La Patrouille de Saint-Yan
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La Patrouille de Saint-Yan
La Patrouille de Saint-Yan 1956-1961 Louis Souchet Novembre 2010 La Patrouille de Saint-Yan Louis Souchet a fait don de son manuscrit à l'APASY édité avec le soutien de la DGAC 2 Louis Souchet - novembre 2010 Tabledesmatières Avantpropos 4 Origineetformation1955 5 L'entraînement 6 Rencontres 10 Saison1956 11 Saison1957 20 Saison1958 25 Saison1959 29 Saison1960 34 Saison1991 44 Listedesmeetings 52 Motdelafinetphotosdesmembres 54 Documentationpourlesorganisateursdemeeting 58 Surinternet 60 3 La Patrouille de Saint-Yan Avant‐propos A l’occasion de mes passages à Saint-Yan et des discussions avec des anciens du Centre, quelques uns m’ont, à plusieurs reprises et avec chaque fois une gentille insistance, demandé de raconter les « histoires » de la Patrouille. Il convient de préciser qu’actuellement, en 2010, nous ne sommes plus que deux sur les six pilotes qui ont participé à cette équipée. J’ai donc essayé de me remémorer ce que furent nos aventures pendant ces six années et quelque 450 heures de vol pour 92 présentations de la Patrouille en public. Je prie le lecteur de m’excuser si au cours du récit j’écris parfois à la première personne, mais ce sont mes souvenirs que je me suis efforcé de livrer avec le plus de précision possible en m’appuyant sur de vieux articles de journaux, mes carnets de vol et aussi de ma mémoire qui a sans doute quelques lacunes. 1956 Entraînement vol sur le dos 4 Louis Souchet - novembre 2010 Originesetformation1955 En 1954, le Centre national de Saint-Yan a commencé la formation des élèves pilotes de ligne. Les premiers stagiaires étaient des boursiers, pilotes professionnels, se devant de compléter leur formation par une qualification de vol aux instruments (IFR). Les premiers élèves étaient entièrement formés à Saint-Yan pour la préparation aux examens théoriques et la formation en vol. D’autres organismes aéronautiques concurrents envisageaient aussi cette formation. En 1955, le SFASA (Service de la formation aéronautique et des sports aériens) a essayé de se faire connaître auprès des jeunes intéressés par la carrière de pilote de ligne. L’Armée de l’air se montrait alors partout dans les meetings nationaux avec la présentation de ses différents matériels et surtout avec la prestigieuse Patrouille de France, volant à cette époque sur Ouragan. Les dirigeants du SFASA pensèrent alors qu’une patrouille d’avions légers, se produisant dans les meetings, contribuerait à mieux faire connaître le Centre école de Saint-Yan. Pour que cette patrouille attire l’attention du public, il fallait naturellement qu’elle soit acrobatique. Saint-Yan était à ce moment là très connu en France et en Europe et même audelà, par sa méthode de pilotage, popularisée par la presse aéronautique. Le journal Aviasport, dont le rédacteur en chef était M. Siretta, avait même baptisé notre méthode du terme flatteur « d’Evangile selon Saint-Yan ». L’expression est restée au fil des ans et a été récemment utilisée dans le court métrage réalisé, en 2013, par la Direction générale de l’aviation civile intitulé « Du premier looping au grand Chelem 100 ans de voltige aérienne ». Cette bible en sorte est devenue la référence en matière de formation abinitio. L’Armée de l’air avait, de son côté, après la guerre, reconstitué la fameuse Patrouille d’Etampes volant, avant 1939, sur Morane 230 et qui se produisait à nouveau mais sur Stampe. Elle participa à beaucoup de manifestations pendant quelques années, puis fut dissoute. A Saint-Yan, on connaissait bien la voltige, car elle faisait partie intégrante de la progression des élèves, non pour en faire des pilotes de meetings où de compétition, mais pour que le futur pilote soit à l’aise dans n’importe quelle condition de vol, soit normale, soit en vol inversé (vol sur le dos), soit en vrille et surtout d’être capable de sortir d’une situation dangereuse. En revanche, la patrouille serrée, essence même d’une patrouille acrobatique, n’était pas pratiquée à Saint-Yan, car superflue pour de futurs pilotes de ligne. On demanda donc des volontaires pour se lancer dans cette aventure. Messieurs Passadori, Lechevalier, Vivien et moi-même se portèrent candidats. Etant passé au sein de l’Armée de l’air, par l’Ecole de chasse de Meknès, au Maroc, actuellement basée à Tours, j’aimais beaucoup cet exercice. 5 La Patrouille de Saint-Yan L’entraînement En vol classique la patrouille de Stampe ne pose pas de difficultés particulières. Rapidement nous avons pu évoluer à trois dans des manœuvres assez rapides mais en revanche tenir sa place en vol sur le dos, aucun de nous n’en avait l’expérience. Nous avons donc commencé à deux, le leader restant en vol normal et en ligne droite, de façon à pouvoir dégager rapidement au cas où l’ailier s’approcherait trop dangereusement de l’autre avion. Assez rapidement nous avons acquis les nouveaux réflexes nécessaires à la formation au vol sur le dos. Nous sommes passés ensuite à la patrouille sur le dos à trois. Quand celle-ci fut au point, sans être parfaite toutefois, nous avons envisagé d’aborder les figures de voltige. La première fut la boucle. En solo, nous savions tous la faire, mais en patrouille, la figure devenait nettement plus difficile, en particulier du fait de la faible puissance du Stampe. Pour toutes les figures, 40 ou 50 chevaux de puissance du moteur en plus nous auraient bien facilité la tâche. Après la boucle, ce fut le tonneau et là, la difficulté a été nettement plus grande. Les 140 chevaux du moteur 4P05 ne nous aidaient guère. Après des dizaines et des dizaines d’essais, nous avons enfin trouvé la bonne trajectoire et le bon régime du moteur pour que les ailiers puissent suivre. Le régime allait du plein « pot » à plein réduit pendant la rotation, mais il fallait aussi s’avancer ou reculer de plus ou moins un mètre environ, suivant que l’on était ailier droit ou ailier gauche et jouer, certains jours, avec la turbulence. Ces petits écarts étaient pratiquement invisibles du sol, sauf pour un œil très exercé. Ces deux figures à peu près au point, il nous restait le renversement, impossible à réaliser en formation serrée. Nous nous présentions en ligne de front (voir photo) écartés d’environ une envergure et, au signal, un hochement de tête de l’ailier droit, qui réglait la montée verticale, nous basculions ensemble, et nous nous regroupions dans la descente pour enchaîner la boucle. A noter que l’ailier droit, dans la montée, se retrouvait à gauche, ce qui était sa place pour le reste des figures. 6 Louis Souchet - novembre 2010 Le renversement ne nous a pas posé de grosses difficultés. Il fallait surtout que les trois avions pivotent en même temps et se regroupent vite en descente pour attaquer la boucle. Le retournement étant la conjugaison du tonneau et de la boucle, nous y sommes arrivés également assez vite. Le demi-tonneau, précédant la demi-boucle, devait simplement être un peu plus cabré qu’un tonneau complet. A Saint-Yan, dans les années 1950, une grande partie de l’instruction s’effectuait sur Stampe. Les instructeurs n’étaient pas limités pour leur entraînement personnel. Les amateurs de voltige s’offraient souvent un petit quart d’heure de voltige, entre 0 et 400 mètres, pour se délasser des cinq ou six heures de leçons en double commande de la journée. Les évolutions se faisaient, en général, devant la tour de contrôle et les hangars. Les collègues ne manquaient pas de jeter un coup d’œil pour apprécier le niveau de la présentation et évaluer également notre progression. La séance se terminait, le plus souvent, par un passage en vol sur le dos, à la hauteur des portes des hangars, voire même un peu plus bas ! C’était une autre époque où cette pratique téméraire était admise. un impressionnant passage dos réalisé par Leclerc - Aviation Magazine n°61 du 1er septembre 1952 La patrouille ne pouvait pas exclure cet exercice de sa présentation. En solo, chacun de nous savait apprécier la hauteur qu’il était capable de contrôler, mais en vol en formation, les deux coéquipiers se devaient de faire une entière confiance au leader, et nous avions toute confiance, mais l’attention visuelle étant exclusivement dirigée sur l’avion central, l’ailier quant à lui voyait défiler le paysage et les obstacles environnants avec une impression de grande vitesse et de proximité. 7 La Patrouille de Saint-Yan Nous avons dû nous y habituer avec prudence. Nous avons commencé notre apprentissage vers dix mètres, la tour de contrôle et les hangars nous servant de repères, puis progressivement, nous sommes descendus à environ cinq mètres, (à vue d’œil). Il restait donc à réussir régulièrement ces figures, l’entraînement est fait pour cela, car évoluer en voltige à deux où trois mètres les uns des autres n’a rien d’évident. Avant notre première présentation publique, nous avons effectué environ 150 heures de vol, en plus de nos heures d’instruction, ce qui fait que l’hiver 1955 - 1956 avait été bien occupé, mais finalement nous ne demandions que cela. Passion quand tu nous tiens ! Fruit de toutes ces heures d’apprentissage et de découvertes, nous avons mis au point un programme de présentation de quinze minutes précises, le minutage des exhibitions dans les grands meetings y étant très strict. Départ en tonneau Entraînement au dessus de la Loire - 1956 Entraînement au dessus de l'Arconce - 1956 8 Louis Souchet - novembre 2010 Montée verticale avant l'éclatement final (montage montrant à la position centrale le charognard avant que les 4 avions se séparent 9 La Patrouille de Saint-Yan Rencontres Pour l’équipe de la Patrouille cette période a été l’occasion de renforcer une amitié, déjà grande entre les quatre membres, mais aussi d’avoir le privilège de rencontrer des personnages prestigieux, membres de l’association « Les Vieilles Tiges » tout comme Monsieur Frantz, brevet civil N°363 décerné par l’Aéro-club de France le 3 février 1911, brevet militaire N°170, auteur de la première victoire en combat aérien de l’histoire, lors de la Guerre 14-18. Monsieur Frantz pilotait toujours son avion dans les années 1950. Il nous suivait souvent, dans nos déplacements, toujours accompagné de Madame. Monsieur Tabuteau, breveté pilote sous le numéro 128, le 1er juillet 1910, par l’Aéro-club de France, grande figure de l’aviation de la Belle-époque, ayant fait la guerre de 14-18 dans différentes escadrilles. Auteur d’une remarquable reconversion il était, outre vice-président de l’aéro-club Gaston Caudron, Directeur commercial de la Société d’équipements automobiles SEV, grosse entreprise de cette époque. Il possédait également un avion « Emeraude » mais aussi un planeur. Ces deux messieurs avaient tous les deux plus de 80 ans et étaient dotés d’un dynamisme peu commun. Madame Tabuteau, quant à elle, un peu plus jeune, pilotait elle aussi et leurs voyages se partageaient, par moitié, entre eux deux, en échangeant leur monture à mi-parcours sur le terrain le mieux placé. Ainsi pour un vol Paris – Royan, où ils avaient une résidence secondaire, l’échange se faisait à Poitiers. Le couple roulait toujours sur le dernier modèle de chez Peugeot, étant fournisseur de la marque au lion. Plus proche de nous par l’âge, notre ami Biancotto, qui avait été pendant quelques mois instructeur à Saint-Yan puis à Clermont et Jean d’Orgeix qui ayant été formé au centre, en très peu d’heures, était devenu un très bon voltigeur. Un peu plus tard, nous avons retrouvé notre « Pompon » nationale, petite par la taille mais du talent, formée elle aussi au centre, dès sa sortie du lycée. De son vrai nom Renée Lacour, elle a suivi pendant plusieurs mois des stages de perfectionnement à SaintYan jusqu'à obtenir le brevet de pilote professionnel. Après un stage d’élèveinstructeur, elle est devenue chef-pilote à l’aéro-club de Montceau-les-Mines dont elle était originaire. 