se respecte ? Eh oui ! La médecine avance, tant
en connaissance qu’en pratique. Il y a quelques dizaines d’années, tout semblait bien plus simple !
D’un côté, on avait Actes 15 :28,29, on lui faisait dire un peu ce qu’on voulait, on ignorait un peu le
contexte, mais çà passait (voir à ce sujet l'article précédent 'Bons sang, mais c'est bien sûr !' De
l’autre des transfusions de sang total, qu’on pouvait clairement montrer du doigt, en disant ‘Pas
bon !’.
Mais de l’aveu même de la Watchtower, les problèmes liés à la transfusion augmentent en
proportion des progrès de la médecine.
Ainsi aujourd’hui, le plus souvent on ne prescrit au patient que ce dont il a vraiment besoin : du
plasma, de l’hémoglobine, des plaquettes, etc. Actes 15:28,29 c’est bien gentil, mais çà ne dit pas au
Via Veritas
142
Témoin quoi penser de ce type d’intervention : le plasma, ce n’est pas du sang, et la Bible n’aborde
évidemment nulle part ce genre de problèmes. Heureusement la Watchtower est là ! Il était
difficilement pensable pour une organisation si scrupuleuse de laisser ses fidèles prendre trop de
liberté avec ce genre de questions, ce qui pourrait se traduire par une remise en cause de tout
l’enseignement sur ce point. Ainsi depuis plusieurs années maintenant, elle a tranché pour le fidèle
de base, qui est probablement incapable par lui-même de savoir qu’en penser. Sur quels critères futce tranché ? Cà, on ne sait pas trop, mais c’est tranché !
La nouvelle loi à Brooklyn fut parfaitement résumée dans l’article d’étude ‘Laissons-nous guider
par le Dieu vivant’ de la Tour de Garde du 15 juin 2004. Petit résumé pour ceux qui n’ont pas suivi :
Avec l’aide de l’esprit de Dieu, les apôtres et les anciens sont parvenus à la conclusion que
l’obligation d’être circoncis avait pris fin en même temps que la Loi. Néanmoins, les chrétiens
devaient toujours respecter certaines exigences divines. Dans une lettre adressée aux congrégations,
le collège central a écrit : “ L’esprit saint et nous-mêmes avons jugé bon de ne pas vous ajouter
d’autre fardeau, si ce n’est ces choses-ci qui sont nécessaires : vous abstenir des choses qui ont été
sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez
soigneusement de ces choses, vous prospérerez. ” - Actes 15:28, 29. De toute évidence, aux yeux du
collège central, il était tout aussi indispensable moralement de ‘ s’abstenir du sang ’ que de
s’abstenir de l’immoralité sexuelle ou de l’idolâtrie. C’est la preuve que l’interdiction qui porte sur
le sang est formelle.
Jusqu’ici rien de nouveau sous le soleil… Nous pouvons juste remarquer que la Tour de Garde,
comme chaque fois qu’elle aborde ce point, opère un tour de passe-passe, qu’on pourrait trouver
grossier, mais, force est de le constater, qui est pourtant bien habile, puisqu’il échappe à des
millions de Témoins de Jéhovah, et qui m’a moi-même berné longtemps. Ainsi, par miracle, ‘les
choses qui ont été sacrifiées aux idoles’ du passage biblique deviennent tout simplement
‘l’idolâtrie’ dans le commentaire de la Watchtower. Mais ce n’est pas de l’idolâtrie que les apôtres
demandent de s’abstenir…Cette substitution rhétorique évitera au lecteur de faire trop directement
le rapprochement avec les consignes de Paul, qui dit clairement que les ‘choses qui ont été
sacrifiées aux idoles’ prohibées par les apôtres à Jérusalem ne le sont plus du tout quelques temps
plus tard à Corinthe (I Corinthiens chapitre 8). Ce qui amènerait inévitablement la question :
pourquoi pas le sang ? Comme cette question n’est pas posée, la Tour de Garde n’a pas à y
répondre ! Par contre elle tient à donner ses directives quant à cette histoire de fractions de sang.
L’article poursuit un peu plus loin :
Voilà des dizaines d’années que les Témoins de Jéhovah ont adopté une position claire. Ils ont par
exemple publié un article dans une grande revue médicale (The Journal of the American Medical
Association, 27 novembre 1981 ; reproduit dans la brochure Comment le sang peut-il vous sauver la
vie ? pages 27-9). Cet article citait la Genèse, le Lévitique et les Actes. On y lisait : “ Bien que ces
versets ne soient pas formulés dans un langage médical, les Témoins considèrent qu’ils condamnent
les transfusions de sang total, de concentrés érythrocytaires et de plasma, ainsi que l’administration
de globules blancs et de plaquettes. ” On lit dans l’Encyclopédie Larousse de la santé, parue en
1999, à propos des composants du sang : “ Le sang est constitué de cellules (globules rouges et
blancs, plaquettes) et de plasma. ” Conformément aux faits médicaux, donc, les Témoins refusent
les transfusions de sang total ou de l’un de ses composants majeurs. L’article médical ajoutait : “ La
compréhension qu’ont les Témoins de ces versets n’interdit pas absolument l’emploi de
[fractions telles] que l’albumine, les immunoglobulines et les préparations destinées aux
hémophiles : il appartient à chaque Témoin de décider s’il peut les accepter. ” (…)Comme
l’indiquent les paragraphes 11 et 12, les Témoins de Jéhovah n’acceptent pas les transfusions de
sang total ni de l’un de ses quatre composants principaux : le plasma, les globules rouges, les
globules blancs et les plaquettes. Qu’en est-il des fractions extraites de l’un de ces composants,
par exemple des sérums qui contiennent des anticorps pour lutter contre une maladie ou des sérums
Via Veritas
143
antivenimeux contre les morsures de serpents ? Certains estiment que ces fractions infimes ne sont
plus du sang à proprement parler, et donc ne tombent pas sous le coup du commandement de ‘
s’abstenir du sang ’. (Actes 15:29 ; 21:25) C’est leur responsabilité.
Nous voilà au cœur du problème ! La question est tranché
pour : 1) le plasma 2) les cellules sanguines (plaquettes, et
globules blancs et rouges). Pourquoi ces substances tombentelles sous le coup de l’interdit alimentaire des apôtres ? Si
nous suivons le raisonnement de la Tour de Garde, c’est parce
que l’Encyclopédie Larousse le dit ! A titre personnel, moi
qui ne suis pas oint de l’Esprit Saint, je ne vois pas le rapport
direct entre cette brève citation encyclopédique et l’idée que
les plaquettes et le sang soient la même chose du point de vue
biblique. Ainsi pour les dérivés ‘secondaires’ du sang, chaque
Témoin de Jéhovah est libre de décider pour lui-même de ce
qui est acceptable. Pourquoi ? Parce qu’il peut sembler
raisonnable d’ ‘[estimer] que ces fractions infimes ne sont
plus du sang à proprement parler’. Certes ! Mais en quoi, par
exemple, les plaquettes, qui ne représentent que moins de
0,2% du volume sanguin (voir le graphique extrait de
Réveillez-vous du 22 octobre 1990), sont-elles plus
assimilables à du sang ‘à proprement parler’ ? Et pourquoi
l’albumine ne devrait elle pas être mise à la même enseigne si
on prend en compte le fait qu’elle est environ 20 fois plus présente que les plaquette dans le sang
(à peu près 4% du volume sanguin) ? Comment justifier du fait que le Témoin est libre d’accepter
une à une toutes les cellules qui composent le plasma, mais pas le plasma lui-même ?
Connaissez-vous un seul passage biblique qui appuie ce genre de raisonnement ? Pourquoi doit on
s’interdire des composants du sang, mais pas les composants de ces composants ? Où et en quoi la
Bible permet-elle de fixer une limite entre ce qui est ou n’est pas assimilable à du sang ?
Evidemment ces questions ne sont même pas frôlées par l’article, qui devra pourtant servir de
norme au Témoin lorsque sa vie elle-même sera peut-être en jeu !
Toujours est-il qu’à la page 22 de cette Tour de Garde, le Collège Central donne ses consignes, sous
forme d’un petit tableau : le sang total, et ses quatre composants majeurs (globules rouges, globules
blanc, plaquettes, et plasma) sont classés dans une case titrée ‘INACCEPTABLE’, et toutes les
fractions issues de ces mêmes composants sont dans une case nommée ‘ AU CHRÉTIEN DE
DÉCIDER’.
En fait, si cet article de la Tour de Garde est bien le dernier en date, et donc celui qui fait autorité en
la matière, ce n’est effectivement pas, comme le dit l’article, la première fois que cette question est
abordée. En juin 2000, une ‘question des lecteurs’ avait déjà traité le problème dans ce sens, et luimême suivait la ligne doctrinale d’un article encore antérieur, autre ‘questions’ du 15 juin 1990. La
Tour de Garde avait essayé à l’époque d’argumenter ses positions (alors que les éditions récentes
sont plus dans le ton ‘C’est comme çà, on ne discute pas !’) Intéressons-nous donc à son
raisonnement :
Aux temps bibliques, les hommes ne connaissaient pas les techniques qui permettent d’utiliser les
composants du sang. Dieu ordonna simplement : ‘Abstenez-vous du sang.’ (Actes 15:28, 29). Mais
pourquoi penser qu’il en va différemment suivant que le sang est entier ou que ses composants ont
été séparés ? Contrairement à certains de leurs contemporains, les premiers chrétiens refusaient de
boire du sang, même si cela signifiait la mort pour eux. Pensez-vous qu’ils auraient agi
différemment si quelqu’un avait recueilli du sang, l’avait laissé se coaguler, puis leur avait proposé
uniquement le plasma ou uniquement la partie coagulée, peut-être sous forme de boudin noir ?
Via Veritas
144
Certainement pas ! C’est pourquoi les Témoins de Jéhovah n’acceptent pas les transfusions de sang
entier ni celles de composants principaux du sang (globules rouges, globules blancs, plaquettes ou
plasma) utilisées dans le même but. (…)Certaines substances présentes dans le plasma de la mère
passent dans le sang du fœtus. Est-ce le cas des protéines plasmatiques comme l’immunoglobuline
et l’albumine ? Oui, pour certaines. Chez la femme enceinte, un mécanisme actif assure le transfert
d’une certaine quantité d’immunoglobulines provenant du sang de la mère dans le sang du fœtus.
Ce transfert d’anticorps s’opérant au cours de toutes les grossesses, les nouveau-nés sont
naturellement plus ou moins immunisés contre certaines infections. (…)Un chrétien peut prendre en
considération le fait que des fractions protéiniques du plasma passent naturellement du système
vasculaire d’un individu à celui d’un autre (le fœtus) lorsqu’il doit décider s’il va accepter ou non
des injections d’immunoglobulines, d’albumine ou d’autres fractions plasmatiques. Certains se
diront peut-être qu’ils peuvent les accepter en toute bonne conscience ; d’autres penseront qu’ils ne
le peuvent pas. C’est à chacun de trancher personnellement cette question devant Dieu.
Arrivé à ce stade, nous résumerons les arguments avancés par la Watchtower concernant ses lois sur
les fractions de sang. Ils reposent essentiellement sur deux considérations : une phrase de
l’Encyclopédie Larousse, et un scénario imaginaire quant à ce qu’auraient fait ou pas les premiers
chrétiens ! N’est ce pas un peu maigre pour exiger de tous les Témoins du monde qu’ils se plient à
ces directives ? D’ailleurs le simple fait de chercher des réponses dans une Encyclopédie ‘du
monde’, ou de se demander ce qu’auraient peut-être fait des hommes et des femmes sans instruction
scientifique il y a 2000 ans, n’est-il pas à lui seul un aveu que la Bible est tout à fait muette face à ce
genre de questions ? Et si la Bible n’en dit rien, comment la Watchtower se sent-elle le droit d’être
aussi affirmative sur le sujet ?
Qui plus est les arguments développés contiennent une faille énorme. Reprenons le raisonnement de
l’article de 1990, raisonnement jamais renié depuis par la Watchtower. Jéhovah permet que
certaines fractions de sang (des immunoglobulines) passent de la mère au fœtus, donc on peut
accepter en toute bonne conscience de prendre soi-même ce genre de traitement. Raisonnement
remarquable ! Mais si on l’accepte, on est confronté à une grave inconséquence dans les interdits de
la Watchtower.
Sur le site du très sérieux IPSN (Institut Prévention Santé en Néonatalogie) des médecins nous
informent des nombreux avantages de l’allaitement pour un bébé. Le lait maternel possède pour
l’enfant des vertus immunologiques incontestables. Il a par exemple un ‘effet ‘bactéricide’ qui
s’explique par sa richesse en cellules immunocompétentes (leucocytes et macrophages) qui
phagocytent les bactéries’. En langage vernaculaire cela signifie que le lait maternel contient en
grande quantité des globules blancs qui protègent le bébé d’agressions infectieuses. D’où viennent
donc ces leucocytes ? Ils sont fabriqués par la moelle osseuse, moelle qui est traversée de petites
veines qui, d’une part, nourrissent l’os, et, d’autre part, permettent à ces fameux leucocytes, mais
aussi aux globules rouges et aux plaquettes, de passer dans le circuit sanguin. Eh oui, les petits
globules blancs ne se téléportent pas de la moelle osseuse au tétons de Maman ! Ils transitent par le
sang, dont ils font partie intégrante ! Comment se fait-il que la Watchtower, qui donne la nourriture
en temps voulu, n’ait jamais pris la peine d’avertir ses fidèles de la présence dans le colostrum de
globules blancs, qui sont inacceptables, selon elle, pour le chrétien ? Pire elle a plusieurs fois fait
l’apologie de l’allaitement maternel. Pourquoi ce qui est vrai au sujet des immunoglobulines ne peut
en aucun cas s’appliquer aux globules blancs ? Est-ce que Jéhovah ne serait pas à l’origine de cette
présence de leucocytes, qui a un rôle défensif pour le nouveau-né, phénomène naturel très
comparable à la transmission d’immunoglobuline au fœtus ? On le voit, la Watchtower dans son
désir de dicter leur conduite à tous les témoins sur tous les sujets, même dans les domaines où elle
n’a manifestement aucune compétence, finit par se ridiculiser en édictant des consignes ubuesques,
sans aucune cohérence pour qui prend la peine d’approfondir le sujet. Est-ce le fantasme
apostolique, pouvoir écrire des articles qui commenceraient par : ‘l’Esprit Saint et nous même
Via Veritas
145
avons jugé bon…’ qui a poussé ses rédacteurs à balancer des consignes, quitte à ce qu’elles se
révèlent à ce point arbitraires ?
La Watchtower devrait bien un jour traiter ce problème. L’ennui, c’est qu’avec ses crises de
dogmatisme autoritaire récurrentes, on doit peut être envisager l’hypothèse que les bébés de
Témoins n’aient bientôt plus le droit au sein !
Le prix de la réputation
Par Lucretius
Toute vérité n’est pas bonne à entendre, à voir ou à lire. Il est des cas où il faut accepter de perdre
de l’argent pour contrer la détérioration de son image.
Car une religion ou une secte vend de l’image, une image policée, proprette, intègre, unique et
divinement préservée. On est le peuple béni de Dieu ou un ramassis vulgaire de simples hommes
qui miment la sainteté et la perfection ?
Pensez donc au prix inestimable de la réputation en ce qui concerne la probité dans tous les aspects
de la vie.
Au sujet de la fraude fiscale la Watchtower faisait les constatations et exhortations suivantes.
La Tour de Garde, 155/11/1984, p. 28 :
Les surveillants chrétiens doivent être ‘irrépréhensibles’, qualification requise pour
l’exercice de leur fonction. De même, la congrégation tout entière devrait être
irrépréhensible aux yeux de Dieu (1 Timothée 3:2 ; voir aussi Éphésiens 5:27). Les
chrétiens s’efforceront donc de garder une bonne réputation dans leur entourage, même
lorsqu’il s’agit de payer les impôts. Jésus Christ lui-même a donné l’exemple sur ce
point. On demanda à son disciple Pierre si Jésus payait l’impôt du temple, une petite
somme de deux drachmes. En réalité, Jésus était exempt de cet impôt puisque le temple
était la maison de son Père et qu’un roi ne fait pas payer d’impôt à son fils. C’est ce
qu’il a expliqué ; et pourtant il a payé cet impôt. De fait, il a même opéré un miracle
pour produire l’argent nécessaire ! Pourquoi payer un impôt dont il était à bon droit
exempt ? Comme Jésus l’a dit lui-même, “pour que nous ne les fassions pas
trébucher”. — Matthieu 17:24-27.
Aujourd’hui, les Témoins de Jéhovah se soucient également de ne faire trébucher
personne. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient, collectivement et dans le monde
entier, la réputation d’être des citoyens honnêtes qui paient leurs impôts. Par exemple, le
quotidien espagnol El Diario Vasco a parlé de l’étendue de la fraude fiscale en Espagne,
mais a fait cette remarque : “Les Témoins de Jéhovah sont l’unique exception. Qu’ils
achètent ou qu’ils vendent, la valeur qu’ils déclarent est rigoureusement exacte.” De
même, le journal américain San Francisco Examiner a déclaré il y a quelques années :
“On peut considérer [les Témoins de Jéhovah] comme des citoyens modèles. Ils
paient promptement les impôts, soignent les malades et s’efforcent d’éliminer
l’analphabétisme.”
Aucun véritable chrétien ne voudrait faire quoi que ce soit qui porte atteinte à
cette réputation chèrement acquise. Placé devant un choix, prendriez-vous le risque
de devenir fraudeur simplement pour économiser quelque argent ? Non ; vous
Via Veritas
146
préféreriez sûrement perdre de l’argent plutôt que de ternir votre réputation et de
jeter le discrédit sur vos principes, voire sur le culte que vous rendez à Jéhovah.
En réalité, garder votre réputation de personne juste et honnête vous coûtera
parfois de l’argent. Voici ce qu’a déclaré le philosophe grec Platon il y a environ 24
siècles : “S’il faut payer des contributions, le juste, à égalité de biens, contribue
davantage, l’autre [l’injuste] moins.” Il aurait pu ajouter que le juste ne regrette jamais
de payer le prix de sa justice. Une telle réputation vaut bien ce prix. C’est certainement
le cas des chrétiens. Leur belle réputation a du prix à leurs yeux, car elle honore
leur Père céleste et peut rendre leur mode de vie et leur Dieu Jéhovah attrayants
pour autrui. — Proverbes 11:30 ; 1 Pierre 3:1.
Nous retiendrons la belle exhortation qui sonne comme une prophétie et une déclaration
d’intention : « vous préféreriez sûrement perdre de l’argent plutôt que de ternir votre réputation et
de jeter le discrédit sur vos principes, voire sur le culte que vous rendez à Jéhovah ». L’image est un
élément incontournable de son fonds de commerce pour qui vit de la confiance de son public.
La fraude fiscale est une chose, mais ce n’est certainement pas la plus grave atteinte qui peut être
faite à une réputation. Notez la déclaration suivante. Réveillez-Vous !, 8/4/1997, p. 13-14 :
Un délégué de l’Église catholique a parlé de l’exploitation sexuelle des enfants
comme du “ crime le plus odieux ”, le “ résultat d’une profonde altération et de
l’effondrement des valeurs ”. Pourtant, ces pratiques posent problème au sein même
du clergé catholique.
Sous le titre “ Les prêtres et les agressions sexuelles ”, un article de Newsweek (16 août
1993) parlait du “ pire scandale clérical de l’histoire moderne de l’Église catholique
d’Amérique ”. On lisait : “ Des plaintes auraient été déposées contre 400 prêtres depuis
1982, mais, selon les calculs de certains ecclésiastiques, ils seraient 2 500 à avoir attenté
à la pudeur d’enfants ou d’adolescents. [...] Ce scandale ne coûte pas que de l’argent à
l’Église ; il l’a plongée dans un profond embarras et l’a privée d’une partie de son
autorité morale. ” Partout dans le monde, des religions sont dans la même
situation.
Ray Wyre, spécialiste des crimes sexuels venu du Royaume-Uni, a relaté le cas de deux
garçons qu’un prêtre avait soumis à des sévices sexuels véritablement sadiques. L’un est
aujourd’hui directeur d’un organisme de défense des victimes sexuelles de prêtres, et
l’autre est lui-même un pédophile.
Mettanando Bhikkhu, exégète bouddhiste de Thaïlande, a confessé que “ certaines
pratiques bouddhistes contribuent, à des degrés divers, à l’exploitation sexuelle des
enfants à des fins commerciales en Thaïlande. Dans les villages, les moines bénéficient
parfois de l’argent versé à la communauté par des enfants que l’on force à se prostituer
”.
Quelle honte n’est-ce pas tous ces cas de pédophilies au sein même de certaines religions ? D’autant
plus que le phénomène est, aux dires de la Watchtower, quasi-universel : « Partout dans le monde,
des religions sont dans la même situation ».
C’est même un indice probant permettant de faire la différence entre la fausse religion et le culte
pur et immaculé. C’est en effet ce qu’à proclamé par le monde entier en 2006 le tract intitulé La fin
de la fausse religion est proche et diffusé largement par les Témoins de Jéhovah.
En voici un extrait.
La fausse religion...
▪ Tolère des pratiques sexuelles immorales : Dans les pays occidentaux, des
groupements chrétiens ordonnent des homosexuels et des lesbiennes, et pressent les
gouvernements de reconnaître le mariage homosexuel. Même des Églises qui
condamnent les pratiques sexuelles immorales tolèrent en leur sein des
Via Veritas
147
ecclésiastiques qui ont commis des agressions sexuelles sur des enfants. Pourtant,
qu’enseigne la Bible ? Elle affirme clairement : “ Ne vous égarez pas. Ni fornicateurs,
ni idolâtres, ni adultères, ni hommes qu’on entretient à des fins contre nature, ni
hommes qui couchent avec des hommes [...] n’hériteront du royaume de Dieu. ” (1
Corinthiens 6:9, 10). Connaissez-vous des religions qui ferment les yeux sur
l’immoralité sexuelle ?
Quel sera l’avenir des religions qui produisent des fruits pourris ? Jésus a formulé cet
avertissement : “ Tout arbre qui ne produit pas de beaux fruits est coupé et jeté au feu. ”
(Matthieu 7:19). Effectivement, la fausse religion sera renversée et détruite !
Connaissez-vous des religions qui ferment les yeux sur l’immoralité sexuelle, et particulièrement
les agressions sexuelles sur les enfants ? Leur sort est déjà bibliquement fixé. Une telle déclaration
triomphante pourrait laisser croire que les Témoins de Jéhovah planent, portés par la grâce divine,
au-dessus du lot des mortels et de leurs religions honnies. Nous, Témoins de Jéhovah, voyons clairs
et sommes à même de porter jugement et condamner Bible en main. Mais la Watchtower oublie son
propre avertissement.
La Tour de Garde, 15/11/2001, p. 22 :
Il est si facile pour les humains imparfaits de passer sous silence leurs défauts tout
en dévoilant ceux de leur prochain ! Toutefois, cette tendance nous rend vulnérables à
l’hypocrisie. Jésus a dit : “ Hypocrite ! retire d’abord la poutre de ton œil, et alors tu
verras clairement comment retirer la paille de l’œil de ton frère. ” Il est sage de suivre
son conseil : “ Cessez de juger, afin de ne pas être jugés ; car c’est avec le jugement
dont vous jugez que vous serez jugés [...]. Pourquoi donc regardes-tu la paille qui est
dans l’œil de ton frère, mais ne considères-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ? ”
— Matthieu 7:1-5.
Voulez-vous entr’apercevoir la poutre qui est dans l’œil de la Watchtower ?
Voici la traduction d’un article diffusé par la chaîne américaine NBC News intitulé Nouvelle preuve
dans les allégations des Témoins de Jéhovah.
Frederick McLean est l’un des fugitifs les plus
recherchés aux États-Unis, inculpé de 17 accusations
d’abus sexuels en Californie. Les sources judiciaires
affirment que lorsque la famille d’une victime fut
confrontée à McLean en 2004 il aurait avoué. Mais
avant qu’il ne soit arrêté McLean s’enfuit.
Les autorités ont identifié au moins huit victimes que
McLean aurait abusées sur une période de presque dix
ans. Une victime estime que McLean l’aurait molesté
« plus de 100 fois », selon le U.S. Marshals Service.
Le Marshal Thomas Maranda, qui mène la chasse du
fugitif de 56 ans, déclare que McLean avait pu gagner
la confiance de nombre de ses victimes grâce à sa
position de dirigeant, comme serviteur ministériel,
dans sa congrégation locale des Témoins de Jéhovah près de San Diego.
« Son rôle dans l’église était notable », explique Maranda, « car nous croyons que sa
participation dans l’église lui donnait accès à ses victimes ».
Son rôle dans l’église donna également matière à controverses. L’année dernière,
quelques familles de victimes intentèrent un procès contre les Témoins de Jéhovah,
alléguant que tant la congrégation locale de McLean que le siège national, la
Watchtower Society, « savaient, ou auraient dû savoir que Frederick McLean était un
Via Veritas
148
pédophile ».
Les Témoins de Jéhovah ont récemment signé un protocole d’accord afin de payer pour
mettre fin à cette poursuite judiciaire et à celles relatives à huit autres cas similaires,
sans admettre leurs torts. Les cas impliquent tous des hommes que l’église auraient
connus comme ayant molesté des enfants. Les accords concernant ces cas sont
confidentiels et scellés.
Cependant, NBC a obtenu une copie de l’un des
accords relatifs au cas McLean, et il peut donner une
indication de l’ampleur des sommes en jeu. Selon le
document de justice, l’église a accepté de payer 781
250 $ à l’accusatrice, qui clamait que McLean l’avait
abusé de l’âge de 3 à 9 ans (après paiement des taxes
et autres frais, l’accusatrice devait recevoir la somme
approximative de 530 000 $).
Lea avocats des plaignants se refusaient à tout
commentaire.
Les Témoins de Jéhovah n’ont communiqué
spécialement sur aucun des cas judiciaires, mais
rédigé une déclaration à l’intention de NBC News :
« Pour le bien des victimes de ces cas, nous sommes
heureux qu’un accord ait pu être trouvé. Notre coeur va à tous ceux qui ont souffert à
cause d’abus sexuel sur enfant. Les Témoins de Jéhovah dans le monde entier sont unis
dans leur détestation de ce péché et crime. » Des documents internes venant à présent
des accords judiciaires peuvent expliquer pourquoi l’église en est venu à contracter dans
ces cas. Les documents montrent que l’église savait depuis des années que des membres
éminents abusaient des enfants tout en agissant faiblement. Les officiels de l’église
auraient eu connaissance de plusieurs cas à travers des procédures judiciaires internes
auxquelles les anciens locaux auraient soumis les coupables, obtenu des confessions et
infligé des sanctions.
James Henderson, par exemple, était un ancien de longue date chez les Témoins de
Jéhovah à Red Bluff en Californie – et un pédophile en série. Les documents récemment
découverts incluent une lettre datant de 1994 d’un responsable régional de l’église
adressé au siège établissant que Henderson avait été sanctionné par l’église et démis de
sa position dirigeante « au début des années 70 » dans une autre ville de Californie.
« Maintenant il admettait qu’il l’avait refait », établissait la lettre. A la fin des années 80,
selon un autre document interne de l’église, un ancien local rejetait les allégations selon
lesquelles Henderson avait abusé sexuellement d’un jeune garçon : « Cela ne pouvait
pas être vrai aussi cela avait été oublié ».
En dépit de la confession de Henderson, les anciens n’avaient pas informé les autorités
californiennes (en 1994 la loi californienne n’exigeait pas encore que le clergé rapporte
les abus sexuels suspectés, la loi a changé en 1997).
Au lieu de cela ils menèrent leur propre enquête, apparemment alors que Henderson et
sa femme étaient en vacances. Quelques semaines plus tard, des anciens rapportèrent
qu’ils avaient trouvé des « anomalies » dans l’histoire de Henderson, et le convoquèrent
une deuxième fois. Henderson admit qu’il avait molesté sa victime « un an et demi
auparavant ». Il reconnut également qu’il « avait payé pour un délit similaire » au début
des années 70.
Les anciens décidèrent de démettre Henderson de sa fonction de Surveillant-Président et
de lui infliger « une réprimande publique », annonçant à la congrégation qu’il avait
Via Veritas
149
commis un péché, sans en livrer les détails. Là encore, ils n’allèrent pas voir les
autorités.
Alors que la police menait enquête, les officiels de l’église questionnèrent Henderson à
nouveau. Il avoua qu’il abusait d’autres enfants, y compris son propre fils, selon un
document de l’église. A ce stade Henderson fut excommunié. Entre-temps les autorités
judiciaires prirent contact avec les anciens locaux, qui alors coopérèrent apparemment
lors de l’enquête.
Le 14 décembre 1994 Henderson fut arrêté. En 1995
il plaida coupable pour trois cas d’abus sexuels et fut
condamné à quatre ans et quatre mois de prison. En
1998 il fut libéré sur parole et, selon la
correspondance de l’église, se mit à fréquenter une
autre congrégation de Témoins de Jéhovah.
Comme Henderson, Alvin Heard fut également
membre de la congrégation de Red Bluff en
Californie et pareillement excommunié pour avoir
molesté des enfants. Dans le cas de Heard, des
documents montrent que l’église fut au courant de
l’affaire pour la première fois en 1981, quand la
congrégation locale envoya une lettre au siège
expliquant que Heard était expulsé après qu’il ait
admis des abus sexuels sur trois enfants, « âgés de
cinq, neuf et onze ans ».
Dans une déposition faisant partie des récents procès, Heard admit avoir confessé aux
anciens locaux à la fin des années 80 avoir abusé de quatre enfants plus jeunes. Sa
punition à cette occasion : « réprimande publique ». En
d’autres termes les anciens de l’église l’ont admonesté en
privé, mais ne l’ont jamais dit aux autres membres de la
congrégation, selon sa déposition. Cette fois encore, il
apparaît que l’église ne communiqua aucune information à
la police ou aux services de l’enfance.
Dans les années 90, Heard déménagea dans le Dakota du
Sud. Dans sa déposition, il affirma qu’il avait dit aux
anciens de l’église qu’il avait eu une histoire d’abus sexuel
sur enfants. Eux aussi, apparemment, gardèrent le secret.
En 2003, Heard déménagea dans l’Orégon, où il molesta
encore. En janvier 2004, il fut inculpé d’abus sexuel sur un garçon de cinq ans. Il plaida
coupable et accomplit actuellement une peine de six ans et trois mois de prison. Selon le
bureau du directeur de la prison, Heard refuse d’être interviewé.
En tout les neuf cas de procès soumis à accord impliquent 16 victimes et 8 pédophiles
présumés, chacun d’entre eux – à l’exception de Frederick McLean – ont été reconnus
coupables de crimes. Parmi eux : Larry Kelley, une personnalité de la télévision et un
animateur pour enfants à Amarillo – Texas, et Timothy Silva, qui organisait des « études
de livres pour adolescents » dans la congrégation de Woodland en Californie. L’église
aurait connu le problème de Silva dès 1987, selon l’un des dossiers judiciaires, mais
l’aurait autorisé à continuer de travailler avec les enfants.
Barbara Anderson, un ancien membre de l’église et une critique en vue de l’organisation
sur ce sujet, soutient que les procédures internes des Témoins de Jéhovah « protègent
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les pédophiles plutôt que les enfants ». Anderson a récemment compilé des documents
des affaires judiciaire en un CD intitulé « Secrets de pédophilie dans une religion
américaine ».
Anderson déclare qu’elle s’est intéressée la première fois
à cette controverse au début des années 90 alors qu’elle
travaillait au siège de la Watchtower Society à Brooklyn
et était affectée au traitement du courrier des membres de
l’église qui se plaignaient d’abus sexuel. Alors qu’elle
conduisait ses recherches, elle affirme qu’elle découvrit
que dans ses procédures contre les pédophiles, l’église
applique la règle biblique des « deux témoins ». « Ils
exigent un autre témoin du cas d’abus sexuel », dit
Anderson, « ce qui est impossible ».
Anderson affirme également qu’elle a découvert que le
siège de l’église gardait trace des cas d’abus sexuels dans des dossiers confidentiels.
Les récents procès ont donné la preuve que que siège gardait des enregistrements
internes des rapports soumis par les congrégations locales. Les dossiers des tribunaux
comprennent un formulaire de l’église intitulé « Telememo Abus sur enfant ». Le simple
fait de penser qu’ils ont un formulaire élaboré et intitulé ’Telememo Abus sur enfant’
indique selon moi qu’ils en possèdent beaucoup. Sinon pourquoi faire un formulaire ? »
Le Telememo semble être un questionnaire pour guider les officiels du siège qui
reçoivent des appels téléphoniques des anciens locaux. Ils incluent une case à cocher
pour indiquer si le cas en question doit être placé en « A rapporter » - au cas où le clergé
serait obligé par la loi de rapporter le cas d’abus suspecté – ou en « Ne pas rapporter ».
Dans les cas à rapporter, le formulaire donne consignes aux officiels de conseiller aux
anciens locaux de « faire un rapport téléphonique anonyme d’un endroit neutre, tel
qu’une cabine publique ».
L’église a constamment maintenu qu’elle suivait toutes les lois ayant trait au rapport de
cas suspectés de pédophilie. Ces lois sont complexes. Selon les U.S. Department of
Health and Human Services, 25 états mandatent spécifiquement le clergé pour rapporter
les cas suspectés ; mais 21 de ces états reconnaissent l’exemption pour secret
confessionnel. Seize autres états ont des lois générales concernant le rapport, concernant
« toute personne », ce qui peut être interprété comme incluant le clergé ; sept de ces
états garantissent également le secret confessionnel.
Dans sa déclaration à NBC les Témoins de Jéhovah affirment qu’ils « ne ferment pas les
yeux sur le cas ni ne protègent les pédophiles. Nos anciens expulsent les pécheurs non
repentants qui commettent ce crime ». Selon l’église, « l’incidence de ce crime chez les
Témoins de Jéhovah est rare ». La déclaration affirme que l’organisation « ne réduit pas
les victimes au silence » et que « les membres ont un droit absolu de rapporter ce crime
horrible aux autorités ». L’église a produit nombre de publications sur les abus sur
enfants, et notamment la page de garde de numéro d’octobre de son magazine
Réveillez-Vous !. « Ces articles montrent clairement notre souci de protéger les enfants
des abus sexuels » affirme l’église dans sa déclaration.
Pendant ce temps Frederick McLean court toujours. Le U.S. Marshals Service dit qu’il
doit être considéré comme « armé et dangereux, et peut-être suicidaire ».
Vous vous souvenez certainement de la phrase que nous avions considérée comme
prémonitoire :« vous préféreriez sûrement perdre de l’argent plutôt que de ternir votre réputation et
Via Veritas
151
de jeter le discrédit sur vos principes, voire sur le culte que vous rendez à Jéhovah ». En acceptant
de payer des millions de dollars pour ne pas faire éclater des affaires qui porteraient un préjudice
tonitruant à sa réputation et son image – à son fonds de commerce -, la Watchtower suit son propre
conseil.
Mais parviendra-t-elle à éteindre tous les cas qui surgiront encore, et à faire taire tous ceux qui,
scandalisés par l’hypocrisie de la secte, dénonceront haut et fort ce qui ne peut plus être caché
durablement ?
Si le scandale prend de l’ampleur aux Etats-Unis, il est bien possible que les échos viennent heurter
les oreilles du public français.
Comment voulez vous prêchez l’intégrité morale et spirituelle ou encore l’exception et
l’approbation divines après ça ?
Voir en ligne: La vidéo couvrant l’enquête de la NBC.
Les Témoins de Jéhovah de 2001 sont-ils les Etudiants de la Bible de
1870 ?
Par Lucretius
130 ans c’est long, et ça travaille n’importe quel mouvement religieux. Affirmer l’identité des
Témoins de Jéhovah modernes et des Etudiants de la Bible de la fin du 19ème siècle est une
aberration.
Monsieur Philippe Barbey a soutenu en 2001 une thèse de diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes
Etudes intitulée Les témoins de Jéhovah - La survivance du christianisme antitrinitaire : Une
résistance spirituelle pour la foi en un Dieu unique.
Voici un court extrait des pages non publiées de cette thèse, mais à la manière d’un Commissaire
aux Comptes qui aurait à juger de la régularité et la sincérité des comptes d’une entreprise, et
utilisera la méthode des sondages pour former son opinion, ce simple échantillon57 nous convaincra
que Philippe Barbey ne fait que reprendre la thèse officielle des Témoins de Jéhovah et occulte,
sciemment ou non, toute opinion contraire.
Sources : Les Témoins de Jéhovah - sociologie et histoire - Philippe Barbey
Quant à l’affirmation selon laquelle « les Témoins de Jéhovah sont (...) un rameau du mouvement
des Etudiants de la Bible », elle n’est pas exacte. En effet, les Témoins de Jéhovah sont toujours
Etudiants de la Bible, ils n’en sont pas un rameau. Ils changèrent tout simplement de nom en 1931
pour insister davantage sur leur monothéisme jéhovéen rejetant définitivement la Trinité. Les
Témoins de Jéhovah de 2001 sont les Etudiants de la Bible de 1870. Même si leur mouvement a
évolué sociologiquement, leur corpus théologique est fondamentalement le même.
Vous l’avez noté : monsieur Philippe Barbey affirme avec force que les Témoins de Jéhovah de
2001 sont du point de vue du "corpus théologique" les Etudiants de la Bible de 1870. Est-ce la
vérité ?
Quel était donc le "corpus théologique" des Etudiants de la Bible en 1870 ?
57 L’article L 122-5 du CPI autorise « sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source, les analyses et
courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information de l'œuvre à laquelle
elles sont incorporées ».
Via Veritas
152
Comparons les enseignements entre les deux époques sous trois angles :
• 1. la direction de l’œuvre
• 2. l’espérance accordée aux chrétiens
• 3. la chronologie des temps de la fin
1. la direction de l’œuvre
Dans les années 1870 et jusqu’à la mort de CT Russell, les Étudiants de la Bible ne reconnaissent
que la direction d’un homme, leur Pasteur, l’omniprésent et incontesté CT Russell.
A la question qui est l’esclave fidèle et avisé établi sur le troupeau, la Tour de Garde du 1er mars
1923 en anglais (p. 68) répond clairement : "Souvent interrogé quant à savoir qui était l’esclave
fidèle et avisé, Frère Russell répondait : « Certains disent que je le suis, d’autres que c’est la
Société ». Les deux positions étaient vraies ; car Frère Russell était en fait la Société dans son sens
le plus absolu, en ce sens qu’il dirigeait la politique et la course de la Société sans considération
pour quiconque sur la Terre. Il chercha quelque fois l’avis de certains qui étaient en lien avec la
Société, écoutant leurs suggestions et faisait selon son propre jugement, pensant que le Seigneur lui
avait dit de faire ainsi."
En 2001, la révolution de 1975 portant sur l’émergence véritable d’un corps gouvernant qui tienne
vraiment sa place s’est faite dans le trouble et la douleur selon le témoignage oculaire de Raymond
Franz, membre du Collège Central à cette époque (cf. son livre Crisis of conscience58 ch. 4). Nous
sommes vingt-cinq ans plus tard.
Et la personne du chef omnipotent n’est plus, elle est morte avec feu Frederick Franz (1977),
quatrième Président de la WT son oncle. La fin d’année 1975 a consacré l’apparition de différents
comités s’occupant de l’œuvre mondiale.
Extrait de la Tour de Garde 15 mai 1995 p. 22 : "Durant de nombreuses années, le Collège central
des Témoins de Jéhovah a correspondu au conseil d’administration de la Watch Tower Bible and
Tract Society of Pennsylvania, dont le président gérait l’essentiel des activités. Comme l’explique
l’Annuaire des Témoins de Jéhovah 1977 (pages 258-60), en 1976, le Collège central a été
constitué en six comités, chaque comité s’occupant de domaines précis de l’activité mondiale."
Faites un test : demandez au TJ lambda qui est le Président de la Watchtower. Il ne le saura
probablement pas, car l’homme unique, le Président, a perdu son importance.
A votre avis la direction de l’œuvre est-elle identique dans son mode de fonctionnement entre 1870
et 2001 ?
Pas le moins du monde, car une révolution est passée par là. La notion essentielle qu’est l’identité
de l’esclave fidèle et avisé ( Mat 24 :45-47) n’est absolument plus la même, elle est passée d’un
individu à une classe toute virtuelle.
Pour preuve cet extrait de la Tour de Garde du 15 mars 1998 p.20-21 21 § 10-11 :
"Le principe de l’autorité a pour but de préserver l’unité et de permettre que “ tout se fasse
décemment et avec ordre ”. (1 Corinthiens 14:40.) Pour que cet objectif soit atteint, au Ier
siècle, un certain nombre de chrétiens oints faisant partie de la classe de l’esclave fidèle et
avisé ont été choisis pour représenter l’ensemble du groupe.(...) Actuellement, le Collège
central des Témoins de Jéhovah se compose de dix chrétiens oints, tous ayant à leur actif
des dizaines d’années d’expérience dans le service chrétien. Ils assurent la direction
spirituelle des Témoins de Jéhovah, comme le faisait le collège central du Ier siècle (Actes
16:4). Tout comme les chrétiens de cette époque, les Témoins de Jéhovah sont aujourd’hui
58 Crisis of Conscience - Raymond Franz - Commentary Press - Atlanta 2004
Via Veritas
153
heureux de recevoir des frères mûrs qui composent le Collège central la direction et des
conseils fondés sur les Écritures dans le domaine du culte. Bien que les membres du Collège
central soient des esclaves de Jéhovah et de Christ comme le sont leurs compagnons
chrétiens, la Bible nous fait cette recommandation : “ Obéissez à ceux qui vous dirigent et
soyez soumis, car ils veillent constamment sur vos âmes, en hommes qui rendront compte ;
pour qu’ils le fassent avec joie et non en soupirant, car cela vous serait préjudiciable. ” Hébreux 13:17."
D’autre part, bien plus qu’une question de nombre ou de collégialité c’est un changement de forme
de leadership qu’il convient de noter.
Russell agissait comme l’initiateur exalté de groupes d’étudiants de la Bible sans organisation
formelle et donc sans moyen, ni même de volonté, de formater la conscience des personnes
intéressées.
Le temps et les personnes (J. Rutherford, N. Knorr, F. Franz) ont institutionalisé le mouvement lui
appliquant une construction toute entrepreneuriale (hiérarchie descendante jusqu’au proclamateur et
surveillance permanente par le sommet).
Ainsi unifiée la congrégation jéhoviste devint plus malléable et contrôlable, c’en était fini l’époque
de la liberté de conscience individuelle. Vint l’époque des directives théocratiques assénées d’en
haut : refus des transfusions sanguines (aux alentours de 1940), exclusion des récalcitrants, arme
absolue inconnue au temps de CT Russell59,...
2. l’espérance accordée aux chrétiens
Si vous aviez demandé à un Étudiant de la Bible de 1870 quelle était son espérance, il vous aurait
répondu : être aux cieux à côté du Seigneur. A cette époque reculée seule l’espérance d’aller aux
cieux faisait partie intégrante du "corpus théologique".
Posez la même question à un Témoin de Jéhovah pris au hasard, il vous répondra : vivre
éternellement sur la Terre sous la direction d’un royaume céleste. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Extrait de la Tour de Garde du 1er février 1995 p.14,15 :"
Le 31 mai 1935, les assistants à l’assemblée des Témoins de Jéhovah tenue à Washington
ont éprouvé une grande joie. C’est là que, pour la première fois, la grande multitude (ou
grande foule) de Révélation 7:9 a été clairement identifiée en accord avec la Bible dans son
entier et avec des événements qui avaient déjà commencé à se produire. Environ six
semaines auparavant, lors de la célébration du Repas du Seigneur dans les congrégations
des Témoins de Jéhovah, 10 681 assistants (à peu près 1 sur 6) n’avaient pas pris le pain et
le vin emblématiques ; or 3 688 d’entre eux étaient des prédicateurs du Royaume de Dieu.
Pourquoi s’étaient-ils abstenus de prendre ces emblèmes ? Parce que, selon ce qu’ils
avaient appris dans la Bible, ils comprenaient que Dieu ne les avait pas appelés à la vie
céleste, mais qu’ils bénéficieraient des dispositions bienveillantes de Jéhovah d’une autre
façon."
Cette compréhension nouvelle vous semble t’elle un changement anodin ? Non, l’espérance actuelle
du Témoin de Jéhovah est très différente de celle de l’Etudiant de la Bible, fondamentalement
différente, essentiellement différente.
3. la chronologie des temps de la fin
Cette fois encore, si vous pouviez interroger un Etudiant de la Bible de 1870 sur sa perception de la
59 Complément à l’initiative de Coc
Via Veritas
154
chronologie des temps de la fin, il vous aurait lancé avec une belle assurance : Christ est déjà venu
en 1874, nous attendons sa glorieuse manifestation.
Pour preuve la Tour de Garde du 15 juin 1922 p.187 (anglais)60 :
"C’est sur la base de tant et tant de correspondances - en accord avec les lois les plus
saines de la science - que nous affirmons que scripturairement, scientifiquement et
historiquement, la chronologie de la vérité présente est correcte et hors de tout doute. Sa
certitude a été confirmée par les dates et événements de 1874 (...) La chronologie de la
vérité présente est la base certaine sur laquelle les enfants consacrés de Dieu sont
encouragés à rechercher les choses à venir."
Et la Tour de Garde du 1er janvier 1924 p. 5 (anglais)61 :
"Certainement, il n’y a pas le moindre espace pour qu’un doute s’installe dans l’esprit d’un
véritable enfant consacré de Dieu que le Seigneur Jésus est présent, et cela depuis 1874."
Pour l’Etudiant de la Bible de 1870, et même d’après, il y avait l’année marquée 1874, et à partir de
là les années pendant lesquelles Dieu jouerait les prolongations.
Mais demandez à présent ce qu’il pense de la chronologie des temps de la fin à un Témoin de
Jéhovah.
Il vous répondra que nous sommes aux temps de la fin, et cela depuis 1914 (héritage russelliste non
encore tombé), mais pour combien de temps encore, il n’en sait rien mais c’est proche, très proche.
Songez bien que pour l’Etudiant de la Bible de 1870 la venue de Jésus n’était même pas associée à
1914 et qu’il pensait bien, dans l’intervalle de sa propre génération, rejoindre Son Seigneur dans les
cieux.
Faisons le point avec une simple illustration que tous les voyageurs comprendront. Si vous aviez
réservé un voyage à l’étranger et que l’on vous annonce ex abrupto que la direction vous propose le
même voyage mais avec de légères variantes, que le responsable unique, libéral et un peu fantasque,
de l’expédition a été remplacé pour des raisons d’efficacité par une tribu de garde-chiourmes , que
le but de votre voyage a été modifié et que la durée de celui-ci n’est plus la même non plus, diriezvous, pour votre part, que c’est le même voyage ? Non, vous évoqueriez la modification
substantielle de contrat, vous demanderiez le remboursement et vous auriez raison.
Prétendre que les Témoins de Jéhovah de 2001 sont les Etudiants de la Bible de 1870 est
scandaleusement faux.
Faites donc entrer un Etudiant de la Bible dans une salle de réunion des Témoins de Jéhovah, et
demandez-lui de présenter un discours public pour défendre sa foi.
Le visualisez-vous en train de parler de la présence invisible de Jésus en 1874, d’évoquer le
moment délicieux où tous les chrétiens de l’auditoire seront réunis dans les cieux avec le Seigneur ?
Puis, voyez, il se met à parler de l’importance des mesures en pieds de la Grande Pyramide de
Kheops, essentielles pour deviner le calendrier et le plan divins (Russell y a cru dur comme fer
pendant 35 ans).
L’auditoire ne l’a pas encore remarqué mais notre orateur porte distinctement, au revers de sa veste,
une croix surmontée d’une couronne, symbole du martyr du Christ (la croix ne sera abandonnée
qu’en 1928).
Dans ses paroles de conclusion (dans la vraie vie, il n’aurait pas eu la parole aussi longtemps) notre
orateur lance à tout l’auditoire, nous sommes fin décembre, un tonitruant "Joyeux Noël" (célébré au
60 Citée par Spiritual Food at the Proper Time (http://www.freeminds.org/history/part1.htm)
61 Citée par Spiritual Food at the Proper Time (http://www.freeminds.org/history/part1.htm)
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Béthel jusqu’en 1926) et leur signale qu’aujourd’hui c’est précisément son anniversaire de
naissance (célébration également abandonnée vers la fin des années 20). Il ne comprend pas, en
descendant de l’estrade, pourquoi personne ne l’applaudit, personne ne lui souhaite un joyeux Noël
et un bon anniversaire...
Le coup de grâce pour lui, comme pour ses auditeurs.
Il n’est pas certain du tout que notre orateur soit le bienvenu pour un prochain discours public. Bien
au contraire, les anciens, au fond de la salle, sont déjà en train de s’organiser pour étudier ce cas fort
intéressant et exotique d’apostasie notoire.
A la question posée : les Témoins de Jéhovah de 2001 sont-ils les Etudiants de la Bible de 1870 ?
vous pouvez à présent donner vous-même la réponse.
Non, définitivement non.
N’en déplaise à monsieur Barbey qui se présente nanti du titre de sociologue, d’universitaire, de
scientifique son affirmation ne survit pas à une recherche approfondie et contradictoire.
C’est comme si le Commissaire aux comptes, que nous avions évoqué au début de notre article,
avait trouvé dans la comptabilité qu’il doit vérifier une caisse créditrice ; c’est, il le sait bien en
homme de l’art, aux yeux du fisc le rejet de comptabilité et la mauvaise foi présumée.
Pour apporter plus de crédit à cette critique, je l’avoue, partiale mais juste et argumentée de l’œuvre
de monsieur Barbey, voici ce qu’à dit de son livre directement issu de sa thèse "Les Témoins de
Jéhovah. Pour un christianisme original. (Paris, L’Harmattan, 2003)", le sociologue Arnaud
Blanchard du Groupe de Sociologie des Religions et de la Laïcité (CNRS/EPHE) :
"L’ouvrage aborde le mouvement des Témoins de Jéhovah sous un angle historique (en
l’inscrivant dans la lignée des groupes antitrinitaires)et descriptif, en présentant notamment
leur organisation et leur situation dans plusieurs pays européens. Le livre apporte peu
d’éléments nouveaux sur le mouvement de la Tour de Garde et souffre d’insuffisances de
style notables, telle la surabondance de citations non référencées. En outre, la démarche
globale du document est ambiguë dans la mesure où - à défaut d’avoir construit
sociologiquement son objet - l’auteur ne manifeste pas de distance critique à l’égard des
croyances et des argumentaires énoncés par le groupe étudié. À de multiples reprises, il
reproduit et avalise sans examen les propositions (théologiques en particulier) des Témoins
de Jéhovah de telle manière que l’analyse est éclipsée par le travail de persuasion."
Sources.
Heureusement que monsieur Barbey est un scientifique ayant jeté son dévolu sur la sociologie.
Je frémis à l’idée de le savoir intéressé par l’astronautique et en charge de la prochaine mission
humaine vers Mars.
Il serait fort à craindre que l’équipage aille se perdre dans les profondeurs glacées de l’espace,
quelque part entre Saturne et Neptune.
Via Veritas
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Jeu de dîmes
Par Lucretius
S’il est un passage de la Bible que les Témoins de Jéhovah connaissent bien c’est l’épisode fameux
de l’obole de la veuve. C’est une dame avec laquelle la Watchtower adore jouer.
(Marc 12:41-44 - TMN) Et il s’assit en face des
troncs du trésor et se mit à regarder comment la
foule mettait de l’argent dans les troncs du trésor ;
et beaucoup de riches mettaient beaucoup de
pièces. Une pauvre veuve arriva alors et mit deux
petites pièces de monnaie, qui ont très peu de
valeur. Et il appela à lui ses disciples et leur dit : “
Vraiment, je vous dis que cette pauvre veuve a
mis plus que tous ceux qui ont mis de l’argent
dans les troncs du trésor ; car tous ont mis de leur
superflu, mais elle, de son indigence, a mis tout
ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour
vivre. ”
Il faut bien avouer que l’abnégation dont fait montre cette veuve est admirable et à même de
susciter la générosité nécessaire au soutien du mouvement. Citons quelques paragraphes extraites de
quelques unes des références faites à l’épisode.
La Tour de Garde, 1/11/2004, p. 19 :
Elle s’était dépensée près de 50 ans dans le service chrétien. Bien que fragilisée par son
âge avancé, elle tenait absolument à se rendre à la Salle du Royaume
qui venait d’être construite. Appuyée au bras d’un frère serviable, elle est entrée dans la
salle puis s’est dirigée lentement mais sûrement vers son objectif : la boîte à offrandes,
dans laquelle elle a déposé la somme modique qu’elle avait mise de côté. Même si elle
n’avait pas pu aider physiquement à la construction de la salle, elle voulait participer.
Cette chrétienne vous rappelle sans doute une autre femme fidèle : la “ pauvre veuve ”
que Jésus a vue mettre deux petites pièces de monnaie dans le trésor du temple. Nous ne
savons pas quelle était la situation pécuniaire de cette veuve, mais à l’époque, une
femme sans mari pouvait avoir de gros soucis financiers. Jésus a certainement éprouvé
de la compassion pour elle, car il comprenait tout à fait ce qu’elle endurait. En la citant
en exemple à ses disciples, il a fait remarquer que son modeste don représentait “ tout
ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre ”. — Marc 12:41-44. Pourquoi
une femme indigente comme cette veuve a-t-elle fait un tel sacrifice ? À l’évidence,
c’est parce qu’elle était profondément attachée à Jéhovah Dieu, dont le culte avait pour
centre le temple de Jérusalem. Quoique limitée dans ce qu’elle pouvait offrir, elle
Via Veritas
157
voulait promouvoir le service sacré. Et elle a certainement ressenti une joie réelle à
donner tout ce qu’elle pouvait.
L’épisode de l’obole de la veuve est pain béni pour le rédacteur qui peut mettre en avant la « joie
réelle à donner tout » ce que l’on possède pour soutenir l’œuvre.
La Tour de Garde, 1/11/2004, p22, 23 :
“ Dieu aime celui qui donne avec joie ”, a écrit l’apôtre Paul (2 Corinthiens 9:7). Les
dons conséquents sont, bien entendu, très utiles. Mais la majeure partie des fonds
destinés à l’œuvre des Témoins de Jéhovah provient des boîtes à offrandes disposées
dans les Salles du Royaume. Qu’elles soient importantes ou modestes, toutes les
offrandes ont leur importance et ne sont pas négligeables. Souvenez-vous que Jésus
s’est placé à un endroit où il pouvait voir la pauvre veuve offrir ses deux petites pièces
de monnaie. Les anges et Jéhovah l’ont vue, eux aussi. Nous ne connaissons même
pas le nom de cette veuve, pourtant Jéhovah a veillé à ce que son acte désintéressé soit
rapporté dans la Bible pour des temps indéfinis.
Donnez donc avec l’esprit de la veuve, et ne soyez pas chiches, Jéhovah et les anges vous regardent.
Donner avec joie sans compter, c’est bien beau. Et la dîme dans tout ça ?
Livre Vivez en gardant à l’esprit le jour de Jéhovah, chap. 14 p. 182-183 § 8-9 :
Considérez ce que Jéhovah dit ensuite par l’intermédiaire de Malaki, au chapitre 3,
verset 10. On y lit cette invitation chaleureuse : “ ‘ Apportez tous les dixièmes au
magasin, pour qu’il y ait de la nourriture dans ma maison ; et, s’il vous plaît, mettezmoi à l’épreuve à ce propos ’, a dit Jéhovah des armées, ‘ pour voir si je n’ouvrirai pas
pour vous les écluses des cieux et si je ne viderai pas réellement sur vous une
bénédiction jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pénurie. ’ ” Cette invitation est lancée au
peuple de Dieu dans son ensemble. Pensez-vous qu’elle s’adresse aussi personnellement
à vous ?
Comment pouvez-vous donner “ les dixièmes ” à Jéhovah ? Bien entendu, vous
n’êtes pas obligé de présenter des offrandes et des dîmes au sens littéral, telles que la
Loi les prescrivait. Aujourd’hui, ce sont des offrandes de nature spirituelle que Dieu
demande. Comme l’a indiqué le chapitre précédent, Paul a expliqué que votre activité
de témoignage est une offrande (Hoshéa 14:2). Il a ensuite mentionné une autre sorte de
sacrifice, en ces termes : “ N’oubliez pas de faire le bien et de partager avec d’autres,
car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir. ” (Hébreux 13:15, 16). Il est donc
clair que “ les dixièmes ” dont il est question en Malaki 3:10 représentent des offrandes
spirituelles et matérielles. Si vous êtes un chrétien baptisé, vous êtes voué sans réserve
à Jéhovah, mais votre dîme représente la part de ce qui est à vous et que vous pouvez
apporter à Jéhovah, ou utiliser à son service. Elle comprend le temps, l’énergie, les
ressources et les offrandes matérielles que vous consacrez au service de Dieu.
Le lecteur sagace aura apprécié le superbe « vous n’êtes pas obligé de présenter des offrandes et des
dîmes au sens littéral » et le fait qu ’ « aujourd’hui, ce sont des offrandes de nature spirituelle que
Dieu demande ».
Puis il aura également remarqué le glissement lent sur la constatation que « “ les dixièmes ” dont il
est question en Malaki 3:10 représentent des offrandes spirituelles et matérielles » et pour finir « le
temps, l’énergie, les ressources et les offrandes matérielles que vous consacrez au service de Dieu ».
Visiblement le rédacteur du livre dérive à dessein de la nature spirituelle à la nature matérielle de
l’engagement requis.
« C’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir ». Voilà le mot est lancé : sacrifice. Tout est là,
Via Veritas
158
tout est prêt pour requérir au-delà d’un taux nominal de 10 %.
Qu’est-ce qu’un sacrifice ?
Lors de la construction d’un bâtiment de la Watchtower au Danemark certains ont dû en sentir le
sens.
La Tour de Garde, 15/6/1984, p.29 :
Dans son exposé, frère Sydlik s’est référé plusieurs fois au texte de II Samuel 24:21-24,
où le roi David répond à un homme qui veut lui donner une parcelle de terre, du bois et
des animaux pour offrir un sacrifice : “Non, mais je te l’achèterai pour un prix, sans
faute ; et je n’offrirai pas à Jéhovah, mon Dieu, des holocaustes qui ne coûtent rien.”
‘Pas de sacrifice sans sacrifices’, telle était l’idée majeure développée par l’orateur.
Les assistants ont été enthousiasmés par cette pensée. Ce programme de construction
avait en effet coûté quelque chose à chacun d’eux, soit de l’argent, soit des efforts, si ce
n’est les deux. Beaucoup avaient dû prendre du temps sur leurs occupations familiales
et profanes, parfois même quitter leur emploi ou vendre leur affaire (comme plusieurs
frères l’ont fait) et supporter pendant de nombreux mois les inconvénients inhérents à la
vie sur un chantier.
Le mot d’ordre est clair et cette fois plus que suggéré : ‘Pas de sacrifice sans sacrifices’. L’appel à
l’engagement financier ne saurait être valablement quantifié. Qu’est-ce qu’un peu de misérable
argent face à l’urgence et la nécessité d’une œuvre qui promet le retour sur investissement en
l’approbation divine et la vie éternelle ?
D’ailleurs ce méprisable argent appartient-il seulement au fidèle donateur ?
La Tour de Garde, 1/11/1997, p. 27 :
Notre vie, notre temps, nos talents et nos forces sont assurément des choses de valeur.
Que dire de nos biens matériels ? Voyez la remarque qu’a faite Jésus en observant une
pauvre veuve qui mettait deux petites pièces de peu de valeur dans un tronc du trésor du
temple. “ Cette veuve, a-t-il dit, bien que pauvre, a mis plus que tous. Car tous ceux-là
[les autres donateurs] ont mis des dons de leur superflu, mais cette femme, de son
indigence, a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. ” (Luc 21:1-4). Jésus a fait l’éloge de
cette veuve parce qu’elle avait utilisé ses biens matériels pour soutenir le culte de
Jéhovah.
Il est donc clair que tout ce que nous possédons de matériel fait partie des choses de
valeur mentionnées par Salomon. Par ailleurs, l’expression “ les prémices de tous tes
produits ” emporte l’idée de donner à Jéhovah le meilleur de nos choses de valeur. En
quoi honore-t-on Jéhovah Dieu en donnant des choses matérielles ? Tout ne lui
appartient-il pas (Psaumes 50:10 ; 95:3-5) ? “ Tout vient de toi ”, a reconnu en effet le
roi David dans une prière fervente. À propos de l’offrande conséquente que lui et son
peuple faisaient pour la construction du temple, David a dit : “ C’est de ta main même
que nous t’avons donné. ” (1 Chroniques 29:14). Ainsi, quand nous faisons des dons à
Jéhovah, nous ne faisons que lui rendre ce qu’il nous a donné dans sa bonté de cœur
(1 Corinthiens 4:7). Mais, comme nous l’avons dit plus haut, honorer Jéhovah, c’est
aussi l’exalter aux yeux des autres. Des dons matériels honorent donc Dieu quand ils
servent à favoriser les progrès du vrai culte.
Quant on donne la dîme on considère encore, par un simple partage convenu, que les neuf dixièmes
des choses de valeur appartiennent à celui qui fait l’offrande. Le raisonnement tenu par le rédacteur
rend caduque et dérisoire ce clivage. Tout appartient légitimement à Dieu, et donc à l’Organisation
qui le représente sur Terre.
« Jésus a fait l’éloge de cette veuve parce qu’elle avait utilisé ses biens matériels pour soutenir le
Via Veritas
159
culte de Jéhovah ». Est-ce vraiment l’idée du texte biblique ? Non. Jésus fait l’éloge, et c’est ce que
veut bel et bien sous-entendre le rédacteur, d’une femme qui donne au point de ne plus avoir rien
pour sa propre subsistance. C’est un suicide financier. C’est ce geste fou qui lui donne sa vertu et sa
force, pas le simple fait de donner.
Et, de fait, cette pauvre femme à la dérive avait largement dépassé l’exigence de la dîme. Elle avait
fait un sacrifice qui demandait des sacrifices, et en l’occurrence le sien même.
Et voilà comment au travers de versets bibliques bien exploités on peut appeler à une générosité qui
peut outrepasser la dîme. Tout va dépendre de la sensibilité, de la fragilité, de la culpabilité de celui
ou celle qui recevra l’injonction à donner largement.
Comment mesurer son amour pour Jéhovah et Sa Sainte Organisation ? Quand on aime on ne
compte pas c’est bien connu. D’ailleurs un autre verset pourrait raisonner aux oreilles de celui qui
pense que le système juif et son système d’offrandes ont bel et bien vécu.
(Matthieu 10:8b - TMN) Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.
Ne trouvez-vous pas que le mot gratuit devrait être l’un des mots les plus courants dans les
publications religieuses qui prétendent relayer la pensée du Christ ?
Lancez donc par curiosité une recherche sur les occurrences des mots gratuit ou même gratuité
dans les publications des Témoins de Jéhovah des années 1970 à 2006. Voilà le résultat.
Recherche / Gratuité-gratuit
409 occurrences. Ça vous parait beaucoup sur 36 ans de publications et des milliers de pages ?
Maintenant pour faire bonne mesure lancez donc une recherche sur les occurrences du simple mot
argent dans les mêmes publications.
Voilà le résultat
Via Veritas
160
Recherche / Argent
11325 occurrences. Ça fait quand même plus sérieux. Et si vous lancez une recherche sur les mots
offrandes ou dons vous ne doutez plus de l’intérêt que porte la Watchtower à ces questions
éminemment spirituelles et théologiques.
Voilà le résultat.
Recherche / Offrandes-dons
4177 occurrences. A rapprocher des 409 occurrences relatives à la gratuité. Presqu’un dixième.
Vous voyez bien qu’on la retrouve la dîme.
Vous êtes soufflé, et pourtant vous n’avez pas joué. D’autres que vous maitrisent savamment le jeu
de dîmes.
Via Veritas
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Marchez-vous sur les traces du Christ ?
Par Lucretius
(1 Pierre 2:21) C’est à cette [voie], en effet, que vous avez été appelés, parce que Christ
aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle pour que vous suiviez fidèlement ses
traces.
Suivre les traces du Christ est, selon l’apôtre Pierre, une obligation pour le chrétien.
Comment Jésus a t-il agi, selon les Écritures, face aux propos de son principal opposant, le Diable
lui-même ?
Lisons le chapitre 4 de l'Évangile selon Luc, cité selon Louis Second (1910).
Luc 4:1-13 Jésus, rempli du Saint Esprit, revint du Jourdain, et il fut conduit par l’Esprit
dans le désert, (2) où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien
durant ces jours-là, et, après qu’ils furent écoulés, il eut faim. (3) Le diable lui dit : Si tu es
Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu’elle devienne du pain. (4) Jésus lui répondit : Il est
écrit : L’Homme ne vivra pas de pain seulement. (5) Le diable, l’ayant élevé, lui montra en
un instant tous les royaumes de la terre, (6) et lui dit : Je te donnerai toute cette puissance,
et la gloire de ces royaumes ; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux. (7) Si
donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi. (8) Jésus lui répondit : Il est écrit : Tu
adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. (9) Le diable le conduisit encore à
Jérusalem, le plaça sur le haut du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en
bas ; car il est écrit : (10) Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, Afin qu’ils te
gardent ; (11) et : Ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une
pierre. (12) Jésus lui répondit : Il es dit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu. (13)
Après l’avoir tenté de toutes ces manières, le diable s’éloigna de lui jusqu’à un moment
favorable.
Que fait Jésus selon l’évangéliste ?
Il répond pied à pied à son principal opposant, Satan le Diable. Car le Diable ne menace pas, il
raisonne avec habileté en se servant des Écritures antérieures.
Qu’aurait pu faire Jésus ?
Car il avait peu de chances de convaincre Satan de se repentir et de se mettre du côté de Dieu. Il
aurait pu se boucher les yeux et les oreilles ou s’enfuir d’une manière ou d’une autre afin d’éviter la
controverse. Non, ce n’est pas ce que fait Jésus. Il affronte son adversaire et le raisonnement qui lui
est présenté.
Avez-vous noté qui renonce au combat ? C’est le Diable lui même.
Quelle application pouvons-nous trouver à ce texte biblique suffisamment important pour être rendu
par Matthieu et Luc ?
Si Jésus n’a pas refusé la confrontation mais a répondu par le raisonnement et la logique à son
contradicteur, pourquoi les Témoins de Jéhovah, disciples émérites du Christ, devraient-ils refuser
la confrontation d’idées avec leurs détracteurs et ne pas répondre aux arguments qui leur sont
opposés ?
Via Veritas
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Car les opposants aux TJ sont à priori moins puissants et habiles que Satan et surtout susceptibles
d’être gagnés par des idées plus fortes ; et quoi de plus fort que la vérité ?
Oui, mais notre Mère l’Organisation nous a expressément demandé de refuser la confrontation
répondra le Témoin de Jéhovah fidèle et prudent.
Et il aura raison le bougre.
Car à maintes reprises l’organisation jéhoviste a martelé des avertissements à vous donner des
sueurs froides.
Du genre : (La Tour de Garde 1/7/1994 p. 11,12) § 15 :
Certains pourraient être tentés d’évaluer le bien-fondé des accusations des apostats. Mais
nous devrions prendre à cœur le principe énoncé en Deutéronome 12:30, 31. Dans ce
passage, Jéhovah a défini, par la bouche de Moïse, ce dont devaient se garder les Israélites
après avoir dépossédé les païens résidant en Terre promise. "Prends garde à toi, de peur
que tu ne te laisses prendre au piège à leur suite, après qu’elles auront été anéanties de
devant toi, et de peur que tu ne te renseignes au sujet de leurs dieux, en disant : ‘Comment
ces nations servaient-elles leurs dieux ? Et moi, oui, je ferai de même.’ Tu ne devras pas
faire ainsi à l’égard de Jéhovah, ton Dieu." Oui, Jéhovah Dieu sait comment opère la
curiosité humaine. Souvenons-nous d’Ève, et aussi de la femme de Lot (Luc 17:32 ; 1
Timothée 2:14) ! Ne prêtons jamais l’oreille à ce que disent ou font les apostats.
Mais voilà Jésus n’a pas repris à son compte l’histoire de Moïse, d’Eve ou de la femme de Lot. Il a
fait ce que ferait tout homme convaincu et sûr de son fait.
Mais objectera le Témoin fidèle et prudent : nous sommes plus faibles que Jésus.
Mais de quoi Jésus s’est-il servi ? De la Parole de Dieu.
N’est-ce pas l’apôtre Paul qui a écrit :
2Ti 3:16-17 Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre,
pour corriger, pour instruire dans la justice, (17) afin que l’homme de Dieu soit accompli et
propre à toute bonne œuvre.
Si la Parole de Dieu équipe complètement, le chrétien n’a rien à craindre, il suivra les traces de
Jésus. Jésus aurait-il tracé un mauvais chemin ?
Il n’a pas trouvé bon de faire inscrire par l’un quelconque des évangélistes : vous vous souvenez de
ma confrontation dans la montagne, eh bien, ne le faites pas, sauvez-vous, entrer dans un débat c’est
trop pour vous, votre foi n’y survivrait pas.
C’est pourtant bien dans ce sens que tire la Watchtower. Mais la Watchtower n’est pas Jésus.
De qui suivrez-vous réellement les traces ?
De la Watchtower qui n’a de cesse de protéger son microcosme et sa bulle théologique, univers tout
onirique qui ne résiste pas longtemps à une confrontation à la réalité ?
Ou de Jésus qui savait que le salut n’est pas dans la fuite, et la vérité dans le simple mépris des
arguments adverses ?
Via Veritas
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Les versets sataniques.
Par Winston Wesson
Ces versets-là, on ne les voit pas, on ne les écoute pas, on n’en parle pas !
La connaissance du bon et du mauvais
L’interprétation jéhoviste des chapitres 2 et 3 de la Genèse n’est en rien exceptionnelle. On la
retrouve (par certains aspects) dans les notes de la Bible de Jérusalem, par exemple. La différence
fondamentale, c’est que les catholiques ne lisent dans ces versets qu’une "histoire religieuse", et pas
de l’Histoire (avec un grand "H").
Voici ce comment les TdJ interprètent ce récit :
La décision d’Adam et Ève de désobéir au commandement de Dieu était un défi à sa
souveraineté. Ève voulait “connaître”, c’est-à-dire juger et décider par elle-même, “être
comme Dieu”. Adam se joignit à elle et affirma, lui aussi, sa complète autonomie morale
(Gen. 3:5, 6, 22). Tous deux refusèrent donc de reconnaître leur condition de créatures. Ils
ne manifestèrent aucun amour, aucune reconnaissance pour ce que Dieu avait fait pour eux,
et ils s’arrogèrent des prérogatives qui n’appartenaient qu’à Dieu seul en tant que
Créateur et Propriétaire de la terre, Soutien de la vie et Souverain universel. - Tour de
Garde du 15 janvier 1978 - p.11
Ou encore le livre "Étude perspicace des Écritures" (je souris toujours face à l’immodestie
de ce titre), page 1011, qui cite la fameuse note de la Jérusalem :
Ce que représentait l’arbre est bien exprimé dans une note de la Bible de Jérusalem sur
Genèse 2:17 :
“ Cette connaissance est un privilège que Dieu se réserve et que l’homme usurpera par le
péché, 3 5, 22. Ce n’est donc ni l’omniscience, que l’homme déchu ne possède pas, ni le
discernement moral, qu’avait déjà l’homme innocent et que Dieu ne peut pas refuser à sa
créature raisonnable. C’est la faculté de décider soi-même ce qui est bien et mal et d’agir
en conséquence, une revendication d’autonomie morale par laquelle l’homme renie son état
de créature [...]. Le premier péché a été un attentat à la souveraineté de Dieu, une faute
d’orgueil
Pour les TdJ, la souveraineté de YHWH est LE thème central autour duquel est construite toute la
Bible. Une des prérogative de cette souveraineté est le droit de décider (de "connaitre") le bien et le
mal. Personne d’autre n’a ce droit.
Et pourtant...
Genèse 3,23 :
"Puis Jéhovah Dieu dit : “ Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous en
connaissant le bon et le mauvais ; et maintenant, de peur qu’il n’avance sa main et
vraiment ne prenne aussi [du fruit] de l’arbre de vie et ne mange et ne vive pour des temps
indéfinis... ” "
D’après la Bible, la connaissance du bon et du mauvais n’est donc PAS une prérogative de Dieu.
Via Veritas
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YHWH lui-même reconnait que d’autres personnes, à qui il s’adresse ici sans qu’elles soient
identifiées, connaissent elles aussi le bon et le mauvais. Mais qui sont donc ces gens qui jouissent
de "l’autonomie morale", par delà la "souveraineté universelle" de YHWH ? Autant les rédacteurs
de la Jérusalem (catholiques trinitaires) n’auront aucune difficulté avec ce verset, autant les TdJ...
Le retour de Samuel
Petit problème pour les TdJ. Pour eux quand on est dans le schéol, rien ne survit : il n’y a plus de
connaissance, plus la moindre forme de conscience chez un mort. Ils réciteront sans aucune peine
les versets qui les confirmeront dans ces convictions. Mais il y a d’autres versets, qui ne disent pas
tout à fait ça : I Samuel 28,10-20 :
8Alors
Saül se déguisa, il revêtit d’autres vêtements et partit, lui et deux hommes avec lui ;
ils arrivèrent de nuit chez la femme. Et il dit : “ S’il te plaît, exerce pour moi la divination au
moyen du pouvoir médiumnique et fais-moi monter celui que je vais t’indiquer. ” 9 Mais la
femme lui dit : “ Voyons, tu sais bien toi-même ce qu’a fait Saül, comment il a retranché du
pays les médiums et les gens qui font métier de prédire les événements. Pourquoi donc agistu comme quelqu’un qui tend un piège à mon âme pour me faire mettre à mort ? ”
10 Aussitôt Saül lui jura par Jéhovah, en disant : “ Aussi vrai que Jéhovah est vivant, il ne
t’arrivera pas de culpabilité pour la faute dans cette affaire. ” 11 Alors la femme dit : “ Qui
dois-je te faire monter ? ” À quoi il dit : “ Fais-moi monter Samuel. ” 12 Lorsque la femme
vit “ Samuel ”, elle se mit à crier de toute la force de sa voix ; puis la femme dit à Saül :
“ Pourquoi m’as-tu dupée, alors que toi, tu es Saül ? ” 13 Cependant le roi lui dit : “ N’aie
pas peur ; mais qu’as-tu vu ? ” Et la femme dit à Saül : “ J’ai vu un dieu qui montait de la
terre. ” 14 Aussitôt il lui dit : “ Quelle est sa forme ? ” À quoi elle dit : “ C’est un homme âgé
qui monte, et il s’est couvert d’un manteau sans manches. ” Et Saül reconnut que c’était
“Samuel” ; alors il s’inclina, la face contre terre, et se prosterna.
15
“Samuel” dit alors à Saül : “ Pourquoi m’as-tu troublé en me faisant monter ? ” À quoi
Saül dit : “ Je suis dans une situation très critique, car les Philistins combattent contre moi, et
Dieu lui-même s’est retiré de moi, il ne m’a plus répondu, ni par le moyen des prophètes ni
par les rêves ; si bien que je t’appelle pour que tu me fasses savoir ce que je dois faire. ”
16 “Samuel” dit encore : “ Pourquoi donc m’interroges-tu, alors que Jéhovah, lui, s’est retiré
de toi et qu’il est ton adversaire ? 17 Jéhovah fera pour lui-même comme il l’a dit par mon
moyen ; Jéhovah arrachera de ta main le royaume et le donnera à ton semblable, [à] David.
18 Parce que tu n’as pas obéi à la voix de Jéhovah et que tu n’as pas exécuté sa colère
ardente contre Amaleq, c’est pour cela que Jéhovah te fera à coup sûr cette chose en ce jour.
19 Et, avec toi, Jéhovah livrera aussi Israël en la main des Philistins ; demain, toi et tes fils,
vous serez avec moi. Le camp d’Israël aussi, Jéhovah le livrera en la main des Philistins. ”
20 Et Saül aussitôt tomba à terre de tout son long et eut alors très peur à cause des paroles de
“Samuel”. De plus, il n’y avait pas de force en lui, car il n’avait pas mangé de nourriture de
tout le jour et de toute la nuit.
Ici, on ne peut s’empêcher de sourire. Les traducteurs de la TMN auraient pu mettre à peu près
autant de guillemets qu’ils auraient souhaité à chaque fois que la BIBLE parle de SAMUEL, ça ne
changerait rien à ce qui est bel et bien écrit dans le texte !
Les TdJ se racontent une petite histoire lorsqu’ils lisent ces versets : en fait ce ne serait pas Samuel
lui-même (qui est mort, donc) mais un démon qui se fait passer pour Samuel et qui parle à sa place :
d’où toutes ces guillemets chaque fois qu’il est écrit "Samuel" (cf. larticle "Spiritisme" dans "Étude
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perspicace" page 1014). Cette interprétation n’est pas, encore une fois, exceptionnelle, et on la
retrouve dans d’autres Églises. Elle n’en reste pas moins parfaitement gratuite : il n’y a rien,
absolument rien, pas le début du quart d’un indice dans le texte qui valide cette lecture : le néant
complet !
