Les médias francophones
Transcription
Les médias francophones
Dossier Rubrique Les médias francophones Le paysage médiatique francophone est en constante évolution. Journaux, télévisions, radios et sites internet ... Quels sont les médias et quelles sont leurs audiences ? A quels groupes de presse appartiennent-ils ? Sans pouvoir dresser le catalogue complet des médias francophones, le dossier de ce numéro 104 de la revue Wallonie propose un bref panorama de la presse, complété par des interviews de plusieurs experts des médias ou de la communication. 20 Ainsi, Marc Lits, Directeur de l’Observatoire du Récit médiatique et Professeur à l’Ecole de Journalisme de l’Université catholique de Louvain, présente les évolutions de la presse tant écrite qu’audiovisuelle et aborde également la manière dont les médias traitent l’actualité politique, économique et sociale wallonne. Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 Chargé de cours au Département des Arts et Sciences de la Communication à l’Université de Liège, Geoffrey Geuens analyse les conséquences de la concentration des groupes de presse et s’inquiète de la disparition de la presse proogressiste. Enfin, Giovanni Lentini, responsable TV et radio à la FGTB wallonne, se penche plus spécifiquement sur l’évolution du traitement des conflits sociaux par les médias. Complémentairement à ce dossier, la rubrique « L’invité » (voir en page 14) propose l’interview de Jean-Jacques Jespers, ancien journaliste de la RTBF et professeur de journalisme à l’Université libre de Bruxelles. Celui-ci fait part de ses réflexions sur la manière dont l’information est traitée, tant par la presse écrite qu’audio-visuelle et sur la place prise par l’« émotion » dans l’information. P resse écrite (quotidienne et périodique), presse audiovisuelle, sites internet ou blogs … Ecrit, image, audio, vidéo,…voire sms ! Journaux, télévision, ordinateur, tablettes numériques portables, téléphones. L’information est diffusée en continu, immédiatement, via de multiples canaux et nombreux supports. Des évolutions techniques aux multiples conséquences : économiques politiques, sociales. Comme le constate Madeleine Dembour lorsqu’elle dresse le panorama de la presse (voir encadré en page 23): « Tout est dans tout, et inversement ! Telle est l’impression qui se dégage à la contemplation du « paysage » médiatique belge… Internet a fondamentalement modifié le modèle de la communication, en mettant en avant trois concepts : la gratuité (le public considère qu’il est normal d’accéder gratuitement à l’information), immédiateté (l’info est en continu) ; l’interactivité (les lecteurs, auditeurs, spectateurs, apportent du contenu…). Ces trois concepts débordent aujourd’hui la sphère du net et font « tâche d’huile » dans les médias plus classiques». Cette situation inquiète les journalistes et les observateurs des médias, ainsi que les responsables politiques et économiques. Quelques-unes de ces réflexions et interrogations se retrouvent dans les interviews réalisées dans ce dossier ainsi que dans celle de Jean-Jacques Jespers (voir en page 14). Démocratie, pluralisme, qualité de l’information, conditions de travail des journalistes, financement, autant de thèmes qui à eux seuls vont l’objet de vastes débats et nombreux ouvrages. Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 21 Dossier A l’exception de la RTBF et des télévisions locles (publiques), les médias francophones s’intègrent dans des groupes de presse privés (voir le détail en pages 24-26) et ils doivent être « rentables ». D’où l’intérêt porté que suscitent les enquêtes du CIM (le Centre d’information sur les Médias), les insertions publicitaires (l’une des sources de financement de la presse) étant directement liées aux audiences. Tirage, diffusion, audience, lectorat…, les données collectées par le CIM sont stratégiques pour les publicitaires qui veulent connaître avec le plus de précision possible le rendement de leurs investissements médias et qui définissent sur base de ces données les tarifs publicitaires. Tout récemment, le CIM a publié les résultats de deux enquêtes : la première sur le nombre de lecteurs des journaux et magazines belges; la seconde sur l’audience des chaines francophones belges. A noter que l’étude relative à l’audience de la presse écrite a connu un changement méthodologique majeur qui empêche des comparaisons avec les éditions précédentes. La Cité : 45 années de combat quotidien La presse écrite Dans la presse écrite, on trouve les quotidiens, bien sûr, mais aussi toute la presse périodique et spécialisées Au total, 5,1 millions de Belges lisent chaque jour un quotidien. C’est 3,8% de plus que l’année dernière. Il faut constater que le journal gratuit « Metro », lancé en 2000, est le journal le plus lu ! Audiance des quotidiens Titres Metro Sud Presse Le Soir L’Avenir La dernière Heure/Les sports La Libre Belgique L’Echo Lecteurs 