L`étude de l`influence de la peinture sur la littérature à travers L

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L`étude de l`influence de la peinture sur la littérature à travers L
Recherches en langue et Littérature Françaises
Revue de la Faculté des Lettres
Année 5, N0 7
L'étude de l'influence de la peinture sur la littérature à
travers L'Œuvre de Zola
Mehri Zibaї
Doctorante, Université Azad de Téhéran
Afzal vosoughy
Professeur, Université Ferdowsi de Mashhad
Résumé
C’est surtout à partir du XIX siècle, précisément à l’époque
où la peinture cesse de s’appuyer sur une caution littéraire, que
la littérature va retrouver, plus volontiers qu’auparavant, son
inspiration dans la peinture.
Dans l'Œuvre, où la figure du peintre raté, Claude Lanier,
était composée de traits empruntés à ses deux amis de Zola,
Cézanne et Manet, l’activité picturale et la vie du peintre
deviennent précisément sources d’inspiration et constituent un
sujet de réflexion pour l’écrivain. A part cela, Zola, à travers ce
roman nous décrit minutieusement les milieux artistiques des
années 1860-80 et nous donne une description réaliste des
ateliers, des salons et du marché de l'art.
Zola est le romancier qui à le mieux transcrit dans ses livres
l'univers impressionniste en une succession d'images. On
pourrait aussi parler d'une parenté entre le roman naturaliste, et
l'impressionnisme: l'analogie entre la technique descriptive et
l'écriture picturale de Zola et celle des peintres est frappante.
L'objet de cet article est d'éclairer l'influence de la peinture sur
l'Œuvre de Zola et de démontrer que la peinture est comme un
pôle important dans la création de cette œuvre.
Mots-clés: littérature, peinture, Zola, Œuvre, écriture picturale.

E-mail : [email protected]
1390/11/10 :‫ ﺗﺄﯾﯿﺪ ﻧﻬﺎﯾﯽ‬،1389/1/8 :‫ ﺗﺎرﯾﺦ وﺻﻮل‬-
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Introduction
"Les dialogues du texte et de l'image nourrissent en permanence
les créations littéraires et picturales"(Chevrel, 1997, p.130). Ce
dialogue est historiquement dissymétrique: l'inspiration littéraire est
une constante de la peinture jusqu'à la fin de l'Ancien Régime (et
même jusqu'au romantisme), parce qu'elle a une fonction religieuse et
politique qui se légitime par référence aux textes fondateurs, sacrés et
mythologique, de la civilisation occidentale. C'est de cette tutelle
littéraire que la peinture, depuis le XIX siècle et le courant réaliste, n'a
cessé de vouloir se dégager. Mais c'est à partir de cette époque que la
littérature s'est de plus en plus fréquemment référée à la peinture, pour
trouver dans cet art de nouvelles sources d'inspiration.
La peinture peut être le sujet traité par un écrivain – souvent un
prosateur – pour alimenter une réflexion sur l’art, comme dans les
«romans d’artiste» de Balzac, des Goncourt ou Zola.
"Cette veine s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans l’idéologie
romantique : A travers le peintre, c’est l’énigme de l’artiste qui est
interrogée, son "génie", sa capacité démiurgique à enfanter un monde
tout à la fois mimétique et concurrent du monde réel. Les thèmes
récurrents de cette littérature sont ceux de l’héroïsme solitaire de
l’artiste, de sa recherche passionnée de l’absolu qui se heurte aux
limitations techniques de son art comme au matérialisme de la société
dont il a besoin pour vivre" (A. Colin, 1985, p.14).
Cette tragédie intime de l’artiste se solde, chez Balzac et Zola par
la mort finale du héros. La tension est redoublée par une intrigue
amoureuse qui met en rivalité l’œuvre et le modèle, la pulsion
créatrice et la pulsion érotique. "On retient généralement de cette
production quelques grands textes qui s’imposent par leur complexité,
la profondeur de leur questionnement, et leur réussite littéraire : Le
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Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, Manette Salomon des frères
Goncourt et L’Œuvre de Zola"(Le Rider, 1997, p.45).
L'objectif de cet article est de démontrer les deux aspects divers de
l'influence de la peinture dans l'Œuvre de Zola. D'une part nous allons
voir que l'Œuvre est un roman sur les artistes du milieu des années
1880, et qui nous offre un point de vue très riche et détaillé sur la vie
des peintres. La description du milieu est, nous voudrions le montrer,
réaliste. C'est sa connaissance du milieu qui donne à Zola la justesse
du ton et des descriptions. On peut faire l'hypothèse d'un lien fort entre
les expériences sociales de Zola, comme ami des peintres, critique
d'art et l'Œuvre.
