Livrel Via Veritas - Questions bibliques, logiques et scientifiques
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Livrel Via Veritas - Questions bibliques, logiques et scientifiques
LIVREL COLLABORATIF – 2010 ANTHOLOGIE TIREE DES PAGES DU SITE VIA VERITAS (2005-2009) Via Veritas 1 Comme le site originel, ce livrel est placé sous la licence Creative Commons Attribution-Noncommercial-No Derivative Works 2.0 France License Glossaire Suivent quelques conventions et expressions utiles pour comprendre ce livrel (francisation du mot anglais e-book). Pour ceux qui sont au fait des Témoins de Jéhovah, ces termes sont familiers, usuels, ancrés, pour ne pas dire consubstantiels. Pour les autres, ces quelques lignes leur éclaireront la route et les propos. Témoin de Jéhovah, c’est long. Alors vous trouverez souvent l’abréviation TJ ou parfois TJs pour le pluriel. Ce site utilise la Traduction du Monde Nouveau (TMN en français ou NWT en anglais, traduction de la Bible apparue dans les années 60 et instrument principal des Témoins de Jéhovah) comme version de référence, c’est elle qui sera citée par défaut. Toute autre traduction sera citée nommément. La Watchtower, quelque fois abrégée en WT dans cet ouvrage, désigne la Watchtower Bible and Tract Society (WBTS) principal instrument juridique utilisé aux Etats Unis par les Témoins de Jéhovah. Pendant des années, la Watchtower a été plus qu’une simple association, elle s’est confondue intimement avec le noyau enseignant. Celui-ci s’appelle Collège Central en français, et Governing Body (corps gouvernant) en anglais qui a le mérite de rendre pleinement l’autorité que les Témoins de Jéhovah lui reconnaissent. La Tour de Garde (annonce le Royaume de Jéhovah) est la publication maîtresse des Témoins de Jéhovah. Cette publication bi-mensuelle donne la ligne officielle du mouvement. Elle est souvent citée sous la forme abrégée WT ou même W suivie de l’année de référence. Une publication complémentaire, moins doctrinale, et devenue depuis janvier 2006 mensuelle est le Réveillez-Vous (Awake pour les anglophones). Le jéhovisme désigne de manière générale la doctrine des Témoins de Jéhovah. La Vérité, c'est le fondement du jéhovisme, sa justification, son ultime prétention. Nous établirons que le fondement du jéhovisme est le mensonge organisé et institutionnalisé. Via Veritas 2 DESIRER LA VERITE Au commencement était le doute, mais la vérité dérange. Via Veritas 3 VIA VERITAS Par Lucretius Via Veritas, Chemin et Vérité Via Veritas, la Voie de la Vérité, comme c'est présomptueux et illusoire1 ! Présomptueux, car la vérité n’appartient à personne et nous ne pouvons faire que la circonscrire et l’approcher avec la plus grande humilité. Doit-on pour autant se taire lorsqu’une propagande persistante et conquérante s’autoproclame effrontément la vérité sans en donner les preuves, mais en faisant fi de la réalité ? Illusoire, car la vérité qu’elle soit historique ou scientifique ne sera jamais absolue. Doit-on pour autant s’interdire de parler, de transmettre des connaissances nécessaires à la réflexion, et de lutter contre la pensée fondamentaliste qui sclérose le jugement ? Les contributeurs de ce livrel, dont les matières furent celles d'un site éponyme qui se fit largement connaître durant quelques années (2005-2009), ne le pensent pas et restent pleinement conscients des limites de ce témoignage. Ces pages ne reprennent d'ailleurs que certaines pages marquantes et choisies de la collection de quelques quatre cents articles qui furent publiés. Aussi ne voyez pas dans cet ouvrage autre chose qu’une invitation à l’exercice salutaire de l’esprit critique qui est le fondement de toute pensée vraiment libre. Via Veritas, comme existaient au temps de Rome la Via Appia, la Via Augusta ou encore la Via Domitia qui irriguaient l’Europe du Sud , des voies établies par le génie romain et pour assurer la communication dans l’empire. Ces voies étaient appareillées de dalles de pierre bien ajustées. Combien a-t-il été nécessaire de temps et d’ouvriers à leur élaboration ? Voie romaine à Vienne (Isère - 38) De même ce modeste ouvrage prétend contribuer à baliser une route qui mène du fondamentalisme 1 Les mauvais esprits remarqueront que d’autres sont allés encore plus loin : egos sum via veritas et vita - je suis le chemin, la vérité et la vie. - Jean 14:6 Via Veritas 4 chrétien le plus obstiné, le jéhovisme2, à l’humanisme, voire à la revendication de liberté la plus forte qui soit, l’athéisme. Beaucoup se sont déjà exprimés sur des portions de ce parcours, beaucoup ont tenu des raisonnements remarquables, beaucoup ont porté à la connaissance de nos contemporains des ressources instructives et ont, de fait, contribué à notre réflexion personnelle. Ami lecteur ou amie lectrice, si au gré de vos recherches vous lisez ce livrel, nous formons le vœu que ces quelques pages vous soient utiles, vous interpellent ou prolongent votre pensée. La première question qui vient à l'esprit n'est-elle pas : qu'est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que la vérité ? Par Lucretius "Pilate lui dit : "Qu’est-ce que la vérité ?" (Jean 18:38) Selon le Petit Larousse (2005), c’est : "latin veritas - 1. caractère de ce qui est vrai ; adéquation entre la réalité et l’homme qui le pense ; 2. Idée, proposition qui emporte l’assentiment général ou qui s’accorde avec le sentiment que quelqu’un a de la réalité ; 3. Connaissance ou expression d’une connaissance conforme à la réalité, aux faits tels qu’ils se sont déroulés ; 4. Bonne foi, sincérité ; 5. Expression artistique fidèle à la nature. Chercher la vérité, c’est donc confronter ses pensées aux faits et à la réalité, la vérité n’est pas un fantasme (Petit Robert = toute production de l’imagination par laquelle le moi cherche à échapper à l’emprise de la réalité). Nombre d’auteurs se sont exprimés sur la vérité à travers les siècles, voici quelques citations choisies et un petit voyage à travers le temps... ~ "La complaisance aveugle engendre des amis ; la franche vérité nous fait des ennemis." [Térence, Publius Terentius Afer] (-190, -159) ~ "En doutant on atteint la vérité." [Cicéron, Marcus Tullius Cicero] (-106, -43) - citation clé du logo du site et du livrel. ~ "Nous parvenons quelquefois, en poursuivant nos recherches, à trouver la vérité là où nous nous y attendions le moins." [Quintilien] (30-100) ~ "Si nous résolvons les problèmes de la foi par seule voie d’autorité, nous posséderons certes la vérité mais dans une tête vide !" [Saint Thomas d’Aquin] (1225-1274) ~ 2 Doctrine des Témoins de Jéhovah Via Veritas 5 "On peut voir trois principaux objets dans l’étude de la vérité : l’un, de la découvrir, quand on la cherche, de la démontrer, quand on la possède, le dernier, de la discerner d’avec le faux quand on l’examine." [Blaise Pascal] (1623-1662) ~ "Pour mettre la raison sur la voie de la vérité, il faut commencer par la tromper ; les ténèbres ont nécessairement précédé la lumière." [Casanova, Giacomo Girolamo] (1725-1798) ~ "La vérité est une ligne tracée entre les erreurs." [Franz Anton Mesmer] (1734-1815) ~ "Les amis de la vérité sont ceux qui la cherchent et non ceux qui se vantent de l’avoir trouvée." [Condorcet] (1743-1794) ~ "L’homme qui ne craint pas la vérité n’a rien à craindre du mensonge." [Thomas Jefferson] (17431826) ~ "La vérité n’est pas faite pour consoler comme une tartine de confitures qu’on donne aux enfants qui pleurent. Il faut la rechercher, voilà tout, et écarter de soi ce qui n’est pas elle." [Gustave Flaubert] (1821-1880) ~ "La science ouvre à l’esprit humain une voie infinie, et le lance, par une série d’étapes sans nombre, sur l’Asymptote de la Vérité." [Paul Bert] (1833-1886) ~ "Une société n’est forte que lorsqu’elle met la vérité sous la grande lumière du soleil." [Emile Zola] (1840-1902) ~ "Ce que nous dénommons vérité n’est qu’une élimination d’erreurs." [Georges Clémenceau] (1841-1929) ~ "La vérité vit à crédit. Nos pensées et nos croyances passent comme monnaie ayant cours tant que rien ne les fait refuser, exactement comme les billets de banque, tant que personne ne les refuse." [William James] (1842-1910) ~ "Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire." [Jean Jaurès] (1859-1914) ~ "Toute vérité est une route tracée à travers la réalité." [Henri Bergson] (1859-1941) ~ "La vérité vaut bien qu’on passe quelques années sans la trouver." [Jules Renard] (1864-1910) ~ "Par sa nature même, la vérité porte l’évidence en soi. Dès qu’on la débarrasse des toiles Via Veritas 6 d’araignée de l’ignorance, elle brille avec éclat." [Gandhi] (1869-1948) ~ "L’erreur ne devient pas vérité parce qu’elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit." [Gandhi] (1869-1948) ~ "Pour convaincre, la vérité ne peut suffire." [Isaac Asimov] (1920-1992) ~ "Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle. La vérité ne se possède pas, elle se cherche." [Albert Jacquard ] (1925- ) ~ Et enfin une énigme... "La vérité vous libèrera." [Jn 8:32 ; Jésus ?] ( ?- ?) Confronter la connaissance transmise aux faits et à la réalité, c'est la démarche que doit entreprendre toute personne soucieuse de vérité. Cette démarche du plus élémentaire bon sens est-elle reçue par tous ? Ce n’est pas la vérité ? Et alors ? Par Lucretius Jusqu’où peut aller la fidélité ? Suite aux critiques sévères portées contre le mouvement, voici ce qu’un Témoin de Jéhovah a écrit dans un forum faisant suite à un certain article : "(...)Je comprends que vous puissiez ne pas aimer nos croyances. Mais soyez persuadé que quand bien même vous me prouveriez indiscutablement que les TJ3 sont dans l’erreur, que Dieu n’interviendra jamais, malgré tout je resterai TJ, ne serait ce que pour les valeurs qui sont défendues par cette très vilaine secte, et pour le bonheur que j’éprouve à vivre avec mes amis TJ. Et si j’ai envie de donner un peu de mon argent, à ces « filous » plutôt qu’à d’autres, n’est ce pas mon droit ? ma liberté ? (...)" Au-delà de la liberté individuelle, c’est toute une approche de l’intégrité intellectuelle qui est en jeu. Nous comprenons parfaitement qu’un individu puisse être attaché à un milieu dans lequel il se sent bien où il s’est fait à la fois des repères et le nid douillet de ses convictions. Mais la communauté des Témoins de Jéhovah n’est pas une simple communauté de réflexion et d’entraide, c’est une communauté qui prétend porter bien haut les couleurs de la "Vérité". La vérité est même son fonds de commerce, c’est ce qui lui permet de s’opposer aussi farouchement au Monde, instrument aux mains du Diable, le Père du mensonge (1Jn 5:19 ; Jn 8:44). Car la vérité, c’est la justification du prosélytisme, notez ce que disait il y a trente cinq ans la Tour de Garde : 3 TJ : Témoins de Jéhovah Via Veritas 7 [Citation de la Tour de Garde du 1/11/1971 p. 649 - Où est la vérité ?] Bien entendu, nous ne nous attendons pas ce que vous acceptiez les yeux fermés ce que nous vous disons. Il est possible que votre religion vous paraisse encore la meilleure. Il est normal qu’il en soit ainsi si vous êtes sincère. Toutefois, vous devriez désirer avoir raison et posséder la vérité. Il a été dit sous ce rapport : “Vouloir posséder la vérité de son côté est une chose, vouloir sincèrement être du côté de la vérité en est une autre.” La vérité n’est pas populaire. Elle ne l’était pas à l’époque de Jésus. Les Juifs voulaient le tuer parce qu’il disait la vérité. Cette vérité, qui différait de leur enseignement, les mettait en colère. C’est pourquoi d’ordinaire les témoins de Jéhovah ne sont pas populaires. Leur enseignement se différencie des autres parce que la vérité est différente. (...) Évidemment, ce qui précède ne suffit pas pour dire qu’on possède la vérité. Quand on sait ce qu’est la vérité, on ne doit pas avoir peur de la dire, même si elle est différente. C’est pourquoi vous voyez si souvent les témoins de Jéhovah à votre porte. Sous-entendu, si nous, Témoins de Jéhovah, n’avions pas la vérité nous n’irions pas à votre porte. Mais alors si on prouve, par les faits, à un Témoin de Jéhovah "que les TJ sont dans l’erreur, que Dieu n’interviendra jamais" et qu’il persiste dans le mensonge uniquement à cause des repères moraux ou de l’ambiance qu’il y trouve, ne trouvez-vous pas qu’un tel homme serait d’une hypocrisie sans pareille ? Comment pourrait-il sortir prêcher publiquement : "voici, c’est ici la Vérité" ou encore chanter à tue-tête les premières paroles du chant 191 de son recueil de cantiques "Manifestons la vérité" : "L’unique chemin qui mène au bonheur sans fin, c’est la voie de la vérité (...) C’est la vérité, il faut la manifester..." Faut-il avoir si peu de conscience et d’intégrité pour oser dire : c’est un mensonge, mais ça ne fait rien, j’y suis j’y reste. La pensée de celui qui voit sa représentation mentale de la vie s’écrouler est facile à deviner. Il se calme l’esprit et se raccroche à ce qu’il peut. Il me reste mes amis et les valeurs morales. Mais les valeurs morales n’ont de sens que si réellement elles ont une origine supérieure, suprahumaine. Or si la source de cette morale est illusion et mensonge, quelle est sa valeur réelle, si ce n’est que j’y suis attaché parce qu’on me l’a enseignée et que je l’ai suivie pendant tant d’années ? Et si vraiment j’ai des amis, ne faudrait-il pas qu’ils apprennent eux aussi la triste réalité : nous avons cru à des mensonges ? Et là, il faut bien l’avouer, j'hésite à prendre un risque dévastateur, car je connais bien le mécanisme élaboré de protection du mouvement. Que penseraient les autres membres de la communauté et les membres de ma famille si je manifestais l’honnêteté intellectuelle que devrait manifester tout homme réfléchi ? Mais, comme il est difficile de se poser des questions qui pourraient remettre en cause son univers bien rodé, le Témoin de Jéhovah fidèle refusera simplement de se les poser. C’est une manière simplissime et éprouvée de résoudre le dilemme que pose toute ouverture et tout choix aussi cornéliens : que faire avec le mensonge et la vérité. Ce n’est pas la vérité ? Et alors ? Prenons bien garde de ne pas creuser plus avant, de ne pas vérifier plus complètement, notre monde d’illusions et de faux semblants pourrait bien s’écrouler. Et pourtant, plus que toute autre chose, le besoin de vérité doit s'imposer. Via Veritas 8 Le besoin de vérité Le livre Truth – Vérité Par Lucretius Nourrir l’intellect de millions de gens de pages d’absurdités et de mensonges est-il une activité innocente ou une faute vénielle largement disculpées par la liberté d’opinion ? Une philosophe française engagée du siècle dernier du nom de Simone Weil (1909-1943), à ne pas confondre avec la femme politique Simone Veil, s’est exprimée sur cette question. Elle nous délivre un texte empreint de révolte et de colère. Le besoin de vérité est plus sacré qu’aucun autre. Il n’en est pourtant jamais fait mention. On a peur de lire quand on s’est une fois rendu compte de la quantité et de l’énormité des faussetés matérielles étalées sans honte, même dans les livres des auteurs les plus réputés. On lit alors comme on boirait l’eau d’un puits douteux. Il y a des hommes qui travaillent huit heures par jour et font le grand effort de lire le soir pour s’instruire. Ils ne peuvent pas se livrer à des vérifications dans les grandes bibliothèques. Ils croient le livre sur parole. On n’a pas le droit de leur donner à manger du faux. Quel sens cela a-t-il d’alléguer que les auteurs sont de bonne foi ? Eux ne travaillent pas physiquement huit heures par jour. La société les nourrit pour qu’ils aient le loisir et se donnent la peine d’éviter l’erreur. Un aiguilleur cause d’un déraillement serait mal accueilli en alléguant qu’il est de bonne foi. A plus forte raison est-il honteux de tolérer l’existence de journaux dont tout le monde sait qu’aucun collaborateur ne pourrait y demeurer s’il ne consentait pas parfois à altérer sciemment la vérité Le public se défie des journaux, mais sa défiance ne le protège pas. sachant en gros qu’un journal contient des vérités et des mensonges, il répartit les nouvelles annoncées entre ces deux rubriques, mais au hasard, au gré de ses préférences. Il est ainsi livré à l’erreur. Tout le monde sait que, lorsque le journalisme se confond avec l’organisation du mensonge, il constitue un crime. Mais on croit que c’est un crime impunissable. Qu’est-ce qui empêche de punir une activité une fois qu’elle a été reconnue comme criminelle ? D’où peut bien venir cette étrange conception de crimes non punissables ? C’est une des plus monstrueuses déformations de l’esprit juridique. [L’enracinement in Oeuvres, « Quarto », Gallimard, 2000.] Colporter le mensonge et lui donner l’apparence du vraisemblable parce qu’il est affirmé avec ostentation et conviction l’Organisation des Témoins de Jéhovah en est passé maîtresse. Ses membres rédacteurs qui se livrent à de minutieuses recherches orientées ont tout le loisir de vérifier leurs dires, mais ils s’abstiennent bien de le faire. Faire indéfectiblement croire en un coffre de bois flottant qui aurait préservé Noé et sa famile, mais également faunes et flores du monde entier, en une ânesse qui parle à Balaam, à un soleil qui s’arrête dans le ciel aux ordres de Josué, à un poisson qui engloutit Jonas pendant trois jours entiers, Via Veritas 9 à des calculs cabalistiques faisant lien entre Nebucadnezzar et l’année 1914 et à tant d’idioties encore, et ne pas être tenus coupables de mensonges éhontés, voilà qui heurte le bon sens et fait jaillir la colère. Mais là le mensonge est organisé, il forme un tout harmonieux, il est biblique et il ne peut donc pas faire de tort. C’est le mensonge pieux, et même béni, théocratique. L’ouvrier décrit qui se défie de ce qu’il lisait avait un avantage, le Témoin de Jéhovah avale goulûment les vérités qu’on lui soumet. Comment la Watchtower4 pourrait-elle tromper ses enfants ? Toute vérification est inutile, les sources extérieures sont empoisonnées. Seule la Watchtower est à même de dire le vrai et de faire la part du faux. Cette confiance imméritée est à elle seule un scandale, elle est constitutive de l’abus de confiance5. Si l’organisation du mensonge est un crime punissable, alors l’Organisation des Témoins de Jéhovah est déjà condamnée. Et son crime est imprescriptible. Un jour viendra où elle devra en répondre car le besoin de vérité est plus sacré qu’aucun autre. En attendant, elle use de tous les moyens pour essayer de faire taire ceux qui dénoncent la fausseté de ses prétentions. Vade Retro Veritas Par Lucretius Avez-vous un esprit ouvert ? Voici l’excellente et pertinente analyse faite par le Réveillez-vous du 22 février 1985 à ce sujet : [Réveillez-Vous ! du 22/2/1985 p. 3-4 Un esprit ouvert ou borné - Lequel pensez-vous avoir ?] "Que signifie avoir un esprit ouvert ? Un esprit ouvert est dépourvu de préjugés. Ce dernier mot peut se définir ainsi : “Croyance préconçue ou non vérifiée, favorable ou défavorable ; jugement fondé sur des critères autres que la raison ou la justice ; particulièrement, opinion prématurée ou de parti pris.” Dans la vie, il est nécessaire de prendre des décisions et de porter des jugements. Néanmoins, des croyances ‘non vérifiées’ ou des jugements fondés “sur des critères autres que la raison ou la justice” sont preuves d’un esprit borné. Par contre, avoir un esprit ouvert, c’est se montrer réceptif aux idées nouvelles. C’est être disposé à examiner et à juger une information sans préjugés. En acceptant ce qui est valable et en rejetant ce qui ne l’est pas, on peut aboutir à une conclusion précise tout en restant prêt à revoir son point de vue si on dispose ultérieurement d’un complément d’information. Celui qui croit tout savoir peut être certain que cette attitude d’esprit l’empêchera d’en apprendre plus." 4 Abréviation de Watchtower Bible and Tract Society, la Tour de Garde Société de Bibles et de Tracts. Il s’agit de la principale structure juridique qui sert à l’Organisation des Témoins de Jéhovah. En raison de leurs liens étroits l’une est synonyme de l’autre. 5 N’oublions pas q’un ouvrage majeur des Témoins de Jéhovah s’intitulait précisément La Vérité qui conduit à la vie éternelle (1968 - diffusé à plus de 100 millions d’exemplaires) appelé tout simplement Vérité. Via Veritas 10 Avez-vous noté ce qui conditionne l’esprit ouvert ? Le recours à la raison, et la faculté d’être suffisamment curieux pour recevoir un complément d’information. Continuons notre lecture : "Pourquoi certains ont-ils un esprit borné ? Un esprit borné peut être le résultat de l’ignorance. Il arrive que l’on en sache si peu sur un sujet, ou que l’on dispose d’informations tellement fausses ou incomplètes, que l’on n’a pas en main les faits nécessaires à une conclusion exacte. (...) Un esprit étroit peut provenir d’un manque d’intérêt pour un sujet ou d’une réticence à approfondir une question. En fait, ce pourrait même indiquer que l’on n’est pas certain de ses propres croyances, que l’on doute. Par exemple, si nous sommes incapables de défendre les doctrines de notre religion, nous risquons d’en être réduits à nous répandre en invectives contre ceux qui les contestent. Nous ne leur répondrons pas par des arguments logiques, mais par des insultes et des insinuations malveillantes. Cela sent les préjugés et l’intolérance. Un esprit obtus peut également être dû au désir égoïste de conserver des avantages auxquels on devrait renoncer si on avait l’esprit ouvert. " Et enfin, la conclusion imparable : "Êtes-vous assez ouvert pour envisager la possibilité que vous pourriez ne pas l’être ? Cela vaut la peine de vous en assurer. En effet, tandis que vous aurez avantage à avoir un esprit ouvert, un esprit borné vous nuira très certainement." Belle ouverture d’esprit en effet que celle décrite ici, mais est-ce vraiment ce que le Témoin de Jéhovah lambda est encouragé à faire face à des idées profondément dérangeantes ? Non. Pour preuve la défense absolue qui est faite dans la Tour de Garde du 15 mars 1986 [La Tour de Garde du 15/3/1986 p. 12 - 'Ne vous laissez pas rapidement ébranler dans votre bon sens’] : "Gardons-nous de tout rapport avec les apostats Et vous, que feriez-vous si vous entriez en contact avec les idées d’un apostat, avec des raisonnements perfides visant à vous convaincre que les croyances des Témoins de Jéhovah sont fausses ? Par exemple, quelle serait votre réaction si, en ouvrant une lettre qui vous est destinée, vous vous aperceviez aussitôt qu’elle émane de ce genre de personne ? La curiosité vous pousserait-elle à la lire, ne serait-ce que pour savoir de quoi elle parle ? Peut-être vous diriez-vous : “Je ne risque rien. Je suis suffisamment fort dans la vérité. Et de toute façon, nous n’avons rien à craindre si nous possédons la vérité. Celle-ci sortira victorieuse de l’épreuve.” Pour avoir raisonné de la sorte, certains ont nourri leur esprit de pensées erronées, et ils se sont mis à douter sérieusement (voir Jacques 1:5-8). Souvenez-vous de l’avertissement consigné en I Corinthiens 10:12 : “Que celui qui pense être debout prenne garde de tomber.”(...) 10 Nous avons peut-être tendance à nous boucher les oreilles quand des hommes nous disent : “Ne lisez pas ceci !” ou : “N’écoutez pas cela !” Toutefois, n’oubliez pas que dans ce cas précis c’est Jéhovah qui nous indique au moyen de sa Parole l’attitude à adopter. Or que déclare-t-il au sujet des apostats ? “Évitez-les.” (Romains 16:17, 18). ‘Cessez de les fréquenter.’ (I Corinthiens 5:11). ‘Ne les recevez pas chez vous et ne leur dites pas de salut.’ (II Jean 9, 10). Ce sont là des instructions claires, des ordres Via Veritas 11 formels. Si, par curiosité, nous lisions les écrits d’un apostat notoire, cela ne reviendrait-il pas à inviter un ennemi du vrai culte chez nous pour qu’il nous expose ses vues à loisir ? Prenons un exemple. Si votre fils adolescent trouvait une revue pornographique dans la boîte aux lettres, que feriez-vous ? Supposons que par curiosité il manifeste le désir de la lire. Lui diriez-vous alors : “Oui, lis-la, mon fils. De toute façon tu ne risques rien : depuis que tu es tout petit on t’explique que l’immoralité sexuelle est mauvaise. Après tout, il faut bien que tu saches ce qui se passe dans le monde pour te convaincre que ce n’est vraiment pas beau.” Tiendriez-vous ce genre de raisonnement ? Bien sûr que non. Sans l’ombre d’un doute, vous montreriez à votre fils les dangers de la revue en question et vous exigeriez qu’il la détruise. Pourquoi ? Parce que, quelle que soit la force qu’une personne ait acquise dans la vérité, si elle se repaît des idées corrompues qui sont présentées dans de tels ouvrages elle ne manquera pas de souiller son esprit et son cœur. Or les mauvais désirs latents que cette lecture sèmera au fond de son cœur risquent fort, avec le temps, de donner le jour à un appétit sexuel impur. Quel en sera le résultat ? Jacques nous a avertis que le mauvais désir, une fois fécondé, produit le péché, et que le péché, lui, mène à la mort (Jacques 1:15). Pourquoi courir le risque de déclencher cette réaction en chaîne ? Par conséquent, nous prendrions certainement des mesures énergiques pour protéger nos enfants de la pornographie. Dès lors, n’est-il pas logique que notre Père céleste nous protège d’une manière analogue de la fornication spirituelle, dont l’apostasie fait partie ? Voilà pourquoi il nous dit sans détour : N’y touchez pas !" Vous voilà prévenu. Deux poids, deux mesures : une mesure pour le commun des mortels qui est encouragé à ouvrir son esprit aux idées saines émanant de la Watchtower et une mesure pour ceux qui ont déjà la Vérité (les TJ au cas où vous ne l’auriez pas compris), mais une vérité bien faible qui ne résisterait pas aux coups de boutoir des pornographes de tout poil qui pourraient les amener à se masturber la pensée. Le raisonnement est à la fois partial et captieux. C’est assimiler le recours à la logique et à la raison, et l’appel aux réalités historiques ou scientifiques ou aux développements bibliques différents de la ligne du prêt-à-penser jéhoviste, à de la vulgaire pornographie. Ne trouvez-vous pas l’image à la fois malveillante et insultante ? Moi si. Je me trompe ou j’ai lu un peu avant (Réveillez-Vous! du 22/2/1985 p. 4 - Un esprit ouvert ou borné - Lequel pensez-vous avoir ?) : Un esprit étroit peut provenir d’un manque d’intérêt pour un sujet ou d’une réticence à approfondir une question. En fait, ce pourrait même indiquer que l’on n’est pas certain de ses propres croyances, que l’on doute. Par exemple, si nous sommes incapables de défendre les doctrines de notre religion, nous risquons d’en être réduits à nous répandre en invectives contre ceux qui les contestent. Nous ne leur répondrons pas par des arguments logiques, mais par des insultes et des insinuations malveillantes. Cela sent les préjugés et l’intolérance." Pour sûr, ça sent les préjugés et l’intolérance. Et pourtant ne faudrait-il pas faire, au contraire, l'éloge de l'apostasie ? Via Veritas 12 Éloge de l’apostasie Par Lucretius Ne vous approchez pas de l’apostasie et du venin fielleux des apostats, car ils en veulent à votre vie spirituelle. Ils veulent vous séparer de votre sainte mère l’Organisation. Bouchez-vous les yeux et les oreilles et attendez que ça passe. Voici l’avertissement clair et répété que donne l’organisation jéhoviste à ses membres. Et avec l'avènement d’internet et du brassage d’idées contrastées et non contrôlées "théocratiquement" l’avertissement va devenir un leitmotiv entêtant. L’apostat est un traitre, un déserteur. Nous hésitons pour le punir entre la corde et douze balles dans la peau. A moins que la lapidation ne le ramène à la raison pour regretter son crime de lèse-majesté. En tout cas, honte à lui. Et pourtant... L’apostasie, c’est selon le Petit Larousse (2005) : (gr. apostasis : abandon) 1. abandon public et volontaire d’une religion, particulièrement de la foi chrétienne. 2. litt. abandon d’un parti, d’une doctrine, etc. L’apostat n’est pas un faible qui déserte et s’évanouit dans la nature par faiblesse et lassitude. L’apostasie assumée est au contraire un acte revendicatif, un acte positif, un sursaut politique, une démarche citoyenne. Même la Watchtower reconnaît implicitement cette dimension citoyenne. Car avant même que le christianisme ne récupère le terme et ne le colore de la manière la plus négative qui soit, l’apostasie emporte l’idée d’un contre-pied politique, selon le livre "Étude perspicace des Écritures" (1997), "En grec, ce nom (apostasia) dérive du verbe aphistemi qui signifie littéralement "s’éloigner de" ; il a le sens de "désertion, abandon ou rébellion". En grec classique, on l’employait pour parler des défections politiques." Affirmer ses désaccords sur le plan politique, c’est faire vivre la cité grecque ou moderne. C’est s’affirmer en démocratie et ne pas reconnaître les pleins pouvoirs d’une dictature, ou d’une théocratie, qui écrase la contestation et la diversité sous le poids des dogmes pensés et arrêtés par une poignée d’humains tout aussi faillibles que les autres. L’apostat antique devait aimer l’agora, la place publique, car il ne craignait pas la contestation et la confrontation. Le dictateur, lui, devait faire tout son possible pour museler la contestation. Cet apostat est un traitre et un félon. Arrachez-lui la langue et coupez lui les mains et condamnez-le à l’exil. Et pourquoi ne pas le supprimer ? Doit-il en être autrement aujourd’hui ? L’apostat vient à la lumière, il parle, il crie, il dénonce et il prouve. La Watchtower veut garder ses privilèges de prince des consciences. N’écoutez pas l’apostat, il en veut à votre vie spirituelle6. 6 Et si c’était pour lui comme une obligation morale ? “Quand des personnes sont menacées d’un grand danger pour une raison qu’elles ne soupçonnent même pas ou parce qu’elles sont trompées par des gens qu’elles croient être des amis, est-ce mal de les en avertir ? Peut-être préféreront-elles ne pas croire celui qui les avertit. Il se peut même qu’elles lui en veuillent. Mais cela le dégage-t-il de la responsabilité morale de les avertir ?” — La Tour de Garde du 1er mai 1974. Via Veritas 13 Mais où se trouve la réflexion, la liberté, la vérité ? Celui qui est fort ne craint pas la bataille des idées. L’apostat antique était le poil à gratter du dictateur de la cité et une chance pour la liberté d’expression. Les apostats d’aujourd’hui sont la hantise de la Watchtower et une bouffée d’air pour ceux qui étouffent sous elle. Oui, il faut faire l’éloge de l’apostasie, elle seule permet de dévoiler l'erreur sans complaisance aucune. Discussion sur l’excommunication Par Winston Wesson Mon ami S. qui est en pleine sortie du jéhovisme se pose un certain nombre de questions, fort légitimes. Il découvre à son tour, comme nous avons dû tous le faire, la "face cachée" du jéhovisme (ou plutôt celle que nous nous sommes cachée), comment ce qui nous paraissait légitime hier prend un tout autre aspect dès qu’on change un tant soit peu de perspective. Concernant l’excommunication (dont il réalise aujourd’hui qu’elle le guette), il formule deux questions : Quelle est la fonction sociale de cette mesure ? Peut-on penser que certains TdJ aient au fond un rejet inconscient de cette disposition, et qu’ils ne font que la légitimer en occultant sans scrupules ses aspects socialement et moralement destructeurs ? Quelle est la fonction sociale de cette mesure ? L’exclusion (rebaptisée ces dernières années excommunication pour faire plus respectable) telle que vécue par les Témoins de Jéhovah est une pratique bien rodée, et comme tout système a d’abord pour fonction de se perpétuer, celui des TdJ ne changera probablement pas de sitôt une pratique qui est à ce point efficace. Les TdJ pensent que c’est "le culte de Jéhovah" qui les réunit, que c’est cette valeur-là qui fait la force de cohésion du groupe. À mon avis, ils se leurrent ! La composante cultuelle est bien sûre importante, mais de ce qu’il m’est permis d’en juger aujourd’hui, l’essentiel de la "belle cohésion", la belle unité qu’ils se plaisent tant à souligner, est surtout assurée par une autre caractéristique sociale de leur groupe : le rejet du monde, la cristallisation autour de cette haine/peur de l’ennemi. D’une manière générale, on n’a pas trouvé mieux dans l’histoire de l’humanité, pour fédérer autour de sa cause, que de désigner à ceux que l’ont veut se rallier un ennemi commun. En 1870, Bismarck scellera définitivement la toute nouvelle unité allemande par la guerre qui éclate contre la France (pour un motif qu’on a peine à imaginer aujourd’hui...) Chez les Témoins de Jéhovah, donc, l’ennemi c’est "le monde", l’extérieur. Je me souviens que c’est une des choses qu’un récent reportage de l’émission "Envoyé Spécial" (reportage pourtant pas particulièrement défavorable aux TdJ, voire un peu complaisant sur certains points à mon goût) n’a pu s’empêcher de souligner : une barrière franche et nette entre ce qui est à l’intérieur et ce qui est à l’extérieur. Via Veritas 14 C’est à mon avis ÇA qui permet surtout au TdJ de se définir, qui lui renvoie une image rassurante de lui-même : pas tant son appartenance à une Église ou son acceptation du dogme jéhoviste commun à tous que le fait qu’il se déclare ne faisant "pas partie du monde". Le dogme fluctue perpétuellement, la pratique du jéhovisme connait elle aussi une évolution permanente (quoi que plus lente que la doctrine), mais ce qui reste, c’est ce sentiment d’être "autre". C’est "le monde" -honni- qui permet surtout au Témoin de Jéhovah de se définir, en négatif. Or l’exclusion leur est nécessaire pour maintenir l’illusion de cette séparation. On doit pouvoir renvoyer les indésirables, à l’extérieur, sinon c’est qu’il n’y a plus d’extérieur. L’exclusion/excommunication est une menace perpétuelle qui pèse sur le Témoin de Jéhovah : "Rien n’est acquis, on peut te renvoyer, te livrer au "monde" à tout moment." Et il a la plupart du temps tellement intégré le jéhovisme comme constituant de sa personne, de son identité, que cette perspective lui parait à peu près équivalente à la mort. En fait, je vois deux catégories distinctes d’exclus : La première regroupe ceux qui ne veulent ou ne peuvent prendre aucun recul sur le dogme, ou sur la façon profonde dont il perçoit "l’Organisation". Pour eux, La Vérité c’est la Vérité, point à la ligne ! Quand bien même ils ont telle ou telle chose à reprocher à la WT, ils ne doutent pas, globalement, que c’est LA vraie religion, c’est LE peuple de Dieu, qu’ils ont LA bonne lecture de la Bible, etc. Pour eux l’exclusion reste "normale", même si ils doivent en souffrir : Jéhovah châtie ceux qu’il aime. Et l’exclusion remplit globalement très bien son premier objectif de façon très efficace pour eux. L’humiliation qu’on leur fait subir, la perte de tout son tissu social, sa difficulté à réintégrer sereinement une société qu’ils perçoivent toujours comme étant fondamentalement mauvaise et hostile, tout ça garantit presque à coup sûr leur retour au bercail, à moyen terme. L’exclusion est dans ce cas un moyen de pression très efficace pour amener la personne à revenir au sein de la secte qu’elle voulait quitter. La seconde catégorie concerne ceux qui ne croient plus une seconde au dogme jéhoviste (tel votre serviteur). Pour ceux-là l’exclusion atteint très bien son second objectif : la "pureté" du peuple de Dieu. Évidemment le terme "pureté" a une définition très fluctuante... Pour les nazis, très attachés à cette notion, ça signifiait "aryen et convaincu par les thèses du national-socialisme", par exemple. Pour le Stalinisme, était pur celui qui renonçait totalement à son individualité au profit du Parti. (désolé pour les exemples, mais ce sont bien ces idéologies-là qui ont le plus fait la promotion de la "pureté".) Pour les Témoins de Jéhovah, la pureté est la qualité de ceux qui sont soumis mentalement et spirituellement à la Watchtower. En fait, je raccourcis l’idée que se font les TdJ de la pureté, car le TdJ ne se rend généralement pas compte -par une sorte "d’auto-endoctrinement" très efficace- que c’est à la Watchtower qu’il est soumis. Pour lui, sa soumission va à Jéhovah.... qui dicte ses volontés par la Watchtower. Concrètement, tout le monde se rend compte que ça revient exactement au même, mais pour le TdJ cette nuance reste essentielle. Si il veut sauver sa conception du jéhovisme, shunter cet aspect des choses -sa soumission de fait aux doctrines d’autres hommes - est obligatoire : si il se l’avoue, il a déjà un pied dehors... Via Veritas 15 Celui qui parvient à prendre ce recul (et qui, au passage, réalise aussi à quel genre d’idéologies s’apparentent ce type prétentions à la "pureté du peuple") devient forcément l’ennemi numéro 1. Celui qui a brisé son carcan mental, celui qui a franchit la porte interdite -d’autant plus si il a l’outrecuidance de ne pas s’en porter plus mal, prouvant ainsi qu’on peut "réussir" sa sortie- celui-là devient le Traître, l’Iscariote, le Satan. Il devient à son tour l’ennemi-type autour duquel pourra se cristalliser encore un peu plus la cohésion du groupe. Le "tuer" ( il est tué "socialement", et pas physiquement bien entendu) à ce double objectif : 1/ il ne peut plus parler, il lui est impossible de s’expliquer (ce qui est au passage contraire aux "principes bibliques", mais passons !) 2/ on a un nouvel ennemi, qui renforce le groupe dans l’image de "nous-contre-eux" qui lui permet de se sentir si uni. Petite anthologie du traitement de la question par la Watchtower. Voici un petit extrait de la littérature jéhoviste sur ce thème, qui montre que je n’exagère pas (en gras, le champ lexical de l’apostat chez les TdJ, véritable appel à la haine -parfois totalement et explicitement assumé) : La Tour de Garde, 1er novembre 1980, pages 17 à 22 : Après avoir produit les fruits de la chair que sont “les inimitiés, la querelle, la jalousie, les accès de colère, les disputes, les divisions, les sectes”, les apostats tombent souvent dans le piège d’autres œuvres charnelles, telles que “les beuveries”, “l’inconduite” et “la fornication”. (Gal. 5:19-21.) La Tour de Garde, 15 juin 1986, pages 10 à 15 : Malheureusement, d’autres ont sombré dans l’obscurité la plus totale, au point même d’en revenir aux fausses doctrines de la chrétienté. Pierre a aussi décrit la situation désespérée des individus qui avaient marché pendant un temps dans la vérité, mais qui s’en étaient finalement détournés. Il a dit : “En effet, si, après avoir échappé aux souillures du monde par une connaissance exacte du Seigneur et Sauveur Jésus Christ, ils se trouvent de nouveau entraînés dans ces choses et sont vaincus, la condition finale est devenue pire pour eux que la première.” L’apôtre les comparait ensuite au chien qui retourne à son propre vomissement et à la truie qui, à peine lavée, court se vautrer de nouveau dans son bourbier - II Pierre 2:20-22. Personnellement, ces versets, bibliques ou pas, me paraissent être de la bien mauvaise rhétorique. Mais même pour un chrétien convaincu de la justice de ces paroles ( qui estime que si "Pierre" le dit, c’est que c’est légitime), je note que ce verset ne parle pas de ceux qui ont quitté la WT, mais de ceux qui ont quitté le Christ... Via Veritas 16 La Tour de Garde, 1er novembre 1987, pages 15 à 20 : Certains apostats font souvent appel à l’égoïsme ; ils affirment que nous sommes privés de nos libertés, notamment de celle d’interpréter la Bible (voir Genèse 3:1-5). En fait, ces individus qui cherchent à nous corrompre n’ont rien d’autre à offrir qu’un retour aux enseignements répugnants de “Babylone la Grande”. (Révélation 17:5 ; 2 Pierre 2:19-22.) D’autres apostats font appel aux désirs de la chair ; ils exhortent leurs anciens compagnons à “prendre du bon temps” ; à les entendre, l’humble œuvre de témoignage de maison en maison est “inutile” ou “non biblique”. (Voir Matthieu 16:22, 23.) Certes, extérieurement, ces individus qui profèrent des paroles doucereuses peuvent sembler purs, sur les plans physique et moral. Mais intérieurement, ils sont impurs, rongés par l’orgueil et l’esprit d’indépendance. Ici, il me semble que l’allusion à Raymond Franz et à son livre, "Crise de conscience", est à peine voilée. Ceux qui ont lu les propos très pondérés de M. Franz, ceux qui ont constaté la façon dont il refuse systématiquement de condamner les gens ou juger de leurs mobiles (y compris ceux qui l’ont fait souffrir à titre personnel) apprécieront la différence de styles. La Tour de Garde, 1er octobre 1993, page 15 : Il existe des milliards de personnes qui ne connaissent pas Jéhovah. Nombre d’entre elles pratiquent, par ignorance, des choses que la Parole de Dieu déclare mauvaises. Si ces personnes persistent dans leur voie, elles seront parmi les humains qui périront lors de la grande tribulation. Toutefois, Jéhovah ne prend pas plaisir dans la mort des méchants, et nous devons l’imiter (Ézéchiel 33:11). Tant que nous en avons la possibilité, nous nous efforçons d’aider ces gens à apprendre les voies de Jéhovah et à marcher dans ces voies. Mais que faire si certains haïssent profondément Jéhovah ? À leur propos, le psalmiste a dit : “Est-ce que je ne hais pas ceux qui te haïssent profondément, ô Jéhovah, et est-ce que je n’éprouve pas du dégoût pour ceux qui se révoltent contre toi ? Je les hais d’une haine totale. Ils sont devenus pour moi de véritables ennemis.” (Psaume 139:21, 22). C’est parce que ces gens haïssaient profondément Jéhovah que David les avait en horreur. Les apostats figurent parmi ceux qui montrent leur haine pour Jéhovah en se révoltant contre lui. L’apostasie est bel et bien une rébellion contre Jéhovah. Certains apostats prétendent connaître et servir Dieu, mais ils rejettent les exigences ou les enseignements énoncés dans sa Parole. D’autres prétendent croire la Bible, mais ils rejettent l’organisation de Jéhovah et s’efforcent d’entraver son action. Lorsque des individus font délibérément le mal après avoir eu connaissance de ce qui est droit, lorsque le mal s’enracine tellement en eux qu’il en vient à faire partie de leur constitution, les chrétiens doivent les haïr (au sens biblique du terme), car ils se sont inséparablement attachés au mal. Les vrais chrétiens éprouvent les mêmes sentiments que Jéhovah à l’égard de ces apostats ; les idées apostates n’éveillent pas leur curiosité. Au contraire, ils ‘éprouvent du dégoût’ envers ceux qui se sont faits ennemis de Dieu, mais ils laissent à Jéhovah le soin d’exécuter sa vengeance sur eux. — Job 13:16 ; Romains 12:19 ; 2 Jean 9, 10. On appréciera l’expression entre parenthèse -haïr ? oui, mais "au sens biblique du terme"- censé nuancer le propos, j’imagine, ou justifier ce qu’on est bien obligé d’appeler un appel à la haine... Mais on n’explique pas en quoi ce "sens biblique" serait différent du sens commun - sinon, peutêtre, tout à la fin, par le fait qu’on invite les TdJ à ne pas tuer eux-mêmes les apostats, comme au bon vieux temps de la lapidation ! Je souligne en outre pour ma part que je suis un apostat du jéhovisme, j’assume parfaitement mon passé et mes choix actuels, et je peux vous assurer que je n’éprouve pas la moindre haine pour Jéhovah. Je n’y crois pas, c’est aussi simple que cela ! Via Veritas 17 La Tour de Garde, 1er juillet 1994, pages 8 à 13 : Quels fruits les apostats et leurs publications ont-ils produits ? Leur propagande porte quatre caractéristiques. 1) L’habileté intellectuelle. Éphésiens 4:14 parle de “leur astuce à machiner l’erreur”. 2) Un étalage d’érudition. 3) L’absence d’amour. 4) La malhonnêteté à divers égards. Ce sont précisément les ingrédients qui entrent dans la composition de la nourriture présentée sur la table des démons, qui n’ont d’autre objet que de miner la foi des serviteurs de Jéhovah. Un point très étonnant en 1) : il semblerait qu’on reconnaisse quelqu’un qui raisonne mal au fait qu’il raisonne bien ! Par ailleurs, j’aimerais qu’on m’explique pourquoi, lorsque la Watchtower cite à l’appui des ses théories la littérature patristique, ou s’en va rechercher l’étymologie du stauros, de la parousia, avec dictionnaire, citation anciennes, c’est parce qu’elle cherche la vérité, alors qu’un ex-TdJ qui va vérifier ces sources et y relève des contradictions avec la théorie jéhoviste, celui-là fait un étalage d’érudition. Il semblerait que le droit de faire des recherches historiques ou textuelles soit mystérieusement réservé aux exégètes de la Watchtower... Enfin la dernière question qui me vient en lisant ce passage : le Témoin de Jéhovah qui va prêcher n’a-t-il un autre but que de miner la foi que le Catholique place en son Église ? La Tour de Garde, 1er mai 2000, pages 8 à12 : Les apostats représentent une autre menace pour notre spiritualité. Conformément à la prédiction de Paul, une grande apostasie est apparue parmi les chrétiens après la mort des apôtres (Actes 20:29, 30 ; 2 Thessaloniciens 2:3). Elle a donné naissance à la chrétienté. De nos jours, aucune apostasie de grande ampleur chez les serviteurs de Jéhovah : seulement des défections isolées. Certains anciens Témoins, cependant, bien décidés à nous diffamer, n’hésitent pas à manier le mensonge et la désinformation ; quelques-uns rejoignent des groupes pour s’opposer de façon organisée au culte pur. En agissant ainsi, ils font cause commune avec le premier apostat : Satan. Aujourd’hui la Société Watchtower est connue pour ne RIEN laisser passer en matière de diffamation. Que penser alors d’un Raymond Franz ou d’une Barbara Anderson, auxquels elle n’a jamais eu, à ma connaissance, le "courage" d’intenter le moindre procès ? Ne seraitce pas l’aveu (implicite) que, contrairement à ce qui est écrit ici, tout ce qu’ils ont dit est vrai... Quant à la diabolisation de "l’ennemi", c’est tellement grossier dans cet extrait, que je me demande si ça vaut bien la peine d’être commenté ! Je ne peux m’empêcher de relever le peu de scrupules qu’ont eu les avocats de la Watchtower en France, quand ils ont osé se plaindre d’être "diabolisés" par des livres comme celui de de N. Jacquette. Quand on lit ce qu’ils écrivent au sujet de gens comme lui, on pourrait presque trouver ça drôle. La Tour de Garde, 15 février 2004, pages 16 à 21 : Tel un ravisseur qui emmène loin de sa famille une victime sans méfiance, les apostats abusent de la confiance des membres de la congrégation pour les attirer loin du troupeau. (…) Ils recourent souvent à la déformation, aux demi-vérités ou au mensonge pur et simple. Quelle subtilité dans l’image employée, n’est-ce pas ? Les apostats sont décrits comme une espèce de Marc Dutroux spirituels. Relire à ce sujet les articles (assez bon d’ailleurs) que la société Watchtower a publié pour dénoncer les méthodes propagandistes, dans Réveillez-vous ! du 22 juin 2000, pages 6 à 8 : "Certains insultent ceux qui ne partagent pas leur point de vue en mettant en doute leurs mobiles ou en critiquant leur personnalité au lieu de rester sur le terrain des faits. L’agresseur colle une Via Veritas 18 étiquette négative, facile à retenir, sur une personne, un groupe ou une idée, en espérant que c’est de cela que l’on se souviendra. Il aura gagné si les gens rejettent la personne ou l’idée visées à cause de cette étiquette négative et non parce qu’ils auront eux-mêmes pesé le pour et le contre. " Étrangement, tous les articles cités ci-dessus enjoignent fortement les Témoins de Jéhovah à ne surtout pas "peser eux-mêmes le pour et le contre" de ce qu’auraient à dire ceux qui ont quitté le jéhovisme. Il est étonnant qu’ils défendent leur Vérité exactement de la façon dont ils disent euxmêmes qu’elle sert à défendre habituellement le mensonge. La Tour de Garde, 1er septembre 2004, pages 13 à 18 : Quel est leur but ? Pierre ajoute : “ Ils vous exploiteront. ” Les apostats ont beau prétendre le contraire, leur but véritable est de “ voler et tuer et détruire ”. (Jean 10:10.) Prenons garde à ces étrangers ! Les Témoins de Jéhovah sont-ils seulement les victimes de discriminations, de stigmatisations, ou en sont-ils également coupables ? Seconde question abordée par S. Peut-on penser que certains TdJ aient au fond un rejet inconscient de cette disposition, et qu’ils ne font que la légitimer en occultant sans scrupules ses aspects socialement et moralement destructeurs ? À mon avis, ça dépend pour une grande partie de QUI on parle. L’uniformisation du jéhovisme est une façade tellement marquante qu’on en oublie facilement (tant du côté des opposants que du côté des apologistes) que les motivations des uns et des autres sont extrêmement variables (d’un individu à l’autre, mais aussi pour un même individu à différentes époques de sa vie). Je ne doute pas que ce que ce refus inconscient, ou au moins une forte gêne à ce sujet, soit vrai pour une bonne partie des TdJ, mais comme un Témoin de Jéhovah ne produit en général que le discours que le mouvement attend de lui, il est impossible de dire, de près ou de loin, de quoi elle se compose cette "bonne partie" : 25% ou 75% ? On peut établir un parallèle avec la façon qu’ont de nombreux TdJ de ne pas vouloir se rendre compte de l’horreur de ce qui constitue leur espérance, qui passe rappelons-le par l’annihilation de 99.9% de l’humanité (selon les chiffres actuels). Un massacre inimaginable à côté duquel la seconde guerre mondiale ferait office de pétard mouillé. À l’époque de Rutherford (et dans une moindre mesure jusqu’à la mort de F. Franz -le dernier vrai Rutherfordien) les TdJ assumaient parfaitement la violence de leur discours (nombreuses illustrations de gens en train de mourir, effarés, terrorisés, femmes et enfants compris, descriptions très morbide des cadavres qui serviront à nourrir les piafs ou enrichir le sol pour la prochaine récolte, etc.) Mais aujourd’hui, ça devient beaucoup plus rare, à quelques fanatiques prêt. Je me souviens qu’une Tour de Garde de 2001 était retombé dans ce genre de travers, très violente dans ses mots, et je me souviens aussi qu’elle avait créé un certain malaise dans ma congrégation de l’époque... Très majoritairement, Les TdJ ne sont plus du tout "fiers" de cet aspect-là de leur Vérité ! Depuis cet article de 2001, je n’ai pas souvenir d’avoir lu quelque chose dans cet esprit-là (à part le livre "Révélation - grand dénouement", plusieurs fois étudié en études de livre, bien sûr, mais qui est déjà assez ancien pour ce qui est de sa publication). Même le récent livre sur les douze Prophètes ("Vivez en gardant à l’esprit le jour de Jéhovah") est étonnamment sobre de ce point de vue, alors qu’il y avait largement moyen sur ce thème de faire dans le morbide, compte tenu de la teneur de certains versets qu’on trouve dans cette partie de la Bible. Via Veritas 19 Bien sûr dans le fond, on continue de prêcher la même chose, mais on ne veut plus (assez hypocritement, mais on l’est tous plus ou moins quand il s’agit de défendre sa cause, surtout si elle est sacrée...) regarder "en face" ce que ça implique. J’ai souvenir de discussions avec des personnes assez sensibles au discours jéhoviste et où, effectivement, le malaise devenait palpable quand la discussion allait dans ce sens-là, quand il s’agissait de tirer toutes les conséquences du message des TdJ ! Posez-leur la question : "Est-il juste de tuer une personne qui n’a pas la bonne religion ?" Il est probable que les TdJ lambda (toujours à l’exception des quelques fanatiques dont on parlait plus haut) vous verront comme un fou furieux, pour le seul fait d’oser poser une question si affreuse. Et pourtant : qu’est-ce qu’ils prêchent d’autre ? Leur invitation pressante à la conversion ("c’est une question de vie ou de mort") veut bien dire que c’est pour eux ni plus ni moins ce que compte faire Jéhovah : tuer toutes les personnes qui n’ont pas choisi la bonne religion. Mais présenté comme ça, ça ne leur va pourtant plus du tout ! Phénomène très connu et qu’on appelle la "dissonance cognitive" : la cohabitation -très inconfortable- de deux "vérités’ qui sont fondamentalement incompatibles entre elles, mais auxquelles on tient trop, chacune à sa façon, pour pouvoir se résigner à les réviser. Toute cette longue tirade pour en revenir à la pratique de l’exclusion. Même si elle ne plaît pas au Témoin de Jéhovah lambda, elle est trop importante -puisqu’elle "légitime" le jéhovisme comme "pas-partie-du-monde"- pour qu’il puisse la remettre en cause. Cette dissonance cognitive me semble assez perceptible dans certains articles qui traitent du sujet : La Tour de Garde, 15 décembre 1981, pages 25-30 : 4 La même alternative se présentait lorsqu’un Israélite devenait apostat. Sa famille allaitelle essayer, sous l’influence des sentiments et des liens du sang, de le soustraire au retranchement ? Ou bien son propre frère, son propre fils et sa propre fille comprendraientils que la fidélité à Dieu et à la congrégation constituait la voie juste et sage (voir Deutéronome 13:6-11) ? Dans le système chrétien actuel, on ne retranche pas le pécheur en le mettant à mort ; néanmoins, le fait qu’un membre de leur famille est discipliné peut représenter une épreuve pour les chrétiens. QUAND LES MEMBRES DE LA FAMILLE SONT CAUSE DE PROBLÈMES 5 Les liens et l’affection entre membres d’une famille peuvent être très puissants. Ceci est naturel et conforme à l’ordre voulu par Dieu (Jean 16:21). Mais ces liens solides peuvent aussi mettre le chrétien à rude épreuve. Jésus expliqua que la conversion d’une personne au christianisme pourrait avoir pour effet de dresser contre elle certains membres de sa famille. Il déclara : “Je suis venu mettre, non pas la paix, mais l’épée. Car je suis venu causer la division : l’homme sera contre son père, la fille contre sa mère, la jeune épouse contre sa belle-mère. Oui, les ennemis de l’homme seront ceux de sa propre maison. Celui qui a plus d’affection pour son père ou pour sa mère que pour moi n’est pas digne de moi.” — Mat. 10:34-38. 6 Les chrétiens ne désirent pas qu’une telle hostilité s’installe, et leur famille n’a pas à les combattre ou à les haïr parce qu’ils sont devenus des serviteurs de Dieu purs, moraux et honnêtes [1]. Toutefois, les vrais chrétiens reconnaissent qu’ils ne peuvent pas faire passer leur famille avant Dieu. À long terme, il est dans l’intérêt de tous que le chrétien demeure fidèle à Dieu. Peut-être pourra-t-il un jour inciter les membres de sa famille à emprunter la voie qui mène au salut. — Rom. 9:1-3 ; I Cor. 7:12-16. 7 Les membres de la famille peuvent encore être une source de problèmes d’une autre Via Veritas 20 façon : quand l’un d’eux est exclu. Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, si un chrétien pratique un péché grave et ne se repent pas, Dieu exige qu’il soit exclu (I Cor. 5:11-13). La conduite du coupable a modifié complètement ses relations avec Jéhovah et, partant, avec les membres de sa famille qui sont Témoins de Jéhovah. Dieu n’est pas à blâmer, car ses principes sont justes (Job 34:10, 12.). La responsabilité de cet état de choses n’incombe pas non plus aux membres de la famille qui sont restés des chrétiens fidèles. C’est l’exclu qui s’est créé des problèmes et qui en a créés à sa famille, comme jadis Coré, Dathan et Abiram. Ce qui ressort de cet extrait, c’est que si une personne qui se convertit au jéhovisme provoque, en quittant la religion "familiale", l’hostilité des siens, c’est de la responsabilité de sa famille. Mais en retour, si c’est le jéhovisme la religion "familiale" qui est quittée par un de ses membres, il endossera l’entière responsabilité de l’hostilité qui lui sera manifestée ; ce sera de sa faute à lui. Qu’ils soient les "objets" ou les "acteurs" de l’hostilité familiale, ce sera de toutes façons la faute de "l’autre". La même situation obtient -selon la distribution des rôles- deux conclusions diamétralement opposées. Je ne doute pas une seconde qu’un raisonnement aussi tordu, aussi "bête" pour tout dire (car le manque total de réciprocité de ce : "c’est-nous-qu’on-a-toujours-raison" saute aux yeux de n’importe quel lecteur "distancié") venant de personnes qui ne le sont pourtant pas (bêtes), s’explique en grande partie, à mes yeux, par le phénomène de dissonance cognitive : on ne peut pas renoncer à la pratique de l’exclusion, mais on se rend bien compte en même temps des conséquences terribles qu’elle peut avoir sur les familles... Comment faire cohabiter ces deux vérités ? Très simple, il suffit de rendre "l’autre" responsable de SES choix dans un sens, et de NOS choix dans l’autre sens. Ça parait être un procédé très grossier vu de l’extérieur (et du reste, ça l’est), mais la dissonance cognitive produit rarement des systèmes très subtils...Dès qu’on a réussi à pondre un système qui permette de "sauver" les conceptions/vérités auxquelles on tient, on s’en saisis, on se convainc soimême que c’est LA solution, et on ne veut (ou peut) surtout plus revenir dessus ! Problème réglé : la poussière est désormais sous le tapis, il n’y a donc plus de poussière ! Allez ! Pour finir, tout cela me rappelle une petite anecdote parmi mes souvenirs de guerre : Une "sœur" de ma congrégation avait toutes les peines du monde à faire marcher droit sa fille adolescente. La jeune fille était à l’époque proclamatrice non-baptisée, pas franchement motivée par la religion, et quand elle a été surprise par ses copines TdJ à rouler goulument une galoche à son boyfriend du lycée, elle fut dénoncée aux anciens et vertement reprise par un comité judiciaire. Comme il y avait eu plusieurs témoins du "problème", les anciens (menés à l’époque par un "purédur", petit kapo local à la mine sévère, une vraie caricature !) ont décidé que la réprimande devait être publique, et la gamine a eu droit à un "discours de service" sur "l’immoralité" qui risquait de se répandre dans la congrégation, etc. et où elle fut citée nommément comme "brebis galeuse" avec laquelle il fallait se montrer "prudent dans ses relations". Ils ont sorti le bulldozer pour une simple pelle... Bref, notre petite sœur (mère divorcée) l’avait quand même un peu mauvaise que sa gamine soit livrée ainsi à la honte publique, et elle s’en est ouverte à "frère Kapo". Connaissant bien la sœur en question, soumise de chez soumise, pour qu’elle ose aller parler ainsi de sa difficulté à accepter la peine, c’est qu’elle avait tout de même dû être pas mal secouée... Réponse de frère Kapo : "Tu sais, il faut au contraire remercier Jéhovah pour son amour. Dans l’ancien Israël, tu aurais dû toi-même participer à la lapidation de ta fille !" Via Veritas 21 Sœur Maman fut, comment dire ?, quelque peu ébranlée par la réponse pleine de bon sens de frère Kapo... Elle est revenu à la charge en lui disant encore plus ouvertement combien elle était choquée par cette réponse. Frère Kapo lui a alors cité cet article de Tour de Garde : La Tour de Garde, 15 avril 1991, pages 14 à 20 : Selon le commandement divin, si quelqu’un qui a commis le mal est exclu, les chrétiens doivent “cesser de [le] fréquenter (...) ne pas même manger avec un tel homme”. Il est donc ‘retranché’, c’est-à-dire qu’il est privé de relations fraternelles et ne participe plus à aucune activité récréative avec ceux qui sont fidèles, qui respectent la loi de Dieu et veulent marcher en accord avec elle. Il se peut que certains de ces fidèles, tout en ne demeurant pas sous le même toit que l’exclu, fassent partie de sa famille. Il se peut aussi que cela soit dur pour ces personnes de respecter le commandement divin, comme il n’était pas facile à des Hébreux vivant sous la Loi mosaïque de prendre part à l’exécution de leur fils méchant. Quoi qu’il en soit, le commandement de Dieu est clair ; nous pouvons donc être sûrs que l’exclusion est une mesure juste. — 1 Corinthiens 5:1, 6-8, 11 ; Tite 3:10, 11 ; 2 Jean 9-11. "Tu vois, sœur Maman -lui dit frère Kapo- la comparaison n’est pas de moi ; cette idée, c’est la Société qui l’a donnée !" Et comment je suis au courant de cette histoire, moi ? C’est là que ça devient intéressant : c’est sœur Maman qui me l’a racontée, quelques années plus tard ! Mais elle ne me l’a pas racontée pour se plaindre de frère Kapo, pas du tout ! Elle utilisait cette histoire pathétique pour démontrer que, parfois, on se laisse prendre par ses sentiments, et qu’on critique un ancien qui ne fait qu’appliquer la justice ! Raconter cette histoire était pour elle un moyen de rendre honneur à la droiture de frère Kapo et, par lui, à l’Organisation ! Ce qui était absolument choquant, inacceptable, quand elle pensait que ça venait du seul frère Kapo, devenait tout à coup parfaitement légitime -voire même carrément positif- quand elle a réalisé que ça venait de la Tour de Garde ! La pauvre était absolument incapable de remettre en cause la légitimité de l’Organisation, incapable de dire : "Si cette pensée est affreuse quand je crois qu’elle vient de frère Kapo, elle reste tout aussi affreuse si elle vient de la Watchtower !" C’était au dessus de ses forces ! Il fallait sauver en elle l’image qu’elle se faisait de l’Organisation. "Dissonance cognitive" a fait son œuvre chez Sœur Maman, et elle s’est assise sur ses sentiments maternels en cette circonstance. Et tant qu’ils continueront tous de s’asseoir sur leurs sentiments (ce à quoi ils sont d’ailleurs ouvertement enjoints), l’exclusion continuera de fonctionner. Et c’est ainsi que Jéhovah est grand, comme aurait dit Vialatte ! Via Veritas 22 DEVOILER L'ERREUR Quand l'erreur est si multiple qu'elle ne peut être que mensonge. Via Veritas 23 Croyez-vous au père Noé ? Par Lucretius Le récit du déluge de Noé est une pierre de touche de la véracité biblique. Difficile de croire dans les Écritures si l’on ne croit pas à l’histoire de Noé. Car les rédacteurs des Évangiles eux y croyaient et ils font dire à Jésus : "Car de même que furent les jours de Noé, ainsi sera la présence du Fils de l’homme. Car de même qu’ils étaient en ces jours d’avant le déluge : ils mangeaient et buvaient, les hommes se mariaient et les femmes étaient données en mariage, jusqu’au jour où Noé est entré dans l’arche ; et ils n’ont pas été attentifs jusqu’à ce que le déluge vienne et les emporte tous, ainsi sera la présence du Fils de l’homme." (Mat 22:37-40). En toute logique si le déluge de Noé est un mythe alors les propos de Jésus le sont tout autant. On pourra toujours objecter que le déluge n’était pas universel mais local ou même que le récit n’était qu’une allégorie. Le raisonnement ne tient pas. Si le déluge avait été local, la plus grande partie de l’humanité aurait alors survécu se fichant pas mal de l’ire de Dieu, or Jésus est censé convaincre son auditoire du caractère impératif et universel d’une prise de position - cf v.30 : "Et alors le Fils de l’homme apparaîtra dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre (grec ge) se frapperont la poitrine en se lamentant, et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuages du ciel avec puissance et grande gloire". Pas d’échappatoire : la mort ou la survie selon le choix de Dieu, comme à l’époque de Noé. Si le déluge avait été une simple allégorie dans l’esprit de Jésus et des disciples, quelle force aurait eu la référence à une histoire imaginaire. Si Noé n’avait pas eu de présence (parousia souvent traduite par venue) alors Jésus n’aurait pas de présence (venue). Un déluge universel qui a porté les eaux "au point que toutes les grandes montagnes qui étaient sous tous les cieux furent recouvertes" (Gen 7:19) a-t-il vraiment eu lieu ? La Bible est-elle véridique ? Et par voie de conséquence, les propos attribués à Jésus sont-ils véridiques ? C’est pourquoi le déluge de Noé est une dérangeante pierre de touche de la véracité biblique. Le récit biblique de la Genèse est-il crédible ? Par Lucretius Oui, si l’on en croit l’approche fondamentaliste. Les fondamentalistes soutiennent mordicus la réalité historique d’un déluge global et universel qui a réduit à rien la création, ou peu s’en faut, en 2370 av. n. e (date officielle retenue par les Témoins de Jéhovah) ou d’autres dates du même genre. Combien d’espèces sont entrées dans l’arche selon la doctrine TJ ? Selon l’encyclopédie biblique des Témoins de Jéhovah, Étude perspicace des Écritures, volume 1 p. 158 - quelques centaines tout au plus selon "certains chercheurs" (pas de nom, pas de sources, le modèle parfait de la véracité et de la bonne foi, pas de contestation possible). Suivent des Via Veritas 24 évaluations à la louche, des estimations de créationnistes notoires, pas de zoologistes ou de biologistes, le tout daté d’au mieux 50 ans. Les informations sont tellement soutenues par la recherche actuelle que la même sauce est servie entre le livre Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible (1971) et Étude perspicace des Écritures (le successeur) (1997). Il n’existe d’ailleurs aucune autre publication qui aborde ce point. Pourquoi s’arrêter sur des points de détails si l’on a la vraie foi ? Qu’est ce que l’arche ? Un coffre de bois compartimenté de 300 x 50 x 30 coudées (1 coudée 50 cm) / 150 x 25 x 15 m3 soit environ 40000 m3 exploitables. Combien d’animaux y sont rentrés ? Pas plus de 50 000 selon certaines estimations de créationnistes fervents, or il existe plusieurs millions d’espèces en vie actuellement. Nous noterons avec intérêt l’évaluation donnée par l’Encyclopedia Universalis / article biodiversité "Les espèces, richesse de la planète Inversement, on sait qu’une “espèce” définie morphologiquement peut inclure des espèces biologiquement séparées mais presque impossibles à distinguer (espèces dites “jumelles”). Enfin, on découvre sans arrêt des espèces nouvelles. Les scientifiques en viennent donc à tenter de cerner de façon indirecte le nombre d’espèces qui pourraient effectivement exister actuellement. Par différents procédés, tous contestables du point de vue méthodologique, des estimations fort différentes ont été obtenues, qui s’échelonnent entre 5 millions et plusieurs dizaines de millions." L’estimation des fondamentalistes n’est pas d’un pour cent des espèces actuelles. Même si l’ on retient l’hypothèse créationniste haute de 50 000 animaux. Un problème de taille se pose. D’où vient la diversité des espèces actuelles ? Évolution ? Nous devrions voir la création d’espèces nouvelles à un rythme effréné : des millions d’espèces nouvelles en quelques 40 siècles. Sur une hypothèse basse de un million de nouvelles espèces sur 4000 ans, çà fait plus de 250 nouvelles espèces par an, soit 5 par semaine. Ouf, moi qui croyait à la disparition des espèces, me voilà rassuré. Comment des animaux comme les koalas, les kangourous, les pingouins, les ours polaires ou les tortues géantes ont-ils faits pour se rendre en plaine de Schinear ou sur les montagnes de Turquie ? Ont-ils traversé les mers et les océans ? Comment des animaux faits pour vivre en Arctique ou aux Tropiques ont ils faits pour survivre dans un autre biotope inhospitalier ? Et après le déluge, comment ont-ils traversé les mers et les océans pour qu’il ne s’en trouve nulle part ailleurs que dans leurs biômes actuels, en évitant soigneusement de ne pas trop procréer en chemin. La tortue géante des Iles Galapagos ne se trouve que dans cette île, et chose étrange ce n’est que là que l’on en trouve les traces. Combien d’années a t’il fallu à notre pauvre couple de tortues pour quitter son île et surtout pour y revenir après avoir dégringolé une chaîne de montagnes enneigée (entre 4000 et 5000 m d’altitude SVP), traversé déserts et océans ? (Gn 7:11-14) En l’an six cent de la vie de Noé, au deuxième mois, le dix-septième jour du mois, en ce jour-là se fendirent toutes les sources de l’immense abîme d’eau et les écluses des cieux s’ouvrirent. Et la pluie torrentielle se déversa sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. Ce jour même, Noé entra dans l’arche et, avec lui, Sem, Cham et Japhet les fils de Noé, ainsi que la femme de Noé et les trois femmes de ses fils ; eux et toute bête sauvage selon son espèce, tout animal domestique selon son espèce et tout animal se mouvant qui se meut sur la terre selon son Via Veritas 25 espèce, ainsi que toute créature volante selon son espèce, tout oiseau, toute créature ailée. Et le temps de chargement ? Avec une estimation de 50 000 animaux à rentrer en une journée par une seule porte, ça fait 2500 par heure ou 41 par minute dans un bâtiment divisé en 3 ponts et grand comme le Titanic. Avec un couple chargé et parqué toutes les 30 secondes, il aurait fallu 8,7 jours sans s’arrêter une seule minute. Et la nourriture ? Pour nourrir 50 000 animaux tous les jours à raison de 20 heures de travail pour 8 personnes, chaque personne aurait dû s’occuper de plus de 310 animaux par heure. Et avec quoi ? Le koala ne mange que des feuilles d’eucalyptus d’un certain type, certains oiseaux-mouches ne mangent que le nectar de certaines fleurs,... Courage Noé ! Qu’ont mangé les grands carnivores ? Combien de tonnes de viande a-t-il fallu charger pour nourrir les fauves pendant une année complète ? A moins que les canines adaptées à une alimentation exclusivement carnée ne leur soient venues qu’après le déluge (pourquoi et comment la Bible n’en parle pas) et qu’ils aient mangé eux aussi les tonnes de fourrage nécessaires. Et l’eau ? Pas question de boire une eau souillée par le limon, les millions de cadavres en décomposition et la boue, combien de tonnes d’eau aurait-il fallu charger et conserver durablement ? Et le nettoyage de l’arche ? Plus de 310 boxes à nettoyer toutes les heures pour un nettoyage quotidien. Pas étonnant que la vie de Noé ait été raccourcie. Qu’en est-il de la survie des créatures marines ? Les poissons de mer n’auraient pas survécu à une telle arrivée d’eau douce qui aurait modifié durablement la salinité des océans. Les poissons d’eaux douce n’auraient pas mieux survécu à un milieu salin. Mais ça le rédacteur et la tradition orale ne pouvaient pas le savoir. Qu’en est-il des plantes ? Un séjour prolongé dans l’eau salée et la boue, loin du soleil pendant un an n’aurait donné aucune chance à la diversité botanique actuelle. Comment les millions d’espèces d’insectes auraient-elles survécues ? Une année complète à séjourner dans l’eau, combien de colonies d’insectes auraient pu survivre ? Noé a pris un mâle et une femelle fourmi. Ça n’a pas de sens. Et les gastéropodes, les escargots, un mâle et une femelle aussi (pas de chance, ils sont hermaphrodites) et en 20 siècles, ils auraient colonisé toute l’Europe en descendant de la montagne, parce que les Romains se vantaient de les consommer et même d’en faire l’élevage. Quels menteurs ces Romains ! Quel voyageur cet escargot de Bourgogne ! Et enfin, qu’ont mangé les animaux en débarquant ? Les rares plantes qui auraient survécues, quelques algues peut-être ? Qu’ont alors mangé les carnivores ? En un rien de temps ils auraient dévoré les rares couples d’herbivores encore vivants et au revoir le Via Veritas 26 renouvellement des espèces. Et avec une telle pauvreté génétique, les espèces auraient dû s’éteindre. Les écologistes et zoologistes s’arrachent les cheveux lorsque une population animale tombe en dessous d’un certain seuil, car ils savent pertinemment que malgré leurs efforts diligents, l’espèce est malheureusement vouée à disparaître. Où est la logique, où est la raison, où est le bon sens ? Disparus, avec le Déluge surement. Six arguments sur le Déluge auxquels les créationnistes ne peuvent répondre Quand le créationnisme est désarmé - Traduction Popper © 1982 par Robert J. Schadewald, Réimprimé de Création/Evolution IX (1982) Il y a de cela quelques années, la NASA a réalisé les premières photographies de l’espace de cette magnifique agate bleu-verte tourmentée de nuages que nous appelons la Terre. Un reporter montra une de ces photos au défunt Samuel Shenton, alors président la Société Internationale de Recherche de la Terre Plate. Shenton l’étudia un instant et dit « Il est facile de voir comment une telle photo peut tromper l’œil inexpérimenté » Les yeux bien entrainés (et l’esprit) sont caractéristiques des pseudo-scientifiques. Shenton rejetait que la Terre était sphérique car elle entrait en conflit avec l’interprétation littérale de la Bible, et il entraina ses yeux et son esprit à rejeter toute preuve contraire à ses yeux. Les scientifiques créationnistes doivent faire de même avec leurs pensées pour rejeter le nombre accablant de preuves géologiques, biologiques, physiques et astronomiques qui contredisent leur interprétation de la Bible. Dans un forum public, la meilleure manière de démontrer que le créationnisme est une pseudo science est tout simplement de montrer comment est bien entrainé l’esprit des créationnistes. La pseudo-science diffère de la science dans de nombreux points fondamentaux, mais plus particulièrement dans son attitude envers la mise à l’épreuve de ses hypothèses. En science, les hypothèses sont les idées proposées pour expliquer les faits, et elles sont considérées comme étant insuffisantes jusqu’à ce qu’elles survivent à l’épreuve de tests rigoureux. En pseudo-science, les hypothèses sont érigées comme une défense contre les faits. Les pseudo-scientifiques offrent régulièrement des hypothèses contredites catégoriquement par des faits bien connus qui peuvent être ignorés mais uniquement par des esprits bien entrainés. De ce fait, pour démontrer que les créationnistes sont des pseudo-scientifiques, il suffit d’amener ces hypothèses jusqu’à leur conclusion logique. Fossiles et Animaux Les scientifiques créationnistes interprètent les fossiles trouvés dans les roches terrestres comme étant les vestiges d’animaux ayant péri au déluge de Noé. Ironie du sort, ils citent souvent comme preuve du déluge le nombre de fossiles trouvés dans les « cimetières de fossiles ». Ils semblent, tout particulièrement épris de la formation de Karroo en Afrique, formation dans laquelle sont contenu les restes de 800 milliards d’animaux vertébrés (voir Withcomb and Morris p.160 ; Gish, p.61). Via Veritas 27 Comme tous les pseudo-scientifiques, les créationnistes ne préfèrent pas tester cette hypothèse majeure que tous les animaux fossilisés soient morts lors du déluge. Robert E. Sloan, un paléontologue de l’Université du Minnesota, a étudié la formation du Karoo. Il m’a dit que les animaux fossilisés vont de la taille d’un petit lézard de la taille d’une vache, la moyenne pouvant-être un animal de la taille d’un renard. Quelques secondes avec une calculatrice suffit à démontrer que, si les 800 milliards d’animaux dans la formation du Karroo pouvaient être ressuscités, il y aurait 21 d’entre eux pour chaque acre de terre sur la terre (une acre est égal à ¾ d’un terrain de football, cela nous donne 33 « renards » par terrain de football sur l’ensemble de la planète Terre (et non pas des terrains de footballs existants)). Supposons que nous admettions (et cela en toute prudence, je crois) que la formation de Karroo ne contienne qu’un pour cent des fossiles vertébrés de la planète. Alors quand le déluge commença, il devait y avoir au moins 2100 animaux par acre (soit 3370 animaux par terrains de football), allant des minuscules musaraignes à d’immenses dinosaures ! Pour une personne non-créationniste, la planète Terre semble un peu trop petite pour tout ce monde. J’ai balancé cet argument à Duane Gish lors d’un débat à la Who Radio de Des Moines, Iowa (USA), le 21 octobre 1980. Gish fit la seule chose possible pour lui : il resta de marbre en contestant mes chiffres, c’est-à-dire, en substance, en me traitant de menteur. Je n’avais pas de calculatrice avec moi, mais j’ai reproduit les chiffres avec un crayon et un papier et le tançant de nouveau avec le résultat. Sa réponse ? « Les créationnistes ne peuvent répondre à tout et « on estime qu’il y a 100 milliard de milliard d’harengs dans l’océan ». Comment s’en sortir avec cet argument ? Plus tard, j’ai essayé le chiffre de Gish sur ma calculatrice et j’ai découvert qu’il y a environ 29 000 harengs par mètre carré à la surface de l’océan. J’en ai conclu (a) que tous les harengs sont rouges, et (b) qu’ils furent créés ex nihilo par Duane Gish le soir du 21 octobre 1980. Les fossiles marins Les continents sont, en moyenne, couverts de roches sédimentaires jusqu’à une profondeur d’environ deux kilomètres. Certaines roches (comme la craie par exemple) sont essentiellement fossiles à 100% et de nombreux calcaires fossiles contiennent aussi un pourcentage élevé de fossiles marins. D’autre part, certaines roches sont vides de toute trace fossile. Supposons maintenant, qu’en moyenne, les fossiles marins comprennent 0.1% du volume des roches terrestres. Si tous les animaux marins fossilisés pouvaient être ressuscités, ils couvriraient l’ensemble de la planète sur une épaisseur d’au moins 60 centimètres. Que mangeraient-ils ? Les créationnistes ne peuvent faire référence au paradis tropical qu’ils imaginent avoir existé sous la canopée pré-diluvienne à cause des lois de la thermo dynamique ne permettant pas à la Terre de supporter cette biomasse animale. La première loi dit que l’énergie ne peut-être créée, donc les animaux doivent prendre leur énergie du soleil. La seconde loi limite l’efficacité de la transformation de l’énergie solaire en nourriture et la totalité de l’énergie solaire disponible n’est même pas suffisante. Varves La célèbre formation de Green River couvre des dizaines de milliers de kilomètres carrés. Cette formation contient environ 20 millions de varves. Chaque varve étant composée d’une fine couche de sédiments clairs et d’une couche encore plus fine de sédiments noirs. Selon l’interprétation géologique conventionnelle, ces couches de sédiments se sont déposées au fond d’ancien lacs entremêlés. Les couches grossières et claires de sédiments se déposaient au cours de l’été quand les ruissellements de l’été étaient abondants et les couches noires et fines se déposaient durant l’hiver, quand il y en avait moins de ruissellement (ce processus peut être observé dans les lacs d’eau douce d’aujourd’hui.) Si cette interprétation est correcte, les varves de la formation de Green River se sont formées sur une période de plus de 20 millions d’années. Via Veritas 28 Les créationnistes insistent sur le fait que la terre n’a pas plus de 10 000 ans, et que les couches géologiques ont été déposées lors du Déluge. Whitcomb et Morris (p. 427) ont donc tenté d’attribuer la formation des varves de Green River à une « turbulence complexe de courants peu profonds ». Les courants de turbulence et les flux d’eaux boueuses, apparaissent en général dans l’océan lors de glissements de terrains. Si les schistes de la Green River furent déposés durant le déluge, il était obligatoire qu’il y ait 40 millions de courants de turbulences, alternants les eaux claires et noires, sur plus de 300 jours environs. Un simple calcul (que les créationnistes ont évité pendant 20 ans) montre que les couches doivent s’être formées à la vitesse d’environ trois couches toutes les deux secondes. Une succession de 40 000 000 de courants de turbulences couvrant des dizaines de milliers de kilomètres carrés toutes les deux-tiers de seconde semble plus qu’improbable. Face à ces chiffres, Henry Morris semble ne pas s’en sortir. Kenneth Miller, un biologiste de l’Université Brown, lui lança cette "bombe" lors d’un débat à Tampa, en Floride, le 19 septembre 1981, et Morris n’a même pas tenté de répondre. Fred Edwords utilisa essentiellement le même argument contre Duane Gish dans un débat le 2 février 1982. Pour seule réfutation, Gish affirma que "des poissons fossilisés apparaissaient à travers les différentes couches et que par conséquent les strates ne pouvaient être biannuelles". Comme d’habitude, l’argument de Gish ne répond pas à la question principale qui concerne la formation de millions de couches clairement différentes en moins d’un an. En outre, l’argument de Gish est faux. Selon R. Lance Grande, paléontologue à l’American Museum of Natural History, une autorité en la matière sur la formation de la Green River, si des os ou des nageoires d’un poisson peuvent traverser plusieurs couches, en général, chaque poisson est voilé par une seule couche de sédiments. Les germes des maladies Pour de nombreuses maladies transmissibles, le seul “réservoir” est l’homme. C’est ainsi, des germes ou des virus qui causent des maladies ne peuvent survivre uniquement que dans un corps d’ humain vivant ou dans des laboratoires bien équipés. Des exemples bien connus de ces maladies comprennent la rougeole, la pneumonie et les pneumocoques, la lèpre, le typhus, la fièvre typhoïde, la variole, la poliomyélite, la syphilis et la gonorrhée. Était-ce Adam ou Ève ou les deux qui furent créés avec la gonorrhée ? Qu’en est-il de la syphilis ? Les scientifiques créationnistes insistent sur une création achevée, pleine et parfaite lorsque le créateur a travaillé en se reposant après le sixième jour de création. Ceci veut dire, qu’un membre du premier couple devait avoir été créé avec toutes ces maladies et bien plus tard, quelqu’un devait les amener avec lui/elle dans l’arche de Noé. Notez que cet argument couvre chaque germe de maladie ou virus qui ne peut survivre que dans un Via Veritas 29 hôte spécifique. Mais même si l’arche de Noé était un rafiot empesté de maladies, seulement quelques unes de ces maladies auraient pu survivre. Dans le meilleur des cas, seulement deux animaux de chaque espèce sont supposés avoir été pris dans l’arche. Supposons que le mâle était porteur d’une de ces maladies en entrant dans l’arche. Il guérit mais passe la maladie à la femelle. Elle guérit elle aussi, mais il n’y a plus d’animaux à qui passer la maladie puisque le mâle est maintenant immunisé. Chaque maladie pour laquelle ce cycle dure moins d’un an devrait donc avoir disparu ! Les créationnistes ne peuvent accuser Satan d’être responsable de ces germes. S’ils le font, la question immédiate est : Comment savons-nous que Satan n’a pas créé le reste de l’univers ? Ceci fut souvent proposé que si Satan peut créer une seule chose alors il peut aussi en créer une autre. Si un créationniste essaie d’argumenter comme quoi les virus sont des mutations de plus petits organismes (des formes dégénérées bien entendues), il se trouvera en train d’expliquer l’évolution. L’hypothèse d’une mutation peut-être considérée seulement, et seulement si ce sont les formes mutantes qui ont survécues. Le registre fossile Les créationnistes évitent par tous les moyens de discuter du comment les fossiles en sont venus à être stratifiés de la sorte. Sur les quelques milliers de pages qu’Henry Morris a écrit sur le créationnisme, seulement une douzaine de pages concernent ce sujet difficile, qu’il finalise en recyclant trois apologies déjà présentes dans plusieurs de ses livres. Les mécanismes qu’il propose peuvent être appelés les victimes de l’environnement, les victimes des déplacements, du tri et de l’hydraulique. En général, l’apologie des victimes de l’environnement et du déplacement est combinée. Les créationnistes expliquent que le déluge devait d’abord engloutir les animaux marins, puis les créatures terrestres peu rapides comme les reptiles, etc. pendant que les hommes les plus intelligents tentaient de s’échapper en haut des montagnes. Pour un créationniste, ceci explique aisément comment les fossiles apparaissent dans les strates géologiques. Un scientifique peut tester ces hypothèses en examinant le fait que les plantes à fleurs ne se trouvent pas dans les gisements de fossiles jusqu’au début de l’ère du Crétacé. Un scénario avec des magnolias (une plante primitive) poussant en haut des collines, pour être inondé avec les mammifères primitifs au-dessous, n’est pas plus convaincant. Si l’explication des victimes de l’environnement et du déplacement est absurde, l’argument apologique du tri hydraulique est complètement réfuté par les gisements fossiles. La trainée hydrodynamique d’un objet est directement proportionnelle à la superficie de sa partie transversale et de son coefficient de traînée. Par conséquent, quand les objets avec la même densité et le même coefficient de traînée se déplacent dans un fluide, elles sont triées selon la taille. (Les Ingénieurs miniers utilisent ces phénomènes pour la séparation des différents types de minerais). Cela signifie que tous les petits trilobites devraient se trouver au-dessus des grands trilobites dans le registre fossile. Ce n’est pas ce que nous trouvons, bien au contraire. Par conséquent, cet argument est irrecevable car réfuté immédiatement. Toutefois, on est en droit de se poser la question du comment un ingénieur en hydraulique tel Henry Morris, reste de marbre à un tel argument. Les strates inversées Depuis le livre de George McCready Price, beaucoup de créationnistes ont utilisé les strates inversées comme preuve contre la géologie conventionnelle. Mais, les géologues ont une très bonne explication de ces strates avec pli inverses, où l’ordre normal des fossiles est inversé. La preuve du pli géologique est naturellement évidente, et quand il n’y en a pas, il peut en être déduit de l’ordre inversé fossiles. Mais les créationnistes n’ont pas d’explication pour ces strates inversées. Le déluge aurait-il passé outre toutes les lois de l’hydrodynamisme (et de toutes les lois en général) ? Tous les phénomènes qui caractérisent les strates retournées ne trouvent pas d’explications chez les créationnistes. Par exemple, les trilobites bien préservés sont trouvé habituellement le ventre tourné Via Veritas 30 vers la roche. Si les strates rocheuses contiennent des trilobites retournés, on peut s’attendre à trouver l’ensemble des trilobites le ventre tourné vers le haut. Et évidemment, c’est ce que nous trouvons. D’autres éléments que peuvent montrer un géologue ou un paléontologue comprennent des vers, les terriers de brachiopodes, empreintes de pas, des fissures de boues, des trous de pluie, des lits de rivières, etc. Actuellement, ce n’est pas surprenant de voir que les créationnistes sont incapables d’expliquer ces caractéristiques. Ni dans un sens, ni dans l’autre. Chacune des six hypothèses précédentes bien connues des créationnistes ont été confrontées au plus élémentaire et au plus basique des tests. Dans chaque cas, l’hypothèse s’est écroulée misérablement d’elle-même. Pour tout le monde, l’échec est évident à quiconque n’étant pas protégé grâce à une espèce d’aveuglement fanatique. Étudier la science ne transforme pas nécessairement quelqu’un en un scientifique, de même qu’étudier l’éthique ne fait pas devenir honnête. Les études doivent être appliquées. Créer et tester des hypothèses sont les fondements de la science, et tout ceux qui refusent de tester leurs hypothèses ne peuvent être appelés des scientifiques, et cela peu importe leur renommé. La plupart des personnes qui se dénomment elles-mêmes comme étant des créationnistes, n’ont aucun bagage ou études scientifiques et on ne peut attendre de leur part de mettre leurs hypothèses à l’épreuve suivant la méthode scientifique. Mais les créationnistes professionnels qui dupent le public avec leur doctorat (gagnés, payés ou mensongers) n’ont aucune excuse. Car ils échouent à tester leurs hypothèses aux tests les plus élémentaires. Ils méritent donc pleinement le terme de pseudo scientifique. ---Références textuelles : Gardner, Martin. 1957. Fads and Fallacies in the Name of Science. New York : Dover, pp. 127-133. Gish, Duane T. 1978. Evolution : The Fossils Say No ! San Diego : Creation-Life Publishers. Whitcomb, John C., and Henry M. Morris. 1961. The Genesis Flood. Philadelphia : Presbyterian and Reformed Publishing Co L’arche de Noé - des questions embarrassantes Quand le récit biblique heurte le bon sens... L’arche de Noé © 1996 Frank Steiger ; permission granted for retransmission. Traduction - Popper La position créationniste Le déluge fut crée par Dieu pour nettoyer la terre du « genre humain”, lequel (selon le point de vue de Dieu) était devenu mauvais et donc une source d’embarras pour Dieu. Tous les hommes, Via Veritas 31 femmes, enfants et bébés (sauf pour Noé et sa famille) furent tués par noyade. Noé construisit, ou fit construire un grand navire en bois. Le bateau faisait a peu près 137 mètres de long et avait des box et des enclos suffisants pour contenir toutes les espèces d’oiseaux et tous les animaux terrestres qui existent aujourd’hui (quelques créationnistes croient que l’arche a contenu toutes les espèces d’animaux terrestres qui ont existé). En prévision du déluge, un male et une femelle de chaque espèce furent inviter à voyager, et se déplacèrent, venant de toute la terre vers l’arche. Bien qu’il y ait des milliers d’espèces d’oiseaux et d’animaux terrestres, ceci étant le résultat de la diversification : le nombre total d’espèces à l’époque de Noé devait être plus petit. Bien qu’il n’y ait que 8 personnes à bord pour nourrir et nettoyer les déjections animales, la charge de travail fut considérablement réduite par le fait que les animaux étaient gardés dans le noir et par conséquent entrèrent dans un état d’hibernation. La population humaine d’aujourd’hui et toutes les espèces d’oiseaux et d’animaux terrestres sont les descendants des survivants de l’arche de Noé. Il y a plusieurs vues aériennes et témoignages de personnes qui ont actuellement vu de près l’arche sur les flancs du Mont Ararat en Turquie. La position évolutionniste Construire un bateau en bois à cette époque de l’antiquité devait exiger une quantité énorme de travail et de matériaux. Où donc Noé, de toute évidence un homme ordinaire, a-t-il pu obtenir toutes ses ressources ? Les bateaux en bois ne supportent pas très bien les vents violents et la force des vagues, et ceci est particulièrement vrai pour les grands bateaux en bois. Les plus longs bateaux en bois faisaient 90 mètres et il était nécessaire de les consolider avec du métal afin d’éviter le brisement du navire. L’assertion qu’un bateau de 137 mètres put supporter les conditions catastrophiques postulées dans le scénario créationniste rencontre immédiatement un énorme scepticisme. Il y a plus de 100 000 espèces distinctes et séparées d’oiseaux et d’animaux terrestres. Il devait être physiquement impossible pour huit personnes (Noé, sa femme, les trois fils et leurs femmes) de prendre soin et de nourrir toutes les mouches, termites, vers, escargots, puces, chauve-souris, grenouilles, serpents, coccinelles, parasites intestinaux, etc., etc. De plus, nous avons bien entendu quelques centaines d’espèces de grands animaux qui demandent entre 20 et 45 kilos de nourritures par jour : hippopotames, rhinocéros, buffles, éléphants, chevaux, bovins, girafes, élans etc., etc. (nous ne mentionnons pas les dinosaures que certains créationnistes croient avoir fait parti du voyage) La plupart, si ce n’est pas toutes, des plantes ainsi que leurs graines ne pourraient pas survivre une année sous l’eau. Est-ce que Noé a transplanté des arbres à travers le monde dans des pots pour les conserver dans l’arche, et si oui, comment a-t-il fait pour les acquérir ? N’oubliez pas la viande mangée par les animaux. Comment Noé a-t-il acquit les tonnes de viandes demandées pour le régime de tout ces lions, tigres, hyènes, loups, etc. ?(Sans mentionner le Tyrannosaure Rex, l’Allosaure et tout le reste). Pour que les prédateurs tels que les lions, loups, etc., puissent survivent, ils devaient être dépassés numériquement par leurs proies dans un rapport d’au moins 1 pour 100. Si chaque herbivore et chaque prédateur étaient représentés que par une seule paire, alors tous les herbivores auraient été mangés, ou les prédateurs seraient morts de faim, ou les deux. La seule autre alternative possible est que Noé et ses descendants auraient conservé assez de nourriture fraiche pour nourrir des générations de lions, tigres, loups, hyènes, renards, aigles, faucons, etc. Ce scénario est complètement grotesque ! La plupart des animaux exige un régime alimentaire adapté. Les koalas ne mangent que des pousses Via Veritas 32 d’eucalyptus. Les pucerons mangent des plantes fraiches. Comment donc Noé pouvait-il savoir tous les régimes alimentaires, et comment a-t-il obtenu toutes ces ressources exigées ? L a logistique pour stocker la nourriture et nourrir les animaux est complètement impossible pour huit personnes. Le seul fait de pelleter le fumier est totalement impossible : des tonnes de nourriture par jour créent des tonnes de fumier par jour ! A moins, que tout les animaux vivaient dans le voisinage immédiate (peu probable en considérant les différents habitats des grenouilles des forêts tropicales, le désert des geckos et sans compter les ours polaires), la plupart d’entre eux devaient voyager des distances énormes pour entrer dans l’arche ce qui est une impossibilité physique. De plus, qu’est-ce qui pouvait motiver toutes ces grenouilles, lézards, serpents, salamandres, libellules, araignées, fourmis, etc. à quitter leur habitat naturel et tenter le parcours sur des milliers de kilomètres jusqu’à l’arche ? Comment ont-ils pu faire le voyage ? Comment ont-ils su où aller ? La bible dit en Genèse 7,4 que l’arche fut chargée en 7 jours. Les 9 millions d’espèces animales existantes auraient dû être embarquées à bord au rythme de 30 animaux par seconde ! Le créationniste expliquera que la diversification est le résultat aujourd’hui d’un nombre beaucoup plus petit d’espèces qui a ensuite évolué pour atteindre le nombre d’aujourd’hui. Cela contredit leur argument principal que l’évolution ne peut et n’a jamais eu lieu ! Si vous gardez à l’esprit que l’hibernation n’est pas vraiment un sommeil, mais plutôt un état d’animation suspendue, le simple fait de garder les animaux dans l’obscurité n’aurait jamais causé d’hibernation. La plupart des animaux n’hibernent absolument pas, peu importe les conditions, et d’autant moins dans un bateau violemment agité par les conditions orageuses les plus catastrophiques au monde. Comment les parasites et virus d’aujourd’hui ont-ils fait pour survivre au déluge sans décimer la population hôte ? En dépit de tous les rapports de visions de l’arche sur le Mont Ararat, il n’y a pas une seule série de photographies nettes indiquant la localisation exacte et l’apparence de l’arche. Les soi-disantes vues n’ont jamais été vérifiées par une organisation scientifique réputée, comme la National Geographic Society. Les légendes du Déluge Recherches par Alan Feuerbacher – Traduction et compléments d’informations par Popper, Contrairement à ce qu’on pourrait penser, c’est l’argument le plus faible des créationnistes soutenant l’idée d’un déluge biblique sur toute la terre. L’étude des légendes européennes, la migration des instruments de musique entre les peuples ont déjà prouvés depuis longtemps que les peuples ne sont pas hermétiques et assimilent ce qui leur vient d’ailleurs facilement. Via Veritas 33 Ce qui est étrange, fantastique, nouveau est pris, puis assimilé, modifié. Nous avons pour preuve la cornemuse qui n’est pas un instrument celte à part entière mais un instrument que l’on retrouve dans une grande partie des cultures d’Europe, du pourtour de la Méditerranée et au delà : au nord et sud du Caucase, le Golfe Persique et l’Inde. Elle existait déjà du temps des grecs qui l’auraient empruntée à l’Égypte antique. Elle aurait été ensuite répandue par les romains. Il en est de même des légendes et des mythes. On trouve des corrélations entre les légendes germaniques, celtiques, arabes, avec des protagonistes semblables. L’histoire change toujours un peu à chaque fois, mais les bases sont là. On constate aussi de nombreuses légendes et histoires semblables qui se rapportent à des évènements traumatisants. Tsunami, tremblement de terre, éruption d’un volcan… Un mythe répandu est celui du bateau fantôme et qui se trouve sur la terre entière auprès des marins (du Canada à Calcutta). De même on trouve sur la terre entière des mythes d’un dieu supportant la terre ou reposant sur des animaux. Est-ce suffisant pour affirmer que c’est vrai ? Pourquoi vous direz non ? Car votre esprit rationnel sait pertinemment que les histoires fantastiques se baladent, se transportent, s’échangent et que de toute façon, personne n’a vu quoique ce soit et que ça pimente la vie ces histoires fantastiques. Hors, ces histoires sont les premières à passer de bouche à oreille. Certaines sont basées sur des histoires vraies, d’autres sur des fausses. Il y a une différence entre un mythe et une légende : • Une légende (de l’adjectif verbal latin legenda, « qui doit être lu ») est, à l’origine, un récit mis par écrit pour être lu publiquement : dans les monastères, pendant les repas ; dans les églises, pour l’édification des fidèles lors de la fête d’un saint. Dans ce genre de littérature, la précision historique passe au second plan par rapport à l’intention spirituelle (dans les hagiographies) ou morale. En littérature, une légende est un récit fictif le plus souvent d’origine orale faisant appel au merveilleux. Une légende, à la différence d’un conte, est liée à un élément précis (lieu, objet, personnage historique, etc.) et se focalise moins sur le récit lui-même que sur l’intégration de cet élément dans le monde quotidien ou l’histoire de la communauté à laquelle la légende appartient. Contrairement au conte qui se situe dans un temps et un lieu convenu et imaginaire (p. ex. : dans un château il y a très très longtemps), la légende se déroule dans un lieu et un temps précis et réel, habituellement. C’est une évolution populaire du mythe dans sa fonction fondatrice d’une culture commune. C’est le cas de la légende de la bête du Gévaudan, de la sardine qui boucha le port de Via Veritas 34 Marseille ou encore les innombrables légendes mettant en scène un pont du diable. Une légende est également synonyme d’un mythe, et renvoie à quelque chose dont l’existence n’a jamais pu être prouvée (la légende des sirènes, à titre d’exemple). • Un mythe produit une explication concrète de certains aspects fondamentaux du monde : sa création (cosmogonie), les phénomènes naturels, le statut de l’être humain, ses rapports avec le divin et la nature ou avec les autres humains (d’un autre sexe, d’un autre groupe), etc., par un récit porté à l’origine par une tradition orale. Un mythe implique des personnages merveilleux, tels que des dieux, des animaux chimériques ou savants, des hommes-bêtes, des anges, ou des démons, et l’existence d’un autre monde. Il serait certainement erroné de prendre un mythe au pied de la lettre, et de croire que les peuples les prennent pour une description parfaitement exacte (y compris les aspects surnaturels) du déroulement des événements. Il serait sans doute tout aussi faux de les prendre pour un simple récit poétique, dépourvu de base réelle, une forme archaïque de réflexions philosophiques et protoscientifique, réalisées par une analogie poétique plus que sur la logique, et exprimé sous une forme symbolique, voire une sorte de roman. Ces histoires ne sont en rien arbitraires : Les différentes sociétés, même très différentes et sans contacts culturels, présentent des mythes qui utilisent les mêmes archétypes ; Les mythes traitent toujours les questions qui se posent dans les sociétés qui les véhiculent. Ils ont un lien direct avec la structure religieuse et sociale du peuple. Sens particulier : Les philosophes de l’époque post-mythique, tels que Protagoras, Empédocle et Platon utilisent le mythe comme une mise en scène allégorique afin de faire percevoir leurs propos d’une manière concrète. Par exemple, Platon crée des mythes originaux (par exemple le mythe de la caverne), ou réadapte des mythes antérieurs. À sa suite, d’autres philosophes ou certains auteurs de discours argumentatifs ont eux aussi eu recours au mythe, dans un même emploi. Pourtant j’accordais la possibilité de l’histoire (à noter que le Bethel choisit bien ses mots, ce n’est pas une légende, mais une histoire) à l’universalité du Déluge. Je n’avais jamais fait vraiment attention à la liste des récits du Déluge qu’on trouve p. Toutes ces cases de couleurs, m’impressionnaient et je trouvais vraiment qu’il y avait une corrélation. Toutefois, si vous regardez tout en bas, c’est une légende celtique qui appuie aussi la théorie du Déluge. Le récit du Déluge celtique cité avec Dwyvan et Dwyvach est tiré de Trioedd Ynys Prydein ( Les Triades de l’Ile Preyden) une compilation médiévale du 13e siècle, des légendes celtiques remontant aux périodes préromaines. Dedans on y trouve des références au Roi Arthur, Alain IV Duc de Bretagne, etc…Jamais il n’est pas parlé d’une arche, ou d’un sauvetage quelconque des animaux, ni d’un Déluge couvrant toutes les terres. Le texte original ne parle pas de cela. ! C’est la Triade n°13 : There were three awful events in the Island of Prydein. The first was a bursting of the lake of floods and the rushing of an inundation over all the lands, until all persons were destroyed, except Dwyvan and Dwyvach, who escaped in an open vessel ; and from them the Island of Prydein was peopled. The second was a trembling of the fiery torrent, until the earth was rent to the abyss, and the greatest part of all life was destroyed. The third was the hot summer, when the trees and plants took fire by the burning heat of the sun, and many people and animals, various kinds of birds, vermin, trees and plants, Via Veritas 35 were entirely destroyed. Traduction : Il y a eu 3 évènements terribles dans l’ile de Preydein Le premier était un débordement du lac des grandes pluies, et le jaillissement d’une inondation a travers toutes les terres (litt. terres alentours), jusqu’à ce que toutes les personnes soient anéanties, à l’exception de Dwyvan et Dwyvach, qui s’échappèrent dans un bateau sans toit ; et grâce à eux l’ile de Preyden fut repeuplé. Le second fut un tremblement du torrent furieux, jusqu’à ce que la terre s’enfonce dans les abimes, et une grande partie de toutes les vies furent détruites La troisième fut un été caniculaire, pendant lequel les arbres, les plantes prirent feu par la chaleur du soleil, et beaucoup de personnes et d’animaux, une grande variété d’oiseaux, de vermines, d’arbres et de plantes, furent intégralement détruits. Maintenant, il faudrait savoir où le Comité rédactionnel s’est fourni pour inventer une autre légende ? C’est le seul texte original et le plus ancien qui parle de cette histoire ! Les textes qui en ont découlé furent adaptés et tordus pour correspondre au récit du Déluge Biblique par l'Église. Il en est de même pour le Roi Arthur et sa Table ronde qui était au Ve siècle tout sauf chrétien. C’est au Moyen-âge qu’il fut transformé en chrétien, suivit de la quête du Saint Graal qui fut inventé par la suite pour légitimer les croisades. Il suffit d’étudier un petit peu les légendes pour s’apercevoir que l'Église s’est rappropriée beaucoup de légendes de peuples en y incorporant l'histoire biblique. Malgré le souci permanent de se fonder sur les sources exactes pour se débarrasser des traces de la fausse religion, on s’aperçoit qu’il n’en est pas de même pour les récits du Déluge. D’où a-t-il sorti sa source ? Ceci est une hypothèse personnelle, mais la citation de la légende de Dwyvan et Dwyvach est citée par les pro-déluges qui incluent un bateau fermé + des animaux sauvés. Leur référence est celle-ci Gaster, Theodor H. Myth, Legend, and Custom in the Old Testament, Harper & Row, New York, 1969. Quelques recherches sur cette personne montrent qu’il était un étudiant de l’Université Biblique Américaine fondée et dirigée par des fondamentalistes. Il a contribué à compléter, corriger le travail de Sir James Frazer, anthropologue qui avait fait une étude comparative des mythes et des religions. Une grande majorité des histoires d’un déluge rapporté se trouve dans ses livres. Voici les faits. Maintenant, nous ne tirons aucune conclusion. Nous voyons simplement une citation régulière auprès de ces 2 auteurs, par les pro-déluges et déjà la légende de Dwyvan et Dwyvach n’est pas retranscrite correctement. Cela aurait pu être la source du Bethel. Qui sait ? Via Veritas 36 Pour les autres légendes, que constatons-nous ? Une grande majorité sont des peuples vivant auprès des cotes, ou d’une grande rivière. Il y a une explication très raisonnable par rapport aux récits nombreux sur un déluge. Cette explication se trouve dans un livre Legends of the Earth : Their Géologic Origins par Dorothy B. Vitaliano* (...) On peut expliquer l’universalité de traditions d’inondation très facilement sans exiger une inondation répandue de cosmique ou une autre origine, si nous tenons compte que les inondations, plurielles, sont un phénomène universel géologique.... [Dans un chapitre précédent nous] avons vu comment les légendes de volcan de peuples largement séparés à temps et la place ont beaucoup de particularités dans commun. Si les volcans en activité ont été trouvés partout, des légendes de volcan aucun doute ne serait si commun que quelqu’un chercherait une éruption universelle comme la cause sous-jacente. Comme il est, des volcans en activité et avec eux des légendes de volcan, est limité à de certaines ceintures sur le visage de la terre. D’autre part, il n’y a pratiquement aucune partie du globe où ne pouvaient pas là à quelque temps ont été une inondation potentiellement dangereuse aux gens dans le voisinage. Une rivière peut n’importe où déborder si ses eaux sont rapidement augmentées par des pluies lourdes, à tout moment jusqu’à et incluant le présent , il y a eu une source d’inondation épouvantable de secteurs côtiers dans toutes les parties du monde - mais en particulier sur tous les rivages du Pacifique - qui serait en particulier mémorable à ceux assez chanceux de survivre : tsunamis, ou vagues sismiques de mer [généralement mentionné en anglais comme "raz-de-marée"]. Bien qu’en aucun cas universel individuellement, les tsunamis ne puissent et faire souvent des ravages en places très largement séparées, dans des heures. Puisque les tsunamis sont importants non seulement comme les sources possibles de légendes d’inondation mais aussi dans le rapport avec les questions d’importance primordiale dans les chapitres encore pour venir, un détaillé regardent ces vagues formidables est nécessaire à ce point. Les tsunamis sont en règle générale associés aux tremblements de terre sous-marins. Ils sont produits ou bien directement, si le tremblement de terre fautif déplace le fond de la mer, ou bien indirectement, par des glissements de terrain sous-marins, de la boue, ou la baisse soudaine est déclenché par un tremblement de terre. De temps en temps ils peuvent résulter d’une éruption sousmarine, si une explosion sous-marine déplace des quantités importantes d’eau. Les déplacements de lit de l’océan impliqués quand un écroulements de caldera sur le fond de la mer peuvent de même produire des tsunamis et si le caldera est grand et son écroulement soudain, comme dans le cas de l’éruption Krakatau de 1883, le tsunami résultant peuvent avoir de Via Veritas 37 dimensions extraordinaires. Aussi dans des éruptions Krakatau-semblables, des vagues énormes peuvent être produites quand les quantités incalculables de tephra volcanique tombent soudainement sur la surface de mer après une explosion principale. Donc les inondations euxmêmes sont des phénomènes essentiellement universels. Mais en ce qui concerne la question de, comment des traditions d’inondation ayant tant de particularités en commun peuvent en découler ? Les Légendes de la Terre explique : ... En somme, alors, du point de vue purement géologique nous devons nous attendre à ce que des traditions d’inondation indépendantes aient surgi presque n’importe où dans le monde à presque n’importe quel temps, aient engendré par des catastrophes d’inondation arrêtant de causes parfaitement naturelles et de toutes les causes possibles d’inondations, seulement les tsunamis sont capables de donner la hausse pour inonder des légendes en places largement séparées en même temps. Bien que l’on exige que beaucoup d’inondations différentes représentent beaucoup de traditions connues, il n’y a aucune raison à être étonné ces traditions d’inondation peuvent de tout le monde se porter des ressemblances notables. Car quand nous y venons directement en bas, il y a seulement deux voies de base dans lesquelles les gens peuvent réchapper d’une inondation : [italique supplémentaire] en arrivant au-dessus de cela, ou en y allant de sur quelque objet d’action de flotter. Il y a seulement deux voies dans lequel l’histoire de l’inondation de Noé, indépendamment de sa source locale, pourrait avoir été étendu dans le monde entier : par la diffusion, comme les gens à dont la culture il a à l’origine appartenu a migré à de nouveaux pays, ou par la transmission, qui exige le contact entre au moins un narrateur et un auditeur de cultures différentes. Les traditions d’inondation sont trouvées partout dans l’hémisphère occidental de l’Alaska à Tierra del Fuego. Dans le point de vue extrême diffusionniste cela constitue la preuve que les Indiens de Nord et l’Amérique du Sud sont les descendants d’une des tribus perdues d’Israël, qui a apporté l’histoire de Noah avec eux comme ils ont migré à travers l’Asie et dans l’Amérique du Nord via le Détroit Bering et sur en bas par l’Amérique du Sud. Mais tandis que les anthropologues croient que l’homme a atteint les Amériques par voie du Détroit Bering, les vagues de migration ont eu lieu longtemps avant le prototype de Noé a existé. Un exemple fort d’illumination de comment une légende peut être transférée d’une culture à autre littéralement la nuit a été présenté par Alice Lee Marriott dans un article de New-Yorkais il y a quelques années7. 7 Dorson, Richard M. "le débat sur la fiabilité d’histoire orale traditionnelle." Volksuberlieferung, Kurt Ranke Festschrift (1968), Via Veritas 38 Quand elle rassemblait le folklore d’une tribu du Dakota du Sud, elle a été défiée un jour par le vieil Indien qui était son informateur pour lui dire un des contes de ses gens. Elle a sur ce rapproché l’histoire "du Guerrier Courageux et les Monstres D’eau" - Beowulf. Peu de changements étaient nécessaires ; il était "tous dans les modèles de comportement légendaire, que le vieil homme pourrait comprendre et je l’ai reflété il pourrait y avoir plus à cette distribution-defolklore universel que j’avais compris." Un peu plus tard elle l’a entendu reporter l’histoire devant un auditoire de sa tribu, "et je dois admettre que le vieil homme inventa une meilleure histoire que la mienne. Une nouvelle légende créative qu’il arrangea un peu” Avec cette illustration en mémoire, il semble tout à fait naturel que les certains détails de l’histoire d’inondation biblique doivent apparaître dans le monde entier. Pour plus de missionnaires de dix-neuf siècles l’ont porté à chaque coin de la terre. L’histoire de Noé est une des plus colorée de toutes les histoires de Bible et c’est aussi celui dont la morale est en particulier évidente et donc très probablement être souligné. De plus, il a dû faire la plupart d’impression précisément parmi ces peuples qui avaient déjà une tradition d’inondation avec laquelle il pourrait être fusionné. Les missionnaires ont toujours été parmi le premier pour endurer le désert pour apporter l’Évangile aux gens primitifs et dans beaucoup de cas ils étaient les premiers pour démonter les légendes des gens parmi qui ils ont travaillé. Dans d’autres cas, cependant, les légendes ont été rassemblées par des ethnologues et d’autres qui sont venus après beaucoup de temps les missionnaires. Parce que ce fut souvent le cas ou les missionnaires furent les premiers à mettre par écrit les langues découvertes, il est impossible de prouver une légende de Déluge Universelle Ainsi il existe là des mécanismes plausibles pour la production de légendes d’inondation largement répandues et il y a les exemples de ces mécanismes dans le travail. Maintenant regardons quelques exemples de légendes antiques. Les Légendes de la Terre décrivent une légende d’inondation bien connue grecque, le déluge de Deukalion : Le mieux connu à la plupart d’entre nous après la tradition d’inondation babylonian-hébraïque est celui de mythologie classique, le déluge de Deukalion. De plusieurs grec inondent des traditions, c’est le seul dans lequel on dit que l’inondation a été dans le monde entier.... L’inondation de Deukalion a été acceptée comme le fait historique par les grecs, incluant Aristote. Il y avait apparemment au moins un roi par ce nom. Un pilier de marbre trouvé dans l’île de Paros donne une liste des rois de la Grèce et les dates de leurs règnes et selon cette chronique, le déluge de Deukalion est arrivé aux environs de 1539 av. J.-C... Au le milieu du quinzième siècle av. J.-C, ou probablement plus tôt, il y a eu une éruption semblable au Krakatau du volcan Santorin en Mer Égéenne.... À la fin de cette éruption le volcan s’est effondré pour former un caldera et cet écroulement a pu produire uns ou plus tsunamis, probablement beaucoup plus grand que tous ceux qui furent produits dans le pourtour Méditerranéen par un tremblement de terre normal. Les versions postérieures de l’histoire de Deukalion incluent des détails étroitement parallèles à l’histoire d’inondation Hébraïco-Babylonienne. Finalement l’inondation de mer est devenue neuf jours et nuits de pluie, le coffre est devenu une arche, les animaux ont été inclus dans la liste de passagers et Deukalion a fait sortir un pigeon aux occasions successives pour voir si les eaux avaient reculé.... Ainsi les traditions de deux places différentes, basées sur des inondations siècles à part, fusionnés dans ce qui est essentiellement la même histoire.... Il y a le manque considérable d’accord concernant Deukalion et les caractères associés à d’autres traditions d’inondation grecques. 19-35 Via Veritas 39 L’article de Tour de Garde du 15 janvier 1992 a aussi décrit des légendes du Pacifique du Sud et les Amériques. Les légendes de la Terre décrivent quelques légendes du Sud du Pacifique et récapitulent quelques points intéressants : Les Mers du Sud fournissent aussi des traditions d’inondation abondantes dans des formes très diverses. À part de quelques parallèles bibliques, qui peuvent facilement être attribuées à l’influence de missionnaire, beaucoup de ces traditions sont remarquablement compatibles avec la géologie des lieux. Très souvent on dit que l’inondation est venue de la mer, comme s’attendraient des îles fréquemment soumises aux tsunamis tremblement de terre produits ou des vagues scélérates d’ouragan Un bon résumé des questions entourant des légendes d’Inondation est dans les paragraphes finaux des Légendes de la Terre. Citer les nouveaux exemples de traditions d’inondation deviendraient ennuyeux, s’il n’a pas fait si déjà. On a donné assez de cas, j’espère, pour démontrer que vu de leur contexte géologique, beaucoup de traditions d’inondation sont évidemment originaires du lieu. Je ne peux voir aucune raison de supposer que dans l’explication de l’omniprésence de traditions d’inondation nous sommes limités à un choix entre deux alternatives extrêmes. Immanuel Velikovsky, expose par exemple : La réponse au problème de la similitude des motifs dans le folklore de peuples divers est, dans mon avis, comme suit : beaucoup d’idées reflètent le contenu réel historique. Il y a une légende, trouvée dans le monde entier, qu’un déluge a balayé les collines de la terre et couvertes et même des montagnes. Nous avons un pauvre avis des capacités mentales de nos ancêtres si nous pensons que simplement un extraordinaire débordent de l’Euphrate donc a impressionné les nomades du désert qu’ils ont pensé que le monde entier a été inondé et que la légende si né a erré des gens aux gens8. Auquel pourrait répondre : Bien sûr beaucoup d’idées reflètent le contenu réel historique. Cependant, il n’y a pas une légende de déluge, mais plutôt une collection des traditions qui sont si diverses que l’on ne peut les expliquer ni par une catastrophe générale seule, ni par la dissémination d’une tradition locale seule. Certains sont des tentatives fortement imaginatives mais très larges-de-marques d’expliquer des particularités locales topographiques ou la présence de fossile bombarde haut au-dessus du niveau de mer. Un grand nombre est des souvenirs énormément déformé et exagéré, comme est la règle d’autorité dans le folklore - de désastres réels locaux, souvent évidemment compatible avec des conditions spéciales locales géologiques. Sûrement ce n’est pas accidentel, par exemple, que dans beaucoup de traditions d’inondation de la côte du Pacifique des Amériques et d’îles du Pacifique, l’inondation est attribuée à une hausse de la mer ; Plus de 90 pour cent de l’énergie des tremblements de terres se produisent dans l’ère du Pacifique, et donc les tsunamis sont beaucoup plus présents à cet endroit. Gardez à l’esprit la citation précédente en lisant les conclusions suivantes de l’article de Tour de Garde sur les légendes d’Inondation, allez à la page 9. Elle contient quelques inexactitudes et des conclusions injustifiées. Que pouvons-nous nous conclure de beaucoup de ces légendes d’Inondation ? Quoiqu’ils diffèrent très dans des détails, ils ont quelques particularités communes. Ceux-ci indiquent une origine dans quelque cataclysme gigantesque et inoubliable. Malgré des colorations vives plus des siècles, leur thème sous-jacent sont comme un fil qui les lie à un grand événement - le Déluge global(mondial) lié dans le compte de Bible simple, incolore. Un Déluge a forcément un thème sous-jacent : l’eau, les hommes qui survivent, les animaux… Ce n’est pas une preuve, les amis ! 8 Mondes dans Collision, Cité-jardin, New York : Doubleday et Société, 1950 ; New York : Société de Publication de Vallon, 1967 Via Veritas 40 Puisque les légendes d’Inondation sont généralement trouvées parmi les gens qui ne sont pas entrés dans le contact avec la Bible jusqu’à siècles récents, ce serait une erreur d’affirmer que le compte Scriptural les a influencés.... Donc nous pouvons avec assurance conclure que les légendes d’Inondation confirment la réalité du compte Biblique. Cet article de Tour de Garde citait The International Standard Bible Encyclopedia, fait comme l’article du Déluge référence au livre Etudes Perspicaces. Voici celui du livre. Notez de nouveau les inexactitudes et les affirmations péremptoires : L’universalité des comptes d’inondation est d’habitude prise comme la preuve(évidence) pour la destruction universelle d’humanité par une inondation et la diffusion de la race humaine d’un lieu et même d’une famille. Quoique les traditions ne puissent pas tous se référer à la même inondation, apparemment la majorité énorme fait. La même inondation ? C’est quoi ? Une inondation de toutes les terres ? Je vois mal une inondation de simplement quelques champs que les autochtones auraient transmis comme histoire, car cela arrive plus d’une fois dans la vie d’un homme. Non c’était une inondation très importante qui a inondé suffisamment de terre pour tuer des hommes et des animaux. Voir éradiquer plusieurs tribus. Maintenant de toutes les terres connues par ces peuples à toute la Terre, il n’y a qu’un pas, et l’ethnocentrisme est un phénomène universel. L’affirmation que beaucoup de ces histoires d’inondation sont venues de contacts avec des missionnaires ne se lèvera pas parce que la plupart d’entre eux ont été recueillies par des anthropologues non intéressés par faisant valoir la Bible, Quels intérêts pour des anthropologues de collectionner des récits du Déluge si ce n’est des missionnaires ? De nombreux missionnaires étaient anthropologues aussi. Ce n’est pas un argument suffisant. Et ils sont remplis d’éléments imaginaires et païens évidemment le résultat de transmission pendant les périodes prolongées de temps dans une société païenne. Tiens, si ce n’est pas dans la Bible c’est imaginaire, mais si ça correspond, c’est de l’histoire. Pas très honnête tout ça... De plus, certains des comptes antiques ont été écrits par les gens beaucoup en opposition avec la tradition Hébraïque-chrétienne.(fin de citation) L’opposition avec la tradition Hébraïque-chrétienne n’a pas apparemment était importante dans le cas de l’histoire de Deukalion grecque ou l’histoire d’Indien Manu - ils ont graduellement pris des éléments de plus en plus bibliques dans quelque temps. Les Légendes de la Terre décrivent quelques traditions d’inondation américaines et des commentaires que : La connaissance nord-américaine indienne contient les preuves abondantes de la voie dans laquelle des mythologies primitives absorbent des éléments postérieurs. Par exemple, on suppose que le Old Coyote Man, le héros de culture des légendes de Corneille, avait inventé des chevaux mais les chevaux étaient inconnus aux Indiens avant que le Conquistadores ne les ait présentés au seizième siècle. On peut aisément s’expliquer la ressemblance générale de beaucoup des traditions d’inondation américaines indiennes en termes de migration ou des contacts entre des tribus et des ressemblances fréquentes à l’histoire de Bible ne sont pas du tout difficiles à attribuer aux efforts de missionnaires. Les traditions d’inondation sont prolifiques partout dans l’Amérique latine. Il y a de nombreuses légendes dans lequel les survivants du déluge, ou bien couple ou bien une famille, s’échappe dans une calebasse, un canoë, ou un radeau, ou des montagnes de montée ou des arbres. Des traits bibliques sont très reconnaissables dans quelques cas Via Veritas 41 Un problème avec la mise de trop de valeur dans l’universalité supposée de traditions d’Inondation consiste en ce qu’ils ne sont pas universels, mais simplement répandus. Aussi significatif qu’est le fait que beaucoup de cultures ont des traditions d’Inondation est le fait que beaucoup manquent de telles traditions. Selon les Légendes de la Terre, Les traditions d’inondation manquent en Asie semi-aride Centrale, ce qui est très surprenant.... Très remarquable par son absence est une légende d’inondation égyptienne9 ; mais de même remarquable par leur absence alors qu’en Égypte les inondations sont désastreuses. Chaque année le Nil a débordé de ses banques doucement et d’une manière prévisible, partant derrière un dépôt vivifiant de vase excellente pour remplir de nouveau le sol. Des années maigres ont pu s’ensuivre quand les eaux ont fait défaut à la moyenne et d’extra-hautes eaux ont pu évidemment causer quelque inconvénient, mais l’inondation annuelle ne pourrait jamais avoir été pas du tout bénigne dans l’ensemble. Son échec de se réaliser aurait été le désastre pour commémorer dans la légende. Les autres rivières principales de l’Afrique ont aussi une hausse annuelle que, étant prévisibles, n’est pas néfaste. La seule légende de l’Afrique du sud impliquant n’importe quel sorte d’inondation n’est pas une tradition de déluge typique du tout, mais celui qui cherche à expliquer l’origine d’un lac particulier.... Ce conte a été rassemblé par Livingstone et était le seul qu’il a rencontré en toutes ses années de travail de missionnaire qui avait n’importe quelle ressemblance à une tradition d’inondation. On revient donc à la méthodologie de la Watchtower qui n’est pas dans un but de vérité, mais de prouver la Bible, sans se soucier des autres explications rationnelles. Pour terminer, on peut rajouter que si la légende du Déluge est commune, les histoires contiennent énormément de diversités sur la méthode de sauvetage, le nombre de sauvés, sur l’existence des animaux parmi les rescapés et enfin le récit Biblique est le SEUL à parler d’une alliance par un arc-en-ciel pour que Dieu ne détruise pas sa création à nouveau par un Déluge. ( Liste des récits du Déluge) Pourquoi cela ne s’est-il pas propagé aussi alors ? Les mammouths congelés du Déluge Analysons cette "preuve" maitresse d’un Déluge universel qui aurait congelés des millions d’animaux se situant au niveau du cercle arctique. Cet article est inspiré du travail remarquable d’Alain Feuerbacher dont l’article se trouve ici (traduction en français par Charles Chasson). Merci aussi à Charles Chasson pour son aimable autorisation de reproduction de son article sur les mammouths. Traduction, compilation et enrichissements, Popper. Mammouth laineux 9 Il faut savoir que la date supposée du Déluge correspond aux moments ou les pyramides sont déjà construites, pourtant on n’y trouve aucune trace de Déluge. Via Veritas 42 Cette congélation de nos mammouths est annoncée comme étant la conséquence d’un Déluge soudain ou plutôt pour reprendre les termes du Bethel, suivant le livre Etudes perspicaces10 : Quelles preuves démontrent qu’il y a vraiment eu un déluge global ?.... La preuve d’un changement climatique : Des restes de mammouths et de rhinocéros ont été trouvés dans différentes parties de la terre.... dans les falaises sibériennes.... dans les glaces sibériennes et d’Alaska. En fait, certains ont été trouvés avec de la nourriture non digérée dans leurs estomacs ou pas encore mâchée toujours entre leurs dents, indiquant qu’ils sont morts soudainement. La preuve supplémentaire du livre Création11 [p. 203] Selon la Bible, aux jours de Noé un déluge universel recouvrit les plus hautes montagnes de la terre et détruisit tous les humains qui ne se trouvaient pas dans l’immense arche construite par Noé (Genèse 7:1-24). Beaucoup de gens se sont moqués de ce récit. Pourtant, on trouve des coquillages sur les hautes montagnes. Qu’un déluge aux proportions immenses a bel et bien eu lieu dans un passé pas très lointain, c’est ce que prouve la découverte d’une très grande quantité de fossiles et d’ossements dans des amas de boue glacée. Le Saturday Evening Post écrivit : “Nombre de ces animaux ont été découverts parfaitement frais, intacts et sans blessures, soit debout, soit agenouillés. (...) Eu égard à nos conceptions antérieures, c’est là un tableau stupéfiant. Nous nous trouvons en présence d’immenses troupeaux de bêtes énormes et bien nourries, inadaptées aux climats froids, qui mangeaient paisiblement dans des pâturages ensoleillés (...). Soudain, elles ont toutes péri, sans aucun signe visible de violence et avant même qu’elles aient eu le temps d’avaler leur dernière bouchée de nourriture. Puis elles ont été congelées si rapidement que chaque cellule de leur corps est parfaitement conservée.” Cela correspond tout à fait à ce qui s’est passé lors du déluge universel. La Bible le décrit en ces termes : “Ce jour-là se fendirent toutes les sources des eaux de l’immense abîme et les écluses des cieux s’ouvrirent.” Les eaux torrentielles “submergèrent la terre”, et des vents glacials balayèrent sans doute les régions polaires (Genèse 1:6-8 ; 7:11, 19). C’est là que le changement de température fut le plus rapide et le plus considérable. Diverses formes de vie furent donc englouties et conservées dans de la boue glacée. Ce fut peut-être le cas du mammouth représenté ici et qui a été mis au jour en Sibérie. Il y avait encore de la verdure dans sa bouche et dans son estomac, et une fois décongelée sa chair était même comestible. Notez que les auteurs du livre Études Perspicaces ne donnent aucune indication permettant d’aboutir à la conclusion que de la nourriture non digérée dans la bouche des mammouths figés s’associe réellement au Déluge. Plutôt, ils avancent une vague connexion — de façon ou d’une autre la mort soudaine des animaux indique qu’il y a eu un Déluge. Malheureusement, une mort soudaine peut se produire de beaucoup d’autres façons dans la nature. Les auteurs du livre Études perspicaces n’expliquent pas non plus ce que peut signifier le fait de trouver des restes d’animaux dans différentes parties de la terre ou dans des strates communes. Des restes de dinosaures sont trouvés partout sur la terre et dans des strates communes. Assurément, les auteurs du livre Études Perspicaces ne cautionnent plus la position des créationnistes avançant que les dinosaures sont morts dans le Déluge, puisque la Société semble avoir abandonné le modèle géologique des créationnistes dans les années 70. Toutes les références que nous pouvons trouver qui parlent d’animaux censés découverts dans des strates communes, prouvent, après analyse détaillée, que les animaux n’avaient pas été simplement jetés ensemble dans cette même strate. Ils ont plutôt été ensevelis dans un ordre de dépôt qui est 10 Études perspicaces des Écritures - encyclopédie biblique éditée par les Témoins de Jéhovah - 1997 11 La vie : comment est-elle apparue ? Évolution ou création ? - édité par les Témoins de Jéhovah - 1985 Via Veritas 43 souvent facilement datable et selon un phénomène d’accumulation sur de longues périodes Le livre Création établit un rapport plus clair des conditions de congélation et d’inondation, mais à l’examen, ses arguments sont réfutables. Spécifiquement, si la terre avait été immédiatement couverte par les eaux du Déluge, et cela dans une quantité suffisante pour couvrir les montagnes, comment oser dire que tous les animaux furent congelés, particulièrement par « des vents de congélation » ? Ils auraient été submergés par l’eau du Déluge et isolés de ces vents de congélation. Ce problème principal n’est pas examiné. Une alternative, non mentionnée, aurait été que l’eau ellemême était assez froide pour geler les animaux. Mais alors comment celle-ci serait-elle restée liquide ? Il y a toutefois un problème : si c’est de l’eau qui est tombée, pourquoi sont-ils dans la glace alors ? Mettons nous à la place du Mammouth. Nous sommes en train de manger quand, tout à coup, il pleut. De plus en plus fort. L’eau monte. Nous allons quand même arrêter de manger au bout d’un moment dans l’eau !?! La Bible dit qu’il a plu pendant 40 jours et 40 nuits. Nous voyons donc notre mammouth avec de l’herbe qu’il ne peut plus manger. 2 choix se présentent à nous : 1. l’eau tombe tellement qu’à la fin de la journée, il n’est plus possible à la terre d’absorber l’eau, et l’eau montant recouvre l’herbe. Avant que l’eau ne recouvre le mammouth (3 m au garrot quand même), il doit se passer un certain temps. Pendant ce temps-là, l’herbe a eu le temps d’être digérée. Mais bon, admettons qu’il soit ballonné... 