10 Louis Souchet - novembre 2010 Formée à la voltige à Saint-Yan, elle a participé à de nombreux meetings où nous la rencontrions. Elle est devenue par la suite pilote de ligne. En plus des pilotes de la Patrouille de France que nous rencontrions à chaque meeting national, il y avait aussi Madame Jacqueline Auriol, immense aviatrice de cette époque, qui présentait le Mystère IV. Elle détenait plusieurs records de vitesse et travaillait au Centre d’essais en vol. Lors du premier meeting de Toulouse nous avons eu également la chance de visiter le premier prototype de la Caravelle qui entamait alors ses essais. Ce bel oiseau était présenté, en vedette, par Monsieur Nadot. Saison1956 Lepremiermeeting:Toulouse22avril1956 Notre premier déplacement fut pour cette ville, cœur historique de l’aéronautique, et de plus pour un meeting national. Le mauvais temps, le plafond bas et la pluie avaient obligé les organisateurs à annuler toutes les présentations, sauf la nôtre, car il y avait, malgré la météo, quelques spectateurs qu’il convenait de ne pas trop décevoir. Avec 400 mètres de plafond, les ailes dans les barbules des stratus, nous avons quand même occupé le plateau, avec un programme toutefois réduit du fait de la visibilité. Le 29, nous étions de retour à Toulouse. Cette fois nous ouvrions le spectacle avec les Ouragan de la Patrouille de France suivis des patrouilles étrangères, italienne, britannique. Malgré un temps turbulent notre présentation se déroula correctement. Ce meeting fut le premier des 92 présentations publiques de la Patrouille entre le 29 avril 1956 et le 21 octobre 1961, sans compter les présentations à Saint-Yan à l’occasion des grandes manifestations nationales et internationales, comme les championnats de parachutisme où de vol à voile. 11 La Patrouille de Saint-Yan Avranches6mai1956 Nous connaissions là aussi quelques membres du club organisateur. Certains étaient venus en stage à Saint-Yan. Le dimanche matin, nous avons effectué un vol de propagande sur la région, guidés par un avion du club. En prime, en fin de matinée, son pilote nous a fait atterrir sur une petite bande de pré-salé, le long de la digue du Mont Saint-Michel. Quelle piste, on aurait dit que le sol était du caoutchouc-mousse. La patrouille au dessus du Mont Avant l'atterrissage le long de la digue Pilotes en contemplation Nous avons même visité le Mont Saint-Michel, mais au pas de course, par manque de temps, dans l’après-midi nos présentations se sont bien déroulées. 12 Louis Souchet - novembre 2010 Bordeaux13mai1956 Ce meeting restera comme l’un des plus importants en dehors des Salons de l’aéronautique au Bourget, auxquels la patrouille a participé. 53 000 spectateurs assistaient, par un soleil magnifique, à ce meeting où Jean d’Orgeix a fait sensation, lors de son passage au micro de la tribune officielle, en présentant sa panthère Zouma. Encore petite, à cette époque, elle voyageait dans le coffre de son Stampe mais ceci n’aura qu’un temps. Jean d’Orgeix était guide de chasse et de safaris-photos en Afrique. Pendant l’hiver il avait ramené Zouma qu’il avait trouvée perdue dans la brousse. Zouma aux bons soins de Lechevalier Zouma la panthère aviatrice ... et de Biancotto. Zouma n'a que quelques mois. Quelques mois plus tard sur le terrain de Saint-Yan... Elle ne voyage plus en avion. 13 La Patrouille de Saint-Yan Pontivy20mai1956 Entre deux passages d’avions, le public est bercé au son d’un bagad. Un photographe avisé a immortalisé trois membres de la patrouille posant tels des statues grecques ! Vivien et Lechevalier Lechevalier, Passadori etVivien A Pontivy, nous avons commencé à présenter un numéro qui se voulait pédagogique, que nous avions intitulé : Apprenez à piloter et à voltiger. Vivien et moi avions mis au point cet exercice très simple pour nous, mais qui ravissait les spectateurs. J’incarnais un très, mais vraiment très mauvais élève-pilote qui accumulait toutes les fautes de pilotage et Vivien présentait, après moi, ces mêmes évolutions mais de façon parfaite cette fois. Toutes ces figures étaient commentées au micro par un de nos collègues resté au sol. Nous présentions généralement ce numéro dans la matinée ou lors du pré-meeting, mais dans les petites manifestations, on nous demandait souvent de le répéter l’après-midi pour remplir un programme parfois un peu maigre. Valence3juin1956 Meeting sans histoire, nous réalisons l’aller et retour dans la journée. 14 Louis Souchet - novembre 2010 Saint‐Rambertd’Albon10juin1956 Ce jour-là, Jacques Nœttinger, commentateur officiel des meetings nationaux, ancien pilote de chasse, présentait un petit avion biplace « La Coccinelle », en finale, il s’écrase sur le terrain. Les jambes coincées sous le tableau de bord, cassées toutes deux, il en sera quitte pour quelques mois d’hôpital et de rééducation. Biancotto, Lechevalier et Vivien Coccinelle de Noettinger Lechevalier Le Caudron G3 du Musée de l’Air participait également à ce meeting. La présence de ce vétéran nous a donné l’occasion de ramener quelques photos. C’était l’avion sur lequel mon père avait passé ses épreuves du brevet militaire en 1918. Dijon 17 juin 1956 Nous participons à ce meeting national qui figure au titre des classiques, sans événement notable à signaler. Compte tenu de la proximité nous faisons l’aller et retour dans la journée même. Biancotto Le même G3 en vol au-dessus de Saint-Yan 15 La Patrouille de Saint-Yan Dijon17juin1956 Nous participons à ce meeting national qui figure au titre des classiques, sans événement notable à signaler. Compte tenu de la proximité, nous faisons l'aller et retour dans la journée. Ambérieu24juin1956 Lors de ce meeting, nous évoluons devant un prestigieux spectateur, le Général de Gaulle. Je dois toutefois avouer que passant en vol sur le dos, devant la tribune officielle, nous étions occupés à autre chose qu’à le regarder. Saint‐Etienne‐de‐Saint‐Geoirs15juillet1956 Le meeting se tient sur le petit terrain en herbe, préexistant à l’aéroport actuel. Monsieur Notteghem, le patron de Saint-Yan était venu présenter le SIPA 200. Il était arrivé seul dans ce petit réacteur biplace de 150 kg de poussée. Monsieur Simon représentait le service central de Paris et voulait repartir en SIPA vers Saint-Yan mais compte tenu de la faible puissance du réacteur, le poids supplémentaire du passager et les pneus étroits, plus adaptés aux pistes en dur qu’à la pelouse, l’avion ne parvenait pas à accélérer pour décoller. Après quelques tentatives, en ligne droite, notre chef a réalisé un décollage original en prenant péniblement, mais efficacement, la vitesse nécessaire, en suivant une trajectoire circulaire autour du terrain. Il faut dire que le passager était grand et lourd. Arras22juillet1956 Rien de particulier à dire quant à ce meeting, mais la patrouille a réalisé un exploit singulier et non aéronautique dont le journal Aviation Magazine, le grand titre de cette époque, s’est fait l’écho quelques jours plus tard dans son numéro 221. Ce qui prouve que ce journal s’intéressait de très près à notre équipe !! 16 Louis Souchet - novembre 2010 Belfort29juillet1956 Nous sommes dans le fief de Passadori l’enfant du pays. Le temps n’est pas très beau, mais la météo nous a laissé un créneau suffisant pour le bon déroulement de notre prestation. Mézières12août1956ouuneescapadedanslanature Le samedi, la météo tant sur Saint-Yan que sur le trajet était vraiment médiocre, mais nous sommes partis quand même en contournant les fortes précipitations. De grain en grain, nous nous sommes retrouvés dans une vallée entre Prémery et SaintSaulge dans le département de la Nièvre et lorsque nous avons essayé de faire demi-tour, la sortie s’était refermée. La décision fut prise par gestes, nous ne disposions pas de radio, de se poser avant d’être pris au piège. Le secteur étant assez « mal pavé », Passadori repère un champ plus proche du porte-avions que d’un aérodrome digne de ce nom et de plus assez pentu. S’il parvient à se poser, les trois autres peuvent aussi le faire. Lorsque les trois premiers se sont garés, le plus possible en bout de ce qui tenait lieu de piste, la place disponible avait déjà considérablement diminuée pour le quatrième. L’ami Vivien, qui se posait le dernier, n’avait plus le choix et en fin de course, il dépasse de quelques mètres les limites du champ herbeux au bout duquel se trouvait un champ de blé. A cette saison la végétation est haute et en deux ou trois mètres, l’avion s’est arrêté, après avoir hésité à se mettre en pylône. Quand nous avons ramené le F-BGGU dans le pré d’atterrissage, nous nous sommes aperçus que la roue gauche était passée à quelques centimètres d’une énorme pierre en bordure du blé. Elle n’aurait pas manqué de faire culbuter l’avion. Comme la pluie tombait toujours, nous nous sommes empressés de bâcher nos avions. Une bâche, trois piquets d’amarrage et trois cordes, toujours dans notre coffre, nous permettaient ainsi d’assurer la sécurité des machines lorsqu’elles restaient dehors. De plus, nous ne tenions pas à prendre un bain de siège en réinvestissant nos habitacles, sans oublier que les parachutes n’apprécient pas beaucoup l’humidité. Ceci se passait à proximité d’un petit village appelé du joli nom de Saint-Bemin-des-Bois. A la vue de ces quatre avions tournoyant autour du terrain, champ situé un peu au-dessus du bourg, les curieux ne tardèrent pas à arriver. Quelques dizaines de personnes se proposèrent immédiatement de nous aider, comme au temps de Garros et des pionniers. Il était un peu plus de 16 heures, la pluie tombant toujours, nous avons décidé d’aller toutefois nous rafraichir car il faisait très chaud. Comme il n’y avait pas de vent, il était inutile d’amarrer les avions. 17 La Patrouille de Saint-Yan Un monsieur, peut être le garde-champêtre, se proposa de rester là, pour empêcher des spectateurs trop curieux de toucher aux avions. Arrivés au café du village, qui devait être aussi le restaurant, nous avons constaté que nous avions faim. Passadori, le plus filiforme d’entre nous, était toujours le plus affamé. La patronne nous a proposé une omelette et du fromage blanc. Il fallait être jeune pour ingurgiter un goûter comme celui là. Un petit détail me revient à ce propos. Les couteaux du couvert étaient pliants et portaient sur la lame, une marque publicitaire tout à fait de circonstance « Le parapluie à l’épreuve » cela ne s’invente pas. C’est Olivier Lechevalier qui avait remarqué le piquant de cette inscription et après négociation avec la patronne de l’établissement il réussit à lui acheter. Je crois qu’aujourd’hui, il le possède toujours. Après nos agapes rurales le ciel s’était dégagé et malgré quelques stratus trainant sur les collines du nivernais, nous décidâmes de rejoindre Nevers car il était trop tard pour espérer arriver à Mézières, sachant que la météo était très douteuse. A Nevers, nous savions que Georges Cousteau, un ancien du Centre et l’un des premiers arrivés à Saint-Yan en 1948 pourrait nous accueillir. En effet, nos avions ont trouvé un abri dans le hangar du club et nos vêtements, assez humides, ont séché jusqu’au lendemain, étendus dans les haubans des Stampe. Le dimanche matin, la météo étant plus clémente, nos quatre SV4 ont repris la direction de Mézières. La patrouille était à l’heure pour sa présentation. Monsieur Notteghem, arrivé lui aussi le dimanche matin, présentait, quant à lui, le SIPA200. La mauvaise météo avait obligé Biancotto à se poser deux fois avant d’atteindre Mézières. Luxeuil19août1956 Rien de bien particulier à signaler quant à ce meeting si ce n’est une forte participation militaire. Luxeuil étant à cette époque une base aérienne très active. Pau26août1956 Monsieur Notteghem est là aussi toujours avec le SIPA200 mais cette fois, il fait beau temps. Le meeting a été marqué par un drame évité de justesse. Un parachutiste militaire s’est retrouvé pendu par les pieds avec son parachute en torche à une cinquantaine de mètres du sol, il a enfin réussi à ouvrir son ventral et malgré un atterrissage un peu rude il s’en est tiré sans dégâts. Avignon9septembre1956 Il s’agit là d’un meeting national avec un programme important et une forte participation étrangère. 