La Bible dit sans aucune ambigüité que c’est Samuel, mais les Témoins de Jéhovah s’en fichent.
Eux, ils ont décidé que ce n’était pas Samuel, ils savent quand même mieux que le rédacteur
biblique, non ? Quelle est donc la différence entre les TJ et "les méchantes Églises", auxquelles ils
reprochent de "choisir" leurs versets en fonction de leurs dogmes ?
Les sacrifices d’enfants
Parfois le rajout de guillemets aux versets qui les dérangent n’est pas suffisant pour les TJ : les
rédacteurs de la Bible furent vraiment trop mauvais et ce qu’ils ont écrit trop tordu, et il faut
carrément retoucher leurs mots, pour savoir ce qu’ils voulaient dire "en vrai" (et qu’ils étaient
visiblement incapables —malgré l’inspiration— d’exprimer correctement). C’est le cas d’Ézechiel.
On lit dans la TMN (Traduction du Monde Nouveau) en 20,25-26 :
25
Et moi j’ai aussi permis qu’ils aient des prescriptions qui n’étaient pas bonnes et des
décisions judiciaires par lesquelles ils ne pouvaient pas rester en vie. 26 Et je les laissais se
souiller par leurs dons quand [ils] faisaient passer [par le feu] tout enfant qui ouvre la
matrice, afin que je les mette en désolation, afin qu’ils sachent que je suis Jéhovah
Mais que lit-on dans les notes en bas de page de la TMN, au sujet des deux expressions que j’ai
mises en gras ?
• "J’ai aussi permis qu’ils aient" traduit en fait une phrase qui signifie littéralement "Je leur
ai aussi donné"
• "Je les laissais se souiller" traduit de son côté une phrase qui signifie littéralement "Je les
souillais".
Relisons donc les phrases de YHWH, telles qu’elles apparaissent vraiment dans le texte original :
25
Et moi je leur ai aussi donné des prescriptions qui n’étaient pas bonnes et des décisions
judiciaires par lesquelles ils ne pouvaient pas rester en vie. 26 Et je les souillais par leurs
dons quand [ils] faisaient passer [par le feu] tout enfant qui ouvre la matrice, afin que je les
mette en désolation, afin qu’ils sachent que je suis Jéhovah
Le Dieu qui s’est juste contenté de "laisser faire" dans la TMN, devient maintenant l’acteur
principal de la souillure des Hébreux ! Ni plus ni moins62.
Ici, c’est clair : on refuse purement et simplement de traduire le texte hébreu au profit de sa petite
interprétation à soi. La théologie et la doctrine prennent le pas sur la véritable traduction.
Quand on pense que 99% des TJ sont absolument persuadés qu’il n’y a pas de traduction plus
honnête que la leur, ça laisse songeur...
La Parole de Dieu ?
On l’a vu, parfois il vaut mieux ne pas lire de trop prêt la "Sainte Parole de Dieu" quand on est un
fondamentaliste. Tout n’y est pas lisse, tout n’y est pas beau, et tout n’y est surtout pas compatible
avec les certitudes théologiques qu’ont aujourd’hui les TJ. Donc, comme les trois célèbres singe, on
62 À la lecture de ces versets, on comprend que la loi du rachat des premiers-nés n’a sans doute pas toujours eu cours en Israël (Nb
18,15-7), et qu’à l’époque d’Ézechiel, manifestement, on se souvient encore des sacrifices d’enfants à YHWH perpétrés dans le
passé.
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ne les voit pas, on ne les écoute pas, on n’en parle pas. On aurait pu citer d’autres versets, :
• tel ceux de Lévitique 27,28-29 qui expliquent sans détours comment doit se faire un
sacrifice humain (et on en voit une mise en pratique en Nb 21,2-3),
• la triste histoire de la fille de Jephté, où là encore les TJ aiment à se raconter une jolie
histoire avec "happy end", au lieu de se contenter de lire ce qui est réellement écrit,
• ou encore la législation concernant l’esclavage sexuel des filles (Ex 21,7-11).
• voire même, dans les Évangiles, le passage où Jésus parle très librement d’un mort qui se
retrouve dans un enfer qui ressemble furieusement à celui que décrivent les Églises apostates
(Luc 16,19-31).
Le seul avantage que je reconnais aux TJ, c’est qu’en écrivant ce texte, je ne risque pas,
contrairement à l’écrivain à qui je rends hommage par ce titre, d’être victime d’une fatwa. On
trouve donc des fanatiques plus dangereux que les TJ, certes. Ils ont au moins le mérite, s’ils lancent
toujours un un très morbide "Dieu reconnaitra les siens", de ne pas se sentir obliger de crier pour
l’introduire un "Tuez les tous !"
Mais tout de même, lorsqu’on constate la légèreté avec laquelle ils s’autorisent à traiter la parole de
Dieu, espérons, pour eux aussi, que YHWH soit un peu plus clément que ce qu’ils prêchent !
L’amour, la Bible et les Témoins de Jéhovah
Par Holly
Les publications de l’Organisation des Témoins de Jéhovah méritent d’être étudiées de près. Il suffit
de comparer les théories jéhovistes à des époques différentes avec la Bible pour se rendre compte
des énormes contradictions et combien le Collège Central est égaré...
L’amour, la Bible et les témoins de Jéhovah
2Tm:3:3-7 : …insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens
de bien, traîtres, emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant
l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là. Il
en est parmi eux qui s’introduisent dans les maisons, et qui captivent des femmelettes d’un
esprit faible et borné, chargées de péchés, agitées par des passions de toute espèce,
apprenant toujours et ne pouvant jamais arriver à la connaissance de la vérité.
2Tm:3:13 : Mais les hommes méchants et imposteurs avanceront toujours plus dans le mal,
égarant les autres et égarés eux-mêmes.
Comment savoir si ces versets décrivent les Témoins de Jéhovah ? Les chefs religieux TJ sont-ils
égarés ? Sont-ils cohérents et en accord avec un enseignement biblique fondamental et la parole du
Christ lui-même sur l’amour ?
« Ta religion devrait avoir une base digne de confiance. Tu ne devrais pas t’appuyer sur des
chefs religieux ou des systèmes religieux, mais sur la Parole de Dieu, la Bible. Tu devrais
d’abord t’assurer que ta religion concorde avec la Parole de Dieu, si tu veux t’y tenir
fermement. Si tu te rends compte que ta religion enseigne quelque chose d’inexact, tu
devrais t’en détourner. Mais alors surgît la question : es-tu prêt à soumettre ta religion à un
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tel examen ? Tu n’as rien à craindre…si tu as la vraie religion ». (La Tour de Garde, 1er
juillet 1958, page 289).
« L’organisation visible de Jéhovah est vraiment digne de confiance. Elle ne m’a jamais
induit en erreur dans quelque domaine que ce soit. » (La Tour de Garde, 1er septembre 1984,
page 12).
QUE DIT LA BIBLE SUR L’AMOUR ?
Matthieu 5 44-45 : Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous
maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent
et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il
fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les
injustes.
LES CHEFS RELIGIEUX TÉMOINS DE JEHOVAH SONT-ILS ÉGARÉS ?
« Ils profèrent des mensonges qui sont des blasphèmes et couvrent d’opprobre le Saint nom
de Jéhovah. Ne haïrions-nous pas ceux qui haïssent Dieu ? Il nous est impossible d’aimer
ces ennemis détestables parce qu’ils sont dignes d’extermination ». (La Tour de Garde, 15
mars 1953, page 91).
« Le Seigneur Jésus ne demandait pas d’aimer ceux qui haïssent Dieu…ceux qui haïssent
Dieu et son peuple doivent être haïs… ». (La Tour de Garde, 15 mars 1953, page 91).
« Ainsi afin de détester ce qui est mauvais, un chrétien doit détester la personne à laquelle
le mal est inséparablement lié ». (La Tour de Garde, 15 juillet 1961, page 420, édition
américaine).
Les délires de haine prônés par la Watchtower seront rectifiés ?
« Une nouvelle vue de vérité ne peut jamais contredire une ancienne. Une nouvelle lumière
ne supprime jamais une plus ancienne mais la complète ». (La Tour de Garde, février 1881,
n°8, page 188, édition américaine).
Cohérence ? Une nouvelle vérité ne peut contredire une ancienne mais : en 1961, On doit détester,
en 1962 on ne doit pas Haïr...
« Les témoins de Jéhovah ne haïssent pas les hommes de ce monde ». (Qualifiés pour le
ministère, 1962, page 378).
« Les témoins de Jéhovah de notre époque cultivent la même disposition d’esprit, ils aiment
leur prochain, même quand celui-ci persécute les vrais chrétiens ». (La Tour de Garde, 15
novembre 1968, page 703).
Caramba en 1993, on doit de nouveau Haïr !
Certains apostats prétendent connaître et servir Dieu, mais ils rejettent les exigences ou les
enseignements énoncés dans sa Parole. D’autres prétendent croire la Bible, mais ils rejettent
l’organisation de Jéhovah et s’efforcent d’entraver son action. Lorsque des individus font
délibérément le mal après avoir eu connaissance de ce qui est droit, lorsque le mal
s’enracine tellement en eux qu’il en vient à faire partie de leur constitution, les chrétiens
doivent les haïr (au sens biblique du terme), car ils se sont inséparablement attachés au mal.
La Tour de Garde du 1er octobre 1993
NB (au sens biblique du terme), En 1993, L’organisation est plus fine, ses positions antérieures
étaient indéfendables ! Elle permet alors aux anciens d’exploiter le passage biblique le mieux
approprié qui permettra de manipuler l’adepte aux circonstances : passage cruel et violent, passage
disciplinaire ou effrayant, ou passage de mansuétude et de bonté. L’invitation à Haïr notamment
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contre les exclus se fait entre 4 yeux ou oralement. Politiquement plus correct que d’être
catégorique, par écrit, comme par le passé. En réalité, le fond est sans ambiguïté, il faut Haïr les
méchants, les opposants, les vilains apostats, bref : les ennemis !
LA BIBLE ENSEIGNE EXACTEMENT LE CONTRAIRE !
« LA LUMIÈRE VIENT CROISSANT » permet aux Tj d’expliquer toutes leurs erreurs et
contradictions avec une mauvaise foi insupportable. En écrivant tout et son contraire on peut faire
référence à n’importe quelle explication et faire faire tout et son contraire aux adeptes…
Ici pourtant, il est impossible d’invoquer "La lumière vient croissant" tant l’enseignement est aux
antipodes du message de Jésus. Les Chefs religieux sont bel et bien totalement à côté de la plaque.
Donc :
Enseigner de « HAIR » au lieu d’AIMER, c’est bien être « ÉGARÉ », c’est délirer au non de
DIEU !
« L’amour désintéressé qui, selon Jésus, devait identifier ses vrais disciples se rencontre
exclusivement dans le paradis spirituel, parmi les Témoins de Jéhovah (Jean 13:34, 35) ». la
Tour de garde du 15 mars 1986 page 20
Le culot n’occultera pas la réalité et les délires de l’organisation...
« La Bible a été écrite pour que l’homme puisse apprendre la vérité. En conséquence,
personne au monde n’a le droit d’abuser le peuple en lui enseignant des erreurs au nom du
Seigneur ». (Joseph F. Rutherford, Richesses, 1936, page 32).
Quand on se trompe à un tel point sur un enseignement fondamental de Jésus, L’AMOUR, et qu’on
recommande de DÉTESTER, il convient d’en tirer les conclusions spirituelles plutôt que de se
borner à une fuite aveugle qui insulte JEHOVAH !
Mais alors surgît la question : es-tu prêt à soumettre ta religion à un tel examen ? Tu n’as
rien à craindre…si tu as la vraie religion » / La Tour de Garde, 1er juillet 1958, page 289).
Merci à C. Piette, J. Luc.
Le Centre du Monde
Par Lucretius
Salvador Dali, inspiré par sa visite du 27 août 1965,
déclara que la façade de la gare de Perpignan était le
« centre cosmique du monde » , « ...j’ai eu à la gare de
Perpignan une espèce d’extase cosmogonique plus forte
que les précédentes. J’ai eu une vision exacte de la
constitution de l’univers. (...) L’arrivée à la gare de
Perpignan est l’occasion d’une véritable éjaculation
mentale. »", " Soudain, tout apparut avec la clarté de
l’éclair, devant moi se trouvait le centre du monde ".
Mais un doute nous étreint : s’il avait tort. Et si le centre
du monde n’était pas là où on l’attendait.
Voici un premier témoignage qui vaut ce qu’il vaut mais qui a le mérite de nous mettre sur la voie
(ferrée ou non).
La Tour de Garde, 1/7/1987, p. 31 :
“Une nation qui se suffit à elle-même.” En ces termes, le rédacteur en chef d’un
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quotidien de Brooklyn Heights décrivait la grande famille de plus de 3 500 Témoins qui
vivent au siège mondial des Témoins de Jéhovah, soit à Brooklyn, dans l’État de New
York, soit à la Ferme de la Société située à quelque 160 kilomètres au nord dans le
même État. Sans conteste, les oints de Jéhovah forment une nation spirituelle à ses
yeux ! Aujourd’hui, des foules de gens issus de nombreux peuples de ce monde
viennent et disent aux membres de cette nation : “Nous irons avec vous, car nous avons
entendu dire que Dieu est avec vous.” — Zacharie 8:23 ; I Pierre 2:9.
Comprenez-vous à présent l’enthousiasme que ma femme et moi avons ressenti à la
nouvelle de faire définitivement partie de cette grande famille du Béthel ? Sans
hésitation, je peux dire que les huit dernières années ont été les plus belles de ma vie de
chrétien. Au Béthel, on sent battre le cœur de l’organisation visible de Jéhovah ; là
est préparée la nourriture spirituelle qui est envoyée aux quatre coins de la terre ;
là, on voit agir l’esprit de Jéhovah qui guide et oriente ceux qui ont à prendre des
décisions d’importance ; là enfin, comme nulle part ailleurs, on a sous les yeux
preuve sur preuve que Jéhovah bénit l’œuvre de proclamation du Royaume et de
rassemblement des disciples.
Oui, à cet endroit, Dieu en personne contrôle les affaires du monde. C’est donc bel et bien le centre
du monde.
D’ailleurs tout dans la Bible va en ce sens selon la théologie jéhoviste. Considérez par exemple les
livres de Daniel et de la Révélation et la lecture que les Témoins de Jéhovah en donne.
La Tour de Garde, 1/11/1993, p. 10-11, extrait d’un article intitulé "Les Jours prophétiques
annoncés par Daniel, et notre foi" :
L’ange a dit à Daniel : “Depuis le temps où le sacrifice constant [“le sacrifice
continuel”, note (angl.)] aura été supprimé et où aura été mise en place la chose
immonde qui cause la désolation, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours.”
(Daniel 12:11). Sous la Loi mosaïque, le “sacrifice continuel” était brûlé sur l’autel au
temple de Jérusalem. Bien que les chrétiens ne fassent pas de sacrifices d’animaux, on
peut dire qu’ils offrent un sacrifice continuel d’ordre spirituel. Paul y a fait allusion
lorsqu’il a dit : “Offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit
de lèvres qui font la déclaration publique pour son nom.” (Hébreux 13:15 ; voir Osée
14:2). Ce sacrifice continuel a été supprimé en juin 1918. Qu’était donc la “chose
immonde”, le deuxième aspect à découvrir ? C’était la Société des Nations, derrière
laquelle se trouvaient les puissances victorieuses à l’issue de la Première Guerre
mondiale. Elle était immonde parce que les chefs de la chrétienté l’avaient mise à la
place du Royaume de Dieu et l’avaient présentée comme l’unique espoir de paix des
humains. Le projet de la SDN a été proposé en janvier 1919. Si nous comptons 1
290 jours (trois ans et sept mois) à partir de ce moment, nous arrivons en
septembre 1922.
Que s’est-il passé à cette époque ? Les Étudiants de la Bible avaient repris des forces,
ils avaient été libérés de Babylone la Grande et ils étaient prêts à passer à l’offensive
(Révélation 18:4). Lors d’une assemblée qui s’est tenue en septembre 1922 à Cedar
Point (États-Unis), ils se sont mis à proclamer avec courage les jugements de Dieu
sur la chrétienté (Révélation 8:7-12). Les aiguillons des sauterelles ont vraiment
commencé à faire mal !
L’article fait référence au livre de la Révélation et aux bols de la colère déversés par Dieu sur ses
adversaires (Rév. 8).
Morceau choisi de cette réappropriation apocalyptique - Livre La Révélation – le grand
dénouement est proche, p. 133-134 :
Via Veritas
170
À propos des anges, Jean dit ensuite : “ Et le premier a sonné de la trompette. Et il y a
eu de la grêle et du feu mêlé de sang, et cela a été jeté sur la terre ; et le tiers de la terre
a été brûlé, et le tiers des arbres a été brûlé, et toute la végétation verte a été brûlée. ”
(Révélation 8:7). Ce fléau rappelle la septième plaie d’Égypte, mais que représente-t-il
de nos jours ? — Exode 9:24.
Dans la Bible, le mot “ terre ” désigne souvent l’humanité (Genèse 11:1 ; Psaume 96:1).
Puisque la deuxième plaie s’abat sur la mer, laquelle a aussi un rapport avec l’humanité,
“ la terre ” doit désigner la partie apparemment stable de la société humaine édifiée par
Satan et vouée à la destruction (2 Pierre 3:7 ; Révélation 21:1). La description de cette
plaie révèle que le tiers de la terre, la chrétienté, est desséché par la chaleur
ardente de la désapprobation de Jéhovah. Ceux qui, tels des arbres, occupent des
positions élevées en son sein, sont brûlés par la proclamation du jugement de
condamnation prononcé sur elle par Jéhovah. Quant à ses centaines de millions
d’adeptes, s’ils continuent à soutenir sa religion, ils deviennent comme des brins
d’herbe desséchés, spirituellement flétris aux yeux de Dieu. — Voir Psaume 37:1, 2.
De quelle façon ce message de condamnation est-il proclamé ? D’une manière
générale, il ne l’a pas été par les médias, qui font partie du monde et critiquent
souvent l’“ esclave ” de Dieu (Matthieu 24:45). Par contre, ce message a été
proclamé d’une façon remarquable par les serviteurs de Dieu lors du deuxième
rassemblement marquant qu’ils ont tenu à Cedar Point (États-Unis), le 10
septembre 1922. Ce jour-là, ils ont adopté unanimement et avec enthousiasme une
résolution intitulée “ Un appel aux conducteurs des nations ! ” S’adressant sans détour
à la terre symbolique, cette résolution disait : “ Nous pensons donc que toutes les
nations de la terre, les gouverneurs et conducteurs, tous les ecclésiastiques de toutes les
églises du monde et tous ceux qui les soutiennent, les grands industriels et les grands
hommes politiques, devraient faire valoir leurs preuves justifiant la position qu’ils ont
prise dans leurs prétentions de pouvoir ramener la paix, la prospérité sur la terre et
rendre le bonheur au peuple. Dans le cas contraire, nous les prions de prêter l’oreille
au témoignage que nous rendons comme ambassadeurs du Seigneur et de dire si ce
que nous avançons est véritable ou non. ”
Quel message fracassant en effet ! J’en tremble encore.
Les 1260 et 1335 jours de la prophétie de Daniel subissent le même sort. Notez bien qu’ici les jours
restent des jours et ne deviennent pas des années comme dans l’explication jéhoviste des sept temps
des Gentils ( Dan 4 - sept temps deviennent magiquement 2520 ans).
Songez un peu à la validité des explications et applications bibliques. Un ange glorieux apparaît au
prophète Daniel, et après lui avoir indiqué par des visions effrayantes (une statue colossale, des
bêtes effroyables) la marche des nations sur plusieurs siècles voici qu’il l’entretient de périodes et
dates essentielles au peuple élu.
Bien entendu, gens de peu de foi que nous sommes, il ne peut s’agir que d’assemblées d’Etudiants
de la Bible ayant réuni au maximum dix mille personnes intéressées, comme si le monde entier
avait tremblé ou s’était ému des discours prononcés à cette occasion, comme si les résolutions
adoptées avaient eu une portée supra-nationale. Ridicule.
Or, ces années d’assemblées ne sont même pas celles dont se souviennent les Témoins de Jéhovah
actuels. Ils ont bien en mémoire 1931 – date de l’adoption du nom de Témoins de Jéhovah – et 1935
– date de l’apparition officielle d’une classe terrestre de témoins.
Mais les assemblées des années 20, comme celles qui se succèdent après après année, n’ont laissé
aucun souvenir digne d’intérêt.
C’est vous dire la validité des explications données et le sérieux de ceux qui les ont émises pour la
Via Veritas
171
première fois. Ils croyaient naïvement faire l’histoire dans un élan mégalomaniaque rare.
On y est bien. Les Témoins de Jéhovah croient que le centre du monde est à Brooklyn, dans les
bâtiments occupés par le Collège Central, que tout ce qui arrive à ce petit groupe d’exaltés a
forcément une résonance prophétique.
Livre Les nations sauront que je suis Jéhovah, p. 359-360 :
Les fidèles membres du reste de l’Israël spirituel habitent, figurément parlant, dans leur
pays ou domaine spirituel, “au centre [hébreu, nombril] de la terre”. (Ézéchiel
38:12.) Ils adoptent une position de neutralité chrétienne à l’égard de tous les conflits
politiques et militaires des nations qui les entourent. Ils constituent le point de mire, la
cible principale de l’inimitié de Gog. Jusqu’à la fin, ils seront des ambassadeurs et
envoyés fidèles du Royaume établi de Dieu et du Christ (II Corinthiens 5:20). Lorsque
toutes les autres religions auront été détruites autour d’eux, ils resteront debout, les
seuls adorateurs invaincus, les seuls pratiquants de la vraie religion de Dieu.
Rien que ça. Pour sûr, pour se croire le nombril du
monde ils se posent un peu là.
Finalement je préfère la version de Dali, elle est
moins pédante, prétentieuse, élitiste et dangereuse.
Vive la gare de Perpignan !
Parasites et par Jéhovah ?
clergé n. m. Ensemble des ecclésiastiques attachés à une paroisse, à une ville, à un pays, à une
Église.
Les Témoins de Jéhovah refusent le clivage clergé/laïc63. Tous sont frères et tous sont des ministres
ordonnés de Dieu. Tous sont des prédicateurs du Royaume de Dieu.
La notion de clergé rémunéré est donc étranger à leur culture et les rendraient de fait trop proches
63 (La Tour de Garde15/11/2000
p. 15-16 § 1-4) Au 1er siècle de notre ère, prêcher la bonne nouvelle était la responsabilité de
tous les chrétiens. Tous étaient oints, tous étaient ministres de la nouvelle alliance. Certains avaient également à faire à l’intérieur
de la congrégation, pour enseigner par exemple (1 Corinthiens 12:27-29 ; Éphésiens 4:11) ; d’autres assumaient de lourdes
obligations familiales (Colossiens 3:18-21) ; mais tous participaient à la prédication, activité élémentaire et capitale. Dans le grec
original des Écritures chrétiennes, cette responsabilité était une diakonia, c’est-à-dire un service, un ministère. - Colossiens 4:17.
Avec le temps, les choses changèrent. Une classe fit son apparition, qui s’appropria le privilège de prêcher (Actes 20:30). Ce clergé,
comme on l’a appelé, ne constituait plus qu’une petite minorité parmi les “ chrétiens ”, les autres étant désormais des laïcs. Bien
que le laïc ait, lui enseigne-t-on, certains devoirs (celui notamment de faire des dons pour entretenir le clergé), force est de constater
qu’en matière de prédication il n’est souvent guère plus qu’un auditeur passif. (…) Si dans les Églises de la chrétienté le privilège
d’être ministre est donc considérablement restreint, tel n’est pas le cas chez les Témoins de Jéhovah. Pourquoi ? Parce que les
choses ne se passaient pas ainsi dans la congrégation chrétienne du Ier siècle.
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172
des Églises chrétiennes traditionnelles.
Paul d’après une gravure du XIXe siècle /Source : Perry-Castaneda
Collection, Library of Texas University at Austin
L’exemple fameux de l’apôtre Paul, ardent prédicateur et enseignant,
missionnaire intrépide, travailleur infatigable apparaît à leurs yeux
admiratifs le parangon du ministre complet, le modèle parfait à imiter
consciencieusement.
Ne dit-il pas de lui même dans un élan de modestie :
(1 Corinthiens 11:1) Devenez mes imitateurs, tout comme moi je
le suis de Christ.
Montrant le danger pour les chrétiens de se voir exploités par d’autres
pour motif religieux, la Tour de Garde rappelle avec raison :
(La Tour de Garde du 1er janvier 2005 p. 22-23)
Des imposteurs et d’autres individus ont dû essayer de profiter de la gentillesse des vrais
chrétiens. Un document extra-canonique du christianisme primitif connu comme La
Didachè ou l’enseignement des douze apôtres recommande qu’un prédicateur itinérant
reçu chez d’autres chrétiens ‘ ne reste qu’un jour, deux s’il en est besoin ’. Après quoi,
lorsqu’il part, qu’il “ ne prenne rien, sinon le pain suffisant [...] ; s’il demande de
l’argent, c’est un faux prophète ”. Le document dit encore : “ S’il veut, ayant un métier,
se fixer parmi vous, qu’il travaille et qu’il mange ; s’il n’a pas de métier, veillez selon
votre intelligence à ce qu’un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire. Mais, s’il ne
veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ ; tenez-vous en garde contre de telles
gens. ”
L’apôtre Paul faisait attention de n’imposer aucun fardeau coûteux à ses hôtes durant ses
longs séjours dans certaines villes. Afin de pourvoir à ses besoins, il confectionnait des
tentes (Actes 18:1-3 ; 2 Thessaloniciens 3:7-12).
N’allant pas jusqu’au bout de cette logique édifiante que pense donc la Watchtower des dispositions
prises pour que des enseignants itinérants64 visitant les congrégations soient intégralement et en
permanence à la charge financière des congrégations ?
En effet, rejetant l’exemple de Paul, ces prédicateurs professionnels n’exercent aucun métier et
vivent aux dépens de leurs coreligionnaires en toute impunité et avec la bénédiction du groupuscule
enseignant de Brooklyn, qui lui aussi n’exerce aucun métier et pour la plupart de ses membres n’ont
jamais exercé aucune activité lucrative de toute leur vie.
Mais la Watchtower a besoin de cette petite armée de représentants itinérants ; c’est elle qui assure
le contrôle absolu sur les congrégations. Les simples courriers adressés aux congrégations
n’auraient pas le même poids, n’exerceraient pas la même pression instrumentalisée qu’une
présence diligente et effective.
Est-ce bien cohérent scripturairement parlant ?
Ne constatons-nous pas ici un clergé, un ensemble d’ecclésiastiques, digne de ce nom ?
De ce même clergé que dénonçait sans tendresse Jean Meslier .
64 (Les Témoins de Jéhovah - Unis p. 20) - Aujourd’hui, les congrégations des Témoins de Jéhovah reçoivent, elles aussi, des
bienfaits de la visite des surveillants itinérants. Ces hommes ont des années d’expérience dans l’activité de prédication et comme
surveillants. Ils se sont libérés de leur travail profane et de leurs responsabilités familiales afin de se donner au ministère à plein
temps. S’ils sont mariés, leur femme participe généralement avec eux au ministère à plein temps.
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173
N’est-ce pas la misère que cette quantité prodigieuse d’ecclésiastiques et de prêtres inutiles,
d’abbés, de prieurs et de chanoines, de moines et de moinesses, qui ne sont d’aucune
nécessité ? Quels services rendent-ils au public ? Aucun.
(...)
"Un clou est utile et nécessaire, on ne saurait s’en passer en nombre de choses, mais toutes
les prières, toutes les oraisons et toutes les messes ne sont utiles qu’à faire venir de l’argent
à ceux qui les disent. Un seul coup de hoyau qu’un pauvre manouvrier donne en terre pour
la cultiver est utile et sert à faire venir du grain pour nourrir l’homme. Un bon laboureur en
fait venir avec sa charrue plus qu’il ne lui en faut pour vivre ; mais tous les prêtres
ensemble ne sauraient avec toutes leurs prières et tous leurs prétendus saints sacrifices de
messes, contribuer à la production d’un seul grain."
Tous ces hommes qui vivent sur le dos des autres ne méritent qu’un seul qualificatif : parasites.
parasite n. m. et adj. I. n. m. Personne qui vit aux dépens d’autrui.
Ouvrez donc les yeux et demandez-vous si la disposition qui consiste à imposer sur les
congrégations la charge financière65 de tous ces prédicateurs itinérants est non seulement biblique
mais conforme à la pratique des premières congrégations chrétiennes.
Sans conteste, ces fardeaux financiers sont bel et bien parasites et par Jéhovah.
Pauvre Job !
Par Winston Wesson
Non seulement, il s’est retrouvé au milieu d’une controverse entre YHWH et l’Adversaire, avec les
conséquences que l’on sait, mais, en plus, même ceux qui se réclament de son exemple n’écoutent
pas ce qu’il a à dire. C’est pourtant instructif.
Le livre de Job fait partie des plus difficiles à aborder, dès que l’on sort de ses prologue et épilogue
- écrits en prose, et probablement plus tardifs que le corps du livre. Lecture ardue en général, mais
qui le devient sans doute plus encore quand on s’essaie à la Traduction du Monde Nouveau et son
style littéraire très...personnel66. C’est pourtant la TMN que je citerai dans cet article, pour ne pas
me faire accuser de jouer sur les ambiguïtés de traduction (fort nombreuses dans le livre de Job,
m’a-t-on dit).
Qu’il y ait des ambiguïtés est un chose. Mais enfin ! Est-ce une raison suffisante pour faire dire à ce
malheureux Job l’exact contraire de ce qu’il proclame dans son discours ?
Ce que disent les Témoins de Jéhovah :
Les Témoins de Jéhovah se fantasment comme les héritiers d’une longue lignée de serviteurs justes
65 Au cours de l’année 2005, les Témoins de Jéhovah ont dépensé plus de 104 000 000 $ (soit plus de de 81 800 000 €) pour
permettre aux pionniers spéciaux, aux missionnaires et aux surveillants itinérants d’accomplir leur ministère. - Extrait de
l’annuaire des Témoins de Jéhovah 2006. On remarquera que c’est d’ailleurs le seul élément financier qui soit communiqué au
plan international.
66 Magnifique exemple de ce style en 31,33, où le "sein", la "poche", le "giron" de Job devient "la poche de [sa] chemise"...
Via Veritas
174
et pieux, qu’ils font remonter à Abel - qui serait donc, d’une certaine façon, "le premier Témoin de
Jéhovah". Évidemment, vu leur obsession pour "l’unité de croyances", il ne serait pas question
d’admettre dans leur "corporation multi-millénaire" des personnes qui ont professé autre chose que
leur dogme à eux.
À la limite peut-on tolérer qu’ils aient mal compris un détail, qu’ils n’avaient pas encore toute la
"connaissance", ne possédant pas l’intégralité de la "vérité biblique", d’accord...MAIS, sur
l’essentiel, ils étaient tous tenus de croire la même chose que les Témoins de Jéhovah : il ne peut en
être autrement67 !
C’est ce schéma qui préside à leur lecture de la croyance des fidèles du passé en la résurrection. Il
faut que la Bible n’enseigne que la résurrection telle qu’elle est définie par le dogme jéhoviste : on
va donc ré-interpréter en ce sens tout ce qui y fait allusion, dans le corpus biblique (alors qu’un
chrétien devrait faire l’inverse, selon la propre idée que s’en font les Témoins de Jéhovah).
Pour mémoire voici ce que disait le livre "Vivre éternellement" (le fameux livre rouge) :
LES serviteurs de Dieu ont toujours cru à la résurrection. Voici ce que la Bible dit
d’Abraham, qui vécut 2 000 ans avant la naissance humaine de Jésus : “Il estima que Dieu
pouvait le relever [son fils Isaac] d’entre les morts.” (Hébreux 11:17-19). Plus tard, Job
demanda : “Si un homme valide meurt, peut-il revivre ?” Répondant lui-même à sa
question, Job dit à Dieu : “Tu appelleras, et, moi, je te répondrai.” Ainsi, il montra qu’il
croyait à la résurrection. — Job 14:14, 1568.
Dans le même ordre d’idée, l’encyclopédie jéhoviste "Étude perspicace" déclare, à l’entrée
"Résurrection" (vol.II, p.781) :
Job exprima une foi semblable [en la résurrection] lorsqu’il dit, alors qu’il souffrait
intensément : “ Ah ! si tu me cachais dans le shéol, [...] si tu me fixais un délai, pour te
souvenir de moi ! Si un homme robuste meurt, peut-il revivre ? [...] Tu appelleras, et moi je
te répondrai. Tu languiras après l’œuvre de tes mains. ” — Jb 14:13-15.
Ce qu’on lit dans le livre de Job
On comprendra bien pourquoi les rédacteurs des ouvrages ci-dessus ont préféré ne pas citer, à
propos de l’espérance de Job, d’autres versets, qui semblent pourtant très clairs sur la conviction du
personnage au sujet de la résurrection ;
Tel Job 7,7-10 :
Rappelle-toi que ma vie est du vent,
que mon œil ne reverra pas le bien.
L’œil de celui qui me voit ne m’apercevra plus ;
tes yeux seront sur moi, mais je ne serai plus.
Oui, le nuage s’évanouit et s’en va,
ainsi celui qui descend au shéol ne remontera pas.
Il ne reviendra plus à sa maison,
et son lieu ne le reconnaîtra plus.
67 Évidemment, l’histoire récente des Témoins de Jéhovah montre de façon magistrale que, même sans parler de croyances
millénaires, ils ne croient pas les mêmes choses à quelques décennies de distance. Mais c’est un autre problème...
68 Au passage, on notera que nulle part dans la Genèse, Abraham ne fait la moindre mention de sa foi dans le pouvoir de Dieu de
ressusciter son fils. Cette idée n’apparait que dans la lettre aux Hébreux et est donc déjà une relecture chrétienne de cet épisode.
Via Veritas
175
ou 10,20-23 :
Mes jours ne sont-ils pas
en petit nombre ? Qu’il cesse,
qu’il détourne de moi son regard
pour que je me déride un peu
avant que je m’en aille
— et je ne reviendrai pas —
au pays des ténèbres et de l’ombre profonde,
au pays d’une noirceur comme
l’obscurité, de l’ombre profonde et du désordre,
où cela ne brille pas plus que [ne brille] l’obscurité.
ou encore 16,22 :
Car peu nombreuses
sont les années à venir,
et par le sentier d’où je ne
reviendrai pas je m’en irai.
Ah ! Oui, mais non...
Évidemment les Témoins de Jéhovah étant des lecteurs assidus de la Bible, ils n’ignorent pas ces
versets. Il leur faut donc à tout prix trouver une "parade" à ces versets, qui disent explicitement le
contraire de ce qu’ils prêchent, les "neutraliser". On trouve la "parade" jéhoviste à ces versets dans
la Tour de Garde du 15 mars 2006, à la page 14 :
Ces déclarations indiquent-elles que Job ne croyait pas en la résurrection ? Dans ces
passages, Job évoque son avenir immédiat. Que voulait-il dire au juste ? Une explication
possible est que, s’il venait à mourir, ses contemporains ne le verraient plus. Ils ne
s’attendraient d’ailleurs pas à ce qu’il revienne à sa maison. Job a également pu vouloir
dire que personne ne peut revenir du shéol de lui-même. Le texte de Job 14:13-15 indique
clairement qu’il croyait à une résurrection future.
Peut-être peut-on percevoir une petite gêne à interpréter aussi grossièrement un discours qui est
pourtant sans trop d’ambigüité. Il n’est question, ici, que de "possibilités", ’"il a pu vouloir dire...".
Ce qui est formidable avec ce genre d’exégèse, c’est que Job "a pu vouloir dire" à peu près tout ce
que l’on décide qu’il a voulu dire.
Il faut être particulièrement naïf pour croire qu’on a définitivement levé la difficulté, et que le
problème ne tenait en fait qu’à ce que Job "aurait pu vouloir dire". Le problème tient à ce qu’il dit
effectivement dans le texte qui nous est parvenu ! Et ce qu’il dit, c’est que celui qui descend au
Schéol ne reviendra pas !
Mais le chapitre 14, alors ?
Nous l’avons vu, les exégètes de la Watchtower "éclairent" les versets qui sont en parfaite
contradiction avec leur doxa par les versets 13 à 15 du chapitre 14, qui, pour reprendre les mots de
Via Veritas
176
la Tour de Garde, "indique clairement que Job croyait à une résurrection future69". Mais que dit
précisément Job, dans ces versets qui restent pour la Watchtower la preuve "incontestable" de sa foi
en la résurrection, que Job "indique clairement" ? Eh bien lisons la citation dans son contexte, et
nous verrons que ce qui est censé être "clairement indiqué" est, c’est le moins qu’on puisse dire,
sujet à caution.
À partir du verset 7 :
Car il existe un espoir même pour un arbre.
Si on le coupe, il bourgeonnera encore,
et sa jeune pousse ne disparaîtra pas.
Si sa racine vieillit dans la terre
et si sa souche meurt dans la poussière,
à l’odeur de l’eau, il bourgeonnera,
oui il produira une branche comme une plante nouvelle.
Mais l’homme robuste meurt, et il reste étendu là, vaincu ;
l’homme tiré du sol expire, et où est-il ?
Oui, les eaux disparaissent de la mer,
et le fleuve tarit et se dessèche.
L’homme aussi doit se coucher et il ne se lève pas.
Jusqu’à ce que le ciel ne soit plus, ils ne s’éveilleront pas,
ils ne seront pas non plus réveillés de leur sommeil.
Jusqu’ici Job reste exactement sur la même idée : contrairement aux arbres qui peuvent repousser,
l’homme qui meurt est sans espérance. Ça commence mal pour ce qui est de l’exégèse jéhoviste. En
ayant ces dernières paroles de Job à l’esprit, replaçons maintenant le "passage-clé" cité par la
WatchTower comme preuve de l’espérance de Job :
Ah ! si tu me cachais dans le shéol,
si tu me tenais dissimulé jusqu’à ce que s’en retourne ta colère,
si tu me fixais un délai, pour te souvenir de moi.
Si un homme robuste meurt, peut-il revivre ?
Tous les jours de ma corvée, j’attendrai,
jusqu’à ce que vienne ma relève.
Tu appelleras, et moi je te répondrai.
Tu languiras après l’œuvre de tes mains.
Car maintenant tu continues à compter mes pas,
tu n’épies que mon péché.
Scellée dans un sac est ma révolte,
et tu mets de la colle sur ma faute.
69 Pourquoi est-ce le chapitre 14 qui éclairent les autres, et pas l’inverse ? Ça obéit à la logique jéhoviste : "nous interprétons, et
nous vous disons qui éclaire quoi ; et on ne discute pas, c’est comme ça."
Via Veritas
177
Voilà ! Les versets en question sont une parenthèse dans le texte, sous la forme d’un "Ah ! si
seulement ça pouvait être comme ça..." D’ailleurs, des traductions modernes, comme la Nouvelle
Bible Segond, mettent ce passage au conditionnel, en Français :
"Si l’homme, une fois mort, pouvait revivre,
tous les jours de mon service, j’attendrais(...)
Tu appellerais alors, et moi je te répondrais..."
Ce qui est, somme toute, parfaitement "logique" quand la proposition principale est introduite par
un "si" (Petit Gibus chapitre 1, verset 1 : "si j’aurais su, j’aurais pas venu !").
Reprenons donc notre lecture, une fois que Job referme cette parenthèse dans son argumentation :
Cependant une montagne qui tombe dépérira,
et même un rocher sera transporté hors de sa place.
Oui, l’eau use même les pierres ;
son flux entraîne la poussière de la terre.
Ainsi as-tu détruit l’espoir du mortel.
Tu le terrasses pour toujours, si bien qu’il s’en va,
tu défigures sa face, si bien que tu le congédies.
"Ah si seulement tu pouvais....mais malheureusement non !"
Voilà exactement ce qu’on peut lire dans le chapitre 14 de Job, dans ces versets qui sont censés
"indiquer clairement" la croyance de Job et éclairer tous les autres. De façon très étrange, les
rédacteurs de la Watchtower n’ont pas l’air de considérer que ce passage ait besoin d’être "éclairé"
par les versets qui le précédent et le suivent immédiatement70.
Les versets 13 à 15, cités par la Watchtower, ne tombent pas comme un chien dans un jeu de quilles.
Ils apparaissent dans une argumentation, dont ils en font partie intégrante, et ne peuvent être lu "tout
seuls", isolés de la démonstration dans laquelle ils s’insèrent, sans trahir purement et simplement le
propos qu’on prétend analyser. Voilà comment, pour la seule raison qu’on déclare un texte "sacré"
et "vérité intouchable", et qu’il faut donc, quel que soit ce qui est effectivement écrit, que l’on sache
lui donner une "cohérence", on finit par devenir des "professionnels" du tarabiscotage des mots.
Trahir le texte, c’est un vrai job !
70 On peut toutefois préciser que les discours de Job laissent tout de même la place à une foi de la part de Job en son
rétablissement futur. On peut par exemple l’y lire en 16,18-22 ou 19,23-27. On a vu se dessiner ici la foi en la résurrection. Mais
si nous avons là affaire à une foi qui dessine peut-être les contours de l’espérance en la résurrection, elle n’y est au mieux qu’en
"gestation", Car ce n’est pas le propos de Job (dans le contexte), et c’est seulement dans le cadre d’une relecture "canonique"
qu’on pourra la trouver. Pour illustrer, on peut tout aussi bien dire que les travaux de Galilée et de Newton ont ouvert la voie à
la théorie de la relativité générale...mais ce n’est qu’après Einstein qu’on pourra le dire. Newton et Galilée, eux, ne le savaient
absolument pas !
Via Veritas
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Quand la fin n’en finit pas de finir...
Par Fantasio, Popper, Lucretius.
L’attente de l’accomplissement prophétique est interminable. La tentation est grande de lui donner
un coup d’accélérateur.
Démonstration.
Sources : Le pertinent blog de Heidi, alias Virushead, ancienne TJ américaine
James Rayford, ancien du Béthel de Brooklyn, a donné au mois de janvier 2007 un discours lors
d’une assemblée spéciale à Houston (Texas). Le titre de son exposé était « Be Intensely Occupied
With God’s Inspired Word » - Soyez intensément occupé avec la Parole inspirée de Dieu.
En voici une transcription partielle en anglais et une traduction française.
• Im going to put these notes down here for a minute
and just say something to you.
Je vais mettre mes notes de côté quelques instants et
juste vous dire quelque chose.
• I’d like for you to listen to this very carefully…
Je voudrais que vous prêtiez une attention particulière
à ceci.
• For those of us at Bethel we have the privilege of
working with the faithful and discreet slave - the
governing body - and I would like for you to know
how the governing body - the faithful slave - feels
about the way things are right now in this system of
things, the time period in which you are living.
Ceux qui sont au Béthel ont le privilège de travailler
avec l’esclave fidèle et avisé – le Collège Central – et
je voudrais vous faire savoir comment le Collège Central – l’esclave fidèle – ressent les
choses qui se profilent devant nous dans ce système de choses, la période de temps que nous
vivons.
• The faithful slave feels that that have fulfilled Matthew 24:1471 . This good news has been
preached in all the inhabited earth for a witness. Le Collège central a le sentiment que
Matthieu 24:14 est accompli. Cette bonne nouvelle a été prêchée dans toute la terre habitée
comme témoignage.
• What does the next part of that text say, after ?
Qu’est ce que la suite du texte dit ?
(un couple marmonne dans l’auditoire)
• Yes. The end will come.
71 (Matthieu 24:14 - TMN) Et cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans toute la terre habitée, en témoignage pour toutes
les nations ; et alors viendra la fin.
Via Veritas
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Oui. La fin doit venir.
• Do you know that there are only three countries in the entire world where there are no
Witnesses today ?
Connaissez-vous les trois seuls pays dans le monde entier où il n’y a aucun Témoin
aujourd’hui ?
• Only three countries. They are Somalia, North Korea, and Afghanistan. That doesn’t mean
that the literature is not in those countries, there’s no Witnesses there.
Seulement trois pays. Ce sont la Somalie, la Corée du Nord et l’Afghanistan. Cela ne
signifie pas qu’il n’y a aucune publication dans ces pays, il n’y a pas de témoin.
• And I mentioned this yesterday to some of the friends, and they wanted to know why, and I
will tell you why. Jehovah does not send his people to any environment where they will be
killed.
Et comme je le mentionnais hier à certains de mes amis, et ils voulaient savoir pourquoi, je
vais vous en donner la raison.
Jéhovah n’envoie pas son peuple dans un environnement où il peut être tué.
• That’s why there’s no Witnesses there. Those two (sic) countries bear community
responsibility. But the good news of the kingdom has been preached.
C’est la raison pour laquelle il n’y a pas de témoin là-bas. Ces deux (sic) pays portent une
responsabilité collective. Mais la bonne nouvelle du Royaume a été prêchée.
• Matthew 24. Luke 21. Mark 13. Revelation 6. Those scriptures are having their fulfillment.
They’re being fulfilled.
Matthieu 24, Luc 21, Marc 13, Révélation 6. Ces écritures ont trouvé leur accomplissement.
Elles ont été accomplies.
• So where are you in the stream of bible prophecy ?
Aussi où en êtes-vous dans le cours de la prophétie ?
• What is the next prophecy to be fulfilled - the next one ?
Quelle est la prochaine prophétie qui doit être accomplie – la suivante ?
• Do you know ?
Le savez-vous ?
(silence)
• I’m going to read it to you. Turn to Revelation. Revelation 17. Verses 15 through 17.
Je m’en vais vous le lire. Prenez la Révélation, Révélation 17. Versets 15 à 17.
• And he says to me, the waters you saw where the Harlot is
sitting means people and crowds and nations and tongues.
The ten horns that you saw and the wild beast, these will hate
the harlot and will make her devastated and naked and will
eat up her fleshly parts and will completely burn her with fire,
for God put it into their hearts to carry out His thoughts - or
His thought, even to carry out their one thought - by giving
their kingdom to the wild beast until the words of God will
have been accomplished.
Révélation 17:15-17 : Et il me dit : « Les eaux que tu as vues,
là où est assise la prostituée, représentent des peuples, et des
foules, et des nations, et des langues. Et les dix cornes que tu
as vues, et la bête sauvage, celles-ci haïront la prostituée et la
Via Veritas
180
rendront dévastée et nue, et mangeront ses chairs et la brûleront complètement par le feu.
Car Dieu leur a mis au cœur d’exécuter sa pensée, oui d’exécuter [leur] seule pensée en
donnant leur royaume à la bête sauvage, jusqu’à ce que les paroles de Dieu se soient
accomplies. »
• The words of God will have been accomplished.
Les paroles de Dieu seront accomplies.
• The anointed - the faithful slave - is waiting for God with this one thought in their hearts.
Les oints- l’esclave fidèle – attendent que Dieu mette cette pensée principale dans leurs
coeurs.
• That’s the next bible prophecy to be fulfilled. For those who know what that means, that
triggers the Great Tribulation.
C’est la prochaine prophétie biblique qui doit être accomplie. Pour ceux qui comprennent ce
que cela signifie, cela déclenchera la Grande Tribulation.
• Once that starts, all of you will be locked into where you are now.
Une fois que cela aura commencé, chacun d’entre vous sera enfermé dans la position dans
laquelle il se trouve maintenant.
• Whatever you’ve done, you’ve done. There won’t be any more “well, you know I could have,
I thought of, that I might do this, if I had the time.”
Tout ce que vous aurez fait, ce sera fait. Il n’y aura plus de “et bien, tu sais je pourrais peutêtre, je songeais à faire, ça je devrais le faire si j’avais le temps...””.
• This is the time.
C’est le temps.
• What will you going to, what will you do about the time in which you, we, are living ?
Que ferez-vous, que ferez-vous durant le temps pendant lequel vous, nous, vivons ?
• Be at it urge..urgently. Be quick about it.
Faites le instamment,... avec urgence. Faites le rapidement.
• The time left is reduced.
Le temps qui reste est écourté.
Quelle intensité dramatique !
A entendre, même en anglais, c’est encore plus solennel, intime,
l’orateur vous livre une confidence qui vous sauvera la vie.
La voix est, comme le note Virushead, séduisante et douce, mais aussi
quelque peu effrayante.
Le public, Témoins de Jéhovah bon teint, ressent l’impression d’être
privilégié, dans un même mouvement, il éprouve inquiétude et sent sa
conviction renforcée.
Comme le souligne Virushead, c’est la parfaite méthode pour un
contrôle des esprits72.
Et ce n’est pas n’importe qui qui parle ici. C’est un « initié ».
Et que nous dit-il ?
« Faites vite ! vos jours sont comptés ! »
Mais il le fait à la manière, signale encore Virushead, d’un manager qui
motive ses troupes de vendeurs73.
72 Voir en anglais Signes préoccupants d’un culte destructeur .
73 Voir en anglais l’article Les leçons de business des Témoins de Jéhovah, sur le site de la boîte de management Media .
Via Veritas
181
Cette fois, ça y est
C’est donc — enfin — la fin ultime, c’est accompli, la prédication est achevée.
Mais est-ce la première fois que l’esclave fidèle et avisé — le Collège Central74
— sent au tréfonds de lui-même que la fin est proche, très proche et même que Matthieu 24:14 est
accompli ?
Et non, même pas.
La Tour de Garde, du 1er septembre 1995, p. 17, § 17 :
« Cependant, cette prédication du Ier siècle n’était qu’un
avant-goût de celle qui devait s’effectuer durant les derniers
jours. Parlant de l’avenir, de notre époque notamment, Jésus
a annoncé : “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée
par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les
nations ; et alors viendra la fin.” (Matthieu 24:14 ; Marc
13:10). Cette prophétie s’est-elle réalisée ? Effectivement.
Malgré des débuts modestes en 1919, la prédication de la
bonne nouvelle est effectuée aujourd’hui dans plus de 230
pays. Des contrées polaires aux pays tropicaux, le
témoignage est donné. De vastes continents sont sillonnés et
des îles lointaines touchées, afin que leurs habitants reçoivent
un témoignage. Même au cœur du chaos, tel que celui provoqué par la guerre de
Bosnie-Herzégovine, la bonne nouvelle ne cesse d’être prêchée. Comme au Ier siècle,
cette œuvre porte du fruit “dans le monde entier”. La bonne nouvelle est annoncée
“dans toute la création qui est sous le ciel”. Avec quel résultat ? Dans un premier temps,
le reste de l’Israël de Dieu, issu “de toute tribu, et langue, et peuple, et nation”, a été
rassemblé. Puis les millions de personnes composant la “grande foule” ont commencé à
être tirées “de toutes nations et tribus et peuples et langues”. (Révélation 5:9 ; 7:9.)
Matthieu 24:14 continue de s’accomplir sur une grande échelle. »
Et le sentiment d’urgence ? Il a toujours été là, mais à des degrés divers selon les époques.
Charles Taze Russel, dans Etudes des Ecritures, édition américaine de 1910 :
The deliverance of the saints must take place some time before 1914.
La délivrance des saints doit survenir à un moment donné avant 1914.
Charles Taze Russel, dans Etudes des Ecritures, édition américaine de 1923 :
The deliverance of the saints must take place some time after 1914.
La délivrance des saints doit survenir à un moment donné après 1914.
C’est évidemment nous qui soulignons.
74 Virushead note par ailleurs l'ambiguïté de l’utilisation des termes « collège central » et « esclave fidèle et avisé » pour désigner
dans ce discours une seule et même entité.
Elle désigne cette technique comme une technique de répétion de renforcement
Pourtant, la doctrine TJ elle-même fait la distinction entre les deux concepts.
Les membres du collège central sont bel et bien considérés comme membres des 144 000 oints, mais l’ensemble des membres
oints encore vivants (8 758 selon le dernier recensement en 2006 - en augmentation de 2,75% par rapport à 2005) ne font pas
partie du collège central. Que se passe-t-il dès lors quand l’un de ces oints quitte voire critique l’organisation ( cf. Crise de
Conscience de Ray Franz ) ?
Autre ambiguïté, l’emploi d’un terme au singulier pour désigner un concept pluriel (le collège central, l’esclave fidèle et avisé,
la grande prostituée, la bête sauvage).
Via Veritas
182
Plusieurs conclusions s’imposent
• 1. La prophétie de Matthieu 24:14 tourne en boucle. Elle finit, puis reprend, puis refinit. La
vision du temps prophétique n’est plus linéaire, elle devient circulaire. Jamais l’esclave
fidèle et avisé ne se sentira lié par ce qu’il a pu dire, écrire et enseigner dans le passé. Ce
n’est plus de la clairvoyance, c’est de la cacophonie spirituelle qui ne trompera que les
novices ou ceux dont la mémoire est volontairement ou non défaillante.
• 2. Et puis quelle est-elle, finalement, cette « Bonne Nouvelle » ? Son contenu n’est
finalement mentionné nulle part. Pas un mot chez les Témoins de Jéhovah de la grâce,
encore moins du pardon des péchés, ni du salut... Les interdits, les restrictions, les mises en
garde, ça oui, mais pour ce qui est d’une « bonne » nouvelle, on repassera, à moins de
considérer la mort prochaine de la grande majorité de l’humanité comme une idée
réjouissante.
• 3. En 1995, Jéhovah n’avait pas peur de faire prêcher son peuple dans le chaos de la BosnieHerzégovine. Dix ans plus tôt, c’était au Malawi. Et que dire du courage (indéniable) des
Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration nazis ?
Et les premiers chrétiens jetés aux lions (si souvent évoqués par les publications de la
Watchtower) ? Et Jésus alors ?
Aujourd’hui, Dieu est subitement devenu plus économe de la vie de son peuple.
Et bien fait pour la Corée du Nord : on ne peut pas avoir la force nucléaire et la bonne
nouvelle du Royaume en sus. Quant à la Somalie ou l’Afghanistan c’est bien fait pour eux
aussi, mais nous en ignorons la raison spirituelle profonde.
• 4. Du moment qu’un Témoin est dans un pays, le pays est considéré comme ayant reçu un
témoignage suffisant.
Les habitants du Bangladesh apprécieront le caractère badin de l’orateur. Avec un rapport de
1 témoin pour 1 311 997 habitants (Annuaire 2006), ils ont intérêt à avoir une veine de
pendu pour entrer en relation avec une infime fraction de la bonne nouvelle.
Dommage que les chiffres concernant la Chine (un sixième de notre planète) ne soient pas
connus.
Et donc, peu importe le nombre de personnes qui, dans le monde, choisiront de suivre le
message des Témoins de Jéhovah. Ce qui compte, c’est que la bonne conscience des
prédicateurs soit satisfaite via la diffusion, non pas de la Bible, mais des publications de la
Watchtower.
• 5. Notez aussi comment l’orateur attire l’attention sur ce qui est fait par les prédicateurs TJ,
et pas sur ce qu’ils pensent, ni ce qu’ils croient, ou ce qu’ils sont. Il n’est pas question de la
joie, ni de l’amour, ni de vertu, ni de sagesse, ni de prière, ni de foi, ni de compassion, ni de
conversion... Il parle d’une seule et unique tâche à accomplir. Le souci de l’autre — la
dévotion, à entendre dans un sens plus large — n’entre pas ici en ligne de compte. La
question d’une vocation personnelle ne se pose même pas.
Ce qu’un TJ doit constamment avoir à l’esprit c’est : « Est-ce que j’emploie un maximum de
mon temps à répandre le message ? »
Cet emploi du temps serré ne peut en aucun cas être « pollué » par la lecture, les sorties, les
cours de musique ou les activités sportives.
• 6. Les Témoins de Jéhovah ont l’impression de remplir le monde de leur enseignement
biblique. Ils n’ont tout simplement pas conscience d’une dynamique qui les dépasse en taille
et en impact.
Songez que les Témoins de Jéhovah ne sont que 6,5 millions pour arroser toute la planète,
Via Veritas
183
c’est un peu juste pour l’enjeu missionnaire.
Et le flot évangélique, ne compte-t-il pour rien ?
Fous de Jésus. Les évangéliques à la conquête du monde (propos recueillis par
Cécilia Gabizon)
Courrier International – 2 au 8 décembre 2004 – (8 pages)
Tandis que Georges Bush vient d’être élu grâce aux voix des évangéliques, ceux-ci ne
cessent de progresser à travers le monde, sur tous les continents, même en Chine. En
2005, ils seront plus de 700 millions. Ces églises indépendantes, issues du
protestantisme et du pentecôtisme, utilisent tous les moyens modernes de
communication pour convertir en promettant la richesse et la réussite. Elles sont
présentées dans une série d’articles.
On connaissait les invasions de criquets, voici maintenant celles des évangéliques se
nourrissant de la crédulité des plus fragiles.
En Chine, le miracle de la foi fait recette. Ces Eglises chrétiennes clandestines se
développent très rapidement (10 000 conversions par jour), portées par l’attrait de
l’irrationnel et le vide idéologique. Selon des estimations, les adeptes de religions
d’origine protestante seraient entre 60 et 100 millions.
Jésus, le meilleur copain des bobos indiens Dans les faubourgs de Bombay, de jeunes
indiens « branchés » se réunissent régulièrement pour vivre une relation « purement
personnelle » avec le Christ, sans se préoccuper d’une quelconque conversion
religieuse.
« Au nom de Jésus, gardez Gaza ! »
4000 chrétiens favorables aux idées sionistes sont venus défendre l’extrême droite
israélienne en lutte contre Ariel Sharon qui veut se désengager de la bande de Gaza. Les
nationalistes juifs et les évangéliques sont contre la contre la création d’un Etat
Palestinien. Les évangéliques, par la voix du révérend Pat Robertson, en ont profité
pour rappeler « que l’une des conditions au retour de Jésus était que les juifs le
reconnaissent comme leur messie », dévoilant ainsi leur véritable vocation de
missionnaire.
Ils convertissent même les musulmans
En promettant bonheur et richesse, les pentecôtistes rencontrent un succès fulgurant au
Brésil et en Afrique. Ces églises, de plus en plus nombreuses « viennent rivaliser en
Afrique avec les églises chrétiennes traditionnelles et l’islam... ». Face à cette
concurrence chrétienne, des mouvements de jeunes musulmans s’inspirent des
méthodes pentecôtistes.
La rédemption des Khmers rouges
De nombreux anciens Khmers rouges, responsables de la mort de près de deux millions
de personnes au Cambodge, se sont convertis au christianisme évangélique. Ils espèrent
que ce repentir chrétien leur permettra d’amadouer la justice de leur pays.
Evangéliser la Corée du Nord
Pour diverses organisations sud-coréennes protestantes qui aident des réfugiés nordcoréens, la Corée du Nord représente « une terre de mission pour répandre la bonne
parole ». Leur méthode consiste à sélectionner et à former certains de ces réfugiés puis à
les réexpédier comme missionnaires en Corée du Nord75.
Ils veulent prêcher en Irak, même au prix du martyre
75 Tiens, eux n’ont pas renoncé.
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Depuis l’exécution d’un otage au mois de juin, la Corée du Sud s’inquiète de voir
certains de ses ressortissants pasteurs organiser des missions d’évangélisation en Irak.
Le pentecôtisme des familles gagne l’Australie
Créé par un pasteur de l’Eglise des Assemblées de Dieu, un nouveau parti, Family First,
défend des « valeurs familiales » avec des idées et des méthodes qui ressemblent au
fondamentalisme. Il marque le retour de la religion sur la scène politique australienne.
• 7. L’orateur ne joue pas sur l’amour de Dieu, il préfère l’angle menaçant : devenez ou
redevenez un Témoin actif de peur que vous ne mourriez lors de la Grande Tribulation. La
manœuvre doit permettre de faire revenir les égarés et les inactifs à la sainte bergerie. Le
sentiment d’urgence largement suggéré doit nécessairement, pour pouvoir traverser le temps,
alterner avec des appels à l’endurance.
• 8. L’orateur, qui semble-t-il parle avec autorité, affirme qu’il laisse de côté ses notes. C’est
l’indice que ce discours ne sera probablement jamais relayé par une Tour de Garde, seule
publication qui rend officiel tout nouvel éclair de lumière. Les paroles s’envolent et les écrits
restent, quand ils ne sont pas tout bonnement oubliés.
Dommage ! Imaginez l’impact d’une telle annonce à un niveau mondial : il y aurait eu
immanquablement toute une partie des Témoins de Jéhovah, peut-être un peu plus éclairé
que les autres, qui aurait décelé dans ces paroles une bonne raison de cesser complètement
l’activité de prédication.
• 9. Ce discours est-il une initiative personnelle malheureuse ou un ballon d’essai concerté
pour tester la réaction d’un auditoire face à une nouvelle vérité ? Affirmer que Matthieu 24 :
14 est accompli permet d’expliquer à bon compte le marasme de l’expansion théocratique
actuelle. Il est loin l’époque exaltante d’une progression à deux chiffres et du sempiternel :
« Le petit deviendra un millier et l’infime une nation forte. Moi, Jéhovah, j’accélérerai cela
en son temps. » (Isaîe 60 : 22)
C’est vraiment à se demander si l’orateur croit vraiment ce qu’il lance à son auditoire, au delà de
ses effets de manche.
De tels discours auront pris de la valeur dans quelques années, ils seront le témoignage de la bêtise
humaine et de la suffisance d’une élite qui se pense en ligne directe avec Dieu.
Une seule de ces couvertures de périodiques estampillés Watchtower est vraie.
Les autres sont de géniales créations de Danny Haszard.
Saurez-vous déceler le vrai du faux ?
Par ailleurs, Heidi (Virushead) a apprécié notre translation, elle l’a dit sur son site.
Via Veritas
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Crises récessives de montanite aigüe
Par Lucretius
L’histoire a retenu la peste ou la tuberculose comme des fléaux qui ont frappé des générations
successives. Mais un fléau ne doit pas être passé sous silence.
Qu’est-ce que la montanite ?
Comme son nom pourrait à tort le faire croire ce mal n’a rien à voir avec la montagne ou l’altitude.
D’ailleurs vous n’en trouverez nulle trace dans le Vidal ou dans les revues médicales. Le
phénomène n’a jamais été décrit ailleurs que dans nos pages, c’est vous dire.
La montanite est un épanchement de montanisme.
Le montanisme est un mouvement chrétien hétérodoxe du IIe siècle fondé par le prophète Montanus
en Phrygie, région de la Turquie actuelle. Ce mouvement croyait dur comme fer à la venue
prochaine, en l’espace de quelques générations, du Messie glorifié et de son règne millénaire. Il
prétendait également que le Paraclet, l’Esprit de Vérité, parlait par la bouche de quelques uns.
L’historien Ernest Renan dans son livre Marc Aurèle ou la fin du monde antique en son chapitre
XIII - Dernière recrudescence de millénarisme et de prophétisme - Les Montanistes - nous livre une
image intéressante du mouvement dans ses attentes, ses prétentions et sa dangerosité.
Le grand jour, malgré les affirmations de Jésus et des prophètes inspirés de lui,
refusait de venir. Le Christ tardait à se montrer ; la piété ardente des premiers
jours, qui avait eu pour mobile la croyance à cette prochaine apparition, s’était
refroidie chez plusieurs. C’est sur la terre telle qu’elle est, au sein même de cette
société romaine, si corrompue, mais si préoccupée de réforme et de progrès, qu’on
songeait maintenant à fonder le royaume de Dieu. Les mœurs chrétiennes, du moment
qu’elles aspiraient à devenir celles d’une société complète, devaient se relâcher en
plusieurs points de leur sévérité primitive. On ne se faisait plus chrétien, comme dans
les premiers temps, sous le coup d’une forte impression personnelle ; plusieurs
naissaient chrétiens. Le contraste devenait chaque jour moins tranché entre l’église
et le monde environnant. Il était inévitable que des rigoristes trouvassent qu’on
s’enfonçait dans la fange de la plus dangereuse mondanité, et qu’il s’élevât un
parti de piétistes pour combattre la tiédeur générale, pour continuer les dons
surnaturels de l’église apostolique, et préparer l’humanité, par un redoublement
d’austérités, aux épreuves des derniers jours.
Déjà nous avons vu le pieux auteur d’Hermas pleurer sur la décadence de son temps et
appeler de ses vœux une réforme qui fît de l’église un couvent de saints et de saintes. Il
y avait, en effet, quelque chose de peu conséquent dans l’espèce de quiétude où
s’endormait l’église orthodoxe, dans cette morale tranquille à laquelle se réduisait de
plus en plus l'œuvre de Jésus. On négligeait les prédictions si précises du fondateur
sur la fin du monde présent et sur le règne messianique qui devait venir ensuite.
L’apparition prochaine dans les nues était presque oubliée. Le désir du martyre, le
goût du célibat, suites d’une telle croyance, s’affaiblissaient. On acceptait des
relations avec un monde impur, condamné à bientôt finir ; on pactisait avec la
persécution, et l’on cherchait à y échapper à prix d’argent. Il était inévitable que les
idées qui avaient formé le fond du christianisme naissant reparussent de temps en
Via Veritas
186
temps, au milieu de cet affaissement général, avec ce qu’elles avaient de sévère et
d’effrayant. Le fanatisme, que mitigeait le bon sens orthodoxe, faisait des espèces
d’éruptions, comme un volcan comprimé.
Le plus remarquable de ces retours fort naturels vers l’esprit apostolique fut celui qui se
produisit en Phrygie, sous Marc Aurèle. Ce fut quelque chose de tout à fait analogue à
ce que nous voyons se passer de notre temps, en Angleterre et en Amérique, chez les
irvingiens et les saints des derniers jours. Des esprits simples et exaltés se crurent
appelés à renouveler les prodiges de l’inspiration individuelle, en dehors des chaînes
déjà lourdes de l’église et de l’épiscopat. Une doctrine depuis longtemps répandue en
Asie Mineure, celle d’un Paraclet, qui devait venir compléter l’oeuvre de Jésus, ou,
pour mieux dire, reprendre l’enseignement de Jésus, le rétablir dans sa vérité, le
purger des altérations que les apôtres et les évêques y avaient introduites, une telle
doctrine, dis-je, ouvrait la porte à toutes les innovations. L’église des saints était
conçue comme toujours progressive et comme destinée à parcourir des degrés successifs
de perfection. Le prophétisme passait pour la chose du monde la plus naturelle. Les
sibyllistes, les prophètes de toute origine couraient les rues, et, malgré leurs grossiers
artifices, trouvaient créance et accueil.
Quelques petites villes des plus tristes cantons de la Phrygie Brûlée, Tymium, Pépuze,
dont le site même est inconnu, furent le théâtre de cet enthousiasme tardif. La Phrygie
était un des pays de l’Antiquité les plus portés aux rêveries religieuses. Les Phrygiens
passaient, en général, pour niais et simples. Le christianisme eut chez eux, dès l’origine,
un caractère essentiellement mystique et ascétique. Déjà, dans l’épître aux Colossiens,
Paul combat des erreurs où les signes précurseurs du gnosticisme et les excès d’un
ascétisme mal entendu semblent se mêler. Presque partout ailleurs, le christianisme fut
une religion de grandes villes ; ici, comme dans la Syrie au-delà du Jourdain, ce fut une
religion de bourgades et de campagnards. Un certain Montanus, du bourg
d’Ardabay, en Mysie, sur les confins de la Phrygie, sut donner à ces pieuses folies
un caractère contagieux qu’elles n’avaient pas eu jusque-là.
Sans doute l’imitation des prophètes juifs et de ceux qu’avait produits la loi nouvelle, au
début de l’âge apostolique, fut l’élément principal de cette renaissance du prophétisme.
Il s’y mêla peut-être aussi un élément orgiastique et corybantique, propre au pays, et
tout à fait en dehors des habitudes réglées de la prophétie ecclésiastique, déjà assujettie
à une tradition. Tout ce monde crédule était de race phrygienne, parlait phrygien. Dans
les parties les plus orthodoxes du christianisme, d’ailleurs, le miraculeux passait pour
une chose toute simple. La révélation n’était pas close ; elle était la vie de l’église.
Les dons spirituels, les charismes apostoliques se continuaient dans beaucoup de
communautés ; on les alléguait en preuve de la vérité. On citait Agab, Judas, Silas,
les filles de Philippe, Ammias de Philadelphie, Quadratus comme ayant été favorisés de
l’esprit prophétique. On admettait même en principe que le charisme prophétique
durerait dans l’église par une succession non interrompue jusqu’à la venue du
Christ. La croyance au Paraclet, conçu comme une source d’inspiration
permanente pour les fidèles, entretenait ces idées. Qui ne voit combien une telle
croyance était pleine de danger ? Aussi l’esprit de sagesse qui dirigeait l’église
tendait-il à subordonner de plus en plus l’exercice des dons surnaturels à l’autorité du
presbytérat. Les évêques s’attribuaient le discernement des esprits, le droit d’approuver
les uns, d’exorciser les autres. Cette fois, c’était un prophétisme tout à fait populaire qui
s’élevait sans la permission du clergé, et voulait gouverner l’église en dehors de la
hiérarchie. La question de l’autorité ecclésiastique et de l’inspiration individuelle, qui
remplit toute l’histoire de l’église, surtout depuis le XVIe siècle, se posait dès lors avec
netteté. Entre le fidèle et Dieu, y a-t-il ou n’y a-t-il pas un intermédiaire ?
Via Veritas
187
Montanus répondait non, sans hésiter. L’homme, disait le Paraclet dans un oracle
de Montanus, est la lyre, et moi, je vole comme l’archet ; l’homme dort, et moi, je
veille.
Montanus justifiait sans doute par quelque supériorité cette prétention d’être l’élu de
l’Esprit. Nous croyons volontiers ses adversaires quand ils nous disent que c’était un
croyant de fraîche date ; nous admettons même que le désir de primauté ne fut pas
étranger à ses singularités. Quant aux débauches et à la fin honteuse qu’on lui attribue,
ce sont là les calomnies ordinaires, qui ne manquent jamais sous la plume des écrivains
orthodoxes, quand il s’agit de noircir les dissidents. L’admiration qu’il excita en Phrygie
fut extraordinaire. Tel de ses disciples prétendait avoir plus appris dans ses livres
que dans la Loi, les prophètes et les évangélistes réunis. On croyait qu’il avait reçu
la plénitude du Paraclet ; parfois on le prenait pour le Paraclet lui-même, c’est-àdire pour ce Messie, en bien des choses supérieur à Jésus, que les églises d’Asie
Mineure croyaient avoir été promis par Jésus lui-même. On alla jusqu’à dire : Le
Paraclet a révélé de plus grandes choses par Montanus que le Christ par l’évangile. La
Loi et les prophètes furent considérés comme l’enfance de la religion ; l’évangile en
fut la jeunesse ; la venue du Paraclet fut censée être le signe de sa maturité.
Montanus, comme tous les prophètes de l’alliance nouvelle, était plein de malédictions
contre le siècle et contre l’Empire romain. Même le Voyant de 69 était dépassé. Jamais
la haine du monde et le désir de voir s’anéantir la société païenne n’avaient été
exprimés avec une aussi naïve furie. Le sujet unique des prophéties phrygiennes
était le prochain jugement de Dieu, la punition des persécuteurs, la destruction du
monde profane, le règne de mille ans et ses délices. Le martyre était recommandé
comme la plus haute perfection ; mourir dans son lit passait pour indigne d’un chrétien.
Les encratites, condamnant les rapports sexuels, en reconnaissaient au moins
l’importance au point de vue de la nature ; Montanus ne prenait même pas la peine
d’interdire un acte devenu absolument insignifiant, du moment que l’humanité en était à
son dernier soir. La porte se trouvait ainsi ouverte à la débauche, en même temps que
fermée aux devoirs les plus doux. (...)
La plupart des évêques, Apollinaire d’Hiérapolis, Zotique de Comane, Julien d’Apamée,
Miltiade, le célèbre écrivain ecclésiastique, un certain Aurélius de Cyrène, qualifié
martyr de son vivant, les deux évêques de Thrace, refusèrent de prendre au sérieux les
illuminés de Pépuze. Presque tous déclarèrent la prophétie individuelle subversive de
l’église et traitèrent Priscille de possédée. Quelques évêques orthodoxes, en particulier
Sotas d’Anchiale et Zotique de Comane, voulurent même l’exorciser ; mais les
Phrygiens les en empêchèrent. Quelques notables, d’ailleurs, comme Thémison,
Théodote, Alcibiade, Proclus, cédèrent à l’enthousiasme général et se mirent à
prophétiser à leur tour. Théodote, surtout, fut comme le chef de la secte après Montanus
et son principal zélateur. Quant aux simples gens, ils étaient tous ravis. Les sombres
oracles des prophétesses étaient colportés au loin et commentés. Une véritable église se
forma autour d’elles. Tous les dons de l’âge apostolique, en particulier la glossolalie et
les extases, se renouvelèrent. On se laissait aller trop facilement à ce raisonnement
dangereux : Pourquoi ce qui a eu lieu n’aurait-il pas lieu encore ? La génération
actuelle n’est pas plus déshéritée que les autres. Le Paraclet, représentant du
Christ, n’est-il pas une source éternelle de révélation ? D’innombrables petits
livres répandaient au loin ces chimères. Les bonnes gens qui les lisaient trouvaient
cela plus beau que la Bible. Les nouveaux exercices leur paraissaient supérieurs
aux charismes des apôtres, et plusieurs osaient dire que quelque chose de plus
grand que Jésus était apparu. Toute la Phrygie en devint folle à la lettre ; la vie
ecclésiastique ordinaire en fut comme suspendue.
Via Veritas
188
Une vie de haut ascétisme était la conséquence de cette foi brûlante en la venue
prochaine de Dieu sur la terre. Les prières des saints de Phrygie étaient continuelles.
Ils y portaient de l’affectation, un air triste et une sorte de bigoterie. Leur habitude
d’avoir en priant le bout de l’index appuyé contre le nez, pour se donner l’air contrit,
leur valut le sobriquet de nez chevillés (en phrygien, tascodrugites). Jeûnes, austérités,
xérophagie rigoureuse, abstinence de vin, réprobation absolue du mariage, telle était la
morale que devaient logiquement s’imposer de pieuses gens en retraite dans l’espérance
du dernier jour. Même pour la cène, ils ne se servaient, comme certains ébionites, que
de pain et d’eau, de fromage, de sel. Les disciplines austères sont toujours contagieuses
dans les foules, incapables de haute spiritualité ; car elles rendent le salut certain à bon
marché, et elles sont faciles à pratiquer pour les simples, qui n’ont que leur bonne
volonté. De toutes parts, ces pratiques se répandirent ; elles pénétrèrent jusque dans les
Gaules avec les Asiates, qui remontaient en nombre si considérable la vallée du Rhône ;
un des martyrs de Lyon, en 177, s’y montrait attaché jusque dans sa prison, et il fallut le
bon sens gaulois ou, comme on crut alors, une révélation directe de Dieu pour l’y faire
renoncer.
Ce qu’il y avait de plus fâcheux, en effet, dans les excès de zèle de ces ardents ascètes,
c’est qu’ils se montraient intraitables contre tous ceux qui ne partageaient pas leurs
simagrées. Ils ne parlaient que du relâchement général. Comme les flagellants du
Moyen âge, ils trouvaient dans leurs pratiques extérieures un motif de fol orgueil et de
révolte contre le clergé. Ils osaient dire que, depuis Jésus, au moins depuis les
apôtres, l’église avait perdu son temps, et qu’il ne fallait plus attendre une heure
pour sanctifier l’humanité et la préparer au règne messianique. L’église de tout le
monde, selon eux, ne valait pas mieux que la société païenne. Il s’agissait de former
dans l’église générale une église spirituelle, un noyau de saints, dont Pépuze serait
le centre. Ces élus se montraient hautains pour les simples fidèles. Thémison déclarait
que l’église catholique avait perdu toute sa gloire et obéissait à Satan. Une église de
saints, voilà leur idéal, bien peu différent de celui de pseudo-Hermas. Qui n’est pas
saint n’est pas de l’église. L’église, disaient-ils, c’est la totalité des saints, non le
nombre des évêques.
Rien n’était plus loin, on le voit, de l’idée de catholicité qui tendait à prévaloir et dont
l’essence consistait à tenir les portes ouvertes à tous. Les catholiques prenaient l’église
telle qu’elle était, avec ses imperfections ; on pouvait, d’après eux, être pécheur sans
cesser d’être chrétien. Pour les montanistes, ces deux termes étaient inconciliables.
L’église doit être aussi chaste qu’une vierge ; le pécheur en est exclu par son péché
même et perd dès lors toute espérance d’y entrer. L’absolution de l’église est sans
valeur. Les choses saintes doivent être administrées par les saints. Les évêques
n’ont aucun privilège en ce qui concerne les dons spirituels. Seuls, les prophètes,
organes de l’Esprit, peuvent assurer que Dieu pardonne.