2. l’eau tombe énormément d’un coup, suffisamment pour recouvrir une bête de 5 m, puis le ciel s’ouvre et glace instantanément sur place la bête, ne lui permettant pas de finir sa digestion. Problème : la masse d’eau aurait du casser le squelette du mammouth. Or, les mammouths retrouvés ne présentent pas au niveau du squelette de fêlures ou brisures. Autre problème, si le ciel s’ouvre, c’est qu’il ne pleut plus (contradiction biblique ?). On est dans la fiction Le Jour d’Après (2004) du film le Jour d’Après pour imaginer l’hypothèse d’une glaciation ou surgélation immédiate et instantanée par - 65°C. Rappelez-vous les hélicoptères congelés... Mais c’est oublier que c’est de la fiction, et que l’hypothèse d’une température s’abaissant aussi rapidement et congelant tout sur son passage est en contradiction totale avec les lois physiques du ciel, mettant en jeu les courants chauds et froids océaniques et marins ... (Référence Science et vie n°1044 sept 2004 par un météorologue qui analysait le scénario catastrophe du film) + Analyse par l’environnementaliste George Monbiot. C’est du cinéma, mais pas la réalité. Mais on peut imaginer qu’il ait congelé vraiment après 40 jours. Alors la putréfaction aurait vraiment pris l’ensemble du corps, et il n’y Via Veritas 44 aurait plus la première couche de peau (les poils, donc). On a de la chance que les requins et autres nettoyeurs des mers n’aient pas dévoré ce menu gastronomique... Continuons dans l’hypothèse. Que sait-on sur ces Mammouths ? Des restes de mammouths congelés ont été découverts dans les parties septentrionales de la Sibérie. Cependant, la croyance populaire selon laquelle les mammouths ont étés gelés instantanément et sont ainsi parfaitement préservés est un mythe propagé par des pseudo-scientifiques comme Immanuel Velikovsky. La bonne conservation est très rare, et implique que l’animal ait été enterré rapidement dans des liquides ou semi-liquides tels que du limon, de la boue ou de l’eau qui auraient ensuite gelé. Plusieurs possibilités sont envisageables. Des mammouths ont pu être piégés dans des marais ou des sables mouvants, et mourir de faim ou de froid, ou encore se noyer. Ils ont pu passer à travers la glace dans des étangs ou des nids de poule. On sait que beaucoup sont morts dans des rivières, probablement en ayant été emportés par leurs flots. Dans la rivière Berelekh en Iakoutie, au nord-est de la Sibérie, plus de 9 000 ossements d’au moins 156 différents individus ont été retrouvés, apparemment rassemblés par le courant. À ce jour, trente-neuf corps préservés ont été trouvés, bien que seulement quatre soient complets. Dans la plupart des cas, la chair montre des signes de putréfaction avant son gel et sa dessiccation. Les histoires de mammouths congelés dont la chair était encore mangeable après décongélation abondent, mais les sources sérieuses 1 indiquent en fait que les cadavres étaient fort décomposés, et que l’odeur était si repoussante que seuls les chiens accompagnant les auteurs de la découverte avaient montré de l’intérêt pour la viande. (Source Wikipédia) Afin de ne pas rester avec une seule source, car nous pouvons encore les accuser de partialité, renseignons-nous sur le pseudo-scientifique Immanuel VELIKOVSKY. Parmi tous ces érudits qui ont voulu réécrire l’histoire du monde, l’un d’entre eux est particulièrement célèbre. C’est Immanuel Velikovsky (1885-1981) qui a brossé, dans ce qu’il a appelé un essai de cosmologie historique, une fresque qui a obtenu un succès commercial mondial, mais non sans contrepartie. Son livre fameux, Worlds in collision (Mondes en collisions), paru en 1950, a eu un double effet. Il a plu au grand public par son côté mystérieux et par le parfum d’érudition qu’il dégage en première lecture. Mais, revers de la médaille, il a contribué à faire passer Velikovsky pour un charlatan qui s’est mis la quasi-totalité de la communauté scientifique de l’époque à dos. Car il faut le redire, même si cet auteur passe encore parfois pour un martyr de la science, son livre est inacceptable sur le plan scientifique, bien que la partie historique soit assez Via Veritas 45 remarquable. La méconnaissance de Velikovsky sur la partie astronomique du sujet est flagrante. Vouloir faire de Vénus une ancienne comète éjectée par Jupiter, il y a seulement quelques milliers d’années, a fait crier à l’imposture tous les astronomes. Les sondes spatiales qui ont étudié Vénus de près ont confirmé que cette planète n’a rien d’une comète capturée il y a 3500 ans.(Source Wikipédia) Bon, là, il y a un loup quand même. Si le Béthel12 adhère à une théorie non-scientifique, on commence à rentrer dans de la fraude intellectuelle !!! Mais bénéfice du doute, bénéfice du doute avant tout. Après tout, nous aussi, nous pouvions continuer d’y croire dur comme fer et puis l’auteur de l’article du Saturday Post du 16 janvier 1960 I.SANDERSON n’avait pas forcément cité ses sources. Allons-y. L’article du Saturday Evening Post affirme que les animaux ont été détruits sans aucun signe de violence. Est-ce que cela est conforme avec l’image d’une inondation assez grande pour couvrir la terre ? La Bible indique que le Déluge « est venu les balayer tous ». Comment le livre Création peut-il argumenter sur le fait que les animaux ont été détruits sans aucun signe de violence ? L’article du Post est lui-même en contradiction avec la photographie du mastodonte présenté avec lui. Cette photo apparaît également à la page 203 du livre Création. Berezovka restauré Il est effectivement visible que le gigantesque mammifère a été enterré dans une position verticale tentant de lutter, mais ce mastodonte à eu une hanche cassée et d’autres os brisés. Sanderson dans le Saturday Evening Post a avancé une théorie qui était si extrême qu’aucun journal scientifique ne le recevrait pour publication. En fait, l’article a simplement perpétué un mythe de longue date, plusieurs de ses rapports étant des exagérations et des faussetés. Ils étaient semblables aux spéculations d’autres auteurs de l’époque, (que je vous ai cité au-dessus) et parfois ont été encore exagérés par les auteurs qui ont cité l’article. Plusieurs des rapports de Sanderson se rapportent clairement à la découverte en 1899 du célèbre mammouth de Berezovka, que l’on peut retrouver à la page 203 du livre Création, ils sont facilement mis en faute quand on les compare à la source. Naturellement, Sanderson ne donne aucune référence sur la source de laquelle il tire ses hypothèses. Pourtant on peut imaginer que c’est plausible lorsqu’on tient absolument à ses preuves ! Nous déchantons rapidement. En octobre 2000, un livre en langue française est paru sur les mammouths congelés en Sibérie « Sur la piste du Mammouth ». Il s’agit du récit de la découverte et 12 Béthel de Brooklyn : maison-mère des Témoins de Jéhovah. Via Veritas 46 de l’extraction du Mammouth Jarkov par Bernard Buigues. Voici ce qu’on peut en retirer. Sur la piste du Mammouth • Le Mammouth était vraiment fait pour le froid intense. (En contradiction donc avec l’affirmation du livre disant qu’ils étaient dans des pâturages ensoleillés) Ses oreilles avaient diminué en taille pour donner moins de prise au vent, sa queue s’était réduite. Il avait développé un clapet anal, une sorte d’opercule qui fermait l’anus pour éviter le refroidissement de l’intérieur du corps, et surtout, il s’était couvert d’une toison épaisse, très sophistiquée, qui le protégeait des températures extrêmes. A l’extérieur, de longs poils grossiers de plus d’un mètre de long le recouvraient. Ils étaient robustes, d’une belle couleur dorée et six fois plus gros que les cheveux humains. Dessous, une couche de sous-poils fins, courts, soyeux, et, au contact de la peau, un duvet laineux, molletonné, de cinq centimètres d’épaisseur. Toutes les parties du corps étaient pourvues de poils, même les oreilles, la tête et la trompe. Enfin, il avait entre chair et peau une couche de graisse de deux à cinq centimètres. Ainsi pouvait-il affronter des températures polaires de -40°C. Le mammouth n’était donc pas fait pour vivre sous un climat tropical, ou semi-tropical. Mais bien pour le froid. • Ce qu’on sait, c’est que les mammouths mangeaient des herbes qu’on ne trouve que dans des marécages. Pour bien digérer leur cent quatre-vingts kilos d’herbe quotidienne, les mammouths devaient avaler une quantité inimaginable d’eau. Voilà pourquoi ils séjournaient une grande partie de leur temps dans les mares et les étangs. Peut-être même nageaient-ils. Toutefois, dans ces marécages, l’effet de succion avec la vase est extrêmement fort et des trous existent, entraînant avec eux quiconque se trouve au-dessus. Vu la position de l’animal, les scientifiques s’accordent sur le fait que l’animal à perdu la vie en s’enlisant. L’étude des mammouths et autres bestioles qui n’existent plus est passionnante ! Nous ne nous étendrons pas plus sur le sujet, car cela suffirait à remplir au moins 20 pages. Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’ils ne sont pas morts par un Déluge d’eau, et qu’ils ne vivaient pas dans des prairies ensoleillées, car leur corps n’était pas fait pour ça, que leur nourriture était typique de la Sibérie et de sa végétation telle que nous la connaissons ! Que c’est un mensonge que de dire qu’ils étaient en « parfait état de conservation et qu’on pouvait le manger » car seul les chiens ont pu en manger quelques morceaux vu l’odeur de putréfaction du mammouth que la Watchtower Via Veritas 47 cite ! Voici d’ailleurs la source véritable et les explications : O. F. Herz, Frozen Mammoth in Siberia, Smithsonian Institution Annual Report for 1903, p. 614, 1903. En fait seulement les parties superficielles du mammouth Berezovka ont été préservées. La plupart des organes internes s’étaient déjà décomposés longtemps avant qu’on ne le découvre. Voici ce que nous rapporte le rapporteur de l’expédition. .... les restes de nourriture dans l’estomac ont été excavés. Ce dernier était sérieusement délabré (...). Les parois de l’estomac (...) étaient sérieusement délabrées et déchirées (...) les autres organes étaient détruits (...). J’ai rassemblé des morceaux de sang (...). Au contact, le sang desséché ressemblait à du sable (...) avec une couleur jaunâtre, au contact on aurait dit comme de la craie (...). L’odeur n’était plus si intolérable comme pendant les deux premiers jours, probablement parce que nous nous étions accoutumés à celle-ci [p 620-622] La chair du mastodonte était-elle comestible une fois dégelée. ? La chair prise sous l’épaule, fibreuse et marbrée avec de la graisse, est rouge foncé et paraît aussi fraîche que de la viande bien ferme de bœuf ou de cheval. Elle paraissait si appétissante que nous nous sommes demandé pendant un certain temps si nous ne devions pas la goûter, mais personne n’essayât d’en avaler. Les chiens ont nettoyé la viande du mastodonte qui leur était jetée [p612] Précisons au passage, que nous trouvons cela aussi sur les sites créationnistes comme Answers in Genesisqui , à défaut de croire au Déluge, donnent leurs sources ! Meilleur moyen pour se faire taper dessus après, car la référence une fois donnée et trouvée délivre toutes les explications et non pas une sélection de certaines paroles pour confirmer la théorie du Déluge. Maintenant, nous ne disons pas qu’on ne puisse pas manger un mammouth qu’on trouvera en parfait état de conservation (chose rare), mais nous pointons du doigt la source du Béthel qui affirme péremptoirement que c’était possible pour le Mammouth Berezovka ! Pas de logique, pas d’explications, par de sources fiables. On peut à ce moment là se poser des questions ! En creusant encore et encore la question des mammouths gelés (ce qui semble pour beaucoup de Témoins de Jéhovah, la preuve externe à la Bible la plus forte d’un Déluge universel et soudain sur l’ensemble de la planète), on ne trouve maintenant que des preuves contraires infirmant l’hypothèse qu’un Déluge soit la preuve de leur décès. Bien plus, chaque élément de découverte sur ces animaux remet en cause et met à mal la théorie d’un Déluge universel. Faisait-il froid avant le Déluge ? Certains tenants de l’explication du Déluge expliquent que les animaux vivaient près de l’arche pour pouvoir être rassemblé en quelques jours, et donc devaient résider dans un climat semblable. Ni trop chaud ni trop froid pour tout le monde. (Car un Grand Empereur qu’on ne trouve que dans l’Antarctique devait nager vite et supporter le changement de température entre le Pole Sud et le Moyen Orient). Les Pôles existaient ils ? Point important car l’inclinaison de la Terre, telle que nous la connaissons aujourd’hui, en dépend. Si oui, alors les différents climats aussi. Donc, les saisons qui sont les conséquences de la rotation du globe autour du soleil ainsi que de l’écliptique. On est encore en contradiction avec Genèse 8 :22 qui nous indique une Via Veritas 48 institution des saisons. Création divine pour expliquer la pluie, et donc l’arc-en-ciel. Sinon, alors pour un même climat sur la Terre, il aurait fallut qu’elle soit plate, car l’angle d’incidence des rayons du soleil est la déterminante des glaces aux pôles (climat qui vient du mot grec signifiant inclinaison) Bref, sphéricité de la Terre + écliptique + rotation de la Terre autour du Soleil = saisons, climats, pôles glacés... Mais les saisons existaient (il y a combien de saisons au fait ?) suivant Genèse 1:14 ! (contradiction biblique) Donc, les 4 saisons que connaît la région de Noé. Alors, comment faisaient les animaux polaires et les animaux tropicaux pour cohabiter ? Noé et son Arc-en-ciel Selon la Bible, Noé a t-il connu l’arc-en-ciel qu’après le déluge ? Par Popper. L’arc-en-ciel est considéré par les fondamentalistes comme une preuve qu’il ne pleuvait pas avant le déluge et que c’est une institution divine. Qu’en est-il réellement ? Afin de mieux comprendre le symbolisme de l’arc-en-ciel et ses conséquences théologiques, reprenons ce que dit la Bible : Genèse 2 :5-6 5."Lorsque l’Éternel Dieu fit une terre et des cieux, aucun arbuste des champs n’était encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne germait encore : car l’Éternel Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait point d’homme pour cultiver le sol. 6. Mais une vapeur s’éleva de la terre, et arrosa toute la surface du sol. " (Bible Louis Segond) Ainsi, la croyance est qu’il n’y avait pas de pluie avant le déluge. Quel rapport avec l’arc-en-ciel me direz-vous ? Et bien, lorsqu’on ne connait pas vraiment le phénomène physique de l’arc-en-ciel on s’imagine que pluie + soleil = arc-en-ciel et qu’il n’y pas d’arc-en-ciel sans pluie. Suivant la Bible lorsque Noé sortit de l’arche, il vit un arc-en-ciel qui fut créé par Dieu à ce moment-la. C’est le signe de l’alliance Divine envers les hommes qu’il n’y aurait plus jamais de Déluge sur la Terre. Continuons la lecture du récit. Genèse 9 : 11-17 11 J’établis mon alliance avec vous : aucune chair ne sera plus exterminée par les eaux du déluge, et il n’y aura plus de déluge pour détruire la terre. 12 Et Dieu dit : C’est ici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour Via Veritas 49 les générations à toujours : 13 j’ai placé mon arc dans la nue, et il servira de signe d’alliance entre moi et la terre. 14 Quand j’aurai rassemblé des nuages au-dessus de la terre, l’arc paraîtra dans la nue ; 15 et je me souviendrai de mon alliance entre moi et vous, et tous les êtres vivants, de toute chair, et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair. 16 L’arc sera dans la nue ; et je le regarderai, pour me souvenir de l’alliance perpétuelle entre Dieu et tous les êtres vivants, de toute chair qui est sur la terre. 17 Et Dieu dit à Noé : Tel est le signe de l’alliance que j’établis entre moi et toute chair qui est sur la terre. Avez-vous noté les conditions données par Dieu pour l’apparition de l’arc-en-ciel ? Dieu doit réunir des nuages. Signifiant par la même occasion qu’il n’y avait pas de nuages auparavant ?!? Le récit nous apprend même qu’il institue les saisons(Genèse 8:22). Nous faisant comprendre qu’avant le Déluge, il n’y avait pas 4 saisons mais 1 seule ?!? Que nous enseigne la science à ce sujet ? (Cette maudite science qui n’est là que pour contredire la Bible suivant certains fondamentalistes comme les TJ) La définition simpliste est "un arc-en-ciel est un phénomène optique et météorologique qui rend visible le spectre continu de la lumière du ciel quand le soleil brille pendant la pluie. C’est un arc coloré avec le rouge à l’extérieur et le violet à l’intérieur" Étudions brièvement la description physique : On peut observer l’effet d’arc-en-ciel toutes les fois où il y a de l’eau en suspension dans l’air et qu’une source lumineuse (en général le Soleil) brille derrière l’observateur. L’arc-en-ciel est provoqué par la dispersion de la lumière du soleil par des gouttes de pluie approximativement sphériques. La lumière est d’abord réfractée en pénétrant la surface de la goutte, subit ensuite une réflexion partielle à l’arrière de cette goutte et est réfractée à nouveau en sortant. L’effet global est que la lumière entrante est réfléchie vers l’arrière sous un angle d’environ 40-42°, indépendamment de la taille de la goutte. La valeur précise de l’angle de réflexion dépend de la longueur d’onde (la couleur) des composantes de la lumière. La lumière bleue est réfractée à un plus grand angle que la lumière rouge, mais en raison de la réflexion totale, la lumière rouge apparaît plus haut dans le ciel et forme la couleur externe de l’arc-en-ciel. Un arc-en-ciel n’a donc pas réellement d’existence physique mais est une illusion optique dont la position apparente dépend de la position de l’observateur. Toutes les gouttes de pluie réfractent et reflètent la lumière du soleil de la même manière, mais seulement la lumière d’une petite partie des gouttes de pluie atteint l’œil de l’observateur. C’est l’image formée par la lumière de ces gouttes de pluie que nous voyons sous forme d’arc-en-ciel. (Source Wikipedia) Et alors me direz-vous ? Quel est le problème ? La Bible est bien en accord avec la science. Et bien non ! Cela est bien méconnaître les apparitions de l’arc-en-ciel. Regardez ces 3 photos. Via Veritas 50 SeaRainbow MistRainbow WaterfallRainbow Vous ne remarquez rien ? C’est pourtant simple. Il n’y a pas de pluie et pourtant il y a un arc-enciel. Pourquoi ? Tout simplement car la vapeur d’eau produite par la chaleur du soleil sur l’eau est constitué de milliards de gouttes d’eau et s'élève suffisamment pour qu’un observateur voit ce phénomène optique. Nous le voyons sur ces photos avec un arc-en-ciel sur la mer, dans le brouillard et près d’une chute d’eau. Si Noé n’avait jamais vu d’arc-en-ciel, cela signifie qu’il n’était pas près de la mer, qu’il n’y avait pas de chutes d’eau et pas de brouillard. OR le récit de Genèse au chapitre 2 nous parle d’une vapeur, d’autres traductions parle d’un flot. Je vous rappelle que le brouillard est du à la condensation de la vapeur d’eau atmosphérique en gouttelettes, qui restent en suspension dans l’air en quantité suffisante pour réduire la visibilité et que cela peut se produire par l'évaporation. Voir Formation du Brouillard Il fallait une quantité d’eau importante pour irriguer les arbres qui ont permis la construction de l’arche, et les plantes permettant aux animaux de se nourrir. Par quel phénomène physique Dieu Via Veritas 51 empechait-il la formation d’un arc-en-ciel à ce moment là, pour ne le faire apparaitre que lors de la sortie de l’Arche ? Les premiers hommes de la Bible n’avaient-ils jamais vu une cascade d’eau ? Que dire aussi des arcs primaires qui se produisent par l’image virtuelle du soleil en reflexion sur un plan d’eau ? Pendant tous ces mois dans l’arche, pourquoi Noé n’a t-il pas vu d’arc-en-ciels sur la mer, alors que les conditions etaient réunies ? Non ! l’arc-en-ciel n’est pas une création divine faite à la sortie de l’arche, phénomène tellement nouveau que Noé l’attribua à Dieu et que Moïse le nota dans la Genèse, car Dieu avait parlé à ce moment là. C’est bien mal connaître l’arc-en-ciel. Si vous désirez en savoir plus, je vous renvoie à l’article (format PDF) traitant de La physique et le symbolisme de l’arc-en-ciel par Pierre Boyer. "Un système de cet ordre ne paraît ni suffisamment complet, ni suffisamment agréable à l’esprit."( Nicolas COPERNIC 1473 - 1543) Un récit inscrit dans la pierre à Sumer Par Lucretius L’Épopée de Gilgamesh - Onzième tablette : "Ut-napishim répondit à Gilgamesh en ces termes : "Gilgamesh, je voudrai te révéler une chose cachée ( ...) laisse les richesses, cherche la vie sauve, renonce aux possessions, sauve les vivants, fais monter à l’intérieur du bateau un rejeton de tout être vivant. Quant au bateau que tu construiras, celui-là, que ses dimensions se correspondent entre elles : égales en seront la largeur et la longueur ; couvre le comme est couvert l’abîme (...) tout ce que j’avais comme êtres vivants, je l’en chargeai, je fis monter sur le bateau les parents et les familles, les animaux domestiques et sauvages (...) Pendant six jours et sept nuits, le vent persista, l’ouragan diluvien écrasa la terre(...) C’est au mont Niçir que la bateau accosta. : le mont Niçir retient le bateau et ne le laissa plus bouger (...) Quand arriva le septième jour, je fis sortir la colombe et la laissa aller : la colombe s’en alla, s’élança, mais aucun perchoir ne lui apparaissant, elle fit demi-tour. Je fis sortir une hirondelle et la laissa aller, l’hirondelle s’en alla, s’élança, mais aucun perchoir ne lui apparaissant, elle fit demi-tour, je fis sortir le corbeau et le laissai aller ; le corbeau s’en alla et, voyant les eaux s’écouler ; il se mit à manger, voltigea, fienta et ne fit pas demi-tour. Ayant tout fait sortir aux quatre vents, j’allai sacrifier, je répandis une offrande au sommet de la montagne. Je disposais en vis à vis sept et sept récipients, au creux desquels je versai acore, cèdre et myrte. Les dieux en flairèrent l’odeur, les dieux en flairèrent la bonne odeur". Les archéologues ont trouvé en Asie Mineure des traductions de l’épopée de Gilgamesh en hurrite et en hittite ce qui prouve que le texte a été traduit et pastiché un peu partout et que la similitude avec la Bible n’est pas le fruit du hasard. Sources : S.N Kramer "L’histoire commence à Sumer", "L’épopée de Gilgamesh" Raymond Tournay (Les éditions du Cerf), "Au cœur des mythologies" Lacarrière Via Veritas 52 Et à propos de l’épopée de Gilgamesh : http://www.herodote.net/motGilgamesh.htm 2600 ans avant JC Gilgamesh raconte le déluge Le 3 décembre 1872, devant la Société d’Archéologie Biblique de Londres, George Smith (32 ans), un spécialiste en assyriologie du British Museum raconte le déluge tel qu’il est décrit sur des tablettes d’argile originaires de... Chaldée, en Mésopotamie. Ces tablettes remontent aux environs du XIIIe siècle avant JC. Elles sont écrites en caractères cunéiformes, la plus ancienne écriture connue et montrent que le mythe du déluge est antérieur à la Bible ! Un quotidien, le Daily Telegraph, finance sans attendre une expédition sur le site de Ninive, antique cité de Mésopotamie concurrente de Babylone. De nouvelles tablettes, découvertes par centaines, révèlent l’épopée légendaire d’un roi en quête d’immortalité, Gilgamesh, qui aurait vécu vers 2600 avant JC. C’est à l’intérieur de cette épopée que se situe le récit d’un déluge. Il pourrait s’agir de la transfiguration d’un cataclysme qui s’est produit il y a 7.500 ans, quand la Méditerranée s’est déversée par le détroit des Dardanelles dans un lac qui est aujourd’hui la mer Noire, avec un niveau de 100 mètres plus élevé qu’auparavant. Daniel et les sept Temps des Gentils 1. le récit biblique Par Lucretius Le livre de Daniel au chapitre 4 retrace un épisode particulièrement humiliant pour Nebukadnezzar (Nabuchodonozor) roi de Babylone, épisode censé se dérouler au VIème siècle av. n.e. Pour l’avertir de l’épisode de folie qu’il allait bientôt connaître, Daniel, exilé juif en Chaldée, donne au roi babylonien l’explication d’un rève étrange. Voici le texte biblique, selon la version Second : Dan 4:1-37 Nebucadnetsar, roi, à tous les peuples, aux nations, aux hommes de toutes langues, qui habitent sur toute la terre. Que la paix vous soit donnée avec abondance ! (2) Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu suprême a opérés à mon égard. (3) Que ses signes sont grands ! que ses prodiges sont puissants ! Son règne est un règne éternel, et sa domination subsiste de génération en génération. (4) Moi, Nebucadnetsar, je vivais tranquille dans ma maison, et heureux dans mon palais. (5) J’ai eu un songe qui m’a effrayé ; les pensées dont j’étais poursuivi sur ma couche et les visions de mon esprit me remplissaient d’épouvante. (6) J’ordonnai qu’on fît venir devant moi tous les sages de Babylone, afin qu’ils me donnassent l’explication du songe. Via Veritas 53 (7) Alors vinrent les magiciens, les astrologues, les Chaldéens et les devins. Je leur dis le songe, et ils ne m’en donnèrent point l’explication. (8) En dernier lieu, se présenta devant moi Daniel, nommé Beltschatsar d’après le nom de mon dieu, et qui a en lui l’esprit des dieux saints. Je lui dis le songe : (9) Beltschatsar, chef des magiciens, qui as en toi, je le sais, l’esprit des dieux saints, et pour qui aucun secret n’est difficile, donne-moi l’explication des visions que j’ai eues en songe. (10) Voici les visions de mon esprit, pendant que j’étais sur ma couche. Je regardais, et voici, il y avait au milieu de la terre un arbre d’une grande hauteur. (11) Cet arbre était devenu grand et fort, sa cime s’élevait jusqu’aux cieux, et on le voyait des extrémités de toute la terre. (12) Son feuillage était beau, et ses fruits abondants ; il portait de la nourriture pour tous ; les bêtes des champs s’abritaient sous son ombre, les oiseaux du ciel faisaient leur demeure parmi ses branches, et tout être vivant tirait de lui sa nourriture. (13) Dans les visions de mon esprit, que j’avais sur ma couche, je regardais, et voici, un de ceux qui veillent et qui sont saints descendit des cieux. (14) Il cria avec force et parla ainsi : Abattez l’arbre, et coupez ses branches ; secouez le feuillage, et dispersez les fruits ; que les bêtes fuient de dessous, et les oiseaux du milieu de ses branches ! (15) Mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer et d’airain, parmi l’herbe des champs. Qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et qu’il ait, comme les bêtes, l’herbe de la terre pour partage. (16) Son coeur d’homme lui sera ôté, et un coeur de bête lui sera donné ; et sept temps passeront sur lui. (17) Cette sentence est un décret de ceux qui veillent, cette résolution est un ordre des saints, afin que les vivants sachent que le Très Haut domine sur le règne des hommes, qu’il le donne à qui il lui plaît, et qu’il y élève le plus vil des hommes. (18) Voilà le songe que j’ai eu, moi, le roi Nebucadnetsar. Toi, Beltschatsar, donnes-en l’explication, puisque tous les sages de mon royaume ne peuvent me la donner ; toi, tu le peux, car tu as en toi l’esprit des dieux saints. (19) Alors Daniel, nommé Beltschatsar, fut un moment stupéfait, et ses pensées le troublaient. Le roi reprit et dit : Beltschatsar, que le songe et l’explication ne te troublent pas ! Et Beltschatsar répondit : Mon seigneur, que le songe soit pour tes ennemis, et son explication pour tes adversaires ! (20) L’arbre que tu as vu, qui était devenu grand et fort, dont la cime s’élevait jusqu’aux cieux, et qu’on voyait de tous les points de la terre ; (21) cet arbre, dont le feuillage était beau et les fruits abondants, qui portait de la nourriture pour tous, sous lequel s’abritaient les bêtes des champs, et parmi les branches duquel les oiseaux du ciel faisaient leur demeure, (22) c’est toi, ô roi, qui es devenu grand et fort, dont la grandeur s’est accrue et s’est élevée jusqu’aux cieux, et dont la domination s’étend jusqu’aux extrémités de la terre. (23) Le roi a vu l’un de ceux qui veillent et qui sont saints descendre des cieux et dire : Abattez l’arbre, et détruisez-le ; mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer et d’airain, parmi l’herbe des champs ; qu’il soit trempé de la rosée du ciel, et que son partage soit avec les bêtes des champs, jusqu’à ce que sept temps soient passés sur lui. (24) Voici l’explication, ô roi, voici le décret du Très Haut, qui s’accomplira sur mon seigneur le roi. (25) On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, et l’on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger ; tu seras trempé de la rosée du ciel, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très Haut domine sur Via Veritas 54 le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. (26) L’ordre de laisser le tronc où se trouvent les racines de l’arbre signifie que ton royaume te restera quand tu reconnaîtras que celui qui domine est dans les cieux. (27) C’est pourquoi, ô roi, puisse mon conseil te plaire ! mets un terme à tes péchés en pratiquant la justice, et à tes iniquités en usant de compassion envers les malheureux, et ton bonheur pourra se prolonger. (28) Toutes ces choses se sont accomplies sur le roi Nebucadnetsar. (29) Au bout de douze mois, comme il se promenait dans le palais royal à Babylone, (30) le roi prit la parole et dit : N’est-ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie, comme résidence royale, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ? (31) La parole était encore dans la bouche du roi, qu’une voix descendit du ciel : Apprends, roi Nebucadnetsar, qu’on va t’enlever le royaume. (32) On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger ; et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. (33) Au même instant la parole s’accomplit sur Nebucadnetsar. Il fut chassé du milieu des hommes, il mangea de l’herbe comme les boeufs, son corps fut trempé de la rosée du ciel ; jusqu’à ce que ses cheveux crussent comme les plumes des aigles, et ses ongles comme ceux des oiseaux. (34) Après le temps marqué, moi, Nebucadnetsar, je levai les yeux vers le ciel, et la raison me revint. J’ai béni le Très Haut, j’ai loué et glorifié celui qui vit éternellement, celui dont la domination est une domination éternelle, et dont le règne subsiste de génération en génération. (35) Tous les habitants de la terre ne sont à ses yeux que néant : il agit comme il lui plaît avec l’armée des cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa main et qui lui dise : Que fais-tu ? (36) En ce temps, la raison me revint ; la gloire de mon royaume, ma magnificence et ma splendeur me furent rendues ; mes conseillers et mes grands me redemandèrent ; je fus rétabli dans mon royaume, et ma puissance ne fit que s’accroître. (37) Maintenant, moi, Nebucadnetsar, je loue, j’exalte et je glorifie le roi des cieux, dont toutes les oeuvres sont vraies et les voies justes, et qui peut abaisser ceux qui marchent avec orgueil. 2. l’interprétation jéhoviste L’interprétation jéhoviste est un artifice intellectuel qui tient de la divination. Tout part de la prophétie des sept temps consignée au chapitre 4 du livre de Daniel. La vision donnée au roi Neboukadnetsar a trait à son humiliation pour sept périodes de temps. Mais que faire de cette vision ? Pour Charles Taze Russell , mais aussi pour William Miller avant lui, la vision a forcément une signification prophétique non seulement mondiale mais liée à la venue du Christ. D’où un raisonnement alambiqué que le Témoin de Jéhovah moyen ne serait pas capable de redonner sans l’avoir révisé auparavant. C’est vous dire combien naturel et spontané peut en être l’exposé. Via Veritas 55 Reprenons les points essentiels de la thèse jéhoviste : • 1. Le roi babylonien Neboukadnetsar, supplanteur et destructeur du royaume de Juda, qui devint fou se comportant en animal et retrouva finalement sa royauté est figuré par un arbre coupé dont la souche encore vivante est liée pour un temps. Selon la Watchtower,« “ l’arbre ” représente, par-delà son application à Neboukadnetsar et avec bien plus de portée, la souveraineté ou domination mondiale par le moyen voulu par Dieu »13. Nous ne pourrons que nous étonner qu’un adversaire direct d’une puissance honnie par Dieu puisse représenter de quelque façon sa souveraineté. • 2. La durée de mise au repos de la domination mondiale de Dieu est de 2 520 ans. Voyez combien le calcul est simple et immédiat. Les sept temps sont sept années. Mais les années ne sont pas de 365.25 jours comme on pourrait s’y attendre. Que nenni. Voici la solution préconisée par les Témoins de Jéhovah selon le livre Études perspicaces des Écritures - Temps fixés des nations : Il s’avère que dans cet usage la durée d’une année est de 360 jours, dans la mesure où en Révélation 12:6, 14 trois temps et demi sont donnés comme équivalant à “ mille deux cent soixante jours ”. (Voir aussi Ré 11:2, 3.) Selon ce calcul, “ sept temps ” équivaudraient à 2 520 jours. La lecture des textes de Nombres 14:34 et d’Ézékiel 4:6 montre que dans le récit biblique un nombre précis de jours peut représenter prophétiquement un nombre équivalent d’années. C’est à la seule condition d’appliquer aux “ sept temps ” de cette prophétie la règle énoncée dans les deux versets précités, à savoir “ un jour pour une année ”, que la vision de Daniel chapitre 4 peut trouver un accomplissement d’une réelle portée par-delà l’époque de Neboukadnetsar maintenant disparu, comme les faits présentés jusqu’ici donnent à le penser. Ces “ sept temps ” représentent par conséquent 2 520 années. Vous avez lu la justification de la transformation des jours en années : c’est parce que sinon on n’arrive pas à dépasser l’époque de Neboukadnetsar. Ce qui est inconcevable. Donc c’est la bonne lecture de la prophétie. Et devoir en passer par les livres de Daniel, des Nombres, d’Ezeckiel, de la Révélation, pour suivre un hypothétique et invraisemblable jeu de piste à travers des expressions figurant dans des contextes différents, dans des langues parfois différentes (hébreue et grecque), donc avec un sens différent, ne semblent pas entamer l’enthousiasme de la Watchtower pour l’éclair de génie de William Miller en 1836. • 3. La date de commencement du décompte est fixée impérativement à 607 avant notre ère au moment où, selon l’explication jéhoviste, la souche de l’arbre a été liée, c’est à dire Jérusalem est tombée aux mains des Babyloniens. Les historiens s’opposeront à cette date qui n’a été conservée par les Témoins de Jéhovah qu’à cause de son importance cruciale pour le mouvement. Si bien que le calcul nous mène tout droit à l’année emblématique des Témoins de Jéhovah : 1914. Livre Qu’enseigne réellement la Bible (2005), p. 217 : Les 2 520 ans ont commencé en octobre 607 avant notre ère, quand Jérusalem est tombée aux mains des Babyloniens et que le roi de la lignée de David a été détrôné. Ils se sont terminés en octobre 1914. “ Les temps fixés des nations ” ont pris fin à ce moment-là, et Jésus Christ a été installé comme Roi céleste de 13 Études perspicaces des Écritures – temps fixés des nations Via Veritas 56 Dieu. — Psaume 2:1-6 ; Daniel 7:13, 14. Chacun des éléments de cette construction prophétique est absolument contestable. Démontrons-le. 3. des points dérangeants Si la construction prophétique de la Watchtower relative à la prophétie de Daniel semble, a priori, satisfaisante sur le plan intellectuel, un certain nombre de points dérangeants sont à signaler. 1. Pourquoi aller au-delà de ce qui est écrit ? (1 Corinthiens 4:6) Or, frères, ces choses, je les ai présentées sous une autre forme, de manière à ce qu’elles s’appliquent à moi et à Apollos pour votre bien, pour que, dans notre cas, vous appreniez cette [règle] : “ N’allez pas au-delà de ce qui est écrit ”, afin que, individuellement, vous ne vous gonfliez pas [d’orgueil] en faveur de l’un contre l’autre. Oui, pourquoi aller au-delà de ce qui est écrit ? Car, en effet, objectivement, qu’est-ce qui indique qu’il faille torturer cette vision pour en sortir autre chose que ce que dit le verset 32 : On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, on te donnera comme aux boeufs de l’herbe à manger ; et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. . Notez bien que le verset ne dit pas " et afin que mes serviteurs discernent, avec l’intelligence qui a de la sagesse, l’époque à laquelle j’installerai mon roi oint pour l’éternité", ce qui aurait eu le mérite de lever toute ambiguïté. Mais, et je le regrette, ce que le texte biblique dit c’est quelque chose comme : c’est moi, Dieu , je suis le Tout-Puissant et je fais ce que je veux, et toi mon gars, tu vas apprendre l’humilité. C’est une leçon d’humilité donnée à un roi idolâtre et vantard et la fin du chapitre montre que ce roi avait compris la leçon. Du reste, cette mésaventure allait rester, selon le rédacteur, dans les souvenirs familiaux puisque nous lisons, rapporté par son petit-fils Belshazzar : Dan 5:20-21 Mais lorsque son coeur s’éleva et que son esprit s’endurcit jusqu’à l’arrogance, il fut précipité de son trône royal et dépouillé de sa gloire ; (21) il fut chassé du milieu des enfants des hommes, son coeur devint semblable à celui des bêtes, et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on lui donna comme aux boeufs de l’herbe à manger, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu’à ce qu’il reconnût que le Dieu suprême domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. Ça va, leçon bien apprise, objectif atteint. Notez, et c’est intéressant que la référence capitale aux sept temps a disparu du texte biblique car non essentielle à l’épisode. Mais alors, pourquoi forcer le sens de la vision ? Nous y répondrons au point 3. 2. Sept temps ou sept ans ? Voyez-vous la différence entre temps et ans ? Pas trop si l’on considère que la période était vaguement définie, mais beaucoup si l’on introduit une précision calculatoire. Car, nous lisons bien temps dans la TMN (Traduction du Monde Nouveau - version jéhoviste) et dans la version Second cité dans l’article précédent et non ans. Mais que peut bien dire le texte original ? Le TWOT ( Theological Wordbook of the Old Testament by R. Laird Harris, Gleason L. Archer, and Bruce K. Waltke) dit ceci à l’entrée temps à propos de notre expression bien étrange : "Mot araméen ’iddan référence croisée de Strong : 5732 Via Veritas 57 Définition : temps, période, année, ère ’iddan est probablement un mot emprunté à l’akkadien e/adanu, adannu, haddnnu. les deux sens basiques sont un point dans le temps et une période de temps. Le mot revient à treize reprises chaque fois dans Daniel avec trois nuances de sens différentes. (...) Troisièmement,le fonction d’’iddan en Daniel chapitre 4 est quelque peu problèmatique. Dans ce chapitre les versets 16,23,25 et 32 emploient la phrase shib’a ’iddanin, littéralement sept temps. Cependant la LXX (Septante), Flavius Josèphe et les commentateurs traditionnels juifs ont compris la phrase comme signifiant sept ans (voir J. J. Slotki, Daniel, Ezra, Nehemiah, London : The Soncino Press, 1951, p. 33). Toutefois, il n’est pas nécessaire de considérer ’iddan comme se rapportant à une période définie dans ces versets et la traduction de la NASB (New American Standard Bible) en "sept périodes de temps" est probablement préférable à toute autre expression plus spécifique à la fois en Daniel chapitre 4 et en Dan 7:12." A ce propos, et suivant cet avis, la Bible d’André Chouraqui (1989) rend précisément, au verset 16, shib’a ’iddanin par sept périodes de temps. Amis des constructions prophétiques, vos bases sont-elles solides ? Pour semer encore plus le doute (n’oublions pas la devise du site) voici le commentaire des hébraïsants Keil et Delitzsch à propos du verset 16 (in Keil & Delitzsch Commentary on the Old Testament / Johann (C.F.) Keil (1807-1888) & Franz Delitzsch (1813-1890)) : "Et sept temps passeront sur lui - dans les circonstances décrites, cad sa condition captive, sept temps passeront sur lui. Suivant l’exemple de la LXX et de Josèphe, beaucoup de traducteurs anciens et modernes ont remplacé le mot ’iddan par année car les temps en Dan 7:25 ; 12:7 sont aussi des années ; et qu’en Dan 4:29 mention est faite de 12 mois. Mais, à l’analyse, et dans Dan 4:29 la durée d’’iddan ne peut être fixée et en en Dan 7:25 ; 12:7 les temps ne sont pas des années. ’iddan désigne une période de temps défini, dont la longueur et la durée peuvent être très différents. Sept est "la mesure et la signature de l’histoire du développement du royaume de Dieu et de tous les facteurs et phénomènes significatifs pour lui" (Lämmert’s “Revision of the biblical Symbolical Numbers” in the Jahrbb.f. deutsche Theol. ix. p. 11) ou selon Lyers, in Herzog’s Realencykl. xviii. p. 366, l’exprime lui-même "la signature de toutes les actions de Dieu en jugement et en miséricorde, punitions, expiations, consécrations, bénédictions en rapport avec l’économie de la rédemption s’accomplissant à travers le temps." En accord avec cela, les sept temps correspondent à la durée de la punition divine qui fut décidée contre Nebucadnezzar conformément au projet et l’histoire de la rédemption. Quant à savoir si ces temps doivent être compris comme des années, des mois, des semaines, cela n’est pas précisé et ne peut être déterminé du tout. L’hypothèse qu’ils signifient sept ans "ne peut être conciliée avec le fait que Nebucadnezzar ait recouvré la raison, chose qui n’arrive que très rarement après une si longue maladie mentale (J. B. Friedreich, Zur Bibel. Naturhist., anthrop. u. med. Fragmente, i. p. 316)." Si les sept temps ne sont pas sept ans, alors c’en est fini des 2520 ans et des élucubrations prophétiques adventistes. 3. L’origine du calcul prophétique jéhoviste Nombre de Témoins de Jéhovah croient que le calcul des sept temps des Gentils basé sur Daniel 4 est une intuition lumineuse de Charles Taze Russell, fondateur du mouvement, sous la direction bienveillante de l’esprit saint. Pas de chance il n'a rien inventé. Via Veritas 58 4. l’origine de l’interprétation Rien n’est plus faux que de croire à l’invention originale du calcul des sept temps des Gentils par Charles Taze Russell. Ce calcul est en fait l’un des derniers avatars d’une recherche désespérée de la durée des temps des Gentils qui apparaissent en Luc 21:24. "et ils tomberont sous le tranchant de l’épée et seront emmenés captifs dans toutes les nations ; et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu’à ce que les temps fixés des nations soient accomplis."(TMN) Pendant plusieurs siècles, les commentateurs bibliques pensaient que leur durée seraient de 1260 années, en s’appuyant sur Révélation 11:3 et sur le principe discutable d’un jour pour une année. (Révélation 11:3, TMN) Et je ferai que mes deux témoins prophétisent pendant mille deux cent soixante jours, vêtus de toiles de sac. [...] Dans son livre en anglais "The Gentile Times Reconsidered - Chronology and Christ’s Return" (édition Commentary Press Atlanta - 2004), Carl Olof Johnson fait un historique des multiples tentatives pour deviner la date de la fin des temps des Gentils. Basée sur la croyance en la chronologie de Révélation 11:3, l’auteur distingue, toutes les dates étant de notre ère : Date de publication Joachim de Floris 1195 Arnold de Villanova 1300 Walter Brute 1393 Martin Luther 1530 A. Osiander 1545 J. Funck 1558 G. Nigrinius 1570 Aretius 1573 J. Napier 1593 D. Pareus 1618 J. Tillinghast 1655 J. Artopaeus 1665 Cocceius 1669 T. Beverley 1684 P. Jurieu 1687 R. Flemming, Jr 1701 R. Flemming, Jr 1701 William Whiston 1706 Daubuz 1720 J. Ph. Petri 1768 Lowman 1770 John Gill 1776 Hans Wood 1787 Exégète Via Veritas Application (débutfin) 1-1260 c.74-1364 134-1394 38-1328 412-1672 261-1521 441-1701 312-1572 316-1576 606-1866 396-1656 260-1520 292-1552 437-1697 454-1714 552-1794 606-1848 606-1866 476-1736 587-1847 756-2016 606-1866 620-1880 Remarques Temps des Gentils=1290 ans Temps des Gentils=1290 ans 1260 années de 360 jours 1242 années juliennes A voir 59 J. Bicheno 1793 593-1789 La Révolution Française ! A. Fraser 1795 756-1998 1242 années juliennes G. Bell 1796 537-1797 G. Bell 1796 553-1813 Edward King 1798 538-1798 Galloway 1802 606-1849 1242 années juliennes W. Hales 1803 620-1880 G.S. Faber 1806 606-1866 W. Cuninghame 1813 533-1792 J.H. Frere 1815 533-1792 Lewis Way 1818 531-1791 W.C. Davis 1818 588-1848 J. Bayford 1820 529-1789 Encore la Révolution Française ! John Fry 1822 537-1797 John Aquila Brown 1823 622-1844 1260 années lunaires Pendant plus de sept siècles, on a considéré que les temps des Gentils dureraient 1260 ou 1290 années, chacun des commentateurs bibliques avançant une date ultime sans cesse repoussée. John Aquila Brown va faire charnière, il va doubler le nombre prophétique et passer de 1260 à 2520 en s’appuyant sur Daniel 4 (sans toutefois faire de lien direct avec Lc 21:24) et avec lui , c’est reparti, mais cette fois avec une date de début avant notre ère ... Date de publication John Aquila Brown 1823 William 1827 Cuninghame Henry Drummond 1827 G.S. Faber 1828 Alfred Addis 1829 William Digby 1831 W.A. Holmes 1833 Matthew 1834 Habershon John Fry 1835 William W. Pym 1835 William Miller 1842 Th.R. Birks 1843 Edward B. Elliott 1844 Edward B. Elliott 1844 Matthew 1844 Habershon Matthew 1844 Habershon William 1847 Exégète Via Veritas Application (débutRemarques fin) 604-1917 728-1792 722-1798 657-1864 680-1840 723-1793 685-1835 677-1843 677-1843 673-1847 677-1843 606-1843 727-1793 606-1914 Le mouvement millériste va essaimer Temps des Gentils=2450 ans une alternative 676-1844 601-1919 une deuxième alternative 606-1847 Temps des Gentils=2452 ans 60 Cuninghame J.H. Frere Robert Seeley Robert Seeley Robert Seeley Edward Bickersteth Edward Bickersteth 1848 1849 1849 1849 1850 1850 603-1847 606-1914 570-1950 728-1792 727-1793 602-1918 Anonyme 1856 727-1793 1859 652-1868 1865 1865 1865 652-1867 658/47-1862/73 654-1866 The Rainbow - périodique londonien The Rainbow - périodique londonien The Rainbow - périodique londonien 1870 715-1815 périodique édité par Joseph A. Seiss 1870 698-1822 1870 643-1877 1870 606-1914 1870 598-1922 1871 1871 1874 1875 623-1896 652/49-1868/71 626-1894 606-1914 C.T. Russell 1876 606-1914 E.H. Tuckett M.P. Baxter M.P. Baxter H. Grattan Guinness H. Grattan Guinness H. Grattan Guinness H. Grattan Guinness W.E. Blackstone W.E. Blackstone W.E. Blackstone 1877 1880 1880 651/50-1869/70 695-1825 620-1900 1886 606-1915 Light for the Last Days 1886 604-1917 Light for the Last Days 1886 598-1923 Light for the Last Days 1886 587-1934 Light for the Last Days 1916 1916 1916 606-1915 595-1926 587-1934 The Weekly Evangel The Weekly Evangel The Weekly Evangel Richard C. Shimeall J.S Philipps J.M.N. Frederick W. Farrar The Prophetic Times The Prophetic Times The Prophetic Times The Prophetic Times The Prophetic Times Joseph Baylee P.H.G. Edward White N.H. Barbour Via Veritas Temps des Gentils=2450 ans compté de 606 ou 607 une alternative sa préférence également 677-1843 un pamphlet sous nom "The Watch Tower" The Quaterley Journal of Prophecy Herald of the Morning The Bible Examiner - édité par G. Storrs The Rainbow une alternative 61 Avez-vous besoin d’autre chose pour remplir votre grille de loto ? La détermination de la durée des Temps des Gentils est une véritable machine à générer des nombres aléatoires qui a comblé d’aise les esprits tourmentés de la fin du 19ème siècle. Baignant dans une telle atmosphère, comment aurions nous pu échapper à l’envie de livrer notre propre conclusion ? Aucune des dates annoncées n’a tenu. Et 1914 aurait bien connu le même sort si le plus simple des hasards n’avait pas chargé cette année là d’une aura particulière. En plus l’année 1914 est livrée par un calcul qui s’appuie sur une année particulière et controversée : 607 avant notre ère. 5. 607 avant notre ère L’année 607 avant notre ère ou comment ne pas perdre la face. La date de début du décompte des Temps des Gentils serait selon la doctrine officielle des Témoins de Jéhovah l’année 607 avant notre ère. C’est à cette date, selon leur chronologie, que Jérusalem serait tombée entre les mains de Nebucadnezzar, roi de Babylone. Le problème est qu’ils sont les seuls à soutenir cette date et que les historiens sont d’un tout autre avis. La succession des rois babyloniens est bien connue et bien documentée et tous les témoignages concordent : Jérusalem est tombée entre les mains des Babyloniens en 587 avant notre ère. Cette différence de quelque 20 ans pourrait sembler insignifiante, mais elle suffit à reléguer l’année 1914, date ultime des 2520 années de la construction prophétique, aux oubliettes. Et si 1914 tombe, alors c’est le dernier héritage adventiste de Charles Taze Russell qui disparait aussi, c’est le sentiment d’avoir appartenu à une époque où Jésus a choisi sa véritable église qui s’effiloche. Et çà, c’est inacceptable, il ne faut pas perdre la face. Pourtant les preuves pour infirmer 607 avant notre ère ne manquent pas. Carl Olof Jonsson, ancien Témoin de Jéhovah suédois, en a fait depuis 1977, première année de ses recherches à ce sujet, son cheval de bataille. Dans son livre en anglais The Gentile Times Reconsidered - Chronology and Christ’s Return" (précédemment cité), il démontre avec force l’inévitable conclusion : 607 avant notre ère est un vœu pieu sans fondement. Faisant la synthèse des inscriptions anciennes disponibles, l’auteur présente la chronologie néobabylonienne. Citant les chroniques néo-babyloniennes (la Chronique babylonienne BM 21946, la Chronique de Nabonide BM 35382), la Liste des rois d’Uruk, Les Inscriptions Royales plus connu sous le nom de Canon de Ptolémée, les durées de règnes des rois sont les suivantes : Nom royal Nabopolassar Nebuchadnezzar Evil-Mardouk Neriglissar Labashi-Marduk Nabonide Via Veritas Chroniques néoListe des rois babyloniennes d’Uruk 21 ans 21 ans 43 ans 43 ans 2 ans 2 ans 4 ans 3 ans 8 mois Quelques mois 3 mois 17 ans 17 ? ans Inscriptions Dates av. Royales n.e. 21 ans 625-605 43 ans 604-562 2 ans 561-560 4 ans 559-556 556 17 ans 555-539 62 Ces dates sont adoptées par les historiens car supportées par les anciennes sources cunéiformes, certaines datant de l’époque néo-babylonienne même. Ces dates sont constamment recoupées par la chronologie égyptienne, par les annales commerciales, par les relevés astronomiques de l’époque. Tous les documents accessibles et publiés sont unanimes et univoques. La 19ème année du règne de Nebucadnezzar (prise de Jérusalem, 2Rois 25:8) correspond bien à 587/586 avant notre ère et non 607 avant notre ère. Le plus extraordinaire est que la date-pivot (anciennement dénommée date absolue) qui permet aux Témoins de Jéhovah de calculer 607 avant notre ère est 539 avant notre ère, date établie par les mêmes documents qu’ils reconnaissent ou récusent selon les besoins. La position défendue sur l’année 607 avant notre ère est si faible qu’elle a provoqué une dissension terrible en 1980 au sein même du Collège Central (organe dirigeant des Témoins de Jéhovah) dans les années 1980. Raymond Franz, neveu du président de la Watchtower de l’époque et membre du Collège Central, a révélé dans son livre "Crisis of conscience"14 le trouble profond qu’a suscité à la fois ses propres conclusions de recherche et la diffusion des travaux de C.G. Jonsson, trouble qui l’a mené à l’exclusion des rangs des Témoins de Jéhovah. Voici le commentaire qu’il nous livre (p.41, 42) alors que l’auteur était en charge de la rédaction de l’entrée Chronologie du livre Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible : "Il fallut des mois de recherches pour ce seul sujet “ Chronologie” et il en résulta le plus long des articles du livre Auxiliaire. Nous avons consacré la plus grande partie du temps à trouver des preuves ou un soutien historique pour 607 avant notre ère, date pivot dans nos calculs pour 1914. Charles Ploeger, membre du siège mondial, me servait de secrétaire à cette époque et il cherchait dans toutes les bibliothèques de la ville de New York tout ce qui pourrait justifier l’historicité de cette date. Nous n’avons absolument rien trouvé en faveur de 607 avant notre ère. Tous les historiens indiquaient une date vingt ans plus tôt. Avant de commencer à préparer le sujet sur “Archéologie” pour l’Auxiliaire, je n’avais jamais réalisé que le nombre de tablettes d’argile cunéiformes retrouvées en Mésopotamie et remontant au temps de l’ancienne Babylone se comptait par dizaines de milliers. Rien dans toutes ces tablettes ne permet de dire que l’empire Néo-Babylonien (où l’on retrouve Nabuchodonosor) eut une durée qui convienne à nos calculs pour arriver à 607 avant notre ère, date présumée de la destruction de Jérusalem. Tout indiquait une période plus courte de vingt ans que ce qu’affirmait notre chronologie officielle. Même si cela me semblait inquiétant, je voulais croire que notre chronologie était juste en dépit de la preuve du contraire, qu’il y avait une erreur quelque part dans cette preuve. C’est pourquoi, dans la préparation du sujet du livre Auxiliaire, temps et espace étaient consacrés à tenter d’affaiblir la crédibilité de l’évidence archéologique et historique qui concourait à démolir notre date de 607 avant notre ère et donner un point de départ différent à nos calculs, ce qui nous aurait amenés à une date autre que 1914. Avec Charles Ploeger nous avons fait le voyage jusqu’à l’université Brown à Providence, Rhode Island, pour interviewer le professeur Abraham Sachs, spécialiste des textes cunéiformes anciens, et particulièrement ceux comportant des dates astronomiques. Nous voulions voir si nous pouvions obtenir des informations qui mettraient en évidence un point faible ou une lacune quelconque dans la date astronomique présentée dans nombre de ces textes, date démontrant que notre 607 avant notre ère était une erreur. Finalement, il était évident qu’il aurait fallu une conspiration de la part des anciens scribes—sans pouvoir imaginer leur raison de le faire—si en fait notre date était la bonne. Encore une fois, comme un avocat face à une preuve qu’il veut dénier, je me suis efforcé de discréditer ou d’affaiblir la confiance dans les témoins des temps anciens qui attestaient de ces faits, à savoir les textes historiques concernant l’Empire Néo-Babylonien. Les arguments que je présentais 14 Commentary Press - Atlanta - 2004 Via Veritas 63 étaient honnêtes, mais je savais qu’ils n’avaient qu’un seul but : défendre une date qui n’avait aucun support historique." Comment s’étonner que depuis 1981 (annexe du livre "Que ton Royaume vienne" qui visait à répondre tant bien que mal aux remises en cause chronologiques) aucun examen détaillé et profond n’ait été fait du calcul des Temps des Gentils. Il ne faut pas parler des choses qui fâchent. Conclusion : Chacun des éléments qui fondent la construction chronologique des Temps des Gentils est contestable : l’application forcée d’un récit fabuleux pour lui donner une valeur prophétique, un calcul de sept périodes de temps indéfinies qui deviennent par choix personnel des années de 360 jours, des jours qui se transforment en années selon un principe à géométrie variable (les 1290, les 1335 jours de la fin de Daniel 12 restent bien des jours selon la lecture prophétique des TJ), une année de départ fixée impérativement à 607 avant notre ère et sans aucune corrélation avec l’histoire, pour enfin aboutir à une année chargée émotionnellement et aux vertus quasi magiques 1914. Tout cela renifle le bricolage insistant d’une époque dont la marotte était de s’interroger sur les Temps des Gentils. A trop vouloir lire dans le marc de café, on ne voit plus que l’on ne fait que regarder une tasse. Zacharie, je le calcule pas ! Par Winston Wesson Ceci n’est pas une réplique du film "La vérité si je mens"... Si vous étiez un habitué du site Via Veritas, ou si vous êtes Témoin de Jéhovah vous-même vous savez sans doute que la société Watchtower soutient que Jérusalem et son temple furent détruits en 607 av.JC, alors que de très nombreuses preuves placent ces événements une vingtaine d’années plus tard (en 587/586 av.JC). Il s’agit là d’un point majeur de la doctrine jéhoviste, qui débouche sur l’affirmation que nous vivons les “derniers jours” depuis 1914. Pourtant la Bible dit le contraire... Comment des personnes qui n’ont pas particulièrement de qualification en histoire peuvent-elles affirmer haut et fort que tous les spécialistes commettent une grossière erreur dans la chronologie d’une période extrêmement riche en documentation, celle de la dynastie néo-babylonienne ? Pour toute personne un peu sensée, le débat n’aurait même pas lieu d’être : nous avons d’un côté des personnes qui passent leur vie à étudier l’histoire, sur le terrain ou dans les universités, et de de l’autre des gens qui n’ont rien fait d’autre que lire les ouvrages des précédents sur le sujet. On aura naturellement tendance à avoir confiance dans les compétences et le travail des premiers, et à prendre un peu plus de recul sur les avis des seconds, conscient de leurs limites sur le sujet. Mais voilà : pour soutenir leur vision des choses, les rédacteurs de la Watchtower, qui sont face aux historiens dans l’inconfortable position que nous venons de décrire, ont une botte secrète : ils ont forcément raison puisqu’ils s’appuient, pour écrire l’histoire comme pour le reste, sur la Bible, qui a toujours raison ! Le sujet, ici, ne sera pas de contredire ce point de vue qui veut que, quel que soit ce qui y est écrit, Via Veritas 64 tout ce qu’on trouve dans la Bible ne peut être que pure vérité, mais il sera de constater que la doctrine jéhoviste n’est de toute façon pas en accord, sur ce point précis qu’est la chronologie de la période de l’exil, avec le corpus biblique. Nous nous proposerons de démontrer, par l’exemple du sort réservé à certains passages du livre de Zacharie (Zekaria dans la Traduction du Monde Nouveau ou TMN), que l’affirmation jéhoviste, selon laquelle la chronologie présentée par le récit biblique s’oppose à celle acceptée par les historiens, est tout à fait artificielle. La doctrine des Témoins de Jéhovah Si vous n’êtes pas particulièrement au courant de la chronologie proposée par la société Watchtower, et surtout des arguments qu’elle avance pour la soutenir, vous trouverez des renseignements utiles sur les pages précédentes : Daniel et les sept Temps des gentils. Résumons très succinctement la théorie jéhoviste : Babylone étant tombé aux mains de Cyrus en 539 av.JC (date sur laquelle les Témoins de Jéhovah et les historiens sont en accord), les Israélites sont retournés à Jérusalem deux ans plus tard, en 537 av.JC (cet intervalle de deux ans, au passage, n’est pas dans le texte biblique ; il s’agit d’une affirmation gratuite...). Ce retour d’exil correspond, selon les Témoins de Jéhovah, à la fin d’une période de 70 ans, selon une prophétie qui aurait annoncé la durée de l’état d’abandon du pays par ses habitants. Le pays dut par conséquent se retrouver complètement désolé 70 ans avant le retour des exilés, c’est à dire en 607 av.JC. Ainsi, c’est nécessairement à cette date-là, et pas à une autre, que les armées de Nabuchodonozor II ont détruit Jérusalem et son temple, et emmené captifs nombre de Judéens. CQFD ! Puisque cette "théorie des 70 ans" amène a rejeter une chronologie soutenue par des dizaines de milliers de preuves archéologiques (vu avez bien lu : des dizaines de milliers de preuves !), l’honnêteté intellectuelle ne voudrait-elle pas qu’on observe de très près cette interprétation des Écritures ? Le texte biblique est-il absolument clair, sans appel sur ce que sont ces 70 ans, sur leur commencement et sur leur conclusion ? Mais que dit VRAIMENT la Bible ? Le premier qui parla de cette période de 70 ans fut le prophète Jérémie. On en trouve mention en Jér 25:10,11 ou en 29:10. A sa suite le Chroniste (2Ch 36:21) ou encore Daniel (Dn 9:2) citent cette période comme étant un temps de désolation ou de ruines pour Juda et Jérusalem. Mais ils ne sont pas les seuls à faire référence à ces 70 ans prophétiques. Zacharie aussi parle de cette fameuse période (Za 1:12 ; 7:5). Toutefois on notera avec intérêt que la société Watchtower cite ces versets nettement moins souvent que ceux de Jérémie, du Chroniste ou encore de Daniel. Pourquoi ? Tout simplement parce que si les différents versets que nous venons de citer semblent compatibles avec la compréhension jéhoviste, les versets de Zacharie, eux, la contredisent carrément. Ils sont donc plus ou moins "évités" par la Watchtower, et les rares fois où on les trouve dans leur littérature, on omet soigneusement d’en analyser trop le contenu… Petite démonstration : Sur la toute dernière mouture de la bibliothèque informatisée des Témoins de Jéhovah (Watch Tower Library 2007), lorsqu’on exécute une recherche sur Zacharie 1:12 il nous est proposé…2 occurrences15 ! 15 Il est ici question d’occurrences où le verset est clairement cité, car il apparait aussi dans les programmes de lecture biblique Via Veritas 65 La littérature jéhoviste ne s’est intéressée que 2 fois depuis presque 40 ans à ce verset : • Une fois dans Réveillez-Vous ! du 22 août 1972 (pages 27 et 28), dans l’article ‘Quand Jérusalem a-t-elle été dévastée par Babylone ?’, un article qui cherchait à défendre -607 comme date de la chute de Jérusalem, article dans lequel on ignore totalement le contexte du verset (notamment sa date de rédaction), et où il n’est cité que pour argumenter le fait que les 70 ans sont à comprendre au sens littéral. • Une fois dans le manuel “le Paradis rétabli parmi les hommes - grâce à la Théocratie !” (daté lui aussi de 1972 en anglais, 1977 pour la traduction française), pages 126 à129, seule véritable exégèse de ce verset pour tenter d’expliquer pourquoi il ne faut pas vraiment comprendre ce verset dans son sens le plus immédiat, son sens évident. Sur cette même librairie informatique, nous trouvons une soixantaine de citations, voire d’explications détaillées, de Jérémie 25:11. Mais qu’est-ce qui peut justifier une telle différence de traitement ? Si la Bible est la parole de Dieu, peut-on volontairement ignorer ainsi certains versets parce qu’ils sont gênants vis-à-vis de ce qu’on croit comprendre à la lecture d’autres versets ? Les paroles de Zacharie seraient-elles moins inspirées de Dieu que celles des livres de Jérémie ou de II Chroniques ? ) Il est intéressant de noter la date de rédaction de Zacharie, chose sur laquelle les témoins de Jéhovah sont parfaitement d’accord : entre 520 et 518 av.J.C (au moins pour la partie du livre qui nous intéresse). Zekaria 1:1 (Traduction du Monde Nouveau) : Au huitième mois, dans la deuxième année de Darius, la parole de Jéhovah vint à Zekaria le fils de Bérékia le fils d’Iddo le prophète Darius (ou Darios) a commencé à régner en -522 et est mort en -486 ; la Watchtower, cette fois, est tout à fait en accord avec les dates données par l’histoire. Ce qui nous amène la rédaction de Zacharie vers la fin de l’année (mois d’octobre/novembre) de l’année -520. A ce moment-là, d’après la chronologie jéhoviste, la période de 70 ans est finie depuis au moins 17 ans. Et pourtant… Zekaria 1:12 (TMN) : Et l’ange de Jéhovah répondit et dit : “ Ô Jéhovah des armées, jusqu’à quand ne feras-tu pas miséricorde à Jérusalem et aux villes de Juda, contre lesquelles tu as invectivé ces soixante-dix ans ? ” “Jusqu’à quand…” Cette seule expression semble indiquer que l’on est dans l’attente de quelque chose de particulier : en l’occurence, c’est la fin de la période de colère divine contre Jérusalem et Juda qu’on espère, dont la durée est précisément donnée ici pour être de 70 ans... Pas pour la WatchTower ! L’exégèse jéhoviste de Zacharie D’après les arguments du livre cité plus haut, “Le Paradis rétabli parmi les hommes - grâce à la Théocratie !”, quand l’ange pose la question, il sait parfaitement que les 70 ans dont il parle sont finis depuis belle lurette. Nous lisons dans ce manuel, pages 127,128 : L’ange de Jéhovah voulait-il donc dire que ces soixante-dix ans n’étaient pas encore arrivés à leur terme, ou bien qu’ils venaient de s’achever ? Historiquement, cela aurait été inexact. Pourquoi ? proposé par la Société Watchtower. Via Veritas 66 Parce qu’une vingtaine d’années auparavant (en 539), Jéhovah, par l’entremise de Cyrus le Grand, roi de Perse, avait renversé la Puissance mondiale babylonienne, et à peu près deux ans plus tard, en 537, il avait incité Cyrus, devenu roi de Babylone, à laisser les exilés juifs sortir de cette ville et rentrer à Jérusalem, pour y reconstruire le temple. Puis après avoir présenté quelques arguments un peu alambiqués à mon goût (mais il ne s’agit là que d’un jugement personnel), la conclusion tombe page 129 : Il semble donc que lorsque l’ange s’écria : “Ô Jéhovah des armées, jusqu’à quand ?”, il faisait allusion à cette période passée de soixante-dix ans comme à un exemple de la manière dont Jéhovah peut invectiver son peuple élu. La théorie de la Watchtower résiste-t-elle à l’analyse ? Que penser de cette exégèse ? Il a été plusieurs fois reproché aux traducteurs de la TMN d’avoir rendu certains passages un peu comme ça les arrangeait. Ici encore, on peut se demander si les traducteurs ne savaient pas ce qu’ils voulaient trouver dans les versets de Zacharie AVANT de les traduire. Regardons comment d’autres traductions modernes de la Bible rendent ce verset : Bible de Jérusalem : Alors l’ange de Yahvé prit la parole et dit : « Yahvé Sabaot, jusques à quand tarderas-tu à prendre en pitié Jérusalem et les villes de Juda auxquelles tu as fait sentir ta colère depuis soixante-dix ans ? » Nouvelle Bible Segond : Le messager du SEIGNEUR reprit : SEIGNEUR (YHWH) des Armées, jusqu’à quand seras-tu sans compassion pour Jérusalem et pour les villes de Juda, contre lesquelles tu es en fureur depuis soixante-dix ans ? Traduction Œcuménique de la Bible : L’ange du SEIGNEUR reprit alors : « SEIGNEUR toutpuissant, jusqu’à quand tarderas-tu à prendre en pitié Jérusalem et les villes de Juda contre lesquelles tu es irrité depuis déjà soixante-dix ans ? » La Bible Chouraqui : Le messager de IHVH/Adonaï répond et dit : « IHVH/Adonaï Sebaôts, jusqu’à quand ne matricieras-tu pas Ieroushalaïms et les villes de Iehouda, contre lesquelles tu t’exaspères depuis soixante-dix ans ? » Bible en Français Courant : L’ange s’exclama : « Seigneur de l’univers, voilà soixante-dix ans que tu es irrité contre Jérusalem et les autres villes de Juda. Combien de temps encore refuseras-tu d’avoir pitié d’elles ? » Nouvelle traduction Bayard : Alors l’ange messager de Yhwh a dit : Yhwh des Milliers, quand donc auras-tu pitié de Jérusalem et des villes de Juda ? Cela fait soixante-dix ans que tu ne décolères pas contre elles. Ainsi, pour tous ces traducteurs il n’y a aucun doute sur le fait que les soixante-dix ans en question sont toujours en cours au moment où l’ange parle. Et ce n’est pas sans raison... Zèh pas fini ! En hébreu, le mot qui est associé à la période de 70ans est "zèh" (Numéro Strong 2088), un démonstratif, qui peut effectivement être parfois rendu par "ce" "cette" ou "ces" (du reste, c’est également ainsi que Darby rendit ce mot dans sa traduction, au XIXe Siècle). Si l’on s’en tenait à cette définition restreinte, la TMN, quand bien même resterait-elle clairement orientée par la doctrine, pourrait ne pas paraitre particulièrement fautive. Sauf que... Via Veritas 67 Sauf que le démonstratif "zèh" est employé, en Zacharie 1:12, dans sa forme adverbiale (c’est à dire qu’il est au singulier, il ne s’accorde pas avec le pluriel des "soixante-dix ans"). La traduction "ces soixante-dix ans" de la TMN (désignant alors une période qui pourraient éventuellement appartenir au passé, déjà terminée depuis un certain temps au moment où l’on parle) est donc inexacte. Le sens ici, est bien celui de "voici soixante-dix ans MAINTENANT" (le sens 1a dans le dictionnaire mis en lien plus haut), et c’est pourquoi les traductions récentes mettent toutes "depuis soixante-dix ans", ou une périphrase de même sens16. Place au jeûne Pour balayer tout doute concernant le fait que ces 70 ans ne sont absolument pas terminés pour Zacharie, au moment où il écrit, nous pouvons nous reporter au chapitre 7 du livre ; il ne sera même plus nécessaire de consulter d’autres traductions, tant le contexte est explicite. Nous lisons en Zacharie 7:1-5 (TMN) : 1 D’autre part, il arriva, dans la quatrième année de Darius le roi, que la parole de Jéhovah vint à Zekaria, le quatrième [jour] du neuvième mois, [c’est-à-dire] en Kislev17. [3] 2 Alors Béthel envoya Sharétser et Réguem-Mélek et ses hommes pour adoucir la face de Jéhovah, 3 en disant aux prêtres qui appartenaient à la maison de Jéhovah des armées, ainsi qu’aux prophètes, oui en disant : “ Dois-je pleurer au cinquième mois, en pratiquant l’abstinence, comme je l’ai fait depuis tant d’années ? 4 Et la parole de Jéhovah des armées vint encore à moi, disant : 5 “ Dis à tout le peuple du pays et aux prêtres : ‘ Quand vous avez jeûné et qu’il y a eu une lamentation au cinquième [mois] et au septième [mois], et cela pendant soixante-dix ans, est-ce vraiment pour moi, oui pour moi que vous avez jeûné ? ” Récapitulons : à la fin de l’année -518, des juifs viennent interroger les prêtres pour savoir s’ils doivent continuer à jeûner au cinquième mois (en mémoire du jour où Nébuzaradan, chef de la garde du corps de Nébucadnezzar brûla la ville et son temple - Jér. 52:12,13 ; II Rois 25:8, 9) et au septième mois (en mémoire du meurtre du gouverneur Guedalia que Nébucadnezzar avait établi pour gouverner les Juifs - Jér. 40:13 - 41:10 ; II Rois 25:22-25), comme ils le font depuis soixantedix ans. Dieu leur répond que, de toutes façons, il ne leur a jamais demandé de jeûner… Sur la base de ce récit, faisons un calcul très simple : quand ces juifs ont-ils commencé à jeûner ? En -518, Dieu lui-même déclare que cela fait soixante-dix ans. Ce qui nous amène , pour le début du jeûne, vers -588. Ou encore, si l’on veut à tout prix que les 70 ans soient un chiffre absolument 16 Nous trouvons d’ailleurs, pour preuve, d’autres exemples dans la Bible d’utilisations très similaires de cette formulation (Grammaire de l’hébreu biblique de Joüon § 143 I) : Genèse 27:36 : zèh pa`amayim ; voici maintenant deux fois... Genèse 31:41 : zèh-li `èsrim shana ; voici maintenant vingt ans... Nombres 14:22 : zèh `èsèr pe`amim ; voici maintenant dix fois... Nombres 22:28 : zèh shalosh regalim ; voici maintenant trois fois... Nombres 24:10 : zèh shalosh pe`amim ; voici maintenant trois fois... Josué 14:10 : zèh ’arba`im we Hamesh shana me’az ; voici quarante-cinq ans depuis... Josué 22:3 ou 2 Samuel 14:2 : zèh yamim rabbim ; voici longtemps maintenant... Comme nous le voyons de par ces exemples, le sens que prend le "zèh" adverbial (invariable) est toujours l’insistance sur le présent, "maintenant", "ce coup-ci", comme terminus ad quem de la durée ou de l’action passée dont il est question : elle s’étend jusqu’au moment où l’on parle (qu’elle se poursuive ou non à l’avenir) ; ces versets confirment , pour Zacharie 1 :12, la traduction "depuis soixante-dix ans". Un GRAND merci à Didier Fougeras pour son aide précieuse sur ce point. 17 Nous sommes donc ici en novembre/décembre -518. Via Veritas 68 juste et pas seulement un ordre de grandeur (ce qui n’est pas exclu...), on peut comprendre qu’ils sont dans leur soixante-dixième année de jeûne, et cela signifierait qu’ils ont commencé en -587 ! Quel hasard tout de même ! Pourquoi les juifs auraient-ils précisément commencé à jeûner JUSTEMENT À CETTE PÉRIODE-LÀ, puisque, d’après la Watchtower, Jérusalem aurait été détruite vingt ans plus tôt ? En fait, il est tout à fait logique de conclure que Zekaria fait débuter les soixante-dix ans vers 587, et il s’attend à vivre la fin des soixante-dix ans à l’époque où il écrit (c’est-à-dire juste avant -517). C’est ce que l’on comprend de la déclaration angélique du chapitre 1, c’est ce qui ressort des dates de jeûnes de commémoration des juifs, et, last but no the least, c’est surtout conforme à l’histoire… Pourtant la Watchtower continue d’ignorer royalement ce que disent vraiment ces versets. Toujours dans "le Paradis rétabli parmi les hommes - grâce à la Théocratie !", page 237, §9, les témoins de Jéhovah n’hésitent pas à affirmer : Les Juifs exilés, qui avaient jeûné pendant les soixante-dix années de la désolation du pays de Juda et durant toutes les années qui s’étaient écoulées depuis que le reste était revenu dans son pays, jeûnaient-ils réellement pour Jéhovah ? Voilà donc comment, alors que Zacharie dit explicitement que le jeûne dure 70 ans, la Watchtower soutient sans vergogne qu’il dure, en fait, depuis quatre-vingt neuf ans (soixante-dix ans plus les dix-neuf et quelques années qui se sont écoulées depuis ce que EUX considèrent comme la fin des soixante dix ans). Il est tout de même regrettable qu’un prophète inspiré oublie de signaler ce genre de détails ! Comme pour la déclaration angélique du 1er chapitre, ce qui est vraiment écrit dans le texte biblique passe au second plan ; l’essentiel est que le lecteur ne lise et ne comprenne que ce que l’Organisation décide qu’il doit lire et comprendre ! Comment déraisonner à partir des Écritures En fait, la Bible ne dit JAMAIS de façon absolument incontestable comment se calculent les 70 ans prophétiques de Jérémie, quand et comment ils ont commencé, ni bien sûr quand ils se sont terminés. Elle n’est même pas définitive sur les événements qui sont concernés par ladite période : s’agit-il d’une désolation complète de Juda, ou d’une période de vassalité ? Le tout premier sens de Jérémie 25:11 semble pencher pour la deuxième option. On pourrait alors voir les soixante-dix ans comme la période allant de -609 à -539, de la mort du dernier roi Assyrien Assour-Ouballit à la chute de Babylone face aux Perses, période durant laquelle Babylone fut la maitresse incontestée du Monde antique. Si l’on penche pour une période de désolation du pays, on peut alors la considérer comme la durée où le pays n’eut plus de Temple, unique centre du culte depuis la réforme de Josias. C’est le sens que semble en donner Zacharie. Devant un tel flou, la démarche "normale" est d’essayer de comprendre la Bible à la lumière de l’histoire. Or la Watchtower fait précisément le contraire : elle réécrit l’histoire à la lumière de SA compréhension du texte, compréhension très partielle, pour ne pas dire partisane, nous l’avons vu. Parmi les différentes compréhensions possibles des 70 ans bibliques, la Watchtower choisit justement celle qui est forcément fausse, puisqu’elle oblige à considérer que toute la chronologie Via Veritas 69 du monde antique est fausse de vingt ans, alors qu’elle est soutenue par des preuves absolument incontestables (preuves que ces gens sont d’ailleurs très heureux de trouver pour établir -539, qui leur sert de date-pivot...), alors qu’elle est même soutenue par certains passages de la Bible... Question naïve : puisque les témoins de Jéhovah sont obligés de déchiffrer ainsi certains versets de la Bible, de jongler avec leur interprétation, pourquoi le faire justement pour ceux qui sont confirmés par l’histoire (tels ceux de Zacharie), et pas pour ceux qui sont infirmés par elle (notamment pour 2 Chroniques 36:21, le seul verset qui semble clairement aller dans le sens de la Watchtower) ? Nous l’avons vu, la position de la Watchtower sur ce point ne tient absolument pas face à la critique ; sa dernière force réside dans un argumentum ad metum, malheureusement très efficace : si vous n’acceptez pas notre compréhension, c’est que vous êtes un apostat qui renie Dieu... Quelle humilité ! L’héritage millérite Par Lucretius Nombre de Témoins de Jéhovah pensent que l’approche des sept Temps des Gentils et leur correspondance avec une durée de 2520 ans est une invention lumineuse et inspirée de Charles Taze Russell. Ils ignorent par là même l’héritage millérite dont est encore redevable la doctrine jéhoviste. William Miller (1782-1849) était un prêcheur baptiste américain à qui l’on attribue la naissance du mouvement adventiste dans les années 1830 à 1840. Il a développé tout un argumentaire prophétique que l’on rapprochera avec intérêt de la construction prophétique des Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui. Extrait de "VIEWS OF THE PROPHECIES AND PROPHETIC CHRONOLOGY, SELECTED FROM MANUSCRIPTS OF WILLIAM MILLER WITH A MEMOIR OF HIS LIFE ; BY JOSHUA V. HIMES. BOSTON : PUBLISHED BY MOSES A. DOW, 107 HANOVER STREET. 1841." [Traduit de l’anglais] "Sept Temps - dans le rève de Nebucadnezzar, furent accomplis en sept années. Nebucadnezzar, par son orgueil et son arrogance contre Dieu, fut rabaissé au rang des bêtes des champs, et fut contraint de manger de l’herbe comme les boeufs, jusqu’à ce que sept temps passent sur lui et qu’il apprenne que le Tout Puissant domine sur le royaume des humains et qu’Il le donne à qui Il veut. Cela aurait pu être une histoire ou une allégorie et un exemple pour le peuple de Dieu quant à son orgueil et son arrogance, dans son refus d’être formé par Dieu, et démontrant Son pouvoir de faire ces choses - mais lui également, comme Nebucadnezzar devait être conduit parmi les bêtes des champs (les royaumes du monde) jusqu’à ce qu’il reconnaisse la Souveraineté de Dieu et qu’Il dispense ses faveurs à qui Il veut. Cela aurait pu être une simple histoire, et un exemple seulement, accomplis en sept années, mais cela est une prophétie qui serait accomplie en sept temps prophétiques, qui seraient sept temps de 360 ans, soient 2520 ans. Car une Via Veritas 70 moitié de sept temps, qui est trois temps et demi est équivalent à 1260 jours en Révélation 12:6 (accomplis en tant d’années). Voir aussi Révélation 12:14 et 13:5. 42 mois est la moitié de 2520, aussi deux fois 1260 est 2520.(...) La question qui s’impose est la suivante : quand ces années ont-elles commencé ? Je réponds : ils ont du commencer avec la première captivité de la tribu de Juda, les habitants de Jérusalem, à Babylone. Car tous les prophètes s’accordent sur ce point : Babylone serait le royaume qui enmènerait les Juifs en captivité." Sept temps prophétiques de 2520 ans, à compter de la captivité babylonienne, annoncés dès 1836, Charles Taze Russell n’avait décidément rien inventé. William Miller avait-il lui aussi l’esprit saint ? Le millérisme avait vécu, mais son héritage perdure chez les Témoins de Jéhovah. Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme. Vous avez certainement reconnu le Principe de Lavoisier. Et si ce principe ne concernait pas seulement la chimie mais aussi les mouvements chrétiens fondamentalistes ? Pour nous en convaincre pleinement, rien ne vaut un détour par le site d’Alan Feuerbacher - Some Prophetic Speculations - qui fait un lien sans rupture entre l’Adventiste William Miller et les Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui. Pour une mise en jambe en cette énumération chronologique et successorale, nous vous livrons la traduction d’une réaction de William Miller qui scelle le modèle parfait de la mauvaise foi. « ...1844, 21 Octobre : Miller dit : "J’avais dit que quelques uns de mes frères dans le Christ ne connaîtrait pas le Matin" car la Seconde Venue serait "à une heure que nous ne pensons pas". Il n’était pas responsable de la déception : "Personne ne peut dire honnêtement qu’il a été déçu par ma faute. Mon opinion a toujours été qu‘il appartient à chacun d’établir sa foi par lui même". Dieu a du planifier le délai pour que le peuple se tourne vers la Bible pour étudier plus profondément et se réconcilie avec Dieu. Après tout s’être trompé dans la date précise ne diminue pas l’urgence des temps. Toute journée qui passe nous rapproche de la fin... » Bien plus qu’un héritage de méthode de calcul chronologique (Daniel chapitre 4 et les sept temps), Miller et sa cohorte de fidèles ont laissé aux Témoins de Jéhovah le même sens du rebond après les multiples déceptions. Ils ont annoncé avec foi et autorité et se sont fourvoyés, mais ce n’est jamais de leur faute ; ils se sont trompés mais c’est pure bénédiction. Si c’est comme ça, n’est-il pas profitable, pour tout le monde, que la fin n’arrive jamais ? Qui dit sept temps, dit 1914. Que faut-il penser de cette année magique ? 1914 - année inattendue ou année improbable ? Par Lucretius Via Veritas 71 Pour la Watchtower l’affaire est pliée. L’année 1914 était une année inattendue et les hommes politiques de l’époque n’avaient rien vu, rendant ainsi extraordinaire l’annonce des troubles de ladite année. Pensez donc. Seules les prophéties bibliques et la clairvoyance extraordinaire des Étudiants de la Bible avaient pu voir assez loin. La Tour de Garde, 1/5/1992, p. 4 : “Le printemps et l’été de 1914 furent marqués en Europe par une tranquillité exceptionnelle”, a écrit l’homme d’État britannique Winston Churchill. Les gens voyaient en général l’avenir avec optimisme. “Le monde de 1914 était plein d’espoir et de promesses”, a déclaré Louis Snyder dans son livre Première Guerre mondiale (angl.). Il est vrai que, depuis de nombreuses années, une très grande rivalité existait entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Toutefois, comme l’explique G. Gooch dans son livre Sous six règnes (angl.), “un conflit européen semblait moins probable en 1914 qu’en 1911, 1912 ou 1913 (...). Les relations entre les deux gouvernements étaient meilleures qu’elles n’avaient été pendant des années”. D’après Winston Churchill, membre du cabinet britannique en 1914, “l’Allemagne paraissait avoir conclu la paix avec nous”. Cependant, l’assassinat à Sarajevo, le 28 juin 1914, du prince héritier de l’Empire austro-hongrois a fait poindre un nuage noir à l’horizon. Un mois plus tard, l’empereur François-Joseph déclara la guerre à la Serbie et donna ensuite l’ordre à ses troupes d’envahir ce royaume. Puis, dans la nuit du 3 août 1914, sur l’ordre du kaiser Guillaume, une puissante armée allemande envahit soudain le royaume de Belgique et s’enfonça dans le pays en direction de la France. Le lendemain, la Grande-Bretagne déclarait la guerre à l’Allemagne. Quant au tsar Nicolas, il avait donné l’ordre de mobiliser l’imposante armée russe pour entrer en guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. La Sainte-Alliance n’avait pu empêcher les rois européens de provoquer une tuerie, qui plongea le continent dans un bain de sang. Mais les grands bouleversements étaient encore à venir. Le déclenchement de la guerre n’a pas refroidi l’optimisme des peuples. Beaucoup croyaient qu’elle donnerait naissance à un monde meilleur, et des foules immenses se rassemblaient à travers l’Europe pour exprimer le soutien qu’elles apportaient à la guerre. “Personne, en 1914, écrit A. Taylor dans son livre La lutte pour la domination en Europe:1848-1918 (angl.), n’a pris les dangers de la guerre au sérieux, si ce n’est sur un plan purement militaire. (...) Personne ne s’attendait à une catastrophe sociale.” Au contraire, beaucoup prédisaient que la guerre ne durerait que quelques mois. Est-ce la vérité ? Personne n’a-t-il donc perçu le danger et mesuré la « catastrophe sociale » qui allait survenir ? Le 25 Juillet 1914, à Vaise (près de Lyon), le député socialiste français Jean Jaurès donnait son ultime discours. Citoyens, Je veux vous dire ce soir que jamais nous n’avons été, que jamais depuis quarante ans l’Europe n’a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes à l’heure où j’ai la responsabilité de vous adresser la parole. Ah ! citoyens, je ne veux pas forcer les couleurs sombres du tableau, je ne veux pas dire que la rupture diplomatique dont nous avons eu la nouvelle il y a une demi-heure, entre Via Veritas 72 l’Autriche et la Serbie, signifie nécessairement qu’une guerre entre l’Autriche et la Serbie va éclater et je ne dis pas que si la guerre éclate entre la Serbie et l’Autriche le conflit s’étendra nécessairement au reste de l’Europe, mais je dis que nous avons contre nous, contre la paix, contre la vie des hommes à l’heure actuelle, des chances terribles et contre lesquelles il faudra que les prolétaires de l’Europe tentent les efforts de solidarité suprême qu’ils pourront tenter. Citoyens, la note que l’Autriche a adressée à la Serbie est pleine de menaces et si l’Autriche envahit le territoire slave, si les Germains, si la race germanique d’Autriche fait violence à ces Serbes qui sont une partie du monde slave et pour lesquels les slaves de Russie éprouvent une sympathie profonde, il y a à craindre et à prévoir que la Russie entrera dans le conflit, et si la Russie intervient pour défendre la Serbie, l’Autriche ayant devant elle deux adversaires, la Serbie et la Russie, invoquera le traité d’alliance qui l’unit à l’Allemagne et l’Allemagne fait savoir qu’elle se solidarisera avec l’Autriche. Et si le conflit ne restait pas entre l’Autriche et la Serbie, si la Russie s’en mêlait, l’ Autriche verrait l’Allemagne prendre place sur les champs de bataille à ses côtés. Mais alors, ce n’est plus seulement le traité d’alliance entre l’Autriche et l’Allemagne qui entre en jeu, c’est le traité secret mais dont on connaît les clauses essentielles, qui lie la Russie et la France et la Russie dira à la France : "J’ai contre moi deux adversaires, l’Allemagne et l’Autriche, j’ai le droit d’invoquer le traité qui nous lie, il faut que la France vienne prendre place à mes côtés." A l’heure actuelle, nous sommes peut-être à la veille du jour où l’Autriche va se jeter sur les Serbes et alors l’Autriche et l’Allemagne se jetant sur les Serbes et les Russes, c’est l’Europe en feu, c’est le monde en feu. (...) La politique coloniale de la France, la politique sournoise de la Russie et la volonté brutale de l’Autriche ont contribué à créer l’état de choses horrible où nous sommes. L’Europe se débat comme dans un cauchemar. Eh bien ! citoyens, dans l’obscurité qui nous environne, dans l’incertitude profonde où nous sommes de ce que sera demain, je ne veux prononcer aucune parole téméraire, j’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront et que nous n’aurons pas à frémir d’horreur à la pensée du cataclysme qu’entraînerait aujourd’hui pour les hommes une guerre européenne. Vous avez vu la guerre des Balkans ; une armée presque entière a succombé soit sur le champ de bataille, soit dans les lits d’hôpitaux, une armée est partie à un chiffre de trois cent mille hommes, elle laisse dans la terre des champs de bataille, dans les fossés des chemins ou dans les lits d’hôpitaux infectés par le typhus cent mille hommes sur trois cent mille. Songez à ce que serait le désastre pour l’Europe : ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d’hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! Et voilà pourquoi, quand la nuée de l’orage est déjà sur nous, voilà pourquoi je veux espérer encore que le crime ne sera pas consommé. Jean Jaurès mourra assassiné trois jours après ce vibrant discours et la guerre débutera cinq jours plus tard avec la dimension et le gâchis inouïs que le tribun pressentait. Sa mort lui confère la stature d’un héros de tragédie grecque, emporté par un mouvement et un flot qu’il devine mais qu’il ne peut arrêter. Oui, assurément, l’année 1914 fut une année terrible. Et alors que tous les mécanismes d’une guerre mondiale étaient en place, certains s’acharnent à prouver qu’ils en ont pressentis eux-aussi toute l’importance, qu’ils étaient les sentinelles des choses invisibles de leur temps. Selon les Témoins de Jéhovah, dès 1879 et pendant des dizaines d’années, la Tour de Garde Via Veritas 73 annonçait que Jésus-Christ serait intronisé en 1914, provoquant par sa seule présence le cataclysme annoncé. Notez la revendication historique. La Tour de Garde, 1/5/1992, p. 6 : Depuis 1879, le périodique connu alors sous le nom de La Tour de Garde et Messager de la présence de Christ (qui s’intitule maintenant La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah) attirait fréquemment l’attention sur 1914, montrant qu’il s’agissait d’une année marquée dans les prophéties bibliques. Au fur et à mesure que l’année approchait, il rappelait aux lecteurs qu’ils pouvaient s’attendre à “l’époque de la plus grande détresse”. Les chrétiens avaient diffusé partout ce message, s’appuyant sur la compréhension qu’ils avaient des “sept temps” et des “temps des Gentils” dont parle la Bible. Ils avaient compris que cette période couvrait 2 520 ans, qu’elle avait débuté avec le renversement du royaume davidique dans la Jérusalem antique et qu’elle devait se terminer en octobre 1914. — Daniel 4:16, 17 ; Luc 21:24, Crampon 1905. Le 2 octobre 1914, Charles Russell, alors président de la Watch Tower Bible and Tract Society, a courageusement annoncé : “Les temps des Gentils ont pris fin, les rois ont eu leur jour.” Comme ces paroles se sont révélées exactes ! En octobre 1914, un événement invisible aux yeux des humains, mais d’une importance considérable, a eu lieu dans le ciel. Jésus Christ, l’Héritier permanent du “trône de David”, a commencé à dominer en tant que Roi sur tous les humains. — Luc 1:32, 33 ; Révélation 11:15. Est-ce la réalité ou de l’histoire réinterprétée ? L’examen des publications La Tour de Garde qui ont suivi le 1er août 1914 démontre au contraire que cette année de 1914 ne revêtait qu’un caractère simplement probable, et que de surcroît à cette époque encore, c’est 1874 qui marquait le début de la Parousie, associée à d’autres dates toutes aussi folkloriques. Et, si l’on va au bout du raisonnement prophétique produit en novembre 1914, 1915 aurait du être un année plus marquante encore : la venue du Seigneur dans un "feu flamboyant". En voici un long morceau choisi, traduit de l’anglais, extrait de la Tour de Garde du 1er novembre 1914, soit deux mois après le début de la Guerre Mondiale "prophétisée" par Jean Jaurès. La Tour de Garde (anglaise), 1/11/1914, p. 325-327 : LA FIN DES TEMPS DES GENTILS En étudiant la Parole de Dieu nous avons mesuré les 2520 ans, les sept temps symboliques, en partant de l’année 606 av. J.C18. nous avons trouvé qu’ils prenaient fin en octobre 1914, pour autant que nous puissions le calculer. Nous n’affirmons pas de manière certaine qu’il devrait s’agir de cette année19. Nous laissons simplement chacun regarder les faits historiques et juger par lui-même. Cette date marquera-t-elle le temps ou il y en aurait-il une autre ? Beaucoup d’entre nous ont conclu, qu’aussi loin que nous puissions voir, octobre de cette année manifesterait la fin de la domination gentile ; avec octobre s’achève la fin de l’année juive. L’année 1914 se termine le 20 septembre selon le système juif. 18 La date est erronée, tout comme l’est d’ailleurs l’autre date à présent soutenue par les Témoins de Jéhovah - 607 avant notre ère. Tous les historiens s’accordent pour 587 avant notre ère. 19 La Tour de Garde (anglaise), 15/10/1913, p. 307 : Nous attendons le temps pour le Messie de recevoir les gouvernements du monde. Nous ne pouvons affirmer si cela aura lieu soit en octobre 1914 soit en octobre 1915. Il est possible que nous nous soyons écartés de la compréhension du sujet d’un certain nombre d’années. Nous ne pouvons le dire avec certitude. Nous ne le savons pas. C’est une question de foi et non de connaissance. Via Veritas 74 Aussi il nous vient une question à l’esprit : les Temps des Gentils ont-ils pris fin ou non ? Peut-être certains sont-ils enclins à dire : « Non, ils ne sont pas terminés » et d’autres : « Si les Temps des Gentils avaient pris fin nous devrions nous attendre à voir les Gentils dépossédés de tous pouvoirs et contrôles, et le Royaume du Christ serait établi. N’y aura-t-il pas beaucoup de grandes choses lorsque les Temps des Gentils prendront fin ? ». Nous constatons que certains ont une idée, d’autres une autre. Certains pensent que la première heure après minuit il y aurait un grand, immense bouleversement partout – le mal effacé en soixante minutes ou en soixante secondes. Mais serait-ce une attente raisonnable que les royaumes gentils soient balayés en une heure ou même en un jour ? Si Dieu l’avait dit ce serait différent ; nous savons que Dieu a tout pouvoir pour faire sa volonté partout. Mais devons nous nous attendre à une telle transition soudaine – au point que nous mettant au lit la nuit du 20 septembre, nous trouvions, le matin du 21 septembre, tous les royaumes du monde détruits et le Royaume du Christ établi, les saints glorifiés ? etc. Ce serait un changement véritablement lumineux. Nous ne devrions pas croire qu’une telle manière de penser est justifiée. Si quelqu’un a cette attente elle n’est pas garantie. LES DEUX TEMOINS DE DIEU Maintenant regardez en arrière et voyez ce qui advint à l’expiration de périodes de temps marquées. On trouve par exemple de grandes périodes de temps mentionnées dans la Bible, plus précisément les 1260 jours symboliques, les 1290, les 1335 ainsi que les 2300 jours (Daniel 12:7, 11, 12 ; 8:13. 14). Nous n’avons pas le temps d’aller dans les détails avec ces périodes de temps. Elles nous sont familières et sont examinées dans les volumes des ETUDES DES ECRITURES. Aussi nous allons simplement rafraîchir notre mémoire. Les 1260 ans prirent fin en 1799. De leur commencement à leur point culminant, le pouvoir de persécution oscilla. Quand les 1260 ans prirent fin une chose se fit-elle en une heure, en un jour ou en une année pour arrêter la persécution ? Non ! L’un des résultats fut que le Dieu des deux Témoins fut exalté dans les cieux. Ces deux Témoins de Dieu, l’Ancien et le Nouveau Testament, furent exaltés dans les cieux, furent portés aux regards du peuple, élevés à une position de grande influence et de dignité dont ils n’avaient encore jamais joui. (...) LE TEMPS FIXE POUR LA COMPREHENSION DE LA CHRONOLOGIE La déclaration du Prophète Daniel selon laquelle « les perspicaces comprendront » se réfèrent apparemment à la fin des 1290 jours mentionnés dans le même chapitre. Cette période prit fin en 1829. Peu de temps après 1829 le message concernant la proximité du second avènement du Christ commença tout particulièrement à être diffusé par William Miller. La Parole de Dieu étant exaltée, certaines doctrines s’imposèrent. Nous avons tous lu comment le grand mouvement de Miller débuta dans le pays (voir ETUDES DES ECRITURES, vol.3, p. 84). Nous ne souscrivons pas aux enseignements de Frère Miller. Quoiqu’il ait eu quelques pensées correctes sur l’Ecriture, il en a également eu quelques unes d’erronées – tout comme Frère Calvin et d’autres frères en leurs jours. Mais le temps était venu pour l’annonce de la Seconde Venue du Christ ; et quoique le Second Avènement n’eut pas lieu en 1844, comme les disciples de Frères Miller l’escomptaient, cependant graduellement depuis 1829 certaines doctrines, jamais notées jusque là, furent portées à l’attention de l’église – certaines doctrines concernaient l’immortalité de l’homme, les natures spirituelle et humaine, etc. Ces sujets menèrent à une recherche soigneuse des Écritures et à la confiance dans la Parole de Dieu qui surpasse les traditions humaines. (...) Via Veritas 75 PREUVES DE LA PAROUSIE DU SEIGNEUR De quelle manière le Seigneur prendrait-il son grand pouvoir et règne ? Les Écritures nous le montrent très clairement. En harmonie avec la même chronologie les Écritures nous enseignent qu’il y a un temps pour la Parousie, ou présence du Seigneur. Ce temps, pour autant que nous puissions le calculer, commença en 1874. Depuis cette époque nous vivons dans la parousie du Fils de l’Homme. Existe-t-il quelque chose pour corroborer cela ? Oui. En premier lieu nous observons la manière dont Dieu traite avec son peuple, l’église. Nous devions nous attendre à ce qu’au temps du retour du Seigneur son peuple entendrait son « coup sur la porte » - le coup sur la porte des prophéties, et quiconque ouvrirait son coeur et recevrait les choses dans une attitude d’esprit consacré le Seigneur le ceindrait comme serviteur afin qu’il vienne et qu’il le suive (Rev. 3:20). (...) INAUGURATION GRADUELLE DU ROYAUME DU MESSIE Ceci nous amène à penser que les prophéties restantes devraient avoir un accomplissement similaire, et que le 20 septembre de cette année, 1914, a probablement marqué la fin des Temps des Gentils. S’il en est ainsi ce que nous observons aujourd’hui parmi les nations est un conflit menant à leur fin. C’est exactement ce que nous devions attendre. De manière évidente le Seigneur est derrière. Le Royaume de Dieu se manifestera lui-même de plus en plus. Il ne sera pas complètement manifesté toutefois tant que l’Eglise ne sera pas dans la gloire du Seigneur. "Quand il sera manifesté, nous serons nous aussi manifestés dans sa gloire". Devrions-nous nous attendre à ce que le Seigneur révèle le moment exact de la fin des Temps des gentils ? La Bible déclare qu’il doit être révélé dans un « feu flamboyant ». Combien de temps après la fin des Temps des Gentils sera la révélation dans un « feu flamboyant », nous l’ignorons. Apparemment suivant cette grande guerre aura lieu le plus grand « tremblement de terre » ayant jamais existé – une révolution qui concernera toutes les nations civilisées (Rev 16:18). Mais le Socialisme peut surgir, sa vie sera écourtée et se mutera en anarchie. Cette anarchie sera le « feu flamboyant » révélant le nouveau royaume, faisant vengeance, amenant la justice rétributive sur le monde – précédant sa bénédiction. Si la moisson de la présence de notre Seigneur (parousie) a été un travail progressif de 40 ans nous menant au temps présent, et si le temps de la fin est une période lente, combien durera cette période au cours de laquelle les institutions seront évincées et le présent ordre de choses condamné et chassé, pour laisser le champ libre au règne de justice ? Nous répondons qu’au vu de ce tableau il faudrait de nombreuses années. Nous pourrions l’espérer dans cinq, dix ou vingt ans. Mais quelque chose, d’un autre côté, nous amène à penser que ce sera moins long. Le Seigneur nous a dit qu’ « il se hâterait ». Mais le temps de réalisation reste conjecturel. Chacun peut avoir sa propre opinion. A un autre moment le Seigneur dit « en une heure », une autre fois « en un jour » et les Apôtres en ont parlé comme le travail d’une femme enceinte – soudainement. Nous nous souvenons également qu’il y a un certain parallèle entre l’Age Judaïque et l’Age de l’Evangile. Les 40 ans de moisson de l’Age Judaïque, qui commencèrent avec le ministère de Jésus en 29 de notre ère, prirent fin en l’an 69 de notre ère – tout comme nous pensons que la moisson de cet âge commença en 1874 et prit fin cet automne, 1914. Ce fut dans l’année suivant l’expiration des 40 ans de moisson juive que le système politique juif prit fin – lors de la destruction de la ville. Ainsi les parallèles nous font supposer qu’une année après le temps présent auront lieu le grand travail de désastre venant sur le monde, le renversement des nations, en particulier la tentative de différentes nations pour Via Veritas 76 asseoir leur suprématie – l’échec de leurs efforts – puis le feu de la colère de Dieu, l’anarchie, la destruction qui balaiera le monde entier et introduira le royaume messianique. Résumons cet exposé de Charles Taze Russell. 1914 est la date probable de la fin des Temps des Gentils. Ce n’est pas la date de la Parousie de Jésus qui restait toujours la date certaine et authentifiée de 1874. Et si 1914 est correcte, un parallèle prophétique concernant les différents âges amenait à penser que la fin serait courte et que la guerre déboucherait sur l’anarchie en 1915. La guerre ne devait être qu’une transition nécessaire de quelques mois menant à une dislocation de la société. Voilà la réalité de l’attente prophétique énoncée à la fin de l’année 1914. Que restent-ils donc des autres dates non moins importantes aux yeux de Russell : 1799, 1829, 1874 et bien d’autres encore ? Disparues, et la mémoire jéhoviste les a oubliées. Il ne reste que 1914, l’année inattendue et pour quelle raison ? Était-elle mieux fondée que toutes les autres ? Non seul un miracle l’a sauvé de la trappe : l’année a revêtu une aura unique. Elle est la date du premier conflit mondial et ça ça vaut tout l’or du monde. Russell l’avait bien compris dès 1915. La Tour de Garde (anglaise), 15/7/1915, p. 220 : C’était un coup réussi que cette époque de troubles commence à si peu d’intervalle d’octobre 1914, et maintenant cela va a toute vitesse. Et aucune prière ne pourrait l’arrêter. Si l’époque de la guerre mondiale relevait de la simple conjecture, cela aurait constitué un grand succès. Cela aurait constitué un miracle. Mais nous nous en sommes approchés, même de manière imprécise. Quel coup de maître en effet. Et si les choses avaient été différentes, si 1914 avait été une année ennuyeuse, nous serions en train de discuter d’une autre date toute aussi miraculeuse. Tout le reste est réécriture de l’histoire. La pratique de la Watchtower est celle du Parti Angsoc dans le roman 1984 de George Orwell. Tous les documents ont été détruits ou falsifiés, tous les livres récrits, tous les tableaux repeints. Toutes les statues, les rues, les édifices, ont changé de nom, toutes les dates Via Veritas 77 ont été modifiées. Et le processus continue tous les jours, à chaque minute. L’histoire s’est arrêtée. Rien n’existe qu’un présent éternel dans lequel le Parti a toujours raison. (Orwell, 1984, p. 221). Qui se souvient des déclarations prophétiques originelles de Charles Taze Russell ? Qui connaît encore la Vérité historique des Témoins de Jéhovah ? Et où qu’ils sont passés les 7000 ans ? Par Lucretius Voici ce qu’avançait la Tour de Garde du 1er janvier 1987 p.30 : "Qui plus est, un examen des prophéties de la Bible et de leur accomplissement, en considérant où nous en sommes dans le cours de l’Histoire, laisse nettement entendre que chaque ‘jour de création’ (Genèse chapitre 1) a une durée de 7 000 ans. Il y a tout lieu de penser que les 1 000 ans du règne de Christ clôtureront le ‘jour de repos’ de Dieu, qui dure 7 000 ans et qui est le dernier ‘jour’ de la semaine de création (Révélation 20:6 ; Genèse 2:2, 3). Selon ce raisonnement, la ‘semaine de création’ devait donc durer 49 000 ans." A cette époque reculée il était de bon ton d’enseigner que les jours de création étaient de 7000 ans et que la semaine de création avait été de 42000 ans, de l'aménagement de la Terre (plantes, animaux, création de l’homme), plus 7000 années d’existence humaine pour rattraper les dégâts du péché originel. A l’époque la chronologie figurant dans la table des livres de la Bible de la Traduction du Monde Nouveau portait vaillamment en face de Genèse : période qu’embrasse le texte - de 4602620 avant notre ère jusqu’à 1657 (c’est ce que vous pourrez constater si vous êtes les heureux possesseurs de la version 1974). Et aujourd’hui sur les versions postérieures (1987, 1995) de la Traduction du Monde Nouveau vous trouverez : période qu’embrasse le texte - Au "commencement" jusqu’à 1657. Exit la référence implicite aux 7000 ans21. Et pourquoi ne plus faire référence aux 7000 ans et 49000 ans ? Parce que le calcul menait tout droit à 1975, il suffisait d’additionner -46026 à 1975 ans (souvenezvous pas d’année zéro) pour obtenir 49000 ans. Et comme 1975, année putative de la survenance d’Harmaguédon a pris du plomb dans l'aile, la référence aux 7000 ans a beaucoup perdu de sa superbe. Disparu le bel enthousiasme qui transparaissait dans le livre "La liberté dans la vérité des fils de Dieu"22 (1969) chap. 1 p. 29-30 : "En ce vingtième siècle, on s’est livré à une étude indépendante, en se gardant de suivre aveuglément les calculs traditionnels des exégètes de la chrétienté. Or, cette chronologie indépendante, déjà publiée, situe la création de l’homme en 4026 av. notre 20 6 jours de 7000 ans soient 42000 ans avant la création d’Adam datée de 4026 avant notre ère), soient 46026. 21 Le livre "Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile" qui contient la même table a bien évidemment subi le même sort (comparez les éditions 1967 et 1997). 22 Selon son neveu Ray Franz tel que relaté dans son livre Crisis of Conscience, le livre a été rédigé par le vice-président et le principal rédacteur de l’époque : Frederick Franz. Via Veritas 78 ère. D’après cette chronologie biblique digne de foi, en 1975 six mille années se seront écoulées depuis la création de l’homme, et le septième millénaire de l’histoire humaine commencera en automne 1975. (...) Dans quelques années donc, au cours de notre génération, nous arriverons à ce que Jéhovah Dieu pourrait considérer comme le septième jour de l’existence de l’homme. Combien il serait opportun si Jéhovah Dieu faisait du septième millénaire qui va bientôt commencer un sabbat de repos et de remise, un grand sabbat jubilaire, où la liberté serait proclamée par toute la terre et parmi tous ses habitants ! Ce Jubilé viendrait fort à propos pour l’humanité. Il viendrait aussi au bon moment du point de vue de Dieu(...) Ce ne serait pas par hasard ou fortuitement, mais ce serait en accord avec le dessein bienveillant de Jéhovah Dieu, si le règne de Jésus-Christ, le “Seigneur du sabbat”, devait avoir lieu parallèlement au septième millénaire de l’existence humaine." Même le livre "La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ?" chap. 3 p. 27 § 7 livre sans précision : "Il semble logique que les “jours” dont parle la Genèse correspondent pareillement à de longues périodes de temps, à des millénaires23. Oui, les 7000 ans sont passés à la trappe silencieusement, ils sont morts sans faire de bruit, comme nombre d’enseignements démodés. Et 1914 120 Par Lucretius S’il est une date qui a monopolisé l’attention et focalisé les espérances des Témoins de Jéhovah pendant plus d’un siècle, c’est bien 1914. Qu’on en juge. La Tour de Garde, du 15 août 1984, pp. 4-5 : “NON, disait Jésus, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent.” (Matthieu 24:34). Mais que faut-il entendre par “génération” ? Dans son livre intitulé La génération de 1914, Robert Wohl, professeur d’histoire, nous propose une définition inhabituelle de ce terme. La voici : “Sur le plan historique, une génération ne se mesure pas à ses bornes ou à ses frontières temporelles. Ce n’est pas un espace de temps délimité par des dates (...). Cette notion se comparerait plus aisément à un champ magnétique au centre duquel se trouverait un événement ou une suite d’événements. (...) Ce qui est nécessaire pour qu’une génération prenne conscience de son existence, c’est la présence d’un point de repère commun qui l’isole du passé (...). Un tel point de repère est toujours lié à de grands bouleversements historiques comme les guerres, les révolutions, les pestes, les famines et les crises économiques.” 23 "Le livre "Y a t’il un créateur qui se soucie de nous ?" (1998) page 93 retient la même leçon. Via Veritas 79 Vues sous cet angle, la Grande Guerre de 1914-1918 et ses conséquences constituent sans aucun doute un “point de repère” propre à marquer une génération. À ce sujet, le professeur Wohl explique que la Première Guerre mondiale a déterminé “une rupture évidente par rapport au passé. Ceux qui ont vécu cette conflagration ont toujours été poursuivis par l’impression qu’en août 1914 un monde a pris fin et un autre a vu le jour”. Jésus, pour sa part, a souvent employé le mot “génération”. Il lui a d’ailleurs donné un sens différent selon le contexte. Mais que voulait-il dire quand il a parlé de la ‘génération qui ne passerait pas’ ? D’aucuns ont voulu en faire une période de 30, de 40, de 70 ou même de 120 ans. Toutefois, le concept de génération est lié aux hommes et aux événements plutôt qu’à un nombre d’années fixe. Le terme grec traduit par “génération” dans la Bible a été défini comme suit : “Ceux qui sont nés à la même époque (...). Autre acception dérivée de la précédente : L’ensemble des contemporains de quelqu’un, un âge.” (Nouveau dictionnaire théologique international du Nouveau Testament [angl.]). Ou encore : “La totalité des individus nés en même temps et, par extension, tous ceux qui vivent en une génération-temps donnée, qui sont contemporains les uns des autres.” (Lexique grec-allemand du Nouveau Testament [all.], de Walter Bauer, 5e édition, 1958). Ce vocable désignerait donc à la fois les personnes nées vers l’époque d’un événement marquant et toutes celles qui sont en vie lorsqu’il se produit. Si Jésus a employé le mot “génération” dans ce sens-là et que nous l’appliquions ainsi à 1914, il s’ensuit alors que les plus jeunes membres de cette génération ont maintenant au moins 70 ans, tandis que d’autres sont déjà octogénaires, nonagénaires, voire centenaires. Il n’empêche que des millions de représentants de cette génération sont encore en vie. Parmi eux, il en est qui ‘ne passeront pas avant que tout n’arrive’. — Luc 21:32. 1984, date de la rédaction d’une série d’articles entièrement consacré à 191424, était encore le bon temps de la génération de 1914, la génération qui devait nécessairement voir l’intervention de Dieu. Il était encore possible d’y croire. Mais la génération de 1914 avait bel et bien vécu et le repère temporel commençait à perdre son intérêt à mesure que l’échéance approchait. 70, et bientôt 80 ans, dans la meilleure hypothèse, pour une génération l’explication devenait insoutenable. D’où un revirement spectaculaire qui surprit le petit monde des Témoins de Jéhovah en 1995. La Tour de Garde, du 1er novembre 1995, pp. 19-20, § 10-13 : Examinons de plus près les paroles de Jésus rapportées en Matthieu 24:34, 35 : “En vérité je vous le dis : Non, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront absolument pas.” Jésus dit ensuite que ‘personne ne connaît ce jour-là et cette heure-là’. Puis, et c’est beaucoup plus important, il montre qu’il nous faut nous garder des pièges dont nous sommes entourés dans cette génération. Il ajoute en effet : “Car, comme ont été les jours de Noé, ainsi sera la présence du Fils de l’homme. Comme ils étaient, en effet, en ces jours d’avant le déluge : ils mangeaient et buvaient, les hommes se mariaient et les femmes étaient données en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et ils ne 24 La Tour de Garde du 1er juillet : 1914 - année marquée, La Tour de Garde du 15 juillet : 1914 - un point de convergence, La Tour de Garde du 1er août : 1914 - une date qui a changé votre vie, La Tour de Garde du 15 août : 1914 et la génération qui ne passera pas. Via Veritas 80 s’aperçurent de rien jusqu’à ce que le déluge vînt et les emportât tous, ainsi sera la présence du Fils de l’homme.” (Matthieu 24:36-39). Jésus compare ici la génération de son époque à celle de l’époque de Noé. — Genèse 6:5, 9 ; éd. angl., note. Ce n’était pas la première fois que les apôtres entendaient Jésus faire une comparaison entre deux ‘générations’, car quelques jours auparavant, parlant de lui-même, il avait déclaré : “Le Fils de l’homme (...) doit endurer bien des souffrances et être rejeté par cette génération. D’autre part, comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il encore aux jours du Fils de l’homme.” (Luc 17:24-26). Matthieu chapitre 24 et Luc chapitre 17 établissent donc la même comparaison. Aux jours de Noé, “toute chair [qui] avait dégradé sa voie sur la terre” et qui a été détruite par le déluge constituait “cette génération”. Aux jours de Jésus, les Juifs apostats qui le rejetaient constituaient “cette génération”. — Genèse 6:11, 12 ; 7:1. Par conséquent, aujourd’hui, dans l’accomplissement final de la prophétie de Jésus, apparemment “cette génération” désigne les peuples de la terre qui voient le signe de la présence du Christ mais ne redressent pas leurs voies. Par contre, nous qui sommes disciples de Jésus, nous refusons de nous laisser façonner par le style de vie de “cette génération”. Bien qu’étant dans le monde, nous ne devons pas en faire partie, “car le temps fixé est proche”. (Révélation 1:3 ; Jean 17:16.) L’apôtre Paul nous exhorte en ces termes : “Continuez à faire toutes choses sans murmures ni discussions, pour devenir irréprochables et innocents, enfants de Dieu sans défaut au milieu d’une génération perverse et tortueuse, où vous brillez comme des foyers de lumière dans le monde.” — Philippiens 2:14, 15 ; Colossiens 3:5-10 ; 1 Jean 2:15-17. ‘Briller comme des foyers de lumière’ ne signifie pas seulement faire montre d’une personnalité chrétienne pure, mais aussi, et surtout, accomplir la mission annoncée prophétiquement par Jésus : “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations ; et alors viendra la fin.” (Matthieu 24:14). Aucun humain ne peut dire quand la fin viendra, mais nous savons que la fin de “cette génération” méchante arrivera une fois que le témoignage aura été donné d’une façon satisfaisante pour Dieu, c’est-à-dire “jusque dans la partie la plus lointaine de la terre”. — Actes 1:8. Exit toute référence à 1914. La génération cible dont Jésus avait parlé était devenue celle qui voit le signe du temps de la fin et dont la fin viendrait après un témoignage complet. Autant dire que la fin peut être attendue dans 10, 50 ans ou dans 3 siècles, ce sera encore et toujours la génération qui voit le signe. Acrobatique et malicieux, le revirement était stratégiquement bien joué, à l'extrême limite d’une déconfiture programmée. Le mouvement de largage de l’année fatidique devenue encombrante avait commencé. Avec cependant un soubresaut notoire en 2003. La Tour de Garde, du 15 décembre 2003, p. 15, §§ 6-7 : Aux jours de Noé, Jéhovah a déclaré : “ Mon esprit n’agira pas envers l’homme indéfiniment, puisqu’il est également chair. Aussi ses jours se monteront à cent vingt ans. ” (Genèse 6:3). Ce décret divin émis en 2490 avant notre ère a marqué le commencement de la fin pour le monde impie. Songez à ce qu’il signifiait : plus que 120 ans, et Jéhovah allait amener “ le déluge des eaux sur la terre, pour ravager de dessous les cieux toute chair dans laquelle la force de vie est en action ”. — Genèse 6:17. Prévenu du cataclysme plusieurs décennies à l’avance, Noé a sagement utilisé ce temps pour préparer sa survie. “ Après avoir été divinement averti de choses qu’on ne voyait Via Veritas 81 pas encore, relate l’apôtre Paul, [Noé] a montré une crainte de Dieu et a construit une arche pour sauver sa maisonnée. ” (Hébreux 11:7). Et nous ? Voilà près de 90 ans, depuis 1914, que nous vivons les derniers jours de ce système de choses. Le doute n’est pas permis : nous sommes dans “ le temps de la fin ”. (Daniel 12:4.) Alors, comment devrions-nous réagir aux avertissements ? “ Celui qui fait la volonté de Dieu demeure pour toujours ”, assure la Bible (1 Jean 2:17). C’est donc maintenant qu’il faut faire la volonté de Jéhovah, en étant plus conscient que jamais que le temps presse. De deux choses l’une, soit le rédacteur est très maladroit dans cette ultime référence à 1914, soit l’analogie était intentionnelle et pointe vers une date loin dans l’avenir. Si l’on ajoute à 1914 120 ans cela nous donne 2034 et un délai supplémentaire à l’accomplissement prophétique faisant référence à l’année 1914. Quel est le problème ? Les Témoins de Jéhovah s’acharnent à conserver une compréhension particulière des 120 ans de Genèse 6:3. Or, la majorité des traductions bibliques rendent le verset différemment. Gen. 6:3 — Jérusalem : Yahvé dit : « Mon esprit ne demeurera pas dans l’homme, puisqu’il est chair : sa vie ne sera que de cent-vingt ans. » Gen. 6:3 — BFC : Alors le Seigneur dit : « Je ne vais pas laisser les hommes profiter indéfiniment du souffle de vie que je leur ai donné ; ils ne sont après tout que des êtres mortels. Désormais, ils ne vivront pas plus de cent vingt ans. » A la lecture de ces versets, on comprend que la durée de vie de l’homme est raccourcie, et non que Noé a prêché durant 120 ans, comme voudrait nous le faire croire la Watchtower. Mais qui a raison ? Un indice fort nous est révélé par la source du texte biblique, car le texte biblique n’est qu’un plagiat. Prenez connaissance de ce texte sumérien datant du 18ème siècle avant notre ère, et donc très antérieur à la Bible. Via Veritas 82 Le mythe sumérien de l’Atrahasis ou Supersage Les hommes créés par ENKI et NINTU pouvaient vivre 25.000 ans. 250.000 ans plus tard, huit rois des hommes s’étaient succédés. Les hommes étaient prospères, ils avaient étendu leur territoire, ils s’étaient multipliés. Mais le bruit de leurs activités, de leur agitation, de leurs guerres, de leurs fêtes, en un mot leur tapage finit par atteindre... même les cieux. Lors du Conseil des Grands Dieux ENLIL dit : « La rumeur des humains est devenue trop forte. A cause de leur tapage continuel je n’arrive plus à dormir. Nous leur avons déjà envoyé maladies, fièvres, épidémies et pestilences pour les décimer, mais très vite ils se sont à nouveau multipliés. Nous leur avons envoyé sécheresse, famines et autres fléaux sans plus de résultat. A chaque fois d’ailleurs, ENKI le prince les a aidés à s’en sortir. Maintenant il faut en finir une fois pour toute et envoyer sur les hommes le Déluge afin qu’il n’en reste pas un. » ENKI pris la parole : « J’ai créé l’homme dans l’intérêt des dieux, ne me demandez pas d’approuver un tel cataclysme. Comment pourrais-je porter la main sur mes créatures ! » Les dieux ayant malgré tout pris la décision finale, ENKI en songe, prévint ATRAHASIS, le Supersage, un homme de bien qui avait toujours mérité sa confiance. " ATRAHASIS, jette à bas ta maison, détourne-toi de tes biens pour te sauver la vie . Construit un grand bateau selon l’épure que j’ai tracée sur le sol. Cette embarcation aura forme équilatérale de 60 mètres de coté. Le bateau sera entièrement clos et toituré solidement. Que son calfatage soit épais et résistant. Tu appelleras ton vaisseau Sauve -Vie. Après y avoir chargé ton froment, tes biens, tes richesses, embarques-y ta femme, ta famille, ta parenté et tes ouvriers ainsi que des animaux sauvages, grands et petits, et des oiseaux du ciel ». Supersage n’avait que 7 jours pour construire Sauve-Vie. Les siens et les animaux venaient juste d’embarquer quand un vent furieux rompit les amarres et libéra le bateau. Alors le soubassement de la terre se décolla. Les étoiles elles-mêmes furent déplacées. De profondes ténèbres cachèrent le soleil. Le fracas du Déluge épouvanta les dieux eux-mêmes, pourtant tous réfugiés en la demeure céleste d ’ANOU. ENKI blême de colère vit ses enfants emportés par les eaux. NINTU la déesse mère éclata en sanglots :" Comment ai-je pu dans l’assemblée des dieux laisser prendre cette décision finale ? C’est ENLIL qui par un discours habile, a rendu vaines mes paroles ". Au bout de 7 jours, le vent se calma, le bateau cessa d’être ballotté. Supersage lâcha une colombe, elle revint, ne sachant où se poser. Il lâcha une hirondelle qui revint également. Enfin il lâcha un corbeau qui ne revint pas. Alors Supersage lâcha tous les oiseaux. Lorsque les eaux se furent retirées du haut de la montagne, Supersage débarqua et prépara un banquet à la gloire d’ENKI, le dieu ingénieux qui l’avait sauvé. L’odeur de la bonne chère attira également les grands dieux, qui, en l’absence des hommes, n’avaient ni bu ni mangé pendant tout ce temps. On peut supposer qu’ils n’en avaient pas vraiment besoin pour vivre, mais que ça leur manquait quand même. ENLIL voyant alors le bateau, entre en colère : « Nous les grands dieux nous avions prêté serment, d’où vient alors qu’un homme ait échappé à la destruction ? ». ENKI : " Oui, j’ai fait cela contre votre volonté à tous, j’ai sauvé ATRAHASIS. Calme-toi ENLIL, si tu as pu manger et te régaler, c’est bien grâce à cet homme. Grâce à lui la race humaine peut être sauvée". NINTU la déesse mère prit alors la parole : « ENLIL, tes solutions sont trop définitives. Trouvons un moyen terme. Afin que la descendance de Supersage ne perturbe plus les dieux, ENKI l’ingénieux doit bien avoir une solution ". ENKI : " O ! Divine Matrice, nous avons donné aux hommes presque l’immortalité, c’était Via Veritas 83 inconsidéré. Toi MAMMI, qui arrête les destins, impose donc aux hommes la mort pour qu’un équilibre s’installe. Afin que chez eux, outre les femmes fécondes, il y ait maintenant les infécondes, afin que chez eux sévisse la Démone Eteigneuse pour ravir les bébés aux genoux de leurs mères ". ENLIL approuva : " C’est entendu. Ce fut une erreur de vouloir les exterminer. Mais que les hommes ne vivent pas au delà de 120 années, afin qu’ils ne puissent jamais percer à jour nos connaissances. Ainsi, ils ne seront plus une menace pour nous ! Veillons à ce que les hommes ne s’installent jamais dans l’allégresse.Surveillons de près leur prolifération, leur prospérité et leur joie de vivre. Et pour cela, QUE CHEZ LES HOMMES UN TEMPS DE MALHEUR SUCCEDE TOUJOURS A UNE ERE DE BIEN ETRE ". Extrait du Mythe de l’Atrahasis , traduction d’après J. Bottero et S.N. Kramer, Lorsque les Dieux faisaient l’homme. Vous avez la réponse : 120 ans ; c’est bien suffisant pour les mortels. Et l’analogie ridicule faite par le rédacteur de la Tour de Garde n’a pas de fondement. Il faudra se rendre à l’évidence : l’année 1914 est morte. Tout ce que l’on peut lui rattacher est invisible, virtuel. Elle ne peut plus constituer un repère temporel et pèsera bientôt comme un boulet, comme ont pesé lourd les années 1844 et 1874 pour les Millérites et les Adventistes. Déjà l’année marquée disparaît progressivement des publications. Voici la courbe des occurrences du mot "1914" dans les publications Tour de Garde et Réveillez-Vous ! de 1970 à 2005. C’est un fait. L’année s’estompe des esprits et du vocabulaire, doucement, insidieusement. Six dates, six nombres : Année Occurrences dans les publications — TG et RV 1974 161 1984 183 1994 113 2003 15 : le record absolu de l’oubli 2004 60 : date anniversaire ? 2005 25 Et la tendance va-t-elle s’inverser ? Certainement pas. La Tour de Garde du 15 mars 2007, qui titre en première page « La venue de Christ. En quoi vous concerne-t-elle ? » et consacre ses deux premiers articles à la question, réussit le tour de force de traiter de la venue prochaine de Jésus en faisant l’impasse sur la parousie ou présence du Christ Via Veritas 84 depuis 1914. A croire que le passé est le passé et que seul l’avenir a encore du sens. Nul doute, les historiens ou les sociologues qui auront pour tâche dans un avenir lointain de se pencher sur l’histoire des Témoins de Jéhovah en arriveront à la conclusion : à la fin du vingtième siècle 1914 s’en vint. La génération en temps voulu Par Lucretius Quelle responsabilité repose sur un groupe d’hommes auto-proclamé tête pensante d’un mouvement et grand dispensateur de la nourriture spirituelle ! La Tour de Garde, 15/12/1983, p. 19-20 § 19-20 : Le “seul corps” mentionné par Paul est la congrégation chrétienne dont Jésus est la “tête”. (Éphésiens 1:22, 23.) Tous les membres oints appartenant à cette congrégation unie allaient recevoir la même nourriture spirituelle. C’est dans ce but que leur “maître” a établi “l’intendant fidèle”, le corps ou la classe des chrétiens oints encore vivants sur la terre, et ce depuis la Pentecôte de l’an 33. Puisqu’en 1919, lorsqu’il est arrivé pour l’inspecter, le “maître” a trouvé le reste de ce corps en train de distribuer fidèlement et de façon avisée la “ration de vivres”, il l’a établi “sur tout son avoir”. (Luc 12:42-44.) Les faits démontrent que depuis cette date cet “intendant” s’est fidèlement occupé de cet “avoir”. Le clergé des nombreuses Églises et sectes de la chrétienté n’a pas été trouvé en train de distribuer la “ration de vivres” spirituels qui convenaient au ‘groupe des gens’ appartenant à Christ. C’est pourquoi ces ecclésiastiques et leurs ouailles ‘souffrent de la faim’. (Ésaïe 65:11, 13.) En revanche, “l’intendant fidèle” a veillé à avoir une “ration de vivres en temps voulu” et en abondance pour les chrétiens oints et, depuis 1935, pour la “grande foule” des “autres brebis” qui ne cesse de croître (Révélation 7:9, 10 ; Jean 10:16). Combien il est aisé de faire des déclarations d’autorité sans preuve en les brandissant comme la vérité révélée par l’Esprit Saint et de les réformer par la suite parce qu’elles se confrontent à la dure réalité d’un monde qui ne tourne pas comme on l’avait pensé. L’actualité récente met en évidence la versatilité des convictions jéhovistes en ce qui concerne le temps de la fin et les déclarations mêmes de Jésus. Pendant des décennies complètes les Témoins de Jéhovah ont mesuré leur attente du temps de la fin sur la notion de génération telle que celle présentée par la Tour de Garde, 15/8/1984, p. 4-5 : “Non, disait Jésus, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent.” (Matthieu 24:34). Mais que faut-il entendre par “génération” ? Dans son livre intitulé La génération de 1914, Robert Wohl, professeur d’histoire, nous propose une définition inhabituelle de ce terme. La voici : “Sur le plan historique, une génération ne se mesure pas à ses bornes ou à ses frontières temporelles. Ce n’est pas un espace de temps délimité par des dates (...). Cette notion se comparerait plus aisément à un champ magnétique au centre duquel se trouverait un événement ou une suite d’événements. (...) Ce qui est nécessaire pour qu’une génération prenne conscience de son existence, c’est la présence d’un point de repère commun qui l’isole du passé (...). Un tel point de repère est toujours lié à de grands bouleversements historiques comme Via Veritas 85 les guerres, les révolutions, les pestes, les famines et les crises économiques.” Vues sous cet angle, la Grande Guerre de 1914-1918 et ses conséquences constituent sans aucun doute un “point de repère” propre à marquer une génération. À ce sujet, le professeur Wohl explique que la Première Guerre mondiale a déterminé “une rupture évidente par rapport au passé. Ceux qui ont vécu cette conflagration ont toujours été poursuivis par l’impression qu’en août 1914 un monde a pris fin et un autre a vu le jour”. Jésus, pour sa part, a souvent employé le mot “génération”. Il lui a d’ailleurs donné un sens différent selon le contexte. Mais que voulait-il dire quand il a parlé de la ‘génération qui ne passerait pas’ ? D’aucuns ont voulu en faire une période de 30, de 40, de 70 ou même de 120 ans. Toutefois, le concept de génération est lié aux hommes et aux événements plutôt qu’à un nombre d’années fixe. Le terme grec traduit par “génération” dans la Bible a été défini comme suit : “Ceux qui sont nés à la même époque (...). Autre acception dérivée de la précédente : L’ensemble des contemporains de quelqu’un, un âge.” (Nouveau dictionnaire théologique international du Nouveau Testament [angl.]). Ou encore : “La totalité des individus nés en même temps et, par extension, tous ceux qui vivent en une génération-temps donnée, qui sont contemporains les uns des autres.” (Lexique grec-allemand du Nouveau Testament [all.], de Walter Bauer, 5e édition, 1958). Ce vocable désignerait donc à la fois les personnes nées vers l’époque d’un événement marquant et toutes celles qui sont en vie lorsqu’il se produit. Si Jésus a employé le mot “génération” dans ce sens-là et que nous l’appliquions ainsi à 1914, il s’ensuit alors que les plus jeunes membres de cette génération ont maintenant au moins 70 ans, tandis que d’autres sont déjà octogénaires, nonagénaires, voire centenaires. Il n’empêche que des millions de représentants de cette génération sont encore en vie. Parmi eux, il en est qui ‘ne passeront pas avant que tout n’arrive’. — Luc 21:32. Le monde d’alors était clair et lumineux. C’était certain et annoncé il fallait s’attendre à la survenue de l’intervention de Dieu dans l’espace d’une génération centrée sur 1914. En 1984 70 ans s’était écoulés, c’est dire le peu de temps qu’il restait. Mais quelle terrible tension que de patienter jusqu’à faire douter de la réalité prophétique. Mais après tout cette attente décourageante n’avait-elle pas été pareillement prophétisée ? La Tour de Garde, 1/5/1985, p. 4-5 : Jésus, pour sa part, connaissait aussi la durée limite de la période marquée. Prenant l’image d’un figuier, il a déclaré : “Dès que sa jeune branche devient tendre et qu’elle pousse des feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, quand vous verrez toutes ces choses, sachez qu’il est proche, aux portes. En vérité je vous le dis : Non, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent.” — Matthieu 24:32-34. Ainsi donc, l’intervention divine aurait lieu du vivant de personnes qui auraient vu les premiers indices annoncés par Jésus. Le début de l’époque fatidique sonnerait le glas du monde de Satan, contre lequel le Royaume nouvellement établi au ciel viendrait bientôt exécuter le jugement de Dieu. Or la chronologie biblique et l’accomplissement des prophéties des Écritures attestent que cette époque a commencé en 1914. Par conséquent, le jugement divin doit être exécuté avant que la génération de 1914 ne s’éteigne. Or, cette génération est encore très bien représentée. En 1980, on comptait en Allemagne fédérale 1 597 700 personnes qui étaient nées en 1900 ou plus tôt. Ce chiffre serait encore plus considérable si des millions d’Allemands n’avaient pas connu une mort prématurée au cours des deux guerres mondiales. Via Veritas 86 En rapportant ces paroles de Jésus : “Non, cette génération ne passera pas”, les Évangiles emploient deux négations grecques, ou et mê. Un commentaire biblique (The Companion Bible) en explique la raison comme suit : “Lorsque les deux négations sont associées, elles perdent leur sens distinctif pour former une affirmation extrêmement puissante et catégorique.” Or c’est aujourd’hui, à l’heure où il semble que la génération pourrait passer avant que tout ne s’accomplisse, que les paroles de Jésus commencent à prendre tout leur sens. L’avertissement d’Habacuc indiquait que le jugement de Jéhovah semblerait tarder, ce qui mettrait la foi de ses serviteurs à l’épreuve. Logiquement, pareille épreuve ne pouvait surgir que vers la fin de la génération désignée par Jésus. Revenons à l’exemple que nous avons pris au début de cet article. Quand vous mettriez-vous à douter sérieusement de la venue de votre ami ? Probablement pas à 9 heures du matin, ni à midi ; peut-être même pas en fin d’après-midi. En revanche, dans la soirée votre foi commencerait vraisemblablement à être mise à l’épreuve. Pourtant, rappelez-vous que même à 23 h 30 celui que vous attendez a encore le temps de tenir sa promesse ! Il n’y a aucune raison de s’inquiéter de la véracité de la Parole de Dieu. Celle-ci s’est toujours accomplie. La remarque que Josué a faite aux Israélites voici plus de 3 000 ans est toujours valable aujourd’hui : “N’est restée sans effet aucune parole de toutes les bonnes paroles que vous a dites Jéhovah, votre Dieu. Toutes se sont réalisées pour vous. Pas une seule parole d’entre elles n’est restée sans effet.” — Josué 23:14. “Pour ce qui est de l’accomplissement des prophéties, nous avons naturellement tendance, comme tous les humains, à manifester une certaine impatience et à souhaiter que les choses aillent plus vite.” C’est là ce que disait La Tour de Garde dans son édition anglaise du 1er mai 1910. On y lisait encore : “C’est un retard par rapport à notre attente, mais nous pouvons être sûrs qu’il n’y a aucun retard du point de vue du dessein divin (...). Nous ne doutons pas que tout s’accomplira au moment prévu par Dieu.” On le comprend à la fin des années 80 l’explication donnée est encore la ration spirituelle en temps opportun, c’est la génération en temps voulu. L’explication est même idéale pour maintenir le sentiment d’urgence qui fait les bons prédicateurs. Évoquer le monde de l’an 2000 à cette époque reculée tient du blasphème : c’est sûr le chronomètre est lancé. On ne passera pas le siècle. Mais au milieu des années 90 la certitude devient moins appuyée, ça commence tout de même à faire long. Persister dans l’explication confortée pendant des décennies n’est plus tenable, il faut prévoir le bug de l’an 2000 et le dépassement calendaire de la chronologie. Alors la gamelle passe et la nourriture change, la génération en temps voulu s’adapte aux dures réalités existentielles. La Tour de Garde, 1/11/1995, p. 30-31 Questions des lecteurs : Comme nous l’avons vu aux pages 10 à 15, Jésus a condamné la génération des Juifs de son époque, ses contemporains qui le rejetaient (Luc 9:41 ; 11:32 ; 17:25). Il a souvent utilisé des adjectifs comme “méchante et adultère”, “sans foi et tortueuse”, “adultère et pécheresse” pour qualifier cette génération (Matthieu 12:39 ; 17:17 ; Marc 8:38). La dernière fois que Jésus a employé le mot “génération”, c’était sur le mont des Oliviers, en compagnie de quatre apôtres (Marc 13:3). Ces hommes, qui n’avaient pas encore été oints de l’esprit et qui n’appartenaient pas à une congrégation chrétienne, ne constituaient évidemment ni une “génération” ni une race. Ils étaient cependant habitués à l’usage que Jésus faisait du mot “génération” pour parler de ses contemporains. Ils allaient donc très logiquement comprendre ce à quoi Jésus pensait Via Veritas 87 quand il mentionnerait “cette génération” pour la dernière fois. Par la suite, l’apôtre Pierre, qui était présent, exhorta les Juifs en ces termes : “Sauvez-vous de cette génération tortueuse.” — Actes 2:40. Nous avons souvent publié des faits montrant que nombre des choses annoncées par Jésus dans cette même déclaration (les guerres, les tremblements de terre et les famines par exemple) se sont produites entre le moment où il avait prononcé sa prophétie et la destruction de Jérusalem en 70. Nombre, mais pas toutes. Par exemple, il n’y a aucune preuve qu’après les attaques de Rome contre Jérusalem (66-70) le “signe du Fils de l’homme” soit apparu, amenant “toutes les tribus de la terre” à se frapper la poitrine (Matthieu 24:30). Ainsi, l’accomplissement de ces paroles prophétiques entre 33 et 70 n’a dû être qu’un premier accomplissement, et non pas l’accomplissement complet, sur une grande échelle, que Jésus a également annoncé. Dans la préface de sa traduction en anglais de La guerre des Juifs, œuvre de Josèphe, G. Williamson écrit : “Les disciples, nous dit Matthieu, ayant posé [à Jésus] une double question — sur la destruction du temple et sur sa dernière venue —, il leur a donné une double réponse ; la première partie annonçait de façon très frappante les événements qui allaient être rapportés avec force détails par Josèphe.” Dans le premier accomplissement, manifestement “cette génération” désigne la même chose que les autres fois : la génération contemporaine des Juifs non croyants. Cette “génération” ne passerait pas sans avoir vécu ce que Jésus avait annoncé. Comme le dit Williamson, et ainsi que l’a confirmé Josèphe, historien et témoin oculaire, cette prophétie s’est bien réalisée au cours des décennies qui ont précédé la destruction de Jérusalem. Dans le second accomplissement, plus grand, “cette génération” allait logiquement désigner aussi les contemporains. Comme le montre l’article commençant à la page 16, il n’y a pas lieu de conclure que Jésus faisait référence à un nombre déterminé d’années constituant une “génération”. Au contraire, on peut dire deux choses essentielles à propos de n’importe quelle époque désignée par le mot “génération” : 1) Une génération d’individus ne peut être considérée comme une période ayant un nombre déterminé d’années, contrairement à des mots (décennie ou siècle) qui désignent des périodes comptant un nombre d’années bien défini. 