18 Louis Souchet - novembre 2010 Montceau‐les‐Mines16septembre1956 La saison s’est terminée chez nos voisins de Montceau après sept meetings nationaux et 10 meetings organisés par des aéro-clubs. L’hiver 1956-1957, nous a permis de passer nos week-ends dans nos familles mais nous avons continué à parfaire notre entraînement malgré le froid. Vivien, Belot, Passadori, Souchet et Babin - Même par -5°C ou -10°C, il faut s'entraîner 19 La Patrouille de Saint-Yan Saison1957 En 1957, nous avons coopté notre ami Babin et l’avons entraîné à la place d’ailier droit en remplacement de Lechevalier qui nous quittait pour exercer à la TAI, les Transports aériens intercontinentaux, compagnie ancêtre d’UTA. Ce départ ne se faisait pas de gaité de cœur mais avait pour motif le fait qu’il voulait être à Paris, au plus près des spécialistes qui soignaient sa petite fille très gravement malade. Clermont‐Ferrand12mai1957 Rien de particulier quant à ce meeting sinon que nous avons été très bien reçu par un grand monsieur de l’aviation, devenu président de l’Aéro-club d’Auvergne : Gilbert Sardier, as de la guerre de 1914-1918, breveté militaire en 1916, 15 victoires, commandant d’escadrille. Chaumont18mai1957 En 1957, nous sommes en pleine Guerre froide, les Américains sont implantés sur plusieurs bases aériennes en France au titre de l’USAFE, (United states air force in Europe). Le 18 mai, nous sommes donc invités à Chaumont à l’occasion de la journée portes ouvertes de la base. Les Américains ne sont pas des inconnus pour nous car leurs avions évoluent souvent à proximité du terrain de Saint-Yan. Nos quatre Stampe furent l’objet de beaucoup de curiosité de la part des pilotes US qui volaient sur F101 « Voodoo ». Il faut dire que nos machines paraissaient bien légères à côté des 15 tonnes des leurs. Limoges26mai1957 C’est là que fut réalisée la plus belle photo de la Patrouille en passage sur le dos à basse altitude. Un photographe professionnel se trouvant en bout de piste a réussi un très beau cliché et nous en a fait cadeau. A chaque occasion où l’on parle de la patrouille, cette photo devenue emblématique apparaît à nouveau. Saint‐Brieuc30mai1957 Outre la patrouille, Tardy qui était à cette époque chef-pilote à Saint-Yan, nous accompagne pour présenter le SIPA 200. Nous fûmes reçus comme des princes par quelques pilotes du club qui étaient venus se perfectionner à Saint-Yan. 20 Louis Souchet - novembre 2010 Passage sur le dos au meeting de Limoges - Photo J.Lacan Valenciennes10juin1957 Je n’ai pas de souvenirs précis du meeting mais une histoire drôle me revient. La veille du meeting, le samedi, il faisait très chaud, avant de regagner notre hôtel, nous sommes allés nous promener en ville. A notre retour, à l’entrée de l’hôtel, nous croisons MM Messieurs Frantz et Hatton, grandes gloires des premières années de l’aviation, présidents des « Vieilles tiges » et membres du comité des meetings nationaux. Ces deux messieurs ont tous les deux plus de 80 ans. Ils nous demandent où nous allons. Il est 23 heures et nous avons tout simplement envisagé d’aller dormir pour être en forme le lendemain. Nos grands aînés, hilares, nous déclarent : « Nous, nous envisageons d’aller draguer des filles ». Comme nous sommes rentrés tout de suite, nous n’avons jamais su si c’était vrai……. ! 21 La Patrouille de Saint-Yan Lyon23juin1957 Rien à signaler quant à ce meeting national, un grand classique. Toulouse30juin1957 Après notre présentation, nous gagnons Royan. Royan1 er juillet1957 Aucun événement marquant n’est à signaler lors de ce meeting organisé par l’aéro-club. Mulhouse7juillet1957 Là aussi, il s’agit d’un meeting organisé par l’aéro-club local. Nous faisons l’aller et retour dans la journée, en 5 h 30 de vol. Ajaccio14juillet1957 Le 13, nous partons vers le Sud. Nous faisons d’abord étape à Cannes pour compléter les pleins et entamons alors la traversée maritime entre Cannes et Ajaccio. Après une heure au-dessus de la mer, nos moteurs tournent rond mais nos oreilles commencent à imaginer des bruits bizarres, en plein milieu du trajet, mais, en définitive, tout va bien se passer. Il faut dire que nos moteurs étaient soumis à rude épreuve dans ce travail de patrouille et nous en avions cassé un à l’entraînement. Le lendemain, nous évoluons devant tout un parterre de personnalités dont un certain Babin et Lechevalier testant les « mae-wests » Giscard d’Estaing jeune parlementaire. Le lendemain, de retour sur Cannes, l’ami Babin en passant au-dessus de Calvi a eu la mauvaise idée de sélectionner ses magnétos. L’une d’elle perdant quelques centaines de tours, l’a fait hésiter à choisir entre son cap initial Cannes où un retour sur Ajaccio. Finalement, il s’est posé à Cannes, sans ennuis. Le lendemain, nous avons rejoint Saint-Yan en 3 h 30 de vol avec un gros mistral dans la vallée du Rhône. 22 Louis Souchet - novembre 2010 Passage à basse altitude à Saint-Yan - Souchet aux commandes Troyes21juillet1957 Nous participons à ce meeting aux dimensions réduites de l’aéro-club. Annemasse4août1957 Là aussi il s’agit d’une participation au meeting de l’aéro-club local. Liré18août1957 Dans cette petite commune située à quelques kilomètres d’Angers, tous les ans, le curé y organisait une kermesse et faisait venir comme attractions : un ballon libre, des parachutistes, dont Odette Rousseau et cette année là, en voltige solo Quesnel et notre patrouille. Le public y est nombreux et l’abbé Allard nous reçoit chez lui à la cure. Le soir, nous regagnons Angers car nous devons y ravitailler nos avions avant de regagner Saint-Yan. J’en profite pour rendre visite à ma famille qui habite cette ville. Cannes25août1957 Le meeting se déroule au-dessus la mer en face de la croisette. Pour nous la seule difficulté réside dans les mâts des bateaux qui nous gênent un peu pour notre passage en vol sur le dos mais comme il est difficile d’apprécier la hauteur au-dessus de l’eau, du fait de l’absence de relief, les mâts nous servent de repères. La grande attraction de l’époque était le passage du mur du son par un Mystère IV. Le spécialiste, cette année là, était le capitaine Castagnos, le charognard de la Patrouille de France. Ce jour là, il a tellement bien visé la Croisette, afin que la foule en profite au maximum, que beaucoup de vitrines des magasins, situés sur le front de mer, se sont brisées. Les réparations se sont, parait-il, chiffrées aux environs d’un million de francs. Il faut savoir ce que l’on veut. 23 La Patrouille de Saint-Yan Belfort1 er septembre1957 Nous revenons chez Passadori, pour la deuxième fois, un an après. Mais cette fois le temps est au beau. Marseille8septembre1957 Il s’agit d’un grand meeting national et outre les évolutions aériennes, figure, en bonne place, une réception à la mairie chez Gaston Deferre, grande figure de la politique de cette époque. Quatre patrouilles militaires participaient à cette manifestation : les Américains sur F100, les Britanniques sur Hawker-Hunter, les Italiens sur F84 et les Français sur Mystères IV. Les Italiens terminaient leur présentation par un passage rapide devant le public en émettant de la fumée, à base de kérosène, provoquant un léger brouillard mais le vent soufflant vers le public, ce brouillard est descendu doucement vers le sol parfumant la foule d’une « délicate » odeur de pétrole. Saint‐Etienne15septembre Le meeting est organisé par l’aéro-club et comme nous travaillons souvent sur ce terrain, nous sommes pour ainsi dire presque chez nous. Tarbes22septembre Cette manifestation marque la fin de la saison 1957. C’est le 18ème meeting de l’année. 24 Louis Souchet - novembre 2010 Saison1958 En 1958, Passadori est muté à Carcasonne. J’avais pris la place de chef de patrouille avec Babin comme ailier droit et Vivien comme charognard. Nous avions entraîné Roland Cogne pendant l’hiver comme ailier gauche ainsi que Vivien à l’aile droite. Babin assurait aussi la place de charognard. Après le décès de sa petite fille, Lechevalier est revenu rapidement à Saint-Yan et s’était entraîné comme chef de patrouille. Ainsi, en 1958, à chaque place, il y avait deux pilotes possibles et comme nous étions cinq, l’un de nous pouvait, à chaque sortie, rester chez lui pour le week-end. Lorsque nous allions loin ou que le déplacement nous intéressait, nous partions quand même à cinq par sécurité. Sur nos avions, la place avant était équipée d’un réservoir supplémentaire de 40 litres qui portait ainsi notre autonomie à quatre heures de vol. Sur le F-BGGV, le réservoir supplémentaire était plus étroit et placé en avant du siège ce qui permettait de l’utiliser pour un passager éventuel. Ce n’était pas très confortable car le passager avait le réservoir entre les jambes et ne pouvait guère bouger. Pour gagner un peu de place, le manche avait été démonté. A l’arrivée sur le lieu du meeting, le pare-brise avant se démontait, le capot qui fermait la place avant, que le passager gardait à côté de lui pendant le vol, reprenait sa place et le FBGGV redevenait ainsi un monoplace comme les trois autres. Nous avions ces transformations bien en mains et l’opération ne nous prenait guère de temps. Etant donné les évènements politiques, nombreux en cette année 1958 de fondation de la Vème République, la saison ne fut pas très chargée avec seulement dix sorties cette année là. Il n’y a pas eu ainsi de meetings nationaux. Nous avions modifié un peu notre programme avant d’attaquer les figures en patrouille serrée et avions mis au point un départ plus spectaculaire. Il s’agissait de partir en vrille tous les quatre ensembles. Pour le public la vrille reste toujours impressionnante bien que nous en faisions toutefois plusieurs dizaines certains jour avec nos élèves. Au premier essai nous nous sommes présentés en ligne de front, espacés d’une ou deux envergures et au signal du chef de patrouille, nous avons déclenché la vrille tous les quatre ensemble. Nous étions convenus de trois tours et d’arrêter tous dans la même direction mais une fois la vrille déclenchée, nous nous sommes perdus de vue et là nous avons eu une forte montée d’adrénaline. Chacun de nous a stoppé sa vrille au plus vite et dans n’importe quelle direction. 