Grâce aux manifestations extraordinaires d’un piétisme extérieur et peu discret, Pépuze
et Tymium devenaient, en effet, des espèces de villes saintes. On les appelait
Jérusalem et les sectaires voulaient qu’elles fussent le centre du monde. On y
venait de toutes parts, et plusieurs soutenaient que, conformément à la prédiction
de Priscille, la Sion idéale s’y créait déjà. L’extase n’était-elle pas la réalisation
provisoire du royaume de Dieu, commencé par Jésus ? Les femmes quittaient leur mari
comme à la fin de l’humanité. Chaque jour, on croyait voir les nuées s’ouvrir et la
nouvelle Jérusalem se dessiner sur l’azur du ciel.
Les orthodoxes, et surtout le clergé, cherchaient naturellement à prouver que l’attrait qui
attachait ces puritains aux choses éternelles ne les détachait pas tout à fait de la terre. La
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189
secte avait une caisse centrale de propagande. Des quêteurs allaient de tous les
côtés provoquer les offrandes. Les prédicateurs touchaient un salaire ; les
prophétesses, en retour des séances qu’elles donnaient ou des audiences qu’elles
accordaient, recevaient de l’argent, des habits, des cadeaux précieux. On voit quelle
prise cela donnait contre les prétendus saints. Ils avaient leurs confesseurs et leurs
martyrs, et c’était ce qui attristait le plus les orthodoxes ; car ceux-ci eussent voulu que
le martyre fût le critérium de la vraie église. Aussi n’épargnait-on pas les médisances
pour diminuer le mérite de ces martyrs sectaires. Thémison, ayant été arrêté, échappa,
disait-on, aux poursuites à prix d’argent. Un certain Alexandre fut aussi emprisonné ; les
orthodoxes n’eurent de repos que quand ils l’eurent présenté comme un voleur qui
méritait parfaitement son sort et avait un dossier judiciaire dans les archives de la
province d’Asie.
Le mouvement mis plusieurs siècles à disparaitre complètement. Mais à bien y réfléchir : cette
éradication a-t-elle été définitive ?
Différentes caractéristiques comme les symptômes d’une maladie sont évidentes.
Cette attente millénariste exaltée, cette revendication d’une caste prophétique qui ne soit pas un
clergé orthodoxe, cette propension à dénoncer tout ce qui n’est pas le mouvement, cette hostilité au
monde ne vous rappellent-elles rien ?
Si la pensée jéhoviste est la digne héritière du millérisme et l’adventisme du 19ème siècle, elle est la
championne du montanisme renaissant, un cas singulier de montanite aigüe.
Car le statut de saint et de prophète, les quelques hommes qui ont jamais formé la classe enviée
d’esclave fidèle et avisé (Mat 24 : 45) l’ont revendiqué à mots couverts.
Que dire des prophètes ?
La Tour de Garde, 15/9/94 p. 10 § 4 :
Les prophètes de Jéhovah avaient le privilège de proclamer publiquement son message.
L’étymologie du terme hébreu pour "prophète" (navi’) est incertaine, mais son
utilisation dans la Bible indique que les véritables prophètes étaient des porte-parole de
Jéhovah, des hommes de Dieu porteurs de messages inspirés. Le mot grec rendu par
"prophète" (prophêtês) signifie littéralement "proclamateur", qui dit quelque
chose "en face de" ou "devant" quelqu’un. Un prophète est quelqu’un qui
proclame des messages attribués à une source divine. Souvent, mais pas toujours, les
véritables prophètes de Dieu annonçaient l’avenir.
Qu’en conclure sinon que tout proclamateur pourrait revendiquer le titre de prophète.
Et quant aux saints ?
La Tour de Garde, 1/8/96 p. 14 :
Comment rester saint ?
Ce n’est pas en étant partisan du moindre effort ou en ne se refusant rien que l’on
parvient à la sainteté. La personne qui agit ainsi cherchera toujours à excuser sa
conduite et à en rejeter les torts sur autrui. Peut-être nous faut-il apprendre à accepter la
responsabilité de nos actes et ne pas ressembler à certains qui se posent en victimes de
la fatalité en invoquant leurs antécédents familiaux ou génétiques. Le fond de l’affaire
réside dans le coeur de l’individu. Aime-t-il la justice ? Aspire-t-il à la sainteté ?
Recherche-t-il la bénédiction divine ? Le psalmiste a parlé clairement de la nécessité
d’être saint : " Détourne-toi de ce qui est mauvais et fais ce qui est bon ; cherche la paix
et poursuis-la. " L’apôtre Paul a écrit : " Que votre amour soit sans hypocrisie. Ayez en
aversion ce qui est mauvais, attachez-vous à ce qui est bon. " - Psaumes 34:14 ; 97:10 ;
Romains 12:9.
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Et quant au Paraclet, à l’Esprit de Vérité, ne travaille-t-il pas en profondeur la direction de ce saint
appareil prophétique ?
La Tour de Garde, 1/2/2002 p. 19-20 § 4 :
Jésus a également promis aux premiers disciples que l’esprit ’ leur enseignerait toutes
choses ’ et ’ les guiderait dans toute la vérité ’. L’esprit les aiderait à saisir les choses
profondes des Écritures et à préserver leur unité de pensée, de compréhension et de but
(1 Corinthiens 2:10 ; Éphésiens 4:3). L’esprit saint a ainsi rendu les premiers
chrétiens capables, collectivement, d’assumer le rôle d’" esclave fidèle et avisé "
qui fournissait aux chrétiens oints individuellement la " nourriture [spirituelle] en
temps voulu ". - Matthieu 24:45.
Tous les ingrédients de l’hérésie du second siècle sont bien là. Et elle s’est répandu tout comme à
cette époque s’appuyant sur les mêmes peurs, se nourrissant des mêmes excès.
Une crise de montanite aigüe s’est bel et bien déclarée, silencieusement, dans une indifférence
quasi-générale, réminiscence des crises des siècles passés.
Mais la guérison est possible. Vous trouverez dans nos pages vaccins, sérums et anti-corps.
Le montanisme du second siècle a fini par passer. Rassurez-vous cette crise de montanite aigüe
aussi finira par passer.
« Vous ne faites pas partie du monde »
Par Fantasio
Les Témoins de Jéhovah se distinguent de l’entièreté des sectes issues du protestantisme par leur
total refus d’interventionnisme politique.
« ... aucune réalité historique ne peut d’elle-même vouloir se rapporter au plan
messianique. C’est pourquoi le royaume de Dieu n’est pas le telos de la dunamis
historique ; il ne peut etre pose comme but. Historiquement, il n’est pas un but, il est un
terme. C’est pourquoi l’ordre du profane ne peut être bâti sur l’idée du royaume de
Dieu, c’est pourquoi la théocratie n’a pas un sens politique, mais seulement un sens
religieux. »
— Walter Benjamin, Fragment théologico-politique, cir. 1921, in Œuvres (vol. 2),
Paris, Gallimard, 2000.
Au début 2004, l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur titrait sur
Les évangéliques : la secte qui veut conquérir le monde. Inutile d’y chercher
une quelconque mention des Témoins de Jéhovah. Pas une seule fois les
journalistes du Nouvel Obs’ ne feront l’amalgame, pas une seule fois ils ne
relieront les TJ à ces sectes protestantes en grande majorité états-uniennes. Et
ils ont raison. Car si ces deux groupes religieux extrémistes ont de
nombreuses similitudes (ils attendent tous « la fin du monde avant le retour
du Christ », ils pensent tous à « sauver cette société décadente », à
« convertir les impies », à « nettoyer le pays de tous ces homos, ces
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féministes, ces libéraux »)76, les Témoins de Jéhovah se distinguent de l’entièreté des sectes issues
du protestantisme en leur total refus d’interventionnisme politique.
Alors que ces sectes américaines se constituent en importants lobbies qui pèsent de tout leur poids
dans les décisions prises dans les organisations internationales et à Washington, les têtes pensantes
des Témoins de Jéhovah (basées à Brooklyn, New York) mettent un point d’honneur à ne jamais
s’impliquer dans les affaires du monde.
Cette trouvaille historique stratégiquement géniale constitue un des fonds de commerce des TJ.
Citant à l’envi le verset de l’Evangile de Jean : « Ils ne font pas partie du monde comme je ne fais
pas partie du monde », les idéologues TJ refusent, condamnent et excluent de leur sein, le cas
échéant, toute personne habitée par une ambition politique.
Interdiction totale, donc, de participation à la vie citoyenne à tous les niveaux de pouvoir, exécutif,
législatif et judiciaire. Et par extension au quatrième pouvoir, le journalisme.
Kofi Annan - George Bush, même combat !
Ce tabou, jamais vraiment exprimé comme tel, est abordé par
la bande, à l’issue d’un raisonnement hautement subversif et
finalement inconsciemment néolibéral.
Non seulement « nous ne faisons pas partie du monde », mais
en plus le monde est identifié à un endroit de débauche où se
mêlent gens de tout pouvoir, de toute classe, race et religion.
Les bêtes de l’Apocalypse (car n’oublions pas que chaque
thèse TJ s’accompagne d’une lecture hyperréaliste des textes
bibliques), toutes plus horribles les unes que les autres, servent
d’épouvantail et surtout de symbole des puissances mondiales. Ainsi, dans une vision géopolitique
du monde gothico-grotesque, « l’empire américano-britannique » avait été prophétisé au 1er siècle
de notre ère par un apôtre Jean digne de Nostradamus, insufflant l’esprit à une autre bête qui elle
représente forcément les Nations Unies.
Ainsi, défiant toutes les visions du monde en vigueur en ce début du XXIè s., les TJ renvoient dos à
dos les Américanistes convaincus, tout comme les défenseurs du multilatéralisme de l’ONU. Kofi
Annan, George Bush, même combat ! Un discours qui ne peut bien sûr que plaire aux personnes
peu instruites, peu cultivées, élevées à la télévision commerciale, et laissée dans l’ignorance parfois
sciemment par une certaine classe dirigeante, au point d’en venir à haïr tout et son contraire. Une
grande partie de ceux qui se retrouve chaque semaine sur les chaises des salles du Royaume des TJ
appartiennent à cette frange dépolitisée ad nauseam.
Et finalement, même s’ils n’ont que faire du tout-au-marché, n’est-ce pas à l’abolition de l’Etat
qu’aspirent les pieux Témoins de Jéhovah ? Réjouissez-vous donc, économistes de tous horizons,
plus de 6 millions de dangereux utopistes vous soutiennent dans votre lutte contre la régulation. Ce
n’est pas la première fois dans l’histoire que deux groupes humains aux objectifs totalement
opposés s’unissent pour arriver à leurs fins.
Mais alors que les disciples d’Adam Smith sont corps et âme dans le système réel mondial, les autoproclamés disciples du Christ se sont forgés, à force de conviction et de discours, uniquement sur
des mots, un univers à la lisière du réel, un microcosme étouffant, havre de tranquillité exempt de
toute vicissitude, où chacun aime son prochain, ou s’y efforce. Un univers où l’on voit poindre, sous
la couche d’hypocrisie (ciment nécessaire à faire tenir l’ensemble), un ensemble d’individus pétris
de culpabilité, de haine refoulée et d’illumination dangereuse.
76 Nouvel Observateur du 26 février 2004, sous la plume de Sophie des Déserts
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Des existences smaller than life
« Un jour, m’a récemment dit un Témoin de Jéhovah de longue date, tu
comprendras que les hommes ne sont rien tant qu’ils ne réalisent pas qu’il
y a une force supérieure qui régit tout.
— Un jour, lui ai-je répliqué, j’espère que tu comprendras que si l’homme
reste les bras croisés attendant que Dieu agisse à sa place, rien ne peut se
réaliser. »
Voilà l’essence même du développement idéologique et éthique à l’origine
de ma sortie du mouvement TJ. Au-delà des raisonnements réactionnaires,
de l’interdiction de la curiosité intellectuelle, de la frilosité à la modernité,
de la censure comportementale extrême, c’est le refus de l’implication
citoyenne et politique qui m’a convaincu à mettre un halte-là.
La participation à tout scrutin est tout simplement interdit au TJ, qui, bien
sûr seul dans l’isoloir, subit le regard pesant de son Dieu. C’est Lui seul qui peut prétendre
gouverner l’humain, par conséquent, tout aspirant au pouvoir exécutif, législatif ou même judiciaire
commet un véritable blasphème à son égard. Cette pensée, unique à ma connaissance dans le monde
religieux, indique à lui-même la dangerosité de la mouvance TJ.
Ainsi, dans la même discussion avec ce fervent Témoin de Jéhovah, celui-ci m’affirmait en toute
bonne ( ?) foi, que l’extrême-droite ne différait pas des partis démocratiques.
Un tel raisonnement dans son chef doit être compris 1) comme une assurance que les TJ ne viennent
pas grossir les rangs des extrémistes politiques - puisque tout vote leur est interdit, mais que 2)
parallèlement, si demain les extrêmes arrivaient au pouvoir, à quelque niveau que ce soit, ils
respecteraient leurs lois avec la même passivité ovine que celle qu’ils manifestent actuellement aux
modérés.
L’école publique m’a un jour appris à faire la différence entre la gauche, la droite et leurs extrêmes,
et comme j’écoutais l’enseignement de mes professeurs avec autant d’attention que les discours
bibliques, j’ai pu me forger une opinion, et elle est déplorable à l’égard de mes anciens coreligionnaires.
J’ai appris à aimer la beauté de la rhétorique, à apprécier la joute verbale pour ce qu’elle est, une
remise en question continue de ses propres convictions, toujours relatives, jamais établies, et à
apprécier cette sensation perpétuelle de flottement herméneutique. Irrésolu je suis, irrésolu je
resterai. Je peux comprendre ceux que cet équilibre instable affole, inquiète, mais je condamne ceux
qui fuient et interdisent toute réflexion hors de carcans prédéfinis, des carcans smaller than life.
Les illustrations sont signées de l’artiste plasticien Nicolas Lampert
Cet article a été rédigé avant que j’aie connaissance d’une série de faits qui viennent
bousculer pas mal d’idées reçues sur les Témoins de Jéhovah, y compris à l’intérieur
même du mouvement.
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Pourquoi les enfants des Témoins de Jéhovah sont-ils privés de fête de
Noël ?
Par Popper
Dans la plupart des parties du globe, de nombreux enfants se sont réveillés le matin du 25 décembre
en découvrant avec joie au pied du sapin, décoré pour l’occasion, des cadeaux. Joie, yeux remplis
de plaisir, rires. C’est la magie de Noël ! Pourtant, au même moment, les enfants des près de 7 000
000 de témoins de Jéhovah n’auront ni sapin, ni cadeau. Pourquoi ?
La réponse est simple. Ils obéissent à un ordre venant de Brooklyn (USA), le siège des Témoins de
Jéhovah où une dizaine de personnes diligentent la vie complète de millions de personnes.
Toutefois, avant 1928, cela ne posait aucun problème pour ces puritains. L’Age d’Or (l’ancien nom
de Réveillez-Vous) du 24 décembre 1919 indique que les Etudiants de la Bible( l’ancien nom des
Témoins de Jéhovah) accordait de l’importance à Noël77. Après 1928, les ordres changent. Noël est
interdit78 !
La raison avancée est un nettoyage de tout ce qui provient du paganisme. Le christianisme étant un
syncrétisme des différentes religions et traditions de l’Antiquité, les origines païennes sont donc
nombreuses. Le fait que Noël soit basé essentiellement sur la célébration du dieu Soleil est un secret
de polichinelle. (L’article de Wikipédia sur Noël est suffisamment conséquent pour s’en rendre
compte)
Les Témoins de Jéhovah utilisent ces origines païennes pour justifier un sectarisme le plus austère
sur ce sujet en refusant toute participation à cette fête. Ce sectarisme n’est pas nouveau. Des
puritains anglais au XVIIIe avaient interdit Noël. Autant dire qu’ils n’eurent pas le succès
escomptés mais ils restent un exemple pour les Témoins de Jéhovah. La base invoquée est à chaque
fois la Bible et le refus de participer à des fêtes d’origines païennes. (Pour un exemple de
l’argumentation, on peut se rendre sur ce site : POURQUOI LES TÉMOINS DE JÉHOVAH NE
CÉLÈBRENT-ILS PAS LA FÊTE DE NOËL ?) dont voici un extrait :
À votre avis, Jésus Christ considérerait-il comme un honneur d’avoir son nom attaché à
une “fête païenne à moitié christianisée” ?
Un chrétien peut-il mélanger les choses chrétiennes avec les choses païennes ? Que dit
la Bible ?
L’apôtre Paul rappela ce qui suit à ses compagnons chrétiens de Corinthe :
“Ne formez pas d’attelage disparate avec des infidèles. (infidèles = païens)Quel rapport
en effet entre la justice et l impiété ?Quelle union entre la lumière et les ténèbres ?
Quelle entente entre Christ et Bélial ? (bélial = dieu païen de l’époque) Ou quelle
association entre le fidèle et l’infidèle ? Quel accord entre le temple de Dieu et les
idoles ?" — II Cor. 6:14-16. Bible catholique de Jérusalem
Ainsi la bible confirme bien que un chrétien ne doit pas faire de mélange entre les
choses chrétiennes et les choses païennes et c’est donc la raison pour laquelle les
77 FACTS ABOUT JEHOVAH’S WITNESSES
78 Les Témoins de Jéhovah - Proclamateurs du Royaume de Dieu p.198
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témoins de Jéhovah se gardent bien de le faire, par exemple en ne tenant aucun compte
d’une fête d origine païenne comme Noël. !
Argumentation interprétative, évidemment !
Si vous tentez d’expliquer à un Témoin de Jéhovah, qu’aujourd’hui Noël est avant tout une fête
familiale qui donne l’occasion de s’échanger des cadeaux, que l’on peut fêter Noël sans mettre de
crèche sous le sapin, que le Père Noël a été redistillé par Coca-Cola depuis , qu’après 2000 ans
d’histoire, on peut commencer à considérer une telle fête comme étant une tradition de notre
civilisation sans y voir le côté religieux (après tout les athées fêtent aussi Noël), que l’on doit penser
au plaisir des enfants avant de faire de la théologie,etc. Rien n’y fera ! Le brave TJ trouvera toute la
rhétorique possible et imaginable pour se conformer au précepte de ce puritanisme d’un autre
temps.
« Noël c’est païen et pas biblique ! »Point barre.
Le problème avec cette logique c’est qu’elle est limitative et qu’elle utilise volontairement des
œillères car le christianisme originel des évangiles est pétri de paganisme, paganisme que les
Témoins de Jéhovah s’obligent à pratiquer tous les ans.
Ainsi, les Témoins de Jéhovah ne fêtent de manière
officielle qu’une seule fête par an : la commémoration de
la mort de Jésus Christ suivant le même rituel : le passage
du vin et du pain parmi les participants après une prière
avant chaque passage.
Cette soirée funèbre (on a vu mieux dans le sens du mot
fête) n’a aucune base purement divine et chrétienne. Ainsi,
les manuscrits de la Mer Morte découverts en 1949 et
comportant des manuscrits du IIIe siècle avant notre ère au
Ier siècle de notre ère ont révélé qu’a Qumran, un repas
était pris en commun au cours duquel un prêtre bénissait le pain et le vin avant de le passer aux
participants.(Manuel de la Discipline) et cela un siècle avant Jésus. Ce repas, partagé en la présence
des deux messies postulés à Qumrân, était réservé aux adeptes rituellement purs (voir en parallèle 1
Corinthiens 11,27-2979 80
Imaginez-vous l’incidence d’une telle découverte ? Un siècle avant Jésus lui-même, des
dissidents religieux Juifs célébraient un repas avec du pain et du vin que le maitre de
cérémonie bénissait ! Si ce fait intéresse et ne surprend guère les historiens du christianisme, cela
représente un bouleversement théologique pour des Témoins de Jéhovah qui se déclarent comme
étant purs de toute tradition non chrétienne !
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les
historiens ont découvert que les adorateurs de
Mithra (un dieu venant d’Iran qui sert de
médiateur entre dieu et les hommes, qui se
sacrifient pour eux et qui monte au ciel
ensuite. Son culte a été célébré du XVIe siècle
avant notre ère jusqu’au IVe siècle de notre ère
dans l’ensemble du Proche Orient et du bassin
méditerranéen) célébraient eux-aussi un tel
81
repas et cela plusieurs siècles avant Jésus Christ !
79 C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du
Seigneur. 28 Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; 29 car celui qui mange et
boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même.- Traduction Bible Louis Segond
80 Source :Herschel Shanks "L’énigme des manuscrits de la Mer Morte" p 262 à 264
81 Salomon Reinach – Cultes, Mythes et Religions page 641-646. Voir aussi MITHRA ET L’EUCHARISTIE CHRÉTIENNE par
Robert C. Van ASSHE
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Le repas eucharistique ne serait-il donc qu’un plagiat ? Les sources révélées par l’archéologie ainsi
que la confirmation des Pères de l’Église tel que Justin et Tertullien sur ce rituel ne laissent plus de
doute : le repas que les Témoins de Jéhovah célèbrent tous les ans est d’origine païenne. Ce
n’est qu’une refonte d’un rituel mithriaque.
Que l’on retrouve ce rituel dans les Évangiles ne prouve aucunement sa sainteté mais bien au
contraire que le christianisme primitif était déjà un syncrétisme de coutumes religieuses de l’époque
Ce n’est pas tout ! L’étude des dieux de l’Antiquité, donc antérieurs à Jésus, nous révèle bien des
surprises :
Le Christ est capable de changer l’eau en vin, comme Dionysos, de temps immémorial, a
passé pour le faire ; il marche sur l’eau comme Poséidon ; comme Osiris et Phoebus Apollon
il manie le fouet ; comme le « solaire » Dionysos il chevauche sur deux ânes et nourrit les
multitudes au désert ; comme Esculape il ressuscite des hommes, il donne la vue aux
aveugles et guérit les malades ; et comme sur Attis et Adonis, des femmes pleurent et se
réjouissent sur lui. » Comme Horus, il est né dans une étable, l’étable-temple de la vache
sacrée, la déesse-vierge Isis, reine des cieux ; les Évangiles apocryphes font de l’étable un
antre, ce qui fait songer à la naissance de Zeus, à celle de Mithra, de Dionysos, d’Adonis,
d'Hermès – Short History – Robertson cité par Charles Guignebert dans Le Problème de
Jésus p73-74.
Ces preuves feront surement flancher tout Témoin de Jéhovah honnête intellectuellement. L’histoire
du christianisme et du judaïsme révèlent que ces mouvements religieux n’eurent aucune vraie
originalité et étaient loin d’être hermétiques aux autres cultes, mythes et religions qui les
entouraient.
Pourquoi alors se faire plus royaliste que le roi en interdisant à des enfants le plaisir de la
féerie de Noël alors qu’en même temps on célèbre tous les ans une fête d’origine païenne ?
Pourquoi suivre de manière intégriste les préceptes des américains nonagénaires de Brooklyn
quand ceux-ci se sont affiliés pendant 10 ans à l’ONU, contredisant leurs propres écrits ? Si
les dirigeants jéhovistes sont capables de telles entorses, avec des incidences théologiques plus
importantes qu’un simple sapin mis dans une maison, pourquoi le Témoin de Jéhovah lambda
ne pourrait-il pas faire plaisir à ses enfants ?
Avec ce rappel important : aucun texte biblique n’interdit expressément de fêter Noël.
Time is money
Par Lucretius
Quel rapport la Watchtower a t’elle à l’argent ?
La question peut se poser.
Car les Témoins de Jéhovah savent compter, compiler, rendre compte.
Preuve en est les rapports d’activité que rendent mensuellement tous les proclamateurs actifs dans
les congrégations.
Tous les mois, tout Témoin de Jéhovah est tenu de rendre compte du nombre d’heures réalisées , des
contacts renouvelés, des publications placées.
Ces chiffres sont compilés avec soin et transmis au siège national du mouvement, puis finalement
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au siège mondial.
C’est ainsi que toutes les années, aux alentours de janvier, un rapport mondial reprenant des
agrégats essentiels paraît pour diffusion et analyse.
En parallèle, dans chaque congrégation une comptabilité des dépenses et recettes est tenue, données
financières qui sont portées tous les mois à la connaissance des membres. Les comptes annuels sont
ensuite transmis au siège national, qui aurait, à son tour, toute possibilité de le transmettre au siège
mondial.
La question qui se pose est la suivante : si les heures sont soigneusement collectées et compilées,
pourquoi les données comptables ne sont-elles pas diffusées de la même façon.
En l’occurence, pour la Watchtower, time is not money et money is not time.
Rien n’empêcherait la consolidation des comptes des différentes congrégations (ou associations)
pour permettre la diffusion et l’analyse des données financières.
Or cette transparence n’existe pas ?
Pourquoi ?
S’agit t’il d’un problème de techniques comptables lié à la diversité de pratiques des différents pays
concernés ?
Certainement pas, car des méthodes pourraient être dégagées pour rendre les chiffres cohérents et
les données consolidables.
La résistance est purement volontaire et stratégique. La Watchtower ne voit pas l’intérêt de donner
de la transparence à l’évaluation de son patrimoine mondial.
Connaissez-vous une seule organisation que vous financeriez et qui n’accepterait pas de diffuser ses
comptes et le relevé de ses richesses ?
Oui, la Watchtower navigue dans ses eaux là. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, il fut même une
époque reculée où la transparence financière signifiait quelque chose. Pour preuve cet extrait
étonnant de la Tour de Garde anglaise de 1914.
J’encourage tous les TJ à refuser de rendre compte de leur contribution en temps tant qu’on aura
pas réellement et complètement rendu compte de leur contribution en argent, au plan national
comme au plan international.
Certains esprits rebelles chez les TJ mêmes ont demandé pourquoi il était nécessaire qu’ils
rapportent le temps passé en prédication, puisque Dieu le sait.
La réponse donnée est extraordinaire de non-sens et de mauvaise foi.
La voici, selon le livre "Organisés pour bien remplir notre ministère" (1983) p. 107 :
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"Certes, Jéhovah connaît notre activité, et il sait pertinemment si nous le servons de toute
notre âme ou si nos faisons, pour la forme, qu’une infime partie de ce que nous pourrions
faire.
Pourtant la Bible révèle que de tout temps Jéhovah a fait établir par écrit un compte-rendu
de l’activité de ses serviteurs.
Ainsi nous connaissons grâce à lui le nombre de jours que Noé a passés dans l’arche et le
nombre d’années pendant lesquels les Israélites ont erré dans le désert.
Dieu a également fait consigner dans les annales le nombre de ceux qui lui furent fidèles
comme celui des rebelles.
Il a fait enregistrer dans les Écritures les progrès réalisés par les Israélites au cours de la
conquête de Canaan, ainsi que les exploits de leurs fidèles juges. Oui, il a fait rapporter de
nombreux détails concernant les œuvres et les actes de ses serviteurs, en inspirant les écrits
qui les relataient.
Voilà qui nous donne une bonne idée du point de vue sur les rapports et de l’importance qui
s’attache à leur exactitude."
Avez-vous noté dans cette évocation le précédent historique d’un cumul des heures des serviteurs de
Dieu ?
Noé et sa famille ont-ils rapporté le nombre d’heures passées à bâtir l’arche ou à accomplir une
supposée prédication ?
Rapporter des effectifs ou des dates n’a rien à voir avec la bureaucratie pointilleuse imposée aux TJ.
Dans les exemples de précision évoquées, la Watchtower a oublié quelques versets, c’est dommage.
(Exode 38:24-26) 24 Tout l’or qui fut employé pour le travail, dans tout le travail du lieu
saint, atteignit le total de l’or de l’offrande balancée : vingt-neuf talents et sept cent trente
sicles, selon le sicle du lieu saint. 25 L’argent de ceux de l’assemblée qui furent enregistrés
fut de cent talents et mille sept cent soixante-quinze sicles, selon le sicle du lieu saint. 26 Le
demi-sicle par individu, c’était la moitié d’un sicle selon le sicle du lieu saint, pour tout
homme qui passait vers les enregistrés, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus : ceux-ci se
montèrent à six cent trois mille cinq cent cinquante.
(1 Chroniques 22:14-15) 14 Voici que durant mon affliction j’ai préparé pour la maison de
Jéhovah cent mille talents d’or et un million de talents d’argent ; le cuivre et le fer, on ne
peut les peser, car il y en a en quantité ; j’ai préparé des bois et des pierres, mais tu y
ajouteras [encore]. 15 Avec toi il y a en grand nombre des gens qui font le travail, des
tailleurs de pierre, des ouvriers sur pierre et sur bois, et tous hommes habiles en toutes
sortes de travaux.
(Ezra 7:21-23) 21 “ Et par moi, [par] moi-même, Artaxerxès le roi, ordre a été donné à tous
les trésoriers qui sont au-delà du Fleuve : tout ce que vous demandera Ezra le prêtre, le
copiste de la loi du Dieu des cieux, que ce soit exécuté promptement, 22 jusqu’à
[concurrence de] cent talents d’argent, cent kors de blé, cent baths de vin, cent baths
d’huile, et du sel sans limitation. 23 Que tout ce qui est sur l’ordre du Dieu des cieux soit
fait avec zèle pour la maison du Dieu des cieux, pour qu’il n’y ait pas de colère contre le
royaume du roi et ses fils.
Ca alors, Jéhovah a fait consigner des rapports nombreux portant sur l’argent manipulé au plan local
ou national, donc au plan le plus large.
Et la Watchtower ?
Voici un exemple flagrant d'instrumentalisation des Écritures pour justifier une pratique qui ne vise
qu’à mieux contrôler la base.
Via Veritas
198
Il faut contrôler, mais ne pas jouer la pleine transparence, car l’enjeu est trop grand pour considérer
que le temps est comme l’argent.
Les proclamateurs ne sont probablement pas aptes à recevoir tous les chiffres, ce n’est ni
souhaitable ni "théocratique".
Ils sont, à n’en pas douter, trop immatures ou primaires et pourraient poser des questions sur des
données sensibles qui ne regardent que les hommes au pouvoir.
Car la connaissance est un pouvoir.
Time is money. Pas chez les Témoins de Jéhovah.
Restez vivants jusqu’en 75 !
Par Lucretius
L’année 1975 n’aura été vraiment marquante que par la mort du célèbre humoriste Pierre Dac qui a
eu ce mot fameux : « Une fausse erreur n’est pas forcément une vérité vraie ».
Et à propos de 1975, de fausse erreur et de vérité vraie, notez ce que prétendait une publication des
Témoins de Jéhovah à propos de leur attente déçue.
La Tour de Garde, 15/6/1980, p. 17, § 5-6 :
À notre époque, c’est le même désir ardent, louable en soi, qui a incité les chrétiens à
essayer de déterminer la date à laquelle ils seront enfin libérés des souffrances et des
difficultés qui accablent l’humanité. La parution du livre La vie éternelle dans la liberté
des fils de Dieu, qui disait qu’il serait approprié que le règne millénaire du Christ
coïncide avec le septième millénaire de l’existence de l’homme, suscita une très grande
espérance à propos de l’année 1975. À l’époque, et plus tard, des déclarations
insistèrent bien sur le fait que ce n’était là qu’une possibilité. Malheureusement, à côté
de ces explications qui incitaient à la prudence, d’autres déclarations laissaient
entendre que la réalisation de notre espérance cette année-là était non seulement
possible, mais probable. Il est regrettable que ces dernières déclarations aient,
selon toute apparence, fait oublier celles qui incitaient à la prudence et aient ainsi
contribué à entretenir chez certains des espérances déjà nées dans leur esprit.
Montrant qu’il n’est pas sage de fixer ses regards sur une date en particulier, La Tour de
Garde du 1er novembre 1976 disait : “Si quelqu’un a été déçu en ne suivant pas cette
manière de penser, il devrait maintenant veiller particulièrement à redresser son point
de vue, tout en reconnaissant que ce n’est pas la parole de Dieu qui a manqué son but
ou qui l’a trompé et déçu, mais que son raisonnement était fondé sur de fausses
conceptions.” En disant “quelqu’un”, La Tour de Garde entendait tous les Témoins de
Jéhovah qui avaient ainsi été déçus, y compris ceux d’entre eux qui participèrent à la
publication des renseignements qui contribuèrent à nourrir un espoir axé sur cette
date.
Mais qui sont donc ces Témoins de Jéhovah qui, de manière imprudente, ont laissé « entendre que
la réalisation de [l’] espérance cette année-là était non seulement possible, mais probable » et qui
ainsi avec désinvolture « participèrent à la publication des renseignements qui contribuèrent à
nourrir un espoir axé sur cette date » ?
Sont-ce quelques exaltés qui auraient mal saisis le sens des textes publiés dans les années soixante
Via Veritas
199
ou des impatients qui, de manière non autorisée, auraient cherché à lire entre les lignes ?
C’est une réécriture historique que de prétendre cela ou même de le faire sous-entendre.
Voici un exemple frappant qui prouve le contraire, c’est bien la tête qui s’est livré à de sournoises
spéculations.
Que penser en effet si on retrouvait trace d’un discours prononcé lors d’une assemblée publique par
un Surveillant Itinérant suffisamment marquant et notoire pour que sa biographie paraisse dans la
publication Réveillez-Vous82 !
Voici précisément une traduction de la transcription qui a été faîte du discours prononcé par Charles
Sinutko au printemps de 1967 à Sheboygan dans le Wisconsin et intitulé « Servant avec la vie
éternelle en vue ».
... car même si nous sommes dans les plus opulents des pays de la Terre, nous tenons
tous à la vie, car tant qu’il y a de la vie nous trouvons qu’il y a de l’espoir.
Si cela est vrai pour la plupart des personnes, combien plus cela est vrai pour les
Témoins de Jéhovah. Car nous n’avons pas seulement cette vie à saisir et à vivre, mais
nous saisissons l’espérance de la vie éternelle. Car Jésus a promis dans le sixième
chapitre de la lettre aux Romains que la récompense que Dieu donnerait serait la vie
éternelle. Ainsi nous avons un désir intense et un instinct pour survivre et le rechercher.
Et finalement atteindre les conditions paradisiaques dans le Nouvel Ordre de Dieu.
Mais dans cette course pour la vie, certains d’entre nous aspirent au changement dans ce
vieux système et à sa destruction depuis de nombreuses années maintenant, il y en a
parmi nous qui sont quelque peu gagnés par la lassitude. Et par la fatigue. Et parfois
nous pouvons seulement lever les bras et dire : « Je ne sais simplement pas si je peux
continuer ».
Mais comme un coureur qui participe à une course, et qui s’approche de la fin, au
moment même où il pense qu’il ne peut continuer, il réalise : « Bien, voici le but
devant moi ». Il arrive au dernier virage, et il est là ! Alors tout d’un coup il lui arrive
de nouvelles réserves de puissance de nulle part, avec une soudaine source d’énergie,
grâce auxquelles il brise le fil de la ligne d’arrivée et remporte le prix.
Eh bien, nous, Témoins de Jéhovah, comme des coureurs, même si certains d’entre nous
deviennent quelque peu découragés, recevons, comme si cela venait de Jéhovah, une
nourriture en temps voulu. Car il dresse devant nous un nouvel objectif. Une nouvelle
année. Quelque chose à atteindre et il semble qu’il nous ait donné à tous tellement plus
d’énergie et de puissance dans cette dernière pointe de vitesse jusqu’à la ligne d’arrivée.
Et c’est l’année 1975.
Il y a eu beaucoup de discussions portant sur cette année, en fait même cette semaine
certains individus se sont demandés : « Eh bien, qu’est-ce que cela signifie ? Osonsnous en discuter ? Existe-t-il quelque chose que nous pouvons discuter entre nous, et
que nous ne puissions pas même discuter en public ? Savons-nous réellement de quoi il
s’agit ? »
En fait nous n’avons pas à deviner ce que signifie 1975 si nous lisons la Tour de Garde.
Car la Tour de Garde a été très explicite quant à ce que 1975 signifie pour nous. Si vous
voulez noter la page 262 dans le numéro du 1er mai 1967 (en anglais, NDT) de la Tour
de Garde, nous lisons :
« Que signifie l’année 1975 pour l’humanité ? La fin des 6000 ans d’existence humaine,
et, peut-être, [la voix de l’orateur devient plus forte] l’époque à laquelle Dieu exécute
les méchants et instaure un règne de 1000 ans sous son fils Jésus-Christ ». Fin de
citation.
82 Réveillez-Vous ! 22/8/2004 p. 19-23 – Charles Sinutko a été Surveillant Itinérant de 1960 à 1993, il est décédé en 1996 à l’âge de
92 ans.
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200
Qu’a-t-il été dit ? La fin de 6000 ans d’existence humaine et c’est tout ? NON, il nous a
été donné un peu plus à penser que cela. A-t-il été dit avec certitude l’époque à laquelle
Dieu exécute les méchants et instaure un règne de 1000 ans sous son fils Jésus-Christ ?
Non. Mais il nous a été donné un faible rai de lumière. Il était dit [la voix de l’orateur
devient plus forte ] peut-être, peut-être l’époque à laquelle Dieu exécute les méchants et
instaure un règne de 1000 ans sous son fils Jésus-Christ, [la voix de l’orateur redevient
normale] 1975.
Cela ne vous donne-t-il pas un peu d’excitation pour ce qui est du futur ? Même si ce
n’est qu’une possibilité, [la voix de l’orateur devient plus forte ] que Dieu lance la
bataille d'Harmaguédon et nettoie cette vieille Terre ? Et que vous ne soyez introduit
directement dans un Paradis sur la Terre à toujours [la voix de l’orateur redevient
normale]. Ne plus jamais être affligé par ce vieux système de choses satanique. Il aura
DISPARU, ABATTU. Ceci devrait nous exciter.
Il y a les sceptiques qui disent : « Je ne vais pas y penser et je ne vais m’inquiéter
de cela. Je n’y prêterai pas attention ». Mais souvenez-vous, frères, l’’esclave fidèle
et avisé est utilisé par Jésus pour quoi ? Jésus dit « pour apporter la nourriture en
temps voulu ». Ceci est la nourriture, et elle vient juste au moment opportun. Et
c’est en temps voulu. Et il n’est pas incorrect d’y penser, et de fixer ses regards
dessus.
Que savons-nous de manière certaine ? Eh bien nous savons ce que nous connaissons
avec certitude. Nous l’avons lu. [la voix de l’orateur devient plus forte] La fin des 6000
ans d’existence humaine, et peut-être l’exécution des méchants et le commencement du
règne de 1000 ans ». Et cela devrait suffisamment piquer notre curiosité et nous
interpeler.
Quand vous y songez quelle fantastique et brève période de temps cela représente.
Combien d’entre vous étaient à New-York en 1958 ? Voudriez-vous levez la main. Une
grande majorité d’entre-vous ici. Le temps a-t-il passé depuis ? Il nous semble que nous
étions là hier. Mais [la voix de l’orateur devient plus forte] avez-vous réalisé que plus
de temps a passé depuis cette assemblée de 195883 qui rassembla un quart de
million de Témoins de Jéhovah qu’il n’en reste jusqu’à 1975. C’est difficile de
l’imaginer, n’est-ce pas ? Oui, c’était il y a neuf ans. Il y a seulement 8 ans jusqu’en
75.
Que le temps qui reste est court. Combien de choses doivent arriver.
Nous avons simplement à patienter maintenant, avec la vie éternelle en vue, et nous
servons avec le futur dévoilé devant nous. Très bientôt nous attendons que Babylone la
Grande soit renversée et sévèrement frappée et détruite et décimée jusqu’à qu’il ne reste
rien d’elle.
Et alors survient le cri « Paix et Sécurité ». Nous sommes débarrassés de la vieille
prostituée, nous ne l’avons plus sur le dos. Plus de religions pour nous importuner
disent les nations. Oh oh. Il sont là. Sortant leurs horribles têtes de la poussière,
Témoins de Jéhovah, avec un message des plus féroces qui n’aient jamais été entendus.
Maintenant un chant de moqueries pour les nations : « Le voyez-vous ? Nous vous
disions que Babylone la Grande allait s’affaiblir, allait être détruite, vous disiez que cela
n’arriverait jamais, mais vous l’avez fait vous-mêmes. Maintenant vous êtes les
prochains, Jéhovah va vous détruire ». Vous croyez qu’ils vont aimer ça ? Alors ils
s’allient. Toutes les puissances communistes et démocratiques ensemble avec un seul
objectif en tête : « Balayons ces gens. Alors nous nous serons vraiment débarrassés de
tous les antagonismes et aurons la paix et la sécurité, et nous aurons notre monde
83 Livre Les Témoins de Jéhovah - Prédicateurs du Royaume de Dieu - chap. 8 p. 101 : « Originaires de 123 pays, les assistants,
qui ont été au maximum 253 922, ont rempli du 27 juillet au 3 août [1958] le Yankee Stadium et les Polo Grounds à l’occasion
de cette assemblée internationale qui avait pour thème “La volonté divine” ».
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201
unifié ».
Mais quand ils commencent à attaquer les Témoins de Jéhovah, d’étranges choses
commencent à survenir. Il semble y avoir des calamités apportées par Jéhovah Dieu de
manière horrible et violente, choses encore jamais vues auparavant. Des plaies
s’attaquant à la chair sont mentionnées par Zechariah, s’insinuant partout sur la Terre,
faisant pourrir les yeux hors de leur orbite, et les langues de leur bouche. [la voix de
l’orateur devient plus forte] Ils courront en hurlant hors de leur maison en étant frappés
des plaies, [la voix de l’orateur redevient normale] et alors ils verront que les Témoins
de Jéhovah ne seront pas atteints. « Comment en faire partie maintenant ? Faîtes de moi
l’un de vous ! » Mais c’est trop tard à présent.
Alors Jéhovah Dieu semble se servir des forces naturelles contre le vieux système.
Terreurs dans les airs, sur la Terre, sur les eaux. Guerre fratricide, voisin contre voisin.
Toute force non-humaine, inhumaine qui puisse se manifester, non seulement des
hommes, mais même des forces naturelles.
Et Harmaguédon semble avoir deux phases à présent. La dernière Tour de Garde nous a
appris, si vous l’avez lue, qu’il y aurait quelque chose semblable à une guerre juste.
Phase un : toutes les forces unies des nations sont détruites, toutes les organisations
politiques ont disparu. Tout ce qui reste sont les rois, seuls, sans aucun allié ou ami dans
le monde, se méfiant totalement les uns des autres, tous se tenant raides et crispés.
Phase deux : Jéhovah frappe leur coeur de confusion, et dans un accès de folie furieuse
ils se détruisent mutuellement. Et pour le reste ? Jéhovah Dieu en appelle à ses anges
surnaturels et la cavalerie de Jésus s’occupe d’eux, 200 millions d’anges, avec leur
pleine puissance destructrice, et quelle puissance ce sera.
Un ange, en une nuit, quand les forces assyriennes de Sennacherib vinrent contre Israël,
détruisit 185 000 hommes. Disons que les 200 millions d’anges de Jésus-Christ sont
limités en puissance et qu’ils peuvent seulement en détruire 185 000. [la voix de
l’orateur devient plus forte] Cela nous donnerait un potentiel de destruction de 37
billions (1000 milliards) de personnes. [la voix de l’orateur redevient normale] Nous ne
sommes pas aussi nombreux sur la Terre. En fait, c’est 12 333 fois le nombre de gens
actuellement vivants. Toute cette puissance enveloppant la cavalerie de Jésus-Christ. Et
tout ceci, peut-être, doit arriver et être terminé dans l’année 1975.
Que d’années excitantes devant nous ! Et voyez au delà : le règne de 1000 ans de JésusChrist. Savez-vous ce que cela signifie ? Tous les morts reviendront. Pensez simplement
à vos chers disparus, peut-être dans les cinq ou dix dernières années. N’aspirez-vous pas
à les voir revenir ? Eh bien maintenant ce ne sera plus très long. Regardez ce qui est
devant.
Vous imaginez-vous travaillant la terre et engrangeant les moissons quand vous vous
rendez compte que vos bien-aimés sont de retour et que vous avez planté un petit extra
pour eux ? Vous imaginez-vous, alors que l’on vous a prévenu un peu à l’avance de la
nécessité de bâtir des abris, œuvrer à la construction de résidences temporaires pour
ceux qui reviendront ?
Pensez seulement à ce qui arrivera quand la famille apprendra que c’est le moment, et
que vous vous rassemblerez, attendant et voyant qu’ils se relèvent de la poussière.
Comme l’a dit Isaïe : « Réveillez-vous vous dans la pouissière, vous résidents. Venez à
la vie. » Vous imaginez-vous voyant cela ?
C’est notre futur. Combien il est merveilleux. La résurrection est quelque chose qui fait
chanceler l’imagination devant l’immensité. Quel sera le nombre de ceux qui
reviendront, nous ne le savons pas de manière certaine, mais quelques commentaires
qu’a fait la Société nous donne quelques idées.
Vous pouvez prendre note de ces références, vous les lirez plus tard.
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202
« Choses dans lesquelles il est impossible à Dieu de mentir », § 12, page 350 : « Des
milliards sont morts avant Jésus, des milliards qui sont morts reviendront ».
La dernière publication, « La vie éternelle dans la la liberté des fils de Dieu », page 393,
§ 26 : « des milliers de millions ».
La Tour de Garde 1964, page 722, § 24, écoutez ceci : « Des DIZAINES de milliards
reviendront ». Combien de dizaines de milliards ? Au moins 20 milliards. Car pour
avoir des dizaines de milliards, il faut avoir au moins deux fois dix milliards, c’est le
chiffre minimum et nous disons 20 milliards de personnes revenant à la vie. Quel
fantastique accomplissement ce sera pour notre Seigneur Jésus-Christ.
En fait, il a existé un tract imprimé par la Société, intitulé « L’espérance du Millénium
expliquée » qui mentionnait une estimation de 20 milliards.
Cela vous donne une idée. Et enflamme l’imagination. Réalisez-vous quel
accomplissement et quelle entreprise ce sera ? Car si seulement 20 milliards de
personnes devaient revenir des morts chaque jour pendant un millier d’années, ce serait
un effectif de 60 000 ressuscités. Chaque jour, pendant un millier d’années.
Évidemment, il est plus probable que que cela ne prendra pas la totalité des 1000 ans, la
Société l’a indiqué. Nous ne savons pas combien de temps la résurrection prendra, mais
elle sera certainement ajustée au nombre, même si davantage devait revenir.
Quelle époque sensationnelle nous vivons, mes frères. Combien nous avons à gagner en
servant Dieu avec la vie éternelle en vue.
Mais connaissez-vous le côté triste de tout cela ? Certains d’entre nous ici ne le verrons
pas, c’est bien possible. Ne serait-ce pas une chose terrible avec tout ce qui doit se
réaliser dans le futur ? Certains d’entre nous ici ce soir pourraient ne pas être vivants
pour le voir. Le verrez-vous ? Savez-vous qu’il y a un moyen d’y parvenir ? Il y a un
moyen pour décider, ici et maintenant, si vous y parviendrez ou non ? Voyons de quoi il
s’agit.
En prêtant attention à Luc chapitre 13, nous obtenons des informations. Luc 13,
commençons à lire les paroles de Jésus.
Luc 13, en commençant au verset 22. Jésus va de village en village et de ville en ville.
Au verset 23 il est écrit :
(Luc 13:23-28) 23 Or, un certain homme lui dit : “ Seigneur, est-ce que ceux qui sont
sauvés sont peu nombreux ? ” Il leur dit : 24 “ Faites de vigoureux efforts pour entrer
par la porte étroite, parce que beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer, mais ne le
pourront pas, 25 dès que le maître de la maison se sera levé et aura verrouillé la porte, et
que vous commencerez à rester dehors et à frapper à la porte, en disant : ‘ Seigneur,
ouvre-nous. ’ Mais en réponse il vous dira : ‘ Je ne sais d’où vous êtes. ’ 26 Alors vous
commencerez à dire : ‘ Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos
grandes rues. ’ 27 Mais il parlera et vous dira : ‘ Je ne sais d’où vous êtes. Éloignezvous de moi, vous tous, ouvriers d’injustice ! ’ 28 C’est là que seront [vos] pleurs et
[vos] grincements de dents, quand vous verrez Abraham et Isaac et Jacob et tous les
prophètes dans le royaume de Dieu, mais vous, jetés dehors.
Que dit Jésus ici ? Que pensez-vous qu’il dit ici ? Eh bien avant tout, ceux d’entre nous
qui sont présents ce soir et qui ne font pas ce que dit le verset 24, « faire de vigoureux
efforts » ne pourront pas en être. C’est le premier pas : faire de vigoureux efforts pour
passer la porte étroite. Mais il décrit alors une certaine classe de chrétiens, dans
l’Organisation de Dieu, qui se trouve dans cette position. Il dit : « dès que le maître de la
maison se sera levé et aura verrouillé la porte, et que vous commencerez à rester dehors
et à frapper à la porte, en disant : ‘ Seigneur, ouvre-nous. ’ » A qui se réfère-t-il ici ?
Quand ferme-t-il la porte ? La destruction de Babylone la Grande signifiera la fermeture
de la porte. Et il dit alors que certains d’entre nous viendront et voudront entrer dans
Via Veritas
203
l’organisation du Seigneur en disant : ‘ Seigneur, ouvre-nous. ’ et Jésus nous regardera
et dira « Je ne vous connais même pas ».
Mais alors nous paniquons et disons : « Mais nous mangions et buvions devant toi et tu
nous as enseigné dans nos larges voies ». Quelle tentative désespérée pour dire à Jésus :
« C’est moi ! Tu te souviens de moi ! Je m’asseyais devant toi, et tu nous enseignais
dans nos larges voies. Souviens-toi je venais à l’étude de la Tour de Garde une fois par
semaine. Et souviens-toi quand le Surveillant de District était là, je ne manquais jamais.
Et je venais à chaque Mémorial ».
Que dit-il alors ? « Je suis désolé, je ne te connais pas. Je ne te reconnais pas. Tu n’as
pas suffisamment aimé le peuple du Seigneur pour être présent tout le temps. Tu n’as
pas suffisamment aimé ma maison pour y être tout le temps. Maintenant pourquoi
essayer de venir et montrer que tu m’aimes ? Si tu m’avais aimé tu aurais été là. Aussi je
ne te reconnais pas comme l’un de mes gens, va-t-en loin de moi. Tu avais le temps de
travailler justement, maintenant éloigne toi de moi ouvrier paresseux. Tu en avais
l’occasion. Reste dehors là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Bas toi la
poitrine. »
Et pour nous ? Ne le ferions nous pas, si nous étions laissés dehors, de nous battre la
poitrine, de grincer des dents et de pleurer, en disant : « Dieu, j’en étais si près. Quelle
folie ai-je commise ? Pourquoi n’ai-je pas fait quelque chose pour la Vérité quand j’en
avais la possibilité ? Pourquoi me suis-je trouvé tant d’excuses ? Pourquoi ai-je essayé
de berner Jéhovah ? »
Eh bien maintenant qui tirera profit de cela ce soir ? La Société a fait une application de
l’Ecriture, mettant en évidence que ceux d’entre nous, Témoins de Jéhovah, qui ne
s’associent pas régulièrement avec son peuple, sans une bonne raison telle qu’être
malade et alité, ne sera pas dans l’Ordre Nouveau. Et nous serons ceux qui viendront
roder quand les portes seront fermées en disant : « Je le veux maintenant. Seigneur,
ouvre nous ! » Et Jésus dira : « Je suis désolé, je ne vous reconnais même pas. »
Cela ne serait-il pas une chose terrible ? Vous voyez maintenant pourquoi la Société
nous implore année après année, disant toujours la même vieille chose : « Frères, restez
dans le troupeau. Ne trouvez pas d’excuses pour vous éloigner. D’aucune sorte. »
Il n’y a qu’une chose qui comptera quand le temps viendra, et c’est ce que nous sommes
à l’intérieur. Et nous espérons que tous ici ce soir allons écouter les implorations de la
Société. Nous écouterons son invitation anxieuse : « Frères rentrez ! » car elle sait ce
qui arrive ! Et ça vient vite. Et n’attendez pas jusqu’en 1975. La porte sera fermée
avant.
Alors ? Que ferons nous maintenant pour notre futur ? Pourquoi ne pas être comme un
petit porcelet ? Tout le monde a vu des porcelets qui viennent de naître ? C’est une
chose assez amusante. Ils viennent de derrière les pattes de la mère, ils sont aveugles, ne
peuvent rien voir. Ils sont encore attachés à leur mère par le cordon ombilical. Et d’une
manière ou d’une autre ils arrivent à se libérer de ce cordon ombilical pour se tourner
vers les pattes de la mère et trouver le lait. Comment font-ils ? Eh bien regardez les
parfois. Ils luttent et ils poussent et ils grattent. Ils tombent et ils se relèvent. Et ils
s’agitent et se bousculent. Ils tombent encore et ils se redressent à nouveau et ils luttent
et et ils poussent un peu plus et bientôt, ils font brèche et avec leurs petites pattes
entourent les pattes de la mère, et ils surgissent et trouvent leur récompense, leur lait.
Maintenant nous pouvons faire la même chose. Nous allons tomber un moment, nous
allons glisser. Il va être difficile de lutter et pousser, mais n’abandonnez pas. Relevezvous, mettez-vous sur vos pieds, et courrez ! Le but est là : la vie éternelle ! Servez en la
gardant en vue ! Faites ce que Jésus dit : servir en ayant en vue la vie éternelle, aussi
longtemps que Jéhovah nous le demande ! Jésus réclame de l’endurance de notre part et
Via Veritas
204
il dit aussi « en endurant vous acquérez vos âme ».
Comme un Frère l’a dit, « Restez vivants jusqu’en 75 » !
[Applaudissements]
Imaginez que vous ayez été présent lors de cette assemblée quelles auraient été votre impression et
votre conviction ?
A quel sentiment d’urgence ce discours énergique et éloquent aurait-il voulu vous mener sans
ambiguïté aucune ?
Ignorer 1975 aurait été un manque de foi. La temporisation prudente de l’espérance aurait été un
manque de zèle.
Il y a les sceptiques qui disent : « Je ne vais pas y penser et je ne vais m’inquiéter de
cela. Je n’y prêterai pas attention ». Mais souvenez-vous, frères, l’’esclave fidèle et
avisé est utilisé par Jésus pour quoi ? Jésus dit « pour apporter la nourriture en temps
voulu ». Ceci est la nourriture, et elle vient juste au moment opportun. Et c’est en temps
voulu. Et il n’est pas incorrect d’y penser, et de fixer ses regards dessus.
Le compte à rebours divin était en marche. Sinon pourquoi compter si intensément les années qui
restaient jusqu’en 1975.
Mais avez-vous réalisé que plus de temps a passé depuis cette assemblée de 1958 qui
rassembla un quart de million de Témoins de Jéhovah qu’il n’en reste jusqu’à 1975.
C’est difficile de l’imaginer, n’est-ce pas ? Oui, c’était il y a neuf ans. Il y a seulement 8
ans jusqu’en 75.
Que le temps qui reste est court. Combien de choses doivent arriver.
Si le mot « possible » est bien signalé par l’orateur, l’attente confiante n’est absolument pas ce qui
se dégage de l’action oratoire. Ce qui est généré est un sentiment d’urgence impérieux : la porte du
salut va se refermer avant 1975.
Comme le dénonçait la Tour de Garde du 1er novembre 1976 est-il donc possible que Frère Charles
Sinutko, Surveillant Itinérant et mandaté par la Société pour s’exprimer en son nom, ait alors donné
un simple avis personnel et que « son raisonnement était fondé sur de fausses conceptions » ?
Nous ne pouvons que constater que les membres officiels de la Watchtower parmi les plus éminents
et remarqués ont bel et bien été de ceux « qui participèrent à la publication des renseignements qui
contribuèrent à nourrir un espoir axé sur cette date ».
Et si ce sont des mandataires patentés et autorisés qui l’ont fait publiquement, alors il faut se rendre
à l’évidence : c’est bien la Watchtower qui est le principal artisan de cette fausse espérance.
Ce n’est pas une fausse erreur et ça s’est une vérité vraie.
"Pouvez-vous
avoir confiance en la Bible ?" Reveillez-Vous - Novembre
2007 - Analyse critique
Par Popper
La Watchtower nous a préparé un beau magazine spécial sur la Bible pour le mois de Novembre
Via Veritas
205
2007. Que vaut-il réellement sous le regard de l’érudit ?
J’ai reproduit dans cet article les citations les plus contestables. Celles qui ne présentent aucun
intérêt ont été écarté - ex : La Bible est le premier livre imprimé par Gutenberg...
Introduction - Page 3 – Faire ou ne pas faire confiance.
“Son but (le numéro spécial de Réveillez-vous) n’est pas de vous imposer des croyances
ou des opinions religieuses, mais plutôt de vous présenter les faits incontestables qui
ont convaincu des millions de personnes que la Bible est digne de confiance. Après
avoir lu les articles qui suivent, vous pourrez décider si ce livre mérite votre
confiance.”
Les faits incontestables portent bien leur nom. Ils n’ont pas le droit d’être contesté si les avis ne sont
pas dans l’apologie ou l’homélie. Ce magazine est truffé de présentations tronquées des données
actuelles sur la Bible. Nous allons les examiner page par page révélant du même coup la
malhonnêteté intellectuelle des auteurs. Après tout, un avis objectif se construit sur une présentation
des différentes opinions, n’est ce pas ?
Page 4- Un livre d’exception.
A la page 4, nous avons ici une artillerie de chiffres présentant la bible comme étant le livre le plus
diffusé au monde. Ce n’est pas une primeur. Mais là où le fondamentalisme apparaît dans toute sa
splendeur est ici :
“■ Environ la moitié des rédacteurs de la Bible, ont achevé leur travail avant la
naissance de Confucius, le célèbre philosophe chinois, et de Siddharta Gautama, le
fondateur du bouddhisme.”
Voila une affirmation bien aventureuse.
* Premièrement, nous ne savons pas le nombre exact de rédacteurs que les livres de la Bible ont
connu. Quand nous prenons simplement le Pentateuque nous tombons dans le flou profond. Il faut
savoir que de nombreux textes législatifs, notamment le code deutéronomique et son introduction
(Deutéronome 1:1 ; 4,45 etc.), ainsi que le code de l’alliance (Ex 24:4) sont attribués à Moïse. C’est
cette attribution de la Loi à Moïse qui a permis à la tradition juive et chrétienne d’en faire l’auteur
de tout le Pentateuque (cf. Philon d’Alexandrie, De vita Mosis, I § 8 ; Flavius Josèphe, Ant. Prooem.
4 §18-26 ; Mc 12,26 ; 2 Cor 3,14, etc.).
Même si l’idée d’une origine mosaïque de la Torah ne fut guère ouvertement contestée jusqu’au
XVIII° siècle, quelques apories de cette conception se firent jour très tôt.
Il y a d’abord le récit de la mort de Moïse et de son enterrement par Dieu en Deutéronome 34. Estce que l’on pouvait s’imaginer que Moïse lui-même eût décrit sa propre mort ? Certains rabbins en
doutaient, suggérant que les derniers versets du Pentateuque ont été ajoutés après coup par Josué, le
successeur de Moïse (cf. Talmud bab. Baba Bathra 14b)
Nous nous retrouvons avec un premier écrivain puis un deuxième achevant le Deutéronome, mais
cela ne s’arrête pas là. Gn 36,31 présuppose l’époque de la monarchie, Nb 22,1 désigne la
Transjordanie comme le pays au-delà du Jourdain, ce qui est en contradiction avec un Moïse
écrivant en Transjordanie et même avec un Josué connaissant la géographie. Bref, les auteurs se
multiplient et l’ensemble de l’Ancien Testament (canonique et non canonique) n’est pas en reste.
* En ce qui concerne sa période de rédaction : L’ensemble de la Bible a subi de nombreuses
interpolations au cours des siècles. (Dans son Contre Celse, Origène- ? reproduit cette critique de
Via Veritas
206
son détracteur84). Son début de rédaction est au plus tôt au VIe siècle avant Jésus Christ et jusqu’au
IVe siècle après JC. (cf. Concept Trinitaire adopté au Concile de Nicée présent dans la finale de
Matthieu 2885).
* Pour terminer. Confucius et Bouddha auraient vécu au VIe siècle av JC au moment où le
Pentateuque commençait à se former. On ne peut donc affirmer que la « moitié des rédacteurs »
avaient achevé leur travail avant leur naissance
■ La Bible a exercé une profonde influence sur les arts, inspirant quelques-unes des
plus grandes peintures, compositions musicales et œuvres littéraires
Ce n’est pas faux, mais c’est ignorer que la Bible condamne de telles images et n’a jamais
encouragé l’art dans ce sens.
(Exode 20:4) Tu ne te feras point d’image taillée, ni aucune ressemblance de ce qui est dans
les cieux en haut, et de ce qui est sur la terre en bas, et de ce qui est dans les eaux audessous de la terre.
■ La Bible a été interdite par des dirigeants, brûlée par des adversaires religieux,
attaquée par des détracteurs. Elle a rencontré plus d’opposition qu’aucun autre livre –
et y a survécu
Les auteurs oublient de nous préciser qu’elle fut l’origine de milliers de convertis de force, de
massacres religieux, de croisades et que la Bible que nous possédons est la Bible de l’Église
gagnante. Les livres des autres Églises ayant subi le nettoyage de la censure religieuse.
N’oublions pas aussi que la Bible est le seul livre religieux au monde qui justifie l’éventration
de femme enceintes, le génocide et le massacre des vieillards et des enfants. (Josué 7:2426)Cherchez ! Vous ne trouverez aucun livre semblable. Sans aucun doute ce livre est unique...
Page 5- 1. Son historicité.
Un livre qui renfermerait des inexactitudes ne serait guère crédible. Imaginez que vous
lisiez un manuel d’histoire qui place la Seconde Guerre mondiale dans les années 1800
ou qui parle du roi des Etats-Unis au lieu de leur président.
Ne douteriez-vous pas de la fiabilité de l’ensemble de ce livre ?
Je prends au mot les auteurs.
Nous avons édité 3 articles qui abordent les anachronismes de la bible. Veuillez vous y reporter
pour vous rendre compte du culot de nos auteurs.- Les anachronismes de la Bible - Des dizaines
d’évènements anachroniques existent et ils voudraient nous les cacher ???
Les personnages.. Des détracteurs de la Bible mettaient en doute l’existence de Ponce
Pilate, le gouverneur romain de Judée qui a livré Jésus pour qu’il soit attaché sur un
poteau (Matthieu 27 :1-26). Cependant, une pierre découverte en 1961 à Césarée, ville
portuaire de la Méditerranée, atteste que Pilate a bien gouverné la Judée
Entendons-nous bien. Les détracteurs pour les Témoins de Jéhovah sont toutes les personnes qui
osent remettre en cause l’historicité intégrale ou l’infaillibilité de la bible.
84 Il y a autant de versions que d’exemplaires [des évangiles] : chacun a ajouté ou retranché ce que bon lui semblait. (in
Commentaire sur Josué de Saint Jérome)
85 Source pour l’Ancien Testament : Le Pentateuque en question – Albert de Püry et Thomas Römer. 2002 - Source pour le
Nouveau Testament : Eusèbe de Césarée IVe siècle – Histoire Ecclésiastique citant 18 fois ce passage en rappelant à chaque
fois « Faites des disciples en mon nom » montrant que le passage n’avait été encore modifié. Formule confirmée par Paul qui
ignore « Le Père, le Fils et l’Esprit saint ». On ne trouve cette formule qu’a partir de l’après Concile de Nicée dans les textes
Via Veritas
207
Que nous prouve cet exemple ? Que Ponce Pilate a existé. Bien. Nous
avons des preuves que Jules César a existé, cela fait-il d’Astérix un
personnage historique pour autant ? De même les preuves sont
nombreuses que le Cardinal de Richelieu a bien existé. Cela nous
prouve-t-il que ses paroles rapportées dans Les Trois Mousquetaires
d’Alexandre Dumas sont authentiques ?
Ensuite est-ce vraiment l’historicité de Ponce Pilate qui fut contestée ?
Pas du tout. Ponce Pilate est bien authentifié dans les écrits de Flavius
Josèphe (Guerre des Juifs, livre II). La question n’est pas de savoir si Ponce Pilate a existé mais ce
qu’il vient faire dans un récit liturgique ? Barabbas (Jésus Barrabas selon Origène), la propitiation
du sang, le bouc émissaire (Jésus Christ), le lavement des mains est une reproduction du livre du
Lévitique. Peut-on imaginer Pilate exécutant un rituel juif alors qu’il était réputé pour n’en avoir
rien à faire selon Flavius Josèphe ? ( pour aller plus loin : Ponce Pilate dans le récit original ?- débat
entre deux exégètes
Jusqu’en 1993, rien en dehors de l a Bible ne venait soutenir l’historicité de David, le
jeune berger courageux qui est devenu roi d’Israël. Cette année-là, toutefois, des
archéologues ont mis au jour dans le nord d’Israël une pierre de basalte datée du IXe
siècle avant notre ère qui, au dire de spécialistes, contient les expressions « Maison de
David » et « roi d’Israël »
Voici une preuve de la malhonnêteté des auteurs de ce périodique. Qu’êtes vous amené à penser à
cette lecture ? Tout simplement qu’une pierre de basalte datée d’environ 900 av JC prouve qu’il
était écrit « Maison de David roi d’Israël ». La stèle de Tel Dan ne dit pas cela mais ceci :
« J’ai tué [Jo]ram fils d’[Achab] roi d’Israël, et [j’ai] tué [Ahas]yahu fils de [Joram] roi de la
maison de David. Et j’ai réduit [leur ville en ruine et changé] leur terre en [désolation]. »
Qu’apprenons-nous ? Que Joram fils d’Achab était roi d’Israël et se considérait comme descendant
de la maison de David. Ceci ne prouve absolument pas que le David de la Bible est la
correspondance historique de ce personnage cité ni que celui-ci fut roi d’Israël. De même que si des
Suisses ont affirmé descendre de Guillaume Tell, ceci n’a jamais prouvé l’existence du
personnage( mythique en l’occurrence mais les légendes sont plus belles que l’histoire…).
“Les évènements. Il y a encore peu de temps, beaucoup d’érudits doutaient de
l’exactitude du récit biblique qui présent la nation d’Edom combattant contre Israël
aux jours de David ( 2 Samuel 8 :13,14) D’après eux, les Edomites étaient à cette
époque une communauté pastorale primitive et ne seraient devenus que bien plus tard
assez organisés ou assez puissants pour s’attaquer à Israël. Néanmoins, des fouilles
récentes ont révélé qu’ « Edom était une société complexe des siècles plus tôt [qu’on ne
le pensait], comme l’indiquait la Bible », explique une revue archéologique (Biblical
Archeology Review).”
Les faits sont évidemment bien plus complexes que cette vision de gagne-petit présentée. Passons
sur le fait que la citation vient d’une revue à base fondamentaliste américaine dont l’intérêt n’est pas
l’archéologie mais « l’archéologie biblique » suivant les principes d’Albright autrement dit celle qui
prouve que la bible ne ment pas… Dans le lien suivant on apprendra un peu plus sur les dernières
datations au Carbone 14 de la région Edomite. Etonnant que les auteurs de Réveillez-Vous
acceptent avec autant d’emphase une datation effectuée par le carbone14 qui met au placard en
permanence notre Adam face à des fossiles de Cro-Magnon plus vieux que lui, mais passons...
Via Veritas
208
La forteresse de la controverse
Edom n’a jamais été présenté comme n’ayant aucune existence mais dont le développement sous
forme de Royaume fut postérieur à Moïse. Si les minimalistes considéraient qu’il n’existait pas
avant le VIIIe siècle. Les nouvelles datations tendraient à prouver le contraire mais cela nous donne
une forteresse au plus tôt au 10e siècle avant JC, ce qui corroborerait le récit biblique sur les
batailles avec Salomon et David (2 Samuel 8:13 - 14, 1 rois 11:15 – 16) mais absolument pas pour
l’Exode et la conquête de la Terre Promise.
Enfin, une forteresse dégagée n’a jamais donné la preuve de l’existence d’un royaume tel que
l’imagine 2 Samuel. Les archéologues restent prudents dans leurs conclusions, mais les journalistes
fondamentalistes sautent au plafond. Sans doute pour rejoindre leur araignée... Pour en savoir plus
lisez cet article en anglais.
Ainsi contrairement aux auteurs de ce Réveillez-Vous ou Roger Garaudy (Les mythes fondateurs de
l’Etat d’Israël), je ne crois pas à l’historicité de tous les massacres rapportés. Ils ont été inventés par
les rédacteurs de la caste sacerdotale pour pouvoir dire que les Juifs ne s’étaient jamais mélangés
aux peuples parmi lesquels ils habitaient.
Par exemple, malgré la prétendue solution finale du problème cananéen opérée par Josué, dans le
livre suivant, Juges, il faut tout reprendre à zéro ! Pire : Josué semble mourir avant la conquête
(1:1)... pour ressusciter au chapitre suivant (2:6) ! Il n’y a pas de juge sous lequel les Hébreux ne
prennent des taloches des Cananéens. Le roi d’Eglon, pendu par Josué (Josué 10:23) asservit les
Israélites pendant dix-huit ans (Juges 3:14). Le roi Yabin, estourbi en Josué 11:10, les opprime
pendant vingt ans (Juges 4:3). Les Madianites, exterminés par Moïse (Nombres 31), traquent les
Hébreux au point que ceux-ci doivent se réfugier dans des cavernes (Juges 6:1-6) ! Enfin, le héros
yahviste Gédéon refait tout le boulot du « dieu » Josué... pour des nèfles, vu que David trouve
encore des tas de goyim à massacrer en Palestine et Salomon, 153.600 mâles adultes à réduire en
esclavage (2 Ch 2:17).
On lit dans l’Exode (23 : 29-30) :
Via Veritas
209
Je n’expulserai pas les Cananéens en une seule année car le pays deviendrait un désert où
se multiplieraient les bêtes sauvages. Je les expulserai peu à peu jusqu’à ce que ta fécondité
te permette d’occuper le pays.
Mais dans les Nombres (33:55) :
Si vous ne dépossédez pas les habitants de ce pays, ceux d’entre eux que vous aurez
épargnés seront comme des épines dans vos yeux et des aiguillons dans vos flancs. Ils vous
opprimeront sur la terre où vous habitez, et ce que voulais leur faire, c’est à vous que je le
ferai.
Que Dieu change d’avis d’un siècle à l’autre, passe encore. Mais qu’il donne deux instructions aussi
contradictoires à la génération de Moïse, avouez que cela fait désordre...Et vous voudriez vous
battre pour savoir si ces villes étaient vraiment présentes à cette époque là ? Quand bien même nous
retrouverions l’histoire réelle d’Israël, les textes l’Ancien Testament resteraient remplis de
contradictions et d’erreurs chronologiques.
“Les titres.. De nombreux dirigeants se sont succédé au cours des 16 siècles qu’a duré
la rédaction de la Bible. Quand la Bible parle de l’un d’eux, elle utilise chaque fois le
titre approprié. Par exemple, elle dit fort justement qu’Hérode Antipas était « chef de
district », et Gallion « proconsul » (Luc 3:1 ; Actes 18 12). En Ezra 5 :6, Tattenaï est
qualifié de gouverneur de la province perse « au-delà du Fleuve », ce fleuve étant
l’Euphrate. Une pièce frappée au IVe siècle avant notre ère comporte une description
similaire, attribuant au gouverneur perse Mazaeus le titre de chef de la province « Audelà du Fleuve ».
Bon, on leur pardonnera d’oublier que Belschazzar de Daniel 5 ne fut par roi mais seulement prince
héritier et que le roi Darius le Mède de Daniel 6 n’a jamais existé et cela suivant les très abondantes
chroniques babyloniennes. Pour Gallion, passe encore, mais pour qu’Hérode soit celui que Flavius
Josèphe, nous avons un problème chronologique avec le recensement de Quirinius en +6 et les
différents Hérode. Et oui, trop de détails tuent l’ensemble.
Maintenant qu’une pièce du IVe siècle confirme ce que le rédacteur écrit vers la même époque ne
prouve aucune transcendance divine. Nous avons bien un Hercule Poirot qui prend le train dans les
romans d’Agatha Christie…Et je ne sais pas vous mais moi Tattenaï et Mazaeus ça me fait deux
personnes, pas une seule…
Page 6 – Sa franchise et son honnêteté.
Passons sur l’animal grotesque dessiné pour avaler Jonas. Pas moyen de savoir si ce poisson est un
mammifère se nourrissant de plancton (sans fanons ?) car les dents auraient déchiqueté notre pauvre
Jonas. En tout cas, j’aimerais avoir une étude anatomique solide de cet animal qui permet
d’expliquer comment un homme peut respirer dans un poisson pour composer des poèmes et sans se
faire digérer par les sucs digestifs …
“Matthieu ne cache pas qu’il a abandonné Jésus la nuit où celui-ci a été arrêté. –
Matthieu 26 :56.”
Si vous ne saviez pas que Jésus était accompagné de tous ses disciples, on vous l’apprend et tout le
monde le découvre. Pourtant le récit du chapitre 26 nous apprend que Jésus n’est entouré au Jardin
de Guethsémané que de 3 apôtres (les disciples ayant reçu l’ordre de rester dans un coin (26:36).
L’incise dans le texte est tellement maladroite qu’on est obligé de combler le vide et d’imaginer un
scenario des 3 apôtres revenant criant "Courage, fuyons !" vers les disciples du fond du jardin pour
Via Veritas
210
que tout le monde déguerpisse en chœur.
On pourra s’étonner que Matthieu est un apôtre inexistant pour Selon Jean.
En fait c’est le contraire qui aurait été étonnant. Car la prophétie d’Amos avait prédit que tout le
monde l’abandonnerait
Je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées. (Zacharie 13:7)
et qu’un des disciples se retrouverait à poil car
Amos 2:16 : "et le plus courageux d’entre les braves s’enfuira tout nu en ce jour-là,oracle
de Yahvé"
La Watchtower reprend ici la tradition catholique qui nous bombarde un Marc naturiste (Le plus
grand homme de tous les Temps - Etude 118) mais alors pourquoi aucun historien de l’Eglise n’a
jamais fait de Marc un témoin de la vie de Jésus ???
“Les rédacteurs des Ecritures hébraïques révèlent que leur peuple n’arrêtait pas de
grogner et de se rebeller ( 2 Chroniques 36 :15 ,16). Ils n’épargnent personne, pas
même les chefs de leur nation (Ezekiel 34 :1-10)”
Pas difficile quand les protagonistes sont morts, on peut se permettre de baver dessus. Ezéchiel est
réputé avoir écrit le chapitre 34 pendant le siège de Jérusalem. (cf. Introduction aux Prophètes Bible de Jérusalem) On apprécie son soutien moral...
“Avec tout autant de franchise, les lettres des apôtres nous apprennent les problèmes
graves qu’ont rencontrés au Ier siècle des chrétiens, y compris des responsables, ainsi
que des congrégations. – 1 Corinthiens 1 :10-13 ; 2 Timothée 2 :16-18 ; 4 :10.”
A ce sujet il est bien dommage que nous n’ayons qu’une version des faits pour nous faire notre avis
« objectif ». Qu’ont répondu les « murmureurs » Corinthiens ? Nous n’en savons rien. Quand à la
deuxième épître à Timothée - réputée pour être inauthentique86 - Hyménée et Philète n’ont pas voix
au chapitre, c’est bien dommage. On aurait aimé savoir comment ils arrivaient à renverser la foi de
certains si les textes étaient aussi clairs que cela quand à la date de résurrection. Les Témoins de
Jéhovah restant persuadés que la résurrection n’a commencée qu’en 1914. (Et 1 Corinthiens 15
c’est du poulet ? )
“Les rédacteurs ont écrit que les apôtres de Jésus étaient considérés comme « des
hommes sans instruction et des gens ordinaires » - Actes 4 :13”
Le terme grec exact pour sans instruction est « idiotes » signifiant « non
lettré ». On se demande bien comment ils pouvaient lire dans le livre de
Daniel (pas encore canonisé) l’arrivée du Messie avec des calculs
eschatologiques n’apparaissant réellement qu’en 1190 ap JC avec Joachim de
Flore, mais passons87...
Pour en revenir au recrutement des disciples et des apôtres, dans Selon
Matthieu, Pierre et André sont d’humbles pêcheurs de rencontre recrutés par
Jésus au bord du lac de Tibériade (4.18). Dans Selon Jean, la rencontre a lieu
aux sources du Jourdain et ces disciples sans qualification sont promus
proches de Jean-Baptiste (1.35) affectés à son bureau (1.39). Une troisième
version du recrutement des apôtres traîne au milieu des Synoptiques (Marc
3:13, Mat 10:1, Luc 6 :12) pour faire de Jésus un nouveau Moïse (Ex 18.18,
Nb 11.16).
86 Lire à ce sujet Bart Ehrman, (2003). The New Testament : A Historical Introduction to the Early Christian Writings. Oxford
University Press, USA. ISBN 0-19-515462-2. )
87 Source : Carl Olof Jonnson " The Gentile Times Reconsidered"
Via Veritas
211
Matthieu et Luc corrigent Marc en insinuant que Jésus connaissait déjà ces apôtres. Marc dit que
non. Il y a pourtant quatre recrues en Mc 1.16, une autre en 2.13, mais ces disciples sont tellement
inactifs qu’on peut voir ici des corrections du Marc primitif.
