article ours

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20 août 2012
L’OURS EN SLOVÉNIE
Estimé entre 550 et
700 sur le territoire
slovène, l’ours brun
vient nourrir bien des
histoires chez les
locaux et dans
l’Europe entière,
comme le raconte si
bien J-P Mercier dans
son ouvrage
«L’Europe des Ours».
Photo: © Luc Viatour
(CC BY-SA 3.0)
L’ours: de la peluche,
au prédateur.
Par Yoann ANTOINE
L’ours brun, ou «Medved» en
slovène, fut sujet pendant bien
longtemps de nombreux contes
et légendes dans le monde entier.
Qui ne s’est jamais endormis
dans les bras de Nounours de
«Bonne nuit les petits» plutôt
que dans ceux de Morphée? Qui
n’a jamais entendu une histoire
de Petit Ours Brun, de Boucle
d’Or, et de Winny l’ourson? Qui
n’a jamais eu d’ours en peluche,
ce fameux «Teddy Bear», au
moins une fois dans les mains? Il
semble difficile de ne pas se
reconnaître dans au moins un de
ces exemples. Enfin, la première
constellation que l’on apprend
n’est-elle pas la Grande et la
Petite Ourse? Une légende des
indiens d’Amérique du Nord
raconte qu’une ourse poursuivit
par 3 chasseurs se serait réfugiée
1
dans le ciel, donnant ainsi
naissance à la constellation nous
guidant vers le grand nord.
JP Mercier, dans son livre
«L’Europe des Ours» nous
propose un texte très riche sur les
ours bruns peuplant les forêts
slovène, entre autre. Ainsi, voila
un résumé de l’histoire de ce
grand prédateur, dans la zone
qu’il occupe le plus en Europe.
Avec une densité de 0,9 à 2,8
individus tous les 100 km2, l’ours
brun se complait en Slovénie,
4ème pays le plus boisé
d’Europe, avec 66% de forêts,
172 parcs forestiers et plus d’un
tiers des terres au dessus des
600m d’altitude. Rappelons que
la Slovénie est devenue
indépendante en 1991 après
avoir effectué un référendum 1
an auparavant, approuvé à 90%
par sa population. Elle a ensuite
intégré l’Europe le 1er mai 2004.
Les caractéristiques de ce pays
siéent à merveilles nos
omnivores, qui se nourrissent à
80% de végétaux et de fruits,
fréquents dans de tels massifs.
On estime que la Slovénie est
peuplée de 2 millions d’êtres
humains et de 550 à 700 ours sur
20.000km2 en 2007.
Mais cette cohabition n’a
jamais été évidente, et les
rivalités ont commencées dès le
moyen-âge ou l’on récompensait
le chasseur d’ours du titre de
«héros». L’animal, classé grand
prédateur avec le lynx et le loup
avec qui il partage son territoire,
a toujours été chassé et sa
fourrure attire bien des
convoitises depuis des siècles
déjà.
La femelle peut peser de 70 à 220 kg, et le
mâle de 130 à 300 kg. Toutefois le
maximum observé fut un mâle pesant plus
de 250 kg, ce qui demeure déjà
exceptionnel.
Aquarelle de Sébastien Hasbrouck
Une situation paradoxale:
la crainte de l’ours, mais vouloir le toucher.
Au XXème siècle, on dénombre 30 à 40 individus en
Slovénie. Et c’est seulement en 1935 qu’interviennent les
premières décisions sur le tir de l’ours. On observe alors une
hausse considérable de sa population, avec 50 prédateurs en
1949 et dans le début des années 50 déjà 160. En 1993, on
interdit totalement sa chasse, pour arriver en 2007 à plus de
500 spécimens, dont 300 dans le massif de Kocevje, au Sud
du pays. Les études montrent que la taille moyenne d’une
portée serait de 1,7 oursons (avec des oursons de plus de deux
ans). Il est cependant assez courant de trouver des portées de
3 oursons, et d’aller exceptionnellement jusqu’à 5.
Bien que le gouvernement fasse son maximum pour
permettre une cohabitation optimale entre l’homme et l’ours,
en indemnisant notamment chaque mouton perdu à hauteur
de 50% au dessus du prix du marché, les hostilités persistent
et s’aggravent avec le temps. L’opinion publique s’aggrave,
encouragée par les médias, et craint l’augmentation de la
population des ours dans leur pays. On compte pourtant
seulement 30 attaques de l’animal sur l’homme depuis la
2ème Guerre-Mondiale, dont seulement 3 mortelles. La
2
dernière recensé date de 2000, un chien aurait provoqué une
mère et ses oursons avant de venir se réfugier dans les pâtes
de son maître, ce dernier s’en est tiré avec une belle cicatrice.
Ces hantises d’une part, et les convictions perverses d’autre
part, mènent au braconnage. Ces méthodes abusives se
confondent avec l’abattage autorisé et contrôlé par le
gouvernement, afin de réguler les populations. 852 ours
auraient été tué entre 1994 et 2006. En 2006, sur 126
individus, 76 correspondaient aux quotas de tirs, 26 à des
accidents de circulation, 18 suite à des interventions sur des
ours à problèmes, et enfin 4 ont trouvé la mort durant les
transferts vers d’autres massifs. En effet, ce sont bien les ours
slovènes que l’on peut retrouver à la base des nouvelles
peuplades en Europe dans les pays voisins, comme en Italie,
Autriche, ou encore en France.
Enfin, l’ours bien que classé comme un grand prédateur,
reste tout de même très vendeur pour les autochtones et
prend part à une stratégie marketing intense. Ainsi, on peut
retrouver des images et reproductions de «Medved» très
facilement, et son observation reste très demandée.