2) Les individus d’une génération ne vivent pas durant une longue période, mais relativement peu de temps. Par conséquent, lorsque les apôtres ont entendu Jésus parler de “cette génération”, qu’ont-ils pensé ? Avec le recul, nous savons que la destruction de Jérusalem lors de la “grande tribulation” a eu lieu 37 ans plus tard, mais les apôtres qui écoutaient Jésus ne pouvaient le savoir. En parlant d’une “génération”, Jésus leur a plutôt fait penser, non pas à une longue période, mais aux gens vivant dans une période relativement limitée. Il en va de même dans notre cas. Les paroles que Jésus a prononcées ensuite sont donc très appropriées : “Quant à ce jour-là et à cette heure-là, personne ne les connaît, ni les anges des cieux ni le Fils, mais seulement le Père. (...) C’est pourquoi vous aussi soyez prêts, car c’est à une heure que vous ne pensez pas que le Fils de l’homme vient.” — Matthieu 24:36, 44. Lumière fulgurante en accord avec le temps qui passe : la génération n’est plus limitée dans le temps, elle désigne l’ensemble de nos contemporains qui vivent les éléments du signe et ne discernent pas leur signification. Arrêtez donc de fixer votre œil sur le chronomètre, il ne sert plus à rien et on vous l’enlève. Treize années plus tard, un nouvel éclair de l’esprit saint vient de remodeler la signification de la génération. C’est quand même beau le recyclage. Via Veritas 88 La Tour de Garde, 15/2/2008, p. 23-25 : Par le passé, il a été expliqué dans cette revue que, au 1er siècle, " cette génération " dont il est question en Matthieu 24:34 désignait " la génération contemporaine des Juifs non croyants ". Cette explication semblait plausible : chaque fois que Jésus avait fait usage du terme " génération ", il lui avait attribué une connotation négative ; et, dans la plupart des cas, Jésus employait un adjectif négatif tel que " méchante " pour qualifier la génération (Mat. 12:39 ; 17:17 ; Marc 8:38). Aussi estimait-on que, pour ce qui est de l’accomplissement moderne, Jésus avait à l’esprit la " génération " méchante de non-croyants qui verrait non seulement les signes caractérisant " l’achèvement du système de choses " [suntéléïa), mais aussi la fin du système (télos). II est vrai que, lorsque Jésus employait le mot " génération " dans un sens négatif, il s’adressait directement aux gens méchants de son époque ou bien il parlait d’eux. Mais était-ce forcément le cas en Matthieu 24:34 ? Souvenons-nous que quatre des disciples de Jésus s’étaient avancés vers lui " en particulier ". (Mat. 24:3.) Puisque Jésus n’a pas employé de qualificatifs négatifs quand il leur a parlé de " cette génération ", les apôtres ont vraisemblablement compris que c’étaient eux et leurs co-disciples qui allaient faire partie de la " génération " qui ne passerait pas avant " que toutes ces choses n’arrivent ". Qu’est-ce qui nous autorise à tirer cette conclusion ? Un examen attentif du contexte. En Matthieu 24:32, 33, Jésus dit : " Or, apprenez ceci du figuier pris comme exemple : Dès que sa jeune branche devient tendre et qu’elle pousse des feuilles, vous savez que l’été est proche. De même vous aussi, quand vous verrez toutes ces choses, sachez qu’il est proche, aux portes. " (Cf. Marc 13:28-30 ; Luc 21:30-32.) Puis, en Matthieu 24:34, il ajoute : " Vraiment, je vous le dis : Non, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent. " Jésus disait que ce seraient ses disciples, bientôt oints d’esprit saint, qui allaient être en mesure de tirer certaines conclusions lorsqu’ils verraient " toutes ces choses " arriver. C’est donc à ses disciples que Jésus devait penser lorsqu’il a dit : " Non, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent. " (...) Ceux à qui manque la compréhension spirituelle estiment que rien n’atteste " ostensiblement " la présence de Jésus aujourd’hui. Pour eux, tout demeure comme par le passé (2 Pierre 3 : 4). De leur côté, les fidèles frères oints du Christ, la classe moderne de Jean, ont reconnu le signe aussi nettement que s’il brillait comme l’éclair, et ils en comprennent le sens véritable. En tant que classe, ces oints constituent la " génération " moderne de contemporains qui ne passera pas avant " que ces choses n’arrivent ". Cela laisse entendre que certains des frères oints du Christ seront encore sur la terre lorsque la grande tribulation annoncée commencera. (...) Donc, lorsque le terme " génération " est employé pour désigner des gens vivant à une période donnée, la longueur exacte de cette période ne peut être déterminée. Toutefois, cette période a bien une fin et ne peut pas être excessivement longue. Par conséquent, en utilisant le terme " cette génération ", comme le rapporte Matthieu 24:34, Jésus n’a pas fourni à ses disciples une formule qui leur permettrait de calculer quand " les derniers jours " prendraient fin. Au contraire, il a précisé qu’ils ne connaîtraient pas " ce jour-là et [...] cette heure-là ". - 2 Tim. 3:1 ; Mat. 24:36. Extraordinaire n’est-ce pas ? Il y a treize ans la génération désignait l’ensemble des gens mauvais de l’époque, maintenant elle désigne une poignée de justes clairvoyants. Clairvoyants, mon œil. Désorientés et changeants au gré des circonstances extérieures c’est certain. Via Veritas 89 Prenez, Témoins de Jéhovah fidèles, une bonne louche de votre ration au temps voulu. Ne vous inquiétez pas, à la prochaine nécessité, une nouvelle lumière, toute neuve, viendra vous éclairer. Une fois encore ce sera la génération en temps voulu. Merci qui ? Nous vivons les derniers jours - 2 Timothée 3:1-5 Par Lucretius Si un TJ vous dit : Ne voyez-vous pas que nous vivons les derniers jours ? — 2 Timothée 3:1-5 Un grand classique du genre dans la collection « Entrées en matière » est, tel qu’apparaissant à l’entrée Actualité du livre Comment raisonner à partir des Ecritures p.9 : ‘Bonjour Monsieur (ou Madame). Je m’appelle —. Je suis un de vos voisins puisque j’habite (donnez le nom de votre rue et de votre quartier). Peut-être avez-vous regardé les informations à la télévision hier soir ? ... Il y a eu (mentionnez un événement qui inquiète les gens). Qu’en pensez-vous ? ... On entend souvent cette question : “Mais où va le monde ?” En tant que Témoins de Jéhovah, nous croyons que nous vivons ce que les Écritures appellent les “derniers jours”. Voyez la description détaillée qui nous en est faite en II Timothée 3:1-5.’ 2 Timothée 3:1-5 Mais sache ceci : que dans les derniers jours des temps critiques, difficiles à supporter, seront là. 2 Car les hommes seront amis d’eux-mêmes, amis de l’argent, arrogants, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissants à l’égard de [leurs] parents, ingrats, sans fidélité, 3 sans affection naturelle, sans esprit d’entente, calomniateurs, sans maîtrise de soi, cruels, sans amour du bien, 4 traîtres, entêtés, gonflés [d’orgueil], amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu, 5 ayant une forme d’attachement à Dieu, mais trahissant sa puissance ; et de ceux-là détourne-toi. Comment répondre ? Voici une synthèse des réponses apportées sur le forum Unelueur.org : Notre vision de la réalité est faussée et imparfaite : • Les médias amplifient les malheurs. « Les médias, comme on le sait, s’intéressent surtout aux trains qui déraillent et jamais à ceux qui sont à l’heure ; ils insistent sur les naufrages et négligent les navires qui parviennent à bon port. » (Jean-Claude GUILLEBAUD, essayiste, éditeur et journaliste) (cité par Coc) Le texte intégral — beau texte ! — sources : Reporters d’espoir : Via Veritas 90 La face cachée du réel Par vocation, le journalisme raconte jour après jour — et tente de comprendre — les tragédies du monde. Une logique naturelle l’incline à réserver toute son attention aux désastres qui habitent le monde : guerres, famines, querelles, séismes, épidémies... Cette logique fait naturellement de chaque reporter un ardent préposé aux catastrophes. Les médias, comme on le sait, s’intéressent surtout aux trains qui déraillent et jamais à ceux qui sont à l’heure ; ils insistent sur les naufrages et négligent les navires qui parviennent à bon port. Cette préférence est intrinsèque au journalisme lui-même. Les journaux sont-ils là pour s’attarder sur le « non-événement » ? « D’innombrables bonnes nouvelles ne sont (presque) jamais rapportées ni, a fortiori, mises en valeur... » Ainsi le journalisme se condamne-t-il quotidiennement à une forme d’hémiplégie. Il privilégie une seule dimension du réel, la moins glorieuse. Par définition, le discours médiatique est un discours attristé, voire alarmé. Il s’habille en noir. Or, la réalité, nous le savons, n’est jamais aussi sombre. Elle est faite d’ombres et de lumières. Elle mêle le pire au meilleur. Partout. Toujours. À n’insister que sur les ombres, on pêche — et on ment — par omission. En toute bonne foi. Vieille question ! Cette insuffisance, en effet, n’est pas facile à corriger. Qui veut faire profession d’optimisme délibéré frôle le ridicule. En produisant un récit édifiant, moralisateur ou lénifiant, il ne fait qu’opposer à une erreur une image inversée de celle-ci ; il substitue à une omission une autre sorte d’oubli. Ce n’est pas ce moralisme-là, mais pas du tout, qu’entend promouvoir l’association Positive Network à travers le prix Reporters d’espoirs. Pour Laurent de Cherisey, Christian de Boisredon et Béatrice Leproux-Gillet, ses fondateurs, il ne s’agit pas d’encourager la « gentillesse » et moins encore je ne sais quelle niaiserie réconfortante. Plus sérieusement, il s’agit d’encourager les reporters et à travers eux la profession, à s’intéresser — mais intrépidement — à l’autre dimension du réel : initiatives, victoires sur la fatalité, engagements têtus, progrès trop ignorés, démarches de paix, réconciliations durables, prouesses de toutes sortes... D’innombrables bonnes nouvelles ne sont (presque) jamais rapportées ni, a fortiori, mises en valeur. C’est ce « trou », c’est ce « manque » qui vaut d’être comblé. C’est cette « face cachée du réel » qui mérite d’être explorée. On voudrait en somme que soit un peu moins ignoré tout ce qui, mine de rien, permet aux sociétés humaines de tenir encore debout. Nous vivons dans l’instantanéité des nouvelles ; nous recevons en quelques minutes des informations chargées émotionnellement. Dans le passé nombre de ces nouvelles n’auraient même pas passées les frontières d’un pays. Nous n’avons pas l'œil et le recul de l’historien qui mettrait en perspective toutes ces données. • La tentation est grande d’occulter les évolutions positives : améliorations de la durée et de la qualité de la vie, progrès médicaux incontestables (merci Coc). Citation de Wikipedia sur l’espérance de vie : De 1900 à 2000 l’espérance de vie en France (moyenne homme et femmes) est passée de 40 à 78 ans. La durée de vie moyenne a presque doublé en un siècle seulement. Cette avancée extraordinaire a été le résultat de nombreux progrès : · médecine : prise en charge de la grossesse et des nourrissons, asepsie, antibiotiques, vaccinations, chirurgie... · politique de santé publique : lutte contre les risques alimentaires, politique de sécurité des transports, normes de sécurité dans les entreprises et les bâtiments, campagnes Via Veritas 91 contre le tabac et l’alcool... · technique : conservation des aliments par le froid, baisse du prix du chauffage et de l’énergie, matériels de sécurité incendie ou autre · hausse du niveau de vie, réduction de l’extrême pauvreté et des carences alimentaires graves associées à cette situation, accessibilité à la majorité d’un confort autrefois réservé à une élite (eau courante, électricité, chauffage, accès au logement ...) Remarque appropriée de Victoire sur le forum : A tous ceux qui disent qu’avant 1914 c’était beaucoup mieux, on pourrait leur demander de choisir une époque où ils aimeraient vivre, puis ensuite de faire quelques recherches sur cette époque. Inévitablement on va trouver des conditions de vie bien plus difficiles que ce soit au niveau du travail, de la santé, du logement, de la liberté d’expression (surtout si on est une femme), de l’égalité entre les humains (esclavage, castes, classes sociales, etc..), de la connaissance (écoles et instruction limitées), du confort, des loisirs (qui étaient inexistants), du pouvoir politique en place souvent totalitaire, sans parler des guerres et des diverses épidémies..... Assurément, le monde d’aujourd’hui est-il plus cruel ou inhumain ? Lorsque des catastrophes se produisent et que l’on constate un élan mondial de solidarité, est-ce une preuve de la décadence de l’amour (charité) ou la progression de la dureté de coeur ? • Le sentiment que le passé était meilleur que le présent, que la nature humaine se dégrade n’est pas nouveau, et ne saurait constituer une preuve objective. Des auteurs de l’antiquité ont exprimé leur sentiment personnel : Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là en toute beauté et en toute jeunesse le début de la tyrannie. — Platon, 428-347 av. J.-C. (cité par Coc) A la même époque que Paul (65 de n.e.), le romain Sénèque prenait un recul nécessaire par rapport aux plaintes de ses contemporains. Nos ancêtres, se sont plaints, nous nous plaignons et nos descendants se plaindront un jour de la décadence des mœurs, de ce que le mal pénètre partout, les hommes s’enfoncent de plus en plus dans le péché et leur condition empire. En réalité cependant la situation ne change pas, mais elle reste et restera la même, à quelques légères variations près, dans un sens ou dans l’autre, comme les eaux portées ou retenues à des limites plus ou moins rapprochées du rivage, par le flux et le reflux, dans le mouvement des marées. Les vices ne sont pas le propre des temps, mais le propre des hommes. Jamais aucun âge n’a été exempt de péché. — Sénèque, De Beneficiis, I, 10 ; Lettres, 97. Quant à l’appropriation des propos de Paul pour en faire une application visionnaire, en voici un exemple qui manifeste bien la fragilité de l’argument. Nous le devons à St Cyprien25. 25 Cyprien (saint) (Thascius Cæcilius Cyprianus) (Carthage, déb. IIIe s. id., 258), Père de l’Église, évêque de Carthage (249) : De l’unité de l’Église. Martyr, il mourut décapité. Via Veritas 92 Extrait de : De l’unité de l’Eglise Le Seigneur établit en deux mots, dans l’Évangile, les fondements de notre espérance et de notre foi : Votre Dieu, dit-il, est un Dieu unique. Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de tout votre esprit et de toutes vos forces c’est là le premier commandement. Le second commandement est semblable au premier : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. Dans ces deux commandements se trouvent toute la loi et les prophètes (Marc, XII). En renfermant dans deux préceptes les prophètes et la loi, le Seigneur nous recommande l’unité et la charité. L’unité et la charité ! ils s’en occupent bien ces fauteurs de discordes qui. emportés par une haine aveugle, scindent l’Église, détruisent la foi, troublent la paix, ruinent la charité, profanent nos mystères. Ce fléau, mes frères bien-aimés, a commencé depuis longtemps ; mais, de nos jours, ses ravages deviennent plus affreux. Les hérésies et les schismes, en se multipliant, répandent davantage leurs poisons. N’en soyons pas étonnés ; il doit en être ainsi au déclin du monde ; l’Esprit-Saint, par la bouche de l’apôtre, l’a prédit : Aux derniers jours, viendront des temps difficiles. On verra paraître des hommes pleins de confiance en eux-mêmes, superbes, vaniteux, avares, blasphémateurs, désobéissants, ingrats, impies, sans affection, sans bonne foi, délateurs, débauchés, cruels, ennemis de tout bien, traîtres, insolents, enflés d’orgueil, préférant leurs passions à Dieu, altérant les dogmes de la religion et ne croyant pas à son origine et à sa vertu divine. Ces hommes se glissent dans les maisons ; ils séduisent des femmes faibles et chargées de fautes qui se laissent conduire par de vains désirs. Ils cherchent sans cesse à apprendre et n’arrivent jamais à la science de la vérité. Autrefois Jamnès et Mambrès résistèrent à Moïse : eux de même résistent à la vérité, égarés qu’ils sont par leur corruption et leurs erreurs. Mais leur succès sera de courte durée ; bientôt leur perversité sera découverte, comme celle des ennemis de Moïse (II Thess., III). Toutes ces prophéties s’accomplissent, et comme la fin du monde approche, ces hommes paraissent pour nous éprouver. Grâce à la fureur du démon, toutes les passions s’agitent à la fois : l’erreur séduit les âmes déjà. égarées par l’orgueil, la jalousie les enflamme, la cupidité les aveugle, l’impiété les déprave, la vanité les enfle, la discorde les exaspère, la colère les précipite à leur ruine. Ne nous laissons pas troubler ou émouvoir par l’excessive perfidie d’un si grand nombre ; mais plutôt, puisque la chose est prédite, servons-nous-en pour fortifier notre foi. La conduite des hérétiques est conforme à la prédiction. Donc, mes frères, appuyés sur la prophétie, tenez-vous en garde contre eux, car le Seigneur a dit : Méfiez-vous ; (135) je vous ai tout annoncé d’avance. Évitez ces hommes, je vous en supplie, repoussez leurs paroles perverses comme une contagion mortelle, selon cette parole des Livres saints : Fermez rigoureusement vos oreilles et n’écoutez pas les méchants ; et ailleurs : Les mauvais propos corrompent les bonnes mœurs. En toute bonne foi un tel homme pensait la fin du monde prochaine, la prophétie de Paul est, de fait, trompeuse et inapplicable. La prophétie citée est contredite par l’observation et l’Histoire, elle ne peut convaincre que les gens convaincus. Via Veritas 93 Nous vivons les derniers jours - Mat 24:3-7 Par Lucretius Si un Témoin de Jéhovah vous dit : nous vivons les derniers jours - Mat 24:3-7 Grand classique parmi les entrées en matière des Témoins de Jéhovah : Bonjour Monsieur (ou Madame). Comment allez-vous ? ... Nous nous efforçons de partager avec nos voisins un point de vue positif sur l’avenir. Essayez-vous vous aussi de voir la vie avec optimisme ? ... Ne pensez-vous pas que c’est difficile en raison de la situation ? ... Les Saintes Écritures m’ont beaucoup aidé sous ce rapport. Elles décrivent les conditions actuelles avec réalisme, mais elles en donnent aussi la signification et montrent où nous allons. Notez la description qui est faite par Jésus de notre époque particulière. The Fourth Horsie of the Apocalypse 1986 - 83.5 x 68 crayon sur papier Voir le site de Laurie Lipton (Matthieu 24:3-7) 3 Tandis qu’il était assis sur le mont des Oliviers, les disciples s’avancèrent vers lui en particulier et dirent : “ Dis-nous : Quand ces choses auront-elles lieu, et quel sera le signe de ta présence et de l’achèvement du système de choses ? ” 4 En réponse Jésus leur dit : “ Prenez garde que personne ne vous égare ; 5 car beaucoup viendront à cause de mon nom, en disant : ‘ Je suis le Christ ’, et ils en égareront beaucoup. 6 Vous allez entendre parler de guerres et de nouvelles de guerres ; veillez à ne pas être terrifiés. Car il faut que ces choses arrivent, mais ce n’est pas encore la fin. 7 “ Car nation se lèvera contre nation et royaume contre royaume, et il y aura des disettes et des tremblements de terre dans un lieu après l’autre. Ne croyez-vous pas que notre époque est marquée ? Voici la synthèse des réponses apportées par la réflexion menée sur le forum Une Lueur à ce sujet. Des guerres mondiales ? Coc26 nous a rappelé un article puissant : Article publié le 19 Octobre 2005 Par Philippe Bolopion Source : www.humansecurityreport.info 26 Fidèle intervenante sur le forum Une Lueur. Via Veritas 94 A contre-courant des idées reçues, un rapport du Human Security Center révèle une réduction drastique du nombre de guerres, de génocides et de violations des droits de l’homme au cours des douze dernières années. Selon l’étude "Guerre et paix au XXIe siècle", le nombre de conflits armés a été réduit de 40 % depuis 1992. Malgré la Bosnie et le Rwanda, le nombre de génocides et autres massacres d’ampleur a, lui, chuté de 80 % depuis la fin de la guerre froide. Cette tendance forte, décrite en préambule du rapport par l’archevêque Desmond Tutu comme un "rare message d’espoir" , renverse un demi-siècle d’augmentation du nombre des conflits armés et de leur cortège de violence, dans le sillage de la seconde guerre mondiale. Pourquoi cette évolution passet-elle inaperçue ? "Les médias rapportent les événements sanglants, mais les guerres qui s’achèvent ne font pas la "une"" , explique Andrew Mack, le directeur du Human Security Center. Depuis 1988, une centaine de conflits ont pris fin. Presque partout, les violations graves des droits de l’homme seraient en recul. Au cours des dix dernières années, le nombre de réfugiés aurait chuté de 30 %. Les tentatives de coups d’Etat se raréfient aussi, avec 25 en 1963 contre 10 en 2004, qui ont toutes échoué. INSTITUTIONS INSTABLES Moins nombreuses, les guerres sont aussi moins meurtrières. En 1950, une guerre faisait en moyenne 38 000 morts, contre 600 morts en 2002. Les conflits opposent désormais rarement de lourdes armées sur un champ de bataille. Le plus souvent, "des forces gouvernementales faibles" font face à de "petites forces rebelles mal entraînées" . Il peut aussi s’agir d’opérations comme au Kosovo, où le déséquilibre des forces et l’utilisation de munitions précises assurent une victoire rapide et peu coûteuse en vies. A ce titre, la guerre en cours en Irak est, selon le rapport, "une exception" , car "des dizaines de milliers de personnes ont été tuées". Cette fois encore la perception que nous avons de la réalité au plan mondial est faussée. Le monde vit en paix depuis plus de 60 ans, la plus longue période de paix mondiale depuis des siècles. La période depuis la fin de la seconde Guerre Mondiale est le plus long intervalle de paix ininterrompu entre les grandes puissances depuis des siècles. — John Mueller, Retreat from Doomsday : The Obsolescence of Major War (New York : Basic Books, 1989). Cité par le même rapport. Quel est ce raccourci de pensée qui permet de conclure qu’il s’agirait d’une guerre mondiale ? Pour un juif du 1er siècle, quelques nations qui s’empoignent autour de lui dans son petit monde, c’est nation contre nation et royaume contre royaume. L’extrapolation mondiale est une interprétation, car le texte ne dit pas que la prise de bec serait mondiale. Objection TJ Ô mais si, voyez là c’est écrit en Révélation. C’est un des Cavaliers de l’Apocalypse. Révélation 6:3-4 3 Et quand il a ouvert le deuxième sceau, j’ai entendu la deuxième créature vivante dire : “ Viens ! ” 4 Et un autre est sorti, un cheval couleur de feu ; et à celui qui était assis dessus on a accordé d’ôter la paix de la terre pour qu’ils se tuent les uns les autres ; et on lui a donné une grande épée. Via Veritas 95 Pour « ôter la paix de la terre », André Chouraqui rend le texte ainsi : « prendre la paix hors de la terre ». L’idée maîtresse est la même, avec le début de la chevauchée il ne reste plus de paix sur la terre. Or, nos propos précédents ont montré le contraire. Le verset n’est pas applicable. Mais alors comment comprendre l’avertissement ? En suivant la leçon donnée par des biblistes que citent quand ça l’arrange la WT. A savoir Barnes et Clarke (19ème siècle). Commentaire de Barnes (1798-1870 - traduit de l’anglais) : A Césarée, les Juifs et les Syriens se disputèrent le contrôle de la cité, et 20 000 d’entre les Juifs furent abattus. A cet affront, la nation toute entière des Juifs fut hors d’elle et amena guerres et désolation à travers les villes et villages syriens. La sédition et la guerre civile se répandirent à travers toute la Judée ; l’Italie aussi se lança dans la guerre civile par la compétition entre Otho et Vitellius pour la couronne. Clarke (1715-1832) est plus verbeux, mais reprend la même idée (également traduit de l’anglais) : Nation contre nation Cela portait sur les dissensions, insurrections et massacres mutuels des Juifs et de ceux des autres nations qui vivaient ensemble dans les mêmes cités ; et particulièrement à Césarée où Juifs et Syriens se disputaient le contrôle de la cité, ce qui se conclut par l’expulsion totale des Juifs et la mort de plus de 20 000 hommes. La nation juive excédée, prit les armes et pilla et brûla les villes et villages syriens d’alentour, perpétrant un immense massacre. Les Syriens en représailles mirent à mort un nombre non moins grand de Juifs. A Scythopolis, ils abattirent 13 000 hommes. A Ascalon, ils en tuèrent 2 500. A Ptolemais ils en abattirent 2 000, et firent de nombreux prisonniers. Les Tyriens également mirent de nombreux Juifs à mort, et en emprisonnèrent beaucoup. Le peuple de Gadara agit pareillement, ainsi que toutes les autres cités de Syrie, car ils haïssaient et craignaient les Juifs. A Alexandrie, Juifs et non-juifs combattirent, et 50 000 Juifs périrent. Le peuple de Damas conspira contre les Juifs de la cité et les attaquèrent, désarmés, tuant 10 000 d’entre eux. Royaume contre royaume Ceci portait sur les guerres ouvertes que se livraient les différentes tétrarchies et provinces. 1. Celle concernant Juifs et Galiléens contre les Samaritains, pour le meutre de quelques Galiléens qui s’étaient rendus à la fête à Jérusalem, alors que Cumanus était Procureur. 2. Celle de la nation complète des juifs contre les Romains et Agrippa, et d’autres alliés de l’Empire Romain ; cette guerre commença quand Gessius Florus était procureur. 3. Celle de la guerre civile d’Italie, alors qu’Otto et Vitellius se disputaient le trône. Il est digne de remarque, que les Juifs disaient eux-mêmes : « Au temps du Messie, les guerres déchireront le monde ; nation se dresserait contre nation, et cité contre cité » (Sohar Kadash). Et encore, Rabbin Eleasar, fils d’Abina, disait : « Quand royaume se dresserait contre royaume, alors serait attendue l’apparition immédiate du Messie. » (Bereshit Rabba sect. 42) Comment peut-on comprendre un verset sans connaître un tant soit peu le contexte historique et idéologique du moment ? Les évangélistes n’ont rien inventé. Des disettes ... dans un lieu après l’autre Via Veritas 96 Là encore qu’est-ce que ça veut dire ? Si l’expression est proprement distributive, alors on devrait s’attendre à constater des famines ... dans un lieu après l’autre. Or, ce n’est pas le cas. disette : en grec limos - famine, rareté de moisson Attention cependant à la différence entre la famine et la malnutrition. Bien qu’elles affectent toutes deux en premier lieu ceux qu’on appelle « les groupes à risque de la faim », enfants de moins de cinq ans, femmes enceintes et allaitant, personnes âgées ou malades, il ne faut pas mettre sur le même plan famine et malnutrition : elles n’ont ni les mêmes causes, ni les mêmes conséquences, ni la même gravité. La famine, c’est la faim aiguë, la rupture absolue de nourriture pour des populations entières entraînant à brève échéance la mort si rien n’est fait pour les secourir. Elle frappe des peuples dont le seul tort est de se trouver pris dans des conflits où la faim est de plus en plus utilisée comme une arme. Somalie, Ethiopie, Libéria, Sierra-Leone, Mozambique, Angola, Sud-Soudan, région des Grands Lacs,... toutes les famines des dix dernières années ont été la conséquence de conflits meurtriers, engendrant des milliers de personnes réfugiées ou déplacées, premières victimes de la faim. La malnutrition, c’est la « faim silencieuse ». On peut être mal nourri sans ressentir la sensation de faim. La ration alimentaire est déséquilibrée en quantité et en qualité et empêche une pleine activité. Tout en ayant de quoi manger, des millions d’êtres humains qui souffrent de malnutrition sont privés de certaines vitamines et manquent de substances indispensables à leur développement. Si la malnutrition est un phénomène très répandu dans le Tiers Monde, elle n’a pas de conséquences aussi dramatiques que les famines. Les famines sont la plupart du temps liées aux guerres civiles qui privent les pays des ressources et des bras pour les générer ou aux techniques agricoles inadaptées et improductives. Elles ne sont donc pas dans un lieu après l’autre. Même si nous pouvons en tant que citoyens du monde en déplorer l’existence. Une réappropriation historique des famines nous permet de mieux en comprendre la fréquence au cours de l’Histoire ; Les grandes famines | cité par Coc Dans l’antiquité en Égypte les famines sont principalement provoquées par la trop faible ou forte crue du Nil. Les famines au Moyen Âge : La famine intervient lorsque les récoltes sont mauvaises, en particulier pendant la soudure. Le facteur météorologique est aggravé par la guerre et le passage dévastateur des soldats dans les champs (guerre de Cent Ans). Les pauvres sont toujours les plus touchés. Les villes organisent le ravitaillement en blé, venu parfois de loin et à fort coût. La famine rend les corps plus faibles face aux épidémies. Le lettré Raoul Glaber nous laisse un témoignage écrit de la famine qui a sévit en Bourgogne vers 1033. Famines dans le nord de la France : 1315-1317 1438-1439 1693-1694 Via Veritas 97 Famines dans le Sud de la France : 1339-1341 1343-1346 1374-1375 1430-1433 1456-1458 1480-1483 1693-1694 La famine irlandaise de la pomme de terre du milieu du XIXe siècle fit entre 750 000 et un million de morts et poussa deux millions d’Irlandais à émigrer en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Maladie et mort au Moyen-Age | cité par Coc : Au Moyen Âge, la mort fait partie de la vie quotidienne. La médecine, alors rudimentaire, ne permet pas d’espérance de vie au-delà de trente ans en moyenne. Dans les classes pauvres, la malnutrition permanente se transforme en famine chronique qui fauche rapidement les plus faibles. Quant aux épidémies, elles se répandent à une vitesse effrayante dans les logis surpeuplés et insalubres des villes. La plus terrible fut la Grande Peste. Véhiculée depuis l’Asie par les rats des navires qui contaminèrent les marins, elle atteignit l’Europe entre 1347 et 1348 et emporta un tiers de la population. De gros boutons noirs et bleus appelés bubons apparaissaient sur le corps du malade et la mort était inévitable, faute de remède à ce fléau. Revenons à une lecture plus proche de l’époque présumée de Jésus et découvrons les commentaires des biblistes Barnes et Clarke qui nous livrent le contexte de la rédaction du texte originel. Albert Barnes, (Notes on the Bible) avance : Et il y aura des famines. Il y eut une famine prédite par Agabus (Ac 11:28) qui est mentionnée par Tacite, Suétone, et Eusèbe, qui fut si sévère à Jérusalem, que Flavius Josèphe dit qu’un grand nombre de gens périrent par manque de nourriture (Antiq. XX 227). Quatre fois durant le règne de Claudius (41-54) la famine fit des ravages à Rome, en Palestine et en Grèce. Pour un observateur qui voit le monde antique et civilisé en proie à la famine, c’est la famine dans un lieu après l’autre. Adam Clarke’s Commentary on the Bible nous livre le même commentaire. Matthieu n’évoque pas les pestes, Luc le fait (certains diront peut-être parce qu’il était médecin). Luc 21:10-11 10 Alors il leur dit : “ Nation se lèvera contre nation et royaume contre royaume ; 11 et il y aura de grands tremblements de terre et, dans un lieu après l’autre, 27 Son arrivée fut tort profitable aux Hiérosolymitains, car à ce moment la famine pressait la ville et beaucoup de gens périssaient par manque de ressources. La reine Hélène envoya des serviteurs les uns à Alexandrie pour acheter du blé pour une grosse somme d’argent, les autres à Chypre pour en ramener un chargement de figues. Ils revinrent au plus vite et elle distribua aux indigents cette nourriture, laissant par ce bienfait un souvenir éternel dans tout notre peuple. Son fils Izatès, dès qu’il apprit cette famine, envoya beaucoup d’argent aux premiers des Hiérosolymitains.(Antiquités judaïques, XX, 2 : 5). C’est sous ce dernier qu’arriva en Judée la grande disette où la reine Hélène acheta à grand prix de blé en Égypte pour le répartir aux indigents, ainsi que je l’ai dit plus haut. (Antiquités judaïques, XX, 5 : 2). Via Veritas 98 des pestes et des disettes ; et il y aura des spectacles effrayants et, du ciel, de grands signes. Dans un lieu après l’autre des pestes... Là encore parole à l’Histoire : Le moyen-âge : les épidémies et les pestes La première grande manifestation de la peste date du milieu du VIe siècle : cette peste, dite de Justinien vint désoler le monde connu de 531 à 580. Partie de Péluse, elle gagna Alexandrie, le Nord de l’Afrique, la Palestine, la Syrie, Constantinople, l’Italie, la Gaule, la Germanie. En résumé, dans la deuxième moitié du VIe siècle, elle avait parcouru le monde occidental. Dans certaines parties de l’Europe, la dépopulation fut telle que des villes importantes devinrent des déserts. Une autre peste sous Constantin Copronyme fut beaucoup moins désastreuse et ne dura que vingt ans. Entre le VIIe et le XIVe siècle apparurent plusieurs épidémies de peste relativement bénignes. Puis vint la grande peste du XIVe siècle, la peste noire, la mort dense, qui vint du fond de l’Asie, de la Chine, dit-on, où il mourut 13 millions de personnes ! Après avoir parcouru l’Asie Mineure, l’Arabie, l’Afrique, l’Égypte, elle passa en Grèce, en Italie, en Sicile, en France, puis en Espagne, en Angleterre, en Norvège, etc. Les pays les plus éprouvés par la peste noire perdirent au delà du tiers de leurs habitants : Bagdad aurait perdu 500 000 individus en trois mois, le Caire 10 00 habitants en un seul jour ; Chypre fut dépeuplée. Cette grande irruption s’accomplit entre 1346 et 1353 ; l’Europe perdit, semble-t-il, 24 millions d’humains, le quart de sa population probable et l’Asie plausiblement bien davantage. La mortalité fut donc énorme ; et d’autant plus que les maladies ne tardent pas à frapper des organismes affaiblis. Comme le remarque un historien lorrain en 1503, la « famine estrange » est toujours la compagne de « grande pestilence, car l’une est comme le levain de l’autre ». Ces épidémies, mal soignées, trouvant un terrain favorable à leur évolution, s’étendent, se multiplient nécessairement. En effet, partout des marais stagnants ; des cités et des châteaux entourés de hautes murailles, bordées de fossés profonds aux eaux croupissantes. A l’intérieur, rues étroites, maisons basses, malsaines ; cimetières près des lieux habités ; inhumations faites sans souci de l’hygiène, sous les dalles des églises ; populations entassées surtout en temps de guerre. Outre la mortalité effrayante, ces épidémies eurent une influence énorme sur la société, et sur les moeurs.(...) Le fléau des fléaux La liste des épidémies au Moyen âge est impressionnante. L’Angleterre paye son tribut ; on cite les pestes de 1198, 1315 ; 1366, 1407. Les armées ne restent pas indemnes. La dysenterie épidémique décime les Croisés assiégeant Antioche (1098) ; des affections contagieuses atteignent les troupes de Frédéric Barberousse, marchant sur Rome (1167). La peste disperse les soldats de Henri VI devant Naples (1193) et ceux de Beaudourn en Syrie (1202). Le scorbut exerce d’affreux ravages au siège de Damiette (1218). Trois fois saint Louis (Louis IX) ne peut empêcher la contagion d’attaquer ses compagnons d’armes : lorsqu’il marche contre Henri III d’Angleterre (1242-1243), en Égypte (1250), près de Tunis (1270) ; il succombe alors lui-même. En Italie, les troupes du duc d’Anjou (1384), de Charles VIII (1496) éprouvent de ce fait de grandes pertes. De 1400 à 1510, Raguse se voit envahie onze fois par le fléau apporté avec les ballots de marchandise venant de l’Égypte, de l’Asie mineure, de la Sicile. La peste visite Florence dix-sept fois de 1315 à 1495. On compte à Nîmes trente et une épidémies de 1348 à 1649. Le Via Veritas 99 Bourgeois de Paris dont le journal s’étend de 1405 à 1449 parle dix fois au moins de : « très grant mortalité » ; de bote (petite vérole), d’espydimie, de toux. Les parties de l’Europe atteintes le plus gravement auront été la Germanie, la France méridionale, l’Italie et surtout les villes qui font un commerce régulier avec l’Orient : Marseille, Venise, Rome, etc. On le voit, toutes ces maladies épidémiques, contagieuses et infectieuses ne correspondent pas toujours à la peste proprement dite. A côté des pestes à bubons, il y a les fièvres catarrhales, les fièvres miliaires, le typhus, les dysenteries, le scorbut, et il faudrait aussi y ajouter les fréquentes épizooties, qui, au total, aboutissent au même résultat : dépeupler le pays. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et on imagine mal l’ambiance macabre qui devait régner à cette époque. Pas une famille européenne n’a dû être épargnée. Tous les rapports sociaux ont été modifiés : la main d'œuvre était devenue si rare que les propriétaires fonciers pleuraient pour avoir des manouvriers qui travaillent leur terre. D’exploités, ils devenaient citoyens. Certains TJ s'appuieront certainement sur les craintes d’épidémie qui sont relayées par l’OMS et les médias. Pourtant, c’est un progrès spectaculaire que de pouvoir anticiper et se préparer à une grippe moderne. Songeons bien que la prophylaxie n’était pas connue au 14ème siècle et que c’est l’ignorance qui a dévasté le monde, un monde bien plus clos et hermétique que celui d’aujourd’hui. Bien sûr, personne ne peut dire si une grande épidémie dévastera le monde, mais c’est dans l’ordre des choses. Nous sommes environnés par les virus, et les virus sont les formes simples qui ont été les duplicateurs générateurs de la vie. Le même mécanisme qui a amené la vie continuera à la travailler et la modifier. Retour sur les exégètes bibliques des siècles passés. Albert Barnes : Des pestes Des épidémies ravageuses ; la plaie qui efface des multitudes de gens d’un seul coup. C’est communément le symptôme concomittant de la famine et souvent produit par elle. Une peste est rapportée comme ayant ravagée la Babylonie en 40 de n.e. (Flavius Josèphe, Antiq. xviii. 9 . 8.) ; en Italie en 66 de n.e. (Tacite 16. 1328). Les deux événements prirent place avant la destruction de Jérusalem. John Gill (1690-1771) Exposition of the Entire Bible fait un parallèle intéressant avec un livre apocryphe du 1er siècle appelé 2Ezra ou 4Ezra dont la formulation est très proche des évangiles, ce qui est la preuve que l’appropriation prophétique des événements entourant la prise de Jérusalem était concurrentielle. 28 « Cette année souillée de tant de forfaits, les dieux la signalèrent encore par les tempêtes et les épidémies. La Campanie fut ravagée par un ouragan qui emporta métairies, arbres, moissons. Ce fléau promena sa violence jusqu’aux portes de Rome, tandis qu’au-dedans une affreuse contagion étendait ses ravages sur tout ce qui respire. On ne voyait aucun signe de corruption dans l’air, et cependant les maisons se remplissaient de cadavres, les rues de funérailles : ni sexe, ni âge n’échappait au péril ; la multitude, esclave ou libre, était moissonnée avec une égale rapidité ; ils expiraient au milieu des lamentations de leurs femmes et de leurs enfants, qui, frappés à leur chevet, atteints en pleurant leur trépas, étaient souvent brûlés sur le même bûcher. Les morts des chevaliers et des sénateurs, quoique aussi nombreuses, étaient moins déplorables : la mortalité commune semblait les dérober à la cruauté du prince. » (Tacite, Annales, 16 : 13) Via Veritas 100 Et l’un entreprendra de se battre contre un autre, une cité contre une autre, un lieu contre un autre, un peuple contre un autre, un royaume contre un autre.(2 Esdras 13:31) Le commencement des chagrins et des grandes afflictions ; le commencement de la famine et de la grande mort ; le commencement des guerres, et les puissances doivent se tenir dans la crainte ; le commencement de tous les maux ! Et que ferai-je quand tous ces maux viendront ? (2 Esdras 16:18) Et ensuite, il y aura aussi des tremblements de terre et des révoltes populaires dans le monde. (2 Esdras 9:3) Des tremblements de terre dans un lieu après l’autre... Voici l’affirmation de la WT dans le livre Comment raisonner à partir des Ecritures (p. 91) : A-t-on recensé un nombre considérable de forts séismes depuis 1914 ? Grâce aux renseignements fournis par le Centre national de données géophysiques de Boulder, au Colorado, et après consultation de divers ouvrages de référence, on a dressé, en 1984, une liste de tous les tremblements de terre qui ont atteint ou dépassé 7,5 sur l’échelle de Richter, qui ont causé pour 50 millions de francs (français) de dégâts matériels ou plus, ou qui ont fait 100 victimes ou davantage. On en a recensé 856 au cours des 2 000 ans qui ont précédé 1914. Or depuis 1914, en 69 ans seulement, on en a compté 605. Ainsi, depuis 1914, la moyenne annuelle des grands tremblements de terre est vingt fois supérieure à ce qu’elle a été au cours des 20 siècles précédents. Premier principe de validité d’un raisonnement par références : citer ses sources. Sinon la vérification et la contestation sont impossibles. Qui est « on », quels « ouvrages de référence » ? « Ce qui est affirmé sans preuve, peut être nié sans preuve ». Et la Watchtower le sait bien... Tirez profit de l’Ecole du Ministère Théocratique, leçon 40, p. 225 § 1 Exactitude des déclarations : Vérifiez l’exactitude de vos informations. Un fait d’actualité, une citation ou une anecdote s’avèrent parfois utiles pour illustrer ou faire l’application pratique d’une idée. Comment vous assurer qu’il s’agit de renseignements exacts ? Une première solution, c’est de les puiser à des sources dignes de confiance. Pensez aussi à vérifier que l’information est encore à jour. Les données chiffrées ne sont exactes qu’un temps ; les découvertes scientifiques sont rapidement dépassées, et de nouveaux éclairages sur l’Histoire et les langues anciennes remettent en question des conclusions qui s’appuyaient sur une connaissance plus limitée. Soyez très prudent quand vous pensez citer des informations tirées d’un journal, données à la télévision ou à la radio, recueillies par courrier électronique ou glanées sur l’internet. Proverbes 14:15 nous adresse ce conseil : “ Quiconque est inexpérimenté ajoute foi à toute parole, mais l’homme astucieux est attentif à ses pas. ” Demandez-vous : ‘ La source que je cite estelle réputée pour l’exactitude de ses renseignements ? Y a-t-il moyen de vérifier cette information autre part ? ’ Si vous avez des doutes sur la véracité d’une information, laissez-la de côté. Manuel pour l’Ecole du Minstère Théocratique, ét. 21 p. 110 § 9 Idées instructives, présentées clairement : Exactitude des déclarations. L’organisation des témoins de Jéhovah est fondée sur la vérité. Notre désir devrait être de dire la vérité et d’être rigoureusement exacts à Via Veritas 101 tout moment et dans tous les détails. Cela devrait être le cas non seulement des doctrines, mais aussi des citations, des renseignements que nous présentons sur d’autres personnes, des données scientifiques et des nouvelles d’actualité. Revenons sur les tremblements de terre29 en nous reportant aux commentaires d’Albert Barnes et Adam Clarke (op. cit.), commentaires qui ne manquent d’intérêt en ce qu’ils nous procurent un éclairage historique et philologique certain. Voici d’abord Barnes - traduit de l’anglais par mes soins En langage prophétique les tremblements de terre désignent parfois des bouleversements politiques. Littéralement ce sont des secousses ou tremblements de la terre provoquant souvent la ruine de cités ou de villages. La terre s’ouvre et maisons et habitants sont indifféremment engloutis. Nombre d’entre eux sont mentionnés comme ayant précédés la destruction de Jérusalem. Tacite en mentionne un durant le règne de Claude à Rome et affirme que sous le règne de Néron les villes de Laodicée, Hiérapolis et Colosse furent renversées, et que la célèbre Pompéi fut submergée et presque détruite par un tremblement de terre (Annales 15-2230) [5]. D’autres encore sont mentionnés à Smyrne, Milet, Chios et Samos. 29 Vous trouverez sur un site de Charles Chasson la traduction d’un article d’Alan Feuerbacher concernant les statistiques relatives à le fréquence des séismes, article intitulé Les tremblements de terre : preuves de la fin des temps ? 30 Cette année fut fertile en prodiges. On vit des oiseaux sinistres perchés sur le Capitole. De nombreux tremblements de terre renversèrent des maisons, et, dans le désordre que produisait la crainte de désastres plus étendus, les personnes les plus faibles furent écrasées par la foule. La disette de grains et la famine qu’elle causa furent aussi regardées comme des présages funestes. » (Tacite, Annales, 12 : 43). « ... enfin le tribut fut remis pour cinq ans à la ville d’Apamée, renversée par un tremblement de terre. » (Ibid, 12 : 58). « La même année, un tremblement de terre renversa Laodicée l’une des cités les plus célèbres de l’Asie : elle se releva par elle-même et sans notre concours. » (Ibid, 14 : 27). « Un tremblement de terre renversa en grande partie Pompéi, ville considérable de la Campanie. » (Ibid, 15 : 22). « Le prince soulagea le désastre de Lyon par le don de quatre millions de sesterces, qu’il fit à la ville pour relever ses ruines ; les Lyonnais nous avaient eux-mêmes offert cette somme dans des temps malheureux. » (Ibid, 16 : 13). « Il intercéda dans le sénat en faveur des habitants de Laodicée, de Thyatirène et de Chio, qui avaient essuyé un tremblement de terre, et qui demandaient du secours. » (Suétone, Vie des douze césars, III, 8). « Il n’accorda aucune libéralité aux provinces, si ce n’est à l’Asie mineure dont un tremblement de terre avait renversé plusieurs villes. » (Ibid, III, 48). « Quelques jours avant sa mort, un tremblement de terre fit tomber la tour du phare à Caprée. » (Ibid, III, 74). « Toutes les fois que Rome éprouvait un tremblement de terre, il faisait proclamer des jours fériés que le préteur annonçait au peuple assemblé. » (Ibid, V, 22). « Ses libéralités s’étendaient sur tout le monde. Il compléta la fortune des sénateurs, établit un revenu annuel de cinq cent mille sesterces pour les consulaires pauvres, et dans tout l’empire fit reconstruire avec des embellissements un grand nombre de villes incendiées ou renversées par des tremblements de terre. » (Ibid, X, 17). « L’ordre de la nature paraissait renversé ; des orages affreux répandaient la terreur de toutes parts. Mais, ce qui frappait le plus, c’étaient les tremblements de terre. Le globe traversait une convulsion parallèle à celle du monde moral ; il semblait que la terre et l’humanité eussent la fièvre à la fois. (...) De tous les phénomènes naturels, d’ailleurs, les tremblements de terre sont ceux qui portent le plus l’homme à s’humilier devant les forces inconnues ; les pays où ils sont fréquents, Naples, l’Amérique centrale, ont la superstition à l’état endémique ; il en faut dire autant des siècles où ils sévissent avec une violence particulière. Or jamais ils ne furent plus communs qu’au premier siècle. On ne se souvenait pas d’un temps où l’écorce du vieux continent eût été si fort agitée. (...) L’an 23, l’an 33, l’an 37, l’an 46, l’an 51, l’an 53, il y eut des malheurs partiels en Grèce, en Asie, en Italie ... Antioche était incessamment ébranlée. A partir de l’an 59, enfin, il n’y a presque plus d’année qui ne soit marquée par quelque désastre. La vallée du Lycus, en particulier, avec ses villes chrétiennes de Laodicée, de Colosses, fut abîmée en l’an 60 ... Ces tremblements d’Asie répandaient partout l’effroi ; on en parlait dans le monde entier, et le nombre de ceux qui ne voyaient pas dans ces accidents les signes d’une divinité courroucée était bien peu considérable. » (Ernest Renan, Histoire des origines du christianisme, Tome 2. Paris : Editions Robert Laffont, 1995, pages 161168). Merci à tiierri sur le forum Une Lueur pour ces nombreuses notes de référence. Via Veritas 102 Luc ajoute : Lc 21:11 « Et il y aura de grands signes dans le ciel » . Josèphe, qui n’avait probablement rien entendu de cette prophétie et n’aurait certainement rien fait pour montrer son accomplissement, rapporte les prodiges et les signes qu’il dit avoir précédé la destruction de Jérusalem. La Guerre des Juifs, b. 6, chapitre 9, section 3. Une étoile ressemblant à une épée, stationna au dessus de la cité et une comète se fit voir pendant toute une année. A la fête des gâteaux sans levain, pendant la nuit, une lumière brilla tout autour de l’autel et du temple si bien que l’on se serait crû en plein jour pendant une heure et demie. La solide porte est du temple renforcé de bois et de métal et qui demandait vingt hommes pour la manœuvrer avec difficulté s’ouvrit de nuit d’elle-même. Quelques jours après la fête, avant que le soleil ne se lève, des chariots et des troupes de soldats en armures furent aperçus courant dans les nuages et entourant la cité. Un grand bruit, comme le son d’une multitude, fut entendu dans le temple disant : « Soyons désormais supprimés. » A mon avis, à l’époque ils ne faisaient pas que récolter le chanvre pour les cordes et les oiseaux... Comment voulez-vous que dans une telle atmosphère psychédélique le moindre personnage un peu prophète n’ait pas eu du succès ? Clarke à présent : Des tremblements de terre, en différents lieux Si nous prenons le mot seismoï du verbe seiso, secouer, dans son sens premier alors il signifie particulièrement ces bouleversements populaires et insurrections que nous avons déja notés ; et cela doit être, à mon avis, la véritable signification du mot. Mais si nous le confinons au sens de tremblement de terre, il y en eu plusieurs au temps auquel notre Seigneur se réfère ; particulièrement un en Crète sous le règne de Claude, un à Smyrne, Milet, Chios, Samos (voir Grotius). Un à Rome, mentionné par Tacite ; et un à Laodicée sous le règne de Néron, au cours duquel la cité fut renversée, ainsi probablement que Hiérapolis et Colosse (voir Tacite Annal. lib. xii. and lib. xiv). Un à Campania mentionné par Sénèque ; un à Rome, sous le règne de Galba, mentionné par Suétone du vivant de l’empereur. Ajouté à tous ceux là, il y en eut un de terrifiant en Juda mentionné par Flavius Josèphe (Guerre des Juifs, b. iv. c. 4), accompagné par une terrible tempête, des vents et des averses violents, des éclairs continuels et des coups de tonnerre ; ce qui en amenait beaucoup à croire ces choses annonciatrices de quelque catastrophe inhabituelle. (...) Clarke reprend les mêmes témoignages de Flavius Josèphe que Barnes cité plus avant à propos des choses terribles devant survenir. Mais il cite toujours de Josèphe ce témoignage relatif à la tension extraordinaire du peuple juif de cette époque : Ce que Josèphe reconnaît comme l’un des signes les plus terribles de tous a trait à un certain Jésus, habitant de la région, qui quatre ans avant que la guerre ne commence, et alors que la cité était en paix et dans l’abondance, vint à la Fête des Tabernacles et criant en courant à travers les rues jour et nuit : « Une voix vient de l’Est. Une voix vient de Via Veritas 103 l’Ouest. Une voix vient des quatre vents ! Une voix contre Jérusalem et contre son temple. Une voix contre les épouses et contre les époux. Une voix contre tout le peuple. » Alors que les magistrats essayaient par les liens et par les tortures de le restreindre, il continuait à crier d’une voix plaintive :« Malheur, malheur à Jérusalem ». Et il continua de faire cela plusieurs années durant s’approchant des murailles et pleurant à forte voix : « Malheur à la ville et à son temple ». Et alors qu’il ajoutai : « Malheur, malheur à moi" voici qu’une pierre jeté ou lancé de la muraille le frappa mortellement à la tête. » Nous l’avons déjà dit : c’est dans ce contexte de crainte superstitieuse entretenue par toute la nation juive que sont nés les évangiles et la prophétie relative aux signes. Un dernier commentaire avant de changer de registre... Mat 24 :7 se termine avec la locution kata topous qui est traduit dans la TMN par « dans un lieu après l’autre » et dans d’autres traductions par « en divers lieux » (Darby, Segond). Pourquoi cette différence de traduction ? Car en effet, rendre que les tremblements de terre frapperont dans un lieu après l’autre, c’est s’exposer à la remarque : « Mais les tremblements de terre ont toujours lieu en un nombre limité d’endroits (les failles sismiques sont répertoriées et connues) et pas dans un lieu après l’autre ». Oui, tiens pourquoi ne pas avoir rendu par « en divers lieux » qui se révèlerait bien plus exact ? Par souci de cohérence de traduction. Oui, souvenez-vous notamment d’Actes 20:20. 20 tandis que je ne me retenais pas de vous annoncer toutes les choses qui étaient profitables et de vous enseigner en public et de maison en maison. On retrouve l’expression kat oikous rendue ici par la TMN par « de maison en maison », et par d’autres traductions par « dans les maisons » (Darby, Segond). Selon le linguiste James Strong, la préposition kata qui peut prendre un grand nombre de sens, « dénote l’opposition, la distribution ou l’intensité ». La traduire c’est donc forcément faire un choix. L’inflexion distributive est le choix opéré par la TMN et elle s’y tient de bout en bout. Renoncer à « de maison en maison », mais vous n’y pensez pas ! Cette fois encore, à l’analyse, en nous appuyant sur la perspective historique et sur le contexte de rédaction des Écritures, nous pourrons rejeter la lecture dramatique et prophétique que font les fondamentalistes chrétiens des évangiles. Mais que vaut vraiment le livre de la Révélation ? Par Lucretius La très vénérable Catholic Encyclopedia donne son avis... Sources L’encyclopédie présente le livre de la Révélation et fait le point sur ce que l’on sait aujourd’hui de sa rédaction. Via Veritas 104 Au sujet du genre du livre, elle explique que : « ... Quoiqu’une œuvre chrétienne, l’Apocalypse appartient à la classe littéraire traitant de sujets eschatologiques, très en vogue parmi les Juifs un siècle avant, et après, Jésus-Christ... » A ce propos, on notera que les apocalypses sont légion et vous en trouverez un certain nombre dans le travail remarquable de compilation de textes apocryphes souvent cité dans nos pages ; vous pourrez vous reporter aux textes d’une quinzaine d’apocalypses différentes. Et réfléchissant sur l’authenticité de la Révélation dite de Jean, l’encyclopédie révèle le doute profond qui a animé ceux qui ont été contemporains de la rédaction du livre. Nous citons, traduit de l’anglais : « ...Les Alogi, en 200 de n.e., une secte ainsi appelée à cause de leur rejet de la doctrine du Logos, déniait l’authenticité de l’Apocalypse, l’attribuant à Cerinthus (Epiphanius, LI, ff, 33 ; cf. Iren, Adv. Haer., III, 11, 9). Caïus, un presbytre de Rome, à peu près de la même époque, avait une opinion similaire. Eusèbe cite ses mots emprunté à son Discours : "Mais Cerinthus par le moyen de révélations qu’il prétend avoir été écrites par un grand Apôtre a avancé faussement des choses merveilleuses, soutenant qu’après la résurrection il y aurait un royaume terrestre" (Hist. Eccl., IIII, 28). Le principal adversaire de l’autorité de l’Apocalypse est Dionysus, Evèque d’Alexandrie, disciple d’Origène. Il ne s’opposait pas à l’hypothèse selon laquelle Cerinthius était le rédacteur de l’Apocalypse. "Car", dit-il, "c’est la doctrine de Cerinthus, qu’il y aura un règne terrestre du Christ, car il était un amoureux du corps qui rêvait de se délecter dans la satisfaction de l’appétit sensuel ". Lui même ne pensait pas que Cerinthus en était l’écrivain. Il regardait l’Apocalypse comme l’œuvre d’un homme inspiré mais non d’un Apôtre. Durant le 4ème et 5ème siècle la tendance d’exclure l’Apocalypse de la liste des écrits sacrés fut croissante dans les églises syro-palestiniennes(...). Peut-être l’argument le plus parlant contre l’autorité apostolique du livre est son omission de la Peshito, la Vulgate syrienne... » L’encyclopédie fait également un commentaire très documenté sur les différences de rédaction entre le 4ème évangile, attribué à Jean, l’apôtre, et le livre de l’Apocalypse, différences constituant autant d’obstacles à l’attribution apostolique de l’œuvre. Est-il raisonnable d’attribuer autant d’autorité théologique à un ouvrage qui, dès l’origine, a eu des détracteurs mettant en doute son inspiration et sa validité ? Pourquoi cette apocalypse a t’elle été retenue et non les autres faisant partie du même genre ? Il n’est pas sans le grand Voltaire lui-même pour s’étonner de la réussite étonnante d’un livre si controversé dès l’origine. Dans son Dictionnaire philosophique,portatif 1764-APOCALYPSE Justin le martyr, qui écrivait vers l’an 170 de notre ère, est le premier qui ait parlé de l’Apocalypse ; il l’attribue à l’apôtre Jean l’évangéliste : dans son dialogue avec Tryphon, ce Juif lui demande s’il ne croit pas que Jérusalem doit être rétablie un jour. Justin lui répond qu’il le croit ainsi avec tous les chrétiens qui pensent juste. « Il y a eu, dit-il, parmi nous un certain personnage nommé Jean, l’un des douze apôtres de Jésus ; il a prédit que les fidèles passeront mille ans dans Jérusalem. » Ce fut une opinion longtemps reçue parmi les chrétiens que ce règne de mille ans. Cette période était en grand crédit chez les Gentils. Les âmes des Égyptiens reprenaient leurs corps au bout de mille années ; les âmes du purgatoire, chez Virgile, étaient exercées pendant ce même espace de temps, et mille per annos. La nouvelle Jérusalem de mille années devait avoir douze portes, en mémoire des douze apôtres ; sa forme devait être carrée ; sa longueur, sa largeur et sa hauteur devaient être de douze mille stades, c’est-à-dire cinq cents lieues, de façon que les maisons devaient Via Veritas 105 avoir aussi cinq cents lieues de haut. Il eût été assez désagréable de demeurer au dernier étage ; mais enfin c’est ce que dit l’Apocalypse au chapitre XXI. Si Justin est le premier qui attribua l’Apocalypse à saint Jean, quelques personnes ont récusé son témoignage, attendu que dans ce même dialogue avec le Juif Tryphon, il dit que, selon le récit des apôtres, Jésus-Christ, en descendant dans le Jourdain, fit bouillir les eaux de ce fleuve, et les enflamma, ce qui pourtant ne se trouve dans aucun écrit des apôtres. Le même saint Justin cite avec confiance les oracles des sibylles ; de plus, il prétend avoir vu les restes des petites maisons où furent enfermés les soixante et douze interprètes dans le phare d’Égypte, du temps d’Hérode. Le témoignage d’un homme qui a eu le malheur de voir ces petites maisons, semble indiquer que l’auteur devait y être renfermé. Saint Irénée, qui vient après, et qui croyait aussi le règne de mille ans, dit qu’il a appris d’un vieillard que saint Jean avait fait l’Apocalypse. Mais on a reproché à saint Irénée d’avoir écrit qu’il ne doit y avoir que quatre évangiles, parce qu’il n’y a que quatre parties du monde et quatre vents cardinaux, et qu’Ézéchiel n’a vu que quatre animaux. Il appelle ce raisonnement une démonstration. Il faut avouer que la manière dont Irénée démontre vaut bien celle dont Justin a vu. Clément d’Alexandrie ne parle dans ses Electa que d’une Apocalypse de saint Pierre dont on faisait très grand cas. Tertullien, grand partisan du règne de mille ans, non seulement assure que saint Jean a prédit cette résurrection et ce règne de mille ans dans la ville de Jérusalem, mais il prétend que cette Jérusalem commençait déjà à se former dans l’air ; que tous les chrétiens de la Palestine, et même les païens, l’avaient vue pendant quarante jours de suite à la fin de la nuit ; mais malheureusement la ville disparaissait dès qu’il était jour. Origène, dans sa préface sur l’Évangile de saint Jean, et dans ses Homélies, cite les oracles de l’Apocalypse ; mais il cite également les oracles des sibylles. Cependant saint Denys d’Alexandrie, qui écrivait vers le milieu du IIIe siècle, dit dans un de ses fragments, conservés par Eusèbe, que presque tous les docteurs rejetaient l’Apocalypse comme un livre destitué de raison ; que ce livre n’a point été composé par saint Jean mais par un nommé Cérinthe, lequel s’était servi d’un grand nom, pour donner plus de poids à ses rêveries. Le concile de Laodicée, tenu en 360, ne compta point l’Apocalypse parmi les livres canoniques. Il était bien singulier que Laodicée, qui était une Église à qui l’Apocalypse était adressée, rejetât un trésor destiné pour elle ; et que l’évêque d’Éphèse, qui assistait au concile, rejetât aussi ce livre de saint Jean enterré dans Éphèse. Il était visible à tous les yeux que saint Jean se remuait toujours dans sa fosse, et faisait continuellement hausser et baisser la terre. Cependant les mêmes personnages qui étaient sûrs que saint Jean n’était pas bien mort, étaient sûrs aussi qu’il n’avait pas fait l’Apocalypse. Mais ceux qui tenaient pour le règne de mille ans, furent inébranlables dans leur opinion. Sulpice Sévère, dans son Histoire sacrée, livre IX, traite d’insensés et d’impies ceux qui ne recevaient pas l’Apocalypse. Enfin, après bien des doutes, bien des oppositions de concile à concile, l’opinion de Sulpice Sévère a prévalu. La matière ayant été éclaircie, l’Église a décidé que l’Apocalypse est incontestablement de saint Jean ; ainsi il n’y a pas d’appel. Chaque communion chrétienne s’est attribué les prophéties contenues dans ce livre ; les Anglais y ont trouvé les révolutions de la Grande-Bretagne ; les luthériens, les troubles d’Allemagne ; les réformés de France, le règne de Charles IX et la régence de Catherine de Médicis : ils ont tous également raison. Bossuet et Newton ont commenté tous deux l’Apocalypse ; mais, à tout prendre, les déclamations éloquentes de l’un et les sublimes découvertes de l’autre leur ont fait plus d’honneur que leurs commentaires. Et pour les anglophones et ceux qui veulent aller plus avant dans le texte, nous citerons A Critical Via Veritas 106 and Exegetical Commentary on The Revelation of St. John. Voilà suffisamment de matières pour introduire et cultiver un doute solide et salutaire sur le bien fondé d’un livre qui n’a que trop bien réussi. SIX CENT SOIXANTE-SIX MAIS PAS 666 Par Lucretius L’organisation des Témoins de Jéhovah a fait sien le message du livre de la Révélation. Selon leurs dirigeants et théoriciens le message délivré concerne nécessairement notre époque moderne et il faut, de fait, donner une explication aux signes et aux nombres délivrés par le livre. Chargé émotionnellement le nombre effrayant de la bête du 13ème chapitre de la Révélation est bien entendu expliqué à grands renforts de références bibliques et de symbolismes lumineux. La Révélation le grand dénouement est proche, chapitre 28 p.196 §33, 34 explique : La bête sauvage porte un nom, et ce nom est un nombre : 666. Le chiffre six est associé aux ennemis de Jéhovah. Ainsi, la Bible parle d’un Philistin, un Rephaïm, qui était " d’une taille extraordinaire " et dont " les doigts et les orteils allaient par six ". (1 Chroniques 20:6.) Le roi Neboukadnetsar fit une image d’or de 6 coudées de largeur et de 60 coudées de hauteur pour unir ses dignitaires dans la pratique d’un même culte. Lorsque les serviteurs de Dieu refusèrent d’adorer cette image d’or, ce roi les fit jeter dans un four de feu (Daniel 3:1-23). Le chiffre six est inférieur au chiffre sept, qui représente l’état de ce qui est complet aux yeux de Dieu. Par conséquent, un triple six symbolise une imperfection flagrante. Un nom sert à identifier une personne. À quoi ce nombre identifie-t-il donc la bête ? Jean dit que celle-ci a "un nombre d’homme ", et non celui d’une personne spirituelle. Par conséquent, ce nom confirme que la bête sauvage est terrestre, qu’elle symbolise la domination humaine. De même que le chiffre six est inférieur à sept, de même le nombre 666 (6 au troisième degré) est un nom approprié au système politique gigantesque qui est bien loin de satisfaire aux normes divines de perfection. Ainsi, la bête sauvage politique qui exerce la domination suprême sur le monde a pour nom un chiffre : 666 ; les systèmes politique, religieux et commercial font en sorte que cette bête sauvage continue à opprimer les humains et à persécuter le peuple de Dieu Et plus récemment encore la Tour de Garde, 1/4/2004 p.3, reprend : Six est égal à sept moins un. N’est-ce pas là un symbole approprié de ce qui est imparfait, déficient, du point de vue de Dieu ? Assurément (1 Chroniques 20:6, 7) ! De plus, écrire trois fois le chiffre six, autrement dit 666, souligne avec force cette imperfection. Autre argument en faveur de cette compréhension : comme nous l’avons vu, 666 est un " chiffre humain ". Ainsi, le passé de la bête, son "chiffre humain" et le nombre 666 lui-même aboutissent tous à une seule et même conclusion : manquement total et échec absolu aux yeux de Jéhovah. Et voilà comment on rattache le nombre 666 à notre époque moderne sans autre forme de procès. Mais cette compréhension résolument moderne est-elle correcte ? Supporte-t-elle un examen éclairé Via Veritas 107 du grec ? Voici la traduction d’une excellente étude portant précisément sur la lecture correcte, avec l’intelligence de l’époque, du nombre de la bête. SIX CENT SOIXANTE-SIX MAIS PAS 666 Traduction de l’anglais par mes soins. Edward L. Pothier (Juillet 1991) = Physics Department / Northeastern University / Boston, MA 02115 = -I. Contre la représentation numérique 666 Le plus fameux (ou le plus infâme) nombre de la Bible toute entière est peut-être l’étrange nombre six cent soixante-six, le nombre de l’une des bêtes du 13ème chapitre du livre de la Révélation. A partir de films et de nouvelles, nombre de personnes, certaines n’ayant même aucune réelle connaissance biblique, prennent conscience que ce nombre est associé au Mal et au danger. Si l’on isole le seul verset concerné la traduction biblique nous donne : "C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence calcule le nombre de la bête. Car c’est un nombre d’homme, et son nombre est six cent soixante-six." (Révélation 13:8 - Segond). Le but de cette étude n’est pas d’ajouter encore à la considérable littérature portant sur les images apocalyptiques et ce nombre. Des livres entiers ont été écrits sur ce sujet31. Cette étude portera préférentiellement et uniquement sur la représentation du nombre six cent soixante-six, établissant que le représenter 666 (un triple 6) est une erreur. Une telle représentation peut mener les lecteurs modernes à de fausses interprétations. C’est une représentation anachronique extravagante. Cependant un grand nombre de traductions modernes anglaises de la Bible font usage de cette représentation numérique, utilisant des nombres plutôt que des mots. Une liste non exhaustive de ces traductions qui utilisent des nombres inclut : the New International Version (NIV), the Jerusalem Bible (JB), the New Jerusalem Bible (NJB), the Good News Bible (GNB), the New King James Version (NKJV) et the Living Bible Paraphrased (LBP). Dans the Revised New Testament of the New American Bible le texte présente les mots au lieu des nombres, quoique la note en bas de page "officielle" termine ainsi : "Il a également été observé que "6" représente l’imperfection, manquant le nombre parfait "7", représenté ici sous une forme triple ou superlative". Presque tous les commentaires qu’ils soient érudits, populaires ou sensationnels attirent l’attention sur une sorte de symbolisme du "triple six" similaire à celui exprimé par la note en bas de page de the revised New American Bible citée plus haut. Écrire le nombre complet dans NOS symboles numériques, 666, peut seulement soutenir cette orientation douteuse. En dépit de notre aptitude immédiate, presqu’instinctive, à voir six cent soixante-six représenté comme 666, c’est un phénomène relativement récent. Les lecteurs originaux (ou très probablement les auditeurs32) du livre de la Révélation (probablement rédigé dans la dernière partie du premier siècle en koiné ou grec commun de l’époque) n’ont probablement pas lu ou entendu quoique ce soit de particulier dans la répétition du nombre 6 comme nous le faisons avec 666. Pour comprendre pourquoi le nombre six cent soixante six ne devrait pas être écrit 666 exige 31 Un livre de plus de 300 pages a été écrit à ce sujet : David Brady, THE CONTRIBUTION OF BRITISH WRITERS BETWEEN 1560 AND 1830 TO THE INTERPRETATION OF REVELATION 13.16-18 (Tubingen : J. C. B. Mohr,1983). NDT : on se reportera utilement à l’entrée nombre de la bête de Wikipedia pour prendre conscience de la diversité des thèses émises pour expliquer ce nombre. L’une des plus fameuses est d’y voir le nom de César Néron, persécuteur des chrétiens de l’époque de la Révélation. 32 Probablement tous les livres du Nouveau Testament étaient lus à voix haute. Cela devait être spécialement du livre de la Révélation avec ses cycles répétitifs et ses chœurs célestes. Voir Rev 1:3, 22:18.2 Via Veritas 108 l’examen tant de notre représentation moderne des nombres que de la représentation grecque du 1er siècle. Alors que Jean, le rédacteur de la Révélation, a dû chercher à cacher l’identité de la "bête" des regards extérieurs, "ceux qui ont la connaissance", même au 1er siècle, ont dû être capables de calculer (décoder) le nombre et n’ont pas dû attendre une représentation numérique bien plus tardive. -II. Notre système décimal moderne Pour représenter les nombres nous utilisons un système décimal (base 10). En utilisant simplement les dix (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, et 0) chiffres arabes (ou plus exactement hindou-arabes ou indiens) nous pouvons représenter n’importe quel grand nombre. L’usage du nombre 0 est spécialement important en ce qu’il nous permet de n’avoir besoin (dans un système décimal) que des neuf autres chiffres. Les mêmes chiffres peuvent servir à représenter un nombre d’unités, de dizaines, de centaines, de milliers, etc. Sa position ou place dans le nombre composé détermine sa valeur réelle. Parce que chaque place dans le nombre indique combien de puissances de 10 sont contenues dans le nombre composé (peut-être aucune dans certains cas) nous disposons d’un système de valeurs positionnelles. Par exemple nous interprétons le nombre 123 comme 1x100 + 2x10 + 3x1. De manière identique notre nombre désigné 666 est 6x100 +6x10 +6x1. Sans le zéro nous serions incapables de représenter un nombre tel que deux cent neuf. Mais puisque nous avons le zéro deux cent neuf peut être représenter comme 209 = 2x100 + 0x10 +9x1. Tout ceci semble bien trivial. Nous l’avons tous appris en cours élémentaire. Cependant cette représentation relativement moderne, comme nombre d’inventions est l’aboutissement de beaucoup d’évolutions et même de révolutions. A l’époque de la rédaction du Nouveau Testament de tels nombres appartenaient au futur. A l’Ouest nous avons reçu notre système numérique des Arabes (d’où le nom usuel de chiffres arabes) à travers l’Espagne. Les Arabes quant à eux l’avait reçu des Indiens. La première introduction de ces chiffres en Espagne semble dater de la fin du 1er millénaire, mais il fallut attendre le deuxième millénaire pour qu’ils puissent s’imposer33. Jusqu’alors, et jusqu’à la fin du Moyen-Âge, l’usage des chiffres romains était la norme, jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par les chiffres décimaux34. -III. Les nombres de l’alphabet grec au temps du Nouveau Testament (NT) Puisque le livre de la Révélation, à l’instar des 26 autres livres du Nouveau Testament, a été rédigé en grec koiné au 1er ou au début du 2ème siècle nous devons étudier comment les chiffres étaient représentés à cette époque en grec35. L’un des premiers systèmes numériques, connu sous le nom des nombres attiques, commença à Athènes et utilisait des symboles pour les nombres clés 1, 5, 10, 50, 100, etc. Les symboles individuels de chaque type étaient répétés aussi souvent que nécessaires (jusqu’à quatre fois) pour composer la représentation numérique. Ce qui peut être appelé un système RÉPÉTITIF 1-5. Ce 33Pour une description détaillée de l’évolution de notre système numérique actuel et comment il fit graduellement son chemin vers l’Ouest voir : Graham Flegg (ed), NUMBERS THROUGH THE AGES (London :Macmillian Education, 1989) 88-130. Georges Ifrah, FROM ONE TO ZERO : A UNIVERSAL HISTORY OF NUMBERS (New York : Viking, 1985) 428-497. Karl Menninger, NUMBER WORDS AND NUMBER SYMBOLS : A CULTURALHISTORY OF NUMBERS (Cambridge : MIT Press, 1969) 389-445. 34 Incidemment, certains fanatiques apocalyptiques modernrs (ou étudiants de la "prophétie") qui s’alarment beaucoup du nombre 666 et s’inquiète des grand système de contrôle informatique que la Bête utiliserait peut-être s’interroge sur le système hexadécimal (base 16) plutôt que sur le système décimal donnant le chiffre 666. Dans le système hexadécimal un nombre est représenté en utilisant 16 symboles numériques possibles : nos 0-9 usuels, puis 6 "chiffres" additionnels : A=10, B=11, C=12, D=13, E=14, F=15. En notation hexadécimale notation au lie d’avoir unités, dizaines, centaines on trouve unités, facteurs de 16 et de 256. Ainsi six cent soixante-six est représenté par 29A (hexadecimal) puisque le décimal 666= 2x256 + 9x16 + 10x1. 35 Les sections concernées dans les différents ouvrages précédemment mentionnés sont : Flegg, NUMBERS THROUGH THE AGES, 88-101. Ifrah, FROM ONE TO ZERO, 261-274. Menninger, NUMBER WORDS AND NUMBER SYMBOLS, 268-274. Voir également O.A.W. Dilke, MATHEMATICS AND MEASUREMENT (London : British Museum Publications, 1987) 13-16.(5). Via Veritas 109 système est très similaire à celui qui suivra (mais qui nous est plus familier), le système des nombres romains, excepté qu’il était toujours additif (répétitif) a contrario du système numérique romain qui pouvait avoir des formes soustractives36. Un autre système existait également (ce qui n’est pas surprenant si l’on prend en considération l’indépendance et la non-coopération des cités-états grecques). Ce système connu comme le système ionien ou milésien (de Milet37 en Asie mineure) a pu débuter au 6ème siècle avant notre ère. Le système attique était abandonné, disparaissant presque complètement au temps de l’Empire romain. Le système alpha-numérique milésien fut officiellement adopté à Athènes au 1er siècle avant notre ère38. Au temps du Nouveau Testament nous avons uniquement besoin de prendre en compte le système alpha-numérique grec. Quoique les grecs disposaient de moyens pour représenter les nombres des milliers et des dizaines de milliers (myriades) nous ne considérerons que les nombres inférieurs à neuf cent quatre vingt dix-neuf. Ces Grecs, comme nous, utilisaient un système décimal mais, de manière différente, n’utilisaient pas le nombre zéro39. Ainsi quoiqu’un système décimal, ce n’était pas un système de valeurs positionnelles. Aussi plus de symboles étaient nécessaires que les neuf (plus zéro) que nous utilisons. Pour représenter les nombres jusqu’à neuf cent quatre vingt dix-neuf ils avaient besoin de 27 symboles différents : neuf pour les unités 1, 2, ..., 9 ; neuf pour les dizaines 10, 20, ..., 90 ; neuf pour les centaines 100, 200,..., 900. Ils utilisaient pour symboles les lettres de l’alphabet grec. Cependant un problème immédiat apparaît car l’alphabet grec ne comporte que 24 lettres. Pour suppléer aux trois lettres manquantes ils faisaient usage de lettres devenues obsolètes d’alphabets antérieurs et , de manière un peu confuse, les mêlaient aux lettres classiques. Le tableau suivant40 montre les affectations. Table des valeurs numériques des lettres grecques 1 alpha 10 iota 100 rho 2 beta 20 kappa 200 sigma 3 gamma 30 lambda 300 tau 4 delta 40 mu 400 upsilon 5 epsilon 50 nu 500 phi 6 [digamma] 60 xi 600 chi 7 zeta 70 omicron 700 psi 8 eta 80 pi 800 omega 9 theta 90 [koppa] 900 [sampi] Notez les lettres obsolètes entre parenthèses dans le tableau : digamma pour 6, koppa pour 90 et sampi pour 900. Le koppa et le sampi ne nous concerneront pas hormis le fait que la présence de koppa pour 90 décale d’une position les lettres suivantes (rho, sigma,...). Le digamma comme 6 va être d’une grande importance pour représenter le nombre six cent soixante six. Cette lettre est également connue comme "stigma" (notez le t) car la forme de la lettre 36 Une forme soustractive signifie que parfois un nombre tel que 9 est représenté IX, avec la plus petite unité (I) précédant la plus grande (X) signifiant un de moins que 10, plutôt qu’additionnellement VIIII signifiant quatre plus cinq. De manière intéressante le système numérique romain, qui utilise les symboles I, V, X, etc., pour 1, 5, 10, etc., donne une représentation particulière au nombre qui nous intéresse : six cent soixante-six. Puisque 666 = 500+100+50+10+5+1, en chiffres romains est représenté par DCLXVI, utilisant chaque symbole depuis D (=500) une fois et une seule fois. 37 Milet est mentionnée dans le NT (mais sans rapport avec les nombres) en Actes 20:15,17 et 2 Tim 4:20. 38 Menninger, NUMBER WORDS AND NUMBER SYMBOLS, 268.Dilke, MATHEMATICS AND MEASUREMENT, 14. 39 Plus tard l’astronome grec alexandrin Ptolémée (2ème siècle) utilisa un symbole similaire au zéro pour ses tables, quoiqu’il semble n’avoir jamais été utilisé par les Grecs. 40 Bruce M. Metzger, MANUSCRIPTS OF THE GREEK BIBLE : AN INTRODUCTION TO GREEK PALAEOGRAPHY (New York : Oxford University Press, 1981) 7-9. Via Veritas 110 ressemble à la ligature des lettres grecques sigma et tau, qui correspondent à peu près à nos lettres s et t (si l’on y prête pas attention il pourrait être confondu avec le sigma, ce qui serait une erreur). Pour la suite de l’étude cette lettre obsolète, remise en service pour représenter le chiffre 6, sera appelée stigma. De fait pour représenter un nombre par les caractères alphabétiques au 1er siècle de notre ère41 les écrivains grecs concaténaient les symboles individuels comme nous le faisons. En absence du zéro ils avaient besoin de plus de caractères possibles (les 27 de notre liste). Cependant pour représenter un nombre qui contient un zéro dans notre représentation ils avaient besoin de moins de caractères. Notre nombre 123 était représenté par les trois lettres grecques (rho)(kappa)(gamma). Notre nombre 209 pouvait être représenté par deux lettres seulement (sigma)(theta) et 300 par une lettre seulement (tau). Pour distinguer les lettres utilisées pour les nombres des lettres normales une ligne horizontale était habituellement tracée au dessus des lettres-nombres, et parfois une petite marque seulement42. Il doit être noté que l’ordre des lettres nécessaires à la représentation d’un nombre est sans importance, puisque le système n’est pas un système de valeurs positionnelles. Le plus souvent, toutefois, les lettres de plus grande valeur étaient placées en premier. Aussi pour représenter le nombre qui nous intéresse particulièrement, six cent soixante-six, plutôt que d’utiliser trois caractères identiques (666) comme nous le faisons dans notre système décimal à VALEURS POSITIONNELLES, un écrivain grec du 1er siècle (s’il n’écrivait pas les nombres en toutes lettres comme nous le faisons également) devait utiliser trois caractères différents (chi)(xi) (stigma) ! -IV. Gématrie and Isopséphie Au risque de transgresser la limite que nous nous sommes donnés pour nous concentrer uniquement sur la manière dont le nombre six cent soixante-six devait être représenté, une mention particulière doit être faite de la Gématrie ou Gematria. Puisque dans le système alpha-numérique grec décrit plus haut chaque lettre de l’alphabet grec (et même trois lettres qui n’étaient plus utilisées comme lettres normales) avait également une valeur numérique, il était possible de donner à chaque mot, nom ou phrase, une valeur numérique composée en additionnant les valeurs de chaque lettre individuelle. Et si une chose est possible elle était certainement faite. Les rabbins juifs suivaient un procédé similaire puisque les 22 lettres de l’alphabet hébreu servaient également à remplacer les 22 premiers caractères sur les 27 nécessaires pour représenter les nombres jusqu’à 999 dans leur système hébraïque. La 22ème et dernière lettre représentait la valeur 400. Les valeurs numériques restantes 500, 600, 700, 800, et 900 nécessitaient soit une "forme finale" spéciale de certaines lettres soit de simples représentations additives, 500 pouvant se décomposer par combinaison des lettres de valeurs 400 et 100, etc43. Le résultat important était que chaque lettre de l’alphabet hébreu avait une valeur numérique et en additionnant les valeurs numériques des lettres d’un mot on pouvait lui attribuer une valeur numérique composée. Ce procédé était appelé gématrie. En grec l’équivalent de la gématrie est parfois appelé isopséphie (des mots grecs pour "égal" et "compte44) car l’un des usages était de mettre en relation deux mots ou phrases ayant même valeur 41 Ces caractères alpha-numérique sont tombées en désuétude pour les Grecs modernes. Ils continuent encore à les utiliser, un peu à la manière dont nous utilisons les chiffres romains pour les numérotations.(...) 42 Metzger, MANUSCRIPTS OF THE GREEK BIBLE, 9. 43 Ifrah, FROM ONE TO ZERO, 252-259. 44Le verbe grec pse :phizo :, souvent traduit "calculer" ou "compter", vient du nom pse :phos (galet), car les galets étaient souvent utilisés pour compter et calculer. Le verbe est utilisé en Rév. 13:18." Via Veritas 111 numérique45. Quoique la gématrie est souvent considérée comme principalement une pratique juive, son usage dans la sphère gréco-romaine46 est connue47, 276-278.(16) (avec les nombres souvent donnés par le système alpha-numérique exposé plus haut). C’est la source la plus probable pour la valeur numérique du nombre de la bête de Révélation 13:18. Il était connu même dans le monde antique que, alors qu’il est extrêmement facile de passer d’un mot, d’un nom ou d’une phrase à sa valeur numérique composée (on a simplement à additionner les valeurs numériques des lettres) il est impossible d’inverser le processus. Avoir un nombre ne permet pas de revenir au mot, au nom ou à la phrase, à moins de posséder une information externe. Comme une machine équipée d’un ressort ou quelques pièges pour animaux certains procédés ne fonctionnent que dans un sens. -V. Lectures en grec du Nouveau Testament de Révélation 13:18 Ayant décrit plus avant le système alpha-numérique grec il est à présent possible de voir comment Révélation 13:18 est représenté dans le grec du Nouveau Testament. Jusqu’à la première impression du Nouveau Testament grec au 16ème siècle, chaque copie de chaque livre du NT était écrite à la main. Des variations furent introduites accidentellement ou intentionnellement. Puisque nous ne disposons plus des copies originales autographes comme elles vinrent des mains des auteurs un procédé de critique textuel doit être utilisé48. La critique textuelle est la science et l’art qui consiste à rassembler toutes les preuves issues des copies existantes afin de reconstituer, aussi bien que possible, le texte tel qu’il était à l’origine. Il existe deux éditions critiques modernes majeures qui sert DE FACTO de "texte standard". Ce sont le Nestle-Aland twenty sixth edition (NA26) et le United Bible Societies Greek New Testament third edition49 (UBSGNT3). Ce ne sont pas des éditions critiques indépendantes puisqu’elles ont en 45 Ifrah, FROM ONE TO ZERO, 291-310. 46 NDT : à propos de l’empereur romain Néron, contemporain de l’époque de la rédaction du NT, circulaient ces vers : "Additionner les valeurs numériques Des lettres du nom de Néron, Et dans "meurtrier de sa propre mère" vous trouverez qu’ils sont identiques." (Suétone, Les 12 Césars, Neron 39, traduction) La valeur numérique commune au nom et à la phrase l’avait soit disant prédestiné au matricide. 47 Adolf Deissmann, LIGHT FROM THE ANCIENT EAST (Grand Rapids : Baker Book House, 1978 [reprint of 1927 English edition]). 48 Deux des introductions à la critique textuelle du grec du NT rédigées par les éditeurs des principales éditions critiques du NT sont : Bruce M. Metzger, THE TEXT OF THE NEW TESTAMENT : ITS TRANSMISSION, CORRUPTION AND RESTORATION 2nd ed. (New York : Oxford University Press, 1968). Kurt Aland and Barbara Aland, THE TEXT OF THE NEW TESTAMENT (Grand Rapids : William D. Eerdmans, 1987 based on German edition of 1982). 49 Standard modern critical editions : NA26 : Kurt Aland, Matthew Black, Carlo M. Martini, Bruce M. Metzger, and Allen Wikgren (eds), NOVUM TESTAMENTUM GRAECE 26th edition (Stuttgart : Deutsche Bibelgesellschaft, 1979). UBSGNT3 : Kurt Aland, Matthew Black, Carlo M. Martini, Bruce M. Metzger, and Allen Wikgren (eds), THE GREEK NEW TESTAMENT 3rd edition (New York : United Bible Societies, 1979). Via Veritas 112 commun éditeurs et leçons du texte. Elles diffèrent cependant dans la ponctuation et les signes typographiques ainsi que la documentation des variantes textuelles des différents manuscrits. Dans l’édition critique moderne "standard" le verset qui nous concerne est rendu (en utilisant une translittération qui permet la reproduction du texte grec en caractères latins) sous la forme : "ho :de he : sophia estin. ho echo :n noun pse :phisato : ton arithmon tou the :riou, arithmos gar anthro :pou estin, kai ho arithmos autou hexakosioi hexe :konta hex." (Rev 13:18, NA26). Dans ce verset nous voyons apparaître plusieurs fois le mot grec pour nombre (arithmos), qui a donné notre mot arithmétique. Ce qui est particulièrement important pour nous sont les trois derniers mots grecs représentant six cents, soixante et six. Comme nous pouvons le constater dans la translittération tous ces mots commencent par "hex", préfixe grec que nous retrouvons dans nos mots hexagone ou hexamètre. Aussi quand les mots du nombre (666) sont extraits du texte grec, et non les caractères alphanumériques, un lecteur grec voit un début commun aux trois mots, "hex", tout comme un lecteur moderne voit "six" dans les mots du nombre. En appui de la reconstruction érudite du "meilleur", c’est à dire aussi proche de l’original que possible, texte (de manière évidente et à certains degrés une question d’opinion basée sur la preuve et les présuppositions savantes), une édition critique montre également combien la lecture des manuscrits diffère. L’édition NA26 le fait à travers un ensemble de symboles dans le texte lui-même (omis dans la translittération donnée plus haut) et un appareil compact de notes en bas de page détaillant chaque variante, listant les différentes lectures et mentionnant quels manuscrits (en utilisant une notation standard relative au nom des manuscrits) retenaient telle ou telle lecture. Les variantes et manuscrits concernant les mots grecs du nombre sont donnés à la fin de Révélation 13:18. Un texte pour les trois mots correspondant exactement à ceux du texte critique est contenu dans le Codex Alexandrinus datant du 5ème siècle. Une légère variante concernant quelques terminaisons grammaticales insignifiantes est rapportée dans certains manuscrits, incluant le Codex Sinaiticus datant du 4ème siècle. (Un autre manuscrit important datant du 4ème siècle, le Vaticanus, est amputé du livre de la Révélation et de certains autres livres à la fin du NT). Une lecture majeure différente (de la lecture du texte de l’édition critique) apparaît pour un autre manuscrit du 5ème siècle, le Codex Ephraemi Syri Rescriptus, et contient le nombre six cent seize et non six cent soixante-six. Il y a également un manuscrit tardif qui contient le nombre six cent soixante cinq50 ! D’un intérêt particulier pour nous est une collection de manuscrits qui sont indiqués soutenir la lecture du nombre faite dans l’édition critique. Ce sont des manuscrits qui, au lieu d’écrire les trois mots du nombre, utilisent la notation alphabétique grecque, c’est à dire les trois lettres grecques (chi)(xi)(stigma). Parmi les manuscrits listés figurent le manuscrit P47 (un manuscrit en papyrus, d’où le P dans le nom, datant du 3ème siècle et connu comme le Chester Beatty III), un manuscrit du 10ème siècle noté 051 et symbole "Majority-text" (qui concerne beaucoup de manuscrits byzantins tardifs). P47 est du 3ème siècle et constitue le plus vieux manuscrit du livre de la Révélation. Il contient des 50 Toutes les descriptions et dates des manuscrits proviennent des tables de NA26 ou ide Aland and Aland, THE TEXT OF THE NEW TESTAMENT. Via Veritas 113 parties des chapitres 9 à 17. Nous allons considérer sa lecture des nombres en Révélation 13:18 et des versets voisins dans la prochaine section. Parce que, comme mentionné plus haut, la majorité des manuscrits (pour la plupart de minuscules manuscrits byzantins tardifs) inclut la représentation du nombre six cent soixante-six par les trois lettres (chi)(xi)(stigma) le texte présenté dans une autre version moderne (mais non standard) appelé sans surprise THE GREEK NEW TESTAMENT ACCORDING TO THE MAJORITY TEXT (le NT selon le texte majoritaire) le fait aussi51. Notez qu’il y a un désaccord majeur concernant la valeur respective des manuscrits et des groupes de manuscrits entre les promoteurs de cette édition et ceux des éditions standards52. Le fameux Textus Receptus, qui fut considéré comme le texte standard depuis le 16ème siècle (le terme fut utilisé la 1ère fois au 17ème siècle) jusqu’au 19ème siècle et la production de textes critiques modernes, était une évolution des premiers NT grecs imprimés. Son texte utilisait également la notation (chi)(xi)(stigma). La base essentielle de cette édition était seulement une poignée de textes de manuscrits assez récents, une recension du texte Majoritaire. -VI. Le Papyrus P47 en détail et les nombres de Révélation 13:18 Comme précédemment mentionné P47 est le plus ancien manuscrit contenant une partie du livre de la Révélation. Cependant sa méthode pour rendre le nombre six cent soixante-six (en utilisant les caractères alpha-numériques grecs) n’est pas celle retenue par le texte critique "standard" (qui rend le nombre par des mots). L’appareil critique textuel de NA26 montre d’autres variations de P47 par rapport au texte usuel, même en d’autres places que Rév. 13:18. Quoique l’usage d’une édition critique du texte soit à la portée de qui sait lire le grec koiné, les chances d’avoir accès aux reproductions des manuscrits individuels sont minces. De nombreuses librairies théologiques n’ont même pas d’éditions publiées qui contiennent les photographies des manuscrits recherchés. C’est pourquoi nous avons de la chance que Kurt et Barbara Aland dans leur ouvrage largement diffusé THE TEXT OF THE NEW TESTAMENT (le texte du NT - dans la 1ère et 2ème - éditions de 1987 et 1989) inclut une planche 23 à la page 90 qui présente Rév. 13:16-14:4 de P47 (notez que la légende de la planche est incorrecte car elle rattache P47 au 2ème siècle alors que dans d’autres endroits du livre la date usuelle du 3ème siècle est citée). Comme mentionné plus haut à propos du système alpha-numérique grec la manière usuelle pour indiquer que les lettres devaient être considérées comme des nombres était une ligne horizontale placée au dessus des lettres-nombres (une ligne horizontale peut également désigner autre chose). Sur la neuvième ligne en partant du haut du fragment (on comptera les lignes en négligeant la première ligne qui semble ne contenir qu’un seul caractère) nous pouvons voir la première ligne horizontale soulignée. Elle est juste au dessus les trois lettres(chi)(xi)(stigma) qui représentent le six cent soixante-six de Révélation 13:18. Le verset 14:1 démarre immédiatement après (il n’existe aucune séparation ou espace dans de tels manuscrits), un moyen évident de se rappeler que la division en chapitres et versets, que nous trouvons si essentielle pour localiser et citer les textes n’est qu’une addition tardive datant de 51 Zane Hodges and Arthur L. Farstad (eds), THE GREEK NEW TESTAMENT ACCORDING TO THE MAJORITY Text 2nd ed (Nashville : Thomas Nelson Publishers, 1985). 52 A. Carson, THE KING JAMES VERSION DEBATE : A PLEA FOR REALISM (Grand Rapids : Baker Book House, 1979) contient une saine discussion sur le sujet. Le titre indique que l’objet du livre est plus large que la simple opposition entre le texte majoritaire et d’autres versions critiques. La King James Version fut traduite du Textus Receptus, texte qui présente des similitudes mais n’est pas identique au texte Majoritaire compilé aujourd’hui. Via Veritas 114 plusieurs siècles après que les livres du NT ne soient rédigés. Deux lignes plus bas la ligne horizontale se trouve au dessus des lettres (rho)(mu)(delta). C’est la représentation alpha-numérique de cent quarante quatre mille. Dans ce manuscrit P47, si le nombre (cent quarante quatre) est écrit en représentation alpha-numérique, le mot pour "milliers" est écrit à la suite des chiffres. Les mêmes caractères (rho)(mu)(delta) à nouveau surlignés se répètent quatre lignes à partir de la fin du fragment. (...) -VII. Traduire les nombres de Rév. 13:18 Comment devrions nous traduire les mots numériques à la fin de Révélation 13:18 ? Si nous considérons la traduction du texte critique "standard" : "hexakosioi hexe :konta hex", avec les nombres rendus comme des mots, en ce cas nous devrions lire dans notre traduction "six cent soixante-six". La séquence "hex" se répète en ce cas comme se répète le "six". Il n’y a aucune justification, en aucun cas, d’utiliser la représentation numérique 666. Une question DOIT être posée : si le texte devait être traduit comme en P47 ou dans le Texte Majoritaire ou encore le Textus Receptus, c’est à dire le nombre représenté par les trois lettres grecques (chi)(xi)(stigma), alors il y aurait quelque justification à faire usage de ce qui pourrait en être l’équivalent "moderne", le nombre 666. Cela supporterait la "FORME" du texte original (la représentation était numérique) mais cela ne pourrait pas supporter la "SIGNIFICATION" originale si le symbolisme récent d’un nombre répété et identique l’emportait sur la seule signification d’une quantité numérique. Nous n’avons aucun moyen de signifier (en utilisant notre système décimal à valeurs positionnelles) que les nombres grecs originaux utilisés étaient tous différents. Une note en bas de page du traducteur serait une possibilité, mais une note en bas de page est seulement une note en bas de page. - VIII. "Contre les Hérésies" d’Irénée de Lyon et les Oracles Sybillins Les deux oeuvres considérées dans cette section sont toutes deux post-NT, inachevées et assez marginales par rapport à l’essentiel de notre développement. Nous en traitons car l’une est une discussion primitive du nombre de la bête et l’autre est un exemple de gématrie sur le nom de Jésus. Irénée de Lyon fut évèque de Lyon au cours de la seconde moitié du 2ème siècle et rédigea une oeuvre apologétique intitulée "Contre les Hérésies"(Adv. haer) qui nous est parvenue dans sa version latine, quoique l’original fut rédigé en grec. A plusieurs endroits dans son 5ème "livre" il traita du nombre de la bête (ainsi que nous l’appelons) en Rév. 13:18, échafaudant (sans succès) des hypothèses élaborées afin de résoudre le procédé de gématrie et de mettre un nom sur le nombre six cent soixante-six.(Adv.haer 5.30.253). Dans plusieurs passages il mentionne le chiffre 6 : "c’est six fois cent, six fois dix et six unités."(Adv.haer 5.28.2). Dans un autre passage, il écrivit : "...si la raison nous enseigne que le chiffre du nom de la bête, compté à la manière des Grecs à l’aide des lettres que contient ce nom, est de six cent soixante-six, c’est-à-dire comporte un nombre de dizaines égal à celui des centaines et un nombre de centaines égal à celui des unités — car le nombre six conservé partout pareillement indique bien la récapitulation de toute l’apostasie perpétrée au commencement, au milieu des temps et à la fin..." (Adv.haer 5.30.1). Le dernier passage en particulier pourrait nous amener à penser qu’Irénée avait à l’esprit notre représentation moderne de 666. Cependant ce n’est rien de plus qu’une construction du système décimal grec (sans être pour autant à valeurs positionnelles) car les mots pour six cents, soixante et six commencent tous par "hex" en grec. 53 Les citations pour ADV.HAER sont extraites de la la traduction d’Irénée "Contre les Hérésies"dans les séries ANF Alexander Roberts and James Donaldson (eds), THE ANTE-NICENE FATHERS (ANF) (Grand Rapids : Wm. B. Eerdmans, 1979 reprint of 1885 ed). Via Veritas 115 En Adv.haer 5.29.2 Irénée montre comment (dans sa conception d’une bête récapitulant l’ensemble du Mal) le nombre de la bête contient les six cents ans de l’âge de Noé alors que le déluge commença à balayer le Mal de l’époque (Gen 7:6). Il contient les soixante coudées de hauteur de l’image idolâtrique que le roi Nébucadnezzar fit érigée (Dan 3:1). Et les six coudées de largeur de la même statue. En ce cas précis il est bien plus intéressé par la valeur du nombre détaillé selon les lettre-nombres grecques. Mais par dessus tout, et quoiqu’il admette son incapacité à déchiffrer le nombre, il fut plus obnubilé par ses tentatives54. pour décoder la gématrie. Malheureusement moins d’un siècle après la rédaction du livre de la Révélation il échoua. Un exemple de gématrie grecque qui peut être décodée (car suffisamment d’information est donnée) est inclus dans les Oracles Sybillins. Les Oracles Sybillins sont une anthologie complexe en raison de la diversité des sources et des époques. Selon une interpolation chrétienne du livre I, on trouve une description d’une gématrie basée sur le nom de Jésus (en grec Ie :sous) sous la forme d’une "prophétie55" : 324 Alors le fils du Grand Dieu viendra, 325 incarné, semblable aux hommes mortels de la Terre, 326 portant quatre voyelles, et les consonnes en lui sont deux. 327 J’expliciterai entièrement le nombre pour vous. 328 Pour huit unités, et égal en nombre de dizaines puis addition, 329 et huit cents révéleront le nombre 330 aux hommes qui sont rassasiés de l’infidélité. Mais toi, prends à coeur 331 Christ, le Fils du Très Haut, Dieu immortel. (1:324-331) En substituant simplement les lettres grecques du mot Jésus en grec à leurs valeurs numériques conventionnelles on obtient : Ie :sous → 10+8+200+70+400+200 = 888 dans notre système décimal (qui peut d’ailleurs être représenté par (omega)(pi)(eta) en caractères grecs). Rien de plus ne semble être fait du chiffre 8. La plupart des commentaires qui ont été fait concernant la représentation nombre 666 aurait pu s’appliquer au nombre 888. - IX Résumé Cette étude a essayé d’argumenter contre la représentation numérique anachronique 666 pour le nombre de la bête en Rév. 13:18 car une telle représentation n’a pu se faire que plusieurs siècles après la rédaction du livre de la Révélation. Toute représentation basée sur cette exacte représentation devrait être suspecte au plus haut point. A la section II (selon notre système de numérotation moderne) les faits furent établis et des notes en 54 I l est donc plus sûr et moins dangereux d’attendre l’accomplissement de cette prophétie, que de se livrer à des recherches et de conjecturer les premiers noms venus, car on peut trouver un grand nombre de noms ayant le chiffre que nous avons dit, et le problème n’en demeurera pas moins posé : en effet, si l’on trouve beaucoup de noms ayant ce chiffre, on se demandera quel est celui d’entre eux que portera l’homme qui doit venir. Ce n’est pas faute de noms ayant le chiffre du nom de l’Antéchrist que nous parlons de la sorte, mais par crainte de Dieu et par zèle de la vérité. Car le mot ??????? (Florissant), par exemple, possède bien le chiffre cherché, mais nous n’affirmons rien à son sujet pour autant. Le mot ???????? (Latin) a également le chiffre six cent soixante-six et est tout à fait digne de créance, puisque le dernier royaume possède précisément ce nom : car ce sont les Latins qui dominent en ce moment ; cependant, nous ne nous ferons pas gloire de ce mot. Le mot ?????? (Titan) — en écrivant la première syllabe avec deux voyelles, l’epsilon et l’iota — est, de tous ceux qui se rencontrent chez nous, le plus digne de créance. En effet, il possède le chiffre que nous avons dit et se compose de six lettres, chaque syllabe étant constituée par trois lettres ; c’est un nom ancien et exceptionnel, car aucun de nos rois ne s’est appelé Titan, et aucune des idoles publiquement adorées chez les Grecs et les barbares ne possède ce nom ; ce nom passe même pour divin auprès de beaucoup, au point que le soleil est appelé Titan par ceux qui dominent en ce moment ; ce nom contient encore l’évocation d’un châtiment et d’un vengeur, et c’est un fait que l’Antéchrist affectera de venger les victimes des mauvais traitements ; surtout, enfin, c’est un nom digne d’un roi, et plus encore d’un tyran. Ainsi, le nom de Titan possède assez de probabilité pour nous permettre de conclure, à partir d’indices nombreux, qu’il pourrait fort bien être celui de l’homme qui doit venir - Irénée - Contre les Hérésies - Livre V. 55 J.J. Collins translation of "Sibylline Oracles" in James H. Charlesworth (ed), OLD TESTAMENT PSEUDEPIGRAPHA vol 1 (New York : Doubleday, 1983) 342. Via Veritas 116 bas de page données pour plus de détails. Savoir que le système de représentation numérique actuel est relativement tardif est important pour l’argumentation de cette étude, mais les détails sont négligeables. Même si un degré d’incertitude porte sur quelques siècles, la conclusion reste la même. La section III a traité de la manière dont les écrivains grecs représentaient les nombres par des lettres avec un remarquable effet de bord appelé gématrie, décrite en section IV. La section V a traité des différentes lectures du texte grec du NT consigné en Rév. 13:18 et la section VI était un manuel (si vous disposiez du livre Texte du NT de Kurt et Barbara Aland) pour découvrir le papyrus P47 et le contexte textuel de Rév. 13:18. La section VII a rappelé les objections à traduire le nombre de Rév. 13:18 en 666, avec une atténuation possible si ce sont les trois lettres grecques qui sont traduites. La section VIII a traité de deux textes post-NT, accessoirement rattachés au développement de l’étude. L’objectif de l’étude toute entière n’était pas seulement une attaque vigoureuse contre la représentation numérique 666 du livre de la bête. Cela peut être partiellement exact mais c’est aussi une tentative pour nous rappeler, à nous autres interpréteurs de la Bible, que presque 1900 ans ont passé depuis la rédaction des derniers livres du NT. Même si nous partageons la même foi chrétienne de base que les écrivains originels et leurs lecteurs/auditeurs, nous vivons dans une situation culturelle et intellectuelle largement différente. Une tendance à lire les textes à travers nos yeux modernes nous rend susceptibles de commettre des erreurs de jugement et des anachronismes, même lorsqu’il s’agit de représenter un nombre. Si le nombre 666 ne peut valablement être lu comme trois 6 juxtaposés alors l’explication des théoriciens de la Watchtower ne tient pas. La compréhension de la vision est erronée, et le reste de l’enseignement est à l’avenant. Avant d’accorder du crédit à une interprétation la sagesse voudrait d’en vérifier les fondements. Quelques 666 célèbres, sur le site de la pertinente revue Le Tigre A qui Jésus parlait-il ? Par Jean-Pierre Huber Une théologie bien particulière. Au cours des nombreuses discussions opposant Jésus et les pharisiens, certaines interprétations s’y référant ont débouché sur une théologie particulière, qui a marqué un groupe plus surement qu’un autre, les Témoins de Jéhovah. Loin de moi l’idée de me moquer des membres de cette confession à laquelle j’ai appartenu pendant plus de 30 ans. Le but de cet article est de démontrer que parfois lorsque nous n’y prenons garde il se peut que nous en venions à accepter ce que nous aurions rejeté en d’autres circonstances. Beaucoup ont entendu parler des 144.000, soit en trouvant ce nombre énoncé dans le livre de l’Apocalypse (chap. 7 verset 4ss ; chap. 14 verset 1) soit lors d’un entretien à leur porte lors de la visite de leur immeuble par un Témoin de Jéhovah ; mais peu connaissent la doctrine des deux classes qui est une des particularités de l’enseignement de ce groupe religieux. Bien entendu Jésus en indiquant, par le biais de son ange, à Jean un nombre si particulier n’avait pas Via Veritas 117 en tête un nombre limitatif mais faisait référence à des chiffres symboliques représentant des personnes hommes ou femmes qui auraient accès à un privilège particulier. Mais ce n’est pas de cet aspect que je désire parler. Le titre de ce sujet se réfère à la discussion rapportée en Jean chapitre 9 et 10 et particulièrement à la déclaration du verset 16 du chapitre 10, nous lisons : J’ai encore d’autres moutons qui ne sont pas de cet enclos ; ceux–là aussi, il faut que je les amène ; ils entendront ma voix, et ils deviendront un seul troupeau, un seul berger Traduction Nouvelle Bible Segond Selon l’explication donnée par les Témoins de Jéhovah les autres moutons qui ne sont pas de cet enclos sont des personnes de tous horizons ayant l’espérance de vivre éternellement sur terre, alors que les moutons qui sont de l’enclos seraient des personnes venant de toutes nations ayant l’espérance de vivre éternellement au ciel. C’est une explication comme une autre et il n’est pas nécessaire de s’en moquer car il faut bien se rappeler les nombreuses interprétations suscitées par la Bible, il s’agit toujours d’un texte commun mais envisagé sous un jour différent. Néanmoins il convient de s’interroger sur la justesse de l’explication et non sur son exotisme ; afin de bien comprendre le problème posé par le contexte, demandons-nous à qui Jésus propose-t-il cette parabole de brebis ou moutons ? Le chapitre 9 répond à notre interrogation au verset 40 : Après avoir entendu cela, quelques pharisiens qui étaient avec lui lui dirent : Nous aussi, nous sommes aveugles ? - Traduction Nouvelle Bible Sedong Après avoir guéri un aveugle de naissance Jésus apprenant que les pharisiens l’avaient chassé du Temple leur reprocha de se conduire comme des aveugles spirituellement parlant, ce qui amena la question posée par les pharisiens. Ainsi donc Jésus s’entretenait avec ses disciples mais également avec des pharisiens qui n’étaient pas ses meilleurs amis ; de plus ils étaient juifs ce qu’il ne faut pas oublier pour mieux saisir la nature révolutionnaire de l’enseignement que Jésus allait leur expliquer. Dans les premiers versets du chapitre 10 de Jean, Jésus se compare au berger qui protège ses brebis des voleurs, il explique qu’il est non seulement le berger mais également la porte de l’enclos destiné à ses brebis. Il ressort du contexte dans lequel se tient la discussion que Jésus indique à ses auditeurs que bientôt ce ne sont pas seulement des juifs qui se tiendront dans l’enclos mais également des gens des nations. On peut imaginer ce qu’ont ressenti les pharisiens et même les disciples de Jésus en l’entendant annoncer que des personnes viendraient se joindre à eux pour former un seul troupeau. Eux qui faisaient partie du peuple élu et qui évitaient autant que faire se peut d’avoir des contacts avec un "gentil" (homme des nations) seraient donc finalement mélangés avec des personnes "impures". Mais n’était-ce pas ce que Dieu avait déclaré à Abraham ? : Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre. - Traduction La Bible Nouvelle Edition Genève- 1979 Il y aurait donc un seul troupeau composé de Juif et de personnes non juives pour un seul enclos car tel était le plan divin : bénir toutes les nations de la terre. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus–Christ. Galates 3,28 Traduction Nouvelle Bible Sedong Voici donc simplement ce que les paroles de Jésus peuvent signifier et quel merveilleux cadeau elles apportent. Tous les disciples de Jésus juifs ou non ne forment plus qu’un seul troupeau avec une seule espérance (Ephésiens 4:4-6). Mais alors quel est le problème rencontré par la théologie des Témoins de Jéhovah ? Via Veritas 118 Eh bien selon ces derniers Jésus expliquait en fait que le troupeau de l’enclos était composé essentiellement de personnes, juives ou non juives, ayant l’espérance céleste, appelés communément "les oints" et que les autres brebis qui seraient ajoutées afin de faire un seul troupeau représentent les personnes ayant quant à elles l’espérance de vivre éternellement sur la terre transformée en paradis. Pour arriver à justifier leur explication les Témoins de Jéhovah utilisent les versets 4 à 8 du chapitre 7 de l’Apocalypse parlant de 144.000 personnes venant des 12 tribus d’Israël légèrement remaniées, ainsi que des versets 9 à 10 du même chapitre pour évoquer une grande foule de personnes que l’on ne peut compter. Ainsi nous avons à présent 2 groupes bien différents l’un clairement dénombré et un autre trop important pour être dénombré. Les membres formant les 12 tribus de l’Israël spirituel auront part à la vie immortelle au ciel tandis que la grande foule ressuscitera pour la vie éternelle sur la terre. Pour confirmer un tel raisonnement il faut accepter l’idée de Jésus parlant d’une résurrection céleste à des pharisiens, peu disposés à l’écouter si ce n’est que pour le piéger et de pouvoir le condamner par le biais de ses paroles, alors que même pour ses disciples cette idée était étrangère, comme le démontre bien la question qu’ils lui ont posé rapportée en Actes 1,6 "Seigneur, est–ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ?" En effet tous ceux qui avaient suivis Jésus s’attendaient à une résurrection terrestre et non céleste, et la question posée peut même suggérer que certains pensaient que leur maître allait revenir rapidement et rétablir un royaume qu’ils concevaient comme terrestre à l’image des autres nations qui les entouraient. Rien ne les avaient préparés à une résurrection céleste. Ce sont les diverses explications données dans les lettres pauliniennes, entre autre, qui permettront de comprendre ce changement et cette nouveauté en matière de résurrection ; nous pouvons imaginer sans peine que l’acceptation de la résurrection céleste ne s’est pas faite en un seul jour. Donc les pharisiens auraient été interpellés si Jésus avaient voulu leur faire comprendre que le troupeau de l’enclos allait ressusciter au ciel. Il convient de noter également que le Nouveau Testament n’a pas été écrit dans l’ordre dans lequel il nous est parvenu ; par exemple l’évangile de Marc semble avoir été écrit en premier. Cependant pour faciliter la présentation du raisonnement j’ai volontairement laissé de côté le problème de la datation exacte des divers éléments composants le N.T. et ainsi nous pouvons considérer le Nouveau Testament comme un tout auto-explicatif. Les Témoins de Jéhovah se réfèrent non seulement à la dernière soirée de Jésus en compagnie de ses disciples au cours de laquelle il leur fit des déclarations importantes, mais aussi à une question posée par Pierre : 27 Alors Pierre lui dit en réponse : “ Vois ! Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ; qu’y aura-t-il en fait pour nous ? ” 28 Jésus leur dit : “ Vraiment, je vous le dis : Lors de la recréation, quand le Fils de l’homme s’assiéra sur son trône glorieux, vous qui m’avez suivi, vous siégerez, vous aussi, sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël. Matthieu 19 : 27,28 - Traduction du Monde nouveau 28 “ Cependant, vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves ; 29 et moi je fais une alliance avec vous, tout comme mon Père a fait une alliance avec moi, pour un royaume, 30 pour que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous vous asseyiez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Luc 22:28-30 Traduction du Monde Nouveau Selon les Témoins de Jéhovah seules les personnes participant à la commémoration de la mort de Jésus (la cène) en prenant du pain et du vin, auront part à la résurrection céleste, cette possibilité étant offerte pour la première fois aux apôtres lors de la dernière soirée de Jésus sur terre. L’apôtre Paul a écrit aux Corinthiens afin de les reprendre à propos de leurs rassemblements aux cours Via Veritas 119 desquels ils prenaient la cène et dans ce chapitre il leur rappelle ce qu’il aurait reçu de Jésus : 23 Car moi, j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi transmis : que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il allait être livré, a pris un pain 24 et, après avoir rendu grâces, il l’a rompu et a dit : “ Ceci représente mon corps qui est pour vous. Continuez à faire ceci en souvenir de moi. ” 25 Il a fait de même à l’égard de la coupe aussi, après avoir pris le repas, en disant : “ Cette coupe représente la nouvelle alliance grâce à mon sang. Continuez à faire ceci, toutes les fois que vous la boirez, en souvenir de moi. ” 26 Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous continuez à proclamer la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il arrive. 1 Corinthiens 11:23-26 Traduction du Monde Nouveau Pour pouvoir participer à ce repas du soir les personnes doivent recevoir la confirmation de l’esprit de Dieu qu’elles sont bien ointes de l’esprit saint. 14 Car tous ceux qui sont conduits par l’esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. 15 Car vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage inspirant de nouveau la crainte, mais vous avez reçu un esprit d’adoption comme fils, par lequel nous crions : “ Abba, Père ! ” 16 L’esprit lui-même témoigne avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. 17 Si donc nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : oui, héritiers de Dieu, mais cohéritiers de Christ, pourvu que nous souffrions avec lui pour être aussi glorifiés avec lui. Romains 8 : 14-17 Traduction du Monde Nouveau Ces versets prouveraient que lorsqu’une personne est choisie par Dieu pour ressusciter au ciel, elle reçoit le témoignage de ce dernier au moyen de son esprit qui l’informerait qu’elle fait partie du petit troupeau. Cette interprétation pose problème, car le chapitre 8 de la lettre aux Romains démontre qu’il n’y a que deux possibilité soit nous sommes enfants de Dieu en vivant selon l’esprit, soit nous sommes attirés par les choses de la chair. Vivre selon l’esprit ne donne pas 2 possibilités, d’une part la vie céleste, et d’autre part la vie sur la terre. L’ensemble du N.T. ne mentionne qu’une seule et même espérance, la vie céleste : 4 Il y a un seul corps et un seul esprit, comme aussi vous avez été appelés dans une seule espérance à laquelle vous avez été appelés ; 5 un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; 6 un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous et par tous et en tous. Ephésiens 4:4-6 - Traduction du Monde Nouveau56 Nous nous trouvons donc devant une explication qui est alambiquée et qu’il est nécessaire de justifier au moyen de versets sortis de leur contexte, alors que la simple lecture des chapitres 9 et 10 de l’évangile de Jean nous mentionne une discussion de Jésus avec des contradicteurs à propos des péchés de ces derniers et de leur aveuglement qui risquent de leur faire perdre la possibilité de devenir ses disciples. La Bible est un livre qui contient de nombreuses leçons il est important d’éviter de rendre sa lecture plus ardue qu’elle ne l’est. Le Père est un Dieu d’amour et non une personne compliquée qui chercherait à égarer les siens. 56 Voir également 1 Corinthiens 12 : 4-31 Via Veritas 120 Les temps de la fin, chronique d’un monde qui va bien... Par Holly – Documentation glanée sur le Net – merci aux auteurs respectifs. Le monde va mal ? Sommes nous dans les temps de la fin ? Les TJ doivent-ils regarder les news en se frottant les mains ? Toutes les catastrophes à répétition sont-elles des preuves en soi ? Quels rôles jouent les média dans le discours catastrophique des TJ ? Le Monde va mal ? Chaque témoin de Jéhovah est obsédé par le fait que la fin du monde est proche et que lui et ses frères TJ seront sauvés, le reste de l’humanité étant promis à une destruction massive et inéluctable. Lorsqu’ils viennent chez vous, vous n’y manquerez pas : ils parleront souvent d’un monde qui va de plus en plus mal, de la dernière catastrophe naturelle, du dernier crime odieux… Si vous minimisez la situation, ils vous regarderont horrifiés comme un sauvage inconscient et coupé de la réalité ! Au quotidien,Le TJ est un veinard ! les Journaux télévisés sont couverts de faits divers et catastrophes en tout genre ! Les signes bibliques se concrétisent autour de lui et le réconforte dans ses certitudes. Chaque inondation, ouragan ou tremblement de terre est un fléau qui annonce et confirme « les temps de la fin » à proximité immédiate d’Har-Maguédon. Chaque crime, dysfonctionnement de notre société, crash d’avion ou autres joyeusetés sont l’occasion d’un réconfort collectif : tout va mal dans le monde, c’est bon signe, Jéhovah sera bientôt là, on sera bientôt sauvé ! Le Tj finit par examiner les informations à la recherche de « preuves » confirmant ses croyances en se frottant les mains. Les médias, lui sont dans ce cas, d’une aide précieuse. Plus c’est catastrophique, mieux c’est pour son avenir ! Qu’en est-il vraiment ? Le monde va si mal ? Sommes-nous dans les temps de la fin ? Approchez lire les infos positives de Holly camarades TJ ! Voici le journal que vous ne lirez jamais à la salle : la cruelle réalité d’un monde qui ne va pas si mal… Extraits du site Reporters d’espoirs Jean-Claude GUILLEBAUD (Essayiste, éditeur et journaliste) "La face cachée du réel" Par vocation, le journalisme raconte jour après jour — et tente de comprendre — les tragédies du monde. Une logique naturelle l’incline à réserver toute son attention aux désastres qui habitent le monde : guerres, famines, querelles, séismes, épidémies... Cette logique fait naturellement de chaque reporter un ardent préposé aux catastrophes. Les médias, comme on le sait, s’intéressent surtout aux trains qui déraillent et jamais à Via Veritas 121 ceux qui sont à l’heure ; ils insistent sur les naufrages et négligent les navires qui parviennent à bon port. Cette préférence est intrinsèque au journalisme lui-même. Les journaux sont-ils là pour s’attarder sur le « non-événement » ? « D’innombrables bonnes nouvelles ne sont (presque) jamais rapportées ni, a fortiori, mises en valeur... » Ainsi le journalisme se condamne-t-il quotidiennement à une forme d’hémiplégie. Il privilégie une seule dimension du réel, la moins glorieuse. Par définition, le discours médiatique est un discours attristé, voire alarmé. Il s’habille en noir. Or, la réalité, nous le savons, n’est jamais aussi sombre. Elle est faite d’ombres et de lumières. Elle mêle le pire au meilleur. Partout. Toujours. À n’insister que sur les ombres, on pêche — et on ment — par omission. En toute bonne foi.