D'autre part, à part cette description du milieu de la peinture,
l'Œuvre profite d'une écriture picturale. En d'autres termes les peintres
pouvaient influencer son style parce que Zola était un écrivain très
visuel. En raison des fortes similitudes entre les descriptions de Zola
et les images des tableaux impressionnistes, on peut dire que Zola était
conscient d'imiter des peintures. Il a lui-même, déclaré: "Je n'ai pas
seulement soutenu les Impressionnistes, je les ai traduits en
littérature, par les touches, notes, colorations, par la palette de
beaucoup de mes descriptions." (Hamon, 1967, p.142).
L'Œuvre, histoire d'un peintre raté
"Les ressemblances sont frappantes entre L'Œuvre et Manette
Salomon des Goncourt: L'Œuvre s'ouvre par exemple, comme
Manette Salomon, sur un "tableau" de Paris aux allures très
picturales. A l'image de cette entrée en matière commune, les
comparaisons pourraient être multipliées entre les deux
romans"(Crouzet, 1996, p.12).
Comme celui des Goncourt, le héros de Zola est pris dans un
dilemme difficile entre les exigences de son art et sa vie familiale, le
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drame étant amplifié par le conflit récurrent avec l'institution artistique
et la société de l'époque."Mais les points de convergence soulignent
peut-être surtout un ensemble de topoï déjà sédimentés dans
l'imaginaire collectif à partir du texte du Balzac" (Chevrel, Op.cit,
139). Ils mettent d'ailleurs d'autant plus en valeur les caractères
propres du roman de Zola : un héros qui n'est pas un velléitaire
dépressif comme Coriolis1, mais un peintre talentueux; une charpente
romanesque à la fois solide et complexe; un ensemble d'inflexions
(notamment érotiques, avec une présence obsessionnelle du corps) où
se marque la sensibilité propre de l'écrivain; et un talent littéraire sans
commune mesure avec celui des Goncourt. L'écriture zolienne, à la
fois massive et ciselée, sculpte les scènes, les anime d'une vie
profonde, et confond les enjeux du roman avec ceux du style.
L'intrigue est centrée sur le peintre Claude Lantier (fils de
Gervaise, personnage central de l'Assommoir), artiste possédé par une
puissante pulsion créatrice. Amoureux d'une jeune fille qu'il a
rencontrée par hasard, Christine, il fait de celle-ci son modèle pour
réaliser un tableau ambitieux qui doit représenter La Femme; mais
malgré le dévouement de Christine, il ne parvient pas à atteindre
l'idéal qu'il ambitionne et "l'œuvre" se révèle toujours irréalisable.
Christine vit douloureusement les exigences que lui impose la passion
de Claude; elle le lui dira avec amertume à la fin du roman : "ta
peinture, c'est elle, l'assassine, qui a empoisonné ma vie"(Zola, 1974,
p. 312). Claude connaît de son côté des crises d'angoisse, des
hallucinations et, après une nuit d'amour, se pend face à son tableau.
Dans ce ratage pathétique d'une vie Zola projette ses obsessions
personnelles (on sait à quel point ce travailleur infatigable était hanté
par la menace de l'échec). L'un des protagonistes, l'écrivain Sandoz, se
dit "éperdu, jamais satisfait de la tâche quotidienne": "j'en crèverai
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furieux contre moi, exaspéré de n'avoir pas eu plus de talent"(Ibid.,
p.299). La dernière page du roman fait encore entendre sa voix, où
l'on perçoit une confession douloureuse du romancier :"moi qui
pousse mes bouquins jusqu'au bout, je me méprise de les sentir
incomplets et mensongers, malgré mon effort"(Ibid., p.345).
Les peintres qui ont inspiré le personnage de Claude
On peut se demander si L’Œuvre est un roman à clés, s’il n’y a pas
un peintre réel qui se cache sous Claude. Zola pour écrire ce roman a
emprunté des traits ou des épisodes isolés à la carrière de plusieurs de
ses amis peintres. Les peintres nommément cités dans le roman sont
Delacroix, Courbet et Ingres.
a) Cézanne
La publication de L'Œuvre a terni une amitié de 40 ans entre Zola
et Cézanne. Celui auquel on pense d’emblée dans l'inspiration du
personnage de Claude, est Paul Cézanne qui a passé son enfance à
Aix-en-Provence avec son ami, Zola. De façon semblable, Claude a
passé son enfance à Plassans où il était lié d'amitié avec Sandoz.
