Auchan Val d`Europe Mieux vendre sans nappe lumineuse

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Auchan Val d`Europe Mieux vendre sans nappe lumineuse
lumières INTÉRIEURES
Auchan Val d’Europe
Mieux vendre
sans nappe
lumineuse
Dans son nouvel hypermarché de Val d’Europe,
l’hyper du “Mieux vivre”, implanté à proximité
de Disneyland Paris, le groupe Auchan présente
une démarche innovante en matière d’éclairage :
la nappe traditionnelle est supprimée au profit de luminaires
asymétriques à haut rendement, équipés de tubes fluorescents T5.
Résultat : confort visuel accru, augmentation des niveaux d’éclairement
sur les produits et réduction de la puissance électrique de 40 %.
Si cette nouvelle approche de l’éclairage en hypermarché s’inscrit totalement
dans le concept de l’hypermarché du mieux vivre, reste maintenant à transformer
l’essai qui consiste à passer de la phase
prototype à une généralisation de la démarche.
Le concept
es hypermarchés et autres grandes
surfaces de vente font partie de
notre culture visuelle depuis plus
d’une trentaine d’années. L’image lumineuse de leurs bâtiments est souvent
associée à celle d’un grand parallélépipède, de registre plutôt industriel, éclairé par une nappe lumineuse constituée
de rangées de tubes fluorescents. Cette
nappe, destinée à fournir des niveaux
d’éclairement au sol de l’ordre de 1 000
à 1 200 lux, est devenue progressivement l’un des symboles les plus forts
des hypermarchés. A première vue, c’est
la solution la plus économique (ce matériel d’éclairage ne nécessitant qu’un
investissement minimal) et efficace
pour la vente : des niveaux d’éclairement élevés et uniformément répartis,
offrant une flexibilité maximale dans
l’aménagement de l’hypermarché. Par
exemple, les gondoles peuvent être
déplacées à volonté, sans modifier
l’éclairage général.
L
Au-dessus des gondoles périphériques,
le principe d’un visuel ayant été adopté,
il devenait indispensable de renforcer sa
présence par une accentuation. Celui-ci
a été réalisé à partir de luminaires
fluorescents asymétriques protégés par
des vasques en polycarbonate équipés
de tubes
T5-HO de 2 x 80 W, suspendus à des
potences de type catamarans, en acier
laqué, maintenus par des câbles.
Un éclairage d’accentuation constitué
de luminaires asymétriques en
contreplongée permet de renforcer
la présence du visuel périphérique
et d’agrandir l’espace.
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En décalage
Pourtant cette solution apparaît de
plus en plus décalée dans le mode de
vente actuel, d’autant plus que, dans les
boutiques et galeries marchandes, grandit le succès des éclairages d’accentuation et de contraste pour mettre en
valeur les produits. En effet, tout professionnel de l’éclairage connaît bien
l’intérêt consistant à jouer sur les
contrastes, pour attirer le regard. Ces
derniers nécessitent des variations
d’éclairement supérieures à trois entre
l’objet à éclairer et son fond (à facteur
de réflexion identique). Aussi, sans
vouloir tenter de reproduire l’éclairage
de vitrines au niveau d’un hypermarché, on retiendra tout de même, sur le
plan commercial, qu’il est plus intéressant d’éclairer davantage le produit que
son environnement.
Or, dans un hypermarché éclairé par
une nappe continue, l’éclairement vertical à hauteur des yeux mesuré sur les
produits des gondoles “sèches” n’est
égal qu’à la moitié environ de l’éclairage au sol (par exemple 500 lux contre
1 000 lux). Les hypermarchés sont-ils
des vendeurs de carrelage ou de produits
de consommation ? Au-delà de cette
expression provocante du problème
lumineux, on devine ici les limites, voire
une certaine incohérence, de la technique d’éclairage par nappes. Peut-on
alors envisager au niveau d’un hypermarché, un éclairage privilégiant les
produits… et non le sol ? Il nous faut
donc rechercher des solutions s’adaptant
aux linéaires des gondoles, le recours à
des sources fluorescentes se justifiant ici
tant pour leur faible coût d’usage que
pour la linéarité du problème optique à
résoudre.
Une approche pertinente
Les luminaires utilisés jusqu’ici étaient
généralement peu performants. Pour
preuve, avec des luminaires équipés
d’un seul tube fluorescent, les éclairements moyens obtenus sur des cimaises
verticales dépassent difficilement les
600 lux, pour des uniformités très souvent discutables. De plus, les solutions
équipées de deux, voire trois tubes fluorescents s’avèrent plus satisfaisantes,
mais au détriment de l’entretien et de la
consommation électrique.