Mais il était prédit que le Messie aurait douze disciples privilégiés. Cela parce que l’ancien Jésus
avait pris douze auxiliaires, nombre symbolique, cosmique. Il y a douze signes du zodiaque, douze
mois de l’année et douze heures de jour ; de même douze patriarches et douze tribus d’Israël. Ses
disciples devaient être surtout des pêcheurs ; peut-être parce que la Galilée borde un lac
poissonneux, mais surtout parce que la pêche offre une symbolique intéressante. Il est dit en
Jérémie 16:16 :
“Voici que j’appelle en foule des pêcheurs - oracle de Yahweh, - et ils les pêcheront” (trad.
Crampon)
Le rédacteur de Matthieu écrit des premiers disciples :
“ ...ils étaient pêcheurs. Il (Jésus) leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheur d’hommes”
(4:19 ; Marc 1:17 ; trad Segond)
“...tu as fait les hommes comme les poissons de la mer...” Habacuc 1:14 (trad. Martin)
“Les écrivains des Evangiles n’ont pas enjolivé les faits pour présenter Jésus sous un
jour plus favorable. Non, ils ont rapporté avec honnêteté qu’il a eu une humble
naissance dans une famille d’ouvriers, qu’il n’a pas suivi d’études dans les écoles
prestigieuses de son temps et que la plupart de ses auditeurs ont rejeté son message –
Matthieu 27:25 ; Luc 2:4-7 ; Jean 7:15.”
On ne peut pas reprocher aux auteurs d’avoir écrit tout ce qui était prophétisé dans l’Ancien
Testament et ainsi d’avoir créé un messie de synthèse88 - On pourra noter au passage la
contradiction sur le fait que les auteurs présentent les Apôtres comme des analphabètes et le fait que
la Watchtower soutient l’idée que c’est l’apôtre Jean qui a écrit le Selon Jean89...
• Le statut social :
Si le statut social est indiqué par Joseph, ce dernier est inconnu des premiers apologistes chrétiens,
cf Justin dans sa première Apologie (32.14) : Il naquit, par la vertu de Dieu, d’une vierge de la race
de Jacob, père de Juda, ancêtre des Juifs. Jessé fut aussi, selon les oracles (Is 11.1), un aïeul du
Christ. Enfin, les généalogies apparaissent au IIIème siècle (j’emploie ici les noms de Matthieu et
de Luc pour désigner les ouvrages et non leurs auteurs qui sont multiples, chacun y allant de sa
retouche).
À la fin du IIème siècle, Tatien, disciple de Justin, commet un Diatessaron (harmonie des quatre
évangiles) d’où sont absentes les généalogies. Il est peu probable qu’il les ait délibérément
supprimées, puisque son but n’était que d’harmoniser. Au pire, après avoir essayé de concilier
l’inconciliable, il n’en aurait pris qu’une, celle de Luc puisqu’il se souciait des gentils (il a écrit un
Discours aux Grecs). Dans un manuscrit du Diatessaron retrouvé en 1934, lors de fouilles à DouraEuropos (Mésopotamie), ces généalogies sont absentes ainsi que d’autres passages des Évangiles
canoniques où il est dit que Jésus descendait des rois de Judée.
• Son instruction :
Pour sa connaissance, il n’a pas besoin de la recevoir des hommes puisqu’il est Dieu et que selon le
Testament de Lévi ( IIe siècle av JC) 18,6-8
88 Lire à ce sujet l’excellent livre de Michel Gozard - Jésus ? Une histoire qui n’en est pas une chez Publibook.
89 Les appellations Selon Matthieu, Selon Marc, Selon Luc et Selon Jean ne sont pas d’origines mais ont été ajoutés à la fin du IIe
siècle pour les distinguer des apocryphes. Pour en savoir plus lire Jésus après Jésus de Mordillat et Prieur - 2002
Via Veritas
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“Les cieux s’ouvriront et du temple de la gloire viendra sur lui la sanctification, avec une
voix paternelle, comme d’Abraham à Isaac Et la gloire du Très-Haut jaillira sur lui et
l’Esprit d’intelligence et de sainteté reposera sur lui, dans l’eau. Lui-même, en effet,
donnera la grandeur du Seigneur à ses fils, en vérité, pour toujours...”
• Son message rejeté :
Il a beau être le Messie, cela n’empêchera pas son message d’être rejeté car cela est prophétisé en
Isaïe 6 :9-10
“ Il dit alors : Va , et dis à ce peuple : Vous entendrez , et vous ne comprendrez point ; Vous
verrez , et vous ne saisirez point. Rends insensible le cœur de ce peuple, Endurcis ses
oreilles, et bouche -lui les yeux, Pour qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses
oreilles , Ne comprenne point de son cœur, Ne se convertisse point et ne soit point guéri .”
page 7 - Point 3 - Son harmonie interne
“Un message harmonieux. Les rédacteurs de la Bible ont traité un thème central : la
justification du droit de Dieu à diriger les humains et l’accomplissement de son dessein
grâce à son royaume céleste, un gouvernement mondial. Ce thème est présenté dans la
Genèse, développé dans les livres suivants et amené à son dénouement dans la
Révélation (ou Apocalypse). – Voir « De quoi parle la Bible ? » page19.”
Il ne l’est pas seulement dans les livres canoniques mais dans toute la littérature juive, gnostique et
chrétienne à ce sujet. On ne parle pas de message harmonieux mais de trame permanente dans ce
cas-là.
Des détails concordants. Les rédacteurs de la Bible s’accordent même sur de petits
détails ; or, souvent, il apparaît clairement que ce n’était pas calculé. Prenons un
exemple. L’évangéliste Jean relate qu’un jour Jésus a demandé à Philippe où il était
possible d’acheter du pain pour nourrir la grande foule qui était venue l’écouter (Jean
6 :1-5). Pourquoi Philippe ? Dans un passage parallèle, Luc indique que cet épisode
s’est passé près de la ville de Bethsaïda (Luc 9:10 ; Jean 1:44). Jésus s’est donc
adressé tout naturellement à quelqu’un qui avait habité la région. Les détails
concordent, mais manifestement sans qu’il y ait volonté de les faire s’harmoniser.
On voit bien à cet exemple que la Watchtower refuse toujours la théorie (non dans un sens péjoratif)
des sources qui montre que Marc est l’évangile le plus ancien, que Matthieu et Luc s’en sont inspiré
et que Jean en a fait une synthèse plus l’utilisation d’un autre évangile. Ce problème synoptique est
à étudier de plus près si on veut bien comprendre ces convergences qui n’ont donc absolument rien
de miraculeux.
“Des différences raisonnables. Certains récits présentent quelques différences,
mais n’est ce pas logique ?”
Si, si très logique. L’Esprit Saint de Dieu n’ayant aucune logique inspire ses rédacteurs nous
présentant le récit de la vie de Jésus sous plusieurs angles différents qui ont la fâcheuse habitude de
se télescoper dès qu’on examine en synopse ces évangiles. Mais apparemment le paradoxal est la
norme pour nos auteurs.
Par exemple : si l’auteur des Actes est le même que celui de l’Evangile Selon Luc, comment peut-il
dire dans les Actes des Apôtres que Jésus est apparu pendant quarante jours après sa résurrection et
dire dans son évangile qu’il est monté au ciel le jour même de sa résurrection (Luc 24:51) ?
“Supposez que plusieurs personnes aient été témoins d’un délit. Si toutes rapportaient
les mêmes détails en utilisant les mêmes termes, ne les suspecteriez-vous pas d’être de
Via Veritas
213
connivence ? Il est normal que les témoignages des uns et des autres varient plus ou
moins en fonction de leur vision de la situation. On peut en dire autant des rédacteurs
de la Bible”
Mettons à l’épreuve cette assertion. La situation géographique de Nazareth.
Luc 4:16 Il (Jésus) se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et entra, selon sa coutume,
dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture, […]
Luc 4:24 Il leur dit encore : En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est bien reçu dans sa
patrie. […] 28 Ils furent tous remplis de fureur dans la synagogue, lorsqu’ils entendirent
cela. 29 Ils se levèrent, le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement
de a montagne sur laquelle leur ville était bâtie afin de le précipiter en bas.
Donc la Nazareth de Luc est bâtie sur une montagne.
Comment se fait-il alors que Jésus puisse s’en éloigner en barque dans Matthieu ?
(Matthieu 13.54) S’étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue, de sorte que ceux
qui l’entendirent étaient étonnés et disaient : D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? (…
insertion de l’épisode de la décapitation de Jean-Baptiste, Jésus ne bouge pas de sa ville…)
(Matthieu 14.12-13) Les disciples de Jean vinrent
prendre son corps, et l’ensevelirent. Et ils allèrent
l’annoncer à Jésus. A cette nouvelle, Jésus partit de là
dans une barque, pour se retirer à l’écart dans un lieu
désert ; et la foule, l’ayant su, sortit des villes et le suivit
à pied.
Comme vous pouvez le voir ici, la Nazareth actuelle
n’est pas sur une montagne.
Et si vous voulez faire une escapade en barque, il vous
faudra ramer sur les cailloux pendant pas mal de
kilomètres...
Ce n’est pas une vision différente des rédacteurs, mais la preuve d’une ignorance profonde de la
géographie de la région.
“ En voici une illustration. Le vêtement que
Jésus portait le jour de sa mort était-il
pourpre, comme le disent Marc et Jean
(Marc 15:17 : Jean 19:2) ? Ou bien était-il
écarlate, comme le mentionne Matthieu
(Matthieu 27 :28) ? En fait, les deux peuvent
être exacts. Le pourpre contient du rouge.
Selon l’angle sous lequel on regarde le
vêtement, les reflets de lumière et l’arrièreplan peuvent en atténuer certaines nuances,
lui donnant des tons différents. L’harmonie
entre les rédacteurs de la Bible, y compris
dans le cas des concordances fortuites, est
une indication de plus que leurs écrits sont
dignes de confiance.”
Via Veritas
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Dans un apparat d’honnêteté intellectuelle, nos auteurs insultent notre intelligence. En créant un
écran de fumée par une ergoterie sur pophura (pourpre) et kokkinos (écarlate) dont la traduction
pour les deux mots peuvent être cramoisi, ils tentent de cacher des contradictions des évangiles
beaucoup plus compromettantes.
Par exemple, pour le procès de Jésus, la scène du couronnement d’épines est après le jugement de
Pilate selon Marc et Matthieu, avant selon Jean. Mais c’est secondaire. C’est un peu plus embêtant
quand il s’agit de l’heure de la mise à mort
Quand Jésus
a-t-il été mis
au Poteau ?
Versets
A la 3e heure
Bien après la 6e heure
Marc 15 :25
C’était la troisième
heure, et ils
l’attachèrent sur
un poteau
Jean 19:14-16 : Or c’était la préparation de la Pâque ; c’était
environ la sixième heure. Et il dit aux Juifs : “ Voyez ! Votre roi !
” Mais ils crièrent : “ Enlève[-le] ! Enlève[-le] ! Attache-le sur
un poteau ! ” Pilate leur dit : “ Faut-il que j’attache votre roi
sur un poteau ? ” Les prêtres en chef répondirent : “ Nous
n’avons de roi que César. ” À ce moment-là donc, il le leur livra
pour être attaché sur un poteau.
Ou même de sa date !!
Selon les synoptiques (Matthieu, Marc, Luc) c’est le 15 Nisan Selon Jean c’est le 14 Nisan90.
Incroyable. C’est le jour crucial du rachat de l’humanité toute entière et les disciples
n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le jour de sa mort. « Etait-ce le vendredi ou le samedi ?
Mince j’ai un doute… » Avouez que cela fait un peu désordre pour les témoins d’un évènement
cosmique. Et ce ne sont pas les seules contradictions, nombre d'entre elles sont relevées dans cet
ouvrage.
Il est vrai que nous appelons "fable" la religion du voisin aussi sûrement que nous appelons
"histoire" ("sainte", en l’occurrence) la nôtre. Ainsi Samson qui ramasse du miel d’un essaim qui se
loge dans la carcasse d’un lion alors que tous les apiculteurs vous diront que c’est biologiquement
impossible puisque jamais une abeille reine-mère n’aurait la stupidité d’aller se loger dans un
endroit en putréfaction91 est un reportage pour les TJ, une allégorie pour les catholiques mais en fait
n’est qu’un reliquat d’une légende cananéenne92.
Demandez à nos auteurs s’ils pensent que les 12 Titans d’Hédiode empilant des blocs de pierres
pour faire les montagnes sont de l’histoire, ils vous riront au nez. Faites en de même avec leurs
écrits, et ils vous anathématiseront sur le champ. Allez comprendre…
page 8 - Point 4 - Son exactitude scientifique
Aucune affirmation contraire à la science. (…) Bien avant que la science ne découvre
les modes de propagation et de prévention des maladies, les médecins recouraient à des
pratiques qui étaient à tout le moins inefficaces, et au pire mortelles. Cependant, pas
une fois dans ses plus de 1100 chapitres la Bible ne mentionne une conception ou une
pratique non scientifique ou dangereuse.
Vraiment ? Nous ne devons pas avoir la même Bible alors.
90 Pour les synoptiques la Pâque a déjà commencée, pour Jean nous sommes le jour de la préparation de la Pâque lorsque Jésus
expire, c’est à dire le jour d’avant.
91 Posez la question à un apiculteur et vous verrez sa réaction...
92 cf. Cultes, Mythes et Religions – Salomon Reinach
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Une femme était déclarée impure pendant 7 jours pour un garçon et le double pour une fille
(Lévitique 12:2). On se demande bien sur quelle base scientifique on analyse le procédé ?
Quand une femme avait ses règles, tout objet sur lequel elle s’asseyait était déclaré impur.(Lévitique
15:19) Faites chez vous la même chose à votre compagne en disant : « Chérie, je ne m’assoie pas
sur le canapé avec toi car tu l’as rendu impur » juste pour voir…
Les médecins ne sont pas en reste. Je vous laisse apprécier la médecine du Lévitique pour un
lépreux –
Lévitique 14 :1-9 (Traduction Bible de Jérusalem)
Yahvé parla à Moïse et dit :
Voici la loi à appliquer au lépreux le jour de sa purification. On le conduira au prêtre, et le
prêtre sortira du camp. S’il constate, après examen, que le lépreux est guéri de sa lèpre, il
ordonnera de prendre pour l’homme à purifier deux oiseaux vivants et purs, du bois de
cèdre, du rouge de cochenille et de l’hysope. Il ordonnera ensuite d’immoler un oiseau sur
un pot d’argile au-dessus d’une eau vive. Quant à l’oiseau encore vivant, il le prendra ainsi
que le bois de cèdre, le rouge de cochenille, l’hysope, et il plongera le tout y compris
l’oiseau vivant dans le sang de l’oiseau immolé au-dessus de l’eau courante. Il fera alors
sept aspersions sur l’homme à purifier de la lèpre et, l’ayant déclaré pur, il lâchera l’oiseau
vivant dans la campagne.
Que viennent faire ici des oiseaux ? Vous avez déjà vu votre médecin pratiquer des lâchers de
pigeons à chaque fois qu’il vous guérit d’une grippe, vous ? La suite n’est pas mal non plus :
Celui qui se purifie nettoiera ses vêtements, il se rasera tous les poils, il se lavera à l’eau et
sera pur. Après quoi il rentrera au camp, mais il restera sept jours hors de sa tente. Le
septième jour il se rasera tous les poils : cheveux, barbe, sourcils ; il devra se raser tous les
poils. Après avoir nettoyé ses vêtements et s’être lavé à l’eau, il sera pur.
J’aimerai bien que nos auteurs m’expliquent sur quelle base scientifique on doit asperger du sang
sur un lépreux et la nécessité de l’oiseau volant au-dessus de la rivière pour finaliser la guérison ?
Pourquoi doit-on raser ses sourcils pour se purifier en restant 7 jours sans abri quitte à se prendre
une pneumonie s’il pleut à verse ? Je ne savais pas les sourcils source de maladies…La prochaine
fois que vous rencontrez un SDF chauve, c’est qu’il se purifie selon la Sainte Bible…
On notera au passage une bizarrerie. Pour ma part, je dis « tout au moins » et non « à tout le
moins » mais peut-être me trompe-je...
Des déclarations en accord avec la science Il y a 3500 ans, la Bible affirmait que la
Terre est suspendue « sur rien » (Job 26:7) Les rédacteurs de l’Ancien Testament (et
Selon Matthieu) croyaient en une terre circulaire et plate avec un plafond du ciel solide.
On a une erreur d’environ 1 000 ans pour l’époque de la rédaction (la Bible n’existant pas à
l’époque) , mais ça n’est pas ça le plus important. Après tout « 1 000 ans est comme un jour pour
(Les Témoins de) Jéhovah. »
Au VIIIe siècle avant notre ère, Isaïe parlait du « cercle [ou sphère] de la Terre » (Isaïe
40.22) Une Terre sphérique qui tient dans l’espace sans support visible ou physique :
n’est-ce pas là une description étonnamment moderne
C’est faux. La Watchtower tord le sens de la parole d’Isaïe.
Grâce notamment à l’observation du ciel à travers des télescopes puissants, les
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chercheurs sont parvenus à la conclusion que l’univers à eu une « naissance” soudaine.
Les implications de cette conclusion ne plaisent pas à tous les scientifiques. Un
professeur a fait remarquer : « Un univers qui a eu un commencement semble requérir
une cause première ; car qui imaginerait un tel effet sans une cause suffisante ? « Or,
longtemps avant l’apparition du télescope, le premier verset de la Bible déclarait sans
détours : « Au comment Dieu créa les cieux et la terre » - Genèse 1:1.
Bien qu’elle soit un livre ancien et qu’elle traite de nombreux sujets, la Bible est
exempte d’inexactitudes scientifiques. Un tel livre ne mérite-t-il pas au moins notre
respect ?
La Bible contient de nombreuses erreurs scientifiques. Elle affirme par exemple que la chauve
souris est un oiseau, alors que c’est un mammifère (Lévitique 11 :13). Elle affirme de même que les
lapins et les lièvres sont des ruminants, alors que ce sont des rongeurs (Deutéronome 14:7). La
Bible affirme aussi que c’est le soleil qui tourne autour de la terre, comme lors des miracles les plus
absurdes que l’on peut imaginer où l’on voit Jéhovah faire reculer le soleil de dix degrés, pour
spécifier à qui de droit qu’il augmente sa vie de dix années :
(Isaïe 38:8) Je ferai reculer de dix degrés en arrière avec le soleil l’ombre des degrés qui est
descendue sur les degrés d’Achaz. Et le soleil recula de dix degrés sur les degrés où il était
descendu.
Ces passages ayant servi notamment au procès Galilée pour démontrer la fausseté de la théorie
héliocentrique. Que la Bible contiennent de pareilles erreurs prouve que ce sont des hommes qui
l’on écrite : des hommes aussi ignorants que leur époque. Il est à noter que dés les origines du
christianisme les sectes chrétiennes se sont opposées à la connaissances scientifiques, considéré
comme vanité humaine, comme lors de l’incendie de la bibliothèques d’Alexandrie et du
bannissement des savants nestoriens qui ont fait les joies des cours hindoues.
(Marc 16:17-18) :
Et ce sont ici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru, en mon nom ils chasseront
les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents ; et quand ils
auront bu quelque chose de mortel, cela ne leur nuira point ; ils imposeront les mains aux
infirmes, et ceux-ci se porteront bien.
En clair si vous mourrez après avoir bu de la cyanure, c’est que vous êtes un mauvais croyant. Qui
tente l’expérience ? Le refuser serait manquer de respect, n’est-ce pas ?
Sans compter un Déluge universel qui n’a jamais eu lieu.
• Le Témoin de Jéhovah : C’est faux. Jésus a parlé du Déluge de Noé. C’est bien une preuve !
• Réponse : Ce n’est pas parce-que Tintin se rend à nouveau en Syldavie dans le livre Objectif
Lune alors qu’il y a est déjà allé dans le Sceptre d’Ottokar que ce pays existe ! On ne
prouve pas les faits d’un livre en citant un autre livre, voyons !
page 9 - Point 5 - Ses prophéties réalisées
La Bible est remplie de prédictions, de prophéties. Au regard de l’Histoire, elle a fait ses
preuves : ses prophéties sont toujours exactes
Il est vrai que la Bible est remplie de prophéties. Les Evangiles en sont remplis. Il y en a plein, trop
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même... Pour écrire la vie du Messie, il suffit de prendre quelques calames, du parchemin et les
écrits des prophètes. Pas besoin ensuite d’avoir un Jésus en chair et en os, malgré ce que peuvent
affirmer nombre de nos évhéméristes93.
En ce qui concerne l’Ancien Testament, l’histoire est toute autre. Evidemment, en croyant que
l’écriture existe indépendamment d’une civilisation on nous fait oublier que les lois écrites
n’existent que lorsqu’une société est structurée et fixe, pas pour une bande de nomades qui n’en ont
guère besoin94, ce qui signifie que l’apparition des écrits prophétiques ne peut l’être que dans un
cadre d’une société bien implantée. La chronologie fondamentaliste ne tenant pas face à l’épreuve
de ces faits, elle cherchera à prouver par tous les moyens l’époque de rédaction de ces écrits hors
champ archéologique.
On pourrait parler longtemps des prophéties mais je vous renvoie donc à mon article « Et les
prophéties bibliques dans tout ça » et aussi à cet article (en anglais)) qui traite de la valeur de ces
prophéties.
Leurs caractéristiques. Les prophéties bibliques sont souvent précises et elles
s’accomplissent dans les moindres détails. Elles traitent en général de sujets très
importants, et annoncent l’opposé de ce à quoi aurait pu s’attendre les contemporains de
leur rédaction.
Effectivement, nous avons le cas avec le livre d’Ezéchiel. Dans le chapitre 26, il nous annonce la
désolation totale de la ville de Tyr et à l’époque de la rédaction des Evangiles, la ville existe
toujours (Matthieu 15 :21 ; Marc 7 ;24,31). ! L’inverse de ce à quoi s’attendaient les contemporains
de la rédaction de ce livre… Plus sérieusement, voici un listing de 204 prophéties non réalisées
Un exemple notable. Bâtie à un emplacement stratégique, à cheval sur l’Euphrate, la
Babylone antique à été qualifiée de « centre politique, religieux et culturel de l’ancien
Orient. »Vers 732 avant notre ère, Isaïe rédige une prophétie lourde de menaces :
Babylone tombera. Il va jusqu’à préciser qu’elle sera conquise par un commandant
nommé Cyrus, que les eaux protectrices de l’Euphrate se « dessécheront » et que les
portes de la ville ne seront pas fermées ». (Isaïe 44 :27-45:3). Environ 200 plus tard, le 5
octobre 539 avant notre ère, la prophétie se réalise dans tous ses détails. L’historien grec
Hérodote (Ve siècle avant notre ère) confirme la façon dont la ville a été prise.
Les auteurs n’ont pas tort sur ce point. Si cela était vrai nous aurions un phénomène spectaculaire.
Mais après lecture de l’ensemble des arguments de ce Réveillez-Vous fondamentaliste, l’homme
intelligent ne s’arrêtera pas à ces arguments candides présentés. Car « L’homme simple croit tout ce
qu’on dit, Mais l’homme prudent est attentif à ses pas. »(Proverbes 14 :15)
Je lis dans mon livre Le Monde de la Bible (2002) page 640
Il n’y a pratiquement plus de discussion concernant la paternité des chapitres 4093 Evhémère (IVe siècle av JC) est un mythographe qui développa le concept que les mythes et les légendes ont pour base des faits
réels. Cette méthode fait hélas encore des disciples de nos jours. Le problème de cette dernière c’est qu’elle part du principe
qu’en enlevant le magique on obtient le réel. Mais est-ce qu’en enlevant la potion magique d’Astérix celui-ci devient réel ? – Les
errements de ce concept sont démontés au début du XXe siècle par Salomon Reinach dans son livre Cultes, Mythes et Religions
(1350 pages) qui révolutionnera la pensée des mythographes sur le sujet.
94 Il est maintenant prouvé que des phénomènes comme la conservation d’archives, la correspondance administrative, la
composition de chroniques royales et la compilation d’un texte national - d’autant plus s’il est aussi profond que la Bible - sont
intimement liés à un stade avancé de développement social. Les archéologues et les anthropologues qui exercent dans le monde
entier ont étudié avec soin le contexte dans lequel ont émergé les genres perfectionnés de traditions scripturaires. Dans presque
tous les cas, on y trouve les signes indubitables d’un Etat en voie de formation, au sein duquel le pouvoir central est investi dans
des institutions nationales, dont l’autorité se fonde soit sur un culte officiel soit sur une monarchie. D’autres traits
caractéristiques de ce stade avancé de développement social incluent la construction de monuments, la spécialisation de
l’économie et la présence d’un réseau dense de communautés bien intégrées, de dimensions variées, comprenant de larges cités,
des bourgs, des villages et des hameaux.” -La Bible Dévoilée - page 46 (format poche) -(2001) – Israël Finkelstein & Neil Asher
Silberman).
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55 du livre d’Isaïe, communément appelés Second Isaïe ou Deutéro-Isaïe. Il ne
s’agit pas du prophète connu sous ce nom, auteur des chapitres précédents, qui
avait vécu au VIIIe siècle. Celui-ci, anonyme, a exercé son ministère prophétique
entre 550 et 520. Autant dire qu’il a été témoin des dernières années de l’empire
babylonien et de l’espoir soulevé dans tout le Proche Orient par l’arrivée au pouvoir de
Cyrus, le Perse. C’est dans ce contexte qu’il faut situer Babylone dans ses oracles.
Les oracles sur Babylone sont peu nombreux. Les mentions explicites se trouvent dans
la première partie (40-48) dont l’axe essentiel est constitué par l’annonce de la
libération des exilés et du retour au pays. La deuxième partie (49-55) porte
principalement sur la restauration de Jérusalem.
Alors évidemment, on peut toujours déclarer prophétiques des paroles écrites au moment des
faits95…
Mais si je prends les passages cités, par exemple, Isaïe 44:27 la traduction littérale(TOB) me donne
dans son contexte immédiat :
26 J’accomplis la parole de mon serviteur, je fais réussir le dessein de mes messagers : Je dis pour
Jérusalem : " Qu’elle soit habitée ", pour les villes de Juda : " Qu’elles soient rebâties ", ce qui est
dévasté, je le remettrai en valeur. 27 Je dis à la haute mer : " Sois dévastée, tes courants, je vais les
dessécher ! " 28 Je dis de Cyrus : " C’est mon berger " ; tout ce qui me plaît, il le fera réussir, en
disant pour Jérusalem : " Qu’elle soit rebâtie ", et pour le Temple : " Sois à nouveau fondé ! "
On notera que le prophète parle de Jérusalem, et absolument pas de Babylone. Ensuite, le verset 27
donne ceci en hébreu ‫’( האמר לצולה חרבי ונהרתיך אוביש‬amar tsuwlah charab yabesh nahar) Le
mot tsuwlah(Code Strong H6683) désigne l’abysse d’une mer ou la profondeur d’un océan pas celui
d’une ville ou d’un fleuve
C’est donc une interprétation fondamentaliste que de rattacher ce passage à la prise guerrière de
Babylone par Cyrus.
Mais que dire du témoignage d’Hérodote ? J’aimerai attirer l’attention sur le fait que les TJ comme
le rédacteur Juif de l’époque voient en Cyrus, un instrument de Jéhovah. Les TJ poussent plus loin
en affirmant que Cyrus est une préfiguration de Jésus.
Evidemment, on évitera de vous citer l’historien grec dans son ensemble dont voici le texte de son
livre I (189-191)
[1,189] CLXXXIX. Cyrus, marchant contre Babylone, arriva sur les bords du Gyndes. Ce
fleuve a ses sources dans les monts Matianiens, et, après avoir traversé le pays des Darnéens, il se
perd dans le Tigre, qui passe le long de la ville d’Opis, et se jette dans la mer Érythrée (le golfe
Persique). Pendant que Cyrus essayait de traverser le Gyndes, quoiqu’on ne pût le faire qu’en
bateau, un de ces chevaux blancs qu’on appelle sacrés, emporté par son ardeur, sauta dans
l’eau ; et s’efforçant de gagner la rive opposée, la rapidité du courant l’enleva, le submergea,
et le fit en fièrement disparaître. Cyrus, indigné de l’insulte du fleuve, le menaça de le rendre
si petit et si faible, que dans la suite les femmes mêmes pourraient le traverser sans se mouiller
les genoux. Ces menaces faites, il suspend l’expédition contre Babylone, partage son armée en
deux corps, trace au cordeau, de chaque côté de la rivière, cent quatre- vingt canaux qui
venaient y aboutir en tout sens, et les fait ensuite creuser par ses troupes. On en vint à bout,
parce qu’on y employa un grand nombre de travailleurs ; mais cette entreprise les occupa pendant
tout l’été.
[1,190] CXC. Cyrus, s’étant vengé du Gyndes en le coupant en trois cent soixante canaux,
95 Pour en savoir un peu plus sur ce qui amène les experts à déterminer au moins 3 auteurs pour le livre d’Isaïe, vous pouvez vous
reporter à cet article en français sur Esprit et Vie – Le Deutéro-Isaïe par Pierre de Martin de Viviés
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continua sa marche vers Babylone dès que le second printemps eut commencé à paraître. Les
Babyloniens, ayant mis leurs troupes en campagne, l’attendirent de pied ferme. Il ne parut pas plutôt
près de la ville, qu’ils lui livrèrent bataille ; mais, ayant été vaincus, ils se renfermèrent dans leurs
murailles. Comme ils savaient depuis longtemps que ce prince ne pouvait rester tranquille, et qu’il
attaquait également toutes les nations, ils avaient fait un amas de provisions pour un grand nombre
d’années. Aussi le siège ne les inquiétait-il en aucune manière. Cyrus se trouvait dans un grand
embarras ; il assiégeait la place depuis longtemps, et n’était pas plus avancé que le premier jour.
[1,191] CXCI. Enfin, soit que de lui-même il eût connu ce qu’il fallait faire, soit que quelqu’un, le
voyant embarrassé, lui eût donné un bon conseil, voici le moyen qu’il employa. Il plaça son armée,
partie à l’endroit où le fleuve entre dans Babylone, partie à l’endroit d’où il en sort, avec ordre de
s’introduire dans la ville par le lit du fleuve dès qu’il serait guéable. Son armée ainsi postée, et cet
ordre donné, il se rendit au lac avec ses plus mauvaises troupes. Lorsqu’il y fut arrivé, il détourna , à
l’exemple de la reine de Babylone, par le canal de communication, le fleuve clans le lac, qui était un
grand marais. Les eaux s’y écoulèrent, et l’ancien lit de l’Euphrate devint guéable. Cela fait, les
Perses, qui avaient été placés exprès sur les bords du fleuve, entrèrent dans Babylone par le lit de la
rivière, dont les eaux s’étaient tellement retirées, qu’ils n’en avaient guère que jusqu’au milieu des
cuisses. Si les Babyloniens eussent été instruits d’avance du dessein de Cyrus, ou s’ils s’en fussent
aperçus au moment de l’exécution, ils auraient fait périr l’armée entière, loin de la laisser entrer. Ils
n’auraient eu qu’à fermer toutes les petites portes qui conduisaient au fleuve, et qu’à monter sur le
mur dont il est bordé ; ils l’auraient prise comme dans un filet. Mais les Perses survinrent lorsqu’ils
s’y attendaient le moins. Si l’on en croit les Babyloniens, les extrémités de la ville étaient déjà au
pouvoir de l’ennemi, que ceux qui demeuraient au milieu n’en avaient aucune connaissance, tant
elle était grande. Comme ses habitants célébraient par hasard en ce jour une fête, ils ne s’occupaient
alors que de danses et de plaisirs, qu’ils continuèrent jusqu’au moment où ils apprirent le malheur
qui venait d’arriver. C’est ainsi que Babylone fut prise pour la première fois.
Le fait de couper le Gyndès à cause du cheval sacré emporté est attesté par Sénèque (De Ira, III,
2196 ). Mais pourquoi donc Cyrus décide d’assécher cette rivière ? Car il faut retirer le cadavre de
l’eau suivant les préceptes du Zend-Avesta sans qu’il soit besoin de faire intervenir l’idée puérile
d’une vengeance et Cyrus en pieux adorateur d’Ahura Mazda se doit de purifier en amont et en aval
le fleuve sous peine de mort suivant le Vendidad.
Et on voudrait faire de Cyrus une préfiguration de Jésus ?
Une précision audacieuse.Isaïe fait une prédiction encore plus surprenant à propos de
Babylone : « Elle ne sera jamais habitée. » (Isaïe 13 :19,20). Prédire la désolation
définitive d’une ville prospère occupant une position stratégique était assurément
audacieux. On s’attendrait normalement à ce qu’une telle ville, si elle était démolie, soit
reconstruite.
Après sa chute, Babylone a continué de subsister quelque temps, mais les paroles
d’Isaïe se sont finalement accomplies : aujourd’hui, l’emplacement de cette ville est
« dévasté, brûlant, désert et poussiéreux », rapporte la revue Smithsonian.
Quand on y pense, la portée de la prophétie d’Isaïe est impressionnante. Sa prédictions
96 [3,21] XXI. Cambyse déploya sa colère contre une nation inconnue, innocente, et qui toutefois pouvait sentir ses coups ; mais
Cyrus s’emporta contre un fleuve. Comme il allait assiéger Babylone, et qu’il courait à la guerre, où l’occasion est toujours
décisive, il tenta de passer le Gynde, alors fortement débordé, entreprise à peine sûre quand le fleuve a souffert les chaleurs de
l’été, et que ses eaux sont le plus basses. Un des chevaux blancs, qui d’ordinaire traînaient le char du prince , fut emporté par le
courant, ce qui indigna vivement Cyrus. Il jura de réduire ce fleuve, assez hardi pour entraîner les coursiers du grand roi, au
point que des femmes mêmes pussent le traverser et s’y promener à pied. Il transporta là tout son appareil de guerre, et persista
dans son œuvre, jusqu’à ce que, partagé en cent quatre-vingts canaux, divisés eux-mêmes en trois cent soixante ruisseaux, 1e
fleuve, à force de saignées, laissât son lit entièrement à sec. De là une perte de temps, irréparable dans les grandes entreprises,
l’ardeur du soldat consumée en un travail stérile ; enfin l’occasion de surprendre Babylone manquée, pour faire, contre un
fleuve, une guerre qu’on avait déclarée à l’ennemi.
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reviendrait à annoncer avec précision comment une ville moderne, telle que New York,
Londres ou Paris, serait détruite dans 200 ans, et à affirmer catégoriquement qu’elle ne
serait plus jamais habitée. Evidemment, le plus remarquable dans la prophétie d’Isaïe,
c’est qu’elle s’est réalisée !.
Blablabla. Babylone est un "désert en plein désert ?" ça c’est qu’on cherche à vous faire croire.
Evidemment, des tours de Brooklyn on ne se rend pas bien compte (cf. article Babylon ça veut dire
confusion ? Montra,t que la désertification s’est accompagnée d’un déplacement de la capitale vers
le IVe siècle et d’une reconstruction quelques kilomètres plus loin).
Vraiment un repère de chacals à éviter ? Ce sont plutôt les vautours qui tirent profit de l’ignorance
du public qui sont à éviter...
Et pour terminer sur l’insistance du ne serait plus jamais habitée, c’est faire oublier que les verbes
de l’hébreu ne fonctionnent pas suivant nos temps de langues indo-européennes. Ils ne distinguent
pas entre un passé, un présent et un futur. Ils n’existent qu’en 2 "états". L’imparfait qui indique une
action inachevée ou un état incomplètement réalisé ; le parfait qui indique une action achevée, un
état réalisé, mais qui peut aussi désigner une action ou un état à venir, considérés comme devant
obligatoirement se produire, ce qui est le cas pour les oracles divins. Ainsi la fameuse prophétie de
Balaam (Nombres 24:17) peut se traduire par un futur, un présent ou un passé composé :
“...une étoile surgira de Jacob...” (trad. Darby) “Un astre sort de Jacob...” (trad. Crampon &
Segond). “...une étoile a fait route de Jacob...(trad. Chouraqui).
Alors le futur d’Isaïe 13:19,20 reste à démontrer et affaire de choix des traducteurs...
CONCLUSION
Dans ces cinq articles, nous avons examiné quelques-unes des preuves qui ont
convaincu des millions de personnes que la Bible est digne de confiance. Ces personnes
voient par conséquent en elle un guide fiable pour diriger leurs pas. Que diriez-vous
d’en apprendre davantage sur la Bible afin de déterminer si vous pouvez aussi avoir
confiance en elle ?
A l’issu de cette analyse critique (non exhaustive) nous pouvons voir toute la malhonnêteté
intellectuelle des rédacteurs de la Watchtower qui se contrefichent d’afficher les arguments
contraires ou de n’avoir ne serait-ce qu’un peu de prudence dans leurs propos. La Bible est un livre
d’une rédaction et d’une compilation extrêmement complexes et les artifices d’illusionnistes que
peuvent présenter certains apôtres de l’obscurantisme religieux sont irrémédiablement décryptés par
l’érudit.
Combien de fois faudra-t-il répéter qu’il est vain de trouver des explications martiennes à des faits
imaginaires ou enjolivés ?
Thucydide qui fut le premier historien à refuser toute transcendance divine et à croiser les sources
donna un avertissement fort sage à tous les paresseux de la vérification :
"« Il faut choisir : se reposer ou être libre. »
A vous de décider si vous voulez être esclave d’une lecture fondamentaliste d’un livre dont le sacré
n’est clamé que par ses adorateurs !
Via Veritas
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Croix de bois, croix de fer, si je mens...
... je vais en enfer.
Par Lucretius
Faisant écho à l’étude approfondie que vous trouverez à ce sujet sur TJ-Encyclopédie, il apparaît
intéressant d’examiner l’une des "différences" et "découvertes" que mettent en évidence les
Témoins de Jéhovah pour se démarquer de la perfide chrétienté apostate.
Cet exemple est un un modèle du genre pour démontrer la manière de raisonner et prouver de la
Watchtower
Les Témoins de Jéhovah croient que la croix en T, symbole du sacrifice de Jésus-Christ, est une
tradition d’hommes colporté par la Chrétienté et que le véritable instrument de torture était en
définitive un simple poteau droit.
Le livre Comment raisonner à partir des Écritures est une publication jéhoviste qui vise à
démontrer et prouver les éléments doctrinaux avancés. On s’attend à trouver les preuves les plus
percutantes et les plus efficaces.
Livre Comment raisonner à partir des Écritures, p. 77 § 1 - p. 78 § 2 Croix :
Le mot grec rendu par “croix” dans de nombreuses traductions modernes de la Bible
(“poteau de supplice” dans MN) est stauros. En grec classique, ce terme désignait
simplement un poteau dressé, ou pieu. Plus tard, il en est venu à s’appliquer aussi à un
poteau d’exécution muni d’une barre transversale. C’est ce que reconnaît un
dictionnaire biblique en ces termes : “Le mot grec [stauros] que l’on traduit par croix
signifie à proprement parler poteau ; c’est un pieu dressé, ou palis, auquel on pouvait
pendre quelque chose, ou qui pouvait servir à clôturer un terrain. (...) Même chez les
Romains, la crux (dont dérive notre mot croix) devait être à l’origine un poteau droit.”
— The Imperial Bible-Dictionary (Londres, 1874) de P. Fairbairn, tome I, p. 376.
Quel fut l’instrument utilisé pour l’exécution du Fils de Dieu ? On notera avec intérêt
que les Écritures le désignent parfois par le mot xulon, qu’un lexique grec-anglais
(Greek-English Lexicon de Liddell et Scott) définit ainsi : “Bois coupé et prêt à être
utilisé, bois de chauffage, bois de construction, etc. (...), pièce de bois, bûche, poutre,
pieu, (...) gourdin, bâton, (...) poteau sur lequel les criminels étaient empalés, (...) bois
sur pied, arbre.” Il ajoute “dans le NT, croix” et cite l’exemple d’Actes 5:30 et 10:39
(Oxford, 1968, pp. 1191, 1192). Toutefois, dans ces versets TOB, Md, Da et Sg
traduisent xulon par “bois”. (Comparer cette traduction avec Galates 3:13 et
Deutéronome 21:22, 23.)
J. Parsons a écrit ce qui suit : “Dans le grec original, pas un seul des nombreux livres
du Nouveau Testament ne contient la moindre phrase prouvant même indirectement que
le stauros utilisé pour Jésus était autre chose qu’un stauros ordinaire ; rien ne prouve, à
plus forte raison, qu’il se composait non pas d’une, mais de deux pièces de bois clouées
ensemble en forme de croix. Ce n’est pas chose insignifiante que nos instructeurs nous
trompent lorsque, traduisant les textes grecs de l’Église dans notre langue maternelle,
ils rendent le mot stauros par ‘croix’ et qu’ils récidivent en faisant correspondre ‘croix’
à stauros dans nos lexiques, sans prendre le soin d’expliquer que ce n’était en aucun
cas la signification de ce mot aux temps apostoliques, que ce terme n’a revêtu ce sens
principal, si tant est qu’il l’ait eu, que longtemps après, et encore parce que, sans
preuves valables, on a supposé pour une raison quelconque que le stauros sur lequel
Via Veritas
222
Jésus avait été exécuté avait cette forme particulière.” — The Non-Christian Cross, pp.
23, 24 ; voir aussi The Companion Bible (Londres, 1896), appendice no 162.
Ainsi, un faisceau de preuves indique que Jésus est mort sur un poteau dressé, et non
sur la croix, comme le veut la tradition.
Examinons plus précisément encore les preuves fournies par la Watchtower.
A l’appui de ses dires, la Watchtower cite un ouvrage de quelques 130 ans d’âge : The Imperial
Bible-Dictionary (Londres, 1874) de P. Fairbairn. Le risque pour qu’une bibliothèque locale
possède ce vénérable ouvrage est à n’en pas douter très minime et il est peu probable que le lecteur
veuille lire la citation dans un contexte élargi.
Par la magie d’Internet faisons le.
Vous trouverez ci-après le fac-simile des pages concernées en annexe. Et voici une traduction
française de l’entrée Croix du dictionnaire :
“Le mot grec [stauros] que l’on traduit par croix signifie à proprement parler poteau ;
c’est un pieu dressé, ou palis, auquel on pouvait pendre quelque chose, ou qui pouvait
servir à clôturer un terrain. Mais une modification fut introduite lorsque la domination
et les coutumes de Rome s’étendirent à travers les pays de langue grecque. Même parmi
les Romains la crux (d’où dérive notre mot croix) semble avoir été originellement un
poteau droit, et cela le resta dans la plupart des cas.
Mais lorsque il commença à être utilisé comme un instrument de punition, une pièce
transversale en bois fut communément ajoutée : mais pas nécessairement. Car il semble
bien qu’il y avait plusieurs sortes de mort plutôt qu’une par la croix : la mort pouvait
être donnée en transperçant le criminel par un pal qui partait de son dos et sa moelle
épinière et lui sortait par la bouche (adactum per medium hominem, qui per os
emergat, stipitem, Sénèque Ep. xiv). A un autre endroit (Consol ad Marcima, xx),
Sénèque mentionne trois différentes formes : « Je vis, dit-il, trois croix, non pas d’une
seule sorte, mais réalisées de manières différentes : une suspendant par la tête des
personnes inclinées vers la terre, d’autres les transperçant par leurs parties intimes,
d’autres leur étendant les bras fixés à un patibulum. » Il n’existe aucun doute,
cependant, que la dernière forme était la plus courante, et que durant la période de
l’évangile la crucifixion était habituellement réalisée en suspendant le criminel à une
croix de bois.
Mais cela ne suffit pas à déterminer la forme précise de la croix : car, nous le savons,
des croix de différentes formes ont été utilisées. L’une, et c’est probablement la plus
ancienne, avait la forme de la lettre T, qui a communément été décrite comme une
droite perpendiculaire à une autre située au sommet formant un angle droit. Chez les
premiers écrivains chrétiens cette lettre est souvent donnée pour référence comme
symbole de la croix et , à l’énoncé de cette ressemblance, Lucien, dans son style
habituel, préfère porter accusation contre cette lettre (Judia Voc, xii) La lettre X
représente une autre variante, qui a reçu le nom de St André, par la tradition selon
laquelle l’apôtre aurait souffert le martyr sur une telle croix.
Mais la forme la plus commune, comme cela est entendu, était une pièce de bois
droite croisée près de son sommet par une autre pièce de bois, mais non à son
extrémité, formant ainsi quatre angles et non pas deux angles droits. C’est sur une
croix de cette forme, que selon la voix générale de la tradition, que notre Seigneur a
souffert ; mais rien dans la narration des évangélistes ne permet de déterminer quelle
forme a été employée, l’une plutôt que les deux autres. C’est, cependant, la forme la
plus courante retrouvée dans les peintures et les sculptures qui a survécu des âges
reculés.
Quelle est votre conclusion à la lecture de l’ensemble de la discussion ? Que la croix était un poteau
Via Veritas
223
droit ? Ce n’est absolument pas la conception du rédacteur du dictionnaire qui évoque bien plutôt la
tradition et se pose une seule question : quelle pouvait être la forme originelle de la croix : T, X ou
la croix traditionnelle.
Citer le dictionnaire comme la Watchtower le cite est de la pure malhonnêteté intellectuelle.
Examinons les autres "preuves" données à l’appui de la thèse jéhoviste.
La Watchtower en appelle alors à l’autorité des hellénistes Henry Georg Liddell et Robert Scott
pour ne retenir que les expressions qui vont précisément dans son sens. Et le jeu est facile. Mais que
recouvre exactement la traduction du terme xulon selon les auteurs ?
Voici la traduction complète :
xulon 1 [perh. from xuô]
I. wood cut and ready for use, firewood, timber, Hom. ; xula nêia ship- timber, Hes. ; x.
naupêgêsima Thuc.
II. in sg. a piece of wood, a post, Hom. : a perch, Ar. : a stick, cudgel, club, Hdt., Ar.
2. a collar of wood, put on the neck of the prisoner, Ar. :—also stocks, for the feet, Hdt.,
Ar. ; cf. pentesuringos.
3. a plank or beam to which malefactors were bound, the Cross, NTest.
4. a money-changer’s table, Dem.
5. prôton xulon the front bench of the Athenian theatre, Ar.
III. of live wood, a tree, Xen.
Traduction de l’anglais :
xulon 1 [peut-être de xuo]
I. pièce de bois coupée et prête à l’usage, bois de chauffage, bois d’oeuvre, Hom. ;
xula nêia bois de charpente maritime, Hes. ; x. naupêgêsima Thuc.
II. une pièce de bois dans quelque chose, un poteau, Hom. : une perche, Ar. : un bâton,
un gourdin, une massue, Hdt., Ar.
2. un collier de bois, placé sur le coup d’un prisonnier, Ar. : également des ceps pour
les pieds, Hdt., Ar. ; cf. pentesuringos.
3. une planche ou une poutre à laquelle les malfaiteurs étaient attachés, la Croix,
Ntest.
4. une table de changeur, Dem.
5. prôton xulon le banc de premier rang d’un théâtre athénien, Ar.
III. du bois vivant, un arbre, Xen.
Ainsi xulon qui signifie bois ne donne aucune indication quant à la forme ou la complexité de
l’objet désigné. Ce peut-être aussi bien un gourdin qu’un collier ou une table de changeur qui
comporte nécessairement plusieurs pièces distinctes.
L’information donnée est une non-information, elle ne nous apprend rien et prétendre le contraire
est, une nouvelle fois, de la malhonnêteté intellectuelle.
Et pourquoi ne pas avoir plutôt citer la traduction du mot stauros par les même hellénistes
invoqués ?
stauros , ho,
A. upright pale or stake, staurous ektos elasse diamperes entha kai entha puknous kai
thameas Od.14.11 , cf. Il.24.453, Th.4.90, X. An.5.2.21 ; of piles driven in to serve as a
foundation, Hdt.5.16, Th.7.25.
II. cross, as the instrument of crucifixion, D.S.2.18, Ev.Matt.27.40, Plu.2.554a ; epi ton
s. apagesthai Luc.Peregr.34 ; s. lambanein, arai, bastazein, metaph. of voluntary
Via Veritas
224
suffering, Ev.Matt.10.38, Ev.Luc.9.23, 14.27 : its form was represented by the Greek
letter T, Luc.Jud.Voc.12.
b. pale for impaling a corpse, Plu.Art.17.
Traduction de l’anglais :
stauros , ho,
A. pal droit ou poteau, staurous ektos elasse diamperes entha kai entha puknous kai
thameas Od.14.11 , cf. Il.24.453, Th.4.90, X. An.5.2.21 ; pieux dressés servant à une
fondation, Hdt.5.16, Th.7.25.
II. croix, comme instrument de crucifixion, D.S.2.18, Ev.Matt.27.40, Plu.2.554a ; epi
ton s. apagesthai Luc.Peregr.34 ; s. lambanein, arai, bastazein, métaphore de la
souffrance volontaire, Ev.Matt.10.38, Ev.Luc.9.23, 14.27 : sa forme est représentée par
la lettre grecque T, Luc.Jud.Voc.12.
b. pal pour empaler un cadavre, Plu.Art.17.
Vous notez que les hellénistes, eux également, retiennent la forme classique de la croix comme
instrument de supplice pour le Christ.
Venons en finalement à notre troisième "preuve" : l’autorité de John Denham Parsons97. L’ouvrage
mentionné date de 1896, là encore la référence est d’une modernité remarquable. N’est-il pas chose
étonnante que cet auteur obscur qui n’était ni philologue, ni même un helléniste réputé et reconnu,
puisse prendre le contre-pied des spécialistes (P. Fairbairn, H.G Liddell et R. Scott) précédemment
cités par la Watchtower ?
En fait l’auteur en affirmant que la croix est un poteau a un but avoué : prouver que la croix est un
élément de tradition immémoriale, qui a traversé les siècles et les civilisations anciennes (Egypte,
Babylonie, Grèce, Rome) et que les premiers chrétiens n’ont fait que plaquer ce symbole universel
sur leur religion naissante comme un hommage rendu à un héritage du passé.
Vous trouverez en pièce jointe l’ouvrage concerné en anglais : The Non-Christian Cross, la Croix
non-chrétienne. C’est tout un programme, en voici un extrait traduit de l’anglais (p. 61) qui
montrera la teneur générale des propos tenus dans l’ouvrage.
Les exemples précédents sont les dernières preuves éclairant l’origine et l’histoire du
symbole adopté par notre religion comme le sien propre, que l’auteur pense nécessaire
de mettre en avant pour la discussion. Et quoique nombre de preuves manifestées par
l’auteur et mises en ordre dans cette ouvrage puissent sembler non fiables et sans
valeur, aucun lecteur ne peut raisonnablement dénier qu’il a été prouvé que la croix
était un symbole bien connu de Vie bien avant notre ère, et que tout tend à prouver
qu’il devint comme un symbole phallique, et de fait un symbole du Dieu-Soleil.
Et quelle est la morale de l’histoire réelle, à distinguer de l’imaginaire, du symbole de
la croix sinon ceci : que depuis le tout commencement les croyances humaines affichent
une apparence de différence radicale, mais la différence ne concerne que le nom ou
l’habillage que les hommes ont donné à des idées similaires.
De fait, comme cela a été précédemment révélé, l’Humanité a toujours eu un seul
Dieu et une seule Religion. Et d’un certain point de vue, la Vie est un autre terme pour
la Présence Réelle, et la Mort un autre terme pour le repli de la Divinité, il peut être dit
que Dieu est Vie, et que la Religion est le désir pour la Vie, plus de Vie, et plus riche.
Bien plus, comme il a été dit auparavant, le culte universel de la Vie est discernable
même dans la volonté de quelques-uns de sacrifier de ce qui reste en eux de vie mortelle
97 On connaît peu de choses de cet auteur à forte tendance mystique. Il a appartenu à la Society for Psychical Research - société
toujours existante qui promeut l’examen des phénomènes paranormaux - et a rédigé divers ouvrages sur le même thème du culte
universel oublié : Our Sun-God (Notre Dieu-Soleil- 1895), The Nature and Purpose of The Universe (La Nature et le Dessein de
l’Univers - 1906).
Via Veritas
225
dans l’espoir de saisir une vie immortelle qui n’est pas pour tous.
Le culte de la Vie est naturelle, et doit nécessairement continuer. Puissions nous
toutefois l’ennoblir en reconnaissant sa catholicité ; et en refusant avec mépris de
rechercher ou d’accepter une vie de félicité alors que nos frères et soeurs sont, en
imagination ou en réalité, exclus de ce partage.
Selon l’auteur, après avoir établi l’universalité de la croix, il est prouvé que tous les cultes sont
identiques et que les différences sont superficielles. « De fait, comme cela a été précédemment
révélé, l’Humanité a toujours eu un seul Dieu et une seule Religion. »
Le Dieu-Soleil qui est la Vie ne cessera jamais d’être adoré, et il l’est à travers le christianisme.
Voilà une belle conclusion à laquelle n’adhérerait certainement pas la Watchtower. Nous sommes en
présence d’une thèse d’auteur passablement exalté et non d’un document construit et impartial d’un
linguiste et historien compétent.
Croyez-vous que l’auteur mérite vraiment d’être cité comme autorité fiable ? Il ne l’est que parce
qu’il a l’heureuse idée d’abonder dans le sens de la Watchtower. Sinon cet obscur auteur n’aurait
connu qu’un oubli mérité.
Alors ? Que valent les "preuves" de la Watchtower pour appuyer sa doctrine sur la croix ?
Elles ne résistent absolument pas à une analyse sérieuse et un recours aux sources citées. La
Watchtower révèle par cet exemple frappant son caractère dogmatique : elle devrait avouer, par
prudence et correction, que personne ne sait vraiment ce qu’il en était. Elle préfère se démarquer
comme si une lumière divine quelconque était venue l’éclairer de son infaillibilité.
Croyez-vous que le Témoin de Jéhovah moyen se livrera à l’exercice salutaire qui consiste à
vérifier toutes choses (1The 5:21) ?
Non et il ne se rendra jamais compte combien il est trompé, trahi dans la confiance qu’il met dans
l’Organisation. Jusqu’à ce que le doute le prenne, un jour peut-être.
Evolution ou Création - le livre tronqué des Témoins de Jéhovah
Par Popper
Le livre Evolution ou Création est un livre majeur dans l’enseignement des Témoins de Jéhovah. Il
a permis à partir de 1985 de répondre en prédication aux questions des personnes sur
l’enseignement de l’Evolution par rapport à celui de la Bible.
Sous un vernis de connaissances scientifiques, les Témoins de Jéhovah utiliseront certains
arguments phares afin de destabiliser toute personne acceptant l’évolution de l’humanité. Le
problème est que ce livre utilise des arguments de scientifiques tronqués afin d’utiliser la technique
de l’argument d’autorité
Via Veritas
226
Version 1985
La grande majorité des Témoins de Jéhovah ne le sait pas. Voici quelques exemples sur ce livre,
avec les citations complètes reproduites ici.
Présentez ce tableau à un Témoin de Jéhovah qui frappe à votre porte, et observez sa réaction. Il
sera la plupart du temps choqué.
Car un Témoin de Jéhovah honnête s’il se battra au niveau de l’argumentation sur du "c’est pas
vrai", aura peu de choses à dire sur du "c’est pas bien". La société Watchtower est est la
championne de la vertu. Faire apparaitre la malhonnêteté de ses dirigeants ne peut qu’instaurer un
doute salutaire chez le Témoin de Jéhovah.
D’ailleurs voici le discours officiel :
Tirez profit de l’Ecole du Ministère Théocratique (2002) leçon 40 p. 225 § 2-3
Exactitude des déclarations
En plus de vérifier la fiabilité de vos sources, réfléchissez attentivement à l’usage que
vous prévoyez de faire de ces renseignements. Assurez-vous que l’emploi que vous
ferez des citations ou données chiffrées est conforme au contexte duquel vous les avez
tirées. Ne vous permettez pas, sous prétexte de donner du poids à vos propos, de
transformer “ certaines personnes ” en “ une majorité de personnes ” ; ne faites pas
dire à “ tout le monde ” ce que n’ont dit que “ beaucoup de personnes ” ; que “ dans
certains cas ” ne devienne pas “ toujours ”. La généralisation abusive d’un
phénomène, l’exagération de faits, que ce soit sur les chiffres, l’ampleur ou la
gravité, remettent en cause la crédibilité de l’enseignement donné.
Si vous veillez systématiquement à l’exactitude de vos déclarations, vous acquerrez la
réputation d’être quelqu’un qui respecte la vérité. Cela rejaillira sur la renommée des
Témoins de Jéhovah en tant que peuple. Et, surtout, cela honorera “ Jéhovah le Dieu
de vérité ”. - Ps. 31:5.
Et :
Manuel pour l’Ecole du Ministère Théocratique (1992) ét. 21 p. 110 § 9 Idées
instructives, présentées clairement
Exactitude des déclarations. L’organisation des témoins de Jéhovah est fondée sur la
vérité. Notre désir devrait être de dire la vérité et d’être rigoureusement exacts à tout
moment et dans tous les détails. Cela devrait être le cas non seulement des doctrines,
mais aussi des citations, des renseignements que nous présentons sur d’autres
personnes, des données scientifiques et des nouvelles d’actualité.
Les citations tronquées dans le livre Création
par Jan Haugland - traduction : Popper
La
Citation
La vie comment est-elle apparue ? Évolution ou Création ? (1985), p. 15 :
4
La revue scientifique Discover résumait ainsi la situation : “L’évolution (...) n’est
pas seulement attaquée par les chrétiens fondamentalistes. Elle est également
Via Veritas
227
contestée par des savants réputés. Parmi les paléontologistes (...), il y a de plus en
plus de désaccords avec l’opinion prédominante du darwinisme.”
La
Source
James Gorman, "Le lièvre ou la tortue ?", Discover, October 1980, p. 88 :
"La brillante théorie de Charles Darwin, publié en 1859, a eu un impact sensationnel
sur la pensée scientifique et religieuse et changea pour toujours la perception que
l’homme à de lui-même. Maintenant cette théorie entérinée ne subit pas seulement
l’attaque des chrétiens fondamentalistes, mais elle est aussi remise en question98 [1]
par des scientifiques réputés. Parmi les paléontologistes, les scientifiques qui étudient
les fossiles, il y a de plus en plus de désaccords avec l’opinion prédominante du
darwinisme... La majorité du débat porte sur une question-clé : Est-ce que les 3
milliards d’années du processus d’évolution a avancé à petit pas, ou est-il marqué par
de longues périodes d’inactivités ponctuées par de soudaines explosions en de rapides
changements ? Est-ce que l’évolution est un lièvre ou une tortue ? Darwin penchait
largement - suivant une évolution avançant lentement mais sûrement - en faveur de la
tortue. Mais deux paléontologistes, Niles Eldredge du Musée d’Histoire Naturelle
Américain et Stephen Jay Gould de l’Université d’Harvard, parient sur le lièvre"
La
Citation
La vie comment est-elle apparue ? Évolution ou Création ? (1985), p. 18 :
12
Darwin lui-même admettait que c’était là un gros problème. Ainsi, il écrivait : “Il
semble absurde au possible, je le reconnais, de supposer que [l’évolution] ait pu
former l’œil.
La
Source
Charles Darwin, The Origin of Species, 1859, p. 133 :
"Pour supposer que l'œil avec tout ses inimitables stratagèmes pour ajuster la vision
aux différentes distances, pour gérer les différentes intensités de la lumière, et pour la
correction d’aberrations sphériques et chromatiques, puisse avoir été formé par la
sélection naturelle, ou quelque chose de semblable, j’admets librement, est absurde au
plus haut point. Quand il fut dit que le soleil ne bougeait pas mais que la terre tournait
autour, le sens commun des humains déclarèrent à la fausse doctrine ; mais le vieil
adage disant Vox populi, vox Dei, que tout philosophe connaît, ne peut-être cru en
science. La raison me dit que si plusieurs évolutions d’un œil simple et imparfait à un
œil complexe et parfait peuvent être montrées comme ayant existé, chaque grade
étant utile pour son propriétaire, comme cela le fut certainement ; et si de telles
variations étaient utiles pour chaque animal suivant les variations des conditions de
vie, alors la difficulté de croire qu’un œil parfait et complexe puisse être formé par la
sélection naturelle, pensée difficile à admettre pour notre imagination, elle ne devrait
plus être considérée comme étant subversive à la théorie."
La
Citation
La vie comment est-elle apparue ? Évolution ou Création ? (1985), Chap 1 par 6 :
12
Lorsqu’ils réfléchissent aux questions liées à l’origine de la vie, beaucoup de gens
98 Le mot anglais est "questionned" qui signifie remis en question en français et non "contesté" mot plus fort et plus dur comme le
laisse entendre le traducteur français Témoin de Jéhovah et qui ne se dit que d’une seule manière en anglais "contested".
Via Veritas
228
sont terriblement influencés par leurs sentiments et par l’opinion. Pour éviter cela et
aboutir à des conclusions exactes, il faut donc examiner les faits sans préjugé. Il est
également intéressant de noter que même Charles Darwin, le plus célèbre théoricien
de l’évolution, a montré qu’il n’ignorait pas les limites de sa théorie. Dans la
conclusion de son livre L’origine des espèces, il parle de "véritable grandeur dans
cette manière d’envisager la vie, avec ses puissances diverses attribuées
primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou même à une seule". Il
reconnaissait ainsi clairement que la question de l’origine de la vie n’était pas
définitivement réglée.
La
Source
Charles Darwin, The Origin of Species, 1859, :
""Il est intéressant de regarder une bande de terre remplie de quantités de plantes de
toutes sortes, avec des oiseaux chantant dans les taillis, avec différents insectes volant
de gauche à droite et avec les vers rampant dans la terre, et se rendre compte que
toutes ces formes de vies avancées, tellement différentes les unes des autres, et
dépendant des autres d’une façon si complexe, ont toutes été produites par des lois à
l’œuvre autour de nous. Ces lois, prises dans leur sens large, sont la Croissance par la
Reproduction ; l’Hérédité qui est presque impliquée par la reproduction ; la Variation
due à l’action directe et indirecte des conditions de vie, et de l’usage et de la
désuétude : un tel taux d’augmentation doit mener au Combat pour la Vie, avec
comme conséquence, la Sélection Naturelle, entraînant des Différences de Force et
l’Extinction des formes de vies les moins élaborées. Donc, des luttes dans la nature,
de la famine et de la mort suivent directement les formes de vies les plus élevées qui
sont capables de concevoir, littéralement, la production d’animaux plus grands. Il y a
une véritable grandeur dans cette manière d’envisager la vie, avec ses puissances
diverses attribuées primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou
même à une seule ; et cela, alors que cette planète a suivi ses cycles et subi la loi fixée
de la gravité. A partir d’un commencement aussi simple, les formes de vies les plus
belles et les plus merveilleuses ont évolué et continuent à évoluer."
La
Citation
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 39 :
5
Arrivé à ce point, vous commencerez peut-être à comprendre pourquoi Dawkins
écrit ceci dans la préface de son ouvrage : “Ce livre (...) a des airs de science-fiction.”
La
Source
Richard Dawkins, The Selfish Gene, 1976, p. ix :
"Ce livre doit être lu presque comme si c’était de la science-fiction ; il est conçu pour
faire appel à l’imagination. Mais ce n’est pas de la science-fiction : c’est de la
science. Cliché ou pas, "plus étrange que de la fiction" exprimes exactement ce que je
ressens a propos de cette réalité"
La
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 42 :
Citation
Richard Dickerson, un chimiste, a écrit : “Comment expliquer l’apparition d’une telle
réaction de polymérisation [assemblage de petites molécules assurant la formation
Via Veritas
229
d’une plus grosse] dans un environnement aqueux (les océans primitifs) qui favorise
plutôt la dépolymérisation [division d’une molécule en plusieurs molécules] par
hydrolyse ?
La
Source
Scientific American, September 1978, p. 75.
La phrase suivante dans l’article “ nous devons faire face à cette difficulté”. C’est ce
que fait l’auteur, dont le reste de l’article est le but.
La
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 46 :
Citation
23 Un autre scientifique a fait cet intéressant commentaire : “Nous ne disposons
d’aucun modèle de laboratoire permettant de simuler l’évolution de la machinerie
génétique ; on peut donc en discuter sans fin, sans être gêné par quelque
contingence19.” Mais est-ce suivre la méthode scientifique que d’écarter aussi
facilement l’avalanche de ‘contingences’ ?
La
Source
Scientific American, September 1978, p. 75.
La citation est techniquement correcte mais l’application est vraiment perverse.
Examinez la citation attentivement pour voir que c’est juste un truc de rhétorique.
(l’allusion est : est-ce que les faits inconvénients dont Dickerson parle existent
vraiment ?)
La
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 70 :
Citation
38 Il est donc clair que quiconque cherche à s’informer de façon impartiale arrivera à la
conclusion que les fossiles ne prouvent pas la théorie de l’évolution, mais donnent du
poids aux arguments en faveur de la création. Le zoologiste Coffin déclara : “Pour les
savants non croyants, les documents fossiles, témoignages de la vie passée, sont
l’ultime et dernier recours, car ils constituent la seule histoire authentique de la vie
dont dispose la science. Et si cette histoire ne confirme pas la théorie évolutionniste, et nous avons vu qu’elle ne la confirme pas, - qu’enseigne-t-elle donc ? Elle nous dit
que les plantes et les animaux ont été créés dans leurs formes de base définitives. Les
témoignages les plus importants des fossiles confirment la création, pas l’évolution.”
La
Source
”L’investigateur impartial" pourra découvrir que Coffin est en réalité un YEC(youngearth creationist - créationniste de la terre jeune) adventiste membre du Geoscience
Research Institut dirigé par les adventistes. De plus la citation est d’un journal
Adventist. Sans aucun crédit scientifique.
La
Citation
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 89 :
” Donald Johanson, paléontologiste, admet ceci : “Personne ne peut savoir
exactement à quoi ressemblait un hominidé disparu.”
Via Veritas
230
La
Source
Donald C. Johanson and Maitland A. Edey, Lucy - the Beginnings of Humankind,
New York : Warner Books, Inc, 1981, p. 286.
Légende d’une image pour une espèce bien spécifique : « Personne ne peut être sûr a
quoi ressemblait chaque hominidé disparu avec sa peau et ses cheveux. Les
dimensions ici sont un indice, l'hominidé étant d’au moins 60 cm plus petit que les
hommes d’aujourd’hui »
La
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 96 :
Citation
38 Avant de conclure que la chronologie biblique est fausse, voyez les critiques sévères
que quelques savants ont formulés à l’encontre des datations par la radioactivité.
Commentant certaines recherches, une revue scientifique indiquait que les “dates
déterminées par la désintégration des éléments radioactifs étaient peut-être exagérées,
non pas de quelques années seulement, mais énormément”. Elle ajoutait : “Loin
d’avoir foulé la terre depuis 3,6 millions d’années, il est possible que l’homme ne soit
là que depuis quelques milliers d’années.”
La
Source
Robert Gannon, "How Old Is It ?", Popular Science, November, 1979, p. 81 :
”Donc, aujourd’hui, absolument tout - objets d’humains, restes d’animaux, roches
anciennes - peut être daté assez précisément. Les dates peuvent varier un peu, mais
c’est souvent la cause d’une impureté dans l’échantillon ou le besoin de raffiner les
techniques, selon les scientifiques concernés. Pourtant des mystères majeurs et des
curieuses anomalies restent - suivant les curieuses spéculations avancées par Robert
Genty de Columbia Union College, par exemple. Le physicien Robert Gentry croit que
toutes les dates déterminées par la désintégration des éléments radioactifs étaient peutêtre exagérées, non pas de quelques années seulement, mais d’un ordre de grandeur
important. Sa théorie pivote autour des « halos », infime, décolorations des cernes
trouvés sur des arbres fossilisés (ou en passe de le devenir) et des micas, souvent à
proximité d’uranium ou du thorium. Certains halos peuvent être expliqués suivant la
désintégration radioactive habituelle. D’autres, comme les halos géants , ne le sont pas.
Ils sont tout simplement trop importants pour être causés par les particules alpha
éjectés par les isotopes connus, et ils ne correspondent pas aux théories généralement
acceptées. Si la théorie de la désintégration radioactive est faible sur un point, d’après
Gentry, le doute se présente sur chaque réponse que nous donnent les isotopes. En
outre, quand Gentry étudie les halos des arbres fossilisés, il trouve que le ratio
uranium/uranium perdu n’est pas vraiment celui auquel on s’attend. « Si les arbres
fossilisés trouvés dans les sédiments sont supposés être d’au moins dix millions
d’années, le ratio entre l’uranium - 238 et le plomb-206 devrait être inférieur » Ils ne le
sont pas. Ils sont tellement importants, en fait, que « les âges acceptés sont trop grands
de plusieurs milliers d’années » Et l’homme, loin d’avoir foulé la terre depuis 3,6
millions d’années, il est possible qu’il ne soit là que depuis quelques milliers d’années.
Il dit irrité :« La possibilité de réduire l’âge de la Terre de 4.5 milliards d’années à
quelques milliers d’années n’a pas été vraiment considéré ». La plupart des
scientifiques éludent l’idée. “Vous pouvez l’accepter ou pas, moi pas”. “Je realise qu’il
est difficile d’y croire”, avoue Gentry. “Cela invaliderait l’ensemble sous-jacent des
Via Veritas
231
méthodes de datation radioactives : que les périodes de désintégration sont depuis
toujours invariables - est une idée improbable »
(Notez que les premières conclusions de Genty est d’accepter l’idée que la Terre
n’a que 6 000 ans !)
La
Citation
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 143 :
5
Pour Richard Lewontin, un évolutionniste, les organismes “semblent avoir été
construits avec soin et ingéniosité” si bien que certains savants voient en eux “les
preuves maîtresses de l’existence d’un Créateur suprême”. Examinons certaines de ces
preuves.
La
Source
Richard C. Lewontin, "Adaptation", Scientific American, vol. 239, September 1978, p.
213 :
"L’adaptation manifeste entre les organismes et leur environnement est l’évidence
majeure de l’évolution...Cependant, les différentes formes de vie sont plus que simples
et diverses. Les organismes s’adaptent remarquablement bien au monde extérieur dans
lequel ils vivent. Ils ont des morphologies, physiologies et caractères qui semblent
avoir été construits avec soin et ingéniosité leur permettant de s’approprier le monde
autour de leur propre vie. C’était l’adaptation merveilleuse des organismes à leur
environnement, plus que leur grande diversité de formes, qui était la preuve maitresse
d’un Créateur Suprême. Darwin réalisant que si une théorie naturaliste de l’évolution
devait réussir, elle devait expliquer l’apparente perfection des organismes et non pas
seulement leurs variations"
(A mon opinion, c’est une des pires citations jamais tronquées qui donna une très
mauvaise publicité au TJ sur Usenet. Cette citation tronquée avait déjà été
utilisée par un journaliste créationniste. Lewontin lui-même n’était pas
réellement heureux de cela puisqu’il a déclaré par la suite : "Les expressions
modernes du créationnisme et particulièrement du créationnisme soi-disant
"scientifique" utilisent énormément la tactique de la citation sélective afin de faire
croire que de nombreux biologistes doutent de la réalité de l’évolution. Les
créationnistes tirent profit du fait que la biologie évolutionniste est une science
vivante contenant des désaccords au sujet de certains détails du processus
évolutionniste en prenant des citations au sujet de tels détails hors du contexte afin
d’essayer de renforcer le point de vue anti-évolutionniste des créationnistes. Parfois
ils se contentent de reprendre les descriptions que les biologistes donnent du
créationnisme pour attribuer ces opinions aux biologistes eux-mêmes ! Ces
pratiques clairement malhonnêtes de détournement des citations nous donnent le
droit de mettre en doute la sincérité même des créationnistes. (Creation/Evolution
VI, Fall 1981, p. 35)" Si vous notez bien la date, vous remarquerez que Lewontin
avait démenti cette utilisation tronquée en 1981. La Watchtower n’hésite pas à la
réemployer en 1985…
La
Citation
Via Veritas
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 15 :
232
Francis Hitching, évolutionniste et auteur du livre Le cou de la girafe (angl.), a écrit :
“Bien qu’il soit accepté dans le monde scientifique comme le grand principe
unificateur de la biologie, il est surprenant de constater qu’après un peu plus d’un
siècle d’existence, le darwinisme rencontre quantité de problèmes2.
La
Vérité
Oui, Hitching est un auteur. Est-il pour autant évolutionniste ? Pas dans le sens
scientifique du terme. Le livre La Bible - Parole de Dieu ou des Hommes ? p. 106 dis
que Hitching est un “scientifique” (La source est évidemment le livre Création).
Son éducation est limitée à la "private boys’ school in Warwick" , en Angleterre "
selon ses propre dires, informations fournies dans Contemporary Authors. De plus
c’est un écrivain spéculatif se basant essentiellement sur des ouvrages créationnistes
(voir le dossier d’archive de talk.origins Hitching). Même pire ! Il est un écrivain de
livre paranormaux sur l’énergie des pyramides, la magie de la terre, les sourciers, les
recherches psychiques. Hitching - dans la bibliographie - prétend également qu’il était
membre d’organismes respectés tel le Royal Archeological Institute de Londres. Cet
organisme dénie connaître cette personne. De plus, dans les annexes de Le cou de la
Girafe il prétend avoir eu l’aide des scientifiques distingués comme Dr. S. J. Gould. Le
Dr. Gould a déclaré à son sujet que " je ne l’ai jamais rencontré + n’ai aucune
information ". Ces exemples ne sont pas les seuls. Dans le Cou de la Girafe il attaque
Darwin pour laisser place à ses théories expliquant que c’est des forces magiques qui
ont causes l’évolution. Liriez-vous un livre de cet auteur ? Pourtant c’est la plus
grande source utilisée du livre Création !
La
Citation
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 36 :
Ce géologue, Wallace Pratt, remarqua également que l’ordre des événements - d’abord
l’origine des océans, puis successivement l’apparition de la terre ferme, de la vie
marine, des oiseaux et enfin des mammifères - correspond pour l’essentiel à l’ordre
des grandes époques géologiques.
La
Vérité
Wallace Pratt a dis cela dans un exposé en 1928 !!! Il était un YEC (young-earth
creationist) qui réduisait toutes les évidences scientifiques, et de plus il ne pouvait à
l’époque soutenir l’idée que la science est en accord avec l'interprétation de la Genèse
sur la « création »
La
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), pp. 36-37 :
Citation
34 Le calcul des probabilités nous apporte une preuve remarquable que le récit de la
création tel qu’il est rapporté dans la Genèse a dû être inspiré par quelqu’un qui
connaissait bien les événements. Ce récit définit 10 étapes principales qui se sont
succédé dans cet ordre : 1) un commencement ; 2) une terre qui, à l’état primitif, était
dans l’obscurité et enveloppée de gaz lourds et d’eau ; 3) la lumière ; 4) une étendue
ou atmosphère ; 5) d’immenses étendues de terre ferme ; 6) les plantes terrestres ; 7) le
soleil, la lune et les étoiles qui deviennent visibles dans l’étendue, les saisons ; 8 ) les
monstres marins et les créatures volantes ; 9) les bêtes sauvages et domestiques, les
mammifères ; 10) l’homme. Les faits scientifiques confirment que ces étapes ont eu
lieu dans cet ordre général. Mais quelles chances le rédacteur de la Genèse aurait-il
Via Veritas
233
eues de deviner ne serait-ce que l’ordre de ces étapes ? Pas plus que vous n’en auriez
d’aligner dans l’ordre dix cubes marqués de 1 à 10 en les prélevant au hasard dans leur
boîte. En fait, vous auriez 1 chance sur 3 628 800 de réussir cela dès le premier essai.
Il n’est donc pas raisonnable de prétendre que le rédacteur de la Genèse n’a pas reçu
d’une source extérieure la connaissance des faits, mais qu’il a tout simplement
énuméré les événements précités dans l’ordre exact.
la Vérité La science est d’accord sur un début et sur le fait que l’homme est arrive après. C’est
tout ! Pour le reste la science n’est absolument pas en accord avec la genèse La science
confirme que le vrai ordre est (1) un commencement ; (2) la lumière ; (3) galaxies,
étoiles, soleil ; (4) une terre primitive, la lune puis l’atmosphère (5) des terres fermes ;
(6) des créatures marines (7) des plantes terrestres ; (8 ) créatures terrestres, d’autres
plantes et d’autres créatures marines (9) des insectes et d’autres plantes, d’autres
créatures terrestres, et d’autres créatures marines ; (10) des mammifères et d’autres
créatures terrestres, animaux marins, insectes et plantes ; (11) les premiers oiseaux,
(12) des arbres fruitiers (ceux que la Genèse mentionne) et d’autres créatures marines,
terrestres et volantes ; (13) l’homme et plein d’autres animaux et plantes
Ensuite en enlevant le fait qu’il y a forcement un commencement ( 1) et de la terre
ferme nécessaire pour des animaux terrestres, et ainsi de suite. Avec cela en moins, on
a une chance sur 5760 de trouver cet ordre. La méthode de calcul du livre Création est
tendancieuse et exagérée (Voir le Réveillez-vous de 1991 6/8 p.12 pour une tentative
de réponse).