Comme Cézanne et Zola, Claude connaît des années difficiles à Paris
au début de sa carrière. Claude tient de Cézanne les fureurs de
perfectionnisme, l'entêtement, mais aussi les qualités d'invention et de
modernité. Les premières toiles de Cézanne furent, elles aussi,
refusées au Salon. Il n’a été reçu au Salon officiel qu’en 1882. Or Zola
a porté des jugements sur l'œuvre de Cézanne qui se sont faits plus
sévères au fil des années. Aussi Cézanne, à la lecture de L'Œuvre,
s'est-il reconnu dans le personnage de Claude et n'a-t-il pas apprécié
d'être décrit comme un génie avorté.
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b) Manet
Zola écrit à propos de Manet : "Le cœur le plus net, celui qui a
montré la personnalité la plus fine et la plus originale"(Zola, 1989,
p.94). Manet a fait le portrait de Zola et l'illustration de Nana. Le
tableau Plein air de Claude dont voici la description:
"C'était une toile de cinq mètres sur trois... dans un trou de forêt,
aux murs épais de verdure, tombait une ondée de soleil ; seule, à
gauche, une allée sombre s'enfonçait avec une tache de lumière, très
loin. Là sur l'herbe, au milieu des végétations de juin, une femme nue
était couchée, un bras sous la tête, enflant la gorge; et elle souriait,
sans regard, les paupières closes, dans la pluie d'or qui la baignait.
Au fond, deux autres petites femmes, une brune, une blonde,
également nues luttaient en riant, détachaient, parmi les verts des
feuilles, deux adorables notes de chair. Et, comme au premier plan, le
peintre avait eu besoin d'une opposition noire, il s'était bonnement
satisfait, en y asseyant un monsieur, vêtu d'un simple veston de
velours...". (Zola, Op.cit, 1974, p.33)
fait songer à celui d’É douard Manet, Le Déjeuner sur l'herbe qui fut
montré au Salon des Refusés de 1863 et fit un scandale. Pour l’évocation
qu’il en fait, Zola s’est servi de ses propres souvenirs, ayant
probablement visité le Salon des Refusés en compagnie de Cézanne:
"On ne comprenait pas, on trouvait cela insensé... voilà la dame a
trop chaud, tandis que le monsieur a mis sa veste de velours de peur
d'un rhume... les chairs sont bleues, les arbres sont bleus, pour sûr
qu'il l'a passé au bleu, son tableau! Ceux qui ne riaient pas entraient
en fureur: ce bleuissement, cette notation nouvelle de la lumière
semblaient une insulte [...] "Plein air", ce fut autour de lui une reprise
formidable des cris, des huées... plein air, oh ! Oui plein air, le ventre
à l'air, tout en l'air! Cela tournait au scandale [...] la foule
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grossissant exprimant toute la somme d'âneries, de réflexions
saugrenues, de ricanements stupides et mauvais que la vue d'une
œuvre originale peut tirer à l'imbécillité bourgeoise". (Zola, Op.cit,
1989, p.127-128).
c) Monet
Comme Monet, Claude fait des recherches sur les variations de
la lumière. Monet peint des séries : la Cathédrale de Rouen, les
Meules et plus tard, les Nymphéas. La dernière toile de Claude peut
faire penser aux Déchargeurs de charbon de Monet.
d) Autres peintres : école d'Argenteuil2 de Bennecourt
D’autres peintres de l’école d'Argenteuil ont apporté d’autres
éléments: Pissarro (pour Zola, "un des trois ou quatre peintres de ce
temps"), Fantin-Latour (Zola est présent dans sa toile Un atelier aux
Batignolles), Bazille, mais aussi Jongkind, Renoir et Gustave Moreau
(qui aurait inspiré, dans la dernière toile symboliste de Claude, "la
troisième [femme], toute nue, à la proue, d'une nudité si éclatante
qu'elle rayonnait comme un soleil").