(…) " Innocent Blaise NGOUMGANG (Président de Médias Sud) : "Le monde est dominé par une idée de la presse qui accorde une importance particulière au principe de l’actualité et qui, en raison de la manière dont il sélectionne les informations, propage une idée triste de notre société. Un monde plein de désespoir. Pourtant les journalistes peuvent, et doivent accompagner les hommes pour qu’ils comprennent qu’une grande société ne se construit pas sans espoir(…)" René POUJOL (directeur de la rédaction du Pélerin) : "C’est bien connu « un train qui arrive à l’heure ne constitue pas un événement ». De ce postulat cher au cœur de toutes les rédactions, les journalistes ont tiré la conclusion, hâtive, que rien de positif n’était vraiment matière à information. C’est avec ce type de réflexe que les médias, par effet cumulatif, ont fini par substituer à la réalité contrastée du monde, une image virtuel du réel, monocolore, où prédominent crises, injustices, cataclysmes et violences en tout genre. (…)" Quelques informations sans intérêt : « Rapport 1998 de la Santé dans le Monde ». Dans le premier chapitre, “le Message du Directeur général” la chose suivante est dite : Citation : “Malgré deux guerres mondiales dévastatrices au début de ce siècle et beaucoup d’autres conflits et catastrophes dans la deuxième moitié, l’humanité n’a pas, simplement survécu ; elle a prospéré. Aujourd’hui, au moins 120 pays (plus de 5 milliards de la totalité de la population mondiale) ont une espérance de vie à la naissance de plus de 60 ans ; la moyenne globale(mondiale) est de 66 ans à comparer avec seulement 48 ans, en 1955 ; il est prévu d’atteindre 73 ans en 2025” Citation : “Basé sur un examen des tendances en matière de santé sur les 50 années passés, on constate que en général des améliorations remarquables en termes de santé ont été réalisées en raison du développement socio-économique, de la fourniture plus large d’eau potable, des équipements d’assainissement, des progrès de l’hygiène personnelle et de l’établissement et de l’expansion de la Sécurité Sociale nationale. Des maladies infectieuses majeures , comme la poliomyélite, la lèpre, la maladie du ver de Guinée, la maladie de Chagas et la cécité fluviale, sont fermement circonscrites. Il y a eu des avancés spectaculaires dans le développement des vaccins et des médicaments et d’innombrables autres innovations dans les méthodes de recherches, de diagnostic et de traitement des maladies, ainsi que dans la réduction des incapacités et dans le domaine Via Veritas 122 de la réadaptation. “ Citation : “Les progrès spectaculaires réalisés dans la réduction de la mortalité des enfants en dessous de 5 ans dans les quelques décennies passées sont prévus pour continuer et pourrait même s’accélérer. Il y avait environ 11 millions de morts parmi les enfants en dessous de 5 ans en 1995 comparé aux 21 millions de morts en 1955 ; il y en aura seulement 5 millions en 2025.” Science et vie (Juin 2001) commentant le fait que l’explosion démographique tant redoutée n’a pas eu lieu grâce à une limitation des naissances explique les causes de l’accroissement de la population mondiale ces deux derniers siècles (Page 133) : « Après des siècles de très faible augmentation, l’humanité a vécu une révolution démographique à partir du XVIIIème siècle. Grâce aux progrès de la médecine en général et de la vaccination en particulier (notamment contre la variole) ainsi qu’à ceux de l’agriculture, les épidémies et les famines deviennent moins redoutables, la mortalité infantile chute. » Getting better all the time Nov 8th 2001 From The Economist print edition People from developing countries can now expect to live two-and-a-half times longer than in 1900 People are living longer for many reasons : better food, cleaner water, more effective medicines. How did they get these things ? It helps that the poor are getting richer : average annual incomes in developing countries doubled between 1975 and 1998, from $1,300 to $2,500 (in 1985 dollars at purchasingpower parity). Journal Le Monde – Paris, le 18/05/05 - http://www.lemonde.fr Plus de Paix et moins de guerre, le monde va mieux ! Depuis la fin de la guerre froide, les conflits sont moins meurtriers A contre-courant des idées reçues, un rapport du Human Security Center révèle une réduction drastique du nombre de guerres, de génocides et de violations des droits de l’homme au cours des douze dernières années. Selon l’étude "Guerre et paix au XXIe siècle", le nombre de conflits armés a été réduit de 40 % depuis 1992. Malgré la Bosnie et le Rwanda, le nombre de génocides et autres massacres d’ampleur a, lui, chuté de 80 % depuis la fin de la guerre froide. Cette tendance forte, décrite en préambule du rapport par l’archevêque Desmond Tutu comme un "rare message d’espoir" , renverse un demi-siècle d’augmentation du nombre des conflits armés et de leur cortège de violence, dans le sillage de la seconde guerre mondiale. Pourquoi cette évolution passet-elle inaperçue ? "Les médias rapportent les événements sanglants, mais les guerres qui s’achèvent ne font pas la "une"" , explique Andrew Mack, le directeur du Human Security Center. Depuis 1988, une centaine de conflits ont pris fin. Presque partout, les violations graves des droits de l’homme seraient en recul. Au cours des dix dernières années, le nombre de réfugiés aurait chuté de 30 %. Les tentatives de coups d'État se raréfient aussi, avec 25 en 1963 contre 10 en 2004, qui ont toutes échoué. INSTITUTIONS INSTABLES Moins nombreuses, les guerres sont aussi moins meurtrières. En 1950, une guerre faisait en moyenne 38 000 morts, contre 600 morts en 2002. Les conflits opposent désormais rarement de lourdes armées sur un champ de bataille. Le plus souvent, "des forces gouvernementales faibles" font face à de "petites forces rebelles mal entraînées" . Il peut aussi s’agir d’opérations comme au Kosovo, où le déséquilibre des forces et l’utilisation de munitions précises assurent une victoire rapide et peu coûteuse en vies. A ce titre, la Via Veritas 123 guerre en cours en Irak est, selon le rapport, "une exception" , car "des dizaines de milliers de personnes ont été tuées". Il est a noter qu’il s’agit de la première guerre du pétrole : une armée étrangère s’enlisant en zone hostile dans la durée. Cette stratégie est source inévitable de lourdes pertes humaines. On peut parler de politique suicidaire, œuvre d’une poignée de dirigeants américains obstinés et d’ores et déjà condamné politiquement. Sans cette politique erronée, les statistiques seraient encore plus favorable à la paix ! tout devrait se débloquer dès les prochaines élections présidentielles américaines. La criminalité a baissé de 2,77 % en Belgique en 2005 (Belga) En 2005, 989.153 procès-verbaux ont été dressés en Belgique pour des infractions et tentatives d’infractions, soit une baisse de 2,77 pc par rapport à l’année précédente. Comparé aux chiffres de 2000, la diminution est de 2,55 pc, indiquent les statistiques de la criminalité communiquées vendredi par la Direction générale Statistique. Sur la période 2004-2005, on enregistre une baisse des cambriolages dans les habitations (0,26 pc), des vols et extorsions (2,53 pc), des viols (3,34 pc), et des meurtres et assassinats (5,5 pc). On constate par contre sur la même période, une augmentation du nombre de vols à l’étalage (4,54 pc) , de procès-verbaux pour incendie volontaire (6 pc), des procès verbaux pour infractions contre l’intégrité physique (1,87 pc). (PRS Extrait de la liste des délits en diminution entre 2000 et 2006 Source : statistique criminelle de la police fédérale belge Infraction de fraude contre la propriété -17.19% Extorsion et Vol -13,07 % Infraction contre la loi publique -36.88% Environnement -18.85% Infraction contre la morale sexuelle -24.76% Protection de la personne -55.78% Protection des animaux -37.22% Infraction relative au statut juridique de - 7.65% l’enfant Pratiques commerciales -39.00% Protection des revenus publics -10.20% Exercice illégal de l’autorité publique -25.00% Infraction dans le secteur audio visuel -52.67% Les infractions qui augmentent : Quelques postes de véritables délits touchant à la sécurité : trafic d’armes et explosif, intégrité physique, trafic d’être humains, ivresse et alcool... Viennent ensuite les crimes et délits sans incidence sur « le sentiment d’insécurité » : Infraction sur la législation économique, les hormones et dopage, le travail au noir, la santé et l’hygiène, les transports, les ventes de tickets de foot, les contraventions, la législation sur les étrangers… Globalement, la criminalité baisse sans interruption en Belgique depuis 2000 c’est la stricte vérité… On le voit, la criminalité existe bel et bien mais pas de quoi crier à la fin du monde, la situation a tendance à s’améliorer depuis plusieurs années, loin de ce qui est enseigné dans les salles du royaume... On est donc loin d’une dégradation décadente de notre société et loin d’un schéma idéal de paix et Via Veritas 124 de prospérité. Nous sommes non pas dans les temps de la fin mais dans les temps normaux ! Rien qui ne justifie un monde qui va de mal en pis : c’est FAUX ! Une fois de plus, on est loin d’un enseignement religieux ou d’une quelconque spiritualité. Sous forme de propagande et d’intoxication, L’organisation des TJ invente un monde qui correspond à un passage biblique effrayant. L’histoire nous apprend comment manipuler les foules avec de tels procédés, basé sur la peur, l’ignorance et l’émotionnel... Le nazisme, le communisme et autres pouvoirs démoniaques utilisaient les mêmes méthodes ! Vous pensez déstabiliser un TJ avec ce que vous avez lu ? Erreur... Si la WT devait exploiter ces statistiques et reconnaître que c’est vrai, tout va mieux, elle se réjouirait de voir (enfin !) s’accomplir le signe "paix et sécurité", prélude à la destruction finale à Har-Maguédôn. Souvenez-vous : s’il y a la guerre, les prophéties se réalisent ; s’il y a la paix, d’autres prophéties se réalisent. Dans un cas comme dans l’autre, les prophéties se réalisent et la WT peut se vanter d’être la seule à analyser les événements avec perspicacité et se sent fondée à confirmer "la fin" pour très bientôt. Avec une analyse aussi lucide et perspicace, c’est imparable : ils ont toujours raison, peu importe la réalité et la crédibilité : l’adepte s’en contentera, convaincu que lui seul possède la vérité.... O Tempora ! O Mores ! - O temps ! O Moeurs ! - Cicéron Par Lucretius La tendance à se plaindre d’une époque présente ou à venir est le propre de l’homme et se révèle des plus subjectifs. Les fondamentalistes chrétiens aiment à citer l’apôtre Paul qui dénonce la décadence d’une époque qui marquerait les "derniers jours" comme un sceau authentique et remarquable. (2 Timothée 3:1-5) Mais sache ceci : que dans les derniers jours des temps critiques, difficiles à supporter, seront là. 2 Car les hommes seront amis d’eux-mêmes, amis de l’argent, arrogants, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissants à l’égard de [leurs] parents, ingrats, sans fidélité, 3 sans affection naturelle, sans esprit d’entente, calomniateurs, sans maîtrise de soi, cruels, sans amour du bien, 4 traîtres, entêtés, gonflés [d’orgueil], amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu, 5 ayant une forme d’attachement à Dieu, mais trahissant sa puissance ; et de ceux-là détourne-toi. A l’époque de la rédaction du texte ( 65 de n.e.) et non loin de l’apôtre Paul, un autre auteur, Lucius Annæus Seneca - en français, Sénèque écrivait avec bon sens : "Nos ancêtres, se sont plaints, nous nous plaignons et nos descendants se plaindront un jour de la décadence des mœurs, de ce que le mal pénètre partout, les hommes s’enfoncent de plus en plus dans le péché et leur condition empire. En réalité cependant la situation ne change pas, mais elle reste et restera la même, à quelques légères variations près, dans un sens ou dans l’autre, comme les eaux portées ou retenues à des limites plus ou moins Via Veritas 125 rapprochées du rivage, par le flux et le reflux, dans le mouvement des marées. Les vices ne sont pas le propre des temps, mais le propre des hommes. Jamais aucun âge n’a été exempt de péché." Sénèque, De Beneficiis, I, 10 ; Lettres, 97. L’apôtre Paul ne fait que suivre une tendance dénoncée par Sénèque. Le sentiment d’une société décadente est décidément un sentiment vieux comme le monde qui ne prouve rien. La nourriture appropriée pour le temps convenable Par Lucretius Le noyau enseignant des Témoins de Jéhovah a fait son travail d’alimentation spirituelle pendant des dizaines d’années - rétrospective du menu en anglais avec références à l’appui - tout un collier de perles pour ceux qui aiment chiner - édifiant... Spiritual Food at the Proper Time Sources « Depuis plus d’un siècle, d’exactes paroles de vérité qui plaisent et qui touchent tous les aspects de la vie sont présentées dans les publications de la Société Watch Tower..., La Tour de Garde 15/12/1990 p.26 Liste de prophéties, prédictions et faîtes par la Watchtower Bible and Tract Society (WBTS), l’organisation officielle des Témoins de Jéhovah, qui prêche activement représenter le seul représentant de Dieu sur la Terre. Toutes les citations sont honnêtes et directes, et empruntées aux publications de la Watchtower uniquement. » Telle est l’entrée en matière de ces pages qui nous livrent en anglais des ressources abondantes couvrant plus d’un siècle de déclarations et d’écrits. Le travail de compilation effectué est minutieux et remarquable, et vous vous y perdrez. La visite du site vous donnera l’allure d’un philologue à la découverte d’une langue ancienne tant ce qui est exprimé antérieurement est aux antipodes de ce qui est aujourd’hui soutenu. Allez, juste pour le plaisir, un exemple d’absurdité soutenue par la Tour de Garde. Relevée sur le site la citation suivante : « ...1961 "The blood in any person is in reality the person himself.. poisons due to personal living, eating and drinking habits .. The poisons that produce the impulse to commit suicide, murder, or steal are in the blood. Moral insanity, sexual perversions, repression, inferiority complexes, petty crimes - these often follow in the wake of blood transfusion." (WT Sep 1 1961 564) [But as the Society repeatedly states man is wholly physical - monochotomous how can sin be transmitted by physical blood ?] ... » Avec le décalage de quelques mois entre la Tour de Garde anglaise et la Tour de Garde française, ça vous donne : TG 15/1/62 p.25 §16... « ...Les commentaires bibliques de Soncino (édités par la Jewish Via Veritas 126 Publication Society) portent, au sujet de l’expression : "afin que tu sois heureux", une note qui dit :"Ibn Esdras pense que la consommation du sang a un effet corrupteur sur la nature morale et la nature physique et transmet une tare héréditaire aux générations futures". Voilà une remarque intéressante, qui peut aussi s’appliquer à la transfusion sanguine, comme cela est attesté par des médecins. Par exemple, dans son livre Who is Your Doctor and Why ? (Qui est votre médecin et pourquoi ?), le docteur Alonzo Jay Shadman déclare : "Le sang d’une personne est en fait la personne elle-même. Il renferme tous les traits distinctifs de l’individu qui en est le donneur. Cela comprend les tares héréditaires, les prédispositions aux maladies, les poisons imputables à ses habitudes particulières de manger, de boire et de vivre...Les poisons qui poussent au suicide, au meurtre, au vol, sont dans le sang". C’est ce que confirme aussi Américo Valério, médecin brésilien et chirurgien depuis plus de quarante ans. Voici ce qu déclare ce praticien : "L’aliénation mentale, les perversions sexuelles, le refoulement, les complexes d’infériorité, les délits simples, tout cela forme souvent le cortège de la transfusion sanguine". Pourtant, ainsi que l’admet la presse, les organismes ayant un stock de sang déclaré sans danger, vont collecter du sang chez les criminels qui possèdent ces traits caractéristiques. Est-il besoin de dire qu’aucun de ceux qui veulent renoncer aux œuvres de la chair et employer leur vie selon la manière prescrite par la Parole de Dieu n’est disposé à se préparer un pareil avenir ? » Ce n’est plus de la biologie ou de la médecine mais de la possession démoniaque ! Le paragraphe ne dit pas si on attrape la bosse des maths en saignant quelques étudiants de l’Ecole Centrale de Paris, ou si ça valait le coup de recevoir une transfusion sanguine de prix Nobel ? C’est ça une "exacte parole de vérité qui plaît " ? Quand je vous disais que vous pourriez vous faire un collier de perles. 144 000 ? Par Lucretius Le nombre 144 000 tiré des chapitres 7 et 14 du livre de la Révélation a donné une interprétation jéhoviste qui va devenir intenable. A quand la prochaine relecture ? 144 000 = 12 x 12 000 A votre avis, c’est un grand nombre ou un petit nombre ? Si ce nombre désigne des rois et prêtres célestes, comme l’affirme la doctrine des Témoins de Jéhovah, alors c’est un grand nombre, car c’est le plus grand corps gouvernant jamais constitué. Mais si ce nombre a été complété au cours des siècles depuis la Pentecôte de l’an 33 jusqu’à notre époque et a concerné tous les "vrais" chrétiens fidèles ayant jamais vécu, comme l’affirme la doctrine des Témoins de Jéhovah, alors ce nombre est décidément trop petit. Selon les sources officielles des Témoins de Jéhovah, il reste encore un peu plus de 8000 candidats aux fonctions de roi et prêtre céleste. Or ce reliquat refuse obstinément de s’éteindre, alors que le nombre complet était supposé être atteint en 1935 ou peu après. Plus de 70 ans après, c’est un rassemblement qui n’en finit plus. Jacques Luc nous fait part de ses interrogations et des réponses peu convaincantes qu’il a recu du Via Veritas 127 Béthel de Belgique (filiale officielle de la Watchtower). Un "simple calcul" ou comment la Watch Tower jongle avec les chiffres Encore quelques années et la doctrine officielle deviendra intenable. L’année 1935 tant citée et soulignée passera en pertes et profits comme les autres dates avancées par le mouvement jéhoviste. Pour les Témoins de Jéhovah : Quelques questions à se poser (questions bibliques par Michel797) • Pourquoi en Apocalypse 7 les 144000 forment-ils un ensemble vivant au même moment, à la veille du jugement qui va fondre sur la terre, et non étalés sur 2 000 ans ? • Pourquoi est-il dit : "de toute tribu des fils d’Israël " (Apoc. 7.4) s’il s’agit en fait d’un ensemble de Juifs et de Gentils ? (lire attentivement Apoc.3.9 et Romains 11.1) • Pourquoi Dieu précise-t-il le nom de chaque tribu auxquelles appartiennent ces Israélites s’il s’agit de Juifs spirituels ? (Apocalypse 7.5-8) À quelle tribu appartiennent les "oints " que tu connais ? • Pourquoi la grande foule d’Apoc. 7 est-elle devant le trône de Dieu avec les anciens et les 4 êtres vivants (v.9,11,15) exactement de la même façon que les 144 000 (Apoc.14.3) si les premiers n’ont pas la même espérance que les seconds ? • Pourquoi est-il dit que la grande foule vient de la grande tribulation (Apoc. 7.14) puisque celle-ci précède la venue du fils de l’homme (Matthieu 24.20-27) laquelle aurait eu lieu en 1914 ? • Pourquoi les morts en Christ et les vivants au retour du Seigneur vont-ils ENSEMBLE à la rencontre du Seigneur en l’air (1 Thessaloniciens 4.17) et non une grande partie en 1918 et le reste petit à petit ? • Pourquoi y a-t-il des oints mariés et des oints femmes puisqu’il est dit explicitement que les 144000 ne se sont point souillés avec les femmes car ils sont vierges (Ap. 14.4). Pourquoi Dieu donnerait-il de telles précisions si on devait prendre ces choses au sens spirituel ? • Pourquoi seuls les oints participent-ils aux "emblèmes " puisque le Seigneur Jésus les a institués pour tous et que "quiconque ", parmi les croyants, est invité à y participer ? (Marc 14.22-23 et 1 Corinthiens 11.27-28) • Si le Seigneur est "venu" en 1914, pourquoi le reste des oints participe-t-il encore aux "emblèmes" puisqu’il fallait le faire seulement jusqu’à ce que le Seigneur vienne ? (1 Corinthiens 11.23-26) • Comment comprendre que, lorsque Jéhovah juge les oints (depuis 1918) il en Via Veritas 128 trouve certains indignes (qui libèrent alors une place) ? N’étaient-ils pas parfaits en vertu de l’uvre du Seigneur Jésus ? (Hébreux 10.14) Le Seigneur avait-il dans son corps des membres indignes de Lui ? (1 Corinthiens 12.27) Pourquoi les avait-il oints de son Esprit ? (Romains 8.14-16) • Pourquoi y a-t-il de nombreux groupes qui prétendent avoir chacun les 144 000 dans leur sein ? qui a raison ? Pourquoi les 144000 seraient-ils tous dans une organisation, alors que le Seigneur a ouvert le royaume des cieux à tous les hommes, sans limitation de nombre et sans fixer d’organisation qui dise : "hors moi point de salut" ? (Matthieu 5 et 18.4) • N’est-il pas étonnant que tous les apôtres (sauf Jean) mais aussi tous les chrétiens du 1 er siècle aient absolument ignoré ce nombre vu que l’Apocalypse date de 96 ? • N’est-il pas étonnant que ce nombre, qui désignerait de façon si précise l’Église, soit révélé par Jean dans un livre prophétique et non par Paul dans une de ses épîtres vu que c’est ce dernier qui avait été appelé par Dieu pour révéler le mystère de l’Église ? (Éphésiens 3.2-7) • Pourquoi le Seigneur Jésus a-t-il promis à ses disciples qu’il reviendrait les chercher pour les prendre auprès de Lui, donc au ciel, et pourquoi cette même promesse est-elle faite à tous ceux qui, dans le futur, allaient croire en Lui par leur moyen ? (Jean 14.3 ;17.20-24) • Puisque la Bible est notre seule référence, pourrais tu indiquer les versets qui disent que, depuis le mois de Mai 1935, tous les croyants n’ont plus eu l’appel céleste mais seulement une très faible minorité ? ..... • Si tous les Éphésiens (Ep.1.1,13), tous les Romains (Rm. 1.7 ;8.15), toutes les assemblées de la Galatie (Ga. 1.2 ; 3.2) étaient des oints, quel intérêt ont pour "la grande foule" les épîtres qui leur étaient adressées ? • Si tous les Corinthiens et tous les croyants de l’Achaïe (2 Co.1.1 ; 5.1), tous les Philippiens (Ph.1.1 ; 3.20-21), tous les Colossiens (Col.1.2, 5), tous les Thessaloniciens (1 Th.1.1 ; 4.15-17), tous les Juifs convertis (1 Pi. 1.1-4 et Hb. 3.1) avaient l’appel céleste, quel intérêt ont pour "la grande foule" les épîtres qui leur étaient adressées ? • Pourquoi Abraham désirait-il une patrie céleste alors qu’il ne fait pas partie des 144 000 ? (Hébreux 11.13-16) • Pourquoi le Seigneur dit-il qu’Abraham, Isaac et Jacob seront assis dans le royaume des cieux, si ceux-ci doivent rester toujours sur la terre ? (Matthieu 8. 11) , c’est très contradictoire !! • Pourquoi faut-il être né de nouveau pour entrer, et même seulement pour voir le royaume de Dieu ? (Jean 3. 3-7) Etes-vous né de nouveau ? Etes-vous un enfant de Dieu ? (1 Jean 3.1 ; Jean 1. 1 2) Via Veritas 129 • En quoi consiste la conversion indispensable pour entrer dans le royaume de Dieu ? (Matthieu 18. 3) Etes-vous converti ? • Pourquoi le Seigneur prononce-t-il la malédiction sur ceux qui limitent (à 144 000 ou de toute autre façon) l’entrée dans le royaume des cieux ? (Matthieu 23. 13) et ce passage est très clair ! pas de limitations ! • Pourquoi dire que les 144 000 d’Apocalypse 7 et 14 concernaient les chrétiens et l’Église, alors que toutes les Écritures montrent le contraire ? Bon sang mais c’est bien sûr ! Par Lucretius Les Témoins de Jéhovah sont connus pour leur refus du sang. Au-delà des questions thérapeutique ou juridique qui peuvent être évoquées ailleurs, il est important de se poser la question théologique. l’objectif est ici de rester sur le plan théologique, seul plan sur lequel le TJ sérieux acceptera de discuter ou de réfléchir. Quel croyant peut faire passer sa vie avant la volonté de Dieu ? Peut-on raisonnablement, Bible en main, contredire l’argumentaire jéhoviste ? Voici la position théologique officielle des Témoins de Jéhovah telle que l’expose le livre Comment Raisonner à partir des Ecritures p. 359 : Les chrétiens ont reçu l’ordre de ‘s’abstenir du sang’ Actes 15:28, 29 : “L’esprit saint et nousmêmes [le collège central de la congrégation chrétienne], en effet, avons jugé bon de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé [ou mort sans avoir été saigné], et de la fornication. Si vous vous gardez avec soin de ces choses, vous prospérerez. Portez-vous bien !” (L’absorption de sang est mise ici au même rang que l’idolâtrie et la fornication, pratiques dont nous désirons assurément nous garder.) Que répondre ? Notons d’abord que si Actes 15:29 tombe alors toutes les mentions bibliques proscrivant l’usage du sang tombent aussi. En effet si ces anciennes interdictions (Genèse 9:3,4 ; Lévtique 17:11,12) concernant le sang avaient encore cours en temps et en lieux à l’époque apostolique, pourquoi, lors de l’introduction dans la congrégation chrétienne des chrétiens gentils (goïm - non-juifs), mentionner à nouveau le sang et son usage ? Même si la portée du conseil apostolique est limitée, comme nous le démontrerons, le seul fait de se poser la question abroge les directives antérieures. C’est la preuve que les textes anciens ne pouvaient plus être opposés aux chrétiens. S’y référer est donc une faute logique. Via Veritas 130 Une assemblée ne légifère à nouveau que si elle a la conviction que les lois antérieures sont inadaptées, inapplicables ou caduques. Aborder théologiquement la question du sang c’est donc établir l’étendue juridique d’Actes 15:29. Il est impossible de le faire en isolant simplement le verset de son contexte de rédaction et en le citant ex-abrupto comme le font les TJ. Quel est le contexte du chapitre 15 du livre des Actes ? Si nous ouvrons la Bible, nous lisons : (Actes 15:10-21 - TMN) Maintenant donc, pourquoi mettez-vous Dieu à l’épreuve en imposant sur le cou des disciples un joug que ni nos ancêtres ni nous n’avons été capables de porter ? Au contraire, nous espérons être sauvés par la faveur imméritée du Seigneur Jésus de la même manière que ces gens-là aussi. ” Alors toute la multitude se tut, et ils écoutaient Barnabas et Paul raconter les nombreux signes et présages que Dieu avait faits par leur intermédiaire parmi les nations. Le problème soulevé était le suivant : certains chrétiens d’origine juive voulaient imposer la Loi mosaïque aux non-juifs. Et la décision en elle-même suit : "Ma décision est donc de ne pas inquiéter ceux des nations qui se tournent vers Dieu, mais de leur écrire de s’abstenir des choses qui ont été souillées par les idoles, et de la fornication, et de ce qui est étouffé, et du sang. 21 Car, depuis les temps anciens, Moïse a dans une ville après l’autre des gens qui le prêchent, parce qu’on le lit à haute voix dans les synagogues chaque sabbat. ” Étrange construction de phrase et étonnant lien logique ne trouvez-vous pas ? Pourquoi lier (avec la conjonction de coordination car) des interdictions qui concerneraient Juifs et Gentils avec la fréquence et l’abondance de lecture de la Loi mosaïque dans les synagogues ? Surtout pour des non-juifs qui ne sont absolument pas concernés par des pratiques qu’ils n’ont jamais connues. La réponse logique s’impose : l’interdiction est une mesure de protection qui vise à soulager la conscience de ceux qui encore nourris de la Loi mosaïque ou imprégnés d’elle deviennent chrétiens. L’explication lumineuse d’Albert Barnes (théologien 1798-1870) dans ses "Notes sur la Bible" en rapport avec le verset d’Actes 15:21 va précisément en ce sens : "Le sens de ce verset est que la Loi de Moïse, interdisant ces choses, était lue constamment dans les synagogues. Comme ces commandements imposaient une lecture constante et que les prosélytes juifs n’apprenaient pas immédiatement que la Loi cérémonielle cessait de leur être imposée, il était jugé expédient de ne pas créer d’offense inutile à leur encontre. Ayant en vue la paix il était préférable qu’ils s’abstiennent de viande sacrifiée aux idoles plutôt que d’offenser les Juifs convertis. (cf. 1Co 8 : 10-13)." Le raisonnement tient-il vraiment ? Considérons à nouveau le contexte mais cette fois d’Actes 21, seul autre passage où l’interdiction apostolique est redonné. Après avoir narré son histoire d’apôtre des nations aux anciens présents, Paul s’entend dire : (Actes 21:20-26- TMN) Après avoir entendu cela, ils se mirent à glorifier Dieu, et ils lui dirent : “ Tu vois, frère, combien de milliers de croyants il y a parmi les Juifs ; et ils sont tous zélés pour la Loi. Mais à ton sujet ils ont entendu raconter que tu enseignes à tous les Via Veritas 131 Juifs parmi les nations l’apostasie à l’égard de Moïse, leur disant de ne pas circoncire leurs enfants et de ne pas marcher dans les coutumes [solennelles]. Que faire alors ? De toute façon, ils vont apprendre que tu es arrivé. Fais donc ce que nous te disons : Nous avons quatre hommes ayant sur eux un vœu. Emmène ces hommes, purifie-toi rituellement avec eux et charge-toi de leurs dépenses, pour qu’ils puissent se faire raser la tête. Ainsi tout le monde saura qu’il n’y a rien [de vrai] dans les choses qu’ils ont entendu raconter à ton sujet, mais que tu marches de manière ordonnée, gardant, toi aussi, la Loi. 25 Quant aux croyants d’entre les nations, nous avons pris notre décision et nous [l’]avons envoyée : ils doivent se garder de ce qui est sacrifié aux idoles ainsi que du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. ” Alors Paul emmena ces hommes le lendemain, il se purifia rituellement avec eux et entra dans le temple, pour annoncer les jours qui seraient accomplis pour la purification rituelle, jusqu’au moment où l’offrande devait être présentée pour chacun d’eux." Qu’est-ce qui motive donc les anciens à demander à Paul de faire semblant d’être encore sous la Loi mosaïque, au mépris de sa pensée profonde ? Le fait que parmi les Juifs il y avait des milliers de croyants zélés. Et à quoi les anciens associent-ils les concessions demandées à Paul qui doit faire plier sa propre conscience devant le salut des Juifs ? Vous l’avez lu vous aussi (v.25) : à la fameuse décision d’Actes 15. Même problème, même solution : ne pas choquer les Juifs susceptibles de se convertir. Croyez-vous que Paul ai continué longtemps à se conformer à la Loi mosaïque après cet épisode, lui qui a maintes fois cherché à établir que la Loi n’était plus rien (Ga 3:2-5) ? Notez bien l’étrange locution : quant aux croyants d’entre les nations, nous avons pris notre décision (v.25). Si la décision avait concerné tous les chrétiens, l’occasion aurait été trop belle de le dire et de rappeler la belle unité qui se faisait jour dans la congrégation chrétienne. Ce n’est pas le cas, car nous l’avons compris il s’agit d’une mesure spécifique qui protège l’autre camp et entend faciliter la conversion des Juifs. Nous poursuivons notre raisonnement avec l’étrange et paradoxale réflexion à laquelle se livre Paul au chapitre 8 de la première lettre aux Corinthiens. Paul est l’écrivain le plus prolifique dans les Ecritures grecques. Il était un acteur lors de la décision apostolique portant sur le sang. Nous l’avons vu le contexte suffit à comprendre que la décision apostolique était temporaire et qui plus est ne visait qu’à préserver les Juifs venant au christianisme. Mais si la compréhension est correcte, le reste des Écritures devraient nous donner raison. Est-ce bien le cas ? Introduisons un raisonnement par l’absurde. Si, comme le prétendent les Témoins de Jéhovah, l’interdiction apostolique concernant pèle-mêle le sang, les choses sacrifiées aux idoles et la fornication était universelle et illimitée, alors nous devrions trouver dans le reste des Écritures plusieurs versets pour conforter cette certitude. Dans les lettres pauliniennes nous nous attendrions à trouver des références directes à un épisode aussi fameux et une décision aussi claire. Qu’en est-il ? Comment ne pas être étonné par la première lettre de Paul aux Corinthiens que nous citons selon le chapitre 8 ? (1 Corinthiens 8:1-13 - TMN) Or, en ce qui concerne les aliments offerts aux idoles : nous Via Veritas 132 savons que tous nous avons la connaissance. La connaissance gonfle, mais l’amour bâtit. 2 Si quelqu’un pense avoir appris quelque chose, il ne sait pas encore [cela] comme il devrait [le] savoir. 3 Mais si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui. 4 Or, pour ce qui est de manger des aliments offerts aux idoles, nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde et qu’il n’y a de Dieu qu’un seul. 5 Car, bien qu’il y ait ceux qu’on appelle “ dieux ”, soit au ciel, soit sur la terre, tout comme il y a beaucoup de “ dieux ” et beaucoup de “ seigneurs ”, 6 pour nous il y a réellement un seul Dieu le Père, de qui toutes choses sont, et nous pour lui ; et il y a un seul Seigneur, Jésus Christ, par l’intermédiaire de qui toutes choses sont, et nous par son intermédiaire. 7 Toutefois, cette connaissance n’est pas en tous ; mais quelques-uns, habitués jusqu’à maintenant à l’idole, mangent un aliment comme quelque chose qui a été sacrifié à une idole, et leur conscience, qui est faible, est souillée. 8 Mais un aliment ne nous recommandera pas à Dieu ; si nous ne mangeons pas, nous ne manquons de rien, et si nous mangeons, nous n’avons aucun mérite. 9 Mais prenez toujours garde que ce droit que vous avez ne devienne d’une manière ou d’une autre pour ceux qui sont faibles un obstacle qui fait trébucher. 10 Car si quelqu’un te voit, toi qui as de la connaissance, étendu devant un repas dans le temple d’une idole, est-ce que la conscience de celui-là qui est faible ne sera pas bâtie au point de manger des aliments offerts aux idoles ? 11 Ainsi, par ta connaissance, l’homme qui est faible est en train de se perdre, [ton] frère pour qui Christ est mort. 12 Mais lorsque vous péchez de cette façon contre vos frères et que vous blessez leur conscience qui est faible, vous péchez contre Christ. 13 C’est pourquoi, si un aliment fait trébucher mon frère, non, jamais plus je ne mangerai de viande, pour ne pas faire trébucher mon frère." Avez-vous jamais remarqué de quoi l’apôtre Paul traitait ici ? De l’usage des choses sacrifiées aux idoles ou aux aliments offerts aux idoles, car si une différence de traduction introduit une différence d’expression, notez bien que le grec ne l’introduit pas. Vous pourrez vérifier que le mot grec "eidolothuton ̄ " qu’utilise Paul dans ce texte est également et précisément le mot que l’on retrouve en Actes 15:29. Que dit clairement l’apôtre Paul ? Que s’abstenir ou non des choses sacrifiées aux idoles est affaire de conscience. Si nous devions situer chronologiquement la première lettre de Paul aux Corinthiens par rapport à l’interdiction apostolique du livre des Actes (ch. 15) que pourrions nous conclure ? Notez cet indice qui ne peut être contesté. (Actes 18:24-26 - TMN) 24 "Or un certain Juif nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, un homme éloquent, arriva à Éphèse ; il était versé dans les Écritures. 25 Cet [homme] avait été instruit oralement dans la voie de Jéhovah et, comme il était brûlant de l’esprit, il parlait et enseignait avec exactitude les choses qui concernaient Jésus, mais il ne connaissait que le baptême de Jean. 26 Et cet [homme] commença à parler hardiment dans la synagogue. Quand Priscille et Aquila l’entendirent, ils le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu." C’est au chapitre 18 du livre des Actes, soit trois chapitres après le chapitre 15, qu’apparaît le personnage d’Apollos, homme éloquent mais nécessitant une formation de base. Or qui se trouve parmi les homme éminents cités par Paul dans sa première lettre aux Corinthiens ? (1 Corinthiens 16:12 - TMN) "Or, en ce qui concerne Apollos notre frère, je l’ai beaucoup supplié de venir chez vous avec les frères, et pourtant ce n’était pas du tout sa volonté de venir maintenant ; mais il viendra quand il en aura l’occasion." Qu’en est-il de notre recoupement chronologique ? La première lettre de Paul aux Corinthiens est postérieure de plusieurs années (le temps nécessaire Via Veritas 133 pour qu’Apollos d’orateur débutant devienne un pilier dans la congrégation) au fameux décret apostolique. Conclusion : l’apotre Paul évoque en pleine connaissance de la décision apostolique (n’oublions pas qu’il a contribué avec Barnabas à sa publicité) la conscience pour ce qui est de s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles. Nous nous serions attendus à le voir défendre avec fermeté et clarté un décret apostolique qu’il est censé bien connaître. Ce n’est manifestement pas le cas. Les remarques de Paul sont absurdes si on retient le caractère universel et permanent du décret apostolique, donc il nous faut fort logiquement (raisonnement par l’absurde) retenir le caractère temporaire et limité du-dit décret. A titre complémentaire faisons également remarquer que Paul, s’il s’exprime sur les choses sacrifiées aux idoles, donne des instructions très claires en ce qui concerne la fornication. L'apôtre utilise le terme "porneia" (fornication) à 11 reprises dans sa lettre plus que dans toutes les autres réunies. Il lance des morceaux des morceaux de bravoure tels que ceux-ci : (1 Corinthiens 6:9 - TMN) "Comment ! Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu ? Ne vous égarez pas. Ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères, ni hommes qu’on entretient à des fins contre nature, ni hommes qui couchent avec des hommes" (1 Corinthiens 6:18 - TMN) "Fuyez la fornication. Tout autre péché que peut commettre un homme est extérieur à son corps, mais celui qui pratique la fornication pèche contre son propre corps." Et il n’hésite pas à citer des précédents pour prévenir et inciter à ne pas se laisser aller à la fornication : (1 Corinthiens 10:6-8 - TMN) 6 "Or ces choses sont devenues nos exemples, pour que nous ne soyons pas des gens qui désirent des choses mauvaises, comme ils les ont désirées. 7 Ne devenez pas non plus idolâtres, comme certains d’entre eux ; ainsi que c’est écrit : “ Le peuple s’assit pour manger et boire, et ils se levèrent pour s’amuser. ” 8 Ne pratiquons pas non plus la fornication, comme certains d’entre eux ont commis la fornication, et il en tomba vingt-trois mille en un seul jour [...]" Conclusion : l’apôtre Paul n’aimait pas la fornication. Mais ne trouvez vous pas absolument insensé que Paul ne rappelle pas la décision apostolique qui aurait dû mieux que tout autre argument emporter la conviction de ses lecteurs. Cherchez. Jamais vous ne trouverez ailleurs que dans le livre des Actes la moindre référence à une décision qui aurait dû avoir une portée essentielle et fondatrice. Il faut se rendre à l’évidence : le contexte de la décision apostolique, et à présent la mise en perspective de cette décision dans les lettres de Paul ne mènent qu’à cette seule conclusion - le décret apostolique est bien temporaire et limité quant à son application. Abordons, si vous le voulez bien, les mots grecs d’Actes 15:29. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. La langue grecque est une langue riche, mais la latitude du traducteur est importante. Revenons aux versets eux-mêmes qui font l’objet de l’examen. (Actes 15:28, 29 - TMN) : “L’esprit saint et nous-mêmes, en effet, avons jugé bon de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous Via Veritas 134 vous gardez avec soin de ces choses, vous prospérerez. Portez-vous bien !” (Actes 21:25 - TMN) Quant aux croyants d’entre les nations, nous avons pris notre décision et nous [l’]avons envoyée : ils doivent se garder de ce qui est sacrifié aux idoles ainsi que du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication.” Et distinguons à présent les expressions grecques et leurs significations possibles. Car répétons-le toujours le traducteur en opérant son choix des mots orientent nécessairement la pensée. En Actes 15:29 nous retrouvons : • "juger bon" - en grec selon l’helléniste Joseph Thayer "dokeo" a pour sens : 1) avoir pour opinion, penser, supposer ; 2) sembler, avoir pour réputation ; 3) il me semble ; 3a) je pense, je juge ce qui est en question ; 3b) il me semble bon, il me plaît de, j’ai déterminé L’ordre donné en ce verset, le fameux décret, vous semble-t-il aller indiscutablement dans le sens d’un ordre absolu ? Le verbe traduit en général une opinion ou un souhait et non un commandement. • "nécessaires" en grec "epanagkes" Mais la question doit se poser "nécessaires" à quoi ? A la résolution du problème. Qui était, souvenez-vous ? Non pas le résumé de tous les interdits qui pouvaient peser sur le chrétiens gentils, sinon pourquoi s’arrêter en si bon chemin. Ne trouvez-vous pas que le meurtre, le mensonge ou encore le blasphème auraient dû faire partie de cette liste ? Nécessaires afin de ne pas choquer les âmes sensibles juives encore bien promptes à s’émouvoir d’un abandon trop flagrant de la Loi mosaïque. • "choses sacrifiées aux idoles" - en grec "eidolothuton ̄ " que l’on retrouve à l’identique en 1 Corinthiens 8:1, 4, 7, 10 - passage commenté précédemment dans lequel l’apôtre Paul laisse à la conscience chrétienne le choix de consommer les "choses sacrifiées aux idoles". • "fornication" - en grec "porneia" et là encore l’éclairage de Joseph Thayer s’avère décisif. Selon Thayer la porneia c’est : 1) relation sexuelle illicite 1a) adultère, fornication, homosexualité, lesbianisme, relations avec des animaux, etc... 1b) relation sexuelle avec des parents proches : Lev. 18 1c) relation sexuelle avec un homme ou une femme divorcés : Mc 10:11, 12 2) métaphoriquement le culte des idoles 2a) la profanation de l’idolâtrie, encourue par le fait de manger des choses sacrifiées aux idoles Le simple parcours des interprétations possibles de "porneia" nous prouve que l’on peut tout à fait, sans trahir aucunement le grec, le rendre par : • relations sexuelles entre parents proches condamnées par la loi mosaïque (Lev. 18) et donc abominables aux yeux des Juifs - certaines unions condamnées par la loi mosaïque ne sont plus illégitimes à notre époque (le lecteur pointilleux pourra considérer utilement Lev 18 :11 et Lev 18:9 - dans le premier cas l’union ne serait pas incestueuse à notre époque - ce n’est nullement une demi-soeur charnelle, dans le deuxième cas si) - ou encore • la profanation de l’idolâtrie Allant en ce sens l’exégète Bruce Metzger dans son ouvrage Textual Commentary on the Greek New Testament explique : Via Veritas 135 "Le Décret Apostolique - versets Ac 15.29,15.20,21.25 - contient de de nombreux problèmes concernant le texte et l’exégèse. (...) Il est possible que dans ces versets fornication signifie le mariage dans la parenté prohibée par le Lévitique ((Lv 18.6-18), que les rabbins désignaient comme "interdits pour porneia", ou les mariages mixtes avec les païens (Nb 25:1 ; à comparer avec 2 Cor 6.14), ou la participation à un culte païen qui a été souvent décrit par les prophètes de l’Ancien Testament comme de l’adultère spirituel qui, en fait, ouvrait des occasions dans nombre de temples pour la prostitution religieuse." En ce cas conseiller aux non-juifs convertis de rejeter la "porneia" afin de ne pas choquer les juifs convertis a très bien pu signifier ne pas s’engager dans des relations sexuelles contraires à loi mosaïque ou ne pas verser dans les pratiques troubles des temples païens. Cette explication permettrait de plus de garder une cohérence dans les choses nécessaires à un code de bonne conduite judéo-chrétienne : le sang, les choses étouffées (donc non saignées), les choses sacrifiées aux idoles, les relations illicites (illicites au sens de la loi mosaïque) ou encore de l’idolâtrie. Nous restons bel et bien dans le même champ d’interdits. La latitude très importante laissée pour la traduction du mot porneia empêche de ne voir dans les versets discutés que la notion stricte de fornication (relations sexuelles en dehors du mariage). Il est donc intellectuellement malhonnête d’affirmer que l’usage du sang est tout aussi prohibé que la fornication tant le dernier mot peut revêtir de sens différents. C’est pourtant ce que fait la Watchtower et elle encourage les TJ à faire l’amalgame. Souvenez-vous de l’amorce du sujet : Comment Raisonner à partir des Écritures, p. 359 : Les chrétiens ont reçu l’ordre de ‘s’abstenir du sang’ Actes 15:28, 29 : “L’esprit saint et nous-mêmes [le collège central de la congrégation chrétienne], en effet, avons jugé bon de ne mettre sur vous aucun autre fardeau que ces choses-ci qui sont nécessaires : s’abstenir des choses sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé [ou mort sans avoir été saigné], et de la fornication. Si vous vous gardez avec soin de ces choses, vous prospérerez. Portez-vous bien !” (L’absorption de sang est mise ici au même rang que l’idolâtrie et la fornication, pratiques dont nous désirons assurément nous garder.) Notez d’ailleurs, à titre d’exemple, le choix de traduction de la Bible de Jérusalem (1998). (Actes 15 : 29 - Je) "vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Amen" Il est question des unions illégitimes et non de la fornication (1Co 6:18). En Actes 21:25 nous retrouvons fondamentalement les mêmes mots grecs commentés. Nous noterons cependant une différence de verbe. • "prendre sa décision" - en grec "krinō" Là encore Joseph Thayer nous permet de comprendre que le mot a des nuances que va devoir choisir le traducteur. "krino"̄ n’est pas seulement décider ou censurer, c’est aussi 1) séparer, prélever, sélectionner, choisir ; 2) approuver, estimer, préférer ; 3) être d’opinion, penser. Le retour au grec nous permet de comprendre que là où certains verront décret d’autres pourront y voir conseil ou souhait, que les choses nécessaires le sont toujours pour un but particulier et une situation donnée, que les relations illégitimes d’hier ne sont pas forcément la fornication d’aujourd’hui. Rien dans les versets examinés ne peut contredire la thèse établie et soutenue jusqu’ici : l’interdiction concernant le sang était un conseil demandant aux chrétiens non-juifs de tenir compte Via Veritas 136 de la conscience des Juifs du début du christianisme. Le contexte la démontre, les lettres pauliniennes l’appuient, la langue grecque ne s’y oppose pas, bien au contraire. Et les auteurs anciens qui sont cités généreusement par la Watchtower leur témoignage ne vaut-il rien ? Citer un auteur n’est pas rien, surtout si on le cite de manière erronée. N’est-il pas extraordinaire que la Watchtower fasse référence à des auteurs anciens abandonnant sa sacro-sainte règle qui prescrit de ne placer sa confiance que dans les Écritures et non dans la Tradition humaine. Sola scriptura, l’écriture seule, lorsqu’il s’agit de contrer la doctrine de la Trinité. Mais si l’on ne peut croire les auteurs lorsqu’ils s’expriment sur la manière dont leur communauté avait compris les textes concernant la divinité pourquoi devrions-nous leur accorder du crédit pour ce qui est se comprendre l’interdiction apostolique portant sur le sang ? Tertullien André Thévet - 1584 Car pourquoi ne pas citer Tertullien quand il soutient la Trinité (in Contre Praxéas ou sur la Trinité) : "Par conséquent, d’après la nature de ces exemples, je déclare que je reconnais deux personnes, Dieu et son Verbe, le Père et son Fils. Car la racine et l’arbre sont deux choses, mais unies ; la source et le ruisseau sont deux espèces, mais indivises ; le soleil et le rayon sont deux formes, mais adhérentes. Toute chose qui sort d’une autre est nécessairement la seconde par rapport à celle dont elle sort, mais sans en être nécessairement séparée. Or, il y a un second, là où il y a deux ; il y a un troisième, là où il y a trois. Car le troisième est l’Esprit qui procède de Dieu et du Fils, de même que le troisième par rapport à la racine est le fruit sorti de l’arbre ; le troisième par rapport à la source est le ruisseau qui sort du fleuve ; le troisième par rapport au soleil est la lumière qui sort du rayon. Aucun d’eux toutefois n’est étranger au principe dont il tire ses propriétés. De même la Trinité descend du Père comme de sa source, à travers des degrés qui s’enchaînent indivisiblement l’un à l’autre sans nuire à la monarchie, disons mieux, en protégeant l’essence de l’économie." La Watchtower ne se gène pas pour le citer sur l’interdiction apostolique, et par deux fois et à deux reprises de manière malhonnête et tronquée. Notez les déclarations. Livre Comment raisonner à partir des Ecritures p. 360 § 3 Sang : "Tertullien (env. 160-230) : “Rougissez de votre aveuglement devant nous autres chrétiens, qui ne regardons pas même le sang des animaux comme un des mets qu’il nous est permis de manger. (...) Aussi, pour mettre les chrétiens à l’épreuve, vous [les païens de Rome] leur Via Veritas 137 présentez des boudins gonflés de sang, bien convaincus que ce mets est défendu chez eux et que c’est un moyen de les faire sortir du droit chemin. Comment pouvez-vous donc croire que ces hommes qui ont horreur du sang animal (vous en êtes persuadés) sont avides de sang humain ?” - Apologétique (Paris), traduction de J. Waltzing et A. Severyns, p. 23." Que comprenez-vous à la lecture de la citation ? Que les Romains présentaient du boudin fait de sang animal et que les chrétiens perdaient leur vie pour cela. Lisez la citation entièrement rapportée (in Apologétique) : "On dit encore que, chez certaines nations scythiques, tous les défunts sont mangés par leurs parents. - 10. Mais je cherche trop loin. Aujourd’hui même, chez vous, c’est le sang tiré de la cuisse ouverte, et recueilli dans la main, qu’on donne à boire aux fidèles de Bellone pour les initier. De même, ceux qui, dans un combat de gladiateurs dans l’arène, ont bu avec avidité, pour guérir la maladie comitiale, le sang chaud des criminels égorgés et découlant de la gorge, où sont-ils (sinon chez vous) ? - 11. De même encore ceux qui se nourrissent de la chair de bêtes fauves venant de l’arène, qui se repaissent de la chair d’un sanglier ou d’un cerf. Ce sanglier, en luttant, s’est souillé du sang de l’homme qu’il a déchiré ; ce cerf est mort couché dans le sang d’un gladiateur. On recherche même les membres des ours qui n’ont pas encore digéré la chair humaine ; c’est un homme qui se gorge de la chair nourrie d’un homme. - 13. Vous qui mangez tout cela, combien peu vous êtes loin des prétendus repas des chrétiens ! Et ceux qui, par une passion monstrueuse, convoitent les membres des hommes, sont-ils moins coupables parce qu’ils les dévorent vivants ? N’est-ce pas par le sang humain qu’ils sont initiés à l’impudicité, parce qu’ils boivent ce qui doit seulement devenir du sang ? Ce ne sont pas des enfants sans doute, ce sont des hommes faits qu’ils mangent ! 13. Rougissez donc de votre aveuglement devant nous autres chrétiens, qui n’admettons pas même le sang des animaux dans des mets qu’il est permis de manger, et qui, pour cette raison, nous abstenons de bêtes étouffées ou mortes d’elles-mêmes, pour n’être souillés en aucune manière de sang, même de celui qui est resté enfermé dans les chairs. -14. Aussi, l’un des moyens que vous employez pour mettre les chrétiens à l’épreuve, c’est de leur présenter des boudins gonflés de sang, convaincus que cela leur est défendu et que c’est un moyen de les faire sortir du droit chemin. Comment pouvez-vous donc croire que ces hommes qui ont horreur du sang d’un animal (c’est une chose dont vous êtes persuadés) sont avides de sang humain ? à moins peut-être que vous n’ayez, par expérience, trouvé vous-mêmes ce sang plus agréable au goût. - 15. Ce sang, il fallait donc l’employer aussi pour éprouver les chrétiens, aussi bien que le foyer du sacrifice, que le coffret à encens. Ils seraient, en effet, convaincus d’être chrétiens tout aussi bien en voulant goûter le sang humain qu’en refusant de sacrifier ; il faudrait, au contraire, nier qu’ils soient chrétiens, s’ils ne le goûtaient pas, comme vous le feriez s’ils sacrifiaient. Et, assurément, le sang humain ne vous ferait pas défaut, au moment où vous interrogez les prisonniers et où vous les condamnez. " De quel sang est-il question dans l’épreuve subie ? De sang animal ? Non dit Tertullien, le sang humain ne vous ferait pas défaut pour interroger les prisonniers. Nous sommes bien au-delà de la simple interdiction alimentaire. Et cette autre déclaration de Tertullien : Livre Comment raisonner à partir des Ecritures p. 360, 361 Sang "L’interdiction contenue dans la Bible porte-t-elle aussi sur le sang humain ? : Oui, et c’est ainsi que les premiers chrétiens la comprenaient. Actes 15:29 demande de Via Veritas 138 “s’abstenir (...) du sang”. Il n’est pas simplement question de s’abstenir du sang animal. (Voir Lévitique 17:10, qui interdit d’absorber “un sang d’une sorte quelconque”.) Tertullien (qui défendait dans ses écrits les croyances des premiers chrétiens) a déclaré : “Il faut comprendre que l’interdit relatif au ‘sang’ s’applique à bien plus forte raison au sang humain.” - The Ante-Nicene Fathers, tome IV, p. 86." Le lecteur appréciera le "Tertullien qui défendait dans ses écrits les croyances des premiers chrétiens" à la lueur de ce que nous avons précédemment exposé sur la Trinité. Que dit vraiment la citation dans sa version longue (in De la Pudicité) ? " XII. — DÉCRET APOSTOLIQUE [1] Or donc que ceux qui ont reçu dans les apôtres et par les apôtres un autre Paraclet, qu’ils ne veulent pas reconnaître dans ses propres prophètes et que par suite ils ne possèdent même plus dans les apôtres, nous prouvent maintenant, d’après les documents apostoliques, que les flétrissures d’une chair souillée postérieurement au baptême peuvent être lavées par la pénitence. [2] Quant à nous, nous voyons avec quelle rigueur, chez les apôtres aussi, après l’abolition des formes de l’ancienne loi, l’adultère est caractérisé, pour qu’on n’aille pas s’imaginer que la loi soit plus |119 douce dans la discipline nouvelle que dans l’ancienne. [3] Lorsque l’Évangile, retentissant pour la première fois, ébranla tout l’ancien système, et qu’il fallut déterminer ce qu’on devait retenir de la loi, les apôtres, sur l’inspiration du Saint Esprit, posent cette première règle pour ceux qui venaient d’être élus entre les nations. [4] « Il a semblé bon à l’Esprit-Saint et à nous-de ne vous imposer aucun autre fardeau que ce qui est nécessaire, savoir : de vous abstenir des sacrifices, de la fornication et du sang ; en vous en abstenant vous agissez bien, avec l’aide de l’EspritSaint ». [5] Il suffit qu’ici encore l’adultère et la fornication aient conservé leur place d’honneur entre l’idolâtrie et l’homicide. Car cette interdiction du sang, nous l’entendrons bien plutôt du sang humain. [6] Mais de quel œil les apôtres veulent-ils que l’on regarde ces crimes, les seuls qu’ils mettent à part de la loi ancienne, les seuls dont ils prescrivent l’abstention absolue ? Non qu’ils permettent les autres, mais ils donnent ceux-là comme seuls irrémissibles, eux qui, par condescendance pour les païens, ont rendu rémissibles les autres fardeaux de la loi. [7] Pourquoi déchargent-ils notre cou d’un joug si pesant, sinon pour lui imposer à jamais ce résidu de la discipline ? Pourquoi relâchent-ils tant de liens, sinon pour nous enchaîner à perpétuité aux devoirs nécessaires ? [8] Ils nous ont affranchis de la pluralité de ces obligations, pour nous forcer à l’observation de celles dont l’oubli est le plus nuisible. Il y a eu compensation : nous avons reçu beaucoup à charge de donner quelque chose. Une compensation n’est pas révocable ; or elle sera révoquée par ces mêmes |121 fautes, par la réitération de l’adultère, de l’homicide, et de l’idolâtrie. [9] Car toute la loi devra être appliquée si la condition du pardon est annulée. Mais ce n’est pas à la légère que le Saint Esprit a l’ait avec nous un pacte, dont il a pris l’initiative- nouveau titre à notre respect. Personne ne peut rompre sans ingratitude l’engagement pris avec lui. D’ailleurs, il ne reprendra plus ce qu’il a concédé et il ne concédera plus ce qu’il a repris. [10] Le Nouveau Testament est désormais immuable et la proclamation du décret ainsi que le dessein qui y est réalisé ne finiront qu’avec le monde. L’Esprit-Saint a suffisamment refusé le pardon des délits dont il s’est réservé la surveillance ; il a revendiqué tout ce qu’il n’a point formellement concédé. [11] De là vient que les Églises ne rendent la paix ni à l’idolâtrie ni à l’homicide. Que les apôtres se soient écartés de ce principe établi par eux, il n’est pas permis, je pense, de le supposer : ou si quelques-uns peuvent le croire, il faudra qu’ils donnent leurs preuves. " Voici la note donnée à la suite de ce texte sur l’interprétation particulière de Tertullien : Via Veritas 139 "XII, 3-4. Le texte des Actes, XV, 28 et s., donné ici par Tertullien diffère de la Vulgate qui, au lieu de fornicationibus, donne suffocatis. Ce texte, où l’on peut soupçonner une altération tendancieuse (cf. BATIFFOL, Études d’histoire..., p. 85), se retrouve dans saint Irénée (III, xii, 14), saint Cyprien, l’Ambrosiaster et le Codex Bezae. - Il est à noter que Tertullien interprète sanguine par homicide : il s’agissait, selon toute évidence, dans la pensée des apôtres, d’une interdiction de boire le sang des animaux (cf. ROSE, Les Actes des Apôtres, Paris, 1904, p. loi). La phrase qui suit dans le De Pud. (interdictum enim sanguinis multo magis humani intellegemus) semble faire entendre que Tertullien préfère son explication, sans ignorer toutefois qu’il y en a une autre. Voir, au surplus, De Monog. V : Libertas ciborum et sanguinis solius abstinentia. Sur l’arbitraire de son exégèse dans tout ce morceau, cf. les très justes observations d’ESSER, op. cit., p. 25." Quand Tertullien lit ou écrit sang qu’a-t-il donc à l’esprit ? Sang = sang humain = homicide. On est très loin de la vision délivrée par la Watchtower. Heureusement que "Tertullien défendait dans ses écrits les croyances des premiers chrétiens". En plus de citer les auteurs antiques, la Watchtower n’hésite pas à faire parler les morts plus récents. Dans ses propres publications, elle cite à l’envi ce brave Martin Luther (voir la brochure "Comment le sang peut-il vous sauver la vie ?"). Martin Luther Woodcut by Lucas Cranach Le réformateur a droit dans cette brochure a un bel encadré avec cette citation (tronquée bien entendue) : "Martin Luther a tiré les conséquences du décret apostolique, disant : “ Si donc nous voulons une Église qui soit soumise à ce concile (...) il nous faut enseigner et exiger que désormais ni prince, ni seigneur, ni bourgeois, ni paysan ne mangent de l’oie, du daim, du cerf ou du porc cuit dans le sang (...). Bourgeois et paysans doivent surtout s’abstenir de saucisse noire et de boudin. ”" Alors obéissez chrétiens, abstenez-vous de sang. Les choses ne sont jamais aussi simples, elles ne le sont que pour les Témoins de Jéhovah qui dans leur confiance et leur aveuglement n’iront jamais voir plus loin que les quelques mots qu’on veut bien leur délivrer. Que dit réellement la citation ? La Tour de Garde elle-même en livre davantage et constate que Luther avait décidé de ne pas suivre l’injonction apostolique. Tour de Garde du 15/9 1978 p. 23 §11 : "En ce cas, pourquoi les Églises de la chrétienté à notre époque ont-elles cessé d’observer cette “règle” ? Certains commentaires de Martin Luther nous éclairent sur ce point. Quoique personnellement enclin à rejeter tous les conciles, Luther déclara cependant ce qui suit à propos du décret d’Actes 15 : “Si donc nous voulons une Église qui soit soumise à ce concile (ainsi qu’il sied : n’est-ce pas là le tout premier concile et ne fut-il pas tenu par les apôtres en personne ?) il nous faut Via Veritas 140 enseigner et exiger que désormais ni prince, ni seigneur, ni bourgeois, ni paysan ne mangent de l’oie, du daim, du cerf ou du porc cuit dans le sang, (...) [et] doivent surtout s’abstenir de saucisse noire et de boudin. (...) Que quiconque en a le désir ou le pouvoir s’attelle à la tâche de mettre la chrétienté d’accord avec ce concile ! Alors je lui emboîterai volontiers le pas.” Selon Luther, parce qu’il était difficile d’obéir au décret d’Actes 15:28, 29, et que la majorité le transgressait, ce serait chose impossible d’exiger que tous les membres de l’Église l’observent. Aussi ne l’observerait-il pas lui-même." Notez la conclusion perfide de la Tour de Garde. Le paragraphe 12 est sans appel pour le pauvre homme : "12 Peut-être Martin Luther et les membres de l’Église de son temps étaient-ils peu disposés à se soumettre à la loi divine, et il se peut que nombre d’habitants de la chrétienté de notre époque ne soient guère plus disposés à obéir à ce décret. Mais il n’en va pas ainsi des Témoins de Jéhovah." Trahison, perfidie et ignorance des pensées réelles des auteurs cités. Que pensait réellement Martin Luther de l’interdiction apostolique ? Il nous livre lui-même le fond de sa pensée (La Confession d’Augsbourg de 1530 - Article 28. — Du Pouvoir des Évêques) : "Il y a aussi de sérieuses discussions pour savoir si les évêques ont le droit d’introduire des cérémonies dans l’Église, s’ils peuvent imposer des ordonnances sur les aliments, sur les jours fériés, sur l’organisation hiérarchique du clergé. Ceux qui accordent ce pouvoir aux évêques s’appuyent sur cette parole de Christ, Jean 16, 12 : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas le supporter maintenant. Mais quand l’Esprit de Vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité ». Ils invoquent aussi l’exemple des apôtres, Actes 15, 20. 29, où ceux-ci décrétèrent qu’on devait s’abstenir de sang et des viandes étouffées. On fait observer aussi que le dimanche a été substitué au sabbat, contrairement — à ce qu’ils pensent — au Décalogue. Il n’y a pas d’exemple qu’on fasse valoir autant que celui du changement du jour du sabbat, pour prouver que le pouvoir de l’Église est si grand qu’elle a pu même modifier les Dix Commandements et dispenser de les observer. (...) Les apôtres ont prescrit qu’il faut s’abstenir du sang et des viandes étouffées. Qui donc observe aujourd’hui cette règle ? Et pourtant ceux qui ne l’observent pas ne commettent pas de péché ; car les apôtres eux-mêmes n’ont pas voulu accabler les consciences avec une telle servitude : ils n’ont établi cette règle que provisoirement et pour que les chrétiens évitent de scandaliser leurs frères. Car pour bien comprendre cette ordonnance, il faut bien garder en vue l’article principal de la foi chrétienne, qui n’est pas annulé par ce décret. Presqu’aucun des anciens Canons n’est observé à la lettre ; oui, beaucoup de leurs préceptes tombent journellement en désuétude, même chez ceux qui observent ces sortes de règles avec le plus grand zèle. Il est impossible de venir en aide aux consciences, à moins qu’on n’applique cet adoucissement qui consiste à savoir que l’observance de ces règles n’est nullement obligatoire, et qu’il ne peut nuire en rien aux consciences si l’on néglige ces ordonnances complètement. " Relevons à nouveau la pensée essentielle de Martin Luther : "Les apôtres ont prescrit qu’il faut s’abstenir du sang et des viandes étouffées. Qui donc observe aujourd’hui cette règle ? Et pourtant ceux qui ne l’observent pas ne commettent pas de péché ; car les apôtres eux-mêmes n’ont pas voulu accabler les consciences avec une telle servitude : ils n’ont établi cette règle que provisoirement et pour que les chrétiens Via Veritas 141 évitent de scandaliser leurs frères. " Pour Martin Luther la fameuse décision apostolique avait un caractère temporaire et avait été uniquement édictée dans le but de ne pas choquer les consciences. L’idée ne vous rappelle rien ? C’est précisément l’idée maîtresse de ce très long article : l’interdiction concernant le sang était temporaire et limitée dans son action par le désir de ne pas nuire inutilement aux Juifs qui formaient le noyau dur de la congrégation chrétienne. Le contexte de rédaction du décret (Actes 15), le rappel de la décision prise afin d’inviter Paul à épargner à nouveau le sentiment des Juifs de Jérusalem (Actes 21), les lettres pauliniennes qui n’auraient pas de sens si le décret avait été compris comme universel et permanent (choses sacrifiées aux idoles et fornication - 1Co 6 et 8), le retour à la signification très diverse qui peut être donnée aux mots grecs et enfin la faiblesse des citations d’auteurs anciens, tout cela tire dans le même sens. La Watchtower fait preuve d’un aveuglement et d’une obstination qui frisent la doctrine de l'infaillibilité papale. Mais la jugez-vous seulement capable d’humilité et reconnaître qu’elle s’est trompée pendant plus de soixante ans. Le mouvement dans son ensemble non. Mais l’individu peut-être, s’il parvient à lire et à comprendre ces lignes, du moins souhaitons-le. Saint le sang’ ou ’sans le sein’ Par Winston Wesson Les Témoins de Jéhovah sont infiniment reconnaissants envers l’Esclave Fidèle et Avisé, qui leur explique toujours quoi faire et quand le faire ! Tant qu’il s’agit d’expliquer pourquoi HarMaguédon n’est toujours pas là, cela peut prêter à sourire. Mais quand le dogmatisme et l’arbitraire dirigent les décisions en matière de soins de 6,5 millions de personnes, il est urgent de pointer du doigt les absurdités du système Mais où est-il le temps béni où les transfusions de sang se faisait avec de bonne grosses poches remplies de liquide bien rouge, bien identifié, comme celle qui est schématisée sur la carte ‘Pas de sang’ que porte sur lui tout Témoin de Jéhovah qui se respecte ? Eh oui ! La médecine avance, tant en connaissance qu’en pratique. Il y a quelques dizaines d’années, tout semblait bien plus simple ! D’un côté, on avait Actes 15 :28,29, on lui faisait dire un peu ce qu’on voulait, on ignorait un peu le contexte, mais çà passait (voir à ce sujet l'article précédent 'Bons sang, mais c'est bien sûr !' De l’autre des transfusions de sang total, qu’on pouvait clairement montrer du doigt, en disant ‘Pas bon !’. Mais de l’aveu même de la Watchtower, les problèmes liés à la transfusion augmentent en proportion des progrès de la médecine. Ainsi aujourd’hui, le plus souvent on ne prescrit au patient que ce dont il a vraiment besoin : du plasma, de l’hémoglobine, des plaquettes, etc. Actes 15:28,29 c’est bien gentil, mais çà ne dit pas au Via Veritas 142 Témoin quoi penser de ce type d’intervention : le plasma, ce n’est pas du sang, et la Bible n’aborde évidemment nulle part ce genre de problèmes. Heureusement la Watchtower est là ! Il était difficilement pensable pour une organisation si scrupuleuse de laisser ses fidèles prendre trop de liberté avec ce genre de questions, ce qui pourrait se traduire par une remise en cause de tout l’enseignement sur ce point. Ainsi depuis plusieurs années maintenant, elle a tranché pour le fidèle de base, qui est probablement incapable par lui-même de savoir qu’en penser. Sur quels critères futce tranché ? Cà, on ne sait pas trop, mais c’est tranché ! La nouvelle loi à Brooklyn fut parfaitement résumée dans l’article d’étude ‘Laissons-nous guider par le Dieu vivant’ de la Tour de Garde du 15 juin 2004. Petit résumé pour ceux qui n’ont pas suivi : Avec l’aide de l’esprit de Dieu, les apôtres et les anciens sont parvenus à la conclusion que l’obligation d’être circoncis avait pris fin en même temps que la Loi. Néanmoins, les chrétiens devaient toujours respecter certaines exigences divines. Dans une lettre adressée aux congrégations, le collège central a écrit : “ L’esprit saint et nous-mêmes avons jugé bon de ne pas vous ajouter d’autre fardeau, si ce n’est ces choses-ci qui sont nécessaires : vous abstenir des choses qui ont été sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication. Si vous vous gardez soigneusement de ces choses, vous prospérerez. ” - Actes 15:28, 29. De toute évidence, aux yeux du collège central, il était tout aussi indispensable moralement de ‘ s’abstenir du sang ’ que de s’abstenir de l’immoralité sexuelle ou de l’idolâtrie. C’est la preuve que l’interdiction qui porte sur le sang est formelle. Jusqu’ici rien de nouveau sous le soleil… Nous pouvons juste remarquer que la Tour de Garde, comme chaque fois qu’elle aborde ce point, opère un tour de passe-passe, qu’on pourrait trouver grossier, mais, force est de le constater, qui est pourtant bien habile, puisqu’il échappe à des millions de Témoins de Jéhovah, et qui m’a moi-même berné longtemps. Ainsi, par miracle, ‘les choses qui ont été sacrifiées aux idoles’ du passage biblique deviennent tout simplement ‘l’idolâtrie’ dans le commentaire de la Watchtower. Mais ce n’est pas de l’idolâtrie que les apôtres demandent de s’abstenir…Cette substitution rhétorique évitera au lecteur de faire trop directement le rapprochement avec les consignes de Paul, qui dit clairement que les ‘choses qui ont été sacrifiées aux idoles’ prohibées par les apôtres à Jérusalem ne le sont plus du tout quelques temps plus tard à Corinthe (I Corinthiens chapitre 8). Ce qui amènerait inévitablement la question : pourquoi pas le sang ? Comme cette question n’est pas posée, la Tour de Garde n’a pas à y répondre ! Par contre elle tient à donner ses directives quant à cette histoire de fractions de sang. L’article poursuit un peu plus loin : Voilà des dizaines d’années que les Témoins de Jéhovah ont adopté une position claire. Ils ont par exemple publié un article dans une grande revue médicale (The Journal of the American Medical Association, 27 novembre 1981 ; reproduit dans la brochure Comment le sang peut-il vous sauver la vie ? pages 27-9). Cet article citait la Genèse, le Lévitique et les Actes. On y lisait : “ Bien que ces versets ne soient pas formulés dans un langage médical, les Témoins considèrent qu’ils condamnent les transfusions de sang total, de concentrés érythrocytaires et de plasma, ainsi que l’administration de globules blancs et de plaquettes. ” On lit dans l’Encyclopédie Larousse de la santé, parue en 1999, à propos des composants du sang : “ Le sang est constitué de cellules (globules rouges et blancs, plaquettes) et de plasma. ” Conformément aux faits médicaux, donc, les Témoins refusent les transfusions de sang total ou de l’un de ses composants majeurs. L’article médical ajoutait : “ La compréhension qu’ont les Témoins de ces versets n’interdit pas absolument l’emploi de [fractions telles] que l’albumine, les immunoglobulines et les préparations destinées aux hémophiles : il appartient à chaque Témoin de décider s’il peut les accepter. ” (…)Comme l’indiquent les paragraphes 11 et 12, les Témoins de Jéhovah n’acceptent pas les transfusions de sang total ni de l’un de ses quatre composants principaux : le plasma, les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes. Qu’en est-il des fractions extraites de l’un de ces composants, par exemple des sérums qui contiennent des anticorps pour lutter contre une maladie ou des sérums Via Veritas 143 antivenimeux contre les morsures de serpents ? Certains estiment que ces fractions infimes ne sont plus du sang à proprement parler, et donc ne tombent pas sous le coup du commandement de ‘ s’abstenir du sang ’. (Actes 15:29 ; 21:25) C’est leur responsabilité. Nous voilà au cœur du problème ! La question est tranché pour : 1) le plasma 2) les cellules sanguines (plaquettes, et globules blancs et rouges). Pourquoi ces substances tombentelles sous le coup de l’interdit alimentaire des apôtres ? Si nous suivons le raisonnement de la Tour de Garde, c’est parce que l’Encyclopédie Larousse le dit ! A titre personnel, moi qui ne suis pas oint de l’Esprit Saint, je ne vois pas le rapport direct entre cette brève citation encyclopédique et l’idée que les plaquettes et le sang soient la même chose du point de vue biblique. Ainsi pour les dérivés ‘secondaires’ du sang, chaque Témoin de Jéhovah est libre de décider pour lui-même de ce qui est acceptable. Pourquoi ? Parce qu’il peut sembler raisonnable d’ ‘[estimer] que ces fractions infimes ne sont plus du sang à proprement parler’. Certes ! Mais en quoi, par exemple, les plaquettes, qui ne représentent que moins de 0,2% du volume sanguin (voir le graphique extrait de Réveillez-vous du 22 octobre 1990), sont-elles plus assimilables à du sang ‘à proprement parler’ ? Et pourquoi l’albumine ne devrait elle pas être mise à la même enseigne si on prend en compte le fait qu’elle est environ 20 fois plus présente que les plaquette dans le sang (à peu près 4% du volume sanguin) ? Comment justifier du fait que le Témoin est libre d’accepter une à une toutes les cellules qui composent le plasma, mais pas le plasma lui-même ? Connaissez-vous un seul passage biblique qui appuie ce genre de raisonnement ? Pourquoi doit on s’interdire des composants du sang, mais pas les composants de ces composants ? Où et en quoi la Bible permet-elle de fixer une limite entre ce qui est ou n’est pas assimilable à du sang ? Evidemment ces questions ne sont même pas frôlées par l’article, qui devra pourtant servir de norme au Témoin lorsque sa vie elle-même sera peut-être en jeu ! Toujours est-il qu’à la page 22 de cette Tour de Garde, le Collège Central donne ses consignes, sous forme d’un petit tableau : le sang total, et ses quatre composants majeurs (globules rouges, globules blanc, plaquettes, et plasma) sont classés dans une case titrée ‘INACCEPTABLE’, et toutes les fractions issues de ces mêmes composants sont dans une case nommée ‘ AU CHRÉTIEN DE DÉCIDER’. En fait, si cet article de la Tour de Garde est bien le dernier en date, et donc celui qui fait autorité en la matière, ce n’est effectivement pas, comme le dit l’article, la première fois que cette question est abordée. En juin 2000, une ‘question des lecteurs’ avait déjà traité le problème dans ce sens, et luimême suivait la ligne doctrinale d’un article encore antérieur, autre ‘questions’ du 15 juin 1990. La Tour de Garde avait essayé à l’époque d’argumenter ses positions (alors que les éditions récentes sont plus dans le ton ‘C’est comme çà, on ne discute pas !’) Intéressons-nous donc à son raisonnement : Aux temps bibliques, les hommes ne connaissaient pas les techniques qui permettent d’utiliser les composants du sang. Dieu ordonna simplement : ‘Abstenez-vous du sang.’ (Actes 15:28, 29). Mais pourquoi penser qu’il en va différemment suivant que le sang est entier ou que ses composants ont été séparés ? Contrairement à certains de leurs contemporains, les premiers chrétiens refusaient de boire du sang, même si cela signifiait la mort pour eux. Pensez-vous qu’ils auraient agi différemment si quelqu’un avait recueilli du sang, l’avait laissé se coaguler, puis leur avait proposé uniquement le plasma ou uniquement la partie coagulée, peut-être sous forme de boudin noir ? Via Veritas 144 Certainement pas ! C’est pourquoi les Témoins de Jéhovah n’acceptent pas les transfusions de sang entier ni celles de composants principaux du sang (globules rouges, globules blancs, plaquettes ou plasma) utilisées dans le même but. (…)Certaines substances présentes dans le plasma de la mère passent dans le sang du fœtus. Est-ce le cas des protéines plasmatiques comme l’immunoglobuline et l’albumine ? Oui, pour certaines. Chez la femme enceinte, un mécanisme actif assure le transfert d’une certaine quantité d’immunoglobulines provenant du sang de la mère dans le sang du fœtus. Ce transfert d’anticorps s’opérant au cours de toutes les grossesses, les nouveau-nés sont naturellement plus ou moins immunisés contre certaines infections. (…)Un chrétien peut prendre en considération le fait que des fractions protéiniques du plasma passent naturellement du système vasculaire d’un individu à celui d’un autre (le fœtus) lorsqu’il doit décider s’il va accepter ou non des injections d’immunoglobulines, d’albumine ou d’autres fractions plasmatiques. Certains se diront peut-être qu’ils peuvent les accepter en toute bonne conscience ; d’autres penseront qu’ils ne le peuvent pas. C’est à chacun de trancher personnellement cette question devant Dieu. Arrivé à ce stade, nous résumerons les arguments avancés par la Watchtower concernant ses lois sur les fractions de sang. Ils reposent essentiellement sur deux considérations : une phrase de l’Encyclopédie Larousse, et un scénario imaginaire quant à ce qu’auraient fait ou pas les premiers chrétiens ! N’est ce pas un peu maigre pour exiger de tous les Témoins du monde qu’ils se plient à ces directives ? D’ailleurs le simple fait de chercher des réponses dans une Encyclopédie ‘du monde’, ou de se demander ce qu’auraient peut-être fait des hommes et des femmes sans instruction scientifique il y a 2000 ans, n’est-il pas à lui seul un aveu que la Bible est tout à fait muette face à ce genre de questions ? Et si la Bible n’en dit rien, comment la Watchtower se sent-elle le droit d’être aussi affirmative sur le sujet ? Qui plus est les arguments développés contiennent une faille énorme. Reprenons le raisonnement de l’article de 1990, raisonnement jamais renié depuis par la Watchtower. Jéhovah permet que certaines fractions de sang (des immunoglobulines) passent de la mère au fœtus, donc on peut accepter en toute bonne conscience de prendre soi-même ce genre de traitement. Raisonnement remarquable ! Mais si on l’accepte, on est confronté à une grave inconséquence dans les interdits de la Watchtower. Sur le site du très sérieux IPSN (Institut Prévention Santé en Néonatalogie) des médecins nous informent des nombreux avantages de l’allaitement pour un bébé. Le lait maternel possède pour l’enfant des vertus immunologiques incontestables. Il a par exemple un ‘effet ‘bactéricide’ qui s’explique par sa richesse en cellules immunocompétentes (leucocytes et macrophages) qui phagocytent les bactéries’. En langage vernaculaire cela signifie que le lait maternel contient en grande quantité des globules blancs qui protègent le bébé d’agressions infectieuses. D’où viennent donc ces leucocytes ? Ils sont fabriqués par la moelle osseuse, moelle qui est traversée de petites veines qui, d’une part, nourrissent l’os, et, d’autre part, permettent à ces fameux leucocytes, mais aussi aux globules rouges et aux plaquettes, de passer dans le circuit sanguin. Eh oui, les petits globules blancs ne se téléportent pas de la moelle osseuse au tétons de Maman ! Ils transitent par le sang, dont ils font partie intégrante ! Comment se fait-il que la Watchtower, qui donne la nourriture en temps voulu, n’ait jamais pris la peine d’avertir ses fidèles de la présence dans le colostrum de globules blancs, qui sont inacceptables, selon elle, pour le chrétien ? Pire elle a plusieurs fois fait l’apologie de l’allaitement maternel. Pourquoi ce qui est vrai au sujet des immunoglobulines ne peut en aucun cas s’appliquer aux globules blancs ? Est-ce que Jéhovah ne serait pas à l’origine de cette présence de leucocytes, qui a un rôle défensif pour le nouveau-né, phénomène naturel très comparable à la transmission d’immunoglobuline au fœtus ? On le voit, la Watchtower dans son désir de dicter leur conduite à tous les témoins sur tous les sujets, même dans les domaines où elle n’a manifestement aucune compétence, finit par se ridiculiser en édictant des consignes ubuesques, sans aucune cohérence pour qui prend la peine d’approfondir le sujet. Est-ce le fantasme apostolique, pouvoir écrire des articles qui commenceraient par : ‘l’Esprit Saint et nous même Via Veritas 145 avons jugé bon…’ qui a poussé ses rédacteurs à balancer des consignes, quitte à ce qu’elles se révèlent à ce point arbitraires ? La Watchtower devrait bien un jour traiter ce problème. L’ennui, c’est qu’avec ses crises de dogmatisme autoritaire récurrentes, on doit peut être envisager l’hypothèse que les bébés de Témoins n’aient bientôt plus le droit au sein ! Le prix de la réputation Par Lucretius Toute vérité n’est pas bonne à entendre, à voir ou à lire. Il est des cas où il faut accepter de perdre de l’argent pour contrer la détérioration de son image. Car une religion ou une secte vend de l’image, une image policée, proprette, intègre, unique et divinement préservée. On est le peuple béni de Dieu ou un ramassis vulgaire de simples hommes qui miment la sainteté et la perfection ? Pensez donc au prix inestimable de la réputation en ce qui concerne la probité dans tous les aspects de la vie. Au sujet de la fraude fiscale la Watchtower faisait les constatations et exhortations suivantes. La Tour de Garde, 155/11/1984, p. 28 : Les surveillants chrétiens doivent être ‘irrépréhensibles’, qualification requise pour l’exercice de leur fonction. De même, la congrégation tout entière devrait être irrépréhensible aux yeux de Dieu (1 Timothée 3:2 ; voir aussi Éphésiens 5:27). Les chrétiens s’efforceront donc de garder une bonne réputation dans leur entourage, même lorsqu’il s’agit de payer les impôts. Jésus Christ lui-même a donné l’exemple sur ce point. On demanda à son disciple Pierre si Jésus payait l’impôt du temple, une petite somme de deux drachmes. En réalité, Jésus était exempt de cet impôt puisque le temple était la maison de son Père et qu’un roi ne fait pas payer d’impôt à son fils. C’est ce qu’il a expliqué ; et pourtant il a payé cet impôt. De fait, il a même opéré un miracle pour produire l’argent nécessaire ! Pourquoi payer un impôt dont il était à bon droit exempt ? Comme Jésus l’a dit lui-même, “pour que nous ne les fassions pas trébucher”. — Matthieu 17:24-27. Aujourd’hui, les Témoins de Jéhovah se soucient également de ne faire trébucher personne. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient, collectivement et dans le monde entier, la réputation d’être des citoyens honnêtes qui paient leurs impôts. Par exemple, le quotidien espagnol El Diario Vasco a parlé de l’étendue de la fraude fiscale en Espagne, mais a fait cette remarque : “Les Témoins de Jéhovah sont l’unique exception. Qu’ils achètent ou qu’ils vendent, la valeur qu’ils déclarent est rigoureusement exacte.” De même, le journal américain San Francisco Examiner a déclaré il y a quelques années : “On peut considérer [les Témoins de Jéhovah] comme des citoyens modèles. Ils paient promptement les impôts, soignent les malades et s’efforcent d’éliminer l’analphabétisme.” Aucun véritable chrétien ne voudrait faire quoi que ce soit qui porte atteinte à cette réputation chèrement acquise. Placé devant un choix, prendriez-vous le risque de devenir fraudeur simplement pour économiser quelque argent ? Non ; vous Via Veritas 146 préféreriez sûrement perdre de l’argent plutôt que de ternir votre réputation et de jeter le discrédit sur vos principes, voire sur le culte que vous rendez à Jéhovah. En réalité, garder votre réputation de personne juste et honnête vous coûtera parfois de l’argent. Voici ce qu’a déclaré le philosophe grec Platon il y a environ 24 siècles : “S’il faut payer des contributions, le juste, à égalité de biens, contribue davantage, l’autre [l’injuste] moins.” Il aurait pu ajouter que le juste ne regrette jamais de payer le prix de sa justice. Une telle réputation vaut bien ce prix. C’est certainement le cas des chrétiens. Leur belle réputation a du prix à leurs yeux, car elle honore leur Père céleste et peut rendre leur mode de vie et leur Dieu Jéhovah attrayants pour autrui. — Proverbes 11:30 ; 1 Pierre 3:1. Nous retiendrons la belle exhortation qui sonne comme une prophétie et une déclaration d’intention : « vous préféreriez sûrement perdre de l’argent plutôt que de ternir votre réputation et de jeter le discrédit sur vos principes, voire sur le culte que vous rendez à Jéhovah ». L’image est un élément incontournable de son fonds de commerce pour qui vit de la confiance de son public. La fraude fiscale est une chose, mais ce n’est certainement pas la plus grave atteinte qui peut être faite à une réputation. Notez la déclaration suivante. Réveillez-Vous !, 8/4/1997, p. 13-14 : Un délégué de l’Église catholique a parlé de l’exploitation sexuelle des enfants comme du “ crime le plus odieux ”, le “ résultat d’une profonde altération et de l’effondrement des valeurs ”. Pourtant, ces pratiques posent problème au sein même du clergé catholique. Sous le titre “ Les prêtres et les agressions sexuelles ”, un article de Newsweek (16 août 1993) parlait du “ pire scandale clérical de l’histoire moderne de l’Église catholique d’Amérique ”. On lisait : “ Des plaintes auraient été déposées contre 400 prêtres depuis 1982, mais, selon les calculs de certains ecclésiastiques, ils seraient 2 500 à avoir attenté à la pudeur d’enfants ou d’adolescents. [...] Ce scandale ne coûte pas que de l’argent à l’Église ; il l’a plongée dans un profond embarras et l’a privée d’une partie de son autorité morale. ” Partout dans le monde, des religions sont dans la même situation. Ray Wyre, spécialiste des crimes sexuels venu du Royaume-Uni, a relaté le cas de deux garçons qu’un prêtre avait soumis à des sévices sexuels véritablement sadiques. L’un est aujourd’hui directeur d’un organisme de défense des victimes sexuelles de prêtres, et l’autre est lui-même un pédophile. Mettanando Bhikkhu, exégète bouddhiste de Thaïlande, a confessé que “ certaines pratiques bouddhistes contribuent, à des degrés divers, à l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales en Thaïlande. Dans les villages, les moines bénéficient parfois de l’argent versé à la communauté par des enfants que l’on force à se prostituer ”. Quelle honte n’est-ce pas tous ces cas de pédophilies au sein même de certaines religions ? D’autant plus que le phénomène est, aux dires de la Watchtower, quasi-universel : « Partout dans le monde, des religions sont dans la même situation ». C’est même un indice probant permettant de faire la différence entre la fausse religion et le culte pur et immaculé. C’est en effet ce qu’à proclamé par le monde entier en 2006 le tract intitulé La fin de la fausse religion est proche et diffusé largement par les Témoins de Jéhovah. En voici un extrait. La fausse religion... ▪ Tolère des pratiques sexuelles immorales : Dans les pays occidentaux, des groupements chrétiens ordonnent des homosexuels et des lesbiennes, et pressent les gouvernements de reconnaître le mariage homosexuel. Même des Églises qui condamnent les pratiques sexuelles immorales tolèrent en leur sein des Via Veritas 147 ecclésiastiques qui ont commis des agressions sexuelles sur des enfants. Pourtant, qu’enseigne la Bible ? Elle affirme clairement : “ Ne vous égarez pas. Ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères, ni hommes qu’on entretient à des fins contre nature, ni hommes qui couchent avec des hommes [...] n’hériteront du royaume de Dieu. ” (1 Corinthiens 6:9, 10). Connaissez-vous des religions qui ferment les yeux sur l’immoralité sexuelle ? Quel sera l’avenir des religions qui produisent des fruits pourris ? Jésus a formulé cet avertissement : “ Tout arbre qui ne produit pas de beaux fruits est coupé et jeté au feu. ” (Matthieu 7:19). Effectivement, la fausse religion sera renversée et détruite ! Connaissez-vous des religions qui ferment les yeux sur l’immoralité sexuelle, et particulièrement les agressions sexuelles sur les enfants ? Leur sort est déjà bibliquement fixé. Une telle déclaration triomphante pourrait laisser croire que les Témoins de Jéhovah planent, portés par la grâce divine, au-dessus du lot des mortels et de leurs religions honnies. Nous, Témoins de Jéhovah, voyons clairs et sommes à même de porter jugement et condamner Bible en main. Mais la Watchtower oublie son propre avertissement. La Tour de Garde, 15/11/2001, p. 22 : Il est si facile pour les humains imparfaits de passer sous silence leurs défauts tout en dévoilant ceux de leur prochain ! Toutefois, cette tendance nous rend vulnérables à l’hypocrisie. Jésus a dit : “ Hypocrite ! retire d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clairement comment retirer la paille de l’œil de ton frère. ” Il est sage de suivre son conseil : “ Cessez de juger, afin de ne pas être jugés ; car c’est avec le jugement dont vous jugez que vous serez jugés [...]. Pourquoi donc regardes-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, mais ne considères-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ? ” — Matthieu 7:1-5. Voulez-vous entr’apercevoir la poutre qui est dans l’œil de la Watchtower ? Voici la traduction d’un article diffusé par la chaîne américaine NBC News intitulé Nouvelle preuve dans les allégations des Témoins de Jéhovah. Frederick McLean est l’un des fugitifs les plus recherchés aux États-Unis, inculpé de 17 accusations d’abus sexuels en Californie. Les sources judiciaires affirment que lorsque la famille d’une victime fut confrontée à McLean en 2004 il aurait avoué. Mais avant qu’il ne soit arrêté McLean s’enfuit. Les autorités ont identifié au moins huit victimes que McLean aurait abusées sur une période de presque dix ans. Une victime estime que McLean l’aurait molesté « plus de 100 fois », selon le U.S. Marshals Service. Le Marshal Thomas Maranda, qui mène la chasse du fugitif de 56 ans, déclare que McLean avait pu gagner la confiance de nombre de ses victimes grâce à sa position de dirigeant, comme serviteur ministériel, dans sa congrégation locale des Témoins de Jéhovah près de San Diego. « Son rôle dans l’église était notable », explique Maranda, « car nous croyons que sa participation dans l’église lui donnait accès à ses victimes ». Son rôle dans l’église donna également matière à controverses. L’année dernière, quelques familles de victimes intentèrent un procès contre les Témoins de Jéhovah, alléguant que tant la congrégation locale de McLean que le siège national, la Watchtower Society, « savaient, ou auraient dû savoir que Frederick McLean était un Via Veritas 148 pédophile ». Les Témoins de Jéhovah ont récemment signé un protocole d’accord afin de payer pour mettre fin à cette poursuite judiciaire et à celles relatives à huit autres cas similaires, sans admettre leurs torts. Les cas impliquent tous des hommes que l’église auraient connus comme ayant molesté des enfants. Les accords concernant ces cas sont confidentiels et scellés. Cependant, NBC a obtenu une copie de l’un des accords relatifs au cas McLean, et il peut donner une indication de l’ampleur des sommes en jeu. Selon le document de justice, l’église a accepté de payer 781 250 $ à l’accusatrice, qui clamait que McLean l’avait abusé de l’âge de 3 à 9 ans (après paiement des taxes et autres frais, l’accusatrice devait recevoir la somme approximative de 530 000 $). Lea avocats des plaignants se refusaient à tout commentaire. Les Témoins de Jéhovah n’ont communiqué spécialement sur aucun des cas judiciaires, mais rédigé une déclaration à l’intention de NBC News : « Pour le bien des victimes de ces cas, nous sommes heureux qu’un accord ait pu être trouvé. Notre coeur va à tous ceux qui ont souffert à cause d’abus sexuel sur enfant. Les Témoins de Jéhovah dans le monde entier sont unis dans leur détestation de ce péché et crime. » Des documents internes venant à présent des accords judiciaires peuvent expliquer pourquoi l’église en est venu à contracter dans ces cas. Les documents montrent que l’église savait depuis des années que des membres éminents abusaient des enfants tout en agissant faiblement. Les officiels de l’église auraient eu connaissance de plusieurs cas à travers des procédures judiciaires internes auxquelles les anciens locaux auraient soumis les coupables, obtenu des confessions et infligé des sanctions. James Henderson, par exemple, était un ancien de longue date chez les Témoins de Jéhovah à Red Bluff en Californie – et un pédophile en série. Les documents récemment découverts incluent une lettre datant de 1994 d’un responsable régional de l’église adressé au siège établissant que Henderson avait été sanctionné par l’église et démis de sa position dirigeante « au début des années 70 » dans une autre ville de Californie. « Maintenant il admettait qu’il l’avait refait », établissait la lettre. A la fin des années 80, selon un autre document interne de l’église, un ancien local rejetait les allégations selon lesquelles Henderson avait abusé sexuellement d’un jeune garçon : « Cela ne pouvait pas être vrai aussi cela avait été oublié ». En dépit de la confession de Henderson, les anciens n’avaient pas informé les autorités californiennes (en 1994 la loi californienne n’exigeait pas encore que le clergé rapporte les abus sexuels suspectés, la loi a changé en 1997). Au lieu de cela ils menèrent leur propre enquête, apparemment alors que Henderson et sa femme étaient en vacances. Quelques semaines plus tard, des anciens rapportèrent qu’ils avaient trouvé des « anomalies » dans l’histoire de Henderson, et le convoquèrent une deuxième fois. Henderson admit qu’il avait molesté sa victime « un an et demi auparavant ». Il reconnut également qu’il « avait payé pour un délit similaire » au début des années 70. Les anciens décidèrent de démettre Henderson de sa fonction de Surveillant-Président et de lui infliger « une réprimande publique », annonçant à la congrégation qu’il avait Via Veritas 149 commis un péché, sans en livrer les détails. Là encore, ils n’allèrent pas voir les autorités. Alors que la police menait enquête, les officiels de l’église questionnèrent Henderson à nouveau. Il avoua qu’il abusait d’autres enfants, y compris son propre fils, selon un document de l’église. A ce stade Henderson fut excommunié. Entre-temps les autorités judiciaires prirent contact avec les anciens locaux, qui alors coopérèrent apparemment lors de l’enquête. Le 14 décembre 1994 Henderson fut arrêté. En 1995 il plaida coupable pour trois cas d’abus sexuels et fut condamné à quatre ans et quatre mois de prison. En 1998 il fut libéré sur parole et, selon la correspondance de l’église, se mit à fréquenter une autre congrégation de Témoins de Jéhovah. Comme Henderson, Alvin Heard fut également membre de la congrégation de Red Bluff en Californie et pareillement excommunié pour avoir molesté des enfants. Dans le cas de Heard, des documents montrent que l’église fut au courant de l’affaire pour la première fois en 1981, quand la congrégation locale envoya une lettre au siège expliquant que Heard était expulsé après qu’il ait admis des abus sexuels sur trois enfants, « âgés de cinq, neuf et onze ans ». Dans une déposition faisant partie des récents procès, Heard admit avoir confessé aux anciens locaux à la fin des années 80 avoir abusé de quatre enfants plus jeunes. Sa punition à cette occasion : « réprimande publique ». En d’autres termes les anciens de l’église l’ont admonesté en privé, mais ne l’ont jamais dit aux autres membres de la congrégation, selon sa déposition. Cette fois encore, il apparaît que l’église ne communiqua aucune information à la police ou aux services de l’enfance. Dans les années 90, Heard déménagea dans le Dakota du Sud. Dans sa déposition, il affirma qu’il avait dit aux anciens de l’église qu’il avait eu une histoire d’abus sexuel sur enfants. Eux aussi, apparemment, gardèrent le secret. En 2003, Heard déménagea dans l’Orégon, où il molesta encore. En janvier 2004, il fut inculpé d’abus sexuel sur un garçon de cinq ans. Il plaida coupable et accomplit actuellement une peine de six ans et trois mois de prison. Selon le bureau du directeur de la prison, Heard refuse d’être interviewé. En tout les neuf cas de procès soumis à accord impliquent 16 victimes et 8 pédophiles présumés, chacun d’entre eux – à l’exception de Frederick McLean – ont été reconnus coupables de crimes. Parmi eux : Larry Kelley, une personnalité de la télévision et un animateur pour enfants à Amarillo – Texas, et Timothy Silva, qui organisait des « études de livres pour adolescents » dans la congrégation de Woodland en Californie. L’église aurait connu le problème de Silva dès 1987, selon l’un des dossiers judiciaires, mais l’aurait autorisé à continuer de travailler avec les enfants. Barbara Anderson, un ancien membre de l’église et une critique en vue de l’organisation sur ce sujet, soutient que les procédures internes des Témoins de Jéhovah « protègent Via Veritas 150 les pédophiles plutôt que les enfants ». Anderson a récemment compilé des documents des affaires judiciaire en un CD intitulé « Secrets de pédophilie dans une religion américaine ». Anderson déclare qu’elle s’est intéressée la première fois à cette controverse au début des années 90 alors qu’elle travaillait au siège de la Watchtower Society à Brooklyn et était affectée au traitement du courrier des membres de l’église qui se plaignaient d’abus sexuel. Alors qu’elle conduisait ses recherches, elle affirme qu’elle découvrit que dans ses procédures contre les pédophiles, l’église applique la règle biblique des « deux témoins ». « Ils exigent un autre témoin du cas d’abus sexuel », dit Anderson, « ce qui est impossible ». Anderson affirme également qu’elle a découvert que le siège de l’église gardait trace des cas d’abus sexuels dans des dossiers confidentiels. Les récents procès ont donné la preuve que que siège gardait des enregistrements internes des rapports soumis par les congrégations locales. Les dossiers des tribunaux comprennent un formulaire de l’église intitulé « Telememo Abus sur enfant ». Le simple fait de penser qu’ils ont un formulaire élaboré et intitulé ’Telememo Abus sur enfant’ indique selon moi qu’ils en possèdent beaucoup. Sinon pourquoi faire un formulaire ? » Le Telememo semble être un questionnaire pour guider les officiels du siège qui reçoivent des appels téléphoniques des anciens locaux. Ils incluent une case à cocher pour indiquer si le cas en question doit être placé en « A rapporter » - au cas où le clergé serait obligé par la loi de rapporter le cas d’abus suspecté – ou en « Ne pas rapporter ». Dans les cas à rapporter, le formulaire donne consignes aux officiels de conseiller aux anciens locaux de « faire un rapport téléphonique anonyme d’un endroit neutre, tel qu’une cabine publique ». L’église a constamment maintenu qu’elle suivait toutes les lois ayant trait au rapport de cas suspectés de pédophilie. Ces lois sont complexes. Selon les U.S. Department of Health and Human Services, 25 états mandatent spécifiquement le clergé pour rapporter les cas suspectés ; mais 21 de ces états reconnaissent l’exemption pour secret confessionnel. Seize autres états ont des lois générales concernant le rapport, concernant « toute personne », ce qui peut être interprété comme incluant le clergé ; sept de ces états garantissent également le secret confessionnel. Dans sa déclaration à NBC les Témoins de Jéhovah affirment qu’ils « ne ferment pas les yeux sur le cas ni ne protègent les pédophiles. Nos anciens expulsent les pécheurs non repentants qui commettent ce crime ». Selon l’église, « l’incidence de ce crime chez les Témoins de Jéhovah est rare ». La déclaration affirme que l’organisation « ne réduit pas les victimes au silence » et que « les membres ont un droit absolu de rapporter ce crime horrible aux autorités ». L’église a produit nombre de publications sur les abus sur enfants, et notamment la page de garde de numéro d’octobre de son magazine Réveillez-Vous !. « Ces articles montrent clairement notre souci de protéger les enfants des abus sexuels » affirme l’église dans sa déclaration. Pendant ce temps Frederick McLean court toujours. Le U.S. Marshals Service dit qu’il doit être considéré comme « armé et dangereux, et peut-être suicidaire ». Vous vous souvenez certainement de la phrase que nous avions considérée comme prémonitoire :« vous préféreriez sûrement perdre de l’argent plutôt que de ternir votre réputation et Via Veritas 151 de jeter le discrédit sur vos principes, voire sur le culte que vous rendez à Jéhovah ». En acceptant de payer des millions de dollars pour ne pas faire éclater des affaires qui porteraient un préjudice tonitruant à sa réputation et son image – à son fonds de commerce -, la Watchtower suit son propre conseil. Mais parviendra-t-elle à éteindre tous les cas qui surgiront encore, et à faire taire tous ceux qui, scandalisés par l’hypocrisie de la secte, dénonceront haut et fort ce qui ne peut plus être caché durablement ? Si le scandale prend de l’ampleur aux Etats-Unis, il est bien possible que les échos viennent heurter les oreilles du public français. Comment voulez vous prêchez l’intégrité morale et spirituelle ou encore l’exception et l’approbation divines après ça ? Voir en ligne: La vidéo couvrant l’enquête de la NBC. Les Témoins de Jéhovah de 2001 sont-ils les Etudiants de la Bible de 1870 ? Par Lucretius 130 ans c’est long, et ça travaille n’importe quel mouvement religieux. Affirmer l’identité des Témoins de Jéhovah modernes et des Etudiants de la Bible de la fin du 19ème siècle est une aberration. Monsieur Philippe Barbey a soutenu en 2001 une thèse de diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes intitulée Les témoins de Jéhovah - La survivance du christianisme antitrinitaire : Une résistance spirituelle pour la foi en un Dieu unique. Voici un court extrait des pages non publiées de cette thèse, mais à la manière d’un Commissaire aux Comptes qui aurait à juger de la régularité et la sincérité des comptes d’une entreprise, et utilisera la méthode des sondages pour former son opinion, ce simple échantillon57 nous convaincra que Philippe Barbey ne fait que reprendre la thèse officielle des Témoins de Jéhovah et occulte, sciemment ou non, toute opinion contraire. Sources : Les Témoins de Jéhovah - sociologie et histoire - Philippe Barbey Quant à l’affirmation selon laquelle « les Témoins de Jéhovah sont (...) un rameau du mouvement des Etudiants de la Bible », elle n’est pas exacte. En effet, les Témoins de Jéhovah sont toujours Etudiants de la Bible, ils n’en sont pas un rameau. Ils changèrent tout simplement de nom en 1931 pour insister davantage sur leur monothéisme jéhovéen rejetant définitivement la Trinité. Les Témoins de Jéhovah de 2001 sont les Etudiants de la Bible de 1870. Même si leur mouvement a évolué sociologiquement, leur corpus théologique est fondamentalement le même. Vous l’avez noté : monsieur Philippe Barbey affirme avec force que les Témoins de Jéhovah de 2001 sont du point de vue du "corpus théologique" les Etudiants de la Bible de 1870. Est-ce la vérité ? Quel était donc le "corpus théologique" des Etudiants de la Bible en 1870 ? 57 L’article L 122-5 du CPI autorise « sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source, les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information de l'œuvre à laquelle elles sont incorporées ». Via Veritas 152 Comparons les enseignements entre les deux époques sous trois angles : • 1. la direction de l’œuvre • 2. l’espérance accordée aux chrétiens • 3. la chronologie des temps de la fin 1. la direction de l’œuvre Dans les années 1870 et jusqu’à la mort de CT Russell, les Étudiants de la Bible ne reconnaissent que la direction d’un homme, leur Pasteur, l’omniprésent et incontesté CT Russell. A la question qui est l’esclave fidèle et avisé établi sur le troupeau, la Tour de Garde du 1er mars 1923 en anglais (p. 68) répond clairement : "Souvent interrogé quant à savoir qui était l’esclave fidèle et avisé, Frère Russell répondait : « Certains disent que je le suis, d’autres que c’est la Société ». Les deux positions étaient vraies ; car Frère Russell était en fait la Société dans son sens le plus absolu, en ce sens qu’il dirigeait la politique et la course de la Société sans considération pour quiconque sur la Terre. Il chercha quelque fois l’avis de certains qui étaient en lien avec la Société, écoutant leurs suggestions et faisait selon son propre jugement, pensant que le Seigneur lui avait dit de faire ainsi." En 2001, la révolution de 1975 portant sur l’émergence véritable d’un corps gouvernant qui tienne vraiment sa place s’est faite dans le trouble et la douleur selon le témoignage oculaire de Raymond Franz, membre du Collège Central à cette époque (cf. son livre Crisis of conscience58 ch. 4). Nous sommes vingt-cinq ans plus tard. Et la personne du chef omnipotent n’est plus, elle est morte avec feu Frederick Franz (1977), quatrième Président de la WT son oncle. La fin d’année 1975 a consacré l’apparition de différents comités s’occupant de l’œuvre mondiale. Extrait de la Tour de Garde 15 mai 1995 p. 22 : "Durant de nombreuses années, le Collège central des Témoins de Jéhovah a correspondu au conseil d’administration de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, dont le président gérait l’essentiel des activités. Comme l’explique l’Annuaire des Témoins de Jéhovah 1977 (pages 258-60), en 1976, le Collège central a été constitué en six comités, chaque comité s’occupant de domaines précis de l’activité mondiale." Faites un test : demandez au TJ lambda qui est le Président de la Watchtower. Il ne le saura probablement pas, car l’homme unique, le Président, a perdu son importance. A votre avis la direction de l’œuvre est-elle identique dans son mode de fonctionnement entre 1870 et 2001 ? Pas le moins du monde, car une révolution est passée par là. La notion essentielle qu’est l’identité de l’esclave fidèle et avisé ( Mat 24 :45-47) n’est absolument plus la même, elle est passée d’un individu à une classe toute virtuelle. Pour preuve cet extrait de la Tour de Garde du 15 mars 1998 p.20-21 21 § 10-11 : "Le principe de l’autorité a pour but de préserver l’unité et de permettre que “ tout se fasse décemment et avec ordre ”. (1 Corinthiens 14:40.) Pour que cet objectif soit atteint, au Ier siècle, un certain nombre de chrétiens oints faisant partie de la classe de l’esclave fidèle et avisé ont été choisis pour représenter l’ensemble du groupe.(...) Actuellement, le Collège central des Témoins de Jéhovah se compose de dix chrétiens oints, tous ayant à leur actif des dizaines d’années d’expérience dans le service chrétien. Ils assurent la direction spirituelle des Témoins de Jéhovah, comme le faisait le collège central du Ier siècle (Actes 16:4). Tout comme les chrétiens de cette époque, les Témoins de Jéhovah sont aujourd’hui 58 Crisis of Conscience - Raymond Franz - Commentary Press - Atlanta 2004 Via Veritas 153 heureux de recevoir des frères mûrs qui composent le Collège central la direction et des conseils fondés sur les Écritures dans le domaine du culte. Bien que les membres du Collège central soient des esclaves de Jéhovah et de Christ comme le sont leurs compagnons chrétiens, la Bible nous fait cette recommandation : “ Obéissez à ceux qui vous dirigent et soyez soumis, car ils veillent constamment sur vos âmes, en hommes qui rendront compte ; pour qu’ils le fassent avec joie et non en soupirant, car cela vous serait préjudiciable. ” Hébreux 13:17." D’autre part, bien plus qu’une question de nombre ou de collégialité c’est un changement de forme de leadership qu’il convient de noter. Russell agissait comme l’initiateur exalté de groupes d’étudiants de la Bible sans organisation formelle et donc sans moyen, ni même de volonté, de formater la conscience des personnes intéressées. Le temps et les personnes (J. Rutherford, N. Knorr, F. Franz) ont institutionalisé le mouvement lui appliquant une construction toute entrepreneuriale (hiérarchie descendante jusqu’au proclamateur et surveillance permanente par le sommet). Ainsi unifiée la congrégation jéhoviste devint plus malléable et contrôlable, c’en était fini l’époque de la liberté de conscience individuelle. Vint l’époque des directives théocratiques assénées d’en haut : refus des transfusions sanguines (aux alentours de 1940), exclusion des récalcitrants, arme absolue inconnue au temps de CT Russell59,... 2. l’espérance accordée aux chrétiens Si vous aviez demandé à un Étudiant de la Bible de 1870 quelle était son espérance, il vous aurait répondu : être aux cieux à côté du Seigneur. A cette époque reculée seule l’espérance d’aller aux cieux faisait partie intégrante du "corpus théologique". Posez la même question à un Témoin de Jéhovah pris au hasard, il vous répondra : vivre éternellement sur la Terre sous la direction d’un royaume céleste. Qu’est-ce qui s’est passé ? Extrait de la Tour de Garde du 1er février 1995 p.14,15 :" Le 31 mai 1935, les assistants à l’assemblée des Témoins de Jéhovah tenue à Washington ont éprouvé une grande joie. C’est là que, pour la première fois, la grande multitude (ou grande foule) de Révélation 7:9 a été clairement identifiée en accord avec la Bible dans son entier et avec des événements qui avaient déjà commencé à se produire. Environ six semaines auparavant, lors de la célébration du Repas du Seigneur dans les congrégations des Témoins de Jéhovah, 10 681 assistants (à peu près 1 sur 6) n’avaient pas pris le pain et le vin emblématiques ; or 3 688 d’entre eux étaient des prédicateurs du Royaume de Dieu. Pourquoi s’étaient-ils abstenus de prendre ces emblèmes ? Parce que, selon ce qu’ils avaient appris dans la Bible, ils comprenaient que Dieu ne les avait pas appelés à la vie céleste, mais qu’ils bénéficieraient des dispositions bienveillantes de Jéhovah d’une autre façon." Cette compréhension nouvelle vous semble t’elle un changement anodin ? Non, l’espérance actuelle du Témoin de Jéhovah est très différente de celle de l’Etudiant de la Bible, fondamentalement différente, essentiellement différente. 3. la chronologie des temps de la fin Cette fois encore, si vous pouviez interroger un Etudiant de la Bible de 1870 sur sa perception de la 59 Complément à l’initiative de Coc Via Veritas 154 chronologie des temps de la fin, il vous aurait lancé avec une belle assurance : Christ est déjà venu en 1874, nous attendons sa glorieuse manifestation. Pour preuve la Tour de Garde du 15 juin 1922 p.187 (anglais)60 : "C’est sur la base de tant et tant de correspondances - en accord avec les lois les plus saines de la science - que nous affirmons que scripturairement, scientifiquement et historiquement, la chronologie de la vérité présente est correcte et hors de tout doute. Sa certitude a été confirmée par les dates et événements de 1874 (...) La chronologie de la vérité présente est la base certaine sur laquelle les enfants consacrés de Dieu sont encouragés à rechercher les choses à venir." Et la Tour de Garde du 1er janvier 1924 p. 5 (anglais)61 : "Certainement, il n’y a pas le moindre espace pour qu’un doute s’installe dans l’esprit d’un véritable enfant consacré de Dieu que le Seigneur Jésus est présent, et cela depuis 1874." Pour l’Etudiant de la Bible de 1870, et même d’après, il y avait l’année marquée 1874, et à partir de là les années pendant lesquelles Dieu jouerait les prolongations. Mais demandez à présent ce qu’il pense de la chronologie des temps de la fin à un Témoin de Jéhovah. Il vous répondra que nous sommes aux temps de la fin, et cela depuis 1914 (héritage russelliste non encore tombé), mais pour combien de temps encore, il n’en sait rien mais c’est proche, très proche. Songez bien que pour l’Etudiant de la Bible de 1870 la venue de Jésus n’était même pas associée à 1914 et qu’il pensait bien, dans l’intervalle de sa propre génération, rejoindre Son Seigneur dans les cieux. Faisons le point avec une simple illustration que tous les voyageurs comprendront. Si vous aviez réservé un voyage à l’étranger et que l’on vous annonce ex abrupto que la direction vous propose le même voyage mais avec de légères variantes, que le responsable unique, libéral et un peu fantasque, de l’expédition a été remplacé pour des raisons d’efficacité par une tribu de garde-chiourmes , que le but de votre voyage a été modifié et que la durée de celui-ci n’est plus la même non plus, diriezvous, pour votre part, que c’est le même voyage ? Non, vous évoqueriez la modification substantielle de contrat, vous demanderiez le remboursement et vous auriez raison. Prétendre que les Témoins de Jéhovah de 2001 sont les Etudiants de la Bible de 1870 est scandaleusement faux. Faites donc entrer un Etudiant de la Bible dans une salle de réunion des Témoins de Jéhovah, et demandez-lui de présenter un discours public pour défendre sa foi. Le visualisez-vous en train de parler de la présence invisible de Jésus en 1874, d’évoquer le moment délicieux où tous les chrétiens de l’auditoire seront réunis dans les cieux avec le Seigneur ? Puis, voyez, il se met à parler de l’importance des mesures en pieds de la Grande Pyramide de Kheops, essentielles pour deviner le calendrier et le plan divins (Russell y a cru dur comme fer pendant 35 ans). L’auditoire ne l’a pas encore remarqué mais notre orateur porte distinctement, au revers de sa veste, une croix surmontée d’une couronne, symbole du martyr du Christ (la croix ne sera abandonnée qu’en 1928). Dans ses paroles de conclusion (dans la vraie vie, il n’aurait pas eu la parole aussi longtemps) notre orateur lance à tout l’auditoire, nous sommes fin décembre, un tonitruant "Joyeux Noël" (célébré au 60 Citée par Spiritual Food at the Proper Time (http://www.freeminds.org/history/part1.htm) 61 Citée par Spiritual Food at the Proper Time (http://www.freeminds.org/history/part1.htm) Via Veritas 155 Béthel jusqu’en 1926) et leur signale qu’aujourd’hui c’est précisément son anniversaire de naissance (célébration également abandonnée vers la fin des années 20). Il ne comprend pas, en descendant de l’estrade, pourquoi personne ne l’applaudit, personne ne lui souhaite un joyeux Noël et un bon anniversaire... Le coup de grâce pour lui, comme pour ses auditeurs. Il n’est pas certain du tout que notre orateur soit le bienvenu pour un prochain discours public. Bien au contraire, les anciens, au fond de la salle, sont déjà en train de s’organiser pour étudier ce cas fort intéressant et exotique d’apostasie notoire. A la question posée : les Témoins de Jéhovah de 2001 sont-ils les Etudiants de la Bible de 1870 ? vous pouvez à présent donner vous-même la réponse. Non, définitivement non. N’en déplaise à monsieur Barbey qui se présente nanti du titre de sociologue, d’universitaire, de scientifique son affirmation ne survit pas à une recherche approfondie et contradictoire. C’est comme si le Commissaire aux comptes, que nous avions évoqué au début de notre article, avait trouvé dans la comptabilité qu’il doit vérifier une caisse créditrice ; c’est, il le sait bien en homme de l’art, aux yeux du fisc le rejet de comptabilité et la mauvaise foi présumée. Pour apporter plus de crédit à cette critique, je l’avoue, partiale mais juste et argumentée de l’œuvre de monsieur Barbey, voici ce qu’à dit de son livre directement issu de sa thèse "Les Témoins de Jéhovah. Pour un christianisme original. (Paris, L’Harmattan, 2003)", le sociologue Arnaud Blanchard du Groupe de Sociologie des Religions et de la Laïcité (CNRS/EPHE) : "L’ouvrage aborde le mouvement des Témoins de Jéhovah sous un angle historique (en l’inscrivant dans la lignée des groupes antitrinitaires)et descriptif, en présentant notamment leur organisation et leur situation dans plusieurs pays européens. Le livre apporte peu d’éléments nouveaux sur le mouvement de la Tour de Garde et souffre d’insuffisances de style notables, telle la surabondance de citations non référencées. En outre, la démarche globale du document est ambiguë dans la mesure où - à défaut d’avoir construit sociologiquement son objet - l’auteur ne manifeste pas de distance critique à l’égard des croyances et des argumentaires énoncés par le groupe étudié. À de multiples reprises, il reproduit et avalise sans examen les propositions (théologiques en particulier) des Témoins de Jéhovah de telle manière que l’analyse est éclipsée par le travail de persuasion." Sources. Heureusement que monsieur Barbey est un scientifique ayant jeté son dévolu sur la sociologie. Je frémis à l’idée de le savoir intéressé par l’astronautique et en charge de la prochaine mission humaine vers Mars. Il serait fort à craindre que l’équipage aille se perdre dans les profondeurs glacées de l’espace, quelque part entre Saturne et Neptune. Via Veritas 156 Jeu de dîmes Par Lucretius S’il est un passage de la Bible que les Témoins de Jéhovah connaissent bien c’est l’épisode fameux de l’obole de la veuve. C’est une dame avec laquelle la Watchtower adore jouer. (Marc 12:41-44 - TMN) Et il s’assit en face des troncs du trésor et se mit à regarder comment la foule mettait de l’argent dans les troncs du trésor ; et beaucoup de riches mettaient beaucoup de pièces. Une pauvre veuve arriva alors et mit deux petites pièces de monnaie, qui ont très peu de valeur. Et il appela à lui ses disciples et leur dit : “ Vraiment, je vous dis que cette pauvre veuve a mis plus que tous ceux qui ont mis de l’argent dans les troncs du trésor ; car tous ont mis de leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. ” Il faut bien avouer que l’abnégation dont fait montre cette veuve est admirable et à même de susciter la générosité nécessaire au soutien du mouvement. Citons quelques paragraphes extraites de quelques unes des références faites à l’épisode. La Tour de Garde, 1/11/2004, p. 19 : Elle s’était dépensée près de 50 ans dans le service chrétien. Bien que fragilisée par son âge avancé, elle tenait absolument à se rendre à la Salle du Royaume qui venait d’être construite. Appuyée au bras d’un frère serviable, elle est entrée dans la salle puis s’est dirigée lentement mais sûrement vers son objectif : la boîte à offrandes, dans laquelle elle a déposé la somme modique qu’elle avait mise de côté. Même si elle n’avait pas pu aider physiquement à la construction de la salle, elle voulait participer. Cette chrétienne vous rappelle sans doute une autre femme fidèle : la “ pauvre veuve ” que Jésus a vue mettre deux petites pièces de monnaie dans le trésor du temple. Nous ne savons pas quelle était la situation pécuniaire de cette veuve, mais à l’époque, une femme sans mari pouvait avoir de gros soucis financiers. Jésus a certainement éprouvé de la compassion pour elle, car il comprenait tout à fait ce qu’elle endurait. En la citant en exemple à ses disciples, il a fait remarquer que son modeste don représentait “ tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre ”. — Marc 12:41-44. Pourquoi une femme indigente comme cette veuve a-t-elle fait un tel sacrifice ? À l’évidence, c’est parce qu’elle était profondément attachée à Jéhovah Dieu, dont le culte avait pour centre le temple de Jérusalem. Quoique limitée dans ce qu’elle pouvait offrir, elle Via Veritas 157 voulait promouvoir le service sacré. Et elle a certainement ressenti une joie réelle à donner tout ce qu’elle pouvait. L’épisode de l’obole de la veuve est pain béni pour le rédacteur qui peut mettre en avant la « joie réelle à donner tout » ce que l’on possède pour soutenir l’œuvre. La Tour de Garde, 1/11/2004, p22, 23 : “ Dieu aime celui qui donne avec joie ”, a écrit l’apôtre Paul (2 Corinthiens 9:7). Les dons conséquents sont, bien entendu, très utiles. Mais la majeure partie des fonds destinés à l’œuvre des Témoins de Jéhovah provient des boîtes à offrandes disposées dans les Salles du Royaume. Qu’elles soient importantes ou modestes, toutes les offrandes ont leur importance et ne sont pas négligeables. Souvenez-vous que Jésus s’est placé à un endroit où il pouvait voir la pauvre veuve offrir ses deux petites pièces de monnaie. Les anges et Jéhovah l’ont vue, eux aussi. Nous ne connaissons même pas le nom de cette veuve, pourtant Jéhovah a veillé à ce que son acte désintéressé soit rapporté dans la Bible pour des temps indéfinis. Donnez donc avec l’esprit de la veuve, et ne soyez pas chiches, Jéhovah et les anges vous regardent. Donner avec joie sans compter, c’est bien beau. Et la dîme dans tout ça ? Livre Vivez en gardant à l’esprit le jour de Jéhovah, chap. 14 p. 182-183 § 8-9 : Considérez ce que Jéhovah dit ensuite par l’intermédiaire de Malaki, au chapitre 3, verset 10. On y lit cette invitation chaleureuse : “ ‘ Apportez tous les dixièmes au magasin, pour qu’il y ait de la nourriture dans ma maison ; et, s’il vous plaît, mettezmoi à l’épreuve à ce propos ’, a dit Jéhovah des armées, ‘ pour voir si je n’ouvrirai pas pour vous les écluses des cieux et si je ne viderai pas réellement sur vous une bénédiction jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pénurie. ’ ” Cette invitation est lancée au peuple de Dieu dans son ensemble. Pensez-vous qu’elle s’adresse aussi personnellement à vous ? Comment pouvez-vous donner “ les dixièmes ” à Jéhovah ? Bien entendu, vous n’êtes pas obligé de présenter des offrandes et des dîmes au sens littéral, telles que la Loi les prescrivait. Aujourd’hui, ce sont des offrandes de nature spirituelle que Dieu demande. Comme l’a indiqué le chapitre précédent, Paul a expliqué que votre activité de témoignage est une offrande (Hoshéa 14:2). Il a ensuite mentionné une autre sorte de sacrifice, en ces termes : “ N’oubliez pas de faire le bien et de partager avec d’autres, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir. ” (Hébreux 13:15, 16). Il est donc clair que “ les dixièmes ” dont il est question en Malaki 3:10 représentent des offrandes spirituelles et matérielles. Si vous êtes un chrétien baptisé, vous êtes voué sans réserve à Jéhovah, mais votre dîme représente la part de ce qui est à vous et que vous pouvez apporter à Jéhovah, ou utiliser à son service. Elle comprend le temps, l’énergie, les ressources et les offrandes matérielles que vous consacrez au service de Dieu. Le lecteur sagace aura apprécié le superbe « vous n’êtes pas obligé de présenter des offrandes et des dîmes au sens littéral » et le fait qu ’ « aujourd’hui, ce sont des offrandes de nature spirituelle que Dieu demande ». Puis il aura également remarqué le glissement lent sur la constatation que « “ les dixièmes ” dont il est question en Malaki 3:10 représentent des offrandes spirituelles et matérielles » et pour finir « le temps, l’énergie, les ressources et les offrandes matérielles que vous consacrez au service de Dieu ». Visiblement le rédacteur du livre dérive à dessein de la nature spirituelle à la nature matérielle de l’engagement requis. « C’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir ». Voilà le mot est lancé : sacrifice. Tout est là, Via Veritas 158 tout est prêt pour requérir au-delà d’un taux nominal de 10 %. Qu’est-ce qu’un sacrifice ? Lors de la construction d’un bâtiment de la Watchtower au Danemark certains ont dû en sentir le sens. La Tour de Garde, 15/6/1984, p.29 : Dans son exposé, frère Sydlik s’est référé plusieurs fois au texte de II Samuel 24:21-24, où le roi David répond à un homme qui veut lui donner une parcelle de terre, du bois et des animaux pour offrir un sacrifice : “Non, mais je te l’achèterai pour un prix, sans faute ; et je n’offrirai pas à Jéhovah, mon Dieu, des holocaustes qui ne coûtent rien.” ‘Pas de sacrifice sans sacrifices’, telle était l’idée majeure développée par l’orateur. Les assistants ont été enthousiasmés par cette pensée. Ce programme de construction avait en effet coûté quelque chose à chacun d’eux, soit de l’argent, soit des efforts, si ce n’est les deux. Beaucoup avaient dû prendre du temps sur leurs occupations familiales et profanes, parfois même quitter leur emploi ou vendre leur affaire (comme plusieurs frères l’ont fait) et supporter pendant de nombreux mois les inconvénients inhérents à la vie sur un chantier. Le mot d’ordre est clair et cette fois plus que suggéré : ‘Pas de sacrifice sans sacrifices’. L’appel à l’engagement financier ne saurait être valablement quantifié. Qu’est-ce qu’un peu de misérable argent face à l’urgence et la nécessité d’une œuvre qui promet le retour sur investissement en l’approbation divine et la vie éternelle ? D’ailleurs ce méprisable argent appartient-il seulement au fidèle donateur ? La Tour de Garde, 1/11/1997, p. 27 : Notre vie, notre temps, nos talents et nos forces sont assurément des choses de valeur. Que dire de nos biens matériels ? Voyez la remarque qu’a faite Jésus en observant une pauvre veuve qui mettait deux petites pièces de peu de valeur dans un tronc du trésor du temple. “ Cette veuve, a-t-il dit, bien que pauvre, a mis plus que tous. Car tous ceux-là [les autres donateurs] ont mis des dons de leur superflu, mais cette femme, de son indigence, a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. ” (Luc 21:1-4). Jésus a fait l’éloge de cette veuve parce qu’elle avait utilisé ses biens matériels pour soutenir le culte de Jéhovah. Il est donc clair que tout ce que nous possédons de matériel fait partie des choses de valeur mentionnées par Salomon. Par ailleurs, l’expression “ les prémices de tous tes produits ” emporte l’idée de donner à Jéhovah le meilleur de nos choses de valeur. En quoi honore-t-on Jéhovah Dieu en donnant des choses matérielles ? Tout ne lui appartient-il pas (Psaumes 50:10 ; 95:3-5) ? “ Tout vient de toi ”, a reconnu en effet le roi David dans une prière fervente. À propos de l’offrande conséquente que lui et son peuple faisaient pour la construction du temple, David a dit : “ C’est de ta main même que nous t’avons donné. ” (1 Chroniques 29:14). Ainsi, quand nous faisons des dons à Jéhovah, nous ne faisons que lui rendre ce qu’il nous a donné dans sa bonté de cœur (1 Corinthiens 4:7). Mais, comme nous l’avons dit plus haut, honorer Jéhovah, c’est aussi l’exalter aux yeux des autres. Des dons matériels honorent donc Dieu quand ils servent à favoriser les progrès du vrai culte. Quant on donne la dîme on considère encore, par un simple partage convenu, que les neuf dixièmes des choses de valeur appartiennent à celui qui fait l’offrande. Le raisonnement tenu par le rédacteur rend caduque et dérisoire ce clivage. Tout appartient légitimement à Dieu, et donc à l’Organisation qui le représente sur Terre. « Jésus a fait l’éloge de cette veuve parce qu’elle avait utilisé ses biens matériels pour soutenir le Via Veritas 159 culte de Jéhovah ». Est-ce vraiment l’idée du texte biblique ? Non. Jésus fait l’éloge, et c’est ce que veut bel et bien sous-entendre le rédacteur, d’une femme qui donne au point de ne plus avoir rien pour sa propre subsistance. C’est un suicide financier. C’est ce geste fou qui lui donne sa vertu et sa force, pas le simple fait de donner. Et, de fait, cette pauvre femme à la dérive avait largement dépassé l’exigence de la dîme. Elle avait fait un sacrifice qui demandait des sacrifices, et en l’occurrence le sien même. Et voilà comment au travers de versets bibliques bien exploités on peut appeler à une générosité qui peut outrepasser la dîme. Tout va dépendre de la sensibilité, de la fragilité, de la culpabilité de celui ou celle qui recevra l’injonction à donner largement. Comment mesurer son amour pour Jéhovah et Sa Sainte Organisation ? Quand on aime on ne compte pas c’est bien connu. D’ailleurs un autre verset pourrait raisonner aux oreilles de celui qui pense que le système juif et son système d’offrandes ont bel et bien vécu. (Matthieu 10:8b - TMN) Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne trouvez-vous pas que le mot gratuit devrait être l’un des mots les plus courants dans les publications religieuses qui prétendent relayer la pensée du Christ ? Lancez donc par curiosité une recherche sur les occurrences des mots gratuit ou même gratuité dans les publications des Témoins de Jéhovah des années 1970 à 2006. Voilà le résultat. Recherche / Gratuité-gratuit 409 occurrences. Ça vous parait beaucoup sur 36 ans de publications et des milliers de pages ? Maintenant pour faire bonne mesure lancez donc une recherche sur les occurrences du simple mot argent dans les mêmes publications. Voilà le résultat Via Veritas 160 Recherche / Argent 11325 occurrences. Ça fait quand même plus sérieux. Et si vous lancez une recherche sur les mots offrandes ou dons vous ne doutez plus de l’intérêt que porte la Watchtower à ces questions éminemment spirituelles et théologiques. Voilà le résultat. Recherche / Offrandes-dons 4177 occurrences. A rapprocher des 409 occurrences relatives à la gratuité. Presqu’un dixième. Vous voyez bien qu’on la retrouve la dîme. Vous êtes soufflé, et pourtant vous n’avez pas joué. D’autres que vous maitrisent savamment le jeu de dîmes. Via Veritas 161 Marchez-vous sur les traces du Christ ? Par Lucretius (1 Pierre 2:21) C’est à cette [voie], en effet, que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un modèle pour que vous suiviez fidèlement ses traces. Suivre les traces du Christ est, selon l’apôtre Pierre, une obligation pour le chrétien. Comment Jésus a t-il agi, selon les Écritures, face aux propos de son principal opposant, le Diable lui-même ? Lisons le chapitre 4 de l'Évangile selon Luc, cité selon Louis Second (1910). Luc 4:1-13 Jésus, rempli du Saint Esprit, revint du Jourdain, et il fut conduit par l’Esprit dans le désert, (2) où il fut tenté par le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, après qu’ils furent écoulés, il eut faim. (3) Le diable lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu’elle devienne du pain. (4) Jésus lui répondit : Il est écrit : L’Homme ne vivra pas de pain seulement. (5) Le diable, l’ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre, (6) et lui dit : Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes ; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux. (7) Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi. (8) Jésus lui répondit : Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. (9) Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas ; car il est écrit : (10) Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet, Afin qu’ils te gardent ; (11) et : Ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre. (12) Jésus lui répondit : Il es dit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu. (13) Après l’avoir tenté de toutes ces manières, le diable s’éloigna de lui jusqu’à un moment favorable. Que fait Jésus selon l’évangéliste ? Il répond pied à pied à son principal opposant, Satan le Diable. Car le Diable ne menace pas, il raisonne avec habileté en se servant des Écritures antérieures. Qu’aurait pu faire Jésus ? Car il avait peu de chances de convaincre Satan de se repentir et de se mettre du côté de Dieu. Il aurait pu se boucher les yeux et les oreilles ou s’enfuir d’une manière ou d’une autre afin d’éviter la controverse. Non, ce n’est pas ce que fait Jésus. Il affronte son adversaire et le raisonnement qui lui est présenté. Avez-vous noté qui renonce au combat ? C’est le Diable lui même. Quelle application pouvons-nous trouver à ce texte biblique suffisamment important pour être rendu par Matthieu et Luc ? Si Jésus n’a pas refusé la confrontation mais a répondu par le raisonnement et la logique à son contradicteur, pourquoi les Témoins de Jéhovah, disciples émérites du Christ, devraient-ils refuser la confrontation d’idées avec leurs détracteurs et ne pas répondre aux arguments qui leur sont opposés ? Via Veritas 162 Car les opposants aux TJ sont à priori moins puissants et habiles que Satan et surtout susceptibles d’être gagnés par des idées plus fortes ; et quoi de plus fort que la vérité ? Oui, mais notre Mère l’Organisation nous a expressément demandé de refuser la confrontation répondra le Témoin de Jéhovah fidèle et prudent. Et il aura raison le bougre. Car à maintes reprises l’organisation jéhoviste a martelé des avertissements à vous donner des sueurs froides. Du genre : (La Tour de Garde 1/7/1994 p. 11,12) § 15 : Certains pourraient être tentés d’évaluer le bien-fondé des accusations des apostats. Mais nous devrions prendre à cœur le principe énoncé en Deutéronome 12:30, 31. Dans ce passage, Jéhovah a défini, par la bouche de Moïse, ce dont devaient se garder les Israélites après avoir dépossédé les païens résidant en Terre promise. "Prends garde à toi, de peur que tu ne te laisses prendre au piège à leur suite, après qu’elles auront été anéanties de devant toi, et de peur que tu ne te renseignes au sujet de leurs dieux, en disant : ‘Comment ces nations servaient-elles leurs dieux ? Et moi, oui, je ferai de même.’ Tu ne devras pas faire ainsi à l’égard de Jéhovah, ton Dieu." Oui, Jéhovah Dieu sait comment opère la curiosité humaine. Souvenons-nous d’Ève, et aussi de la femme de Lot (Luc 17:32 ; 1 Timothée 2:14) ! Ne prêtons jamais l’oreille à ce que disent ou font les apostats. Mais voilà Jésus n’a pas repris à son compte l’histoire de Moïse, d’Eve ou de la femme de Lot. Il a fait ce que ferait tout homme convaincu et sûr de son fait. Mais objectera le Témoin fidèle et prudent : nous sommes plus faibles que Jésus. Mais de quoi Jésus s’est-il servi ? De la Parole de Dieu. N’est-ce pas l’apôtre Paul qui a écrit : 2Ti 3:16-17 Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, (17) afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. Si la Parole de Dieu équipe complètement, le chrétien n’a rien à craindre, il suivra les traces de Jésus. Jésus aurait-il tracé un mauvais chemin ? Il n’a pas trouvé bon de faire inscrire par l’un quelconque des évangélistes : vous vous souvenez de ma confrontation dans la montagne, eh bien, ne le faites pas, sauvez-vous, entrer dans un débat c’est trop pour vous, votre foi n’y survivrait pas. C’est pourtant bien dans ce sens que tire la Watchtower. Mais la Watchtower n’est pas Jésus. De qui suivrez-vous réellement les traces ? De la Watchtower qui n’a de cesse de protéger son microcosme et sa bulle théologique, univers tout onirique qui ne résiste pas longtemps à une confrontation à la réalité ? Ou de Jésus qui savait que le salut n’est pas dans la fuite, et la vérité dans le simple mépris des arguments adverses ? Via Veritas 163 Les versets sataniques. Par Winston Wesson Ces versets-là, on ne les voit pas, on ne les écoute pas, on n’en parle pas ! La connaissance du bon et du mauvais L’interprétation jéhoviste des chapitres 2 et 3 de la Genèse n’est en rien exceptionnelle. On la retrouve (par certains aspects) dans les notes de la Bible de Jérusalem, par exemple. La différence fondamentale, c’est que les catholiques ne lisent dans ces versets qu’une "histoire religieuse", et pas de l’Histoire (avec un grand "H"). Voici ce comment les TdJ interprètent ce récit : La décision d’Adam et Ève de désobéir au commandement de Dieu était un défi à sa souveraineté. Ève voulait “connaître”, c’est-à-dire juger et décider par elle-même, “être comme Dieu”. Adam se joignit à elle et affirma, lui aussi, sa complète autonomie morale (Gen. 3:5, 6, 22). Tous deux refusèrent donc de reconnaître leur condition de créatures. Ils ne manifestèrent aucun amour, aucune reconnaissance pour ce que Dieu avait fait pour eux, et ils s’arrogèrent des prérogatives qui n’appartenaient qu’à Dieu seul en tant que Créateur et Propriétaire de la terre, Soutien de la vie et Souverain universel. - Tour de Garde du 15 janvier 1978 - p.11 Ou encore le livre "Étude perspicace des Écritures" (je souris toujours face à l’immodestie de ce titre), page 1011, qui cite la fameuse note de la Jérusalem : Ce que représentait l’arbre est bien exprimé dans une note de la Bible de Jérusalem sur Genèse 2:17 : “ Cette connaissance est un privilège que Dieu se réserve et que l’homme usurpera par le péché, 3 5, 22. Ce n’est donc ni l’omniscience, que l’homme déchu ne possède pas, ni le discernement moral, qu’avait déjà l’homme innocent et que Dieu ne peut pas refuser à sa créature raisonnable. C’est la faculté de décider soi-même ce qui est bien et mal et d’agir en conséquence, une revendication d’autonomie morale par laquelle l’homme renie son état de créature [...]. Le premier péché a été un attentat à la souveraineté de Dieu, une faute d’orgueil Pour les TdJ, la souveraineté de YHWH est LE thème central autour duquel est construite toute la Bible. Une des prérogative de cette souveraineté est le droit de décider (de "connaitre") le bien et le mal. Personne d’autre n’a ce droit. Et pourtant... Genèse 3,23 : "Puis Jéhovah Dieu dit : “ Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous en connaissant le bon et le mauvais ; et maintenant, de peur qu’il n’avance sa main et vraiment ne prenne aussi [du fruit] de l’arbre de vie et ne mange et ne vive pour des temps indéfinis... ” " D’après la Bible, la connaissance du bon et du mauvais n’est donc PAS une prérogative de Dieu. Via Veritas 164 YHWH lui-même reconnait que d’autres personnes, à qui il s’adresse ici sans qu’elles soient identifiées, connaissent elles aussi le bon et le mauvais. Mais qui sont donc ces gens qui jouissent de "l’autonomie morale", par delà la "souveraineté universelle" de YHWH ? Autant les rédacteurs de la Jérusalem (catholiques trinitaires) n’auront aucune difficulté avec ce verset, autant les TdJ... Le retour de Samuel Petit problème pour les TdJ. Pour eux quand on est dans le schéol, rien ne survit : il n’y a plus de connaissance, plus la moindre forme de conscience chez un mort. Ils réciteront sans aucune peine les versets qui les confirmeront dans ces convictions. Mais il y a d’autres versets, qui ne disent pas tout à fait ça : I Samuel 28,10-20 : 8Alors Saül se déguisa, il revêtit d’autres vêtements et partit, lui et deux hommes avec lui ; ils arrivèrent de nuit chez la femme. Et il dit : “ S’il te plaît, exerce pour moi la divination au moyen du pouvoir médiumnique et fais-moi monter celui que je vais t’indiquer. ” 9 Mais la femme lui dit : “ Voyons, tu sais bien toi-même ce qu’a fait Saül, comment il a retranché du pays les médiums et les gens qui font métier de prédire les événements. Pourquoi donc agistu comme quelqu’un qui tend un piège à mon âme pour me faire mettre à mort ? ” 10 Aussitôt Saül lui jura par Jéhovah, en disant : “ Aussi vrai que Jéhovah est vivant, il ne t’arrivera pas de culpabilité pour la faute dans cette affaire. ” 11 Alors la femme dit : “ Qui dois-je te faire monter ? ” À quoi il dit : “ Fais-moi monter Samuel. ” 12 Lorsque la femme vit “ Samuel ”, elle se mit à crier de toute la force de sa voix ; puis la femme dit à Saül : “ Pourquoi m’as-tu dupée, alors que toi, tu es Saül ? ” 13 Cependant le roi lui dit : “ N’aie pas peur ; mais qu’as-tu vu ? ” Et la femme dit à Saül : “ J’ai vu un dieu qui montait de la terre. ” 14 Aussitôt il lui dit : “ Quelle est sa forme ? ” À quoi elle dit : “ C’est un homme âgé qui monte, et il s’est couvert d’un manteau sans manches. ” Et Saül reconnut que c’était “Samuel” ; alors il s’inclina, la face contre terre, et se prosterna. 