Or, avec les nouveaux tubes fluorescents “T5-HO”, placés dans des optiques
à haut rendement, on peut fournir des
éclairements verticaux dépassant 1 400
lux sur les produits, et des éclairements
moyens de plus de 800 lux. Mieux
même ! Avec des optiques judicieusement conçues, on peut garantir des éclairements verticaux (à 0,50 m du sol)
supérieurs à 500 lux.
Enfin, si l’on regarde du côté de la
puissance installée, celle-ci s’avère inférieure de 40 % à celle de la nappe lumineuse qu’elle remplace. Or les niveaux
d’éclairement sur les produits sont maintenant doublés. « On voit ici toute la pertinence de cette approche », considèrent
ses promoteurs.
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Enfin, sur le plan économique, il est
clair que si la puissance électrique et le
nombre de tubes est plus faible, les luminaires requièrent un degré d’exigence
plus élevé. L’optique doit donc être
conçue avec précision, l’aluminium du
réflecteur devant offrir un haut rendement en réflexion, tandis que des
potences doivent être ajoutées. Il s’agit
donc d’un enjeu industriel à la hauteur
des ambitions du groupe Auchan, les
effets d’échelle devant permettre d’en
abaisser les coûts.
J-MD/MF
Intervenants
Mais une telle solution n’est pas sans
soulever un certain nombre de problèmes qu’il faut encore gérer. Tout
d’abord vis-à-vis du confort visuel. Le
risque est grand de générer des éblouissements des consommateurs depuis l’allée centrale ou depuis les allées voisines.
Il faut alors adapter l’optique, découper
le flux, ajouter des vantelles d’une
manière optimale.
Par ailleurs, les luminaires doivent être
positionnés avec soin pour ne pas gêner le
chargement des gondoles et l’accès aux
passages de câbles. Il faut encore trouver
les moyens de fixer ces luminaires aux
gondoles, afin de conserver l’écartement
optimal permettant de garantir éclairement et uniformité. A Val d’Europe a été
proposé un système de catamarans en
acier laqué maintenus par des câbles.
Vue d’une
allée secondaire,
le sol de chacune de ces allées
étant notamment éclairé par
la réflexion lumineuse des produits.
> Maîtrise d’ouvrage : direction technique Auchan-Immochan. Jean-Michel Deroo, chef de projet
conception et industrialisation “Techniques & Energies”.
> Concept : Cabinet Saguez & Partners.
> Assistance à la maîtrise d’ouvrage déléguée en éclairage : Marc Fontoynont, Ingélux Consultants.
> Matériel d’éclairage : Etap Eclairage.
Le 116e hypermarché français d’Auchan a été inauguré en octobre 2000
à Val d’Europe, près de Disneyland Paris, dans une zone promise à un
important développement démographique. Un “nouveau concept” de vente
voit ainsi le jour : organisation du magasin basée sur la logique client,
développement des services et “mise en scène soignée”, auquel s’ajoute un éclairage
au plus près des produits, signé Etap,
faisant la part belle au tube fluorescent T5.
Le fluo T5,
roi de
l’hyper
u sein d’un centre commercial
flambant neuf, l’hypermarché
A u c h a n d e Va l d ’ E u r o p e
(16 000 m2, sur deux niveaux) s’articule
autour d’un “nouveau concept”, qui se
décline en trois axes : la logique client
(quatre pôles : mieux s'occuper de ses loisirs, de sa maison, de soi et mieux se nourrir, avec une implantation des produits par
complémentarité d’usage, des espaces
spécifiques “bébé” ou “décoration de la
maison”, etc.) ; le développement des services (hôtesses d’accueil, espace café,
multiplication des “solutions-repas” en
traiteur, zone internet, espace nursery, institut de beauté, etc.) ; la mise en scène soignée (design, choix des couleurs, modes
de présentation, cave à vins, zone livres à
ambiance bibliothèque…).
Et l’éclairage, dans tout cela ? Il se veut
au plus près des produits. Se démarquant
des tubes fluorescents systématiquement
accrochés au plafond, des rampes lumineuses sont fixées très près du dernier
niveau, de la dernière tablette, concentrant l’attention des clients sur les marchandises. Ainsi, l’éclairage d’accentuation mettant les produits en valeur est
préféré à l’éclairage “en nappes”. La
source T5 (tubes fluorescents de diamètre 16 mm) a été choisie pour équiper
la grande majorité de ce nouvel hypermarché. Le T5 permet en effet une
miniaturisation, une plus grande compa-
A
La réalisation
cité et légèreté, une meilleure adaptation
et une meilleure efficacité lumineuse, le
tube “s’effaçant” par rapport au produit.
Détail de l’ensemble des luminaires,
qui comprend une majorité de modèles
spécifiques.