624.800 590.200 484.100 460.000 427.100 177.900 67.200 Source : CIM Magazines 22 Information Télévision Titres Le Vif-L’express Le Soir magazine Paris Match Ciné Télé-revue Télémoustique Source : CIM Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 Lecteurs 389.800 315.000 297.600 1.597.100 533.300 La parution, le 1er octobre 1950, du premier numéro de La Cité constitue un évènement dans la presse belge. Destinée par ses fondateurs aux "travailleurs chrétiens", La Cité est fondée sur la conviction que l'information libère. C'est pourquoi le journal s'engage contre l'injustice sous toutes ses formes, la misère, l'inculture, ou encore pour le droit des hommes, des femmes et des peuples à vivre dans l'égalité, la dignité et la paix. Cela ne lui suffira pas pour gagner son autre combat permanent : celui de sa survie. Ni les réformes successives du quotidien, ni sa transformation en un magazine hebdomadaire ne lui permettront d'échapper, comme bien d'autres journaux progressistes, à la disparition. Ce livre éclaire la place et le rôle spécifique qu'a tenus ce journal pendant quarante-cinq années en Belgique. Marie-Thérèse Coenen, Jean-François Dumont, Jean Heinen, Luc Roussel, Paul Wynants CRISP - Centre de recherche et d'information socio-politiques CARHOP – Centre d'animation et de recherche en histoire ouvrière et populaire « 60% des Belges se contentent du journal télévisé comme seule information » La télévision La Belgique est un pays où de nombreuses chaînes sont disponibles (tant belges qu’étrangères). Chaînes publiques et privées, télévisions locales, chaînes numériques… le paysage audiovisuel francophone s’est également fortement diversifié. Le CIM a rendu publique une étude comparative des taux d’audience des chaines belges francophones sur la période de 2005 à 2010. Le principal constat est une perte de l’audience de télévisions locales, une diminution qui s’explique, selon les responsables de ces chaînes, par la technique de calcul d'audience par le CIM mais aussi par l’arrivée de Belgacom qui ne distribue pas encore l’ensemble des chaines locales. Nombre de téléspectateurs sur un jour en 2010 RTL-TVI La Une La Deux Club RTL AB3 Plug RTL Total télévisions locales 2.095.000 1.969.000 1.036.000 767.000 526.000 391.000 276.000 Comparaison 2005-2010 +13% +2% +43% -6% -12% +6% -51% Enquête CIM 2005-2010 Le CIM publie chaque semaine le top 20 des émissions les plus regardées. A côté des feuilletons et émissions de divertissement, les journaux télévisés demeurent une des programmes les plus regardés, avec une différence significative en termes d’audience entre la chaîne publique et la chaîne privée. Programme Le journal de 19 heures Journal Télévisé Chaîne Nombre de téléspectateurs RTL-TVI (chaîne privée) RTBF (chaîne publique) 839.422 586.952 CIM – Décembre 2010 23 Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 Dossier Rubrique Les radios En ce qui concerne les radios, les classements prennent le doux nom de «vagues», qui sont calculées tous les 6 mois. Voici les résultats de la 20ème vague… Les organisations du CESRW ont développés leurs propres outils de communication. Outre les sites internet, voici quelques exemples de leurs publications écrites. Les audiences des radios francophones Radio Parts de marché Bel RTL Contact VivaCité (RTBF) Nostalgie La Première (RTBF) Classic 21 (RTBF) NRJ Pure FM (RTBF) Fun Radio 18,76% 16,77% 13,56% 9,90% 9,66% 8,02% 7,30% 5,84% 3,94% Source : CIM vague 20 – Décembre 2010 « Syndicats Bimensuel – 320.000 exemplaires 420.000 journaux francophones sont vendus en moyenne par jour » 47 25 novembre 2010 (' A la presse écrite et audiovisuelle, il faut bien entendu ajouter les agences de presse, la presse associatives sans oublier les multiples sites Internet d’information générale ou spécifique. Mais la liste est bien trop longue pour être développée ici… Pour obtenir la liste des médias francophone, consultez www.guide-presse.be DEPOT : BRUXELLES X EDITO Communication sur la PAC: la Commission doit mieux faire Jeudi dernier, la Commission a communiqué les grandes lignes d’une Politique Agricole Commune à l’horizon 2020. Bien que les objectifs annoncés soient louables et correctement étayés, les instruments à mettre en œuvre pour rencontrer ces objectifs restent en de nombreux points trop vagues. Par ailleurs, la communication se limite le plus souvent à des déclarations d’intention. Enfin, l’absence de références budgétaires a de quoi inquiéter. Essentiellement par manque de contenu, le document n’est pas de nature à rassurer la profession, durement touchée par diverses crises et qui est toujours soumise à l’incertitude de la volatilité des marchés. Yvan Hayez Intitulé «La PAC à l’horizon 2020: alimentation, ressources naturelles et territoires – relever les défis de l’avenir», le document, présenté le jeudi 18 novembre, constitue une étape dans le processus qui conduira la Commission à formuler