15 “Samuel” dit alors à Saül : “ Pourquoi m’as-tu troublé en me faisant monter ? ” À quoi Saül dit : “ Je suis dans une situation très critique, car les Philistins combattent contre moi, et Dieu lui-même s’est retiré de moi, il ne m’a plus répondu, ni par le moyen des prophètes ni par les rêves ; si bien que je t’appelle pour que tu me fasses savoir ce que je dois faire. ” 16 “Samuel” dit encore : “ Pourquoi donc m’interroges-tu, alors que Jéhovah, lui, s’est retiré de toi et qu’il est ton adversaire ? 17 Jéhovah fera pour lui-même comme il l’a dit par mon moyen ; Jéhovah arrachera de ta main le royaume et le donnera à ton semblable, [à] David. 18 Parce que tu n’as pas obéi à la voix de Jéhovah et que tu n’as pas exécuté sa colère ardente contre Amaleq, c’est pour cela que Jéhovah te fera à coup sûr cette chose en ce jour. 19 Et, avec toi, Jéhovah livrera aussi Israël en la main des Philistins ; demain, toi et tes fils, vous serez avec moi. Le camp d’Israël aussi, Jéhovah le livrera en la main des Philistins. ” 20 Et Saül aussitôt tomba à terre de tout son long et eut alors très peur à cause des paroles de “Samuel”. De plus, il n’y avait pas de force en lui, car il n’avait pas mangé de nourriture de tout le jour et de toute la nuit. Ici, on ne peut s’empêcher de sourire. Les traducteurs de la TMN auraient pu mettre à peu près autant de guillemets qu’ils auraient souhaité à chaque fois que la BIBLE parle de SAMUEL, ça ne changerait rien à ce qui est bel et bien écrit dans le texte ! Les TdJ se racontent une petite histoire lorsqu’ils lisent ces versets : en fait ce ne serait pas Samuel lui-même (qui est mort, donc) mais un démon qui se fait passer pour Samuel et qui parle à sa place : d’où toutes ces guillemets chaque fois qu’il est écrit "Samuel" (cf. larticle "Spiritisme" dans "Étude Via Veritas 165 perspicace" page 1014). Cette interprétation n’est pas, encore une fois, exceptionnelle, et on la retrouve dans d’autres Églises. Elle n’en reste pas moins parfaitement gratuite : il n’y a rien, absolument rien, pas le début du quart d’un indice dans le texte qui valide cette lecture : le néant complet ! La Bible dit sans aucune ambigüité que c’est Samuel, mais les Témoins de Jéhovah s’en fichent. Eux, ils ont décidé que ce n’était pas Samuel, ils savent quand même mieux que le rédacteur biblique, non ? Quelle est donc la différence entre les TJ et "les méchantes Églises", auxquelles ils reprochent de "choisir" leurs versets en fonction de leurs dogmes ? Les sacrifices d’enfants Parfois le rajout de guillemets aux versets qui les dérangent n’est pas suffisant pour les TJ : les rédacteurs de la Bible furent vraiment trop mauvais et ce qu’ils ont écrit trop tordu, et il faut carrément retoucher leurs mots, pour savoir ce qu’ils voulaient dire "en vrai" (et qu’ils étaient visiblement incapables —malgré l’inspiration— d’exprimer correctement). C’est le cas d’Ézechiel. On lit dans la TMN (Traduction du Monde Nouveau) en 20,25-26 : 25 Et moi j’ai aussi permis qu’ils aient des prescriptions qui n’étaient pas bonnes et des décisions judiciaires par lesquelles ils ne pouvaient pas rester en vie. 26 Et je les laissais se souiller par leurs dons quand [ils] faisaient passer [par le feu] tout enfant qui ouvre la matrice, afin que je les mette en désolation, afin qu’ils sachent que je suis Jéhovah Mais que lit-on dans les notes en bas de page de la TMN, au sujet des deux expressions que j’ai mises en gras ? • "J’ai aussi permis qu’ils aient" traduit en fait une phrase qui signifie littéralement "Je leur ai aussi donné" • "Je les laissais se souiller" traduit de son côté une phrase qui signifie littéralement "Je les souillais". Relisons donc les phrases de YHWH, telles qu’elles apparaissent vraiment dans le texte original : 25 Et moi je leur ai aussi donné des prescriptions qui n’étaient pas bonnes et des décisions judiciaires par lesquelles ils ne pouvaient pas rester en vie. 26 Et je les souillais par leurs dons quand [ils] faisaient passer [par le feu] tout enfant qui ouvre la matrice, afin que je les mette en désolation, afin qu’ils sachent que je suis Jéhovah Le Dieu qui s’est juste contenté de "laisser faire" dans la TMN, devient maintenant l’acteur principal de la souillure des Hébreux ! Ni plus ni moins62. Ici, c’est clair : on refuse purement et simplement de traduire le texte hébreu au profit de sa petite interprétation à soi. La théologie et la doctrine prennent le pas sur la véritable traduction. Quand on pense que 99% des TJ sont absolument persuadés qu’il n’y a pas de traduction plus honnête que la leur, ça laisse songeur... La Parole de Dieu ? On l’a vu, parfois il vaut mieux ne pas lire de trop prêt la "Sainte Parole de Dieu" quand on est un fondamentaliste. Tout n’y est pas lisse, tout n’y est pas beau, et tout n’y est surtout pas compatible avec les certitudes théologiques qu’ont aujourd’hui les TJ. Donc, comme les trois célèbres singe, on 62 À la lecture de ces versets, on comprend que la loi du rachat des premiers-nés n’a sans doute pas toujours eu cours en Israël (Nb 18,15-7), et qu’à l’époque d’Ézechiel, manifestement, on se souvient encore des sacrifices d’enfants à YHWH perpétrés dans le passé. Via Veritas 166 ne les voit pas, on ne les écoute pas, on n’en parle pas. On aurait pu citer d’autres versets, : • tel ceux de Lévitique 27,28-29 qui expliquent sans détours comment doit se faire un sacrifice humain (et on en voit une mise en pratique en Nb 21,2-3), • la triste histoire de la fille de Jephté, où là encore les TJ aiment à se raconter une jolie histoire avec "happy end", au lieu de se contenter de lire ce qui est réellement écrit, • ou encore la législation concernant l’esclavage sexuel des filles (Ex 21,7-11). • voire même, dans les Évangiles, le passage où Jésus parle très librement d’un mort qui se retrouve dans un enfer qui ressemble furieusement à celui que décrivent les Églises apostates (Luc 16,19-31). Le seul avantage que je reconnais aux TJ, c’est qu’en écrivant ce texte, je ne risque pas, contrairement à l’écrivain à qui je rends hommage par ce titre, d’être victime d’une fatwa. On trouve donc des fanatiques plus dangereux que les TJ, certes. Ils ont au moins le mérite, s’ils lancent toujours un un très morbide "Dieu reconnaitra les siens", de ne pas se sentir obliger de crier pour l’introduire un "Tuez les tous !" Mais tout de même, lorsqu’on constate la légèreté avec laquelle ils s’autorisent à traiter la parole de Dieu, espérons, pour eux aussi, que YHWH soit un peu plus clément que ce qu’ils prêchent ! L’amour, la Bible et les Témoins de Jéhovah Par Holly Les publications de l’Organisation des Témoins de Jéhovah méritent d’être étudiées de près. Il suffit de comparer les théories jéhovistes à des époques différentes avec la Bible pour se rendre compte des énormes contradictions et combien le Collège Central est égaré... L’amour, la Bible et les témoins de Jéhovah 2Tm:3:3-7 : …insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là. Il en est parmi eux qui s’introduisent dans les maisons, et qui captivent des femmelettes d’un esprit faible et borné, chargées de péchés, agitées par des passions de toute espèce, apprenant toujours et ne pouvant jamais arriver à la connaissance de la vérité. 2Tm:3:13 : Mais les hommes méchants et imposteurs avanceront toujours plus dans le mal, égarant les autres et égarés eux-mêmes. Comment savoir si ces versets décrivent les Témoins de Jéhovah ? Les chefs religieux TJ sont-ils égarés ? Sont-ils cohérents et en accord avec un enseignement biblique fondamental et la parole du Christ lui-même sur l’amour ? « Ta religion devrait avoir une base digne de confiance. Tu ne devrais pas t’appuyer sur des chefs religieux ou des systèmes religieux, mais sur la Parole de Dieu, la Bible. Tu devrais d’abord t’assurer que ta religion concorde avec la Parole de Dieu, si tu veux t’y tenir fermement. Si tu te rends compte que ta religion enseigne quelque chose d’inexact, tu devrais t’en détourner. Mais alors surgît la question : es-tu prêt à soumettre ta religion à un Via Veritas 167 tel examen ? Tu n’as rien à craindre…si tu as la vraie religion ». (La Tour de Garde, 1er juillet 1958, page 289). « L’organisation visible de Jéhovah est vraiment digne de confiance. Elle ne m’a jamais induit en erreur dans quelque domaine que ce soit. » (La Tour de Garde, 1er septembre 1984, page 12). QUE DIT LA BIBLE SUR L’AMOUR ? Matthieu 5 44-45 : Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. LES CHEFS RELIGIEUX TÉMOINS DE JEHOVAH SONT-ILS ÉGARÉS ? « Ils profèrent des mensonges qui sont des blasphèmes et couvrent d’opprobre le Saint nom de Jéhovah. Ne haïrions-nous pas ceux qui haïssent Dieu ? Il nous est impossible d’aimer ces ennemis détestables parce qu’ils sont dignes d’extermination ». (La Tour de Garde, 15 mars 1953, page 91). « Le Seigneur Jésus ne demandait pas d’aimer ceux qui haïssent Dieu…ceux qui haïssent Dieu et son peuple doivent être haïs… ». (La Tour de Garde, 15 mars 1953, page 91). « Ainsi afin de détester ce qui est mauvais, un chrétien doit détester la personne à laquelle le mal est inséparablement lié ». (La Tour de Garde, 15 juillet 1961, page 420, édition américaine). Les délires de haine prônés par la Watchtower seront rectifiés ? « Une nouvelle vue de vérité ne peut jamais contredire une ancienne. Une nouvelle lumière ne supprime jamais une plus ancienne mais la complète ». (La Tour de Garde, février 1881, n°8, page 188, édition américaine). Cohérence ? Une nouvelle vérité ne peut contredire une ancienne mais : en 1961, On doit détester, en 1962 on ne doit pas Haïr... « Les témoins de Jéhovah ne haïssent pas les hommes de ce monde ». (Qualifiés pour le ministère, 1962, page 378). « Les témoins de Jéhovah de notre époque cultivent la même disposition d’esprit, ils aiment leur prochain, même quand celui-ci persécute les vrais chrétiens ». (La Tour de Garde, 15 novembre 1968, page 703). Caramba en 1993, on doit de nouveau Haïr ! Certains apostats prétendent connaître et servir Dieu, mais ils rejettent les exigences ou les enseignements énoncés dans sa Parole. D’autres prétendent croire la Bible, mais ils rejettent l’organisation de Jéhovah et s’efforcent d’entraver son action. Lorsque des individus font délibérément le mal après avoir eu connaissance de ce qui est droit, lorsque le mal s’enracine tellement en eux qu’il en vient à faire partie de leur constitution, les chrétiens doivent les haïr (au sens biblique du terme), car ils se sont inséparablement attachés au mal. La Tour de Garde du 1er octobre 1993 NB (au sens biblique du terme), En 1993, L’organisation est plus fine, ses positions antérieures étaient indéfendables ! Elle permet alors aux anciens d’exploiter le passage biblique le mieux approprié qui permettra de manipuler l’adepte aux circonstances : passage cruel et violent, passage disciplinaire ou effrayant, ou passage de mansuétude et de bonté. L’invitation à Haïr notamment Via Veritas 168 contre les exclus se fait entre 4 yeux ou oralement. Politiquement plus correct que d’être catégorique, par écrit, comme par le passé. En réalité, le fond est sans ambiguïté, il faut Haïr les méchants, les opposants, les vilains apostats, bref : les ennemis ! LA BIBLE ENSEIGNE EXACTEMENT LE CONTRAIRE ! « LA LUMIÈRE VIENT CROISSANT » permet aux Tj d’expliquer toutes leurs erreurs et contradictions avec une mauvaise foi insupportable. En écrivant tout et son contraire on peut faire référence à n’importe quelle explication et faire faire tout et son contraire aux adeptes… Ici pourtant, il est impossible d’invoquer "La lumière vient croissant" tant l’enseignement est aux antipodes du message de Jésus. Les Chefs religieux sont bel et bien totalement à côté de la plaque. Donc : Enseigner de « HAIR » au lieu d’AIMER, c’est bien être « ÉGARÉ », c’est délirer au non de DIEU ! « L’amour désintéressé qui, selon Jésus, devait identifier ses vrais disciples se rencontre exclusivement dans le paradis spirituel, parmi les Témoins de Jéhovah (Jean 13:34, 35) ». la Tour de garde du 15 mars 1986 page 20 Le culot n’occultera pas la réalité et les délires de l’organisation... « La Bible a été écrite pour que l’homme puisse apprendre la vérité. En conséquence, personne au monde n’a le droit d’abuser le peuple en lui enseignant des erreurs au nom du Seigneur ». (Joseph F. Rutherford, Richesses, 1936, page 32). Quand on se trompe à un tel point sur un enseignement fondamental de Jésus, L’AMOUR, et qu’on recommande de DÉTESTER, il convient d’en tirer les conclusions spirituelles plutôt que de se borner à une fuite aveugle qui insulte JEHOVAH ! Mais alors surgît la question : es-tu prêt à soumettre ta religion à un tel examen ? Tu n’as rien à craindre…si tu as la vraie religion » / La Tour de Garde, 1er juillet 1958, page 289). Merci à C. Piette, J. Luc. Le Centre du Monde Par Lucretius Salvador Dali, inspiré par sa visite du 27 août 1965, déclara que la façade de la gare de Perpignan était le « centre cosmique du monde » , « ...j’ai eu à la gare de Perpignan une espèce d’extase cosmogonique plus forte que les précédentes. J’ai eu une vision exacte de la constitution de l’univers. (...) L’arrivée à la gare de Perpignan est l’occasion d’une véritable éjaculation mentale. »", " Soudain, tout apparut avec la clarté de l’éclair, devant moi se trouvait le centre du monde ". Mais un doute nous étreint : s’il avait tort. Et si le centre du monde n’était pas là où on l’attendait. Voici un premier témoignage qui vaut ce qu’il vaut mais qui a le mérite de nous mettre sur la voie (ferrée ou non). La Tour de Garde, 1/7/1987, p. 31 : “Une nation qui se suffit à elle-même.” En ces termes, le rédacteur en chef d’un Via Veritas 169 quotidien de Brooklyn Heights décrivait la grande famille de plus de 3 500 Témoins qui vivent au siège mondial des Témoins de Jéhovah, soit à Brooklyn, dans l’État de New York, soit à la Ferme de la Société située à quelque 160 kilomètres au nord dans le même État. Sans conteste, les oints de Jéhovah forment une nation spirituelle à ses yeux ! Aujourd’hui, des foules de gens issus de nombreux peuples de ce monde viennent et disent aux membres de cette nation : “Nous irons avec vous, car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous.” — Zacharie 8:23 ; I Pierre 2:9. Comprenez-vous à présent l’enthousiasme que ma femme et moi avons ressenti à la nouvelle de faire définitivement partie de cette grande famille du Béthel ? Sans hésitation, je peux dire que les huit dernières années ont été les plus belles de ma vie de chrétien. Au Béthel, on sent battre le cœur de l’organisation visible de Jéhovah ; là est préparée la nourriture spirituelle qui est envoyée aux quatre coins de la terre ; là, on voit agir l’esprit de Jéhovah qui guide et oriente ceux qui ont à prendre des décisions d’importance ; là enfin, comme nulle part ailleurs, on a sous les yeux preuve sur preuve que Jéhovah bénit l’œuvre de proclamation du Royaume et de rassemblement des disciples. Oui, à cet endroit, Dieu en personne contrôle les affaires du monde. C’est donc bel et bien le centre du monde. D’ailleurs tout dans la Bible va en ce sens selon la théologie jéhoviste. Considérez par exemple les livres de Daniel et de la Révélation et la lecture que les Témoins de Jéhovah en donne. La Tour de Garde, 1/11/1993, p. 10-11, extrait d’un article intitulé "Les Jours prophétiques annoncés par Daniel, et notre foi" : L’ange a dit à Daniel : “Depuis le temps où le sacrifice constant [“le sacrifice continuel”, note (angl.)] aura été supprimé et où aura été mise en place la chose immonde qui cause la désolation, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours.” (Daniel 12:11). Sous la Loi mosaïque, le “sacrifice continuel” était brûlé sur l’autel au temple de Jérusalem. Bien que les chrétiens ne fassent pas de sacrifices d’animaux, on peut dire qu’ils offrent un sacrifice continuel d’ordre spirituel. Paul y a fait allusion lorsqu’il a dit : “Offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui font la déclaration publique pour son nom.” (Hébreux 13:15 ; voir Osée 14:2). Ce sacrifice continuel a été supprimé en juin 1918. Qu’était donc la “chose immonde”, le deuxième aspect à découvrir ? C’était la Société des Nations, derrière laquelle se trouvaient les puissances victorieuses à l’issue de la Première Guerre mondiale. Elle était immonde parce que les chefs de la chrétienté l’avaient mise à la place du Royaume de Dieu et l’avaient présentée comme l’unique espoir de paix des humains. Le projet de la SDN a été proposé en janvier 1919. Si nous comptons 1 290 jours (trois ans et sept mois) à partir de ce moment, nous arrivons en septembre 1922. Que s’est-il passé à cette époque ? Les Étudiants de la Bible avaient repris des forces, ils avaient été libérés de Babylone la Grande et ils étaient prêts à passer à l’offensive (Révélation 18:4). Lors d’une assemblée qui s’est tenue en septembre 1922 à Cedar Point (États-Unis), ils se sont mis à proclamer avec courage les jugements de Dieu sur la chrétienté (Révélation 8:7-12). Les aiguillons des sauterelles ont vraiment commencé à faire mal ! L’article fait référence au livre de la Révélation et aux bols de la colère déversés par Dieu sur ses adversaires (Rév. 8). Morceau choisi de cette réappropriation apocalyptique - Livre La Révélation – le grand dénouement est proche, p. 133-134 : Via Veritas 170 À propos des anges, Jean dit ensuite : “ Et le premier a sonné de la trompette. Et il y a eu de la grêle et du feu mêlé de sang, et cela a été jeté sur la terre ; et le tiers de la terre a été brûlé, et le tiers des arbres a été brûlé, et toute la végétation verte a été brûlée. ” (Révélation 8:7). Ce fléau rappelle la septième plaie d’Égypte, mais que représente-t-il de nos jours ? — Exode 9:24. Dans la Bible, le mot “ terre ” désigne souvent l’humanité (Genèse 11:1 ; Psaume 96:1). Puisque la deuxième plaie s’abat sur la mer, laquelle a aussi un rapport avec l’humanité, “ la terre ” doit désigner la partie apparemment stable de la société humaine édifiée par Satan et vouée à la destruction (2 Pierre 3:7 ; Révélation 21:1). La description de cette plaie révèle que le tiers de la terre, la chrétienté, est desséché par la chaleur ardente de la désapprobation de Jéhovah. Ceux qui, tels des arbres, occupent des positions élevées en son sein, sont brûlés par la proclamation du jugement de condamnation prononcé sur elle par Jéhovah. Quant à ses centaines de millions d’adeptes, s’ils continuent à soutenir sa religion, ils deviennent comme des brins d’herbe desséchés, spirituellement flétris aux yeux de Dieu. — Voir Psaume 37:1, 2. De quelle façon ce message de condamnation est-il proclamé ? D’une manière générale, il ne l’a pas été par les médias, qui font partie du monde et critiquent souvent l’“ esclave ” de Dieu (Matthieu 24:45). Par contre, ce message a été proclamé d’une façon remarquable par les serviteurs de Dieu lors du deuxième rassemblement marquant qu’ils ont tenu à Cedar Point (États-Unis), le 10 septembre 1922. Ce jour-là, ils ont adopté unanimement et avec enthousiasme une résolution intitulée “ Un appel aux conducteurs des nations ! ” S’adressant sans détour à la terre symbolique, cette résolution disait : “ Nous pensons donc que toutes les nations de la terre, les gouverneurs et conducteurs, tous les ecclésiastiques de toutes les églises du monde et tous ceux qui les soutiennent, les grands industriels et les grands hommes politiques, devraient faire valoir leurs preuves justifiant la position qu’ils ont prise dans leurs prétentions de pouvoir ramener la paix, la prospérité sur la terre et rendre le bonheur au peuple. Dans le cas contraire, nous les prions de prêter l’oreille au témoignage que nous rendons comme ambassadeurs du Seigneur et de dire si ce que nous avançons est véritable ou non. ” Quel message fracassant en effet ! J’en tremble encore. Les 1260 et 1335 jours de la prophétie de Daniel subissent le même sort. Notez bien qu’ici les jours restent des jours et ne deviennent pas des années comme dans l’explication jéhoviste des sept temps des Gentils ( Dan 4 - sept temps deviennent magiquement 2520 ans). Songez un peu à la validité des explications et applications bibliques. Un ange glorieux apparaît au prophète Daniel, et après lui avoir indiqué par des visions effrayantes (une statue colossale, des bêtes effroyables) la marche des nations sur plusieurs siècles voici qu’il l’entretient de périodes et dates essentielles au peuple élu. Bien entendu, gens de peu de foi que nous sommes, il ne peut s’agir que d’assemblées d’Etudiants de la Bible ayant réuni au maximum dix mille personnes intéressées, comme si le monde entier avait tremblé ou s’était ému des discours prononcés à cette occasion, comme si les résolutions adoptées avaient eu une portée supra-nationale. Ridicule. Or, ces années d’assemblées ne sont même pas celles dont se souviennent les Témoins de Jéhovah actuels. Ils ont bien en mémoire 1931 – date de l’adoption du nom de Témoins de Jéhovah – et 1935 – date de l’apparition officielle d’une classe terrestre de témoins. Mais les assemblées des années 20, comme celles qui se succèdent après après année, n’ont laissé aucun souvenir digne d’intérêt. C’est vous dire la validité des explications données et le sérieux de ceux qui les ont émises pour la Via Veritas 171 première fois. Ils croyaient naïvement faire l’histoire dans un élan mégalomaniaque rare. On y est bien. Les Témoins de Jéhovah croient que le centre du monde est à Brooklyn, dans les bâtiments occupés par le Collège Central, que tout ce qui arrive à ce petit groupe d’exaltés a forcément une résonance prophétique. Livre Les nations sauront que je suis Jéhovah, p. 359-360 : Les fidèles membres du reste de l’Israël spirituel habitent, figurément parlant, dans leur pays ou domaine spirituel, “au centre [hébreu, nombril] de la terre”. (Ézéchiel 38:12.) Ils adoptent une position de neutralité chrétienne à l’égard de tous les conflits politiques et militaires des nations qui les entourent. Ils constituent le point de mire, la cible principale de l’inimitié de Gog. Jusqu’à la fin, ils seront des ambassadeurs et envoyés fidèles du Royaume établi de Dieu et du Christ (II Corinthiens 5:20). Lorsque toutes les autres religions auront été détruites autour d’eux, ils resteront debout, les seuls adorateurs invaincus, les seuls pratiquants de la vraie religion de Dieu. Rien que ça. Pour sûr, pour se croire le nombril du monde ils se posent un peu là. Finalement je préfère la version de Dali, elle est moins pédante, prétentieuse, élitiste et dangereuse. Vive la gare de Perpignan ! Parasites et par Jéhovah ? clergé n. m. Ensemble des ecclésiastiques attachés à une paroisse, à une ville, à un pays, à une Église. Les Témoins de Jéhovah refusent le clivage clergé/laïc63. Tous sont frères et tous sont des ministres ordonnés de Dieu. Tous sont des prédicateurs du Royaume de Dieu. La notion de clergé rémunéré est donc étranger à leur culture et les rendraient de fait trop proches 63 (La Tour de Garde15/11/2000 p. 15-16 § 1-4) Au 1er siècle de notre ère, prêcher la bonne nouvelle était la responsabilité de tous les chrétiens. Tous étaient oints, tous étaient ministres de la nouvelle alliance. Certains avaient également à faire à l’intérieur de la congrégation, pour enseigner par exemple (1 Corinthiens 12:27-29 ; Éphésiens 4:11) ; d’autres assumaient de lourdes obligations familiales (Colossiens 3:18-21) ; mais tous participaient à la prédication, activité élémentaire et capitale. Dans le grec original des Écritures chrétiennes, cette responsabilité était une diakonia, c’est-à-dire un service, un ministère. - Colossiens 4:17. Avec le temps, les choses changèrent. Une classe fit son apparition, qui s’appropria le privilège de prêcher (Actes 20:30). Ce clergé, comme on l’a appelé, ne constituait plus qu’une petite minorité parmi les “ chrétiens ”, les autres étant désormais des laïcs. Bien que le laïc ait, lui enseigne-t-on, certains devoirs (celui notamment de faire des dons pour entretenir le clergé), force est de constater qu’en matière de prédication il n’est souvent guère plus qu’un auditeur passif. (…) Si dans les Églises de la chrétienté le privilège d’être ministre est donc considérablement restreint, tel n’est pas le cas chez les Témoins de Jéhovah. Pourquoi ? Parce que les choses ne se passaient pas ainsi dans la congrégation chrétienne du Ier siècle. Via Veritas 172 des Églises chrétiennes traditionnelles. Paul d’après une gravure du XIXe siècle /Source : Perry-Castaneda Collection, Library of Texas University at Austin L’exemple fameux de l’apôtre Paul, ardent prédicateur et enseignant, missionnaire intrépide, travailleur infatigable apparaît à leurs yeux admiratifs le parangon du ministre complet, le modèle parfait à imiter consciencieusement. Ne dit-il pas de lui même dans un élan de modestie : (1 Corinthiens 11:1) Devenez mes imitateurs, tout comme moi je le suis de Christ. Montrant le danger pour les chrétiens de se voir exploités par d’autres pour motif religieux, la Tour de Garde rappelle avec raison : (La Tour de Garde du 1er janvier 2005 p. 22-23) Des imposteurs et d’autres individus ont dû essayer de profiter de la gentillesse des vrais chrétiens. Un document extra-canonique du christianisme primitif connu comme La Didachè ou l’enseignement des douze apôtres recommande qu’un prédicateur itinérant reçu chez d’autres chrétiens ‘ ne reste qu’un jour, deux s’il en est besoin ’. Après quoi, lorsqu’il part, qu’il “ ne prenne rien, sinon le pain suffisant [...] ; s’il demande de l’argent, c’est un faux prophète ”. Le document dit encore : “ S’il veut, ayant un métier, se fixer parmi vous, qu’il travaille et qu’il mange ; s’il n’a pas de métier, veillez selon votre intelligence à ce qu’un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire. Mais, s’il ne veut pas agir ainsi, c’est un trafiquant du Christ ; tenez-vous en garde contre de telles gens. ” L’apôtre Paul faisait attention de n’imposer aucun fardeau coûteux à ses hôtes durant ses longs séjours dans certaines villes. Afin de pourvoir à ses besoins, il confectionnait des tentes (Actes 18:1-3 ; 2 Thessaloniciens 3:7-12). N’allant pas jusqu’au bout de cette logique édifiante que pense donc la Watchtower des dispositions prises pour que des enseignants itinérants64 visitant les congrégations soient intégralement et en permanence à la charge financière des congrégations ? En effet, rejetant l’exemple de Paul, ces prédicateurs professionnels n’exercent aucun métier et vivent aux dépens de leurs coreligionnaires en toute impunité et avec la bénédiction du groupuscule enseignant de Brooklyn, qui lui aussi n’exerce aucun métier et pour la plupart de ses membres n’ont jamais exercé aucune activité lucrative de toute leur vie. Mais la Watchtower a besoin de cette petite armée de représentants itinérants ; c’est elle qui assure le contrôle absolu sur les congrégations. Les simples courriers adressés aux congrégations n’auraient pas le même poids, n’exerceraient pas la même pression instrumentalisée qu’une présence diligente et effective. Est-ce bien cohérent scripturairement parlant ? Ne constatons-nous pas ici un clergé, un ensemble d’ecclésiastiques, digne de ce nom ? De ce même clergé que dénonçait sans tendresse Jean Meslier . 64 (Les Témoins de Jéhovah - Unis p. 20) - Aujourd’hui, les congrégations des Témoins de Jéhovah reçoivent, elles aussi, des bienfaits de la visite des surveillants itinérants. Ces hommes ont des années d’expérience dans l’activité de prédication et comme surveillants. Ils se sont libérés de leur travail profane et de leurs responsabilités familiales afin de se donner au ministère à plein temps. S’ils sont mariés, leur femme participe généralement avec eux au ministère à plein temps. Via Veritas 173 N’est-ce pas la misère que cette quantité prodigieuse d’ecclésiastiques et de prêtres inutiles, d’abbés, de prieurs et de chanoines, de moines et de moinesses, qui ne sont d’aucune nécessité ? Quels services rendent-ils au public ? Aucun. (...) "Un clou est utile et nécessaire, on ne saurait s’en passer en nombre de choses, mais toutes les prières, toutes les oraisons et toutes les messes ne sont utiles qu’à faire venir de l’argent à ceux qui les disent. Un seul coup de hoyau qu’un pauvre manouvrier donne en terre pour la cultiver est utile et sert à faire venir du grain pour nourrir l’homme. Un bon laboureur en fait venir avec sa charrue plus qu’il ne lui en faut pour vivre ; mais tous les prêtres ensemble ne sauraient avec toutes leurs prières et tous leurs prétendus saints sacrifices de messes, contribuer à la production d’un seul grain." Tous ces hommes qui vivent sur le dos des autres ne méritent qu’un seul qualificatif : parasites. parasite n. m. et adj. I. n. m. Personne qui vit aux dépens d’autrui. Ouvrez donc les yeux et demandez-vous si la disposition qui consiste à imposer sur les congrégations la charge financière65 de tous ces prédicateurs itinérants est non seulement biblique mais conforme à la pratique des premières congrégations chrétiennes. Sans conteste, ces fardeaux financiers sont bel et bien parasites et par Jéhovah. Pauvre Job ! Par Winston Wesson Non seulement, il s’est retrouvé au milieu d’une controverse entre YHWH et l’Adversaire, avec les conséquences que l’on sait, mais, en plus, même ceux qui se réclament de son exemple n’écoutent pas ce qu’il a à dire. C’est pourtant instructif. Le livre de Job fait partie des plus difficiles à aborder, dès que l’on sort de ses prologue et épilogue - écrits en prose, et probablement plus tardifs que le corps du livre. Lecture ardue en général, mais qui le devient sans doute plus encore quand on s’essaie à la Traduction du Monde Nouveau et son style littéraire très...personnel66. C’est pourtant la TMN que je citerai dans cet article, pour ne pas me faire accuser de jouer sur les ambiguïtés de traduction (fort nombreuses dans le livre de Job, m’a-t-on dit). Qu’il y ait des ambiguïtés est un chose. Mais enfin ! Est-ce une raison suffisante pour faire dire à ce malheureux Job l’exact contraire de ce qu’il proclame dans son discours ? Ce que disent les Témoins de Jéhovah : Les Témoins de Jéhovah se fantasment comme les héritiers d’une longue lignée de serviteurs justes 65 Au cours de l’année 2005, les Témoins de Jéhovah ont dépensé plus de 104 000 000 $ (soit plus de de 81 800 000 €) pour permettre aux pionniers spéciaux, aux missionnaires et aux surveillants itinérants d’accomplir leur ministère. - Extrait de l’annuaire des Témoins de Jéhovah 2006. On remarquera que c’est d’ailleurs le seul élément financier qui soit communiqué au plan international. 66 Magnifique exemple de ce style en 31,33, où le "sein", la "poche", le "giron" de Job devient "la poche de [sa] chemise"... Via Veritas 174 et pieux, qu’ils font remonter à Abel - qui serait donc, d’une certaine façon, "le premier Témoin de Jéhovah". Évidemment, vu leur obsession pour "l’unité de croyances", il ne serait pas question d’admettre dans leur "corporation multi-millénaire" des personnes qui ont professé autre chose que leur dogme à eux. À la limite peut-on tolérer qu’ils aient mal compris un détail, qu’ils n’avaient pas encore toute la "connaissance", ne possédant pas l’intégralité de la "vérité biblique", d’accord...MAIS, sur l’essentiel, ils étaient tous tenus de croire la même chose que les Témoins de Jéhovah : il ne peut en être autrement67 ! C’est ce schéma qui préside à leur lecture de la croyance des fidèles du passé en la résurrection. Il faut que la Bible n’enseigne que la résurrection telle qu’elle est définie par le dogme jéhoviste : on va donc ré-interpréter en ce sens tout ce qui y fait allusion, dans le corpus biblique (alors qu’un chrétien devrait faire l’inverse, selon la propre idée que s’en font les Témoins de Jéhovah). Pour mémoire voici ce que disait le livre "Vivre éternellement" (le fameux livre rouge) : LES serviteurs de Dieu ont toujours cru à la résurrection. Voici ce que la Bible dit d’Abraham, qui vécut 2 000 ans avant la naissance humaine de Jésus : “Il estima que Dieu pouvait le relever [son fils Isaac] d’entre les morts.” (Hébreux 11:17-19). Plus tard, Job demanda : “Si un homme valide meurt, peut-il revivre ?” Répondant lui-même à sa question, Job dit à Dieu : “Tu appelleras, et, moi, je te répondrai.” Ainsi, il montra qu’il croyait à la résurrection. — Job 14:14, 1568. Dans le même ordre d’idée, l’encyclopédie jéhoviste "Étude perspicace" déclare, à l’entrée "Résurrection" (vol.II, p.781) : Job exprima une foi semblable [en la résurrection] lorsqu’il dit, alors qu’il souffrait intensément : “ Ah ! si tu me cachais dans le shéol, [...] si tu me fixais un délai, pour te souvenir de moi ! Si un homme robuste meurt, peut-il revivre ? [...] Tu appelleras, et moi je te répondrai. Tu languiras après l’œuvre de tes mains. ” — Jb 14:13-15. Ce qu’on lit dans le livre de Job On comprendra bien pourquoi les rédacteurs des ouvrages ci-dessus ont préféré ne pas citer, à propos de l’espérance de Job, d’autres versets, qui semblent pourtant très clairs sur la conviction du personnage au sujet de la résurrection ; Tel Job 7,7-10 : Rappelle-toi que ma vie est du vent, que mon œil ne reverra pas le bien. L’œil de celui qui me voit ne m’apercevra plus ; tes yeux seront sur moi, mais je ne serai plus. Oui, le nuage s’évanouit et s’en va, ainsi celui qui descend au shéol ne remontera pas. Il ne reviendra plus à sa maison, et son lieu ne le reconnaîtra plus. 67 Évidemment, l’histoire récente des Témoins de Jéhovah montre de façon magistrale que, même sans parler de croyances millénaires, ils ne croient pas les mêmes choses à quelques décennies de distance. Mais c’est un autre problème... 68 Au passage, on notera que nulle part dans la Genèse, Abraham ne fait la moindre mention de sa foi dans le pouvoir de Dieu de ressusciter son fils. Cette idée n’apparait que dans la lettre aux Hébreux et est donc déjà une relecture chrétienne de cet épisode. Via Veritas 175 ou 10,20-23 : Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre ? Qu’il cesse, qu’il détourne de moi son regard pour que je me déride un peu avant que je m’en aille — et je ne reviendrai pas — au pays des ténèbres et de l’ombre profonde, au pays d’une noirceur comme l’obscurité, de l’ombre profonde et du désordre, où cela ne brille pas plus que [ne brille] l’obscurité. ou encore 16,22 : Car peu nombreuses sont les années à venir, et par le sentier d’où je ne reviendrai pas je m’en irai. Ah ! Oui, mais non... Évidemment les Témoins de Jéhovah étant des lecteurs assidus de la Bible, ils n’ignorent pas ces versets. Il leur faut donc à tout prix trouver une "parade" à ces versets, qui disent explicitement le contraire de ce qu’ils prêchent, les "neutraliser". On trouve la "parade" jéhoviste à ces versets dans la Tour de Garde du 15 mars 2006, à la page 14 : Ces déclarations indiquent-elles que Job ne croyait pas en la résurrection ? Dans ces passages, Job évoque son avenir immédiat. Que voulait-il dire au juste ? Une explication possible est que, s’il venait à mourir, ses contemporains ne le verraient plus. Ils ne s’attendraient d’ailleurs pas à ce qu’il revienne à sa maison. Job a également pu vouloir dire que personne ne peut revenir du shéol de lui-même. Le texte de Job 14:13-15 indique clairement qu’il croyait à une résurrection future. Peut-être peut-on percevoir une petite gêne à interpréter aussi grossièrement un discours qui est pourtant sans trop d’ambigüité. Il n’est question, ici, que de "possibilités", ’"il a pu vouloir dire...". Ce qui est formidable avec ce genre d’exégèse, c’est que Job "a pu vouloir dire" à peu près tout ce que l’on décide qu’il a voulu dire. Il faut être particulièrement naïf pour croire qu’on a définitivement levé la difficulté, et que le problème ne tenait en fait qu’à ce que Job "aurait pu vouloir dire". Le problème tient à ce qu’il dit effectivement dans le texte qui nous est parvenu ! Et ce qu’il dit, c’est que celui qui descend au Schéol ne reviendra pas ! Mais le chapitre 14, alors ? Nous l’avons vu, les exégètes de la Watchtower "éclairent" les versets qui sont en parfaite contradiction avec leur doxa par les versets 13 à 15 du chapitre 14, qui, pour reprendre les mots de Via Veritas 176 la Tour de Garde, "indique clairement que Job croyait à une résurrection future69". Mais que dit précisément Job, dans ces versets qui restent pour la Watchtower la preuve "incontestable" de sa foi en la résurrection, que Job "indique clairement" ? Eh bien lisons la citation dans son contexte, et nous verrons que ce qui est censé être "clairement indiqué" est, c’est le moins qu’on puisse dire, sujet à caution. À partir du verset 7 : Car il existe un espoir même pour un arbre. Si on le coupe, il bourgeonnera encore, et sa jeune pousse ne disparaîtra pas. Si sa racine vieillit dans la terre et si sa souche meurt dans la poussière, à l’odeur de l’eau, il bourgeonnera, oui il produira une branche comme une plante nouvelle. Mais l’homme robuste meurt, et il reste étendu là, vaincu ; l’homme tiré du sol expire, et où est-il ? Oui, les eaux disparaissent de la mer, et le fleuve tarit et se dessèche. L’homme aussi doit se coucher et il ne se lève pas. Jusqu’à ce que le ciel ne soit plus, ils ne s’éveilleront pas, ils ne seront pas non plus réveillés de leur sommeil. Jusqu’ici Job reste exactement sur la même idée : contrairement aux arbres qui peuvent repousser, l’homme qui meurt est sans espérance. Ça commence mal pour ce qui est de l’exégèse jéhoviste. En ayant ces dernières paroles de Job à l’esprit, replaçons maintenant le "passage-clé" cité par la WatchTower comme preuve de l’espérance de Job : Ah ! si tu me cachais dans le shéol, si tu me tenais dissimulé jusqu’à ce que s’en retourne ta colère, si tu me fixais un délai, pour te souvenir de moi. Si un homme robuste meurt, peut-il revivre ? Tous les jours de ma corvée, j’attendrai, jusqu’à ce que vienne ma relève. Tu appelleras, et moi je te répondrai. Tu languiras après l’œuvre de tes mains. Car maintenant tu continues à compter mes pas, tu n’épies que mon péché. Scellée dans un sac est ma révolte, et tu mets de la colle sur ma faute. 69 Pourquoi est-ce le chapitre 14 qui éclairent les autres, et pas l’inverse ? Ça obéit à la logique jéhoviste : "nous interprétons, et nous vous disons qui éclaire quoi ; et on ne discute pas, c’est comme ça." Via Veritas 177 Voilà ! Les versets en question sont une parenthèse dans le texte, sous la forme d’un "Ah ! si seulement ça pouvait être comme ça..." D’ailleurs, des traductions modernes, comme la Nouvelle Bible Segond, mettent ce passage au conditionnel, en Français : "Si l’homme, une fois mort, pouvait revivre, tous les jours de mon service, j’attendrais(...) Tu appellerais alors, et moi je te répondrais..." Ce qui est, somme toute, parfaitement "logique" quand la proposition principale est introduite par un "si" (Petit Gibus chapitre 1, verset 1 : "si j’aurais su, j’aurais pas venu !"). Reprenons donc notre lecture, une fois que Job referme cette parenthèse dans son argumentation : Cependant une montagne qui tombe dépérira, et même un rocher sera transporté hors de sa place. Oui, l’eau use même les pierres ; son flux entraîne la poussière de la terre. Ainsi as-tu détruit l’espoir du mortel. Tu le terrasses pour toujours, si bien qu’il s’en va, tu défigures sa face, si bien que tu le congédies. "Ah si seulement tu pouvais....mais malheureusement non !" Voilà exactement ce qu’on peut lire dans le chapitre 14 de Job, dans ces versets qui sont censés "indiquer clairement" la croyance de Job et éclairer tous les autres. De façon très étrange, les rédacteurs de la Watchtower n’ont pas l’air de considérer que ce passage ait besoin d’être "éclairé" par les versets qui le précédent et le suivent immédiatement70. Les versets 13 à 15, cités par la Watchtower, ne tombent pas comme un chien dans un jeu de quilles. Ils apparaissent dans une argumentation, dont ils en font partie intégrante, et ne peuvent être lu "tout seuls", isolés de la démonstration dans laquelle ils s’insèrent, sans trahir purement et simplement le propos qu’on prétend analyser. Voilà comment, pour la seule raison qu’on déclare un texte "sacré" et "vérité intouchable", et qu’il faut donc, quel que soit ce qui est effectivement écrit, que l’on sache lui donner une "cohérence", on finit par devenir des "professionnels" du tarabiscotage des mots. Trahir le texte, c’est un vrai job ! 70 On peut toutefois préciser que les discours de Job laissent tout de même la place à une foi de la part de Job en son rétablissement futur. On peut par exemple l’y lire en 16,18-22 ou 19,23-27. On a vu se dessiner ici la foi en la résurrection. Mais si nous avons là affaire à une foi qui dessine peut-être les contours de l’espérance en la résurrection, elle n’y est au mieux qu’en "gestation", Car ce n’est pas le propos de Job (dans le contexte), et c’est seulement dans le cadre d’une relecture "canonique" qu’on pourra la trouver. Pour illustrer, on peut tout aussi bien dire que les travaux de Galilée et de Newton ont ouvert la voie à la théorie de la relativité générale...mais ce n’est qu’après Einstein qu’on pourra le dire. Newton et Galilée, eux, ne le savaient absolument pas ! Via Veritas 178 Quand la fin n’en finit pas de finir... Par Fantasio, Popper, Lucretius. L’attente de l’accomplissement prophétique est interminable. La tentation est grande de lui donner un coup d’accélérateur. Démonstration. Sources : Le pertinent blog de Heidi, alias Virushead, ancienne TJ américaine James Rayford, ancien du Béthel de Brooklyn, a donné au mois de janvier 2007 un discours lors d’une assemblée spéciale à Houston (Texas). Le titre de son exposé était « Be Intensely Occupied With God’s Inspired Word » - Soyez intensément occupé avec la Parole inspirée de Dieu. En voici une transcription partielle en anglais et une traduction française. • Im going to put these notes down here for a minute and just say something to you. Je vais mettre mes notes de côté quelques instants et juste vous dire quelque chose. • I’d like for you to listen to this very carefully… Je voudrais que vous prêtiez une attention particulière à ceci. • For those of us at Bethel we have the privilege of working with the faithful and discreet slave - the governing body - and I would like for you to know how the governing body - the faithful slave - feels about the way things are right now in this system of things, the time period in which you are living. Ceux qui sont au Béthel ont le privilège de travailler avec l’esclave fidèle et avisé – le Collège Central – et je voudrais vous faire savoir comment le Collège Central – l’esclave fidèle – ressent les choses qui se profilent devant nous dans ce système de choses, la période de temps que nous vivons. • The faithful slave feels that that have fulfilled Matthew 24:1471 . This good news has been preached in all the inhabited earth for a witness. Le Collège central a le sentiment que Matthieu 24:14 est accompli. Cette bonne nouvelle a été prêchée dans toute la terre habitée comme témoignage. • What does the next part of that text say, after ? Qu’est ce que la suite du texte dit ? (un couple marmonne dans l’auditoire) • Yes. The end will come. 71 (Matthieu 24:14 - TMN) Et cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations ; et alors viendra la fin. Via Veritas 179 Oui. La fin doit venir. • Do you know that there are only three countries in the entire world where there are no Witnesses today ? Connaissez-vous les trois seuls pays dans le monde entier où il n’y a aucun Témoin aujourd’hui ? • Only three countries. They are Somalia, North Korea, and Afghanistan. That doesn’t mean that the literature is not in those countries, there’s no Witnesses there. Seulement trois pays. Ce sont la Somalie, la Corée du Nord et l’Afghanistan. Cela ne signifie pas qu’il n’y a aucune publication dans ces pays, il n’y a pas de témoin. • And I mentioned this yesterday to some of the friends, and they wanted to know why, and I will tell you why. Jehovah does not send his people to any environment where they will be killed. Et comme je le mentionnais hier à certains de mes amis, et ils voulaient savoir pourquoi, je vais vous en donner la raison. Jéhovah n’envoie pas son peuple dans un environnement où il peut être tué. • That’s why there’s no Witnesses there. Those two (sic) countries bear community responsibility. But the good news of the kingdom has been preached. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas de témoin là-bas. Ces deux (sic) pays portent une responsabilité collective. Mais la bonne nouvelle du Royaume a été prêchée. • Matthew 24. Luke 21. Mark 13. Revelation 6. Those scriptures are having their fulfillment. They’re being fulfilled. Matthieu 24, Luc 21, Marc 13, Révélation 6. Ces écritures ont trouvé leur accomplissement. Elles ont été accomplies. • So where are you in the stream of bible prophecy ? Aussi où en êtes-vous dans le cours de la prophétie ? • What is the next prophecy to be fulfilled - the next one ? Quelle est la prochaine prophétie qui doit être accomplie – la suivante ? • Do you know ? Le savez-vous ? (silence) • I’m going to read it to you. Turn to Revelation. Revelation 17. Verses 15 through 17. Je m’en vais vous le lire. Prenez la Révélation, Révélation 17. Versets 15 à 17. • And he says to me, the waters you saw where the Harlot is sitting means people and crowds and nations and tongues. The ten horns that you saw and the wild beast, these will hate the harlot and will make her devastated and naked and will eat up her fleshly parts and will completely burn her with fire, for God put it into their hearts to carry out His thoughts - or His thought, even to carry out their one thought - by giving their kingdom to the wild beast until the words of God will have been accomplished. Révélation 17:15-17 : Et il me dit : « Les eaux que tu as vues, là où est assise la prostituée, représentent des peuples, et des foules, et des nations, et des langues. Et les dix cornes que tu as vues, et la bête sauvage, celles-ci haïront la prostituée et la Via Veritas 180 rendront dévastée et nue, et mangeront ses chairs et la brûleront complètement par le feu. Car Dieu leur a mis au cœur d’exécuter sa pensée, oui d’exécuter [leur] seule pensée en donnant leur royaume à la bête sauvage, jusqu’à ce que les paroles de Dieu se soient accomplies. » • The words of God will have been accomplished. Les paroles de Dieu seront accomplies. • The anointed - the faithful slave - is waiting for God with this one thought in their hearts. Les oints- l’esclave fidèle – attendent que Dieu mette cette pensée principale dans leurs coeurs. • That’s the next bible prophecy to be fulfilled. For those who know what that means, that triggers the Great Tribulation. C’est la prochaine prophétie biblique qui doit être accomplie. Pour ceux qui comprennent ce que cela signifie, cela déclenchera la Grande Tribulation. • Once that starts, all of you will be locked into where you are now. Une fois que cela aura commencé, chacun d’entre vous sera enfermé dans la position dans laquelle il se trouve maintenant. • Whatever you’ve done, you’ve done. There won’t be any more “well, you know I could have, I thought of, that I might do this, if I had the time.” Tout ce que vous aurez fait, ce sera fait. Il n’y aura plus de “et bien, tu sais je pourrais peutêtre, je songeais à faire, ça je devrais le faire si j’avais le temps...””. • This is the time. C’est le temps. • What will you going to, what will you do about the time in which you, we, are living ? Que ferez-vous, que ferez-vous durant le temps pendant lequel vous, nous, vivons ? • Be at it urge..urgently. Be quick about it. Faites le instamment,... avec urgence. Faites le rapidement. • The time left is reduced. Le temps qui reste est écourté. Quelle intensité dramatique ! A entendre, même en anglais, c’est encore plus solennel, intime, l’orateur vous livre une confidence qui vous sauvera la vie. La voix est, comme le note Virushead, séduisante et douce, mais aussi quelque peu effrayante. Le public, Témoins de Jéhovah bon teint, ressent l’impression d’être privilégié, dans un même mouvement, il éprouve inquiétude et sent sa conviction renforcée. Comme le souligne Virushead, c’est la parfaite méthode pour un contrôle des esprits72. Et ce n’est pas n’importe qui qui parle ici. C’est un « initié ». Et que nous dit-il ? « Faites vite ! vos jours sont comptés ! » Mais il le fait à la manière, signale encore Virushead, d’un manager qui motive ses troupes de vendeurs73. 72 Voir en anglais Signes préoccupants d’un culte destructeur . 73 Voir en anglais l’article Les leçons de business des Témoins de Jéhovah, sur le site de la boîte de management Media . Via Veritas 181 Cette fois, ça y est C’est donc — enfin — la fin ultime, c’est accompli, la prédication est achevée. Mais est-ce la première fois que l’esclave fidèle et avisé — le Collège Central74 — sent au tréfonds de lui-même que la fin est proche, très proche et même que Matthieu 24:14 est accompli ? Et non, même pas. La Tour de Garde, du 1er septembre 1995, p. 17, § 17 : « Cependant, cette prédication du Ier siècle n’était qu’un avant-goût de celle qui devait s’effectuer durant les derniers jours. Parlant de l’avenir, de notre époque notamment, Jésus a annoncé : “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations ; et alors viendra la fin.” (Matthieu 24:14 ; Marc 13:10). Cette prophétie s’est-elle réalisée ? Effectivement. Malgré des débuts modestes en 1919, la prédication de la bonne nouvelle est effectuée aujourd’hui dans plus de 230 pays. Des contrées polaires aux pays tropicaux, le témoignage est donné. De vastes continents sont sillonnés et des îles lointaines touchées, afin que leurs habitants reçoivent un témoignage. Même au cœur du chaos, tel que celui provoqué par la guerre de Bosnie-Herzégovine, la bonne nouvelle ne cesse d’être prêchée. Comme au Ier siècle, cette œuvre porte du fruit “dans le monde entier”. La bonne nouvelle est annoncée “dans toute la création qui est sous le ciel”. Avec quel résultat ? Dans un premier temps, le reste de l’Israël de Dieu, issu “de toute tribu, et langue, et peuple, et nation”, a été rassemblé. Puis les millions de personnes composant la “grande foule” ont commencé à être tirées “de toutes nations et tribus et peuples et langues”. (Révélation 5:9 ; 7:9.) Matthieu 24:14 continue de s’accomplir sur une grande échelle. » Et le sentiment d’urgence ? Il a toujours été là, mais à des degrés divers selon les époques. Charles Taze Russel, dans Etudes des Ecritures, édition américaine de 1910 : The deliverance of the saints must take place some time before 1914. La délivrance des saints doit survenir à un moment donné avant 1914. Charles Taze Russel, dans Etudes des Ecritures, édition américaine de 1923 : The deliverance of the saints must take place some time after 1914. La délivrance des saints doit survenir à un moment donné après 1914. C’est évidemment nous qui soulignons. 74 Virushead note par ailleurs l'ambiguïté de l’utilisation des termes « collège central » et « esclave fidèle et avisé » pour désigner dans ce discours une seule et même entité. Elle désigne cette technique comme une technique de répétion de renforcement Pourtant, la doctrine TJ elle-même fait la distinction entre les deux concepts. Les membres du collège central sont bel et bien considérés comme membres des 144 000 oints, mais l’ensemble des membres oints encore vivants (8 758 selon le dernier recensement en 2006 - en augmentation de 2,75% par rapport à 2005) ne font pas partie du collège central. Que se passe-t-il dès lors quand l’un de ces oints quitte voire critique l’organisation ( cf. Crise de Conscience de Ray Franz ) ? Autre ambiguïté, l’emploi d’un terme au singulier pour désigner un concept pluriel (le collège central, l’esclave fidèle et avisé, la grande prostituée, la bête sauvage). Via Veritas 182 Plusieurs conclusions s’imposent • 1. La prophétie de Matthieu 24:14 tourne en boucle. Elle finit, puis reprend, puis refinit. La vision du temps prophétique n’est plus linéaire, elle devient circulaire. Jamais l’esclave fidèle et avisé ne se sentira lié par ce qu’il a pu dire, écrire et enseigner dans le passé. Ce n’est plus de la clairvoyance, c’est de la cacophonie spirituelle qui ne trompera que les novices ou ceux dont la mémoire est volontairement ou non défaillante. • 2. Et puis quelle est-elle, finalement, cette « Bonne Nouvelle » ? Son contenu n’est finalement mentionné nulle part. Pas un mot chez les Témoins de Jéhovah de la grâce, encore moins du pardon des péchés, ni du salut... Les interdits, les restrictions, les mises en garde, ça oui, mais pour ce qui est d’une « bonne » nouvelle, on repassera, à moins de considérer la mort prochaine de la grande majorité de l’humanité comme une idée réjouissante. • 3. En 1995, Jéhovah n’avait pas peur de faire prêcher son peuple dans le chaos de la BosnieHerzégovine. Dix ans plus tôt, c’était au Malawi. Et que dire du courage (indéniable) des Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration nazis ? Et les premiers chrétiens jetés aux lions (si souvent évoqués par les publications de la Watchtower) ? Et Jésus alors ? Aujourd’hui, Dieu est subitement devenu plus économe de la vie de son peuple. Et bien fait pour la Corée du Nord : on ne peut pas avoir la force nucléaire et la bonne nouvelle du Royaume en sus. Quant à la Somalie ou l’Afghanistan c’est bien fait pour eux aussi, mais nous en ignorons la raison spirituelle profonde. • 4. Du moment qu’un Témoin est dans un pays, le pays est considéré comme ayant reçu un témoignage suffisant. Les habitants du Bangladesh apprécieront le caractère badin de l’orateur. Avec un rapport de 1 témoin pour 1 311 997 habitants (Annuaire 2006), ils ont intérêt à avoir une veine de pendu pour entrer en relation avec une infime fraction de la bonne nouvelle. Dommage que les chiffres concernant la Chine (un sixième de notre planète) ne soient pas connus. Et donc, peu importe le nombre de personnes qui, dans le monde, choisiront de suivre le message des Témoins de Jéhovah. Ce qui compte, c’est que la bonne conscience des prédicateurs soit satisfaite via la diffusion, non pas de la Bible, mais des publications de la Watchtower. • 5. Notez aussi comment l’orateur attire l’attention sur ce qui est fait par les prédicateurs TJ, et pas sur ce qu’ils pensent, ni ce qu’ils croient, ou ce qu’ils sont. Il n’est pas question de la joie, ni de l’amour, ni de vertu, ni de sagesse, ni de prière, ni de foi, ni de compassion, ni de conversion... Il parle d’une seule et unique tâche à accomplir. Le souci de l’autre — la dévotion, à entendre dans un sens plus large — n’entre pas ici en ligne de compte. La question d’une vocation personnelle ne se pose même pas. Ce qu’un TJ doit constamment avoir à l’esprit c’est : « Est-ce que j’emploie un maximum de mon temps à répandre le message ? » Cet emploi du temps serré ne peut en aucun cas être « pollué » par la lecture, les sorties, les cours de musique ou les activités sportives. • 6. Les Témoins de Jéhovah ont l’impression de remplir le monde de leur enseignement biblique. Ils n’ont tout simplement pas conscience d’une dynamique qui les dépasse en taille et en impact. Songez que les Témoins de Jéhovah ne sont que 6,5 millions pour arroser toute la planète, Via Veritas 183 c’est un peu juste pour l’enjeu missionnaire. Et le flot évangélique, ne compte-t-il pour rien ? Fous de Jésus. Les évangéliques à la conquête du monde (propos recueillis par Cécilia Gabizon) Courrier International – 2 au 8 décembre 2004 – (8 pages) Tandis que Georges Bush vient d’être élu grâce aux voix des évangéliques, ceux-ci ne cessent de progresser à travers le monde, sur tous les continents, même en Chine. En 2005, ils seront plus de 700 millions. Ces églises indépendantes, issues du protestantisme et du pentecôtisme, utilisent tous les moyens modernes de communication pour convertir en promettant la richesse et la réussite. Elles sont présentées dans une série d’articles. On connaissait les invasions de criquets, voici maintenant celles des évangéliques se nourrissant de la crédulité des plus fragiles. En Chine, le miracle de la foi fait recette. Ces Eglises chrétiennes clandestines se développent très rapidement (10 000 conversions par jour), portées par l’attrait de l’irrationnel et le vide idéologique. Selon des estimations, les adeptes de religions d’origine protestante seraient entre 60 et 100 millions. Jésus, le meilleur copain des bobos indiens Dans les faubourgs de Bombay, de jeunes indiens « branchés » se réunissent régulièrement pour vivre une relation « purement personnelle » avec le Christ, sans se préoccuper d’une quelconque conversion religieuse. « Au nom de Jésus, gardez Gaza ! » 4000 chrétiens favorables aux idées sionistes sont venus défendre l’extrême droite israélienne en lutte contre Ariel Sharon qui veut se désengager de la bande de Gaza. Les nationalistes juifs et les évangéliques sont contre la contre la création d’un Etat Palestinien. Les évangéliques, par la voix du révérend Pat Robertson, en ont profité pour rappeler « que l’une des conditions au retour de Jésus était que les juifs le reconnaissent comme leur messie », dévoilant ainsi leur véritable vocation de missionnaire. Ils convertissent même les musulmans En promettant bonheur et richesse, les pentecôtistes rencontrent un succès fulgurant au Brésil et en Afrique. Ces églises, de plus en plus nombreuses « viennent rivaliser en Afrique avec les églises chrétiennes traditionnelles et l’islam... ». Face à cette concurrence chrétienne, des mouvements de jeunes musulmans s’inspirent des méthodes pentecôtistes. La rédemption des Khmers rouges De nombreux anciens Khmers rouges, responsables de la mort de près de deux millions de personnes au Cambodge, se sont convertis au christianisme évangélique. Ils espèrent que ce repentir chrétien leur permettra d’amadouer la justice de leur pays. Evangéliser la Corée du Nord Pour diverses organisations sud-coréennes protestantes qui aident des réfugiés nordcoréens, la Corée du Nord représente « une terre de mission pour répandre la bonne parole ». Leur méthode consiste à sélectionner et à former certains de ces réfugiés puis à les réexpédier comme missionnaires en Corée du Nord75. Ils veulent prêcher en Irak, même au prix du martyre 75 Tiens, eux n’ont pas renoncé. Via Veritas 184 Depuis l’exécution d’un otage au mois de juin, la Corée du Sud s’inquiète de voir certains de ses ressortissants pasteurs organiser des missions d’évangélisation en Irak. Le pentecôtisme des familles gagne l’Australie Créé par un pasteur de l’Eglise des Assemblées de Dieu, un nouveau parti, Family First, défend des « valeurs familiales » avec des idées et des méthodes qui ressemblent au fondamentalisme. Il marque le retour de la religion sur la scène politique australienne. • 7. L’orateur ne joue pas sur l’amour de Dieu, il préfère l’angle menaçant : devenez ou redevenez un Témoin actif de peur que vous ne mourriez lors de la Grande Tribulation. La manœuvre doit permettre de faire revenir les égarés et les inactifs à la sainte bergerie. Le sentiment d’urgence largement suggéré doit nécessairement, pour pouvoir traverser le temps, alterner avec des appels à l’endurance. • 8. L’orateur, qui semble-t-il parle avec autorité, affirme qu’il laisse de côté ses notes. C’est l’indice que ce discours ne sera probablement jamais relayé par une Tour de Garde, seule publication qui rend officiel tout nouvel éclair de lumière. Les paroles s’envolent et les écrits restent, quand ils ne sont pas tout bonnement oubliés. Dommage ! Imaginez l’impact d’une telle annonce à un niveau mondial : il y aurait eu immanquablement toute une partie des Témoins de Jéhovah, peut-être un peu plus éclairé que les autres, qui aurait décelé dans ces paroles une bonne raison de cesser complètement l’activité de prédication. • 9. Ce discours est-il une initiative personnelle malheureuse ou un ballon d’essai concerté pour tester la réaction d’un auditoire face à une nouvelle vérité ? Affirmer que Matthieu 24 : 14 est accompli permet d’expliquer à bon compte le marasme de l’expansion théocratique actuelle. Il est loin l’époque exaltante d’une progression à deux chiffres et du sempiternel : « Le petit deviendra un millier et l’infime une nation forte. Moi, Jéhovah, j’accélérerai cela en son temps. » (Isaîe 60 : 22) C’est vraiment à se demander si l’orateur croit vraiment ce qu’il lance à son auditoire, au delà de ses effets de manche. De tels discours auront pris de la valeur dans quelques années, ils seront le témoignage de la bêtise humaine et de la suffisance d’une élite qui se pense en ligne directe avec Dieu. Une seule de ces couvertures de périodiques estampillés Watchtower est vraie. Les autres sont de géniales créations de Danny Haszard. Saurez-vous déceler le vrai du faux ? Par ailleurs, Heidi (Virushead) a apprécié notre translation, elle l’a dit sur son site. Via Veritas 185 Crises récessives de montanite aigüe Par Lucretius L’histoire a retenu la peste ou la tuberculose comme des fléaux qui ont frappé des générations successives. Mais un fléau ne doit pas être passé sous silence. Qu’est-ce que la montanite ? Comme son nom pourrait à tort le faire croire ce mal n’a rien à voir avec la montagne ou l’altitude. D’ailleurs vous n’en trouverez nulle trace dans le Vidal ou dans les revues médicales. Le phénomène n’a jamais été décrit ailleurs que dans nos pages, c’est vous dire. La montanite est un épanchement de montanisme. Le montanisme est un mouvement chrétien hétérodoxe du IIe siècle fondé par le prophète Montanus en Phrygie, région de la Turquie actuelle. Ce mouvement croyait dur comme fer à la venue prochaine, en l’espace de quelques générations, du Messie glorifié et de son règne millénaire. Il prétendait également que le Paraclet, l’Esprit de Vérité, parlait par la bouche de quelques uns. L’historien Ernest Renan dans son livre Marc Aurèle ou la fin du monde antique en son chapitre XIII - Dernière recrudescence de millénarisme et de prophétisme - Les Montanistes - nous livre une image intéressante du mouvement dans ses attentes, ses prétentions et sa dangerosité. Le grand jour, malgré les affirmations de Jésus et des prophètes inspirés de lui, refusait de venir. Le Christ tardait à se montrer ; la piété ardente des premiers jours, qui avait eu pour mobile la croyance à cette prochaine apparition, s’était refroidie chez plusieurs. C’est sur la terre telle qu’elle est, au sein même de cette société romaine, si corrompue, mais si préoccupée de réforme et de progrès, qu’on songeait maintenant à fonder le royaume de Dieu. Les mœurs chrétiennes, du moment qu’elles aspiraient à devenir celles d’une société complète, devaient se relâcher en plusieurs points de leur sévérité primitive. On ne se faisait plus chrétien, comme dans les premiers temps, sous le coup d’une forte impression personnelle ; plusieurs naissaient chrétiens. Le contraste devenait chaque jour moins tranché entre l’église et le monde environnant. Il était inévitable que des rigoristes trouvassent qu’on s’enfonçait dans la fange de la plus dangereuse mondanité, et qu’il s’élevât un parti de piétistes pour combattre la tiédeur générale, pour continuer les dons surnaturels de l’église apostolique, et préparer l’humanité, par un redoublement d’austérités, aux épreuves des derniers jours. Déjà nous avons vu le pieux auteur d’Hermas pleurer sur la décadence de son temps et appeler de ses vœux une réforme qui fît de l’église un couvent de saints et de saintes. Il y avait, en effet, quelque chose de peu conséquent dans l’espèce de quiétude où s’endormait l’église orthodoxe, dans cette morale tranquille à laquelle se réduisait de plus en plus l'œuvre de Jésus. On négligeait les prédictions si précises du fondateur sur la fin du monde présent et sur le règne messianique qui devait venir ensuite. L’apparition prochaine dans les nues était presque oubliée. Le désir du martyre, le goût du célibat, suites d’une telle croyance, s’affaiblissaient. On acceptait des relations avec un monde impur, condamné à bientôt finir ; on pactisait avec la persécution, et l’on cherchait à y échapper à prix d’argent. Il était inévitable que les idées qui avaient formé le fond du christianisme naissant reparussent de temps en Via Veritas 186 temps, au milieu de cet affaissement général, avec ce qu’elles avaient de sévère et d’effrayant. Le fanatisme, que mitigeait le bon sens orthodoxe, faisait des espèces d’éruptions, comme un volcan comprimé. Le plus remarquable de ces retours fort naturels vers l’esprit apostolique fut celui qui se produisit en Phrygie, sous Marc Aurèle. Ce fut quelque chose de tout à fait analogue à ce que nous voyons se passer de notre temps, en Angleterre et en Amérique, chez les irvingiens et les saints des derniers jours. Des esprits simples et exaltés se crurent appelés à renouveler les prodiges de l’inspiration individuelle, en dehors des chaînes déjà lourdes de l’église et de l’épiscopat. Une doctrine depuis longtemps répandue en Asie Mineure, celle d’un Paraclet, qui devait venir compléter l’oeuvre de Jésus, ou, pour mieux dire, reprendre l’enseignement de Jésus, le rétablir dans sa vérité, le purger des altérations que les apôtres et les évêques y avaient introduites, une telle doctrine, dis-je, ouvrait la porte à toutes les innovations. L’église des saints était conçue comme toujours progressive et comme destinée à parcourir des degrés successifs de perfection. Le prophétisme passait pour la chose du monde la plus naturelle. Les sibyllistes, les prophètes de toute origine couraient les rues, et, malgré leurs grossiers artifices, trouvaient créance et accueil. Quelques petites villes des plus tristes cantons de la Phrygie Brûlée, Tymium, Pépuze, dont le site même est inconnu, furent le théâtre de cet enthousiasme tardif. La Phrygie était un des pays de l’Antiquité les plus portés aux rêveries religieuses. Les Phrygiens passaient, en général, pour niais et simples. Le christianisme eut chez eux, dès l’origine, un caractère essentiellement mystique et ascétique. Déjà, dans l’épître aux Colossiens, Paul combat des erreurs où les signes précurseurs du gnosticisme et les excès d’un ascétisme mal entendu semblent se mêler. Presque partout ailleurs, le christianisme fut une religion de grandes villes ; ici, comme dans la Syrie au-delà du Jourdain, ce fut une religion de bourgades et de campagnards. Un certain Montanus, du bourg d’Ardabay, en Mysie, sur les confins de la Phrygie, sut donner à ces pieuses folies un caractère contagieux qu’elles n’avaient pas eu jusque-là. Sans doute l’imitation des prophètes juifs et de ceux qu’avait produits la loi nouvelle, au début de l’âge apostolique, fut l’élément principal de cette renaissance du prophétisme. Il s’y mêla peut-être aussi un élément orgiastique et corybantique, propre au pays, et tout à fait en dehors des habitudes réglées de la prophétie ecclésiastique, déjà assujettie à une tradition. Tout ce monde crédule était de race phrygienne, parlait phrygien. Dans les parties les plus orthodoxes du christianisme, d’ailleurs, le miraculeux passait pour une chose toute simple. La révélation n’était pas close ; elle était la vie de l’église. Les dons spirituels, les charismes apostoliques se continuaient dans beaucoup de communautés ; on les alléguait en preuve de la vérité. On citait Agab, Judas, Silas, les filles de Philippe, Ammias de Philadelphie, Quadratus comme ayant été favorisés de l’esprit prophétique. On admettait même en principe que le charisme prophétique durerait dans l’église par une succession non interrompue jusqu’à la venue du Christ. La croyance au Paraclet, conçu comme une source d’inspiration permanente pour les fidèles, entretenait ces idées. Qui ne voit combien une telle croyance était pleine de danger ? Aussi l’esprit de sagesse qui dirigeait l’église tendait-il à subordonner de plus en plus l’exercice des dons surnaturels à l’autorité du presbytérat. Les évêques s’attribuaient le discernement des esprits, le droit d’approuver les uns, d’exorciser les autres. Cette fois, c’était un prophétisme tout à fait populaire qui s’élevait sans la permission du clergé, et voulait gouverner l’église en dehors de la hiérarchie. La question de l’autorité ecclésiastique et de l’inspiration individuelle, qui remplit toute l’histoire de l’église, surtout depuis le XVIe siècle, se posait dès lors avec netteté. Entre le fidèle et Dieu, y a-t-il ou n’y a-t-il pas un intermédiaire ? Via Veritas 187 Montanus répondait non, sans hésiter. L’homme, disait le Paraclet dans un oracle de Montanus, est la lyre, et moi, je vole comme l’archet ; l’homme dort, et moi, je veille. Montanus justifiait sans doute par quelque supériorité cette prétention d’être l’élu de l’Esprit. Nous croyons volontiers ses adversaires quand ils nous disent que c’était un croyant de fraîche date ; nous admettons même que le désir de primauté ne fut pas étranger à ses singularités. Quant aux débauches et à la fin honteuse qu’on lui attribue, ce sont là les calomnies ordinaires, qui ne manquent jamais sous la plume des écrivains orthodoxes, quand il s’agit de noircir les dissidents. L’admiration qu’il excita en Phrygie fut extraordinaire. Tel de ses disciples prétendait avoir plus appris dans ses livres que dans la Loi, les prophètes et les évangélistes réunis. On croyait qu’il avait reçu la plénitude du Paraclet ; parfois on le prenait pour le Paraclet lui-même, c’est-àdire pour ce Messie, en bien des choses supérieur à Jésus, que les églises d’Asie Mineure croyaient avoir été promis par Jésus lui-même. On alla jusqu’à dire : Le Paraclet a révélé de plus grandes choses par Montanus que le Christ par l’évangile. La Loi et les prophètes furent considérés comme l’enfance de la religion ; l’évangile en fut la jeunesse ; la venue du Paraclet fut censée être le signe de sa maturité. Montanus, comme tous les prophètes de l’alliance nouvelle, était plein de malédictions contre le siècle et contre l’Empire romain. Même le Voyant de 69 était dépassé. Jamais la haine du monde et le désir de voir s’anéantir la société païenne n’avaient été exprimés avec une aussi naïve furie. Le sujet unique des prophéties phrygiennes était le prochain jugement de Dieu, la punition des persécuteurs, la destruction du monde profane, le règne de mille ans et ses délices. Le martyre était recommandé comme la plus haute perfection ; mourir dans son lit passait pour indigne d’un chrétien. Les encratites, condamnant les rapports sexuels, en reconnaissaient au moins l’importance au point de vue de la nature ; Montanus ne prenait même pas la peine d’interdire un acte devenu absolument insignifiant, du moment que l’humanité en était à son dernier soir. La porte se trouvait ainsi ouverte à la débauche, en même temps que fermée aux devoirs les plus doux. (...) La plupart des évêques, Apollinaire d’Hiérapolis, Zotique de Comane, Julien d’Apamée, Miltiade, le célèbre écrivain ecclésiastique, un certain Aurélius de Cyrène, qualifié martyr de son vivant, les deux évêques de Thrace, refusèrent de prendre au sérieux les illuminés de Pépuze. Presque tous déclarèrent la prophétie individuelle subversive de l’église et traitèrent Priscille de possédée. Quelques évêques orthodoxes, en particulier Sotas d’Anchiale et Zotique de Comane, voulurent même l’exorciser ; mais les Phrygiens les en empêchèrent. Quelques notables, d’ailleurs, comme Thémison, Théodote, Alcibiade, Proclus, cédèrent à l’enthousiasme général et se mirent à prophétiser à leur tour. Théodote, surtout, fut comme le chef de la secte après Montanus et son principal zélateur. Quant aux simples gens, ils étaient tous ravis. Les sombres oracles des prophétesses étaient colportés au loin et commentés. Une véritable église se forma autour d’elles. Tous les dons de l’âge apostolique, en particulier la glossolalie et les extases, se renouvelèrent. On se laissait aller trop facilement à ce raisonnement dangereux : Pourquoi ce qui a eu lieu n’aurait-il pas lieu encore ? La génération actuelle n’est pas plus déshéritée que les autres. Le Paraclet, représentant du Christ, n’est-il pas une source éternelle de révélation ? D’innombrables petits livres répandaient au loin ces chimères. Les bonnes gens qui les lisaient trouvaient cela plus beau que la Bible. Les nouveaux exercices leur paraissaient supérieurs aux charismes des apôtres, et plusieurs osaient dire que quelque chose de plus grand que Jésus était apparu. Toute la Phrygie en devint folle à la lettre ; la vie ecclésiastique ordinaire en fut comme suspendue. Via Veritas 188 Une vie de haut ascétisme était la conséquence de cette foi brûlante en la venue prochaine de Dieu sur la terre. Les prières des saints de Phrygie étaient continuelles. Ils y portaient de l’affectation, un air triste et une sorte de bigoterie. Leur habitude d’avoir en priant le bout de l’index appuyé contre le nez, pour se donner l’air contrit, leur valut le sobriquet de nez chevillés (en phrygien, tascodrugites). Jeûnes, austérités, xérophagie rigoureuse, abstinence de vin, réprobation absolue du mariage, telle était la morale que devaient logiquement s’imposer de pieuses gens en retraite dans l’espérance du dernier jour. Même pour la cène, ils ne se servaient, comme certains ébionites, que de pain et d’eau, de fromage, de sel. Les disciplines austères sont toujours contagieuses dans les foules, incapables de haute spiritualité ; car elles rendent le salut certain à bon marché, et elles sont faciles à pratiquer pour les simples, qui n’ont que leur bonne volonté. De toutes parts, ces pratiques se répandirent ; elles pénétrèrent jusque dans les Gaules avec les Asiates, qui remontaient en nombre si considérable la vallée du Rhône ; un des martyrs de Lyon, en 177, s’y montrait attaché jusque dans sa prison, et il fallut le bon sens gaulois ou, comme on crut alors, une révélation directe de Dieu pour l’y faire renoncer. Ce qu’il y avait de plus fâcheux, en effet, dans les excès de zèle de ces ardents ascètes, c’est qu’ils se montraient intraitables contre tous ceux qui ne partageaient pas leurs simagrées. Ils ne parlaient que du relâchement général. Comme les flagellants du Moyen âge, ils trouvaient dans leurs pratiques extérieures un motif de fol orgueil et de révolte contre le clergé. Ils osaient dire que, depuis Jésus, au moins depuis les apôtres, l’église avait perdu son temps, et qu’il ne fallait plus attendre une heure pour sanctifier l’humanité et la préparer au règne messianique. L’église de tout le monde, selon eux, ne valait pas mieux que la société païenne. Il s’agissait de former dans l’église générale une église spirituelle, un noyau de saints, dont Pépuze serait le centre. Ces élus se montraient hautains pour les simples fidèles. Thémison déclarait que l’église catholique avait perdu toute sa gloire et obéissait à Satan. Une église de saints, voilà leur idéal, bien peu différent de celui de pseudo-Hermas. Qui n’est pas saint n’est pas de l’église. L’église, disaient-ils, c’est la totalité des saints, non le nombre des évêques. Rien n’était plus loin, on le voit, de l’idée de catholicité qui tendait à prévaloir et dont l’essence consistait à tenir les portes ouvertes à tous. Les catholiques prenaient l’église telle qu’elle était, avec ses imperfections ; on pouvait, d’après eux, être pécheur sans cesser d’être chrétien. Pour les montanistes, ces deux termes étaient inconciliables. L’église doit être aussi chaste qu’une vierge ; le pécheur en est exclu par son péché même et perd dès lors toute espérance d’y entrer. L’absolution de l’église est sans valeur. Les choses saintes doivent être administrées par les saints. Les évêques n’ont aucun privilège en ce qui concerne les dons spirituels. Seuls, les prophètes, organes de l’Esprit, peuvent assurer que Dieu pardonne. Grâce aux manifestations extraordinaires d’un piétisme extérieur et peu discret, Pépuze et Tymium devenaient, en effet, des espèces de villes saintes. On les appelait Jérusalem et les sectaires voulaient qu’elles fussent le centre du monde. On y venait de toutes parts, et plusieurs soutenaient que, conformément à la prédiction de Priscille, la Sion idéale s’y créait déjà. L’extase n’était-elle pas la réalisation provisoire du royaume de Dieu, commencé par Jésus ? Les femmes quittaient leur mari comme à la fin de l’humanité. Chaque jour, on croyait voir les nuées s’ouvrir et la nouvelle Jérusalem se dessiner sur l’azur du ciel. Les orthodoxes, et surtout le clergé, cherchaient naturellement à prouver que l’attrait qui attachait ces puritains aux choses éternelles ne les détachait pas tout à fait de la terre. La Via Veritas 189 secte avait une caisse centrale de propagande. Des quêteurs allaient de tous les côtés provoquer les offrandes. Les prédicateurs touchaient un salaire ; les prophétesses, en retour des séances qu’elles donnaient ou des audiences qu’elles accordaient, recevaient de l’argent, des habits, des cadeaux précieux. On voit quelle prise cela donnait contre les prétendus saints. Ils avaient leurs confesseurs et leurs martyrs, et c’était ce qui attristait le plus les orthodoxes ; car ceux-ci eussent voulu que le martyre fût le critérium de la vraie église. Aussi n’épargnait-on pas les médisances pour diminuer le mérite de ces martyrs sectaires. Thémison, ayant été arrêté, échappa, disait-on, aux poursuites à prix d’argent. Un certain Alexandre fut aussi emprisonné ; les orthodoxes n’eurent de repos que quand ils l’eurent présenté comme un voleur qui méritait parfaitement son sort et avait un dossier judiciaire dans les archives de la province d’Asie. Le mouvement mis plusieurs siècles à disparaitre complètement. Mais à bien y réfléchir : cette éradication a-t-elle été définitive ? Différentes caractéristiques comme les symptômes d’une maladie sont évidentes. Cette attente millénariste exaltée, cette revendication d’une caste prophétique qui ne soit pas un clergé orthodoxe, cette propension à dénoncer tout ce qui n’est pas le mouvement, cette hostilité au monde ne vous rappellent-elles rien ? Si la pensée jéhoviste est la digne héritière du millérisme et l’adventisme du 19ème siècle, elle est la championne du montanisme renaissant, un cas singulier de montanite aigüe. Car le statut de saint et de prophète, les quelques hommes qui ont jamais formé la classe enviée d’esclave fidèle et avisé (Mat 24 : 45) l’ont revendiqué à mots couverts. Que dire des prophètes ? La Tour de Garde, 15/9/94 p. 10 § 4 : Les prophètes de Jéhovah avaient le privilège de proclamer publiquement son message. L’étymologie du terme hébreu pour "prophète" (navi’) est incertaine, mais son utilisation dans la Bible indique que les véritables prophètes étaient des porte-parole de Jéhovah, des hommes de Dieu porteurs de messages inspirés. Le mot grec rendu par "prophète" (prophêtês) signifie littéralement "proclamateur", qui dit quelque chose "en face de" ou "devant" quelqu’un. Un prophète est quelqu’un qui proclame des messages attribués à une source divine. Souvent, mais pas toujours, les véritables prophètes de Dieu annonçaient l’avenir. Qu’en conclure sinon que tout proclamateur pourrait revendiquer le titre de prophète. Et quant aux saints ? La Tour de Garde, 1/8/96 p. 14 : Comment rester saint ? Ce n’est pas en étant partisan du moindre effort ou en ne se refusant rien que l’on parvient à la sainteté. La personne qui agit ainsi cherchera toujours à excuser sa conduite et à en rejeter les torts sur autrui. Peut-être nous faut-il apprendre à accepter la responsabilité de nos actes et ne pas ressembler à certains qui se posent en victimes de la fatalité en invoquant leurs antécédents familiaux ou génétiques. Le fond de l’affaire réside dans le coeur de l’individu. Aime-t-il la justice ? Aspire-t-il à la sainteté ? Recherche-t-il la bénédiction divine ? Le psalmiste a parlé clairement de la nécessité d’être saint : " Détourne-toi de ce qui est mauvais et fais ce qui est bon ; cherche la paix et poursuis-la. " L’apôtre Paul a écrit : " Que votre amour soit sans hypocrisie. Ayez en aversion ce qui est mauvais, attachez-vous à ce qui est bon. " - Psaumes 34:14 ; 97:10 ; Romains 12:9. Via Veritas 190 Et quant au Paraclet, à l’Esprit de Vérité, ne travaille-t-il pas en profondeur la direction de ce saint appareil prophétique ? La Tour de Garde, 1/2/2002 p. 19-20 § 4 : Jésus a également promis aux premiers disciples que l’esprit ’ leur enseignerait toutes choses ’ et ’ les guiderait dans toute la vérité ’. L’esprit les aiderait à saisir les choses profondes des Écritures et à préserver leur unité de pensée, de compréhension et de but (1 Corinthiens 2:10 ; Éphésiens 4:3). L’esprit saint a ainsi rendu les premiers chrétiens capables, collectivement, d’assumer le rôle d’" esclave fidèle et avisé " qui fournissait aux chrétiens oints individuellement la " nourriture [spirituelle] en temps voulu ". - Matthieu 24:45. Tous les ingrédients de l’hérésie du second siècle sont bien là. Et elle s’est répandu tout comme à cette époque s’appuyant sur les mêmes peurs, se nourrissant des mêmes excès. Une crise de montanite aigüe s’est bel et bien déclarée, silencieusement, dans une indifférence quasi-générale, réminiscence des crises des siècles passés. Mais la guérison est possible. Vous trouverez dans nos pages vaccins, sérums et anti-corps. Le montanisme du second siècle a fini par passer. Rassurez-vous cette crise de montanite aigüe aussi finira par passer. « Vous ne faites pas partie du monde » Par Fantasio Les Témoins de Jéhovah se distinguent de l’entièreté des sectes issues du protestantisme par leur total refus d’interventionnisme politique. « ... aucune réalité historique ne peut d’elle-même vouloir se rapporter au plan messianique. C’est pourquoi le royaume de Dieu n’est pas le telos de la dunamis historique ; il ne peut etre pose comme but. Historiquement, il n’est pas un but, il est un terme. C’est pourquoi l’ordre du profane ne peut être bâti sur l’idée du royaume de Dieu, c’est pourquoi la théocratie n’a pas un sens politique, mais seulement un sens religieux. » — Walter Benjamin, Fragment théologico-politique, cir. 1921, in Œuvres (vol. 2), Paris, Gallimard, 2000. Au début 2004, l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur titrait sur Les évangéliques : la secte qui veut conquérir le monde. Inutile d’y chercher une quelconque mention des Témoins de Jéhovah. Pas une seule fois les journalistes du Nouvel Obs’ ne feront l’amalgame, pas une seule fois ils ne relieront les TJ à ces sectes protestantes en grande majorité états-uniennes. Et ils ont raison. Car si ces deux groupes religieux extrémistes ont de nombreuses similitudes (ils attendent tous « la fin du monde avant le retour du Christ », ils pensent tous à « sauver cette société décadente », à « convertir les impies », à « nettoyer le pays de tous ces homos, ces Via Veritas 191 féministes, ces libéraux »)76, les Témoins de Jéhovah se distinguent de l’entièreté des sectes issues du protestantisme en leur total refus d’interventionnisme politique. Alors que ces sectes américaines se constituent en importants lobbies qui pèsent de tout leur poids dans les décisions prises dans les organisations internationales et à Washington, les têtes pensantes des Témoins de Jéhovah (basées à Brooklyn, New York) mettent un point d’honneur à ne jamais s’impliquer dans les affaires du monde. Cette trouvaille historique stratégiquement géniale constitue un des fonds de commerce des TJ. Citant à l’envi le verset de l’Evangile de Jean : « Ils ne font pas partie du monde comme je ne fais pas partie du monde », les idéologues TJ refusent, condamnent et excluent de leur sein, le cas échéant, toute personne habitée par une ambition politique. Interdiction totale, donc, de participation à la vie citoyenne à tous les niveaux de pouvoir, exécutif, législatif et judiciaire. Et par extension au quatrième pouvoir, le journalisme. Kofi Annan - George Bush, même combat ! Ce tabou, jamais vraiment exprimé comme tel, est abordé par la bande, à l’issue d’un raisonnement hautement subversif et finalement inconsciemment néolibéral. Non seulement « nous ne faisons pas partie du monde », mais en plus le monde est identifié à un endroit de débauche où se mêlent gens de tout pouvoir, de toute classe, race et religion. Les bêtes de l’Apocalypse (car n’oublions pas que chaque thèse TJ s’accompagne d’une lecture hyperréaliste des textes bibliques), toutes plus horribles les unes que les autres, servent d’épouvantail et surtout de symbole des puissances mondiales. Ainsi, dans une vision géopolitique du monde gothico-grotesque, « l’empire américano-britannique » avait été prophétisé au 1er siècle de notre ère par un apôtre Jean digne de Nostradamus, insufflant l’esprit à une autre bête qui elle représente forcément les Nations Unies. Ainsi, défiant toutes les visions du monde en vigueur en ce début du XXIè s., les TJ renvoient dos à dos les Américanistes convaincus, tout comme les défenseurs du multilatéralisme de l’ONU. Kofi Annan, George Bush, même combat ! Un discours qui ne peut bien sûr que plaire aux personnes peu instruites, peu cultivées, élevées à la télévision commerciale, et laissée dans l’ignorance parfois sciemment par une certaine classe dirigeante, au point d’en venir à haïr tout et son contraire. Une grande partie de ceux qui se retrouve chaque semaine sur les chaises des salles du Royaume des TJ appartiennent à cette frange dépolitisée ad nauseam. Et finalement, même s’ils n’ont que faire du tout-au-marché, n’est-ce pas à l’abolition de l’Etat qu’aspirent les pieux Témoins de Jéhovah ? Réjouissez-vous donc, économistes de tous horizons, plus de 6 millions de dangereux utopistes vous soutiennent dans votre lutte contre la régulation. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que deux groupes humains aux objectifs totalement opposés s’unissent pour arriver à leurs fins. Mais alors que les disciples d’Adam Smith sont corps et âme dans le système réel mondial, les autoproclamés disciples du Christ se sont forgés, à force de conviction et de discours, uniquement sur des mots, un univers à la lisière du réel, un microcosme étouffant, havre de tranquillité exempt de toute vicissitude, où chacun aime son prochain, ou s’y efforce. Un univers où l’on voit poindre, sous la couche d’hypocrisie (ciment nécessaire à faire tenir l’ensemble), un ensemble d’individus pétris de culpabilité, de haine refoulée et d’illumination dangereuse. 76 Nouvel Observateur du 26 février 2004, sous la plume de Sophie des Déserts Via Veritas 192 Des existences smaller than life « Un jour, m’a récemment dit un Témoin de Jéhovah de longue date, tu comprendras que les hommes ne sont rien tant qu’ils ne réalisent pas qu’il y a une force supérieure qui régit tout. — Un jour, lui ai-je répliqué, j’espère que tu comprendras que si l’homme reste les bras croisés attendant que Dieu agisse à sa place, rien ne peut se réaliser. » Voilà l’essence même du développement idéologique et éthique à l’origine de ma sortie du mouvement TJ. Au-delà des raisonnements réactionnaires, de l’interdiction de la curiosité intellectuelle, de la frilosité à la modernité, de la censure comportementale extrême, c’est le refus de l’implication citoyenne et politique qui m’a convaincu à mettre un halte-là. La participation à tout scrutin est tout simplement interdit au TJ, qui, bien sûr seul dans l’isoloir, subit le regard pesant de son Dieu. C’est Lui seul qui peut prétendre gouverner l’humain, par conséquent, tout aspirant au pouvoir exécutif, législatif ou même judiciaire commet un véritable blasphème à son égard. Cette pensée, unique à ma connaissance dans le monde religieux, indique à lui-même la dangerosité de la mouvance TJ. Ainsi, dans la même discussion avec ce fervent Témoin de Jéhovah, celui-ci m’affirmait en toute bonne ( ?) foi, que l’extrême-droite ne différait pas des partis démocratiques. Un tel raisonnement dans son chef doit être compris 1) comme une assurance que les TJ ne viennent pas grossir les rangs des extrémistes politiques - puisque tout vote leur est interdit, mais que 2) parallèlement, si demain les extrêmes arrivaient au pouvoir, à quelque niveau que ce soit, ils respecteraient leurs lois avec la même passivité ovine que celle qu’ils manifestent actuellement aux modérés. L’école publique m’a un jour appris à faire la différence entre la gauche, la droite et leurs extrêmes, et comme j’écoutais l’enseignement de mes professeurs avec autant d’attention que les discours bibliques, j’ai pu me forger une opinion, et elle est déplorable à l’égard de mes anciens coreligionnaires. J’ai appris à aimer la beauté de la rhétorique, à apprécier la joute verbale pour ce qu’elle est, une remise en question continue de ses propres convictions, toujours relatives, jamais établies, et à apprécier cette sensation perpétuelle de flottement herméneutique. Irrésolu je suis, irrésolu je resterai. Je peux comprendre ceux que cet équilibre instable affole, inquiète, mais je condamne ceux qui fuient et interdisent toute réflexion hors de carcans prédéfinis, des carcans smaller than life. Les illustrations sont signées de l’artiste plasticien Nicolas Lampert Cet article a été rédigé avant que j’aie connaissance d’une série de faits qui viennent bousculer pas mal d’idées reçues sur les Témoins de Jéhovah, y compris à l’intérieur même du mouvement. Via Veritas 193 Pourquoi les enfants des Témoins de Jéhovah sont-ils privés de fête de Noël ? Par Popper Dans la plupart des parties du globe, de nombreux enfants se sont réveillés le matin du 25 décembre en découvrant avec joie au pied du sapin, décoré pour l’occasion, des cadeaux. Joie, yeux remplis de plaisir, rires. C’est la magie de Noël ! Pourtant, au même moment, les enfants des près de 7 000 000 de témoins de Jéhovah n’auront ni sapin, ni cadeau. Pourquoi ? La réponse est simple. Ils obéissent à un ordre venant de Brooklyn (USA), le siège des Témoins de Jéhovah où une dizaine de personnes diligentent la vie complète de millions de personnes. Toutefois, avant 1928, cela ne posait aucun problème pour ces puritains. L’Age d’Or (l’ancien nom de Réveillez-Vous) du 24 décembre 1919 indique que les Etudiants de la Bible( l’ancien nom des Témoins de Jéhovah) accordait de l’importance à Noël77. Après 1928, les ordres changent. Noël est interdit78 ! La raison avancée est un nettoyage de tout ce qui provient du paganisme. Le christianisme étant un syncrétisme des différentes religions et traditions de l’Antiquité, les origines païennes sont donc nombreuses. Le fait que Noël soit basé essentiellement sur la célébration du dieu Soleil est un secret de polichinelle. (L’article de Wikipédia sur Noël est suffisamment conséquent pour s’en rendre compte) Les Témoins de Jéhovah utilisent ces origines païennes pour justifier un sectarisme le plus austère sur ce sujet en refusant toute participation à cette fête. Ce sectarisme n’est pas nouveau. Des puritains anglais au XVIIIe avaient interdit Noël. Autant dire qu’ils n’eurent pas le succès escomptés mais ils restent un exemple pour les Témoins de Jéhovah. La base invoquée est à chaque fois la Bible et le refus de participer à des fêtes d’origines païennes. (Pour un exemple de l’argumentation, on peut se rendre sur ce site : POURQUOI LES TÉMOINS DE JÉHOVAH NE CÉLÈBRENT-ILS PAS LA FÊTE DE NOËL ?) dont voici un extrait : À votre avis, Jésus Christ considérerait-il comme un honneur d’avoir son nom attaché à une “fête païenne à moitié christianisée” ? Un chrétien peut-il mélanger les choses chrétiennes avec les choses païennes ? Que dit la Bible ? L’apôtre Paul rappela ce qui suit à ses compagnons chrétiens de Corinthe : “Ne formez pas d’attelage disparate avec des infidèles. (infidèles = païens)Quel rapport en effet entre la justice et l impiété ?Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre Christ et Bélial ? (bélial = dieu païen de l’époque) Ou quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? Quel accord entre le temple de Dieu et les idoles ?" — II Cor. 6:14-16. Bible catholique de Jérusalem Ainsi la bible confirme bien que un chrétien ne doit pas faire de mélange entre les choses chrétiennes et les choses païennes et c’est donc la raison pour laquelle les 77 FACTS ABOUT JEHOVAH’S WITNESSES 78 Les Témoins de Jéhovah - Proclamateurs du Royaume de Dieu p.198 Via Veritas 194 témoins de Jéhovah se gardent bien de le faire, par exemple en ne tenant aucun compte d’une fête d origine païenne comme Noël. ! Argumentation interprétative, évidemment ! Si vous tentez d’expliquer à un Témoin de Jéhovah, qu’aujourd’hui Noël est avant tout une fête familiale qui donne l’occasion de s’échanger des cadeaux, que l’on peut fêter Noël sans mettre de crèche sous le sapin, que le Père Noël a été redistillé par Coca-Cola depuis , qu’après 2000 ans d’histoire, on peut commencer à considérer une telle fête comme étant une tradition de notre civilisation sans y voir le côté religieux (après tout les athées fêtent aussi Noël), que l’on doit penser au plaisir des enfants avant de faire de la théologie,etc. Rien n’y fera ! Le brave TJ trouvera toute la rhétorique possible et imaginable pour se conformer au précepte de ce puritanisme d’un autre temps. « Noël c’est païen et pas biblique ! »Point barre. Le problème avec cette logique c’est qu’elle est limitative et qu’elle utilise volontairement des œillères car le christianisme originel des évangiles est pétri de paganisme, paganisme que les Témoins de Jéhovah s’obligent à pratiquer tous les ans. Ainsi, les Témoins de Jéhovah ne fêtent de manière officielle qu’une seule fête par an : la commémoration de la mort de Jésus Christ suivant le même rituel : le passage du vin et du pain parmi les participants après une prière avant chaque passage. Cette soirée funèbre (on a vu mieux dans le sens du mot fête) n’a aucune base purement divine et chrétienne. Ainsi, les manuscrits de la Mer Morte découverts en 1949 et comportant des manuscrits du IIIe siècle avant notre ère au Ier siècle de notre ère ont révélé qu’a Qumran, un repas était pris en commun au cours duquel un prêtre bénissait le pain et le vin avant de le passer aux participants.(Manuel de la Discipline) et cela un siècle avant Jésus. Ce repas, partagé en la présence des deux messies postulés à Qumrân, était réservé aux adeptes rituellement purs (voir en parallèle 1 Corinthiens 11,27-2979 80 Imaginez-vous l’incidence d’une telle découverte ? Un siècle avant Jésus lui-même, des dissidents religieux Juifs célébraient un repas avec du pain et du vin que le maitre de cérémonie bénissait ! Si ce fait intéresse et ne surprend guère les historiens du christianisme, cela représente un bouleversement théologique pour des Témoins de Jéhovah qui se déclarent comme étant purs de toute tradition non chrétienne ! Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les historiens ont découvert que les adorateurs de Mithra (un dieu venant d’Iran qui sert de médiateur entre dieu et les hommes, qui se sacrifient pour eux et qui monte au ciel ensuite. Son culte a été célébré du XVIe siècle avant notre ère jusqu’au IVe siècle de notre ère dans l’ensemble du Proche Orient et du bassin méditerranéen) célébraient eux-aussi un tel 81 repas et cela plusieurs siècles avant Jésus Christ ! 79 C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. 28 Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; 29 car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même.- Traduction Bible Louis Segond 80 Source :Herschel Shanks "L’énigme des manuscrits de la Mer Morte" p 262 à 264 81 Salomon Reinach – Cultes, Mythes et Religions page 641-646. Voir aussi MITHRA ET L’EUCHARISTIE CHRÉTIENNE par Robert C. Van ASSHE Via Veritas 195 Le repas eucharistique ne serait-il donc qu’un plagiat ? Les sources révélées par l’archéologie ainsi que la confirmation des Pères de l’Église tel que Justin et Tertullien sur ce rituel ne laissent plus de doute : le repas que les Témoins de Jéhovah célèbrent tous les ans est d’origine païenne. Ce n’est qu’une refonte d’un rituel mithriaque. Que l’on retrouve ce rituel dans les Évangiles ne prouve aucunement sa sainteté mais bien au contraire que le christianisme primitif était déjà un syncrétisme de coutumes religieuses de l’époque Ce n’est pas tout ! L’étude des dieux de l’Antiquité, donc antérieurs à Jésus, nous révèle bien des surprises : Le Christ est capable de changer l’eau en vin, comme Dionysos, de temps immémorial, a passé pour le faire ; il marche sur l’eau comme Poséidon ; comme Osiris et Phoebus Apollon il manie le fouet ; comme le « solaire » Dionysos il chevauche sur deux ânes et nourrit les multitudes au désert ; comme Esculape il ressuscite des hommes, il donne la vue aux aveugles et guérit les malades ; et comme sur Attis et Adonis, des femmes pleurent et se réjouissent sur lui. » Comme Horus, il est né dans une étable, l’étable-temple de la vache sacrée, la déesse-vierge Isis, reine des cieux ; les Évangiles apocryphes font de l’étable un antre, ce qui fait songer à la naissance de Zeus, à celle de Mithra, de Dionysos, d’Adonis, d'Hermès – Short History – Robertson cité par Charles Guignebert dans Le Problème de Jésus p73-74. Ces preuves feront surement flancher tout Témoin de Jéhovah honnête intellectuellement. L’histoire du christianisme et du judaïsme révèlent que ces mouvements religieux n’eurent aucune vraie originalité et étaient loin d’être hermétiques aux autres cultes, mythes et religions qui les entouraient. Pourquoi alors se faire plus royaliste que le roi en interdisant à des enfants le plaisir de la féerie de Noël alors qu’en même temps on célèbre tous les ans une fête d’origine païenne ? Pourquoi suivre de manière intégriste les préceptes des américains nonagénaires de Brooklyn quand ceux-ci se sont affiliés pendant 10 ans à l’ONU, contredisant leurs propres écrits ? Si les dirigeants jéhovistes sont capables de telles entorses, avec des incidences théologiques plus importantes qu’un simple sapin mis dans une maison, pourquoi le Témoin de Jéhovah lambda ne pourrait-il pas faire plaisir à ses enfants ? Avec ce rappel important : aucun texte biblique n’interdit expressément de fêter Noël. Time is money Par Lucretius Quel rapport la Watchtower a t’elle à l’argent ? La question peut se poser. Car les Témoins de Jéhovah savent compter, compiler, rendre compte. Preuve en est les rapports d’activité que rendent mensuellement tous les proclamateurs actifs dans les congrégations. Tous les mois, tout Témoin de Jéhovah est tenu de rendre compte du nombre d’heures réalisées , des contacts renouvelés, des publications placées. Ces chiffres sont compilés avec soin et transmis au siège national du mouvement, puis finalement Via Veritas 196 au siège mondial. C’est ainsi que toutes les années, aux alentours de janvier, un rapport mondial reprenant des agrégats essentiels paraît pour diffusion et analyse. En parallèle, dans chaque congrégation une comptabilité des dépenses et recettes est tenue, données financières qui sont portées tous les mois à la connaissance des membres. Les comptes annuels sont ensuite transmis au siège national, qui aurait, à son tour, toute possibilité de le transmettre au siège mondial. La question qui se pose est la suivante : si les heures sont soigneusement collectées et compilées, pourquoi les données comptables ne sont-elles pas diffusées de la même façon. En l’occurence, pour la Watchtower, time is not money et money is not time. Rien n’empêcherait la consolidation des comptes des différentes congrégations (ou associations) pour permettre la diffusion et l’analyse des données financières. Or cette transparence n’existe pas ? Pourquoi ? S’agit t’il d’un problème de techniques comptables lié à la diversité de pratiques des différents pays concernés ? Certainement pas, car des méthodes pourraient être dégagées pour rendre les chiffres cohérents et les données consolidables. La résistance est purement volontaire et stratégique. La Watchtower ne voit pas l’intérêt de donner de la transparence à l’évaluation de son patrimoine mondial. Connaissez-vous une seule organisation que vous financeriez et qui n’accepterait pas de diffuser ses comptes et le relevé de ses richesses ? Oui, la Watchtower navigue dans ses eaux là. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, il fut même une époque reculée où la transparence financière signifiait quelque chose. Pour preuve cet extrait étonnant de la Tour de Garde anglaise de 1914. J’encourage tous les TJ à refuser de rendre compte de leur contribution en temps tant qu’on aura pas réellement et complètement rendu compte de leur contribution en argent, au plan national comme au plan international. Certains esprits rebelles chez les TJ mêmes ont demandé pourquoi il était nécessaire qu’ils rapportent le temps passé en prédication, puisque Dieu le sait. La réponse donnée est extraordinaire de non-sens et de mauvaise foi. La voici, selon le livre "Organisés pour bien remplir notre ministère" (1983) p. 107 : Via Veritas 197 "Certes, Jéhovah connaît notre activité, et il sait pertinemment si nous le servons de toute notre âme ou si nos faisons, pour la forme, qu’une infime partie de ce que nous pourrions faire. Pourtant la Bible révèle que de tout temps Jéhovah a fait établir par écrit un compte-rendu de l’activité de ses serviteurs. Ainsi nous connaissons grâce à lui le nombre de jours que Noé a passés dans l’arche et le nombre d’années pendant lesquels les Israélites ont erré dans le désert. Dieu a également fait consigner dans les annales le nombre de ceux qui lui furent fidèles comme celui des rebelles. Il a fait enregistrer dans les Écritures les progrès réalisés par les Israélites au cours de la conquête de Canaan, ainsi que les exploits de leurs fidèles juges. Oui, il a fait rapporter de nombreux détails concernant les œuvres et les actes de ses serviteurs, en inspirant les écrits qui les relataient. Voilà qui nous donne une bonne idée du point de vue sur les rapports et de l’importance qui s’attache à leur exactitude." Avez-vous noté dans cette évocation le précédent historique d’un cumul des heures des serviteurs de Dieu ? Noé et sa famille ont-ils rapporté le nombre d’heures passées à bâtir l’arche ou à accomplir une supposée prédication ? Rapporter des effectifs ou des dates n’a rien à voir avec la bureaucratie pointilleuse imposée aux TJ. Dans les exemples de précision évoquées, la Watchtower a oublié quelques versets, c’est dommage. (Exode 38:24-26) 24 Tout l’or qui fut employé pour le travail, dans tout le travail du lieu saint, atteignit le total de l’or de l’offrande balancée : vingt-neuf talents et sept cent trente sicles, selon le sicle du lieu saint. 25 L’argent de ceux de l’assemblée qui furent enregistrés fut de cent talents et mille sept cent soixante-quinze sicles, selon le sicle du lieu saint. 26 Le demi-sicle par individu, c’était la moitié d’un sicle selon le sicle du lieu saint, pour tout homme qui passait vers les enregistrés, depuis l’âge de vingt ans et au-dessus : ceux-ci se montèrent à six cent trois mille cinq cent cinquante. (1 Chroniques 22:14-15) 14 Voici que durant mon affliction j’ai préparé pour la maison de Jéhovah cent mille talents d’or et un million de talents d’argent ; le cuivre et le fer, on ne peut les peser, car il y en a en quantité ; j’ai préparé des bois et des pierres, mais tu y ajouteras [encore]. 15 Avec toi il y a en grand nombre des gens qui font le travail, des tailleurs de pierre, des ouvriers sur pierre et sur bois, et tous hommes habiles en toutes sortes de travaux. (Ezra 7:21-23) 21 “ Et par moi, [par] moi-même, Artaxerxès le roi, ordre a été donné à tous les trésoriers qui sont au-delà du Fleuve : tout ce que vous demandera Ezra le prêtre, le copiste de la loi du Dieu des cieux, que ce soit exécuté promptement, 22 jusqu’à [concurrence de] cent talents d’argent, cent kors de blé, cent baths de vin, cent baths d’huile, et du sel sans limitation. 23 Que tout ce qui est sur l’ordre du Dieu des cieux soit fait avec zèle pour la maison du Dieu des cieux, pour qu’il n’y ait pas de colère contre le royaume du roi et ses fils. Ca alors, Jéhovah a fait consigner des rapports nombreux portant sur l’argent manipulé au plan local ou national, donc au plan le plus large. Et la Watchtower ? Voici un exemple flagrant d'instrumentalisation des Écritures pour justifier une pratique qui ne vise qu’à mieux contrôler la base. Via Veritas 198 Il faut contrôler, mais ne pas jouer la pleine transparence, car l’enjeu est trop grand pour considérer que le temps est comme l’argent. Les proclamateurs ne sont probablement pas aptes à recevoir tous les chiffres, ce n’est ni souhaitable ni "théocratique". Ils sont, à n’en pas douter, trop immatures ou primaires et pourraient poser des questions sur des données sensibles qui ne regardent que les hommes au pouvoir. Car la connaissance est un pouvoir. Time is money. Pas chez les Témoins de Jéhovah. Restez vivants jusqu’en 75 ! Par Lucretius L’année 1975 n’aura été vraiment marquante que par la mort du célèbre humoriste Pierre Dac qui a eu ce mot fameux : « Une fausse erreur n’est pas forcément une vérité vraie ». Et à propos de 1975, de fausse erreur et de vérité vraie, notez ce que prétendait une publication des Témoins de Jéhovah à propos de leur attente déçue. La Tour de Garde, 15/6/1980, p. 17, § 5-6 : À notre époque, c’est le même désir ardent, louable en soi, qui a incité les chrétiens à essayer de déterminer la date à laquelle ils seront enfin libérés des souffrances et des difficultés qui accablent l’humanité. La parution du livre La vie éternelle dans la liberté des fils de Dieu, qui disait qu’il serait approprié que le règne millénaire du Christ coïncide avec le septième millénaire de l’existence de l’homme, suscita une très grande espérance à propos de l’année 1975. À l’époque, et plus tard, des déclarations insistèrent bien sur le fait que ce n’était là qu’une possibilité. Malheureusement, à côté de ces explications qui incitaient à la prudence, d’autres déclarations laissaient entendre que la réalisation de notre espérance cette année-là était non seulement possible, mais probable. Il est regrettable que ces dernières déclarations aient, selon toute apparence, fait oublier celles qui incitaient à la prudence et aient ainsi contribué à entretenir chez certains des espérances déjà nées dans leur esprit. Montrant qu’il n’est pas sage de fixer ses regards sur une date en particulier, La Tour de Garde du 1er novembre 1976 disait : “Si quelqu’un a été déçu en ne suivant pas cette manière de penser, il devrait maintenant veiller particulièrement à redresser son point de vue, tout en reconnaissant que ce n’est pas la parole de Dieu qui a manqué son but ou qui l’a trompé et déçu, mais que son raisonnement était fondé sur de fausses conceptions.” En disant “quelqu’un”, La Tour de Garde entendait tous les Témoins de Jéhovah qui avaient ainsi été déçus, y compris ceux d’entre eux qui participèrent à la publication des renseignements qui contribuèrent à nourrir un espoir axé sur cette date. Mais qui sont donc ces Témoins de Jéhovah qui, de manière imprudente, ont laissé « entendre que la réalisation de [l’] espérance cette année-là était non seulement possible, mais probable » et qui ainsi avec désinvolture « participèrent à la publication des renseignements qui contribuèrent à nourrir un espoir axé sur cette date » ? Sont-ce quelques exaltés qui auraient mal saisis le sens des textes publiés dans les années soixante Via Veritas 199 ou des impatients qui, de manière non autorisée, auraient cherché à lire entre les lignes ? C’est une réécriture historique que de prétendre cela ou même de le faire sous-entendre. Voici un exemple frappant qui prouve le contraire, c’est bien la tête qui s’est livré à de sournoises spéculations. Que penser en effet si on retrouvait trace d’un discours prononcé lors d’une assemblée publique par un Surveillant Itinérant suffisamment marquant et notoire pour que sa biographie paraisse dans la publication Réveillez-Vous82 ! Voici précisément une traduction de la transcription qui a été faîte du discours prononcé par Charles Sinutko au printemps de 1967 à Sheboygan dans le Wisconsin et intitulé « Servant avec la vie éternelle en vue ». ... car même si nous sommes dans les plus opulents des pays de la Terre, nous tenons tous à la vie, car tant qu’il y a de la vie nous trouvons qu’il y a de l’espoir. Si cela est vrai pour la plupart des personnes, combien plus cela est vrai pour les Témoins de Jéhovah. Car nous n’avons pas seulement cette vie à saisir et à vivre, mais nous saisissons l’espérance de la vie éternelle. Car Jésus a promis dans le sixième chapitre de la lettre aux Romains que la récompense que Dieu donnerait serait la vie éternelle. Ainsi nous avons un désir intense et un instinct pour survivre et le rechercher. Et finalement atteindre les conditions paradisiaques dans le Nouvel Ordre de Dieu. Mais dans cette course pour la vie, certains d’entre nous aspirent au changement dans ce vieux système et à sa destruction depuis de nombreuses années maintenant, il y en a parmi nous qui sont quelque peu gagnés par la lassitude. Et par la fatigue. Et parfois nous pouvons seulement lever les bras et dire : « Je ne sais simplement pas si je peux continuer ». Mais comme un coureur qui participe à une course, et qui s’approche de la fin, au moment même où il pense qu’il ne peut continuer, il réalise : « Bien, voici le but devant moi ». Il arrive au dernier virage, et il est là ! Alors tout d’un coup il lui arrive de nouvelles réserves de puissance de nulle part, avec une soudaine source d’énergie, grâce auxquelles il brise le fil de la ligne d’arrivée et remporte le prix. Eh bien, nous, Témoins de Jéhovah, comme des coureurs, même si certains d’entre nous deviennent quelque peu découragés, recevons, comme si cela venait de Jéhovah, une nourriture en temps voulu. Car il dresse devant nous un nouvel objectif. Une nouvelle année. Quelque chose à atteindre et il semble qu’il nous ait donné à tous tellement plus d’énergie et de puissance dans cette dernière pointe de vitesse jusqu’à la ligne d’arrivée. Et c’est l’année 1975. Il y a eu beaucoup de discussions portant sur cette année, en fait même cette semaine certains individus se sont demandés : « Eh bien, qu’est-ce que cela signifie ? Osonsnous en discuter ? Existe-t-il quelque chose que nous pouvons discuter entre nous, et que nous ne puissions pas même discuter en public ? Savons-nous réellement de quoi il s’agit ? » En fait nous n’avons pas à deviner ce que signifie 1975 si nous lisons la Tour de Garde. Car la Tour de Garde a été très explicite quant à ce que 1975 signifie pour nous. Si vous voulez noter la page 262 dans le numéro du 1er mai 1967 (en anglais, NDT) de la Tour de Garde, nous lisons : « Que signifie l’année 1975 pour l’humanité ? La fin des 6000 ans d’existence humaine, et, peut-être, [la voix de l’orateur devient plus forte] l’époque à laquelle Dieu exécute les méchants et instaure un règne de 1000 ans sous son fils Jésus-Christ ». Fin de citation. 82 Réveillez-Vous ! 22/8/2004 p. 19-23 – Charles Sinutko a été Surveillant Itinérant de 1960 à 1993, il est décédé en 1996 à l’âge de 92 ans. Via Veritas 200 Qu’a-t-il été dit ? La fin de 6000 ans d’existence humaine et c’est tout ? NON, il nous a été donné un peu plus à penser que cela. A-t-il été dit avec certitude l’époque à laquelle Dieu exécute les méchants et instaure un règne de 1000 ans sous son fils Jésus-Christ ? Non. Mais il nous a été donné un faible rai de lumière. Il était dit [la voix de l’orateur devient plus forte ] peut-être, peut-être l’époque à laquelle Dieu exécute les méchants et instaure un règne de 1000 ans sous son fils Jésus-Christ, [la voix de l’orateur redevient normale] 1975. Cela ne vous donne-t-il pas un peu d’excitation pour ce qui est du futur ? Même si ce n’est qu’une possibilité, [la voix de l’orateur devient plus forte ] que Dieu lance la bataille d'Harmaguédon et nettoie cette vieille Terre ? Et que vous ne soyez introduit directement dans un Paradis sur la Terre à toujours [la voix de l’orateur redevient normale]. Ne plus jamais être affligé par ce vieux système de choses satanique. Il aura DISPARU, ABATTU. Ceci devrait nous exciter. Il y a les sceptiques qui disent : « Je ne vais pas y penser et je ne vais m’inquiéter de cela. Je n’y prêterai pas attention ». Mais souvenez-vous, frères, l’’esclave fidèle et avisé est utilisé par Jésus pour quoi ? Jésus dit « pour apporter la nourriture en temps voulu ». Ceci est la nourriture, et elle vient juste au moment opportun. Et c’est en temps voulu. Et il n’est pas incorrect d’y penser, et de fixer ses regards dessus. Que savons-nous de manière certaine ? Eh bien nous savons ce que nous connaissons avec certitude. Nous l’avons lu. [la voix de l’orateur devient plus forte] La fin des 6000 ans d’existence humaine, et peut-être l’exécution des méchants et le commencement du règne de 1000 ans ». Et cela devrait suffisamment piquer notre curiosité et nous interpeler. Quand vous y songez quelle fantastique et brève période de temps cela représente. Combien d’entre vous étaient à New-York en 1958 ? Voudriez-vous levez la main. Une grande majorité d’entre-vous ici. Le temps a-t-il passé depuis ? Il nous semble que nous étions là hier. Mais [la voix de l’orateur devient plus forte] avez-vous réalisé que plus de temps a passé depuis cette assemblée de 195883 qui rassembla un quart de million de Témoins de Jéhovah qu’il n’en reste jusqu’à 1975. C’est difficile de l’imaginer, n’est-ce pas ? Oui, c’était il y a neuf ans. Il y a seulement 8 ans jusqu’en 75. Que le temps qui reste est court. Combien de choses doivent arriver. Nous avons simplement à patienter maintenant, avec la vie éternelle en vue, et nous servons avec le futur dévoilé devant nous. Très bientôt nous attendons que Babylone la Grande soit renversée et sévèrement frappée et détruite et décimée jusqu’à qu’il ne reste rien d’elle. Et alors survient le cri « Paix et Sécurité ». Nous sommes débarrassés de la vieille prostituée, nous ne l’avons plus sur le dos. Plus de religions pour nous importuner disent les nations. Oh oh. Il sont là. Sortant leurs horribles têtes de la poussière, Témoins de Jéhovah, avec un message des plus féroces qui n’aient jamais été entendus. Maintenant un chant de moqueries pour les nations : « Le voyez-vous ? Nous vous disions que Babylone la Grande allait s’affaiblir, allait être détruite, vous disiez que cela n’arriverait jamais, mais vous l’avez fait vous-mêmes. Maintenant vous êtes les prochains, Jéhovah va vous détruire ». Vous croyez qu’ils vont aimer ça ? Alors ils s’allient. Toutes les puissances communistes et démocratiques ensemble avec un seul objectif en tête : « Balayons ces gens. Alors nous nous serons vraiment débarrassés de tous les antagonismes et aurons la paix et la sécurité, et nous aurons notre monde 83 Livre Les Témoins de Jéhovah - Prédicateurs du Royaume de Dieu - chap. 8 p. 101 : « Originaires de 123 pays, les assistants, qui ont été au maximum 253 922, ont rempli du 27 juillet au 3 août [1958] le Yankee Stadium et les Polo Grounds à l’occasion de cette assemblée internationale qui avait pour thème “La volonté divine” ». Via Veritas 201 unifié ». Mais quand ils commencent à attaquer les Témoins de Jéhovah, d’étranges choses commencent à survenir. Il semble y avoir des calamités apportées par Jéhovah Dieu de manière horrible et violente, choses encore jamais vues auparavant. Des plaies s’attaquant à la chair sont mentionnées par Zechariah, s’insinuant partout sur la Terre, faisant pourrir les yeux hors de leur orbite, et les langues de leur bouche. [la voix de l’orateur devient plus forte] Ils courront en hurlant hors de leur maison en étant frappés des plaies, [la voix de l’orateur redevient normale] et alors ils verront que les Témoins de Jéhovah ne seront pas atteints. « Comment en faire partie maintenant ? Faîtes de moi l’un de vous ! » Mais c’est trop tard à présent. Alors Jéhovah Dieu semble se servir des forces naturelles contre le vieux système. Terreurs dans les airs, sur la Terre, sur les eaux. Guerre fratricide, voisin contre voisin. Toute force non-humaine, inhumaine qui puisse se manifester, non seulement des hommes, mais même des forces naturelles. Et Harmaguédon semble avoir deux phases à présent. La dernière Tour de Garde nous a appris, si vous l’avez lue, qu’il y aurait quelque chose semblable à une guerre juste. Phase un : toutes les forces unies des nations sont détruites, toutes les organisations politiques ont disparu. Tout ce qui reste sont les rois, seuls, sans aucun allié ou ami dans le monde, se méfiant totalement les uns des autres, tous se tenant raides et crispés. Phase deux : Jéhovah frappe leur coeur de confusion, et dans un accès de folie furieuse ils se détruisent mutuellement. Et pour le reste ? Jéhovah Dieu en appelle à ses anges surnaturels et la cavalerie de Jésus s’occupe d’eux, 200 millions d’anges, avec leur pleine puissance destructrice, et quelle puissance ce sera. Un ange, en une nuit, quand les forces assyriennes de Sennacherib vinrent contre Israël, détruisit 185 000 hommes. Disons que les 200 millions d’anges de Jésus-Christ sont limités en puissance et qu’ils peuvent seulement en détruire 185 000. [la voix de l’orateur devient plus forte] Cela nous donnerait un potentiel de destruction de 37 billions (1000 milliards) de personnes. [la voix de l’orateur redevient normale] Nous ne sommes pas aussi nombreux sur la Terre. En fait, c’est 12 333 fois le nombre de gens actuellement vivants. Toute cette puissance enveloppant la cavalerie de Jésus-Christ. Et tout ceci, peut-être, doit arriver et être terminé dans l’année 1975. Que d’années excitantes devant nous ! Et voyez au delà : le règne de 1000 ans de JésusChrist. Savez-vous ce que cela signifie ? Tous les morts reviendront. Pensez simplement à vos chers disparus, peut-être dans les cinq ou dix dernières années. N’aspirez-vous pas à les voir revenir ? Eh bien maintenant ce ne sera plus très long. Regardez ce qui est devant. Vous imaginez-vous travaillant la terre et engrangeant les moissons quand vous vous rendez compte que vos bien-aimés sont de retour et que vous avez planté un petit extra pour eux ? Vous imaginez-vous, alors que l’on vous a prévenu un peu à l’avance de la nécessité de bâtir des abris, œuvrer à la construction de résidences temporaires pour ceux qui reviendront ? Pensez seulement à ce qui arrivera quand la famille apprendra que c’est le moment, et que vous vous rassemblerez, attendant et voyant qu’ils se relèvent de la poussière. Comme l’a dit Isaïe : « Réveillez-vous vous dans la pouissière, vous résidents. Venez à la vie. » Vous imaginez-vous voyant cela ? C’est notre futur. Combien il est merveilleux. La résurrection est quelque chose qui fait chanceler l’imagination devant l’immensité. Quel sera le nombre de ceux qui reviendront, nous ne le savons pas de manière certaine, mais quelques commentaires qu’a fait la Société nous donne quelques idées. Vous pouvez prendre note de ces références, vous les lirez plus tard. Via Veritas 202 « Choses dans lesquelles il est impossible à Dieu de mentir », § 12, page 350 : « Des milliards sont morts avant Jésus, des milliards qui sont morts reviendront ». La dernière publication, « La vie éternelle dans la la liberté des fils de Dieu », page 393, § 26 : « des milliers de millions ». La Tour de Garde 1964, page 722, § 24, écoutez ceci : « Des DIZAINES de milliards reviendront ». Combien de dizaines de milliards ? Au moins 20 milliards. Car pour avoir des dizaines de milliards, il faut avoir au moins deux fois dix milliards, c’est le chiffre minimum et nous disons 20 milliards de personnes revenant à la vie. Quel fantastique accomplissement ce sera pour notre Seigneur Jésus-Christ. En fait, il a existé un tract imprimé par la Société, intitulé « L’espérance du Millénium expliquée » qui mentionnait une estimation de 20 milliards. Cela vous donne une idée. Et enflamme l’imagination. Réalisez-vous quel accomplissement et quelle entreprise ce sera ? Car si seulement 20 milliards de personnes devaient revenir des morts chaque jour pendant un millier d’années, ce serait un effectif de 60 000 ressuscités. Chaque jour, pendant un millier d’années. Évidemment, il est plus probable que que cela ne prendra pas la totalité des 1000 ans, la Société l’a indiqué. Nous ne savons pas combien de temps la résurrection prendra, mais elle sera certainement ajustée au nombre, même si davantage devait revenir. Quelle époque sensationnelle nous vivons, mes frères. Combien nous avons à gagner en servant Dieu avec la vie éternelle en vue. Mais connaissez-vous le côté triste de tout cela ? Certains d’entre nous ici ne le verrons pas, c’est bien possible. Ne serait-ce pas une chose terrible avec tout ce qui doit se réaliser dans le futur ? Certains d’entre nous ici ce soir pourraient ne pas être vivants pour le voir. Le verrez-vous ? Savez-vous qu’il y a un moyen d’y parvenir ? Il y a un moyen pour décider, ici et maintenant, si vous y parviendrez ou non ? Voyons de quoi il s’agit. En prêtant attention à Luc chapitre 13, nous obtenons des informations. Luc 13, commençons à lire les paroles de Jésus. Luc 13, en commençant au verset 22. Jésus va de village en village et de ville en ville. Au verset 23 il est écrit : (Luc 13:23-28) 23 Or, un certain homme lui dit : “ Seigneur, est-ce que ceux qui sont sauvés sont peu nombreux ? ” Il leur dit : 24 “ Faites de vigoureux efforts pour entrer par la porte étroite, parce que beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer, mais ne le pourront pas, 25 dès que le maître de la maison se sera levé et aura verrouillé la porte, et que vous commencerez à rester dehors et à frapper à la porte, en disant : ‘ Seigneur, ouvre-nous. ’ Mais en réponse il vous dira : ‘ Je ne sais d’où vous êtes. ’ 26 Alors vous commencerez à dire : ‘ Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos grandes rues. ’ 27 Mais il parlera et vous dira : ‘ Je ne sais d’où vous êtes. Éloignezvous de moi, vous tous, ouvriers d’injustice ! ’ 28 C’est là que seront [vos] pleurs et [vos] grincements de dents, quand vous verrez Abraham et Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, mais vous, jetés dehors. Que dit Jésus ici ? Que pensez-vous qu’il dit ici ? Eh bien avant tout, ceux d’entre nous qui sont présents ce soir et qui ne font pas ce que dit le verset 24, « faire de vigoureux efforts » ne pourront pas en être. C’est le premier pas : faire de vigoureux efforts pour passer la porte étroite. Mais il décrit alors une certaine classe de chrétiens, dans l’Organisation de Dieu, qui se trouve dans cette position. Il dit : « dès que le maître de la maison se sera levé et aura verrouillé la porte, et que vous commencerez à rester dehors et à frapper à la porte, en disant : ‘ Seigneur, ouvre-nous. ’ » A qui se réfère-t-il ici ? Quand ferme-t-il la porte ? La destruction de Babylone la Grande signifiera la fermeture de la porte. Et il dit alors que certains d’entre nous viendront et voudront entrer dans Via Veritas 203 l’organisation du Seigneur en disant : ‘ Seigneur, ouvre-nous. ’ et Jésus nous regardera et dira « Je ne vous connais même pas ». Mais alors nous paniquons et disons : « Mais nous mangions et buvions devant toi et tu nous as enseigné dans nos larges voies ». Quelle tentative désespérée pour dire à Jésus : « C’est moi ! Tu te souviens de moi ! Je m’asseyais devant toi, et tu nous enseignais dans nos larges voies. Souviens-toi je venais à l’étude de la Tour de Garde une fois par semaine. Et souviens-toi quand le Surveillant de District était là, je ne manquais jamais. Et je venais à chaque Mémorial ». Que dit-il alors ? « Je suis désolé, je ne te connais pas. Je ne te reconnais pas. Tu n’as pas suffisamment aimé le peuple du Seigneur pour être présent tout le temps. Tu n’as pas suffisamment aimé ma maison pour y être tout le temps. Maintenant pourquoi essayer de venir et montrer que tu m’aimes ? Si tu m’avais aimé tu aurais été là. Aussi je ne te reconnais pas comme l’un de mes gens, va-t-en loin de moi. Tu avais le temps de travailler justement, maintenant éloigne toi de moi ouvrier paresseux. Tu en avais l’occasion. Reste dehors là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Bas toi la poitrine. » Et pour nous ? Ne le ferions nous pas, si nous étions laissés dehors, de nous battre la poitrine, de grincer des dents et de pleurer, en disant : « Dieu, j’en étais si près. Quelle folie ai-je commise ? Pourquoi n’ai-je pas fait quelque chose pour la Vérité quand j’en avais la possibilité ? Pourquoi me suis-je trouvé tant d’excuses ? Pourquoi ai-je essayé de berner Jéhovah ? » Eh bien maintenant qui tirera profit de cela ce soir ? La Société a fait une application de l’Ecriture, mettant en évidence que ceux d’entre nous, Témoins de Jéhovah, qui ne s’associent pas régulièrement avec son peuple, sans une bonne raison telle qu’être malade et alité, ne sera pas dans l’Ordre Nouveau. Et nous serons ceux qui viendront roder quand les portes seront fermées en disant : « Je le veux maintenant. Seigneur, ouvre nous ! » Et Jésus dira : « Je suis désolé, je ne vous reconnais même pas. » Cela ne serait-il pas une chose terrible ? Vous voyez maintenant pourquoi la Société nous implore année après année, disant toujours la même vieille chose : « Frères, restez dans le troupeau. Ne trouvez pas d’excuses pour vous éloigner. D’aucune sorte. » Il n’y a qu’une chose qui comptera quand le temps viendra, et c’est ce que nous sommes à l’intérieur. Et nous espérons que tous ici ce soir allons écouter les implorations de la Société. Nous écouterons son invitation anxieuse : « Frères rentrez ! » car elle sait ce qui arrive ! Et ça vient vite. Et n’attendez pas jusqu’en 1975. La porte sera fermée avant. Alors ? Que ferons nous maintenant pour notre futur ? Pourquoi ne pas être comme un petit porcelet ? Tout le monde a vu des porcelets qui viennent de naître ? C’est une chose assez amusante. Ils viennent de derrière les pattes de la mère, ils sont aveugles, ne peuvent rien voir. Ils sont encore attachés à leur mère par le cordon ombilical. Et d’une manière ou d’une autre ils arrivent à se libérer de ce cordon ombilical pour se tourner vers les pattes de la mère et trouver le lait. Comment font-ils ? Eh bien regardez les parfois. Ils luttent et ils poussent et ils grattent. Ils tombent et ils se relèvent. Et ils s’agitent et se bousculent. Ils tombent encore et ils se redressent à nouveau et ils luttent et et ils poussent un peu plus et bientôt, ils font brèche et avec leurs petites pattes entourent les pattes de la mère, et ils surgissent et trouvent leur récompense, leur lait. Maintenant nous pouvons faire la même chose. Nous allons tomber un moment, nous allons glisser. Il va être difficile de lutter et pousser, mais n’abandonnez pas. Relevezvous, mettez-vous sur vos pieds, et courrez ! Le but est là : la vie éternelle ! Servez en la gardant en vue ! Faites ce que Jésus dit : servir en ayant en vue la vie éternelle, aussi longtemps que Jéhovah nous le demande ! Jésus réclame de l’endurance de notre part et Via Veritas 204 il dit aussi « en endurant vous acquérez vos âme ». Comme un Frère l’a dit, « Restez vivants jusqu’en 75 » ! [Applaudissements] Imaginez que vous ayez été présent lors de cette assemblée quelles auraient été votre impression et votre conviction ? A quel sentiment d’urgence ce discours énergique et éloquent aurait-il voulu vous mener sans ambiguïté aucune ? Ignorer 1975 aurait été un manque de foi. La temporisation prudente de l’espérance aurait été un manque de zèle. Il y a les sceptiques qui disent : « Je ne vais pas y penser et je ne vais m’inquiéter de cela. Je n’y prêterai pas attention ». Mais souvenez-vous, frères, l’’esclave fidèle et avisé est utilisé par Jésus pour quoi ? Jésus dit « pour apporter la nourriture en temps voulu ». Ceci est la nourriture, et elle vient juste au moment opportun. Et c’est en temps voulu. Et il n’est pas incorrect d’y penser, et de fixer ses regards dessus. Le compte à rebours divin était en marche. Sinon pourquoi compter si intensément les années qui restaient jusqu’en 1975. Mais avez-vous réalisé que plus de temps a passé depuis cette assemblée de 1958 qui rassembla un quart de million de Témoins de Jéhovah qu’il n’en reste jusqu’à 1975. C’est difficile de l’imaginer, n’est-ce pas ? Oui, c’était il y a neuf ans. Il y a seulement 8 ans jusqu’en 75. Que le temps qui reste est court. Combien de choses doivent arriver. Si le mot « possible » est bien signalé par l’orateur, l’attente confiante n’est absolument pas ce qui se dégage de l’action oratoire. Ce qui est généré est un sentiment d’urgence impérieux : la porte du salut va se refermer avant 1975. Comme le dénonçait la Tour de Garde du 1er novembre 1976 est-il donc possible que Frère Charles Sinutko, Surveillant Itinérant et mandaté par la Société pour s’exprimer en son nom, ait alors donné un simple avis personnel et que « son raisonnement était fondé sur de fausses conceptions » ? Nous ne pouvons que constater que les membres officiels de la Watchtower parmi les plus éminents et remarqués ont bel et bien été de ceux « qui participèrent à la publication des renseignements qui contribuèrent à nourrir un espoir axé sur cette date ». Et si ce sont des mandataires patentés et autorisés qui l’ont fait publiquement, alors il faut se rendre à l’évidence : c’est bien la Watchtower qui est le principal artisan de cette fausse espérance. Ce n’est pas une fausse erreur et ça s’est une vérité vraie. "Pouvez-vous avoir confiance en la Bible ?" Reveillez-Vous - Novembre 2007 - Analyse critique Par Popper La Watchtower nous a préparé un beau magazine spécial sur la Bible pour le mois de Novembre Via Veritas 205 2007. Que vaut-il réellement sous le regard de l’érudit ? J’ai reproduit dans cet article les citations les plus contestables. Celles qui ne présentent aucun intérêt ont été écarté - ex : La Bible est le premier livre imprimé par Gutenberg... Introduction - Page 3 – Faire ou ne pas faire confiance. “Son but (le numéro spécial de Réveillez-vous) n’est pas de vous imposer des croyances ou des opinions religieuses, mais plutôt de vous présenter les faits incontestables qui ont convaincu des millions de personnes que la Bible est digne de confiance. Après avoir lu les articles qui suivent, vous pourrez décider si ce livre mérite votre confiance.” Les faits incontestables portent bien leur nom. Ils n’ont pas le droit d’être contesté si les avis ne sont pas dans l’apologie ou l’homélie. Ce magazine est truffé de présentations tronquées des données actuelles sur la Bible. Nous allons les examiner page par page révélant du même coup la malhonnêteté intellectuelle des auteurs. Après tout, un avis objectif se construit sur une présentation des différentes opinions, n’est ce pas ? Page 4- Un livre d’exception. A la page 4, nous avons ici une artillerie de chiffres présentant la bible comme étant le livre le plus diffusé au monde. Ce n’est pas une primeur. Mais là où le fondamentalisme apparaît dans toute sa splendeur est ici : “■ Environ la moitié des rédacteurs de la Bible, ont achevé leur travail avant la naissance de Confucius, le célèbre philosophe chinois, et de Siddharta Gautama, le fondateur du bouddhisme.” Voila une affirmation bien aventureuse. * Premièrement, nous ne savons pas le nombre exact de rédacteurs que les livres de la Bible ont connu. Quand nous prenons simplement le Pentateuque nous tombons dans le flou profond. Il faut savoir que de nombreux textes législatifs, notamment le code deutéronomique et son introduction (Deutéronome 1:1 ; 4,45 etc.), ainsi que le code de l’alliance (Ex 24:4) sont attribués à Moïse. C’est cette attribution de la Loi à Moïse qui a permis à la tradition juive et chrétienne d’en faire l’auteur de tout le Pentateuque (cf. Philon d’Alexandrie, De vita Mosis, I § 8 ; Flavius Josèphe, Ant. Prooem. 