La
La vie comment est-elle apparue ? Évolution ou Création ? (1985), p. 44 :
Citation
18 Les protéines indispensables à la vie se composent de molécules très complexes.
Quelle était la probabilité d’apparition d’une seule de ces molécules par hasard dans
une soupe organique ? Des évolutionnistes reconnaissent qu’il y avait une chance sur
10113 (1 suivi de 113 zéros). Or, pour les mathématiciens, un événement qui n’a qu’une
chance sur 1050 de se produire est en fait une impossibilité. On peut se rendre compte à
quel point cela était improbable quand on considère que le nombre 10113 est plus
important que le nombre total de tous les atomes de l’univers, selon les estimations des
savants !
La
Vérité
Personne avec un minimum de connaissances en mathématiques ou en biologie ne
feraient de telles déclarations. Ici le livre Création cite des créationnistes (Impact,
Décembre 1980, no. 90) sans aucune référence et aucun évolutionniste "reconnait"
cela. Demandez simplement à des amis mathématiciens, un cours (j’espère) gratuit en
théorie basique des probabilités pour vous faire un avis(voir à ce sujet l’article de
Wikipédia sur les probabilités fréquentistes avec le paradoxe des camions
prospecteurs)
1. Le calcul de cette probabilité postule que la molécule protéinique a été créé par
de la chance. Cependant, la biochimie n’est pas du hasard, ce qui rend ce calcul
insensé. La biochimie produit des formes complexes, et ces formes s’associent
de manière complexe. Par exemple, les molécules organiques complexes ont été
Via Veritas
234
observées en se formant dans des conditions existantes dans l’univers, et il est
possible qu’elles aient jouées un rôle important dans la formation de la première
vie
1. Le calcul des probabilités postule que la molécule de protéine devait prendre
forcément une certaine forme. Cependant, il y a un nombre incalculable de
protéines potentielles participant à l’activité biologique. Tout calcul de
probabilités devraient prendre en compte toutes les molécules possibles (pas
seulement les protéines) qui peuvent participer à la formation de la vie.
1. Le calcul de cette probabilité postule que la création de la vie est forcément
dans cette forme. La première vie aurait pu être bien plus simple.
1. Le calcul occulte le fait qu’il y a d’innombrables d’essais qui peuvent intervenir
simultanément. ( Spotts, Peter N. 2001. Raw materials for life may predate
Earth’s formation. The Christian Science Monitor, Jan. 30, 2001)
La
Citation
La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 110 :
En fait, ce n’était rien de plus qu’un autre exemple de variété à l’intérieur d’une même
espèce, variété rendue possible par le code génétique d’une créature. Les pinsons
étaient toujours des pinsons. Ils n’étaient pas devenus et ne deviendraient jamais
d’autres animaux.
La
Vérité
Les pinsons ayant évolués sont de nouvelles espèces. Elles ne se croisent pas.
Regardez dans Etude Perspicace sous l’entrée "espèce", et ensuite regardez le dossier
d’archive de talk.origins CB910 : New species pour d’autres exemples de vraies
évolutions aujourd’hui1, 2
Pour aller plus loin dans l’étude de ce livre aux arguments malhonnêtes, je vous invite à consulter
un article bien détaillé de Henrique Diaz "Commentaires sur le livre Evolution ou Création" en
français et le commentaire d’Alan Feuerbacher ainsi que les effets néfastes d’un tel livre.
Le Collège central a t-il oublié ces textes ?
• Proverbes 8:8 Je ne prononce que des paroles justes, aucune n’est
mensongère ou trompeuse.
• Lévitique 19:11 "Ne commettez pas de vol, n’usez pas de mensonge
ou de fraude au détriment de vos compatriotes".
ou utilise t-il la technique du fardeau empêchant la vérification des
sources ?
• Exode 5:9 "Dès qu’ils seront surchargés de travail, ils seront trop
Via Veritas
235
occupés pour penser à ces histoires mensongères."
Kit de détection de balivernes
Par Lucretius
Et si l’on faisait subir à l’enseignement de la Watchtower le Kit de détection de balivernes ?
Le regretté astronome et vulgarisateur scientifique Carl Sagan ne s’en laissait pas compter
facilement et promouvait l’esprit critique.
Dans son ouvrage The Demon-Haunted World : Science As a
Candle in the Dark (1996) Carl Sagan expose son Baloney
Detection Kit que nous pouvons traduire par Kit de détection
de balivernes ou d’idioties.
Par une liste de considérations du bien-penser il nous invite à
reconsidérer les arguments que l’on nous présente et à juger
sainement de leur valeur.
Évoquons quelques éléments de cette liste et examinons
concurremment le livre "La Bible - Parole de Dieu ou des
hommes99".
• Lorsque cela est possible, il faut des confirmations
indépendantes des faits.
Fait invoqué : la Bible a été préservée et nous avons la garantie de la lire telle que Dieu l’a faite
rédigée (p.18).
"Mais comment savoir aujourd’hui, après que des milliers de copies en ont été faites, si la Bible n’a
pas été complètement défigurée ? Pour le découvrir, penchons-nous un instant sur la Bible
hébraïque, l’“Ancien Testament”. Dans la seconde moitié du VIe siècle avant notre ère, au moment
où les Juifs revenaient de leur exil à Babylone, un groupe d’Israélites, connus sous le nom de
sopherim, ou “scribes”, devinrent les dépositaires du texte de la Bible hébraïque. Ils avaient aussi
la responsabilité de faire des copies des Écritures à l’usage du culte tant public que privé. Ces
hommes très consciencieux et de métier produisirent un travail de la plus haute qualité."
Conclusion suggérée : la Bible est surnaturelle, elle vient de Dieu.
Problème : tout le monde n’est pas d’accord avec ce jugement volontairement rassurant.
Notez l’avis de Jean-Daniel Macchi de la faculté de Théologie de l’Université de Genève :
" Le texte original de la Bible n’existe pas !
Ou plutôt faudrait-il dire que nous ne disposons d’aucun manuscrit original de la Bible. En effet, la
Bible hébraïque nous est parvenue au travers de plusieurs centaines de manuscrits (les témoins
textuels) tous des copies de copies, souvent aussi des traductions en d’autres langues que l’hébreu.
99 Publié en 1989 par les Témoins de Jéhovah.
Via Veritas
236
Bien que les plus anciens fragments de manuscrits bibliques datent du troisième siècle avant J-C
c’est un manuscrit du Moyen Âge qui sert de base aux éditeurs modernes de la Bible hébraïque.
En effet, le codex B19a Firkovisch se trouvant aujourd’hui au musée de St Petersbourg est le
plus ancien manuscrit connu contenant l’intégralité de la Bible hébraïque. Entre les plus anciens
manuscrits connus, a fortiori entre le texte tel qu’il fut rédigé, et le texte choisi par les imprimeurs,
une quinzaine de siècles se sont écoulés. Or, on estime qu’un manuscrit ne peut guère être utilisé
plus de deux siècles avant d’être trop altéré et de devoir donc être copié sur un nouveau support.
Or, en dépit du soin considérable que chaque scribe-copiste a mis à la réalisation de son travail,
chaque manuscrit est différent de sa source. A chaque étape de la copie le texte évolue donc, des
fautes sont introduites, des commentaires ajoutés, des mots sautés etc... Bref le texte évolue tant
et si bien que pour le texte de la Torah (les 5 premiers livres de la Bible hébraïque) l’édition
scientifique de la Bible mentionne plus de 4000 « lieux variants » dont une partie importante
affectent de manière significative le sens du texte. "
L’intégrité du texte originel est donc contesté. C’est très gênant et ça contrarie le bel édifice.
Car il ne sert à rien de brandir l’avis de Sir Frederick Kenyon sur l’exceptionnelle conservation du
texte grec, si le texte hébraïque, les deux tiers des Ecritures ont été corrompues par la force des
choses.
Si la Bible doit être considérée comme intégralement préservée par Dieu, il faudrait le constater sur
toutes les Écritures et non les seules Écritures grecques. Ce n’est pas le cas, l’argument en faveur de
la sacralité biblique ne tient pas.
• Il faut encourager des discussions substantielles des faits par entre des gens informés
ayant différents points de vue.
Ce n’est pas le point fort de la Watchtower qui bien loin de donner la parole aux détracteurs de la
Bible préfère donner l’avis des critiques des détracteurs.
A propos de la Haute Critique, le livre avance (p.43) :
"En ce XXe siècle, ère du rationalisme, les intellectuels admettent plus volontiers que la
Bible soit la parole des hommes que celle de Dieu. Il leur est plus facile de croire que les
prophéties ont été écrites après coup, que d’en reconnaître l’authenticité. Ils préfèrent
ranger les miracles de la Bible parmi les mythes, les légendes, ou les contes populaires, que
d’envisager qu’ils soient des faits réels. Leurs thèses, lourdes de préjugés, n’offrent
toutefois aucune raison sérieuse de récuser la véracité des Écritures. La haute critique
comporte de graves failles et ses attaques n’ont pas réussi à prouver que la Bible n’est pas
la Parole de Dieu."
Jamais dans le livre ne se trouvent exposées de manière loyalement argumentée les thèses
dénoncées.
Exemple (p.49 ) :
"Parlant des rapports qui existent entre l’archéologie et les récits historiques de la Bible, le
professeur David Noel Freedman déclare : “Dans l’ensemble, l’archéologie tend cependant
à confirmer la valeur historique de la narration biblique. Dans ses grandes lignes, la
chronologie qui s’étend de l’ère patriarcale jusqu’à l’époque du N[ouveau] T[estament]
correspond aux données fournies par l’archéologie. (...) Les découvertes à venir vérifieront
probablement le jugement dépassionné que l’on porte aujourd’hui sur la tradition biblique,
à savoir qu’elle repose sur des faits historiques et qu’elle a été transmise fidèlement, bien
qu’on ne puisse la qualifier d’histoire au sens critique ou scientifique.”
Via Veritas
237
Puis, considérant les efforts déployés par la haute critique pour discréditer la Bible,
Freedman ajoute : “Les tentatives des exégètes modernes de refaire l’histoire biblique - par
exemple la thèse de Wellhausen qui ne voit dans l’ère patriarcale qu’un reflet de la
monarchie divisée ; ou celle de Noth et de ses partisans, qui rejettent l’historicité de Moïse,
de l’exode et, de là, remanient toute l’histoire d’Israël - ces tentatives n’ont pas aussi bien
résisté aux découvertes archéologiques que la narration biblique."
La citation date de presque 50 ans. Pourquoi la Watchtower ne donne-t-elle pas une déclaration
récente de Freedman telle que celle que l’on retrouvera dans son livre "The Nine Commandments Uncovering the Hidden Pattern of Crime and Punishment in the Hebrew Bible". A propos du
deuxième commandement - tu ne feras pas d’idole pour toi-même - l’auteur a écrit (traduit de
l’anglais) :
"Avant tout, alors que le nom de Yahweh apparaît tout au long du livre de la Genèse, un
passage de l’Exode semble indiquer qu’il est anachronique dans ces récits anciens. En
Exode 6:3 Yahweh informe Moïse : j’apparaissais à Abraham, Israël et Jacob comme El
Shaddaï mais par mon nom de Yahweh je ne me suis pas fait connaître à eux. Cependant un
parcours des textes patriarcaux montre qu’Abraham, Isaac et Jacob usèrent tous de
l’épithète Yahweh. En quel sens alors le nom de Yahweh fut-il inconnu des patriarches.
Ce fut une telle question, et d’autres encore qui conduisit les exégètes à postuler que
différentes sources avaient été utilisées pour construire les "cinq livres de Moïse", l’une au
moins d’entre elles perpétuant la tradition que le nom de Yahweh ne fut pas utilisé par
l’ancien Israël avant l’époque de Moïse.
A l’appui de cette théorie fut l’observation que lorsque les fils narratifs employant les
différents noms sont séparés, beaucoup de ces soi-disants "doublons" (histoire très
semblable à une autre) se séparent également. Par exemple il existe deux récits relatant
l’attribution du nom Isaac.
Dans l’un d’entre eux, en Genèse 17, les noms utilisés sont Elohim, le nom générique de
Dieu, et El Shaddaï. Dans l’autre récit, en Genèse 18, le seul nom utilisé est Yahweh.
Le fil narratif qui emploie le nom divin Elohim fut distingué par les premiers exégètes par
"E". de manière similaire, le fil qui emploie le nom divin Yahweh fut appelé "J" (de
l’allemand Jahweh, car la théorie fut largement développée en allemagne).
Cependant il fut bientôt découvert que dans "E" il y avait encore plus de doublons et de
différences stylistiques. Parce qu’un groupe de ces textes semblait particulièrement intéressé
par la matière sacerdotale (sacrifices convenables, loi rituelle, etc...), il fut appelé la source
"P" (P pour priestly). Ce qui restait reçut la désignation "E".
Quoique la découverte de ces sources requit plusieurs étapes et la contribution de
nombreux exégètes, la plus complète et convaincante présentation fut produite par un
exégète allemand nommé Julius Wellhausen, et est quelque fois désignée comme la
théorie welhausienne, quoiqu’elle soit le plus suvent appelée l’Hypothèse Documentaire, oe
encore la Théorie JEDP (D pour deutéronomiste, une composition indépendante consistant
du livre du Deutéronome).
Bien que l’Hypothèse Documentaire ne soit pas sans détracteurs, elle est devenue le
modèle prévalant en matière d’exégèse biblique pour la compréhension de la composition
de la Torah.
Les citations de Freedman données par le livre jéhoviste sont donc tout à fait partiales. Là encore le
lecteur s’arrêtera à ce qu’on lui délivre si complaisamment.
• Des arguments d’autorité n’ont que peu de poids (en sciences, il n’y a pas d’“autorités”)
La Watchtower aime à user de ces artifices lénifiants.
Via Veritas
238
Pour exemple (p. 7) : "Abraham Lincoln, seizième président des États-Unis, décrivit la Bible
comme “le don le plus précieux que Dieu ait jamais fait à l’homme (...). Sans elle, ajouta-til, nous ne saurions distinguer le bien du mal”.
Sir William Blackstone, homme de loi britannique, souligna en ces mots l’autorité qui se
dégage de la Bible : “Sur ces deux fondements, la loi de la nature et la loi de la révélation
[la Bible], reposent toutes les lois humaines, c’est-à-dire qu’on ne devrait permettre à
aucune loi humaine de contredire celles-là.”
Comment rejeter le jugement de ces excellents hommes ? Mais c’est oublier que des hommes tout
aussi excellents ont eu une opinon contraire.
C’est ainsi que l’un des pères fondateurs de l’Amérique, Thomas Jefferson a écrit : "The Christian
God is a being of terrific character - cruel, vindictive, capricious et unjust."
Traduction : Le Dieu chrétien est un être d’un caractère terrible - cruel, vindicatif, capricieux et
injuste.
Et son jugement sans appel ne vous donne pas trop envie de lire la Bible.
• Envisagez plus d’une hypothèse et ne sautez pas sur la première idée qui vous vient à
l’esprit.
• Essayez de ne pas vous attacher excessivement à une hypothèse simplement parce que
c’est la vôtre.
Dans les pages du livre, jamais vous ne trouverez de citations qui montreraient que la position
commune des exégètes est beaucoup plus réservée sur l’historicité de la Bible.
Notez donc celle-ci (tirée de Introduction to the Oxford Annotated Bible RSV (1973), Ed. Bruce
Metzger & Herbert May) :
"L’Ancien Testament peut être décrit comme l’expression littéraire de la vie religieuse de la
vie d’Israël.(...) Probablement que dès l’époque de David et Salomon, surgissant d’une
matrice de mythe, de légende et d’histoire, est apparue le première forme écrite des actes de
salut de Dieu depuis la Création à la Conquête de la Terre Promise, un récit qui sous une
forme modifiée devint plus tard une partie des Écritures. Mais il fallut un temps très long
pour que l’idée d’Ecriture n’apparaisse et que l’Ancien Testament ne prenne sa forme
présente.(...) Le processus par lequel les Juifs devinrent le "peuple du Livre" fut graduel, et
le développement est enveloppé dans les brumes de l’histoire et de la tradition. (...) La date
de la compilation finale du Pentateuque ou de la Loi qui fut le premier corpus, ou la plus
grande partie de littérature qui en vint à être considérée par les Juifs comme les Ecritures
ayant autorité, est incertaine, quoique certains aient de manière conventionnelle gardé la
date de l’Exil au 6ème siècle. (...)
Avant l’adoption du Pentateuque comme la Loi de Moïse, il fut compilé et édité selon
l’esprit et la diction de l’Ecole deutéronomique, le groupe de livres constitué par le
Deutéronome, Josué, Juges, Samuel et les Rois selon leurs formes actuelles.
Ainsi le Pentateuque prit forme au cours d’une longue période de temps."
Les arguments en défaveur d’une lecture littérale des Écritures ne sont jamais évoqués, l’hypothèse
pour la Watchtower est intolérable. Elle mettrait tant de certitudes par terre.
• Le rasoir d’Occam : s’il y a deux hypothèses qui expliquent les données aussi bien,
préférez la plus simple.
A propos des miracles, le livre "La Bible - Parole de Dieu ou des hommes" cite le témoignage de
l’évangéliste Luc portant sur la résurrection du Christ :
"Revenons à la tombe trouvée vide le 16 Nisan. À quelle conclusion cet homme très
Via Veritas
239
compétent allait-il aboutir ? Tant dans son Évangile que dans le livre des Actes, Luc
présente la résurrection de Jésus comme un fait (Luc 24:1-52 ; Actes 1:3). Il ne nourrissait
pas le moindre doute à ce sujet. Cette conviction était peut-être confortée par les faits qu’il
avait personnellement vécus, car s’il ne fut pas, selon toute vraisemblance, témoin oculaire
de la résurrection de Jésus, il dit par contre avoir assisté à des miracles accomplis par
l’apôtre Paul. - Actes 20:7-12 ; 28:8, 9."
Répondant à la force d’un tel témoignage, et appliquant précisément le principe du rasoir d’Occam,
le philosophe écossais David Hume a écrit :
"Enquête sur l’entendement humain, Section X
Aucun témoignage ne suffit pour établir un miracle, sauf si le témoignage est de telle sorte
que sa fausseté serait encore plus miraculeuse que le fait qu’il essaie d’établir et, même
dans ce cas, il se produit une destruction mutuelle des arguments (...).
Lorsque quelqu’un me dit qu’il a vu un homme revenir à la vie, j’évalue immédiatement s’il
est plus probable que cette personne se trompe ou ait été trompée, ou si le fait qu’elle
rapporte pourrait s’être réellement produit. Je pèse un miracle par rapport à l’autre, et
selon la supériorité que je découvre, je prononce ma décision, et rejette toujours le miracle
le plus grand. Si la fausseté de son témoignage semble plus miraculeuse que l’événement
qu’elle rapporte, alors (...) peut-il prétendre commander à ma croyance ou à mon opinion. "
A votre avis entre l’éventualité d’une résurrection et l’éventualité d’un faux témoignage même
sincère quel est le plus simple et donc le plus probable ?
Prêtez-vous donc au jeu. Faîtes passer le Baloney Detection Kit, le Kit de Détection de balivernes
aux différentes publications de la Watchtower.
Vous comprendrez enfin que l’argumentaire jéhoviste tient sur de l’air, et pourquoi vous trouviez
l’enseignement indigeste et vous vous sentiez si souvent "baloney".
Si vous avez aimé le Baloney Detection Kit vous apprécierez le
Petit Cours de Défense Intellectuelle
Normand Baillargeon
aux Editions Lux
Et probablement tout autant un exposé complet des Erreurs de
raisonnement et illusions logiques.
Via Veritas
240
L’archéologie biblique
La vision de la société Watchtower
Par Popper
On retiendra 4 lignes directrices dans la vision de l’Organisation de l’Archéologie :
J’ai mis en évidence les pensées fortes qui ressortent. Notez bien la manipulation de l’information
par les auteurs de ces articles tout au long de votre lecture.
1. L’archéologie lorsqu’elle confirme la Bible est bonne
La Tour de Garde, du 1er janvier 1981, p. 9 — L’archéologie confirme la Bible
Que dire des Écritures grecques, que l’on appelle
communément le “Nouveau Testament” ? L’archéologie a-telle confirmé l’exactitude de cette partie importante de la
Bible ? Oui, et on a même écrit des livres entiers sur ce sujet.
Dès 1890, le bibliste français F. Vigouroux publia un ouvrage
de plus de 400 pages intitulé “Le Nouveau Testament et les
découvertes archéologiques modernes”, dans lequel il apportait
d’abondantes preuves à l’appui des Évangiles, des Actes des
Apôtres et des différentes lettres chrétiennes. En 1895, W.
Ramsay publia son livre Saint Paul, voyageur et citoyen romain
(angl.), qui est devenu un classique du genre. On y trouve des
renseignements très précieux sur l’authenticité des Écritures
grecques chrétiennes. Plus récemment sont parus d’autres livres
et des articles d’érudition qui expliquent comment l’archéologie a prouvé la véracité de
la Bible tout entière. Dans son livre L’archéologie du Nouveau Testament (angl.), dont
la première édition est parue en 1970, E. Blaiklock100 écrit : “L’historiographie biblique
a reçu des confirmations si frappantes que les historiens ont appris à respecter l’autorité
de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi qu’à admirer l’exactitude, le profond souci
de vérité et la clair-voyance inspirée des différents rédacteurs qui donnèrent à la Bible
ses livres historiques.” L’archéologie confirme donc bien la Bible
Etude perspicace, Tome 1, p. 161-162 — Archéologie
L’archéologie a permis de confirmer de nombreux événements historiques relatifs aux
pays bibliques et rapportés dans les Écritures, et de prouver l’authenticité de faits que
les critiques modernes mettaient en doute.
100Ce coup-ci la Watchtower cite un chrétien fondamentaliste (professeur de langue classique à Auckland - pas d’archéologie) qui
considère que l’évangeliste Luc est l’un des plus grands historiens. Une lecture attentive des citations trouvées sur internet
montre que cette personne est là pour prouver la Bible. Pas de doutes possibles alors qu’on sait que les évangiles ont montré
leurs faiblesses sur l’histoire. D’ailleurs Luc considéré comme l’auteur des Actes des Apotres, est l’auteur d’un bel
anachronisme sur le récit du voyage de Saul vers Damas.
Via Veritas
241
2. Les méthodes de datations sont imprécises
Reveillez-vous, du 8 octobre 1983, p. 7 — L’archéologie devrait-elle vous faire douter de la
Bible ?
Il va sans dire que les considérations d’ordre historique sont aléatoires, puisqu’elles
dépendent toujours de certaines suppositions préalables et d’opinions subjectives. Par
conséquent, nous devons nous souvenir que toutes les dates ne sont pas absolues et
qu’elles sont suspectes dans bien des domaines.” — C’est nous qui soulignons.
Etude perspicace, Tome 1, p. 169-170 — Archéologie
Différences dans les dates. Il est important d’être conscient de ce fait quand on
considère les dates que les archéologues avancent à propos de leurs découvertes. Ainsi,
Merrill Unger écrit : “ Par exemple, Garstang situe la chute de Jéricho à environ 1400
av. J.-C. [...] ; Albright penche pour environ 1290 av. J.-C. [...] ; Hugues Vin-cent,
l’éminent archéologue de la Palestine, s’en tient à 1250 av. J.-C. [...] ; alors que pour H.
Rowley, Ramsès II est le pharaon de l’oppression et l’Exode a eu lieu sous le règne de
son successeur, Marniptah [Mérneptah], vers 1225. ” (Archaeology and the Old
Testament, p. 164, note 15). Tout en défendant la crédibilité des techniques et des
analyses de l’archéologie moderne, le professeur Albright reconnaît qu’“ il reste difficile
à un non-spécialiste de se frayer un chemin à travers les dates et les conclusions
contradictoires des archéologues ”. — L’archéologie de la Palestine, p. 274101.
On a bien employé l’horloge au radiocarbone et d’autres méthodes modernes pour dater
les objets mis au jour. Toutefois, cette méthode n’est pas parfaitement exacte, comme le
montre ce commentaire de G. Wright (The Biblical Archaeologist, 1955102, p. 46) : “ On
peut constater que la nouvelle méthode au carbone 14 utilisée pour dater les vestiges
anciens ne s’est pas révélée aussi infaillible qu’on l’avait espéré [...]. Certaines
mesures ont, de toute évidence, donné des résultats erronés, sans doute pour plusieurs
raisons. Actuellement, on ne peut se fier entièrement aux résultats donnés que lorsque
plusieurs mesures ont fourni des résultats pour ainsi dire identiques et que la date
indiquée paraît exacte d’après d’autres méthodes de calcul [c’est nous qui soulignons].
” Plus récemment103, The New Encyclopædia Britannica (Macropædia, 1976, vol. 5, p.
508) a déclaré : “ Quelle qu’en soit la cause, [...] il est clair que les dates évaluées au
carbone 14 ne sont pas aussi précises que les historiens traditionnels le souhaiteraient.
”
3. C’est surtout de l’interprétation subjective
Reveillez-vous, du 8 octobre 1983, p. 7 — L’archéologie devrait-elle vous faire douter de la
Bible ?
101Voici ce que nous révèle en fait le livre La bible dévoilée : Deuxième conséquence de ce qui précède, il faut réévaluer toutes les
scènes de batailles qui racontent la prise de Canaan par Israël dans le Livre de Josué. Et notamment la plus célèbre d’entre
elles, Jéricho. « Depuis les années 1930 et les premières fouilles sur place, l’épisode biblique fait problème, explique Thomas
Römer. Parce que les archéologues n’ont pas trouvé de murailles datant de la conquête décrite dans la Bible ( 1473 av notre
ère chronologie jehoviste). A cette époque, le site était un ville ouverte, s’il n’était pas inhabité. » Voilà qui vient contredire les
spectaculaires récits bibliques où le son des trompettes et le passage de l’Arche font tomber les murailles...
« Il ne faut pas lire le Livre de Josué comme le récit historique de l’installation d’Israël dans son pays, observe le professeur
lausannois, mais comme des histoires qui doivent laisser penser que le petit royaume de Juda et son armée est aussi puissant que
ses voisins assyriens. » Le vrai problème de Jéricho c’est que les murailles ont été détruites par le feu avant la conquête de la
Terre Promise (en 1400 av JC). Un vrai problème pour les fondamentalistes. Une discussion sur la datation à Jéricho se retrouve
ici et là (en anglais).
102Notez la date de la citation !
103A noter que le livre Étude Perspicace est sorti en 1998 en France soit 20 ans après la citation réutilisée.
Via Veritas
242
Pourquoi l’archéologie présente-t-elle un intérêt aujourd’hui ? Parce qu’elle offre un
moyen d’investigation dans le passé des humains. Grâce à elle, on a fait la lumière sur
la géographie et l’histoire des pays bibliques. Elle s’appuie sur les sciences exactes et
vise à atteindre leur précision. Cependant, un facteur important empêche parfois de
parvenir à ce but — l’élément humain. Tout archéologue possède en effet ses
croyances, et cela qu’il soit athée, agnostique, chrétien, juif ou musulman. Alors,
jusqu’à quel point ses convictions ou ses idées préconçues vont-elles influencer son
interprétation des faits ? L’empêcheront-elles de parvenir à des conclusions exactes ?
La recherche archéologique ressemble au travail d’un détective. On exhume des preuves
indirectes sous la forme d’objets façonnés et de vestiges (poteries, fragments, ruines,
restes de civilisations antérieures, ossements, etc.). Puis on entame le processus de
déduction : À quoi appartenait le fragment re-trouvé ? À quelle époque correspondent la
forme, la couleur et la nature de l’objet ? Quelle utilisation en faisait-on ? Quel était son
lieu d’origine ? S’agissait-il de l’endroit où on l’a découvert ou bien d’un autre ? Vientil de la couche de terrain où on l’a exhumé ou s’est-il enfoncé dans une strate infé-rieure
à cause du temps écoulé et des conditions locales ? Ces facteurs et bien d’autres encore
peuvent influer sur une interprétation. Ainsi, les conclusions sont basées sur des
preuves indirectes et sur une interprétation empreinte tantôt d’objectivité, tantôt
de partialité.
C’est pourquoi l’archéologue israélite Yohanan Aharoni104 a raison d’écrire : “Quand
on aborde le domaine de l’interprétation historique ou historico-géographique,
l’archéologue sort du domaine des sciences exactes et doit s’appuyer sur des
jugements de valeur et des hypothèses pour dresser un tableau d’ensemble.”
Etude perspicace, Tome 1,
p. 169-170 — Archéologie
Des conclusions
fondées sur des
incertitudes. Les
découvertes
archéologiques
ont parfois
apporté une
réponse
commode à ceux
qui discutaient
certains récits
bibliques ou qui
mettaient en
doute l’historicité de certains événements. Elles ont également contribué à soulager
l’esprit de gens sincères qui se laissaient impressionner par les arguments de ces
détracteurs. Cependant, l’archéologie n’a pas pour autant réduit au silence les critiques
de la Bible et elle n’est pas non plus un fondement absolument fiable sur lequel
baser sa croyance dans le récit biblique. Les conclusions qui ont été tirées de la
majorité des fouilles dépendent essentiellement des raisonnements déductifs et
inductifs des chercheurs qui, un peu à la manière de policiers, instruisent une
104Yohanan Aharoni ne croyait pas au récit du livre de Josué pour la conquête de la terre promise. Étonnant de citer un homme qui
ne partage pas le point de vue de la société. Mais pourquoi alors ses arguments ne sont pas présentés ? On peut le vérifier ici.
Via Veritas
243
cause qu’ils se chargent de défendre. Aujourd’hui encore, même quand des policiers
découvrent et accumulent une liste impressionnante de preuves matérielles ou indirectes
concernant une affaire qui passe en justice, s’ils ne disposent pas de témoins dignes de
foi et directement impliqués dans l’affaire, leurs preuves seront jugées très insuffisantes.
De graves erreurs et injustices ont été commises parce que des jugements ont été
prononcés d’après ces seules preuves. À combien plus forte raison risque-t-on de se
tromper quand 2 000 ou 3 000 ans se sont écoulés entre l’événement et les recherches
entreprises par les archéologues !
(En clair, plus c’est vieux, plus on se trompe. Y a que la Bible qui compte. Mais, à suivre ce
raisonnement on pourrait dire que c’est la même chose pour les rédacteurs du Pentateuque ! Pour
la généalogie de Jésus en Matthieu et en Luc, etc...)
4 .On n’a pas besoin de ça pour croire
Étude perspicace, Tome 1, p. 169 — Archéologie
Valeur relative de l’archéologie. L’archéologie a fourni des renseignements utiles qui
ont permis d’identifier (de façon souvent incertaine) les sites bibliques. Elle a mis au
jour des documents écrits qui ont contribué à une meilleure intelligence des langues
originales dans lesquelles les Écritures ont été rédigées et elle a jeté une nouvelle
lumière sur les conditions de vie ainsi que sur les activités des peuples et des chefs de
l’Antiquité dont il est question dans la Bible. Toutefois, pour ce qui est de l’authenticité
et de la fiabilité de la Bible, de la foi en ce livre, de son enseignement, de ce qu’elle
révèle sur les desseins et les promesses de Dieu, il faut dire que l’archéologie n’est
pas un complément indispensable ni une confirmation nécessaire de la vérité
contenue dans la Parole divine. L’apôtre Paul écrivit en effet : “ La foi est l’attente
assurée de choses qu’on espère, la démonstration évidente de réalités que pourtant on ne
voit pas. Par la foi, nous comprenons que les systèmes de choses ont été mis en ordre
par la parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit est venu de choses qui ne paraissent
pas. ” (Hé 11:1, 3). “ Nous marchons par la foi, non par la vue. ” — 2Co 5:7.
Cela ne veut pas dire que la foi chrétienne ne repose sur aucun fondement visible ou ne
se rapporte qu’à des choses intangibles. De tout temps, au contraire, les hommes ont pu
trouver, à leur époque, autour d’eux, en eux et dans ce qu’ils ont vécu, un grand nombre
de preuves que la Bible est la véritable révélation divine et qu’elle ne contient rien qui
contredise les faits démontrables (Rm 1:18-23). Il est certes intéressant et appréciable
d’éclairer la connaissance du passé par les découvertes archéologiques, mais ce
n’est pas indispensable. Seule est essentielle et tout à fait digne de foi la connaissance
du passé éclairée par la Bible. Avec ou sans l’archéologie, la Bible donne une
signification véritable au présent et éclaire l’avenir (Ps 119:105 ; 2P 1:19-21). En
réalité, seule une foi faible a besoin de s’appuyer sur une béquille, de se fonder sur
des briques qui tombent en poussière, sur des vases brisés et sur des murs
croulants.
Réveillez-vous, du 8 octobre 1983, p. 19 — L’archéologie est-elle nécessaire à la foi ?
L’archéologie biblique a l’indéniable mérite d’avoir enrichi notre compréhension de
l’univers de la Bible. Toutefois, les chrétiens sont conscients que leur foi ne repose
pas sur des preuves mises au jour par des hommes, mais sur la Parole de Dieu, la
Bible105.
105Ou plutôt sur LEUR Bible. C’est ainsi que dans la Bible à référence première édition, la Watchtower soutenait qu’il n’y avait pas
de preuves archéologiques de croix à l’époque de Jésus. A partir de 1969 l’archéologie à démontré le contraire. Étonnamment
Via Veritas
244
Étude perspicace, Tome 1, p. 959 — L’intérêt de l’archéologie
Cela devrait-il semer le doute sur l’authenticité de la Bible ?
Absolument pas. Une foi qui ne dépend que de
l’interprétation de découvertes archéologiques est des plus
chancelantes. Les preuves que la Bible est inspirée de Dieu
figurent dans la Bible elle-même, pas dans l’archéologie.
Commentaires de Via Veritas
Alors, trouvez-vous cette lecture sur l’archéologie objective ? Ou ne révèle-t-elle pas une volonté
implacable de limiter au maximum l’esprit critique que peuvent engendrer les révélations de
l’archéologie ? Vous avez compris : c’est utile si ça confirme la Bible, mais si des preuves
contraires à la Bible existent, c’est que vous avez une foi « chancelante ». « Pauvres faibles ! », si
vous croyez à des preuves contredisant la Bible !
Ainsi on va vous faire culpabiliser au moment ou vous désirez avoir un avis objectif sur
l’archéologie et l’histoire de la Bible. Est-ce honnête ?
Mais est-ce vraiment objectif ? Maintenant analysons ce que nous dit VRAIMENT l’archéologie.
Nous avons constaté que la société Watchtower critique les méthodes de l’archéologie. On parle de
faits, et de témoins. On compare le travail des archéologues à celui d’enquêteurs policiers, pour
prouver que des faits ne sont pas des preuves. Si seulement on pouvait tout ramener à une enquête
policière… Mais sur quoi se base l’archéologie en premier lieu ?
Voici ce que nous dit l’Encyclopaedia Universalis à l’article ARCHEOLOGIE.
L’archéologie et l’histoire - les documents archéologiques
Est-ce à dire pourtant que, comme le veut une conception toujours répandue,
l’archéologie soit une discipline auxiliaire de l’histoire ? Son rôle est-il, comme celui de
la paléographie, de l’épigraphie ou de la généalogie, de fournir des matériaux bruts que
l’histoire, ensuite, se charge d’interpréter ? On peut en douter. L’expérience montre en
effet que si elle se cantonne dans ce rôle passif, l’interprétation n’intervient
presque jamais : les descriptions
s’ajoutent aux descriptions sans que
l’historien sache comment maîtriser
cette masse informe et accablante ; seul
l’inventeur des vestiges est à même de le
faire.
On peut difficilement dire, d’autre part,
que les documents archéologiques
viennent à l’appui d’autres documents.
Même quand on dispose de textes, ces
derniers ne disent pas tout, ne nous
renseignent pas sur tout et ne sont pas
nécessairement de bons reflets de la
réalité. Les documents archéologiques
viennent alors les compléter, les nuancer
cela disparait ensuite de l’édition de 1985 - Source
Via Veritas
245
ou les contredire, sans qu’on puisse, c’est évident, les suspecter de déformation
intentionnelle : ce sont donc des documents historiques au même titre que les
autres, et parfois même les seuls qui soient disponibles. (...)
Il y a pourtant, entre l’archéologie et l’histoire, une différence essentielle, qui tient aux
documents utilisés. Alors que l’histoire exploite toutes les catégories possibles de
documents, y compris les documents archéologiques, l’archéologie s’appuie d’abord
sur un type de documents particulier : les témoins matériels laissés par l’homme à
la surface de la terre. Lorsque ces documents sont les seuls, comme c’est le cas pour
la préhistoire, l’approche archéologique est la seule possible ; lorsqu’il existe d’autres
documents (textes, images, enregistrements sonores...), cette approche se juxtapose et
se combine aux autres pour composer l’ensemble de la recherche historique. S’il
est vrai que tout historien ne peut pas – tant sont lourdes et complexes les techniques à
mettre en œuvre – être archéologue, il est donc clair, en revanche, que tout archéologue
doit être historien.
Mais la nature même
des documents qu’il
utilise lui impose de
redoutables entraves.
Il doit songer,
d’abord, que la
présence d’un témoin
quelconque –
habitation, vase,
arme... – résulte
d’une série de causes
qui se succèdent, se
contrecarrent, se
renforcent ou se
combinent en une
chaîne dont la
complexité peut être,
en principe, infinie.
Si, par exemple, c’est
pour mettre en
culture un terroir nouveau qu’un groupe humain construit des habitations, cette cause
immédiate peut renvoyer à une nécessité économique ; celle-ci peut être née d’une
pression démographique et cette dernière à son tour peut s’expliquer par des
considérations sociologiques. Mais cet enchaînement ne laisse aucune trace et
l’archéologue, qui doit s’efforcer, sous peine de manquer à ses devoirs, de remonter du
témoin à ses causes, est encore plus mal loti que l’enquêteur qui doit remonter des
indices au coupable : les indices, pour lui, peuvent demeurer invisibles. Il est bien rare,
en outre, qu’une cause unique puisse rendre compte de l’existence d’un témoin ; si le
cas paraît se produire, il ne s’agit bien souvent que d’un raisonnement automatique,
comme celui qui associe, sans autre argument qu’une fragile vraisemblance, les
figurines préhistoriques aux croyances religieuses. Mais dans l’immense majorité des
cas, en fait, plusieurs interprétations sont possibles et l’archéologue doit, à chaque
étape, tâcher d’établir laquelle est la meilleure.
Un autre type de difficultés est lié à la signification des témoins, car elle peut être
extrêmement diverse. Dans le cas le plus simple, le témoin est un objet façonné (outil,
Via Veritas
246
arme, vase, jouet, habitation, tombe...) : l’homme s’est servi d’un matériau brut,
amorphe, et l’a transformé en un objet qui possède une forme et des propriétés définies ;
le témoin est alors le résultat d’une intention très précise. Mais il existe bien d’autres
possibilités.
Les archéologues sur le terrain
• C’est ainsi qu’une catégorie importante de témoins est constituée par des
déchets : déchets de fabrication, qui résultent inévitablement du façonnage des
objets (éclats de pierre, copeaux de bois, scories de métal...) ; déchets de
consommation, qui proviennent surtout des parties non comestibles des aliments
(écorces, peaux, pépins, noyaux, os, arêtes, coquilles...) ; déchets produits par
l’entretien et le nettoyage des espaces habités (poussières, gravats, immondices,
objets cassés ou usagés...).
• Une seconde catégorie, celle des traces, comprend des témoins nettement plus
fugaces : traces de façonnage (retouches, marques, empreintes digitales, coups
de pinceau, stries de tournage...), traces d’utilisation (lustre, ébréchures,
émoussement, usure...) et traces d’altération (décomposition, dé-formation,
décoloration, oxydation, combustion...).
• La troisième catégorie est celle des relations qui unissent les témoins matériels :
relations spatiales, dont on peut souvent inférer des rapports chronologiques ;
relations d’association, qui sont d’un intérêt capital pour l’interprétation des
vestiges ; relations de causalité, que l’on peut rarement mettre en évidence ;
relations de similitude, enfin, que l’on tend souvent à surestimer. Toutes ces
catégories ne sont pas chargées des mêmes significations : le déchet n’est, en
quelque sorte, que le négatif d’un acte volontaire, tandis que la trace n’est que le
reflet d’un tel acte ou celui d’un phénomène physico-chimique. Elles ne peuvent
donc pas être étudiées de la même façon : porteuses d’informations différentes,
elles appel-lent des méthodes différentes. Mais il est sûr, au moins, que les
relations méritent une attention toute particulière : ce sont elles, en effet, qui
donnent aux objets leur signification fondamentale et la plus grande part de leur
pouvoir informatif ; inversement, c’est leur rupture qui prive tant d’objets de
musée de l’essentiel de ce pouvoir. L’archéologue doit donc s’efforcer, autant
qu’il le peut, de faire apparaître ces relations dans les vestiges qu’il étudie.
Il doit tenir compte, enfin, de l’évolution
des témoins. Entre le moment où un objet
a été abandonné et celui où il le retrouve,
il se produit généralement toute une
évolution, qui dépend d’abord du matériau
qui constitue l’objet. Certains matériaux
(pierre, coquille, ivoire, terre cuite...) se
conservent longtemps et gardent leur
cohésion : même si les objets sont cassés
et superficiellement altérés, ils ne
disparaissent pas. D’autres (métaux, terre
crue...) se conservent également fort bien, mais peuvent perdre leur forme : il est alors
difficile, voire impossible, de les identifier. D’autres, enfin, sont périssables (bois et
fibres végétales ; peaux, tissus et papiers...) et l’on n’en retrouve des traces que dans des
cas exceptionnels (saturation par l’eau, dessiccation totale, carbonisation, empreintes...).
Via Veritas
247
À cette évolution propre des objets s’ajoute l’action du milieu (érosion, sédimentation,
action de la végétation, activité des animaux...) et surtout celle de l’homme, qui pille,
cultive, creuse, nivelle et construit à une échelle de plus en plus grande (bâtiments,
autoroutes, ports, aéroports, barrages, usines...) : les vestiges sont parfois détruits, le
plus souvent déplacés. La première préoccupation de l’archéologue doit être alors
d’imaginer, si faire se peut, l’état originel des vestiges et d’y replacer par la pensée les
objets qui ont disparu, c’est-à-dire de redresser et de compléter ce reflet doublement
déformé que les vestiges lui proposent à la fouille. Toutes ces limitations sont
importantes. Elles ne sont insurmontables que si on les oublie. Si l’on en a, au contraire,
une conscience claire, on en tiendra compte dans le déroulement même de la recherche,
on restituera au raisonnement la place qui doit être la sienne, on obtiendra des résultats
plus assurés et, mieux encore, on découvrira de nouvelles possibilités que l’insuffisance
de la réflexion oblitère fréquemment. La lucidité est en effet, ici comme ailleurs,
l’une des conditions du progrès.
Ainsi l’archéologie s’appuie sur des témoins et non pas que sur des raisonnements comme nous
laisse l’entendre le livre Étude perspicace.
La méthode de recherche
Les objectifs et les méthodes
Il ne suffit pas de dire que l’archéologie, comme l’histoire, a pour but la connaissance
des sociétés humaines du passé sous tous leurs aspects. Cette formulation très générale
n’est d’aucun secours pour l’organisation même de la recherche. Car celle-ci doit être
organisée en fonction d’objectifs plus précis, éminemment variables, mais toujours
particularisés. Que se passe-t-il, en effet, si comme on le fait souvent, on se donne pour
but de recueillir le plus d’informations possible sur le plus grand nombre de sujets
possible ? Tout d’abord la masse des données, littéralement infinie, submerge le
chercheur, déborde ses capacités d’enregistrement et dépasse sa puissance de synthèse,
et cet effet de saturation peut conduire à la paralysie de la recherche. En outre, une part
importante de ces données est dépourvue de signification et donc d’intérêt : à quoi sertil, par exemple, de connaître avec précision toutes les couleurs d’un tesson si elles
résultent de phénomènes aléatoires ? De toute façon, d’ailleurs, les capacités d’attention
de l’esprit humain sont limitées, comme le montrent les résultats des prospections, qui
accroissent avant tout le nombre des sites connus pour les époques auxquelles
s’intéressent les prospecteurs et fort peu celui des sites d’autres périodes.
Lorsque la recherche, en revanche, s’oriente vers des objectifs limités, lorsqu’elle
choisit de privilégier, dans l’éventail des directions possibles, une ou plusieurs d’entre
elles, elle bénéficie des avantages inverses : le nombre des données se réduit, leur degré
de précision est explicitement variable et leur manipulation devient plus commode ; on
peut en outre éliminer celles qui ne sont pas significatives et surtout concentrer
l’attention sur les objectifs retenus : outre l’effet de grossissement auquel on peut
s’attendre en pareil cas, on recueille alors les bénéfices d’une certaine préparation
intellectuelle. Cette préparation est en effet d’une importance décisive : c’est elle qui
explique que, dans la recherche scientifique comme ailleurs, on ne trouve d’abord que
ce qu’on cherche, c’est-à-dire que, comme l’a dit Pasteur, « le hasard ne favorise que les
esprits préparés ».
Comment s’opère ce choix des objectifs ? Il suppose d’abord, bien sûr, l’existence d’un
corps de connaissances, issu des recherches antérieures et reflétant, pour la région et les
Via Veritas
248
problèmes étudiés, l’état des questions en un moment donné. Cet ensemble, que tout
chercheur doit naturellement maîtriser, comporte déjà des lacunes, qui correspondent
aux problèmes non résolus. À cela viennent ensuite se superposer des observations
nouvelles ou, du moins, inattendues. Il peut arriver qu’elles passent inaperçues ou
restent dispersées : tout se passe alors comme si elles n’existaient pas. Mais si elles se
répètent ou si elles ont une certaine cohérence, elles peuvent attirer l’attention. Dès lors
el-les posent d’elles-mêmes une question : comment expliquer ces faits nouveaux,
que l’on peut qualifier d’aberrants par rapport aux connaissances initiales ?
Ce processus fort banal
aboutit alors à la
première étape de la
méthode expérimentale,
qui est commune à toutes
les sciences excepté les
mathématiques : il s’agit
de l’induction. Pour
tâcher de rendre compte
des observations
nouvelles, en effet, il faut
passer des faits aux idées,
des observations aux
propositions qui peuvent
les justifier, des indices
aux pressentiments qui les
expliquent. En formulant une hypothèse ou en supposant un fait, l’archéologue ne
fait donc que suivre une voie fort fréquentée. Il doit simplement vérifier que le
problème nouveau relève de sa compétence, c’est-à-dire avant tout qu’il dispose – ce
qui n’est pas toujours le cas – des documents nécessaires, et aussi qu’il présente un
intérêt suffisant, c’est-à-dire qu’il ne soit ni trop banal ni trop restreint ; ce souci de
rentabilité, qui n’a rien, lui non plus, de particulier à l’archéologie, y revêt cependant
une grande importance, puisque, comme nous l’avons vu, les documents archéologiques
sont grevés de multiples limitations et qu’en outre la recherche qui s’appuie sur eux est
particulièrement longue et complexe. Le problème retenu et l’hypothèse émise, il reste
à vérifier cette dernière. Cette démarche, prônée déjà par Francis Bacon (Novum
Organum Scientia-rum , 1620) et exposée avec une clarté magistrale par Claude
Bernard (Introduction à l’étude de la médecine expérimentale , première partie, 1865),
consiste d’abord à revenir des idées aux faits, par un mouvement déductif ou une phase
hypothético-déductive. Puisqu’on ne peut pas opérer de démonstration directe, ce
qui est le privilège des mathématiques, on cherche à vérifier l’hypothèse a
posteriori, par son efficacité logique ou sa valeur heuristique. Puis on revient aux
idées par une nouvelle induction et, si l’hypothèse se trouve vérifiée, elle devient
alors ce que la plupart des sciences appellent une loi, mais que l’histoire et
l’archéologie ne peuvent appeler, dans le sens le plus général du terme, qu’un fait
historique.
La recherche de la vérification suppose en premier lieu que l’hypothèse soit formulée de
la façon la plus claire et la plus précise possible. Comme par définition le chercheur à ce
stade ne dispose pas encore de toutes les données nécessaires, il est conduit à s’avancer
un peu au-delà de ce qu’il a observé. Cette anticipation de l’expérience, que Claude
Bernard n’hésitait pas à qualifier d’« idée préconçue », consiste en règle générale à
Via Veritas
249
dérouler les conséquences de l’hypothèse et à prévoir quelle sera leur traduction dans
les vestiges archéologiques : car seule cette traduction sera susceptible d’être vérifiée. Si
par exemple les indices initiaux ont conduit à formuler l’hypothèse qu’une région
donnée, à un moment donné, a subi une invasion, il faudra se préparer à rechercher les
indices matériels possibles de cet événement : construction d’ouvrages fortifiés,
présence d’armes et de projectiles, signes d’abandon, traces de destruction, témoignages
de rupture culturelle... En même temps, il faudra s’efforcer d’envisager toutes les
possibilités et de tenir compte de l’évolution prévisible des matériaux mis en œuvre.
Mais l’importance du raisonnement est encore plus décisive à l’étape suivante. Il s’agit
en effet de vérifier si, dans les données observables, on retrouve bien la traduction des
conséquences que l’on a prévues. Il faut pour cela revenir à la fouille ou, tout au moins,
aux documents archéologiques et aux relations qui les unissent. Mais il faut y revenir
avec un plan, une stratégie ou, plus simplement, une méthode : organiser tout un
ensemble d’opérations qui permette le contrôle souhaité et donne des résultats
clairs. Il ne peut donc pas s’agir de recourir à des recettes préétablies. C’est même
très précisément le contraire : il faut imaginer, dans chaque cas, la démarche qui sera
à la fois la mieux adaptée au but poursuivi et la plus rentable en fonction de
l’importance du problème posé. Autrement dit, les techniques particulières qui seront
mises en œuvre dans cette démarche n’auront pas d’intérêt par elles-mêmes – il n’y a
pas de sens à être pour ou contre le recours à l’observation stratigraphique, à l’analyse
spectrographique ou à l’informatique –, mais devront être jugées, comme partout, sur
leur efficacité. Celles qui permettront d’obtenir des réponses pertinentes et claires, pour
une somme d’efforts proportionnée à l’intérêt de l’entreprise, seront par définition les
meilleures.
Une autre difficulté vient ici de ce que le chercheur, trop attaché à son hypothèse, a
souvent de la peine à en reconnaître les faiblesses éventuelles. Il est clair pourtant que
s’il veut aboutir à une conclusion justifiée, il doit pratiquer le doute méthodique,
n’accepter que des résultats observés, mais les accepter tous, quelles qu’en soient
les conséquences. L’idée préconçue, dit Claude Bernard, n’est qu’« un moyen de
solliciter une réponse de la nature », le chercheur doit « écrire sous la dictée de la
nature » et « l’écouter jusqu’au bout » : il ne s’agit pas ici de nature, mais l’attitude doit
être la même. La question n’est donc pas, comme on l’imagine quelquefois, d’être
pour ou contre le recours aux hypothèses, aux « idées préconçues » et à la
subjectivité : il faut être pour dans un premier temps, contre dans un second. La
question n’est pas non plus d’être pour ou contre l’induction ou la déduction : il
faut d’abord utiliser l’induction, puis pratiquer la déduction et revenir enfin à
l’induction.
Au terme du processus, en effet, si l’hypothèse est infirmée, elle doit être remplacée ou
modifiée et de nouveau confrontée à l’observation. Si elle est confirmée, il faut alors la
transformer en certitude, lui donner le statut de fait établi. Il suffit pour cela de
remplacer la tournure interrogative ou dubitative par une tournure affirmative. Mais il
faut résister à la tentation d’introduire à ce stade le moindre élément supplémentaire qui
en accroîtrait indûment le champ d’application. On doit aussi savoir que les faits que
l’on établit ainsi ont rarement le caractère de la certitude absolue : le plus souvent ils
sont à évaluer en termes de probabilité, comme l’immense majorité des résultats
scientifiques. L’important est de reconnaître honnêtement cette probabilité et de
travailler à l’améliorer, pour obtenir de la réalité une représentation de plus en plus
efficace, permettant de prédire des faits insoupçonnés au départ.
L’archéologie, au total, ne se distingue guère – ou du moins ne devrait guère se
Via Veritas
250
distinguer – des autres sciences : ce sont les idées, beaucoup plus que les faits, qui
d’un bout à l’autre font la valeur des méthodes qu’elle emploie.
Commentaires de Via Veritas
La datation archéologique
Que pouvons-nous en conclure. Qu’en 1997, date d’impression du livre Etudes Perspicaces en
français, les rédacteurs occultent sciemment les dernières découvertes pour les méthodes de
datation !
« Toutefois, cette méthode n’est pas parfaitement exacte, comme le montre ce
commentaire de G. Wright (The Biblical Archaeologist, 1955, p. 46 »« Plus récemment,
The New Encyclopædia Britannica (Macropædia, 1976, vol. 5, p. 508) »
Cherchez dans le cédérom de la Watchtower. Vous ne trouverez sur le sujet qu’un Réveillez-vous
récent (22/09/86(sic)) qui avait abordé les méthodes de datation. On cite largement les propos d’une
conférence en Suède à Ursula en 1969. Cet article de 1986 se reposant lui-même sur un RV de 1972
qui se basait déjà sur la conférence de 1969 !!!
C’est impressionnant de voir comment la recherche avance et de voir les dernières avancées
techniques rapportées dans les Réveillez-vous !
Les sources ont entre 38 ans et 50 ans. !!
Il y a de quoi être "scotché" en voyant ça. Des sources aussi vieilles qui parlent d’une discipline
scientifique sur laquelle se repose l’ensemble des datations de l’humanité et de la Terre. 1969, c’est
la démission de De Gaulle et la guerre au Viet-Nam. Qui peut croire qu’il n’y a rien eu d’autre
depuis dans le domaine de cette science ? Et d’ailleurs, comment croire que ces quelques extraits de
cette conférence, représentent vraiment la pensée scientifique sur le sujet ? N’y a-t-il pas là dol106 ?
Pour étudier plus en détail cette question, voir notre article « La datation et le créationnisme ».
Le but de l’archéologie
L’encyclopédie Wikipédia nous dis ceci
L’archéologie représente souvent le seul moyen de connaître le mode de vie et les
comportements des groupes du passés. Des milliers de cultures et de sociétés, des
millions de personnes se sont succédées au cours des millénaires, pour lesquelles il
n’existe aucun témoignage écrit - aucune histoire - ou presque. Dans certains cas, les
textes peuvent être incomplets ou peuvent déformer la réalité.
L’écriture telle qu’on la connaît aujourd’hui est apparue il y a seulement 5 000 environ
ans et elle n’était utilisée que par quelques civilisations technologiquement avancées. Ce
n’est bien sûr pas par hasard que ces civilisations sont relativement bien connues : elles
ont fait l’objet de recherches de la part des historiens depuis des siècles, tandis que les
cultures préhistoriques ne sont étudiées que depuis le XIXe siècle. Mais même dans le
cas d’une civilisation utilisant l’écriture, de nombreuses pratiques humaines importantes
ne sont pas enregistrées. Tout ce qui concerne les éléments fondateurs de la
civilisation - le développement de l’agriculture, des pratiques cultuelles, des
premières cités - ne pourra être connu que par l’archéologie.
106En droit civil le dol est une manœuvre frauduleuse cherchant à porter préjudice aux intérêts de quelqu’un en l’incitant à accepter
des conditions désavantageuses. Or, la Watchtower nous a promis de dire la vérité !
Via Veritas
251
Présents du Grand et Puissant de Adab à la Grande Prêtresse, à l’occasion de son
élection au temple.Même quand des témoignages écrits existent, ils sont
systématiquement incomplets ou plus ou moins biaisés. Dans de nombreuses
sociétés, n’étaient alphabétisés que les membres d’une élite sociale, comme le clergé.
Les documents écrits de l’aristocratie se limitent souvent à des textes bureaucratiques
concernant la cour ou les temples, voire à des actes notariés ou des contrats. Les intérêts
et la vision du monde de l’élite sont souvent relativement éloignés de la vie et des
préoccupations du reste de la population. Les écrits produits par des personnes plus
représentatives de l’ensemble de la population avaient peu de chance d’aboutir dans les
bibliothèques et d’y être préservés pour la postérité. Les témoignages écrits ont donc
tendance à refléter les parti pris, les idées, les valeurs et éventuellement les
tromperies d’un petit nombre d’individus, correspondant généralement à une
fraction infime de la population. Il est impossible de se fier aux écrits comme seule
source d’information. Les vestiges matériels sont plus proches d’une représentation
fiable de la société, même s’ils posent d’autres problèmes de représentativité tels que les
biais d'échantillonnage ou la conservation différentielle.
Oui il n’est pas possible de se fier rien qu’à un livre, la Bible en l'occurrence, pour comprendre le
passé. Les rédacteurs du Comité de Rédaction de la Watchtower des articles sur l’archéologie le
savent bien. Mais ils se gardent bien de nous le dire !
A lire absolument pour comprendre l’archéologie
• Guide des méthodes de l’archéologie, de Jean-Paul Demoule
Ce guide de 2005 présente des notions générales sur le travail archéologique tel
qu’il se pratique actuellement, tout en le replaçant dans son histoire et au sein
des sciences humaines. Les auteurs s’adressent particulièrement à des
étudiants, mais tous ceux qui souhaitent s’initier à l’archéologie apprécieront
également ce guide. . Certes, les titres étaient loin d’être inexistants.
Cependant, soit les synthèses générales étaient en langue anglaise, soit les
ouvrages disponibles s’adressaient plutôt à un public d’étudiants plus avancés.
Bénéficiant de l’expérience de quatre enseignants-chercheurs, archéologues et
pédagogues reconnus et très complémentaires, ce manuel allie rigueur
scientifique et accessibilité.
• L’archéologie, de Philippe Jockey
Voici l’ouvrage à lire pour faire le point sur l’archéologie, ses enjeux, ses
différentes acceptions et ses méthodes. Aux antipodes d’une imagerie
traditionnelle centrée sur la figure de l’aventurier, l’auteur met au jour une
science qui répugne à la fois à la quête du bel objet et à l’individualisme.
S’inscrivant dans une perspective historique, Philippe Jockey, membre de
l’École française d’Athènes, retrace l’évolution de l’archéologie, de
l’Antiquité à nos jours, en tenant compte de tous ses aspects techniques,
théoriques et politiques. C’est ce dernier point qui attire plus particulièrement
l’attention dans le propos clair, dense et précis du chercheur : l’archéologie y
est présentée comme un enjeu culturel et politique primordial dans les sociétés
contemporaines dont l’histoire est délicate, comme la Syrie ou la Palestine. Sorti en 2001
• Et bien sûr l’inévitable La Bible dévoilée, commenté dans cet ouvrage !
Via Veritas
252
A la lecture de cet article, nous arrivons naturellement à la conclusion que les méthodes sont fiables,
les datations en archéologie ne varient que de +/- 50 ans, que les archéologues sont des scientifiques
comme les autres et que la Watchtower ne cherche qu’a décrédibiliser cette discipline car elle
bouscule les fondements de sa doctrine.
Nouvelle du net : Il existe un site qui attire les visiteurs. C’est L’histoire, l’archéologie
et la Bible Ce blog est tenu par un Témoin de Jéhovah nommé Yannick qui ne fait, ni
plus ni moins que copier/coller des publications de la Watchtower en agrémentant
d’images. J’avais rajouté 2 commentaires sur la contenance de l’arche et son
impossibilité mathématique à contenir tous les animaux et sur l’article de l’Evolution
( notamment sur l’utilisation dans le commentaire d’une citation tronquée de Darwin).
L’auteur a supprimé mes commentaires montrant ainsi la "sainte" pratique de la
censure intellectuelle jéhoviste. Tout ce qui contredit, hop ! à la poubelle ! Est-ce
honnête ?
L’armée de criquets
ou comment se crée le comportement grégaire.
Par Popper
Sur le site de Sciences & Avenir une étude intéressante sur la formation d’une armée de criquets est
expliquée
Comment se forme une armée de criquets
Quelques criquets isolés font de beaux dégâts dans un champ. Un essaim de criquets ruine toute une
récolte. Pour que se forme cet essaim, ce bataillon à l’intérieur duquel
[Image courtesy of Gabriel A. Miller]
les criquets avancent à l’unisson, il faut que le groupe ait atteint une
densité critique, expliquent Jerome Buhl (Université de Sydney,
Australie) et ses collègues dans la revue Science.
Ces chercheurs ont placé de jeunes criquets pèlerins (Schistocerca
gregaria) dans des espaces limités et ont fait varier la densité de la
population. Lorsque les criquets sont peu nombreux, ils suivent leur
propre chemin. Lorsque la densité atteint environ 25 acridiens, ils
adoptent un comportement grégaire et commencent à marcher tous
dans le même sens autour de l’arène. Au-delà de 30 individus dans
l’enclos (soit plus de 70 criquets au mètre carré), cinq minutes suffisent
pour que les criquets marchent au pas.
Ces densités correspondent à celles des essaims observés dans la nature, qui sont en moyenne de 50
criquets par mètre carré, sachant que les essaims qui s’abattent sur les champs mesurent parfois
plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres. Il suffit alors qu’un seul insecte trouve le chemin
de la nourriture pour que des centaines le suivent.
Via Veritas
253
Il est intéressant de noter que la Bible associe les sauterelles et les criquets à un fléau d’insectes au
comportement grégaire et arrivant en masse :
Lévitique 11:22 à savoir les diverses espèces de sauterelles et de criquets.
Deutéronome 28:41 Tous les arbres et tous les produits de vos terres seront la proie des
criquets.
2 Chroniques 6:28 : "Quand le pays sera frappé par la famine ou la peste, quand les
céréales sécheront ou pourriront sur pied, quand les sauterelles et les criquets arriveront en
masse, quand des ennemis opprimeront les Israélites jusque dans leurs villes fortifiées,
quand se produira n’importe quelle catastrophe ou n’importe quelle épidémie,
Psaumes 78:46 : Leurs récoltes livrées aux criquets,le produit de leur travail aux
sauterelles.
Psaumes 105:33 : Sur un autre ordre de Dieu arrivèrent des sauterelles,des criquets
pèlerins innombrables,
Joël 2:25 : Oui, dit le Seigneur, je vous dédommage,pour les récoltes dévorées par les
chenilles, les sauterelles, les hannetons et les criquets, cette grande armée d’insectes que
j’ai envoyés contre vous.
Le livre de l’Apocalypse ou Révélation en parle de la même manière :
L’armée de sauterelles
Révélation 9:7 - Tiré du livre "Révélation" publié par les TJ.
Apocalypse 9:3 Des sauterelles sortirent de la fumée et se
répandirent sur la terre ; on leur donna un pouvoir semblable à
celui des scorpions.
Apocalypse 9:7 Ces sauterelles ressemblaient à des chevaux prêts
pour le combat ; sur leurs têtes, il y avait comme des couronnes d’or, et leurs visages étaient
semblables à des visages humains.
Le 1er mai 1998, la Watchtower dans son magazine La Tour de Garde, a publié un article intitulé
"Le Jour de Jéhovah est proche". La définition de la sauterelle est faite ainsi :
Le mot hébreu yèlèq se rapporte au criquet ou sauterelle rampante, sans ailes, c’est-àdire à un stade immature de développement
Puis on étudie qui sont ces sauterelles.
En Yoël 1:6, mais aussi en Révélation 9:7, les sauterelles représentent les serviteurs de
Dieu"
et par cet article tout le monde conclut que ces serviteurs de Dieu sont les Témoins de
Jéhovah
L’article poursuit ainsi :
"À notre époque, l’armée de sauterelles représente les forces militaires composées de ce
que nous pourrions appeler les sauterelles ointes de Jéhovah, auxquelles sont désormais
associées quelque 5 600 000 personnes qui appartiennent aux “ autres brebis ” de Jésus
(Jean 10:16). Ne sommes-nous pas heureux d’appartenir à cette masse imposante
Via Veritas
254
d’adorateurs de Jéhovah ?"
"Les sauterelles de l’ère moderne ont donné un témoignage complet à “ la ville ”, c’està-dire la chrétienté (Yoël 2:9). C’est à travers toute la terre qu’elles ont rendu
témoignage. Elles continuent de surmonter tous les obstacles et de pénétrer dans des
millions de foyers, d’aborder les personnes dans la rue, ou de prendre contact avec elles
par téléphone ou par tout autre moyen possible, pour proclamer le message de Jéhovah.
Dans ce ministère incessant qu’elles effectuent en public et de maison en maison, elles
ont déjà diffusé des milliards de publications bibliques et elles en diffuseront encore des
quantités considérables."
Ainsi les Témoins de Jéhovah sont des sauterelles ou criquets.
Quand on revient à notre article de Sciences et Avenir on ne peut
que remarquer la comparaison saisissante.
Au départ les Témoins de Jéhovah furent des étudiants de la
bible ou chacun pouvait donner son avis, et au fur et à mesure
que le nombre grandissait les règles grégaires éradiquant la
critique et le doute sont apparues.
La création du comportement grégaire
Voici comment défini le dictionnaire de l’Académie Française le mot grégaire :
GRÉGAIRE. adj. des deux genres. T. d’Anthropologie. Qui vit par troupeaux. Animaux
grégaires. Figurément, il se dit des dispositions qu’ont certains hommes à s’agréger les
uns aux autres, certains individus à suivre docilement les impulsions du groupe où ils
se trouvent. Sentiment, opinion grégaire107.
La création de l’esprit grégaire se fait en référence à la plus haute autorité de l’univers, Dieu luimême.Ce que nous explique le Noyau Pensant108 des Témoins de Jéhovah dans la Tour de Garde du
01/02/1993 :
page 11 : Tous les êtres intelligents sont dans l’obligation d’être soumis à leur Créateur
parce qu’ils ont été créés pour le servir.
Négation du libre arbitre proné par les TJ, et si vous ne servez pas Dieu c’est que vous êtes bêtes et
stupides !!!
Puis on poursuit :
Jéhovah Dieu n’a pas laissé à chacun l’entière liberté de décider comment appliquer
dans sa vie les principes bibliques. Dès le début de l’histoire humaine, Dieu a utilisé des
humains comme canaux de communication [...]8 Les faits montrent qu’aujourd’hui
“l’esclave fidèle et avisé” est rattaché aux Témoins de Jéhovah et qu’il est représenté
par le Collège central de ces Témoins. Ce collège nomme, à son tour, des surveillants à
diverses fonctions - celles, par exemple, d’anciens et de représentants itinérants - pour
diriger l’œuvre sur le plan local. La soumission pieuse requiert de chaque Témoin qu’il
se soumette à ces surveillants conformément aux paroles d’Hébreux 13:17 : “Obéissez à
ceux qui sont à votre tête et soyez soumis, car ils veillent sans cesse sur vos âmes,
107Il est important de différencier l’esprit grégaire de l’esprit de solidarité. Lors d’une catastrophe humanitaire tel que le Tsunami
de 2004, c’est par amour du prochain que la majorité de la planète a voulut agir. Mais ce n’est pas un esprit dicté par quelqu’un
d’autre mais c’est notre compassion qui nous a poussé à agir ensemble en étant solidaire. Ainsi l’esprit de solidarité c’est
l’esprit humaniste qui parle , un esprit grégaire c’est l’esprit animal.
108 Plus spécifiquement le Collège Central ou en anglais Governing Body.
Via Veritas
255
comme des hommes qui rendront compte ; afin qu’ils le fassent avec joie et non en
soupirant, ce qui vous serait préjudiciable. [...]C’est suivre la voie de la sagesse que
d’accepter cette discipline.”
Voie de la sagesse ou la voix du groupe ? "Ne pensez-pas par vous même et obéissez, vous vous ne
savez pas, nous nous savons, et nous sommes mandatés par Dieu !" tonnent à longueur de temps ces
10 hommes en costume-cravatte de leur bureau de Brooklyn.
Comment continuer à obéir servilement comme ceci sans se dire que d’autres ont suivi cet exemple
convaincu du bien fondé de leur mission tel des criquets unis par la volonté de ne pas penser
autrement ?
Cela nous rappelle les heures les plus sombres de nos histoires où la négation de l’individu et la
mise en avant de l’esprit de groupe à entrainé les pires massacres et créant une irresponsabilité
collective. L’appartenance à une foule provoque une dissolution du sentiment de responsabilité de
l’individu. Cela provient à la fois de l’anonymat apporté par la foule que du sentiment d’impunité
dû au grand nombre109. Lorsque l’esprit critique est banni et le doute annihilé alors on accepte
l’inacceptable.
Massacre de la Saint
Barthelemy - 24 Aout 1572
Cela se manifeste chez les TJ,
lorsqu’ils prennent appui sur
une Bible en permanence qui
est censé être LA parole de
Dieu, en la déclarant Saintes
Ecritures, cette même Bible
qui justifie le massacre
d’innocents : de vieillards,
d’impotents, d’enfants, de
femmes enceintes, de bébés,
de nourissons !!! pour la
Guerre Sainte110 lors de la
conquête de la Terre Promise
puis refaite ensuite par les rois
choisis par Dieu.
Deutéronome 20:16-17
Quant aux villes du
pays que le Seigneur
votre Dieu vous
donnera en possession,
vous n’y laisserez
personne en vie. Vous
exterminerez totalement les Hittites, Amorites, Cananéens, Perizites, Hivites et Jébusites,
comme vous l’a ordonné le Seigneur votre Dieu,
109 Il est important de souligner que le but de cet article n’est pas de comparé les Témoins de Jéhovah à des ayatollah ou des fous
de Dieu. Cela serait mal aisé. Les Témoins de Jéhovah ont payé aussi un lourd tribut tout au long de leur histoire, tout ceci pour
avoir refuser de porter les armes. On ne peut que saluer leur courage. Toutefois, il convient de noter que ne pas participer à la
guerre et cautionner la Bible sur les génocides rapportés présente un dysfonctionnement cognitif.
110 (Josué 10:25) Puis Josué leur dit : “ N’ayez pas peur et ne soyez pas terrifiés. Soyez courageux et forts, car c’est ainsi que
Jéhovah fera à tous vos ennemis contre lesquels vous faites la guerre
Via Veritas
256
Deutéronome 3:6 "et nous les détruisîmes entièrement, comme nous avions fait à Sihon, roi
de Hesbon, détruisant toutes les villes, hommes, femmes, et enfants.
1 Samuel 15:3 Eh bien, va les attaquer maintenant, détruis complètement tout ce qui leur
appartient, sans pitié. Mets à mort tous les êtres vivants, hommes et femmes, enfants et
bébés, boeufs et moutons, chameaux et ânes.’ "
1 Samuel 22:19 Quant à Nob, la ville de ces prêtres, Saül y fit massacrer les hommes, les
femmes, les enfants et les bébés, de même que les boeufs, les ânes, les moutons et les
chèvres.
C’est cette même guerre sainte et pure que nous devons attendre pour Har-Maguédon ? Qu’on nous
somme d’aller annoncer de porte en porte tel des sauterelles ? "Dieu va intervenir, c’est bientôt son
jour de la colère !!!"
Des bébés, des enfants, des femmes enceintes, des femmes, des hommes
innocents, méritent-ils de mourir dans un grand carnage ? Quel crime ont-ils
commis ? Les TJ affirment que les parents seront responsables de leurs enfants,
de leurs bébés lors de ce carnage final. Ainsi ces enfants innocents doivent-ils
mourir ?
OUI suivant la TG du 1er février 1985 :
Le carnage provoqué par la guerre d’Har-Maguédon sera si terrible qu’il est
dépeint comme “la moisson de la terre”, une moisson qui s’effectue à l’aide d’une
faucille affilée. Nous lisons encore : “Et l’ange a mis sa faucille sur la terre et a
vendangé la vigne de la terre, et il l’a lancée dans le grand pressoir de la colère de Dieu.
Et le pressoir a été foulé hors de la ville et, du pressoir, il est sorti du sang jusqu’aux
mors des chevaux, sur une distance de mille six cents stades.” - Révélation 14:15-20.
Oui, le sang coulera à flots lorsque les forces exécutrices de Dieu passeront à l’action.
Les 69 millions de morts des deux guerres mondiales paraîtront bien peu de chose en
regard du nombre des victimes de la bataille divine d’Har-Maguédon. À ce propos le
prophète Jérémie a écrit : “Et assurément les tués de Jéhovah, en ce jour-là, se
trouveront d’un bout de la terre jusqu’à l’autre bout de la terre. On ne se lamentera pas
sur eux, ils ne seront pas recueillis, et ne seront pas enterrés. Ils deviendront comme du
fumier à la surface du sol.” - Jérémie 25:30-33.
Les projectiles enflammés, les pluies de feu et les autres phénomènes cataclysmiques
par lesquels s’exprimera le jugement divin sèmeront la terreur parmi les humains. Dans
l’affolement général, chacun se tournera contre son prochain, tandis que les armées
chargées de l’exécution frapperont en tout lieu, sans distinction d’âge ou de sexe. Dieu
leur a en effet ordonné de ne pas faire de quartier. Voici ses directives : “Frappez. Que
votre œil ne s’apitoie pas, et n’éprouvez aucune compassion ! Vieillard, jeune
homme, et vierge, et petit enfant, et femmes, vous devrez les tuer - jusqu’à
suppression.” - Ézéchiel 9:5, 6 ; Zacharie 14:12, 13111.
La récompense d’Har-Maguédon pour la majorité des humains ? LA MORT ! Quelle bonté divine.
Oui, il faut continuer à être des sauterelles ou des criquets pour refuser de voir ces aberrations et
111 Plus loin dans l’article, le ton se veut plus neutre en disant que Dieu fera "une sélection". Après tout Dieu est amour, alors il ne
permettra pas que des enfants et des femmes enceintes souffrent raisonnera tout TJ un peu sensible. On ne sait comment, et cela ne
nous regarde pas. Puis après, il faut présenter les signes des derniers jours en Luc 21. Lorsqu’on lit le verset 23 il est dit
Malheur aux femmes enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Car il y aura grande détresse sur le pays et
colère contre ce peuple
Alors, il faudrait savoir !!!
Via Veritas
257
horreurs qu’on nous demande d’annoncer. Nier son esprit humain pour prendre l’esprit animal et
grégaire et ainsi marcher au pas.
Témoins de Jéhovah | Résolution proposée lors de l’assemblée « la
délivrance est proche ! » 2006T
Bernard Blandre, historien et auteur du livre « Témoins de Jéhovah – un siècle d'histoire » nous
livre un commentaire critique de la résolution.
Voici le texte de la résolution présentée, lors d’un discours public, à toute l’assistance lors de
l’Assemblée de District 2006 des Témoins de Jéhovah.
"(...)nous, Témoins de Jéhovah réunis à cette assemblée « La délivrance est proche ! » prenons la
résolution que voici :
• Premièrement : En raison de notre amour pour Jéhovah et pour notre prochain, nous
sommes déterminés à intensifier notre témoignage auprès du monde des humains, quelles
que soient leur race, leur nationalité, leur langue ou leur situation sociale - Actes 10 :
34,35 ; Rév. 7 : 9 ; 14 : 6.
• Deuxièmement : Ayant fait à Dieu l’offrande sans réserve de notre personne, nous sommes
déterminés à accorder à Jéhovah un attachement exclusif. C’est lui qui a la première place
dans notre vie ! Ex. 20 : 3-5.
• Troisièmement. De même que Jésus n’a pas fait partie du monde, de même nous n’en faisons
pas partie de la société humaine éloignée de Dieu.
• Quatrièmement : Par fidélité à Jéhovah et à son Fils, Jésus, nous sommes fermement
résolus à ne pas transiger avec les principes justes de la Bible.
• Cinquièmement : Nous refusons catégoriquement de nous associer à de vains mouvements
œcuméniques ou à des actions sociales ou à d’autres projets cherchant à faire durer un
système que Dieu a condamné parce qu’il est voué à l’échec - Is. 8 : 9, 10.
• Sixièmement : Nous continuerons d’accorder une soumission relative aux autorités dûment
constituées, c’est-à-dire que nous donnerons respectueusement à César ce qui appartient à
César et rendrons à Dieu les choses qui reviennent à Dieu. Nous ne prenons pas parti ni ne
nous impliquons dans les controverses politiques - Mat. 22 : 21 ; Rom. 13, 1-7 ; Tite 3 : 1.
• Septièmement : Nous résisterons de toutes nos forces à l’esprit du monde qui se manifeste
entre autres par le matérialisme, les distractions malsaines, les excès de nourriture et de
boisson, le fléau qu’est la pornographie ; nous résisterons aussi à la curiosité ou à la
tentation qui pourraient nous inciter à fréquenter de près des inconnus par des dialogues
en ligne sur Internet. Nous sommes résolus à ne pas faire partie du monde et à continuer de
pratiquer le culte qui est pur du point de vue de notre Dieu - Jean 15 : 18,19 ; Jacq. 1 : 27.