L'Œuvre, une enquête sur le monde des arts
En plus du récit d'un peintre avorté pour qui l'écrivain a emprunté
des traits des peintres réels et de leurs tableaux, l'Œuvre est surtout
une enquête sur le monde des arts. Zola consacrant chaque tome des
Rougon-Macquart à l'étude d'un milieu, consacra celui-ci au milieu
artistique entre 1860 et 1880. Pour ce faire, il s'est servi de ses
souvenirs personnels parce qu'il a été à la fois l'acteur et le témoin
privilégié de la révolution artistique dans ces années mais il a aussi
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réuni dans ses carnets d'enquête une documentation abondante, surtout
sur les techniques de la peinture et de la sculpture. Il décrit dans ce
roman, les ateliers de peinture mais aussi ceux d'architecture et de
sculpture.
A propos de la peinture, il exploite la grande connaissance qu'il
avait de ce milieu artistique. Avec ceux du journalisme et de l'édition,
c'est celui qu'il avait d'abord fréquenté au début de sa carrière :
"Il se lie alors avec des peintres, fréquente le Louvre et les
ateliers. Son intérêt pour la peinture ne se démentira pas puisque, de
1866 à 1896, il rédigera pour la presse de nombreux Salons, où il fera
l'éloge de peintres comme Manet et Cézanne, avec lesquels il
entretient des relations personnelles" (Monneret, 1978, p.111)
Zola figure d'ailleurs dans Un atelier aux Batignolles de FantinLatour3, aux côtés de Renoir, Astruc, Bazille, Monet et Manet.
Tout d'abord, Zola nous décrit les coulisses et les secrets de la
création par le biais de la description des ateliers, des techniques
utilisées et du rôle des modèles.
a) La description des ateliers
En premier lieu, nous abordons à la description des ateliers de la
peinture dans ce roman. Le premier atelier de Claude est petit et
"empli de tableaux violents" comme nous l'explique Christine au
début du roman. Son second atelier est "petit et incommode" et n'est
accompagné que d'une étroite chambre et d'une cuisine très réduite.
C'est pour cette raison que Claude décidera, un peu plus tard, de louer
un ancien séchoir de teinturier de quinze mètres de long sur dix de
large. L'atelier de Bongrand, quant à lui, est vaste et "orné des seules
études du maître". Claude et Bongrand passent la majeure partie de
leur temps à peindre dans leurs ateliers, mais, malgré cela, ils
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n'attachent pas d'importance à la décoration ni au mobilier de ce
dernier. Contrairement à eux, Fagerolles, une fois le succès venu,
possède un atelier luxueux et sans tableaux.
Ensuite, nous verrons la présentation des ateliers d'architecture à
travers la description de l'atelier fréquenté par Dubuche. Ses murs sont
salis d'inscriptions et de dessins et les tables sont "occupées des deux
côtés par des files d'élèves, encombrées d'éponges mouillées, de
godets, de vases d'eau, de chandeliers de fer, de caisses en bois, de
compas et de couleurs"(Zola; Op.cit, 1974, p.163).
Enfin, Zola nous présente les ateliers de sculpture par le biais de la
description de l'atelier de Mahoudeau :
"Son atelier est assez grand et comprend un poêle, des tas d'argile,
des baquets boueux, un gâchis de plâtre ainsi que divers moulages et
sculptures. Cet atelier est poussiéreux, humide et possède une odeur fade
de glaise mouillée. L'atelier s'humidifie ensuite de plus en plus et se
refroidit tellement que l'eau des baquets finit par geler, les sculptures
invendues finissent quant à elles par se démembrer (Ibid., p.170).
b) Les salons
L'apport le plus intéressant du livre réside certainement dans cette
évocation des salons et expositions qui font intervenir le rôle des jurys
de peinture, et les réactions du public et de la critique. Zola décrivit
les Salons qui, chaque année, constituent le temps fort de la saison
artistique. Zola leur a consacré deux chapitres, le chapitre V qui est
consacré au Salon des Refusés créé par les peintres contestataires non
admis au Salon officiel décrit au chapitre X. Il y excella à saisir les
ambiances, les réactions négatives ou enthousiastes du public, à
traduire les tendances nouvelles, à mesurer l'évolution des mentalités.
Au Salon des Refusés de 1863, est accroché le tableau "Plein air":
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"C'était comme une fenêtre brusquement ouverte dans la vieille
cuisine au bitume, dans les jus recuits de la tradition, et le soleil
entrait et les murs riaient de cette matinée de printemps ! La note
claire de son tableau, ce bleuissement dont on se moquait, éclatait
parmi les autres. N'était-ce pas l'aube attendue, un jour nouveau qui
se levait pour l'art?"(Ibid., p.317).