4 §18-26 ; Mc 12,26 ; 2 Cor 3,14, etc.). Même si l’idée d’une origine mosaïque de la Torah ne fut guère ouvertement contestée jusqu’au XVIII° siècle, quelques apories de cette conception se firent jour très tôt. Il y a d’abord le récit de la mort de Moïse et de son enterrement par Dieu en Deutéronome 34. Estce que l’on pouvait s’imaginer que Moïse lui-même eût décrit sa propre mort ? Certains rabbins en doutaient, suggérant que les derniers versets du Pentateuque ont été ajoutés après coup par Josué, le successeur de Moïse (cf. Talmud bab. Baba Bathra 14b) Nous nous retrouvons avec un premier écrivain puis un deuxième achevant le Deutéronome, mais cela ne s’arrête pas là. Gn 36,31 présuppose l’époque de la monarchie, Nb 22,1 désigne la Transjordanie comme le pays au-delà du Jourdain, ce qui est en contradiction avec un Moïse écrivant en Transjordanie et même avec un Josué connaissant la géographie. Bref, les auteurs se multiplient et l’ensemble de l’Ancien Testament (canonique et non canonique) n’est pas en reste. * En ce qui concerne sa période de rédaction : L’ensemble de la Bible a subi de nombreuses interpolations au cours des siècles. (Dans son Contre Celse, Origène- ? reproduit cette critique de Via Veritas 206 son détracteur84). Son début de rédaction est au plus tôt au VIe siècle avant Jésus Christ et jusqu’au IVe siècle après JC. (cf. Concept Trinitaire adopté au Concile de Nicée présent dans la finale de Matthieu 2885). * Pour terminer. Confucius et Bouddha auraient vécu au VIe siècle av JC au moment où le Pentateuque commençait à se former. On ne peut donc affirmer que la « moitié des rédacteurs » avaient achevé leur travail avant leur naissance ■ La Bible a exercé une profonde influence sur les arts, inspirant quelques-unes des plus grandes peintures, compositions musicales et œuvres littéraires Ce n’est pas faux, mais c’est ignorer que la Bible condamne de telles images et n’a jamais encouragé l’art dans ce sens. (Exode 20:4) Tu ne te feras point d’image taillée, ni aucune ressemblance de ce qui est dans les cieux en haut, et de ce qui est sur la terre en bas, et de ce qui est dans les eaux audessous de la terre. ■ La Bible a été interdite par des dirigeants, brûlée par des adversaires religieux, attaquée par des détracteurs. Elle a rencontré plus d’opposition qu’aucun autre livre – et y a survécu Les auteurs oublient de nous préciser qu’elle fut l’origine de milliers de convertis de force, de massacres religieux, de croisades et que la Bible que nous possédons est la Bible de l’Église gagnante. Les livres des autres Églises ayant subi le nettoyage de la censure religieuse. N’oublions pas aussi que la Bible est le seul livre religieux au monde qui justifie l’éventration de femme enceintes, le génocide et le massacre des vieillards et des enfants. (Josué 7:2426)Cherchez ! Vous ne trouverez aucun livre semblable. Sans aucun doute ce livre est unique... Page 5- 1. Son historicité. Un livre qui renfermerait des inexactitudes ne serait guère crédible. Imaginez que vous lisiez un manuel d’histoire qui place la Seconde Guerre mondiale dans les années 1800 ou qui parle du roi des Etats-Unis au lieu de leur président. Ne douteriez-vous pas de la fiabilité de l’ensemble de ce livre ? Je prends au mot les auteurs. Nous avons édité 3 articles qui abordent les anachronismes de la bible. Veuillez vous y reporter pour vous rendre compte du culot de nos auteurs.- Les anachronismes de la Bible - Des dizaines d’évènements anachroniques existent et ils voudraient nous les cacher ??? Les personnages.. Des détracteurs de la Bible mettaient en doute l’existence de Ponce Pilate, le gouverneur romain de Judée qui a livré Jésus pour qu’il soit attaché sur un poteau (Matthieu 27 :1-26). Cependant, une pierre découverte en 1961 à Césarée, ville portuaire de la Méditerranée, atteste que Pilate a bien gouverné la Judée Entendons-nous bien. Les détracteurs pour les Témoins de Jéhovah sont toutes les personnes qui osent remettre en cause l’historicité intégrale ou l’infaillibilité de la bible. 84 Il y a autant de versions que d’exemplaires [des évangiles] : chacun a ajouté ou retranché ce que bon lui semblait. (in Commentaire sur Josué de Saint Jérome) 85 Source pour l’Ancien Testament : Le Pentateuque en question – Albert de Püry et Thomas Römer. 2002 - Source pour le Nouveau Testament : Eusèbe de Césarée IVe siècle – Histoire Ecclésiastique citant 18 fois ce passage en rappelant à chaque fois « Faites des disciples en mon nom » montrant que le passage n’avait été encore modifié. Formule confirmée par Paul qui ignore « Le Père, le Fils et l’Esprit saint ». On ne trouve cette formule qu’a partir de l’après Concile de Nicée dans les textes Via Veritas 207 Que nous prouve cet exemple ? Que Ponce Pilate a existé. Bien. Nous avons des preuves que Jules César a existé, cela fait-il d’Astérix un personnage historique pour autant ? De même les preuves sont nombreuses que le Cardinal de Richelieu a bien existé. Cela nous prouve-t-il que ses paroles rapportées dans Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas sont authentiques ? Ensuite est-ce vraiment l’historicité de Ponce Pilate qui fut contestée ? Pas du tout. Ponce Pilate est bien authentifié dans les écrits de Flavius Josèphe (Guerre des Juifs, livre II). La question n’est pas de savoir si Ponce Pilate a existé mais ce qu’il vient faire dans un récit liturgique ? Barabbas (Jésus Barrabas selon Origène), la propitiation du sang, le bouc émissaire (Jésus Christ), le lavement des mains est une reproduction du livre du Lévitique. Peut-on imaginer Pilate exécutant un rituel juif alors qu’il était réputé pour n’en avoir rien à faire selon Flavius Josèphe ? ( pour aller plus loin : Ponce Pilate dans le récit original ?- débat entre deux exégètes Jusqu’en 1993, rien en dehors de l a Bible ne venait soutenir l’historicité de David, le jeune berger courageux qui est devenu roi d’Israël. Cette année-là, toutefois, des archéologues ont mis au jour dans le nord d’Israël une pierre de basalte datée du IXe siècle avant notre ère qui, au dire de spécialistes, contient les expressions « Maison de David » et « roi d’Israël » Voici une preuve de la malhonnêteté des auteurs de ce périodique. Qu’êtes vous amené à penser à cette lecture ? Tout simplement qu’une pierre de basalte datée d’environ 900 av JC prouve qu’il était écrit « Maison de David roi d’Israël ». La stèle de Tel Dan ne dit pas cela mais ceci : « J’ai tué [Jo]ram fils d’[Achab] roi d’Israël, et [j’ai] tué [Ahas]yahu fils de [Joram] roi de la maison de David. Et j’ai réduit [leur ville en ruine et changé] leur terre en [désolation]. » Qu’apprenons-nous ? Que Joram fils d’Achab était roi d’Israël et se considérait comme descendant de la maison de David. Ceci ne prouve absolument pas que le David de la Bible est la correspondance historique de ce personnage cité ni que celui-ci fut roi d’Israël. De même que si des Suisses ont affirmé descendre de Guillaume Tell, ceci n’a jamais prouvé l’existence du personnage( mythique en l’occurrence mais les légendes sont plus belles que l’histoire…). “Les évènements. Il y a encore peu de temps, beaucoup d’érudits doutaient de l’exactitude du récit biblique qui présent la nation d’Edom combattant contre Israël aux jours de David ( 2 Samuel 8 :13,14) D’après eux, les Edomites étaient à cette époque une communauté pastorale primitive et ne seraient devenus que bien plus tard assez organisés ou assez puissants pour s’attaquer à Israël. Néanmoins, des fouilles récentes ont révélé qu’ « Edom était une société complexe des siècles plus tôt [qu’on ne le pensait], comme l’indiquait la Bible », explique une revue archéologique (Biblical Archeology Review).” Les faits sont évidemment bien plus complexes que cette vision de gagne-petit présentée. Passons sur le fait que la citation vient d’une revue à base fondamentaliste américaine dont l’intérêt n’est pas l’archéologie mais « l’archéologie biblique » suivant les principes d’Albright autrement dit celle qui prouve que la bible ne ment pas… Dans le lien suivant on apprendra un peu plus sur les dernières datations au Carbone 14 de la région Edomite. Etonnant que les auteurs de Réveillez-Vous acceptent avec autant d’emphase une datation effectuée par le carbone14 qui met au placard en permanence notre Adam face à des fossiles de Cro-Magnon plus vieux que lui, mais passons... Via Veritas 208 La forteresse de la controverse Edom n’a jamais été présenté comme n’ayant aucune existence mais dont le développement sous forme de Royaume fut postérieur à Moïse. Si les minimalistes considéraient qu’il n’existait pas avant le VIIIe siècle. Les nouvelles datations tendraient à prouver le contraire mais cela nous donne une forteresse au plus tôt au 10e siècle avant JC, ce qui corroborerait le récit biblique sur les batailles avec Salomon et David (2 Samuel 8:13 - 14, 1 rois 11:15 – 16) mais absolument pas pour l’Exode et la conquête de la Terre Promise. Enfin, une forteresse dégagée n’a jamais donné la preuve de l’existence d’un royaume tel que l’imagine 2 Samuel. Les archéologues restent prudents dans leurs conclusions, mais les journalistes fondamentalistes sautent au plafond. Sans doute pour rejoindre leur araignée... Pour en savoir plus lisez cet article en anglais. Ainsi contrairement aux auteurs de ce Réveillez-Vous ou Roger Garaudy (Les mythes fondateurs de l’Etat d’Israël), je ne crois pas à l’historicité de tous les massacres rapportés. Ils ont été inventés par les rédacteurs de la caste sacerdotale pour pouvoir dire que les Juifs ne s’étaient jamais mélangés aux peuples parmi lesquels ils habitaient. Par exemple, malgré la prétendue solution finale du problème cananéen opérée par Josué, dans le livre suivant, Juges, il faut tout reprendre à zéro ! Pire : Josué semble mourir avant la conquête (1:1)... pour ressusciter au chapitre suivant (2:6) ! Il n’y a pas de juge sous lequel les Hébreux ne prennent des taloches des Cananéens. Le roi d’Eglon, pendu par Josué (Josué 10:23) asservit les Israélites pendant dix-huit ans (Juges 3:14). Le roi Yabin, estourbi en Josué 11:10, les opprime pendant vingt ans (Juges 4:3). Les Madianites, exterminés par Moïse (Nombres 31), traquent les Hébreux au point que ceux-ci doivent se réfugier dans des cavernes (Juges 6:1-6) ! Enfin, le héros yahviste Gédéon refait tout le boulot du « dieu » Josué... pour des nèfles, vu que David trouve encore des tas de goyim à massacrer en Palestine et Salomon, 153.600 mâles adultes à réduire en esclavage (2 Ch 2:17). On lit dans l’Exode (23 : 29-30) : Via Veritas 209 Je n’expulserai pas les Cananéens en une seule année car le pays deviendrait un désert où se multiplieraient les bêtes sauvages. Je les expulserai peu à peu jusqu’à ce que ta fécondité te permette d’occuper le pays. Mais dans les Nombres (33:55) : Si vous ne dépossédez pas les habitants de ce pays, ceux d’entre eux que vous aurez épargnés seront comme des épines dans vos yeux et des aiguillons dans vos flancs. Ils vous opprimeront sur la terre où vous habitez, et ce que voulais leur faire, c’est à vous que je le ferai. Que Dieu change d’avis d’un siècle à l’autre, passe encore. Mais qu’il donne deux instructions aussi contradictoires à la génération de Moïse, avouez que cela fait désordre...Et vous voudriez vous battre pour savoir si ces villes étaient vraiment présentes à cette époque là ? Quand bien même nous retrouverions l’histoire réelle d’Israël, les textes l’Ancien Testament resteraient remplis de contradictions et d’erreurs chronologiques. “Les titres.. De nombreux dirigeants se sont succédé au cours des 16 siècles qu’a duré la rédaction de la Bible. Quand la Bible parle de l’un d’eux, elle utilise chaque fois le titre approprié. Par exemple, elle dit fort justement qu’Hérode Antipas était « chef de district », et Gallion « proconsul » (Luc 3:1 ; Actes 18 12). En Ezra 5 :6, Tattenaï est qualifié de gouverneur de la province perse « au-delà du Fleuve », ce fleuve étant l’Euphrate. Une pièce frappée au IVe siècle avant notre ère comporte une description similaire, attribuant au gouverneur perse Mazaeus le titre de chef de la province « Audelà du Fleuve ». Bon, on leur pardonnera d’oublier que Belschazzar de Daniel 5 ne fut par roi mais seulement prince héritier et que le roi Darius le Mède de Daniel 6 n’a jamais existé et cela suivant les très abondantes chroniques babyloniennes. Pour Gallion, passe encore, mais pour qu’Hérode soit celui que Flavius Josèphe, nous avons un problème chronologique avec le recensement de Quirinius en +6 et les différents Hérode. Et oui, trop de détails tuent l’ensemble. Maintenant qu’une pièce du IVe siècle confirme ce que le rédacteur écrit vers la même époque ne prouve aucune transcendance divine. Nous avons bien un Hercule Poirot qui prend le train dans les romans d’Agatha Christie…Et je ne sais pas vous mais moi Tattenaï et Mazaeus ça me fait deux personnes, pas une seule… Page 6 – Sa franchise et son honnêteté. Passons sur l’animal grotesque dessiné pour avaler Jonas. Pas moyen de savoir si ce poisson est un mammifère se nourrissant de plancton (sans fanons ?) car les dents auraient déchiqueté notre pauvre Jonas. En tout cas, j’aimerais avoir une étude anatomique solide de cet animal qui permet d’expliquer comment un homme peut respirer dans un poisson pour composer des poèmes et sans se faire digérer par les sucs digestifs … “Matthieu ne cache pas qu’il a abandonné Jésus la nuit où celui-ci a été arrêté. – Matthieu 26 :56.” Si vous ne saviez pas que Jésus était accompagné de tous ses disciples, on vous l’apprend et tout le monde le découvre. Pourtant le récit du chapitre 26 nous apprend que Jésus n’est entouré au Jardin de Guethsémané que de 3 apôtres (les disciples ayant reçu l’ordre de rester dans un coin (26:36). L’incise dans le texte est tellement maladroite qu’on est obligé de combler le vide et d’imaginer un scenario des 3 apôtres revenant criant "Courage, fuyons !" vers les disciples du fond du jardin pour Via Veritas 210 que tout le monde déguerpisse en chœur. On pourra s’étonner que Matthieu est un apôtre inexistant pour Selon Jean. En fait c’est le contraire qui aurait été étonnant. Car la prophétie d’Amos avait prédit que tout le monde l’abandonnerait Je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées. (Zacharie 13:7) et qu’un des disciples se retrouverait à poil car Amos 2:16 : "et le plus courageux d’entre les braves s’enfuira tout nu en ce jour-là,oracle de Yahvé" La Watchtower reprend ici la tradition catholique qui nous bombarde un Marc naturiste (Le plus grand homme de tous les Temps - Etude 118) mais alors pourquoi aucun historien de l’Eglise n’a jamais fait de Marc un témoin de la vie de Jésus ??? “Les rédacteurs des Ecritures hébraïques révèlent que leur peuple n’arrêtait pas de grogner et de se rebeller ( 2 Chroniques 36 :15 ,16). Ils n’épargnent personne, pas même les chefs de leur nation (Ezekiel 34 :1-10)” Pas difficile quand les protagonistes sont morts, on peut se permettre de baver dessus. Ezéchiel est réputé avoir écrit le chapitre 34 pendant le siège de Jérusalem. (cf. Introduction aux Prophètes Bible de Jérusalem) On apprécie son soutien moral... “Avec tout autant de franchise, les lettres des apôtres nous apprennent les problèmes graves qu’ont rencontrés au Ier siècle des chrétiens, y compris des responsables, ainsi que des congrégations. – 1 Corinthiens 1 :10-13 ; 2 Timothée 2 :16-18 ; 4 :10.” A ce sujet il est bien dommage que nous n’ayons qu’une version des faits pour nous faire notre avis « objectif ». Qu’ont répondu les « murmureurs » Corinthiens ? Nous n’en savons rien. Quand à la deuxième épître à Timothée - réputée pour être inauthentique86 - Hyménée et Philète n’ont pas voix au chapitre, c’est bien dommage. On aurait aimé savoir comment ils arrivaient à renverser la foi de certains si les textes étaient aussi clairs que cela quand à la date de résurrection. Les Témoins de Jéhovah restant persuadés que la résurrection n’a commencée qu’en 1914. (Et 1 Corinthiens 15 c’est du poulet ? ) “Les rédacteurs ont écrit que les apôtres de Jésus étaient considérés comme « des hommes sans instruction et des gens ordinaires » - Actes 4 :13” Le terme grec exact pour sans instruction est « idiotes » signifiant « non lettré ». On se demande bien comment ils pouvaient lire dans le livre de Daniel (pas encore canonisé) l’arrivée du Messie avec des calculs eschatologiques n’apparaissant réellement qu’en 1190 ap JC avec Joachim de Flore, mais passons87... Pour en revenir au recrutement des disciples et des apôtres, dans Selon Matthieu, Pierre et André sont d’humbles pêcheurs de rencontre recrutés par Jésus au bord du lac de Tibériade (4.18). Dans Selon Jean, la rencontre a lieu aux sources du Jourdain et ces disciples sans qualification sont promus proches de Jean-Baptiste (1.35) affectés à son bureau (1.39). Une troisième version du recrutement des apôtres traîne au milieu des Synoptiques (Marc 3:13, Mat 10:1, Luc 6 :12) pour faire de Jésus un nouveau Moïse (Ex 18.18, Nb 11.16). 86 Lire à ce sujet Bart Ehrman, (2003). The New Testament : A Historical Introduction to the Early Christian Writings. Oxford University Press, USA. ISBN 0-19-515462-2. ) 87 Source : Carl Olof Jonnson " The Gentile Times Reconsidered" Via Veritas 211 Matthieu et Luc corrigent Marc en insinuant que Jésus connaissait déjà ces apôtres. Marc dit que non. Il y a pourtant quatre recrues en Mc 1.16, une autre en 2.13, mais ces disciples sont tellement inactifs qu’on peut voir ici des corrections du Marc primitif. Mais il était prédit que le Messie aurait douze disciples privilégiés. Cela parce que l’ancien Jésus avait pris douze auxiliaires, nombre symbolique, cosmique. Il y a douze signes du zodiaque, douze mois de l’année et douze heures de jour ; de même douze patriarches et douze tribus d’Israël. Ses disciples devaient être surtout des pêcheurs ; peut-être parce que la Galilée borde un lac poissonneux, mais surtout parce que la pêche offre une symbolique intéressante. Il est dit en Jérémie 16:16 : “Voici que j’appelle en foule des pêcheurs - oracle de Yahweh, - et ils les pêcheront” (trad. Crampon) Le rédacteur de Matthieu écrit des premiers disciples : “ ...ils étaient pêcheurs. Il (Jésus) leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheur d’hommes” (4:19 ; Marc 1:17 ; trad Segond) “...tu as fait les hommes comme les poissons de la mer...” Habacuc 1:14 (trad. Martin) “Les écrivains des Evangiles n’ont pas enjolivé les faits pour présenter Jésus sous un jour plus favorable. Non, ils ont rapporté avec honnêteté qu’il a eu une humble naissance dans une famille d’ouvriers, qu’il n’a pas suivi d’études dans les écoles prestigieuses de son temps et que la plupart de ses auditeurs ont rejeté son message – Matthieu 27:25 ; Luc 2:4-7 ; Jean 7:15.” On ne peut pas reprocher aux auteurs d’avoir écrit tout ce qui était prophétisé dans l’Ancien Testament et ainsi d’avoir créé un messie de synthèse88 - On pourra noter au passage la contradiction sur le fait que les auteurs présentent les Apôtres comme des analphabètes et le fait que la Watchtower soutient l’idée que c’est l’apôtre Jean qui a écrit le Selon Jean89... • Le statut social : Si le statut social est indiqué par Joseph, ce dernier est inconnu des premiers apologistes chrétiens, cf Justin dans sa première Apologie (32.14) : Il naquit, par la vertu de Dieu, d’une vierge de la race de Jacob, père de Juda, ancêtre des Juifs. Jessé fut aussi, selon les oracles (Is 11.1), un aïeul du Christ. Enfin, les généalogies apparaissent au IIIème siècle (j’emploie ici les noms de Matthieu et de Luc pour désigner les ouvrages et non leurs auteurs qui sont multiples, chacun y allant de sa retouche). À la fin du IIème siècle, Tatien, disciple de Justin, commet un Diatessaron (harmonie des quatre évangiles) d’où sont absentes les généalogies. Il est peu probable qu’il les ait délibérément supprimées, puisque son but n’était que d’harmoniser. Au pire, après avoir essayé de concilier l’inconciliable, il n’en aurait pris qu’une, celle de Luc puisqu’il se souciait des gentils (il a écrit un Discours aux Grecs). Dans un manuscrit du Diatessaron retrouvé en 1934, lors de fouilles à DouraEuropos (Mésopotamie), ces généalogies sont absentes ainsi que d’autres passages des Évangiles canoniques où il est dit que Jésus descendait des rois de Judée. • Son instruction : Pour sa connaissance, il n’a pas besoin de la recevoir des hommes puisqu’il est Dieu et que selon le Testament de Lévi ( IIe siècle av JC) 18,6-8 88 Lire à ce sujet l’excellent livre de Michel Gozard - Jésus ? Une histoire qui n’en est pas une chez Publibook. 89 Les appellations Selon Matthieu, Selon Marc, Selon Luc et Selon Jean ne sont pas d’origines mais ont été ajoutés à la fin du IIe siècle pour les distinguer des apocryphes. Pour en savoir plus lire Jésus après Jésus de Mordillat et Prieur - 2002 Via Veritas 212 “Les cieux s’ouvriront et du temple de la gloire viendra sur lui la sanctification, avec une voix paternelle, comme d’Abraham à Isaac Et la gloire du Très-Haut jaillira sur lui et l’Esprit d’intelligence et de sainteté reposera sur lui, dans l’eau. Lui-même, en effet, donnera la grandeur du Seigneur à ses fils, en vérité, pour toujours...” • Son message rejeté : Il a beau être le Messie, cela n’empêchera pas son message d’être rejeté car cela est prophétisé en Isaïe 6 :9-10 “ Il dit alors : Va , et dis à ce peuple : Vous entendrez , et vous ne comprendrez point ; Vous verrez , et vous ne saisirez point. Rends insensible le cœur de ce peuple, Endurcis ses oreilles, et bouche -lui les yeux, Pour qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses oreilles , Ne comprenne point de son cœur, Ne se convertisse point et ne soit point guéri .” page 7 - Point 3 - Son harmonie interne “Un message harmonieux. Les rédacteurs de la Bible ont traité un thème central : la justification du droit de Dieu à diriger les humains et l’accomplissement de son dessein grâce à son royaume céleste, un gouvernement mondial. Ce thème est présenté dans la Genèse, développé dans les livres suivants et amené à son dénouement dans la Révélation (ou Apocalypse). – Voir « De quoi parle la Bible ? » page19.” Il ne l’est pas seulement dans les livres canoniques mais dans toute la littérature juive, gnostique et chrétienne à ce sujet. On ne parle pas de message harmonieux mais de trame permanente dans ce cas-là. Des détails concordants. Les rédacteurs de la Bible s’accordent même sur de petits détails ; or, souvent, il apparaît clairement que ce n’était pas calculé. Prenons un exemple. L’évangéliste Jean relate qu’un jour Jésus a demandé à Philippe où il était possible d’acheter du pain pour nourrir la grande foule qui était venue l’écouter (Jean 6 :1-5). Pourquoi Philippe ? Dans un passage parallèle, Luc indique que cet épisode s’est passé près de la ville de Bethsaïda (Luc 9:10 ; Jean 1:44). Jésus s’est donc adressé tout naturellement à quelqu’un qui avait habité la région. Les détails concordent, mais manifestement sans qu’il y ait volonté de les faire s’harmoniser. On voit bien à cet exemple que la Watchtower refuse toujours la théorie (non dans un sens péjoratif) des sources qui montre que Marc est l’évangile le plus ancien, que Matthieu et Luc s’en sont inspiré et que Jean en a fait une synthèse plus l’utilisation d’un autre évangile. Ce problème synoptique est à étudier de plus près si on veut bien comprendre ces convergences qui n’ont donc absolument rien de miraculeux. “Des différences raisonnables. Certains récits présentent quelques différences, mais n’est ce pas logique ?” Si, si très logique. L’Esprit Saint de Dieu n’ayant aucune logique inspire ses rédacteurs nous présentant le récit de la vie de Jésus sous plusieurs angles différents qui ont la fâcheuse habitude de se télescoper dès qu’on examine en synopse ces évangiles. Mais apparemment le paradoxal est la norme pour nos auteurs. Par exemple : si l’auteur des Actes est le même que celui de l’Evangile Selon Luc, comment peut-il dire dans les Actes des Apôtres que Jésus est apparu pendant quarante jours après sa résurrection et dire dans son évangile qu’il est monté au ciel le jour même de sa résurrection (Luc 24:51) ? “Supposez que plusieurs personnes aient été témoins d’un délit. Si toutes rapportaient les mêmes détails en utilisant les mêmes termes, ne les suspecteriez-vous pas d’être de Via Veritas 213 connivence ? Il est normal que les témoignages des uns et des autres varient plus ou moins en fonction de leur vision de la situation. On peut en dire autant des rédacteurs de la Bible” Mettons à l’épreuve cette assertion. La situation géographique de Nazareth. Luc 4:16 Il (Jésus) se rendit à Nazareth, où il avait été élevé, et entra, selon sa coutume, dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture, […] Luc 4:24 Il leur dit encore : En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est bien reçu dans sa patrie. […] 28 Ils furent tous remplis de fureur dans la synagogue, lorsqu’ils entendirent cela. 29 Ils se levèrent, le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de a montagne sur laquelle leur ville était bâtie afin de le précipiter en bas. Donc la Nazareth de Luc est bâtie sur une montagne. Comment se fait-il alors que Jésus puisse s’en éloigner en barque dans Matthieu ? (Matthieu 13.54) S’étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue, de sorte que ceux qui l’entendirent étaient étonnés et disaient : D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? (… insertion de l’épisode de la décapitation de Jean-Baptiste, Jésus ne bouge pas de sa ville…) (Matthieu 14.12-13) Les disciples de Jean vinrent prendre son corps, et l’ensevelirent. Et ils allèrent l’annoncer à Jésus. A cette nouvelle, Jésus partit de là dans une barque, pour se retirer à l’écart dans un lieu désert ; et la foule, l’ayant su, sortit des villes et le suivit à pied. Comme vous pouvez le voir ici, la Nazareth actuelle n’est pas sur une montagne. Et si vous voulez faire une escapade en barque, il vous faudra ramer sur les cailloux pendant pas mal de kilomètres... Ce n’est pas une vision différente des rédacteurs, mais la preuve d’une ignorance profonde de la géographie de la région. “ En voici une illustration. Le vêtement que Jésus portait le jour de sa mort était-il pourpre, comme le disent Marc et Jean (Marc 15:17 : Jean 19:2) ? Ou bien était-il écarlate, comme le mentionne Matthieu (Matthieu 27 :28) ? En fait, les deux peuvent être exacts. Le pourpre contient du rouge. Selon l’angle sous lequel on regarde le vêtement, les reflets de lumière et l’arrièreplan peuvent en atténuer certaines nuances, lui donnant des tons différents. L’harmonie entre les rédacteurs de la Bible, y compris dans le cas des concordances fortuites, est une indication de plus que leurs écrits sont dignes de confiance.” Via Veritas 214 Dans un apparat d’honnêteté intellectuelle, nos auteurs insultent notre intelligence. En créant un écran de fumée par une ergoterie sur pophura (pourpre) et kokkinos (écarlate) dont la traduction pour les deux mots peuvent être cramoisi, ils tentent de cacher des contradictions des évangiles beaucoup plus compromettantes. Par exemple, pour le procès de Jésus, la scène du couronnement d’épines est après le jugement de Pilate selon Marc et Matthieu, avant selon Jean. Mais c’est secondaire. C’est un peu plus embêtant quand il s’agit de l’heure de la mise à mort Quand Jésus a-t-il été mis au Poteau ? Versets A la 3e heure Bien après la 6e heure Marc 15 :25 C’était la troisième heure, et ils l’attachèrent sur un poteau Jean 19:14-16 : Or c’était la préparation de la Pâque ; c’était environ la sixième heure. Et il dit aux Juifs : “ Voyez ! Votre roi ! ” Mais ils crièrent : “ Enlève[-le] ! Enlève[-le] ! Attache-le sur un poteau ! ” Pilate leur dit : “ Faut-il que j’attache votre roi sur un poteau ? ” Les prêtres en chef répondirent : “ Nous n’avons de roi que César. ” À ce moment-là donc, il le leur livra pour être attaché sur un poteau. Ou même de sa date !! Selon les synoptiques (Matthieu, Marc, Luc) c’est le 15 Nisan Selon Jean c’est le 14 Nisan90. Incroyable. C’est le jour crucial du rachat de l’humanité toute entière et les disciples n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le jour de sa mort. « Etait-ce le vendredi ou le samedi ? Mince j’ai un doute… » Avouez que cela fait un peu désordre pour les témoins d’un évènement cosmique. Et ce ne sont pas les seules contradictions, nombre d'entre elles sont relevées dans cet ouvrage. Il est vrai que nous appelons "fable" la religion du voisin aussi sûrement que nous appelons "histoire" ("sainte", en l’occurrence) la nôtre. Ainsi Samson qui ramasse du miel d’un essaim qui se loge dans la carcasse d’un lion alors que tous les apiculteurs vous diront que c’est biologiquement impossible puisque jamais une abeille reine-mère n’aurait la stupidité d’aller se loger dans un endroit en putréfaction91 est un reportage pour les TJ, une allégorie pour les catholiques mais en fait n’est qu’un reliquat d’une légende cananéenne92. Demandez à nos auteurs s’ils pensent que les 12 Titans d’Hédiode empilant des blocs de pierres pour faire les montagnes sont de l’histoire, ils vous riront au nez. Faites en de même avec leurs écrits, et ils vous anathématiseront sur le champ. Allez comprendre… page 8 - Point 4 - Son exactitude scientifique Aucune affirmation contraire à la science. (…) Bien avant que la science ne découvre les modes de propagation et de prévention des maladies, les médecins recouraient à des pratiques qui étaient à tout le moins inefficaces, et au pire mortelles. Cependant, pas une fois dans ses plus de 1100 chapitres la Bible ne mentionne une conception ou une pratique non scientifique ou dangereuse. Vraiment ? Nous ne devons pas avoir la même Bible alors. 90 Pour les synoptiques la Pâque a déjà commencée, pour Jean nous sommes le jour de la préparation de la Pâque lorsque Jésus expire, c’est à dire le jour d’avant. 91 Posez la question à un apiculteur et vous verrez sa réaction... 92 cf. Cultes, Mythes et Religions – Salomon Reinach Via Veritas 215 Une femme était déclarée impure pendant 7 jours pour un garçon et le double pour une fille (Lévitique 12:2). On se demande bien sur quelle base scientifique on analyse le procédé ? Quand une femme avait ses règles, tout objet sur lequel elle s’asseyait était déclaré impur.(Lévitique 15:19) Faites chez vous la même chose à votre compagne en disant : « Chérie, je ne m’assoie pas sur le canapé avec toi car tu l’as rendu impur » juste pour voir… Les médecins ne sont pas en reste. Je vous laisse apprécier la médecine du Lévitique pour un lépreux – Lévitique 14 :1-9 (Traduction Bible de Jérusalem) Yahvé parla à Moïse et dit : Voici la loi à appliquer au lépreux le jour de sa purification. On le conduira au prêtre, et le prêtre sortira du camp. S’il constate, après examen, que le lépreux est guéri de sa lèpre, il ordonnera de prendre pour l’homme à purifier deux oiseaux vivants et purs, du bois de cèdre, du rouge de cochenille et de l’hysope. Il ordonnera ensuite d’immoler un oiseau sur un pot d’argile au-dessus d’une eau vive. Quant à l’oiseau encore vivant, il le prendra ainsi que le bois de cèdre, le rouge de cochenille, l’hysope, et il plongera le tout y compris l’oiseau vivant dans le sang de l’oiseau immolé au-dessus de l’eau courante. Il fera alors sept aspersions sur l’homme à purifier de la lèpre et, l’ayant déclaré pur, il lâchera l’oiseau vivant dans la campagne. Que viennent faire ici des oiseaux ? Vous avez déjà vu votre médecin pratiquer des lâchers de pigeons à chaque fois qu’il vous guérit d’une grippe, vous ? La suite n’est pas mal non plus : Celui qui se purifie nettoiera ses vêtements, il se rasera tous les poils, il se lavera à l’eau et sera pur. Après quoi il rentrera au camp, mais il restera sept jours hors de sa tente. Le septième jour il se rasera tous les poils : cheveux, barbe, sourcils ; il devra se raser tous les poils. Après avoir nettoyé ses vêtements et s’être lavé à l’eau, il sera pur. J’aimerai bien que nos auteurs m’expliquent sur quelle base scientifique on doit asperger du sang sur un lépreux et la nécessité de l’oiseau volant au-dessus de la rivière pour finaliser la guérison ? Pourquoi doit-on raser ses sourcils pour se purifier en restant 7 jours sans abri quitte à se prendre une pneumonie s’il pleut à verse ? Je ne savais pas les sourcils source de maladies…La prochaine fois que vous rencontrez un SDF chauve, c’est qu’il se purifie selon la Sainte Bible… On notera au passage une bizarrerie. Pour ma part, je dis « tout au moins » et non « à tout le moins » mais peut-être me trompe-je... Des déclarations en accord avec la science Il y a 3500 ans, la Bible affirmait que la Terre est suspendue « sur rien » (Job 26:7) Les rédacteurs de l’Ancien Testament (et Selon Matthieu) croyaient en une terre circulaire et plate avec un plafond du ciel solide. On a une erreur d’environ 1 000 ans pour l’époque de la rédaction (la Bible n’existant pas à l’époque) , mais ça n’est pas ça le plus important. Après tout « 1 000 ans est comme un jour pour (Les Témoins de) Jéhovah. » Au VIIIe siècle avant notre ère, Isaïe parlait du « cercle [ou sphère] de la Terre » (Isaïe 40.22) Une Terre sphérique qui tient dans l’espace sans support visible ou physique : n’est-ce pas là une description étonnamment moderne C’est faux. La Watchtower tord le sens de la parole d’Isaïe. Grâce notamment à l’observation du ciel à travers des télescopes puissants, les Via Veritas 216 chercheurs sont parvenus à la conclusion que l’univers à eu une « naissance” soudaine. Les implications de cette conclusion ne plaisent pas à tous les scientifiques. Un professeur a fait remarquer : « Un univers qui a eu un commencement semble requérir une cause première ; car qui imaginerait un tel effet sans une cause suffisante ? « Or, longtemps avant l’apparition du télescope, le premier verset de la Bible déclarait sans détours : « Au comment Dieu créa les cieux et la terre » - Genèse 1:1. Bien qu’elle soit un livre ancien et qu’elle traite de nombreux sujets, la Bible est exempte d’inexactitudes scientifiques. Un tel livre ne mérite-t-il pas au moins notre respect ? La Bible contient de nombreuses erreurs scientifiques. Elle affirme par exemple que la chauve souris est un oiseau, alors que c’est un mammifère (Lévitique 11 :13). Elle affirme de même que les lapins et les lièvres sont des ruminants, alors que ce sont des rongeurs (Deutéronome 14:7). La Bible affirme aussi que c’est le soleil qui tourne autour de la terre, comme lors des miracles les plus absurdes que l’on peut imaginer où l’on voit Jéhovah faire reculer le soleil de dix degrés, pour spécifier à qui de droit qu’il augmente sa vie de dix années : (Isaïe 38:8) Je ferai reculer de dix degrés en arrière avec le soleil l’ombre des degrés qui est descendue sur les degrés d’Achaz. Et le soleil recula de dix degrés sur les degrés où il était descendu. Ces passages ayant servi notamment au procès Galilée pour démontrer la fausseté de la théorie héliocentrique. Que la Bible contiennent de pareilles erreurs prouve que ce sont des hommes qui l’on écrite : des hommes aussi ignorants que leur époque. Il est à noter que dés les origines du christianisme les sectes chrétiennes se sont opposées à la connaissances scientifiques, considéré comme vanité humaine, comme lors de l’incendie de la bibliothèques d’Alexandrie et du bannissement des savants nestoriens qui ont fait les joies des cours hindoues. (Marc 16:17-18) : Et ce sont ici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru, en mon nom ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents ; et quand ils auront bu quelque chose de mortel, cela ne leur nuira point ; ils imposeront les mains aux infirmes, et ceux-ci se porteront bien. En clair si vous mourrez après avoir bu de la cyanure, c’est que vous êtes un mauvais croyant. Qui tente l’expérience ? Le refuser serait manquer de respect, n’est-ce pas ? Sans compter un Déluge universel qui n’a jamais eu lieu. • Le Témoin de Jéhovah : C’est faux. Jésus a parlé du Déluge de Noé. C’est bien une preuve ! • Réponse : Ce n’est pas parce-que Tintin se rend à nouveau en Syldavie dans le livre Objectif Lune alors qu’il y a est déjà allé dans le Sceptre d’Ottokar que ce pays existe ! On ne prouve pas les faits d’un livre en citant un autre livre, voyons ! page 9 - Point 5 - Ses prophéties réalisées La Bible est remplie de prédictions, de prophéties. Au regard de l’Histoire, elle a fait ses preuves : ses prophéties sont toujours exactes Il est vrai que la Bible est remplie de prophéties. Les Evangiles en sont remplis. Il y en a plein, trop Via Veritas 217 même... Pour écrire la vie du Messie, il suffit de prendre quelques calames, du parchemin et les écrits des prophètes. Pas besoin ensuite d’avoir un Jésus en chair et en os, malgré ce que peuvent affirmer nombre de nos évhéméristes93. En ce qui concerne l’Ancien Testament, l’histoire est toute autre. Evidemment, en croyant que l’écriture existe indépendamment d’une civilisation on nous fait oublier que les lois écrites n’existent que lorsqu’une société est structurée et fixe, pas pour une bande de nomades qui n’en ont guère besoin94, ce qui signifie que l’apparition des écrits prophétiques ne peut l’être que dans un cadre d’une société bien implantée. La chronologie fondamentaliste ne tenant pas face à l’épreuve de ces faits, elle cherchera à prouver par tous les moyens l’époque de rédaction de ces écrits hors champ archéologique. On pourrait parler longtemps des prophéties mais je vous renvoie donc à mon article « Et les prophéties bibliques dans tout ça » et aussi à cet article (en anglais)) qui traite de la valeur de ces prophéties. Leurs caractéristiques. Les prophéties bibliques sont souvent précises et elles s’accomplissent dans les moindres détails. Elles traitent en général de sujets très importants, et annoncent l’opposé de ce à quoi aurait pu s’attendre les contemporains de leur rédaction. Effectivement, nous avons le cas avec le livre d’Ezéchiel. Dans le chapitre 26, il nous annonce la désolation totale de la ville de Tyr et à l’époque de la rédaction des Evangiles, la ville existe toujours (Matthieu 15 :21 ; Marc 7 ;24,31). ! L’inverse de ce à quoi s’attendaient les contemporains de la rédaction de ce livre… Plus sérieusement, voici un listing de 204 prophéties non réalisées Un exemple notable. Bâtie à un emplacement stratégique, à cheval sur l’Euphrate, la Babylone antique à été qualifiée de « centre politique, religieux et culturel de l’ancien Orient. »Vers 732 avant notre ère, Isaïe rédige une prophétie lourde de menaces : Babylone tombera. Il va jusqu’à préciser qu’elle sera conquise par un commandant nommé Cyrus, que les eaux protectrices de l’Euphrate se « dessécheront » et que les portes de la ville ne seront pas fermées ». (Isaïe 44 :27-45:3). Environ 200 plus tard, le 5 octobre 539 avant notre ère, la prophétie se réalise dans tous ses détails. L’historien grec Hérodote (Ve siècle avant notre ère) confirme la façon dont la ville a été prise. Les auteurs n’ont pas tort sur ce point. Si cela était vrai nous aurions un phénomène spectaculaire. Mais après lecture de l’ensemble des arguments de ce Réveillez-Vous fondamentaliste, l’homme intelligent ne s’arrêtera pas à ces arguments candides présentés. Car « L’homme simple croit tout ce qu’on dit, Mais l’homme prudent est attentif à ses pas. »(Proverbes 14 :15) Je lis dans mon livre Le Monde de la Bible (2002) page 640 Il n’y a pratiquement plus de discussion concernant la paternité des chapitres 4093 Evhémère (IVe siècle av JC) est un mythographe qui développa le concept que les mythes et les légendes ont pour base des faits réels. Cette méthode fait hélas encore des disciples de nos jours. Le problème de cette dernière c’est qu’elle part du principe qu’en enlevant le magique on obtient le réel. Mais est-ce qu’en enlevant la potion magique d’Astérix celui-ci devient réel ? – Les errements de ce concept sont démontés au début du XXe siècle par Salomon Reinach dans son livre Cultes, Mythes et Religions (1350 pages) qui révolutionnera la pensée des mythographes sur le sujet. 94 Il est maintenant prouvé que des phénomènes comme la conservation d’archives, la correspondance administrative, la composition de chroniques royales et la compilation d’un texte national - d’autant plus s’il est aussi profond que la Bible - sont intimement liés à un stade avancé de développement social. Les archéologues et les anthropologues qui exercent dans le monde entier ont étudié avec soin le contexte dans lequel ont émergé les genres perfectionnés de traditions scripturaires. Dans presque tous les cas, on y trouve les signes indubitables d’un Etat en voie de formation, au sein duquel le pouvoir central est investi dans des institutions nationales, dont l’autorité se fonde soit sur un culte officiel soit sur une monarchie. D’autres traits caractéristiques de ce stade avancé de développement social incluent la construction de monuments, la spécialisation de l’économie et la présence d’un réseau dense de communautés bien intégrées, de dimensions variées, comprenant de larges cités, des bourgs, des villages et des hameaux.” -La Bible Dévoilée - page 46 (format poche) -(2001) – Israël Finkelstein & Neil Asher Silberman). Via Veritas 218 55 du livre d’Isaïe, communément appelés Second Isaïe ou Deutéro-Isaïe. Il ne s’agit pas du prophète connu sous ce nom, auteur des chapitres précédents, qui avait vécu au VIIIe siècle. Celui-ci, anonyme, a exercé son ministère prophétique entre 550 et 520. Autant dire qu’il a été témoin des dernières années de l’empire babylonien et de l’espoir soulevé dans tout le Proche Orient par l’arrivée au pouvoir de Cyrus, le Perse. C’est dans ce contexte qu’il faut situer Babylone dans ses oracles. Les oracles sur Babylone sont peu nombreux. Les mentions explicites se trouvent dans la première partie (40-48) dont l’axe essentiel est constitué par l’annonce de la libération des exilés et du retour au pays. La deuxième partie (49-55) porte principalement sur la restauration de Jérusalem. Alors évidemment, on peut toujours déclarer prophétiques des paroles écrites au moment des faits95… Mais si je prends les passages cités, par exemple, Isaïe 44:27 la traduction littérale(TOB) me donne dans son contexte immédiat : 26 J’accomplis la parole de mon serviteur, je fais réussir le dessein de mes messagers : Je dis pour Jérusalem : " Qu’elle soit habitée ", pour les villes de Juda : " Qu’elles soient rebâties ", ce qui est dévasté, je le remettrai en valeur. 27 Je dis à la haute mer : " Sois dévastée, tes courants, je vais les dessécher ! " 28 Je dis de Cyrus : " C’est mon berger " ; tout ce qui me plaît, il le fera réussir, en disant pour Jérusalem : " Qu’elle soit rebâtie ", et pour le Temple : " Sois à nouveau fondé ! " On notera que le prophète parle de Jérusalem, et absolument pas de Babylone. Ensuite, le verset 27 donne ceci en hébreu ’( האמר לצולה חרבי ונהרתיך אובישamar tsuwlah charab yabesh nahar) Le mot tsuwlah(Code Strong H6683) désigne l’abysse d’une mer ou la profondeur d’un océan pas celui d’une ville ou d’un fleuve C’est donc une interprétation fondamentaliste que de rattacher ce passage à la prise guerrière de Babylone par Cyrus. Mais que dire du témoignage d’Hérodote ? J’aimerai attirer l’attention sur le fait que les TJ comme le rédacteur Juif de l’époque voient en Cyrus, un instrument de Jéhovah. Les TJ poussent plus loin en affirmant que Cyrus est une préfiguration de Jésus. Evidemment, on évitera de vous citer l’historien grec dans son ensemble dont voici le texte de son livre I (189-191) [1,189] CLXXXIX. Cyrus, marchant contre Babylone, arriva sur les bords du Gyndes. Ce fleuve a ses sources dans les monts Matianiens, et, après avoir traversé le pays des Darnéens, il se perd dans le Tigre, qui passe le long de la ville d’Opis, et se jette dans la mer Érythrée (le golfe Persique). Pendant que Cyrus essayait de traverser le Gyndes, quoiqu’on ne pût le faire qu’en bateau, un de ces chevaux blancs qu’on appelle sacrés, emporté par son ardeur, sauta dans l’eau ; et s’efforçant de gagner la rive opposée, la rapidité du courant l’enleva, le submergea, et le fit en fièrement disparaître. Cyrus, indigné de l’insulte du fleuve, le menaça de le rendre si petit et si faible, que dans la suite les femmes mêmes pourraient le traverser sans se mouiller les genoux. Ces menaces faites, il suspend l’expédition contre Babylone, partage son armée en deux corps, trace au cordeau, de chaque côté de la rivière, cent quatre- vingt canaux qui venaient y aboutir en tout sens, et les fait ensuite creuser par ses troupes. On en vint à bout, parce qu’on y employa un grand nombre de travailleurs ; mais cette entreprise les occupa pendant tout l’été. [1,190] CXC. Cyrus, s’étant vengé du Gyndes en le coupant en trois cent soixante canaux, 95 Pour en savoir un peu plus sur ce qui amène les experts à déterminer au moins 3 auteurs pour le livre d’Isaïe, vous pouvez vous reporter à cet article en français sur Esprit et Vie – Le Deutéro-Isaïe par Pierre de Martin de Viviés Via Veritas 219 continua sa marche vers Babylone dès que le second printemps eut commencé à paraître. Les Babyloniens, ayant mis leurs troupes en campagne, l’attendirent de pied ferme. Il ne parut pas plutôt près de la ville, qu’ils lui livrèrent bataille ; mais, ayant été vaincus, ils se renfermèrent dans leurs murailles. Comme ils savaient depuis longtemps que ce prince ne pouvait rester tranquille, et qu’il attaquait également toutes les nations, ils avaient fait un amas de provisions pour un grand nombre d’années. Aussi le siège ne les inquiétait-il en aucune manière. Cyrus se trouvait dans un grand embarras ; il assiégeait la place depuis longtemps, et n’était pas plus avancé que le premier jour. [1,191] CXCI. Enfin, soit que de lui-même il eût connu ce qu’il fallait faire, soit que quelqu’un, le voyant embarrassé, lui eût donné un bon conseil, voici le moyen qu’il employa. Il plaça son armée, partie à l’endroit où le fleuve entre dans Babylone, partie à l’endroit d’où il en sort, avec ordre de s’introduire dans la ville par le lit du fleuve dès qu’il serait guéable. Son armée ainsi postée, et cet ordre donné, il se rendit au lac avec ses plus mauvaises troupes. Lorsqu’il y fut arrivé, il détourna , à l’exemple de la reine de Babylone, par le canal de communication, le fleuve clans le lac, qui était un grand marais. Les eaux s’y écoulèrent, et l’ancien lit de l’Euphrate devint guéable. Cela fait, les Perses, qui avaient été placés exprès sur les bords du fleuve, entrèrent dans Babylone par le lit de la rivière, dont les eaux s’étaient tellement retirées, qu’ils n’en avaient guère que jusqu’au milieu des cuisses. Si les Babyloniens eussent été instruits d’avance du dessein de Cyrus, ou s’ils s’en fussent aperçus au moment de l’exécution, ils auraient fait périr l’armée entière, loin de la laisser entrer. Ils n’auraient eu qu’à fermer toutes les petites portes qui conduisaient au fleuve, et qu’à monter sur le mur dont il est bordé ; ils l’auraient prise comme dans un filet. Mais les Perses survinrent lorsqu’ils s’y attendaient le moins. Si l’on en croit les Babyloniens, les extrémités de la ville étaient déjà au pouvoir de l’ennemi, que ceux qui demeuraient au milieu n’en avaient aucune connaissance, tant elle était grande. Comme ses habitants célébraient par hasard en ce jour une fête, ils ne s’occupaient alors que de danses et de plaisirs, qu’ils continuèrent jusqu’au moment où ils apprirent le malheur qui venait d’arriver. C’est ainsi que Babylone fut prise pour la première fois. Le fait de couper le Gyndès à cause du cheval sacré emporté est attesté par Sénèque (De Ira, III, 2196 ). Mais pourquoi donc Cyrus décide d’assécher cette rivière ? Car il faut retirer le cadavre de l’eau suivant les préceptes du Zend-Avesta sans qu’il soit besoin de faire intervenir l’idée puérile d’une vengeance et Cyrus en pieux adorateur d’Ahura Mazda se doit de purifier en amont et en aval le fleuve sous peine de mort suivant le Vendidad. Et on voudrait faire de Cyrus une préfiguration de Jésus ? Une précision audacieuse.Isaïe fait une prédiction encore plus surprenant à propos de Babylone : « Elle ne sera jamais habitée. » (Isaïe 13 :19,20). Prédire la désolation définitive d’une ville prospère occupant une position stratégique était assurément audacieux. On s’attendrait normalement à ce qu’une telle ville, si elle était démolie, soit reconstruite. Après sa chute, Babylone a continué de subsister quelque temps, mais les paroles d’Isaïe se sont finalement accomplies : aujourd’hui, l’emplacement de cette ville est « dévasté, brûlant, désert et poussiéreux », rapporte la revue Smithsonian. Quand on y pense, la portée de la prophétie d’Isaïe est impressionnante. Sa prédictions 96 [3,21] XXI. Cambyse déploya sa colère contre une nation inconnue, innocente, et qui toutefois pouvait sentir ses coups ; mais Cyrus s’emporta contre un fleuve. Comme il allait assiéger Babylone, et qu’il courait à la guerre, où l’occasion est toujours décisive, il tenta de passer le Gynde, alors fortement débordé, entreprise à peine sûre quand le fleuve a souffert les chaleurs de l’été, et que ses eaux sont le plus basses. Un des chevaux blancs, qui d’ordinaire traînaient le char du prince , fut emporté par le courant, ce qui indigna vivement Cyrus. Il jura de réduire ce fleuve, assez hardi pour entraîner les coursiers du grand roi, au point que des femmes mêmes pussent le traverser et s’y promener à pied. Il transporta là tout son appareil de guerre, et persista dans son œuvre, jusqu’à ce que, partagé en cent quatre-vingts canaux, divisés eux-mêmes en trois cent soixante ruisseaux, 1e fleuve, à force de saignées, laissât son lit entièrement à sec. De là une perte de temps, irréparable dans les grandes entreprises, l’ardeur du soldat consumée en un travail stérile ; enfin l’occasion de surprendre Babylone manquée, pour faire, contre un fleuve, une guerre qu’on avait déclarée à l’ennemi. Via Veritas 220 reviendrait à annoncer avec précision comment une ville moderne, telle que New York, Londres ou Paris, serait détruite dans 200 ans, et à affirmer catégoriquement qu’elle ne serait plus jamais habitée. Evidemment, le plus remarquable dans la prophétie d’Isaïe, c’est qu’elle s’est réalisée !. Blablabla. Babylone est un "désert en plein désert ?" ça c’est qu’on cherche à vous faire croire. Evidemment, des tours de Brooklyn on ne se rend pas bien compte (cf. article Babylon ça veut dire confusion ? Montra,t que la désertification s’est accompagnée d’un déplacement de la capitale vers le IVe siècle et d’une reconstruction quelques kilomètres plus loin). Vraiment un repère de chacals à éviter ? Ce sont plutôt les vautours qui tirent profit de l’ignorance du public qui sont à éviter... Et pour terminer sur l’insistance du ne serait plus jamais habitée, c’est faire oublier que les verbes de l’hébreu ne fonctionnent pas suivant nos temps de langues indo-européennes. Ils ne distinguent pas entre un passé, un présent et un futur. Ils n’existent qu’en 2 "états". L’imparfait qui indique une action inachevée ou un état incomplètement réalisé ; le parfait qui indique une action achevée, un état réalisé, mais qui peut aussi désigner une action ou un état à venir, considérés comme devant obligatoirement se produire, ce qui est le cas pour les oracles divins. Ainsi la fameuse prophétie de Balaam (Nombres 24:17) peut se traduire par un futur, un présent ou un passé composé : “...une étoile surgira de Jacob...” (trad. Darby) “Un astre sort de Jacob...” (trad. Crampon & Segond). “...une étoile a fait route de Jacob...(trad. Chouraqui). Alors le futur d’Isaïe 13:19,20 reste à démontrer et affaire de choix des traducteurs... CONCLUSION Dans ces cinq articles, nous avons examiné quelques-unes des preuves qui ont convaincu des millions de personnes que la Bible est digne de confiance. Ces personnes voient par conséquent en elle un guide fiable pour diriger leurs pas. Que diriez-vous d’en apprendre davantage sur la Bible afin de déterminer si vous pouvez aussi avoir confiance en elle ? A l’issu de cette analyse critique (non exhaustive) nous pouvons voir toute la malhonnêteté intellectuelle des rédacteurs de la Watchtower qui se contrefichent d’afficher les arguments contraires ou de n’avoir ne serait-ce qu’un peu de prudence dans leurs propos. La Bible est un livre d’une rédaction et d’une compilation extrêmement complexes et les artifices d’illusionnistes que peuvent présenter certains apôtres de l’obscurantisme religieux sont irrémédiablement décryptés par l’érudit. Combien de fois faudra-t-il répéter qu’il est vain de trouver des explications martiennes à des faits imaginaires ou enjolivés ? Thucydide qui fut le premier historien à refuser toute transcendance divine et à croiser les sources donna un avertissement fort sage à tous les paresseux de la vérification : "« Il faut choisir : se reposer ou être libre. » A vous de décider si vous voulez être esclave d’une lecture fondamentaliste d’un livre dont le sacré n’est clamé que par ses adorateurs ! Via Veritas 221 Croix de bois, croix de fer, si je mens... ... je vais en enfer. Par Lucretius Faisant écho à l’étude approfondie que vous trouverez à ce sujet sur TJ-Encyclopédie, il apparaît intéressant d’examiner l’une des "différences" et "découvertes" que mettent en évidence les Témoins de Jéhovah pour se démarquer de la perfide chrétienté apostate. Cet exemple est un un modèle du genre pour démontrer la manière de raisonner et prouver de la Watchtower Les Témoins de Jéhovah croient que la croix en T, symbole du sacrifice de Jésus-Christ, est une tradition d’hommes colporté par la Chrétienté et que le véritable instrument de torture était en définitive un simple poteau droit. Le livre Comment raisonner à partir des Écritures est une publication jéhoviste qui vise à démontrer et prouver les éléments doctrinaux avancés. On s’attend à trouver les preuves les plus percutantes et les plus efficaces. Livre Comment raisonner à partir des Écritures, p. 77 § 1 - p. 78 § 2 Croix : Le mot grec rendu par “croix” dans de nombreuses traductions modernes de la Bible (“poteau de supplice” dans MN) est stauros. En grec classique, ce terme désignait simplement un poteau dressé, ou pieu. Plus tard, il en est venu à s’appliquer aussi à un poteau d’exécution muni d’une barre transversale. C’est ce que reconnaît un dictionnaire biblique en ces termes : “Le mot grec [stauros] que l’on traduit par croix signifie à proprement parler poteau ; c’est un pieu dressé, ou palis, auquel on pouvait pendre quelque chose, ou qui pouvait servir à clôturer un terrain. (...) Même chez les Romains, la crux (dont dérive notre mot croix) devait être à l’origine un poteau droit.” — The Imperial Bible-Dictionary (Londres, 1874) de P. Fairbairn, tome I, p. 376. Quel fut l’instrument utilisé pour l’exécution du Fils de Dieu ? On notera avec intérêt que les Écritures le désignent parfois par le mot xulon, qu’un lexique grec-anglais (Greek-English Lexicon de Liddell et Scott) définit ainsi : “Bois coupé et prêt à être utilisé, bois de chauffage, bois de construction, etc. (...), pièce de bois, bûche, poutre, pieu, (...) gourdin, bâton, (...) poteau sur lequel les criminels étaient empalés, (...) bois sur pied, arbre.” Il ajoute “dans le NT, croix” et cite l’exemple d’Actes 5:30 et 10:39 (Oxford, 1968, pp. 1191, 1192). Toutefois, dans ces versets TOB, Md, Da et Sg traduisent xulon par “bois”. (Comparer cette traduction avec Galates 3:13 et Deutéronome 21:22, 23.) J. Parsons a écrit ce qui suit : “Dans le grec original, pas un seul des nombreux livres du Nouveau Testament ne contient la moindre phrase prouvant même indirectement que le stauros utilisé pour Jésus était autre chose qu’un stauros ordinaire ; rien ne prouve, à plus forte raison, qu’il se composait non pas d’une, mais de deux pièces de bois clouées ensemble en forme de croix. Ce n’est pas chose insignifiante que nos instructeurs nous trompent lorsque, traduisant les textes grecs de l’Église dans notre langue maternelle, ils rendent le mot stauros par ‘croix’ et qu’ils récidivent en faisant correspondre ‘croix’ à stauros dans nos lexiques, sans prendre le soin d’expliquer que ce n’était en aucun cas la signification de ce mot aux temps apostoliques, que ce terme n’a revêtu ce sens principal, si tant est qu’il l’ait eu, que longtemps après, et encore parce que, sans preuves valables, on a supposé pour une raison quelconque que le stauros sur lequel Via Veritas 222 Jésus avait été exécuté avait cette forme particulière.” — The Non-Christian Cross, pp. 23, 24 ; voir aussi The Companion Bible (Londres, 1896), appendice no 162. Ainsi, un faisceau de preuves indique que Jésus est mort sur un poteau dressé, et non sur la croix, comme le veut la tradition. Examinons plus précisément encore les preuves fournies par la Watchtower. A l’appui de ses dires, la Watchtower cite un ouvrage de quelques 130 ans d’âge : The Imperial Bible-Dictionary (Londres, 1874) de P. Fairbairn. Le risque pour qu’une bibliothèque locale possède ce vénérable ouvrage est à n’en pas douter très minime et il est peu probable que le lecteur veuille lire la citation dans un contexte élargi. Par la magie d’Internet faisons le. Vous trouverez ci-après le fac-simile des pages concernées en annexe. Et voici une traduction française de l’entrée Croix du dictionnaire : “Le mot grec [stauros] que l’on traduit par croix signifie à proprement parler poteau ; c’est un pieu dressé, ou palis, auquel on pouvait pendre quelque chose, ou qui pouvait servir à clôturer un terrain. Mais une modification fut introduite lorsque la domination et les coutumes de Rome s’étendirent à travers les pays de langue grecque. Même parmi les Romains la crux (d’où dérive notre mot croix) semble avoir été originellement un poteau droit, et cela le resta dans la plupart des cas. Mais lorsque il commença à être utilisé comme un instrument de punition, une pièce transversale en bois fut communément ajoutée : mais pas nécessairement. Car il semble bien qu’il y avait plusieurs sortes de mort plutôt qu’une par la croix : la mort pouvait être donnée en transperçant le criminel par un pal qui partait de son dos et sa moelle épinière et lui sortait par la bouche (adactum per medium hominem, qui per os emergat, stipitem, Sénèque Ep. xiv). A un autre endroit (Consol ad Marcima, xx), Sénèque mentionne trois différentes formes : « Je vis, dit-il, trois croix, non pas d’une seule sorte, mais réalisées de manières différentes : une suspendant par la tête des personnes inclinées vers la terre, d’autres les transperçant par leurs parties intimes, d’autres leur étendant les bras fixés à un patibulum. » Il n’existe aucun doute, cependant, que la dernière forme était la plus courante, et que durant la période de l’évangile la crucifixion était habituellement réalisée en suspendant le criminel à une croix de bois. Mais cela ne suffit pas à déterminer la forme précise de la croix : car, nous le savons, des croix de différentes formes ont été utilisées. L’une, et c’est probablement la plus ancienne, avait la forme de la lettre T, qui a communément été décrite comme une droite perpendiculaire à une autre située au sommet formant un angle droit. Chez les premiers écrivains chrétiens cette lettre est souvent donnée pour référence comme symbole de la croix et , à l’énoncé de cette ressemblance, Lucien, dans son style habituel, préfère porter accusation contre cette lettre (Judia Voc, xii) La lettre X représente une autre variante, qui a reçu le nom de St André, par la tradition selon laquelle l’apôtre aurait souffert le martyr sur une telle croix. Mais la forme la plus commune, comme cela est entendu, était une pièce de bois droite croisée près de son sommet par une autre pièce de bois, mais non à son extrémité, formant ainsi quatre angles et non pas deux angles droits. C’est sur une croix de cette forme, que selon la voix générale de la tradition, que notre Seigneur a souffert ; mais rien dans la narration des évangélistes ne permet de déterminer quelle forme a été employée, l’une plutôt que les deux autres. C’est, cependant, la forme la plus courante retrouvée dans les peintures et les sculptures qui a survécu des âges reculés. Quelle est votre conclusion à la lecture de l’ensemble de la discussion ? Que la croix était un poteau Via Veritas 223 droit ? Ce n’est absolument pas la conception du rédacteur du dictionnaire qui évoque bien plutôt la tradition et se pose une seule question : quelle pouvait être la forme originelle de la croix : T, X ou la croix traditionnelle. Citer le dictionnaire comme la Watchtower le cite est de la pure malhonnêteté intellectuelle. Examinons les autres "preuves" données à l’appui de la thèse jéhoviste. La Watchtower en appelle alors à l’autorité des hellénistes Henry Georg Liddell et Robert Scott pour ne retenir que les expressions qui vont précisément dans son sens. Et le jeu est facile. Mais que recouvre exactement la traduction du terme xulon selon les auteurs ? Voici la traduction complète : xulon 1 [perh. from xuô] I. wood cut and ready for use, firewood, timber, Hom. ; xula nêia ship- timber, Hes. ; x. naupêgêsima Thuc. II. in sg. a piece of wood, a post, Hom. : a perch, Ar. : a stick, cudgel, club, Hdt., Ar. 2. a collar of wood, put on the neck of the prisoner, Ar. :—also stocks, for the feet, Hdt., Ar. ; cf. pentesuringos. 3. a plank or beam to which malefactors were bound, the Cross, NTest. 4. a money-changer’s table, Dem. 5. prôton xulon the front bench of the Athenian theatre, Ar. III. of live wood, a tree, Xen. Traduction de l’anglais : xulon 1 [peut-être de xuo] I. pièce de bois coupée et prête à l’usage, bois de chauffage, bois d’oeuvre, Hom. ; xula nêia bois de charpente maritime, Hes. ; x. naupêgêsima Thuc. II. une pièce de bois dans quelque chose, un poteau, Hom. : une perche, Ar. : un bâton, un gourdin, une massue, Hdt., Ar. 2. un collier de bois, placé sur le coup d’un prisonnier, Ar. : également des ceps pour les pieds, Hdt., Ar. ; cf. pentesuringos. 3. une planche ou une poutre à laquelle les malfaiteurs étaient attachés, la Croix, Ntest. 4. une table de changeur, Dem. 5. prôton xulon le banc de premier rang d’un théâtre athénien, Ar. III. du bois vivant, un arbre, Xen. Ainsi xulon qui signifie bois ne donne aucune indication quant à la forme ou la complexité de l’objet désigné. Ce peut-être aussi bien un gourdin qu’un collier ou une table de changeur qui comporte nécessairement plusieurs pièces distinctes. L’information donnée est une non-information, elle ne nous apprend rien et prétendre le contraire est, une nouvelle fois, de la malhonnêteté intellectuelle. Et pourquoi ne pas avoir plutôt citer la traduction du mot stauros par les même hellénistes invoqués ? stauros , ho, A. upright pale or stake, staurous ektos elasse diamperes entha kai entha puknous kai thameas Od.14.11 , cf. Il.24.453, Th.4.90, X. An.5.2.21 ; of piles driven in to serve as a foundation, Hdt.5.16, Th.7.25. II. cross, as the instrument of crucifixion, D.S.2.18, Ev.Matt.27.40, Plu.2.554a ; epi ton s. apagesthai Luc.Peregr.34 ; s. lambanein, arai, bastazein, metaph. of voluntary Via Veritas 224 suffering, Ev.Matt.10.38, Ev.Luc.9.23, 14.27 : its form was represented by the Greek letter T, Luc.Jud.Voc.12. b. pale for impaling a corpse, Plu.Art.17. Traduction de l’anglais : stauros , ho, A. pal droit ou poteau, staurous ektos elasse diamperes entha kai entha puknous kai thameas Od.14.11 , cf. Il.24.453, Th.4.90, X. An.5.2.21 ; pieux dressés servant à une fondation, Hdt.5.16, Th.7.25. II. croix, comme instrument de crucifixion, D.S.2.18, Ev.Matt.27.40, Plu.2.554a ; epi ton s. apagesthai Luc.Peregr.34 ; s. lambanein, arai, bastazein, métaphore de la souffrance volontaire, Ev.Matt.10.38, Ev.Luc.9.23, 14.27 : sa forme est représentée par la lettre grecque T, Luc.Jud.Voc.12. b. pal pour empaler un cadavre, Plu.Art.17. Vous notez que les hellénistes, eux également, retiennent la forme classique de la croix comme instrument de supplice pour le Christ. Venons en finalement à notre troisième "preuve" : l’autorité de John Denham Parsons97. L’ouvrage mentionné date de 1896, là encore la référence est d’une modernité remarquable. N’est-il pas chose étonnante que cet auteur obscur qui n’était ni philologue, ni même un helléniste réputé et reconnu, puisse prendre le contre-pied des spécialistes (P. Fairbairn, H.G Liddell et R. Scott) précédemment cités par la Watchtower ? En fait l’auteur en affirmant que la croix est un poteau a un but avoué : prouver que la croix est un élément de tradition immémoriale, qui a traversé les siècles et les civilisations anciennes (Egypte, Babylonie, Grèce, Rome) et que les premiers chrétiens n’ont fait que plaquer ce symbole universel sur leur religion naissante comme un hommage rendu à un héritage du passé. Vous trouverez en pièce jointe l’ouvrage concerné en anglais : The Non-Christian Cross, la Croix non-chrétienne. C’est tout un programme, en voici un extrait traduit de l’anglais (p. 61) qui montrera la teneur générale des propos tenus dans l’ouvrage. Les exemples précédents sont les dernières preuves éclairant l’origine et l’histoire du symbole adopté par notre religion comme le sien propre, que l’auteur pense nécessaire de mettre en avant pour la discussion. Et quoique nombre de preuves manifestées par l’auteur et mises en ordre dans cette ouvrage puissent sembler non fiables et sans valeur, aucun lecteur ne peut raisonnablement dénier qu’il a été prouvé que la croix était un symbole bien connu de Vie bien avant notre ère, et que tout tend à prouver qu’il devint comme un symbole phallique, et de fait un symbole du Dieu-Soleil. Et quelle est la morale de l’histoire réelle, à distinguer de l’imaginaire, du symbole de la croix sinon ceci : que depuis le tout commencement les croyances humaines affichent une apparence de différence radicale, mais la différence ne concerne que le nom ou l’habillage que les hommes ont donné à des idées similaires. De fait, comme cela a été précédemment révélé, l’Humanité a toujours eu un seul Dieu et une seule Religion. Et d’un certain point de vue, la Vie est un autre terme pour la Présence Réelle, et la Mort un autre terme pour le repli de la Divinité, il peut être dit que Dieu est Vie, et que la Religion est le désir pour la Vie, plus de Vie, et plus riche. Bien plus, comme il a été dit auparavant, le culte universel de la Vie est discernable même dans la volonté de quelques-uns de sacrifier de ce qui reste en eux de vie mortelle 97 On connaît peu de choses de cet auteur à forte tendance mystique. Il a appartenu à la Society for Psychical Research - société toujours existante qui promeut l’examen des phénomènes paranormaux - et a rédigé divers ouvrages sur le même thème du culte universel oublié : Our Sun-God (Notre Dieu-Soleil- 1895), The Nature and Purpose of The Universe (La Nature et le Dessein de l’Univers - 1906). Via Veritas 225 dans l’espoir de saisir une vie immortelle qui n’est pas pour tous. Le culte de la Vie est naturelle, et doit nécessairement continuer. Puissions nous toutefois l’ennoblir en reconnaissant sa catholicité ; et en refusant avec mépris de rechercher ou d’accepter une vie de félicité alors que nos frères et soeurs sont, en imagination ou en réalité, exclus de ce partage. Selon l’auteur, après avoir établi l’universalité de la croix, il est prouvé que tous les cultes sont identiques et que les différences sont superficielles. « De fait, comme cela a été précédemment révélé, l’Humanité a toujours eu un seul Dieu et une seule Religion. » Le Dieu-Soleil qui est la Vie ne cessera jamais d’être adoré, et il l’est à travers le christianisme. Voilà une belle conclusion à laquelle n’adhérerait certainement pas la Watchtower. Nous sommes en présence d’une thèse d’auteur passablement exalté et non d’un document construit et impartial d’un linguiste et historien compétent. Croyez-vous que l’auteur mérite vraiment d’être cité comme autorité fiable ? Il ne l’est que parce qu’il a l’heureuse idée d’abonder dans le sens de la Watchtower. Sinon cet obscur auteur n’aurait connu qu’un oubli mérité. Alors ? Que valent les "preuves" de la Watchtower pour appuyer sa doctrine sur la croix ? Elles ne résistent absolument pas à une analyse sérieuse et un recours aux sources citées. La Watchtower révèle par cet exemple frappant son caractère dogmatique : elle devrait avouer, par prudence et correction, que personne ne sait vraiment ce qu’il en était. Elle préfère se démarquer comme si une lumière divine quelconque était venue l’éclairer de son infaillibilité. Croyez-vous que le Témoin de Jéhovah moyen se livrera à l’exercice salutaire qui consiste à vérifier toutes choses (1The 5:21) ? Non et il ne se rendra jamais compte combien il est trompé, trahi dans la confiance qu’il met dans l’Organisation. Jusqu’à ce que le doute le prenne, un jour peut-être. Evolution ou Création - le livre tronqué des Témoins de Jéhovah Par Popper Le livre Evolution ou Création est un livre majeur dans l’enseignement des Témoins de Jéhovah. Il a permis à partir de 1985 de répondre en prédication aux questions des personnes sur l’enseignement de l’Evolution par rapport à celui de la Bible. Sous un vernis de connaissances scientifiques, les Témoins de Jéhovah utiliseront certains arguments phares afin de destabiliser toute personne acceptant l’évolution de l’humanité. Le problème est que ce livre utilise des arguments de scientifiques tronqués afin d’utiliser la technique de l’argument d’autorité Via Veritas 226 Version 1985 La grande majorité des Témoins de Jéhovah ne le sait pas. Voici quelques exemples sur ce livre, avec les citations complètes reproduites ici. Présentez ce tableau à un Témoin de Jéhovah qui frappe à votre porte, et observez sa réaction. Il sera la plupart du temps choqué. Car un Témoin de Jéhovah honnête s’il se battra au niveau de l’argumentation sur du "c’est pas vrai", aura peu de choses à dire sur du "c’est pas bien". La société Watchtower est est la championne de la vertu. Faire apparaitre la malhonnêteté de ses dirigeants ne peut qu’instaurer un doute salutaire chez le Témoin de Jéhovah. D’ailleurs voici le discours officiel : Tirez profit de l’Ecole du Ministère Théocratique (2002) leçon 40 p. 225 § 2-3 Exactitude des déclarations En plus de vérifier la fiabilité de vos sources, réfléchissez attentivement à l’usage que vous prévoyez de faire de ces renseignements. Assurez-vous que l’emploi que vous ferez des citations ou données chiffrées est conforme au contexte duquel vous les avez tirées. Ne vous permettez pas, sous prétexte de donner du poids à vos propos, de transformer “ certaines personnes ” en “ une majorité de personnes ” ; ne faites pas dire à “ tout le monde ” ce que n’ont dit que “ beaucoup de personnes ” ; que “ dans certains cas ” ne devienne pas “ toujours ”. La généralisation abusive d’un phénomène, l’exagération de faits, que ce soit sur les chiffres, l’ampleur ou la gravité, remettent en cause la crédibilité de l’enseignement donné. Si vous veillez systématiquement à l’exactitude de vos déclarations, vous acquerrez la réputation d’être quelqu’un qui respecte la vérité. Cela rejaillira sur la renommée des Témoins de Jéhovah en tant que peuple. Et, surtout, cela honorera “ Jéhovah le Dieu de vérité ”. - Ps. 31:5. Et : Manuel pour l’Ecole du Ministère Théocratique (1992) ét. 21 p. 110 § 9 Idées instructives, présentées clairement Exactitude des déclarations. L’organisation des témoins de Jéhovah est fondée sur la vérité. Notre désir devrait être de dire la vérité et d’être rigoureusement exacts à tout moment et dans tous les détails. Cela devrait être le cas non seulement des doctrines, mais aussi des citations, des renseignements que nous présentons sur d’autres personnes, des données scientifiques et des nouvelles d’actualité. Les citations tronquées dans le livre Création par Jan Haugland - traduction : Popper La Citation La vie comment est-elle apparue ? Évolution ou Création ? (1985), p. 15 : 4 La revue scientifique Discover résumait ainsi la situation : “L’évolution (...) n’est pas seulement attaquée par les chrétiens fondamentalistes. Elle est également Via Veritas 227 contestée par des savants réputés. Parmi les paléontologistes (...), il y a de plus en plus de désaccords avec l’opinion prédominante du darwinisme.” La Source James Gorman, "Le lièvre ou la tortue ?", Discover, October 1980, p. 88 : "La brillante théorie de Charles Darwin, publié en 1859, a eu un impact sensationnel sur la pensée scientifique et religieuse et changea pour toujours la perception que l’homme à de lui-même. Maintenant cette théorie entérinée ne subit pas seulement l’attaque des chrétiens fondamentalistes, mais elle est aussi remise en question98 [1] par des scientifiques réputés. Parmi les paléontologistes, les scientifiques qui étudient les fossiles, il y a de plus en plus de désaccords avec l’opinion prédominante du darwinisme... La majorité du débat porte sur une question-clé : Est-ce que les 3 milliards d’années du processus d’évolution a avancé à petit pas, ou est-il marqué par de longues périodes d’inactivités ponctuées par de soudaines explosions en de rapides changements ? Est-ce que l’évolution est un lièvre ou une tortue ? Darwin penchait largement - suivant une évolution avançant lentement mais sûrement - en faveur de la tortue. Mais deux paléontologistes, Niles Eldredge du Musée d’Histoire Naturelle Américain et Stephen Jay Gould de l’Université d’Harvard, parient sur le lièvre" La Citation La vie comment est-elle apparue ? Évolution ou Création ? (1985), p. 18 : 12 Darwin lui-même admettait que c’était là un gros problème. Ainsi, il écrivait : “Il semble absurde au possible, je le reconnais, de supposer que [l’évolution] ait pu former l’œil. La Source Charles Darwin, The Origin of Species, 1859, p. 133 : "Pour supposer que l'œil avec tout ses inimitables stratagèmes pour ajuster la vision aux différentes distances, pour gérer les différentes intensités de la lumière, et pour la correction d’aberrations sphériques et chromatiques, puisse avoir été formé par la sélection naturelle, ou quelque chose de semblable, j’admets librement, est absurde au plus haut point. Quand il fut dit que le soleil ne bougeait pas mais que la terre tournait autour, le sens commun des humains déclarèrent à la fausse doctrine ; mais le vieil adage disant Vox populi, vox Dei, que tout philosophe connaît, ne peut-être cru en science. La raison me dit que si plusieurs évolutions d’un œil simple et imparfait à un œil complexe et parfait peuvent être montrées comme ayant existé, chaque grade étant utile pour son propriétaire, comme cela le fut certainement ; et si de telles variations étaient utiles pour chaque animal suivant les variations des conditions de vie, alors la difficulté de croire qu’un œil parfait et complexe puisse être formé par la sélection naturelle, pensée difficile à admettre pour notre imagination, elle ne devrait plus être considérée comme étant subversive à la théorie." La Citation La vie comment est-elle apparue ? Évolution ou Création ? (1985), Chap 1 par 6 : 12 Lorsqu’ils réfléchissent aux questions liées à l’origine de la vie, beaucoup de gens 98 Le mot anglais est "questionned" qui signifie remis en question en français et non "contesté" mot plus fort et plus dur comme le laisse entendre le traducteur français Témoin de Jéhovah et qui ne se dit que d’une seule manière en anglais "contested". Via Veritas 228 sont terriblement influencés par leurs sentiments et par l’opinion. Pour éviter cela et aboutir à des conclusions exactes, il faut donc examiner les faits sans préjugé. Il est également intéressant de noter que même Charles Darwin, le plus célèbre théoricien de l’évolution, a montré qu’il n’ignorait pas les limites de sa théorie. Dans la conclusion de son livre L’origine des espèces, il parle de "véritable grandeur dans cette manière d’envisager la vie, avec ses puissances diverses attribuées primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou même à une seule". Il reconnaissait ainsi clairement que la question de l’origine de la vie n’était pas définitivement réglée. La Source Charles Darwin, The Origin of Species, 1859, : ""Il est intéressant de regarder une bande de terre remplie de quantités de plantes de toutes sortes, avec des oiseaux chantant dans les taillis, avec différents insectes volant de gauche à droite et avec les vers rampant dans la terre, et se rendre compte que toutes ces formes de vies avancées, tellement différentes les unes des autres, et dépendant des autres d’une façon si complexe, ont toutes été produites par des lois à l’œuvre autour de nous. Ces lois, prises dans leur sens large, sont la Croissance par la Reproduction ; l’Hérédité qui est presque impliquée par la reproduction ; la Variation due à l’action directe et indirecte des conditions de vie, et de l’usage et de la désuétude : un tel taux d’augmentation doit mener au Combat pour la Vie, avec comme conséquence, la Sélection Naturelle, entraînant des Différences de Force et l’Extinction des formes de vies les moins élaborées. Donc, des luttes dans la nature, de la famine et de la mort suivent directement les formes de vies les plus élevées qui sont capables de concevoir, littéralement, la production d’animaux plus grands. Il y a une véritable grandeur dans cette manière d’envisager la vie, avec ses puissances diverses attribuées primitivement par le Créateur à un petit nombre de formes, ou même à une seule ; et cela, alors que cette planète a suivi ses cycles et subi la loi fixée de la gravité. A partir d’un commencement aussi simple, les formes de vies les plus belles et les plus merveilleuses ont évolué et continuent à évoluer." La Citation La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 39 : 5 Arrivé à ce point, vous commencerez peut-être à comprendre pourquoi Dawkins écrit ceci dans la préface de son ouvrage : “Ce livre (...) a des airs de science-fiction.” La Source Richard Dawkins, The Selfish Gene, 1976, p. ix : "Ce livre doit être lu presque comme si c’était de la science-fiction ; il est conçu pour faire appel à l’imagination. Mais ce n’est pas de la science-fiction : c’est de la science. Cliché ou pas, "plus étrange que de la fiction" exprimes exactement ce que je ressens a propos de cette réalité" La La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 42 : Citation Richard Dickerson, un chimiste, a écrit : “Comment expliquer l’apparition d’une telle réaction de polymérisation [assemblage de petites molécules assurant la formation Via Veritas 229 d’une plus grosse] dans un environnement aqueux (les océans primitifs) qui favorise plutôt la dépolymérisation [division d’une molécule en plusieurs molécules] par hydrolyse ? La Source Scientific American, September 1978, p. 75. La phrase suivante dans l’article “ nous devons faire face à cette difficulté”. C’est ce que fait l’auteur, dont le reste de l’article est le but. La La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 46 : Citation 23 Un autre scientifique a fait cet intéressant commentaire : “Nous ne disposons d’aucun modèle de laboratoire permettant de simuler l’évolution de la machinerie génétique ; on peut donc en discuter sans fin, sans être gêné par quelque contingence19.” Mais est-ce suivre la méthode scientifique que d’écarter aussi facilement l’avalanche de ‘contingences’ ? La Source Scientific American, September 1978, p. 75. La citation est techniquement correcte mais l’application est vraiment perverse. Examinez la citation attentivement pour voir que c’est juste un truc de rhétorique. (l’allusion est : est-ce que les faits inconvénients dont Dickerson parle existent vraiment ?) La La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 70 : Citation 38 Il est donc clair que quiconque cherche à s’informer de façon impartiale arrivera à la conclusion que les fossiles ne prouvent pas la théorie de l’évolution, mais donnent du poids aux arguments en faveur de la création. Le zoologiste Coffin déclara : “Pour les savants non croyants, les documents fossiles, témoignages de la vie passée, sont l’ultime et dernier recours, car ils constituent la seule histoire authentique de la vie dont dispose la science. Et si cette histoire ne confirme pas la théorie évolutionniste, et nous avons vu qu’elle ne la confirme pas, - qu’enseigne-t-elle donc ? Elle nous dit que les plantes et les animaux ont été créés dans leurs formes de base définitives. Les témoignages les plus importants des fossiles confirment la création, pas l’évolution.” La Source ”L’investigateur impartial" pourra découvrir que Coffin est en réalité un YEC(youngearth creationist - créationniste de la terre jeune) adventiste membre du Geoscience Research Institut dirigé par les adventistes. De plus la citation est d’un journal Adventist. Sans aucun crédit scientifique. La Citation La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 89 : ” Donald Johanson, paléontologiste, admet ceci : “Personne ne peut savoir exactement à quoi ressemblait un hominidé disparu.” Via Veritas 230 La Source Donald C. Johanson and Maitland A. Edey, Lucy - the Beginnings of Humankind, New York : Warner Books, Inc, 1981, p. 286. Légende d’une image pour une espèce bien spécifique : « Personne ne peut être sûr a quoi ressemblait chaque hominidé disparu avec sa peau et ses cheveux. Les dimensions ici sont un indice, l'hominidé étant d’au moins 60 cm plus petit que les hommes d’aujourd’hui » La La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 96 : Citation 38 Avant de conclure que la chronologie biblique est fausse, voyez les critiques sévères que quelques savants ont formulés à l’encontre des datations par la radioactivité. Commentant certaines recherches, une revue scientifique indiquait que les “dates déterminées par la désintégration des éléments radioactifs étaient peut-être exagérées, non pas de quelques années seulement, mais énormément”. Elle ajoutait : “Loin d’avoir foulé la terre depuis 3,6 millions d’années, il est possible que l’homme ne soit là que depuis quelques milliers d’années.” La Source Robert Gannon, "How Old Is It ?", Popular Science, November, 1979, p. 81 : ”Donc, aujourd’hui, absolument tout - objets d’humains, restes d’animaux, roches anciennes - peut être daté assez précisément. Les dates peuvent varier un peu, mais c’est souvent la cause d’une impureté dans l’échantillon ou le besoin de raffiner les techniques, selon les scientifiques concernés. Pourtant des mystères majeurs et des curieuses anomalies restent - suivant les curieuses spéculations avancées par Robert Genty de Columbia Union College, par exemple. Le physicien Robert Gentry croit que toutes les dates déterminées par la désintégration des éléments radioactifs étaient peutêtre exagérées, non pas de quelques années seulement, mais d’un ordre de grandeur important. Sa théorie pivote autour des « halos », infime, décolorations des cernes trouvés sur des arbres fossilisés (ou en passe de le devenir) et des micas, souvent à proximité d’uranium ou du thorium. Certains halos peuvent être expliqués suivant la désintégration radioactive habituelle. D’autres, comme les halos géants , ne le sont pas. Ils sont tout simplement trop importants pour être causés par les particules alpha éjectés par les isotopes connus, et ils ne correspondent pas aux théories généralement acceptées. Si la théorie de la désintégration radioactive est faible sur un point, d’après Gentry, le doute se présente sur chaque réponse que nous donnent les isotopes. En outre, quand Gentry étudie les halos des arbres fossilisés, il trouve que le ratio uranium/uranium perdu n’est pas vraiment celui auquel on s’attend. « Si les arbres fossilisés trouvés dans les sédiments sont supposés être d’au moins dix millions d’années, le ratio entre l’uranium - 238 et le plomb-206 devrait être inférieur » Ils ne le sont pas. Ils sont tellement importants, en fait, que « les âges acceptés sont trop grands de plusieurs milliers d’années » Et l’homme, loin d’avoir foulé la terre depuis 3,6 millions d’années, il est possible qu’il ne soit là que depuis quelques milliers d’années. Il dit irrité :« La possibilité de réduire l’âge de la Terre de 4.5 milliards d’années à quelques milliers d’années n’a pas été vraiment considéré ». La plupart des scientifiques éludent l’idée. “Vous pouvez l’accepter ou pas, moi pas”. “Je realise qu’il est difficile d’y croire”, avoue Gentry. “Cela invaliderait l’ensemble sous-jacent des Via Veritas 231 méthodes de datation radioactives : que les périodes de désintégration sont depuis toujours invariables - est une idée improbable » (Notez que les premières conclusions de Genty est d’accepter l’idée que la Terre n’a que 6 000 ans !) La Citation La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 143 : 5 Pour Richard Lewontin, un évolutionniste, les organismes “semblent avoir été construits avec soin et ingéniosité” si bien que certains savants voient en eux “les preuves maîtresses de l’existence d’un Créateur suprême”. Examinons certaines de ces preuves. La Source Richard C. Lewontin, "Adaptation", Scientific American, vol. 239, September 1978, p. 213 : "L’adaptation manifeste entre les organismes et leur environnement est l’évidence majeure de l’évolution...Cependant, les différentes formes de vie sont plus que simples et diverses. Les organismes s’adaptent remarquablement bien au monde extérieur dans lequel ils vivent. Ils ont des morphologies, physiologies et caractères qui semblent avoir été construits avec soin et ingéniosité leur permettant de s’approprier le monde autour de leur propre vie. C’était l’adaptation merveilleuse des organismes à leur environnement, plus que leur grande diversité de formes, qui était la preuve maitresse d’un Créateur Suprême. Darwin réalisant que si une théorie naturaliste de l’évolution devait réussir, elle devait expliquer l’apparente perfection des organismes et non pas seulement leurs variations" (A mon opinion, c’est une des pires citations jamais tronquées qui donna une très mauvaise publicité au TJ sur Usenet. Cette citation tronquée avait déjà été utilisée par un journaliste créationniste. Lewontin lui-même n’était pas réellement heureux de cela puisqu’il a déclaré par la suite : "Les expressions modernes du créationnisme et particulièrement du créationnisme soi-disant "scientifique" utilisent énormément la tactique de la citation sélective afin de faire croire que de nombreux biologistes doutent de la réalité de l’évolution. Les créationnistes tirent profit du fait que la biologie évolutionniste est une science vivante contenant des désaccords au sujet de certains détails du processus évolutionniste en prenant des citations au sujet de tels détails hors du contexte afin d’essayer de renforcer le point de vue anti-évolutionniste des créationnistes. Parfois ils se contentent de reprendre les descriptions que les biologistes donnent du créationnisme pour attribuer ces opinions aux biologistes eux-mêmes ! Ces pratiques clairement malhonnêtes de détournement des citations nous donnent le droit de mettre en doute la sincérité même des créationnistes. (Creation/Evolution VI, Fall 1981, p. 35)" Si vous notez bien la date, vous remarquerez que Lewontin avait démenti cette utilisation tronquée en 1981. La Watchtower n’hésite pas à la réemployer en 1985… La Citation Via Veritas La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 15 : 232 Francis Hitching, évolutionniste et auteur du livre Le cou de la girafe (angl.), a écrit : “Bien qu’il soit accepté dans le monde scientifique comme le grand principe unificateur de la biologie, il est surprenant de constater qu’après un peu plus d’un siècle d’existence, le darwinisme rencontre quantité de problèmes2. La Vérité Oui, Hitching est un auteur. Est-il pour autant évolutionniste ? Pas dans le sens scientifique du terme. Le livre La Bible - Parole de Dieu ou des Hommes ? p. 106 dis que Hitching est un “scientifique” (La source est évidemment le livre Création). Son éducation est limitée à la "private boys’ school in Warwick" , en Angleterre " selon ses propre dires, informations fournies dans Contemporary Authors. De plus c’est un écrivain spéculatif se basant essentiellement sur des ouvrages créationnistes (voir le dossier d’archive de talk.origins Hitching). Même pire ! Il est un écrivain de livre paranormaux sur l’énergie des pyramides, la magie de la terre, les sourciers, les recherches psychiques. Hitching - dans la bibliographie - prétend également qu’il était membre d’organismes respectés tel le Royal Archeological Institute de Londres. Cet organisme dénie connaître cette personne. De plus, dans les annexes de Le cou de la Girafe il prétend avoir eu l’aide des scientifiques distingués comme Dr. S. J. Gould. Le Dr. Gould a déclaré à son sujet que " je ne l’ai jamais rencontré + n’ai aucune information ". Ces exemples ne sont pas les seuls. Dans le Cou de la Girafe il attaque Darwin pour laisser place à ses théories expliquant que c’est des forces magiques qui ont causes l’évolution. Liriez-vous un livre de cet auteur ? Pourtant c’est la plus grande source utilisée du livre Création ! La Citation La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 36 : Ce géologue, Wallace Pratt, remarqua également que l’ordre des événements - d’abord l’origine des océans, puis successivement l’apparition de la terre ferme, de la vie marine, des oiseaux et enfin des mammifères - correspond pour l’essentiel à l’ordre des grandes époques géologiques. La Vérité Wallace Pratt a dis cela dans un exposé en 1928 !!! Il était un YEC (young-earth creationist) qui réduisait toutes les évidences scientifiques, et de plus il ne pouvait à l’époque soutenir l’idée que la science est en accord avec l'interprétation de la Genèse sur la « création » La La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), pp. 36-37 : Citation 34 Le calcul des probabilités nous apporte une preuve remarquable que le récit de la création tel qu’il est rapporté dans la Genèse a dû être inspiré par quelqu’un qui connaissait bien les événements. Ce récit définit 10 étapes principales qui se sont succédé dans cet ordre : 1) un commencement ; 2) une terre qui, à l’état primitif, était dans l’obscurité et enveloppée de gaz lourds et d’eau ; 3) la lumière ; 4) une étendue ou atmosphère ; 5) d’immenses étendues de terre ferme ; 6) les plantes terrestres ; 7) le soleil, la lune et les étoiles qui deviennent visibles dans l’étendue, les saisons ; 8 ) les monstres marins et les créatures volantes ; 9) les bêtes sauvages et domestiques, les mammifères ; 10) l’homme. Les faits scientifiques confirment que ces étapes ont eu lieu dans cet ordre général. Mais quelles chances le rédacteur de la Genèse aurait-il Via Veritas 233 eues de deviner ne serait-ce que l’ordre de ces étapes ? Pas plus que vous n’en auriez d’aligner dans l’ordre dix cubes marqués de 1 à 10 en les prélevant au hasard dans leur boîte. En fait, vous auriez 1 chance sur 3 628 800 de réussir cela dès le premier essai. Il n’est donc pas raisonnable de prétendre que le rédacteur de la Genèse n’a pas reçu d’une source extérieure la connaissance des faits, mais qu’il a tout simplement énuméré les événements précités dans l’ordre exact. la Vérité La science est d’accord sur un début et sur le fait que l’homme est arrive après. C’est tout ! Pour le reste la science n’est absolument pas en accord avec la genèse La science confirme que le vrai ordre est (1) un commencement ; (2) la lumière ; (3) galaxies, étoiles, soleil ; (4) une terre primitive, la lune puis l’atmosphère (5) des terres fermes ; (6) des créatures marines (7) des plantes terrestres ; (8 ) créatures terrestres, d’autres plantes et d’autres créatures marines (9) des insectes et d’autres plantes, d’autres créatures terrestres, et d’autres créatures marines ; (10) des mammifères et d’autres créatures terrestres, animaux marins, insectes et plantes ; (11) les premiers oiseaux, (12) des arbres fruitiers (ceux que la Genèse mentionne) et d’autres créatures marines, terrestres et volantes ; (13) l’homme et plein d’autres animaux et plantes Ensuite en enlevant le fait qu’il y a forcement un commencement ( 1) et de la terre ferme nécessaire pour des animaux terrestres, et ainsi de suite. Avec cela en moins, on a une chance sur 5760 de trouver cet ordre. La méthode de calcul du livre Création est tendancieuse et exagérée (Voir le Réveillez-vous de 1991 6/8 p.12 pour une tentative de réponse). La La vie comment est-elle apparue ? Évolution ou Création ? (1985), p. 44 : Citation 18 Les protéines indispensables à la vie se composent de molécules très complexes. Quelle était la probabilité d’apparition d’une seule de ces molécules par hasard dans une soupe organique ? Des évolutionnistes reconnaissent qu’il y avait une chance sur 10113 (1 suivi de 113 zéros). Or, pour les mathématiciens, un événement qui n’a qu’une chance sur 1050 de se produire est en fait une impossibilité. On peut se rendre compte à quel point cela était improbable quand on considère que le nombre 10113 est plus important que le nombre total de tous les atomes de l’univers, selon les estimations des savants ! La Vérité Personne avec un minimum de connaissances en mathématiques ou en biologie ne feraient de telles déclarations. Ici le livre Création cite des créationnistes (Impact, Décembre 1980, no. 90) sans aucune référence et aucun évolutionniste "reconnait" cela. Demandez simplement à des amis mathématiciens, un cours (j’espère) gratuit en théorie basique des probabilités pour vous faire un avis(voir à ce sujet l’article de Wikipédia sur les probabilités fréquentistes avec le paradoxe des camions prospecteurs) 1. Le calcul de cette probabilité postule que la molécule protéinique a été créé par de la chance. Cependant, la biochimie n’est pas du hasard, ce qui rend ce calcul insensé. La biochimie produit des formes complexes, et ces formes s’associent de manière complexe. Par exemple, les molécules organiques complexes ont été Via Veritas 234 observées en se formant dans des conditions existantes dans l’univers, et il est possible qu’elles aient jouées un rôle important dans la formation de la première vie 1. Le calcul des probabilités postule que la molécule de protéine devait prendre forcément une certaine forme. Cependant, il y a un nombre incalculable de protéines potentielles participant à l’activité biologique. Tout calcul de probabilités devraient prendre en compte toutes les molécules possibles (pas seulement les protéines) qui peuvent participer à la formation de la vie. 1. Le calcul de cette probabilité postule que la création de la vie est forcément dans cette forme. La première vie aurait pu être bien plus simple. 1. Le calcul occulte le fait qu’il y a d’innombrables d’essais qui peuvent intervenir simultanément. ( Spotts, Peter N. 2001. Raw materials for life may predate Earth’s formation. The Christian Science Monitor, Jan. 30, 2001) La Citation La vie comment est-elle apparue ? Evolution ou Création ? (1985), p. 110 : En fait, ce n’était rien de plus qu’un autre exemple de variété à l’intérieur d’une même espèce, variété rendue possible par le code génétique d’une créature. Les pinsons étaient toujours des pinsons. Ils n’étaient pas devenus et ne deviendraient jamais d’autres animaux. La Vérité Les pinsons ayant évolués sont de nouvelles espèces. Elles ne se croisent pas. Regardez dans Etude Perspicace sous l’entrée "espèce", et ensuite regardez le dossier d’archive de talk.origins CB910 : New species pour d’autres exemples de vraies évolutions aujourd’hui1, 2 Pour aller plus loin dans l’étude de ce livre aux arguments malhonnêtes, je vous invite à consulter un article bien détaillé de Henrique Diaz "Commentaires sur le livre Evolution ou Création" en français et le commentaire d’Alan Feuerbacher ainsi que les effets néfastes d’un tel livre. Le Collège central a t-il oublié ces textes ? • Proverbes 8:8 Je ne prononce que des paroles justes, aucune n’est mensongère ou trompeuse. • Lévitique 19:11 "Ne commettez pas de vol, n’usez pas de mensonge ou de fraude au détriment de vos compatriotes". ou utilise t-il la technique du fardeau empêchant la vérification des sources ? • Exode 5:9 "Dès qu’ils seront surchargés de travail, ils seront trop Via Veritas 235 occupés pour penser à ces histoires mensongères." Kit de détection de balivernes Par Lucretius Et si l’on faisait subir à l’enseignement de la Watchtower le Kit de détection de balivernes ? Le regretté astronome et vulgarisateur scientifique Carl Sagan ne s’en laissait pas compter facilement et promouvait l’esprit critique. Dans son ouvrage The Demon-Haunted World : Science As a Candle in the Dark (1996) Carl Sagan expose son Baloney Detection Kit que nous pouvons traduire par Kit de détection de balivernes ou d’idioties. Par une liste de considérations du bien-penser il nous invite à reconsidérer les arguments que l’on nous présente et à juger sainement de leur valeur. Évoquons quelques éléments de cette liste et examinons concurremment le livre "La Bible - Parole de Dieu ou des hommes99". • Lorsque cela est possible, il faut des confirmations indépendantes des faits. Fait invoqué : la Bible a été préservée et nous avons la garantie de la lire telle que Dieu l’a faite rédigée (p.18). "Mais comment savoir aujourd’hui, après que des milliers de copies en ont été faites, si la Bible n’a pas été complètement défigurée ? Pour le découvrir, penchons-nous un instant sur la Bible hébraïque, l’“Ancien Testament”. Dans la seconde moitié du VIe siècle avant notre ère, au moment où les Juifs revenaient de leur exil à Babylone, un groupe d’Israélites, connus sous le nom de sopherim, ou “scribes”, devinrent les dépositaires du texte de la Bible hébraïque. Ils avaient aussi la responsabilité de faire des copies des Écritures à l’usage du culte tant public que privé. Ces hommes très consciencieux et de métier produisirent un travail de la plus haute qualité." Conclusion suggérée : la Bible est surnaturelle, elle vient de Dieu. Problème : tout le monde n’est pas d’accord avec ce jugement volontairement rassurant. Notez l’avis de Jean-Daniel Macchi de la faculté de Théologie de l’Université de Genève : " Le texte original de la Bible n’existe pas ! Ou plutôt faudrait-il dire que nous ne disposons d’aucun manuscrit original de la Bible. En effet, la Bible hébraïque nous est parvenue au travers de plusieurs centaines de manuscrits (les témoins textuels) tous des copies de copies, souvent aussi des traductions en d’autres langues que l’hébreu. 99 Publié en 1989 par les Témoins de Jéhovah. Via Veritas 236 Bien que les plus anciens fragments de manuscrits bibliques datent du troisième siècle avant J-C c’est un manuscrit du Moyen Âge qui sert de base aux éditeurs modernes de la Bible hébraïque. En effet, le codex B19a Firkovisch se trouvant aujourd’hui au musée de St Petersbourg est le plus ancien manuscrit connu contenant l’intégralité de la Bible hébraïque. Entre les plus anciens manuscrits connus, a fortiori entre le texte tel qu’il fut rédigé, et le texte choisi par les imprimeurs, une quinzaine de siècles se sont écoulés. Or, on estime qu’un manuscrit ne peut guère être utilisé plus de deux siècles avant d’être trop altéré et de devoir donc être copié sur un nouveau support. Or, en dépit du soin considérable que chaque scribe-copiste a mis à la réalisation de son travail, chaque manuscrit est différent de sa source. A chaque étape de la copie le texte évolue donc, des fautes sont introduites, des commentaires ajoutés, des mots sautés etc... Bref le texte évolue tant et si bien que pour le texte de la Torah (les 5 premiers livres de la Bible hébraïque) l’édition scientifique de la Bible mentionne plus de 4000 « lieux variants » dont une partie importante affectent de manière significative le sens du texte. " L’intégrité du texte originel est donc contesté. C’est très gênant et ça contrarie le bel édifice. Car il ne sert à rien de brandir l’avis de Sir Frederick Kenyon sur l’exceptionnelle conservation du texte grec, si le texte hébraïque, les deux tiers des Ecritures ont été corrompues par la force des choses. Si la Bible doit être considérée comme intégralement préservée par Dieu, il faudrait le constater sur toutes les Écritures et non les seules Écritures grecques. Ce n’est pas le cas, l’argument en faveur de la sacralité biblique ne tient pas. • Il faut encourager des discussions substantielles des faits par entre des gens informés ayant différents points de vue. Ce n’est pas le point fort de la Watchtower qui bien loin de donner la parole aux détracteurs de la Bible préfère donner l’avis des critiques des détracteurs. A propos de la Haute Critique, le livre avance (p.43) : "En ce XXe siècle, ère du rationalisme, les intellectuels admettent plus volontiers que la Bible soit la parole des hommes que celle de Dieu. Il leur est plus facile de croire que les prophéties ont été écrites après coup, que d’en reconnaître l’authenticité. Ils préfèrent ranger les miracles de la Bible parmi les mythes, les légendes, ou les contes populaires, que d’envisager qu’ils soient des faits réels. Leurs thèses, lourdes de préjugés, n’offrent toutefois aucune raison sérieuse de récuser la véracité des Écritures. La haute critique comporte de graves failles et ses attaques n’ont pas réussi à prouver que la Bible n’est pas la Parole de Dieu." Jamais dans le livre ne se trouvent exposées de manière loyalement argumentée les thèses dénoncées. Exemple (p.49 ) : "Parlant des rapports qui existent entre l’archéologie et les récits historiques de la Bible, le professeur David Noel Freedman déclare : “Dans l’ensemble, l’archéologie tend cependant à confirmer la valeur historique de la narration biblique. Dans ses grandes lignes, la chronologie qui s’étend de l’ère patriarcale jusqu’à l’époque du N[ouveau] T[estament] correspond aux données fournies par l’archéologie. (...) Les découvertes à venir vérifieront probablement le jugement dépassionné que l’on porte aujourd’hui sur la tradition biblique, à savoir qu’elle repose sur des faits historiques et qu’elle a été transmise fidèlement, bien qu’on ne puisse la qualifier d’histoire au sens critique ou scientifique.” Via Veritas 237 Puis, considérant les efforts déployés par la haute critique pour discréditer la Bible, Freedman ajoute : “Les tentatives des exégètes modernes de refaire l’histoire biblique - par exemple la thèse de Wellhausen qui ne voit dans l’ère patriarcale qu’un reflet de la monarchie divisée ; ou celle de Noth et de ses partisans, qui rejettent l’historicité de Moïse, de l’exode et, de là, remanient toute l’histoire d’Israël - ces tentatives n’ont pas aussi bien résisté aux découvertes archéologiques que la narration biblique." La citation date de presque 50 ans. Pourquoi la Watchtower ne donne-t-elle pas une déclaration récente de Freedman telle que celle que l’on retrouvera dans son livre "The Nine Commandments Uncovering the Hidden Pattern of Crime and Punishment in the Hebrew Bible". A propos du deuxième commandement - tu ne feras pas d’idole pour toi-même - l’auteur a écrit (traduit de l’anglais) : "Avant tout, alors que le nom de Yahweh apparaît tout au long du livre de la Genèse, un passage de l’Exode semble indiquer qu’il est anachronique dans ces récits anciens. En Exode 6:3 Yahweh informe Moïse : j’apparaissais à Abraham, Israël et Jacob comme El Shaddaï mais par mon nom de Yahweh je ne me suis pas fait connaître à eux. Cependant un parcours des textes patriarcaux montre qu’Abraham, Isaac et Jacob usèrent tous de l’épithète Yahweh. En quel sens alors le nom de Yahweh fut-il inconnu des patriarches. Ce fut une telle question, et d’autres encore qui conduisit les exégètes à postuler que différentes sources avaient été utilisées pour construire les "cinq livres de Moïse", l’une au moins d’entre elles perpétuant la tradition que le nom de Yahweh ne fut pas utilisé par l’ancien Israël avant l’époque de Moïse. A l’appui de cette théorie fut l’observation que lorsque les fils narratifs employant les différents noms sont séparés, beaucoup de ces soi-disants "doublons" (histoire très semblable à une autre) se séparent également. Par exemple il existe deux récits relatant l’attribution du nom Isaac. Dans l’un d’entre eux, en Genèse 17, les noms utilisés sont Elohim, le nom générique de Dieu, et El Shaddaï. Dans l’autre récit, en Genèse 18, le seul nom utilisé est Yahweh. Le fil narratif qui emploie le nom divin Elohim fut distingué par les premiers exégètes par "E". de manière similaire, le fil qui emploie le nom divin Yahweh fut appelé "J" (de l’allemand Jahweh, car la théorie fut largement développée en allemagne). Cependant il fut bientôt découvert que dans "E" il y avait encore plus de doublons et de différences stylistiques. Parce qu’un groupe de ces textes semblait particulièrement intéressé par la matière sacerdotale (sacrifices convenables, loi rituelle, etc...), il fut appelé la source "P" (P pour priestly). Ce qui restait reçut la désignation "E". Quoique la découverte de ces sources requit plusieurs étapes et la contribution de nombreux exégètes, la plus complète et convaincante présentation fut produite par un exégète allemand nommé Julius Wellhausen, et est quelque fois désignée comme la théorie welhausienne, quoiqu’elle soit le plus suvent appelée l’Hypothèse Documentaire, oe encore la Théorie JEDP (D pour deutéronomiste, une composition indépendante consistant du livre du Deutéronome). Bien que l’Hypothèse Documentaire ne soit pas sans détracteurs, elle est devenue le modèle prévalant en matière d’exégèse biblique pour la compréhension de la composition de la Torah. Les citations de Freedman données par le livre jéhoviste sont donc tout à fait partiales. Là encore le lecteur s’arrêtera à ce qu’on lui délivre si complaisamment. • Des arguments d’autorité n’ont que peu de poids (en sciences, il n’y a pas d’“autorités”) La Watchtower aime à user de ces artifices lénifiants. Via Veritas 238 Pour exemple (p. 7) : "Abraham Lincoln, seizième président des États-Unis, décrivit la Bible comme “le don le plus précieux que Dieu ait jamais fait à l’homme (...). Sans elle, ajouta-til, nous ne saurions distinguer le bien du mal”. Sir William Blackstone, homme de loi britannique, souligna en ces mots l’autorité qui se dégage de la Bible : “Sur ces deux fondements, la loi de la nature et la loi de la révélation [la Bible], reposent toutes les lois humaines, c’est-à-dire qu’on ne devrait permettre à aucune loi humaine de contredire celles-là.” Comment rejeter le jugement de ces excellents hommes ? Mais c’est oublier que des hommes tout aussi excellents ont eu une opinon contraire. C’est ainsi que l’un des pères fondateurs de l’Amérique, Thomas Jefferson a écrit : "The Christian God is a being of terrific character - cruel, vindictive, capricious et unjust." Traduction : Le Dieu chrétien est un être d’un caractère terrible - cruel, vindicatif, capricieux et injuste. Et son jugement sans appel ne vous donne pas trop envie de lire la Bible. • Envisagez plus d’une hypothèse et ne sautez pas sur la première idée qui vous vient à l’esprit. • Essayez de ne pas vous attacher excessivement à une hypothèse simplement parce que c’est la vôtre. Dans les pages du livre, jamais vous ne trouverez de citations qui montreraient que la position commune des exégètes est beaucoup plus réservée sur l’historicité de la Bible. Notez donc celle-ci (tirée de Introduction to the Oxford Annotated Bible RSV (1973), Ed. Bruce Metzger & Herbert May) : "L’Ancien Testament peut être décrit comme l’expression littéraire de la vie religieuse de la vie d’Israël.(...) Probablement que dès l’époque de David et Salomon, surgissant d’une matrice de mythe, de légende et d’histoire, est apparue le première forme écrite des actes de salut de Dieu depuis la Création à la Conquête de la Terre Promise, un récit qui sous une forme modifiée devint plus tard une partie des Écritures. Mais il fallut un temps très long pour que l’idée d’Ecriture n’apparaisse et que l’Ancien Testament ne prenne sa forme présente.(...) Le processus par lequel les Juifs devinrent le "peuple du Livre" fut graduel, et le développement est enveloppé dans les brumes de l’histoire et de la tradition. (...) La date de la compilation finale du Pentateuque ou de la Loi qui fut le premier corpus, ou la plus grande partie de littérature qui en vint à être considérée par les Juifs comme les Ecritures ayant autorité, est incertaine, quoique certains aient de manière conventionnelle gardé la date de l’Exil au 6ème siècle. (...) Avant l’adoption du Pentateuque comme la Loi de Moïse, il fut compilé et édité selon l’esprit et la diction de l’Ecole deutéronomique, le groupe de livres constitué par le Deutéronome, Josué, Juges, Samuel et les Rois selon leurs formes actuelles. Ainsi le Pentateuque prit forme au cours d’une longue période de temps." Les arguments en défaveur d’une lecture littérale des Écritures ne sont jamais évoqués, l’hypothèse pour la Watchtower est intolérable. Elle mettrait tant de certitudes par terre. • Le rasoir d’Occam : s’il y a deux hypothèses qui expliquent les données aussi bien, préférez la plus simple. A propos des miracles, le livre "La Bible - Parole de Dieu ou des hommes" cite le témoignage de l’évangéliste Luc portant sur la résurrection du Christ : "Revenons à la tombe trouvée vide le 16 Nisan. À quelle conclusion cet homme très Via Veritas 239 compétent allait-il aboutir ? Tant dans son Évangile que dans le livre des Actes, Luc présente la résurrection de Jésus comme un fait (Luc 24:1-52 ; Actes 1:3). Il ne nourrissait pas le moindre doute à ce sujet. Cette conviction était peut-être confortée par les faits qu’il avait personnellement vécus, car s’il ne fut pas, selon toute vraisemblance, témoin oculaire de la résurrection de Jésus, il dit par contre avoir assisté à des miracles accomplis par l’apôtre Paul. - Actes 20:7-12 ; 28:8, 9." Répondant à la force d’un tel témoignage, et appliquant précisément le principe du rasoir d’Occam, le philosophe écossais David Hume a écrit : "Enquête sur l’entendement humain, Section X Aucun témoignage ne suffit pour établir un miracle, sauf si le témoignage est de telle sorte que sa fausseté serait encore plus miraculeuse que le fait qu’il essaie d’établir et, même dans ce cas, il se produit une destruction mutuelle des arguments (...). Lorsque quelqu’un me dit qu’il a vu un homme revenir à la vie, j’évalue immédiatement s’il est plus probable que cette personne se trompe ou ait été trompée, ou si le fait qu’elle rapporte pourrait s’être réellement produit. Je pèse un miracle par rapport à l’autre, et selon la supériorité que je découvre, je prononce ma décision, et rejette toujours le miracle le plus grand. Si la fausseté de son témoignage semble plus miraculeuse que l’événement qu’elle rapporte, alors (...) peut-il prétendre commander à ma croyance ou à mon opinion. " A votre avis entre l’éventualité d’une résurrection et l’éventualité d’un faux témoignage même sincère quel est le plus simple et donc le plus probable ? Prêtez-vous donc au jeu. Faîtes passer le Baloney Detection Kit, le Kit de Détection de balivernes aux différentes publications de la Watchtower. Vous comprendrez enfin que l’argumentaire jéhoviste tient sur de l’air, et pourquoi vous trouviez l’enseignement indigeste et vous vous sentiez si souvent "baloney". Si vous avez aimé le Baloney Detection Kit vous apprécierez le Petit Cours de Défense Intellectuelle Normand Baillargeon aux Editions Lux Et probablement tout autant un exposé complet des Erreurs de raisonnement et illusions logiques. Via Veritas 240 L’archéologie biblique La vision de la société Watchtower Par Popper On retiendra 4 lignes directrices dans la vision de l’Organisation de l’Archéologie : J’ai mis en évidence les pensées fortes qui ressortent. Notez bien la manipulation de l’information par les auteurs de ces articles tout au long de votre lecture. 1. L’archéologie lorsqu’elle confirme la Bible est bonne La Tour de Garde, du 1er janvier 1981, p. 9 — L’archéologie confirme la Bible Que dire des Écritures grecques, que l’on appelle communément le “Nouveau Testament” ? L’archéologie a-telle confirmé l’exactitude de cette partie importante de la Bible ? Oui, et on a même écrit des livres entiers sur ce sujet. Dès 1890, le bibliste français F. Vigouroux publia un ouvrage de plus de 400 pages intitulé “Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes”, dans lequel il apportait d’abondantes preuves à l’appui des Évangiles, des Actes des Apôtres et des différentes lettres chrétiennes. En 1895, W. Ramsay publia son livre Saint Paul, voyageur et citoyen romain (angl.), qui est devenu un classique du genre. On y trouve des renseignements très précieux sur l’authenticité des Écritures grecques chrétiennes. Plus récemment sont parus d’autres livres et des articles d’érudition qui expliquent comment l’archéologie a prouvé la véracité de la Bible tout entière. Dans son livre L’archéologie du Nouveau Testament (angl.), dont la première édition est parue en 1970, E. Blaiklock100 écrit : “L’historiographie biblique a reçu des confirmations si frappantes que les historiens ont appris à respecter l’autorité de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi qu’à admirer l’exactitude, le profond souci de vérité et la clair-voyance inspirée des différents rédacteurs qui donnèrent à la Bible ses livres historiques.” L’archéologie confirme donc bien la Bible Etude perspicace, Tome 1, p. 161-162 — Archéologie L’archéologie a permis de confirmer de nombreux événements historiques relatifs aux pays bibliques et rapportés dans les Écritures, et de prouver l’authenticité de faits que les critiques modernes mettaient en doute. 100Ce coup-ci la Watchtower cite un chrétien fondamentaliste (professeur de langue classique à Auckland - pas d’archéologie) qui considère que l’évangeliste Luc est l’un des plus grands historiens. Une lecture attentive des citations trouvées sur internet montre que cette personne est là pour prouver la Bible. Pas de doutes possibles alors qu’on sait que les évangiles ont montré leurs faiblesses sur l’histoire. D’ailleurs Luc considéré comme l’auteur des Actes des Apotres, est l’auteur d’un bel anachronisme sur le récit du voyage de Saul vers Damas. Via Veritas 241 2. Les méthodes de datations sont imprécises Reveillez-vous, du 8 octobre 1983, p. 7 — L’archéologie devrait-elle vous faire douter de la Bible ? Il va sans dire que les considérations d’ordre historique sont aléatoires, puisqu’elles dépendent toujours de certaines suppositions préalables et d’opinions subjectives. Par conséquent, nous devons nous souvenir que toutes les dates ne sont pas absolues et qu’elles sont suspectes dans bien des domaines.” — C’est nous qui soulignons. Etude perspicace, Tome 1, p. 169-170 — Archéologie Différences dans les dates. Il est important d’être conscient de ce fait quand on considère les dates que les archéologues avancent à propos de leurs découvertes. Ainsi, Merrill Unger écrit : “ Par exemple, Garstang situe la chute de Jéricho à environ 1400 av. J.-C. [...] ; Albright penche pour environ 1290 av. J.-C. [...] ; Hugues Vin-cent, l’éminent archéologue de la Palestine, s’en tient à 1250 av. J.-C. [...] ; alors que pour H. Rowley, Ramsès II est le pharaon de l’oppression et l’Exode a eu lieu sous le règne de son successeur, Marniptah [Mérneptah], vers 1225. ” (Archaeology and the Old Testament, p. 164, note 15). Tout en défendant la crédibilité des techniques et des analyses de l’archéologie moderne, le professeur Albright reconnaît qu’“ il reste difficile à un non-spécialiste de se frayer un chemin à travers les dates et les conclusions contradictoires des archéologues ”. — L’archéologie de la Palestine, p. 274101. On a bien employé l’horloge au radiocarbone et d’autres méthodes modernes pour dater les objets mis au jour. Toutefois, cette méthode n’est pas parfaitement exacte, comme le montre ce commentaire de G. Wright (The Biblical Archaeologist, 1955102, p. 46) : “ On peut constater que la nouvelle méthode au carbone 14 utilisée pour dater les vestiges anciens ne s’est pas révélée aussi infaillible qu’on l’avait espéré [...]. Certaines mesures ont, de toute évidence, donné des résultats erronés, sans doute pour plusieurs raisons. Actuellement, on ne peut se fier entièrement aux résultats donnés que lorsque plusieurs mesures ont fourni des résultats pour ainsi dire identiques et que la date indiquée paraît exacte d’après d’autres méthodes de calcul [c’est nous qui soulignons]. ” Plus récemment103, The New Encyclopædia Britannica (Macropædia, 1976, vol. 5, p. 508) a déclaré : “ Quelle qu’en soit la cause, [...] il est clair que les dates évaluées au carbone 14 ne sont pas aussi précises que les historiens traditionnels le souhaiteraient. ” 3. C’est surtout de l’interprétation subjective Reveillez-vous, du 8 octobre 1983, p. 7 — L’archéologie devrait-elle vous faire douter de la Bible ? 101Voici ce que nous révèle en fait le livre La bible dévoilée : Deuxième conséquence de ce qui précède, il faut réévaluer toutes les scènes de batailles qui racontent la prise de Canaan par Israël dans le Livre de Josué. Et notamment la plus célèbre d’entre elles, Jéricho. « Depuis les années 1930 et les premières fouilles sur place, l’épisode biblique fait problème, explique Thomas Römer. Parce que les archéologues n’ont pas trouvé de murailles datant de la conquête décrite dans la Bible ( 1473 av notre ère chronologie jehoviste). A cette époque, le site était un ville ouverte, s’il n’était pas inhabité. » Voilà qui vient contredire les spectaculaires récits bibliques où le son des trompettes et le passage de l’Arche font tomber les murailles... « Il ne faut pas lire le Livre de Josué comme le récit historique de l’installation d’Israël dans son pays, observe le professeur lausannois, mais comme des histoires qui doivent laisser penser que le petit royaume de Juda et son armée est aussi puissant que ses voisins assyriens. » Le vrai problème de Jéricho c’est que les murailles ont été détruites par le feu avant la conquête de la Terre Promise (en 1400 av JC). Un vrai problème pour les fondamentalistes. Une discussion sur la datation à Jéricho se retrouve ici et là (en anglais). 102Notez la date de la citation ! 103A noter que le livre Étude Perspicace est sorti en 1998 en France soit 20 ans après la citation réutilisée. Via Veritas 242 Pourquoi l’archéologie présente-t-elle un intérêt aujourd’hui ? Parce qu’elle offre un moyen d’investigation dans le passé des humains. Grâce à elle, on a fait la lumière sur la géographie et l’histoire des pays bibliques. Elle s’appuie sur les sciences exactes et vise à atteindre leur précision. Cependant, un facteur important empêche parfois de parvenir à ce but — l’élément humain. Tout archéologue possède en effet ses croyances, et cela qu’il soit athée, agnostique, chrétien, juif ou musulman. Alors, jusqu’à quel point ses convictions ou ses idées préconçues vont-elles influencer son interprétation des faits ? L’empêcheront-elles de parvenir à des conclusions exactes ? La recherche archéologique ressemble au travail d’un détective. On exhume des preuves indirectes sous la forme d’objets façonnés et de vestiges (poteries, fragments, ruines, restes de civilisations antérieures, ossements, etc.). Puis on entame le processus de déduction : À quoi appartenait le fragment re-trouvé ? À quelle époque correspondent la forme, la couleur et la nature de l’objet ? Quelle utilisation en faisait-on ? Quel était son lieu d’origine ? S’agissait-il de l’endroit où on l’a découvert ou bien d’un autre ? Vientil de la couche de terrain où on l’a exhumé ou s’est-il enfoncé dans une strate infé-rieure à cause du temps écoulé et des conditions locales ? Ces facteurs et bien d’autres encore peuvent influer sur une interprétation. Ainsi, les conclusions sont basées sur des preuves indirectes et sur une interprétation empreinte tantôt d’objectivité, tantôt de partialité. C’est pourquoi l’archéologue israélite Yohanan Aharoni104 a raison d’écrire : “Quand on aborde le domaine de l’interprétation historique ou historico-géographique, l’archéologue sort du domaine des sciences exactes et doit s’appuyer sur des jugements de valeur et des hypothèses pour dresser un tableau d’ensemble.” Etude perspicace, Tome 1, p. 169-170 — Archéologie Des conclusions fondées sur des incertitudes. Les découvertes archéologiques ont parfois apporté une réponse commode à ceux qui discutaient certains récits bibliques ou qui mettaient en doute l’historicité de certains événements. Elles ont également contribué à soulager l’esprit de gens sincères qui se laissaient impressionner par les arguments de ces détracteurs. Cependant, l’archéologie n’a pas pour autant réduit au silence les critiques de la Bible et elle n’est pas non plus un fondement absolument fiable sur lequel baser sa croyance dans le récit biblique. Les conclusions qui ont été tirées de la majorité des fouilles dépendent essentiellement des raisonnements déductifs et inductifs des chercheurs qui, un peu à la manière de policiers, instruisent une 104Yohanan Aharoni ne croyait pas au récit du livre de Josué pour la conquête de la terre promise. Étonnant de citer un homme qui ne partage pas le point de vue de la société. Mais pourquoi alors ses arguments ne sont pas présentés ? On peut le vérifier ici. Via Veritas 243 cause qu’ils se chargent de défendre. Aujourd’hui encore, même quand des policiers découvrent et accumulent une liste impressionnante de preuves matérielles ou indirectes concernant une affaire qui passe en justice, s’ils ne disposent pas de témoins dignes de foi et directement impliqués dans l’affaire, leurs preuves seront jugées très insuffisantes. De graves erreurs et injustices ont été commises parce que des jugements ont été prononcés d’après ces seules preuves. À combien plus forte raison risque-t-on de se tromper quand 2 000 ou 3 000 ans se sont écoulés entre l’événement et les recherches entreprises par les archéologues ! (En clair, plus c’est vieux, plus on se trompe. Y a que la Bible qui compte. Mais, à suivre ce raisonnement on pourrait dire que c’est la même chose pour les rédacteurs du Pentateuque ! Pour la généalogie de Jésus en Matthieu et en Luc, etc...) 4 .On n’a pas besoin de ça pour croire Étude perspicace, Tome 1, p. 169 — Archéologie Valeur relative de l’archéologie. L’archéologie a fourni des renseignements utiles qui ont permis d’identifier (de façon souvent incertaine) les sites bibliques. Elle a mis au jour des documents écrits qui ont contribué à une meilleure intelligence des langues originales dans lesquelles les Écritures ont été rédigées et elle a jeté une nouvelle lumière sur les conditions de vie ainsi que sur les activités des peuples et des chefs de l’Antiquité dont il est question dans la Bible. Toutefois, pour ce qui est de l’authenticité et de la fiabilité de la Bible, de la foi en ce livre, de son enseignement, de ce qu’elle révèle sur les desseins et les promesses de Dieu, il faut dire que l’archéologie n’est pas un complément indispensable ni une confirmation nécessaire de la vérité contenue dans la Parole divine. L’apôtre Paul écrivit en effet : “ La foi est l’attente assurée de choses qu’on espère, la démonstration évidente de réalités que pourtant on ne voit pas. Par la foi, nous comprenons que les systèmes de choses ont été mis en ordre par la parole de Dieu, de sorte que ce qu’on voit est venu de choses qui ne paraissent pas. ” (Hé 11:1, 3). “ Nous marchons par la foi, non par la vue. ” — 2Co 5:7. Cela ne veut pas dire que la foi chrétienne ne repose sur aucun fondement visible ou ne se rapporte qu’à des choses intangibles. De tout temps, au contraire, les hommes ont pu trouver, à leur époque, autour d’eux, en eux et dans ce qu’ils ont vécu, un grand nombre de preuves que la Bible est la véritable révélation divine et qu’elle ne contient rien qui contredise les faits démontrables (Rm 1:18-23). Il est certes intéressant et appréciable d’éclairer la connaissance du passé par les découvertes archéologiques, mais ce n’est pas indispensable. Seule est essentielle et tout à fait digne de foi la connaissance du passé éclairée par la Bible. Avec ou sans l’archéologie, la Bible donne une signification véritable au présent et éclaire l’avenir (Ps 119:105 ; 2P 1:19-21). En réalité, seule une foi faible a besoin de s’appuyer sur une béquille, de se fonder sur des briques qui tombent en poussière, sur des vases brisés et sur des murs croulants. Réveillez-vous, du 8 octobre 1983, p. 19 — L’archéologie est-elle nécessaire à la foi ? L’archéologie biblique a l’indéniable mérite d’avoir enrichi notre compréhension de l’univers de la Bible. Toutefois, les chrétiens sont conscients que leur foi ne repose pas sur des preuves mises au jour par des hommes, mais sur la Parole de Dieu, la Bible105. 