De toutes ces manières, nous sommes déterminés à montrer que nous ne faisons pas partie du
monde, et nous le manifestons dans tous les aspects de notre vie et dans nos rapports avec autrui.
Via Veritas
258
Avec l’aide et la force que Dieu donne ainsi qu’avec le soutien de sa Parole inspirée, nous
garderons l’attitude équilibrée que préconisent les Ecritures durant cette époque de détresse et de
bouleversements.
Nous, Témoins de Jéhovah, sommes résolus à demeurer séparés du monde conformément aux
excellents principes bibliques. Nous sommes absolument déterminés à conserver cette position afin
d’avoir la faveur et l’approbation de Dieu. Nous espérons par conséquent survivre à la fin du
présent système de choses méchant et entrer dans un monde nouveau, un monde de pureté et de
justice, un monde sans fin dans lequel Dieu nous fera don de la vie éternelle.
Que tous ceux qui souhaitent adopter cette résolution disent OUI ! »
Et voici le commentaire que cette résolution a suscité chez l’historien Bernard Blandre,
commentaire que nous reproduisons avec son aimable autorisation.
Cette résolution a été adoptée lors des grandes assemblées que les Témoins de Jéhovah ont tenues
lors des mois de juillet - août 2006. Dans sa forme, elle ressemble beaucoup à celles prises
antérieurement : affirmation de la soumission à Dieu - Jéhovah - , décision de respecter quelques
grands principes concrets ou généraux, appui de chaque point sur quelques versets bibliques qui lui
donnent une justification religieuse. Pas de vote, mais adoption par un « oui ! » voulu unanime, la
dynamique de groupe pouvant entraîner les réticents (qui peuvent cependant se taire à ce moment).
Le contenu du texte montre un grand conservatisme
Les Témoins de Jéhovah continuent à se situer dans le contexte religieux habituel : le monde est
mauvais, il est proche de sa fin. Il va subir une « grande tribulation » sans pareille. Rien de
fondamentalement nouveau : S’appuyant sur des textes bibliques datant de près de vingt siècles
condamnant un monde très différent de l’actuel (paganisme d’autrefois, christianisme occidental de
nos jours), les Témoins de Jéhovah continuent d’affirmer que les phrases de Jésus et de ses disciples
s’appliquent à notre époque ; c’est typique de la mentalité millénariste. Cette remarque vaut aussi
pour la « grande tribulation » dans laquelle on retrouve le « temps de troubles » déjà décrit par deux
précurseurs des Témoins de Jéhovah, Russell et Barbour. Cette proximité de la fin d’un monde
mauvais justifie l’intransigeance : il ne faut pas se compromettre avec ce « système de choses »
voué à une disparition prochaine.
Ce qui n’est pas nouveau, mais ce qui attire le plus l’attention, c’est l’insistance à affirmer que les
Témoins de Jéhovah ne font pas partie du monde. Dans ce texte relativement court, c’est répété six
fois. Concrètement, cela aboutit à réaffirmer le rejet de toute forme d’œcuménisme religieux, à ne
pas s’engager dans des actions sociales et humanitaires dont le but est d’améliorer ce monde
condamné, à s’abstenir de tout engagement politique (y compris le simple vote, puisque voter, c’est
prendre parti), à rejeter des comportements réprouvés par une morale puritaine et - précision
montrant le refus de s’adapter à des comportements modernes - refuser de participer à des échanges
épistolaires sur Internet (ce qui, semble - t’il, n’interdit pas aux Témoins de dialoguer entre eux par
écrit sur la toile).
L’attitude prônée est l’intransigeance sur les principes bibliques et l’exclusivisme : Jéhovah - Dieu
d’abord. Cet exclusivisme et ce rejet délibéré du monde sont caractéristiques de ce qu’en sociologie
on appelle une secte112. On sait qu’avec le temps une secte s’assagit pour devenir une dénomination.
Si l’on tient compte de l’époque de leurs précurseurs, les Témoins de Jéhovah ont au moins deux
112 Noter que dans le langage de la sociologie, le mot « secte » n’a pas de connotation péjorative. Chacun est libre d’apprécier la
mentalité jéhoviste comme il veut.
Via Veritas
259
siècles d’existence ; ils ne sont toujours pas passés d’un stade à l’autre - s’ils franchissent un jour ce
pas. Cette résolution marque peut-être un durcissement contre une amorce d’évolution : connu
comme n’étant pas témoin de Jéhovah, je suis en relation avec plusieurs par Internet. On sait par
ailleurs que dans certaines circonstances des congrégations françaises de témoins de Jéhovah ont
fait des dons à des centres communaux d’action sociale, ce qui est condamné par le cinquième point
de la résolution. En lisant l’ensemble, on ne remarque qu’une seule concession : la distinction entre
deux conceptions du mot « monde » : le « monde » rejeté est « la société humaine éloignée de
Dieu » et non l’humanité en tant que telle. C’est le système qui est rejeté, pas l’Homme. Les
Témoins de Jéhovah échappent ainsi à l’accusation de haine contre le genre humain, déjà formulée
contre les premiers chrétiens.
A quel type de secte les Témoins de Jéhovah sont-ils invités à appartenir par
cette résolution ?
Il ne s’agit pas de détruire le monde. Le point 6 admet le principe d’une « soumission relative » aux
autorités institutionnelles, et celui du paiement des impôts si l’on tient compte du contexte dans
lequel Jésus prononça sa phrase sur César et Dieu. Le texte n’envisage pas la possibilité de changer
le monde par des voies politiques ; mieux : il réaffirme le principe de la « neutralité chrétienne »
(l’abstention de tout engagement politique). Les Témoins de Jéhovah sont invités à rester à l’écart, à
attendre la fin du présent système de choses, et en attendant à se borner à mener une bonne vie
chrétienne et à limiter leur action à une intensification du prosélytisme. Ce comportement est
typique de ce qu’en sociologie on appelle une « secte passive ».
C’est exactement ainsi que j’ai été amené à présenter les Témoins de Jéhovah dans un livre datant
de 1991. Depuis, cette résolution de 2006 invite à ne pas changer. Les dirigeants jéhovistes restent
fermes sur leurs principes.
Bernard Blandre
Première publication de ce texte dans Mouvements religieux de juillet 2006 (AEIMR, B.P. 70733, F.
57207 Sarreguemines cedex)
Indications bibliographiques
Je me bornerai ici à mentionner deux de mes travaux :
• Bernard BLANDRE, Les Témoins de Jéhovah, éditions Brepols, collection « fils
d’Abraham », notamment les pages 138 - 140 pour l’identification des Témoins de Jéhovah
à une secte passive.
• ID., « Qu’est-ce qu’une secte ? » cahier Sectes, petites églises et réseaux mystiques 1999
(édité par l’A.E.I.M.R., B.P. 70733, F. 57207 Sarreguemines cedex).
Via Veritas
260
Watchtower et ONU
Une coopération de 10 ans !
Par Popper
Les Témoins de Jéhovah ont été associés à l’ONU en tant qu’ONG pendant 10 ans. Quand le
journal The Guardian le révèle, la société Watchtower se disassocie immédiatement et clame qu’elle
ne le savait pas.
La société Watcthower a-t-elle été associée avec l’ONU pendant 10 ans ?
La réponse est OUI !
Votre enquêteur préféré, a voulu découvrir les faits derrière ce scandale peu connu des Témoins de
Jéhovah francophones.
Je me suis basé sur
• un beau site réalisé par un Témoin de Jéhovah (sans nul doute proche du Bethel vu les
informations qu’il possède) qui clame l’innocence de la Watchtower et accuse les apostats de
créer une conspiration inexistante :Jehovah Judgement (en anglais)
et sur 3 sites d’avis contraires
• Watchtower et United Nations (anglais)
• Brooklyn Tower
• L’étude de Charles Chasson - Les preuves définitives de l’association de la Watchtower avec
l’ONU
A retenir : Parmi les différents organes de l’ONU, il y a le Secrétariat - Ce secrétariat a sous
sa compétence le Departement Public d’Information, spécialement la Bibliothèque Dag
Hammarskjöld (DHL). C’est à ce département que la société Watchtower s’est associée
pendant 10 ans, non pas comme lecteur libre de la bibliothèque de l’ONU mais comme une
Organisation Non Gouvernementale. La différence est de taille !
Chronologie
• 1991 : BARRY L.W (membre du Collège Central) et AULICINO Ciro (Département de la
Redaction) inscrivent la société Watchtower au Département de l’Information de l’ONU
(DPI) (preuve n°1) soi-disant pour avoir accès à des volumes disponibles uniquement dans
ce lieu et pour la rédaction des publications de la Watchower.
• 1992 - Suivant la direction jéhoviste, ils n’ont plus la possibilité d’avoir accès à ce
département sans pouvoir être inscrit en tant qu’Organisation Non Gouvernementale.
Voir la lettre du Siège
Ils s’y inscrivent alors que les conditions d’inscriptions en tant qu’ONG sont très claires dès
Via Veritas
261
cette époque.
En 1968, le Conseil économique et social, par la résolution 1297 (XLIV) du 27 mai, a demandé au
Département de l’information d’associer les ONG, en gardant à l’esprit la résolution 1296 (XLIV)
du 23 mai 1968, qui stipule qu’une ONG « ...doit s’engager à aider l’Organisation des Nations
Unies, dans son oeuvre et à faire connaître les principes et les activités des Nations Unies,
conformément à ses propres buts et desseins ainsi qu’à la nature et à l’étendue de sa
compétence et de ses travaux.113 »
L’auteur du site Témoin de Jéhovah essaie d’expliquer, par une argumentation tirée par les
cheveux , qu’en remplissant le document d’inscription de 1991, cette reconnaissance en tant
qu’ONG n’était pas précisée. Non seulement, le document qu’il nous présente est vide mais de plus
qui pourrait croire qu’il suffit de remplir un document de 4 pages pour être reconnu comme
ONG ???114 Il faudrait croire qu’ils ont rempli les formulaires sans y faire attention, alors que
depuis des dizaines d’années, ils fustigent les organisations religieuses qui s’associent de près ou de
loin avec la bête sauvage !
• 1994 Un fascicule de l’ONU rappelle aux ONG inscrites leurs obligations : page 6 :
• partagent les idéaux de la Charte de l’Organisation des Nations Unies ;
• opèrent seulement sur une base non lucrative ;
• ont démontré un intérêt pour les activités de l’ONU et ont prouvé leur capacité à sensibiliser
des audiences larges ou spécialisées telles que les éducateurs, les représentants des médias,
les responsables politiques et le monde des affaires ;
• ont la volonté et les moyens de conduire des programmes d’information efficaces sur les
activités de l’ONU en publiant des lettres d’information, des bulletins et des pamphlets, en
organisant des conférences, séminaires et tables rondes, et en s’assurant la coopération des
médias.
La société Watchtower sera inscrite comme ONG avec pour mission « la liberté de religion »,
« l’Environnement », « l’Education » et « Communication et Média ».
• 1996 Un changement.
L’ECOSOC adopte une résolution. Le partenariat entre les ONG ayant le statut
consultatif aupres de l’ECOSOC et l’ONU doit être plus important .
Preuve Les ONG doivent s’engager encore plus pour promouvoir les actions de l’ONU. Cela
ne concerne pas la Watchtower. C’est un argument fallacieux utilisé par certains Témoins de
Jéhovah sur leurs sites perso.
• 1997 La Watcthower est toujours affiliée comme ONG.
Preuve n°1 et n°2
• 1998 Le Reveillez-vous du 15 Novembre 1998 est clairement une apologie du travail réalisé
à l’ONU.
• 1999 L’inscription est refaite comme chaque année ! Cette fois-ci les missions de la société
Watcthower concerne d’autres sujets que l’on retrouve dans les abréviations du document
officiel.
DIS : Désarmement.
HR : Droits de l’Homme
WOM : Le statut des femmes.
PEA : La Paix et la Sécurité internationale.
113 Voir les définitions officielles se basant sur le texte de 1968.
114 La preuve que non.
Via Veritas
262
Vous avez bien lu la Paix et la Sécurité Internationale ! Alors qu’ils affirment dans leurs
publications que la Paix et la Sécurité ne peuvent venir de l’ONU !
• 3-5 octobre 2000 Les Témoins de Jéhovah sont recencés comme une ONG pour le forum
VILNIUS dédié à l’Holocauste.
Preuve
• 11 septembre 2001 Après les attentats sur les Twin Towers, la sécurité est renforcée. Alors
qu’auparavant des étudiants et des chercheurs pouvaient obtenir l’accès à la bibliothèque
avec un « pass temporaire », dorénavant seuls les membres de l’ONU et ceux des ONG
peuvent y avoir accès.
Preuve
• 8 octobre 2001 Stephen BATES, un journaliste du Guardian révèle que les Témoins de
Jéhovah sont associés à l’ONU depuis maintenant 10 ans ! Il avait interrogé le service presse
du Bethel mais personne ne lui avait donné de réponses convenables.
L’article
• 9 octobre 2001 La Watchtower se désengage officiellement de l’ONU en pretextant plus
tard que c’était pour avoir un bagde d’accès à la librairie de l’ONU. Ce qui est faux.
Preuve n°1
n°2
La preuve du désengagement
• 15 octobre 2001 Stephen BATES du Guardian traite d’hypocrites les dirigeants des
Témoins de Jéhovah dans son article.
L’article .
Lire la traduction
• 22 octobre 2001 Paul Gillies, du Service Presse du Bethel de Londres, dit que Stephen
Bates s’est trompé et que c’était pour avoir un accès à la bibliothèque des Nations Unies !
lettre
• Semaine du 22 octobre 2001 Stephen BATES se moque de Paul Gillies et de son
hypocrisie. C’était auprès de lui qu’il avait demandé les informations. Et le fait qu’ils se
soient retirés de l’ONU aussi vite prouve qu’il n’avait pas la conscience nette.
L’email
• Octobre 2001 En Caroline du Sud (USA), Ciro AULICIINO (celui qui avait inscrit la
Watcthower en tant qu’ONG) fait un discours à une assemblée. Il vomit tout ce qu’il peut
sur l’ONU et le 11 septembre est un pivot dans l’histoire prophétique !
Son discours Le futur qui nous attend est disponible sur le net.
• 1er Novembre 2001 Une lettre du Bethel de Brooklyn envoyée à toutes les filiales
expliquent que l’association avec l’ONU était nécessaire pour l’accès aux recherches
universitaires et que la société Watchtowsr s’est désormais retirée car les critères ont changé
pour les ONG.
La lettre dont voici la traduction :
SIEGE CENTRAL DES TEMOINS DE JEHOVAH
1er Novembre 2001
Aux filiales
A cause d’allégations publiés par des opposants sur le fait que nous aurions des liens
secrets avec l’ONU et parce que de nombreuses filliales nous ont demandé ce qu’il en
Via Veritas
263
était, nous avons répondu. Cette circulaire remplace toutes les réponses que nous
avions données auparavant et est transmise à l’ensemble des filiales. Chaque filiale
pourra donner la réponse suivante sur ce qui a fait tant de bruit :
Le but recherché lorsque nous nous sommes fait enregistrer en tant qu’ONG en 1991 au
Département Public d’Informations était d’avoir accès à la bibliothèque des Nations
Unies afin de faire des recherches sur la santé, l’écologie, et les problèmes sociaux.
Nous avons pu utiliser la bibliothèque pendant de nombreuses années avant 1991 mais
en 1991 il fut nécessaire de s’enregistrer en tant qu’ONG pour pouvoir continuer à
avoir l’accès. Les documents transmis par l’ONU que nous avions remplie ne
comportaient rien en contradiction avec nos croyances chrétiennes. De plus, les ONG
sont informés par l’ONU que « le statut d’ONG n’implique pas qu’elle fasse partie du
système de l’ONU, ni qu’elle accorde à ses membres associés ainsi que son personnel
quoique ce soit comme privilège, immunité ou statuts spéciaux ».
Depuis, les critères pour être considérés comme Organisation Non Gouvernementale
ont changé et ils contiennent un langage que nous ne pouvons admettre. Quand nous
l’avons appris, nous nous sommes immédiatement désengagés. Nous serions
reconnaissants que cette information attire votre attention.
Nous sommes confiants que les informations données ci-dessus vous permettront de
contrecarrer les attaques de nos opposants qui cherchent à nous discréditer.
Soyez assurez chers frères, de tout notre amour fraternel.
Vos frères
Le Comité Directeur.
• 24 janvier 2002 La liste 2001- 2002 des ONG révèle que la Watchtower est associée en tant
qu’ONG et que depuis la mort de Loyld Barry c’est Don ADAMS (président de la
Watcthower) qui le remplace sur cette liste.
• 18 Mars 2002 L’ONU confirme que les critères sont les mêmes depuis 1991 et qu’ils n’ont
forcé aucune ONG pour être membre du DPI.
La lettre
• 4 Mars 2004 L’ONU, sous le flot de demande de la part des membres TJ si c’est un canular
ou pas, met à disposition sur son site une lettre officielle en ce qui concerne les relations
entre la Watcthower et l’ONU.
La lettre officielle et sa traduction :
4 mars 2004
A qui de droit,
Le département de l’information publique de l’organisation des Nations unies à
récemment reçu de nombreuses requêtes au sujet de l’association de la Watchtower
Bible and Tract Society of New York avec le département de l’information publique
(DPI). Cette organisation a déposé une demande pour s’associer au DPI en 1991 et a
été reconnue en 1992. En acceptant l’association avec le DPI, cette organisation a
accepté de se plier aux critères d’association, cela comporte le respect et le soutien des
principes de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’un engagement international
consistant à mener des programmes concrets d’information auprès de ses membres
ainsi qu’à l’égard d’une audience élargie au sujet des activités des Nations Unies.
En octobre 2001, Giro Aulicino, le représentant principal de la Watchtower Bible and
Via Veritas
264
Tract Society of New York a demandé que l’on mette fin à l’association de cette
organisation avec le DPI. Donnant suite à cette requête, le DPI à décidé d’exclure la
Watchtower Bible and Tract Society of New York le 9 octobre 2001.
Sachant qu’il est d’usage de tenir confidentielle la correspondance entre les Nations
Unies et les ONG associées au DPI, voici le paragraphe qui a été envoyé à toutes les
ONG, dont l’association avec le DPI a été approuvée en 1992.
« L’intérêt principal de l’association entre des ONG et le DPI de l’ONU est la diffusion
de l’information dans le but de faire connaître à un public élargi les principes, les
activités et les réalisations des Nations Unies et de leurs agences. Par conséquent, il est
important que vous nous teniez au courant du programme d’information de votre
organisation, en ce qu’il est lié aux Nations Unies et que vous nous envoyiez des
extraits de vos publications importantes. Vous trouverez ci-joint une brochure sur "les
Nations Unies et les ONG" qui vous donnera des informations sur les relations avec les
ONG. »
De plus les critères permettant une association entre une ONG et le DPI sont les
suivants.
• Que l’ONG partage les principes de la Charte des Nations Unies.
• Ait uniquement une activité à but non lucratif.
• Que l’ONG ait un intérêt avéré pour les buts des Nations Unies et une capacité
ayant fait ses preuves de toucher une audience étendue, telle que des
enseignants, des représentants de médias, le monde politique et la communauté
des affaires.
• Que l’ONG s’engage à mener des programmes d’informations concrets à
propos des activités des Nations Unies, en publiant des lettres d’informations et
des bulletins, en organisant des conférences, des séminaires et des tables
rondes ; en incluant la coopération des médias.
Comme nous ne sommes pas en mesure de répondre aux multiples demandes
concernant la Watchtower Bible and Tract Society of New York qui sont directement
acheminées à nos bureaux, nous comptons sur le fait que vous partagiez cette
information avec vos collègues concernés. Merci de l’intérêt que vous portez au travail
des Nations Unies.
Sincèrement Paul Hoeffel
• Juin 2005 Pensant que la tempête est passée, on retrouve les Témoins de Jéhovah comme
ONG au sein de l’OSCE, avec devinez qui ? Paul Gillies !. De plus, au Nicaragua, ils ont
participé à l’opération de l’Organisation Mondiale de la Santé (qui est une filiale de l’ONU)
« Le sang sauve des vies ».
Page 53
Of particular note was the presence of Jehovah’s Witnesses at the event.
(...)
All participants expressed their gratitude to the humanitarian actions of voluntary blood
donors.
Via Veritas
265
A méditer
Qui à votre avis, qui signait chaque année ce formulaire ?
Un simple bibliothécaire subalterne de l’association ? Non.
Un bibliothécaire ou un chercheur du Comité de Rédaction n’a pas le pouvoir d’associer son
organisation à l’ONU, seul un membre dirigeant peut le faire.
En l’absence des documents fournis par la Watchtower à l’ONU (que le bureau DPI ne veut pas
fournir car confidentiels), nous sommes obligés de chercher dans l’annuaire que publie chaque
année l’ONU. Et nous trouvons les noms des membres dirigeants qui ont accolés leur signatures !
• Lloyd BARRY (college central)
• Don Adams (college central)
• Robert Johnson (porte-parole officiel de la Watchtower à cette époque et membre du
Comité au Département)
• Circo Aulucinio (membre du Comité de Rédaction)
Pourquoi ont-ils fait ça ?
Une étude précise et complète est faite sur le site Brooklyn Tower. Les raisons invoquées sont
logiques et raisonnables. De plus, les multiples références listées montrent bien que la Watchtower a
participé aux diffusions d’informations requises pour avoir le statut d’ONG et a respecté son
programme d’information (voir Reveillez-Vous du 22 juillet 2001, page 3 et page 4.
Interessant aussi le témoignage de Barbara ANDERSON sur les mercredis après-midi de Circo
AULICINIO. Barbara nous apprend qu’au service de rédaction, dont elle faisait partie, tous les
mercredis après-midi, il partait en ville. Il lui confirma avoir reçu un pass spécial qui lui donnait la
possibilité de circuler librement à l’ONU et d’avoir accès à la librairire. Toutefois, pour Barbara, le
Reveillez-vous du 8 septembre 1991 avait déjà une attitude volontairement positive envers l’ONU
(voir dernier paragraphe, page 10) alors qu’il faut 7 mois pour qu’un article en préparation passe
dans l’article disponible au public. Plusieurs personnes étaient au courant de ces possibilités
d’accès.
S’il est vrai qu’il est difficile de prouver les aides financières auxquelles la Watchtower a eu droit en
tant qu’ONG, le but d’une ONG est de clairement aider l’ONU à un monde plus démocratique et
avec plus de libertés115.
Notez bien le rôle entre le DPI et les ONG : texte officiel.
Le Département de l’information et les ONG coopérent régulièrement. Les ONG
associées au Département de l’information disséminent l’information concernant
l’ONU à leurs membres, permettant d’approfondir la connaissance et le soutien de
l’Organisation à la base. La diffusion prend les formes suivantes :
Publicité sur les activités de l’ONU de par le monde sur des questions telles que la
paix et la sécurité, le développement économique et social, la défense des droits de
l’homme, les affaires humanitaires et le respect du droit international.
Promotion des célébrations et années internationales proclamées par l’Assemblée
générale, afin d’attirer l’attention mondiale sur des questions importantes confrontant
l’Humanité.
115 Rôle ONU-ONG
Via Veritas
266
A la section Comment le Département de l’information assiste-il les ONG ?, de nombreuses
explications sont données :
La Section du Département chargée des ONG au siège des Nations Unies fournit un
certain nombre de services à ses organisations associées. Par exemple, la Section :
• organise et coordonne, en collaboration avec le Comité exécutif du Département
de l’information chargé des ONG, la Conférence annuelle des organisations non
gouvernementales. Ce forum international réunit des hauts fonctionnaires de
l’ONU, des ONG internationales prééminentes, des académiciens, des
leaders d’opinion et les représentants des médias internationaux pour
discuter des questions d’intérêt global.
• organise des réunions d’information hebdomadaires pour la communauté
des ONG à l’ONU, avec de fonctionnaires du système de l’ONU, des
représentants des États Membres et des ONG ayant l’expérience pertinente.
• fournit des cartes d’identification permettant à un représentant ou à un
représentant suppléant d’une ONG d’accéder à toutes les réunions publiques des
organes de l’ONU, aux ressources audiovisuelles du Département de
l’information, à la Bibliothèque Dag Hammarskjold et d’assister en qualité
d’observateur aux réunions de quelques 22 comités d’ONG organisées par
CONGO.
• coordonne les programmes d’information communs de la section des ONG du
Département de l’information.
• organise un cours d’orientation annuel pour les nouveaux représentants d’ONG.
• publie le répertoire annuel des ONG accréditées auprès du Département de
l’information, par ordre alphabétique, région et sujet de spécialisation ;
gère le Centre de ressources des ONG qui offre :
un accès aux documents récents des Nations Unies et aux communiqués de presse ;
des envois réguliers de matériel d’information des Nations Unies au siège de toutes les
ONG associées ;
une vidéothèque avec une collection importante de films des Nations Unies ;
et des publications continuellement mises à jour du Système des Nations Unies.
(...)
Outre la collaboration avec le Département de l’information, la communauté des ONG
est vivement encouragée à maintenir des contacts réguliers et étroits avec les
centres d’information des Nations Unies et les services d’information des Nations
Unies de par le monde, afin d’avoir accès à l’information des Nations Unies et
d’organiser des projets communs.
Depuis les premiers jours des Nations Unies à San Francisco, les ONG ont apporté
des contributions utiles à la communauté internationale en attirant l’attention sur
certaines questions, en suggérant des idées et des programmes, en diffusant
l’information et en mobilisant l’opinion publique en faveur des Nations Unies et
des institutions spécialisées
Mais quelles pouvaient-être ces idées alors ?
• La liberté de culte, par exemple, afin de pouvoir pénétrer de nouveaux pays où l'œuvre est
interdite. Permettre la libération de membres TJ emprisonnés pour leur neutralité politique
(sic) ou pour leur différence religieuse.
Via Veritas
267
• L’organisation de l’aide humanitaire comme Aidafrique, par exemple, en France avait la
possibilité de parler au Haut Commissaire des Nations Unies lors des troubles au Rwanda et
au Zaïre afin d’organiser les secours - confirmé par le porte-parole du bethel du Portugal
• et ce qu’on ne sait pas...
Conclusion
Les membres dirigeants jéhovistes se sont associés à l’ONU en 1992 en tant qu’ONG, non pas pour
obtenir un pass pour la bibliothèque de l’ONU, mais avec un but caché. La fin du monde n’arrivant
pas et les problèmes se multipliant pour la Watchtower, il fallait le soutien de l’ONU !
Quel dégoût ! Pour cette organisation qui refait étudier pour la 3e fois le livre La Révélation - le
Grand dénouement est proche en ce moment, livre qui fustige à plusieurs reprises les religions qui
soutiennent les programmes de l’ONU, les traitant de prostituées !!!
Quelle honte ! Alors qu’en 1972, des Témoins de Jéhovah mouraient au Malawi pour refus d’avoir
une carte politique sur eux, 20 ans plus tard, ses membres dirigeants se baladaient tranquillement
dans les couloirs de la bête sauvage.
Quelle hypocrisie ! Se désengager, après la révélation dans la presse de leur supercherie, aura
démontré à des Témoins de Jéhovah du monde entier que les dirigeants jéhovistes sont de plus en
plus impliqués avec la politique et les autres religions. Et ce n’est pas fini !
Et quelle malhonnêteté de l’auteur de ce site internet Jehovah Judgement, qui essaye de blanchir ce
passé en tordant les faits et en accusant les autres de le faire. Nous avons les preuves matérielles,
personne ne peut l’ignorer maintenant. La chronologie est là pour l’attester.
Les membres dirigeants des Témoins de Jéhovah se sont
assis sur la bête écarlate comme les autres !
Via Veritas
268
Au royaume des borgnes...
Par Lucretius
Les fondamentalistes chrétiens ne sont pas aveugles, ils sont borgnes. Ils voient mais pas tout.
Explications.
Quand ils évoquent la création certains ont des poussées lyriques comme celles-là :
(La Tour de Garde 15/1/1997 p. 19 § 9) Comment apprend-on à connaître Dieu ? Pour nous
aider, nous disposons de deux livres. Le premier est celui que l’on pourrait appeler le livre
de la nature. En observant ce que Jéhovah a créé, tant dans le monde animé que dans le
monde inanimé, nous cernons mieux sa personnalité (Romains 1:20).
Prenons quelques exemples. Le grondement d’une chute d’eau imposante, le fracas d’une
mer déchaînée, un ciel étoilé par une nuit claire, toutes ces choses ne nous disent-elles pas
que Jéhovah est un Dieu “ vigoureux en force ” ? (Isaïe 40:26.)
Le rire d’un enfant à la vue d’un petit chien qui court après sa queue ou d’un chaton qui
joue avec une pelote de laine ne prouve-t-il pas que Jéhovah, le “ Dieu heureux ”, a le sens
de l’humour (1 Timothée 1:11) ?
Un repas délicieux, le parfum des fleurs des champs, les couleurs vives d’un frêle papillon,
le chant des oiseaux au printemps, serrer dans ses bras quelqu’un que l’on aime : Ne
sentons-nous pas à travers ces choses que notre Créateur est un Dieu d’amour qui veut
notre bonheur ? - 1 Jean 4:8.
Bref, quand ils évoquent la diversité de la vie, les Témoins de
Jéhovah, et les fondamentalistes chrétiens en général, voient ça. Une
magnifique biche qui respire l’harmonie dans un cadre verdoyant vision magnifique du Paradis à venir.
Mais comme ils sont borgnes116, ils ne
voient pas ça.
Un abominable pou de pubis,
photographié hors contexte, afin de ne pas choquer davantage les
âmes sensibles.
Et pourtant les deux espèces ont le droit à la vie, je gage, qui plus est,
que les chances de survie de l’espèce "pou de pubis" sont meilleures
que les chances de survie de l’espèce "cerf".
En tout cas les deux espèces ont dû avoir le même auteur ou pas d’auteur du tout.
Lorsque se déroule inchangée la chaîne alimentaire de la vie, lorsqu’un buffle aux abois et exténué
116Certains de nos lecteurs croyants ont estimé que l’adjectif était blessant, ce à quoi je leur fais remarquer que :
Selon la Bible de Jérusalem (Psaume 14:1) :
Ils sont stupides, ceux qui disent que Dieu est sans pouvoir.
Ces gens sont corrompus, ce qu’ils font est abominable, aucun d’eux n’agit comme il faut.
Ou encore selon André Chouraqui :
Le veule dit en son coeur : "Pas d’Elohim !"
Ils détruisent, ils abominent en agissant ; nul ne fait le bien.
Insensé, stupide ou veule, ce n’est guère aimable non plus pour les non-croyants
Via Veritas
269
se fait dévorer par une bande de lions qui ne choisiront pas l’attaque frontale, mais s’attaqueront
d’abord aux cuisses ou aux flancs d’un animal souffrant le martyre, faut-il pareillement y voir le
témoignage ému de l’amour de Dieu pour sa création ?
A votre avis qui Dieu aime t-il le plus le lion ou le buffle ?
Mais, rétorquera le fondamentaliste chrétien, il n’en a pas toujours été ainsi lors de la Création.
(Genèse 1:29-30) Et Dieu dit encore : “ Voici que je vous ai donné toute végétation portant
semence, qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre dans lequel il y a du fruit
d’arbre portant semence. Que cela vous serve de nourriture. 30 Et à toute bête sauvage de
la terre, à toute créature volante des cieux et à tout ce qui se meut sur la terre, qui a en soi
vie d’âme, j’ai donné toute végétation verte pour nourriture. ” Et il en fut ainsi.
Au régime végétarien les félins de cette époque ! C’est à se demander à quoi pouvaient bien leur
servir leurs crocs et leurs griffes acérées.
A biner les fraises ou à ramasser les patates ?
Et bien entendu le goût de la viande ne leur est probablement venu que sur le tard, lorsque Noé a
reçu lui-même la permission d’en manger ?
(Genèse 9:1-3) Puis Dieu bénit Noé et ses fils et leur dit : “ Soyez féconds, et devenez
nombreux, et remplissez la terre. 2 Et une crainte de vous et une terreur de vous continuera
d’être sur toute créature vivante de la terre et sur toute créature volante des cieux, sur tout
ce qui se meut sur le sol et sur tous les poissons de la mer. Ils sont maintenant livrés en votre
main. 3 Tout animal qui se meut [et] qui est vivant pourra vous servir de nourriture.
Comme pour la végétation verte, oui je vous donne tout cela [...]
Toute cette souffrance à cause du péché adamique qui a profondément modifié les plans de Dieu.
Méchant Adam, tiens pour te punir voilà la souffrance animale.
Lorsque tous les parasites117 s’attaquent aux poissons ou aux mammifères qui Dieu aime t’il le
plus ? Les parasites ou les autres espèces ?
Car bien entendu les parasites ne parasitaient pas dans le Paradis terrestre ; dans ce monde éthéré la
souffrance n’avait pas cours. Tout n’était qu’harmonie, calme et volupté.
Laissez-moi vous conter une histoire naturelle qui montrera combien Dieu est à la fois inventif et
taquin. Cette histoire a trait à la Fasciola hepatica ou Douve du foie.
La douve du foie prospère dans le foie des moutons. La douve se nourrit de sang et des cellules
hépatiques, grandit puis pond ses œufs.
Mais les œufs de douve ne peuvent pas éclore dans le foie du mouton.
Tout un périple les attend.
Les œufs quittent leur hôte par les excréments. Ils se retrouvent alors dans le monde extérieur, froid
et sec.
117 Les animaux herbivores sont constamment menacés par des prédateurs, lesquels n’hésitent pas à les dépecer vivants quand ils
le peuvent. Nous disposons par exemple de terribles documents sur la chasse des lions. La nature est emplie d’horreur, de souffrance
et de sang. Jeune encore, lorsque je commençais à m’intéresser à l’histoire naturelle, j’ai rencontré en Normandie un malheureux
crapaud, dont le visage, la face était partiellement détruite par la croissance d’une larve de diptère. Certaines pondent dans les
fosses nasale des crapauds ; la larve, en se développant, détruit une partie de la tête de ce malheureux animal. Songeons aussi aux
parasites ! Les apologistes n’y pensaient pas. Ils ne savaient peut-être pas qu’il en existait. Or, les parasites composent un monde
incroyable. Il s’en trouve partout. Il n’est pas une espèce animale qui ne connaisse ses parasites externes ou internes. Ces derniers
peuvent causer des ravages physiques considérables, provoquant des souffrances qui ne le sont pas moins. Imaginer que tout
provient de la volonté d’un Dieu miséricordieux, compatissant à l’égard de ses créatures, voilà qui paraît difficile à admettre, quand
on contemple la vérité physique de l’affreux spectacle de la nature. Pour aborder de tels problèmes, peut-être faudrait-il posséder
des connaissances, dont ne disposent pas la plupart d’entre nous. Pr Théodore Monod - Une foi à repenser.
Via Veritas
270
Après une période de mûrissement, ils
éclosent pour laisser sortir une minuscule
larve.
Laquelle sera consommée par un hôte :
l’escargot. Dans le corps de l’escargot, la
douve se multipliera avant d’être éjectée
dans les mucosités que crache le
gastéropode en période de pluie.
Ces mucosités, en forme de grappes de
perles blanches, attirent fréquemment les
fourmis qui les consomment. Elles ne
demeurent pas longtemps dans le jabot
des fourmis. Elles en sortent en le perçant
de milliers de trous, le transformant en
passoire qu’elles referment avec une colle
qui durcit et permet à la fourmi de survivre à l’agression. Puis les douves circulent à l’intérieur du
corps de la fourmi, dans son sang, alors que rien à l’extérieur ne laisse présager le drame interne.
Les douves sont maintenant adultes et doivent retourner dans le foie du mouton pour compléter leur
cycle de croissance.
Le problème, c’est que les fourmis font leur travail le matin, à raz le sol, bien à l’abri des gueules
des moutons qui broutent le haut des herbes. Dès l’instant où une unique larve de douve s’implante
dans son cerveau, le comportement de la fourmi se modifie : le soir, alors que toutes les ouvrières
dorment, les fourmis contaminées par les douves quittent leur environnement social. Elles avancent
en somnambules et montent aux cimes des herbes pour y être présent au petit jour !
Mais attention ! La douve n’envoie pas la fourmi sur n’importe quelles herbes, mais bien celles que
préfèrent les moutons : luzernes et bourses-à-pasteur ! Et hop, crounch, retour au mouton.
Que la Création est ingénieuse et aimante ! Qui est le plus aimé le mouton ou la fourmi qui en
souffriront ou encore la douve ?
Fondamentalistes chrétiens, ne soyez plus borgnes.
Regardez toute la diversité de la Vie : une partie est magnifique, oui grandiose, mais l’autre partie
est terrible, voire repoussante. La même vie qui traverse ce qui est beau pour nous traverse aussi ce
qui est laid pour nous. La Vie n’a pas de morale, la Vie n’a pas d’amour, c’est la Vie tout
simplement et il ne sert à rien de vouloir lui trouver un sens supérieur ou un architecte suprême118.
Apprécier la Vie tout simplement, telle qu’elle est, sans fermer un œil, c’est déjà beaucoup.
118 En des termes plus choisis le philosophe André Comte-Sponville en arrive à la même conclusion.
"L’aporie est bien connue, depuis Epicure ou Lactance : ou bien Dieu veut éliminer le mal et ne le peut, mais alors il n’est pas
tout-puissant ; ou bien il le pourrait et ne le veut pas, mais alors il n’est pas parfaitement bon...Or s’il n’est pas l’un et l’autre (et
a fortiori s’il n’est ni l’un ni l’autre : s’il ne veut ni ne peut supprimer le mal), est-ce encore un Dieu ? C’est le problème de tout
théodicée, tel que Leibniz le formule : si Dieu existe, d’où vient le mal ? S’il n’existe pas d’où vient le bien ? Mais le mal fait une
objection plus forte, contre la foi, que le bien contre l’athéisme. C’est qu’il est plus incontestable, plus illimité, plus irréductible.
Un enfant rit ? On n’a guère besoin d’un Dieu pour l’expliquer. Mais quand un enfant meurt, mais quand un enfant souffre
atrocement ? Qui oserait, devant cet enfant, devant sa mère, célébrer la grandeur de Dieu et les merveilles de sa création ? Or
combien d’enfants souffrent atrocement, à chaque instant, de par le monde ?
Les croyants rétorqueront que, de ces horreurs, l’homme est souvent responsable... Certes. Mais il n’est pas cause de toutes, ni
de soi. La liberté n’explique pas tout. Le péché n’explique pas tout. On pense à la forte boutade de Diderot : le Dieu des
chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants. Cela vaut aussi contre le Dieu des juifs ou des
musulmans. Cela vaut contre tout Dieu supposé d’amour et de miséricorde - et comment, autrement, serait-il Dieu ? Pourquoi
accepter de lui, à nouveau, ce qu’on ne tolérerait d’aucun père ? Il m’est arrivé de passer plusieurs heures dans le service de
pédiatrie d’un grand hôpital parisien. Cela donne une assez haute idée de l’homme. Et une assez basse de Dieu, s’il existait.
La souffrance des enfants, écrit à juste titre Marcel Conche, est un mal absolu, qui suffit à rendre impossible toute théodiciée.
Combien d’atrocités qu’aucune faute ne saurait expliquer ni justifier ? Combien de souffrances avant le premier péché ?
Combien d’horreurs, même, avant l’existence de l’humanité ? Quel est le Dieu qui abandonne les gazelles aux tigres, et les
enfants au cancer ?" - Présentations de la Philosophie - l’athéisme.
Via Veritas
271
A toutes ces bêtises que nous n’avons pas commises !
Par Fantasio
Dans quelle mesure le comportement de mon enfant est-il conditionné par l’enseignement de la
Watchtower ? Voilà une des question que les Témoins de Jéhovah ne peuvent en aucun cas se poser
sincèrement.
C’est bien une des plus profondes caractéristiques du fondement mental de la tradition
judéo-chrétienne, que la parole y profile nettement, comme son fond dernier, l’être du
je. Dans toutes les questions essentielles, le sujet se trouve toujours en posture, sommé
de se justifier comme je. Le je qui dit je suis celui qui suis, ce je, absolument seul, est
celui qui soutient radicalement le tu dans son appel. C’est toute la différence qu’il y a
entre le Dieu de la tradition dont nous sortons, et le Dieu de la tradition grecque.
— Jacques Lacan, Le Séminaire, Livre III, Les Psychoses, p. 323, éd. Seuil, coll. Le
Champ freudien.
Un enfant né dans une famille de Témoins de Jéhovah, c’est indéniable, est élevé avec des valeurs
quelque peu différentes des autres.
Il ne s’agit pas ici de définir si ces valeurs sont « bonnes » ou « mauvaises ». Contentons-nous
d’analyser les conséquences que cette éducation entraîne.
Ces conséquences seront positives ou négatives pour l’enfant. Ce qu’il en retirera de plaisir ou de
déplaisir dans sa vie ne devrait-il pas être le soucis primordial de ses parents ?
Or, force est de constater que dans l’organisation des Témoins de Jéhovah, le devenir de l’enfant
dépend de la satisfaction de Dieu. Si l’individu accomplit la volonté de Jéhovah, selon les
définitions strictes établies par la Watchtower, alors il aura la certitude d’être heureux dans le
Paradis sur terre, après Har-Maguédôn.
Cette finalité parfaite, le Paradis, est donc prétexte aux sacrifices
que les Témoins de Jéhovah sont prêts à accomplir dans leur vie
quotidienne.
Des sacrifices qui ne vont pas toujours jusqu’à la mort, fort
heureusement, mais faut-il vraiment aller jusqu’à la mort du corps
pour se sentir anéanti ?
L’enfant qui grandit chez les Témoins de Jéhovah, si son éducation
a été « bien faite », sait sans qu’on ait à lui rappeler sans cesse, ce
qu’il doit faire et ne pas faire.
Toute comparaison avec ce qu’était l’éducation en Occident jusque
dans les années 1950 est donc vaine. Bien sûr, la plupart des
enfants du début du XXe s. ont été élevés « à la dure », souvent
dans la superstition et le poids des interdits moraux.
Mais une grande majorité reconnaissait dans cette chape de plomb
un pis-aller qu’il fallait contourner sinon ignorer. Les interdits
étaient édictés par une hiérarchie humaine qui disait parler au nom
de Dieu. Et cette hiérarchie prenait tant de place que c’était elle qui était redoutée, et non Dieu.
Via Veritas
272
Chez les TJ, c’est différent : le plus souvent, l’enfant perçoit moins facilement l’organisation que
l’oeil de Dieu.
Jéhovah voit tout, lui dit-on dès la naissance, et cet oeil perçant, même ses parents le craignent
(contrairement à la société dont nous parlions plus haut, où les enfants décelaient bien que leurs
parents eux-mêmes passaient souvent outre des interdits !).
Du coup, l’enfant, se sentant contamment observé, n’a d’autre choix que d’adapter son
comportement en toute occasion.
Slicing up eyeballs
L’enfant Témoin de Jéhovah n’est JAMAIS seul. Il y a toujours l’oeil dans le ciel, qui le regarde et
le tance. Plongé dans le monde de l’enfance, à l’école, par exemple, le jeune TJ ne peut s’y épanouir
en toute insouciance.
Il se sait investi d’une mission divine : rendre témoignage de la justice divine. C’est-à-dire, en
quelque sorte, prendre la défense de l’Œil.
Voilà qui a de quoi séduire les Témoins de Jéhovah, adultes et enfants : c’est bien plus qu’être
simplement les seuls représentants de Dieu sur terre.
Cet œil dans le ciel, qui les juge en permanence, qui les menace, ils doivent dans le même temps le
défendre contre les attaques du monde dirigé par le Diable.
Mais enfin, de deux choses l’une : ou bien cet œil est tout-puissant, et il n’a que faire de gens
« imparfaits » pour le défendre (et s’il n’intervient pas, c’est parce qu’ils se moquent des attaques
dont il fait l’objet)
Ou bien les TJ sont plus puissants que l’Œil tout puissant, puisque sans eux, l’œil ne serait rien. Dès
lors, pourquoi craindre un organe aussi faible ?
Revenons à l’enfant TJ
Les « bêtises » qu’il est tenté d’accomplir chaque jour, il les voit
toujours de loin, derrière un voile translucide.
Il observe les enfants se tenir la main, échanger leur premier
baiser : pas pour lui, car il sait que Dieu ne veut pas de relations
amoureuses en dehors du mariage. Il devra donc attendre.
Il voit les cigarettes passer de main en main. Lui refuse (fièrement
ou du bout des lèvres, peu importe : il refuse).
Certains trichent allègrement à chaque interro, lui préfère avoir
zéro le jour où il n’a pas étudié.
Selon l’enfant, cette situation perdure, ou pas...
Car enfin, ces « bêtises », tout pédagogue un tant soit peu attentif
admettra qu’elles dont partie du processus normal de formation de
l’individu.
Pour prendre sa place dans la race humaine, l’enfant doit
commettre des erreurs. Et il doit pouvoir les surmonter, adapter
son comportement selon qu’il en retirera du plaisir ou non.
Mais le plaisir, chez le Témoin de Jéhovah, est conditionné au bon plaisir de Dieu.
Il y a, dans toutes ces « bêtises » que l’enfant et l’adolescent TJ ne commettront pas, un incroyable
manque.
Ces remords-là sont bien plus pesants que les erreurs qu’on peut commettre.
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Si le jeune a la chance de pouvoir malgré tout s’émanciper (et cette émancipation prend naissance
dans le remord de n’avoir pas fait de bêtises !), il vivra toute sa vie avec ce manque. Ces occasions
ratées volontairement, pour ne pas déplaire à Jéhovah et à ses parents (ce baiser, cette amitié, cet
amour... ce livre !) formeront un prisme du non-vécu, un monument au non-accompli.
Allons plus loin :
Si, dans sa vie d’adulte non-TJ, l’ex-enfant TJ décide de ne pas fumer (trop dangereux, trop cher,
trop malodorant), on est en droit de se demander dans quelle mesure ce choix est-il personnel ?
A quel niveau retrouve-t-on, dans le moi, l’interdit originel de la Watchtower ?
L’exemple est ambigu, reconnaissons-le. Car en l’occurence l’interdit jéhoviste est partagé par de
plus en plus de « gens du monde ».
Mais la proposition peut être inversée :
dans quelle mesure les ex-TJ qui fument aujourd’hui, ne le font-ils pas par défiance de la
Watchtower ?
Et une nouvelle question naît alors : De ces deux (non-)choix, quelle est la position la moins
émancipée ?
Arrivé à ce stade, l’attitude positive est de faire voler en éclat le schéma basique érigé par la
Watchtower : TJ = abstinence ; exTJ = s’envoyer en l’air de toutes les façons possibles.
Non, la vie en-dehors du jéhovisme n’est pas aussi aussi simple, malheureusement.
On finirait presque par croire que les excès du « Monde » exposés dans les publications du Collège
central sont tout droit issus des fantasmes refoulés de ces nonagénaires reclus à Brooklyn.
Les ex-TJ sont libres d’avoir leurs propres fantasmes, c’est à dire, leurs propres désirs, et ceux-ci ne
doivent pas obligatoirement être nocifs, malsains, dangereux.
Vouloir mener une vie publique, vouloir apprendre les sciences en toute indépendance, vouloir
s’épanouir dans le monde des arts sans être tiraillé par sa mauvaise conscience, ... autant de désirs
positifs qui peuvent pousser un Témoin de Jéhovah à quitter l’organisation.
Dans l’espoir de se faire prendre
Malgré tout, certains jeunes TJ tombent dans les plaisirs faciles (en apparence) de la drogue119.
Ces jeunes, souvent, n’ont pas le choix : pour faire voler en éclat le poids de l’interdit , il se croient
obligés d’enfreindre un maximum de règles !
Le pire étant sans doute que beaucoup de ceux qui le font
ONT ENCORE LA FOI JEHOVISTE ! Ils sont convaincus
que Dieu les punira à Har-Maguédôn pour tout ce qu’ils sont
en train de commettre (même pour de menus écarts de
conduite : il est question ici de comportement admis « dans le
Monde », et interdit uniquement chez les TJ, notamment au
niveau des relations amoureuses).
Ils cherchent désespérément à se libérer et n’ont aucun outil
valable pour y arriver. Toujours très imprégnés des thèses
jéhovistes, ils sont convaincus que leur état de péché
s’envenime chaque jour. Alors autant y aller carrément ! Et
d’une simple bêtise, ils passent alors à la gaffe, prennent des risques inutiles, jusqu’à l’erreur qui
peut leur être fatale. Cette spirale d’autodestruction est d’ailleurs mise en scène dans les
119 Cet exemple est le plus frappant et le plus extrême, mais il n’est pas unique, les variantes sont subtiles et heureusement moins
dangereuses : Citons le simple fait d’avoir un ou une petit(e) ami(e) non-TJ.
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274
publications de la Watchtower et sert à alimenter cette psychose, voire cette haine de soi.
Nombre d’entre eux sont dès lors retournés dans les rangs de la Watchtower, accueillis comme les
fils prodigues qu’ils étaient.
Allons encore plus loin dans la réflexion : les parents qui les ont recueillis à leur retour chez les TJ,
dans quelle mesure l’ont-ils fait SINCEREMENT ?
Quelle était la nature de leur joie de revoir leur enfant ?
Une joie profonde de voir son enfant à nouveau heureux ? Ou bien plutôt un soulagement à la fois
égotiste et torturé : « Mon enfant plaît à nouveau à Jéhovah, il ne sera donc pas détruit à HarMaguédôn, et peu importe s’il s’épanouit ou pas dans ce monde, ce qui compte c’est qu’il sera avec
nous dans le Paradis ».
Tout cela n’est pas une caricature, malheureusement. C’est ce genre de sentiments malsains
emmêlés qui font le quotidien des Témoins de Jéhovah.
... au fond de la pensée religieuse qui nous a formés [la tradition judéo-chrétienne], il y
a l’idée de nous faire vivre dans la crainte et le tremblement, (...) la coloration de la
culpabilité est si fondamentale dans notre expérience psychologique des névroses, sans
qu’on puisse préjuger pour autant de ce qu’elles sont dans une autre sphère culturelle.
(...) C’est pourquoi il y a tout lieu de nous demander si notre rapport à l’autre n’est pas
fondamentalement intéressé par la tradition qui s’annonce dans la formule, flanquée,
nous dit-on, d’un petit arbre en train de flamber — Je suis celui qui suis.
— Jacques Lacan, Le Séminaire, Livre III, Les Psychoses, p. 324, éd. Seuil, coll. Le
Champ freudien.
L’éducation conditionnée
Par Lucretius
Dans son Rapport sur l’organisation générale de l’Instruction publique présenté à l’Assemblée
nationale législative au nom du Comité d’Instruction publique, les 20 et 21 avril 1792, le
mathématicien, philosophe et politologue Nicolas de Condorcet nous livre une réflexion
intéressante :
« L’individu n’a aucune raison de faire confiance, de croire sur parole : car seul le vrai
a valeur d’autorité et hors de l’usage de la raison, il n’existe pas de critère absolu
du vrai ; dans ces conditions l’État devra faire le maximum pour armer les citoyens
contre l’erreur. Tel est au fond le rôle de l’école publique. Tel est aussi le rôle de la
loi qui est là pour protéger l’instruction, pour écarter les pouvoirs, toujours suspects,
autrement dit pour garantir l’indépendance de chacun ».
Existe-t-il donc des pouvoirs et des forces qui regarderaient l’intellect de leurs sujets comme une
chasse réservée et qui chercheraient à les prémunir contre toute idée qui serait opposée à leurs
doctrines ?
Si tel était le cas, au sens de Condorcet, l’école publique mais également l’État devraient
légitimement s’en émouvoir, s’en soucier et si nécessaire agir.
Nous pourrions alors, devant une telle captation de l’esprit, valablement parler d’éducation
conditionnée. Conditionner c’est, selon une définition du Petit Larousse (2005) : « Déterminer
Via Veritas
275
quelqu’un, un groupe à agir de telle ou telle manière, à penser de telle ou telle façon (par
l’éducation, la propagande, la publicité, etc.) »
Quelle est donc la posture réelle, telle qu’elle transpire de leurs propres textes, des Témoins de
Jéhovah face à l’éducation scolaire des enfants, dès l’instant où celle-ci menace l’enseignement
largement distillé par leurs publications et leurs réunions hebdomadaires.
Notez avec soin cette exhortation faite à l’assistance lors de l’examen du Ministère du Royaume
d’avril 1990, p.4, sujet ayant pour thème « Jeunes gens, agissez avec discernement à l’école » :
Les jeunes Témoins de Jéhovah sont encouragés à exprimer leurs croyances religieuses
pendant leur scolarité. À ce sujet, Le ministère du Royaume d’août 1989 contenait un
article publié dans le monde entier et ayant pour thème “Jeunes gens, donnez
efficacement le témoignage à l’école”. Il suggérait d’utiliser à l’intérieur des
établissements scolaires des publications et des périodiques.
En France, il convient toutefois de faire preuve de discernement dans ce domaine. À la
suite d’événements récents, l’État a rappelé l’interdiction du prosélytisme à l’école (y
compris la diffusion d’ouvrages et de périodiques religieux). Les jeunes Témoins de
Jéhovah respecteront donc ces dispositions prévues par la loi tout en ne renonçant pas
à exprimer leur foi. Comment y parviendront-ils ?
En ayant une attitude exemplaire à l’école, afin de gagner autrui sans parole,
simplement par leur conduite (voir le principe établi en 1 Pierre 3:1). Ils se tiendront
prêts à donner la raison de leur espérance, “tout en le faisant avec douceur et un
profond respect”. (1 Pierre 3:15.) Comme ils ne se conduisent pas de façon hypocrite,
les jeunes chrétiens ne manqueront pas de susciter la curiosité de leurs camarades. Ils
seront prompts à saisir cette occasion d’exprimer leur foi.
Le discernement est aussi nécessaire pendant les cours où l’on enseigne la préhistoire
ou l’évolution. Les jeunes chrétiens n’ont pas à contester de tels enseignements, même
s’ils sont en désaccord sur les dates ou sur les explications avancées. La Tour de Garde
du 15 mars 1965, page 189 (BI 6 bis/65, page 55), précisait : “Si une question sur
l’évolution exige que vous donniez la réponse fournie par le manuel, vous pouvez
donner cette réponse. [Le fait de fournir une réponse ne prouve pas que vous croyez à
cet enseignement, mais simplement que vous le connaissez.] Même s’il est nécessaire
d’apprendre en détail les fausses théories comme l’évolution, ne considérez pas que
vous perdez votre temps. La connaissance acquise de cette façon vous permettra de
mieux comprendre le point de vue des autres et vous sera des plus utile pour les aider à
rompre avec les vaines philosophies humaines.”
Un jeune chrétien ne peut renoncer à sa foi sous prétexte qu’il franchit le seuil de
l’école.
Quelle est donc la conduite à tenir devant un enseignement gênant et en contradiction avec
l’enseignement jéhoviste, selon l’exemple suggéré : l’évolution ?
Il n’est nullement question d’ouvrir son esprit pour se faire sa propre opinion, de laisser le vrai
s’imposer par lui-même car, pour reprendre les mots de Condorcet, "seul le vrai a valeur d’autorité
et hors de l’usage de la raison, il n’existe pas de critère absolu du vrai".
Apprenez donc la fausse théorie de l’évolution pour, par la suite, imposer la "vérité" biblique reçue
qui ne saurait être remise en question. Apprenez mais n’y accordez aucun crédit, ce que vous
apprendrez, en l’occurrence sur les bancs de l’école, sont des mensonges qu’il vous faut endurer,
mais ça passera.
Belle ouverture d’esprit, bel apprentissage de l’esprit critique, pleinement univoques ! Car les
Témoins de Jéhovah qui en appellent si souvent à la tolérance et à l’ouverture d'esprit se ferment
comme des huîtres dès que leur enseignement pourrait être contesté.
Voici quelques bribes de publications jéhovistes relevées çà et là qui traduisent pleinement l’état
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276
d’esprit du mouvement. Parlons de l’ouverture d’esprit que devrait spontanément offrir celui qui
reçoit l’éducation.
Réveillez-Vous !, 8/5/1973, p. 5-6 :
Chaque jour, la personne réfléchie doit filtrer tout ce qu’elle apprend et rejeter ce qui
est mauvais, son esprit étant “fermé” à ces choses. Cela est plus important que jamais
auparavant, car les gens sont continuellement sous le feu de la propagande, que ce soit
par la presse, les livres, la télévision ou la radio. (...)
Mais il faut aussi se montrer prudent envers les livres et les spectacles qui peuvent
fournir certains renseignements utiles. Influencés par des théories telles que
l’évolution, ils transmettent souvent de façon subtile de mauvaises pensées. Certains
ouvrages sur l’éducation des enfants, l’histoire, les sciences naturelles, l’archéologie,
la médecine et la psychologie, ainsi que les manuels scolaires et même certains
dictionnaires bibliques parlent de l’évolution comme d’un “fait” quand ils traitent
leurs divers articles. Les personnes à l’esprit “ouvert” doivent particulièrement se
montrer prudentes quand elles lisent de tels livres, afin de ne pas se laisser influencer
ni devenir “malades mentalement”, comme ce fut le cas au premier siècle de certains
partisans de la fausse doctrine. — I Tim. 6:3-11.
Pensez donc ! Lire les inepties publiées par les Témoins de Jéhovah c’est très bon pour l’esprit,
mais lire et prêter du crédit à des ouvrages qui infirment le saint enseignement c’est très malsain, ça
risque de rendre “malades mentalement”. Face à une information néfaste – évolution, philosophie,
histoire – l’enfant Témoin de Jéhovah est conditionné pour ne pas y répondre favorablement, pour
qu’elle glisse comme l’eau sur les plumes d’un canard.
Et les propos tenus ne sont pas le jet d’un rédacteur trop zélé. La récidive n’est pas loin.
La Tour de Garde, 15/12/1975, p. 764 :
D’après I Timothée 6:20, il serait peu sage de se remplir l’esprit des philosophies des
hommes imparfaits. Nous lisons : “Ô Timothée, garde ce qu’on laisse en dépôt chez toi,
te détournant des discours vides qui attentent à ce qui est saint, ainsi que des
contradictions de ce qu’on appelle faussement ‘la connaissance’.” C’est pourquoi des
années d’étude à l’université peuvent présenter des pièges. On peut subir un véritable
“lavage de cerveau” à cause de l’enseignement de philosophies humaines et
permettre ainsi la destruction de sa foi en Dieu et dans la Bible (Col. 2:8). Une
grande partie de l’enseignement donné dans les universités est basé sur de fausses
théories, telles que l’évolution, qui soutiennent le présent système qui sera bientôt
détruit à jamais (I Jean 2:17). Bon nombre de professeurs ne croient ni en Dieu ni en
la Bible et enseignent avec zèle leurs théories athées.
Les universitaires apprécieront particulièrement la tirade : « une grande partie de l’enseignement
donné dans les universités est basé sur de fausses théories ».
Et non content de cracher sur l’enseignement on en profite pour jeter le discrédit sur les acteurs de
l’Éducation Nationale : « bon nombre de professeurs ne croient ni en Dieu ni en la Bible et
enseignent avec zèle leurs théories athées ». Comme si l’irréligion était une tare monstrueuse
incompatible avec l’enseignement.
Ce qui est absolument insupportable pour les dirigeants du mouvement, c’est le travail de la vérité,
du vrai, qui éloigne à toujours de leur sphère d’influence ceux qui, délaissant les fables apprises, se
mettent enfin à douter et à faire usage de leur raison.
La Tour de Garde, 15/10/1982, p. 13, 14 :
D’autres, qui avaient été élevés pour qu’ils servent Dieu, sont aujourd’hui des
évolutionnistes, des athées et des détracteurs des vérités bibliques. Est-ce parce que la
Bible se trompe et que la philosophie moderne est dans le vrai ? Pas du tout. C’est
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que ces jeunes ont été soumis aux assauts constants d’idées impies à l’université, alors
qu’ils étaient séparés des autres chrétiens. En conséquence, leur foi s’est affaiblie et
finalement elle est morte. Ce qui est triste, c’est qu’ils ont souvent été mis dans cette
situation par leurs parents.
Non. Mieux vaut faire de chaque enfant Témoin de Jéhovah un défenseur de la Foi, un battant face
à un environnement ressenti comme profondément hostile à la construction de sa personnalité.
Le Ministère du Royaume, 10/1984, p.8 :
Le mois d’octobre est déjà là, et des centaines de milliers de jeunes et d’adolescents
sont retournés à l’école. Les élèves y passent beaucoup de temps tous les jours à
apprendre ce qui leur sera nécessaire plus tard pour leur vie d’adulte. Mais ils sont
aussi assaillis de philosophies stériles ou contraires aux Écritures, d’idées laxistes ou
immorales. On demande aussi à ces jeunes de prendre des décisions importantes
concernant leur avenir, mais sans leur fournir de quelconques directives spirituelles. Ce
vaste territoire est pratiquement inaccessible aux adultes. Or, beaucoup de jeunes
proclamateurs vont encore à l’école et sont donc en mesure de faire connaître la
bonne nouvelle aux personnes sincères qu’ils côtoient.
Enfant Témoin de Jéhovah surtout ne vous laissez pas convaincre par toutes les ruses de vos
professeurs, vous êtes les champions de la vérité biblique, qui ne peut mentir. Tel est le message
répété à l’envi par les publications.
Réveillez-Vous !, 9/2006, p.26 :
Il n’y a pas lieu de se sentir gêné ou honteux de croire en la création. Au vu des faits, il
est parfaitement logique — et même scientifique — de croire que nous sommes le fruit
d’une conception intelligente. En définitive, c’est l’évolution, et non la création, qui
exige d’avoir une énorme dose de foi et qui suppose des miracles sans auteur. Nul
doute qu’après avoir pris connaissance des autres articles de ce périodique vous serez
convaincu que les faits témoignent en faveur de la création. Quand vous vous serez
livré à cet examen en faisant usage de votre “ raison ”, vous aurez plus d’assurance
pour défendre votre croyance devant la classe.
Vous voilà bien préparé à affronter l’adversité, bien conditionné pour réagir et opposer une
résistance recherchée à l’éducation non désirée mais subie.
Pour les Témoins de Jéhovah l’école est une épreuve d’intégrité, les enfants sont lâchés, innocents
et cibles des éléments pervers et diaboliques, au milieu de l’arène scolaire.
La Tour de Garde, 1/7/1972, p. 389 :
En outre, si vous êtes connu pour être un vrai chrétien, vous pourrez donner un
excellent exemple en effectuant vos travaux scolaires avec application. Cela sera tout
à votre honneur et louera vos parents ainsi que le Dieu que vous adorez. Vous pourrez
ressembler à Daniel et à ses trois amis qui ont suivi assidûment l’enseignement donné
dans l’antique Babylone et qui ont été félicités pour leur application. Cependant, eux
aussi eurent affaire à des personnes dépourvues de principes. Mais ils mirent le culte
de Dieu à la première place dans leur vie et ne renoncèrent pas à leurs principes
élevés.
Ayez de bonnes notes, soyez brillants, faites honneur à votre Dieu et à vos parents et surtout résistez
aux mauvaises influences de vos camarades et de vos professeurs.
Soyez intelligents et obéissants mais n’exercez pas votre esprit critique s’il doit se retourner contre
votre culte.
Et c’est incroyable comme attaqués sur la question essentielle de l’apprentissage de l’esprit critique,
Via Veritas
278
si cher à Condorcet, les Témoins de Jéhovah répondent en mettant en avant les résultats scolaires,
comme si les deux aspects se rejoignaient : voir à ce sujet l’article suivant « Esprit critique es-tu
là ? »
A la lecture de ces citations de publications choisies quelle est votre conviction ?
Que l’enfant Témoin de Jéhovah est élevé avec un véritable esprit ouvert et un respect de
l’enseignement prodigué ou, bien au contraire, dans la prévention contre les idées contraires au
fondamentalisme et une défiance entretenue contre toute remise en cause de ce qui est inculqué à
longueur d’année et de semaines aux enfants même les plus jeunes ?
Nous pouvons valablement parler d’éducation conditionnée et l’État devrait être le garant de la
protection d’une instruction librement reçue et, comme l’appelait de ses vœux Condorcet, « faire le
maximum pour armer les citoyens contre l’erreur. ». Surtout les citoyens en herbe et en devenir.
Saluons l’effort des récents travaux de la Commission Parlementaire sur les Sectes qui, par ses
débats et ses conclusions, a fait souffler l’esprit de Condorcet sur la France.
Esprit critique es-tu là ?
Par Lucretius
Qu’est-ce que l’esprit critique ?
critique adj. et n. A. adj. ...
Esprit critique, qui ne tient pour vraie une proposition qu’après l’avoir établie ou démontrée, et
après avoir examiné toutes les objections susceptibles de lui être opposées. © Hachette Livre,
1997
Du site Les Témoins de Jéhovah de France :
Informations / Communiqué du 20 juillet 2006
Communiqué
• Le 20 juillet 2006 Nous notons avec satisfaction que le président de la MIVILUDES a publiquement reconnu que " les
Témoins de Jéhovah ne font rien d’illégal " (Dépêche AFP, 19 juillet 2006).
Il émet toutefois des réserves sur l’éducation de nos enfants qui, selon lui, " ne développe pas
l’esprit critique ".
Les faits démontrent pourtant le contraire : cette année, une des plus jeunes bachelières de France
est Témoin de Jéhovah. Tout juste âgée de 15 ans, elle a été reçue avec mention.
Un tel résultat n’est pas exceptionnel. Chaque année, de jeunes Témoins de Jéhovah s’illustrent par
l’excellence de leurs résultats scolaires et universitaires.
Pour tout contact, vous pouvez téléphoner au 02.32.25.55.55.
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A l’accusation portée contre elle mettant en avant la carence de développement d’esprit critique
chez les jeunes Témoins, la Watchtower répond à sa manière.
Et elle confond, sans nuance aucune, esprit critique et intelligence. Car ce n’est pas parce qu’un
esprit est intellectuellement supérieur qu’il sait faire preuve d’esprit critique.
Qui dira que dans les rangs de la jeunesse hitlérienne il n’y ait pas eu d’esprit brillant et pourtant, le
moins que l’on puisse dire, est qu’elle n’avait pas développé l’esprit critique.
L’esprit critique n’admet pas sans preuve et sans examen approfondi des affirmations.
Plusieurs assertions, assénées dès l’enfance à la jeunesse TJ, ne devraient pas être acceptées sans
preuve.
Citons la direction éclairée et sacrée qu’exerce un noyau enseignant (le Governing Body – Collège
Central) sur l’ensemble des TJ.
Que vaut cette direction ?
Tient-elle ses promesses ?
Qu’en est-il de sa légitimité scripturaire ?
Citons aussi la prétention de la Bible de n’être que la vérité, une vérité transcendante et qui
s’impose à tout homme.
Résiste t-elle à un examen profond et contradictoire ?
Doit-on prendre pour argent comptant tout ce qu’elle contient ?
Doit-elle être la source unique de la sagesse et de la réflexion, toute autre source étant considérée
comme souillée et indigne d’un intérêt quelconque ?
La Watchtower a t-elle suscité en son sein ce genre de réflexion ?
A t-elle relayé les objections susceptibles d’être opposées à son enseignement ?
Quiconque a eu dans les mains les publications et a suivi les réunions jéhovistes sait fort bien qu’il
n’en est rien.
L’enseignement de la Watchtower est une thèse policée à merci qui écarte consciencieusement les
échardes critiques. Tout élément contraire à l’enseignement jéhoviste ne peut venir que de
l’extérieur.
Et cette influence est détestée et dénoncée à longueur de temps et de pages.
Oui, les enfants TJ sont certainement intelligents, et même parmi eux certains sont-ils brillants.
Mais le Président de la MIVILUDES a raison, n’en déplaise au Béthel de Louviers, les membres de
l’organisation jéhoviste n’ont pas développé l’esprit critique.
Le plus fort est qu’ils ne le reconnaîtront même pas, le succès de la Watchtower est total.
Pour l’instant.
La science vue au travers du prisme jéhoviste
Par Coc
Les Témoins de Jéhovah forment un groupe religieux fondamentaliste. Ils rejettent la théorie de
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l’Évolution, l’Homme et l’univers ayant été créés par Dieu et enseignent que le premier homme,
Adam, vint à la vie pleinement formé, doté d’une constitution et d’une santé parfaites en 4026 avant
notre ère, aux environs du 1er octobre120. Pour soutenir cette position absolument incompatible avec
de très nombreuses découvertes scientifiques, la société Watchtower s’emploie à critiquer les
méthodes de datation en affirmant qu’elles reposent sur la "spéculation et la supposition121" et
entretient, dans ses publications, mépris et suspicion à l’égard du monde scientifique. Sa critique
sévère de la Science s’articule autour de deux grands axes : le mythe de l’athéisme militant des
scientifiques et celui de la fraude scientifique.
Le mythe de l’athéisme militant des scientifiques
Afin de soutenir le créationnisme et de décrédibiliser la science aux yeux des fidèles Témoins de
Jéhovah, les publications jéhovistes décrivent la majorité des scientifiques comme des militants
athées à l’orgueil démesuré, dont l’unique but est de prouver l’inexistence de Dieu et de mettre à
mal la religion :
« L’acceptation de la théorie de l’évolution par les scientifiques a été largement due
à leur aversion pour l’autre solution : le théisme, la croyance en Dieu. Mais est-il
scientifique d’accepter une théorie simplement parce que l’on n’aime pas la théorie
contraire ? Ce qui peut contrarier profondément les hommes de science comme
Medawar, c’est que reconnaître Dieu comme Créateur signifie le glorifier quand ils
découvrent des faits merveilleux concernant sa création. Serait-ce trop pour leur
orgueil ? » (Réveillez-vous ! 22/12/81 p. 19 )
La littérature jéhoviste s’appuie sur des déclarations de prestigieux scientifiques, sans donner
toutefois de références exactes qui pourraient permettre d’en vérifier le contenu et le contexte, pour
accréditer son point de vue :
« Le prix Nobel Herbert Hauptman a déclaré dernièrement lors d’un colloque que la
croyance au surnaturel, en particulier en Dieu, est incompatible avec la vraie
science. “ Ce type de croyance, a-t-il ajouté, est nuisible au genre humain. ” »
(Réveillez-vous ! 9/06 p. 3 )
Nul doute, à la lecture de ces quelques lignes, que les scientifiques sont les pires ennemis de Dieu.
Ainsi, au fil des articles de la Société Watchtower, la science est érigée au rang de "religion" ou de
"croyance philosophique" athée. Exit la rigueur de l’expérimentation, le scientifique devient un
militant engagé, pour ne pas dire "enragé" :
« Dans un autre article du New Scientist, Michael Shallis prend la défense de Fred
Hoyle, un physicien critiqué pour certaines de ses vues. »[...] « Tout en soutenant que la
science n’est pas habilitée à discuter de ‘questions métaphysiques’ telles que l’existence
de Dieu ou la raison d’être de l’univers, M. Shallis remarque “que les scientifiques
acceptent les propos philosophiques de leurs collègues à condition qu’ils nient
l’existence d’une logique supérieure, mais pas dans le cas contraire. À croire (...)
qu’en posant ce dogme métaphysique la science s’érige en religion, sans doute en
religion athée (si tant est que cela existe)”. Refuser de croire en une puissance
supérieure revient à adopter l’attitude que le psalmiste décrit en ces termes : “Le
méchant, selon son air dédaigneux, ne cherche pas ; toutes ses idées sont : ‘Il n’y a pas
de Dieu.’” (Psaumes 10:4 ; 19:1). Par ailleurs, les scientifiques qui prennent cette
position en sont réduits à invoquer le hasard pour expliquer l’existence de l’univers. »
(La Tour de Garde 15/10/84 p. 21)
120 La Tour de Garde 1/8/89 p. 10
121 Réveillez-vous ! 8 février 1990, pp. 9-11
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« En raison de leurs croyances philosophiques, de nombreux scientifiques nient la
déclaration biblique selon laquelle Dieu a créé toutes choses. » (Réveillez-vous ! 9/06 p.
20)
Une fois ce postulat établi, les Témoins de Jéhovah n’ont plus aucune difficulté à conclure que les
scientifiques manquent d’objectivité et qu’ils témoignent de parti pris dans leurs recherches. En tout
état de cause, la Société Watchtower, par l’intermédiaire de citations judicieusement choisies (après
tout, la Science n’a pas que les Témoins de Jéhovah pour ennemis), franchit ce pas allègrement :
« Alan Lightman a fait une observation dans le même esprit. Voici ses propos que
rapporte la revue Science 83 : “L’histoire de la science est remplie de préjugés,
d’acteurs qui jouent mal leur rôle et de thèmes philosophiques trompeurs. (...) Je
soupçonne tous les scientifiques d’avoir parfois témoigné de parti pris dans leurs
recherches.” » […] « À l’évidence, cela montre que malgré toute l’honorabilité et
l’honnêteté qu’un scientifique ou qu’un autre homme peut manifester dans un certain
domaine, il peut tout aussi bien devenir dogmatique, irrationnel et téméraire, et se
servir d’expédients quand ses intérêts sont en jeu. » (Réveillez-vous ! 22/8/84 p. 5)
Portrait de Byron Meadows, témoin de Jéhovah travaillant à la NASA : « Se pourrait-il
que les évolutionnistes considèrent les faits en ayant présupposé des conclusions ?
Ce n’est pas impossible chez les scientifiques. Mais une observation, aussi convaincante
soit-elle, ne présuppose pas une conclusion. » […] « De même, ceux qui soutiennent
que l’évolution est vraie ne fondent leurs conclusions que sur une partie des faits et
laissent leurs présuppositions influencer leur analyse. » […] « Si le rôle de la science
est d’admettre seulement ce qui peut être prouvé, testé et reproduit, alors la théorie
voulant que toute vie provienne de l’évolution d’un ancêtre commun n’est pas un fait
scientifique. » (Réveillez-vous ! 9/06 p. 22 )
Le mythe de la fraude scientifique
Le décor est maintenant planté, il ne reste plus à la Watchtower qu’à mettre en scène le scientifique
dans le rôle du fraudeur et du faussaire. Ce à quoi elle va s’employer avec zèle...
Elle utilise pour cela des supercheries scientifiques largement médiatisées, pour induire le doute et
le mépris dans l’esprit de ses adeptes. La plus connue des Témoins de Jéhovah est sans doute celle
de l’homme de Piltdown , très largement reprise dans les publications jéhovistes. L’homme de
Piltdown a été considéré au début du XXe siècle comme un fossile du Paléolithique inférieur,
supposé avoir été le chaînon manquant entre le singe et l’homme en raison de caractères simien
(mâchoire) et humain (calotte crânienne). Or, ce qui n’apparaît pas dans les publications jéhovistes,
c’est que c’est d’abord une datation au fluor , en 1949, puis une datation au carbone 14, en 1959,
qui démontrèrent définitivement que l’homme de Piltdown n’était qu’une supercherie : le crâne
datait du Moyen Âge et la mâchoire avait à peine cinq cents ans122. La conclusion logique de cette
histoire devrait donc être que, grâce aux avancées scientifiques et surtout à la performance des
méthodes de datation, ce genre de supercherie sera de plus en plus rare et rapidement mise à jour.
Mais nos bons amis jéhovistes en tirent une toute autre leçon, voyez plutôt :
« Des millions d’évolutionnistes ont reconnu l’homme de Piltdown comme un fait
prouvant l’évolution, depuis 1912 jusqu’au milieu des années 50, époque à laquelle la
supercherie fut finalement dévoilée. Si les savants sont capables d’accepter avec
crédulité de telles “preuves” pour soutenir les théories qu’ils affectionnent,
devrions-nous accepter avec la même crédulité toutes les déclarations de la science qui
contredisent la Bible ? » (La Tour de Garde 15/4/79 p. 27)
122 Voir L’homme de Piltdown sur le Journal du Net
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Ah, mauvaise foi (si je puis me permettre le jeu de mot), quand tu nous tiens !