des propositions législatives lors de l’été 2011. Selon le document, la PAC doit se concentrer sur trois objectifs principaux: Une production alimentaire viable permettant à l’Europe de nourrir 500 millions de consommateurs, mais également de répondre à la demande mondiale croissante; La gestion durable des ressources naturelles et l’action en faveur du climat; Le maintien d’un équilibre territorial et de la diversité des zones rurales. La communication publiée relève les instruments susceptibles de servir la réalisation de ces objectifs. Il s’agit des paiements directs, des mesures de marchés et du développement rural. Pour rencontrer ces objectifs, la communication évoque trois options possibles. Option 1: remédier aux insuffisances les plus pressantes que présente la PAC par des changements progressifs. Option 2: faire de la PAC une politique plus écologiste, plus équitable, plus efficiente et plus efficace. Option 3: renoncer aux mesures de soutien au revenu et aux Zwischen Eupen und Sankt Vith Informationen in deutscher Sprache auf den Seiten 14 - 15 mesures de marchés et concentrer l’action sur les objectifs en matière d’environnement et de changement climatique. Le jour-même de la communication, la FWA a réagi par communiqué de presse en des termes largement repris ci-après. Paiements directs La Fédération Wallonne de l’Agriculture tient tout d’abord à rappeler que les aides directes sont destinées à garantir un revenu agricole , assurant ainsi la viabilité des exploitations. Comme l’a démontré une étude récente du professeur Lebailly (Fusagx), elles peuvent représenter jusqu’à 80% du revenu des agriculteurs, en particulier lorsque le marché fait défaut. Les aides directes, qui relèvent du premier pilier de la PAC, constituent un dédommagement pour les normes européennes, plus exigeantes que dans les pays hors UE, et pour la fourniture de biens et services publics. La PAC veille depuis longtemps à ce que l’agriculture rencontre dans ses pratiques une série de préoccupations environnementales. C’est notamment le cas au travers de la conditionnalité liée aux paiements directs issus du premier pilier de la PAC. Mais une «verdurisation» accrue des paiements directs sans augmentation de budget ne peut qu’aboutir à des coûts supplémentaires pour les agriculteurs, et donc, à une plus grande fragilité de ces derniers dans un contexte de grande volatilité des prix. Les principaux stimulants à la durabilité de l’agriculture, tant sur les plans économique qu’écologique, provenaient jusqu’à présent du développement rural, c’est-à-dire du second pilier de la PAC. La FWA admet que les références historiques des paiements directs ne pourront être maintenues à long terme. Toutefois, leur rééquili- Si les objectifs présentés par la Commission pour la PAC à l’horizon 2020 sont louables, les instruments à mettre en oeuvre restent trop vagues brage nécessitera une période de transition suffisamment longue et de la flexibilité pour permettre à nos exploitations et nos filières de s’adapter et de rencontrer les spécificités de notre modèle agricole, dont la structuration des coûts est sensiblement différente de celle observée dans d’autres Etats membres de l’UE. La FWA s’inquiète de ne voir aucune proposition concrète sur ce point dans le document de la Commission. Gestion des marchés La FWA prend note des légères adaptations suggérées au niveau des instruments de gestion des marchés mais constate qu’il est difficile d’évaluer leur efficacité en matière de prévention des crises et de stabilité des prix. Bien que la Commission relève elle-même le déséquilibre dans les relations au sein de la chaîne agroalimentaire au détriment des producteurs, la solution avancée se limite à une déclaration d’intention. Ce point important mérite certainement un développement plus approfondi. La Commission n’a manifestement pas tiré les enseignements de la crise laitière que nous avons vécue il y a deux ans, ce que la FWA regrette amèrement. Développement rural Les objectifs du développement rural sont consolidés, et il est précisé qu’il faut stimuler le pouvoir concurrentiel et la gestion durable. La Commission n’explique pas clairement quelle forme prendra cette politique de stimulation et si un juste équilibre sera trouvé entre les investissements durables et les contrats de gestion. De la flexibilité sera nécessaire pour s’adapter à notre réalité régionale. La FWA vise notamment les défis liés à l’agriculture périurbaine et les difficultés d’y développer certaines productions. Les options Les trois options reprises dans la communication de la Commission traduisent la très grande disparité des attentes vis-à-vis de la Pac dans l’espace européen. A ce stade, on peut supposer que ces différentes options ont été retenues par la Commission pour ménager les attentes du plus grand nombre et que cette dernière vise à terme une option médiane. Si l’option 1 apparaît trop