25 La Patrouille de Saint-Yan Les gens qui nous observaient du sol ont été beaucoup plus angoissés que nous car, d’après eux, nous nous sommes frôlés, à plusieurs reprises, sans nous en apercevoir. Après cette malheureuse expérience, nous avons adopté une autre méthode et après quelques essais, nous avons réussi à obtenir ce que nous voulions et en toute sécurité. Présentation en ligne de front à 600 mètres. Le Chef de patrouille laisse tourner 4 tours et arrête parallèlement au public. Le N°2 fait seulement 3 tours, le N°3 – 2 tours et le N°4 – 1 tour. Départ en vrille les uns après les autres Résultat: pendant un moment les 4 avions sont en vrille les uns au-dessus des autres. A l’issue des vrilles, les 3 premiers se regroupent et le quatrième, le charognard commence la présentation en solo des figures de la patrouille : renversement – boucle etc.…. Après le passage sur le dos, nous avons mis au point ce que nous avons appelé : le carrousel. Nous commencions par un renversement à trois. Dans la descente, le chef de patrouille effectuait un demi-tonneau et partait à 180° des ailiers, le tout parallèlement au public. Les trois avions effectuaient un rétablissement tombé et le leader passait entre les deux autres en-bas de la ressource près du sol. Le croisement devant la foule et à basse altitude, toujours très spectaculaire, suivait une boucle faite par le chef de patrouille et un deuxième rétablissement tombé par les ailiers qui rejoignaient le leader à la fin de sa boucle. Pendant ce temps, le charognard exécutait le même programme perpendiculairement aux autres et face aux spectateurs. Les quatre avions se regroupaient ensuite pour l’éclatement final. Le programme passait de 15 à 20 minutes mais il me semble que le spectacle y gagnait. Bordeaux4mai1958 Ce rassemblement, organisé par le para-club local, ne fut marqué par aucun fait notable, exception faite de la présence, toujours très remarquée, de Zouma la panthère de Jean d’Orgeix qui, cette année là, était de tous les meetings. Rennes22juin1958 Rien de notable à signaler lors de ce meeting. 26 Louis Souchet - novembre 2010 LeBourget29juin1958 Notre présentation se fit dans le cadre du meeting international de parachutisme. Néanmoins, les avions sont également présents avec le passage de quelques modèles récents tels que le bombardier Vulcan de la Royal air force et la Caravelle. Nantes6juillet1058 Rien de notable n’est également à signaler. Loudun13juillet1958 Aucun fait particulier n’est à signaler lors de ce meeting. Montmorillon27juillet1958 Peu de souvenirs me reviennent de ce meeting local rassemblant toutefois une foule estimée à plus de 4 000 spectateurs. Gaillac3août1958 Ce rassemblement ne fut marqué par aucun fait notable. Liré17août1958 C’est toujours le même succès pour la kermesse de M. le Curé. Bordeaux14septembre1958 Le Sud-ouest nous accueille à nouveau car c’est en effet la troisième fois que nous nous produisons dans cette ville. Cette fois c’est sur le terrain de Leognan pour le meeting de l’aéro-club. Angers5octobre1958 Il existait, à cette époque, une Amicale des anciens élèves de Saint-Yan. Elle décida, cette année là, de faire sa réunion à Angers, naturellement le centre de Saint-Yan était invité avec toutes les machines disponibles : Nord 1000, Goéland, SIPA 200, MS 230 et bien sûr la Patrouille. 27 La Patrouille de Saint-Yan Il s’en est suivi un petit meeting sans prétention, mais en 2010, un journaliste local s’en est souvenu et a publié un article relatant que l’on se souvenait encore du passage de la Patrouille sur le terrain historique d’Avrillé aujourd’hui disparu. Entraînement vol dos 28 Louis Souchet - novembre 2010 Saison1959 En 1959 les meetings retrouvent un rythme plus soutenu et 16 sorties vont être effectuées dans la saison. Limoges5avril1959 Nous inaugurons le nouveau terrain. Grandville3mai1959 Aucun événement particulier n’est à signaler. Laon10mai1959 Nous sommes à nouveau invités par les Américains dans le cadre de la journée Portes ouvertes et où étaient invitées également des formations étrangères. Exposition de leurs matériels. Douglas C124 Globemaster du MATS Le même livrant une citerne de 20 000 litres mécanique du train. Babin prend la mesure du pneu du C124, La patrouille Américaine des Sky Blazers sur F100 Pendant que Lechevalier examine la mécanique du train 29 La Patrouille de Saint-Yan A cette occasion, nous avons pu apprécier le confort réservé aux soldats US. Arrivés le samedi après-midi, on nous a logés dans l’un des bâtiments militaires. Le niveau de confort pouvait se situer au niveau d’un hôtel 5 étoiles si nous le comparions à ce que nous avions tous connu dans notre Armée de l’air. Le petit déjeuner du dimanche matin était digne lui aussi d’un palace. Pour les pilotes Américains nous étions l’attraction du meeting car les grosses « cylindrées » ils en avaient l’habitude. Après notre atterrissage, quelques uns vinrent nous proposer d’acheter nos avions et certains n’avaient pas l’air de plaisanter. J’étais loin de me douter que « mon » F-BDND, après sa réforme, partirait faire un séjour à Las-Vegas, acheté par un certain Harold Bishop qui l’équipera d’un moteur Ranger de 175 Ch. Heureusement depuis, un commandant de bord d’Air France l’a ramené dans notre pays et aux dernières nouvelles, mon vieux compagnon de six ans de patrouille vole à nouveau à Saint-Cyr l’Ecole, dans la région Parisienne. Un autre avion, le F-BGGU a lui aussi traversé l’Atlantique, en 1969, pour revenir en Angleterre en 1990. Son propriétaire l’a restauré aux couleurs de la Patrouille et l’a ramené dans sa maison de Saint-Yan en juillet 2010. Peut-être que quelques pilotes Américains sont pour quelque chose dans ce périple Outre Atlantique ? Un autre souvenir me revient, illustrant bien la démesure américaine que nous avons perçue ce jour là. Pour faire le plein de nos Stampe, nous avons vu arriver une citerne d’au-moins 5 000 litres. Le pistolet, adapté aux réservoirs des F 101, débita peut-être le contenu d’un verre d’huile dans le premier réservoir du Stampe mais de l’ordre de 5 à 10 litres sur le parking, ce qui provoqua le déplacement d’un énorme camion incendie ainsi qu’un service de nettoyage impressionnant aux dimensions américaines. En revenant le soir, nous avons fait une petite présentation à nos voisins de Beaune avant de regagner Saint-Yan. A Sant-Yan le 7 juillet 2010, version anglaise du F-BGGU 30 Louis Souchet - novembre 2010 Haguenau24mai1959 Nous bénéficions d’une réception très chaleureuse des Alsaciens. Montpellier31mai1959 Lors de ce meeting la parachutiste Colette Duval s’est posée lourdement sur le béton de la piste, nous avons eu peur pour elle. Nous étions tout près. Nous avons passé de bons moments, les veilles de meetings avec elle et son compagnon Gil Delamare le plus célèbre et le plus hardi des cascadeurs de cette époque. Ils sautaient généralement en couple, se tenant par le harnais du parachute et se séparaient pour ouvrir après une longue chute libre. LeBourget15juin1959 Notre présentation a pour cadre le Salon de l’aéronautique et dans ce moment d’exception et devant un public international, nous nous devions de bien travailler et tout s’est bien passé pour nous. Il n’en a pas été de même pour le pilote qui présentait le Fiat G 91 qui décrochant en bout de piste a pris feu en s’écrasant. Etampes21juin1959 Dans le fief de nos talentueux prédécesseurs, nous avons essayé de faire au mieux pour le cas où le souvenir de l’ex-Patrouille d’Etampes serait encore dans les mémoires et surtout qu’avant sa dissolution, elle volait aussi sur des Stampe. Ceci venant encore plus faciliter la comparaison. Saint‐YanetEvian5juillet1959 Ce 5 juillet coïncide avec la Journée portes ouvertes du Centre avec naturellement la présentation au sol et en vol de tous nos matériels sans oublier les visites guidées dans les avions. A ce programme chargé s’ajoute en effet un autre rendez-vous. En effet, la Patrouille devait aussi participer, ce même jour, à un meeting à Evian ,sur le lac. Nous avons ainsi ouvert les présentations à Saint-Yan puis, nous avons mis le cap sur Evian. Comme nous n’avions pas de radio, nous nous étions mis d’accord par téléphone, au préalable, avec la direction du meeting pour obtenir un créneau horaire d’évolution précis. Nous avons commencé notre exhibition, à la minute près, sur le lac. Nous nous sommes ensuite posés à Annemasse pour compléter nos pleins et nous sommes repartis vers SaintYan. Nous tenions tous à participer au grand méchoui du soir. Cette belle journée s’est terminée, tard dans la nuit, dans une grosse chaleur d’été. 31 La Patrouille de Saint-Yan Compiègne12juillet1959 Aucun événement marquant ne me revient quant à ce meeting. Douai13juillet1959 Je connais lors du meeting un petit incident au cours du passage sur le dos, mon capot moteur s’est ouvert à l’avant droit. Baillant d’une quinzaine de centimètres, il m’était impossible de suivre le chef de patrouille. La présentation s’est donc terminée à deux plus le charognard en solo. Pour nous rapprocher de Saint-Yan, nous sommes allés le soir coucher à Troyes. Tours19juillet N’étant pas très éloigné, ce meeting national nous a permis de faire l’aller et retour dans la journée du dimanche. Royan9août1959 La manifestation se déroulait au-dessus de la mer devant la plage. Le meeting s’est ouvert par la présentation du petit biplace Emeraude piloté par notre grand ancien Monsieur Tabuteau. Malgré son âge et son brevet de pilote datant de 1910, son Emeraude décolla le premier et après un long palier, fit une montée en chandelle presque digne d’un avion de chasse avant de se diriger vers la plage. En fin d’après-midi, la foule énorme qui se trouvait sur la plage, s’évacua difficilement provoquant de gros embouteillages. Pour regagner notre hôtel, Monsieur Tabuteau, qui connaissait très bien la région, nous proposa de nous ramener en passant par de petites routes évitant ainsi les bouchons. Il possédait à ce moment une Peugeot 403. Etant fournisseur d’équipements pour cette marque, il roulait toujours dans le dernier modèle. Nous étions quatre, à l’arrière de la voiture, et les places avant étaient occupées par Monsieur Tabuteau, conducteur et Madame comme copilote. La discussion s’orienta sur la nervosité des voitures. Monsieur Tabuteau nous dit qu’il ne roulait pas vite mais lorsqu’il devait doubler, il ne voulait pas rester longtemps à côté du véhicule à dépasser. Pour ce faire, il avait monté sur le moteur de la 403 Peugeot, deux carburateurs et utilisait un carburant, de sa conception, logé dans un petit réservoir sous le capot. Il avait aussi un peu raboté la culasse. En chargeant nos valises dans le coffre, nous avions bien remarqué en effet un portebouteilles avec des liquides multicolores mais nous n’avions pas posé de questions. Devant nous se présenta une DS à doubler. Notre conducteur fit un signe à son épouse qui se saisit d’un instrument gradué en pressions d’admission et connecté à un tuyau de 32 Louis Souchet - novembre 2010 plastique sortant du tableau de bord. A l’annonce d’une certaine valeur, elle appuya sur un bouton du tableau de bord. Et là, nous eûmes l’impression qu’un réacteur se mettait en marche sous le capot. L’accélération fut telle que la DS se trouva derrière en quelques secondes. Le dépassement effectué, Monsieur Tabuteau reprit effectivement une allure très tranquille. Nous aurons l’occasion de rencontrer à nouveau le couple Tabuteau à Reims, en 1960, à l’occasion de la célébration du cinquantenaire du premier voyage de ville à ville entre Bouy et Reims. LaChapelle‐Heulin20septembre1959 Ce meeting inhabituel avait pour cadre ce petit bourg situé dans la région de Nantes. L’organisateur était un ancien stagiaire de Saint-Yan, nommé Bahuhaut, qui était également producteur de Muscadet le grand vin blanc de la région. Plus tard nous recevrons son fils en sélection élève pilote de ligne. Il nous avait invités à ce meeting en campagne au sein de son aéro-club. Ceci ne posait pas de problème pour nous en dépit toutefois d’un terrain très petit. Lors de cette exhibition le propriétaire d’un Mauboussin 129 devait présenter sa machine. Cet avion m’était cher pour y avoir effectué mon vol d’accoutumance et mes premières leçons de pilotage à Châteauroux en 1945. Le Chef d’escadrille des Mauboussin était alors le lieutenant Blot que je devais retrouver plus tard à Saint-Yan. Le vent était assez fort et de travers sur l’axe de décollage. Etant donné la faible puissance de cet avion et la présence d’une rangée de peupliers, sur l’axe de décollage, pas très loin du terrain, nous avions conseillé au pilote de ne pas décoller. Mais quelques minutes plus tard, il mettait les gaz. A quelques mètres de hauteur, il rencontra la haie de peupliers qui le stoppa net dans un grand fracas de bois cassé. Heureusement il n’y eut aucun mal pour le pilote mais l’avion pouvait difficilement être reconstitué.Dommage, c’était un joli petit avion élégant, il ne lui manquait qu’un moteur fiable à la place de son Minié d’origine. C’était notre dernière sortie dans le cadre de la saison 1959. Nous avons repris notre entraînement hivernal. 