Bien sûr, la critique jéhoviste de la fraude scientifique ne s’arrête pas à cette unique affaire, ne sousestimons jamais la Société Watchtower. Ses publications vont se faire l’écho de tous les scandales
scientifiques connus, de toutes les erreurs parfois aussitôt admises123 , transformant des faits plutôt
exceptionnels au regard de la somme des travaux réalisés par la communauté scientifique, en un
tableau accablant :
• Réveillez-vous ! 22/8/84, p.5-7 "Fraudes dans le monde de la science : Un coup d’œil dans
les coulisses..." :
« À l’évidence, cela montre que malgré toute l’honorabilité et l’honnêteté qu’un
scientifique ou qu’un autre homme peut manifester dans un certain domaine, il peut
tout aussi bien devenir dogmatique, irrationnel et téméraire, et se servir
d’expédients quand ses intérêts sont en jeu. »
« Cependant, cela ne signifie pas que la science, en tant qu’institution, est en train
d’échouer ou qu’elle ne produit rien de bon. » [...] « Les récents cas de fraude dans le
domaine de la recherche ont seulement mis en évidence les limites de cet idéal et le
refus de s’y soumettre que certains membres de la communauté scientifique ont
manifesté. Les faits révèlent qu’à l’intérieur du mécanisme d'auto-contrôle de la science
il existe suffisamment de moyens permettant à quelqu’un qui connaîtrait toutes les
ficelles de prendre en défaut le système. »
« Ce petit tour d’horizon dans l’univers de la recherche scientifique nous a donné un
aperçu du travail des scientifiques. Nous avons noté qu’en dépit de leur formation les
scientifiques sont sujets aux faiblesses humaines tout comme ils sont aussi pénétrés de
qualités morales. Le fait qu’ils portent une blouse immaculée n’y change rien. En fait, la
compétition et les pressions propres aux milieux scientifiques peuvent rendre tout à
fait tentant le recours à des expédients d’un genre louche. La fraude scientifique
est là pour nous rappeler que la science a elle aussi des secrets honteux. Bien qu’ils
soient souvent cachés, ils existent bel et bien. Leur divulgation accidentelle devrait
provoquer chez nous cette prise de conscience : bien que la science et les scientifiques
occupent souvent un piédestal, il convient de reconsidérer avec prudence leur place
véritable. »
Bien évidemment, la Société Wathtower est beaucoup trop habile pour jeter le bébé avec l’eau du
bain. Elle précise que ces affaires ne doivent pas rendre le Témoin de Jéhovah soupçonneux à
l’égard du monde scientifique tout entier, ayant bien conscience que les progrès scientifiques les
plus flagrants ne peuvent tout de même pas échapper complètement à ses fidèles . Par conséquent,
elle s’appuie sur les cas de fraude pour délimiter la confiance que les Témoins de Jéhovah doivent
accorder à la Science : dès lors qu’une découverte scientifique va à l’encontre de la "Vérité"
jéhoviste, elle doit être immédiatement écartée. Voyez ce qu’en dit leur littérature :
123 Voir par exemple l’affaire de “homme d’Orce” dans le Réveillez-vous ! 8/1/94 p. 24 où la Watchtower titre "Des scientifiques
qui mènent les gens en bateau", alors que ceux-ci reconnaissent :
“Le professeur Jordi Agustí et moi avons eu beaucoup de mal à admettre que le fossile n’était pas celui d’un
humanoïde. Mais la science a pour objet la découverte de la vérité, dût-elle nous déplaire.”
Cet article a d’ailleurs fait réagir un lecteur dans la rubrique Nos lecteurs nous écrivent du Réveillez-vous ! 22/11/94 p. 30 :
« Votre article “Des scientifiques qui mènent les gens en bateau” (8 janvier 1994) a retenu mon attention. Il apparaît
que les scientifiques impliqués dans cette affaire ont commis une simple erreur, qu’ils ont corrigée par la suite. C’est
ainsi qu’est censée fonctionner la science, mais le titre de votre article laisse entendre qu’il y a eu quelque
tromperie. »
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« L’étudiant s’apercevra aussi de certaines fraudes. » [...] « En conséquence, bien que
nous ne devions pas minimiser l’apport énorme fait par la science à l’humanité, il faut
nous souvenir que la science a ses limites. Cela est d’une importance non
négligeable quand nous la comparons à l’autre source d’information vitale, la
Bible. » (Réveillez-vous ! 8/2/83 p. 5-6 )
« Certes, cette nouvelle affaire de fraude scientifique ne nous rend pas soupçonneux à
l’égard du monde scientifique tout entier. Cependant, elle apporte une fois de plus la
preuve que les arguments de la paléontologie, lorsqu’ils s’opposent à l’exactitude
infaillible du récit biblique, ne sont souvent rien de plus que des “arguments
contradictoires de ce qui s’appelle ‘Science’, ‘Connaissance’, mais n’en mérite pas
le nom”,[...] » (La Tour de Garde 15/2/90, p. 28)
Et voilà le fidèle Témoin de Jéhovah bien conditionné pour opposer une résistance farouche à toute
information scientifique ou historique contraire à l’enseignement de la secte. Inutile de préciser que
les enfants baignant dans cet atmosphère de dénigrement permanent se montreront eux-aussi
complètement hermétiques à tout enseignement reçu à l’école, allant à l’encontre de la "Vérité"
jéhoviste . Ce point a d’ailleurs été soulevé par Nicolas Jacquette à l’occasion de son excellent
témoignage devant commission d’enquête parlementaire relative à l’influence des mouvements
sectaires sur les mineurs124 :
« En entrant à l’école, l’enfant est déjà préparé à ce qui lui sera enseigné à l’aune de
l’enseignement de la secte : ce qui correspond à ce qu’on lui a déjà enseigné est
acceptable, ce qui ne correspond pas n’est qu’objet de mépris. On se considère très
clairement comme supérieur au reste de l’humanité, parce que l’on connaît la vérité.
Même l’enfant est certain d’être supérieur à ses petits camarades : il ne croit pas au
Père Noël, il ne fête pas les anniversaires parce qu’il sait que c’est une fête païenne, il
ne croit pas à la théorie de l’évolution enseignée à l’école car on lui a appris que dans
l’histoire biblique l’homme n’a que six mille ans et que l’évolution n’est qu’une farce…
Toutes ces pensées induites par la secte sont suffisamment étayées en interne – sans
preuves concrètes, bien évidemment – pour que l’enfant soit lui aussi persuadé en
arrivant à l’école qu’il va entendre des discours incompatibles avec ceux qu’on lui a
enseignés, et qu’il doit s’en prévenir. Il est d’emblée averti qu’il entendra parler de
philosophie, d’évolution, de raisonnements contraires à sa foi, qu’il devra faire très
attention »[...] « De fait, ce mépris soigneusement cultivé à l’égard des historiens, des
scientifiques, du milieu enseignant, du milieu médical, rend le Témoin de Jéhovah
enfant totalement imperméable à tout ce qu’on peut lui apprendre dans le milieu
scolaire : dès lors que cela ne correspond pas au credo de la secte, ce n’est pas
acceptable, c’est faux. Il aura donc un réflexe d’autodéfense et bloquera sans même
s’en douter son esprit à toute absorption. »
Et vous, à la lecture des croustillantes citations de publications données ci-dessus, quelle est votre
conviction ? Que l’enfant Témoin de Jéhovah est élevé avec un véritable esprit ouvert et un respect
de la science et de l’enseignement prodigué en classe ou, bien au contraire, dans la prévention
contre les idées contraires au fondamentalisme et une défiance entretenue contre toute remise en
cause de ce qui est inculqué à longueur d’année et de semaines à tous les adeptes de la secte ?
124 Voir Nicolas Jacquette sur TJ-Encyclopédie
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Sois belle et tais toi - la femme entre vase et potiche
Par Lucretius
Paul est d’une délicatesse extrême avec les femmes. Quelques versets suffisent à prouver l’estime
profond que le grand homme leur portait.
Paul – mosaïque
Morceaux choisis :
(1 Corinthiens 14:33-35 - TMN)
Comme dans toutes les congrégations des saints, que les femmes se
taisent dans les congrégations, car il ne leur est pas permis de
parler ; mais qu’elles soient soumises, comme aussi la Loi le dit. Si
donc elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles interrogent
leurs propres maris à la maison, car il est honteux pour une femme de parler dans une
congrégation.
(1 Timothée 2:9-15 - TMN)
De même, je veux que les femmes se parent dans une tenue bien arrangée, avec modestie et
bon sens, non pas avec des façons de se tresser les cheveux, et de l’or ou des perles ou des
vêtements coûteux, mais comme il convient à des femmes qui déclarent révérer Dieu, c’està-dire grâce à des œuvres bonnes. Que la femme apprenne en silence, en toute soumission.
Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ou de dominer sur l’homme, mais qu’elle soit
dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite. Et Adam n’a pas été trompé ;
mais la femme, ayant été complètement trompée, est tombée dans la transgression.
Cependant elle sera préservée grâce à la maternité, à condition qu’elles demeurent dans la
foi et l’amour et la sanctification, avec du bon sens.
Imaginez un peu le silence qui devait régner au temps de l’apôtre Paul dans les congrégations qu’il
était sensé visiter.
Aucune femme n’était autorisée à parler. Elle devait se tourner vers son mari pour recevoir la
lumière divine. Il valait mieux pour elle que son mari ait bien compris l’enseignement dispensé.
Vous êtes vous déjà demandé comment Paul aurait réagi s’il voyait les dispositions actuelles prises
dans les congrégations des Témoins de Jéhovah. Les femmes ont, depuis une cinquantaine d’années
(1959), la possibilité (ou plutôt le devoir) de préparer des exposés bibliques à présenter devant la
congrégation.
L’artifice invoqué pour ne pas donner l’impression d’enseigner l’auditoire de manière trop directe
est de les placer dans le cadre d’un dialogue avec une interlocutrice.
Mais l’enseignement est bien là, les idées présentées ne diffèrent que par la forme, pas par le fond.
On est très loin de l’esprit de l’apôtre Paul. Certains s’en réjouiront, mais l’abandon de la directive
apostolique est-elle anodine ?
Car l’apôtre des nations a été très clair, et dans deux lettres différentes. L'interprétation ou
l’édulcoration de la directive n’est pas possible, car l’apôtre donne un ordre strict et pas une simple
suggestion.
Son discours est misogyne et inacceptable ?
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Tout à fait, mais le lecteur biblique, le disciple a-t-il vraiment le choix ?
Heureusement pour les femmes l’apôtre Pierre est plus délicat.
(1 Pierre 3:7 - TMN)
Vous pareillement, les maris, continuez à demeurer avec elles selon la connaissance, leur assignant
de l’honneur comme à un vase plus faible, le [vase] féminin, puisque vous êtes aussi héritiers avec
elles de la faveur imméritée de la vie, afin que vos prières ne soient pas entravées.
Le problème est que là où Pierre voit un vase, Paul voit une potiche125, pour ne pas dire une
godiche126, voire une cruche127. Mais quitte à se référer à un texte scandaleux, autant le faire comme
il le faut.
Femmes, si vous vous rendez dans une église, ou dans une Salle du Royaume des Témoins de
Jéhovah, portez bien haut la pensée paulinienne. Taisez-vous !
(Proverbes 17:28 - TMN)
Même un sot, quand il garde le silence, passera pour sage ; quiconque ferme ses lèvres
[passera] pour intelligent.
Voyez, tout n’est pas perdu.
L’espérance interdite
Par Lucretius
C’était écrit. Joseph Rutherford, chef tout-puissant des Témoins de Jéhovah, avait eu un éclair
d’esprit saint concernant l’attente des serviteurs de Dieu.
Certains, 144 000, iraient dans les cieux servir en qualité de rois et prêtres et la majorité des
Témoins de Jéhovah auraient l’espérance de vivre éternellement sur la Terre.
La compréhension brutale et lumineuse ne pouvait qu’avoir marqué une époque charnière.
Livre La Révélation - Le grand dénouement est proche, chap. 20, p. 125 (publié par les Témoins
de Jéhovah) :
Durant les années 20 et au début des années 30, la classe de Jean avait mis l’accent
sur l’espérance céleste, tant dans les publications que dans l’oeuvre de prédication.
L’effectif des 144 000 n’était, semble-t-il, pas encore au complet. Toutefois, avec le
temps, un nombre croissant de ceux qui acceptaient le message et participaient avec zèle
à l’oeuvre de témoignage en sont venus à manifester un grand intérêt pour la vie
éternelle dans le Paradis terrestre. Ils ne désiraient pas aller au ciel. Ce n’était pas là leur
appel. Ils ne faisaient pas partie du petit troupeau, mais des autres brebis (Luc 12:32 ;
Jean 10:16). Le fait qu’en 1935 on les a identifiés à la grande foule des autres brebis
indiquait que le rassemblement des 144 000 était alors près de s’achever.
125 potiche n. f. 1. Grand vase de porcelaine de Chine ou du Japon. 2. Fig. Personne qui joue un rôle de pure représentation, qui ne
dispose d’aucun pouvoir réel.
126godiche adj. et n. f. Fam. Empoté, maladroit. Avoir l’air godiche. Une grande godiche.
127 Humour chrétien. "Depuis quand les femmes ont elles une âme ?" Depuis les noces de Cana, lorsque Jésus a dit, "remplissez ces
cruches...". C’est honteux.
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Les rapports appuient-ils cette conclusion ? Oui. En 1938, 59 047 Témoins de
Jéhovah participaient au ministère dans le monde entier. Sur ce nombre, 36 732
prenaient les emblèmes lors de la célébration annuelle du Mémorial, la commémoration
de la mort de Jésus, indiquant ainsi qu’ils avaient une vocation céleste. Depuis, le
nombre de ces participants n’a cessé de diminuer, principalement parce que des
Témoins de Jéhovah fidèles ont achevé leur course terrestre dans la mort. En 1987, il
n’y a eu que 8 808 participants aux emblèmes lors du Mémorial, soit 0,1 %
seulement des 8 965 221 personnes qui ont assisté à cette célébration à travers le
monde.
En 1988, lorsque le livre a été écrit, les choses étaient très claires et inspirées : 1935 avait marqué la
fin d’une époque et l’espérance céleste verrait diminuer inexorablement le nombre de postulants.
Parmi les Témoins de Jéhovah, en 1987, on dénombrait 8 808 prétendants aux trônes. En 2006,
vingt ans plus tard, ils sont encore 8 758.
Les prétendants aux trônes sont immortels et ils ont même l’air de bien se porter.
Problème. Car si l’espérance céleste a pris fin en 1935, tous les membres oints pour avoir été des
membres baptisés à cette époque reculée devraient être des octogénaires voire plus. Et le nombre
fatidique aurait dû décroitre inexorablement. Ce ne fut et ce n’est pas le cas en dépit des recadrages
continuels pour les éventuels postulants à l’espérance céleste.
La Tour de Garde, 1/6/1975, p. 332 :
Comme le montre le livre La vie éternelle dans la liberté des fils de Dieu, pages 147 à
151, les faits indiquent que vers 1934 Dieu a tourné son attention vers le rassemblement
de la "grande foule" de ceux qui survivront à la "grande tribulation" prochaine pour
entrer dans le nouvel ordre de choses terrestre. À cette époque-là, le nombre total de
ceux qui étaient appelés pour le Royaume céleste, c’est-à-dire 144 000, était atteint
(Rév. 7:9-14 ; 14:1-3). Il fallait donc désormais s’attendre à ce que d’autres
chrétiens ne reçoivent cet appel que dans le cas où certains des 144 000 se
révéleraient infidèles (voir Révélation 3:11). Comme le montre La Tour de Garde du
15 février 1975, pages 120 à 122, en disant : "Il y a beaucoup d’invités, mais peu
d’élus", Jésus ne laissait pas entendre que la majorité de ceux qui seraient oints se
montreraient infidèles et devraient être remplacés. Par le mot "beaucoup", Jésus
désignait les millions de membres de la nation juive. C’est à eux que l’"invitation" de
Dieu fut adressée en premier lieu, mais relativement peu d’entre eux furent élus pour
être cohéritiers de Christ. - Mat. 22:14.
ou encore :
La Tour de Garde, 15/6/1992, p. 21 :
Vous savez probablement qu’après 1919 le reste oint s’est activé dans l’oeuvre de
prédication en collaboration avec les anges, qui ont continué d’utiliser le filet à la traîne
symbolique pour ramener des poissons sur la plage et séparer ceux qui étaient excellents
et ceux qui n’étaient pas utilisables. Les statistiques pour cette période montrent que
d’excellents poissons destinés à recevoir l’onction de l’esprit de Dieu ont continué à
être pris, le filet symbolique rassemblant les derniers des 144 000 (Révélation 7:14). Mais, vers le milieu des années 30, le rassemblement des excellents poissons
destinés à être oints de l’esprit saint était à peu près terminé.
Candidat à l’espérance céleste, circulez, il n’y a rien à voir. La partie est déjà jouée. La porte de
l’espérance céleste est fermée.
Place à grande foule qui devrait être toute heureuse de sa place et de son sort.
La Tour de Garde, 15/2/2003, p. 19-20 :
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Particulièrement depuis 1935, on recherche les personnes qui deviendront des "
autres brebis ", lesquelles ont foi dans la rançon, se vouent à Dieu et aident le "
petit troupeau " oint à prêcher le Royaume (Luc 12:32). Ces " autres brebis "
espèrent vivre éternellement sur la terre, mais sous tous les autres rapports elles
ressemblent au reste des héritiers du Royaume. À l’image des résidents étrangers qui,
dans l’Israël antique, adoraient Jéhovah et se soumettaient à la Loi, elles acceptent les
responsabilités chrétiennes, notamment celle de prêcher la bonne nouvelle aux côtés des
membres de l’Israël spirituel (Galates 6:16). Cependant, de même qu’un résident
étranger ne pouvait devenir ni roi ni prêtre en Israël, de même aucune autre brebis
ne peut, en tant que telle, régner dans le Royaume céleste ni exercer la fonction de
prêtre. - Deutéronome 17:15.
Il est ainsi apparu dans les années 30 que, dans leur ensemble, les éléments de la
classe céleste avaient été choisis. Depuis des décennies à présent, ce sont les autres
brebis, dont l’espérance est terrestre, que l’on recherche. Si un oint ne demeurait pas
fidèle, c’est très probablement une ’ autre brebis ’ qui sert Dieu fidèlement depuis
longtemps qui le remplacerait parmi les 144 000.
Il faut croire que certains sont sourds. Ce sont les autres brebis qui ont l’espérance terrestre qu’on
recherche. Arrêtez de vous présenter pour l’espérance céleste, les places sont prises, on vous dit !
C’était avant, avant la nouvelle lumière.
Alors, postulants à l’espérance céleste, réjouissez-vous. L’espérance céleste est à nouveau offerte.
Questions From Readers’ in the May 1st 2007 Watchtower - When does the calling of Christians
to a heavenly hope cease :
On the other hand, some Christians baptized after 1935 have had witness borne to them
that they have the heavenly hope. (Romans 8 : 16,17) Thus it appears that we cannot set
a specific date for when the calling of Christians to the heavenly hope ends.
Traduction du passage de la Tour de Garde du 1/5/2007 - questions des lecteurs - Quand l’appel
des Chrétiens pour une espérance céleste cessera-t-il ? :
D’un autre côté quelques chrétiens baptisés après 1935 ont porté témoignage qu’ils
avaient l’espérance céleste (Rom 8:16,17). De fait il apparaît que nous ne pouvons
fixer de date précise à la fin de l’espérance céleste.
Puisque le nombre de 144 000 membres oints engrangés depuis la pentecôte de l’an 33 jusqu’à nos
jours est inconnu et puisque la date de fin est inconnu, vous êtes pleinement éligible à cette
espérance si vous sentez qu’elle vous concerne.
L’espérance céleste n’est plus interdite.
Avec une telle concession et un tel revirement, on peut légitimement s’interroger sur l’évolution
probable du nombre de postulants à l’espérance céleste. Ils étaient 8 758 en 2006, combien serontils en 2007 ou 2008 ? La Tour de Garde en question ne sera examinée par les congrégations que
courant juin, soit après le Mémorial de la mort du Christ célébré en 2007. Cette déclaration ne va-telle pas doper le nombre des prétendants aux trônes ?
L’avenir nous le dira. Et il est également possible que nous n’en sachions rien.
Si vous voulez cacher que vous avez la fièvre, ne montrez pas votre thermomètre. Il est très possible
que les chiffres des participants aux emblèmes, les postulants à l’espérance céleste, ne soient plus
publiés. Cela éteindrait la controverse, du moins publiquement.
Constatons que 1935 est une date qui disparait également du calendrier chronologique des Témoins
de Jéhovah. Après la génération de 1914, c’est le dernier carré des membres oints de 1935 qui
disparait à son tour.
Via Veritas
288
Décidément Russell ou Rutherford ne reconnaitraient plus leurs marques. Le jéhovisme n’est plus
ce qu’il était, ma bonne dame !
Traduttore traditore – Traducteur traitre
Par Lucretius
Depuis 1974 les Témoins de Jéhovah ont publié intégralement leur propre traduction de la Bible, la
Traduction du Monde Nouveau.
Que vaut cette traduction ?
Il est difficile d’en juger d’après l’identité de ses rédacteurs puisque le Comité de Traduction a
décidé de garder l’anonymat de ses membres.
Livre Comment raisonner à partir des Écritures, p. 409 Traduction du monde nouveau :
En renonçant à leurs droits d’auteurs, les membres du Comité de la Traduction du
monde nouveau ont demandé à garder l’anonymat. La Société Watchtower a décidé de
respecter leur volonté. Les traducteurs ne cherchaient pas à se faire connaître, mais à
honorer Dieu, l’Auteur des Saintes Écritures.
(...)
Est-ce vraiment une œuvre d’érudition ? Les traducteurs ayant décidé de rester dans
l’anonymat, on ne peut répondre à cette question sur la base de leur formation
universitaire. Il faut donc juger leur traduction d’après ce qu’elle vaut.
Alan Feuerbacher, ex-TJ et éminent contradicteur de la Watchtower, a fait le point des membres du
Collège central de l’époque, les hommes de poids susceptibles d’avoir pu collaborer à l’ouvrage. Il
ressort de son intéressant article en anglais Translators of the New World Translation que, de la
poignée de dirigeants jéhovistes de l’époque, seul Frederick Franz, principal rédacteur et théoricien
de l’équipe, avait pu réellement porter le projet. S’il connaissait le grec biblique jusqu’à pouvoir le
lire dans le texte il était loin d’en être un spécialiste reconnu. Sa connaissance de l’hébreu et de
l’araméen était en outre purement autodidacte.
Cet examen d’autorité permet de mieux saisir la réelle motivation qui se cache derrière l’anonymat
des rédacteurs : leur « formation universitaire » linguistique est quasi-inexistante et aurait pu
facilement être remise en question par leurs opposants.
La remarque est d’autant mieux fondée qu’à cette époque les rédacteurs des articles et publications (
Russell, Rutherford, Knorr) n’éprouvaient aucune gène à les signer et les revendiquer.
Examinons les prétentions de la TMN et constatons.
La Tour de Garde du 15 janvier 1999, p.29 :
Des millions de lecteurs se sont livrés à cet examen pour constater que la Traduction du
monde nouveau allie un style agréable à une scrupuleuse fidélité au texte. Ses
traducteurs ont travaillé à partir de l’hébreu, de l’araméen et du grec en se référant aux
meilleurs textes disponibles. Ils se sont tout particulièrement attachés à serrer le texte
ancien au plus près, mais dans un style facile à comprendre. Un certain nombre de
biblistes ont d’ailleurs salué la fidélité et l’exactitude de cette traduction.
Via Veritas
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La littéralité du texte est une force revendiquée par la traduction. Citons deux exemples qui
montrent que trop de littéralité tue la fluidité de la lecture et n’apporte rien à la compréhension de
l’idée.
(Deutéronome 22:8 -TMN) Si tu bâtis une maison neuve, alors tu devras faire un
parapet pour ton toit, afin de ne pas mettre de sang sur ta maison parce que quelqu’un
qui tombe pourrait en tomber.
La langue hébraïque est réputée pour marquer l’intensité par la répétition. Mais la traduction
française, elle-même traduite de l’anglais, n’a pas tenu compte de l’usage du français qui déteste la
répétition inutile. C’est même pour le bon lecteur une faute de style rédhibitoire.
Le style est lourd, maladroit et n’éclaire nullement le texte.
Comparez avec la Bible en Français Courant (BFC – 1982 – dont les 8 collaborateurs sont eux
identifiés et nommés).
Quand vous bâtirez une nouvelle maison, construisez un muret autour du toit en
terrasse, afin de ne pas être responsable si quelqu’un se tue en tombant du toit.
Laquelle des deux traductions a, selon vous, un « style facile à comprendre » ?
Mais le lecteur pourra dire : l’hébreu c’est l’hébreu et rendre littéralement le texte ancien oblige à
un style inesthétique.
Qu’en est-il en grec ?
(Hébreux 11:5 -TMN) Par la foi, Hénok a été transféré pour ne pas voir la mort, et on ne
le trouvait nulle part, parce que Dieu l’avait transféré ; car, avant son transfert, il avait le
témoignage qu’il avait plu à Dieu.
Il est question de transfert au cas où vous ne l’auriez pas compris.
Comment la BFC rend-t-elle le texte ?
Par la foi, Hénok fut emmené auprès de Dieu sans avoir connu la mort ; personne ne put
le retrouver, parce que Dieu l’avait enlevé auprès de lui. L'Écriture déclare qu’avant
d’être enlevé Hénok avait plu à Dieu.
Laquelle des deux traductions a, selon vous, un « style facile à comprendre » ?
Oser écrire que la TMN est d’« un style agréable » est une injure à la belle littérature.
Le lecteur pourra objecter que tout cela n’a guère d’importance, que ce n’est que considération de
maniaque de la belle langue et que ce qui compte c’est de rester le plus près possible du texte
originel, de, selon les termes mêmes du rédacteur anonyme de la Tour de Garde citée plus haut,
« serrer le texte ancien au plus près ».
Qu’en est-il de la manière « universitaire » de rendre le texte de Daniel 9:25, 26, texte éminemment
prophétique s’il en est ?
(Daniel 9:25 - TMN) Il faut que tu saches et que tu sois perspicace : depuis la sortie de
[la] parole pour rétablir et pour rebâtir Jérusalem jusqu’à Messie [le] Guide, il y aura
sept semaines, également soixante-deux semaines. Elle reviendra et sera bel et bien
rebâtie, avec place publique et fossé, mais dans la détresse des temps.
Or que dit précisément le texte original hébreu pour Messie le Guide ?
Une recherche linguistique approfondie montre que les majuscules suggérées dans la TMN n’ont
pas leur place, et aucune note en bas de page ne corrigera le sens volontairement donné (note de la
TMN à cet endroit : Ou : “ Oint ”. Héb. : Mashiaḥ ; LXXBagster(gr.) : Khristou ; syr. : Mèshiha’,
̣ “
le Messie ” ; lat. : Christum).
Ici pour les traducteurs de la TMN les mots mashiyach128 et nagiyd129 signifient nécessairement
128 Nombre de Strong : 4899.
129 Nombre de Strong : 5057.
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Messie et Guide, sous-entendu le Jésus des évangiles.
Or mashiyach signifie avant tout oint ou une personne consacrée au sens le plus large (un roi, un
prêtre) et nagiyd signifie essentiellement un commandant civil, militaire ou religieux, un capitaine,
un chef, un gouverneur, un prince.
Or il est utile de constater que le mot mashiyach est traduit invariablement à 39 reprises par oint ou
un oint dans le texte hébraïque. Ces "oints" peuvent être des prêtres (Lev 4:3,5,16 ;6:22), les rois
Saül, David et autre descendants royaux (1Sa 2:10, 35 ; 12:3, 5 ; 16:6 ; 24:6 ,10 ; 26:9, 11, 16, 23 ; 2
Sa1:14, 21 ; 19:21 ; 22:51 ; 23:1 ; 1Ch16:22 ; 2Ch6:42 ; Ps2:2 ; 18:50 ; 20:6 ; 28:8 ; 84:9, 38, 51 ;
105:15 ; 132:10, 17 ; La 4:20) et même le roi Cyrus de Perse (Isa 45:1).
La Septante grecque traduit toutes ces occurrences par le même mot "christos".
N’est-il donc pas extraordinaire que dans ces deux seuls versets (Da 9:25 et 26) mashiyach
devienne le Messie par le choix purement arbitraire et partial des traducteurs ?
Peut-on raisonnablement parler de "scrupuleuse fidélité au texte" ?
Qu’il nous soit permis de citer des traductions plus fidèles et moins dirigées (Da 9:25).
La Bible en Français courant (BFC - 1982) :
Voici ce que tu dois savoir et comprendre : depuis l’instant où a été prononcé le message
concernant le retour d’exil et la reconstruction de Jérusalem, jusqu’à l’apparition du
chef consacré , il y a sept période de sept ans. (...)
La Bible du Semeur (Semeur - 1992) :
Voici ce que tu dois savoir et comprendre : depuis le moment où le décret ordonnant de
restaurer et de rebâtir Jérusalem a été promulgué jusqu’à l’avènement d’ un chef ayant
reçu l’onction , il s’écoulera sept septaines et soixante-deux septaines.
Les deux traductions sont fidèles au texte originel (nagiyd, mashiyach) en s’interdisant de forcer le
sens de la traduction afin de satisfaire un objectif particulier.
Toutes deux respectent en plus l’ordre d’apparition des termes dans le texte original : chef puis oint
et non oint puis chef.
Pour ce qui est de "serrer le texte ancien au plus près" pas de doute la TMN le serre bien et n’est pas
prête de desserrer son étreinte. Elle a trop besoin des prétendues prophéties des soixante-dix
semaines de Daniel et de sa projection messianique pour ne laisser ne serait-ce qu’entrevoir à ses
lecteurs qu’une lecture différente, ancrée dans la période de rédaction du livre, pourrait être faite du
texte.
Et comment lire le verset 26 ?
(Daniel 9:26- TMN) Et après les soixante-deux semaines, Messie sera retranché, avec
rien pour lui-même.
La traduction est volontairement dirigée et répond à des préjugés établis et nécessaires à la
théologie jéhoviste : il s’agit de Jésus-Christ, par la force des choses et le choix du traducteur.
Mais notez encore les deux traductions que nous avons mises en concurrence.
(BFC) A la fin de ces soixante-deux périodes, un homme consacré sera tué sans que
personne le défende.
La BFC ne force nullement le sens et traduit fidèlement le mot mashiyach et, dans son renvoi en bas
de page au verset 26, on peut lire ceci :
un homme consacré : il pourrait s’agir du grand prêtre Onias III, assassiné en 171 av.
J.C.
Et la Bible du Semeur rend ainsi, avec conséquence, le verset :
A la fin des soixante-deux septaines, un homme ayant reçu l’onction sera mis à mort,
Via Veritas
291
bien qu’on ne puisse rien lui reprocher (variante en bas de page : bien qu’on ne puisse
rien lui reprocher – traduction incertaine. Autre traduction : et il n’aura personne pour
venir à son secours (11:45)).
Croyez-vous que les Témoins de Jéhovah qui lisent Daniel selon la TMN aient seulement le
soupçon qu’une lecture différente et moins partisane peut être faite des versets ?
Seraient-ils aussi captifs de leur compréhension prophétique s’ils savaient vraiment cela ?
Le texte originel n’a-t-il pas été trahi par les artisans de la TMN ? Ceux-là mêmes qui reprochent
aux traducteurs des versions concurrentes leur manque de fidélité et de rigueur peuvent-ils se poser
en donneurs de leçons ?
Traduttore traditore – traducteur traître – le dicton italien est également écrit pour eux, force est de
le constater.
L’excommunion est une pratique païenne ! Awake 08/01/1947
Par Popper
Êtes-vous aussi excommuniés ?
Il y a cinquante ans, un article écrit par la Watchtower dénonçait l’attitude de la Watchtower adoptée
depuis 1981.
Rappelons à nos lecteurs, que l’excommunication actuellement pratiquée par les Témoins de
Jéhovah ne connaissait pas cette forme avant 1981.
Traduction
Si vous êtes une des 138 000 000 de personnes au
monde qui est née et élevée comme protestant, alors
vous êtes déjà excommunié par la hiérarchie de
l’Église catholique romaine. Cela signifie que vous
êtes regardé avec le mépris le plus infâme par le
Vatican, étant maudis et damné avec le Diable et ses
anges.
L’Encyclopédie Catholique dit ceci :
Avec les exceptions précitées (les infidèles, païens,
musulmans et les Juifs), tous ceux qui furent
baptisés sont susceptibles d’être excommuniés,
même ceux (les protestants) qui n’ont jamais
appartenu à la vraie Église qui, depuis leur baptême
sont ses sujets malgré leur rébellion. De plus,
l’Église excommunie non seulement ceux qui
Via Veritas
292
abandonnent la vraie foi pour embrasser le schisme ou l’hérésie mais aussi ceux qui naissent à
l’intérieur de ces mouvements schismatiques et hérétiques.
Tout ceux qui appartiennent à des loges tel les Franc-maçons, les Fenians (Irlande), les Chevaliers
du Temple, Odd Fellow (œuvre caritative), les Fils de la Tempérance, les Chevaliers de Pythie sont
aussi excommuniés.
Cela est le "canon de la loi" que la hiérarchie Catholique Romaine tente de faire appliquer sous le
prétexte que c’est la loi de Dieu. L’autorité de l’excommunication vient, affirment-ils, des
enseignements du Christ et des apôtres que l’ont trouve dans les versets suivants : Matthieu 18 :1519 ; 1 Corinthiens 5 :3-5 ; 16 :22 ; Galates 1 : 8,9 ; 1 Timothée 1 :20 ; Tite 3 :10. Mais
l’excommunication hiérarchique, comme punition et remède "médical", ne trouve aucun support
dans ces versets. En fait, ceci est même étranger aux Écritures - Hébreux 10 :26-31
Quand, donc, cette pratique est-elle apparue ? L’Encyclopédie Britannique dit que
l’excommunication papale n’est pas sans influence païenne, « et ses variations ne peuvent être
adéquatement explicitées sans faire référence à des excommunications non-chrétiennes analogues ».
Les Grecs superstitieux croyaient que lorsqu’un excommunié mourrait, le Diable entrait à l’intérieur
de son corps. Par conséquent, « ils découpaient le cadavre et le faisait bouillir dans du vin ». Même
les Druides avaient une méthode pour expulser ceux qui avaient perdu la foi dans leur religion
superstitieuse. Ce fut donc après que le catholicisme adopta cette pratique païenne, en 325 de notre
ère, que ces nouveaux chapitres religieux de l’excommunication furent écrits.
Dès lors, quand les prétentions de la hiérarchie augmenta, l’arme de l’excommunication devint un
instrument par lequel le clergé une combinaison de pouvoir ecclésiastique et de tyrannie profane qui
ne trouva aucune comparaison historique. Les Princes et les potentats qui s’opposèrent au diktat du
Vatican furent très rapidement empalés au nom de l’excommunication et subirent la torture du
bûcher. Pas (page suivante manquante)
Et dire qu’ils font tout un foin pour les anniversaires...Païens !!!
Changement de personnalité ?
Par Aevum Kaczan, Fantasio
Depuis des lustres, le jéhovisme préconise le « changement de personnalité » pour être conforme au
moule.
Réveillez-vous, du 8 juillet 1991, p. 9-10 Comment changer ?
Ceux qui souhaitent changer seront encouragés de savoir qu’ils peuvent être aidés. La
Bible dit de "la personnalité nouvelle" qu’elle est "créée selon la volonté de Dieu dans
une justice et une fidélité vraies". (Éphésiens 4:24.) Voilà qui garantit à ceux qui
souhaitent en bénéficier un soutien suprahumain venant de Jéhovah Dieu lui-même.
Via Veritas
293
Comment le recevoir ?
(...)
L’étude de la Bible nous donne, elle aussi, de la force : elle nous réconforte et nous
permet chaque jour de nous concentrer de nouveau sur nos objectifs. La Bible renforce
la détermination de celui qui s’efforce de modifier son comportement. De plus, elle fait
naître un sentiment de révulsion à l’encontre de la conduite passée. Enfin, la
connaissance biblique absorbée quotidiennement contribue à filtrer tout élément de
désinformation propagé par les médias ou le système éducatif.
Les réunions chrétiennes tenues dans les Salles du Royaume des Témoins de Jéhovah
n’apportent pas seulement un enseignement des principes de la Bible, mais également
un soutien collectif et un encouragement mutuel à s’améliorer. Beaucoup sont parvenus
à changer grâce à ce soutien. Pourquoi ne pas en parler avec la personne qui vous a
remis ce numéro de Réveillez-vous !?
Changer, renouveler sa personnalité, selon la novlangue théocratique, lorsqu’un nouveau converti
veut se mettre au sec sur son passé d’alcoolique ou qu’un consommateur patenté de produits illicites
veut décrocher, cela ressemble à une bonne action bénévole ! Mais vu sous cet aspect simpliste antiaddiction, l’auto-suffisance théocratique sera-t-elle la panacée ?
Autre exemple : il y a 2 décennies à peine, la dépression, le suicide qui en est la cause principale et
les maladies mentales étaient passées sous silence, interdites chez Jéhovah ! La consultation d’un
psy était fortement déconseillée, interdite !
Puisque l’on serine au malade que la Bible est le meilleur des psychotropes, pourquoi dévoiler au
praticien la cause réelle de son mal-être en risquant de salir la réputation de la maison Jéhovah ?
Néanmoins, la Watchtower a depuis été obligée de lever un coin du voile sur l’émergence de
problèmes psychiques au sein des congrégations, mais avec suffisamment de doigté pour ne pas
déstabiliser le processus idéologique ! Toutefois, aucun article ne se termine avec une franche
incitation à consulter un praticien. Une savante dose de culpabilité est toujours mise en exergue et
qui fait naître au malade une impalpable sensation que sa guérison est la conséquence de son
manque de spiritualité. Une guérison qui ne prendra véritablement fin qu’après la venue du paradis
promis au mépris de sa souffrance actuelle...
Bon, si vos propos deviennent incohérents, vous pouvez consulter, mais prenez garde... !
Évidemment, tant pis pour ceux qui tombent en dépression pour avoir été expulsés manu militari de
l’organisation !
Jéhovah-Dieu miséricordieux se lave les mains dans le sang des suppliciés...
Très tôt, le nouvel adepte apprend à renier peu à peu son passé. L’ abrutissement par sa charge
théocratique hebdomadaire ne lui permettra bientôt plus d’encombrer ses pensées à la moindre crise
nostalgique qui sera très vite décriée par l’organisation. Ainsi, j’ai vu des couples brûler leurs
photos de mariage parce qu’ils portaient un crucifix ! Revêtir « la nouvelle personnalité » comporte
bien plus qu’ opérer des changements mineurs dans sa vie. Il faut faire table rase sur tout ce qui se
rattache aux plaisir des yeux et des sens. Le Monde ne vaut rien, les amis et la famille qui ne
partagent pas ces convictions nouvelles sont priés de se mettre à l’écart.
Cependant, il ne sera pas possible de construire son avenir en fuyant son passé...Tôt ou tard il vous
rattrapera !
Est-ce que l’ on a changé de caractère, renouvelé sa personnalité entre-temps ?
Ce n’est qu’une fois sorti du coma social artificiellement entretenu par la théocratie que l’on se rend
Via Veritas
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compte de l’ampleur des dégâts.
At the beginning
Par ChercheTrouve
Ce qui motive les recherches peut sembler assez confus dans notre optique.
Est-ce que la simple curiosité est suffisante pour l’expliquer ?
Nous serons tous d’accord pour dire que ce n’est qu’un aspect de la chose, vouloir savoir
d’avantage que ce que la simple surface des choses offre, est assez naturel quand on a soi même été
’victime’ de la moquerie des autres pour s’être laissé bercé par les illusions générées par les simples
apparences.
L’aspect qui nous pousse à ne pas avoir envie de passer pour l’idiot du village, ou plus simplement
pour un gros bêta, n’est donc pas à négliger dans cette motivation. Ce n’est pas non plus une simple
question de passe-temps, mais cela touche à des choses qui sont en nous, qui ont été titillées si je
puis dire, et qui nous ont procuré une certaine satisfaction. L’impression agréable d’avoir compris
quelque chose de compliqué procure en effet une joie non négligeable pour l’esprit. Et puisque tout
ce qui donne du plaisir est appelé à être redemandé, et bien on en redemande...
Reste alors à faire la distinction entre deux choses importantes.
• Croire détenir la bonne réponse.
• Savoir que l’on détient la bonne réponse.
Croire ou Savoir, ce n’est pas une question aussi anodine qu’il y parait, l’importance de la réponse
est telle qu’elle touche forcément à tous les aspects de notre vie quotidienne. A tel point qu’on peut
affirmer sans se tromper :
•
•
•
•
Ceux qui croient ne savent pas.
Ceux qui savent ne croient pas.
Ceux qui croient savoir doivent en apporter la démonstration.
Ceux qui savent qu’ils croient ont déjà trouvé le chemin de la sagesse.
La connaissance est ainsi un domaine qui ne peut se satisfaire de croyances subjectives, elle a
besoin de trouver sa légitimité dans la rigueur et dans l’expérience. Cela nous force aussi à faire la
distinction entre l’hypothèse que l’on tire des expériences, et la théorie qui est le couronnement de
la synthèse de ces expériences. Cela implique que la théorie ne saurait être le résultat de
l’affirmation d’une seule personne, car quelque soit la rigueur dont elle pense faire preuve, c’est
aussi une chose subjective qui doit passer par le feu de l’épreuve...
Faire le choix de la source de nos connaissances n’est alors pas une question personnelle sans
importance, le fait de croire avoir la bonne réponse étant susceptible d’entrainer des conséquences
fâcheuses sinon désastreuses dans bien des domaines, tant sur les plans personnels que collectifs, les
apparences étant souvent trompeuses, ces conséquences risquent fort d’être mal analysées et la
responsabilité qu’entraine ce choix n’est donc pas à prendre à la légère. Évidemment, le simple bon
sens nous permettra de savoir distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, on ne mettra pas
non plus sur le même plan, la décision d’apprendre l'électronique et ses rudiments, avec celle de
Via Veritas
295
fréquenter une confession religieuse. Pourtant, les critères qui conduisent à l’un devraient
fonctionner pour ce qui concerne l’autre... pourquoi en serait-il autrement ?
Le postulat est donc clair, ce qui mène au savoir doit être basé sur la même rigueur que ce qui mène
à la croyance. Une mauvaise connaissance entrainera forcément une mauvaise croyance et
inversement, car le cheminement aura été mal choisi.
Postulat : Proposition qui servira de base au raisonnement et qu’on demande d’admettre sans
démonstration.
Ex : Le postulat d’Euclide. Le postulat de l’invariance de la vitesse de la lumière quel que soit le
référentiel.
Un postulat est donc une chose admise sans être démontrée. A l’inverse, ce n’est pas parce qu’une
chose est indémontrable qu’on peut en faire un postulat. On exclut donc les hypothèses de la
définition du postulat. Ce ne sont pas des postulats dans le sens ou leur domaine d’application n’est
pas admis par l’expérience. Par exemple, je ne peux pas dire que l’existence de Dieu est un postulat.
Je ne peux pas postuler que les mathématiques préexistaient à l’univers. Je ne peux pas postuler que
les ovnis existent. Je ne peux pas postuler que le monde des idées est aussi réel que le monde
physique. Etc..
Toutes ces choses ne sont que des hypothèses, et comme son nom l’indique, l’hypothèse a besoin
d’être étayée pour être admise, ensuite vient la démonstration.
Cela vous parait-il clair ?
Oui ?
Alors détrompez vous, même un postulat peut se révéler être faux. La théorie de la gravitation de
Newton a été remplacée par celle d’Einstein, qui en a précisé les limites et en a donné une autre
interprétation, plus en accord avec les constats des caractéristiques de notre univers. Newton postula
que ce qui provoque l’attirance de deux corps massifs l’un vers l’autre était une force qui se
propageait instantanément dans l’espace. Il a fallu plusieurs siècles, avec l’affinement des mesures
et des instruments associés, pour se rendre compte de l’inexactitude de la théorie. La théorie de la
relativité générale remplaça cette idée avec la même perversité que la théorie de Galilée renversa
l’idée que le Soleil tournait autour de la Terre.
Espace
Cela démontre-t-il que l'accès à la connaissance sera toujours remis en question et qu’il existe une
source de renseignements plus fiable et plus universelle ? Rien n’est moins sûr, l’univers dans
lequel nous évoluons semble si complexe qu’avec le temps il faut inventer de nouvelles
mathématiques pour mieux le cerner. Ceux qui prétendent que la connaissance est distribuée au fur
et à mesure des besoins humains, par une prétendue source éternelle et immuable ne posent pas cela
en postulat, mais bien en hypothèse qui mue au même rythme que les découvertes scientifiques. En
clair, leur croyance s’adapte à la connaissance et recule à chaque nouvelle émergence scientifique,
cela ressemble étrangement à ce conte que mon professeur nous faisait étudier quand j’usais mes
fonds de culottes sur les bancs de l’école primaire, celui où un jeune apprenti magicien s’évertuait à
Via Veritas
296
commander aux nuages d’aller dans le sens inverse de leur progression. Fatigué de constater qu’ils
n'obéissaient pas, le jeune ambitieux trouva la parade : il leur commanda du bout de sa baguette,
d’aller dans le sens du vent... s’enorgueillit de sa victoire et passa promptement à une distraction
bien plus facile à maitriser.
Au fait, pourquoi quatre évangiles ?
Par Lucretius
Nombreux sont les évangiles qui ont été composés. La Tradition n’en a retenu que quatre, les autres
ont été qualifiés d’apocryphes ou cachés.
Mais pourquoi précisément quatre ?
Irénée, évêque de Lyon nous livre sa version circonstanciée.
Irénée de Lyon (2ème siècle)
Contre les Hérésies
Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur
LIVRE III
L’Evangile tétramorphe
Tels sont les commencements de l'Évangile : ils annoncent un seul Dieu, Créateur de cet univers,
qui fut prêché par les prophètes et donna la Loi par l’entremise de Moïse ; ils proclament que ce
Dieu est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et, en dehors de lui, ils ne connaissent point d’autre
Dieu ni d’autre Père.
Si grande est l’autorité qui s’attache à ces Évangiles, que les hérétiques eux-mêmes leur rendent
témoignage et que chacun d’eux leur arrache quelque lambeau pour tenter d’appuyer son
enseignement. Ainsi les Ebionites se servent du seul Évangile selon Matthieu ; mais ils sont
convaincus par cet Évangile même de ne pas penser correctement au sujet du Seigneur.
Marcion ampute l'Évangile selon Luc ; mais les fragments qu’il en conserve encore prouvent qu’il
est un blasphémateur à l’égard du seul vrai Dieu. Ceux qui séparent Jésus du Christ et veulent que
ce Christ soit demeuré impassible, tandis que Jésus seul aurait souffert, vantent l’Évangile selon
Marc ; mais, s’ils le lisent avec l’amour de la vérité, ils ont la possibilité de revenir à des idées
saines.
Quant aux disciples de Valentin, ils utilisent abondamment l'Évangile selon Jean pour accréditer
leurs syzygies130; mais ils sont convaincus par cet Évangile même de ne rien dire de correct, ainsi
que nous l’avons montré dans le premier livre.
Ainsi donc, puisque nos contradicteurs rendent témoignage aux Évangiles et les utilisent, solide et
vraie est la preuve que nous élaborons à partir d’eux.
Par ailleurs, il ne peut y avoir ni un plus grand ni un plus petit nombre d’Evangiles. En effet,
puisqu’il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et
puisque, d’autre part, l’Eglise est répandue sur toute la terre et qu’elle a pour colonne et pour
soutien l'Évangile et l’Esprit de vie, il est naturel qu’elle ait quatre colonnes qui soufflent de
130 syzygie [sizii] n. f. ASTRO Conjonction ou opposition d’une planète, ou de la Lune, avec le Soleil. Les marées de vives eaux ont
lieu quand le Soleil et la Lune sont en syzygie.
Via Veritas
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toutes parts l’incorruptibilité et rendent la vie aux hommes.
D’où il appert que le Verbe, Artisan de l’univers, qui siège sur les Chérubins et maintient toutes
choses, lorsqu’il s’est manifesté aux hommes, nous a donné un Evangile à quadruple forme, encore
que maintenu par un unique Esprit. C’est ainsi que David, implorant sa venue, disait : « Toi qui
sièges sur les Chérubins, montre-toi. » Car les Chérubins ont une quadruple figure, et leurs figures
sont les images de l’activité du Fils de Dieu. « Le premier de ces vivants, est-il dit, est semblable à
un lion », ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; « le
second est semblable à un jeune taureau », ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de
prêtre ; « le troisième a un visage pareil à celui d’un homme », ce qui évoque clairement sa venue
humaine ; « le quatrième est semblable à un aigle qui vole », ce qui indique le don de l’Esprit
volant sur l’Eglise.
Les Evangiles seront donc eux aussi en accord avec ces vivants sur lesquels siège le Christ Jésus.
Ainsi l’Évangile selon Jean raconte sa génération prééminente, puissante et glorieuse, qu’il tient
du Père, en disant : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe
était Dieu », et : « Toutes choses ont été faites par son entremise et sans lui rien n’a été fait. » C’est
pourquoi aussi cet Evangile est rempli de toute espèce de hardiesse : tel est en effet son aspect.
L’Evangile selon Luc, étant de caractère sacerdotal, commence par le prêtre Zacharie offrant à
Dieu le sacrifice de l’encens, car déjà était préparé le Veau gras qui serait immolé pour le
recouvrement du fils cadet.
Quant à Matthieu, il raconte sa génération humaine, en disant : « Livre de la génération de JésusChrist, fils de David, fils d’Abraham », et encore : « La génération du Christ arriva ainsi . » Cet
Evangile est donc bien à forme humaine, et c’est pourquoi, tout au long de celui-ci, le Seigneur
demeure un homme d’humilité et de douceur.
Marc enfin commence par l’Esprit prophétique survenant d’en haut sur les hommes, en disant :
« Commencement de l’Evangile, selon qu’il est écrit dans le prophète Isaïe. » Il montre ainsi une
image ailée de l’Evangile, et c’est pourquoi il annonce son message en raccourci et par touches
rapides, car tel est le caractère prophétique.
Les mêmes traits se retrouvent aussi dans le Verbe de Dieu lui-même : aux patriarches qui
existèrent avant Moïse il parlait selon sa divinité et sa gloire ; aux hommes qui vécurent sous la Loi
il assignait une fonction sacerdotale et ministérielle ; ensuite, pour nous, il se fit homme ; enfin, il
envoya le don de l’Esprit céleste sur toute la terre, nous abritant ainsi sous ses propres ailes. En
somme, telle se présente l’activité du Fils de Dieu, telle aussi la forme des vivants, et telle la forme
de ces vivants, tel aussi le caractère de l’Evangile : quadruple forme des vivants, quadruple forme
de l’Évangile, quadruple forme de l’activité du Seigneur. Et c’est pourquoi quatre alliances furent
données à l’humanité : la première fut octroyée à Noé après le déluge ; la seconde le fut à Abraham
sous le signe de la circoncision ; la troisième fut le don de la Loi au temps de Moïse ; la quatrième
enfin, qui renouvelle l’homme et récapitule tout en elle, est celle qui, par l’Évangile, élève les
hommes et leur fait prendre leur envol vers le royaume céleste.
S’il en est ainsi, ils sont vains, ignorants, et audacieux de surcroît, ceux qui rejettent la forme
sous laquelle se présente l’Evangile et qui introduisent à l’encontre soit un plus grand, soit un
plus petit nombre de figures d’Evangile que celles que nous avons dites, les uns pour paraître
avoir trouvé plus que la vérité, les autres pour rejeter les « économies » de Dieu.
Ça c’est du raisonnement et de la logique !
Heureusement que Irénée n’a pas pensé à ses doigts de pied sinon il y aurait eu dix évangiles.
Via Veritas
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Discours historique sur l’Apocalypse - Firmin Abauzit
Par Lucretius
Comme quoi la lecture éclairée de la Bible n’est pas un exercice salutaire qui date d’hier.
Curieuses sont parfois les découvertes que nous faisons aux détours d’une lecture souvent anodine.
Firmin Abauzit fait partie de cette sorte de découvertes. Cet érudit, Français de naissance mais
Suisse de nationalité, ne nous est pas connu ou très peu, le fanatisme religieux étant cause de la
perte de pratiquement tous ses écrits. Effectivement, vous le lirez plus loin, ses héritiers légitimes,
au nom de la sacro-sainte église catholique, en un autodafé exécuté à Uzès (Gard), détruisirent tous
ses écrits quelques temps après sa mort. S’il n’eut comme correspondant des personnages comme
Isaac Newton, Jean-Jacques Rousseau, il est certain que nous ne saurions rien de lui ou si peu, une
rue à Genève. (...) Abauzit s’était fait une grande réputation ; on n’a pourtant de lui que quelques
fragments, qui ont, pour la plupart, été publiés à son insu. Tous ceux qui le connaissaient,
admiraient son jugement et sa vaste érudition. Les plus grands hommes recherchaient sa
correspondance et le consultaient sur les questions les plus difficiles. Newton, en lui envoyant son
« Commercium epistolicum », lui écrivit : « Vous êtes bien digne de décider entre Leibnitz et moi. »
— Sur le site de l’Association Provençale d’Astronomie.
Et pour en juger pleinement voici son fameux :
Discours historique sur l’Apocalypse
Il ne faut pas s’imaginer que le Canon de l’Écriture, tel que nous l’avons aujourd’hui, se soit formé
tout d’un coup dès les temps des apôtres. Les Évangiles furent, sans doute, les premiers livres qui
vinrent à la connaissance des chrétiens. Ensuite parurent les Épîtres, les unes plus tôt, les autres plus
tard. Les Églises particulières à qui elle avaient été écrites, se les communiquaient les unes aux
autres ; les Romains aux Corinthiens, les Corinthiens aux Romains ; et ainsi de chaque Épître, à
mesure que le commerce s’étendait entre les chrétiens. On ne voit paraître ni Conciles, ni Pape, ni
autorité souveraine qui ait fixé le Canon des Écritures. C’a été l’ouvrage du temps : aujourd’hui on
ajoutait un livre, puis un autre ; et cela se faisait, dit M. Basnage131, par quelques particuliers qui
trouvant un Écrit utile à la piété, le produisaient à leur Église ; et même, ajoute-t-il, ils se donnaient
là-dessus une si grande liberté, qu’ils comptaient entre les livres Canoniques des écrits
manifestement supposés.. Les Églises se partageaient en opinions différentes comme les
particuliers. Les unes rejetaient un livre pendant que les autres le recevaient. On contestait, on
examinait, avant que d’admettre. La seconde lettre de S. Pierre n’était pas d’abord dans le canon.
Plusieurs personnes, dit Eusèbe132 , la jugèrent utile, et l’on commença de la lire avec soin. Il assure
la même133 chose des lettres de S. Jacques et de S. Jude. Un très petit nombre d’anciens en avait
parlé comme de deux écrits divins ; quelques Églises se déterminèrent à les lire ; le doute dura
longtemps, et enfin il fut aboli. Saint Jérôme134 dit aussi de la lettre de S. Jacques qu’elle avait
131
132
133
134
Hist. de l’Église. Livre VIII. Chap. 5.
Hist. Eccles. Liv. III. Chap. 3.
Liv. II. Chap. 24.
De Vit. ill. Chap. 2.
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299
acquis son autorité peu à peu par la suite des temps. L’Épître aux Hébreux, la deuxième et la
troisième de S. Jean ne sont devenues catholiques que par la même voie. C’est ainsi que le canon de
l’Écriture se perfectionnait insensiblement, et cela paraîtra dans un plus grand jour, par l’histoire
que nous allons faire de l’Apocalypse et des contradictions qu’elle a souffertes pendant l’espace de
plusieurs siècles.
De tous les auteurs qui sont venus immédiatement après les Apôtres, il ne nous est resté que la
Première Épître de S. Clément de Rome, avec un fragment de la seconde Épître attribuée à S.
Barnabé, et qui est d’un écrivain fort ancien : le livre d’Hermas [le Pasteur], les sept lettres qui
portent le nom d’Ignace, avec celle de Polycarpe.
Dans tous ces écrits on ne voit aucune trace de l’Apocalypse. Il est vrai qu’on ne peut rien conclure
de leur silence contre ce livre en particulier, puisqu’ils ne parlent pas non plus des quatre
Évangélistes, ni de la plupart des livres du Nouveau Testament.
Le faux Prochore qui se dit disciple des Apôtres, en faisait bien davantage : et voici ce qu’il raconte
dans la vie de S. Jean135. Cet Apôtre [ayant] apprit aux chrétiens d’Éphèse qu’il avait eu une
révélation de Jésus Christ, ils le prièrent de la mettre par écrit. L’Apôtre dicta son Évangile à
Prochore, au milieu des éclairs, des tonnerres et des tremblements de terre. Ensuite il écrivit
l’Apocalypse de sa propre main, comme s’il en eût fait plus de cas que de son Évangile. Mais le
prétendu Prochore qui se met ici parmi les Auteurs était du nombre de ces honnêtes chrétiens qui se
jouaient de la crédulité du public, et qui se parant d’un grand zèle pour la religion, ne cachaient pas
même leur jeu sous le masque d’une probité païenne. Son livre eût plein de fables et d’absurdités :
les termes d’hypostase, de consubstantiel et autres, marquent assez le temps où il a été fabriqué.
Après la mort des Apôtres136 parut Cérinthe, homme fort entêté du règne temporel de mille ans ;
c’était une opinion qui venait originairement des Juifs et qu’il répandait parmi les chrétiens. Il
s’appuyait sur l’Apocalypse qu’il soutenait être une production de S. Jean. Mais quelque raison
qu’il eût de parler ainsi, plusieurs orthodoxes ne laissèrent pas de le soupçonner d’en être luimême le père, parce qu’il leur semblait que cet ouvrage favorisait le règne de mille ans comme
nous le verrons dans la suite.
Cependant, d’autres hérétiques, Cerdon et Marcion, au rapport de Tertullien137, et même les
Alogiens, selon S. Épiphane, s’élevèrent contre l’Apocalypse qu’ils voulaient ôter à S. Jean, parce
que, disaient-ils entre autres raisons, du temps de cet Apôtre, il n’y avait point encore d’Église
chrétienne à Thyatire, ce que S. Épiphane ne craint point de leur accorder, et il suppose que lorsque
S. Jean écrit à l’Église de Thyatire, il en parle, non comme si elle existait alors, mais par un esprit
de prophétie.
Voilà donc au sujet de l’Apocalypse hérétiques contre hérétiques, pendant que les orthodoxes se
tenaient encore à l’écart, du moins ignore-t-on parfaitement de quelle manière ils envisageaient
cette dispute. Justin Martyr, qui écrivait vers l’an 170 de Jésus Christ, est le premier de nos docteurs
qui ait fait mention de l’Apocalypse, et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’il l’attribue à l’Apôtre
S. Jean. Dans son Dialogue avec Tryphon, ce Juif lui demande s’il ne croit pas que Jérusalem doive
être rétablie un jour ? Justin répond que pour lui il le croit ainsi, avec tous les chrétiens qui pensent
juste. Et là-dessus il dit : il y a eu parmi nous un certain personnage nommé Jean, l’un des Douze
Apôtres de Jésus Christ. Il a prédit dans son Apocalypse que les fidèles passeront mille ans dans
Jérusalem. C’est la seule fois que Justin cite l’Apocalypse dans ses ouvrages ; et il l’a cité pour
prouver le règne de mille ans.
Il ne paraît point par les termes de ce docteur qu’elle fût alors reçue de toutes les Églises. Il semble
ne proposer ici que son avis particulier, ou tout au plus l’avis de ces chrétiens qui pensaient juste,
135 Chap. XLV, XLVI.
136 Eusèbe, Hist. Liv. III. Chap. 28. Liv. VII. Chap. 25.
137 Tertul. contra Marc. Lib. IV ; Epiphan. hœres.
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c’est-à-dire, qui croyaient le règne de mille ans. Mais on ne saurait douter qu’il ne citât de son chef
un faux Évangile, lorsqu’il dit dans ce même dialogue avec Tryphon, que Jésus Christ descendant
dans le jourdain le feu s’y alluma ; et qu’on entendit cette voix du ciel : tu es mon fils. Je t’ai
aujourd’hui engendré. Il assure que les Apôtres ont écrit ces choses, qui ne se trouvaient pourtant
que dans l’Évangile des Ebionites138.
Ce n’est pas qu’il ne se donnât de la peine pour s’informer de la vérité des faits. Il avait beaucoup
voyagé, non pas en homme du commun, mais comme un antiquaire curieux. Nous lui devons le
trépied de la vieille Sybille de Cumes, les trois grandes et belles cuves où elle se lavait, le sépulcre
où reposaient ses reliques, les livres où elle parlait de Jésus Christ nouveaux sujets de raillerie pour
les païens qui traitaient les chrétiens de Sybillites ; mais à qui Justin ne laisse pas de faire cette
grave exhortation : O Grecs, croyez à l’ancienne et vénérable Sybille dont les livres courent le
monde, et qui a été inspirée d’une manière toute particulière et extraordinaire par le Dieu toutpuissant139. Il s’était assuré par lui-même de l’histoire des soixante-dix interprètes, et de leur divine
version faite au temps du roi Hérode ; des soixante-dix cellules où ils avaient travaillé chacun à part,
et de leur merveilleuse conformité jusqu’au moindre terme ; toutes circonstances que S. Jérôme
traite de fables, mais sur lesquelles notre docteur insiste en faveur de la religion : Ne vous imaginez
pas, ô Grecs ! que ce que nous disons soit une histoire faite à plaisir ; nous avons vu nous-mêmes
dans le Phare d’Alexandrie, les vestiges de ces petites maisons140. Et n’était-ce pas là une preuve
que les soixante-dix qu’on y avait enfermés étaient véritablement inspirés ? La statue dressée par les
Romains à Simon le Magicien avec l’inscription141 qui le met au rang des Dieux, quoiqu’au
jugement de nos antiquaires qui l’ont vue, Justin ait mal lu Simon, au lieu de Semo Sancus, Dieu
des Sabins ; c’est encore le fruit de ses recherches dignes d’un philosophe tel que lui. Et ce n’est là
qu’un échantillon de ce qu’il aurait fait s’il les eût tournées du côté de l’Apocalypse.
Irénée142 qui vient après, la cite souvent sous le nom de Jean disciple du Seigneur. Il était d’un autre
caractère que Justin, et la force du témoignage dépend fort de la qualité du témoin. Justin se portait
sur les lieux, il voulait voir les choses par lui-même quoiqu’il eût la vue assez mauvaise : Irénée au
contraire ne voyait que par les yeux d’autrui, il ne donnait guère pour garant que la tradition, ou le
témoignage d’un certain vieillard qu’on ne connait point, et à qui le grand âge avait sans doute
affaibli la mémoire ; autrement il n’aurait pas dit entre autres fables que Jésus Christ était mort à
l’âge de 50 ans, afin de passer par tous les âges et de les sanctifier. Quoiqu’il en soit Irénée n’a pas
manqué de faire valoir l’Apocalypse sur la fin de son cinquième livre où il s’efforce d’établir le
règne de mille ans. Et dans ce même endroit il se fonde aussi sur la prophétie de Baruch, comme sur
un livre de l’Écriture sainte. Cette approbation qu’il donne à l’Apocalypse serait sans doute d’un
plus grand poids s’il n’accordait pas la même autorité à des livres apocryphes. L’Écriture a
prononcé, dit-il, Scriptura pronunciavit, etc143. Et puis il se trouve que cette écriture par excellence
n’est qu’un passage d’Hermas, livre cité comme Canonique par les anciens, et même du premier
coup d’œil, assez semblable à l’Apocalypse, si ce n’est que l’un commence par la morale et finit par
les visions, au lieu que l’autre commence par les visions et finit par la morale.
D’ailleurs on ne voit point dans Irénée que l’Apocalypse fût reçue de tous les chrétiens de son
temps : ce ne sont que de simples allégations de passages, sans nous dire d’où il savait qu’elle eût
été composée par S. Jean, ni même ce qu’en pensait son vieillard qu’il fait venir souvent et pour
des choses moins importantes. Mais on jugera de ce qu’il a été capable de faire là-dessus par la
manière dont il s’y est pris pour s’assurer de la vérité des quatre Évangiles. Vous croiriez qu’il a
parcouru les Églises, consulté les archives, vérifié les originaux. La discussion eût été trop longue ;
138
139
140
141
142
143
Epiphan. hœres 30.
Admonitio ad Græcos.
Justin, ibid.
Justin, Apol. 2da.
Liv. IV. Chap. 37. Et alibi.
Ireneus. Lib. IV. Cap. 3.
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301
voici ce qu’il appelle par modestie une démonstration, car elle en renferme plusieurs144. Il y a quatre
parties du monde et quatre vents cardinaux : il y a donc quatre Évangiles dans l’Église, comme
quatre colonnes qui la soutiennent, et quatre souffles de vie qui la rendent immortelle. Les quatre
animaux d’Ézéchiel marquent les quatre états du fils de Dieu. Le lion c’est la dignité Royale ; le
veau son sacerdoce ; l’animal au visage d’homme la nature humaine ; et l’aigle son esprit qui
descendit sur son Église. A ces quatre animaux répondent quatre Évangiles sur lesquels le Seigneur
est comme assis. Jean qui enseigne son origine céleste, c’est le lion. Évangile plein de confiance.
Luc, qui commence par la sacrification de Zacharie, c’est le veau. Matthieu qui décrit la généalogie
de Jésus Christ selon la chair, voilà l’animal qui ressemble à l’homme. Marc qui commence par
l’Esprit prophétique venant d’en haut, c’est-à-dire par un passage du prophète Ésaïe, voilà l’aigle :
et c’est l’Évangile le plus court de tous, parce que la brièveté est le caractère de la prophétie. Autre
preuve des quatre Évangiles : il y a eu quatre alliance, la première sous Adam, la deuxième sous
Noé, la troisième sous Moïse, la quatrième sous Jésus Christ d’où S. Irénée conclut selon les règles
de la logique que ceux là sont vains, ignorants, téméraires qui reçoivent plus ou moins que quatre
Évangiles.
Cependant les Modernes estiment beaucoup le témoignage de ce Père. Il avait vu, disent-ils, Papias
et Polycarpe disciples de S. Jean, et par leur canal la vérité pouvait aisément couler jusqu’à lui.
Mais il y a plus de chemin qu’on ne pense avant que de faire passer l’Apocalypse dans les mains
d’Irénée. Papias était mort avant Polycarpe ; et Irénée parle du dernier, comme d’une personne
fort ancienne, qu’à peine il avait pu voir dans sa jeunesse. Aussi n’allègue-t-il jamais leur
conversation, mais seulement leurs écrits, et dans ces écrits il n’était point fait mention de
l’Apocalypse. En second lieu, Polycarpe145 souffrit le martyre l’an 167 de Jésus Christ. Donnez-lui
alors 86 ans, ce qui est déjà un trop grand âge, puisqu’en 158, il avait fait un voyage à Rome, d’où il
était ensuite retourné en Asie, il n’aurait été qu’un enfant au temps de S. Jean, quand même on
supposerait pour certain ce qu’on nous raconte de l’extrême vieillesse de cet Apôtre. Ainsi, ni lui, ni
Papias, n’ont presque rien pu savoir de S. Jean que par la tradition des personnes plus âgées
qu’eux.
Mais sans entrer dans tout ce calcul, écoutons Papias lui-même qui était un peu plus vieux que
Polycarpe : Quand je rencontrais quelque disciple des anciens, je m’informais avec soin de leurs
discours : je lui demandais ce qu’avait dit André, Pierre, Philippe, Thomas, Jacques, Jean, Matthieu
ou quelques autres disciples de Jésus Christ, car je trouvais la lecture des livres moins utile que ces
instructions de vive voix146.
Papias nous montre la source où il puisait, il ne dit pas qu’il eût conversé avec S. Jean :
assurément il s’en serait fait honneur pour donner plus de crédit à ses recueils ; il dit seulement
qu’il interrogeait ceux qui avaient vu S. Jean ou quelque autre Apôtre. Il se qualifiait lui-même
disciple de Jean surnommé le Prêtre qu’il ne faut pas confondre avec l’Évangéliste, et à qui
quelques anciens ont attribué l’Apocalypse. Ces réflexions ne sont pas de moi mais d’Eusèbe qui
avait lu les écrits de Papias : et ce n’est pas faire tort à S. Jean que de lui ôter un élève que cet
historien traite de petit génie, d’homme crédule, qui se livrait à toutes sortes de récits, et qui faisait
dire aux Apôtres ce qu’ils n’avaient jamais pensé.
Avant Irénée j’aurais dû nommer Méliton, parmi les œuvres duquel il y avait un traité intitulé du
Diatribe de l’Apocalypse, à ce que dit Eusèbe147 : comme l’ouvrage s’est perdu, on n’en sait pas
davantage, ni s’il y était parlé de l’Apocalypse en bien ou en mal. Elle a été en effet attaquée dans
des livres faits exprès par des anciens que cite Denys d’Alexandrie sans les nommer. Peut-être que
Méliton était de ce nombre, peut-être aussi n’en était-il pas.
144
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Lib. III. Cap. 2.
Euseb. in chron.
Apud Euseb. Lib III. Cap. 39.
Lib. IV. Hist. Cap. 26.
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302
Il n’en est pas de même d’Apollonius et de Théophile d’Antioche. Eusèbe148 nous apprend que le
premier s’était servi de l’Apocalypse dans son traité contre les Montanistes. Et parmi les œuvres du
second il y a, dit le même Eusèbe149, un livre contre l’hérésie d’Hermogène où il emploie des
preuves tirées de la révélation de Jean. Si ces livres n’étaient pas perdus, on y verrait de quelle
manière ils citaient l’Apocalypse contre leurs adversaires ; et s’ils l’attribuaient à S. Jean
l’Évangéliste : les premiers Pères, dit M. Simon150, suivent quelquefois la méthode des Rhéteurs qui
emploient souvent des raisons purement apparentes, et des actes douteux sur lesquels il ne faut pas
toujours se régler. C’est de quoi les loue Saint Jérôme bien loin de leur en faire un crime151. La
dispute, dit-il, n’a point de loi. Il faut proposer à son adversaire tantôt ceci tantôt cela, et
argumenter comme on peut : dire une chose et faire le contraire : faire semblant d’offrir du pain, et
cependant tenir une pierre. Il avoue que c’était sa méthode aussi bien que celle des Anciens. Voyez
leur manière de disputer, ajoute-t-il, quels tours de souplesse ne font-ils point pour rompre les
trames du Démon ? Ils ont dit, non ce qu’ils pensaient, mais ce que la nécessité leur faisait dire. De
là sont venues ces fréquentes distinctions entre parler selon la vérité et parler par économie. De là
tant de citations de pièces apocryphes et autres petites supercheries qu’on nomme aujourd’hui
pieuses par un reste d’honnêteté.
Et pour revenir à Théophile, comment aurait-il fait difficulté d’alléguer à des hérétiques
l’Apocalypse ? lui qui cite152 contre les païens les vers de la Sybille comme de véritables prophéties
où les actions des Empereurs sont rapportées hsitoriquement, où il est parlé en termes clairs du
Christ, de l’Antéchrist, du nom de Jésus qui fait 888, du nombre de Rome, savoir 948, de la seconde
ruine de Jérusalem, de la destruction de Rome, de la résurrection, du règne de mille ans, du feu de
l’Enfer, et autres productions de l’Apocalypse. Il est vrai que Théophile et les autres Pères ont fait
valoir ces armes avec un air de confiance qui semble plutôt répondre de leur bonne foi que de leur
jugement. Justin lui-même s’y était laissé surprendre lorsqu’elles sortaient tout récemment de la
forge de l’imposteur qui les avait fabriquées, et qui selon toutes les apparences était quelque
chrétien Montaniste.
S. Clément d’Alexandrie153 qui termine le second siècle rend aussi témoignage à l’Apocalypse. Pour
montrer que le chrétien ne doit pas reluire d’or ni de parure bigarrée, il allègue cette vision où l’on
donna des robes blanches aux martyrs. Il ne dit nulle part que le livre soit de l’apôtre S. Jean, mais
en récompense il nous apprend154 qu’il y avait une Apocalypse de S. Pierre. L’Écriture nous
enseigne, c’est Clément qui parle, que les enfants exposés sont sous la tutelle d’un ange gardien ; ils
vivront, dit-elle, jusqu’à cent ans. Et S. Pierre dans son Apocalypse dit, il sortit de ces enfants un
éclair qui frappa les yeux des femmes. Cette Apocalypse de S. Pierre, qu’au rapport de Sozomène
on lisait dans les Églises de la Palestine, était si fort estimée de Clément, que non seulement il lui
donna place parmi les Prophéties choisies, il l’expliquait encore dans ses instructions comme un
livre sacré. Il appelle Écriture divine, la Prophétie de Baruch, chose divine, ce que l’ange avait
révélé à Hermas, Écriture par excellence, le livre de Tobie : il tire ses autorités de la Sapience de
Salomon, de l’Ecclésiastique, des Épîtres de Clément de Rome, et de Barnabé qu’il allègue comme
des livres Canoniques. Il cite de la même manière la prédication de S. Pierre, les voyages de S.
Paul, l’Évangile selon les Hébreux, l’Évangile selon les Égyptiens, les traditions de Mathias
d’Hidaspe ; et que ne cite-t-il point ? Un homme qui avait tant lu, ne pouvait-il pas tomber sur
l’Apocalypse ? Je ne sais où il avait vu que S. Paul exhortait le monde à lire les livres sybillins.
Enfin, dit le Père Simon, il mettait tout en usage contre les païens, et se souciait peu que les livres
qu’il leur opposait fussent vrais ou faux pourvu qu’ils fussent conformes à ses sentiments. C’était
148
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153
154
L. V. C. 13. de son hist. Ecclésiast.
L. IV. C. 24.
Hist. Critiq. du N.T. Chap. III.
Epist. ad ..
Ad Autolicum Lib.
Pœdag. L. II. C. 10.
Electa. 9. 41.
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303
pourtant, au jugement de S. Jérôme, le plus savant homme qu’il y ait jamais eu parmi les chrétiens.
Je ne crois pas ces remarques inutiles dès qu’on veut apprécier au juste le témoignage des Pères.
Mais de tous les anciens docteurs, Tertullien est le plus formel ; et comme il était zélé partisan des
Chiliastes qu’il avait défendus dans un livre exprès, aussi s’est-il plus souvent expliqué en faveur de
l’Apocalypse qu’il attribue à S. Jean l’Évangéliste ; et sur laquelle il appuie même des opinions où
il ne faudrait pas moins qu’une telle autorité. Voulant prouver155, par exemple, que l’âme est
corporelle et qu’elle tombe sous les sens, il allégue ce passage de l’Apocalypse. Je vis sous l’autel
les âmes de ceux qui avaient été mis à mort pour la parole de Dieu.
Ailleurs il veut faire voir aux Marcionites que l’Évangile selon S. Jean n’avait point été corrompu,
et il en appelle aux Églises dont la doctrine était conforme à ce même Évangile. Habemus & Joannis
alumnas ecclesias ; nam & si apocalypsim ejus respuit Marcion, ordo tamen Episcoporum ad
originem recensus, in Johannem stabit autorem ; c’est-à-dire, nous avons aussi les Églises qui ont
été formées par S. Jean. Car quoique Marcion rejette son Apocalypse, cependant la succession des
Évêques en remontant jusqu’à la source, prouve que S. Jean en est l’auteur. Il est vrai que ces
derniers mots sont équivoques, et qu’on ne sait si cette succession d’Évêques tend à faire
reconnaître S. Jean ou pour l’auteur de l’Apocalypse ou bien pour l’auteur et comme le premier
Évêque des Églises d’Asie, ce qui convient mieux au but de Tertullien. La question entre les
Marcionites et lui n’était pas de savoir si l’Apocalypse était de S. Jean, mais si l’Évangile de S. Jean
dont les Églises d’Asie se servaient était authentique et nullement altéré. Le témoignage de ces
Églises devait être de quelque autorité : elles avaient été formées et élevées dans la doctrine de S.
Jean, et pour s’en convaincre il suffisait d’avoir lu les premiers chapitres de l’Apocalypse. Mais
comme les Marcionites rejettaient ce livre, Tertullien les ramène à la suite des Évêques qui se
disaient en effet les successeurs de S. Jean et qui le reconnaissaient pour être l’auteur et le fondateur
de leurs Églises.
Quoiqu’il en soit, toujours est-il certain par les paroles même de ce docteur, que bien loin de rejetter
l’Apocalypse, à l’exemple des Marcionites, il la regardait comme l’ouvrage de S. Jean le fondateur
des sept Églises d’Asie. Quiconque en doute n’a qu’à lire cet autre passage du même auteur sur la
nouvelle Jérusalem qui est décrite dans le vingt et unième chapitre de l’Apocalypse : Nous
reconnaissons que nous avons un règne promis sur la terre ...... savoir la résurrection pour mille ans
dans la ville de Jérusalem faite de la main de Dieu et descendue du ciel ...... Ézéchiel la connaissait,
l’Apôtre Jean l’a vue, et les nouvelles prophéties auxquelles nous croyons en ont même représenté
le plan avant qu’elle fût construite pour servir de signe quand elle paraîtrait. Enfin ce signe a paru
depuis peu dans une découverte faite en orient, et les païens même en sont témoins, que l’on a vu
en Judée pendant quarante jours au matin une ville suspendue en l’air, dont les murs diminuaient à
mesure que le jour augmentait et qui disparut enfin156.
Ces paroles n’ont pas besoin de commentaire, si ce n’est que les nouvelles prophéties que Tertullien
met ici à côté de l’Apocalypse étaient les révélations de Prisque et de Maximille, deux femmes qui
faisaient les prophéties. La ville suspendue en l’air dont les païens mêmes avaient été témoins, et
qui ressemblait à la Jérusalem de l’Apocalypse est un événement fort singulier qui prouverait d’un
seul coup la divinité de ce livre. Il est fâcheux que le phénomène vint à se dissiper dès la pointe du
jour, et à mesure que les spectateurs commençaient à voir plus clair.