105Ou plutôt sur LEUR Bible. C’est ainsi que dans la Bible à référence première édition, la Watchtower soutenait qu’il n’y avait pas de preuves archéologiques de croix à l’époque de Jésus. A partir de 1969 l’archéologie à démontré le contraire. Étonnamment Via Veritas 244 Étude perspicace, Tome 1, p. 959 — L’intérêt de l’archéologie Cela devrait-il semer le doute sur l’authenticité de la Bible ? Absolument pas. Une foi qui ne dépend que de l’interprétation de découvertes archéologiques est des plus chancelantes. Les preuves que la Bible est inspirée de Dieu figurent dans la Bible elle-même, pas dans l’archéologie. Commentaires de Via Veritas Alors, trouvez-vous cette lecture sur l’archéologie objective ? Ou ne révèle-t-elle pas une volonté implacable de limiter au maximum l’esprit critique que peuvent engendrer les révélations de l’archéologie ? Vous avez compris : c’est utile si ça confirme la Bible, mais si des preuves contraires à la Bible existent, c’est que vous avez une foi « chancelante ». « Pauvres faibles ! », si vous croyez à des preuves contredisant la Bible ! Ainsi on va vous faire culpabiliser au moment ou vous désirez avoir un avis objectif sur l’archéologie et l’histoire de la Bible. Est-ce honnête ? Mais est-ce vraiment objectif ? Maintenant analysons ce que nous dit VRAIMENT l’archéologie. Nous avons constaté que la société Watchtower critique les méthodes de l’archéologie. On parle de faits, et de témoins. On compare le travail des archéologues à celui d’enquêteurs policiers, pour prouver que des faits ne sont pas des preuves. Si seulement on pouvait tout ramener à une enquête policière… Mais sur quoi se base l’archéologie en premier lieu ? Voici ce que nous dit l’Encyclopaedia Universalis à l’article ARCHEOLOGIE. L’archéologie et l’histoire - les documents archéologiques Est-ce à dire pourtant que, comme le veut une conception toujours répandue, l’archéologie soit une discipline auxiliaire de l’histoire ? Son rôle est-il, comme celui de la paléographie, de l’épigraphie ou de la généalogie, de fournir des matériaux bruts que l’histoire, ensuite, se charge d’interpréter ? On peut en douter. L’expérience montre en effet que si elle se cantonne dans ce rôle passif, l’interprétation n’intervient presque jamais : les descriptions s’ajoutent aux descriptions sans que l’historien sache comment maîtriser cette masse informe et accablante ; seul l’inventeur des vestiges est à même de le faire. On peut difficilement dire, d’autre part, que les documents archéologiques viennent à l’appui d’autres documents. Même quand on dispose de textes, ces derniers ne disent pas tout, ne nous renseignent pas sur tout et ne sont pas nécessairement de bons reflets de la réalité. Les documents archéologiques viennent alors les compléter, les nuancer cela disparait ensuite de l’édition de 1985 - Source Via Veritas 245 ou les contredire, sans qu’on puisse, c’est évident, les suspecter de déformation intentionnelle : ce sont donc des documents historiques au même titre que les autres, et parfois même les seuls qui soient disponibles. (...) Il y a pourtant, entre l’archéologie et l’histoire, une différence essentielle, qui tient aux documents utilisés. Alors que l’histoire exploite toutes les catégories possibles de documents, y compris les documents archéologiques, l’archéologie s’appuie d’abord sur un type de documents particulier : les témoins matériels laissés par l’homme à la surface de la terre. Lorsque ces documents sont les seuls, comme c’est le cas pour la préhistoire, l’approche archéologique est la seule possible ; lorsqu’il existe d’autres documents (textes, images, enregistrements sonores...), cette approche se juxtapose et se combine aux autres pour composer l’ensemble de la recherche historique. S’il est vrai que tout historien ne peut pas – tant sont lourdes et complexes les techniques à mettre en œuvre – être archéologue, il est donc clair, en revanche, que tout archéologue doit être historien. Mais la nature même des documents qu’il utilise lui impose de redoutables entraves. Il doit songer, d’abord, que la présence d’un témoin quelconque – habitation, vase, arme... – résulte d’une série de causes qui se succèdent, se contrecarrent, se renforcent ou se combinent en une chaîne dont la complexité peut être, en principe, infinie. Si, par exemple, c’est pour mettre en culture un terroir nouveau qu’un groupe humain construit des habitations, cette cause immédiate peut renvoyer à une nécessité économique ; celle-ci peut être née d’une pression démographique et cette dernière à son tour peut s’expliquer par des considérations sociologiques. Mais cet enchaînement ne laisse aucune trace et l’archéologue, qui doit s’efforcer, sous peine de manquer à ses devoirs, de remonter du témoin à ses causes, est encore plus mal loti que l’enquêteur qui doit remonter des indices au coupable : les indices, pour lui, peuvent demeurer invisibles. Il est bien rare, en outre, qu’une cause unique puisse rendre compte de l’existence d’un témoin ; si le cas paraît se produire, il ne s’agit bien souvent que d’un raisonnement automatique, comme celui qui associe, sans autre argument qu’une fragile vraisemblance, les figurines préhistoriques aux croyances religieuses. Mais dans l’immense majorité des cas, en fait, plusieurs interprétations sont possibles et l’archéologue doit, à chaque étape, tâcher d’établir laquelle est la meilleure. Un autre type de difficultés est lié à la signification des témoins, car elle peut être extrêmement diverse. Dans le cas le plus simple, le témoin est un objet façonné (outil, Via Veritas 246 arme, vase, jouet, habitation, tombe...) : l’homme s’est servi d’un matériau brut, amorphe, et l’a transformé en un objet qui possède une forme et des propriétés définies ; le témoin est alors le résultat d’une intention très précise. Mais il existe bien d’autres possibilités. Les archéologues sur le terrain • C’est ainsi qu’une catégorie importante de témoins est constituée par des déchets : déchets de fabrication, qui résultent inévitablement du façonnage des objets (éclats de pierre, copeaux de bois, scories de métal...) ; déchets de consommation, qui proviennent surtout des parties non comestibles des aliments (écorces, peaux, pépins, noyaux, os, arêtes, coquilles...) ; déchets produits par l’entretien et le nettoyage des espaces habités (poussières, gravats, immondices, objets cassés ou usagés...). • Une seconde catégorie, celle des traces, comprend des témoins nettement plus fugaces : traces de façonnage (retouches, marques, empreintes digitales, coups de pinceau, stries de tournage...), traces d’utilisation (lustre, ébréchures, émoussement, usure...) et traces d’altération (décomposition, dé-formation, décoloration, oxydation, combustion...). • La troisième catégorie est celle des relations qui unissent les témoins matériels : relations spatiales, dont on peut souvent inférer des rapports chronologiques ; relations d’association, qui sont d’un intérêt capital pour l’interprétation des vestiges ; relations de causalité, que l’on peut rarement mettre en évidence ; relations de similitude, enfin, que l’on tend souvent à surestimer. Toutes ces catégories ne sont pas chargées des mêmes significations : le déchet n’est, en quelque sorte, que le négatif d’un acte volontaire, tandis que la trace n’est que le reflet d’un tel acte ou celui d’un phénomène physico-chimique. Elles ne peuvent donc pas être étudiées de la même façon : porteuses d’informations différentes, elles appel-lent des méthodes différentes. Mais il est sûr, au moins, que les relations méritent une attention toute particulière : ce sont elles, en effet, qui donnent aux objets leur signification fondamentale et la plus grande part de leur pouvoir informatif ; inversement, c’est leur rupture qui prive tant d’objets de musée de l’essentiel de ce pouvoir. L’archéologue doit donc s’efforcer, autant qu’il le peut, de faire apparaître ces relations dans les vestiges qu’il étudie. Il doit tenir compte, enfin, de l’évolution des témoins. Entre le moment où un objet a été abandonné et celui où il le retrouve, il se produit généralement toute une évolution, qui dépend d’abord du matériau qui constitue l’objet. Certains matériaux (pierre, coquille, ivoire, terre cuite...) se conservent longtemps et gardent leur cohésion : même si les objets sont cassés et superficiellement altérés, ils ne disparaissent pas. D’autres (métaux, terre crue...) se conservent également fort bien, mais peuvent perdre leur forme : il est alors difficile, voire impossible, de les identifier. D’autres, enfin, sont périssables (bois et fibres végétales ; peaux, tissus et papiers...) et l’on n’en retrouve des traces que dans des cas exceptionnels (saturation par l’eau, dessiccation totale, carbonisation, empreintes...). Via Veritas 247 À cette évolution propre des objets s’ajoute l’action du milieu (érosion, sédimentation, action de la végétation, activité des animaux...) et surtout celle de l’homme, qui pille, cultive, creuse, nivelle et construit à une échelle de plus en plus grande (bâtiments, autoroutes, ports, aéroports, barrages, usines...) : les vestiges sont parfois détruits, le plus souvent déplacés. La première préoccupation de l’archéologue doit être alors d’imaginer, si faire se peut, l’état originel des vestiges et d’y replacer par la pensée les objets qui ont disparu, c’est-à-dire de redresser et de compléter ce reflet doublement déformé que les vestiges lui proposent à la fouille. Toutes ces limitations sont importantes. Elles ne sont insurmontables que si on les oublie. Si l’on en a, au contraire, une conscience claire, on en tiendra compte dans le déroulement même de la recherche, on restituera au raisonnement la place qui doit être la sienne, on obtiendra des résultats plus assurés et, mieux encore, on découvrira de nouvelles possibilités que l’insuffisance de la réflexion oblitère fréquemment. La lucidité est en effet, ici comme ailleurs, l’une des conditions du progrès. Ainsi l’archéologie s’appuie sur des témoins et non pas que sur des raisonnements comme nous laisse l’entendre le livre Étude perspicace. La méthode de recherche Les objectifs et les méthodes Il ne suffit pas de dire que l’archéologie, comme l’histoire, a pour but la connaissance des sociétés humaines du passé sous tous leurs aspects. Cette formulation très générale n’est d’aucun secours pour l’organisation même de la recherche. Car celle-ci doit être organisée en fonction d’objectifs plus précis, éminemment variables, mais toujours particularisés. Que se passe-t-il, en effet, si comme on le fait souvent, on se donne pour but de recueillir le plus d’informations possible sur le plus grand nombre de sujets possible ? Tout d’abord la masse des données, littéralement infinie, submerge le chercheur, déborde ses capacités d’enregistrement et dépasse sa puissance de synthèse, et cet effet de saturation peut conduire à la paralysie de la recherche. En outre, une part importante de ces données est dépourvue de signification et donc d’intérêt : à quoi sertil, par exemple, de connaître avec précision toutes les couleurs d’un tesson si elles résultent de phénomènes aléatoires ? De toute façon, d’ailleurs, les capacités d’attention de l’esprit humain sont limitées, comme le montrent les résultats des prospections, qui accroissent avant tout le nombre des sites connus pour les époques auxquelles s’intéressent les prospecteurs et fort peu celui des sites d’autres périodes. Lorsque la recherche, en revanche, s’oriente vers des objectifs limités, lorsqu’elle choisit de privilégier, dans l’éventail des directions possibles, une ou plusieurs d’entre elles, elle bénéficie des avantages inverses : le nombre des données se réduit, leur degré de précision est explicitement variable et leur manipulation devient plus commode ; on peut en outre éliminer celles qui ne sont pas significatives et surtout concentrer l’attention sur les objectifs retenus : outre l’effet de grossissement auquel on peut s’attendre en pareil cas, on recueille alors les bénéfices d’une certaine préparation intellectuelle. Cette préparation est en effet d’une importance décisive : c’est elle qui explique que, dans la recherche scientifique comme ailleurs, on ne trouve d’abord que ce qu’on cherche, c’est-à-dire que, comme l’a dit Pasteur, « le hasard ne favorise que les esprits préparés ». Comment s’opère ce choix des objectifs ? Il suppose d’abord, bien sûr, l’existence d’un corps de connaissances, issu des recherches antérieures et reflétant, pour la région et les Via Veritas 248 problèmes étudiés, l’état des questions en un moment donné. Cet ensemble, que tout chercheur doit naturellement maîtriser, comporte déjà des lacunes, qui correspondent aux problèmes non résolus. À cela viennent ensuite se superposer des observations nouvelles ou, du moins, inattendues. Il peut arriver qu’elles passent inaperçues ou restent dispersées : tout se passe alors comme si elles n’existaient pas. Mais si elles se répètent ou si elles ont une certaine cohérence, elles peuvent attirer l’attention. Dès lors el-les posent d’elles-mêmes une question : comment expliquer ces faits nouveaux, que l’on peut qualifier d’aberrants par rapport aux connaissances initiales ? Ce processus fort banal aboutit alors à la première étape de la méthode expérimentale, qui est commune à toutes les sciences excepté les mathématiques : il s’agit de l’induction. Pour tâcher de rendre compte des observations nouvelles, en effet, il faut passer des faits aux idées, des observations aux propositions qui peuvent les justifier, des indices aux pressentiments qui les expliquent. En formulant une hypothèse ou en supposant un fait, l’archéologue ne fait donc que suivre une voie fort fréquentée. Il doit simplement vérifier que le problème nouveau relève de sa compétence, c’est-à-dire avant tout qu’il dispose – ce qui n’est pas toujours le cas – des documents nécessaires, et aussi qu’il présente un intérêt suffisant, c’est-à-dire qu’il ne soit ni trop banal ni trop restreint ; ce souci de rentabilité, qui n’a rien, lui non plus, de particulier à l’archéologie, y revêt cependant une grande importance, puisque, comme nous l’avons vu, les documents archéologiques sont grevés de multiples limitations et qu’en outre la recherche qui s’appuie sur eux est particulièrement longue et complexe. Le problème retenu et l’hypothèse émise, il reste à vérifier cette dernière. Cette démarche, prônée déjà par Francis Bacon (Novum Organum Scientia-rum , 1620) et exposée avec une clarté magistrale par Claude Bernard (Introduction à l’étude de la médecine expérimentale , première partie, 1865), consiste d’abord à revenir des idées aux faits, par un mouvement déductif ou une phase hypothético-déductive. Puisqu’on ne peut pas opérer de démonstration directe, ce qui est le privilège des mathématiques, on cherche à vérifier l’hypothèse a posteriori, par son efficacité logique ou sa valeur heuristique. Puis on revient aux idées par une nouvelle induction et, si l’hypothèse se trouve vérifiée, elle devient alors ce que la plupart des sciences appellent une loi, mais que l’histoire et l’archéologie ne peuvent appeler, dans le sens le plus général du terme, qu’un fait historique. La recherche de la vérification suppose en premier lieu que l’hypothèse soit formulée de la façon la plus claire et la plus précise possible. Comme par définition le chercheur à ce stade ne dispose pas encore de toutes les données nécessaires, il est conduit à s’avancer un peu au-delà de ce qu’il a observé. Cette anticipation de l’expérience, que Claude Bernard n’hésitait pas à qualifier d’« idée préconçue », consiste en règle générale à Via Veritas 249 dérouler les conséquences de l’hypothèse et à prévoir quelle sera leur traduction dans les vestiges archéologiques : car seule cette traduction sera susceptible d’être vérifiée. Si par exemple les indices initiaux ont conduit à formuler l’hypothèse qu’une région donnée, à un moment donné, a subi une invasion, il faudra se préparer à rechercher les indices matériels possibles de cet événement : construction d’ouvrages fortifiés, présence d’armes et de projectiles, signes d’abandon, traces de destruction, témoignages de rupture culturelle... En même temps, il faudra s’efforcer d’envisager toutes les possibilités et de tenir compte de l’évolution prévisible des matériaux mis en œuvre. Mais l’importance du raisonnement est encore plus décisive à l’étape suivante. Il s’agit en effet de vérifier si, dans les données observables, on retrouve bien la traduction des conséquences que l’on a prévues. Il faut pour cela revenir à la fouille ou, tout au moins, aux documents archéologiques et aux relations qui les unissent. Mais il faut y revenir avec un plan, une stratégie ou, plus simplement, une méthode : organiser tout un ensemble d’opérations qui permette le contrôle souhaité et donne des résultats clairs. Il ne peut donc pas s’agir de recourir à des recettes préétablies. C’est même très précisément le contraire : il faut imaginer, dans chaque cas, la démarche qui sera à la fois la mieux adaptée au but poursuivi et la plus rentable en fonction de l’importance du problème posé. Autrement dit, les techniques particulières qui seront mises en œuvre dans cette démarche n’auront pas d’intérêt par elles-mêmes – il n’y a pas de sens à être pour ou contre le recours à l’observation stratigraphique, à l’analyse spectrographique ou à l’informatique –, mais devront être jugées, comme partout, sur leur efficacité. Celles qui permettront d’obtenir des réponses pertinentes et claires, pour une somme d’efforts proportionnée à l’intérêt de l’entreprise, seront par définition les meilleures. Une autre difficulté vient ici de ce que le chercheur, trop attaché à son hypothèse, a souvent de la peine à en reconnaître les faiblesses éventuelles. Il est clair pourtant que s’il veut aboutir à une conclusion justifiée, il doit pratiquer le doute méthodique, n’accepter que des résultats observés, mais les accepter tous, quelles qu’en soient les conséquences. L’idée préconçue, dit Claude Bernard, n’est qu’« un moyen de solliciter une réponse de la nature », le chercheur doit « écrire sous la dictée de la nature » et « l’écouter jusqu’au bout » : il ne s’agit pas ici de nature, mais l’attitude doit être la même. La question n’est donc pas, comme on l’imagine quelquefois, d’être pour ou contre le recours aux hypothèses, aux « idées préconçues » et à la subjectivité : il faut être pour dans un premier temps, contre dans un second. La question n’est pas non plus d’être pour ou contre l’induction ou la déduction : il faut d’abord utiliser l’induction, puis pratiquer la déduction et revenir enfin à l’induction. Au terme du processus, en effet, si l’hypothèse est infirmée, elle doit être remplacée ou modifiée et de nouveau confrontée à l’observation. Si elle est confirmée, il faut alors la transformer en certitude, lui donner le statut de fait établi. Il suffit pour cela de remplacer la tournure interrogative ou dubitative par une tournure affirmative. Mais il faut résister à la tentation d’introduire à ce stade le moindre élément supplémentaire qui en accroîtrait indûment le champ d’application. On doit aussi savoir que les faits que l’on établit ainsi ont rarement le caractère de la certitude absolue : le plus souvent ils sont à évaluer en termes de probabilité, comme l’immense majorité des résultats scientifiques. L’important est de reconnaître honnêtement cette probabilité et de travailler à l’améliorer, pour obtenir de la réalité une représentation de plus en plus efficace, permettant de prédire des faits insoupçonnés au départ. L’archéologie, au total, ne se distingue guère – ou du moins ne devrait guère se Via Veritas 250 distinguer – des autres sciences : ce sont les idées, beaucoup plus que les faits, qui d’un bout à l’autre font la valeur des méthodes qu’elle emploie. Commentaires de Via Veritas La datation archéologique Que pouvons-nous en conclure. Qu’en 1997, date d’impression du livre Etudes Perspicaces en français, les rédacteurs occultent sciemment les dernières découvertes pour les méthodes de datation ! « Toutefois, cette méthode n’est pas parfaitement exacte, comme le montre ce commentaire de G. Wright (The Biblical Archaeologist, 1955, p. 46 »« Plus récemment, The New Encyclopædia Britannica (Macropædia, 1976, vol. 5, p. 508) » Cherchez dans le cédérom de la Watchtower. Vous ne trouverez sur le sujet qu’un Réveillez-vous récent (22/09/86(sic)) qui avait abordé les méthodes de datation. On cite largement les propos d’une conférence en Suède à Ursula en 1969. Cet article de 1986 se reposant lui-même sur un RV de 1972 qui se basait déjà sur la conférence de 1969 !!! C’est impressionnant de voir comment la recherche avance et de voir les dernières avancées techniques rapportées dans les Réveillez-vous ! Les sources ont entre 38 ans et 50 ans. !! Il y a de quoi être "scotché" en voyant ça. Des sources aussi vieilles qui parlent d’une discipline scientifique sur laquelle se repose l’ensemble des datations de l’humanité et de la Terre. 1969, c’est la démission de De Gaulle et la guerre au Viet-Nam. Qui peut croire qu’il n’y a rien eu d’autre depuis dans le domaine de cette science ? Et d’ailleurs, comment croire que ces quelques extraits de cette conférence, représentent vraiment la pensée scientifique sur le sujet ? N’y a-t-il pas là dol106 ? Pour étudier plus en détail cette question, voir notre article « La datation et le créationnisme ». Le but de l’archéologie L’encyclopédie Wikipédia nous dis ceci L’archéologie représente souvent le seul moyen de connaître le mode de vie et les comportements des groupes du passés. Des milliers de cultures et de sociétés, des millions de personnes se sont succédées au cours des millénaires, pour lesquelles il n’existe aucun témoignage écrit - aucune histoire - ou presque. Dans certains cas, les textes peuvent être incomplets ou peuvent déformer la réalité. L’écriture telle qu’on la connaît aujourd’hui est apparue il y a seulement 5 000 environ ans et elle n’était utilisée que par quelques civilisations technologiquement avancées. Ce n’est bien sûr pas par hasard que ces civilisations sont relativement bien connues : elles ont fait l’objet de recherches de la part des historiens depuis des siècles, tandis que les cultures préhistoriques ne sont étudiées que depuis le XIXe siècle. Mais même dans le cas d’une civilisation utilisant l’écriture, de nombreuses pratiques humaines importantes ne sont pas enregistrées. Tout ce qui concerne les éléments fondateurs de la civilisation - le développement de l’agriculture, des pratiques cultuelles, des premières cités - ne pourra être connu que par l’archéologie. 106En droit civil le dol est une manœuvre frauduleuse cherchant à porter préjudice aux intérêts de quelqu’un en l’incitant à accepter des conditions désavantageuses. Or, la Watchtower nous a promis de dire la vérité ! Via Veritas 251 Présents du Grand et Puissant de Adab à la Grande Prêtresse, à l’occasion de son élection au temple.Même quand des témoignages écrits existent, ils sont systématiquement incomplets ou plus ou moins biaisés. Dans de nombreuses sociétés, n’étaient alphabétisés que les membres d’une élite sociale, comme le clergé. Les documents écrits de l’aristocratie se limitent souvent à des textes bureaucratiques concernant la cour ou les temples, voire à des actes notariés ou des contrats. Les intérêts et la vision du monde de l’élite sont souvent relativement éloignés de la vie et des préoccupations du reste de la population. Les écrits produits par des personnes plus représentatives de l’ensemble de la population avaient peu de chance d’aboutir dans les bibliothèques et d’y être préservés pour la postérité. Les témoignages écrits ont donc tendance à refléter les parti pris, les idées, les valeurs et éventuellement les tromperies d’un petit nombre d’individus, correspondant généralement à une fraction infime de la population. Il est impossible de se fier aux écrits comme seule source d’information. Les vestiges matériels sont plus proches d’une représentation fiable de la société, même s’ils posent d’autres problèmes de représentativité tels que les biais d'échantillonnage ou la conservation différentielle. Oui il n’est pas possible de se fier rien qu’à un livre, la Bible en l'occurrence, pour comprendre le passé. Les rédacteurs du Comité de Rédaction de la Watchtower des articles sur l’archéologie le savent bien. Mais ils se gardent bien de nous le dire ! A lire absolument pour comprendre l’archéologie • Guide des méthodes de l’archéologie, de Jean-Paul Demoule Ce guide de 2005 présente des notions générales sur le travail archéologique tel qu’il se pratique actuellement, tout en le replaçant dans son histoire et au sein des sciences humaines. Les auteurs s’adressent particulièrement à des étudiants, mais tous ceux qui souhaitent s’initier à l’archéologie apprécieront également ce guide. . Certes, les titres étaient loin d’être inexistants. Cependant, soit les synthèses générales étaient en langue anglaise, soit les ouvrages disponibles s’adressaient plutôt à un public d’étudiants plus avancés. Bénéficiant de l’expérience de quatre enseignants-chercheurs, archéologues et pédagogues reconnus et très complémentaires, ce manuel allie rigueur scientifique et accessibilité. • L’archéologie, de Philippe Jockey Voici l’ouvrage à lire pour faire le point sur l’archéologie, ses enjeux, ses différentes acceptions et ses méthodes. Aux antipodes d’une imagerie traditionnelle centrée sur la figure de l’aventurier, l’auteur met au jour une science qui répugne à la fois à la quête du bel objet et à l’individualisme. S’inscrivant dans une perspective historique, Philippe Jockey, membre de l’École française d’Athènes, retrace l’évolution de l’archéologie, de l’Antiquité à nos jours, en tenant compte de tous ses aspects techniques, théoriques et politiques. C’est ce dernier point qui attire plus particulièrement l’attention dans le propos clair, dense et précis du chercheur : l’archéologie y est présentée comme un enjeu culturel et politique primordial dans les sociétés contemporaines dont l’histoire est délicate, comme la Syrie ou la Palestine. Sorti en 2001 • Et bien sûr l’inévitable La Bible dévoilée, commenté dans cet ouvrage ! Via Veritas 252 A la lecture de cet article, nous arrivons naturellement à la conclusion que les méthodes sont fiables, les datations en archéologie ne varient que de +/- 50 ans, que les archéologues sont des scientifiques comme les autres et que la Watchtower ne cherche qu’a décrédibiliser cette discipline car elle bouscule les fondements de sa doctrine. Nouvelle du net : Il existe un site qui attire les visiteurs. C’est L’histoire, l’archéologie et la Bible Ce blog est tenu par un Témoin de Jéhovah nommé Yannick qui ne fait, ni plus ni moins que copier/coller des publications de la Watchtower en agrémentant d’images. J’avais rajouté 2 commentaires sur la contenance de l’arche et son impossibilité mathématique à contenir tous les animaux et sur l’article de l’Evolution ( notamment sur l’utilisation dans le commentaire d’une citation tronquée de Darwin). L’auteur a supprimé mes commentaires montrant ainsi la "sainte" pratique de la censure intellectuelle jéhoviste. Tout ce qui contredit, hop ! à la poubelle ! Est-ce honnête ? L’armée de criquets ou comment se crée le comportement grégaire. Par Popper Sur le site de Sciences & Avenir une étude intéressante sur la formation d’une armée de criquets est expliquée Comment se forme une armée de criquets Quelques criquets isolés font de beaux dégâts dans un champ. Un essaim de criquets ruine toute une récolte. Pour que se forme cet essaim, ce bataillon à l’intérieur duquel [Image courtesy of Gabriel A. Miller] les criquets avancent à l’unisson, il faut que le groupe ait atteint une densité critique, expliquent Jerome Buhl (Université de Sydney, Australie) et ses collègues dans la revue Science. Ces chercheurs ont placé de jeunes criquets pèlerins (Schistocerca gregaria) dans des espaces limités et ont fait varier la densité de la population. Lorsque les criquets sont peu nombreux, ils suivent leur propre chemin. Lorsque la densité atteint environ 25 acridiens, ils adoptent un comportement grégaire et commencent à marcher tous dans le même sens autour de l’arène. Au-delà de 30 individus dans l’enclos (soit plus de 70 criquets au mètre carré), cinq minutes suffisent pour que les criquets marchent au pas. Ces densités correspondent à celles des essaims observés dans la nature, qui sont en moyenne de 50 criquets par mètre carré, sachant que les essaims qui s’abattent sur les champs mesurent parfois plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres. Il suffit alors qu’un seul insecte trouve le chemin de la nourriture pour que des centaines le suivent. Via Veritas 253 Il est intéressant de noter que la Bible associe les sauterelles et les criquets à un fléau d’insectes au comportement grégaire et arrivant en masse : Lévitique 11:22 à savoir les diverses espèces de sauterelles et de criquets. Deutéronome 28:41 Tous les arbres et tous les produits de vos terres seront la proie des criquets. 2 Chroniques 6:28 : "Quand le pays sera frappé par la famine ou la peste, quand les céréales sécheront ou pourriront sur pied, quand les sauterelles et les criquets arriveront en masse, quand des ennemis opprimeront les Israélites jusque dans leurs villes fortifiées, quand se produira n’importe quelle catastrophe ou n’importe quelle épidémie, Psaumes 78:46 : Leurs récoltes livrées aux criquets,le produit de leur travail aux sauterelles. Psaumes 105:33 : Sur un autre ordre de Dieu arrivèrent des sauterelles,des criquets pèlerins innombrables, Joël 2:25 : Oui, dit le Seigneur, je vous dédommage,pour les récoltes dévorées par les chenilles, les sauterelles, les hannetons et les criquets, cette grande armée d’insectes que j’ai envoyés contre vous. Le livre de l’Apocalypse ou Révélation en parle de la même manière : L’armée de sauterelles Révélation 9:7 - Tiré du livre "Révélation" publié par les TJ. Apocalypse 9:3 Des sauterelles sortirent de la fumée et se répandirent sur la terre ; on leur donna un pouvoir semblable à celui des scorpions. Apocalypse 9:7 Ces sauterelles ressemblaient à des chevaux prêts pour le combat ; sur leurs têtes, il y avait comme des couronnes d’or, et leurs visages étaient semblables à des visages humains. Le 1er mai 1998, la Watchtower dans son magazine La Tour de Garde, a publié un article intitulé "Le Jour de Jéhovah est proche". La définition de la sauterelle est faite ainsi : Le mot hébreu yèlèq se rapporte au criquet ou sauterelle rampante, sans ailes, c’est-àdire à un stade immature de développement Puis on étudie qui sont ces sauterelles. En Yoël 1:6, mais aussi en Révélation 9:7, les sauterelles représentent les serviteurs de Dieu" et par cet article tout le monde conclut que ces serviteurs de Dieu sont les Témoins de Jéhovah L’article poursuit ainsi : "À notre époque, l’armée de sauterelles représente les forces militaires composées de ce que nous pourrions appeler les sauterelles ointes de Jéhovah, auxquelles sont désormais associées quelque 5 600 000 personnes qui appartiennent aux “ autres brebis ” de Jésus (Jean 10:16). Ne sommes-nous pas heureux d’appartenir à cette masse imposante Via Veritas 254 d’adorateurs de Jéhovah ?" "Les sauterelles de l’ère moderne ont donné un témoignage complet à “ la ville ”, c’està-dire la chrétienté (Yoël 2:9). C’est à travers toute la terre qu’elles ont rendu témoignage. Elles continuent de surmonter tous les obstacles et de pénétrer dans des millions de foyers, d’aborder les personnes dans la rue, ou de prendre contact avec elles par téléphone ou par tout autre moyen possible, pour proclamer le message de Jéhovah. Dans ce ministère incessant qu’elles effectuent en public et de maison en maison, elles ont déjà diffusé des milliards de publications bibliques et elles en diffuseront encore des quantités considérables." Ainsi les Témoins de Jéhovah sont des sauterelles ou criquets. Quand on revient à notre article de Sciences et Avenir on ne peut que remarquer la comparaison saisissante. Au départ les Témoins de Jéhovah furent des étudiants de la bible ou chacun pouvait donner son avis, et au fur et à mesure que le nombre grandissait les règles grégaires éradiquant la critique et le doute sont apparues. La création du comportement grégaire Voici comment défini le dictionnaire de l’Académie Française le mot grégaire : GRÉGAIRE. adj. des deux genres. T. d’Anthropologie. Qui vit par troupeaux. Animaux grégaires. Figurément, il se dit des dispositions qu’ont certains hommes à s’agréger les uns aux autres, certains individus à suivre docilement les impulsions du groupe où ils se trouvent. Sentiment, opinion grégaire107. La création de l’esprit grégaire se fait en référence à la plus haute autorité de l’univers, Dieu luimême.Ce que nous explique le Noyau Pensant108 des Témoins de Jéhovah dans la Tour de Garde du 01/02/1993 : page 11 : Tous les êtres intelligents sont dans l’obligation d’être soumis à leur Créateur parce qu’ils ont été créés pour le servir. Négation du libre arbitre proné par les TJ, et si vous ne servez pas Dieu c’est que vous êtes bêtes et stupides !!! Puis on poursuit : Jéhovah Dieu n’a pas laissé à chacun l’entière liberté de décider comment appliquer dans sa vie les principes bibliques. Dès le début de l’histoire humaine, Dieu a utilisé des humains comme canaux de communication [...]8 Les faits montrent qu’aujourd’hui “l’esclave fidèle et avisé” est rattaché aux Témoins de Jéhovah et qu’il est représenté par le Collège central de ces Témoins. Ce collège nomme, à son tour, des surveillants à diverses fonctions - celles, par exemple, d’anciens et de représentants itinérants - pour diriger l’œuvre sur le plan local. La soumission pieuse requiert de chaque Témoin qu’il se soumette à ces surveillants conformément aux paroles d’Hébreux 13:17 : “Obéissez à ceux qui sont à votre tête et soyez soumis, car ils veillent sans cesse sur vos âmes, 107Il est important de différencier l’esprit grégaire de l’esprit de solidarité. Lors d’une catastrophe humanitaire tel que le Tsunami de 2004, c’est par amour du prochain que la majorité de la planète a voulut agir. Mais ce n’est pas un esprit dicté par quelqu’un d’autre mais c’est notre compassion qui nous a poussé à agir ensemble en étant solidaire. Ainsi l’esprit de solidarité c’est l’esprit humaniste qui parle , un esprit grégaire c’est l’esprit animal. 108 Plus spécifiquement le Collège Central ou en anglais Governing Body. Via Veritas 255 comme des hommes qui rendront compte ; afin qu’ils le fassent avec joie et non en soupirant, ce qui vous serait préjudiciable. [...]C’est suivre la voie de la sagesse que d’accepter cette discipline.” Voie de la sagesse ou la voix du groupe ? "Ne pensez-pas par vous même et obéissez, vous vous ne savez pas, nous nous savons, et nous sommes mandatés par Dieu !" tonnent à longueur de temps ces 10 hommes en costume-cravatte de leur bureau de Brooklyn. Comment continuer à obéir servilement comme ceci sans se dire que d’autres ont suivi cet exemple convaincu du bien fondé de leur mission tel des criquets unis par la volonté de ne pas penser autrement ? Cela nous rappelle les heures les plus sombres de nos histoires où la négation de l’individu et la mise en avant de l’esprit de groupe à entrainé les pires massacres et créant une irresponsabilité collective. L’appartenance à une foule provoque une dissolution du sentiment de responsabilité de l’individu. Cela provient à la fois de l’anonymat apporté par la foule que du sentiment d’impunité dû au grand nombre109. Lorsque l’esprit critique est banni et le doute annihilé alors on accepte l’inacceptable. Massacre de la Saint Barthelemy - 24 Aout 1572 Cela se manifeste chez les TJ, lorsqu’ils prennent appui sur une Bible en permanence qui est censé être LA parole de Dieu, en la déclarant Saintes Ecritures, cette même Bible qui justifie le massacre d’innocents : de vieillards, d’impotents, d’enfants, de femmes enceintes, de bébés, de nourissons !!! pour la Guerre Sainte110 lors de la conquête de la Terre Promise puis refaite ensuite par les rois choisis par Dieu. Deutéronome 20:16-17 Quant aux villes du pays que le Seigneur votre Dieu vous donnera en possession, vous n’y laisserez personne en vie. Vous exterminerez totalement les Hittites, Amorites, Cananéens, Perizites, Hivites et Jébusites, comme vous l’a ordonné le Seigneur votre Dieu, 109 Il est important de souligner que le but de cet article n’est pas de comparé les Témoins de Jéhovah à des ayatollah ou des fous de Dieu. Cela serait mal aisé. Les Témoins de Jéhovah ont payé aussi un lourd tribut tout au long de leur histoire, tout ceci pour avoir refuser de porter les armes. On ne peut que saluer leur courage. Toutefois, il convient de noter que ne pas participer à la guerre et cautionner la Bible sur les génocides rapportés présente un dysfonctionnement cognitif. 110 (Josué 10:25) Puis Josué leur dit : “ N’ayez pas peur et ne soyez pas terrifiés. Soyez courageux et forts, car c’est ainsi que Jéhovah fera à tous vos ennemis contre lesquels vous faites la guerre Via Veritas 256 Deutéronome 3:6 "et nous les détruisîmes entièrement, comme nous avions fait à Sihon, roi de Hesbon, détruisant toutes les villes, hommes, femmes, et enfants. 1 Samuel 15:3 Eh bien, va les attaquer maintenant, détruis complètement tout ce qui leur appartient, sans pitié. Mets à mort tous les êtres vivants, hommes et femmes, enfants et bébés, boeufs et moutons, chameaux et ânes.’ " 1 Samuel 22:19 Quant à Nob, la ville de ces prêtres, Saül y fit massacrer les hommes, les femmes, les enfants et les bébés, de même que les boeufs, les ânes, les moutons et les chèvres. C’est cette même guerre sainte et pure que nous devons attendre pour Har-Maguédon ? Qu’on nous somme d’aller annoncer de porte en porte tel des sauterelles ? "Dieu va intervenir, c’est bientôt son jour de la colère !!!" Des bébés, des enfants, des femmes enceintes, des femmes, des hommes innocents, méritent-ils de mourir dans un grand carnage ? Quel crime ont-ils commis ? Les TJ affirment que les parents seront responsables de leurs enfants, de leurs bébés lors de ce carnage final. Ainsi ces enfants innocents doivent-ils mourir ? OUI suivant la TG du 1er février 1985 : Le carnage provoqué par la guerre d’Har-Maguédon sera si terrible qu’il est dépeint comme “la moisson de la terre”, une moisson qui s’effectue à l’aide d’une faucille affilée. Nous lisons encore : “Et l’ange a mis sa faucille sur la terre et a vendangé la vigne de la terre, et il l’a lancée dans le grand pressoir de la colère de Dieu. Et le pressoir a été foulé hors de la ville et, du pressoir, il est sorti du sang jusqu’aux mors des chevaux, sur une distance de mille six cents stades.” - Révélation 14:15-20. Oui, le sang coulera à flots lorsque les forces exécutrices de Dieu passeront à l’action. Les 69 millions de morts des deux guerres mondiales paraîtront bien peu de chose en regard du nombre des victimes de la bataille divine d’Har-Maguédon. À ce propos le prophète Jérémie a écrit : “Et assurément les tués de Jéhovah, en ce jour-là, se trouveront d’un bout de la terre jusqu’à l’autre bout de la terre. On ne se lamentera pas sur eux, ils ne seront pas recueillis, et ne seront pas enterrés. Ils deviendront comme du fumier à la surface du sol.” - Jérémie 25:30-33. Les projectiles enflammés, les pluies de feu et les autres phénomènes cataclysmiques par lesquels s’exprimera le jugement divin sèmeront la terreur parmi les humains. Dans l’affolement général, chacun se tournera contre son prochain, tandis que les armées chargées de l’exécution frapperont en tout lieu, sans distinction d’âge ou de sexe. Dieu leur a en effet ordonné de ne pas faire de quartier. Voici ses directives : “Frappez. Que votre œil ne s’apitoie pas, et n’éprouvez aucune compassion ! Vieillard, jeune homme, et vierge, et petit enfant, et femmes, vous devrez les tuer - jusqu’à suppression.” - Ézéchiel 9:5, 6 ; Zacharie 14:12, 13111. La récompense d’Har-Maguédon pour la majorité des humains ? LA MORT ! Quelle bonté divine. Oui, il faut continuer à être des sauterelles ou des criquets pour refuser de voir ces aberrations et 111 Plus loin dans l’article, le ton se veut plus neutre en disant que Dieu fera "une sélection". Après tout Dieu est amour, alors il ne permettra pas que des enfants et des femmes enceintes souffrent raisonnera tout TJ un peu sensible. On ne sait comment, et cela ne nous regarde pas. Puis après, il faut présenter les signes des derniers jours en Luc 21. Lorsqu’on lit le verset 23 il est dit Malheur aux femmes enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Car il y aura grande détresse sur le pays et colère contre ce peuple Alors, il faudrait savoir !!! Via Veritas 257 horreurs qu’on nous demande d’annoncer. Nier son esprit humain pour prendre l’esprit animal et grégaire et ainsi marcher au pas. Témoins de Jéhovah | Résolution proposée lors de l’assemblée « la délivrance est proche ! » 2006T Bernard Blandre, historien et auteur du livre « Témoins de Jéhovah – un siècle d'histoire » nous livre un commentaire critique de la résolution. Voici le texte de la résolution présentée, lors d’un discours public, à toute l’assistance lors de l’Assemblée de District 2006 des Témoins de Jéhovah. "(...)nous, Témoins de Jéhovah réunis à cette assemblée « La délivrance est proche ! » prenons la résolution que voici : • Premièrement : En raison de notre amour pour Jéhovah et pour notre prochain, nous sommes déterminés à intensifier notre témoignage auprès du monde des humains, quelles que soient leur race, leur nationalité, leur langue ou leur situation sociale - Actes 10 : 34,35 ; Rév. 7 : 9 ; 14 : 6. • Deuxièmement : Ayant fait à Dieu l’offrande sans réserve de notre personne, nous sommes déterminés à accorder à Jéhovah un attachement exclusif. C’est lui qui a la première place dans notre vie ! Ex. 20 : 3-5. • Troisièmement. De même que Jésus n’a pas fait partie du monde, de même nous n’en faisons pas partie de la société humaine éloignée de Dieu. • Quatrièmement : Par fidélité à Jéhovah et à son Fils, Jésus, nous sommes fermement résolus à ne pas transiger avec les principes justes de la Bible. • Cinquièmement : Nous refusons catégoriquement de nous associer à de vains mouvements œcuméniques ou à des actions sociales ou à d’autres projets cherchant à faire durer un système que Dieu a condamné parce qu’il est voué à l’échec - Is. 8 : 9, 10. • Sixièmement : Nous continuerons d’accorder une soumission relative aux autorités dûment constituées, c’est-à-dire que nous donnerons respectueusement à César ce qui appartient à César et rendrons à Dieu les choses qui reviennent à Dieu. Nous ne prenons pas parti ni ne nous impliquons dans les controverses politiques - Mat. 22 : 21 ; Rom. 13, 1-7 ; Tite 3 : 1. • Septièmement : Nous résisterons de toutes nos forces à l’esprit du monde qui se manifeste entre autres par le matérialisme, les distractions malsaines, les excès de nourriture et de boisson, le fléau qu’est la pornographie ; nous résisterons aussi à la curiosité ou à la tentation qui pourraient nous inciter à fréquenter de près des inconnus par des dialogues en ligne sur Internet. Nous sommes résolus à ne pas faire partie du monde et à continuer de pratiquer le culte qui est pur du point de vue de notre Dieu - Jean 15 : 18,19 ; Jacq. 1 : 27. De toutes ces manières, nous sommes déterminés à montrer que nous ne faisons pas partie du monde, et nous le manifestons dans tous les aspects de notre vie et dans nos rapports avec autrui. Via Veritas 258 Avec l’aide et la force que Dieu donne ainsi qu’avec le soutien de sa Parole inspirée, nous garderons l’attitude équilibrée que préconisent les Ecritures durant cette époque de détresse et de bouleversements. Nous, Témoins de Jéhovah, sommes résolus à demeurer séparés du monde conformément aux excellents principes bibliques. Nous sommes absolument déterminés à conserver cette position afin d’avoir la faveur et l’approbation de Dieu. Nous espérons par conséquent survivre à la fin du présent système de choses méchant et entrer dans un monde nouveau, un monde de pureté et de justice, un monde sans fin dans lequel Dieu nous fera don de la vie éternelle. Que tous ceux qui souhaitent adopter cette résolution disent OUI ! » Et voici le commentaire que cette résolution a suscité chez l’historien Bernard Blandre, commentaire que nous reproduisons avec son aimable autorisation. Cette résolution a été adoptée lors des grandes assemblées que les Témoins de Jéhovah ont tenues lors des mois de juillet - août 2006. Dans sa forme, elle ressemble beaucoup à celles prises antérieurement : affirmation de la soumission à Dieu - Jéhovah - , décision de respecter quelques grands principes concrets ou généraux, appui de chaque point sur quelques versets bibliques qui lui donnent une justification religieuse. Pas de vote, mais adoption par un « oui ! » voulu unanime, la dynamique de groupe pouvant entraîner les réticents (qui peuvent cependant se taire à ce moment). Le contenu du texte montre un grand conservatisme Les Témoins de Jéhovah continuent à se situer dans le contexte religieux habituel : le monde est mauvais, il est proche de sa fin. Il va subir une « grande tribulation » sans pareille. Rien de fondamentalement nouveau : S’appuyant sur des textes bibliques datant de près de vingt siècles condamnant un monde très différent de l’actuel (paganisme d’autrefois, christianisme occidental de nos jours), les Témoins de Jéhovah continuent d’affirmer que les phrases de Jésus et de ses disciples s’appliquent à notre époque ; c’est typique de la mentalité millénariste. Cette remarque vaut aussi pour la « grande tribulation » dans laquelle on retrouve le « temps de troubles » déjà décrit par deux précurseurs des Témoins de Jéhovah, Russell et Barbour. Cette proximité de la fin d’un monde mauvais justifie l’intransigeance : il ne faut pas se compromettre avec ce « système de choses » voué à une disparition prochaine. Ce qui n’est pas nouveau, mais ce qui attire le plus l’attention, c’est l’insistance à affirmer que les Témoins de Jéhovah ne font pas partie du monde. Dans ce texte relativement court, c’est répété six fois. Concrètement, cela aboutit à réaffirmer le rejet de toute forme d’œcuménisme religieux, à ne pas s’engager dans des actions sociales et humanitaires dont le but est d’améliorer ce monde condamné, à s’abstenir de tout engagement politique (y compris le simple vote, puisque voter, c’est prendre parti), à rejeter des comportements réprouvés par une morale puritaine et - précision montrant le refus de s’adapter à des comportements modernes - refuser de participer à des échanges épistolaires sur Internet (ce qui, semble - t’il, n’interdit pas aux Témoins de dialoguer entre eux par écrit sur la toile). L’attitude prônée est l’intransigeance sur les principes bibliques et l’exclusivisme : Jéhovah - Dieu d’abord. Cet exclusivisme et ce rejet délibéré du monde sont caractéristiques de ce qu’en sociologie on appelle une secte112. On sait qu’avec le temps une secte s’assagit pour devenir une dénomination. Si l’on tient compte de l’époque de leurs précurseurs, les Témoins de Jéhovah ont au moins deux 112 Noter que dans le langage de la sociologie, le mot « secte » n’a pas de connotation péjorative. Chacun est libre d’apprécier la mentalité jéhoviste comme il veut. Via Veritas 259 siècles d’existence ; ils ne sont toujours pas passés d’un stade à l’autre - s’ils franchissent un jour ce pas. Cette résolution marque peut-être un durcissement contre une amorce d’évolution : connu comme n’étant pas témoin de Jéhovah, je suis en relation avec plusieurs par Internet. On sait par ailleurs que dans certaines circonstances des congrégations françaises de témoins de Jéhovah ont fait des dons à des centres communaux d’action sociale, ce qui est condamné par le cinquième point de la résolution. En lisant l’ensemble, on ne remarque qu’une seule concession : la distinction entre deux conceptions du mot « monde » : le « monde » rejeté est « la société humaine éloignée de Dieu » et non l’humanité en tant que telle. C’est le système qui est rejeté, pas l’Homme. Les Témoins de Jéhovah échappent ainsi à l’accusation de haine contre le genre humain, déjà formulée contre les premiers chrétiens. A quel type de secte les Témoins de Jéhovah sont-ils invités à appartenir par cette résolution ? Il ne s’agit pas de détruire le monde. Le point 6 admet le principe d’une « soumission relative » aux autorités institutionnelles, et celui du paiement des impôts si l’on tient compte du contexte dans lequel Jésus prononça sa phrase sur César et Dieu. Le texte n’envisage pas la possibilité de changer le monde par des voies politiques ; mieux : il réaffirme le principe de la « neutralité chrétienne » (l’abstention de tout engagement politique). Les Témoins de Jéhovah sont invités à rester à l’écart, à attendre la fin du présent système de choses, et en attendant à se borner à mener une bonne vie chrétienne et à limiter leur action à une intensification du prosélytisme. Ce comportement est typique de ce qu’en sociologie on appelle une « secte passive ». C’est exactement ainsi que j’ai été amené à présenter les Témoins de Jéhovah dans un livre datant de 1991. Depuis, cette résolution de 2006 invite à ne pas changer. Les dirigeants jéhovistes restent fermes sur leurs principes. Bernard Blandre Première publication de ce texte dans Mouvements religieux de juillet 2006 (AEIMR, B.P. 70733, F. 57207 Sarreguemines cedex) Indications bibliographiques Je me bornerai ici à mentionner deux de mes travaux : • Bernard BLANDRE, Les Témoins de Jéhovah, éditions Brepols, collection « fils d’Abraham », notamment les pages 138 - 140 pour l’identification des Témoins de Jéhovah à une secte passive. • ID., « Qu’est-ce qu’une secte ? » cahier Sectes, petites églises et réseaux mystiques 1999 (édité par l’A.E.I.M.R., B.P. 70733, F. 57207 Sarreguemines cedex). Via Veritas 260 Watchtower et ONU Une coopération de 10 ans ! Par Popper Les Témoins de Jéhovah ont été associés à l’ONU en tant qu’ONG pendant 10 ans. Quand le journal The Guardian le révèle, la société Watchtower se disassocie immédiatement et clame qu’elle ne le savait pas. La société Watcthower a-t-elle été associée avec l’ONU pendant 10 ans ? La réponse est OUI ! Votre enquêteur préféré, a voulu découvrir les faits derrière ce scandale peu connu des Témoins de Jéhovah francophones. Je me suis basé sur • un beau site réalisé par un Témoin de Jéhovah (sans nul doute proche du Bethel vu les informations qu’il possède) qui clame l’innocence de la Watchtower et accuse les apostats de créer une conspiration inexistante :Jehovah Judgement (en anglais) et sur 3 sites d’avis contraires • Watchtower et United Nations (anglais) • Brooklyn Tower • L’étude de Charles Chasson - Les preuves définitives de l’association de la Watchtower avec l’ONU A retenir : Parmi les différents organes de l’ONU, il y a le Secrétariat - Ce secrétariat a sous sa compétence le Departement Public d’Information, spécialement la Bibliothèque Dag Hammarskjöld (DHL). C’est à ce département que la société Watchtower s’est associée pendant 10 ans, non pas comme lecteur libre de la bibliothèque de l’ONU mais comme une Organisation Non Gouvernementale. La différence est de taille ! Chronologie • 1991 : BARRY L.W (membre du Collège Central) et AULICINO Ciro (Département de la Redaction) inscrivent la société Watchtower au Département de l’Information de l’ONU (DPI) (preuve n°1) soi-disant pour avoir accès à des volumes disponibles uniquement dans ce lieu et pour la rédaction des publications de la Watchower. • 1992 - Suivant la direction jéhoviste, ils n’ont plus la possibilité d’avoir accès à ce département sans pouvoir être inscrit en tant qu’Organisation Non Gouvernementale. Voir la lettre du Siège Ils s’y inscrivent alors que les conditions d’inscriptions en tant qu’ONG sont très claires dès Via Veritas 261 cette époque. En 1968, le Conseil économique et social, par la résolution 1297 (XLIV) du 27 mai, a demandé au Département de l’information d’associer les ONG, en gardant à l’esprit la résolution 1296 (XLIV) du 23 mai 1968, qui stipule qu’une ONG « ...doit s’engager à aider l’Organisation des Nations Unies, dans son oeuvre et à faire connaître les principes et les activités des Nations Unies, conformément à ses propres buts et desseins ainsi qu’à la nature et à l’étendue de sa compétence et de ses travaux.113 » L’auteur du site Témoin de Jéhovah essaie d’expliquer, par une argumentation tirée par les cheveux , qu’en remplissant le document d’inscription de 1991, cette reconnaissance en tant qu’ONG n’était pas précisée. Non seulement, le document qu’il nous présente est vide mais de plus qui pourrait croire qu’il suffit de remplir un document de 4 pages pour être reconnu comme ONG ???114 Il faudrait croire qu’ils ont rempli les formulaires sans y faire attention, alors que depuis des dizaines d’années, ils fustigent les organisations religieuses qui s’associent de près ou de loin avec la bête sauvage ! • 1994 Un fascicule de l’ONU rappelle aux ONG inscrites leurs obligations : page 6 : • partagent les idéaux de la Charte de l’Organisation des Nations Unies ; • opèrent seulement sur une base non lucrative ; • ont démontré un intérêt pour les activités de l’ONU et ont prouvé leur capacité à sensibiliser des audiences larges ou spécialisées telles que les éducateurs, les représentants des médias, les responsables politiques et le monde des affaires ; • ont la volonté et les moyens de conduire des programmes d’information efficaces sur les activités de l’ONU en publiant des lettres d’information, des bulletins et des pamphlets, en organisant des conférences, séminaires et tables rondes, et en s’assurant la coopération des médias. La société Watchtower sera inscrite comme ONG avec pour mission « la liberté de religion », « l’Environnement », « l’Education » et « Communication et Média ». • 1996 Un changement. L’ECOSOC adopte une résolution. Le partenariat entre les ONG ayant le statut consultatif aupres de l’ECOSOC et l’ONU doit être plus important . Preuve Les ONG doivent s’engager encore plus pour promouvoir les actions de l’ONU. Cela ne concerne pas la Watchtower. C’est un argument fallacieux utilisé par certains Témoins de Jéhovah sur leurs sites perso. • 1997 La Watcthower est toujours affiliée comme ONG. Preuve n°1 et n°2 • 1998 Le Reveillez-vous du 15 Novembre 1998 est clairement une apologie du travail réalisé à l’ONU. • 1999 L’inscription est refaite comme chaque année ! Cette fois-ci les missions de la société Watcthower concerne d’autres sujets que l’on retrouve dans les abréviations du document officiel. DIS : Désarmement. HR : Droits de l’Homme WOM : Le statut des femmes. PEA : La Paix et la Sécurité internationale. 113 Voir les définitions officielles se basant sur le texte de 1968. 114 La preuve que non. Via Veritas 262 Vous avez bien lu la Paix et la Sécurité Internationale ! Alors qu’ils affirment dans leurs publications que la Paix et la Sécurité ne peuvent venir de l’ONU ! • 3-5 octobre 2000 Les Témoins de Jéhovah sont recencés comme une ONG pour le forum VILNIUS dédié à l’Holocauste. Preuve • 11 septembre 2001 Après les attentats sur les Twin Towers, la sécurité est renforcée. Alors qu’auparavant des étudiants et des chercheurs pouvaient obtenir l’accès à la bibliothèque avec un « pass temporaire », dorénavant seuls les membres de l’ONU et ceux des ONG peuvent y avoir accès. Preuve • 8 octobre 2001 Stephen BATES, un journaliste du Guardian révèle que les Témoins de Jéhovah sont associés à l’ONU depuis maintenant 10 ans ! Il avait interrogé le service presse du Bethel mais personne ne lui avait donné de réponses convenables. L’article • 9 octobre 2001 La Watchtower se désengage officiellement de l’ONU en pretextant plus tard que c’était pour avoir un bagde d’accès à la librairie de l’ONU. Ce qui est faux. Preuve n°1 n°2 La preuve du désengagement • 15 octobre 2001 Stephen BATES du Guardian traite d’hypocrites les dirigeants des Témoins de Jéhovah dans son article. L’article . Lire la traduction • 22 octobre 2001 Paul Gillies, du Service Presse du Bethel de Londres, dit que Stephen Bates s’est trompé et que c’était pour avoir un accès à la bibliothèque des Nations Unies ! lettre • Semaine du 22 octobre 2001 Stephen BATES se moque de Paul Gillies et de son hypocrisie. C’était auprès de lui qu’il avait demandé les informations. Et le fait qu’ils se soient retirés de l’ONU aussi vite prouve qu’il n’avait pas la conscience nette. L’email • Octobre 2001 En Caroline du Sud (USA), Ciro AULICIINO (celui qui avait inscrit la Watcthower en tant qu’ONG) fait un discours à une assemblée. Il vomit tout ce qu’il peut sur l’ONU et le 11 septembre est un pivot dans l’histoire prophétique ! Son discours Le futur qui nous attend est disponible sur le net. • 1er Novembre 2001 Une lettre du Bethel de Brooklyn envoyée à toutes les filiales expliquent que l’association avec l’ONU était nécessaire pour l’accès aux recherches universitaires et que la société Watchtowsr s’est désormais retirée car les critères ont changé pour les ONG. La lettre dont voici la traduction : SIEGE CENTRAL DES TEMOINS DE JEHOVAH 1er Novembre 2001 Aux filiales A cause d’allégations publiés par des opposants sur le fait que nous aurions des liens secrets avec l’ONU et parce que de nombreuses filliales nous ont demandé ce qu’il en Via Veritas 263 était, nous avons répondu. Cette circulaire remplace toutes les réponses que nous avions données auparavant et est transmise à l’ensemble des filiales. Chaque filiale pourra donner la réponse suivante sur ce qui a fait tant de bruit : Le but recherché lorsque nous nous sommes fait enregistrer en tant qu’ONG en 1991 au Département Public d’Informations était d’avoir accès à la bibliothèque des Nations Unies afin de faire des recherches sur la santé, l’écologie, et les problèmes sociaux. Nous avons pu utiliser la bibliothèque pendant de nombreuses années avant 1991 mais en 1991 il fut nécessaire de s’enregistrer en tant qu’ONG pour pouvoir continuer à avoir l’accès. Les documents transmis par l’ONU que nous avions remplie ne comportaient rien en contradiction avec nos croyances chrétiennes. De plus, les ONG sont informés par l’ONU que « le statut d’ONG n’implique pas qu’elle fasse partie du système de l’ONU, ni qu’elle accorde à ses membres associés ainsi que son personnel quoique ce soit comme privilège, immunité ou statuts spéciaux ». Depuis, les critères pour être considérés comme Organisation Non Gouvernementale ont changé et ils contiennent un langage que nous ne pouvons admettre. Quand nous l’avons appris, nous nous sommes immédiatement désengagés. Nous serions reconnaissants que cette information attire votre attention. Nous sommes confiants que les informations données ci-dessus vous permettront de contrecarrer les attaques de nos opposants qui cherchent à nous discréditer. Soyez assurez chers frères, de tout notre amour fraternel. Vos frères Le Comité Directeur. • 24 janvier 2002 La liste 2001- 2002 des ONG révèle que la Watchtower est associée en tant qu’ONG et que depuis la mort de Loyld Barry c’est Don ADAMS (président de la Watcthower) qui le remplace sur cette liste. • 18 Mars 2002 L’ONU confirme que les critères sont les mêmes depuis 1991 et qu’ils n’ont forcé aucune ONG pour être membre du DPI. La lettre • 4 Mars 2004 L’ONU, sous le flot de demande de la part des membres TJ si c’est un canular ou pas, met à disposition sur son site une lettre officielle en ce qui concerne les relations entre la Watcthower et l’ONU. La lettre officielle et sa traduction : 4 mars 2004 A qui de droit, Le département de l’information publique de l’organisation des Nations unies à récemment reçu de nombreuses requêtes au sujet de l’association de la Watchtower Bible and Tract Society of New York avec le département de l’information publique (DPI). Cette organisation a déposé une demande pour s’associer au DPI en 1991 et a été reconnue en 1992. En acceptant l’association avec le DPI, cette organisation a accepté de se plier aux critères d’association, cela comporte le respect et le soutien des principes de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’un engagement international consistant à mener des programmes concrets d’information auprès de ses membres ainsi qu’à l’égard d’une audience élargie au sujet des activités des Nations Unies. En octobre 2001, Giro Aulicino, le représentant principal de la Watchtower Bible and Via Veritas 264 Tract Society of New York a demandé que l’on mette fin à l’association de cette organisation avec le DPI. Donnant suite à cette requête, le DPI à décidé d’exclure la Watchtower Bible and Tract Society of New York le 9 octobre 2001. Sachant qu’il est d’usage de tenir confidentielle la correspondance entre les Nations Unies et les ONG associées au DPI, voici le paragraphe qui a été envoyé à toutes les ONG, dont l’association avec le DPI a été approuvée en 1992. « L’intérêt principal de l’association entre des ONG et le DPI de l’ONU est la diffusion de l’information dans le but de faire connaître à un public élargi les principes, les activités et les réalisations des Nations Unies et de leurs agences. Par conséquent, il est important que vous nous teniez au courant du programme d’information de votre organisation, en ce qu’il est lié aux Nations Unies et que vous nous envoyiez des extraits de vos publications importantes. Vous trouverez ci-joint une brochure sur "les Nations Unies et les ONG" qui vous donnera des informations sur les relations avec les ONG. » De plus les critères permettant une association entre une ONG et le DPI sont les suivants. • Que l’ONG partage les principes de la Charte des Nations Unies. • Ait uniquement une activité à but non lucratif. • Que l’ONG ait un intérêt avéré pour les buts des Nations Unies et une capacité ayant fait ses preuves de toucher une audience étendue, telle que des enseignants, des représentants de médias, le monde politique et la communauté des affaires. • Que l’ONG s’engage à mener des programmes d’informations concrets à propos des activités des Nations Unies, en publiant des lettres d’informations et des bulletins, en organisant des conférences, des séminaires et des tables rondes ; en incluant la coopération des médias. Comme nous ne sommes pas en mesure de répondre aux multiples demandes concernant la Watchtower Bible and Tract Society of New York qui sont directement acheminées à nos bureaux, nous comptons sur le fait que vous partagiez cette information avec vos collègues concernés. Merci de l’intérêt que vous portez au travail des Nations Unies. Sincèrement Paul Hoeffel • Juin 2005 Pensant que la tempête est passée, on retrouve les Témoins de Jéhovah comme ONG au sein de l’OSCE, avec devinez qui ? Paul Gillies !. De plus, au Nicaragua, ils ont participé à l’opération de l’Organisation Mondiale de la Santé (qui est une filiale de l’ONU) « Le sang sauve des vies ». Page 53 Of particular note was the presence of Jehovah’s Witnesses at the event. (...) All participants expressed their gratitude to the humanitarian actions of voluntary blood donors. Via Veritas 265 A méditer Qui à votre avis, qui signait chaque année ce formulaire ? Un simple bibliothécaire subalterne de l’association ? Non. Un bibliothécaire ou un chercheur du Comité de Rédaction n’a pas le pouvoir d’associer son organisation à l’ONU, seul un membre dirigeant peut le faire. En l’absence des documents fournis par la Watchtower à l’ONU (que le bureau DPI ne veut pas fournir car confidentiels), nous sommes obligés de chercher dans l’annuaire que publie chaque année l’ONU. Et nous trouvons les noms des membres dirigeants qui ont accolés leur signatures ! • Lloyd BARRY (college central) • Don Adams (college central) • Robert Johnson (porte-parole officiel de la Watchtower à cette époque et membre du Comité au Département) • Circo Aulucinio (membre du Comité de Rédaction) Pourquoi ont-ils fait ça ? Une étude précise et complète est faite sur le site Brooklyn Tower. Les raisons invoquées sont logiques et raisonnables. De plus, les multiples références listées montrent bien que la Watchtower a participé aux diffusions d’informations requises pour avoir le statut d’ONG et a respecté son programme d’information (voir Reveillez-Vous du 22 juillet 2001, page 3 et page 4. Interessant aussi le témoignage de Barbara ANDERSON sur les mercredis après-midi de Circo AULICINIO. Barbara nous apprend qu’au service de rédaction, dont elle faisait partie, tous les mercredis après-midi, il partait en ville. Il lui confirma avoir reçu un pass spécial qui lui donnait la possibilité de circuler librement à l’ONU et d’avoir accès à la librairire. Toutefois, pour Barbara, le Reveillez-vous du 8 septembre 1991 avait déjà une attitude volontairement positive envers l’ONU (voir dernier paragraphe, page 10) alors qu’il faut 7 mois pour qu’un article en préparation passe dans l’article disponible au public. Plusieurs personnes étaient au courant de ces possibilités d’accès. S’il est vrai qu’il est difficile de prouver les aides financières auxquelles la Watchtower a eu droit en tant qu’ONG, le but d’une ONG est de clairement aider l’ONU à un monde plus démocratique et avec plus de libertés115. Notez bien le rôle entre le DPI et les ONG : texte officiel. Le Département de l’information et les ONG coopérent régulièrement. Les ONG associées au Département de l’information disséminent l’information concernant l’ONU à leurs membres, permettant d’approfondir la connaissance et le soutien de l’Organisation à la base. La diffusion prend les formes suivantes : Publicité sur les activités de l’ONU de par le monde sur des questions telles que la paix et la sécurité, le développement économique et social, la défense des droits de l’homme, les affaires humanitaires et le respect du droit international. Promotion des célébrations et années internationales proclamées par l’Assemblée générale, afin d’attirer l’attention mondiale sur des questions importantes confrontant l’Humanité. 115 Rôle ONU-ONG Via Veritas 266 A la section Comment le Département de l’information assiste-il les ONG ?, de nombreuses explications sont données : La Section du Département chargée des ONG au siège des Nations Unies fournit un certain nombre de services à ses organisations associées. Par exemple, la Section : • organise et coordonne, en collaboration avec le Comité exécutif du Département de l’information chargé des ONG, la Conférence annuelle des organisations non gouvernementales. Ce forum international réunit des hauts fonctionnaires de l’ONU, des ONG internationales prééminentes, des académiciens, des leaders d’opinion et les représentants des médias internationaux pour discuter des questions d’intérêt global. • organise des réunions d’information hebdomadaires pour la communauté des ONG à l’ONU, avec de fonctionnaires du système de l’ONU, des représentants des États Membres et des ONG ayant l’expérience pertinente. • fournit des cartes d’identification permettant à un représentant ou à un représentant suppléant d’une ONG d’accéder à toutes les réunions publiques des organes de l’ONU, aux ressources audiovisuelles du Département de l’information, à la Bibliothèque Dag Hammarskjold et d’assister en qualité d’observateur aux réunions de quelques 22 comités d’ONG organisées par CONGO. • coordonne les programmes d’information communs de la section des ONG du Département de l’information. • organise un cours d’orientation annuel pour les nouveaux représentants d’ONG. • publie le répertoire annuel des ONG accréditées auprès du Département de l’information, par ordre alphabétique, région et sujet de spécialisation ; gère le Centre de ressources des ONG qui offre : un accès aux documents récents des Nations Unies et aux communiqués de presse ; des envois réguliers de matériel d’information des Nations Unies au siège de toutes les ONG associées ; une vidéothèque avec une collection importante de films des Nations Unies ; et des publications continuellement mises à jour du Système des Nations Unies. (...) Outre la collaboration avec le Département de l’information, la communauté des ONG est vivement encouragée à maintenir des contacts réguliers et étroits avec les centres d’information des Nations Unies et les services d’information des Nations Unies de par le monde, afin d’avoir accès à l’information des Nations Unies et d’organiser des projets communs. Depuis les premiers jours des Nations Unies à San Francisco, les ONG ont apporté des contributions utiles à la communauté internationale en attirant l’attention sur certaines questions, en suggérant des idées et des programmes, en diffusant l’information et en mobilisant l’opinion publique en faveur des Nations Unies et des institutions spécialisées Mais quelles pouvaient-être ces idées alors ? • La liberté de culte, par exemple, afin de pouvoir pénétrer de nouveaux pays où l'œuvre est interdite. Permettre la libération de membres TJ emprisonnés pour leur neutralité politique (sic) ou pour leur différence religieuse. Via Veritas 267 • L’organisation de l’aide humanitaire comme Aidafrique, par exemple, en France avait la possibilité de parler au Haut Commissaire des Nations Unies lors des troubles au Rwanda et au Zaïre afin d’organiser les secours - confirmé par le porte-parole du bethel du Portugal • et ce qu’on ne sait pas... Conclusion Les membres dirigeants jéhovistes se sont associés à l’ONU en 1992 en tant qu’ONG, non pas pour obtenir un pass pour la bibliothèque de l’ONU, mais avec un but caché. La fin du monde n’arrivant pas et les problèmes se multipliant pour la Watchtower, il fallait le soutien de l’ONU ! Quel dégoût ! Pour cette organisation qui refait étudier pour la 3e fois le livre La Révélation - le Grand dénouement est proche en ce moment, livre qui fustige à plusieurs reprises les religions qui soutiennent les programmes de l’ONU, les traitant de prostituées !!! Quelle honte ! Alors qu’en 1972, des Témoins de Jéhovah mouraient au Malawi pour refus d’avoir une carte politique sur eux, 20 ans plus tard, ses membres dirigeants se baladaient tranquillement dans les couloirs de la bête sauvage. Quelle hypocrisie ! Se désengager, après la révélation dans la presse de leur supercherie, aura démontré à des Témoins de Jéhovah du monde entier que les dirigeants jéhovistes sont de plus en plus impliqués avec la politique et les autres religions. Et ce n’est pas fini ! Et quelle malhonnêteté de l’auteur de ce site internet Jehovah Judgement, qui essaye de blanchir ce passé en tordant les faits et en accusant les autres de le faire. Nous avons les preuves matérielles, personne ne peut l’ignorer maintenant. La chronologie est là pour l’attester. Les membres dirigeants des Témoins de Jéhovah se sont assis sur la bête écarlate comme les autres ! Via Veritas 268 Au royaume des borgnes... Par Lucretius Les fondamentalistes chrétiens ne sont pas aveugles, ils sont borgnes. Ils voient mais pas tout. Explications. Quand ils évoquent la création certains ont des poussées lyriques comme celles-là : (La Tour de Garde 15/1/1997 p. 19 § 9) Comment apprend-on à connaître Dieu ? Pour nous aider, nous disposons de deux livres. Le premier est celui que l’on pourrait appeler le livre de la nature. En observant ce que Jéhovah a créé, tant dans le monde animé que dans le monde inanimé, nous cernons mieux sa personnalité (Romains 1:20). Prenons quelques exemples. Le grondement d’une chute d’eau imposante, le fracas d’une mer déchaînée, un ciel étoilé par une nuit claire, toutes ces choses ne nous disent-elles pas que Jéhovah est un Dieu “ vigoureux en force ” ? (Isaïe 40:26.) Le rire d’un enfant à la vue d’un petit chien qui court après sa queue ou d’un chaton qui joue avec une pelote de laine ne prouve-t-il pas que Jéhovah, le “ Dieu heureux ”, a le sens de l’humour (1 Timothée 1:11) ? Un repas délicieux, le parfum des fleurs des champs, les couleurs vives d’un frêle papillon, le chant des oiseaux au printemps, serrer dans ses bras quelqu’un que l’on aime : Ne sentons-nous pas à travers ces choses que notre Créateur est un Dieu d’amour qui veut notre bonheur ? - 1 Jean 4:8. Bref, quand ils évoquent la diversité de la vie, les Témoins de Jéhovah, et les fondamentalistes chrétiens en général, voient ça. Une magnifique biche qui respire l’harmonie dans un cadre verdoyant vision magnifique du Paradis à venir. Mais comme ils sont borgnes116, ils ne voient pas ça. Un abominable pou de pubis, photographié hors contexte, afin de ne pas choquer davantage les âmes sensibles. Et pourtant les deux espèces ont le droit à la vie, je gage, qui plus est, que les chances de survie de l’espèce "pou de pubis" sont meilleures que les chances de survie de l’espèce "cerf". En tout cas les deux espèces ont dû avoir le même auteur ou pas d’auteur du tout. Lorsque se déroule inchangée la chaîne alimentaire de la vie, lorsqu’un buffle aux abois et exténué 116Certains de nos lecteurs croyants ont estimé que l’adjectif était blessant, ce à quoi je leur fais remarquer que : Selon la Bible de Jérusalem (Psaume 14:1) : Ils sont stupides, ceux qui disent que Dieu est sans pouvoir. Ces gens sont corrompus, ce qu’ils font est abominable, aucun d’eux n’agit comme il faut. Ou encore selon André Chouraqui : Le veule dit en son coeur : "Pas d’Elohim !" Ils détruisent, ils abominent en agissant ; nul ne fait le bien. Insensé, stupide ou veule, ce n’est guère aimable non plus pour les non-croyants Via Veritas 269 se fait dévorer par une bande de lions qui ne choisiront pas l’attaque frontale, mais s’attaqueront d’abord aux cuisses ou aux flancs d’un animal souffrant le martyre, faut-il pareillement y voir le témoignage ému de l’amour de Dieu pour sa création ? A votre avis qui Dieu aime t-il le plus le lion ou le buffle ? Mais, rétorquera le fondamentaliste chrétien, il n’en a pas toujours été ainsi lors de la Création. (Genèse 1:29-30) Et Dieu dit encore : “ Voici que je vous ai donné toute végétation portant semence, qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre dans lequel il y a du fruit d’arbre portant semence. Que cela vous serve de nourriture. 30 Et à toute bête sauvage de la terre, à toute créature volante des cieux et à tout ce qui se meut sur la terre, qui a en soi vie d’âme, j’ai donné toute végétation verte pour nourriture. ” Et il en fut ainsi. Au régime végétarien les félins de cette époque ! C’est à se demander à quoi pouvaient bien leur servir leurs crocs et leurs griffes acérées. A biner les fraises ou à ramasser les patates ? Et bien entendu le goût de la viande ne leur est probablement venu que sur le tard, lorsque Noé a reçu lui-même la permission d’en manger ? (Genèse 9:1-3) Puis Dieu bénit Noé et ses fils et leur dit : “ Soyez féconds, et devenez nombreux, et remplissez la terre. 2 Et une crainte de vous et une terreur de vous continuera d’être sur toute créature vivante de la terre et sur toute créature volante des cieux, sur tout ce qui se meut sur le sol et sur tous les poissons de la mer. Ils sont maintenant livrés en votre main. 3 Tout animal qui se meut [et] qui est vivant pourra vous servir de nourriture. Comme pour la végétation verte, oui je vous donne tout cela [...] Toute cette souffrance à cause du péché adamique qui a profondément modifié les plans de Dieu. Méchant Adam, tiens pour te punir voilà la souffrance animale. Lorsque tous les parasites117 s’attaquent aux poissons ou aux mammifères qui Dieu aime t’il le plus ? Les parasites ou les autres espèces ? Car bien entendu les parasites ne parasitaient pas dans le Paradis terrestre ; dans ce monde éthéré la souffrance n’avait pas cours. Tout n’était qu’harmonie, calme et volupté. Laissez-moi vous conter une histoire naturelle qui montrera combien Dieu est à la fois inventif et taquin. Cette histoire a trait à la Fasciola hepatica ou Douve du foie. La douve du foie prospère dans le foie des moutons. La douve se nourrit de sang et des cellules hépatiques, grandit puis pond ses œufs. Mais les œufs de douve ne peuvent pas éclore dans le foie du mouton. Tout un périple les attend. Les œufs quittent leur hôte par les excréments. Ils se retrouvent alors dans le monde extérieur, froid et sec. 117 Les animaux herbivores sont constamment menacés par des prédateurs, lesquels n’hésitent pas à les dépecer vivants quand ils le peuvent. Nous disposons par exemple de terribles documents sur la chasse des lions. La nature est emplie d’horreur, de souffrance et de sang. Jeune encore, lorsque je commençais à m’intéresser à l’histoire naturelle, j’ai rencontré en Normandie un malheureux crapaud, dont le visage, la face était partiellement détruite par la croissance d’une larve de diptère. Certaines pondent dans les fosses nasale des crapauds ; la larve, en se développant, détruit une partie de la tête de ce malheureux animal. Songeons aussi aux parasites ! Les apologistes n’y pensaient pas. Ils ne savaient peut-être pas qu’il en existait. Or, les parasites composent un monde incroyable. Il s’en trouve partout. Il n’est pas une espèce animale qui ne connaisse ses parasites externes ou internes. Ces derniers peuvent causer des ravages physiques considérables, provoquant des souffrances qui ne le sont pas moins. Imaginer que tout provient de la volonté d’un Dieu miséricordieux, compatissant à l’égard de ses créatures, voilà qui paraît difficile à admettre, quand on contemple la vérité physique de l’affreux spectacle de la nature. Pour aborder de tels problèmes, peut-être faudrait-il posséder des connaissances, dont ne disposent pas la plupart d’entre nous. Pr Théodore Monod - Une foi à repenser. Via Veritas 270 Après une période de mûrissement, ils éclosent pour laisser sortir une minuscule larve. Laquelle sera consommée par un hôte : l’escargot. Dans le corps de l’escargot, la douve se multipliera avant d’être éjectée dans les mucosités que crache le gastéropode en période de pluie. Ces mucosités, en forme de grappes de perles blanches, attirent fréquemment les fourmis qui les consomment. Elles ne demeurent pas longtemps dans le jabot des fourmis. Elles en sortent en le perçant de milliers de trous, le transformant en passoire qu’elles referment avec une colle qui durcit et permet à la fourmi de survivre à l’agression. Puis les douves circulent à l’intérieur du corps de la fourmi, dans son sang, alors que rien à l’extérieur ne laisse présager le drame interne. Les douves sont maintenant adultes et doivent retourner dans le foie du mouton pour compléter leur cycle de croissance. Le problème, c’est que les fourmis font leur travail le matin, à raz le sol, bien à l’abri des gueules des moutons qui broutent le haut des herbes. Dès l’instant où une unique larve de douve s’implante dans son cerveau, le comportement de la fourmi se modifie : le soir, alors que toutes les ouvrières dorment, les fourmis contaminées par les douves quittent leur environnement social. Elles avancent en somnambules et montent aux cimes des herbes pour y être présent au petit jour ! Mais attention ! La douve n’envoie pas la fourmi sur n’importe quelles herbes, mais bien celles que préfèrent les moutons : luzernes et bourses-à-pasteur ! Et hop, crounch, retour au mouton. Que la Création est ingénieuse et aimante ! Qui est le plus aimé le mouton ou la fourmi qui en souffriront ou encore la douve ? Fondamentalistes chrétiens, ne soyez plus borgnes. Regardez toute la diversité de la Vie : une partie est magnifique, oui grandiose, mais l’autre partie est terrible, voire repoussante. La même vie qui traverse ce qui est beau pour nous traverse aussi ce qui est laid pour nous. La Vie n’a pas de morale, la Vie n’a pas d’amour, c’est la Vie tout simplement et il ne sert à rien de vouloir lui trouver un sens supérieur ou un architecte suprême118. Apprécier la Vie tout simplement, telle qu’elle est, sans fermer un œil, c’est déjà beaucoup. 118 En des termes plus choisis le philosophe André Comte-Sponville en arrive à la même conclusion. "L’aporie est bien connue, depuis Epicure ou Lactance : ou bien Dieu veut éliminer le mal et ne le peut, mais alors il n’est pas tout-puissant ; ou bien il le pourrait et ne le veut pas, mais alors il n’est pas parfaitement bon...Or s’il n’est pas l’un et l’autre (et a fortiori s’il n’est ni l’un ni l’autre : s’il ne veut ni ne peut supprimer le mal), est-ce encore un Dieu ? C’est le problème de tout théodicée, tel que Leibniz le formule : si Dieu existe, d’où vient le mal ? S’il n’existe pas d’où vient le bien ? Mais le mal fait une objection plus forte, contre la foi, que le bien contre l’athéisme. C’est qu’il est plus incontestable, plus illimité, plus irréductible. Un enfant rit ? On n’a guère besoin d’un Dieu pour l’expliquer. Mais quand un enfant meurt, mais quand un enfant souffre atrocement ? Qui oserait, devant cet enfant, devant sa mère, célébrer la grandeur de Dieu et les merveilles de sa création ? Or combien d’enfants souffrent atrocement, à chaque instant, de par le monde ? Les croyants rétorqueront que, de ces horreurs, l’homme est souvent responsable... Certes. Mais il n’est pas cause de toutes, ni de soi. La liberté n’explique pas tout. Le péché n’explique pas tout. On pense à la forte boutade de Diderot : le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants. Cela vaut aussi contre le Dieu des juifs ou des musulmans. Cela vaut contre tout Dieu supposé d’amour et de miséricorde - et comment, autrement, serait-il Dieu ? Pourquoi accepter de lui, à nouveau, ce qu’on ne tolérerait d’aucun père ? Il m’est arrivé de passer plusieurs heures dans le service de pédiatrie d’un grand hôpital parisien. Cela donne une assez haute idée de l’homme. Et une assez basse de Dieu, s’il existait. La souffrance des enfants, écrit à juste titre Marcel Conche, est un mal absolu, qui suffit à rendre impossible toute théodiciée. Combien d’atrocités qu’aucune faute ne saurait expliquer ni justifier ? Combien de souffrances avant le premier péché ? Combien d’horreurs, même, avant l’existence de l’humanité ? Quel est le Dieu qui abandonne les gazelles aux tigres, et les enfants au cancer ?" - Présentations de la Philosophie - l’athéisme. Via Veritas 271 A toutes ces bêtises que nous n’avons pas commises ! Par Fantasio Dans quelle mesure le comportement de mon enfant est-il conditionné par l’enseignement de la Watchtower ? Voilà une des question que les Témoins de Jéhovah ne peuvent en aucun cas se poser sincèrement. C’est bien une des plus profondes caractéristiques du fondement mental de la tradition judéo-chrétienne, que la parole y profile nettement, comme son fond dernier, l’être du je. Dans toutes les questions essentielles, le sujet se trouve toujours en posture, sommé de se justifier comme je. Le je qui dit je suis celui qui suis, ce je, absolument seul, est celui qui soutient radicalement le tu dans son appel. C’est toute la différence qu’il y a entre le Dieu de la tradition dont nous sortons, et le Dieu de la tradition grecque. — Jacques Lacan, Le Séminaire, Livre III, Les Psychoses, p. 323, éd. Seuil, coll. Le Champ freudien. Un enfant né dans une famille de Témoins de Jéhovah, c’est indéniable, est élevé avec des valeurs quelque peu différentes des autres. Il ne s’agit pas ici de définir si ces valeurs sont « bonnes » ou « mauvaises ». Contentons-nous d’analyser les conséquences que cette éducation entraîne. Ces conséquences seront positives ou négatives pour l’enfant. Ce qu’il en retirera de plaisir ou de déplaisir dans sa vie ne devrait-il pas être le soucis primordial de ses parents ? Or, force est de constater que dans l’organisation des Témoins de Jéhovah, le devenir de l’enfant dépend de la satisfaction de Dieu. Si l’individu accomplit la volonté de Jéhovah, selon les définitions strictes établies par la Watchtower, alors il aura la certitude d’être heureux dans le Paradis sur terre, après Har-Maguédôn. Cette finalité parfaite, le Paradis, est donc prétexte aux sacrifices que les Témoins de Jéhovah sont prêts à accomplir dans leur vie quotidienne. Des sacrifices qui ne vont pas toujours jusqu’à la mort, fort heureusement, mais faut-il vraiment aller jusqu’à la mort du corps pour se sentir anéanti ? L’enfant qui grandit chez les Témoins de Jéhovah, si son éducation a été « bien faite », sait sans qu’on ait à lui rappeler sans cesse, ce qu’il doit faire et ne pas faire. Toute comparaison avec ce qu’était l’éducation en Occident jusque dans les années 1950 est donc vaine. Bien sûr, la plupart des enfants du début du XXe s. ont été élevés « à la dure », souvent dans la superstition et le poids des interdits moraux. Mais une grande majorité reconnaissait dans cette chape de plomb un pis-aller qu’il fallait contourner sinon ignorer. Les interdits étaient édictés par une hiérarchie humaine qui disait parler au nom de Dieu. Et cette hiérarchie prenait tant de place que c’était elle qui était redoutée, et non Dieu. Via Veritas 272 Chez les TJ, c’est différent : le plus souvent, l’enfant perçoit moins facilement l’organisation que l’oeil de Dieu. Jéhovah voit tout, lui dit-on dès la naissance, et cet oeil perçant, même ses parents le craignent (contrairement à la société dont nous parlions plus haut, où les enfants décelaient bien que leurs parents eux-mêmes passaient souvent outre des interdits !). Du coup, l’enfant, se sentant contamment observé, n’a d’autre choix que d’adapter son comportement en toute occasion. Slicing up eyeballs L’enfant Témoin de Jéhovah n’est JAMAIS seul. Il y a toujours l’oeil dans le ciel, qui le regarde et le tance. Plongé dans le monde de l’enfance, à l’école, par exemple, le jeune TJ ne peut s’y épanouir en toute insouciance. Il se sait investi d’une mission divine : rendre témoignage de la justice divine. C’est-à-dire, en quelque sorte, prendre la défense de l’Œil. Voilà qui a de quoi séduire les Témoins de Jéhovah, adultes et enfants : c’est bien plus qu’être simplement les seuls représentants de Dieu sur terre. Cet œil dans le ciel, qui les juge en permanence, qui les menace, ils doivent dans le même temps le défendre contre les attaques du monde dirigé par le Diable. Mais enfin, de deux choses l’une : ou bien cet œil est tout-puissant, et il n’a que faire de gens « imparfaits » pour le défendre (et s’il n’intervient pas, c’est parce qu’ils se moquent des attaques dont il fait l’objet) Ou bien les TJ sont plus puissants que l’Œil tout puissant, puisque sans eux, l’œil ne serait rien. Dès lors, pourquoi craindre un organe aussi faible ? Revenons à l’enfant TJ Les « bêtises » qu’il est tenté d’accomplir chaque jour, il les voit toujours de loin, derrière un voile translucide. Il observe les enfants se tenir la main, échanger leur premier baiser : pas pour lui, car il sait que Dieu ne veut pas de relations amoureuses en dehors du mariage. Il devra donc attendre. Il voit les cigarettes passer de main en main. Lui refuse (fièrement ou du bout des lèvres, peu importe : il refuse). Certains trichent allègrement à chaque interro, lui préfère avoir zéro le jour où il n’a pas étudié. Selon l’enfant, cette situation perdure, ou pas... Car enfin, ces « bêtises », tout pédagogue un tant soit peu attentif admettra qu’elles dont partie du processus normal de formation de l’individu. Pour prendre sa place dans la race humaine, l’enfant doit commettre des erreurs. Et il doit pouvoir les surmonter, adapter son comportement selon qu’il en retirera du plaisir ou non. Mais le plaisir, chez le Témoin de Jéhovah, est conditionné au bon plaisir de Dieu. Il y a, dans toutes ces « bêtises » que l’enfant et l’adolescent TJ ne commettront pas, un incroyable manque. Ces remords-là sont bien plus pesants que les erreurs qu’on peut commettre. Via Veritas 273 Si le jeune a la chance de pouvoir malgré tout s’émanciper (et cette émancipation prend naissance dans le remord de n’avoir pas fait de bêtises !), il vivra toute sa vie avec ce manque. Ces occasions ratées volontairement, pour ne pas déplaire à Jéhovah et à ses parents (ce baiser, cette amitié, cet amour... ce livre !) formeront un prisme du non-vécu, un monument au non-accompli. Allons plus loin : Si, dans sa vie d’adulte non-TJ, l’ex-enfant TJ décide de ne pas fumer (trop dangereux, trop cher, trop malodorant), on est en droit de se demander dans quelle mesure ce choix est-il personnel ? A quel niveau retrouve-t-on, dans le moi, l’interdit originel de la Watchtower ? L’exemple est ambigu, reconnaissons-le. Car en l’occurence l’interdit jéhoviste est partagé par de plus en plus de « gens du monde ». Mais la proposition peut être inversée : dans quelle mesure les ex-TJ qui fument aujourd’hui, ne le font-ils pas par défiance de la Watchtower ? Et une nouvelle question naît alors : De ces deux (non-)choix, quelle est la position la moins émancipée ? Arrivé à ce stade, l’attitude positive est de faire voler en éclat le schéma basique érigé par la Watchtower : TJ = abstinence ; exTJ = s’envoyer en l’air de toutes les façons possibles. Non, la vie en-dehors du jéhovisme n’est pas aussi aussi simple, malheureusement. On finirait presque par croire que les excès du « Monde » exposés dans les publications du Collège central sont tout droit issus des fantasmes refoulés de ces nonagénaires reclus à Brooklyn. Les ex-TJ sont libres d’avoir leurs propres fantasmes, c’est à dire, leurs propres désirs, et ceux-ci ne doivent pas obligatoirement être nocifs, malsains, dangereux. Vouloir mener une vie publique, vouloir apprendre les sciences en toute indépendance, vouloir s’épanouir dans le monde des arts sans être tiraillé par sa mauvaise conscience, ... autant de désirs positifs qui peuvent pousser un Témoin de Jéhovah à quitter l’organisation. Dans l’espoir de se faire prendre Malgré tout, certains jeunes TJ tombent dans les plaisirs faciles (en apparence) de la drogue119. Ces jeunes, souvent, n’ont pas le choix : pour faire voler en éclat le poids de l’interdit , il se croient obligés d’enfreindre un maximum de règles ! Le pire étant sans doute que beaucoup de ceux qui le font ONT ENCORE LA FOI JEHOVISTE ! Ils sont convaincus que Dieu les punira à Har-Maguédôn pour tout ce qu’ils sont en train de commettre (même pour de menus écarts de conduite : il est question ici de comportement admis « dans le Monde », et interdit uniquement chez les TJ, notamment au niveau des relations amoureuses). Ils cherchent désespérément à se libérer et n’ont aucun outil valable pour y arriver. Toujours très imprégnés des thèses jéhovistes, ils sont convaincus que leur état de péché s’envenime chaque jour. Alors autant y aller carrément ! Et d’une simple bêtise, ils passent alors à la gaffe, prennent des risques inutiles, jusqu’à l’erreur qui peut leur être fatale. Cette spirale d’autodestruction est d’ailleurs mise en scène dans les 119 Cet exemple est le plus frappant et le plus extrême, mais il n’est pas unique, les variantes sont subtiles et heureusement moins dangereuses : Citons le simple fait d’avoir un ou une petit(e) ami(e) non-TJ. Via Veritas 274 publications de la Watchtower et sert à alimenter cette psychose, voire cette haine de soi. Nombre d’entre eux sont dès lors retournés dans les rangs de la Watchtower, accueillis comme les fils prodigues qu’ils étaient. Allons encore plus loin dans la réflexion : les parents qui les ont recueillis à leur retour chez les TJ, dans quelle mesure l’ont-ils fait SINCEREMENT ? Quelle était la nature de leur joie de revoir leur enfant ? Une joie profonde de voir son enfant à nouveau heureux ? Ou bien plutôt un soulagement à la fois égotiste et torturé : « Mon enfant plaît à nouveau à Jéhovah, il ne sera donc pas détruit à HarMaguédôn, et peu importe s’il s’épanouit ou pas dans ce monde, ce qui compte c’est qu’il sera avec nous dans le Paradis ». Tout cela n’est pas une caricature, malheureusement. C’est ce genre de sentiments malsains emmêlés qui font le quotidien des Témoins de Jéhovah. ... au fond de la pensée religieuse qui nous a formés [la tradition judéo-chrétienne], il y a l’idée de nous faire vivre dans la crainte et le tremblement, (...) la coloration de la culpabilité est si fondamentale dans notre expérience psychologique des névroses, sans qu’on puisse préjuger pour autant de ce qu’elles sont dans une autre sphère culturelle. (...) C’est pourquoi il y a tout lieu de nous demander si notre rapport à l’autre n’est pas fondamentalement intéressé par la tradition qui s’annonce dans la formule, flanquée, nous dit-on, d’un petit arbre en train de flamber — Je suis celui qui suis. — Jacques Lacan, Le Séminaire, Livre III, Les Psychoses, p. 324, éd. Seuil, coll. Le Champ freudien. L’éducation conditionnée Par Lucretius Dans son Rapport sur l’organisation générale de l’Instruction publique présenté à l’Assemblée nationale législative au nom du Comité d’Instruction publique, les 20 et 21 avril 1792, le mathématicien, philosophe et politologue Nicolas de Condorcet nous livre une réflexion intéressante : « L’individu n’a aucune raison de faire confiance, de croire sur parole : car seul le vrai a valeur d’autorité et hors de l’usage de la raison, il n’existe pas de critère absolu du vrai ; dans ces conditions l’État devra faire le maximum pour armer les citoyens contre l’erreur. Tel est au fond le rôle de l’école publique. Tel est aussi le rôle de la loi qui est là pour protéger l’instruction, pour écarter les pouvoirs, toujours suspects, autrement dit pour garantir l’indépendance de chacun ». Existe-t-il donc des pouvoirs et des forces qui regarderaient l’intellect de leurs sujets comme une chasse réservée et qui chercheraient à les prémunir contre toute idée qui serait opposée à leurs doctrines ? Si tel était le cas, au sens de Condorcet, l’école publique mais également l’État devraient légitimement s’en émouvoir, s’en soucier et si nécessaire agir. Nous pourrions alors, devant une telle captation de l’esprit, valablement parler d’éducation conditionnée. Conditionner c’est, selon une définition du Petit Larousse (2005) : « Déterminer Via Veritas 275 quelqu’un, un groupe à agir de telle ou telle manière, à penser de telle ou telle façon (par l’éducation, la propagande, la publicité, etc.) » Quelle est donc la posture réelle, telle qu’elle transpire de leurs propres textes, des Témoins de Jéhovah face à l’éducation scolaire des enfants, dès l’instant où celle-ci menace l’enseignement largement distillé par leurs publications et leurs réunions hebdomadaires. Notez avec soin cette exhortation faite à l’assistance lors de l’examen du Ministère du Royaume d’avril 1990, p.4, sujet ayant pour thème « Jeunes gens, agissez avec discernement à l’école » : Les jeunes Témoins de Jéhovah sont encouragés à exprimer leurs croyances religieuses pendant leur scolarité. À ce sujet, Le ministère du Royaume d’août 1989 contenait un article publié dans le monde entier et ayant pour thème “Jeunes gens, donnez efficacement le témoignage à l’école”. Il suggérait d’utiliser à l’intérieur des établissements scolaires des publications et des périodiques. En France, il convient toutefois de faire preuve de discernement dans ce domaine. À la suite d’événements récents, l’État a rappelé l’interdiction du prosélytisme à l’école (y compris la diffusion d’ouvrages et de périodiques religieux). Les jeunes Témoins de Jéhovah respecteront donc ces dispositions prévues par la loi tout en ne renonçant pas à exprimer leur foi. Comment y parviendront-ils ? En ayant une attitude exemplaire à l’école, afin de gagner autrui sans parole, simplement par leur conduite (voir le principe établi en 1 Pierre 3:1). Ils se tiendront prêts à donner la raison de leur espérance, “tout en le faisant avec douceur et un profond respect”. (1 Pierre 3:15.) Comme ils ne se conduisent pas de façon hypocrite, les jeunes chrétiens ne manqueront pas de susciter la curiosité de leurs camarades. Ils seront prompts à saisir cette occasion d’exprimer leur foi. Le discernement est aussi nécessaire pendant les cours où l’on enseigne la préhistoire ou l’évolution. Les jeunes chrétiens n’ont pas à contester de tels enseignements, même s’ils sont en désaccord sur les dates ou sur les explications avancées. La Tour de Garde du 15 mars 1965, page 189 (BI 6 bis/65, page 55), précisait : “Si une question sur l’évolution exige que vous donniez la réponse fournie par le manuel, vous pouvez donner cette réponse. [Le fait de fournir une réponse ne prouve pas que vous croyez à cet enseignement, mais simplement que vous le connaissez.] Même s’il est nécessaire d’apprendre en détail les fausses théories comme l’évolution, ne considérez pas que vous perdez votre temps. La connaissance acquise de cette façon vous permettra de mieux comprendre le point de vue des autres et vous sera des plus utile pour les aider à rompre avec les vaines philosophies humaines.” Un jeune chrétien ne peut renoncer à sa foi sous prétexte qu’il franchit le seuil de l’école. Quelle est donc la conduite à tenir devant un enseignement gênant et en contradiction avec l’enseignement jéhoviste, selon l’exemple suggéré : l’évolution ? Il n’est nullement question d’ouvrir son esprit pour se faire sa propre opinion, de laisser le vrai s’imposer par lui-même car, pour reprendre les mots de Condorcet, "seul le vrai a valeur d’autorité et hors de l’usage de la raison, il n’existe pas de critère absolu du vrai". Apprenez donc la fausse théorie de l’évolution pour, par la suite, imposer la "vérité" biblique reçue qui ne saurait être remise en question. Apprenez mais n’y accordez aucun crédit, ce que vous apprendrez, en l’occurrence sur les bancs de l’école, sont des mensonges qu’il vous faut endurer, mais ça passera. Belle ouverture d’esprit, bel apprentissage de l’esprit critique, pleinement univoques ! Car les Témoins de Jéhovah qui en appellent si souvent à la tolérance et à l’ouverture d'esprit se ferment comme des huîtres dès que leur enseignement pourrait être contesté. Voici quelques bribes de publications jéhovistes relevées çà et là qui traduisent pleinement l’état Via Veritas 276 d’esprit du mouvement. Parlons de l’ouverture d’esprit que devrait spontanément offrir celui qui reçoit l’éducation. Réveillez-Vous !, 8/5/1973, p. 5-6 : Chaque jour, la personne réfléchie doit filtrer tout ce qu’elle apprend et rejeter ce qui est mauvais, son esprit étant “fermé” à ces choses. Cela est plus important que jamais auparavant, car les gens sont continuellement sous le feu de la propagande, que ce soit par la presse, les livres, la télévision ou la radio. (...) Mais il faut aussi se montrer prudent envers les livres et les spectacles qui peuvent fournir certains renseignements utiles. Influencés par des théories telles que l’évolution, ils transmettent souvent de façon subtile de mauvaises pensées. Certains ouvrages sur l’éducation des enfants, l’histoire, les sciences naturelles, l’archéologie, la médecine et la psychologie, ainsi que les manuels scolaires et même certains dictionnaires bibliques parlent de l’évolution comme d’un “fait” quand ils traitent leurs divers articles. Les personnes à l’esprit “ouvert” doivent particulièrement se montrer prudentes quand elles lisent de tels livres, afin de ne pas se laisser influencer ni devenir “malades mentalement”, comme ce fut le cas au premier siècle de certains partisans de la fausse doctrine. — I Tim. 6:3-11. Pensez donc ! Lire les inepties publiées par les Témoins de Jéhovah c’est très bon pour l’esprit, mais lire et prêter du crédit à des ouvrages qui infirment le saint enseignement c’est très malsain, ça risque de rendre “malades mentalement”. Face à une information néfaste – évolution, philosophie, histoire – l’enfant Témoin de Jéhovah est conditionné pour ne pas y répondre favorablement, pour qu’elle glisse comme l’eau sur les plumes d’un canard. Et les propos tenus ne sont pas le jet d’un rédacteur trop zélé. La récidive n’est pas loin. La Tour de Garde, 15/12/1975, p. 764 : D’après I Timothée 6:20, il serait peu sage de se remplir l’esprit des philosophies des hommes imparfaits. Nous lisons : “Ô Timothée, garde ce qu’on laisse en dépôt chez toi, te détournant des discours vides qui attentent à ce qui est saint, ainsi que des contradictions de ce qu’on appelle faussement ‘la connaissance’.” C’est pourquoi des années d’étude à l’université peuvent présenter des pièges. On peut subir un véritable “lavage de cerveau” à cause de l’enseignement de philosophies humaines et permettre ainsi la destruction de sa foi en Dieu et dans la Bible (Col. 2:8). Une grande partie de l’enseignement donné dans les universités est basé sur de fausses théories, telles que l’évolution, qui soutiennent le présent système qui sera bientôt détruit à jamais (I Jean 2:17). Bon nombre de professeurs ne croient ni en Dieu ni en la Bible et enseignent avec zèle leurs théories athées. Les universitaires apprécieront particulièrement la tirade : « une grande partie de l’enseignement donné dans les universités est basé sur de fausses théories ». Et non content de cracher sur l’enseignement on en profite pour jeter le discrédit sur les acteurs de l’Éducation Nationale : « bon nombre de professeurs ne croient ni en Dieu ni en la Bible et enseignent avec zèle leurs théories athées ». Comme si l’irréligion était une tare monstrueuse incompatible avec l’enseignement. Ce qui est absolument insupportable pour les dirigeants du mouvement, c’est le travail de la vérité, du vrai, qui éloigne à toujours de leur sphère d’influence ceux qui, délaissant les fables apprises, se mettent enfin à douter et à faire usage de leur raison. La Tour de Garde, 15/10/1982, p. 13, 14 : D’autres, qui avaient été élevés pour qu’ils servent Dieu, sont aujourd’hui des évolutionnistes, des athées et des détracteurs des vérités bibliques. Est-ce parce que la Bible se trompe et que la philosophie moderne est dans le vrai ? Pas du tout. C’est Via Veritas 277 que ces jeunes ont été soumis aux assauts constants d’idées impies à l’université, alors qu’ils étaient séparés des autres chrétiens. En conséquence, leur foi s’est affaiblie et finalement elle est morte. Ce qui est triste, c’est qu’ils ont souvent été mis dans cette situation par leurs parents. Non. Mieux vaut faire de chaque enfant Témoin de Jéhovah un défenseur de la Foi, un battant face à un environnement ressenti comme profondément hostile à la construction de sa personnalité. Le Ministère du Royaume, 10/1984, p.8 : Le mois d’octobre est déjà là, et des centaines de milliers de jeunes et d’adolescents sont retournés à l’école. Les élèves y passent beaucoup de temps tous les jours à apprendre ce qui leur sera nécessaire plus tard pour leur vie d’adulte. Mais ils sont aussi assaillis de philosophies stériles ou contraires aux Écritures, d’idées laxistes ou immorales. On demande aussi à ces jeunes de prendre des décisions importantes concernant leur avenir, mais sans leur fournir de quelconques directives spirituelles. Ce vaste territoire est pratiquement inaccessible aux adultes. Or, beaucoup de jeunes proclamateurs vont encore à l’école et sont donc en mesure de faire connaître la bonne nouvelle aux personnes sincères qu’ils côtoient. Enfant Témoin de Jéhovah surtout ne vous laissez pas convaincre par toutes les ruses de vos professeurs, vous êtes les champions de la vérité biblique, qui ne peut mentir. Tel est le message répété à l’envi par les publications. Réveillez-Vous !, 9/2006, p.26 : Il n’y a pas lieu de se sentir gêné ou honteux de croire en la création. Au vu des faits, il est parfaitement logique — et même scientifique — de croire que nous sommes le fruit d’une conception intelligente. En définitive, c’est l’évolution, et non la création, qui exige d’avoir une énorme dose de foi et qui suppose des miracles sans auteur. Nul doute qu’après avoir pris connaissance des autres articles de ce périodique vous serez convaincu que les faits témoignent en faveur de la création. Quand vous vous serez livré à cet examen en faisant usage de votre “ raison ”, vous aurez plus d’assurance pour défendre votre croyance devant la classe. Vous voilà bien préparé à affronter l’adversité, bien conditionné pour réagir et opposer une résistance recherchée à l’éducation non désirée mais subie. Pour les Témoins de Jéhovah l’école est une épreuve d’intégrité, les enfants sont lâchés, innocents et cibles des éléments pervers et diaboliques, au milieu de l’arène scolaire. La Tour de Garde, 1/7/1972, p. 389 : En outre, si vous êtes connu pour être un vrai chrétien, vous pourrez donner un excellent exemple en effectuant vos travaux scolaires avec application. Cela sera tout à votre honneur et louera vos parents ainsi que le Dieu que vous adorez. Vous pourrez ressembler à Daniel et à ses trois amis qui ont suivi assidûment l’enseignement donné dans l’antique Babylone et qui ont été félicités pour leur application. Cependant, eux aussi eurent affaire à des personnes dépourvues de principes. Mais ils mirent le culte de Dieu à la première place dans leur vie et ne renoncèrent pas à leurs principes élevés. Ayez de bonnes notes, soyez brillants, faites honneur à votre Dieu et à vos parents et surtout résistez aux mauvaises influences de vos camarades et de vos professeurs. Soyez intelligents et obéissants mais n’exercez pas votre esprit critique s’il doit se retourner contre votre culte. Et c’est incroyable comme attaqués sur la question essentielle de l’apprentissage de l’esprit critique, Via Veritas 278 si cher à Condorcet, les Témoins de Jéhovah répondent en mettant en avant les résultats scolaires, comme si les deux aspects se rejoignaient : voir à ce sujet l’article suivant « Esprit critique es-tu là ? » A la lecture de ces citations de publications choisies quelle est votre conviction ? Que l’enfant Témoin de Jéhovah est élevé avec un véritable esprit ouvert et un respect de l’enseignement prodigué ou, bien au contraire, dans la prévention contre les idées contraires au fondamentalisme et une défiance entretenue contre toute remise en cause de ce qui est inculqué à longueur d’année et de semaines aux enfants même les plus jeunes ? Nous pouvons valablement parler d’éducation conditionnée et l’État devrait être le garant de la protection d’une instruction librement reçue et, comme l’appelait de ses vœux Condorcet, « faire le maximum pour armer les citoyens contre l’erreur. ». Surtout les citoyens en herbe et en devenir. Saluons l’effort des récents travaux de la Commission Parlementaire sur les Sectes qui, par ses débats et ses conclusions, a fait souffler l’esprit de Condorcet sur la France. Esprit critique es-tu là ? Par Lucretius Qu’est-ce que l’esprit critique ? critique adj. et n. A. adj. ... Esprit critique, qui ne tient pour vraie une proposition qu’après l’avoir établie ou démontrée, et après avoir examiné toutes les objections susceptibles de lui être opposées. © Hachette Livre, 1997 Du site Les Témoins de Jéhovah de France : Informations / Communiqué du 20 juillet 2006 Communiqué • Le 20 juillet 2006 Nous notons avec satisfaction que le président de la MIVILUDES a publiquement reconnu que " les Témoins de Jéhovah ne font rien d’illégal " (Dépêche AFP, 19 juillet 2006). Il émet toutefois des réserves sur l’éducation de nos enfants qui, selon lui, " ne développe pas l’esprit critique ". Les faits démontrent pourtant le contraire : cette année, une des plus jeunes bachelières de France est Témoin de Jéhovah. Tout juste âgée de 15 ans, elle a été reçue avec mention. Un tel résultat n’est pas exceptionnel. Chaque année, de jeunes Témoins de Jéhovah s’illustrent par l’excellence de leurs résultats scolaires et universitaires. Pour tout contact, vous pouvez téléphoner au 02.32.25.55.55. Via Veritas 279 A l’accusation portée contre elle mettant en avant la carence de développement d’esprit critique chez les jeunes Témoins, la Watchtower répond à sa manière. Et elle confond, sans nuance aucune, esprit critique et intelligence. Car ce n’est pas parce qu’un esprit est intellectuellement supérieur qu’il sait faire preuve d’esprit critique. Qui dira que dans les rangs de la jeunesse hitlérienne il n’y ait pas eu d’esprit brillant et pourtant, le moins que l’on puisse dire, est qu’elle n’avait pas développé l’esprit critique. L’esprit critique n’admet pas sans preuve et sans examen approfondi des affirmations. Plusieurs assertions, assénées dès l’enfance à la jeunesse TJ, ne devraient pas être acceptées sans preuve. Citons la direction éclairée et sacrée qu’exerce un noyau enseignant (le Governing Body – Collège Central) sur l’ensemble des TJ. Que vaut cette direction ? Tient-elle ses promesses ? Qu’en est-il de sa légitimité scripturaire ? Citons aussi la prétention de la Bible de n’être que la vérité, une vérité transcendante et qui s’impose à tout homme. Résiste t-elle à un examen profond et contradictoire ? Doit-on prendre pour argent comptant tout ce qu’elle contient ? Doit-elle être la source unique de la sagesse et de la réflexion, toute autre source étant considérée comme souillée et indigne d’un intérêt quelconque ? La Watchtower a t-elle suscité en son sein ce genre de réflexion ? A t-elle relayé les objections susceptibles d’être opposées à son enseignement ? Quiconque a eu dans les mains les publications et a suivi les réunions jéhovistes sait fort bien qu’il n’en est rien. L’enseignement de la Watchtower est une thèse policée à merci qui écarte consciencieusement les échardes critiques. Tout élément contraire à l’enseignement jéhoviste ne peut venir que de l’extérieur. Et cette influence est détestée et dénoncée à longueur de temps et de pages. Oui, les enfants TJ sont certainement intelligents, et même parmi eux certains sont-ils brillants. Mais le Président de la MIVILUDES a raison, n’en déplaise au Béthel de Louviers, les membres de l’organisation jéhoviste n’ont pas développé l’esprit critique. Le plus fort est qu’ils ne le reconnaîtront même pas, le succès de la Watchtower est total. Pour l’instant. La science vue au travers du prisme jéhoviste Par Coc Les Témoins de Jéhovah forment un groupe religieux fondamentaliste. Ils rejettent la théorie de Via Veritas 280 l’Évolution, l’Homme et l’univers ayant été créés par Dieu et enseignent que le premier homme, Adam, vint à la vie pleinement formé, doté d’une constitution et d’une santé parfaites en 4026 avant notre ère, aux environs du 1er octobre120. Pour soutenir cette position absolument incompatible avec de très nombreuses découvertes scientifiques, la société Watchtower s’emploie à critiquer les méthodes de datation en affirmant qu’elles reposent sur la "spéculation et la supposition121" et entretient, dans ses publications, mépris et suspicion à l’égard du monde scientifique. Sa critique sévère de la Science s’articule autour de deux grands axes : le mythe de l’athéisme militant des scientifiques et celui de la fraude scientifique. Le mythe de l’athéisme militant des scientifiques Afin de soutenir le créationnisme et de décrédibiliser la science aux yeux des fidèles Témoins de Jéhovah, les publications jéhovistes décrivent la majorité des scientifiques comme des militants athées à l’orgueil démesuré, dont l’unique but est de prouver l’inexistence de Dieu et de mettre à mal la religion : « L’acceptation de la théorie de l’évolution par les scientifiques a été largement due à leur aversion pour l’autre solution : le théisme, la croyance en Dieu. Mais est-il scientifique d’accepter une théorie simplement parce que l’on n’aime pas la théorie contraire ? Ce qui peut contrarier profondément les hommes de science comme Medawar, c’est que reconnaître Dieu comme Créateur signifie le glorifier quand ils découvrent des faits merveilleux concernant sa création. Serait-ce trop pour leur orgueil ? » (Réveillez-vous ! 22/12/81 p. 19 ) La littérature jéhoviste s’appuie sur des déclarations de prestigieux scientifiques, sans donner toutefois de références exactes qui pourraient permettre d’en vérifier le contenu et le contexte, pour accréditer son point de vue : « Le prix Nobel Herbert Hauptman a déclaré dernièrement lors d’un colloque que la croyance au surnaturel, en particulier en Dieu, est incompatible avec la vraie science. “ Ce type de croyance, a-t-il ajouté, est nuisible au genre humain. ” » (Réveillez-vous ! 9/06 p. 3 ) Nul doute, à la lecture de ces quelques lignes, que les scientifiques sont les pires ennemis de Dieu. Ainsi, au fil des articles de la Société Watchtower, la science est érigée au rang de "religion" ou de "croyance philosophique" athée. Exit la rigueur de l’expérimentation, le scientifique devient un militant engagé, pour ne pas dire "enragé" : « Dans un autre article du New Scientist, Michael Shallis prend la défense de Fred Hoyle, un physicien critiqué pour certaines de ses vues. »[...] « Tout en soutenant que la science n’est pas habilitée à discuter de ‘questions métaphysiques’ telles que l’existence de Dieu ou la raison d’être de l’univers, M. Shallis remarque “que les scientifiques acceptent les propos philosophiques de leurs collègues à condition qu’ils nient l’existence d’une logique supérieure, mais pas dans le cas contraire. À croire (...) qu’en posant ce dogme métaphysique la science s’érige en religion, sans doute en religion athée (si tant est que cela existe)”. Refuser de croire en une puissance supérieure revient à adopter l’attitude que le psalmiste décrit en ces termes : “Le méchant, selon son air dédaigneux, ne cherche pas ; toutes ses idées sont : ‘Il n’y a pas de Dieu.’” (Psaumes 10:4 ; 19:1). Par ailleurs, les scientifiques qui prennent cette position en sont réduits à invoquer le hasard pour expliquer l’existence de l’univers. » (La Tour de Garde 15/10/84 p. 21) 120 La Tour de Garde 1/8/89 p. 10 121 Réveillez-vous ! 8 février 1990, pp. 9-11 Via Veritas 281 « En raison de leurs croyances philosophiques, de nombreux scientifiques nient la déclaration biblique selon laquelle Dieu a créé toutes choses. » (Réveillez-vous ! 9/06 p. 20) Une fois ce postulat établi, les Témoins de Jéhovah n’ont plus aucune difficulté à conclure que les scientifiques manquent d’objectivité et qu’ils témoignent de parti pris dans leurs recherches. En tout état de cause, la Société Watchtower, par l’intermédiaire de citations judicieusement choisies (après tout, la Science n’a pas que les Témoins de Jéhovah pour ennemis), franchit ce pas allègrement : « Alan Lightman a fait une observation dans le même esprit. Voici ses propos que rapporte la revue Science 83 : “L’histoire de la science est remplie de préjugés, d’acteurs qui jouent mal leur rôle et de thèmes philosophiques trompeurs. (...) Je soupçonne tous les scientifiques d’avoir parfois témoigné de parti pris dans leurs recherches.” » […] « À l’évidence, cela montre que malgré toute l’honorabilité et l’honnêteté qu’un scientifique ou qu’un autre homme peut manifester dans un certain domaine, il peut tout aussi bien devenir dogmatique, irrationnel et téméraire, et se servir d’expédients quand ses intérêts sont en jeu. » (Réveillez-vous ! 22/8/84 p. 5) Portrait de Byron Meadows, témoin de Jéhovah travaillant à la NASA : « Se pourrait-il que les évolutionnistes considèrent les faits en ayant présupposé des conclusions ? Ce n’est pas impossible chez les scientifiques. Mais une observation, aussi convaincante soit-elle, ne présuppose pas une conclusion. » […] « De même, ceux qui soutiennent que l’évolution est vraie ne fondent leurs conclusions que sur une partie des faits et laissent leurs présuppositions influencer leur analyse. » […] « Si le rôle de la science est d’admettre seulement ce qui peut être prouvé, testé et reproduit, alors la théorie voulant que toute vie provienne de l’évolution d’un ancêtre commun n’est pas un fait scientifique. » (Réveillez-vous ! 9/06 p. 22 ) Le mythe de la fraude scientifique Le décor est maintenant planté, il ne reste plus à la Watchtower qu’à mettre en scène le scientifique dans le rôle du fraudeur et du faussaire. Ce à quoi elle va s’employer avec zèle... Elle utilise pour cela des supercheries scientifiques largement médiatisées, pour induire le doute et le mépris dans l’esprit de ses adeptes. La plus connue des Témoins de Jéhovah est sans doute celle de l’homme de Piltdown , très largement reprise dans les publications jéhovistes. L’homme de Piltdown a été considéré au début du XXe siècle comme un fossile du Paléolithique inférieur, supposé avoir été le chaînon manquant entre le singe et l’homme en raison de caractères simien (mâchoire) et humain (calotte crânienne). Or, ce qui n’apparaît pas dans les publications jéhovistes, c’est que c’est d’abord une datation au fluor , en 1949, puis une datation au carbone 14, en 1959, qui démontrèrent définitivement que l’homme de Piltdown n’était qu’une supercherie : le crâne datait du Moyen Âge et la mâchoire avait à peine cinq cents ans122. La conclusion logique de cette histoire devrait donc être que, grâce aux avancées scientifiques et surtout à la performance des méthodes de datation, ce genre de supercherie sera de plus en plus rare et rapidement mise à jour. Mais nos bons amis jéhovistes en tirent une toute autre leçon, voyez plutôt : « Des millions d’évolutionnistes ont reconnu l’homme de Piltdown comme un fait prouvant l’évolution, depuis 1912 jusqu’au milieu des années 50, époque à laquelle la supercherie fut finalement dévoilée. Si les savants sont capables d’accepter avec crédulité de telles “preuves” pour soutenir les théories qu’ils affectionnent, devrions-nous accepter avec la même crédulité toutes les déclarations de la science qui contredisent la Bible ? » (La Tour de Garde 15/4/79 p. 27) 122 Voir L’homme de Piltdown sur le Journal du Net Via Veritas 282 Ah, mauvaise foi (si je puis me permettre le jeu de mot), quand tu nous tiens ! Bien sûr, la critique jéhoviste de la fraude scientifique ne s’arrête pas à cette unique affaire, ne sousestimons jamais la Société Watchtower. Ses publications vont se faire l’écho de tous les scandales scientifiques connus, de toutes les erreurs parfois aussitôt admises123 , transformant des faits plutôt exceptionnels au regard de la somme des travaux réalisés par la communauté scientifique, en un tableau accablant : • Réveillez-vous ! 22/8/84, p.5-7 "Fraudes dans le monde de la science : Un coup d’œil dans les coulisses..." : « À l’évidence, cela montre que malgré toute l’honorabilité et l’honnêteté qu’un scientifique ou qu’un autre homme peut manifester dans un certain domaine, il peut tout aussi bien devenir dogmatique, irrationnel et téméraire, et se servir d’expédients quand ses intérêts sont en jeu. » « Cependant, cela ne signifie pas que la science, en tant qu’institution, est en train d’échouer ou qu’elle ne produit rien de bon. » [...] « Les récents cas de fraude dans le domaine de la recherche ont seulement mis en évidence les limites de cet idéal et le refus de s’y soumettre que certains membres de la communauté scientifique ont manifesté. Les faits révèlent qu’à l’intérieur du mécanisme d'auto-contrôle de la science il existe suffisamment de moyens permettant à quelqu’un qui connaîtrait toutes les ficelles de prendre en défaut le système. » « Ce petit tour d’horizon dans l’univers de la recherche scientifique nous a donné un aperçu du travail des scientifiques. Nous avons noté qu’en dépit de leur formation les scientifiques sont sujets aux faiblesses humaines tout comme ils sont aussi pénétrés de qualités morales. Le fait qu’ils portent une blouse immaculée n’y change rien. En fait, la compétition et les pressions propres aux milieux scientifiques peuvent rendre tout à fait tentant le recours à des expédients d’un genre louche. La fraude scientifique est là pour nous rappeler que la science a elle aussi des secrets honteux. Bien qu’ils soient souvent cachés, ils existent bel et bien. Leur divulgation accidentelle devrait provoquer chez nous cette prise de conscience : bien que la science et les scientifiques occupent souvent un piédestal, il convient de reconsidérer avec prudence leur place véritable. » Bien évidemment, la Société Wathtower est beaucoup trop habile pour jeter le bébé avec l’eau du bain. Elle précise que ces affaires ne doivent pas rendre le Témoin de Jéhovah soupçonneux à l’égard du monde scientifique tout entier, ayant bien conscience que les progrès scientifiques les plus flagrants ne peuvent tout de même pas échapper complètement à ses fidèles . Par conséquent, elle s’appuie sur les cas de fraude pour délimiter la confiance que les Témoins de Jéhovah doivent accorder à la Science : dès lors qu’une découverte scientifique va à l’encontre de la "Vérité" jéhoviste, elle doit être immédiatement écartée. Voyez ce qu’en dit leur littérature : 123 Voir par exemple l’affaire de “homme d’Orce” dans le Réveillez-vous ! 8/1/94 p. 24 où la Watchtower titre "Des scientifiques qui mènent les gens en bateau", alors que ceux-ci reconnaissent : “Le professeur Jordi Agustí et moi avons eu beaucoup de mal à admettre que le fossile n’était pas celui d’un humanoïde. Mais la science a pour objet la découverte de la vérité, dût-elle nous déplaire.” Cet article a d’ailleurs fait réagir un lecteur dans la rubrique Nos lecteurs nous écrivent du Réveillez-vous ! 22/11/94 p. 30 : « Votre article “Des scientifiques qui mènent les gens en bateau” (8 janvier 1994) a retenu mon attention. Il apparaît que les scientifiques impliqués dans cette affaire ont commis une simple erreur, qu’ils ont corrigée par la suite. C’est ainsi qu’est censée fonctionner la science, mais le titre de votre article laisse entendre qu’il y a eu quelque tromperie. » Via Veritas 283 « L’étudiant s’apercevra aussi de certaines fraudes. » [...] « En conséquence, bien que nous ne devions pas minimiser l’apport énorme fait par la science à l’humanité, il faut nous souvenir que la science a ses limites. Cela est d’une importance non négligeable quand nous la comparons à l’autre source d’information vitale, la Bible. » (Réveillez-vous ! 8/2/83 p. 5-6 ) « Certes, cette nouvelle affaire de fraude scientifique ne nous rend pas soupçonneux à l’égard du monde scientifique tout entier. Cependant, elle apporte une fois de plus la preuve que les arguments de la paléontologie, lorsqu’ils s’opposent à l’exactitude infaillible du récit biblique, ne sont souvent rien de plus que des “arguments contradictoires de ce qui s’appelle ‘Science’, ‘Connaissance’, mais n’en mérite pas le nom”,[...] » (La Tour de Garde 15/2/90, p. 28) Et voilà le fidèle Témoin de Jéhovah bien conditionné pour opposer une résistance farouche à toute information scientifique ou historique contraire à l’enseignement de la secte. Inutile de préciser que les enfants baignant dans cet atmosphère de dénigrement permanent se montreront eux-aussi complètement hermétiques à tout enseignement reçu à l’école, allant à l’encontre de la "Vérité" jéhoviste . Ce point a d’ailleurs été soulevé par Nicolas Jacquette à l’occasion de son excellent témoignage devant commission d’enquête parlementaire relative à l’influence des mouvements sectaires sur les mineurs124 : « En entrant à l’école, l’enfant est déjà préparé à ce qui lui sera enseigné à l’aune de l’enseignement de la secte : ce qui correspond à ce qu’on lui a déjà enseigné est acceptable, ce qui ne correspond pas n’est qu’objet de mépris. On se considère très clairement comme supérieur au reste de l’humanité, parce que l’on connaît la vérité. Même l’enfant est certain d’être supérieur à ses petits camarades : il ne croit pas au Père Noël, il ne fête pas les anniversaires parce qu’il sait que c’est une fête païenne, il ne croit pas à la théorie de l’évolution enseignée à l’école car on lui a appris que dans l’histoire biblique l’homme n’a que six mille ans et que l’évolution n’est qu’une farce… Toutes ces pensées induites par la secte sont suffisamment étayées en interne – sans preuves concrètes, bien évidemment – pour que l’enfant soit lui aussi persuadé en arrivant à l’école qu’il va entendre des discours incompatibles avec ceux qu’on lui a enseignés, et qu’il doit s’en prévenir. Il est d’emblée averti qu’il entendra parler de philosophie, d’évolution, de raisonnements contraires à sa foi, qu’il devra faire très attention »[...] « De fait, ce mépris soigneusement cultivé à l’égard des historiens, des scientifiques, du milieu enseignant, du milieu médical, rend le Témoin de Jéhovah enfant totalement imperméable à tout ce qu’on peut lui apprendre dans le milieu scolaire : dès lors que cela ne correspond pas au credo de la secte, ce n’est pas acceptable, c’est faux. Il aura donc un réflexe d’autodéfense et bloquera sans même s’en douter son esprit à toute absorption. » Et vous, à la lecture des croustillantes citations de publications données ci-dessus, quelle est votre conviction ? Que l’enfant Témoin de Jéhovah est élevé avec un véritable esprit ouvert et un respect de la science et de l’enseignement prodigué en classe ou, bien au contraire, dans la prévention contre les idées contraires au fondamentalisme et une défiance entretenue contre toute remise en cause de ce qui est inculqué à longueur d’année et de semaines à tous les adeptes de la secte ? 124 Voir Nicolas Jacquette sur TJ-Encyclopédie Via Veritas 284 Sois belle et tais toi - la femme entre vase et potiche Par Lucretius Paul est d’une délicatesse extrême avec les femmes. Quelques versets suffisent à prouver l’estime profond que le grand homme leur portait. Paul – mosaïque Morceaux choisis : (1 Corinthiens 14:33-35 - TMN) Comme dans toutes les congrégations des saints, que les femmes se taisent dans les congrégations, car il ne leur est pas permis de parler ; mais qu’elles soient soumises, comme aussi la Loi le dit. Si donc elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles interrogent leurs propres maris à la maison, car il est honteux pour une femme de parler dans une congrégation. (1 Timothée 2:9-15 - TMN) De même, je veux que les femmes se parent dans une tenue bien arrangée, avec modestie et bon sens, non pas avec des façons de se tresser les cheveux, et de l’or ou des perles ou des vêtements coûteux, mais comme il convient à des femmes qui déclarent révérer Dieu, c’està-dire grâce à des œuvres bonnes. Que la femme apprenne en silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ou de dominer sur l’homme, mais qu’elle soit dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite. Et Adam n’a pas été trompé ; mais la femme, ayant été complètement trompée, est tombée dans la transgression. Cependant elle sera préservée grâce à la maternité, à condition qu’elles demeurent dans la foi et l’amour et la sanctification, avec du bon sens. Imaginez un peu le silence qui devait régner au temps de l’apôtre Paul dans les congrégations qu’il était sensé visiter. Aucune femme n’était autorisée à parler. Elle devait se tourner vers son mari pour recevoir la lumière divine. Il valait mieux pour elle que son mari ait bien compris l’enseignement dispensé. Vous êtes vous déjà demandé comment Paul aurait réagi s’il voyait les dispositions actuelles prises dans les congrégations des Témoins de Jéhovah. Les femmes ont, depuis une cinquantaine d’années (1959), la possibilité (ou plutôt le devoir) de préparer des exposés bibliques à présenter devant la congrégation. L’artifice invoqué pour ne pas donner l’impression d’enseigner l’auditoire de manière trop directe est de les placer dans le cadre d’un dialogue avec une interlocutrice. Mais l’enseignement est bien là, les idées présentées ne diffèrent que par la forme, pas par le fond. On est très loin de l’esprit de l’apôtre Paul. Certains s’en réjouiront, mais l’abandon de la directive apostolique est-elle anodine ? Car l’apôtre des nations a été très clair, et dans deux lettres différentes. L'interprétation ou l’édulcoration de la directive n’est pas possible, car l’apôtre donne un ordre strict et pas une simple suggestion. Son discours est misogyne et inacceptable ? Via Veritas 285 Tout à fait, mais le lecteur biblique, le disciple a-t-il vraiment le choix ? Heureusement pour les femmes l’apôtre Pierre est plus délicat. (1 Pierre 3:7 - TMN) Vous pareillement, les maris, continuez à demeurer avec elles selon la connaissance, leur assignant de l’honneur comme à un vase plus faible, le [vase] féminin, puisque vous êtes aussi héritiers avec elles de la faveur imméritée de la vie, afin que vos prières ne soient pas entravées. Le problème est que là où Pierre voit un vase, Paul voit une potiche125, pour ne pas dire une godiche126, voire une cruche127. Mais quitte à se référer à un texte scandaleux, autant le faire comme il le faut. Femmes, si vous vous rendez dans une église, ou dans une Salle du Royaume des Témoins de Jéhovah, portez bien haut la pensée paulinienne. Taisez-vous ! (Proverbes 17:28 - TMN) Même un sot, quand il garde le silence, passera pour sage ; quiconque ferme ses lèvres [passera] pour intelligent. Voyez, tout n’est pas perdu. L’espérance interdite Par Lucretius C’était écrit. Joseph Rutherford, chef tout-puissant des Témoins de Jéhovah, avait eu un éclair d’esprit saint concernant l’attente des serviteurs de Dieu. Certains, 144 000, iraient dans les cieux servir en qualité de rois et prêtres et la majorité des Témoins de Jéhovah auraient l’espérance de vivre éternellement sur la Terre. La compréhension brutale et lumineuse ne pouvait qu’avoir marqué une époque charnière. Livre La Révélation - Le grand dénouement est proche, chap. 20, p. 125 (publié par les Témoins de Jéhovah) : Durant les années 20 et au début des années 30, la classe de Jean avait mis l’accent sur l’espérance céleste, tant dans les publications que dans l’oeuvre de prédication. L’effectif des 144 000 n’était, semble-t-il, pas encore au complet. Toutefois, avec le temps, un nombre croissant de ceux qui acceptaient le message et participaient avec zèle à l’oeuvre de témoignage en sont venus à manifester un grand intérêt pour la vie éternelle dans le Paradis terrestre. Ils ne désiraient pas aller au ciel. Ce n’était pas là leur appel. Ils ne faisaient pas partie du petit troupeau, mais des autres brebis (Luc 12:32 ; Jean 10:16). Le fait qu’en 1935 on les a identifiés à la grande foule des autres brebis indiquait que le rassemblement des 144 000 était alors près de s’achever. 125 potiche n. f. 1. Grand vase de porcelaine de Chine ou du Japon. 2. Fig. Personne qui joue un rôle de pure représentation, qui ne dispose d’aucun pouvoir réel. 126godiche adj. et n. f. Fam. Empoté, maladroit. Avoir l’air godiche. Une grande godiche. 