légère en termes de réforme, l’option 3, la plus radicale, est tout à fait inacceptable pour la FWA dans le contexte actuel. Ce ne sont pas les objectifs en matière d’environnement et de changement climatique qui nous posent problème en soi, mais renoncer aux mesures de soutien au revenu et aux mesures de marchés revient à condamner inexorablement la toute grande majorité de nos exploitations, ce qui est tout simplement inacceptable. tient à rappeler qu’une PAC forte ne peut être rencontrée qu’en s’appuyant sur un budget à la hauteur de ses ambitions. En l’absence d’un budget européen fort pour les années 2014-2020, ce sont non seulement les agriculteurs, mais également l’ensemble des citoyens qui seraient perdants, suite à l’impossibilité pour la profession d’atteindre les objectifs d’une agriculture multifonctionnelle, équilibrée entre la production alimentaire, les considérations environnementales et d’occupation du territoire. A défaut d’une PAC forte, ce ne seraient pas seulement les agriculteurs européens qui seraient lésés, mais aussi l’ensemble de nos concitoyens. Pour conclure La FWA considère que l’Europe a besoin d’une PAC forte. La communication de la Commission ne rassure pas la FWA à cet égard, car elle pèche par son manque de consistance. Par ailleurs, la FWA Pages 9 à 12 Plein Champs Hebdomadaire – 24.000 exemplaires 24 Voir également la rubrique «Livres» en page 32 Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 L’info Hebdomadaire – 230.000 exemplaires Quelques sites à consulter www.ajp.be www.agjpb.be www.cim.be www.guide-presse.be www.jfb.be Union et actions Bimensuel – 70.000 exemplaires La partie descriptive de ce dossier s’appuie sur les informations présentées dans le chapitre de l’ouvrage « Qui a peur des journalistes, Un guide pour mieux communiquer avec les médias », rédigé par Madeleine Dembour et publié chez Edipro en 2008. Préfacé par Martine Maelschalk, rédactrice en chef de l’Echo, il s’agit d’un guide pratique qui s’adresse aux responsables des entreprises sur les questions des relations avec la presse et de la communication. 25 Dynamisme wallon - 8.000 exemplaires Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 Dossier Les principaux groupes médiatiques belges privés Voici une description de l’actionnariat et des titres des différents groupes de presse belge1 Groupe Rossel • ACTIONNARIAT : famille HURBAIN (100%) • PRESSE ÉCRITE - Le Soir - Le Soir Magazine - Sud Presse (La Meuse, La Capitale, La Nouvelle Gazette, La Province) - Grenz-Echo (avec familles germanophones) - Mediafin(De Tijd, L’Écho)(avec DE PERSGROEP) - Metro (avec CONCENTRA) - Vlan - Nord-Eclair (France) • RADIO -Radio Contact, Bel-RTL (avec TVI, Francis Lemaire et RTL Group) • TÉLÉVISION -TVI (RTL-TVI, Club RTL, Plug TV) (avec Mediafin, GrenzEcho, IPM, Corelioet RTL Group) IPM • ACTIONNARIAT : famille LE HODEY (100%) • PRESSE ÉCRITE -La Libre Belgique -La Dernière Heure/Les Sports -La Libre Match (avec le français Hachette) • RADIO - Radio Contact, Bel-RTL (via TVI, avec Rossel, Francis Lemaire et RTL Group) • TÉLÉVISION - TVI (RTL-TVI, Club RTL, Plug TV) (avec Mediafin, Grenz-Echo, Rossel, Corelioet RTL Group) Marc Lits Marc Lits est Directeur de l’Observatoire du Récit médiatique et Professeur à l’Ecole de Journalisme de l’Université catholique de Louvain. Témoin privilégié des médias et de leurs évolutions, il porte un regard averti sur les médias francophones et sur la manière dont ceux-ci traitent l’actualité politique wallonne. Wallonie – La presse écrite n’a cessé d’évoluer. Un changement majeur consiste dans une concentration des groupes de presse et la diminution du nombre de titres… 26 1. source : G. Geuens Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 Marc Lits - Historiquement, la presse écrite francophone s’est développée avec l’appui – et le financement – de partis politiques ou de groupes de pression. Citons notamment Le Peuple et la Wallonie, soutenus par le parti socialiste ou la Cité, financée par le Mouvement ouvrier chrétien. La Dernière heure était considérée proche du Parti Interview libéral tandis que la Libre Belgique était davantage «associée» au Parti social chrétien. Le Soir, né il y a 120 ans, était un cas particulier puisqu’il s’est positionné d’emblée comme un journal indépendant. Cette situation a perduré jusqu’au milieu des années ’80-début des années ‘90. Au vu des difficultés financières rencontrées par la presse écrite, plusieurs titres disparaissent, les partis et les groupes de pression ne pouvant plus assumer le coût de ces journaux. Ils décident également de faire passer leur message via des campagnes de communication et leurs propres supports (presse d’organisation, sites internet, etc.). Peu à peu, la presse écrite a donc pris distance par rapport à ses «actionnaires politiques» traditionnels. Des journaux très différents sont intégrés dans un même groupe financier : le groupe IPM