En 1876, au Salon officiel, Fagerolles présente avec succès "Un
déjeuner", qui est simple plagiat du tableau de Claude. Les mêmes qui
avaient hué celui-ci saluent avec enthousiasme le tableau de
Fagerolles :
"Deux grosses dames, la bouche ouverte bâillaient d'aise [...] Il y
avait des émerveillements béats, étonnés, profonds, gais, austères, des
sourires inconscients, des airs mourants de tête. Alors Claude
s'oublia, stupide devant ce triomphe" (Ibid., p.389).
c) Le marché de l'art
Zola fait découvrir aussi le marché de l'art car c’est à cette époque
qu’il devint spéculatif, et le vieux Malgras, amateur éclairé, est évincé
par Naudet, le spéculateur qui investit dans l'art non pour l'esthétique
mais pour la plus-value espérée :
"Il ne s'agissait plus du goût si fin du père Malgras. Non, le
fameux Naudet [était] un spéculateur, un boursier qui se moquait
radicalement de la peinture. Il apportait l'unique flair du succès, il
devinait l'artiste à lancer, celui dont le talent menteur allait faire
prime sur le marché bourgeois" (Ibid., p.392).
Zola nous présente le marché de l'art sous deux aspects : les
collectionneurs-amateurs et les marchands. Nous découvrons tout
d'abord les collectionneurs amateurs représentés par Malgras mais
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aussi par Mr Hue. Malgras à l'apparence d'un cocher de fiacre mal
tenu mais c'est "un gaillard très fin" qui apprécie la bonne peinture.
"Cet homme se sent à l'aise même dans une ambiance tendue, il a
"le marchandage féroce" et est très rusé. Il se contente d'un bénéfice
de trente pour cent au plus et n'achète jamais un tableau sans savoir à
qui il le vendra le soir même car son affaire est basé sur un
renouvellement rapide de son petit capital (Ibid., p.340).
Ensuite, on découvre Naudet qui s'oppose à ces collectionneurs
amateurs. En effet, il a "des allures de gentilshommes", loue son
fauteuil à l'Opéra et réserve sa table chez Bignon. C'est un spéculateur
qui se moque radicalement de la bonne peinture. Zola met en évidence
la difficulté de créer selon sa propre exigence, sans tenir compte de la
mode, et des conventions en cours.
d) Le travail de l'artiste
Zola s’intéressa au travail de l'artiste dans ce roman. À plusieurs
reprises, il décrit Claude au travail dans son atelier ou sur le motif. Le
récit évoque par exemple la préparation des toiles avec de la céruse,
sans encollage, afin qu'elles restent absorbantes, ou le problème des
embus dus à un mauvais usage de l'huile à peindre. Mais ces
précisions ont surtout une valeur de caution réaliste : dans les scènes
d'atelier Zola fait d'abord porter l'accent sur la passion intérieure du
peintre et sa relation avec son modèle. Zola a l'expérience des séances
de pose car il a servi de modèle à ses amis peintres (son portrait par
Manet). Il est allé en repérage sur les lieux privilégiés par les peintres
de cette époque: les bords de Seine à Bennecourt (auxquels Cézanne,
Daubigny, Monet ont consacré plusieurs toiles), Paris, l'île SaintLouis, les quais de la Seine, la butte Montmartre (les nombreuses
descriptions de Paris qui sont autant de tableaux impressionnistes).
Un bilan de l'évolution picturale du temps
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A travers l'échec de son héros, L'Œuvre propose surtout un bilan
désenchanté de l'évolution picturale du temps. Zola avait d'abord été
un farouche défenseur de la nouvelle peinture, réaliste, lumineuse et
libéré des carcans de l'Académie comme de la tutelle étouffante des
institutions. Mais en 1878, il affirme que "si la révolution
impressionniste est une excellente chose, il n'en est pas moins
nécessaire d'attendre l'artiste de génie qui réalisera la nouvelle
formule"(Doucet, 1923, p.72). Cette réalisation ne deviendra jamais, et
Claude est l'image en creux de ce peintre de génie que Zola aura
vraiment attendu. Dix ans après la publication de L'Œuvre, le
romancier dénoncera "l'abus de la note claire qui fait de certaines
œuvres des lignes décorés par de longues lessives ", "l'abus
effroyable" de la "tache", "la démence à laquelle a pu conduire, en
trente ans la théorie des reflets"(Ibid., p.117) ...Et il s'exclamera :
"quoi ! Vraiment c'est pour ça que je me suis battu ? C'est pour cette
peinture claire, pour ces taches, pour ces reflets, pour cette
décomposition de la lumière ?" ("Peinture" Le Figaro, 2 mai 1896).