33 La Patrouille de Saint-Yan Saison1960 Clermont‐Ferrand8mai1960 Beaucoup de spectateurs assistèrent ce meeting national. Orléans29mai1960 Le meeting s’est déroulé sans événement particulier. Reims5juin1960 Ce meeting était placé sous une tonalité exceptionnelle celle de la célébration du cinquantenaire des semaines mondiales de l’aviation de 1910. Tous les grands noms de l’aéronautique s’étaient donnés rendez-vous. A cette occasion, après un petit pré-meeting le matin, tous les participants étaient invités dans la propriété du Prince de Polignac, producteur des champagnes Pommery et de Cognac. Le déjeuner, fut servi dans le parc, par des serveurs et serveuses en costumes champenois. Il faisait très chaud et l’on pouvait boire à volonté à condition que ce soit du champagne Pommery, produit par notre hôte, et comme nous devions voler dans l’après-midi, il nous a été très difficile de trouver de l’eau. Le Prince de Polignac était Président du comité du cinquantenaire, aussi les organisateurs du meeting envoyèrent un hélicoptère Sikorsky se poser sur la pelouse du parc pour transporter Mr et Mme de Polignac sur l‘aérodrome. S’adressant à son épouse le Prince lui déclara « Admirez ma chère cette adorable diligence». Le matin, les discours avaient retracé l’exploit de Farman accompli le 30 octobre 1908. Ce jour-là il avait réalisé le premier voyage aérien de l’histoire en reliant Bouy à Reims soit une distance de 27 km à 30 mètres de hauteur, peut on parler dans ce cas d’altitude. C’était alors un exploit mondial. Depuis, 50 ans s’étaient écoulés et on avait dépassé mach 2. Quelques témoins du vol mémorable étaient présents au meeting. En octobre 1908 ils étaient encore des adolescents. Le meeting fut classique avec les exhibitions habituelles. Max Holste présentait le Super-Broussard produit à Reims duquel est issu le Nord 262 avion si cher à Saint-Yan. Le programme présentait une rétrospective de 50 ans d’aviation avec d’abord deux ballons sphériques, dont l’un piloté par Charles Dolfus qui lui fêtait le cinquantenaire de sa première ascension. Les parachutistes civils et militaires montrèrent leur adresse en précision d’atterrissage. Puis ce furent le Blériot XI, copie de celui de la traversée de la Manche, et le Caudron G3 du Musée de l’Air que nous voyions souvent dans les meetings nationaux. 34 Louis Souchet - novembre 2010 Quelques planeurs anciens précédèrent un revenant, le Pou du Ciel, ensuite ce fut le défilé des avions modernes, militaires et civils dont la Caravelle qui venait juste de faire son entrée en service sur les lignes d’Air France. La dernière présentation fut naturellement celle la Patrouille de France sur Mystère IV, toujours aussi parfaite. Quant à nous, la presse du lendemain fut très élogieuse surtout en ce qui concernait notre passage sur le dos que nous avions réalisé assez bas. Les patrouilles à réaction ne pouvaient pas se permettre ce genre d’exercice. Le soir un diner, de quelques centaines de couverts, était offert aux participants à l’Hôtel de Ville, là aussi la boisson la plus rare était l’eau. Il y eut ensuite une distribution de coupes pour récompenser chaque formation. Pour baptiser ces trophées nous devions forcément boire du champagne dans ces divers trophées avec toutefois une grande modération pour ce qui nous concerne. Le pilote Américain qui présentait le F102 et qui avait été obligé de se poser après une panne mécanique a compris qu’il devait vider la coupe qu’on lui présentait et qui était assez grande. L’effet fut impressionnant, quelques minutes après, sorti sur la pelouse devant la salle où se déroulait le repas, il s’écroulait terrassé par le Pommery brut. L’interprète Américain qui l’accompagnait est allé le border dans son lit car il devait décoller le lendemain à 6 heures en direction de sa base en Allemagne. Patrouille de la RAF Pendant le meeting, nous avions rencontré, par hasard, Mme Tabuteau, elle était seule, son mari étant occupé par les officiels, nous lui avons demandé si les performances de la 403 Peugeot de son mari s’étaient améliorées. Depuis Royan nous dit-elle, j’ai maintenant une « Caravelle », (petit cabriolet Renault très élégant), et qu’est-ce que je mets dans la vue à mon mari. Bien qu’il ait maintenant une des premières 404 qui sont sorties d’usine, c’est moi maintenant qui double facilement. Quelle vitalité ! 35 La Patrouille de Saint-Yan Ce meeting de Reims fut vraiment l’un des plus mémorables de tous pour nous. C’était presque l’histoire de l’aviation qui s’était déroulée devant nous avec la rencontre d’autant de personnages célèbres. Deauville12juin1960 Je n’ai pas de souvenir particulier en ce qui concerne cette manifestation aérienne locale. Laval19juin1960 Aucun fait notable n’est également à signaler lors de ce meeting. Bastia26juin1960 Après le Nord-ouest, nos ailes nous mènent vers le Sud-est. A l’escale de Cannes, la météo nous conseille de passer par Gênes et Florence car le trajet direct était bouché par de gros orages. Le vol Cannes – Gênes se fit sans problème le vendredi soir. Le terrain de Gênes se présentait, en 1960, avec une petite piste perpendiculaire à la montagne côtière, ce qui imposait de se poser face au relief et de décoller face à la mer. Par la suite, les Italiens ont construit une piste de 2 300 mètres entièrement gagnée sur la mer et la piste de 1960 est maintenant le taxiway qui mène à l’aérogare. L’unique hangar ne pouvant abriter nos avions, nous les avons tout simplement bâchés bien que les Italiens nous aient affirmé qu’il n’y avait aucun risque de pluie. Puis ce fut la recherche d’un hôtel, avec comme unique programme dîner et dormir. Le lendemain matin, vers 5 heures, nous sommes réveillés par le grondement du tonnerre. C’est alors le branle-bas de combat, la recherche d’un taxi et cap sur le terrain. A notre arrivée, nous sommes accueillis par un déluge de pluie et de vent. Nos avions n’étant pas amarrés, nous envisageons, un moment, de sortir en slip pour essayer de les protéger. Enfin, le grain passé, le ciel bleu est revenu et nous sommes allés voir s’il n’y avait pas de dégâts. En dépit du fait que les bâches que nous emportions toujours dans nos coffres n’aient pas bougé, la pluie si forte s’était infiltrée dans les fuselages et en déplaçant les avions, nous nous sommes aperçu que de l’eau s’était accumulée à l’arrière sous l’empennage. Nous n’avons pas eu d’autre solution que de percer un petit trou dans le revêtement pour évacuer l’eau et il y en avait quelques litres. Pendant cette opération, le vent soufflait toujours assez fort mais le ciel s’était complètement dégagé. Nous sommes donc allés au contrôle pour déposer notre plan de vol pour Bastia. Mais pour l’administration italienne, un vent de 10 à 15 nœuds de travers ne nous permettait pas de décoller pour la catégorie de nos avions. 36 Louis Souchet - novembre 2010 Suite à négociations avec le chef contrôleur et après de nombreux coups de téléphone, allant jusqu’au ministre des Transports, nous avons pu décoller après avoir signé individuellement une décharge. Une fois en l’air, comme nous étions seuls, pour les remercier, nous avons fait un passage sur le dos devant les hangars, malgré la turbulence et ensuite nous avons mis le cap sur Florence avant de traverser vers l’île d’Elbe et Bastia. L’un de nous, je ne sais plus lequel, s’est rapproché des autres en montrant la jauge d’essence, d’un air inquiet. Nous nous sommes aperçu qu’en bas de la jauge ce n’était pas de l’essence qu’il y avait mais de l’eau. Le trajet Gênes-Florence étant plutôt « mal pavé », il nous tardait d’arriver car avec de l’eau dans le carburateur, la panne n’aurait sans doute pas tardé. Posés à Florence, nous avons vidangé et purgé nos circuits et rincé les réservoirs. Ceci a pris beaucoup de temps et il était trop tard pour repartir vers Bastia. Le dimanche matin, nous avons rallié la Corse sans encombre après avoir salué la mémoire de Napoléon en survolant l’île d’Elbe. La présentation s’est bien passée pour les trois de la Patrouille mais Babin qui était charognard ce jour-là a calé son moteur en passage sur le dos. Heureusement avec une bonne vitesse qui lui a permis de se poser après un retour en vol normal. La vidange et le rinçage de son réservoir s’imposaient, il devait rester quelques gouttes d’eau circulant dans le circuit et le brassage, par la voltige, avait dû les amener au carburateur. Après réflexion, nous sommes arrivés à la conclusion que la pluie diluvienne de Gênes avait pénétré dans les réservoirs par le petit tube de mise à air libre. Le lendemain, nous avons rejoint Florence puis Vergiate, petite ville au nord de Parme. Vergiate29juin1960 En vol vers Parme, pour atteindre Vergiate, Lechevalier pour passer le temps exécute un tonneau, mais les trois autres aperçurent alors une traînée blanche assez importante derrière son avion Nous sommes allés voir de plus près et avons constaté que le bouchon du réservoir était absent, sans doute oublié à Florence. Pas très malin pour des gens enseignant la rigueur à leurs élèves….. ! Comme nous étions tout près du terrain de Parme, nous nous sommes posés. Lechevalier avec l’aide d’un Italien a réussi à trouver, chez un garagiste, un tour à métaux et un morceau de bronze qui lui a permis de tourner un nouveau bouchon avec le modèle pris sur un autre avion. Toujours aussi perfectionniste, il a même refait aux cotes le filetage de sorte que ce bouchon est resté définitivement sur l’avion jusqu’à la fin de la patrouille. A Vergiate nous étions la vedette de cette manifestation réunissant beaucoup de monde avec une foule bruyante jetant leurs chapeaux en l’air pour nous saluer et, après notre atterrissage, les organisateurs nous ont présentés devant les spectateurs, tels des chefs d’Etat, en voiture décapotable. 