regroupe la Dernière heure et La Libre ; l’Avenir appartient à un groupe flamand ; … Les différents journaux appartiennent à des groupes de presse (voir ci-contre), qui réunissent non seulement des quotidiens mais également des régies publicitaires, des sociétés d’affichage, des entreprises présentes sur le web et qui développement des stratégies économiques globales. Chaque support, chaque outil est connecté aux autres en vue d’une rentabilité maximale. Wallonie – Cette concentration des groupes de presse est-elle spécifique au paysage médiatique francophone ? Marc Lits – Pas du tout. La concentration en groupes médiatiques et la diminution du nombre de titres de la presse écrite n’est pas propre à la Belgique et encore moins au paysage médiatique francophone. Par contre, il est vrai que le marché francophone est particulièrement restreint avec un public potentiel de 4,5 millions de personnes. Une taille qui limite de facto les taux d’audience et de lectorat et qui explique que la Belgique ait été touchée plus rapidement que d’autres pays par ce phénomène de concentration des groupes de presse et de diminution du nombre de journaux.. La presse écrite s'inscrit aujourd'hui dans des modèles purement économiques. Et, d'un point de vue financier, il faut constater qu’un journal n’est rentable que s’il s’intègre dans une stratégie globale d’un groupe médiatique. Wallonie – On assiste également à une disparition de la presse d’opinion… Marc Lits – Avec la disparition des titres soutenus par des partis politiques ou des mouvements de pression et l’intégration des journaux dans des groupes économiques, on assiste effectivement à une disparition de la presse d’opinion. Un phénomène qui correspond aussi à une évolution des mentalités. Les lecteurs sont davantage attirés par une presse généraliste et semblent moins en attente d’une presse d’opinion ou qui soit officiellement attachée à un mouvement de pensées ou un parti politique. Le public souhaite du divertissement, de l’émotion et s’intéresse de moins en moins RTL Group • ACTIONNARIAT: le géant allemand du multimédia Bertelsmann est le principal actionnaire de la société luxembourgeoise RTL Group dont il détient plus de 90% du capital. RTL Group est quant à lui le principal actionnaire de la société TVI (66%), alors que certains éditeurs belges de journaux –réunis au sein du consortium Audiopresse(Rossel, IPM, Corelio, Mediafin, Grenz-Echo) –contrôlent le reste du capital, soit 34% de TVI. • TVI contrôle essentiellement RTL-TVi, Club RTL, Plug TV • TVI est aussi actionnaire de la société Radio H (Radio Contact, Bel-RTL) et ce, aux côtés d’autres actionnaires que sont Francis Lemaire, RTL Group et Rossel) • Notons, enfin, que Francis Lemaire et RTL Group sont aussi les actionnaires de Fun Radio Belgique. De Persgroep • ACTIONNARIAT : famille VAN THILLO (100%) • PRESSE ÉCRITE - Het Laatste Nieuws/De Nieuwe Gazet - De Morgen - Mediafin (De Tijd, L’Écho)(avec ROSSEL) - Het Parool (Pays-Bas) • INTERNET - Autozone.be • RADIO - Q-Music (avec ROULARTA) - JoeFM (avec ROULARTA) • TÉLÉVISION - VTM (avec ROULARTA) - ATV (avec CONCENTRA) - TVI (RTL-TVI, Club RTL, Plug TV) (via Mediafin, voir plus loin) Concentra • ACTIONNARIAT : familleBAERT(plus de 90%) (+asblHet Katholiek Pers-en Mediafonds) • PRESSE ÉCRITE - Het Belang Van Limburg - Gazet Van Antwerpen - Metro (avecROSSEL) • RADIO - Radio Nostalgie (avec CORELIO) • TÉLÉVISION - TVL -ATV (avec DE PERSGROEP) Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 27 Dossier à l’actualité socio-politique (1). La presse répond à cette attente en mettant en évidence une actualité touchant le plus grand nombre et en étant de moins en moins marquée « politiquement ». Ainsi, les journaux privilégient les « forums », les « opinions » ou autres « polémiques ».Chaque thème fait l’objet d’une présentation des arguments « pour » et « contre », présentés côte à côte, sans prise de position pour l’une ou l’autre thèse. Pour toucher un maximum de lecteurs - et en heurter le moins possible – on présente les différentes options en présence, sans prendre « parti ». Wallonie – Cela vous semble-t-il inquiétant pour le débat démocratique ? Marc Lits – La disparition de la presse d’opinion, la diminution incessante du nombre de lecteurs de journaux, la manière dont l’actualité est traitée sans oublier le développement d’une information instantanée et « gratuite » à travers les nouveaux supports de communication, le peu de place laissé à l’analyse et à la critique au profit de l’émotionnel … l’ensemble de ces éléments peuvent effectivement laisser craindre une perte pour la démocratie. A cela s’ajoutent les conditions de travail des journalistes aujourd’hui : ont-ils le temps et les moyens de traiter de manière approfondie les événements ? Nous avons mené une étude sur la manière dont la crise économique de 2008 a été traitée par les médias (2) et avons démontré à quel point