L'Œuvre occupe manifestement une position charnière dans cette
évolution : entre l'attrait de la modernité, la recherche de l'invention et
du talent original, et le doute profond sur une aventure esthétique qui
ne produit aucune réussite d'envergure. L'évocation des milieux de la
peinture est particulièrement développée dans ce roman; Zola, selon
son habitude, s'est amplement documenté, ajoutant à ses propres
souvenirs personnels des notes prises spécialement pour le récit. Il
s'en sert pour les scènes d'atelier.
L'écriture picturale dans l'Œuvre
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L'influence des arts plastiques sur l'œuvre de Zola est patente.
L'écrivain semble avoir structuré son roman tel le peintre sa toile, avec
l'emploi constant de dossiers préparatoires. Souvent, dans ceux-ci,
Zola ébauche les représentations des lieux qu'il veut décrire, ou
certains objets, ou encore des plans. Il déploie aussi un art de la
composition éprouvée dans les descriptions. Il paraît avoir traité
l'espace romanesque comme le peintre son espace pictural.
L'Œuvre n'est pas seulement un roman sur les milieux artistiques
mais c'est un roman dans lequel l'écriture a un caractère pictural.
Lorsque la littérature intériorise à un tel point le tableau qu'elle le
transforme en style, on a affaire à une écriture picturale. É crire comme
on peindrait permet alors de retrouver l'effet de la peinture, d'atteindre
un rendu pictural par la littérature. Cette tendance s'affirme avec une
grande force à partir du XIX siècle. L'écriture proprement picturale ne
s'imposera qu'avec Verlaine pour la poésie, et le "style artiste" pour la
prose. Verlaine excelle à disposer son écriture en un miroitement de
petites notations juxtaposées, à la façon des impressionnistes. On en
trouve un équivalent narratif dans les évocations picturales très
nombreuses, disséminées dans les "romans d'artiste" des Goncourt et de
Zola. L'Œuvre s'ouvre par exemple sur un "tableau" de Paris aux allures
très picturales. Le registre pictural du livre détermine une écriture qui
vise bien des fois à des effets de picturalité, comme dans cette vue de
Paris, véritable vue où dominent, comme dans un tableau, l'effet initial de
cadrage, la disposition en plans et l'attention aux couleurs:
Ses yeux dilatés parcoururent avec effarement ce coin de ville
inconnue, l'apparition violâtre d'une cité fantastique. De l'autre côté
de la Seine, le quai des Ormes alignait ses petites maisons grises,
bariolées en bas par les boiseries des boutiques, découpant en haut
leurs toitures inégales ; tandis que l'horizon élargi s'éclairait, à
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gauche, jusqu'aux ardoises bleues des combles de l'Hôtel de Ville, à
droite jusqu'à la coupole plombée de Saint-Paul"(Zola, 1974, p.10).
Parmi d'autres écoles picturales, la proximité de Zola avec le
mouvement artistique l'impressionnisme l'a très fortement influencé
dans sa démarche littéraire. Ami intime de Cézanne, il assiste près de
celui-ci aux convulsions artistiques qui marquent la naissance de
l'impressionnisme, connaît tous ses créateurs et subit dans ses propres
ouvrages l'influence du langage pictural ébauché par ces peintres dont
certains seront transposés dans ses livres. À partir de 1863, en
compagnie de son presque frère, Paul Cézanne, É mile Zola intègre le
Groupe des Batignolles et visite les ateliers d'artistes parisiens. Il fait
la connaissance de tout ce qui compte dans le monde artistique. Tous
sont déjà impressionnés par le talent immense d'É douard Manet avec
sa nouvelle manière de voir la peinture, dont les sujets sont
contemporains, et les paysages chatoyants rendus avec la technique du
«plein air».