37 La Patrouille de Saint-Yan Le soir, au diner, nous avons découvert les authentiques pâtes à la Carbonara, grand moment gastronomique où même Babin, habituellement allergique aux pâtes s’est régalé. Le lendemain, après une escale à Turin, pour les formalités de douane et de police, nous avons traversé les Alpes, par le Mont Cenis et rejoint Saint-Yan après une escale à Lyon. Au dessus du mont Cenis La période était active pour la Patrouille en effet, le 3 juillet nous étions à Lille. Lille3juillet1960 Je n’ai pas de souvenir particulier de ce meeting qui fut sans histoire. Lannion17juillet1960 Le meeting se déroule par un temps maussade. Je conserve de cette réunion le souvenir d’un parachutiste nommé Masselin qui nous a fait très peur en ouvrant très, très bas. Annecy24juillet1960 Après le meeting, nous allons nous poser à Saint-Gervais où Vivien à un vieux copain de son école de pilotage d’avant 1939. A cette occasion, nous avons fait un petit entraînement pour faire plaisir aux membres du club local. 38 Louis Souchet - novembre 2010 Jean Parouty, radiologue de Paray-le-Monial, grand amateur de photographie, se trouvait alors en vacances aux Contamines, juste à côté de Saint-Gervais. Le lendemain, nous en avons profité pour faire de magnifiques photos au-dessus des glaciers. Le chef pilote du club disposait d’un avion de type Auster. Après avoir enlevé la trappe de sortie de secours, sur l’extrade de l’aile, nous avons amarré Jean Parouty solidement à l’avion avec une corde d’alpiniste et dans cette position, debout dans l’avion, il a réussi, depuis une altitude variant de 3 500 à 4 000 mètres, de splendides photos de la patrouille qui ornent toujours nos maisons. A côté de Souchet, M. Giron chef pilote de l'AC de Saint Gervais Lorient7août1960 Lors de ce meeting national, Pompon fait partie du programme du meeting. De plus, cette année là, Renault mettait des voitures à la disposition des participants. Ainsi à Lorient nous avions une Dauphine et comme nous étions cinq, ce jour-là, la voiture était bien remplie. Pompon faisant partie de notre bande, nous l’avons embarquée à l’arrière sur les genoux des trois passagers mais en long ! Son mètre 48 tenait très bien dans la largeur de la voiture. Les ceintures de sécurité n’existaient pas encore. Saint‐Calais4septembre1960 Je n’ai pas de souvenir particulier de ce meeting dans cette petite ville toute proche de Montoire, bourgade entrée dans l’histoire depuis une célèbre rencontre en 1940 entre Pétain et Hitler. Fayence25septembre1960 Rien de particulier à noter en ce qui concerne ce meeting dans ce haut lieu du vol à voile sauf que le retour fut difficile du fait d’une météo très mauvaise. 39 La Patrouille de Saint-Yan Arrivés à Mâcon, bien que connaissant parfaitement la région, nous avons été contraints de nous poser avec un plafond presque à la hauteur des arbres. Nous nous perdions même de vue dans le tour de piste. Comme nous voulions rentrer à la maison, le soir, nous avons alerté Jean Parouty qui est venu nous chercher en voiture. Nous avons rapatrié nos avions le lendemain. Pour terminer la saison 1960, nous avons réalisé le plus grand raid qu’ait connu Patrouille en participant au meeting national d’Oran, en Algérie, le 9 octobre. la Oran9octobre1960 Nous partîmes de Saint-Yan le jeudi 6 octobre et nous avons dormi le soir à Perpignan. Le vendredi nous avons volé huit heures avec des escales à Valence et Murcie où nous avons ravitaillé, pour finir à Malaga. A Valence, le soutier nous a expliqué que la pompe qui nous servait à faire les pleins était celle qui était déjà en service du temps de Mermoz et de l’Aéropostale. En effet, pour la démarrer cet objet à la vétusté assurée il fallait le frapper d’un coup de marteau. A Murcie, terrain occupé par les parachutistes de l’Armée espagnole, on nous a amené un fût de 200 litres. La manœuvre a consisté à basculer le fût pour remplir un seau d’environ 10 litres, non sans en répandre par terre puis, avec un entonnoir, à verser le contenu dans le réservoir. L’opération, fastidieuse, nous a demandé beaucoup de temps. Les militaires utilisaient encore des JU52 de première génération datant probablement de la Guerre civile. Ils semblaient complètement pourris. Le soir, à Malaga, nous nous sommes posés sur une piste magnifique qui en guise de balises était bordée d’hortensias. L’esthétique y gagne certes mais pas la sécurité. Nous avons demandé à un taxi de nous conduire à un bon hôtel. Parlant un peu le français, le chauffeur nous a vanté les mérites de l’hôtel de Paris et déposé dans cet établissement. Quoi de plus naturel pour des français comme nous. En France, l’établissement n’aurait sans doute pas figuré au guide Michelin. Après huit heures de vol, toujours face au soleil, puisque nous suivions un itinéraire correspondant à sa position, le serre-tête avait dessiné un vrai masque sur nos visages mais surtout nous avions hâte de nous doucher. Roland Cogné plus rapide que les autres à se rafraichir se savonne, savoure ce moment exquis mais, au moment de se rincer, c’est la panne sèche, plus d’eau. Les trois autres, plus lents en revanche n’avaient pas encore entamé la toilette. Après des essais dans les autres chambres, un tout petit filet d’eau, sans doute un reste dans les tuyaux, a quand même permis de nous rendre Roland tout propre et surtout rincé. Les trois autres en revanche se sont contentés de faire une toilette réduite en phase avec le débit des robinets. 40 Louis Souchet - novembre 2010 L’hôtel comprenant aussi un restaurant, nous avons constaté que le maître d’hôtel était aussi le patron et en fin de compte l’unique employé. Le taxi qui nous avait transportés étant sans doute un de ses amis. Au moment de nous coucher, nous avons découvert des draps un peu douteux aussi nous avons sorti nos serviettes personnelles pour dormir dessus. Tôt le matin du samedi nous mettons le cap sur Gibraltar et Tétouan au Maroc pour les formalités de police et de douane. Comme les chefs de ces deux administrations marocaines n’étaient pas encore au travail, vers 9 heures du matin, leurs subordonnés les ont alertés par téléphone. Le trafic sur l’aérodrome il est vrai n’était guère important et nous étions les seuls avions présents. En les attendant nous sommes allés au bar où l’on nous a proposé un sandwich à l’omelette sans autre choix possible. Après cette phase de restauration ce fut le retour vers les autorités. Les formalités accomplies, nous avons mis le cap sur Oran et en 3 h 30 nous avons rallié le terrain de La Sénia sur lequel je m’étais posé, 11ans plus tôt, à bord d’un LEO 45 militaire en provenance de Paris. Nous n’avons connu aucun incident de moteur sur le trajet ce qui était une bonne chose. En effet, en 1960, la Guerre d’Algérie n’était pas encore terminée et un atterrissage en campagne n’aurait pas été sans risque et pas seulement aéronautique. Bien reçus et bien logés, dans un bon hôtel, nous avons enfin pu profiter d’une bonne douche non limitée cette fois. Mais, dans la nuit suivante, Vivien et moi-même avons été pris d’une gastro qui nous a fait battre des records de course à pieds vers les toilettes. Le dimanche matin après avoir alerté Lechevalier et Cogne par téléphone, ils se sont mis en quête d’un médecin au sein de l’aéro-club car nous étions dans un piteux état. Après examen, nous avons compris que certains œufs des sandwichs de Tétouan ne devaient pas être de la première fraîcheur. Le docteur nous a donné les médicaments adéquats qui nous ont rétablis assez vite mais nous a laissé libre de prendre la décision de voler ou non l’après-midi. Nous avions, il convient de le reconnaître, les jambes en coton. Ce jour-là, Lechevalier devait conduire la Patrouille mais finalement j’ai pris sa place pour être plus tranquille qu’à l’aile gauche et Vivien a joué le charognard. Malgré une assez forte turbulence, je crois que mon pilotage n’a jamais été aussi souple. Le soir, au moment de quitter le terrain, nous avons découvert Cogné assis sur un banc, complètement éteint. Il faisait sa gastro à retardement. Je crois que si nous n’avions pas insisté, il serait resté sur place. Soigné comme Vivien et moi, il était en forme le lundi matin. Seul Lechevalier, solide nature, avait échappé à l’intoxication des œufs de Tétouan. Malgré ces péripéties intestinales, le meeting avait été un grand succès avec une foule estimée à 40 ou 50 000 spectateurs. L’ami Aufranc (chargé de l’imprimerie au centre de Sain-Yan, aujourd’hui président de l’Apasy, l’Association du patrimoine aéronautique de Saint-Yan), qui effectuait son service militaire en Algérie avait pris une permission pour venir nous voir. Pour repartir, nous envisagions le même trajet qu’à l’aller mais, ce matin-là le vent soufflait à plus de 30 nœuds de l’ouest et nous aurions été un peu juste en carburant pour atteindre Tétouan. 41 La Patrouille de Saint-Yan Nous avons donc décidé de passer par Alicante directement mais, pour traverser la mer pendant 1 h 30 environ, le contrôle aérien nous imposait le contact radio et des gilets de sauvetage. N’ayant ni l’un ni l’autre, nous avons d’abord négocié avec les militaires 4 gilets, en leur promettant de leur renvoyer dans les plus brefs délais. Pour la radio, nous nous sommes mis d’accord avec Chrissa Chouridis une de nos anciennes élèves qui repartait d’Oran sur un Jodel équipé d’une radio. Le contrôle a finalement accepté qu’elle nous accompagne pour assurer la couverture radio jusqu’à Alicante. A mi-chemin de la traversée, le vent ayant faibli, au lieu d’Alicante nous avons poursuivi jusqu’à Valence pour faire les pleins après 3 h 35 de vol, la pompe de l’Aéropostale a encore démarré en suivant la procédure usuelle. Dans l’après-midi, nous sommes partis vers Barcelone, toujours à cinq avions. Comme le temps était très beau sur l’Espagne, nous avons fait le trajet en touristes à basse altitude avec de temps en temps un petit passage en vol sur le dos pour se détendre. En 2 h 20 nous fûmes à Barcelone. En 1960, Barcelone ne disposait que d’un petit terrain avec une piste en dur de 800 mètres prolongée par une piste en herbe de 3 où 400 mètres. Quelle différence avec l’aéroport international d’aujourd’hui. Nous passons la nuit dans un bon hôtel et le lendemain nous décollons pour Perpignan. Le décollage se fit face au Sud, suivi d’une prise de cap vers le 42 Louis Souchet - novembre 2010 Nord en passant en montée par le travers du terrain. Nous voyons alors Vivien nous quitter et plonger vers la piste. Nous le rejoignons et apercevons que son moteur est arrêté, l’hélice stoppée. Il se pose sans difficulté, les trois autres aussi. Le diagnostic fut facile à établir « une salade de bielles », selon le terme consacré, avec un découpage du carter. Heureusement l’incident n’avait pas eu lieu la veille au-dessus de la mer ou dans la partie de rase-mottes entre Alicante et Barcelone. Chrissa Chouridis qui avait suivi le mouvement s’était reposée elle aussi. Nous avons trouvé une place dans le fond d’un hangar pour l’avion de Vivien. Comme Chrissa était seule à bord de son Jodel, Vivien est reparti avec elle. Ce fut alors un nouveau décollage vers Perpignan avec un atterrissage obligatoire pour la douane, une fois la frontière française passée. Par ailleurs, une zone militaire espagnole nous obligeait à passer par la pointe du Cap Creus et le Cap Cerbere. Le vent d’Ouest était si fort sur les Pyrénées qu’en passant ces deux points nous avons subi une si forte turbulence que nous avons vu les haubans de la voilure se cintrer. Nous n’avions jamais vu cela auparavant. L’atterrissage à Perpignan s’est effectué sur une distance de quelques mètres, mais pour rejoindre les hangars, des mécaniciens sont venus se placer sur les extrémités des ailes et sur l’empennage car le vent nous aurait retourné. Nos