la presse relatait la crise sur de l’événementiel et du ponctuel. Ce constat peut être généralisé à l’ensemble de l’actualité. Peu à peu, on en arrive à une information à deux vitesses et pour des publics distincts : une information « grand public », généraliste et dépourvue d’analyse de fond, d’une part. Et une information très spécifique, destinée à un public particulier sur une thématique (la finance, le sport, etc.), proposant des supports ciblés (presse et quelques sites internet hyperspécialisés). Avec cette spécialisation - qui est d’autant plus renforcée avec les supports technologiques tels que les tablettes ou les téléphones interactifs – on assiste à une restriction dans l’offre de l’information. A terme, on n’offrira plus à un lecteur que l’information qui l’intéresse, avec en corollaire une publicité ciblée, sans aucune ouverture ou curiosité offerte par un quotidien qui contient une information variée. Wallonie - Selon vous, le découpage du paysage audiovisuel est étroitement lié à l’évolution du système politique belge. Pourriezvous expliquer cette analyse ? 28 Marc Lits – Dans une récente étude réalisée sur la question des relations entre les médias et une identité nationale ou régionale (3), nous avons mis en évidence que l’évolution du système politique belge a entraîné un découpage particulier du paysage audiovisuel selon un quadruple clivage. 1. Linguistique, tout d’abord d'émetteurs francophones versus émetteurs néerlandophones, entièrement autonomes 2. Chaînes publiques versus chaînes privées, toutes soumises au Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 Corelio • ACTIONNARIAT: famille Leysen+ groupe financier AvH(Ackermans & van Haaren) (40,31%), famille VlerickSap(20%), journalistes du groupe (13,75%), De Eik(famille Van Waeyenberge) (11,84%), famille Van de Steen (6,46%), auto-contrôle(3,98%), management du groupe (2,37%), famille Campo (1,29%) • PRESSE ÉCRITE - De Standaard - De Gentenaar - Het Nieuwsblad - Les Éditions de l’Avenir - Passe-Partout • INTERNET - Jobat.be, Spotter.be, Zdnet.be • RADIO - Radio Nostalgie (avec CONCENTRA) • TÉLÉVISION - Woestijnvis(maison de production) - ROB TV - TVI (RTL-TVI, Club RTL, Plug TV) (via Les Editions de l’Avenir) Roularta Media Group • ACTIONNARIAT: famille DE NOLF-CLAEYS (69,73%), groupe financier BestinverGestion (9,13%), auto-contrôle(3,91%), autres (17,23%) • PRESSE ÉCRITE - Knack - Le Vif / Le Vif L’Express - Trends - Sport/Foot Magazine - Point de Vue - Télépro - L’Express (France) - L’Expansion (France) • RADIO - Q-Music (avec DE PERSGROEP) - JoeFM(avec DE PERSGROEP) • TÉLÉVISION - KanaalZ / Canal Z - VTM (avec DE PERSGROEP) Interview contrôle des Communautés compétentes en matière d’audiovisuel 3. Chaîne nationales (ou plus exactement communautaires) versus les télévisions locales 4. National versus étranger, les chaines des pays avoisinants réalisent une audience importante, surtout pour celles qui émettent dans les langues nationales de la Belgique. Puisqu’il n’y a pas de chaîne publique nationale, les chaînes, tant publiques que privées, présentent prioritairement une information relative à leur communauté d’appartenance, avec une ignorance quasi-totale des événements survenant dans l’autre Communauté. La télévision francophone, par exemple, accorde plus de place aux réalités publiques de la France (élections, sport, culture, …) que de la Flandre Wallonie - En Wallonie, bon nombre de décideurs, en ce compris les partenaires sociaux, déplorent le peu de place laissé à l’actualité wallonne dans les médias. Partagez-vous ce constat et quelles seraient les solutions ? Marc Lits – Comme je l’ai évoqué, le grand public est de moins en moins attentif à l’actualité socio-économique ou politique, celleci étant jugée trop complexe ou trop éloignée des préoccupations réelles des gens. Les lecteurs et les téléspectateurs sont davantage intéressés par une information qui leur est proche, locale. Voyez le succès rencontré par les journaux qui offrent les photographies des classes des écoles à la rentrée ou des cartes géographiques régionales. L’entité qui compte n’est plus la région, mais une sous-région, voire la commune. L’actualité économique et sociale est également abordée sous l’angle local, laissant peu de place à des débats de fond sur des enjeux plus globaux. Pourtant, la politique ou l’actualité socio-économique doivent continuer à faire partie intégrante de l’offre médiatique. La question à se poser est «Comment parler de la politique (à la télévision ou dans les journaux) pour que chaque citoyen s’y intéresse ?». Parler de la politique au journal télévisé reste indispensable, mais cela ne peut être la seule réponse. Il s’agit de repenser l’ensemble du dispositif des émissions politiques à la télévision et de la place de la politique régionale et communautaire dans les quotidiens et hebdomadaires. Le sujet est complexe mais il est à l’image d’un système