C'est précisément en réaction à l'incompréhension du public que
Claude, le héros du roman, se convainc de la nouveauté légitime de
son ambition. Face à l'un de ses tableaux exposés, il voit "se fendre les
mâchoires des visiteurs, se rapetisser les yeux, s'élargir le visage; et
c'étaient des souffles tempétueux d'hommes gras, des grincements
rouillés d'hommes maigres, dominés par les petites flûtes aigues des
femmes"(Ibid., p.276). Mais lorsqu'il détourne les yeux de la foule, la
nouveauté de son œuvre lui apparaît avec évidence: Une description
déjà impressionniste apparaît sous la plume de Zola dans ce roman
(puisqu'on sait que les impressionnistes ont une grande tendance à
peindre avec les couleurs claires et donnent une grande influence aux
jeux de la lumière) lorsqu'il note :
"C'était comme une fenêtre brusquement ouverte dans la vieille
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cuisine au bitume, dans les jus recuits de la tradition, et le soleil
entrait, et les murs riaient de cette matinée de printemps! La note
claire de son tableau, ce bleuissement dont on se moquait, éclatait
parmi les autres"(Ibid., p.277).
Zola comme les autres romanciers naturalistes qui ont adopté la
grande découverte des impressionnistes, fait des jeux de la lumière un
élément privilégié dans sa description romanesque. On peut constater
dans les deux passages ci-dessous comment la lumière agit sur les
couleurs, en modifiant ou même en dénaturant la vraie couleur des
objets, la couleur objective que notre savoir abstrait leur attribue
habituellement. Dans les deux exemples cités de l'Œuvre, la lumière
est investie d'une fonction picturale et crée les couleurs.
"Près d'une corbeille, une bougie allumée mettait là, sur tout le
noir d'alentour, une chanson aiguë de couleurs"(Ibid,. p.118).
"A chaque heure, les jeux de lumière changeaient ainsi les profils
des Halles, depuis les bleuissements du matin et les ombres noires de
midi, jusqu'à l'incendie du soleil couchant, s'éteignant dans la cendre
grise du crépuscule"( Ibid,. p.98).
Dans cette description le rôle transformateur de la lumière est bien
entendu la traduction visible des fluctuations de la durée. Plus encore
que la peinture, la sensation écrite permet d'aller jusqu'au bout des
fantasmes et la lumière devenue feu dévore le spectacle, comme dans
ce passage de Zola qui joue avec le fantastique en écrivant: "Le dôme
des Invalides était en feu, si étincelant, qu'on pouvait craindre à
chaque minute de le voir s'effondrer, en couvrant le quartier des
flammèches de sa charpente".
Transposition des tableaux dans le roman l'Œuvre
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Il paraît évident qu'il s'est inspiré de quelques tableaux réels pour
reconstituer les batailles et les recherches de la génération
impressionniste dans son roman. On peut confronter le tableau Le
Déjeuner sur l'herbe de Manet à la description de la grande toile Plein
Air de Claude. Le commentaire que l'écrivain donne de cette toile,
insiste sur la révolution artistique et le scandale créé par cette toile
emblématique d'une nouvelle façon de peindre. L'écho de cette
"bataille" autour de Plein Air se retrouve dans les pages de Zola
consacrées au Salon des Refusés. Pour illustrer la période de Claude à
Bennecourt, des tableaux comme La Pie de Manet ou La Seine à
Argenteuil, traduisent la nouvelle vision de la nature des peintres du
Plein Air. Claude comme la plupart des peintres de cette époque
revendique la modernité, les nouveaux sujets inspirés par le chemin de
fer comme La Gare Saint Lazare de Monet. Par ailleurs, à l'exemple
des écrivains naturalistes, les peintres s'intéressent aux "basses
classes", aux gens modestes comme Les Raboteurs de parquet de
Caillebotte. Ce qui caractérise cette époque, c'est la constante
recherche picturale par exemple autour des variations de la lumière sur
le même paysage. Cela nous a donné les séries de Monet sur les
"Cathédrales de Rouen". On retrouve les mêmes préoccupations chez
Claude dans son observation de l'île de la Cité à différentes périodes
de l'année, à différentes heures de la journée. Le tableau L'Enfant mort
que Claude expose au Salon est un sujet que Zola a pu voir peint par
Pissarro en 1874.