avions mis à l’abri, le déjeuner nous a permis d’attendre une accalmie toute relative, surtout que les indigestions d’Oran étaient oubliées. Nous sommes repartis l’après-midi en décollant sur une vingtaine de mètres sur le parking. Nous avons contourné le MassifCentral à basse altitude pour ne pas subir le maximum du vent et nous sommes arrivés à Saint-Yan après 4 h de vol. L’ami Vivien a continué avec Chrissa Chouridis jusqu’à Issoire, son port d’attache. Un avion de Saint-Yan est venu récupérer Vivien pour la fin du voyage. Ainsi se terminait notre voyage au long cours après 25 heures de vol au total. Le personnel du parc de Castelnaudary est allé à Barcelone effectuer le changement du moteur et à l’occasion d’un voyage de navigation des élèves pilote de ligne, un Beechcraft a emmené Vivien pour qu’il puisse rapatrier son avion. Si nous n’avons participé qu’à 13 meetings en 1960 c’est sans doute l’année où nous nous sommes le plus déplacés mais les longs voyages ne nous déplaisaient pas. Photo Le Parisien 43 La Patrouille de Saint-Yan Saison1961 Montluçon30avril1961 Il ne me revient pas de faits particuliers quant à ce meeting. Bourges14mai1961 Tout comme pour Montluçon il s’agit d’un meeting chez des voisins. Le lieux ne m’était pas inconnu car c’est à Bourges que j’avais approché mes premiers avions juste après mon incorporation dans l’Armée de l’air en 1944. Gênes21mai1961 Le voyage aller s’est déroulé cette fois avec une excellente météo. Notre passage sur le dos, de plus par grand vent, avait sans doute laissé une forte impression aux Italiens car nous avons eu toutes les autorisations possibles. On a fait de la place dans le hangar pour abriter nos avions, traitement de faveur, en dépit d’un magnifique soleil. Une foule énorme se massait sur les collines entourant le terrain qui ne disposait que de la petite piste perpendiculaire au relief. Quand nous nous sommes posés, l’enthousiasme des spectateurs était tel qu’ils se sont mis à lancer leurs chapeaux en l’air et que lors de notre approche nous avons même entendu les vivats depuis nos avions. Jamais nous n’avions connu une semblable ovation. Il faut reconnaître que le programme n’était pas très copieux et que nous étions ainsi un peu les vedettes du jour. LeBourget27mai1961 Après Gênes, nous étions conviés au Salon du Bourget où l’on nous a programmé au début de l’après-midi avant le défilé des nouveautés présentées au salon. J’avais à cette occasion récupéré un avion tout neuf qui venait de subir sa révision générale à Castelnaudary, chez notre ami Rieupet, l’ex-chef mécanicien de Saint-Yan. Notre passage au Salon du Bourget étant un samedi, nous sommes partis, de suite après notre présentation vers Strasbourg où avait lieu un meeting national le lendemain. Strasbourg28mai1961 Je n’ai pas de souvenirs particuliers de ce meeting qui s’est fort bien déroulé. Le dimanche soir, nous avons rejoint Saint-Yan pour reprendre notre travail le lundi matin. 44 Louis Souchet - novembre 2010 45 La Patrouille de Saint-Yan Doncourt‐les‐Coflans4juin1961 Petite ville située à quelques kilomètres de Metz, le temps ce dimanche matin y était mauvais, assorti d’un plafond bas vers 500 mètres avec un petit crachin. Le matin, nous avions observé un parachutiste, Masselin qui nous avait déjà fait peur à Lannion en ouvrant son parachute très bas. A Doncourt, il pliait sa voile dans l’herbe humide, une hérésie pure quant aux règles de sécurité. Certains lui ont fait remarqué que ce n’était pas très sérieux mais il n’en a pas tenu compte. L’après-midi, le plafond toujours bas, il a sauté d’un Stampe mais après l’extraction, la voilure est restée en torche et l’on devine la suite. J’étais avec André Babin lorsque le Stampe s’est présenté au-dessus du terrain. A ce moment précis nous étions allés nous rafraîchir au bar, dans le fond du hangar, avec toutefois une certaine inquiétude pour ce parachutiste si peu enclin à respecter les règles de sécurité. Le bruit de la foule s’est soudain arrêté brutalement comme à chaque fois que le parachutiste quitte l’avion puis il reprend quand le parachute s’ouvre. Ce jour-là le silence s’est prolongé et du fond du hangar, nous avons entendu un bruit sourd qui était facile à identifier. Nous avons décollé peu après pour notre présentation et avons essayé de faire diversion pour que le public ne garde pas cette horrible vision d’un corps qui s’écrase. Nous sommes rentrés à Saint-Yan le soir même. Poitiers11juin1961 Je n’ai pas conservé de souvenir particulier de cette journée. Bourg‐en‐Bresse18juin1961 De ce meeting, il me reste un souvenir bien vivace lorsque un nommé Falloux à manquer d’accrocher nos avions en effectuant un passage sur le dos trop bas et aussi trop près du public. Toulouse24juin1961 Outre le retour dans la capitale de l’aviation, pour un meeting national, je ne conserve pas de souvenirs particuliers de cette présentation. Deauville30juin1961 Là aussi ce meeting s’est déroulé sans histoire et ne me remet à l’esprit aucune anecdote. 46 Louis Souchet - novembre 2010 Ajaccio13août1961 Pour ce meeting national, Jean Parouty président de l’Aéro-club de Paray, nous accompagne avec le Jodel du club. Après l’incident de Barcelone, nous avions décidé de survoler la mer le moins longtemps possible. Nous avons donc pris le trajet par Cannes, Gênes, Bastia, Ajaccio. Comme nous étions cinq avions, nous avons tenu compagnie à Jean Parouty, dans son Jodel, à tour de rôle, tout au long du vol. Le samedi, nous avons fait un petit circuit autour d’Ajaccio à titre de publicité pour le lendemain. Jean Parouty étant un excellent cinéaste amateur, nous a filmés et photographiés au-dessus des îles Sanguinaires au coucher du soleil. Le film était magnifique. Pour le retour, la météo étant favorable, nous avons rejoint Saint-Yan à partir de Gênes avec seulement une petite escale à Lyon pour la douane et la police, le tout en 4 h 05. Ceci se passait le 14 août et le 15, nous avions rendez-vous pour un meeting de parachutistes à La Ferté-Gaucher près de Coulommiers. LaFerté‐Gaucher15août1961 Rien de particulier ne me revient à l’esprit quant à ce meeting sauf, que ce 15 août, nous avons passé encore un peu plus de 4 heures dans nos avions mais nous sommes quand même rentrés à la maison le soir. Avallon27août1961 Rien de particulier à signaler. Fayence3septembre1961 Après le meeting nous sommes allés nous poser à Cannes. En effet, le soir nous étions invités à La Napoule par un de nos anciens élèves, M. Carle qui tenait un hôtel restaurant au bord de la plage et où seule la route, nous séparait du sable.Après un excellent diner ce fut la baignade et les incontournables photos souvenirs de ce délicieux moment. Vichy10septembre1961 En ce lieu on avait l’impression d’être chez nous car nous utilisions ce terrain presque quotidiennement pour notre travail avec les élèves pilotes de ligne. 47 La Patrouille de Saint-Yan Gênes8octobre1961 Il semble que la ville de Gênes, nous ait adoptés car à l’occasion de l’inauguration de l’aéroport Christofo Colombo, nous étions invités de nouveau pour la 2ème fois. Pour arriver à destination, nous avons dû affronter une très mauvaise météo. Une violente tempête avait eu lieu dans la nuit du jeudi au vendredi et, nous déplaçant dans sa traine nous avons d’abord été obligé de faire escale à Lyon sous une forte pluie. Notre amie Pompon, nous accompagnait. La descente de la vallée du Rhône fut particulièrement pénible avec un plafond très bas et un fort vent de Sud inhabituel. Il pleuvait tellement que Vivien qui occupait la place avant dans l’avion de Cogné recevait, le long de sa jambe et dans sa chaussure, l’eau qui coulait le long du mât de cabine. En se contorsionnant, il a finalement enlevé la chaussure puis la chaussette. Pour commencer, il a essoré sa chaussette à l’extérieur en faisant profiter Cogné, puis, persistant dans cette opération de mise au sec, il a vidé sa chaussure sur le pare-brise arrière, Cogné n’a eu que le temps de baisser la tête pour ne pas prendre une douche. La pluie cessant un peu plus au Sud, Vivien a noué sa chaussette autour du mât pour la faire sécher. 48 Louis Souchet - novembre 2010 Nous nous sommes posés à Aix-en-Provence où nous avons passé la nuit. Le lendemain, la chaussette et la chaussure de Vivien ayant fini par sécher, nous avons fait escale à Cannes pour accomplir les formalités de douane et de police et nous nous sommes enfin posés à Gênes dans l’après midi. Le meeting comportait un programme beaucoup plus important que le précédent avec des patrouilles militaires mais nous étions en revanche les seuls étrangers. Nous fûmes reçus comme des rois dans un grand hôtel par la Marquise X dont j’ai malheureusement oublié le nom qui cumulait son titre de noblesse avec celui de présidente de la Chambre de commerce. Le retour par beau temps se fit sans problème. LaPatrouilledeSaint‐Yanàlatélévision21octobre1961 En cette fin de saison, nous avions envisagé avec le concours de Jean Parouty de réaliser un film sur notre Patrouille. Dans le même temps, le réalisateur Jean Donot voulait produire une émission en direct, vue de l’intérieur de la Patrouille, ce qui à l’époque était une première. Nous avons d’abord fabriqué un support fixé dans les mâts de cabine pour installer la caméra de Jean Parouty sur le F-BGGV. Avec Jean Parouty, j’ai fait des essais avec du film noir et blanc. L’objectif était orienté vers l’avant puis vers l’arrière. Un bouton poussoir, fixé sur le manche, permettait avec une commande à distance de déclencher et de stopper la caméra. Après visualisation de ces rushes, nous avons établi un plan comportant des vues avec la caméra orientée vers le chef de patrouille et ensuite sur chacun des ailiers puis sur le charognard. Le tout devait se relier par des plans intermédiaires pris en voltige solo et par quelques vues du sol. Pour affiner les prises de vues, nous avons décidé de commencer par réaliser ces plans de coupe. J’ai donc filmé avec Jean Parouty quelques phases de voltige mais avec du film en couleur ce qui a donné d’assez bons résultats. Nous pensions aussi y introduire quelques séquences du film pris lors de notre voyage en Corse. Finalement il n’est resté que ce film de voltige. L’émission de l’ORTF, en direct, était fixée au 21 octobre1961, un samedi, il me semble, vers 15 heures. Le terrain de Guyancourt, un centre de formation de l’Aviation civile à cette époque, réservé pour l’opération était transformé pour l’occasion en véritable studio de télévision avec plus 49 La Patrouille de Saint-Yan de 40 techniciens et un matériel technique impressionnant sur des véhicules qui ne l’étaient pas moins, le tout déployé un peu partout dont 9 caméras au sol et une sur mon avion ce jour-là le F-BGGV. En plus de la caméra, il y avait 50 où 60 kg de matériel dans la place avant. Pour « améliorer » la finesse de l’avion les haubans d’ailes étaient hérissés d’antennes multiples et variées. Maintenir sa place dans la patrouille ne fût pas chose facile avec tout ce matériel. Les 140 Ch du Stampe avaient du mal à suivre le chef de patrouille. Sans ménager nos montures nous avons quand même réussi une présentation correcte. La lumière n’était guère favorable car le ciel était gris sans soleil. Sans nous en douter, nous venions de réaliser le dernier passage sur le dos et le dernier éclatement en public. C’était la première tentative, en France, d’émission en direct à partir d’un avion. En 1961, tous les foyers n’étaient pas équipés d’un poste de télévision, beaucoup