• éclairage des gondoles haute et
basse, des bannes et des gondoles sous
casquette : luminaires asymétriques
pour l’accentuation de l’éclairage vertical, utilisant des tubes T5 Ø 16 mm
(donc à ballast électronique) en 1 x 54 W
et 1 x 24 W, ventelles de protection longitudinale 60° pour éviter l’éblouissement. L’uniformité et le confort visuel
sont privilégiés ;
• éclairage vertical supérieur, éclairage des visuels dessus casquette, éclairage des “travelators” (escalators sans
marches acceptant les chariots à provision) : luminaires à réflecteur asymétrique en aluminium HRA, recevant des
tubes T5 de 2 x 80 W (dessus casquette)
et 1 x 80 W (“travelators”) ;
• éclairage de service, éclairage de sécurité d’ambiance, éclairage pour la zone
saisonnière, éclairage textile : luminaires
pour l’éclairage général à tubes T5 1 x
24 W, 1 x 54 W, 2 x 54 W, ventelles
Isolum® procurant un angle de défilement
de 60° dans le sens longitudinal ;
• allée principale, dans chemin de câble :
downlights à encastrer en aluminium
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Au total, 4 000 appareils ont été installés, fruits d’une collaboration entre
Auchan, Etap Eclairage et l’installateur
Clemessy. Auchan a fait preuve d' innovation en choisissant de miser à grande
échelle sur la source T5 pour cette réaliC.S.
sation.
> Architectes : Graham Gund Architects,
les intervenants
laqué blanc moulé sous pression, pour
lampe à décharge CDM-T 150 W, rendement 76 %, réflecteur en aluminium anodisé poli ;
• sur la casquette autour des “travelators”, dans les cabines d'essayage :
downlights à encastrer, avec lampe fluocompacte TCT 2 x 26 W, réflecteur en
aluminium brillanté à facettes en forme
de carreaux. Luminance moyenne inférieure à 200 cd/m2 à partir de 65° tout
autour ;
• boucherie et charcuterie : luminaires
industriels étanches à l’eau et à la poussière (IP 65), réflecteur martelé, 2 tubes
fluorescents T8 58 W avec lampes protégées par un film en PET.
Chapman Taylor Partners, Lobjoy et Associés.
> Design : Saguez & Partners.
> Assistance maîtrise d'ouvrage
déléguée en éclairage (cahier des charges,
essais, mesures, sélection des solutions
techniques) : Marc Fontoynont, Ingélux
consultants.
> Matériel d'éclairage : Etap Eclairage.
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L’appétit vient en éclairant.
L’éclairage de produits alimentaires demande une étude
spécifique, que seuls des spécialistes de la lumière pourront mener à bien. Le fabricant italien de luminaires
Side, présent depuis de nombreuses années sur ce marché, propose à ses clients plusieurs solutions
d’éclairage adaptées aux différents rayons des magasins.
La tendance est actuellement de baisser le niveau général de la surface de vente, pour augmenter ou diminuer
l’éclairement sur les zones d’appel et jouer sur la température de couleur.
L’éclairage aide les consommateurs dans leur choix et les guide vers les gondoles spécialisées. Les techniques
utilisées, d’abord en muséographie, puis en magasin conventionnel, arrivent maintenant dans les super et
hypermarchés.
■ Caves à vin (supermarchés Casino, Grenoble). Les appareils à utiliser sont des downlights à faisceaux
extensifs, recevant des lampes sodium blanc. Le vin est un produit convivial inspirant le confort et le bien-être.
Pour renforcer cette idée, il fallait mettre en avant une ambiance douce et chaleureuse grâce à une lumière des
plus appropriées. La lampe sodium blanc présente la particularité de produire une lumière assez chaude
(2 500 K) qui créera sur la zone de la cave à vin cette atmosphère conviviale et participera à la mise en valeur
des produits, avec une ambiance propice à la vente (photo 1).
■ Cafétéria (Casino, Montesson). La lumière d’une cafétéria doit être à la fois conviviale et efficace.
Les produits présentés en “free flow”, salades ou desserts, n’ont pas de spécificités de couleurs avec des
produits à teintes chaudes et froides. Il faut donc rester “neutre” en matière de température de couleurs.
Les appareils mis en place sont des downlights, à faisceaux relativement intensifs (environ 30°), recevant une
lampe à décharge (iodures métalliques) de type CDMT-35 W (photo 2).
■ Boulangerie (Ronde des Pains/Grands Moulins de Paris). Une boulangerie doit, elle aussi, être un espace
convivial. Les baguettes et autres pains spéciaux sont d’autant plus appétissants que leur blondeur est mise
en valeur. Le contraste entre les BT 50 W 24° de l’éclairage des banques frigorifiques et des rateliers de
présentation des pains doit être parfaitement marqué. Ici aussi, l’utilisation de lampes sodium blanc (SDWT)
relève et renforce les couleurs chaudes du pain. Les projecteurs encastrés orientables Side conviennent alors
à cette fonction de ponctuation.
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