démocratique en profonde transformation. C’est à la manière dont tous les acteurs concernés (décideurs, journalistes, …) y apporteront une réponse reçue par l’ensemble des citoyens que l’on pourra juger de l’intégration des médias dans ce système et de leur rôle d’acteur politique, au sens fort du terme. (1) Voir également à ce sujet l’interview de Jean-Jacques Jespers, à la rubrique « L’invité » (page 14) (2) Médiatiques n° 43. « La presse, de crise en crise » (Hiver 2008) (3) « Espace public, presse et représentation politique en Wallonie. Des médias au service d’une identité wallonne ». Analyse réalisée dans le cadre du colloque sur les 30 ans du Parlement wallon (15/10/2010). Geoffrey Geuens Chargé de cours au Département des Arts et Sciences de la Communication, Geoffrey Geuens assure des enseignements relatifs à la socio-économie des industries de la communication et à la théorie critique des nouveaux médias et des TIC. Auteur de plusieurs ouvrages sur le thème des relations entre médias et pouvoir économique, il analyse les conséquences de la concentration des groupes de presse et s’inquiète de la disparition de la presse progressiste. Wallonie – Spécialiste de la socio-économie des médias, vous avez analysé le phénomène de concentration des groupes de presse et ses conséquences, dont la plus inquiétante selon vous est la disparition de la presse progressiste. Geoffrey Geuens – Le phénomène de concentration de groupes de presse se développe depuis plusieurs années en Belgique, comme dans d’autres pays. Dans un contexte de crise, la concentration a eu comme conséquence directe la disparition de plusieurs titres de la presse écrite. Mais cette disparition s’est opérée à géométrie « politiquement » variable et n’a pas touché uniformément tous les types de médias. Depuis 20 à 30 ans, on a surtout assisté à la disparition de journaux de la presse progressiste : la Wallonie, le Peuple, la Cité, le Drapeau rouge… La dernière tentative, avec le quotidien « Le Matin », s'est elle aussi soldée par un échec. Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 29 Dossier Interview Wallonie – Les groupes de presse sont peu nombreux et réunissent des médias suivant une logique purement économique… Geoffrey Geuens est l’auteur de trois ouvrages, dont deux déjà parus : « Tous pouvoirs confondus. Etat, capital et médias à l’ère de la mondialisation « (EPO, 2003) – qui lui a valu d’être nominé au Prix littéraire des Amis du Monde diplomatique, en 2003 – et « L’information sous contrôle. Médias et pouvoir économique en Belgique » (Labor/Espace de Liberté, 2002). Spécialiste de l’analyse du discours médiatique, Geoffrey Geuens prépare pour l’instant un troisième ouvrage qui verra le jour, d’ici peu, sous le titre « Anatomie du pouvoir financier. Des représentations médiatiques aux réalités empiriques » (Editions Aden, parution prévue début 2011). Geoffrey Geuens – Tout à fait. Il ne reste plus que quelques grands groupes de presse (Rossel, IPM, De Persgroep, Corelio, Roularta et Concentra) qui réunissent des journaux ou des télévisions qui n’ont pas les mêmes publics ni la même logique éditoriale. Prenons l’exemple de la Libre et de la Dernière Heure, qui appartiennent au même groupe de presse (IMP). Deux journaux très différents et qui pourtant, pour des logiques de rentabilité, partagent certaines de leurs pages. Autre exemple : le Groupe Rossel, propriétaire du journal Le Soir. Et, en même temps, actionnaire avec le groupe Concerta du journal gratuit « Metro »… Aujourd’hui, la presse progressiste a disparu et il n’y a plus aucun quotidien qui soit ouvertement à gauche de l’échiquier politique ou qui soit lié à un mouvement syndical. Cette situation entraîne un profond déséquilibre dans la manière dont l’information est traitée et plus particulièrement l’actualité socio-économique ou politique. Une situation qui pose question en termes de démocratie et de pluralisme. C’est assez unique en Europe et, selon moi, cela devrait susciter davantage de réflexions, voire d’inquiétudes. Il faut cependant constater une différence entre la Belgique et un pays comme la France, où les groupes médiatiques sont très proches des milieux industriels (les groupes Bouygues ou Vivendi sont propriétaires de médias mais développent également des activités industrielles dans la construction ou l’énergie). Chez nous, c’est moins le cas. Le groupe Rossel, par exemple, a uniquement des intérêts en matière de communication. Mais pas d'illusion, tout de même. Cela n’empêche pas que les groupes de presse aient des « affinités » structurelles avec certains groupes industriels et politiques, et ce à la suite de précédentes publications personnelles sur ces questions. Wallonie - Les nouveaux modes de communication ne viennentils pas compenser cette disparition ? Wallonie – Vous avez également analysé la composition de l’actionnariat des groupes de presse. Qu’en est-il ? Geoffrey