des personnels du Centre s’étaient donnés rendez-vous chez des amis. D’après ce que les téléspectateurs nous ont raconté à notre retour, les images étaient plutôt médiocres. La technique a beaucoup progressé depuis mais il fallait bien commencer. Dernière présentation de la patrouille de Saint-Yan lors de l'émission endirect de l'ORTF le 21 octobre 1961 Lechevalier, Parouty, Vivien, Annie Violet, Souchet, P. Violet, Cogné, Cotelle, Sylvie et Florence Violet 50 Louis Souchet - novembre 2010 Le lendemain nous avons remis le cap sur Saint-Yan. Quand nous avons rejoint la Loire, je dois avouer que nous nous sommes offert une bonne partie de rase-mottes sur le fleuve. (Ce n’est pas bien…). Nous étions loin de nous douter que ce vol était le dernier de la Patrouille. Quelques jours après nous apprenions que notre équipe était dissoute. Il parait que nos exhibitions n’étaient plus en phase avec le message à faire passer dans le contexte de la formation des pilotes de ligne. Ainsi se terminait notre aventure de six années qui nous avait tant passionnés. La voltige a quand même été encore enseignée à Saint-Yan pendant quelques années. Les Stampe qui restaient au Centre furent affectés à Carcassonne, ceux de la Patrouille ont été reconvertis pour la double commande, beaucoup ont été vendus. Le F-BDND le mien en patrouille, sorti d’usine en mars 1948, était à Carcassonne en 1962 puis est allé à Las Vegas où il fut équipé d’un moteur Ranges de 175 Ch. Je ne voudrais pas terminer sans dire un grand merci à tous les mécaniciens qui ont toujours entretenu nos avions en parfait état. Ils avaient toute notre confiance. Dernier retour au bercail après l'émission de la télé 51 La Patrouille de Saint-Yan LISTE DES MEETINGS où LA PATROUILLE A PARTICIPE 1 Toulouse 24.04.56 32 Thonon les Bains Montmorillon 04.08.57 63 Montceau les 06.09.59 15.08.57 Mines 64 Chapelle Heulin 20.09.59 2 Toulouse 31.04.56 33 3 Avranche 06.05.56 34 Angers 18.08.57 65 Clermont Ferrand 08.05.60 4 Bordeaux 13.05.56 35 Cannes 25.08.57 66 Reims 05.06.60 5 Pontivy 20.05.56 36 Belfort 01.09.57 67 Caen 12.06.60 6 Valence 03.06.56 37 Marseille 08.09.57 68 Laval 19.06.60 7 St Rambert d'Albon 02.06.56 38 St Etienne 15.09.57 69 Gênes 24.06.60 8 Dijon 17.06.56 39 Tarbes 22.09.57 70 Vergialo 29.06.60 24.06.56 40 Bordeaux 04.05.58 71 Lannion 17.07.60 10 Vichy 14.07.56 41 Chatellerault 05.05.58 72 Annecy 23.07.60 11 St Etienne de Geoirs 15.07.56 42 Rennes 12.06.58 73 Le Fayet 23.07.60 9 Ambérieux 12 Loynes 21.05.56 43 Le Bourget 28.06.58 74 Lorient 07.08.60 13 Arras 22.07.56 44 Nantes 05.07.58 75 st Calais 04.09.60 14 Belfort 29.07.56 45 Loudun 13.07.58 76 St Auban 18.09.60 15 Mezières 12.08.56 46 Gaillac 02.08.58 77 Cannes 24.09.60 78 Fayence 25.09.60 09.10.60 16 Luxeuil 19.08.56 47 Lire 16.08.58 17 Pau 26.08.56 48 Bordeaux 14.09.58 79 Oran 18 Avignon 09.09.56 49 Angers 04.09.58 80 Montluçon 30.04.61 19 Montceau les Mines 16.09.56 50 Limoges 05.04.59 81 Avord 14.05.61 20 Clermont- Ferrand 12.05.57 51 Granville 03.05.59 82 Gênes 21 .05.61 21 Chaumont 18.05.57 52 Beaune 10.05.59 83 Poitiers 11.06.61 22 Limoges 25.05.57 53 Haguenau 24.05.59 84 Bourg en Bresse 18.06.61 31 .05.59 85 Toulouse 24.06.61 06.06.59 86 Dauville 30.06.61 23 St Brieux 30.05.57 54 Montpellier 24 Valenciennes 10.06.57 55 Saint Yan 25 Belfort 16.06.57 56 Le Bourget 15.06.59 87 Ajaccio 13.08.61 88 La Ferté Gaucher 15.08.61 26 Lyon 23.06.57 57 Etampes 21 .06.59 27 Toulouse 29.06.57 58 Evian 05.07.59 89 Avallon 27.08.61 28 Royan 29.07.57 59 Compiègne 12.07.59 90 Fayence 03.09.61 29 Mulhouse 07.07.57 60 Troyes 13.07.59 91 Ajaccio 08.10.61 19.07.59 92 Guyancourt 20.10.61 09.08.59 30 Ajaccio 14.07.57 61 Tours 31 Troyes 21 .07.57 62 Royan Soit 92 présentations de la Patrouille de Saint Yan aux meetings officiels. 52 Louis Souchet - novembre 2010 53 La Patrouille de Saint-Yan Depuis 1961, les rangs se sont éclaircis. 2 avril 2007 : Raymond Vivien nous quitte à 86 ans, nous l’accompagnons pour sa dernière navigation. Une page se tourne. 9 mars 2008 : André Babin, nous abandonne à 89 ans. Il en reste trois. 25 mars 2009 : C’est au tour de Roland Cogne de nous quitter dans l’après midi, à 88 ans. janvier 2010 : Jean Passadori part à 92 ans. Il ne reste plus qu’Olivier Lechevalier et moi. C’est pourquoi je me suis décidé à laisser une petite trace de notre Patrouille. A l’occasion des 60 ans du centre, on a pu constater qu’il manquait un certain nombre d’anciens. Bonne chance aux jeunes qui ont pris notre relève en leur souhaitant de vivre une aussi belle aventure que la nôtre Beaulieu-Layon novembre 2010 54 Louis Souchet - novembre 2010 Patrouille de Saint-Yan en 1958 : Lechevalier, Souchet, Babin et Vivien Photo Le Parisien Les mêmes plus Cogné en 1988 pour les 40 ans du centre de Saint-Yan 55 La Patrouille de Saint-Yan "Le rêve de sa vie" 1956 Vivien prend en compte son premier stampe, neuf et perso. 56 Louis Souchet - novembre 2010 57 La Patrouille de Saint-Yan SFATAT FORMATION et ACTIVITÉS de la PATROUILLE de SAINT-YAN A la suite de la dissolution de la Patrouille d'ÉTAMPES, le Service de la Formation Aéronautique décida, à titre de propagande, de reconstituer une Patrouille Acrobatique d 'avions légers. En decembre 1955. quatre instructeur s du Centre National de Saint-YAN, commencent leur entraînement. Cinq mois après, la Patrouille est présentée pour la première fois en public, ou Meeting N ational de TOULOUSE le 29 Avril1956. Cette démonstration de voltige en f ormation ser rée, effectuée par trois ST.AMPE, comprend la p lupart des figures classiques. Elle est suivie par un ballet aérien et prend fin sur u n éclatement très spectaculaire. Avant l'exécution de chaque figure par la Patrouille, celle-ci est présentée ou public par le quatrième avion en solo. Pour demeurer dans le cadre de la Formation Aéronautiq ue, ces nstructeurs ont mis ou point une dém onstration d 'exercices éducatifs intitulés '• Apprenez à Piloter et à Voltiger " . Ces exercices commentés par un pilote de la Patrouille, ont pour but de vulgariser la Méthode Française de pilotage. Depuis sa création, les pilotes de cette Patrouille se sont produits dons plus de soixante-dix me.etings nationaux et internationaux. Ils totalisent à eux cinq une expérience de quelques 35.000 heures de vol. Documents envoyés aux organisateurs de meeting en 1957 A la fin de leurs carrières les membres de la patrouille totalisaient plus de 100.000 heurs de vols. 58 Louis Souchet - novembre 2010 Olivier LECHEVALlER L ouis Né à Paris en 1920. Entre dons l'Armée de l'Air en 1939, comme élève-pilote ô Blois. En A F N jusqu'en 1942, i l termine SOUCHE T Né en Sèvres. de l'Air pilote à la guerre ô la 34• Escadre. Démobilisé en 1947, il devient moniteur ou Club de Cl\HORS puis de ·BRIVE. Chefpilote adjoint ou C entre National de Saint-YAN. C hel de Patrouille ou ailier gauche. Totalise 8000 heures de vol. 1<)25 dons les DeuxEngagé dons l'Ar mée en 1944, il est élève Châteauroux puis ô Cog~oc où il est breveté Pilote militaire. Après un stage à Meknès d 'où il wrt pilote de chasse, il est ollecté ou groupe 2/5 " Ile de Fronce " à Bizerte. Après la démobilisation en i950 il entre ou Centre National de SaintYAN, comme instructeur. Chef de patrouille ou ailier gauche. Totalise 5 500 heures de vol. SFATAT Roland COGN~ Andr é l'lé à C hôte{Juroux en 1921. Vole à I'Aviolion Populaire de 1937 ô 1939 . Moniteur de vol à voile d epuis l 945. Titulaire du Brevel " F " N° 6 . Record man d e Fronce de distance but fixé monoplace le 16-4-56 avec 550 km. 3 000 heures de vol et plus d e 25 000 remorquages en planeur. Actuellement instructeur 1FR à Saint-YAN. Ailier gauche ou " Charognard " . Totalise plus de 8 000 heures de vol. Né à C hatellerault en 1919. Vole à I"Aviotion Populaire en 1938 où il esi breveté Pilote de tourisme. Engagé dons l'Armée de l'Air e:1 1939. Débute en 1945comme moniteur .:le vol à voile ô C hâteauroux. Dirige ensuite l'AC de Chotellerouli.ll est affecté à Saint-YAN en 1950. Actuellement instructeur 1FR. Ailier droit ou " Charognard ··. Totalise plus de 6 500 heures de vol. Raymond VIVIEN Né en Seine-et-Morne en 1920. entre olo section d'Aviation populaire de Vincennes en 1938. Engagé d1ns l'Armée de l'Air en 1939. Breveté en 1940, entre à la 3• Ecole de Chasse d;AVORD. Réentroiné ô RABAT en 1944 Démobilisé en 1945, il devient moniteur de l'AC de PARIS-EST. Instructeur 1FR ou Centre de Saint-YAN. Ailier droit ou "Charognard". Totalise 6 500 heures de vol. L 59 La Patrouille de Saint-Yan Pages sur Internet sur le site de JMJ Lefebvre "The super mystère collection" (http://www.super-mystere.net/) Souchet Belfort 29 juillet 1956 Lechevalier Vivien http://super-mystere.net/cr001/planche/pages/24.htm 60 Louis Souchet - novembre 2010 Passadori Lechevalier http://super-mystere.net/cr001/planche/pages/25.htm 61 La Patrouille de Saint-Yan Jean Passadori The Super Mystère Collection 28 Copyright < JHJ Lefehl•re A avion exceptionnel, superbe pilote au visage pareil à ceux de nos grands pionniers de l'aviation et pour ma part je l'aurais facilement '~<ll aux commandes d'un hydravion de course rouge Macchi M .52 à lui faire tourner sa voltige très pure au lieu de prendre des paquets de G à chaque bouée de virage en épreuve de Coupe Schneider!!! Tel j'ai toujours connu Jean Passadori ("Passa" pour les familiers et ici en leader de la Patrouille de Saint-Yan) a\·ec son gros pull à col roulé sous la combinaison pour se garantir des courants d'air sou\·ent traîtres à ceux qui pratiquaient cet avion en petite tenue, même dans les chaleurs de l'été. Depuis notre première rencontre, c'était un enfant du Territoire de Belfort où il venait assez souvent voir sa maman, il a toujours répondu avec la plus grande gentillesse à mes interrogations, expliqué aussi a\·ec douceur et précision ce qu'il était un peu hardi de \·ouloir savoir alors que je n'étais encore qu'un gosse, et bien sûr m'a emmené un jour, vers mes treize ans, pour une longue séance d'initiation sur son Stampe F -BD~ d'alors afm que je décou\Te, avec ses précieux commentaires au "bigophone", l'ensemble des figures qu'il enseignait journellement et tout particulièrement celles que j 'aimais le plus lui voir exécuter à la perfection, j'ai parlé du renversement, du tonneau à facettes, du tonneau déclenché, de la boucle inversée et de ce que l'on n'appelait peut-être pas encore le "Huit Cubain". Un régal... Ce que je n'oublierai jamais de cet unique vol avec Jean c'est l'incroyablement douce fluidité de son pilotage qui fit que je sortis de l'aventure un peu nauséeux mais \·ierge de tout "dégueulis" alors que presque tous les pilotes qui m'emmenèrent en voltige, en moins de trois figures relativement anodines, me rendirent malade à vomir tripes et boyaux... Les exigences de l'existence firent hélas que je ne pus jamais "mettre le cap" sur Saint-Yan pour y devenir comme ille souhaitait, le temps de quelques vacances scolaires ou universitaires, stagiaire "voltige". Par la suite, Jean Passadori officia au Centre National de Carcassonne où je n'eus hélas pas d'avantage la joie de lui rendre une visite comme on peut en éproU\·er quand on n re\·oir un membre perdu de \"Ue de sa famille que l'on a toujours bien aimé et apprécié énormément. http://www.super-mystere.net/cr001/planche/pages/28.htm 62 Louis Souchet - novembre 2010 63 La patrouille de Saint-Yan Louis Souchet - novembre 2010 LapatrouilledeSaint‐Yan Souchet, Cogné, Vivien, Lechevalier et Babin En 2004 pour un rassemblement de Stampes à Sainy-Yan