127 Humour chrétien. "Depuis quand les femmes ont elles une âme ?" Depuis les noces de Cana, lorsque Jésus a dit, "remplissez ces cruches...". C’est honteux. Via Veritas 286 Les rapports appuient-ils cette conclusion ? Oui. En 1938, 59 047 Témoins de Jéhovah participaient au ministère dans le monde entier. Sur ce nombre, 36 732 prenaient les emblèmes lors de la célébration annuelle du Mémorial, la commémoration de la mort de Jésus, indiquant ainsi qu’ils avaient une vocation céleste. Depuis, le nombre de ces participants n’a cessé de diminuer, principalement parce que des Témoins de Jéhovah fidèles ont achevé leur course terrestre dans la mort. En 1987, il n’y a eu que 8 808 participants aux emblèmes lors du Mémorial, soit 0,1 % seulement des 8 965 221 personnes qui ont assisté à cette célébration à travers le monde. En 1988, lorsque le livre a été écrit, les choses étaient très claires et inspirées : 1935 avait marqué la fin d’une époque et l’espérance céleste verrait diminuer inexorablement le nombre de postulants. Parmi les Témoins de Jéhovah, en 1987, on dénombrait 8 808 prétendants aux trônes. En 2006, vingt ans plus tard, ils sont encore 8 758. Les prétendants aux trônes sont immortels et ils ont même l’air de bien se porter. Problème. Car si l’espérance céleste a pris fin en 1935, tous les membres oints pour avoir été des membres baptisés à cette époque reculée devraient être des octogénaires voire plus. Et le nombre fatidique aurait dû décroitre inexorablement. Ce ne fut et ce n’est pas le cas en dépit des recadrages continuels pour les éventuels postulants à l’espérance céleste. La Tour de Garde, 1/6/1975, p. 332 : Comme le montre le livre La vie éternelle dans la liberté des fils de Dieu, pages 147 à 151, les faits indiquent que vers 1934 Dieu a tourné son attention vers le rassemblement de la "grande foule" de ceux qui survivront à la "grande tribulation" prochaine pour entrer dans le nouvel ordre de choses terrestre. À cette époque-là, le nombre total de ceux qui étaient appelés pour le Royaume céleste, c’est-à-dire 144 000, était atteint (Rév. 7:9-14 ; 14:1-3). Il fallait donc désormais s’attendre à ce que d’autres chrétiens ne reçoivent cet appel que dans le cas où certains des 144 000 se révéleraient infidèles (voir Révélation 3:11). Comme le montre La Tour de Garde du 15 février 1975, pages 120 à 122, en disant : "Il y a beaucoup d’invités, mais peu d’élus", Jésus ne laissait pas entendre que la majorité de ceux qui seraient oints se montreraient infidèles et devraient être remplacés. Par le mot "beaucoup", Jésus désignait les millions de membres de la nation juive. C’est à eux que l’"invitation" de Dieu fut adressée en premier lieu, mais relativement peu d’entre eux furent élus pour être cohéritiers de Christ. - Mat. 22:14. ou encore : La Tour de Garde, 15/6/1992, p. 21 : Vous savez probablement qu’après 1919 le reste oint s’est activé dans l’oeuvre de prédication en collaboration avec les anges, qui ont continué d’utiliser le filet à la traîne symbolique pour ramener des poissons sur la plage et séparer ceux qui étaient excellents et ceux qui n’étaient pas utilisables. Les statistiques pour cette période montrent que d’excellents poissons destinés à recevoir l’onction de l’esprit de Dieu ont continué à être pris, le filet symbolique rassemblant les derniers des 144 000 (Révélation 7:14). Mais, vers le milieu des années 30, le rassemblement des excellents poissons destinés à être oints de l’esprit saint était à peu près terminé. Candidat à l’espérance céleste, circulez, il n’y a rien à voir. La partie est déjà jouée. La porte de l’espérance céleste est fermée. Place à grande foule qui devrait être toute heureuse de sa place et de son sort. La Tour de Garde, 15/2/2003, p. 19-20 : Via Veritas 287 Particulièrement depuis 1935, on recherche les personnes qui deviendront des " autres brebis ", lesquelles ont foi dans la rançon, se vouent à Dieu et aident le " petit troupeau " oint à prêcher le Royaume (Luc 12:32). Ces " autres brebis " espèrent vivre éternellement sur la terre, mais sous tous les autres rapports elles ressemblent au reste des héritiers du Royaume. À l’image des résidents étrangers qui, dans l’Israël antique, adoraient Jéhovah et se soumettaient à la Loi, elles acceptent les responsabilités chrétiennes, notamment celle de prêcher la bonne nouvelle aux côtés des membres de l’Israël spirituel (Galates 6:16). Cependant, de même qu’un résident étranger ne pouvait devenir ni roi ni prêtre en Israël, de même aucune autre brebis ne peut, en tant que telle, régner dans le Royaume céleste ni exercer la fonction de prêtre. - Deutéronome 17:15. Il est ainsi apparu dans les années 30 que, dans leur ensemble, les éléments de la classe céleste avaient été choisis. Depuis des décennies à présent, ce sont les autres brebis, dont l’espérance est terrestre, que l’on recherche. Si un oint ne demeurait pas fidèle, c’est très probablement une ’ autre brebis ’ qui sert Dieu fidèlement depuis longtemps qui le remplacerait parmi les 144 000. Il faut croire que certains sont sourds. Ce sont les autres brebis qui ont l’espérance terrestre qu’on recherche. Arrêtez de vous présenter pour l’espérance céleste, les places sont prises, on vous dit ! C’était avant, avant la nouvelle lumière. Alors, postulants à l’espérance céleste, réjouissez-vous. L’espérance céleste est à nouveau offerte. Questions From Readers’ in the May 1st 2007 Watchtower - When does the calling of Christians to a heavenly hope cease : On the other hand, some Christians baptized after 1935 have had witness borne to them that they have the heavenly hope. (Romans 8 : 16,17) Thus it appears that we cannot set a specific date for when the calling of Christians to the heavenly hope ends. Traduction du passage de la Tour de Garde du 1/5/2007 - questions des lecteurs - Quand l’appel des Chrétiens pour une espérance céleste cessera-t-il ? : D’un autre côté quelques chrétiens baptisés après 1935 ont porté témoignage qu’ils avaient l’espérance céleste (Rom 8:16,17). De fait il apparaît que nous ne pouvons fixer de date précise à la fin de l’espérance céleste. Puisque le nombre de 144 000 membres oints engrangés depuis la pentecôte de l’an 33 jusqu’à nos jours est inconnu et puisque la date de fin est inconnu, vous êtes pleinement éligible à cette espérance si vous sentez qu’elle vous concerne. L’espérance céleste n’est plus interdite. Avec une telle concession et un tel revirement, on peut légitimement s’interroger sur l’évolution probable du nombre de postulants à l’espérance céleste. Ils étaient 8 758 en 2006, combien serontils en 2007 ou 2008 ? La Tour de Garde en question ne sera examinée par les congrégations que courant juin, soit après le Mémorial de la mort du Christ célébré en 2007. Cette déclaration ne va-telle pas doper le nombre des prétendants aux trônes ? L’avenir nous le dira. Et il est également possible que nous n’en sachions rien. Si vous voulez cacher que vous avez la fièvre, ne montrez pas votre thermomètre. Il est très possible que les chiffres des participants aux emblèmes, les postulants à l’espérance céleste, ne soient plus publiés. Cela éteindrait la controverse, du moins publiquement. Constatons que 1935 est une date qui disparait également du calendrier chronologique des Témoins de Jéhovah. Après la génération de 1914, c’est le dernier carré des membres oints de 1935 qui disparait à son tour. Via Veritas 288 Décidément Russell ou Rutherford ne reconnaitraient plus leurs marques. Le jéhovisme n’est plus ce qu’il était, ma bonne dame ! Traduttore traditore – Traducteur traitre Par Lucretius Depuis 1974 les Témoins de Jéhovah ont publié intégralement leur propre traduction de la Bible, la Traduction du Monde Nouveau. Que vaut cette traduction ? Il est difficile d’en juger d’après l’identité de ses rédacteurs puisque le Comité de Traduction a décidé de garder l’anonymat de ses membres. Livre Comment raisonner à partir des Écritures, p. 409 Traduction du monde nouveau : En renonçant à leurs droits d’auteurs, les membres du Comité de la Traduction du monde nouveau ont demandé à garder l’anonymat. La Société Watchtower a décidé de respecter leur volonté. Les traducteurs ne cherchaient pas à se faire connaître, mais à honorer Dieu, l’Auteur des Saintes Écritures. (...) Est-ce vraiment une œuvre d’érudition ? Les traducteurs ayant décidé de rester dans l’anonymat, on ne peut répondre à cette question sur la base de leur formation universitaire. Il faut donc juger leur traduction d’après ce qu’elle vaut. Alan Feuerbacher, ex-TJ et éminent contradicteur de la Watchtower, a fait le point des membres du Collège central de l’époque, les hommes de poids susceptibles d’avoir pu collaborer à l’ouvrage. Il ressort de son intéressant article en anglais Translators of the New World Translation que, de la poignée de dirigeants jéhovistes de l’époque, seul Frederick Franz, principal rédacteur et théoricien de l’équipe, avait pu réellement porter le projet. S’il connaissait le grec biblique jusqu’à pouvoir le lire dans le texte il était loin d’en être un spécialiste reconnu. Sa connaissance de l’hébreu et de l’araméen était en outre purement autodidacte. Cet examen d’autorité permet de mieux saisir la réelle motivation qui se cache derrière l’anonymat des rédacteurs : leur « formation universitaire » linguistique est quasi-inexistante et aurait pu facilement être remise en question par leurs opposants. La remarque est d’autant mieux fondée qu’à cette époque les rédacteurs des articles et publications ( Russell, Rutherford, Knorr) n’éprouvaient aucune gène à les signer et les revendiquer. Examinons les prétentions de la TMN et constatons. La Tour de Garde du 15 janvier 1999, p.29 : Des millions de lecteurs se sont livrés à cet examen pour constater que la Traduction du monde nouveau allie un style agréable à une scrupuleuse fidélité au texte. Ses traducteurs ont travaillé à partir de l’hébreu, de l’araméen et du grec en se référant aux meilleurs textes disponibles. Ils se sont tout particulièrement attachés à serrer le texte ancien au plus près, mais dans un style facile à comprendre. Un certain nombre de biblistes ont d’ailleurs salué la fidélité et l’exactitude de cette traduction. Via Veritas 289 La littéralité du texte est une force revendiquée par la traduction. Citons deux exemples qui montrent que trop de littéralité tue la fluidité de la lecture et n’apporte rien à la compréhension de l’idée. (Deutéronome 22:8 -TMN) Si tu bâtis une maison neuve, alors tu devras faire un parapet pour ton toit, afin de ne pas mettre de sang sur ta maison parce que quelqu’un qui tombe pourrait en tomber. La langue hébraïque est réputée pour marquer l’intensité par la répétition. Mais la traduction française, elle-même traduite de l’anglais, n’a pas tenu compte de l’usage du français qui déteste la répétition inutile. C’est même pour le bon lecteur une faute de style rédhibitoire. Le style est lourd, maladroit et n’éclaire nullement le texte. Comparez avec la Bible en Français Courant (BFC – 1982 – dont les 8 collaborateurs sont eux identifiés et nommés). Quand vous bâtirez une nouvelle maison, construisez un muret autour du toit en terrasse, afin de ne pas être responsable si quelqu’un se tue en tombant du toit. Laquelle des deux traductions a, selon vous, un « style facile à comprendre » ? Mais le lecteur pourra dire : l’hébreu c’est l’hébreu et rendre littéralement le texte ancien oblige à un style inesthétique. Qu’en est-il en grec ? (Hébreux 11:5 -TMN) Par la foi, Hénok a été transféré pour ne pas voir la mort, et on ne le trouvait nulle part, parce que Dieu l’avait transféré ; car, avant son transfert, il avait le témoignage qu’il avait plu à Dieu. Il est question de transfert au cas où vous ne l’auriez pas compris. Comment la BFC rend-t-elle le texte ? Par la foi, Hénok fut emmené auprès de Dieu sans avoir connu la mort ; personne ne put le retrouver, parce que Dieu l’avait enlevé auprès de lui. L'Écriture déclare qu’avant d’être enlevé Hénok avait plu à Dieu. Laquelle des deux traductions a, selon vous, un « style facile à comprendre » ? Oser écrire que la TMN est d’« un style agréable » est une injure à la belle littérature. Le lecteur pourra objecter que tout cela n’a guère d’importance, que ce n’est que considération de maniaque de la belle langue et que ce qui compte c’est de rester le plus près possible du texte originel, de, selon les termes mêmes du rédacteur anonyme de la Tour de Garde citée plus haut, « serrer le texte ancien au plus près ». Qu’en est-il de la manière « universitaire » de rendre le texte de Daniel 9:25, 26, texte éminemment prophétique s’il en est ? (Daniel 9:25 - TMN) Il faut que tu saches et que tu sois perspicace : depuis la sortie de [la] parole pour rétablir et pour rebâtir Jérusalem jusqu’à Messie [le] Guide, il y aura sept semaines, également soixante-deux semaines. Elle reviendra et sera bel et bien rebâtie, avec place publique et fossé, mais dans la détresse des temps. Or que dit précisément le texte original hébreu pour Messie le Guide ? Une recherche linguistique approfondie montre que les majuscules suggérées dans la TMN n’ont pas leur place, et aucune note en bas de page ne corrigera le sens volontairement donné (note de la TMN à cet endroit : Ou : “ Oint ”. Héb. : Mashiaḥ ; LXXBagster(gr.) : Khristou ; syr. : Mèshiha’, ̣ “ le Messie ” ; lat. : Christum). Ici pour les traducteurs de la TMN les mots mashiyach128 et nagiyd129 signifient nécessairement 128 Nombre de Strong : 4899. 129 Nombre de Strong : 5057. Via Veritas 290 Messie et Guide, sous-entendu le Jésus des évangiles. Or mashiyach signifie avant tout oint ou une personne consacrée au sens le plus large (un roi, un prêtre) et nagiyd signifie essentiellement un commandant civil, militaire ou religieux, un capitaine, un chef, un gouverneur, un prince. Or il est utile de constater que le mot mashiyach est traduit invariablement à 39 reprises par oint ou un oint dans le texte hébraïque. Ces "oints" peuvent être des prêtres (Lev 4:3,5,16 ;6:22), les rois Saül, David et autre descendants royaux (1Sa 2:10, 35 ; 12:3, 5 ; 16:6 ; 24:6 ,10 ; 26:9, 11, 16, 23 ; 2 Sa1:14, 21 ; 19:21 ; 22:51 ; 23:1 ; 1Ch16:22 ; 2Ch6:42 ; Ps2:2 ; 18:50 ; 20:6 ; 28:8 ; 84:9, 38, 51 ; 105:15 ; 132:10, 17 ; La 4:20) et même le roi Cyrus de Perse (Isa 45:1). La Septante grecque traduit toutes ces occurrences par le même mot "christos". N’est-il donc pas extraordinaire que dans ces deux seuls versets (Da 9:25 et 26) mashiyach devienne le Messie par le choix purement arbitraire et partial des traducteurs ? Peut-on raisonnablement parler de "scrupuleuse fidélité au texte" ? Qu’il nous soit permis de citer des traductions plus fidèles et moins dirigées (Da 9:25). La Bible en Français courant (BFC - 1982) : Voici ce que tu dois savoir et comprendre : depuis l’instant où a été prononcé le message concernant le retour d’exil et la reconstruction de Jérusalem, jusqu’à l’apparition du chef consacré , il y a sept période de sept ans. (...) La Bible du Semeur (Semeur - 1992) : Voici ce que tu dois savoir et comprendre : depuis le moment où le décret ordonnant de restaurer et de rebâtir Jérusalem a été promulgué jusqu’à l’avènement d’ un chef ayant reçu l’onction , il s’écoulera sept septaines et soixante-deux septaines. Les deux traductions sont fidèles au texte originel (nagiyd, mashiyach) en s’interdisant de forcer le sens de la traduction afin de satisfaire un objectif particulier. Toutes deux respectent en plus l’ordre d’apparition des termes dans le texte original : chef puis oint et non oint puis chef. Pour ce qui est de "serrer le texte ancien au plus près" pas de doute la TMN le serre bien et n’est pas prête de desserrer son étreinte. Elle a trop besoin des prétendues prophéties des soixante-dix semaines de Daniel et de sa projection messianique pour ne laisser ne serait-ce qu’entrevoir à ses lecteurs qu’une lecture différente, ancrée dans la période de rédaction du livre, pourrait être faite du texte. Et comment lire le verset 26 ? (Daniel 9:26- TMN) Et après les soixante-deux semaines, Messie sera retranché, avec rien pour lui-même. La traduction est volontairement dirigée et répond à des préjugés établis et nécessaires à la théologie jéhoviste : il s’agit de Jésus-Christ, par la force des choses et le choix du traducteur. Mais notez encore les deux traductions que nous avons mises en concurrence. (BFC) A la fin de ces soixante-deux périodes, un homme consacré sera tué sans que personne le défende. La BFC ne force nullement le sens et traduit fidèlement le mot mashiyach et, dans son renvoi en bas de page au verset 26, on peut lire ceci : un homme consacré : il pourrait s’agir du grand prêtre Onias III, assassiné en 171 av. J.C. Et la Bible du Semeur rend ainsi, avec conséquence, le verset : A la fin des soixante-deux septaines, un homme ayant reçu l’onction sera mis à mort, Via Veritas 291 bien qu’on ne puisse rien lui reprocher (variante en bas de page : bien qu’on ne puisse rien lui reprocher – traduction incertaine. Autre traduction : et il n’aura personne pour venir à son secours (11:45)). Croyez-vous que les Témoins de Jéhovah qui lisent Daniel selon la TMN aient seulement le soupçon qu’une lecture différente et moins partisane peut être faite des versets ? Seraient-ils aussi captifs de leur compréhension prophétique s’ils savaient vraiment cela ? Le texte originel n’a-t-il pas été trahi par les artisans de la TMN ? Ceux-là mêmes qui reprochent aux traducteurs des versions concurrentes leur manque de fidélité et de rigueur peuvent-ils se poser en donneurs de leçons ? Traduttore traditore – traducteur traître – le dicton italien est également écrit pour eux, force est de le constater. L’excommunion est une pratique païenne ! Awake 08/01/1947 Par Popper Êtes-vous aussi excommuniés ? Il y a cinquante ans, un article écrit par la Watchtower dénonçait l’attitude de la Watchtower adoptée depuis 1981. Rappelons à nos lecteurs, que l’excommunication actuellement pratiquée par les Témoins de Jéhovah ne connaissait pas cette forme avant 1981. Traduction Si vous êtes une des 138 000 000 de personnes au monde qui est née et élevée comme protestant, alors vous êtes déjà excommunié par la hiérarchie de l’Église catholique romaine. Cela signifie que vous êtes regardé avec le mépris le plus infâme par le Vatican, étant maudis et damné avec le Diable et ses anges. L’Encyclopédie Catholique dit ceci : Avec les exceptions précitées (les infidèles, païens, musulmans et les Juifs), tous ceux qui furent baptisés sont susceptibles d’être excommuniés, même ceux (les protestants) qui n’ont jamais appartenu à la vraie Église qui, depuis leur baptême sont ses sujets malgré leur rébellion. De plus, l’Église excommunie non seulement ceux qui Via Veritas 292 abandonnent la vraie foi pour embrasser le schisme ou l’hérésie mais aussi ceux qui naissent à l’intérieur de ces mouvements schismatiques et hérétiques. Tout ceux qui appartiennent à des loges tel les Franc-maçons, les Fenians (Irlande), les Chevaliers du Temple, Odd Fellow (œuvre caritative), les Fils de la Tempérance, les Chevaliers de Pythie sont aussi excommuniés. Cela est le "canon de la loi" que la hiérarchie Catholique Romaine tente de faire appliquer sous le prétexte que c’est la loi de Dieu. L’autorité de l’excommunication vient, affirment-ils, des enseignements du Christ et des apôtres que l’ont trouve dans les versets suivants : Matthieu 18 :1519 ; 1 Corinthiens 5 :3-5 ; 16 :22 ; Galates 1 : 8,9 ; 1 Timothée 1 :20 ; Tite 3 :10. Mais l’excommunication hiérarchique, comme punition et remède "médical", ne trouve aucun support dans ces versets. En fait, ceci est même étranger aux Écritures - Hébreux 10 :26-31 Quand, donc, cette pratique est-elle apparue ? L’Encyclopédie Britannique dit que l’excommunication papale n’est pas sans influence païenne, « et ses variations ne peuvent être adéquatement explicitées sans faire référence à des excommunications non-chrétiennes analogues ». Les Grecs superstitieux croyaient que lorsqu’un excommunié mourrait, le Diable entrait à l’intérieur de son corps. Par conséquent, « ils découpaient le cadavre et le faisait bouillir dans du vin ». Même les Druides avaient une méthode pour expulser ceux qui avaient perdu la foi dans leur religion superstitieuse. Ce fut donc après que le catholicisme adopta cette pratique païenne, en 325 de notre ère, que ces nouveaux chapitres religieux de l’excommunication furent écrits. Dès lors, quand les prétentions de la hiérarchie augmenta, l’arme de l’excommunication devint un instrument par lequel le clergé une combinaison de pouvoir ecclésiastique et de tyrannie profane qui ne trouva aucune comparaison historique. Les Princes et les potentats qui s’opposèrent au diktat du Vatican furent très rapidement empalés au nom de l’excommunication et subirent la torture du bûcher. Pas (page suivante manquante) Et dire qu’ils font tout un foin pour les anniversaires...Païens !!! Changement de personnalité ? Par Aevum Kaczan, Fantasio Depuis des lustres, le jéhovisme préconise le « changement de personnalité » pour être conforme au moule. Réveillez-vous, du 8 juillet 1991, p. 9-10 Comment changer ? Ceux qui souhaitent changer seront encouragés de savoir qu’ils peuvent être aidés. La Bible dit de "la personnalité nouvelle" qu’elle est "créée selon la volonté de Dieu dans une justice et une fidélité vraies". (Éphésiens 4:24.) Voilà qui garantit à ceux qui souhaitent en bénéficier un soutien suprahumain venant de Jéhovah Dieu lui-même. Via Veritas 293 Comment le recevoir ? (...) L’étude de la Bible nous donne, elle aussi, de la force : elle nous réconforte et nous permet chaque jour de nous concentrer de nouveau sur nos objectifs. La Bible renforce la détermination de celui qui s’efforce de modifier son comportement. De plus, elle fait naître un sentiment de révulsion à l’encontre de la conduite passée. Enfin, la connaissance biblique absorbée quotidiennement contribue à filtrer tout élément de désinformation propagé par les médias ou le système éducatif. Les réunions chrétiennes tenues dans les Salles du Royaume des Témoins de Jéhovah n’apportent pas seulement un enseignement des principes de la Bible, mais également un soutien collectif et un encouragement mutuel à s’améliorer. Beaucoup sont parvenus à changer grâce à ce soutien. Pourquoi ne pas en parler avec la personne qui vous a remis ce numéro de Réveillez-vous !? Changer, renouveler sa personnalité, selon la novlangue théocratique, lorsqu’un nouveau converti veut se mettre au sec sur son passé d’alcoolique ou qu’un consommateur patenté de produits illicites veut décrocher, cela ressemble à une bonne action bénévole ! Mais vu sous cet aspect simpliste antiaddiction, l’auto-suffisance théocratique sera-t-elle la panacée ? Autre exemple : il y a 2 décennies à peine, la dépression, le suicide qui en est la cause principale et les maladies mentales étaient passées sous silence, interdites chez Jéhovah ! La consultation d’un psy était fortement déconseillée, interdite ! Puisque l’on serine au malade que la Bible est le meilleur des psychotropes, pourquoi dévoiler au praticien la cause réelle de son mal-être en risquant de salir la réputation de la maison Jéhovah ? Néanmoins, la Watchtower a depuis été obligée de lever un coin du voile sur l’émergence de problèmes psychiques au sein des congrégations, mais avec suffisamment de doigté pour ne pas déstabiliser le processus idéologique ! Toutefois, aucun article ne se termine avec une franche incitation à consulter un praticien. Une savante dose de culpabilité est toujours mise en exergue et qui fait naître au malade une impalpable sensation que sa guérison est la conséquence de son manque de spiritualité. Une guérison qui ne prendra véritablement fin qu’après la venue du paradis promis au mépris de sa souffrance actuelle... Bon, si vos propos deviennent incohérents, vous pouvez consulter, mais prenez garde... ! Évidemment, tant pis pour ceux qui tombent en dépression pour avoir été expulsés manu militari de l’organisation ! Jéhovah-Dieu miséricordieux se lave les mains dans le sang des suppliciés... Très tôt, le nouvel adepte apprend à renier peu à peu son passé. L’ abrutissement par sa charge théocratique hebdomadaire ne lui permettra bientôt plus d’encombrer ses pensées à la moindre crise nostalgique qui sera très vite décriée par l’organisation. Ainsi, j’ai vu des couples brûler leurs photos de mariage parce qu’ils portaient un crucifix ! Revêtir « la nouvelle personnalité » comporte bien plus qu’ opérer des changements mineurs dans sa vie. Il faut faire table rase sur tout ce qui se rattache aux plaisir des yeux et des sens. Le Monde ne vaut rien, les amis et la famille qui ne partagent pas ces convictions nouvelles sont priés de se mettre à l’écart. Cependant, il ne sera pas possible de construire son avenir en fuyant son passé...Tôt ou tard il vous rattrapera ! Est-ce que l’ on a changé de caractère, renouvelé sa personnalité entre-temps ? Ce n’est qu’une fois sorti du coma social artificiellement entretenu par la théocratie que l’on se rend Via Veritas 294 compte de l’ampleur des dégâts. At the beginning Par ChercheTrouve Ce qui motive les recherches peut sembler assez confus dans notre optique. Est-ce que la simple curiosité est suffisante pour l’expliquer ? Nous serons tous d’accord pour dire que ce n’est qu’un aspect de la chose, vouloir savoir d’avantage que ce que la simple surface des choses offre, est assez naturel quand on a soi même été ’victime’ de la moquerie des autres pour s’être laissé bercé par les illusions générées par les simples apparences. L’aspect qui nous pousse à ne pas avoir envie de passer pour l’idiot du village, ou plus simplement pour un gros bêta, n’est donc pas à négliger dans cette motivation. Ce n’est pas non plus une simple question de passe-temps, mais cela touche à des choses qui sont en nous, qui ont été titillées si je puis dire, et qui nous ont procuré une certaine satisfaction. L’impression agréable d’avoir compris quelque chose de compliqué procure en effet une joie non négligeable pour l’esprit. Et puisque tout ce qui donne du plaisir est appelé à être redemandé, et bien on en redemande... Reste alors à faire la distinction entre deux choses importantes. • Croire détenir la bonne réponse. • Savoir que l’on détient la bonne réponse. Croire ou Savoir, ce n’est pas une question aussi anodine qu’il y parait, l’importance de la réponse est telle qu’elle touche forcément à tous les aspects de notre vie quotidienne. A tel point qu’on peut affirmer sans se tromper : • • • • Ceux qui croient ne savent pas. Ceux qui savent ne croient pas. Ceux qui croient savoir doivent en apporter la démonstration. Ceux qui savent qu’ils croient ont déjà trouvé le chemin de la sagesse. La connaissance est ainsi un domaine qui ne peut se satisfaire de croyances subjectives, elle a besoin de trouver sa légitimité dans la rigueur et dans l’expérience. Cela nous force aussi à faire la distinction entre l’hypothèse que l’on tire des expériences, et la théorie qui est le couronnement de la synthèse de ces expériences. Cela implique que la théorie ne saurait être le résultat de l’affirmation d’une seule personne, car quelque soit la rigueur dont elle pense faire preuve, c’est aussi une chose subjective qui doit passer par le feu de l’épreuve... Faire le choix de la source de nos connaissances n’est alors pas une question personnelle sans importance, le fait de croire avoir la bonne réponse étant susceptible d’entrainer des conséquences fâcheuses sinon désastreuses dans bien des domaines, tant sur les plans personnels que collectifs, les apparences étant souvent trompeuses, ces conséquences risquent fort d’être mal analysées et la responsabilité qu’entraine ce choix n’est donc pas à prendre à la légère. Évidemment, le simple bon sens nous permettra de savoir distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, on ne mettra pas non plus sur le même plan, la décision d’apprendre l'électronique et ses rudiments, avec celle de Via Veritas 295 fréquenter une confession religieuse. Pourtant, les critères qui conduisent à l’un devraient fonctionner pour ce qui concerne l’autre... pourquoi en serait-il autrement ? Le postulat est donc clair, ce qui mène au savoir doit être basé sur la même rigueur que ce qui mène à la croyance. Une mauvaise connaissance entrainera forcément une mauvaise croyance et inversement, car le cheminement aura été mal choisi. Postulat : Proposition qui servira de base au raisonnement et qu’on demande d’admettre sans démonstration. Ex : Le postulat d’Euclide. Le postulat de l’invariance de la vitesse de la lumière quel que soit le référentiel. Un postulat est donc une chose admise sans être démontrée. A l’inverse, ce n’est pas parce qu’une chose est indémontrable qu’on peut en faire un postulat. On exclut donc les hypothèses de la définition du postulat. Ce ne sont pas des postulats dans le sens ou leur domaine d’application n’est pas admis par l’expérience. Par exemple, je ne peux pas dire que l’existence de Dieu est un postulat. Je ne peux pas postuler que les mathématiques préexistaient à l’univers. Je ne peux pas postuler que les ovnis existent. Je ne peux pas postuler que le monde des idées est aussi réel que le monde physique. Etc.. Toutes ces choses ne sont que des hypothèses, et comme son nom l’indique, l’hypothèse a besoin d’être étayée pour être admise, ensuite vient la démonstration. Cela vous parait-il clair ? Oui ? Alors détrompez vous, même un postulat peut se révéler être faux. La théorie de la gravitation de Newton a été remplacée par celle d’Einstein, qui en a précisé les limites et en a donné une autre interprétation, plus en accord avec les constats des caractéristiques de notre univers. Newton postula que ce qui provoque l’attirance de deux corps massifs l’un vers l’autre était une force qui se propageait instantanément dans l’espace. Il a fallu plusieurs siècles, avec l’affinement des mesures et des instruments associés, pour se rendre compte de l’inexactitude de la théorie. La théorie de la relativité générale remplaça cette idée avec la même perversité que la théorie de Galilée renversa l’idée que le Soleil tournait autour de la Terre. Espace Cela démontre-t-il que l'accès à la connaissance sera toujours remis en question et qu’il existe une source de renseignements plus fiable et plus universelle ? Rien n’est moins sûr, l’univers dans lequel nous évoluons semble si complexe qu’avec le temps il faut inventer de nouvelles mathématiques pour mieux le cerner. Ceux qui prétendent que la connaissance est distribuée au fur et à mesure des besoins humains, par une prétendue source éternelle et immuable ne posent pas cela en postulat, mais bien en hypothèse qui mue au même rythme que les découvertes scientifiques. En clair, leur croyance s’adapte à la connaissance et recule à chaque nouvelle émergence scientifique, cela ressemble étrangement à ce conte que mon professeur nous faisait étudier quand j’usais mes fonds de culottes sur les bancs de l’école primaire, celui où un jeune apprenti magicien s’évertuait à Via Veritas 296 commander aux nuages d’aller dans le sens inverse de leur progression. Fatigué de constater qu’ils n'obéissaient pas, le jeune ambitieux trouva la parade : il leur commanda du bout de sa baguette, d’aller dans le sens du vent... s’enorgueillit de sa victoire et passa promptement à une distraction bien plus facile à maitriser. Au fait, pourquoi quatre évangiles ? Par Lucretius Nombreux sont les évangiles qui ont été composés. La Tradition n’en a retenu que quatre, les autres ont été qualifiés d’apocryphes ou cachés. Mais pourquoi précisément quatre ? Irénée, évêque de Lyon nous livre sa version circonstanciée. Irénée de Lyon (2ème siècle) Contre les Hérésies Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur LIVRE III L’Evangile tétramorphe Tels sont les commencements de l'Évangile : ils annoncent un seul Dieu, Créateur de cet univers, qui fut prêché par les prophètes et donna la Loi par l’entremise de Moïse ; ils proclament que ce Dieu est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et, en dehors de lui, ils ne connaissent point d’autre Dieu ni d’autre Père. Si grande est l’autorité qui s’attache à ces Évangiles, que les hérétiques eux-mêmes leur rendent témoignage et que chacun d’eux leur arrache quelque lambeau pour tenter d’appuyer son enseignement. Ainsi les Ebionites se servent du seul Évangile selon Matthieu ; mais ils sont convaincus par cet Évangile même de ne pas penser correctement au sujet du Seigneur. Marcion ampute l'Évangile selon Luc ; mais les fragments qu’il en conserve encore prouvent qu’il est un blasphémateur à l’égard du seul vrai Dieu. Ceux qui séparent Jésus du Christ et veulent que ce Christ soit demeuré impassible, tandis que Jésus seul aurait souffert, vantent l’Évangile selon Marc ; mais, s’ils le lisent avec l’amour de la vérité, ils ont la possibilité de revenir à des idées saines. Quant aux disciples de Valentin, ils utilisent abondamment l'Évangile selon Jean pour accréditer leurs syzygies130; mais ils sont convaincus par cet Évangile même de ne rien dire de correct, ainsi que nous l’avons montré dans le premier livre. Ainsi donc, puisque nos contradicteurs rendent témoignage aux Évangiles et les utilisent, solide et vraie est la preuve que nous élaborons à partir d’eux. Par ailleurs, il ne peut y avoir ni un plus grand ni un plus petit nombre d’Evangiles. En effet, puisqu’il existe quatre régions du monde dans lequel nous sommes et quatre vents principaux, et puisque, d’autre part, l’Eglise est répandue sur toute la terre et qu’elle a pour colonne et pour soutien l'Évangile et l’Esprit de vie, il est naturel qu’elle ait quatre colonnes qui soufflent de 130 syzygie [sizii] n. f. ASTRO Conjonction ou opposition d’une planète, ou de la Lune, avec le Soleil. Les marées de vives eaux ont lieu quand le Soleil et la Lune sont en syzygie. Via Veritas 297 toutes parts l’incorruptibilité et rendent la vie aux hommes. D’où il appert que le Verbe, Artisan de l’univers, qui siège sur les Chérubins et maintient toutes choses, lorsqu’il s’est manifesté aux hommes, nous a donné un Evangile à quadruple forme, encore que maintenu par un unique Esprit. C’est ainsi que David, implorant sa venue, disait : « Toi qui sièges sur les Chérubins, montre-toi. » Car les Chérubins ont une quadruple figure, et leurs figures sont les images de l’activité du Fils de Dieu. « Le premier de ces vivants, est-il dit, est semblable à un lion », ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; « le second est semblable à un jeune taureau », ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; « le troisième a un visage pareil à celui d’un homme », ce qui évoque clairement sa venue humaine ; « le quatrième est semblable à un aigle qui vole », ce qui indique le don de l’Esprit volant sur l’Eglise. Les Evangiles seront donc eux aussi en accord avec ces vivants sur lesquels siège le Christ Jésus. Ainsi l’Évangile selon Jean raconte sa génération prééminente, puissante et glorieuse, qu’il tient du Père, en disant : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu », et : « Toutes choses ont été faites par son entremise et sans lui rien n’a été fait. » C’est pourquoi aussi cet Evangile est rempli de toute espèce de hardiesse : tel est en effet son aspect. L’Evangile selon Luc, étant de caractère sacerdotal, commence par le prêtre Zacharie offrant à Dieu le sacrifice de l’encens, car déjà était préparé le Veau gras qui serait immolé pour le recouvrement du fils cadet. Quant à Matthieu, il raconte sa génération humaine, en disant : « Livre de la génération de JésusChrist, fils de David, fils d’Abraham », et encore : « La génération du Christ arriva ainsi . » Cet Evangile est donc bien à forme humaine, et c’est pourquoi, tout au long de celui-ci, le Seigneur demeure un homme d’humilité et de douceur. Marc enfin commence par l’Esprit prophétique survenant d’en haut sur les hommes, en disant : « Commencement de l’Evangile, selon qu’il est écrit dans le prophète Isaïe. » Il montre ainsi une image ailée de l’Evangile, et c’est pourquoi il annonce son message en raccourci et par touches rapides, car tel est le caractère prophétique. Les mêmes traits se retrouvent aussi dans le Verbe de Dieu lui-même : aux patriarches qui existèrent avant Moïse il parlait selon sa divinité et sa gloire ; aux hommes qui vécurent sous la Loi il assignait une fonction sacerdotale et ministérielle ; ensuite, pour nous, il se fit homme ; enfin, il envoya le don de l’Esprit céleste sur toute la terre, nous abritant ainsi sous ses propres ailes. En somme, telle se présente l’activité du Fils de Dieu, telle aussi la forme des vivants, et telle la forme de ces vivants, tel aussi le caractère de l’Evangile : quadruple forme des vivants, quadruple forme de l’Évangile, quadruple forme de l’activité du Seigneur. Et c’est pourquoi quatre alliances furent données à l’humanité : la première fut octroyée à Noé après le déluge ; la seconde le fut à Abraham sous le signe de la circoncision ; la troisième fut le don de la Loi au temps de Moïse ; la quatrième enfin, qui renouvelle l’homme et récapitule tout en elle, est celle qui, par l’Évangile, élève les hommes et leur fait prendre leur envol vers le royaume céleste. S’il en est ainsi, ils sont vains, ignorants, et audacieux de surcroît, ceux qui rejettent la forme sous laquelle se présente l’Evangile et qui introduisent à l’encontre soit un plus grand, soit un plus petit nombre de figures d’Evangile que celles que nous avons dites, les uns pour paraître avoir trouvé plus que la vérité, les autres pour rejeter les « économies » de Dieu. Ça c’est du raisonnement et de la logique ! Heureusement que Irénée n’a pas pensé à ses doigts de pied sinon il y aurait eu dix évangiles. Via Veritas 298 Discours historique sur l’Apocalypse - Firmin Abauzit Par Lucretius Comme quoi la lecture éclairée de la Bible n’est pas un exercice salutaire qui date d’hier. Curieuses sont parfois les découvertes que nous faisons aux détours d’une lecture souvent anodine. Firmin Abauzit fait partie de cette sorte de découvertes. Cet érudit, Français de naissance mais Suisse de nationalité, ne nous est pas connu ou très peu, le fanatisme religieux étant cause de la perte de pratiquement tous ses écrits. Effectivement, vous le lirez plus loin, ses héritiers légitimes, au nom de la sacro-sainte église catholique, en un autodafé exécuté à Uzès (Gard), détruisirent tous ses écrits quelques temps après sa mort. S’il n’eut comme correspondant des personnages comme Isaac Newton, Jean-Jacques Rousseau, il est certain que nous ne saurions rien de lui ou si peu, une rue à Genève. (...) Abauzit s’était fait une grande réputation ; on n’a pourtant de lui que quelques fragments, qui ont, pour la plupart, été publiés à son insu. Tous ceux qui le connaissaient, admiraient son jugement et sa vaste érudition. Les plus grands hommes recherchaient sa correspondance et le consultaient sur les questions les plus difficiles. Newton, en lui envoyant son « Commercium epistolicum », lui écrivit : « Vous êtes bien digne de décider entre Leibnitz et moi. » — Sur le site de l’Association Provençale d’Astronomie. Et pour en juger pleinement voici son fameux : Discours historique sur l’Apocalypse Il ne faut pas s’imaginer que le Canon de l’Écriture, tel que nous l’avons aujourd’hui, se soit formé tout d’un coup dès les temps des apôtres. Les Évangiles furent, sans doute, les premiers livres qui vinrent à la connaissance des chrétiens. Ensuite parurent les Épîtres, les unes plus tôt, les autres plus tard. Les Églises particulières à qui elle avaient été écrites, se les communiquaient les unes aux autres ; les Romains aux Corinthiens, les Corinthiens aux Romains ; et ainsi de chaque Épître, à mesure que le commerce s’étendait entre les chrétiens. On ne voit paraître ni Conciles, ni Pape, ni autorité souveraine qui ait fixé le Canon des Écritures. C’a été l’ouvrage du temps : aujourd’hui on ajoutait un livre, puis un autre ; et cela se faisait, dit M. Basnage131, par quelques particuliers qui trouvant un Écrit utile à la piété, le produisaient à leur Église ; et même, ajoute-t-il, ils se donnaient là-dessus une si grande liberté, qu’ils comptaient entre les livres Canoniques des écrits manifestement supposés.. Les Églises se partageaient en opinions différentes comme les particuliers. Les unes rejetaient un livre pendant que les autres le recevaient. On contestait, on examinait, avant que d’admettre. La seconde lettre de S. Pierre n’était pas d’abord dans le canon. Plusieurs personnes, dit Eusèbe132 , la jugèrent utile, et l’on commença de la lire avec soin. Il assure la même133 chose des lettres de S. Jacques et de S. Jude. Un très petit nombre d’anciens en avait parlé comme de deux écrits divins ; quelques Églises se déterminèrent à les lire ; le doute dura longtemps, et enfin il fut aboli. Saint Jérôme134 dit aussi de la lettre de S. Jacques qu’elle avait 131 132 133 134 Hist. de l’Église. Livre VIII. Chap. 5. Hist. Eccles. Liv. III. Chap. 3. Liv. II. Chap. 24. De Vit. ill. Chap. 2. Via Veritas 299 acquis son autorité peu à peu par la suite des temps. L’Épître aux Hébreux, la deuxième et la troisième de S. Jean ne sont devenues catholiques que par la même voie. C’est ainsi que le canon de l’Écriture se perfectionnait insensiblement, et cela paraîtra dans un plus grand jour, par l’histoire que nous allons faire de l’Apocalypse et des contradictions qu’elle a souffertes pendant l’espace de plusieurs siècles. De tous les auteurs qui sont venus immédiatement après les Apôtres, il ne nous est resté que la Première Épître de S. Clément de Rome, avec un fragment de la seconde Épître attribuée à S. Barnabé, et qui est d’un écrivain fort ancien : le livre d’Hermas [le Pasteur], les sept lettres qui portent le nom d’Ignace, avec celle de Polycarpe. Dans tous ces écrits on ne voit aucune trace de l’Apocalypse. Il est vrai qu’on ne peut rien conclure de leur silence contre ce livre en particulier, puisqu’ils ne parlent pas non plus des quatre Évangélistes, ni de la plupart des livres du Nouveau Testament. Le faux Prochore qui se dit disciple des Apôtres, en faisait bien davantage : et voici ce qu’il raconte dans la vie de S. Jean135. Cet Apôtre [ayant] apprit aux chrétiens d’Éphèse qu’il avait eu une révélation de Jésus Christ, ils le prièrent de la mettre par écrit. L’Apôtre dicta son Évangile à Prochore, au milieu des éclairs, des tonnerres et des tremblements de terre. Ensuite il écrivit l’Apocalypse de sa propre main, comme s’il en eût fait plus de cas que de son Évangile. Mais le prétendu Prochore qui se met ici parmi les Auteurs était du nombre de ces honnêtes chrétiens qui se jouaient de la crédulité du public, et qui se parant d’un grand zèle pour la religion, ne cachaient pas même leur jeu sous le masque d’une probité païenne. Son livre eût plein de fables et d’absurdités : les termes d’hypostase, de consubstantiel et autres, marquent assez le temps où il a été fabriqué. Après la mort des Apôtres136 parut Cérinthe, homme fort entêté du règne temporel de mille ans ; c’était une opinion qui venait originairement des Juifs et qu’il répandait parmi les chrétiens. Il s’appuyait sur l’Apocalypse qu’il soutenait être une production de S. Jean. Mais quelque raison qu’il eût de parler ainsi, plusieurs orthodoxes ne laissèrent pas de le soupçonner d’en être luimême le père, parce qu’il leur semblait que cet ouvrage favorisait le règne de mille ans comme nous le verrons dans la suite. Cependant, d’autres hérétiques, Cerdon et Marcion, au rapport de Tertullien137, et même les Alogiens, selon S. Épiphane, s’élevèrent contre l’Apocalypse qu’ils voulaient ôter à S. Jean, parce que, disaient-ils entre autres raisons, du temps de cet Apôtre, il n’y avait point encore d’Église chrétienne à Thyatire, ce que S. Épiphane ne craint point de leur accorder, et il suppose que lorsque S. Jean écrit à l’Église de Thyatire, il en parle, non comme si elle existait alors, mais par un esprit de prophétie. Voilà donc au sujet de l’Apocalypse hérétiques contre hérétiques, pendant que les orthodoxes se tenaient encore à l’écart, du moins ignore-t-on parfaitement de quelle manière ils envisageaient cette dispute. Justin Martyr, qui écrivait vers l’an 170 de Jésus Christ, est le premier de nos docteurs qui ait fait mention de l’Apocalypse, et ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’il l’attribue à l’Apôtre S. Jean. Dans son Dialogue avec Tryphon, ce Juif lui demande s’il ne croit pas que Jérusalem doive être rétablie un jour ? Justin répond que pour lui il le croit ainsi, avec tous les chrétiens qui pensent juste. Et là-dessus il dit : il y a eu parmi nous un certain personnage nommé Jean, l’un des Douze Apôtres de Jésus Christ. Il a prédit dans son Apocalypse que les fidèles passeront mille ans dans Jérusalem. C’est la seule fois que Justin cite l’Apocalypse dans ses ouvrages ; et il l’a cité pour prouver le règne de mille ans. Il ne paraît point par les termes de ce docteur qu’elle fût alors reçue de toutes les Églises. Il semble ne proposer ici que son avis particulier, ou tout au plus l’avis de ces chrétiens qui pensaient juste, 135 Chap. XLV, XLVI. 136 Eusèbe, Hist. Liv. III. Chap. 28. Liv. VII. Chap. 25. 137 Tertul. contra Marc. Lib. IV ; Epiphan. hœres. Via Veritas 300 c’est-à-dire, qui croyaient le règne de mille ans. Mais on ne saurait douter qu’il ne citât de son chef un faux Évangile, lorsqu’il dit dans ce même dialogue avec Tryphon, que Jésus Christ descendant dans le jourdain le feu s’y alluma ; et qu’on entendit cette voix du ciel : tu es mon fils. Je t’ai aujourd’hui engendré. Il assure que les Apôtres ont écrit ces choses, qui ne se trouvaient pourtant que dans l’Évangile des Ebionites138. Ce n’est pas qu’il ne se donnât de la peine pour s’informer de la vérité des faits. Il avait beaucoup voyagé, non pas en homme du commun, mais comme un antiquaire curieux. Nous lui devons le trépied de la vieille Sybille de Cumes, les trois grandes et belles cuves où elle se lavait, le sépulcre où reposaient ses reliques, les livres où elle parlait de Jésus Christ nouveaux sujets de raillerie pour les païens qui traitaient les chrétiens de Sybillites ; mais à qui Justin ne laisse pas de faire cette grave exhortation : O Grecs, croyez à l’ancienne et vénérable Sybille dont les livres courent le monde, et qui a été inspirée d’une manière toute particulière et extraordinaire par le Dieu toutpuissant139. Il s’était assuré par lui-même de l’histoire des soixante-dix interprètes, et de leur divine version faite au temps du roi Hérode ; des soixante-dix cellules où ils avaient travaillé chacun à part, et de leur merveilleuse conformité jusqu’au moindre terme ; toutes circonstances que S. Jérôme traite de fables, mais sur lesquelles notre docteur insiste en faveur de la religion : Ne vous imaginez pas, ô Grecs ! que ce que nous disons soit une histoire faite à plaisir ; nous avons vu nous-mêmes dans le Phare d’Alexandrie, les vestiges de ces petites maisons140. Et n’était-ce pas là une preuve que les soixante-dix qu’on y avait enfermés étaient véritablement inspirés ? La statue dressée par les Romains à Simon le Magicien avec l’inscription141 qui le met au rang des Dieux, quoiqu’au jugement de nos antiquaires qui l’ont vue, Justin ait mal lu Simon, au lieu de Semo Sancus, Dieu des Sabins ; c’est encore le fruit de ses recherches dignes d’un philosophe tel que lui. Et ce n’est là qu’un échantillon de ce qu’il aurait fait s’il les eût tournées du côté de l’Apocalypse. Irénée142 qui vient après, la cite souvent sous le nom de Jean disciple du Seigneur. Il était d’un autre caractère que Justin, et la force du témoignage dépend fort de la qualité du témoin. Justin se portait sur les lieux, il voulait voir les choses par lui-même quoiqu’il eût la vue assez mauvaise : Irénée au contraire ne voyait que par les yeux d’autrui, il ne donnait guère pour garant que la tradition, ou le témoignage d’un certain vieillard qu’on ne connait point, et à qui le grand âge avait sans doute affaibli la mémoire ; autrement il n’aurait pas dit entre autres fables que Jésus Christ était mort à l’âge de 50 ans, afin de passer par tous les âges et de les sanctifier. Quoiqu’il en soit Irénée n’a pas manqué de faire valoir l’Apocalypse sur la fin de son cinquième livre où il s’efforce d’établir le règne de mille ans. Et dans ce même endroit il se fonde aussi sur la prophétie de Baruch, comme sur un livre de l’Écriture sainte. Cette approbation qu’il donne à l’Apocalypse serait sans doute d’un plus grand poids s’il n’accordait pas la même autorité à des livres apocryphes. L’Écriture a prononcé, dit-il, Scriptura pronunciavit, etc143. Et puis il se trouve que cette écriture par excellence n’est qu’un passage d’Hermas, livre cité comme Canonique par les anciens, et même du premier coup d’œil, assez semblable à l’Apocalypse, si ce n’est que l’un commence par la morale et finit par les visions, au lieu que l’autre commence par les visions et finit par la morale. D’ailleurs on ne voit point dans Irénée que l’Apocalypse fût reçue de tous les chrétiens de son temps : ce ne sont que de simples allégations de passages, sans nous dire d’où il savait qu’elle eût été composée par S. Jean, ni même ce qu’en pensait son vieillard qu’il fait venir souvent et pour des choses moins importantes. Mais on jugera de ce qu’il a été capable de faire là-dessus par la manière dont il s’y est pris pour s’assurer de la vérité des quatre Évangiles. Vous croiriez qu’il a parcouru les Églises, consulté les archives, vérifié les originaux. La discussion eût été trop longue ; 138 139 140 141 142 143 Epiphan. hœres 30. Admonitio ad Græcos. Justin, ibid. Justin, Apol. 2da. Liv. IV. Chap. 37. Et alibi. Ireneus. Lib. IV. Cap. 3. Via Veritas 301 voici ce qu’il appelle par modestie une démonstration, car elle en renferme plusieurs144. Il y a quatre parties du monde et quatre vents cardinaux : il y a donc quatre Évangiles dans l’Église, comme quatre colonnes qui la soutiennent, et quatre souffles de vie qui la rendent immortelle. Les quatre animaux d’Ézéchiel marquent les quatre états du fils de Dieu. Le lion c’est la dignité Royale ; le veau son sacerdoce ; l’animal au visage d’homme la nature humaine ; et l’aigle son esprit qui descendit sur son Église. A ces quatre animaux répondent quatre Évangiles sur lesquels le Seigneur est comme assis. Jean qui enseigne son origine céleste, c’est le lion. Évangile plein de confiance. Luc, qui commence par la sacrification de Zacharie, c’est le veau. Matthieu qui décrit la généalogie de Jésus Christ selon la chair, voilà l’animal qui ressemble à l’homme. Marc qui commence par l’Esprit prophétique venant d’en haut, c’est-à-dire par un passage du prophète Ésaïe, voilà l’aigle : et c’est l’Évangile le plus court de tous, parce que la brièveté est le caractère de la prophétie. Autre preuve des quatre Évangiles : il y a eu quatre alliance, la première sous Adam, la deuxième sous Noé, la troisième sous Moïse, la quatrième sous Jésus Christ d’où S. Irénée conclut selon les règles de la logique que ceux là sont vains, ignorants, téméraires qui reçoivent plus ou moins que quatre Évangiles. Cependant les Modernes estiment beaucoup le témoignage de ce Père. Il avait vu, disent-ils, Papias et Polycarpe disciples de S. Jean, et par leur canal la vérité pouvait aisément couler jusqu’à lui. Mais il y a plus de chemin qu’on ne pense avant que de faire passer l’Apocalypse dans les mains d’Irénée. Papias était mort avant Polycarpe ; et Irénée parle du dernier, comme d’une personne fort ancienne, qu’à peine il avait pu voir dans sa jeunesse. Aussi n’allègue-t-il jamais leur conversation, mais seulement leurs écrits, et dans ces écrits il n’était point fait mention de l’Apocalypse. En second lieu, Polycarpe145 souffrit le martyre l’an 167 de Jésus Christ. Donnez-lui alors 86 ans, ce qui est déjà un trop grand âge, puisqu’en 158, il avait fait un voyage à Rome, d’où il était ensuite retourné en Asie, il n’aurait été qu’un enfant au temps de S. Jean, quand même on supposerait pour certain ce qu’on nous raconte de l’extrême vieillesse de cet Apôtre. Ainsi, ni lui, ni Papias, n’ont presque rien pu savoir de S. Jean que par la tradition des personnes plus âgées qu’eux. Mais sans entrer dans tout ce calcul, écoutons Papias lui-même qui était un peu plus vieux que Polycarpe : Quand je rencontrais quelque disciple des anciens, je m’informais avec soin de leurs discours : je lui demandais ce qu’avait dit André, Pierre, Philippe, Thomas, Jacques, Jean, Matthieu ou quelques autres disciples de Jésus Christ, car je trouvais la lecture des livres moins utile que ces instructions de vive voix146. Papias nous montre la source où il puisait, il ne dit pas qu’il eût conversé avec S. Jean : assurément il s’en serait fait honneur pour donner plus de crédit à ses recueils ; il dit seulement qu’il interrogeait ceux qui avaient vu S. Jean ou quelque autre Apôtre. Il se qualifiait lui-même disciple de Jean surnommé le Prêtre qu’il ne faut pas confondre avec l’Évangéliste, et à qui quelques anciens ont attribué l’Apocalypse. Ces réflexions ne sont pas de moi mais d’Eusèbe qui avait lu les écrits de Papias : et ce n’est pas faire tort à S. Jean que de lui ôter un élève que cet historien traite de petit génie, d’homme crédule, qui se livrait à toutes sortes de récits, et qui faisait dire aux Apôtres ce qu’ils n’avaient jamais pensé. Avant Irénée j’aurais dû nommer Méliton, parmi les œuvres duquel il y avait un traité intitulé du Diatribe de l’Apocalypse, à ce que dit Eusèbe147 : comme l’ouvrage s’est perdu, on n’en sait pas davantage, ni s’il y était parlé de l’Apocalypse en bien ou en mal. Elle a été en effet attaquée dans des livres faits exprès par des anciens que cite Denys d’Alexandrie sans les nommer. Peut-être que Méliton était de ce nombre, peut-être aussi n’en était-il pas. 144 145 146 147 Lib. III. Cap. 2. Euseb. in chron. Apud Euseb. Lib III. Cap. 39. Lib. IV. Hist. Cap. 26. Via Veritas 302 Il n’en est pas de même d’Apollonius et de Théophile d’Antioche. Eusèbe148 nous apprend que le premier s’était servi de l’Apocalypse dans son traité contre les Montanistes. Et parmi les œuvres du second il y a, dit le même Eusèbe149, un livre contre l’hérésie d’Hermogène où il emploie des preuves tirées de la révélation de Jean. Si ces livres n’étaient pas perdus, on y verrait de quelle manière ils citaient l’Apocalypse contre leurs adversaires ; et s’ils l’attribuaient à S. Jean l’Évangéliste : les premiers Pères, dit M. Simon150, suivent quelquefois la méthode des Rhéteurs qui emploient souvent des raisons purement apparentes, et des actes douteux sur lesquels il ne faut pas toujours se régler. C’est de quoi les loue Saint Jérôme bien loin de leur en faire un crime151. La dispute, dit-il, n’a point de loi. Il faut proposer à son adversaire tantôt ceci tantôt cela, et argumenter comme on peut : dire une chose et faire le contraire : faire semblant d’offrir du pain, et cependant tenir une pierre. Il avoue que c’était sa méthode aussi bien que celle des Anciens. Voyez leur manière de disputer, ajoute-t-il, quels tours de souplesse ne font-ils point pour rompre les trames du Démon ? Ils ont dit, non ce qu’ils pensaient, mais ce que la nécessité leur faisait dire. De là sont venues ces fréquentes distinctions entre parler selon la vérité et parler par économie. De là tant de citations de pièces apocryphes et autres petites supercheries qu’on nomme aujourd’hui pieuses par un reste d’honnêteté. Et pour revenir à Théophile, comment aurait-il fait difficulté d’alléguer à des hérétiques l’Apocalypse ? lui qui cite152 contre les païens les vers de la Sybille comme de véritables prophéties où les actions des Empereurs sont rapportées hsitoriquement, où il est parlé en termes clairs du Christ, de l’Antéchrist, du nom de Jésus qui fait 888, du nombre de Rome, savoir 948, de la seconde ruine de Jérusalem, de la destruction de Rome, de la résurrection, du règne de mille ans, du feu de l’Enfer, et autres productions de l’Apocalypse. Il est vrai que Théophile et les autres Pères ont fait valoir ces armes avec un air de confiance qui semble plutôt répondre de leur bonne foi que de leur jugement. Justin lui-même s’y était laissé surprendre lorsqu’elles sortaient tout récemment de la forge de l’imposteur qui les avait fabriquées, et qui selon toutes les apparences était quelque chrétien Montaniste. S. Clément d’Alexandrie153 qui termine le second siècle rend aussi témoignage à l’Apocalypse. Pour montrer que le chrétien ne doit pas reluire d’or ni de parure bigarrée, il allègue cette vision où l’on donna des robes blanches aux martyrs. Il ne dit nulle part que le livre soit de l’apôtre S. Jean, mais en récompense il nous apprend154 qu’il y avait une Apocalypse de S. Pierre. L’Écriture nous enseigne, c’est Clément qui parle, que les enfants exposés sont sous la tutelle d’un ange gardien ; ils vivront, dit-elle, jusqu’à cent ans. Et S. Pierre dans son Apocalypse dit, il sortit de ces enfants un éclair qui frappa les yeux des femmes. Cette Apocalypse de S. Pierre, qu’au rapport de Sozomène on lisait dans les Églises de la Palestine, était si fort estimée de Clément, que non seulement il lui donna place parmi les Prophéties choisies, il l’expliquait encore dans ses instructions comme un livre sacré. Il appelle Écriture divine, la Prophétie de Baruch, chose divine, ce que l’ange avait révélé à Hermas, Écriture par excellence, le livre de Tobie : il tire ses autorités de la Sapience de Salomon, de l’Ecclésiastique, des Épîtres de Clément de Rome, et de Barnabé qu’il allègue comme des livres Canoniques. Il cite de la même manière la prédication de S. Pierre, les voyages de S. Paul, l’Évangile selon les Hébreux, l’Évangile selon les Égyptiens, les traditions de Mathias d’Hidaspe ; et que ne cite-t-il point ? Un homme qui avait tant lu, ne pouvait-il pas tomber sur l’Apocalypse ? Je ne sais où il avait vu que S. Paul exhortait le monde à lire les livres sybillins. Enfin, dit le Père Simon, il mettait tout en usage contre les païens, et se souciait peu que les livres qu’il leur opposait fussent vrais ou faux pourvu qu’ils fussent conformes à ses sentiments. C’était 148 149 150 151 152 153 154 L. V. C. 13. de son hist. Ecclésiast. L. IV. C. 24. Hist. Critiq. du N.T. Chap. III. Epist. ad .. Ad Autolicum Lib. Pœdag. L. II. C. 10. Electa. 9. 41. Via Veritas 303 pourtant, au jugement de S. Jérôme, le plus savant homme qu’il y ait jamais eu parmi les chrétiens. Je ne crois pas ces remarques inutiles dès qu’on veut apprécier au juste le témoignage des Pères. Mais de tous les anciens docteurs, Tertullien est le plus formel ; et comme il était zélé partisan des Chiliastes qu’il avait défendus dans un livre exprès, aussi s’est-il plus souvent expliqué en faveur de l’Apocalypse qu’il attribue à S. Jean l’Évangéliste ; et sur laquelle il appuie même des opinions où il ne faudrait pas moins qu’une telle autorité. Voulant prouver155, par exemple, que l’âme est corporelle et qu’elle tombe sous les sens, il allégue ce passage de l’Apocalypse. Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été mis à mort pour la parole de Dieu. Ailleurs il veut faire voir aux Marcionites que l’Évangile selon S. Jean n’avait point été corrompu, et il en appelle aux Églises dont la doctrine était conforme à ce même Évangile. Habemus & Joannis alumnas ecclesias ; nam & si apocalypsim ejus respuit Marcion, ordo tamen Episcoporum ad originem recensus, in Johannem stabit autorem ; c’est-à-dire, nous avons aussi les Églises qui ont été formées par S. Jean. Car quoique Marcion rejette son Apocalypse, cependant la succession des Évêques en remontant jusqu’à la source, prouve que S. Jean en est l’auteur. Il est vrai que ces derniers mots sont équivoques, et qu’on ne sait si cette succession d’Évêques tend à faire reconnaître S. Jean ou pour l’auteur de l’Apocalypse ou bien pour l’auteur et comme le premier Évêque des Églises d’Asie, ce qui convient mieux au but de Tertullien. La question entre les Marcionites et lui n’était pas de savoir si l’Apocalypse était de S. Jean, mais si l’Évangile de S. Jean dont les Églises d’Asie se servaient était authentique et nullement altéré. Le témoignage de ces Églises devait être de quelque autorité : elles avaient été formées et élevées dans la doctrine de S. Jean, et pour s’en convaincre il suffisait d’avoir lu les premiers chapitres de l’Apocalypse. Mais comme les Marcionites rejettaient ce livre, Tertullien les ramène à la suite des Évêques qui se disaient en effet les successeurs de S. Jean et qui le reconnaissaient pour être l’auteur et le fondateur de leurs Églises. Quoiqu’il en soit, toujours est-il certain par les paroles même de ce docteur, que bien loin de rejetter l’Apocalypse, à l’exemple des Marcionites, il la regardait comme l’ouvrage de S. Jean le fondateur des sept Églises d’Asie. Quiconque en doute n’a qu’à lire cet autre passage du même auteur sur la nouvelle Jérusalem qui est décrite dans le vingt et unième chapitre de l’Apocalypse : Nous reconnaissons que nous avons un règne promis sur la terre ...... savoir la résurrection pour mille ans dans la ville de Jérusalem faite de la main de Dieu et descendue du ciel ...... Ézéchiel la connaissait, l’Apôtre Jean l’a vue, et les nouvelles prophéties auxquelles nous croyons en ont même représenté le plan avant qu’elle fût construite pour servir de signe quand elle paraîtrait. Enfin ce signe a paru depuis peu dans une découverte faite en orient, et les païens même en sont témoins, que l’on a vu en Judée pendant quarante jours au matin une ville suspendue en l’air, dont les murs diminuaient à mesure que le jour augmentait et qui disparut enfin156. Ces paroles n’ont pas besoin de commentaire, si ce n’est que les nouvelles prophéties que Tertullien met ici à côté de l’Apocalypse étaient les révélations de Prisque et de Maximille, deux femmes qui faisaient les prophéties. La ville suspendue en l’air dont les païens mêmes avaient été témoins, et qui ressemblait à la Jérusalem de l’Apocalypse est un événement fort singulier qui prouverait d’un seul coup la divinité de ce livre. Il est fâcheux que le phénomène vint à se dissiper dès la pointe du jour, et à mesure que les spectateurs commençaient à voir plus clair. On ne saurait nier que ce Docteur n’eût trop de penchant pour les visions. Celles d’Hermas devaient être fort de son goût, aussi les cite-t-il comme un livre de l’Écriture sainte ; et il se plaint que les Juifs avaient retranché de leur canon la Prophétie d’Énoch, et plusieurs pièces de cette nature. Origène dans sa préface sur l’évangile de S. Jean et dans la septième Homélie sur Josué fait mention 155 L. de Anima. 156 Lib. III. Cont. Marcion. Via Veritas 304 de l’Apocalypse sous le nom de l’Apôtre S. Jean. Et dans ses commentaires sur S. Matthieu il nomme les oracles de l’Apocalypse. C’est dommage qu’il ait adopté et comme pris sous sa protection les oracles de la Sybille dans ses livres contre Celse, où il devait être plus exact et plus circonspect que dans ses Commentaires et dans de simples Homélies. Sa bonne foi va même jusqu’à sommer ce païen de rapporter des exemplaires anciens des livres sybillins, où ce que les chrétiens citaient ne se trouvât point. Celse n’avait garde d’en produire, car il n’y en avait point : mais il lui eût été facile de faire voir la fausseté de ces faux oracles. Et pour nous mieux assurer de l’exactitude d’Origène à discerner les véritables Écritures (car avant que de croire un témoin il faut le connaître), il estimait si fort les visions d’Hermas, que non seulement il les croyait très utiles, il les appelle même une Écriture inspirée de Dieu. En a-t-il jamais dit autant de l’Apocalypse ? Et pourquoi ne l’aurait-il pas reconnu sur la foi du titre pour une production de S. Jean ? Il ne doutait pas que l’Épître qui porte le nom de S. Barnabé ne fût véritablement de lui, ni que le livre de la sagesse ne fût du roi Salomon. Il a bien cité l’Apocalypse d’Élie, et l’Apocalypse de S. Paul ; il dit même que cet Apôtre a inséré dans ses Épîtres diverses sentences de l’Apocalypse d’Élie. A ces deux Apocalypses joignez celle de S. Pierre, canonifiée par Clément d’Alexandrie ; voilà déjà trois Apocalypses bien comptées. Celle de S. Jean qui fera la quatrième pouvait-elle échapper aux recherches du savant Origène ? Il met expressément la Prophétie de Baruch au rang des livres Canoniques. Il allègue l’Évangile selon les Hébreux, le livre des Douze Apôtres, la Doctrine de S. Pierre, les Actes de S. Paul, la dispute de Joseph et de Jacob qu’il cite même avec éloge, le livre de Jannes et de Mambres, et autres semblables pièces d’où il a coutume d’emprunter ses autorités, méthode qu’il avait apprise de son maître Clément, assez commune aux docteurs des premiers siècles. Il attribuait à Daniel l’Histoire de Susanne qu’il a défendue dans un livre exprès. La postérité lui aurait eu plus d’obligation s’il eût employé sa critique à prouver que l’Apocalypse est bien de S. Jean, quand même il n’eût fait que nous dire si elle était reçue de tous les chrétiens de son temps ; car citer un livre n’est pas le déclarer Canonique. S. Jude allègue la Prophétie d’Énoch, et même l’Assomption de Moïse où il était parlé du combat de Michel l’Archange avec le diable : deux livres qui n’étaient pourtant pas dans le Catalogue des Juifs. Origène et les autres Pères ont pu se servir de l’Apocalypse quoiqu’elle ne fût pas encore dans le Canon. L’autorité de S. Hippolyte ami de ce docteur serait plus considérable. Le Père de Combesis a publié de lui un petit écrit sur les douze apôtres. L’article qui concerne S. Jean est tel : Jean fut relégué par Domitien dans l’île de Patmos où il écrivit son Évangile et où il eut la vision de l’Apocalypse. Il s’endormit sous Trajan à Éphèse, on chercha ses reliques et on ne les trouva point. Ce n’est point ici un Rhétoricien qui cite l’Apocalypse en passant, comme font les Pères que nous venons d’entendre ; c’est un historien qui s’informe et qui rapporte les faits. Mais franchement j’ai peine à croire que l’écrit soit de S. Hippolyte, quoiqu’il ne consiste qu’en douze articles très courts, il ne laisse pas de contenir autant de petites fables. Ce n’est pourtant pas la raison qui m’empêcherait de le donner à S. Hippolyte. Tout le monde sait, dit M. Dupin157, sur une autre matière, que les livres des premiers chrétiens sont pleins de fables, que les Pères s’appliquaient tout entier à des choses de plus grande conséquence pour lors, qu’ils se fiaient à plusieurs actes des Apôtres et à quantité d’autres monuments certainement supposés. Le Père Combesis voit dans ces paroles, on chercha les reliques de Jean et on ne les trouva point, ou du moins il croit voir le véritable esprit de S. Hippolyte qui était dans cette pensée que S. Jean n’était point mort. Pour moi, avec la permission de ce grand critique, il me semble d’y voir le génie d’un auteur qui n’a vécu pour le plutôt qu’au quatrième siècle, où on commençait à chercher les reliques et à déterrer les corps saints. S. Hippolyte, à ce que dit Eusèbe, avait fait un traité de l’Apocalypse, c’est tout ce qu’on en sait. Mais nous avons de lui une Homélie contre Noët où il parle ainsi : Celui qui a dit, au commencement était la parole, a dit dans son Apocalypse ...... Son nom est la parole de Dieu. On ne saurait dire en termes plus clairs que l’Apocalypse est de S. Jean l’Évangéliste. Il est vrai que dans 157 Prolegom. sur la Bible. Lib. VI. Cap. 6. Via Veritas 305 cette même Homélie, il appelle Écriture par excellence la prétendue prophétie de Baruch. Et à propos d’Homélies, puisqu’elles viennent déjà pour la seconde fois, il est bon de savoir ce que c’est, et de quelle manière les Pères se mettaient en frais pour le peuple. S. Jérôme avait un jour consulté son maître S. Grégoire de Naziance, homme grave jusqu’à ne pas trouver assez de sagesse dans les conciles. Venez à mon sermon, lui dit-il, je vous apprendrai ce que vous ignorez. Le peuple ne manquera pas de m’applaudir, et vous serez contraint vous-même de vous rendre, à moins que vous ne voulussiez passer pour une bête. Il ne faut que du babil pour imposer à son auditoire ; moins il comprend les choses, plus il les admire. C’est S. Jérôme qui nous a conservé cette petite anecdote, et l’Homélie d’Hippolyte la vérifie assez bien. S. Cyprien, pour revenir à l’Apocalypse, n’est pas aussi précis que S. Hippolyte, quoiqu’il la cite souvent, surtout dans ses livres à Quirinus, qui ne sont que des extraits de l’Écriture et où il fait entrer Tobie, l’Ecclésiastique, la Sagesse, la Prophétie de Baruch, les Machabées comme des livres divins sans mettre aucune différence entre eux et l’Apocalypse. S’il la cite c’est toujours sans nom d’auteur, mais en échange il nous apprend que l’Ecclésiastique et la Sagesse sont bien de Salomon. Il est vrai que dans son traité de l’habit des vierges il rapporte un endroit de l’Apocalypse sous le nom d’Écriture divine : mais quelques lignes plus haut il venait de dire l’Écriture divine a dit, que nous a servi l’orgueil ou qu’avons-nous profité de la vaine gloire des richesses ? Paroles du livre apocryphe de la Sagesse dans lequel le Saint Esprit, dit-il ailleurs, nous enseigne par la bouche de Salomon. Tant il est vrai qu’il n’y avait point alors parmi les chrétiens de canon fixe des Écritures. Dans son exhortation au martyre après avoir remarqué le nombre mystérieux de sept, les sept jours de la création, les sept mille ans de la durée du monde, les sept esprits qui sont devant Dieu, les sept lampes du Tabernacle, les sept chandeliers de l’Apocalypse, les sept colonnes de la sagesse, les sept enfants de la femme stérile, les sept femmes qui prennent un seul homme pour mari, et tout cela pour venir aux sept frères Macchabées, il ajoute que S. Paul a fait mention du nombre de sept comme d’un nombre privilégié, et que c’est la raison pour laquelle il n’a écrit qu’à sept Églises. Apparemment que Cyprien l’avait appris dans quelque livre apocryphe de cet Apôtre, ou bien par une révélation particulière, car il avait souvent pendant la nuit, à ce qu’il dit lui-même158, des visions et des songes qu’il récitait le lendemain à son Église comme des avertissements du ciel, et au défaut de ces visions nocturnes, il faisait venir des petits enfants qui dans leurs extases l’instruisaient de la vérité. Tel fut le fruit d’un commerce trop fréquent avec les écrits de Tertullien, dans lesquels il s’était jeté sans être muni de bons préservatifs contre l’imagination la plus contagieuse qui ait jamais été. Voilà les Pères du premier rang et pour ainsi dire les gardes du corps de la tradition en faveur de l’Apocalypse. Je ne pense pas en avoir omis aucun dans cet intervalle de temps qui s’est écoulé depuis Justin jusqu’au milieu du troisième siècle. L’exactitude était d’autant plus nécessaire en ce point que ceux qui sont venus plus tard ne produisent pas d’aussi bonnes lettres de créance que les anciens plus voisins du temps de S. Jean, et parmi ceux-ci, les uns, comme on aura pu le remarquer, allèguent l’Apocalypse sans nom d’auteur, et d’autres, sans nous dire si elle est de S. Jean l’Apôtre ou de Jean le prêtre. Enfin la plupart, qui sont Justin Martyr, Irénée, Tertullien, Origène et Hippolyte la citent comme un ouvrage de l’Apôtre S. Jean. Mais avant que d’aller plus loin il est juste d’interroger aussi leurs contemporains. On a déjà vu les hérétiques partagés en deux factions. On verra la même division régner parmi les défenseurs de la vérité. Et pour remonter même au delà de S. Justin, premièrement on n’aperçoit aucune trace de l’Apocalypse dans les sept Épîtres de S. Ignace dont il y en a trois qui sont adressées aux Églises d’Éphèse, de Philadelphie et de Smyrne, les mêmes auxquelles écrit S. Jean dans son Apocalypse. Ignace relève beaucoup les Éphésiens sur ce qu’ils avaient été instruits par S. Paul : pourquoi ne leur faire pas honneur du long séjour de S. Jean à Éphèse, des soins qu’il avait pris d’eux, des écrits qu’il leur avait laissés en dépôt, de son Apocalypse, qu’à leur prière il avait écrite, pour 158 Epist. ad presb. XV. de l’édition de Fell. Via Veritas 306 mettre, dit-on, la dernière main au Nouveau Testament. La mémoire en devait être toute récente, puisqu’Ignace écrivait ses lettres l’an 107 de Jésus Christ, ce silence est assez remarquable surtout dans un disciple de S. Jean ; il en pourrait naître quelques soupçons contre la vérité de ces faits qui nous viennent d’une source moins pure et bien plus suspecte. Papias touchait presqu’au temps de S. Jean, il ne parlait pas non plus de l’Apocalypse. Eusèbe marque les livres du Nouveau Testament auxquels Papias rendait témoignage. L’Apocalypse n’y parait point. Et ailleurs lorsque cet Historien parcourt les témoins de l’Apocalypse, il omet Papias dont pourtant il avait lu les écrits. Il remarque159 même que ce Docteur enseignait le règne de mille ans, et qu’il ne l’appuyait que sur une tradition non écrite. Un chrétien chiliaste ne pas citer l’Apocalypse, dans le même livre où il veut établir son opinion, cela est un peu singulier. Mais venons à quelque chose de plus positif. Plusieurs Docteurs qui ont vécu avant S. Denys d’Alexandrie, à ce qu’il assure lui-même dans un long fragment qu’Eusèbe160 nous a conservé, ont fait des critiques particulières sur l’Apocalypse, et ces docteurs devaient être fort anciens ; puisque S. Denys qui les avait lus et qui les allègue, écrivait déjà vers le milieu du troisième siècle : Non seulement ils rejettaient aussi toute l’Apocalypse, ils en réfutaient entièrement les chapitres pied à pied, comme étant un ouvrage, disaient-ils, destitué de sens et de raison. En second lieu ils soutenaient que l’inscription de ce livre est fausse, qu’il n’a point été composé par S. Jean, ni même par aucun homme Apostolique, ils ajoutaient que Cérinthe en était l’auteur, et qu’il s’était servi d’un grand nom pour donner plus de poids à ses rêveries et pour mieux insinuer son opinion touchant le règne de mille ans. Enfin ils tiraient leurs difficultés de la nature de la révélation qui doit être claire et intelligible, puisqu’elle n’est faite qu’à ce dessein. D’où ils concluaient qu’un livre tel que l’Apocalypse couvert d’un voile si épais de ténèbres et d’obscurité ne saurait être une vraie révélation émanée de l’Esprit de Dieu. On voit que ces anciens dont les écrits se sont perdus entraient dans un assez grand détail, et que toute leur critique se réduisait à deux sortes de remarques. Les unes tirées de la simple raison et de la nature même des choses ; les autres plus étrangères qui regardaient les faits et les autorités. On ne doit pas avoir beaucoup de regrets à la perte de ces premières, on est toujours en état de les réparer avec le secours de cette raison universelle qui est de tous les lieux et de tous les temps. Chacun peut lire l’Apocalypse, juger de l’ouvrage même, voir s’il est aussi obscur, aussi impénétrable, aussi destitué de sens et de raison que le prétendent ces auteurs. La connaissance des faits qu’ils avaient entre les mains serait plus nécessaire aujourd’hui et nous délivrerait de l’incertitude où nous jette le défaut de monuments. Cette partie de leur critique qui s’attachait à prouver que l’Apocalypse est de Cérinthe, et non pas de S. Jean suppléerait en quelque sorte au profond silence qui règne dans l’histoire depuis S. Jean jusqu’à Justin premier témoin de l’Apocalypse. Peut-être aussi qu’à travers de ce qu’ils disaient et dans le propre fond de leurs objections nous trouverions de quoi leur répondre et nous satisfaire en même temps. Ce ne serait pas la première fois que la vérité se serait défendue avec les mêmes armes destinées à la combattre. Il n’est pas jusque chez l’Empereur Julien, et dans le fort même de ses attaques, d’où elle n’emprunte du secours. A ces Docteurs qui étaient grecs il faut joindre un auteur latin qui était en règne vers l’an 200 de Jésus Christ161. C’est le Prêtre Caïus, l’oracle de l’Église Romaine et le bouclier qu’elle opposait aux hérétiques de ce temps-là. Dans une dispute qu’il avait avec les Chiliastes il parle ainsi : Cérinthe alléguant certaines révélations comme écrites par un grand Apôtre, débite des prodiges qu’il a feints comme lui ayant été découverts par les Anges ; il assure qu’après la résurrection il y aura un règne de Jésus Christ sur la terre et que les hommes jouiront des plaisirs du corps dans 159 Euseb. Hist. L. III. C. 39. 160 Apud Euseb. L. VII. C. 25. 161 Apud. Euseb. Lib. III. Cap. 28 Via Veritas 307 Jérusalem : il ajoute qu’ils passeront mille ans dans des fêtes nuptiales, etc. Il n’y a pas de doute que par ces révélations supposées à un grand Apôtre, comme s’il les eût reçues des Anges, Caïus ne désigne l’Apocalypse qu’il croit être de Cérinthe et non de S. Jean. Il est en effet parlé dans ce livre de prodiges et de visions surprenantes, étalés par des Anges aux yeux de S. Jean. Il y est parlé d’une première résurrection, d’un règne de mille ans qui la devait suivre, d’une nouvelle Jérusalem et des noces de l’agneau où les hommes doivent être invités, etc. Toutes choses que les Chiliastes expliquaient d’une félicité temporelle, et qu’ils appuyaient particulièrement sur l’Apocalypse de S. Jean, mais que Caïus rejette ici sans distinction comme des chimères débitées par Cérinthe sous le nom d’un grand Apôtre. Il faut donc avouer de bonne foi que Caïus avait en vue l’Apocalypse ; et c’est ainsi que l’entend Eusèbe qui avait lu l’ouvrage même de ce Docteur ; car après en avoir cité les paroles qu’on vient de rapporter, il y joint immédiatement un autre passage de Denys d’Alexandrie qui allègue une ancienne tradition laissée à l’Église, que Cérinthe s’était servi de l’Apocalypse de S. Jean comme d’un grand nom pour donner plus de crédit à ses rêveries. Et je n’aurais pas insisté sur une chose qui me paraît plus claire que le jour, si M. Dupin n’eût affecté d’y jeter quelque doute sans nécessité, comme pour insinuer que Caïus entendait peut-être une fausse révélation différente de l’Apocalypse. Véritablement il est assez étrange que l’Église de Rome qui se dit la seule colonne de la vérité remit alors ses intérêts à un homme qui parlait si mal d’un livre divin, sans être désavoué par le Pape ni par aucune assemblée Ecclésiastique. Tout le monde ne sait peut-être pas quel homme c’était que ce Caïus : il ne sera pas inutile de le faire un peu mieux connaître. L’Église s’était remplie de faussaires qui contrefaisaient le style des Apôtres : les uns, comme les hérétiques, à dessein de glisser plus aisément leurs erreurs, et les autres sous de pieux prétextes que des fables dévotes, débitées à bonne intention, attiraient plus de vénération au christianisme. On ne voyait paraître que faux Évangiles, faux actes, fausses Épîtres, fausses Apocalypses, que la fraude produisait sur la scène et qu’elle tâchait d’animer de l’esprit de l’antiquité, jusqu’à faire illusion aux plus sages et aux plus savants. Notre Caïus ne voulait pas augmenter le nombre des dupes ; et comme ces habiles spectateurs de l’opéra, qui ne s’arrêtent point aux décorations du Théâtre, il allait derrière examiner les cordages et les ressorts que l’imposture faisait jouer. Mais soit que l’expérience l’eût rendu trop défiant, ce que nous apprenons d’Eusèbe, soit qu’il lui arrivât quelquefois de raisonner par intérêts de parti, ce qui a sa source dans le cœur humain, il était devenu très importun dans la dispute ; à force de nier les principes il dépaysait ses adversaires ; et sans user de ménagements, ni de distinctions, il faisait main basse sur tout ce qui l’incommodait. Il n’est guère d’anciens qui n’ait grossi le Canon de quelque pièce apocryphe, celui-ci le diminuait tant qu’il pouvait. A la bonne heure s’il n’eût fait que l’épurer ; mais avec l’ivraie il arrachait aussi le bon grain. Disputant un jour en présence du Pape Zéphirin contre les Montanistes qui lui objectaient un passage de l’Épître aux Hébreux, il osa bien soutenir qu’elle n’était ni de S. Paul ni Canonique ; et il le prit si haut que non seulement il confondit ces bonnes gens qui ne s’y attendaient pas, il vint même à bout de donner le ton aux Églises d’Occident qui ne voulurent point la recevoir. Est-ce donc là cette tradition si vantée aujourd’hui et dont les Pères auraient été les fidèles dépositaires ? les uns qui supposaient de fausses traditions aux Apôtres, et les autres qui les dépouillaient de leurs propres écrits. Il est étrange que pour combattre avec plus d’avantage, Caïus se jetât dans une telle extrêmité que d’exclure l’Apocalypse du nombre des livres sacrés. Il n’avait qu’à donner un sens spirituel au règne de mille ans : dire comme S. Cassien que Jérusalem peut s’entendre en quatre manières. Selon l’histoire pour la ville des Juifs, selon l’allégorie pour l’Église de Jésus Christ, selon l’analogie pour la cité céleste, et selon la tropologie pour l’âme de l’homme. C’étaient là de fortes batteries contre la Jérusalem que les Chiliastes attendaient, et d’autant plus fortes qu’une allégorie passablement Via Veritas 308 conduite ou quelque comparaison placée un peu à propos, faisait alors plus d’impression que les preuves les plus concluantes de la logique. Après tout, il n’y avait qu’à se retrancher sur l’obscurité du livre, et c’est le parti que va prendre S. Denys d’Alexandrie. Ce n’est pas qu’il n’eût quelque penchant à rejeter l’Apocalypse, il était fort opposé au règne de mille ans, et dans son ouvrage qu’il avait intitulé des Promesses, il répondait aux objections de Népos le chef des Chiliastes d’Égypte. L’Apocalypse l’embarrassait un peu, mais il n’était pas si hardi que Caïus : il ne veut pourtant pas que les Chiliastes ignorent que c’était un livre fort contesté : Quelques-uns de mes prédécesseurs, dit-il162, l’ont rejeté entièrement et l’ont réfuté chapitre par chapitre, faisant voir qu’il était destitué de sens et de raison, que l’inscription en était fausse et qu’il n’a point été composé par S. Jean ...... mais par Cérinthe qui voulait employer un grand nom pour donner plus de poids à ses rêveries ...... et autres motifs que nous avons allégués cidessus. Après avoir débuté de cette manière et pour ainsi dire lâché ses enfants perdus, comme pour ralentir le premier choc des Chiliastes qui le pressaient, et qui faisaient de l’Apocalypse une puissante arme offensive, il vient à ce qu’il en pense lui-même ou du moins à ce qu’il fait semblant d’en penser : Pour moi, ajoute-t-il, je n’oserais rejeter entièrement ce livre, surtout parce que plusieurs de mes amis le reçoivent. Je le regarde comme étant au-dessus de ma portée. Je crois qu’il renferme un sens admirable, mais un sens mystérieux et caché : car quoique je n’y entende rien, je soupçonne pourtant qu’il y a quelque sens sous ces paroles, et donnant plus à la foi qu’à mon propre jugement, je les estime trop sublimes pour être entendues par un homme comme moi. Aussi je n’ai garde de condamner ce que je n’entends point, mais j’admire ce que je ne saurais comprendre. Je ne sais ce que les autres penseront des réflexions de S. Denys, pour moi j’y trouve plus de docilité que de lumière, plus de complaisance que de véritable persuasion. Il commence par mettre en problème l’autorité de l’Apocalypse, il étale les objections de ses prédécesseurs, et ce qu’il y a de pis, il ne se met point en peine d’y répondre. Après de tels préliminaires, qui ne paraissent pas hasardés sans raison, il ne lui restait plus qu’à rejeter ouvertement l’Apocalypse, mais une raison de bienséance le retient : plusieurs de ses amis respectaient ce livre et il ne voulait pas les désobliger. La politesse de ce Docteur passait la simplicité de son temps, et quoique l’opinion des Chiliastes lui parût dangereuse, il ne laisse pas de traiter Népos avec de grands égards : il l’estime, il l’honore, et rien n’est plus flatteur que les éloges qu’il lui donne. Un homme qui en usait si bien avec ses adversaires, que n’aurait-il pas fait pour ses amis ? Pour moi, dit-il, je n’oserais rejeter entièrement ce livre, surtout parce que plusieurs de mes amis le reçoivent. Ce n’est pas qu’il l’admette tout à fait, il n’ose le rejeter entièrement. Non qu’à force de la méditer il soit venu à bout d’en connaître les beautés ; il avoue de bonne foi qu’il n’y entend rien. Il croit que le sens en est admirable, mais un sens mystérieux et caché. Il donne plus à la foi qu’à son jugement. C’est-à-dire à la foi de ses amis ; car la sienne n’était pas la foi que l’Écriture définit une vive représentation des choses qu’on espère et une démonstration des choses qu’on ne voit point. La foi de S. Denys n’était qu’un simple soupçon. Je soupçonne pourtant qu’il y a quelque sens sous ces paroles : mais je les estime trop sublimes pour être entendues par un homme comme moi. Il est vrai que ce soupçon allait jusqu’à produire l’admiration, mais une admiration proportionnée à ses lumières. J’admire ce que je ne saurais comprendre. Ceci est encore pour ses amis, et demander à ce Docteur comment on peut admirer ce qu’on entend point, ce serait manquer de discrétion pour un homme qui poussait la complaisance si loin. Il vous répondra un peu plus nettement si vous l’interrogez sur l’auteur de l’Apocalypse, et quoiqu’il ne fût pas d’une humeur fort contrariante, je n’accorderai pas facilement, dit-il ensuite, que ce livre soit l’ouvrage de S. Jean. Il tâche même de nous prouver le contraire par une espèce d’opposition qu’il met entre les écrits de cet Apôtre et l’Apocalypse qu’il attribue à un autre Jean ; mais de peur que ses amis ne vinssent à trouver mauvais qu’il affaiblît ainsi l’autorité de ce livre, je crois pourtant, ajoute-t-il, que ce Jean était un homme inspiré du Saint Esprit. Il remarque qu’outre 162 Apud. Euseb. Hist. Lib. VII. C. 21. Via Veritas 309 l’Évangéliste il y a eu plusieurs personnes de ce même nom ; entre autres Jean surnommé Marc dont il est parlé dans les Actes. Il n’entend pourtant pas celui-ci, mais un autre qui a demeuré en Asie, et aussi bien que l’Apôtre, tous deux ensevelis à Éphèse, où l’on voyait, dit-on, leur tombeau. Et voici les raisons qu’il allègue pour montrer que l’Apocalypse n’est pas de l’Apôtre. 1º Celui-ci ne met jamais son nom à ses livres et parle toujours de soi en tierce personne et se nomme deux ou trois fois. 2º L’Évangile et les lettres parlent de la même manière. On y trouve les mêmes pensées répétées presque dans les mêmes termes ; enfin c’est le même style et le même génie. Mais l’Apocalypse est toute différente et n’a pas même une syllable de commune. 3º L’Apôtre ne parle point de son Apocalypse dans ses lettres. 4º Elle est pleine de solécismes et d’expressions barbares, au lieu que les ouvrages de S. Jean sont beaucoup mieux écrits en grec. Telle est en peu de mots la critique de S. Denys fort louée par Eusèbe et par S. Jérôme. Il y aurait beaucoup de choses à dire là-dessus si l’on entreprenait de faire une dissertation. Que Jean l’Évangéliste fût un homme inspiré de Dieu, tout le monde en convient : mais que l’autre Jean le fût aussi, d’où est-ce que S. Denys le savait ? Est-ce par ses miracles ? Personne n’en a parlé. Estce par le livre même de l’Apocalypse ? S. Denys ne l’entendait point. On ne saurait nier que le style de l’Évangile et des lettres de S. Jean ne soit plus pur que celui de l’Apocalypse : cependant on y trouve quelquefois les mêmes expressions. Il est dit dans l’Évangile au Chap. XIX. vers 35 : Celui qui l’a vu a témoigné ; et au Chap. XXI. vers 24 : C’est ce disciple qui rend témoignage de ces choses, etc. Et dans la Première Épître, Chap. I. vers 1 et 2 : Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos propres yeux, etc., nous le témoignons. La même manière de certifier se trouve au commencement de l’Apocalypse : Jean son serviteur qui a témoigné de la parole de Dieu, du témoignage de Jésus Christ et de toutes les choses qu’il a vues. Ce qui contient encore une allusion à la parole qui est décrite dans le premier chapitre de l’Évangile selon S. Jean. Et non seulement l’Apocalypse donne le nom de parole à Jésus Christ, elle l’appelle aussi l’agneau qui nous a aimés et qui nous a lavés de nos péchés par son sang. Termes particuliers à S. Jean qui se trouvent au commencement de l’Apocalypse. Si l’auteur de l’Apocalypse n’est pas S. Jean, du moins il a bien voulu qu’on le prît pour lui. Dès lors quelle opinion aura-t-on de sa sincérité, et comment Denys pouvait-il croire que c’était un homme inspiré de Dieu ? Le téméraire Caïus qui le prenait pour un fourbe se soutenait beaucoup mieux. Aussi agissait-il plus rondement que S. Denys que je soupçonne fort de parler ici par économie ; méthode dont S. Jérôme faisait honneur aux anciens. Je n’en doute même presque plus sur le rapport d’un de ses successeurs au Patriarchat d’Alexandrie, qui s’exprime en ces termes : Saint Denys ne disait pas franchement ce qu’il croyait, c’est S. Athanase qui parle163, il s'accommodait au temps et aux personnes, semblable à un habile jardinier qui coupe, taille, plante, arrache, selon la qualité des arbres et du terroir ; et cette différente conduite qui marque l’adresse, le rend digne d’admiration. Il écrivait par économie, continue S. Athanase, et ce qu’on écrit ainsi ne doit pas être pris à la lettre, ni comme chacun le voudrait. Après cela je crois qu’il serait inutile de disputer davantage avec un homme qui ne disait pas ce qu’il pensait. Il vaut mieux tirer de ses paroles une conséquence qui ait plus de rapport à notre sujet. Il n’ose rejeter l’Apocalypse surtout parce que plusieurs de ses amis la reçoivent ; si plusieurs la recevaient de son temps, cela veut dire aussi que plusieurs la rejetaient. Le jugement favorable des uns ne prouve pas qu’elle fût alors dans le Canon, puisque les Pères qui la citent, ont cité comme des livres divins quantité de pièces certainement Apocryphes. Mais de ce que les autres la rejetaient, non en secret, mais à la face des Églises et sans passer pour hérétiques, il s’ensuit qu’elle n’était pas encore dans le Canon. Et ce qui le fait voir d’une manière plus positive c’est le recueil intitulé Canons Apostoliques, non que les Apôtres en aient été les auteurs, mais parce que ce code de l’ancienne Église a été composé 163 Athanas. de fide Dyonisi. Alexand. Via Veritas 310 par des hommes apostoliques. Aussi l’appelait-on autrefois Canons Anciens, Canons des Pères, Canons Ecclésiastiques, titres qu’ils portent dans plusieurs manuscrits, comme M. Cotelier l’a remarqué ; non seulement Justinien les loue dans la sixième nouvelle, mais ils sont encore cités dans le code Théodosien, dans le synode de Constantinople de l’an 394 et même jusqu’à six ou sept fois dans le premier concile de Nicée. Il sont pour le plus tard du troisième siècle, comme l’ont prouvé Messieurs de l’Aubespine, Beveregius Docteur anglais, et depuis peu M. Dupin, qui croient avec raison que c’était un recueil des Canons de plusieurs conciles tenus avant celui de Nicée. On trouve donc dans le quatre-vingt-cinquième articles de ce recueil, le catalogue des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. L’Apocalypse n’y parait point ; et ce n’est pas ici la voix d’un simple particulier, c’est en quelque manière toute l’Église qui approuve. Il y a même cette différence entre les Pères qui ont admis l’Apocalypse, et ceux qui lui ont donné l’exclusion : les premiers se contentaient de la citer, sans nous dire d’où ils la tenaient ni comment elle était venue des mains de S. Jean jusqu’à eux. S’ils paraissaient ne se douter de rien, la possession leur tenait lieu de titre ; et cette bonne foi serait un préjugé favorable si elle n’allait pas jusqu’à donner asile à des écrits supposés. Les autres plus défiants examinent, descendent dans le détail de la critique, déterrent les monuments, confrontent les écritures, et s’ils ont été assez malheureux pour s’écarter de la vérité, il faut leur tenir compte des peines qu’ils ont prises pour ne pas se laisser tromper. Ce qui affaiblit un peu leur autorité, c’est qu’en même temps ils disputaient contre le règne de mille ans, et comme cette question devait naturellement se décider par l’Apocalypse, peut-être qu’ils n’ont récusé ce tribunal que parce qu’ils le croyaient trop favorable aux Chiliastes, car de quoi n’est pas capable l’esprit de parti ? L’histoire de l’Église n’en fournit que trop d’exemples, et sans aller plus loin n’avons-nous pas vu Caïus rejeter l’Épître aux Hébreux sous le prétexte qu’elle enseignait le dogme rigide des Montanistes ? Il ne faut pourtant pas pousser fort loin cette réflexion, de peur qu’elle ne vienne à rejaillir contre les partisans de l’Apocalypse, Chiliastes eux-mêmes, et par conséquent intéressés à citer avec éloge un livre qui appuyait leur dogme favori, le fondement de leurs plus belles espérances. En conclusion quand on fait masse de tous ceux qui ont considéré le livre comme apocryphe et non fondé, on peut mettre en doute l’intérêt que le livre de l’Apocalypse mérite. Et pour ce qui est de fonder ses espérances sur les élucubrations de l’ouvrage on ne peut que se montrer dupe de tous ceux qui voudront en faire le guide de leur vie. L'Évangile de Thomas Présenté par Lucretius L’Évangile selon Thomas fut découvert vers 1945 en Haute - Égypte près de la localité de Nag Hammadi. Des paysans exhumèrent fortuitement d’une galerie rocheuse servant de cimetière, une jarre qui contenait 12 manuscrits reliés en cuir, écrits en langue copte sur papyrus et remontant au IIIe ou IVe siècle de notre ère. Via Veritas 311 C’est parmi ces livres d’un intérêt inégal, constituant la bibliothèque d’une communauté gnostique, que se trouvait le précieux Évangile selon Thomas qui commence ainsi : "Voici les paroles cachées que Jésus – le - Vivant a dites et qu’a transcrites Didyme Judas -Thomas". En voici une traduction française (traduction de Philippe de Suarez - Editions Metanoïa -1974) : Voici les paroles cachées que Jésus le Vivant a dites et qu’a transcrites Didyme Jude Thomas. Et il a dit : " Celui qui parvient à l’interprétation de ces paroles ne goûtera point la mort ! " 1. Jésus dit : " Que celui qui cherche ne cesse point de chercher jusqu’à ce qu’il trouve : lorsqu’il trouvera, il sera ému ; et lorsqu’il sera ému, il admirera, et il régnera sur l’univers ! " 2. Jésus dit : " Si ceux qui vous entraînent vous disent : " Voici, le Royaume est dans le ciel ! "- alors, les oiseaux du ciel y seront avant vous. S’ils vous disent : " Il est dans la mer ! "- alors, les poissons y seront avant vous. Mais le Royaume est au-dedans de vous et il est au-dehors de vous ! " 3. " Lorsque vous vous connaîtrez, alors on vous connaîtra, et vous saurez que c’est vous les fils du Père qui est vivant. Mais si vous ne vous connaissez point, alors vous serez dans un dénuement, et c’est vous [qui serez] le dénuement ! " 4. Jésus dit : " Que le vieillard chargé de jours ne tarde pas à interroger le petit enfant de sept jours sur le Lieu de la Vie, et il vivra ! Car il apparaîtra que beaucoup de premiers seront derniers, et ils deviendront un [seul] ! " 5. Jésus dit : " Connais ce qui est en face de ton visage, et ce qui t’est caché se révélera à toi. Car rien de caché ne manquera d’être révélé ! " 6. Ses disciples l’interrogèrent ; ils lui dirent : " Tu veux que nous jeûnions ? Quelle est la manière dont nous prierons, dont nous ferons l’aumône, et quelle façon de se nourrir respecterons-nous ? " Jésus dit : " Ne dites point de mensonge et, ce que vous avez en haine, ne le faites point : car toutes ces choses sont manifestes à la face du ciel ; rien de ce qui est caché ne manquera d’être révélé et rien de ce qui est dissimulé ne tardera à être publié ! " 7. Jésus dit : " Bienheureux est ce lion que l’homme mangera en sorte que le lion devienne homme. Mais maudit est l’homme que le lion mangera en sorte que le lion devienne homme ! " 8. Puis il dit que : " L’homme est pareil à un sage pêcheur qui a jeté son filet dans la mer. Il l’a remonté de la mer plein de petits poissons au milieu desquels ce sage pêcheur a trouvé un poisson grand et excellent. Il a rejeté tous les petits poissons dans la mer ; sans hésiter il a choisi le grand poisson. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! " 9. Jésus dit : " Voici ; le semeur est sorti. Il a empli sa main et il a jeté. [Des grains,] les uns sont Via Veritas 312 tombés sur la route : les oiseaux sont venus et les ont recueillis. D’autres sont tombés sur le roc : ils n’ont point trouvé à s’enraciner dans la terre et n’ont point produit d’épis vers le haut. D’autres sont tombés sur les épines : [elles] ont étouffé la graine, et le ver a mangé ces [semences]. D’autres sont tombés sur la bonne terre et cette [portion] a fait monter un fruit excellent : elle a donné jusqu’à soixante par mesure, et [ même] cent vingt par mesure ! " 10. Jésus dit : " J’ai jeté un feu sur l’univers, et voici je veille sur lui jusqu’à ce qu’il embrase ! " 11. Jésus dit : " Ce ciel passera, et celui qui est au-dessus de lui passera : mais ceux qui sont morts ne vivront point, et ceux qui vivent ne mourront point . " 12. Aujourd’hui, vous mangez des choses mortes et vous en faites ce qui est vivant : [mais] lorsque vous serez dans la Lumière, que ferez-vous en ce jour-là où étant un, vous deviendrez deux ; et lorsque vous deviendrez deux, qu’est-ce alors que vous ferez ? " 13. Les disciples disent à Jésus : " Nous savons que Tu nous quitteras : qui, au-dessus de nous, sera [alors] le [plus] grand ? " Jésus leur dit : " Là où vous irez, vous vous rendrez vers Jacques le Juste, celui à cause duquel le ciel ainsi que la terre ont été produits. " 14. Jésus dit à ses disciples : " Comparez-moi, et dites moi à qui je suis semblable. " Simon Pierre lui dit : " Tu es semblable à un ange juste ! " Matthieu lui dit : " Tu es semblable à un homme sage et philosophe ! " Thomas lui dit : " Maître, à qui tu es semblable, pour que je le dise mon visage ne parvient absolument point à le saisir ." Jésus dit : " Je ne suis point ton maître ; car tu as bu : tu t’es enivré de la source bouillonnante qui est à moi et que j’ai répandue. " Puis il le prit et s’écarta : il lui dit trois mots. Et, lorsque Thomas revint vers ses compagnons, ils le questionnèrent : " Qu’est-ce que Jésus t’a dit ? "-et Thomas leur répondit : " Si je vous dis une seule des paroles qu’il m’a dites, vous prendrez des pierres et me les jetterez, et un feu sortira des pierres et vous consumera ! " 15. Jésus leur dit : " Lorsque vous jeûnerez, vous engendrerez pour vous-mêmes un péché ; lorsque vous prierez, on vous condamnera ; lorsque vous ferez l’aumône, vous accomplirez un mal pour vos esprits ! Quand vous pénétrerez en n’importe quelle terre et que vous parcourrez les campagnes, lorsque l’on vous accueillera, mangez ce que l’on mettra devant vous ; ceux qui sont malades dans ces endroits, guérissez-les. Car ce qui entrera dans votre bouche ne vous souillera point, mais ce qui sort de votre bouche, c’est cela qui vous souillera ! " 16. Jésus dit : " Quand vous voyez celui qui n’a pas été engendré de la femme, prosternez-vous, visage contre terre, et adorez-le ; Celui-ci est votre père ! " 17. Jésus dit : " Certainement les hommes pensent que je suis venu pour jeter une paix sur l’univers. Mais ils ne savent pas que je suis venu pour jeter sur terre des discordes, le feu, l’épée, la guerre. Si en effet il y a cinq dans une maison, ils se trouveront trois contre deux et deux contre trois-père contre fils et fils contre père- et ils se lèveront en étant des solitaires. " 18. Jésus dit : " Je vous donnerai ce que jamais œil n’a vu, et ce que jamais oreille n’a entendu, et ce que jamais main n’a atteint, et cela qui n’est jamais monté au cœur de l’homme. " 19. Les disciples disent à Jésus : " Dis-nous comment votre fin sera. " Jésus dit : " Avez-vous donc dévoilé le commencement, pour que vous questionniez sur la fin. Car là où est le commencement, là sera la fin. Bienheureux est celui qui atteindra le commencement : il connaîtra la fin, et il ne goûtera point la mort ! " 20. Jésus dit : " Bienheureux celui qui a existé avant qu’il ait été produit ! " 21. " Si vous devenez pour moi des disciples et que vous écoutiez mes paroles, ces pierres vous serviront. " 22 " Car vous avez là, dans le Paradis, cinq arbres qui ne changent été ni hiver, et dont les feuilles ne tombent point : celui qui les connaîtra ne goûtera point la mort ! " Via Veritas 313 23. Les disciples disent à Jésus : " Dis-nous à qui est semblable le Royaume des cieux ! " Il leur a dit : " Il est pareil à une graine de sénevé : elle est plus petite que toutes les [autres] semences, mais, lorsqu’elle tombe sur la terre labourée, elle produit une grande tige et devient un abri pour les oiseaux du ciel . " 24. Marie dit à Jésus : " A qui tes disciples sont-ils semblables ? " Il lui a dit : " Ils sont semblables à de petits enfants qui ont pénétré dans un champ qui ne leur appartient pas. Lorsque les propriétaires du champ viendront, ils diront : " Quittez-nous notre champ ! " Eux [donc], ils se dépouillent en présence de ces [ gens] pour leur laisser leur champ et le leur rendre. " 25. " C’est pourquoi je vous dis ceci . Si le maître de maison sait que le voleur vient, il veillera avant que celui-là arrive et il ne laissera pas se percer une entrée dans la demeure de sa royauté pour en emporter ses meubles. Vous donc, soyez vigilants face à l’univers. Ceignez vos reins avec une grande énergie, afin que les brigands ne trouvent pas de moyen de vous atteindre ; car le besoin que vous guettez, ils le trouveront ! " 26. Qu’il y ait au milieu de vous un [tel] homme avisé : lorsque le fruit est venu, en hâte, sa faucille à la main, il est allé et il l’a moissonné. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! " 27. Jésus vit des petits qui tétaient ; il dit a ses disciples : " Ces petits qui tètent sont semblables à ceux qui entrent dans le Royaume. " Eux lui dirent : " Si nous sommes petits, entrerons-nous dans le Royaume ? " Jésus leur dit : " Lorsque vous ferez les deux [être] un, et que vous ferez le dedans comme le dehors et le dehors comme le dedans, et le haut comme le bas ! Et si vous faîtes le mâle et la femelle en un seul, afin que le mâle ne soit plus mâle et que la femelle ne soit plus femelle , et lorsqu’à la place d’un œil vous referez des yeux, et une main à la place d’une main, et un pied à la place d’un pied, et une image à la place d’une image, alors vous entrerez dans le [Royaume] ! " 28. Jésus dit : " Je vous choisirai, un entre mille et deux entre dix mille, et [ceux-ci] se lèveront étant un ! " 29. Ses disciples lui disent : " Instruis-nous sur le lieu où tu es, car il nous est nécessaire de questionner à son sujet ! " Il leur dit : " Que celui qui a des oreilles entende ! Si une lumière existe au-dedans d’une créature lumineuse, alors elle illumine l’univers tout entier ; mais si elle n’illumine point, [c’est qu’elle] est une ténèbre . " 30. Jésus dit : " Aime ton frère comme ton âme ; veille sur lui comme [sur] la prunelle de ton œil. " 3. Jésus dit : " La paille qui est dans l’œil de ton frère, tu la vois ; mais la poutre qui est dans ton œil, tu ne la vois point ! Lorsque tu auras rejeté la poutre qui est dans ton œil, alors tu y verras pour rejeter la paille hors de l’œil de ton frère . " 32. Si vous ne jeûnez pas au monde, vous ne trouverez point le Royaume . Si vous ne faites point du Sabbat le [vrai] Sabbat, vous ne verrez point le Père. " 33. Jésus dit : " Je me suis tenu au milieu de l’univers et, dans la chair, je me suis manifesté à ceuxci. Je les ai tous trouvés qui étaient ivres ; je n’en ai trouvé aucun assoiffé parmi eux. Et mon âme s’est affligée pour les enfants des hommes. Parce qu’ils sont des aveugles dans leur cœur et qu’ils ne voient pas, parce qu’ils sont venus au monde étant vides ! Qu’il vienne cependant quelqu’un qui les redresse ! Alors, quand ils auront cuvé leur vin, ils se repentiront. " 34 Jésus dit : " Si la chair s’est produite à cause de l’esprit, c’est un miracle. Mais si l’esprit [s’est produit] à cause du corps, c’est un miracle de miracle. Mais moi ?, je m’émerveille de cela parce que le [… … …de] cette ? grande richesse a demeuré dans cette pauvreté. " 35. Jésus dit : " Là où il y a trois dieux, ce sont des dieux. Là où sont deux, ou [bien] un, je suis avec lui ! " 36. Jésus dit : " Un prophète n’est pas reçu dans sa ville, et un médecin n’opère point de guérison Via Veritas 314 sur ceux qui le connaissent . " 37. Jésus dit : " Une ville qui est édifiée sur une montagne élevée, et qui est forte, il n’est pas possible qu’elle tombe, et l’on ne peut la cacher ! " 38. Jésus dit : " Ce que tu entendras de ton oreille, et de l’autre oreille, proclame-le sur vos toits ! Car personne n’allume une lampe et ne la met sous le boisseau ou ne la met dans un endroit caché : mais il la place sur le candélabre afin que tous ceux qui entrent et sortent voient sa lumière . " 39. Jésus dit : " Si un aveugle conduit un autre aveugle, tous les deux tombent dans une fosse . " 40. Jésus dit : " Il n’est pas possible que quelqu’un entre dans la maison du puissant et qu’il lui fasse violence s’il ne lui a point lié les mains : alors [seulement] il dévalisera sa maison . " 4. Jésus dit : " N’ayez point souci, du matin au soir et du soir au matin, de ce que vous revêtirez ! " 42. Ses disciples lui disent : " Quel jour nous apparaîtras-tu, et quel jour te verrons-nous ? " Jésus dit : " Lorsque vous vous dépouillerez sans que vous ayez honte, que vous ôterez vos vêtements et les déposerez à vos pieds à la manière des petits enfants, et que vous les piétinerez ! Alors [vous deviendrez] les fils de Celui qui est vivant, et vous n’aurez plus de crainte. " 43. Jésus dit : " Vous avez désiré bien des fois entendre ces paroles-ci que je vous dis, mais vous n’avez pas eu un autre de qui les entendre. Il viendra des jours où vous me chercherez, et où vous ne me trouverez pas . " 44. Jésus dit : " Les pharisiens et les scribes ont pris les clés de la science et les ont cachées : ils ne sont point entrés et ils n’ont pas, non plus, laissé [entrer] ceux qui voulaient entrer. Mais vous, soyez prudents comme les serpents et simples comme les colombes ! " 45. Jésus dit : " Un cep de vigne a été planté au dehors du Père. Il ne s’est point fortifié : on l’arrachera jusqu’à sa racine et il périra . " 46. Jésus dit : " Celui qui a dans sa main, on lui donnera. Mais celui qui n’a pas, [même] le peu qu’il a lui sera enlevé ! " 47. Jésus dit : " Soyez, vous, [comme] des passants ! " 48. Ses disciples lui dirent : " Qui es-tu, toi qui nous dis ces choses ?-Par les choses que je vous dis, ne reconnaissez-vous pas qui je suis ? Mais vous êtes, vous-mêmes, devenus pareils aux Juifs : ils aiment l’arbre et ils détestent son fruit, ils aiment le fruit et ils détestent l’arbre ! " 49. Jésus dit : " Qui a blasphémé contre le Père, on lui pardonnera, et qui a blasphémé contre le Fils, on lui pardonnera : mais celui qui a blasphémé contre l’Esprit saint, on ne lui pardonnera point, ni sur terre ni dans le ciel . " 50. Jésus dit : "On ne récolte point de raisin sur les ronces, et l’on ne cueille point de figues sur l’épine-blanche : elles ne donnent pas de fruit ! [… un] homme bon tire de son grenier ce qui est bon, mais un homme pervers tire de son grenier pervers-qui est dans son cœur - des [choses] mauvaises, et il en sème de mauvaises parce que [ce sont] des [choses] mauvaises [qu’] il tire de l’outrance de son cœur . " 5. Jésus dit : " Depuis Adam jusqu’à Jean Baptiste parmi ceux qui ont été engendrés de femmes il n’en est point de plus grand que Jean-Baptiste ! Mais, de crainte que les yeux [d’un tel] ne se perdent j’ai dit : Celui qui parmi vous sera [le plus] petit connaîtra le Royaume et sera plus élevé que Jean ! " 52. Jésus dit : " Il n’est pas possible qu’un homme monte deux chevaux, ni qu’il tende deux arcs. Et il n’est pas possible qu’un domestique serve deux maîtres : sinon, il honorera l’un et l’autre le rudoiera ! Jamais homme ne boit du vin vieux et ne désire au même instant boire du vin nouveau ; Via Veritas 315 on ne verse pas du vin nouveau dans de vieilles outres, pour qu’elles ne se fendent point, et l’on ne verse pas du vin vieux dans des outres neuves, afin qu’il ne se gâte. On ne coud pas un vieux morceau à un vêtement neuf, car une déchirure se produirait . " 53. Jésus dit : " Si deux sont l’un avec l’autre en paix dans la même maison, ils diront à la montagne : " Déplace-toi ! "-et elle se déplacera. " 54. Jésus dit : " Bienheureux les solitaires et les élus, car vous trouverez le Royaume ! Parce que vous êtes issus de lui, de nouveau vous y retournerez. " 55. Jésus dit : " Si les gens vous demandent : " D’où êtes-vous venus ? "-dites-leur : " Nous sommes venus de la Lumière, du lieu où la Lumière s’est produite [......] hors de lui-même [ou : d’ellemême ?]. Il [.. .… … …] …jusqu’à ce qu’ils manifestent ? …[… …] leur image. " Si l’on vous dit : " Qu’êtes-vous ? " _ dites : Nous sommes ses fils et nous sommes les élus du Père qui est vivant. " Si [les gens] vous demandent : " Quel signe de votre Père est en vous ? " - dites-leur : " C’est un mouvement et un repos . " 56. Ses disciples lui dirent : " Quel jour le repos de ceux qui sont morts se produira-t-il, et quel jour sera-ce que le monde nouveau viendra ? " Il leur a dit : " Ce [repos] que vous attendez est [déjà] venu, et vous ne l’avez point reconnu. " 57. Ses disciples lui dirent : " Vingt-quatre prophètes ont parlé en Israèl et tous, ils se sont exprimés en toi ! " Il leur a dit : " Vous avez délaissé Celui qui est vivant en face de vous, et vous avez parlé des morts ! " 58. Ses disciples lui dirent : " La circoncision est-elle utile ou non ? " Il leur a dit : " Si elle était utile, leur père les engendrerait de leur mère [tout] circoncis. Mais [seule] la véritable circoncision dans l’esprit donne tout le profit ! " 59. Jésus dit : " Bienheureux les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous ! " 60. Jésus dit : " Celui qui ne haïra pas son père et sa mère ne pourra être mon disciple ; et s’il ne hait point son frère et sa sœur et ne prend pas sa croix comme moi, il ne deviendra pas digne de moi ! " 6. Jésus dit : " Celui qui a connu le monde est tombé dans un cadavre ; et, celui qui est tombé dans un cadavre, le monde n’est plus digne de lui ! " 62. Jésus dit : " Le Royaume du Père est pareil à un homme qui a une [bonne] semence [dans son champ]. La nuit, son ennemi est venu et a semé de l’ivraie par-dessus la semence qui est bonne. [Mais] cet homme ne les [ = ses serviteurs ] a pas lalssés arracher l’ivraie, " de crainte- leur a-t-il dit-qu’en allant ôter l’ivraie vous n’enleviez avec elle le froment. En effet, au jour de la moisson, les ivraies seront devenues reconnaissables : on les ôtera et on les brûlera . " 63. Jésus dit : " Bienheureux l’homme qui a peiné : Il a trouvé la Vie ! " 64. Jésus dit : " Tournez vos regards vers Celui qui est vivant, tant que vous êtes vivants, afin que vous ne mouriez point-et cherchez à le voir ! Vous ne pourrez voir un Samaritain qui porte un agneau et qui entre dans la Judée. " Ceci, c’est au sujet de l’agneau qu’il l’a dit à ses disciples, et ils lui ont répondu : " Il le tuera et le mangera ! " Mais il leur a dit : " Il ne le mangera point tant que [celui-ci] est vivant, mais seulement s’il le tue et que celui-ci devienne cadavre. " Ils lui dirent : " En nulle autre façon il ne le blessera ! " Il leur a dit [alors] : " Vous-mêmes, cherchez-vous donc un lieu de repos, afin que vous ne deveniez point des cadavres et que l’on ne vous mange point ! " 65. Jésus dit : " Deux se reposeront là sur un lit : l’un mourra, l’autre vivra. " Salomé dit : " Qui estu, homme ; de qui es-tu [issu], pour être monté sur mon lit et avoir mangé à ma table ? " Jésus lui dit : " Je suis celui qui s’est produit de Celui qui [m’] est égal : on m’a donné de ce qui est à mon Père ! -Je suis ta disciple !-A cause de cela, je dis ceci : Lorsqu’[un] se trouvera désert ?, il sera plein de lumière ; mais lorsqu’il se trouvera divisé, il sera plein de ténèbres. " Via Veritas 316 66. Jésus dit : " Quand je dis mes mystères à [… … … ] ... mystère : [ce que] ta main droite fera, que ta main gauche ignore [qu’]elle le fait . " 67. Jésus dit : " Il y avait un homme riche qui avait beaucoup de biens. Il [se] dit : " J’userai de mes biens afin d’ensemencer mon champ, de planter, de remplir mes greniers de récoltes, de sorte que le besoin ne me touche pas. " Telles étaient les choses qu’il pensait en son cœur. Mais, pendant cette nuit-là, il mourut. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! " 68. Jésus dit : " Un homme avait des hôtes. Lorsqu’il eut préparé le festin, il envoya son serviteur pour appeler ces hôtes. Celui-ci alla chez le premier et lui dit : " Mon maître t’invite ! " [L’autre] répondit : " J’ai de l’argent à recevoir de marchands ; ils viennent vers moi ce soir et j’irai pour leur donner des ordres. Je m’excuse pour le festin. " [Le domestique] alla chez un autre et lui dit : " Mon maître t’a invité. " [Celui-ci] lui dit : " J’ai acheté une maison et l’on me demande une journée : je ne suis pas libre. " Il alla vers un autre et lui dit : " Mon maître t’invite ! " [Celui-ci] lui répondit : " Mon ami va se marier, et c’est moi qui ferai [son] festin. Je n’irai pas : je m’excuse pour le festin ! " Il alla vers un autre et il lui dit : " Mon maître t’invite ! " [Celui-ci] lui dit : " J’ai acheté un champ et je ne suis pas encore allé [en] recevoir le revenu. Je ne viendrai pas : je m’excuse pour le festin ! " Le serviteur revint et dit à son maître : " Ceux que tu as invités au festin se sont excusés. " Le maître dit à son serviteur : " Va dehors, dans les rues, et ceux que tu trouveras, amène-les pour qu’ils dînent. " Les acheteurs et les mar[chands n’entreront] pas dans les lieux de mon Père ! " 69. Il a dit : " Un homme [important] avait un vignoble qu’il avait donné à des cultivateurs pour qu’ils le travaillent et qu’il en reçoive d’eux le fruit. Il envoya son serviteur pour que les cultivateurs lui donnent le fruit du vignoble : [mais] ceux-ci s’emparèrent de son serviteur, ils le frappèrent et il s’en fallut de peu qu’ils ne le tuent. Le serviteur revint et le dit à son maître. Son maître [se] dit : " Peut-être ne les a-t-il pas reconnus ? " Il envoya un autre serviteur : cet autre aussi, les cultivateurs le frappèrent. Alors, le maître envoya son fils : ils se dit : " Sans doute respecterontils mon enfant ? " Mais, quand ils surent que celui-ci était l’héritier du vignoble, ces cultivateurs le saisirent et le tuèrent. Que celui qui a des oreilles entende ! " 70. Jésus dit : " Puisses-tu m’enseigner cette pierre que ceux qui construisent ont rejetée ! C’est elle, la pierre de l’angle . " 7. Jésus dit : " Celui qui connaît le Tout, qui n’a besoin que de lui-même, il a besoin de tout le Lieu ! " 72. Jésus dit : " Bienheureux serez-vous lorsque l’on vous haïra et que l’on vous persécutera ; mais ils ne trouveront pas de place dans ce lieu [jusqu’]auquel ils vous auront poursuivis ! " 73. Jésus dit : " Bienheureux sont-ils, ceux que l’on a persécutés dans leur cœur. Ce sont ceux-là qui ont connu ? le Père ! Bienheureux ceux qui sont affamés, parce qu’ils se rassasieront le ventre à [leur] désir ! " 74. Jésus dit : " Lorsqu’il vous reste de quoi partager, à vous, cela que vous possédez vous sauvera. Mais si vous ne pouvez partager [pour vous], cela, que vous n’avez point en vous, cela [. ?.] vous [... ra]. " 75. Jésus dit : " Je [… …]rai [… …] et personne ne pourra … … [… … …] […]. " 76. [Quelqu’un ?...] lui [a dit] : " Parle à mes frères, pour qu’ils partagent avec moi les biens de mon père ! " Il lui a répondu : " Homme, qui m’a fait partageur ? " Il se retourna vers ses disciples et leur dit : " Que je ne sois point un partageur ! " 77. Jésus dit : " La moisson est grande mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le Seigneur pour qu’il envoie des ouvriers à la moisson . " 78. Il a dit : " Seigneur, beaucoup sont autour de l’ouverture mais personne dans le puits ! " Via Veritas 317 79. Jésus dit : " Beaucoup se tiennent dehors à la porte, mais ce sont les solitaires seuls qui entreront dans la chambre nuptiale " 80. Jésus dit : " Le Royaume du Père est pareil à un homme, un négociant, qui a un fardeau et qui a trouvé une perle. Ce négociant est un sage : il a vendu le fardeau et s’est acheté la perle seule. Vous aussi, cherchez son trésor qui ne périt point, qui demeure, dans lequel la teigne ne pénètre pas pour ronger et [où] le ver ne détruit point . " 8. Jésus dit : " Je suis la lumière, celle qui est sur eux tous. Je suis le Tout, et le Tout est sorti de moi et Tout est revenu à moi. Fends le bois : je suis là ; soulève la pierre et tu m’y trouveras ! " 82. Jésus dit : " Pourquoi êtes-vous sortis dans la campagne ? [Est-ce] pour voir un roseau agité [par] le vent, et pour voir un h[omme avec des] vêtements [délicats] qui l’enveloppent ? [Mais ils sont dans les demeures des] rois et de vos grands, ceux que de [délicats vêtements] enveloppent, et ils ne connaissent pas la vérité ! " 83. Dans la foule, une femme lui dit : " Bienheureux le ventre qui t’a porté et le sein qui t’a nourri ! " Il lui a dit : " Bienheureux ceux qui ont entendu la parole du Père et qui la gardent ! En vérité, des jours viendront où vous direz : Heureux le ventre qui n’a point engendré et ces mamelles qui n’ont point allaité ! " 84. Jésus dit : " Celui qui a connu le monde est tombé dans le corps ; et celui qui est tombé dans le corps, le monde n’est pas digne de lui. " 85. Jésus dit : " Que celui qui s’est fait riche règne, et que celui qui a une force soit miséricordieux ! " 86. Jésus dit : " Celui qui est près de moi est près du feu, et celui qui est loin de moi est loin du Royaume . 87. Jésus dit : " Les images apparaissent à l’homme mais la lumière qui est en elles est cachée. Dans l’image de la lumière du Père, elle [ = cette lumière] se révélera, et son image sera voilée par sa lumière. " 88. Jésus dit : " Maintenant, quand vous voyez votre apparence, vous vous réjouissez. Mais, lorsque vous verrez vos images qui se sont produites avant vous, qui ne meurent point et qui ne se manifestent point, quelle grandeur supporterez-vous ? " 89. Jésus dit : " Adam a été produit par une grande puissance et une grande richesse ; mais il n’a pas reçu ? [… … …] digne ? de vous, car il n’était pas digne [de ?] ne pas [être soumis ?] à la mort. " 90. Jésus dit : " [Les renards] [ont] des [tanières] et les oiseaux ont [leurs] nids ; mais le Fils de l’Homme n’a pas de lieu où incliner sa tête et se reposer . " 9. Il a dit, lui, Jésus : " Le corps qui dépend d’un corps est un malheureux, et l’âme qui dépend de ces deux est une malheureuse ! " 92. Jésus dit : " Les anges et les prophètes viennent vers vous : ils vous donneront les choses qui vous appartiennent. Vous-mêmes, donnez-leur ce que vous possédez et dites-vous : " Quel jour vont-ils venir, et prendre ce qui est à eux ? " 93. Jésus dit : " Pourquoi lavez-vous le dehors de la coupe et ne pensez-vous pas que celui qui a fait le dedans, c’est lui aussi qui a fait le dehors ? " 94. Jésus dit : " Venez à moi, car mon joug est excellent et mon autorité est douce, et vous trouverez pour vous le repos ! " 95. Ils lui dirent : " Dis-nous qui tu es, afin que nous croyions en toi. " Il leur a dit : " Vous scrutez l’aspect du ciel et de la terre mais Celui qui est par-devant vous, vous ne le connaissez pas et, cette Via Veritas 318 conjoncture-ci, vous ne savez pas comment la scruter ! " 96. Jésus dit : " Cherchez et vous trouverez ! Mais les choses sur lesquelles vous m’avez interrogé en ces jours et que je ne vous ai point dites à ce moment, je veux maintenant les dire, et que vous ne les cherchiez plus . " 97. " Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens pour qu’ils ne le jettent point sur le fumier, et ne jetez pas les perles aux pourceaux de peur qu’ils ne le fassent [… … … ] " 98. Jésus [dit : " ] Celui qui cherche trouvera [et, à celui qui voudra entrer ? ], on ouvrira. " 99. [Jésus dit : " Si ] vous avez de l’argent, ne le donnez pas à intérêt, mais [ … … … … … ] qui ne les prendra point de lui. " 100. Jésus dit : " Le Royaume du Père est pareil à une femme qui a mis un peu de levain [dans trois] mesures de farine et qui en a fait de grands pains. Que celui qui a des oreilles entende ! " 101. Jésus dit : " Le Royaume du Père est pareil a une femme qui porte un vase plein de farine et qui s’en va par un long chemin. L’anse du vase s’est brisée : la farine s’est répandue derrière elle sur le chemin sans qu’elle le sache et sans qu’elle sache y remédier. Lorsqu’elle est arrivée à sa maison, elle a posé le vase et elle a trouvé qu’il était vide. " 102. Le Royaume du Père est pareil à un homme qui veut tuer un grand personnage. Dans sa maison, il a dégainé l’épée et il l’a plantée dans le mur pour s’assurer que sa main serait ferme. Ensuite il a tué le personnage." 103. Les disciples lui dirent : " Tes frères et ta mère sont là dehors . " Il leur a dit : " Vous et ? ceux ? qui font la volonté de mon Père, ce sont là mes frères et ma mère ; ce sont eux qui entreront dans le Royaume de mon Père. " 104. On montra à Jésus une pièce d’or et on lui dit : " Les gens qui appartiennent à César nous demandent les taxes. " Il leur a dit : " Donnez à César ce qui est à César, donnez à Dieu ce qui est à Dieu et, ce qui est à moi, donnez-le-moi ! " 105. " Celui qui n’a pas comme moi détesté son père et sa mère ne pourra être mon disciple, et celui qui a aimé s[on père e]t sa mère comme moi ne pourra être mon disciple. Ma mère, en effet, a [… …] [… …] parce qu’en vérité elle m’a donné la vie. " 106. Jésus dit : " Malheur a eux, aux Pharisiens, parce qu’ils sont pareils à un chien qui est couché sur une part et qui [commet ?] ce mal de ne point [la]manger et de ne point [en laisser] les déchets à manger. " 107. Jésus dit : " Bienheureux est cet homme qui connaît [à quel] point les voleurs vont entrer, afin qu’il veille, qu’il rassemble sa [… …], et qu’il se soit ceint les reins avant que ceux-ci soient entrés. " 108. Ils [lui] dirent : " Allons ; prions et jeûnons aujourd’hui ! " Jésus dit : " Quel est donc le péché que j’ai commis, ou en quoi ai-je été défait ? Mais, quand l’époux sort de la chambre nuptiale, jamais alors on ne jeûne, et jamais on ne prie ! " 109. Jésus dit : " Celui qui connaîtra père et mère, l’appellera-t-on : " Fils de prostituée ! " ? " 110. Jésus dit : " Lorsque vous ferez que les deux soient un vous deviendrez fils de l’Homme et si vous dites : " Montagne, déplace-toi ! "-elle se déplacera. " 111. Jésus dit : " Le Royaume est pareil à un pasteur qui a cent brebis . Une d’elles, qui est la plus grande, s’est égarée. Il a laissé les quatre-vingt-dix-neuf autres et il a cherché cette seule [brebis] jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée. Après avoir pris cette peine, il a dit à la brebis : " Je t’aime plus que les quatre-vingt-dix-neuf [autres] ! " Via Veritas 319 112. Jésus dit : " Celui qui boira de ma bouche deviendra comme moi. Quant à moi, je deviendrai ce qu’il est, et ce qui est caché lui sera révélé . " 113. Jésus dit : " Le Royaume est pareil à un homme qui [a] dans son champ un trésor qui est [caché] et qui ne le sait pas. Il ne [l’a pas trouvé avant de] mourir, et il a laissé son [bien à son] fils qui ne savait pas cela. Celui-ci a pris ce champ-là, il l’a vendu, et celui qui l’a acheté est allé le labourer : [il a trouvé] le trésor, et il a commencé de prêter à intérêt à ceux [qu’il] veut ? " 114. Jésus dit : " Celui qui a trouvé le monde et qui s’est fait riche, qu’il renonce au monde ! " 115. Jésus dit : " Les cieux et la terre dureront devant vous, et celui qui vit de Celui qui est vivant ne verra pas mourir "-parce que ? Jésus dit ceci : " Celui qui se tient à soi seul, le monde n’est pas digne de lui. " 116. Jésus dit : " Malheur à cette chair qui dépend de l’âme et malheur à cette âme qui dépend de la chair ! " 117. Ses disciples lui dirent : " Quel jour le Royaume viendra-t-il ?-Il ne viendra pas quand on l’attendra. On ne dira pas : " Voici il est ici ! " ou : " Voyez, il est là ! " mais le Royaume du Père est répandu sur la terre et les hommes ne le voient point. " 118. Simon Pierre leur dit : " Que Marie sorte de parmi nous, car les femmes ne sont pas dignes de la vie ! " - Jésus dit : " Voici ; moi, je l’attirerai pour que je la rende mâle afin qu’elle aussi devienne un esprit vivant pareil à vous, les mâles ! Car toute femme qui sera faite mâle entrera dans le Royaume des cieux . " L’évangile sonne de manière très étrange quand on le rapproche de la manière dont les Témoins de Jéhovah ont choisi de rendre la notion de Royaume de Dieu. Notez particulièrement la leçon de la publication Tour de Garde en ce qui concerne Luc 17:10 - le Royaume est au milieu de vous. La Tour de Garde, 15/6/1989, p. 8 : Jésus est encore dans le nord du pays (soit en Samarie, soit en Galilée) quand des Pharisiens le questionnent sur la venue du Royaume. Ils croient qu’il arrivera en grande pompe ; mais Jésus dit : “Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à s’imposer à l’observation ; et on ne dira pas non plus : ‘Voyez ici !’, ou : ‘Là !’ Car voici que le royaume de Dieu est au milieu de vous.” L’expression de Jésus, “au milieu de vous”, a été parfois traduite “au dedans de vous”. De là, certains en ont déduit que, selon Jésus, le Royaume de Dieu siège dans le cœur des serviteurs de Dieu. Pourtant, à l’évidence, le Royaume de Dieu n’est pas dans le cœur des Pharisiens incrédules à qui Jésus parle. Par contre, il est au milieu d’eux en ce sens que le personnage désigné pour être Roi du Royaume de Dieu, à savoir Jésus Christ, est justement parmi eux. C’est probablement après le départ des Pharisiens que Jésus poursuit avec ses disciples la conversation sur la venue du Royaume. Il pense particulièrement à sa future présence, dans la puissance du Royaume, lorsqu’il donne cet avertissement : “On vous dira : ‘Voyez là !’, ou : ‘Voyez ici !’ Ne sortez pas et ne courez pas après [ces faux Messies]. Car, comme l’éclair, en jaillissant, brille depuis telle région de dessous le ciel jusqu’à telle autre région de dessous le ciel, ainsi sera le Fils de l’homme.” Jésus indique par ces mots que, de même que l’éclair se voit sur une vaste étendue, de même les signes de sa présence dans la puissance du Royaume pourront être vus clairement par tous ceux qui souhaiteront les observer. Via Veritas 320 Mais cette explication contredit la compréhension qu’en avait au moins une communauté chrétienne au 2ème siècle, donnant un nouvel éclairage sur la déclaration présumée de Jésus. 2. Jésus dit : " Si ceux qui vous entraînent vous disent : " Voici, le Royaume est dans le ciel ! "- alors, les oiseaux du ciel y seront avant vous. S’ils vous disent : " Il est dans la mer ! "- alors, les poissons y seront avant vous. Mais le Royaume est au-dedans de vous et il est au-dehors de vous ! " 117. Ses disciples lui dirent : " Quel jour le Royaume viendra-t-il ?-Il ne viendra pas quand on l’attendra. On ne dira pas : " Voici il est ici ! " ou : " Voyez, il est là ! " mais le Royaume du Père est répandu sur la terre et les hommes ne le voient point. " L’évangile de Thomas délivre ici une clé de compréhension fondamentale : le Royaume est bien présent au temps de Jésus, il n’est nul besoin de l’attendre en un temps et un lieu précis. La notion de Royaume au 1er siècle était ainsi très différente de celle que nous délivre depuis plus d’un siècle les Témoins de Jéhovah. Pour aller plus loin : L’évangile selon Thomas - Historique et commentaires. L’épître apocryphe de Jacques Texte copte gnostique de Nag Hammadi Une traduction réalisée par la Bibliothèque copte de Nag Hammadi. La découverte de Nag Hammadi Introduction de la Biblothèque copte de Nag Hammadi En décembre 1945, près de la ville de Nag Hammadi, des paysans égyptiens déterraient fortuitement une jarre contenant treize codices de papyrus, des volumes reliés à plat comme nos livres et recouverts de cuir. Ils venaient de faire l’une des plus formidables découvertes de manuscrits anciens du XXe siècle. Folio en papyrus de l’évangile de Thomas IIIe-IVe siècle, écrit en copte Dans un état de conservation variable, les 1156 pages inscrites renferment 54 oeuvres différentes, la plupart inconnues par ailleurs, dont le fameux Évangile selon Thomas, un recueil de paroles de Jésus. Il s’agit de textes religieux, généralement décrits comme gnostiques. D’abord rédigés en grec, vraisemblablement au cours du IIe siècle, ces textes ont ensuite été traduits en copte, la langue de l’Égypte de cette époque, puis copiés vers le milieu du IVe siècle dans des codices qui ont par la suite été enfouis dans une jarre, probablement au début du Ve siècle. Cette découverte est d’un intérêt inestimable, que ce soit pour l’histoire du livre, dont les codices de Nag Hammadi constituent les plus anciens spécimens, pour l’histoire de la langue et de la Via Veritas 321 paléographie coptes, ou pour celle de la philosophie et du christianisme naissant. Ces textes ressuscitent en effet pour nous des formes du christianisme primitif que la tradition postérieure a combattues et s’est efforcée de faire disparaître, mais qui jouèrent néanmoins un rôle essentiel dans sa formation. Leur édition, leur traduction dans des langues modernes et leur étude, qui en est encore à ses débuts, ouvrent donc une fenêtre nouvelle sur la période du IIe siècle, si importante dans la formation du christianisme. Toutefois, l’interprétation de ces textes nouveaux est particulièrement difficile. On ignore en effet l’identité de leurs auteurs, les lieux, dates et circonstances de leur rédaction en grec, de leur transmission, de leur traduction en copte, de leur copie dans les codices mis au jour en 1945. De laborieuses recherches permettent néanmoins de les situer dans leur contexte et d’en tirer de nombreux renseignements qui éclairent l’histoire des premiers siècles chrétiens sous un jour nouveau. Ainsi, pour ne donner qu’un seul exemple, l’Évangile selon Thomas est devenu une pièce maîtresse de la recherche sur le personnage historique de Jésus de Nazareth et sur les origines du christianisme. (L’ÉPÎTRE APOCRYPHE DE JACQUES) (NH I, 2) (Traduit du copte par Donald Rouleau) Cette traduction française est le résultat d’un travail en cours, elle est donc provisoire et sujette à des modifications. Elle a été faite intégralement à partir du texte copte. Celui-ci étant écrit de façon continue, les divisions des phrases, de même que les divisions en paragraphes sont le fait du traducteur, qui a également ajouté des intertitres afin de faciliter la lecture, de même que, dans certains dialogues, l’identification des interlocuteurs. Les chiffres en caractères gras indiquent les pages du texte copte auxquelles la traduction correspond, et les chiffres en exposant, ceux des lignes. Voici la signification des signes critiques utilisés dans la traduction : • • • • • • • [ ] restitution par l’éditeur moderne < > correction par l’éditeur moderne { } suppression par l’éditeur moderne ( ) ajout par l’éditeur moderne # # suppression par le scribe / / ajout par le scribe † † passage corrompu (PROLOGUE DE LA LETTRE) 1 1. [C’est Jacques] qui [éc]rit à ( ?) 2. [ ±8 ]thos. Paix Via Veritas 322 3. [à toi de la part de] la Paix, 4. [Amour de la part de] l’Amour, 5. [Grâce de la part de] la Grâce, 6. [Foi de la] part de la Foi, 7. Vie de la part de la Vie 8. sainte ! Puisque tu 9. m’as prié de 10.t’envoyer un (écrit) secret 11.qui m’a été révélé, à moi 12.ainsi qu’à Pierre, par le Seigneur, 13.je n’ai pu certes te (le) refuser, 14.ni te parler (de vive voix), 15.mais [je l’ai] écrit en lettres 16.hébraïques (et) je te l’ai 17.envoyé, à toi 18.seul, mais en tant que 19 serviteur du salut 19.des saints. Applique-toi 20.et garde-toi de divulguer 21.cet écrit à beaucoup, lui 22.que le Sauveur n’a pas voulu 23.divulguer à nous tous, ses 24.douze disciples. Ils 25.seront cependant bienheureux, 26.ceux qui seront sauvés par 27.la foi en ce discours ! Je 28.t’ai aussi fait parvenir, il y a 29.dix mois, un autre (écrit) 30.secret que m’avait révélé 31.le Sauveur. Mais 32.celui-là, d’une part, considère-le 33.ainsi comme m’ayant été révélé 34.à moi, Jacques. Celui-ci 2 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. cependant, lui aus[si ±13 ] atteindre [ ±10 ] ceux qui [ ±9 ] cherche [ ±9 ] C’est ainsi que [ ±8 sa-]lut et [±12 ] [ ±4 ]. L’OBJET DE LA LETTRE : LA RÉVÉLATION (Apparition de Jésus) Et [alors que] les douze disciples 8. étaient une [fois] tous assis 9. ensemble, 10.et qu’ils se rappelaient Via Veritas 323 11.ce que le Sauveur avait dit 12.à chacun d’eux, soit 13.en secret, soit 14.ouvertement, et qu’ils le fixaient 15.dans des livres - pour ma part, 16.j’écrivais ce qui se trouve dans ce [livre] -, 17.voici que le Sauveur apparut. 18.Il est passé parmi [nous, nous] lui [étions atten]tifs, 19.et cinq cent 20.cinquante jours après qu’il fut ressuscité 21.d’entre les morts, nous lui avons 22.dit : « Es-tu parti, t’es-tu éloigné de nous ? » 23.Et Jésus dit : « Non, mais 24.je m’en vais au lieu d’où je suis venu. 25.Si vous voulez venir 26.avec moi, venez ! » Tous répondirent 27.en disant : « Si tu nous 28.(l’)ordonnes, nous viendrons ! » (Mise à part de Jacques e