Il est à noter que si les romans de Zola s’inspirent parfois des
tableaux de l’époque, cette influence est réciproque. "Ainsi Manet
imagine le personnage de Nana, créé par Zola dans L’Assommoir en
1876"(Moser, 1952, p.67). Lorsque Zola reprendra son personnage de
demi-mondaine dans Nana, en 1880, il rendra hommage à Manet en
L'étude de l'influence de la peinture sur la littérature à travers l'Œuvre de Zola
129
citant deux de ses toiles. Diverses scènes de L'Assommoir apparaissent
comme des illustrations impressionnistes, Gervaise et Coupeau au
cabaret ressemblent aux deux personnages de L'Absinthe de Degas;
une description de chemin de fer: "elle n'aperçut de ce train qu'un
panache de fumée blanche, qu'une brusque bouffée qui dépassa le
parapet et se perdit" pourrait être un Monet. Nana se promenant sur les
boulevards extérieurs avec ses amies est un Renoir, enfin La Serveuse
de bocks par Manet qui se trouve au musée du Louvre a d'abord eu
pour titre L'Assommoir. En s'inspirant de Nana que Zola termine,
Cézanne a ébauché un triomphe de la femme.
Conclusion
Au XIX siècle, le travail pictural et la vie du peintre deviennent
précisément sources d’inspiration pour les écrivains. On pourrait s’en
étonner : "l’époque voit en effet l’autonomisation progressive de la
peinture par rapport à sa légitimation littéraire"(Ferrier, 2003, p.25).
Mais c’est peut-être justement cet affranchissement en train de
s’accomplir qui explique la fascination des écrivains pour les mystères
de la création picturale. Le "roman d'artiste" en est le témoignage dans
lequel, nous avons affaire à une intrigue amoureuse qui met en rivalité
l’œuvre et le modèle, la pulsion créatrice et la pulsion érotique.
L'étude de l'Œuvre de Zola nous a ainsi mené à constater que d'une
part l'écrivain s'applique ici à une description précise et crue des
milieux artistiques, de marché de l'art, du travail des peintres et de
l'évolution picturale du temps, de sorte qu'on peut voir manifestement
que la peinture est comme un pôle dans ce roman.
D'autre part, on a vu en Cézanne, ami d'enfance de Zola, le modèle
de Claude; l'impuissance de celui-ci traduirait dès lors les réticences
de Zola face à un peintre d'abord admiré mais perçu finalement
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comme décevant. La publication du roman paraît avoir effectivement
affecté les relations entre les deux amis. Mais le personnage de Claude
est en réalité un composé de plusieurs peintres connus du romancier :
Cézanne naturellement, mais aussi Manet (la toile de Claude, Plein
air, est manifestement inspirée du Déjeuner sur l'herbe), Pissarro et
Monet. Cela démontre une autre fois l'influence évidente de la
peinture et des œuvres picturales dans ce roman. D'ailleurs, outre la
transposition des tableaux de la peinture, l'écriture même du roman a
également un aspect pictural: "les frontières entre l'impressionnisme
et la littérature sont flottantes et on pourrait aussi parler d'une
parenté entre ce roman naturaliste et l'impressionnisme"(Caramaschi,
1985, p.81): c'est utile de rappeler l'analogie entre la technique
descriptive de Zola et celle des peintres; et l'on sait que Mallarmé
tenait telle ou telle page de Zola pour un Manet.
Dans l'Œuvre, l'écrivain situe l'action dans le milieu des ateliers de
la peinture qu'il a fréquentés depuis 1860. En insérant ainsi la
réflexion esthétique dans un contexte social et économique, Zola reste
assurément fidèle aux principes socio-historiques qui le guident dans
la série des Rougon–Macquart (sous –titrée "Histoire économique et
sociale d'une famille sous le Second Empire"). Et c'est dans ce sens
qu'il renouvelle le roman d'artiste du XIXe siècle, sans en changer les
données essentielles, fixées depuis Balzac.
Il a voulu incarner dans le jeune peintre son époque de recherches,
de fièvres, de déséquilibre, d'impatience à secouer les traditions. Tout
en s'efforçant de révéler au monde les souffrances qui accablent et
tourmentent les artistes, la composition de L'Œuvre viendra en
quelque sorte parachever ce long cortège d'irritations et de désillusions
commencé par le Chef d'œuvre inconnu de Balzac.
L'étude de l'influence de la peinture sur la littérature à travers l'Œuvre de Zola
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Notes :
1- Le héros et le personnage central de Manette Salomon
2- Argenteuil, ville du centre-nord de la France. Au XIXe siècle, Argenteuil, qui
n’était encore qu’un village est choisi comme lieu de villégiature par les
impressionnistes (Monet, Manet ou Degas).
3- Fantin-Latour, Henri (1836-1904), peintre et lithographe
français, célèbre pour ses portraits de groupe et ses natures mortes de
fleurs.
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Bibliographie
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l'impressionnisme, Nizet. 1985
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