On ne saurait nier que ce Docteur n’eût trop de penchant pour les visions. Celles d’Hermas
devaient être fort de son goût, aussi les cite-t-il comme un livre de l’Écriture sainte ; et il se plaint
que les Juifs avaient retranché de leur canon la Prophétie d’Énoch, et plusieurs pièces de cette
nature.
Origène dans sa préface sur l’évangile de S. Jean et dans la septième Homélie sur Josué fait mention
155 L. de Anima.
156 Lib. III. Cont. Marcion.
Via Veritas
304
de l’Apocalypse sous le nom de l’Apôtre S. Jean. Et dans ses commentaires sur S. Matthieu il
nomme les oracles de l’Apocalypse. C’est dommage qu’il ait adopté et comme pris sous sa
protection les oracles de la Sybille dans ses livres contre Celse, où il devait être plus exact et plus
circonspect que dans ses Commentaires et dans de simples Homélies. Sa bonne foi va même jusqu’à
sommer ce païen de rapporter des exemplaires anciens des livres sybillins, où ce que les chrétiens
citaient ne se trouvât point. Celse n’avait garde d’en produire, car il n’y en avait point : mais il lui
eût été facile de faire voir la fausseté de ces faux oracles. Et pour nous mieux assurer de
l’exactitude d’Origène à discerner les véritables Écritures (car avant que de croire un témoin il
faut le connaître), il estimait si fort les visions d’Hermas, que non seulement il les croyait très
utiles, il les appelle même une Écriture inspirée de Dieu. En a-t-il jamais dit autant de
l’Apocalypse ? Et pourquoi ne l’aurait-il pas reconnu sur la foi du titre pour une production de S.
Jean ? Il ne doutait pas que l’Épître qui porte le nom de S. Barnabé ne fût véritablement de lui, ni
que le livre de la sagesse ne fût du roi Salomon. Il a bien cité l’Apocalypse d’Élie, et l’Apocalypse
de S. Paul ; il dit même que cet Apôtre a inséré dans ses Épîtres diverses sentences de l’Apocalypse
d’Élie. A ces deux Apocalypses joignez celle de S. Pierre, canonifiée par Clément d’Alexandrie ;
voilà déjà trois Apocalypses bien comptées. Celle de S. Jean qui fera la quatrième pouvait-elle
échapper aux recherches du savant Origène ? Il met expressément la Prophétie de Baruch au rang
des livres Canoniques. Il allègue l’Évangile selon les Hébreux, le livre des Douze Apôtres, la
Doctrine de S. Pierre, les Actes de S. Paul, la dispute de Joseph et de Jacob qu’il cite même avec
éloge, le livre de Jannes et de Mambres, et autres semblables pièces d’où il a coutume d’emprunter
ses autorités, méthode qu’il avait apprise de son maître Clément, assez commune aux docteurs des
premiers siècles. Il attribuait à Daniel l’Histoire de Susanne qu’il a défendue dans un livre exprès.
La postérité lui aurait eu plus d’obligation s’il eût employé sa critique à prouver que l’Apocalypse
est bien de S. Jean, quand même il n’eût fait que nous dire si elle était reçue de tous les chrétiens de
son temps ; car citer un livre n’est pas le déclarer Canonique. S. Jude allègue la Prophétie
d’Énoch, et même l’Assomption de Moïse où il était parlé du combat de Michel l’Archange avec le
diable : deux livres qui n’étaient pourtant pas dans le Catalogue des Juifs. Origène et les autres
Pères ont pu se servir de l’Apocalypse quoiqu’elle ne fût pas encore dans le Canon.
L’autorité de S. Hippolyte ami de ce docteur serait plus considérable. Le Père de Combesis a publié
de lui un petit écrit sur les douze apôtres. L’article qui concerne S. Jean est tel : Jean fut relégué par
Domitien dans l’île de Patmos où il écrivit son Évangile et où il eut la vision de l’Apocalypse. Il
s’endormit sous Trajan à Éphèse, on chercha ses reliques et on ne les trouva point. Ce n’est point ici
un Rhétoricien qui cite l’Apocalypse en passant, comme font les Pères que nous venons d’entendre ;
c’est un historien qui s’informe et qui rapporte les faits. Mais franchement j’ai peine à croire que
l’écrit soit de S. Hippolyte, quoiqu’il ne consiste qu’en douze articles très courts, il ne laisse pas de
contenir autant de petites fables. Ce n’est pourtant pas la raison qui m’empêcherait de le donner à
S. Hippolyte. Tout le monde sait, dit M. Dupin157, sur une autre matière, que les livres des premiers
chrétiens sont pleins de fables, que les Pères s’appliquaient tout entier à des choses de plus grande
conséquence pour lors, qu’ils se fiaient à plusieurs actes des Apôtres et à quantité d’autres
monuments certainement supposés. Le Père Combesis voit dans ces paroles, on chercha les reliques
de Jean et on ne les trouva point, ou du moins il croit voir le véritable esprit de S. Hippolyte qui
était dans cette pensée que S. Jean n’était point mort. Pour moi, avec la permission de ce grand
critique, il me semble d’y voir le génie d’un auteur qui n’a vécu pour le plutôt qu’au quatrième
siècle, où on commençait à chercher les reliques et à déterrer les corps saints.
S. Hippolyte, à ce que dit Eusèbe, avait fait un traité de l’Apocalypse, c’est tout ce qu’on en sait.
Mais nous avons de lui une Homélie contre Noët où il parle ainsi : Celui qui a dit, au
commencement était la parole, a dit dans son Apocalypse ...... Son nom est la parole de Dieu. On ne
saurait dire en termes plus clairs que l’Apocalypse est de S. Jean l’Évangéliste. Il est vrai que dans
157 Prolegom. sur la Bible. Lib. VI. Cap. 6.
Via Veritas
305
cette même Homélie, il appelle Écriture par excellence la prétendue prophétie de Baruch. Et à
propos d’Homélies, puisqu’elles viennent déjà pour la seconde fois, il est bon de savoir ce que c’est,
et de quelle manière les Pères se mettaient en frais pour le peuple. S. Jérôme avait un jour consulté
son maître S. Grégoire de Naziance, homme grave jusqu’à ne pas trouver assez de sagesse dans les
conciles. Venez à mon sermon, lui dit-il, je vous apprendrai ce que vous ignorez. Le peuple ne
manquera pas de m’applaudir, et vous serez contraint vous-même de vous rendre, à moins que vous
ne voulussiez passer pour une bête. Il ne faut que du babil pour imposer à son auditoire ; moins il
comprend les choses, plus il les admire. C’est S. Jérôme qui nous a conservé cette petite anecdote,
et l’Homélie d’Hippolyte la vérifie assez bien.
S. Cyprien, pour revenir à l’Apocalypse, n’est pas aussi précis que S. Hippolyte, quoiqu’il la cite
souvent, surtout dans ses livres à Quirinus, qui ne sont que des extraits de l’Écriture et où il fait
entrer Tobie, l’Ecclésiastique, la Sagesse, la Prophétie de Baruch, les Machabées comme des livres
divins sans mettre aucune différence entre eux et l’Apocalypse. S’il la cite c’est toujours sans nom
d’auteur, mais en échange il nous apprend que l’Ecclésiastique et la Sagesse sont bien de Salomon.
Il est vrai que dans son traité de l’habit des vierges il rapporte un endroit de l’Apocalypse sous le
nom d’Écriture divine : mais quelques lignes plus haut il venait de dire l’Écriture divine a dit, que
nous a servi l’orgueil ou qu’avons-nous profité de la vaine gloire des richesses ? Paroles du livre
apocryphe de la Sagesse dans lequel le Saint Esprit, dit-il ailleurs, nous enseigne par la bouche de
Salomon. Tant il est vrai qu’il n’y avait point alors parmi les chrétiens de canon fixe des Écritures.
Dans son exhortation au martyre après avoir remarqué le nombre mystérieux de sept, les sept jours
de la création, les sept mille ans de la durée du monde, les sept esprits qui sont devant Dieu, les sept
lampes du Tabernacle, les sept chandeliers de l’Apocalypse, les sept colonnes de la sagesse, les sept
enfants de la femme stérile, les sept femmes qui prennent un seul homme pour mari, et tout cela
pour venir aux sept frères Macchabées, il ajoute que S. Paul a fait mention du nombre de sept
comme d’un nombre privilégié, et que c’est la raison pour laquelle il n’a écrit qu’à sept Églises.
Apparemment que Cyprien l’avait appris dans quelque livre apocryphe de cet Apôtre, ou bien par
une révélation particulière, car il avait souvent pendant la nuit, à ce qu’il dit lui-même158, des
visions et des songes qu’il récitait le lendemain à son Église comme des avertissements du ciel, et
au défaut de ces visions nocturnes, il faisait venir des petits enfants qui dans leurs extases
l’instruisaient de la vérité. Tel fut le fruit d’un commerce trop fréquent avec les écrits de Tertullien,
dans lesquels il s’était jeté sans être muni de bons préservatifs contre l’imagination la plus
contagieuse qui ait jamais été.
Voilà les Pères du premier rang et pour ainsi dire les gardes du corps de la tradition en faveur de
l’Apocalypse. Je ne pense pas en avoir omis aucun dans cet intervalle de temps qui s’est écoulé
depuis Justin jusqu’au milieu du troisième siècle. L’exactitude était d’autant plus nécessaire en ce
point que ceux qui sont venus plus tard ne produisent pas d’aussi bonnes lettres de créance que les
anciens plus voisins du temps de S. Jean, et parmi ceux-ci, les uns, comme on aura pu le remarquer,
allèguent l’Apocalypse sans nom d’auteur, et d’autres, sans nous dire si elle est de S. Jean l’Apôtre
ou de Jean le prêtre. Enfin la plupart, qui sont Justin Martyr, Irénée, Tertullien, Origène et
Hippolyte la citent comme un ouvrage de l’Apôtre S. Jean. Mais avant que d’aller plus loin il est
juste d’interroger aussi leurs contemporains. On a déjà vu les hérétiques partagés en deux factions.
On verra la même division régner parmi les défenseurs de la vérité.
Et pour remonter même au delà de S. Justin, premièrement on n’aperçoit aucune trace de
l’Apocalypse dans les sept Épîtres de S. Ignace dont il y en a trois qui sont adressées aux Églises
d’Éphèse, de Philadelphie et de Smyrne, les mêmes auxquelles écrit S. Jean dans son Apocalypse.
Ignace relève beaucoup les Éphésiens sur ce qu’ils avaient été instruits par S. Paul : pourquoi ne
leur faire pas honneur du long séjour de S. Jean à Éphèse, des soins qu’il avait pris d’eux, des
écrits qu’il leur avait laissés en dépôt, de son Apocalypse, qu’à leur prière il avait écrite, pour
158 Epist. ad presb. XV. de l’édition de Fell.
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306
mettre, dit-on, la dernière main au Nouveau Testament. La mémoire en devait être toute récente,
puisqu’Ignace écrivait ses lettres l’an 107 de Jésus Christ, ce silence est assez remarquable surtout
dans un disciple de S. Jean ; il en pourrait naître quelques soupçons contre la vérité de ces faits qui
nous viennent d’une source moins pure et bien plus suspecte.
Papias touchait presqu’au temps de S. Jean, il ne parlait pas non plus de l’Apocalypse. Eusèbe
marque les livres du Nouveau Testament auxquels Papias rendait témoignage. L’Apocalypse n’y
parait point. Et ailleurs lorsque cet Historien parcourt les témoins de l’Apocalypse, il omet Papias
dont pourtant il avait lu les écrits. Il remarque159 même que ce Docteur enseignait le règne de mille
ans, et qu’il ne l’appuyait que sur une tradition non écrite. Un chrétien chiliaste ne pas citer
l’Apocalypse, dans le même livre où il veut établir son opinion, cela est un peu singulier. Mais
venons à quelque chose de plus positif.
Plusieurs Docteurs qui ont vécu avant S. Denys d’Alexandrie, à ce qu’il assure lui-même dans un
long fragment qu’Eusèbe160 nous a conservé, ont fait des critiques particulières sur l’Apocalypse, et
ces docteurs devaient être fort anciens ; puisque S. Denys qui les avait lus et qui les allègue, écrivait
déjà vers le milieu du troisième siècle : Non seulement ils rejettaient aussi toute l’Apocalypse, ils en
réfutaient entièrement les chapitres pied à pied, comme étant un ouvrage, disaient-ils, destitué de
sens et de raison. En second lieu ils soutenaient que l’inscription de ce livre est fausse, qu’il n’a
point été composé par S. Jean, ni même par aucun homme Apostolique, ils ajoutaient que Cérinthe
en était l’auteur, et qu’il s’était servi d’un grand nom pour donner plus de poids à ses rêveries et
pour mieux insinuer son opinion touchant le règne de mille ans. Enfin ils tiraient leurs difficultés de
la nature de la révélation qui doit être claire et intelligible, puisqu’elle n’est faite qu’à ce dessein.
D’où ils concluaient qu’un livre tel que l’Apocalypse couvert d’un voile si épais de ténèbres et
d’obscurité ne saurait être une vraie révélation émanée de l’Esprit de Dieu.
On voit que ces anciens dont les écrits se sont perdus entraient dans un assez grand détail, et que
toute leur critique se réduisait à deux sortes de remarques. Les unes tirées de la simple raison et de
la nature même des choses ; les autres plus étrangères qui regardaient les faits et les autorités.
On ne doit pas avoir beaucoup de regrets à la perte de ces premières, on est toujours en état de les
réparer avec le secours de cette raison universelle qui est de tous les lieux et de tous les temps.
Chacun peut lire l’Apocalypse, juger de l’ouvrage même, voir s’il est aussi obscur, aussi
impénétrable, aussi destitué de sens et de raison que le prétendent ces auteurs. La connaissance des
faits qu’ils avaient entre les mains serait plus nécessaire aujourd’hui et nous délivrerait de
l’incertitude où nous jette le défaut de monuments. Cette partie de leur critique qui s’attachait à
prouver que l’Apocalypse est de Cérinthe, et non pas de S. Jean suppléerait en quelque sorte au
profond silence qui règne dans l’histoire depuis S. Jean jusqu’à Justin premier témoin de
l’Apocalypse. Peut-être aussi qu’à travers de ce qu’ils disaient et dans le propre fond de leurs
objections nous trouverions de quoi leur répondre et nous satisfaire en même temps. Ce ne serait
pas la première fois que la vérité se serait défendue avec les mêmes armes destinées à la combattre.
Il n’est pas jusque chez l’Empereur Julien, et dans le fort même de ses attaques, d’où elle
n’emprunte du secours.
A ces Docteurs qui étaient grecs il faut joindre un auteur latin qui était en règne vers l’an 200 de
Jésus Christ161. C’est le Prêtre Caïus, l’oracle de l’Église Romaine et le bouclier qu’elle opposait
aux hérétiques de ce temps-là. Dans une dispute qu’il avait avec les Chiliastes il parle ainsi :
Cérinthe alléguant certaines révélations comme écrites par un grand Apôtre, débite des prodiges
qu’il a feints comme lui ayant été découverts par les Anges ; il assure qu’après la résurrection il y
aura un règne de Jésus Christ sur la terre et que les hommes jouiront des plaisirs du corps dans
159 Euseb. Hist. L. III. C. 39.
160 Apud Euseb. L. VII. C. 25.
161 Apud. Euseb. Lib. III. Cap. 28
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Jérusalem : il ajoute qu’ils passeront mille ans dans des fêtes nuptiales, etc.
Il n’y a pas de doute que par ces révélations supposées à un grand Apôtre, comme s’il les eût
reçues des Anges, Caïus ne désigne l’Apocalypse qu’il croit être de Cérinthe et non de S. Jean. Il
est en effet parlé dans ce livre de prodiges et de visions surprenantes, étalés par des Anges aux yeux
de S. Jean. Il y est parlé d’une première résurrection, d’un règne de mille ans qui la devait suivre,
d’une nouvelle Jérusalem et des noces de l’agneau où les hommes doivent être invités, etc. Toutes
choses que les Chiliastes expliquaient d’une félicité temporelle, et qu’ils appuyaient
particulièrement sur l’Apocalypse de S. Jean, mais que Caïus rejette ici sans distinction comme des
chimères débitées par Cérinthe sous le nom d’un grand Apôtre.
Il faut donc avouer de bonne foi que Caïus avait en vue l’Apocalypse ; et c’est ainsi que l’entend
Eusèbe qui avait lu l’ouvrage même de ce Docteur ; car après en avoir cité les paroles qu’on vient
de rapporter, il y joint immédiatement un autre passage de Denys d’Alexandrie qui allègue une
ancienne tradition laissée à l’Église, que Cérinthe s’était servi de l’Apocalypse de S. Jean comme
d’un grand nom pour donner plus de crédit à ses rêveries. Et je n’aurais pas insisté sur une chose
qui me paraît plus claire que le jour, si M. Dupin n’eût affecté d’y jeter quelque doute sans
nécessité, comme pour insinuer que Caïus entendait peut-être une fausse révélation différente de
l’Apocalypse. Véritablement il est assez étrange que l’Église de Rome qui se dit la seule colonne de
la vérité remit alors ses intérêts à un homme qui parlait si mal d’un livre divin, sans être désavoué
par le Pape ni par aucune assemblée Ecclésiastique.
Tout le monde ne sait peut-être pas quel homme c’était que ce Caïus : il ne sera pas inutile de le
faire un peu mieux connaître. L’Église s’était remplie de faussaires qui contrefaisaient le style des
Apôtres : les uns, comme les hérétiques, à dessein de glisser plus aisément leurs erreurs, et les
autres sous de pieux prétextes que des fables dévotes, débitées à bonne intention, attiraient plus de
vénération au christianisme. On ne voyait paraître que faux Évangiles, faux actes, fausses Épîtres,
fausses Apocalypses, que la fraude produisait sur la scène et qu’elle tâchait d’animer de l’esprit de
l’antiquité, jusqu’à faire illusion aux plus sages et aux plus savants. Notre Caïus ne voulait pas
augmenter le nombre des dupes ; et comme ces habiles spectateurs de l’opéra, qui ne s’arrêtent
point aux décorations du Théâtre, il allait derrière examiner les cordages et les ressorts que
l’imposture faisait jouer. Mais soit que l’expérience l’eût rendu trop défiant, ce que nous apprenons
d’Eusèbe, soit qu’il lui arrivât quelquefois de raisonner par intérêts de parti, ce qui a sa source dans
le cœur humain, il était devenu très importun dans la dispute ; à force de nier les principes il
dépaysait ses adversaires ; et sans user de ménagements, ni de distinctions, il faisait main basse sur
tout ce qui l’incommodait.
Il n’est guère d’anciens qui n’ait grossi le Canon de quelque pièce apocryphe, celui-ci le diminuait
tant qu’il pouvait. A la bonne heure s’il n’eût fait que l’épurer ; mais avec l’ivraie il arrachait aussi
le bon grain. Disputant un jour en présence du Pape Zéphirin contre les Montanistes qui lui
objectaient un passage de l’Épître aux Hébreux, il osa bien soutenir qu’elle n’était ni de S. Paul ni
Canonique ; et il le prit si haut que non seulement il confondit ces bonnes gens qui ne s’y
attendaient pas, il vint même à bout de donner le ton aux Églises d’Occident qui ne voulurent point
la recevoir. Est-ce donc là cette tradition si vantée aujourd’hui et dont les Pères auraient été les
fidèles dépositaires ? les uns qui supposaient de fausses traditions aux Apôtres, et les autres qui les
dépouillaient de leurs propres écrits.
Il est étrange que pour combattre avec plus d’avantage, Caïus se jetât dans une telle extrêmité que
d’exclure l’Apocalypse du nombre des livres sacrés. Il n’avait qu’à donner un sens spirituel au
règne de mille ans : dire comme S. Cassien que Jérusalem peut s’entendre en quatre manières. Selon
l’histoire pour la ville des Juifs, selon l’allégorie pour l’Église de Jésus Christ, selon l’analogie pour
la cité céleste, et selon la tropologie pour l’âme de l’homme. C’étaient là de fortes batteries contre
la Jérusalem que les Chiliastes attendaient, et d’autant plus fortes qu’une allégorie passablement
Via Veritas
308
conduite ou quelque comparaison placée un peu à propos, faisait alors plus d’impression que les
preuves les plus concluantes de la logique. Après tout, il n’y avait qu’à se retrancher sur l’obscurité
du livre, et c’est le parti que va prendre S. Denys d’Alexandrie.
Ce n’est pas qu’il n’eût quelque penchant à rejeter l’Apocalypse, il était fort opposé au règne de
mille ans, et dans son ouvrage qu’il avait intitulé des Promesses, il répondait aux objections de
Népos le chef des Chiliastes d’Égypte. L’Apocalypse l’embarrassait un peu, mais il n’était pas si
hardi que Caïus : il ne veut pourtant pas que les Chiliastes ignorent que c’était un livre fort
contesté : Quelques-uns de mes prédécesseurs, dit-il162, l’ont rejeté entièrement et l’ont réfuté
chapitre par chapitre, faisant voir qu’il était destitué de sens et de raison, que l’inscription en était
fausse et qu’il n’a point été composé par S. Jean ...... mais par Cérinthe qui voulait employer un
grand nom pour donner plus de poids à ses rêveries ...... et autres motifs que nous avons allégués cidessus. Après avoir débuté de cette manière et pour ainsi dire lâché ses enfants perdus, comme pour
ralentir le premier choc des Chiliastes qui le pressaient, et qui faisaient de l’Apocalypse une
puissante arme offensive, il vient à ce qu’il en pense lui-même ou du moins à ce qu’il fait semblant
d’en penser : Pour moi, ajoute-t-il, je n’oserais rejeter entièrement ce livre, surtout parce que
plusieurs de mes amis le reçoivent. Je le regarde comme étant au-dessus de ma portée. Je crois qu’il
renferme un sens admirable, mais un sens mystérieux et caché : car quoique je n’y entende rien, je
soupçonne pourtant qu’il y a quelque sens sous ces paroles, et donnant plus à la foi qu’à mon propre
jugement, je les estime trop sublimes pour être entendues par un homme comme moi. Aussi je n’ai
garde de condamner ce que je n’entends point, mais j’admire ce que je ne saurais comprendre.
Je ne sais ce que les autres penseront des réflexions de S. Denys, pour moi j’y trouve plus de
docilité que de lumière, plus de complaisance que de véritable persuasion. Il commence par mettre
en problème l’autorité de l’Apocalypse, il étale les objections de ses prédécesseurs, et ce qu’il y a
de pis, il ne se met point en peine d’y répondre. Après de tels préliminaires, qui ne paraissent pas
hasardés sans raison, il ne lui restait plus qu’à rejeter ouvertement l’Apocalypse, mais une raison de
bienséance le retient : plusieurs de ses amis respectaient ce livre et il ne voulait pas les désobliger.
La politesse de ce Docteur passait la simplicité de son temps, et quoique l’opinion des Chiliastes lui
parût dangereuse, il ne laisse pas de traiter Népos avec de grands égards : il l’estime, il l’honore, et
rien n’est plus flatteur que les éloges qu’il lui donne. Un homme qui en usait si bien avec ses
adversaires, que n’aurait-il pas fait pour ses amis ? Pour moi, dit-il, je n’oserais rejeter entièrement
ce livre, surtout parce que plusieurs de mes amis le reçoivent. Ce n’est pas qu’il l’admette tout à
fait, il n’ose le rejeter entièrement. Non qu’à force de la méditer il soit venu à bout d’en connaître
les beautés ; il avoue de bonne foi qu’il n’y entend rien. Il croit que le sens en est admirable, mais
un sens mystérieux et caché. Il donne plus à la foi qu’à son jugement. C’est-à-dire à la foi de ses
amis ; car la sienne n’était pas la foi que l’Écriture définit une vive représentation des choses qu’on
espère et une démonstration des choses qu’on ne voit point. La foi de S. Denys n’était qu’un simple
soupçon. Je soupçonne pourtant qu’il y a quelque sens sous ces paroles : mais je les estime trop
sublimes pour être entendues par un homme comme moi. Il est vrai que ce soupçon allait jusqu’à
produire l’admiration, mais une admiration proportionnée à ses lumières. J’admire ce que je ne
saurais comprendre. Ceci est encore pour ses amis, et demander à ce Docteur comment on peut
admirer ce qu’on entend point, ce serait manquer de discrétion pour un homme qui poussait la
complaisance si loin.
Il vous répondra un peu plus nettement si vous l’interrogez sur l’auteur de l’Apocalypse, et
quoiqu’il ne fût pas d’une humeur fort contrariante, je n’accorderai pas facilement, dit-il ensuite,
que ce livre soit l’ouvrage de S. Jean. Il tâche même de nous prouver le contraire par une espèce
d’opposition qu’il met entre les écrits de cet Apôtre et l’Apocalypse qu’il attribue à un autre Jean ;
mais de peur que ses amis ne vinssent à trouver mauvais qu’il affaiblît ainsi l’autorité de ce livre, je
crois pourtant, ajoute-t-il, que ce Jean était un homme inspiré du Saint Esprit. Il remarque qu’outre
162 Apud. Euseb. Hist. Lib. VII. C. 21.
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l’Évangéliste il y a eu plusieurs personnes de ce même nom ; entre autres Jean surnommé Marc
dont il est parlé dans les Actes. Il n’entend pourtant pas celui-ci, mais un autre qui a demeuré en
Asie, et aussi bien que l’Apôtre, tous deux ensevelis à Éphèse, où l’on voyait, dit-on, leur tombeau.
Et voici les raisons qu’il allègue pour montrer que l’Apocalypse n’est pas de l’Apôtre. 1º Celui-ci
ne met jamais son nom à ses livres et parle toujours de soi en tierce personne et se nomme deux ou
trois fois. 2º L’Évangile et les lettres parlent de la même manière. On y trouve les mêmes pensées
répétées presque dans les mêmes termes ; enfin c’est le même style et le même génie. Mais
l’Apocalypse est toute différente et n’a pas même une syllable de commune. 3º L’Apôtre ne parle
point de son Apocalypse dans ses lettres. 4º Elle est pleine de solécismes et d’expressions barbares,
au lieu que les ouvrages de S. Jean sont beaucoup mieux écrits en grec. Telle est en peu de mots la
critique de S. Denys fort louée par Eusèbe et par S. Jérôme.
Il y aurait beaucoup de choses à dire là-dessus si l’on entreprenait de faire une dissertation. Que
Jean l’Évangéliste fût un homme inspiré de Dieu, tout le monde en convient : mais que l’autre Jean
le fût aussi, d’où est-ce que S. Denys le savait ? Est-ce par ses miracles ? Personne n’en a parlé. Estce par le livre même de l’Apocalypse ? S. Denys ne l’entendait point.
On ne saurait nier que le style de l’Évangile et des lettres de S. Jean ne soit plus pur que celui de
l’Apocalypse : cependant on y trouve quelquefois les mêmes expressions. Il est dit dans l’Évangile
au Chap. XIX. vers 35 : Celui qui l’a vu a témoigné ; et au Chap. XXI. vers 24 : C’est ce disciple
qui rend témoignage de ces choses, etc. Et dans la Première Épître, Chap. I. vers 1 et 2 : Ce que
nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos propres yeux, etc., nous le témoignons. La même
manière de certifier se trouve au commencement de l’Apocalypse : Jean son serviteur qui a
témoigné de la parole de Dieu, du témoignage de Jésus Christ et de toutes les choses qu’il a vues.
Ce qui contient encore une allusion à la parole qui est décrite dans le premier chapitre de l’Évangile
selon S. Jean. Et non seulement l’Apocalypse donne le nom de parole à Jésus Christ, elle l’appelle
aussi l’agneau qui nous a aimés et qui nous a lavés de nos péchés par son sang. Termes particuliers
à S. Jean qui se trouvent au commencement de l’Apocalypse. Si l’auteur de l’Apocalypse n’est pas
S. Jean, du moins il a bien voulu qu’on le prît pour lui. Dès lors quelle opinion aura-t-on de sa
sincérité, et comment Denys pouvait-il croire que c’était un homme inspiré de Dieu ? Le téméraire
Caïus qui le prenait pour un fourbe se soutenait beaucoup mieux. Aussi agissait-il plus rondement
que S. Denys que je soupçonne fort de parler ici par économie ; méthode dont S. Jérôme faisait
honneur aux anciens. Je n’en doute même presque plus sur le rapport d’un de ses successeurs au
Patriarchat d’Alexandrie, qui s’exprime en ces termes : Saint Denys ne disait pas franchement ce
qu’il croyait, c’est S. Athanase qui parle163, il s'accommodait au temps et aux personnes, semblable
à un habile jardinier qui coupe, taille, plante, arrache, selon la qualité des arbres et du terroir ; et
cette différente conduite qui marque l’adresse, le rend digne d’admiration. Il écrivait par économie,
continue S. Athanase, et ce qu’on écrit ainsi ne doit pas être pris à la lettre, ni comme chacun le
voudrait.
Après cela je crois qu’il serait inutile de disputer davantage avec un homme qui ne disait pas ce
qu’il pensait. Il vaut mieux tirer de ses paroles une conséquence qui ait plus de rapport à notre sujet.
Il n’ose rejeter l’Apocalypse surtout parce que plusieurs de ses amis la reçoivent ; si plusieurs la
recevaient de son temps, cela veut dire aussi que plusieurs la rejetaient. Le jugement favorable des
uns ne prouve pas qu’elle fût alors dans le Canon, puisque les Pères qui la citent, ont cité comme
des livres divins quantité de pièces certainement Apocryphes. Mais de ce que les autres la
rejetaient, non en secret, mais à la face des Églises et sans passer pour hérétiques, il s’ensuit
qu’elle n’était pas encore dans le Canon.
Et ce qui le fait voir d’une manière plus positive c’est le recueil intitulé Canons Apostoliques, non
que les Apôtres en aient été les auteurs, mais parce que ce code de l’ancienne Église a été composé
163 Athanas. de fide Dyonisi. Alexand.
Via Veritas
310
par des hommes apostoliques. Aussi l’appelait-on autrefois Canons Anciens, Canons des Pères,
Canons Ecclésiastiques, titres qu’ils portent dans plusieurs manuscrits, comme M. Cotelier l’a
remarqué ; non seulement Justinien les loue dans la sixième nouvelle, mais ils sont encore cités
dans le code Théodosien, dans le synode de Constantinople de l’an 394 et même jusqu’à six ou sept
fois dans le premier concile de Nicée. Il sont pour le plus tard du troisième siècle, comme l’ont
prouvé Messieurs de l’Aubespine, Beveregius Docteur anglais, et depuis peu M. Dupin, qui croient
avec raison que c’était un recueil des Canons de plusieurs conciles tenus avant celui de Nicée. On
trouve donc dans le quatre-vingt-cinquième articles de ce recueil, le catalogue des livres de
l’Ancien et du Nouveau Testament. L’Apocalypse n’y parait point ; et ce n’est pas ici la voix d’un
simple particulier, c’est en quelque manière toute l’Église qui approuve.
Il y a même cette différence entre les Pères qui ont admis l’Apocalypse, et ceux qui lui ont donné
l’exclusion : les premiers se contentaient de la citer, sans nous dire d’où ils la tenaient ni comment
elle était venue des mains de S. Jean jusqu’à eux. S’ils paraissaient ne se douter de rien, la
possession leur tenait lieu de titre ; et cette bonne foi serait un préjugé favorable si elle n’allait pas
jusqu’à donner asile à des écrits supposés. Les autres plus défiants examinent, descendent dans le
détail de la critique, déterrent les monuments, confrontent les écritures, et s’ils ont été assez
malheureux pour s’écarter de la vérité, il faut leur tenir compte des peines qu’ils ont prises pour ne
pas se laisser tromper.
Ce qui affaiblit un peu leur autorité, c’est qu’en même temps ils disputaient contre le règne de mille
ans, et comme cette question devait naturellement se décider par l’Apocalypse, peut-être qu’ils
n’ont récusé ce tribunal que parce qu’ils le croyaient trop favorable aux Chiliastes, car de quoi n’est
pas capable l’esprit de parti ? L’histoire de l’Église n’en fournit que trop d’exemples, et sans aller
plus loin n’avons-nous pas vu Caïus rejeter l’Épître aux Hébreux sous le prétexte qu’elle enseignait
le dogme rigide des Montanistes ?
Il ne faut pourtant pas pousser fort loin cette réflexion, de peur qu’elle ne vienne à rejaillir contre
les partisans de l’Apocalypse, Chiliastes eux-mêmes, et par conséquent intéressés à citer avec éloge
un livre qui appuyait leur dogme favori, le fondement de leurs plus belles espérances.
En conclusion quand on fait masse de tous ceux qui ont considéré le livre comme apocryphe et non
fondé, on peut mettre en doute l’intérêt que le livre de l’Apocalypse mérite. Et pour ce qui est de
fonder ses espérances sur les élucubrations de l’ouvrage on ne peut que se montrer dupe de tous
ceux qui voudront en faire le guide de leur vie.
L'Évangile de Thomas
Présenté par Lucretius
L’Évangile selon Thomas fut découvert vers 1945 en Haute - Égypte près de la localité de Nag
Hammadi. Des paysans exhumèrent fortuitement d’une galerie rocheuse servant de cimetière, une
jarre qui contenait 12 manuscrits reliés en cuir, écrits en langue copte sur papyrus et remontant au
IIIe ou IVe siècle de notre ère.
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C’est parmi ces livres d’un intérêt inégal, constituant
la bibliothèque d’une communauté gnostique, que se
trouvait le précieux Évangile selon Thomas qui
commence ainsi : "Voici les paroles cachées que Jésus
– le - Vivant a dites et qu’a transcrites Didyme Judas
-Thomas".
En voici une traduction française (traduction de
Philippe de Suarez - Editions Metanoïa -1974) :
Voici les paroles cachées que Jésus le Vivant a dites
et qu’a transcrites Didyme Jude Thomas.
Et il a dit : " Celui qui parvient à l’interprétation de
ces paroles ne goûtera point la mort ! "
1. Jésus dit : " Que celui qui cherche ne cesse point de
chercher jusqu’à ce qu’il trouve : lorsqu’il trouvera, il
sera ému ; et lorsqu’il sera ému, il admirera, et il
régnera sur l’univers ! "
2. Jésus dit : " Si ceux qui vous entraînent vous
disent : " Voici, le Royaume est dans le ciel ! "- alors,
les oiseaux du ciel y seront avant vous. S’ils vous
disent : " Il est dans la mer ! "- alors, les poissons y
seront avant vous. Mais le Royaume est au-dedans
de vous et il est au-dehors de vous ! "
3. " Lorsque vous vous connaîtrez, alors on vous
connaîtra, et vous saurez que c’est vous les fils du
Père qui est vivant. Mais si vous ne vous connaissez
point, alors vous serez dans un dénuement, et c’est
vous [qui serez] le dénuement ! "
4. Jésus dit : " Que le vieillard chargé de jours ne tarde pas à interroger le petit enfant de sept jours
sur le Lieu de la Vie, et il vivra ! Car il apparaîtra que beaucoup de premiers seront derniers, et ils
deviendront un [seul] ! "
5. Jésus dit : " Connais ce qui est en face de ton visage, et ce qui t’est caché se révélera à toi. Car
rien de caché ne manquera d’être révélé ! "
6. Ses disciples l’interrogèrent ; ils lui dirent : " Tu veux que nous jeûnions ? Quelle est la manière
dont nous prierons, dont nous ferons l’aumône, et quelle façon de se nourrir respecterons-nous ? "
Jésus dit : " Ne dites point de mensonge et, ce que vous avez en haine, ne le faites point : car toutes
ces choses sont manifestes à la face du ciel ; rien de ce qui est caché ne manquera d’être révélé et
rien de ce qui est dissimulé ne tardera à être publié ! "
7. Jésus dit : " Bienheureux est ce lion que l’homme mangera en sorte que le lion devienne homme.
Mais maudit est l’homme que le lion mangera en sorte que le lion devienne homme ! "
8. Puis il dit que : " L’homme est pareil à un sage pêcheur qui a jeté son filet dans la mer. Il l’a
remonté de la mer plein de petits poissons au milieu desquels ce sage pêcheur a trouvé un poisson
grand et excellent. Il a rejeté tous les petits poissons dans la mer ; sans hésiter il a choisi le grand
poisson. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! "
9. Jésus dit : " Voici ; le semeur est sorti. Il a empli sa main et il a jeté. [Des grains,] les uns sont
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tombés sur la route : les oiseaux sont venus et les ont recueillis. D’autres sont tombés sur le roc : ils
n’ont point trouvé à s’enraciner dans la terre et n’ont point produit d’épis vers le haut. D’autres sont
tombés sur les épines : [elles] ont étouffé la graine, et le ver a mangé ces [semences]. D’autres sont
tombés sur la bonne terre et cette [portion] a fait monter un fruit excellent : elle a donné jusqu’à
soixante par mesure, et [ même] cent vingt par mesure ! "
10. Jésus dit : " J’ai jeté un feu sur l’univers, et voici je veille sur lui jusqu’à ce qu’il embrase ! "
11. Jésus dit : " Ce ciel passera, et celui qui est au-dessus de lui passera : mais ceux qui sont morts
ne vivront point, et ceux qui vivent ne mourront point . "
12. Aujourd’hui, vous mangez des choses mortes et vous en faites ce qui est vivant : [mais] lorsque
vous serez dans la Lumière, que ferez-vous en ce jour-là où étant un, vous deviendrez deux ; et
lorsque vous deviendrez deux, qu’est-ce alors que vous ferez ? "
13. Les disciples disent à Jésus : " Nous savons que Tu nous quitteras : qui, au-dessus de nous, sera
[alors] le [plus] grand ? " Jésus leur dit : " Là où vous irez, vous vous rendrez vers Jacques le Juste,
celui à cause duquel le ciel ainsi que la terre ont été produits. "
14. Jésus dit à ses disciples : " Comparez-moi, et dites moi à qui je suis semblable. " Simon Pierre
lui dit : " Tu es semblable à un ange juste ! " Matthieu lui dit : " Tu es semblable à un homme sage
et philosophe ! " Thomas lui dit : " Maître, à qui tu es semblable, pour que je le dise mon visage ne
parvient absolument point à le saisir ." Jésus dit : " Je ne suis point ton maître ; car tu as bu : tu t’es
enivré de la source bouillonnante qui est à moi et que j’ai répandue. " Puis il le prit et s’écarta : il lui
dit trois mots. Et, lorsque Thomas revint vers ses compagnons, ils le questionnèrent : " Qu’est-ce
que Jésus t’a dit ? "-et Thomas leur répondit : " Si je vous dis une seule des paroles qu’il m’a dites,
vous prendrez des pierres et me les jetterez, et un feu sortira des pierres et vous consumera ! "
15. Jésus leur dit : " Lorsque vous jeûnerez, vous engendrerez pour vous-mêmes un péché ; lorsque
vous prierez, on vous condamnera ; lorsque vous ferez l’aumône, vous accomplirez un mal pour vos
esprits ! Quand vous pénétrerez en n’importe quelle terre et que vous parcourrez les campagnes,
lorsque l’on vous accueillera, mangez ce que l’on mettra devant vous ; ceux qui sont malades dans
ces endroits, guérissez-les. Car ce qui entrera dans votre bouche ne vous souillera point, mais ce qui
sort de votre bouche, c’est cela qui vous souillera ! "
16. Jésus dit : " Quand vous voyez celui qui n’a pas été engendré de la femme, prosternez-vous,
visage contre terre, et adorez-le ; Celui-ci est votre père ! "
17. Jésus dit : " Certainement les hommes pensent que je suis venu pour jeter une paix sur l’univers.
Mais ils ne savent pas que je suis venu pour jeter sur terre des discordes, le feu, l’épée, la guerre. Si
en effet il y a cinq dans une maison, ils se trouveront trois contre deux et deux contre trois-père
contre fils et fils contre père- et ils se lèveront en étant des solitaires. "
18. Jésus dit : " Je vous donnerai ce que jamais œil n’a vu, et ce que jamais oreille n’a entendu, et ce
que jamais main n’a atteint, et cela qui n’est jamais monté au cœur de l’homme. "
19. Les disciples disent à Jésus : " Dis-nous comment votre fin sera. " Jésus dit : " Avez-vous donc
dévoilé le commencement, pour que vous questionniez sur la fin. Car là où est le commencement, là
sera la fin. Bienheureux est celui qui atteindra le commencement : il connaîtra la fin, et il ne goûtera
point la mort ! "
20. Jésus dit : " Bienheureux celui qui a existé avant qu’il ait été produit ! "
21. " Si vous devenez pour moi des disciples et que vous écoutiez mes paroles, ces pierres vous
serviront. "
22 " Car vous avez là, dans le Paradis, cinq arbres qui ne changent été ni hiver, et dont les feuilles
ne tombent point : celui qui les connaîtra ne goûtera point la mort ! "
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23. Les disciples disent à Jésus : " Dis-nous à qui est semblable le Royaume des cieux ! " Il leur a
dit : " Il est pareil à une graine de sénevé : elle est plus petite que toutes les [autres] semences, mais,
lorsqu’elle tombe sur la terre labourée, elle produit une grande tige et devient un abri pour les
oiseaux du ciel . "
24. Marie dit à Jésus : " A qui tes disciples sont-ils semblables ? " Il lui a dit : " Ils sont semblables à
de petits enfants qui ont pénétré dans un champ qui ne leur appartient pas. Lorsque les propriétaires
du champ viendront, ils diront : " Quittez-nous notre champ ! " Eux [donc], ils se dépouillent en
présence de ces [ gens] pour leur laisser leur champ et le leur rendre. "
25. " C’est pourquoi je vous dis ceci . Si le maître de maison sait que le voleur vient, il veillera
avant que celui-là arrive et il ne laissera pas se percer une entrée dans la demeure de sa royauté pour
en emporter ses meubles. Vous donc, soyez vigilants face à l’univers. Ceignez vos reins avec une
grande énergie, afin que les brigands ne trouvent pas de moyen de vous atteindre ; car le besoin que
vous guettez, ils le trouveront ! "
26. Qu’il y ait au milieu de vous un [tel] homme avisé : lorsque le fruit est venu, en hâte, sa faucille
à la main, il est allé et il l’a moissonné. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! "
27. Jésus vit des petits qui tétaient ; il dit a ses disciples : " Ces petits qui tètent sont semblables à
ceux qui entrent dans le Royaume. " Eux lui dirent : " Si nous sommes petits, entrerons-nous dans le
Royaume ? " Jésus leur dit : " Lorsque vous ferez les deux [être] un, et que vous ferez le dedans
comme le dehors et le dehors comme le dedans, et le haut comme le bas ! Et si vous faîtes le mâle et
la femelle en un seul, afin que le mâle ne soit plus mâle et que la femelle ne soit plus femelle , et
lorsqu’à la place d’un œil vous referez des yeux, et une main à la place d’une main, et un pied à la
place d’un pied, et une image à la place d’une image, alors vous entrerez dans le [Royaume] ! "
28. Jésus dit : " Je vous choisirai, un entre mille et deux entre dix mille, et [ceux-ci] se lèveront
étant un ! "
29. Ses disciples lui disent : " Instruis-nous sur le lieu où tu es, car il nous est nécessaire de
questionner à son sujet ! " Il leur dit : " Que celui qui a des oreilles entende ! Si une lumière existe
au-dedans d’une créature lumineuse, alors elle illumine l’univers tout entier ; mais si elle n’illumine
point, [c’est qu’elle] est une ténèbre . "
30. Jésus dit : " Aime ton frère comme ton âme ; veille sur lui comme [sur] la prunelle de ton œil. "
3. Jésus dit : " La paille qui est dans l’œil de ton frère, tu la vois ; mais la poutre qui est dans ton
œil, tu ne la vois point ! Lorsque tu auras rejeté la poutre qui est dans ton œil, alors tu y verras pour
rejeter la paille hors de l’œil de ton frère . "
32. Si vous ne jeûnez pas au monde, vous ne trouverez point le Royaume . Si vous ne faites point du
Sabbat le [vrai] Sabbat, vous ne verrez point le Père. "
33. Jésus dit : " Je me suis tenu au milieu de l’univers et, dans la chair, je me suis manifesté à ceuxci. Je les ai tous trouvés qui étaient ivres ; je n’en ai trouvé aucun assoiffé parmi eux. Et mon âme
s’est affligée pour les enfants des hommes. Parce qu’ils sont des aveugles dans leur cœur et qu’ils
ne voient pas, parce qu’ils sont venus au monde étant vides ! Qu’il vienne cependant quelqu’un qui
les redresse ! Alors, quand ils auront cuvé leur vin, ils se repentiront. "
34 Jésus dit : " Si la chair s’est produite à cause de l’esprit, c’est un miracle. Mais si l’esprit [s’est
produit] à cause du corps, c’est un miracle de miracle. Mais moi ?, je m’émerveille de cela parce
que le [… … …de] cette ? grande richesse a demeuré dans cette pauvreté. "
35. Jésus dit : " Là où il y a trois dieux, ce sont des dieux. Là où sont deux, ou [bien] un, je suis
avec lui ! "
36. Jésus dit : " Un prophète n’est pas reçu dans sa ville, et un médecin n’opère point de guérison
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sur ceux qui le connaissent . "
37. Jésus dit : " Une ville qui est édifiée sur une montagne élevée, et qui est forte, il n’est pas
possible qu’elle tombe, et l’on ne peut la cacher ! "
38. Jésus dit : " Ce que tu entendras de ton oreille, et de l’autre oreille, proclame-le sur vos toits !
Car personne n’allume une lampe et ne la met sous le boisseau ou ne la met dans un endroit caché :
mais il la place sur le candélabre afin que tous ceux qui entrent et sortent voient sa lumière . "
39. Jésus dit : " Si un aveugle conduit un autre aveugle, tous les deux tombent dans une fosse . "
40. Jésus dit : " Il n’est pas possible que quelqu’un entre dans la maison du puissant et qu’il lui fasse
violence s’il ne lui a point lié les mains : alors [seulement] il dévalisera sa maison . "
4. Jésus dit : " N’ayez point souci, du matin au soir et du soir au matin, de ce que vous revêtirez ! "
42. Ses disciples lui disent : " Quel jour nous apparaîtras-tu, et quel jour te verrons-nous ? " Jésus
dit : " Lorsque vous vous dépouillerez sans que vous ayez honte, que vous ôterez vos vêtements et
les déposerez à vos pieds à la manière des petits enfants, et que vous les piétinerez ! Alors [vous
deviendrez] les fils de Celui qui est vivant, et vous n’aurez plus de crainte. "
43. Jésus dit : " Vous avez désiré bien des fois entendre ces paroles-ci que je vous dis, mais vous
n’avez pas eu un autre de qui les entendre. Il viendra des jours où vous me chercherez, et où vous ne
me trouverez pas . "
44. Jésus dit : " Les pharisiens et les scribes ont pris les clés de la science et les ont cachées : ils ne
sont point entrés et ils n’ont pas, non plus, laissé [entrer] ceux qui voulaient entrer. Mais vous,
soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes ! "
45. Jésus dit : " Un cep de vigne a été planté au dehors du Père. Il ne s’est point fortifié : on
l’arrachera jusqu’à sa racine et il périra . "
46. Jésus dit : " Celui qui a dans sa main, on lui donnera. Mais celui qui n’a pas, [même] le peu
qu’il a lui sera enlevé ! "
47. Jésus dit : " Soyez, vous, [comme] des passants ! "
48. Ses disciples lui dirent : " Qui es-tu, toi qui nous dis ces choses ?-Par les choses que je vous dis,
ne reconnaissez-vous pas qui je suis ? Mais vous êtes, vous-mêmes, devenus pareils aux Juifs : ils
aiment l’arbre et ils détestent son fruit, ils aiment le fruit et ils détestent l’arbre ! "
49. Jésus dit : " Qui a blasphémé contre le Père, on lui pardonnera, et qui a blasphémé contre le Fils,
on lui pardonnera : mais celui qui a blasphémé contre l’Esprit saint, on ne lui pardonnera point, ni
sur terre ni dans le ciel . "
50. Jésus dit : "On ne récolte point de raisin sur les ronces, et l’on ne cueille point de figues sur
l’épine-blanche : elles ne donnent pas de fruit ! [… un] homme bon tire de son grenier ce qui est
bon, mais un homme pervers tire de son grenier pervers-qui est dans son cœur - des [choses]
mauvaises, et il en sème de mauvaises parce que [ce sont] des [choses] mauvaises [qu’] il tire de
l’outrance de son cœur . "
5. Jésus dit : " Depuis Adam jusqu’à Jean Baptiste parmi ceux qui ont été engendrés de femmes il
n’en est point de plus grand que Jean-Baptiste ! Mais, de crainte que les yeux [d’un tel] ne se
perdent j’ai dit : Celui qui parmi vous sera [le plus] petit connaîtra le Royaume et sera plus élevé
que Jean ! "
52. Jésus dit : " Il n’est pas possible qu’un homme monte deux chevaux, ni qu’il tende deux arcs. Et
il n’est pas possible qu’un domestique serve deux maîtres : sinon, il honorera l’un et l’autre le
rudoiera ! Jamais homme ne boit du vin vieux et ne désire au même instant boire du vin nouveau ;
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on ne verse pas du vin nouveau dans de vieilles outres, pour qu’elles ne se fendent point, et l’on ne
verse pas du vin vieux dans des outres neuves, afin qu’il ne se gâte. On ne coud pas un vieux
morceau à un vêtement neuf, car une déchirure se produirait . "
53. Jésus dit : " Si deux sont l’un avec l’autre en paix dans la même maison, ils diront à la
montagne : " Déplace-toi ! "-et elle se déplacera. "
54. Jésus dit : " Bienheureux les solitaires et les élus, car vous trouverez le Royaume ! Parce que
vous êtes issus de lui, de nouveau vous y retournerez. "
55. Jésus dit : " Si les gens vous demandent : " D’où êtes-vous venus ? "-dites-leur : " Nous sommes
venus de la Lumière, du lieu où la Lumière s’est produite [......] hors de lui-même [ou : d’ellemême ?]. Il [.. .… … …] …jusqu’à ce qu’ils manifestent ? …[… …] leur image. " Si l’on vous dit :
" Qu’êtes-vous ? " _ dites : Nous sommes ses fils et nous sommes les élus du Père qui est vivant. "
Si [les gens] vous demandent : " Quel signe de votre Père est en vous ? " - dites-leur : " C’est un
mouvement et un repos . "
56. Ses disciples lui dirent : " Quel jour le repos de ceux qui sont morts se produira-t-il, et quel jour
sera-ce que le monde nouveau viendra ? " Il leur a dit : " Ce [repos] que vous attendez est [déjà]
venu, et vous ne l’avez point reconnu. "
57. Ses disciples lui dirent : " Vingt-quatre prophètes ont parlé en Israèl et tous, ils se sont exprimés
en toi ! " Il leur a dit : " Vous avez délaissé Celui qui est vivant en face de vous, et vous avez parlé
des morts ! "
58. Ses disciples lui dirent : " La circoncision est-elle utile ou non ? " Il leur a dit : " Si elle était
utile, leur père les engendrerait de leur mère [tout] circoncis. Mais [seule] la véritable circoncision
dans l’esprit donne tout le profit ! "
59. Jésus dit : " Bienheureux les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous ! "
60. Jésus dit : " Celui qui ne haïra pas son père et sa mère ne pourra être mon disciple ; et s’il ne hait
point son frère et sa sœur et ne prend pas sa croix comme moi, il ne deviendra pas digne de moi ! "
6. Jésus dit : " Celui qui a connu le monde est tombé dans un cadavre ; et, celui qui est tombé dans
un cadavre, le monde n’est plus digne de lui ! "
62. Jésus dit : " Le Royaume du Père est pareil à un homme qui a une [bonne] semence [dans son
champ]. La nuit, son ennemi est venu et a semé de l’ivraie par-dessus la semence qui est bonne.
[Mais] cet homme ne les [ = ses serviteurs ] a pas lalssés arracher l’ivraie, " de crainte- leur a-t-il
dit-qu’en allant ôter l’ivraie vous n’enleviez avec elle le froment. En effet, au jour de la moisson, les
ivraies seront devenues reconnaissables : on les ôtera et on les brûlera . "
63. Jésus dit : " Bienheureux l’homme qui a peiné : Il a trouvé la Vie ! "
64. Jésus dit : " Tournez vos regards vers Celui qui est vivant, tant que vous êtes vivants, afin que
vous ne mouriez point-et cherchez à le voir ! Vous ne pourrez voir un Samaritain qui porte un
agneau et qui entre dans la Judée. " Ceci, c’est au sujet de l’agneau qu’il l’a dit à ses disciples, et ils
lui ont répondu : " Il le tuera et le mangera ! " Mais il leur a dit : " Il ne le mangera point tant que
[celui-ci] est vivant, mais seulement s’il le tue et que celui-ci devienne cadavre. " Ils lui dirent : "
En nulle autre façon il ne le blessera ! " Il leur a dit [alors] : " Vous-mêmes, cherchez-vous donc un
lieu de repos, afin que vous ne deveniez point des cadavres et que l’on ne vous mange point ! "
65. Jésus dit : " Deux se reposeront là sur un lit : l’un mourra, l’autre vivra. " Salomé dit : " Qui estu, homme ; de qui es-tu [issu], pour être monté sur mon lit et avoir mangé à ma table ? "
Jésus lui dit : " Je suis celui qui s’est produit de Celui qui [m’] est égal : on m’a donné de ce
qui est à mon Père ! -Je suis ta disciple !-A cause de cela, je dis ceci : Lorsqu’[un] se trouvera
désert ?, il sera plein de lumière ; mais lorsqu’il se trouvera divisé, il sera plein de ténèbres. "
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66. Jésus dit : " Quand je dis mes mystères à [… … … ] ... mystère : [ce que] ta main droite fera,
que ta main gauche ignore [qu’]elle le fait . "
67. Jésus dit : " Il y avait un homme riche qui avait beaucoup de biens. Il [se] dit : " J’userai de mes
biens afin d’ensemencer mon champ, de planter, de remplir mes greniers de récoltes, de sorte que le
besoin ne me touche pas. " Telles étaient les choses qu’il pensait en son cœur. Mais, pendant cette
nuit-là, il mourut. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! "
68. Jésus dit : " Un homme avait des hôtes. Lorsqu’il eut préparé le festin, il envoya son serviteur
pour appeler ces hôtes. Celui-ci alla chez le premier et lui dit : " Mon maître t’invite ! " [L’autre]
répondit : " J’ai de l’argent à recevoir de marchands ; ils viennent vers moi ce soir et j’irai pour leur
donner des ordres. Je m’excuse pour le festin. " [Le domestique] alla chez un autre et lui dit : " Mon
maître t’a invité. " [Celui-ci] lui dit : " J’ai acheté une maison et l’on me demande une journée : je
ne suis pas libre. " Il alla vers un autre et lui dit : " Mon maître t’invite ! " [Celui-ci] lui répondit : "
Mon ami va se marier, et c’est moi qui ferai [son] festin. Je n’irai pas : je m’excuse pour le festin ! "
Il alla vers un autre et il lui dit : " Mon maître t’invite ! " [Celui-ci] lui dit : " J’ai acheté un champ
et je ne suis pas encore allé [en] recevoir le revenu. Je ne viendrai pas : je m’excuse pour le festin !
" Le serviteur revint et dit à son maître : " Ceux que tu as invités au festin se sont excusés. " Le
maître dit à son serviteur : " Va dehors, dans les rues, et ceux que tu trouveras, amène-les pour
qu’ils dînent. " Les acheteurs et les mar[chands n’entreront] pas dans les lieux de mon Père ! "
69. Il a dit : " Un homme [important] avait un vignoble qu’il avait donné à des cultivateurs pour
qu’ils le travaillent et qu’il en reçoive d’eux le fruit. Il envoya son serviteur pour que les
cultivateurs lui donnent le fruit du vignoble : [mais] ceux-ci s’emparèrent de son serviteur, ils le
frappèrent et il s’en fallut de peu qu’ils ne le tuent. Le serviteur revint et le dit à son maître. Son
maître [se] dit : " Peut-être ne les a-t-il pas reconnus ? " Il envoya un autre serviteur : cet autre aussi,
les cultivateurs le frappèrent. Alors, le maître envoya son fils : ils se dit : " Sans doute respecterontils mon enfant ? " Mais, quand ils surent que celui-ci était l’héritier du vignoble, ces cultivateurs le
saisirent et le tuèrent. Que celui qui a des oreilles entende ! "
70. Jésus dit : " Puisses-tu m’enseigner cette pierre que ceux qui construisent ont rejetée ! C’est elle,
la pierre de l’angle . "
7. Jésus dit : " Celui qui connaît le Tout, qui n’a besoin que de lui-même, il a besoin de tout le Lieu !
"
72. Jésus dit : " Bienheureux serez-vous lorsque l’on vous haïra et que l’on vous persécutera ; mais
ils ne trouveront pas de place dans ce lieu [jusqu’]auquel ils vous auront poursuivis ! "
73. Jésus dit : " Bienheureux sont-ils, ceux que l’on a persécutés dans leur cœur. Ce sont ceux-là qui
ont connu ? le Père ! Bienheureux ceux qui sont affamés, parce qu’ils se rassasieront le ventre à
[leur] désir ! "
74. Jésus dit : " Lorsqu’il vous reste de quoi partager, à vous, cela que vous possédez vous sauvera.
Mais si vous ne pouvez partager [pour vous], cela, que vous n’avez point en vous, cela [. ?.] vous
[... ra]. "
75. Jésus dit : " Je [… …]rai [… …] et personne ne pourra … … [… … …] […]. "
76. [Quelqu’un ?...] lui [a dit] : " Parle à mes frères, pour qu’ils partagent avec moi les biens de mon
père ! " Il lui a répondu : " Homme, qui m’a fait partageur ? " Il se retourna vers ses disciples et leur
dit : " Que je ne sois point un partageur ! "
77. Jésus dit : " La moisson est grande mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le Seigneur pour
qu’il envoie des ouvriers à la moisson . "
78. Il a dit : " Seigneur, beaucoup sont autour de l’ouverture mais personne dans le puits ! "
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79. Jésus dit : " Beaucoup se tiennent dehors à la porte, mais ce sont les solitaires seuls qui entreront
dans la chambre nuptiale "
80. Jésus dit : " Le Royaume du Père est pareil à un homme, un négociant, qui a un fardeau et qui a
trouvé une perle. Ce négociant est un sage : il a vendu le fardeau et s’est acheté la perle seule. Vous
aussi, cherchez son trésor qui ne périt point, qui demeure, dans lequel la teigne ne pénètre pas pour
ronger et [où] le ver ne détruit point . "
8. Jésus dit : " Je suis la lumière, celle qui est sur eux tous. Je suis le Tout, et le Tout est sorti de moi
et Tout est revenu à moi. Fends le bois : je suis là ; soulève la pierre et tu m’y trouveras ! "
82. Jésus dit : " Pourquoi êtes-vous sortis dans la campagne ? [Est-ce] pour voir un roseau agité
[par] le vent, et pour voir un h[omme avec des] vêtements [délicats] qui l’enveloppent ? [Mais ils
sont dans les demeures des] rois et de vos grands, ceux que de [délicats vêtements] enveloppent, et
ils ne connaissent pas la vérité ! "
83. Dans la foule, une femme lui dit : " Bienheureux le ventre qui t’a porté et le sein qui t’a nourri !
" Il lui a dit : " Bienheureux ceux qui ont entendu la parole du Père et qui la gardent ! En vérité, des
jours viendront où vous direz : Heureux le ventre qui n’a point engendré et ces mamelles qui n’ont
point allaité ! "
84. Jésus dit : " Celui qui a connu le monde est tombé dans le corps ; et celui qui est tombé dans le
corps, le monde n’est pas digne de lui. "
85. Jésus dit : " Que celui qui s’est fait riche règne, et que celui qui a une force soit miséricordieux !
"
86. Jésus dit : " Celui qui est près de moi est près du feu, et celui qui est loin de moi est loin du
Royaume .
87. Jésus dit : " Les images apparaissent à l’homme mais la lumière qui est en elles est cachée. Dans
l’image de la lumière du Père, elle [ = cette lumière] se révélera, et son image sera voilée par sa
lumière. "
88. Jésus dit : " Maintenant, quand vous voyez votre apparence, vous vous réjouissez. Mais, lorsque
vous verrez vos images qui se sont produites avant vous, qui ne meurent point et qui ne se
manifestent point, quelle grandeur supporterez-vous ? "
89. Jésus dit : " Adam a été produit par une grande puissance et une grande richesse ; mais il n’a pas
reçu ? [… … …] digne ? de vous, car il n’était pas digne [de ?] ne pas [être soumis ?] à la mort. "
90. Jésus dit : " [Les renards] [ont] des [tanières] et les oiseaux ont [leurs] nids ; mais le Fils de
l’Homme n’a pas de lieu où incliner sa tête et se reposer . "
9. Il a dit, lui, Jésus : " Le corps qui dépend d’un corps est un malheureux, et l’âme qui dépend de
ces deux est une malheureuse ! "
92. Jésus dit : " Les anges et les prophètes viennent vers vous : ils vous donneront les choses qui
vous appartiennent. Vous-mêmes, donnez-leur ce que vous possédez et dites-vous : " Quel jour
vont-ils venir, et prendre ce qui est à eux ? "
93. Jésus dit : " Pourquoi lavez-vous le dehors de la coupe et ne pensez-vous pas que celui qui a fait
le dedans, c’est lui aussi qui a fait le dehors ? "
94. Jésus dit : " Venez à moi, car mon joug est excellent et mon autorité est douce, et vous trouverez
pour vous le repos ! "
95. Ils lui dirent : " Dis-nous qui tu es, afin que nous croyions en toi. " Il leur a dit : " Vous scrutez
l’aspect du ciel et de la terre mais Celui qui est par-devant vous, vous ne le connaissez pas et, cette
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conjoncture-ci, vous ne savez pas comment la scruter ! "
96. Jésus dit : " Cherchez et vous trouverez ! Mais les choses sur lesquelles vous m’avez interrogé
en ces jours et que je ne vous ai point dites à ce moment, je veux maintenant les dire, et que vous ne
les cherchiez plus . "
97. " Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens pour qu’ils ne le jettent point sur le fumier, et ne
jetez pas les perles aux pourceaux de peur qu’ils ne le fassent [… … … ] "
98. Jésus [dit : " ] Celui qui cherche trouvera [et, à celui qui voudra entrer ? ], on ouvrira. "
99. [Jésus dit : " Si ] vous avez de l’argent, ne le donnez pas à intérêt, mais [ … … … … … ] qui ne
les prendra point de lui. "
100. Jésus dit : " Le Royaume du Père est pareil à une femme qui a mis un peu de levain [dans trois]
mesures de farine et qui en a fait de grands pains. Que celui qui a des oreilles entende ! "
101. Jésus dit : " Le Royaume du Père est pareil a une femme qui porte un vase plein de farine et
qui s’en va par un long chemin. L’anse du vase s’est brisée : la farine s’est répandue derrière elle sur
le chemin sans qu’elle le sache et sans qu’elle sache y remédier. Lorsqu’elle est arrivée à sa maison,
elle a posé le vase et elle a trouvé qu’il était vide. "
102. Le Royaume du Père est pareil à un homme qui veut tuer un grand personnage. Dans sa
maison, il a dégainé l’épée et il l’a plantée dans le mur pour s’assurer que sa main serait
ferme. Ensuite il a tué le personnage."
103. Les disciples lui dirent : " Tes frères et ta mère sont là dehors . " Il leur a dit : " Vous et ? ceux ?
qui font la volonté de mon Père, ce sont là mes frères et ma mère ; ce sont eux qui entreront dans le
Royaume de mon Père. "
104. On montra à Jésus une pièce d’or et on lui dit : " Les gens qui appartiennent à César nous
demandent les taxes. " Il leur a dit : " Donnez à César ce qui est à César, donnez à Dieu ce qui est
à Dieu et, ce qui est à moi, donnez-le-moi ! "
105. " Celui qui n’a pas comme moi détesté son père et sa mère ne pourra être mon disciple, et celui
qui a aimé s[on père e]t sa mère comme moi ne pourra être mon disciple. Ma mère, en effet, a […
…] [… …] parce qu’en vérité elle m’a donné la vie. "
106. Jésus dit : " Malheur a eux, aux Pharisiens, parce qu’ils sont pareils à un chien qui est couché
sur une part et qui [commet ?] ce mal de ne point [la]manger et de ne point [en laisser] les déchets à
manger. "
107. Jésus dit : " Bienheureux est cet homme qui connaît [à quel] point les voleurs vont entrer, afin
qu’il veille, qu’il rassemble sa [… …], et qu’il se soit ceint les reins avant que ceux-ci soient entrés.
"
108. Ils [lui] dirent : " Allons ; prions et jeûnons aujourd’hui ! " Jésus dit : " Quel est donc le péché
que j’ai commis, ou en quoi ai-je été défait ? Mais, quand l’époux sort de la chambre nuptiale,
jamais alors on ne jeûne, et jamais on ne prie ! "
109. Jésus dit : " Celui qui connaîtra père et mère, l’appellera-t-on : " Fils de prostituée ! " ? "
110. Jésus dit : " Lorsque vous ferez que les deux soient un vous deviendrez fils de l’Homme et si
vous dites : " Montagne, déplace-toi ! "-elle se déplacera. "
111. Jésus dit : " Le Royaume est pareil à un pasteur qui a cent brebis . Une d’elles, qui est la plus
grande, s’est égarée. Il a laissé les quatre-vingt-dix-neuf autres et il a cherché cette seule [brebis]
jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée. Après avoir pris cette peine, il a dit à la brebis : " Je t’aime plus que
les quatre-vingt-dix-neuf [autres] ! "
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112. Jésus dit : " Celui qui boira de ma bouche deviendra comme moi. Quant à moi, je deviendrai ce
qu’il est, et ce qui est caché lui sera révélé . "
113. Jésus dit : " Le Royaume est pareil à un homme qui [a] dans son champ un trésor qui est
[caché] et qui ne le sait pas. Il ne [l’a pas trouvé avant de] mourir, et il a laissé son [bien à son] fils
qui ne savait pas cela. Celui-ci a pris ce champ-là, il l’a vendu, et celui qui l’a acheté est allé le
labourer : [il a trouvé] le trésor, et il a commencé de prêter à intérêt à ceux [qu’il] veut ? "
114. Jésus dit : " Celui qui a trouvé le monde et qui s’est fait riche, qu’il renonce au monde ! "
115. Jésus dit : " Les cieux et la terre dureront devant vous, et celui qui vit de Celui qui est vivant ne
verra pas mourir "-parce que ? Jésus dit ceci : " Celui qui se tient à soi seul, le monde n’est pas
digne de lui. "
116. Jésus dit : " Malheur à cette chair qui dépend de l’âme et malheur à cette âme qui dépend de la
chair ! "
117. Ses disciples lui dirent : " Quel jour le Royaume viendra-t-il ?-Il ne viendra pas quand on
l’attendra. On ne dira pas : " Voici il est ici ! " ou : " Voyez, il est là ! " mais le Royaume du
Père est répandu sur la terre et les hommes ne le voient point. "
118. Simon Pierre leur dit : " Que Marie sorte de parmi nous, car les femmes ne sont pas
dignes de la vie ! " - Jésus dit : " Voici ; moi, je l’attirerai pour que je la rende mâle afin
qu’elle aussi devienne un esprit vivant pareil à vous, les mâles ! Car toute femme qui sera faite
mâle entrera dans le Royaume des cieux . "
L’évangile sonne de manière très étrange quand on le rapproche de la manière dont les Témoins de
Jéhovah ont choisi de rendre la notion de Royaume de Dieu.
Notez particulièrement la leçon de la publication Tour de Garde en ce qui concerne Luc 17:10 - le
Royaume est au milieu de vous.
La Tour de Garde, 15/6/1989, p. 8 :
Jésus est encore dans le nord du pays (soit en Samarie, soit en Galilée) quand des
Pharisiens le questionnent sur la venue du Royaume. Ils croient qu’il arrivera en grande
pompe ; mais Jésus dit : “Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à s’imposer à
l’observation ; et on ne dira pas non plus : ‘Voyez ici !’, ou : ‘Là !’ Car voici que le
royaume de Dieu est au milieu de vous.”
L’expression de Jésus, “au milieu de vous”, a été parfois traduite “au dedans de
vous”. De là, certains en ont déduit que, selon Jésus, le Royaume de Dieu siège
dans le cœur des serviteurs de Dieu. Pourtant, à l’évidence, le Royaume de Dieu
n’est pas dans le cœur des Pharisiens incrédules à qui Jésus parle. Par contre, il est
au milieu d’eux en ce sens que le personnage désigné pour être Roi du Royaume de
Dieu, à savoir Jésus Christ, est justement parmi eux.
C’est probablement après le départ des Pharisiens que Jésus poursuit avec ses
disciples la conversation sur la venue du Royaume. Il pense particulièrement à sa
future présence, dans la puissance du Royaume, lorsqu’il donne cet avertissement : “On
vous dira : ‘Voyez là !’, ou : ‘Voyez ici !’ Ne sortez pas et ne courez pas après [ces faux
Messies]. Car, comme l’éclair, en jaillissant, brille depuis telle région de dessous le ciel
jusqu’à telle autre région de dessous le ciel, ainsi sera le Fils de l’homme.” Jésus
indique par ces mots que, de même que l’éclair se voit sur une vaste étendue, de même
les signes de sa présence dans la puissance du Royaume pourront être vus clairement
par tous ceux qui souhaiteront les observer.
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Mais cette explication contredit la compréhension qu’en avait au moins une communauté chrétienne
au 2ème siècle, donnant un nouvel éclairage sur la déclaration présumée de Jésus.
2. Jésus dit : " Si ceux qui vous entraînent vous disent : " Voici, le Royaume est dans le
ciel ! "- alors, les oiseaux du ciel y seront avant vous. S’ils vous disent : " Il est dans la
mer ! "- alors, les poissons y seront avant vous. Mais le Royaume est au-dedans de
vous et il est au-dehors de vous ! "
117. Ses disciples lui dirent : " Quel jour le Royaume viendra-t-il ?-Il ne viendra
pas quand on l’attendra. On ne dira pas : " Voici il est ici ! " ou : " Voyez, il est là !
" mais le Royaume du Père est répandu sur la terre et les hommes ne le voient
point. "
L’évangile de Thomas délivre ici une clé de compréhension fondamentale : le Royaume est bien
présent au temps de Jésus, il n’est nul besoin de l’attendre en un temps et un lieu précis.
La notion de Royaume au 1er siècle était ainsi très différente de celle que nous délivre depuis plus
d’un siècle les Témoins de Jéhovah.
Pour aller plus loin : L’évangile selon Thomas - Historique et commentaires.
L’épître apocryphe de Jacques
Texte copte gnostique de Nag Hammadi
Une traduction réalisée par la Bibliothèque copte de Nag Hammadi.
La découverte de Nag Hammadi
Introduction de la Biblothèque copte de Nag Hammadi
En décembre 1945, près de la ville de Nag Hammadi, des paysans égyptiens déterraient
fortuitement une jarre contenant treize codices de papyrus, des volumes reliés à plat comme nos
livres et recouverts de cuir. Ils venaient de faire l’une des plus formidables découvertes de
manuscrits anciens du XXe siècle.
Folio en papyrus de l’évangile de Thomas
IIIe-IVe siècle, écrit en copte
Dans un état de conservation variable, les 1156 pages inscrites renferment 54 oeuvres différentes,
la plupart inconnues par ailleurs, dont le fameux Évangile selon Thomas, un recueil de paroles de
Jésus. Il s’agit de textes religieux, généralement décrits comme gnostiques. D’abord rédigés en
grec, vraisemblablement au cours du IIe siècle, ces textes ont ensuite été traduits en copte, la
langue de l’Égypte de cette époque, puis copiés vers le milieu du IVe siècle dans des codices qui ont
par la suite été enfouis dans une jarre, probablement au début du Ve siècle.
Cette découverte est d’un intérêt inestimable, que ce soit pour l’histoire du livre, dont les codices
de Nag Hammadi constituent les plus anciens spécimens, pour l’histoire de la langue et de la
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321
paléographie coptes, ou pour celle de la philosophie et du christianisme naissant.
Ces textes ressuscitent en effet pour nous des formes du christianisme primitif que la tradition
postérieure a combattues et s’est efforcée de faire disparaître, mais qui jouèrent néanmoins un
rôle essentiel dans sa formation. Leur édition, leur traduction dans des langues modernes et leur
étude, qui en est encore à ses débuts, ouvrent donc une fenêtre nouvelle sur la période du IIe siècle,
si importante dans la formation du christianisme. Toutefois, l’interprétation de ces textes nouveaux
est particulièrement difficile. On ignore en effet l’identité de leurs auteurs, les lieux, dates et
circonstances de leur rédaction en grec, de leur transmission, de leur traduction en copte, de leur
copie dans les codices mis au jour en 1945. De laborieuses recherches permettent néanmoins de les
situer dans leur contexte et d’en tirer de nombreux renseignements qui éclairent l’histoire des
premiers siècles chrétiens sous un jour nouveau. Ainsi, pour ne donner qu’un seul exemple,
l’Évangile selon Thomas est devenu une pièce maîtresse de la recherche sur le personnage
historique de Jésus de Nazareth et sur les origines du christianisme.
(L’ÉPÎTRE APOCRYPHE DE JACQUES)
(NH I, 2)
(Traduit du copte par Donald Rouleau)
Cette traduction française est le résultat
d’un travail en cours, elle est donc
provisoire et sujette à des modifications.
Elle a été faite intégralement à partir du
texte copte. Celui-ci étant écrit de façon
continue, les divisions des phrases, de
même que les divisions en paragraphes sont
le fait du traducteur, qui a également ajouté
des intertitres afin de faciliter la lecture, de
même que, dans certains dialogues,
l’identification des interlocuteurs.
Les chiffres en caractères gras indiquent les
pages du texte copte auxquelles la
traduction correspond, et les chiffres en exposant, ceux des lignes.
Voici la signification des signes critiques utilisés dans la traduction :
•
•
•
•
•
•
•
[ ] restitution par l’éditeur moderne
< > correction par l’éditeur moderne
{ } suppression par l’éditeur moderne
( ) ajout par l’éditeur moderne
# # suppression par le scribe
/ / ajout par le scribe
† † passage corrompu
(PROLOGUE DE LA LETTRE)
1
1. [C’est Jacques] qui [éc]rit à ( ?)
2. [ ±8 ]thos. Paix
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322
3. [à toi de la part de] la Paix,
4. [Amour de la part de] l’Amour,
5. [Grâce de la part de] la Grâce,
6. [Foi de la] part de la Foi,
7. Vie de la part de la Vie
8. sainte ! Puisque tu
9. m’as prié de
10.t’envoyer un (écrit) secret
11.qui m’a été révélé, à moi
12.ainsi qu’à Pierre, par le Seigneur,
13.je n’ai pu certes te (le) refuser,
14.ni te parler (de vive voix),
15.mais [je l’ai] écrit en lettres
16.hébraïques (et) je te l’ai
17.envoyé, à toi
18.seul, mais en tant que 19 serviteur du salut
19.des saints. Applique-toi
20.et garde-toi de divulguer
21.cet écrit à beaucoup, lui
22.que le Sauveur n’a pas voulu
23.divulguer à nous tous, ses
24.douze disciples. Ils
25.seront cependant bienheureux,
26.ceux qui seront sauvés par
27.la foi en ce discours ! Je
28.t’ai aussi fait parvenir, il y a
29.dix mois, un autre (écrit)
30.secret que m’avait révélé
31.le Sauveur. Mais
32.celui-là, d’une part, considère-le
33.ainsi comme m’ayant été révélé
34.à moi, Jacques. Celui-ci
2
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
cependant, lui aus[si ±13 ]
atteindre [ ±10 ]
ceux qui [ ±9 ]
cherche [ ±9 ]
C’est ainsi que [ ±8 sa-]lut
et [±12 ]
[ ±4 ].
L’OBJET DE LA LETTRE : LA RÉVÉLATION
(Apparition de Jésus)
Et [alors que] les douze disciples
8. étaient une [fois] tous assis
9. ensemble,
10.et qu’ils se rappelaient
Via Veritas
323
11.ce que le Sauveur avait dit
12.à chacun d’eux, soit
13.en secret, soit
14.ouvertement, et qu’ils le fixaient
15.dans des livres - pour ma part,
16.j’écrivais ce qui se trouve dans ce [livre] -,
17.voici que le Sauveur apparut.
18.Il est passé parmi [nous, nous] lui [étions atten]tifs,
19.et cinq cent
20.cinquante jours après qu’il fut ressuscité
21.d’entre les morts, nous lui avons
22.dit : « Es-tu parti, t’es-tu éloigné de nous ? »
23.Et Jésus dit : « Non, mais
24.je m’en vais au lieu d’où je suis venu.
25.Si vous voulez venir
26.avec moi, venez ! » Tous répondirent
27.en disant : « Si tu nous
28.(l’)ordonnes, nous viendrons ! »
(Mise à part de Jacques e