Geuens – On pourrait en effet se dire que grâce aux nouveaux médias, et particulièrement aux sites internet interactifs, le monde est mieux informé. C’est vrai dans un sens. Mais l’apparition des nouveaux modes de communication et surtout des pratiques communicationnelles qui y sont liées, ont des conséquences non négligeables sur la manière dont l’information est perçue, d’une part, et sur le métier de journaliste, d’autre part. En effet, l’information arrive de plus en plus rapidement sur le web, en « vrac », sans qu’un travail d’analyse et de vérification (le rôle du journaliste), ne puisse être effectué. Les pratiques informationnelles amateurs sur le web donnent l’illusion que tout le monde peut être journaliste. Or, il s’agit d’un véritable métier, qui suppose une formation solide avec tout ce que cela suppose en termes de compétences spécifiques (sens critique, déontologie, ...). Geoffrey Geuens - J’ai effectivement travaillé sur ces questions et ces travaux seront d’ailleurs publiés très prochainement par administrateurs interposés notamment. Si l’on examine la composition des conseils d’administration des groupes de presse en Belgique, on s’aperçoit qu’il s’agit principalement d’un actionnariat familial, à l’image de l’économie belge dans son ensemble. On est donc loin de l’image d’une presse aux mains des fonds de pensions américains ! 30 Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010 collective du conflit : l’émotion est privilégiée au détriment des enjeux sociaux forts. La télévision préfère l’opinion des sondés à l’opinion des mobilisés. Elle a aussi tendance à dévier le conflit travailleurs/ patrons ou gouvernement vers un conflit travailleurs/usagers, passant souvent sous silence les raisons du conflit. La hiérarchisation de l’info donne aux faits divers spectaculaires la première place mais aussi plus de temps au JT que 100.000 personnes qui manifestent contre l’austérité. Enfin, La télévision est pour la paix civile comme une valeur ultime. Une manifestation doit être « bon enfant » sinon, la télévision n’adhère plus… Giovanni Lentini Giovanni Lentini est responsable TV et Radio à la FGTB wallonne. Dans le cadre de la préparation des manifestations sur le conflit social de l’hiver 60 (exposition + colloque), il a analysé l’évolution du traitement des conflits sociaux par les médias. Wallonie – Selon vous, les nouveaux médias et le développement du web ont-ils une influence sur la manière d'aborder les conflits sociaux? Wallonie – En 1960, la presse a suivi de près le conflit social. A cette époque, les opinions étaient bien tranchées et la presse prenait clairement position pour un camp ou l’autre… Wallonie – Avec la télévision, les conflits sociaux sont désormais abordés de manière différente… Giovanni Lentini - Depuis lors, le tirage de la presse écrite est en régression permanente et la presse de gauche a disparu dans la partie francophone du pays. La télévision est devenue en 50 ans le média dominant. Toute l’info (les faits et les points de vue), passe par le même support, atténuant le clivage gauche/droite, effaçant même la divergence d’intérêts dont témoigne pourtant par essence tout conflit social, au profit d’un consensus télévisuel. Ainsi, lors d’un conflit, la télévision abuse de portraits individuels (psychologiques) des travailleurs, faisant passer au second rang la dimension Coll. Institut d'histoire ouvrière, économique et sociale (IHOES - Seraing) Giovanni Lentini - Au moment du conflit social de l’hiver 60, la presse écrite dominait le paysage médiatique. Plusieurs journaux se revendiquaient de la gauche politique ou syndicale à côté d’une presse qui exprimait clairement des opinions de droite. Un conflit social – et c’est vrai encore aujourd’hui – est toujours un bon indicateur du positionnement d’un média sur l’axe gauche-droite. Les grèves de 60, par l’ampleur, la densité et la durée du conflit sont éclairantes à cet égard. D’un point de vue médiatique, il est intéressant de constater que des opinions opposées sur le conflit étaient exprimées dans deux journaux différents, des supports distincts, physiquement identifiables. En clair, si vous achetiez la Wallonie (de gauche), la défense des travailleurs était la ligne éditoriale et si vous achetiez la Libre Belgique (de droite), les intérêts des patrons et du gouvernement étaient mis en avant. Giovanni Lentini – Il est certain que l’apparition des nouveaux médias change la «donne». La télévision a-t-elle ses meilleures années derrière elle, face à la montée en puissance d’internet ? Sous nos yeux, une convergence technologique est en marche vers un média nouveau, mondialisé, aux mains d’entreprises privées (Google en tête) diffusant, en flux continu et à toute vitesse, des images, des sons et du texte sur les mêmes écrans, qu’ils soient fixes ou mobiles, exacerbant encore le consensus télévisuel. 31 Wallonie 104 I I I I I Nov / Déc 2010