Lou! Journal infime de Julien Neel Pays | France Type | Long

Transcription

Lou! Journal infime de Julien Neel Pays | France Type | Long
Lou! Journal infime de Julien Neel
Pays | France
Type | Long métrage
Catégorie | Fiction (12 ans et moins)
Durée | 104 min
Langue | français
Sous-Titre | aucun
Couleur | couleur
SYNOPSIS
Lou est une jeune fille créative et rêveuse d’une douzaine d’années. Elle vit seule avec sa
mère, Emma, qui a mis de côté sa vie de femme ces dernières années pour se consacrer à
l’épanouissement de sa fille. Leur cocon confortable cache malgré tout quelques failles :
Emma stagne et glisse doucement vers la mélancolie alors que Lou est obnubilée par
Tristan son petit voisin, délaissant sa bande de copains...
Mise en contexte et article connexe :
Voici un page originale de la bande dessinée Julien Neel, aussi réalisateur du film, sur
laquelle est basée le film, elle vous permettra de comparer les deux médiums :
Personnages principaux :
Lou : petite fille intrépide et créative qui entretien une relation très étroite avec sa mère
Emma : maman de Lou, excentrique et maladroite, très tolérante et bonne amie de sa fille
Mina : meilleure amie de Lou plus introvertie et taciturne
Jocelyne : mère de Mina, nerveuse qui recherche la paix intérieure avec difficulté
Tristan : jeune garçon un peu maladroit qui est l’objet de l’obsession de Lou
Richard : le nouveau voisin musicien bordélique dont Emma tombe amoureuse
Marie-Émilie : nouvelle amie gothique et très loquace de Lou, esprit cynique humour noir
Mamie : grand-mère de Lou, elle est très contrôlante et jamais satisfaite
Porter attention à :
1- Les personnages principaux sont-ils des hommes ou des femmes? Comment les femmes
sont-elles représentées? Quelles sont leurs qualités et leurs défauts?
2- Décrivez les relations familiales montrées dans ce film? Sont-elles heureuses et
‘normales’? Où sont les pères? Comment chacun des enfants se débrouille avec ses parents?
3- Sachant que le film est adapté d’une bande dessinée, peut-on voir des exemples à l’écran
de l’influence de la bd sur le film? Il y a aussi des films dans le film, qu’est-ce qu’on y met en
scène? Qu’est-ce que les personnages y expriment?
Thèmes et pistes de réflexion :
1- Un monde de femmes
Le film est peuplé presqu’exclusivement de personnages principaux féminins (Tristan et
Richard sont plutôt secondaires). Ces femmes sont complexes et s’assument telles qu’elles
sont. Elles expriment leur colère, leur tristesse, leur excentricité, leurs maladresses, elles ne
sont pas parfaites ou communes et ne désirent pas l’être. Elles acceptent leur individualité
sans complexes. On est loin des princesses de Disney et des personnages du cinéma
classique Hollywoodien. Voici quelques exemples en quoi elles en diffèrent.
Exemples :
Lou crée sans cesse, des films, des collages, des vêtements. Elle utilise sans cesse son
imagination. elle est très créative. Son idée du romantisme, comme on le voit dans ses films,
implique un humour cinglant des relations hommes-femmes et du romantisme, impliquant
entre autre la mort violente de l’amoureux. Elle s’interroge aussi beaucoup sur son avenir,
sur sa peur de grandir par exemple, ‘J’ai l’impression que c’est de moins en moins bien,
comparé à quand on était petites’ dira-t-elle à son amie Mina. Les deux copines expriment
aussi la peur de devenir comme leurs mères, qui sont toutes deux très typées. Les deux
amies partagent tout et sont solidaires, lors de leur première chicane depuis l’enfance, elles
croient emprunter des chemins différents, à cause de Tristan, et parce qu’elles se sont
prises pour acquis. Elles n’auront par contre aucune difficulté à se réconcilier car elles sont
matures et s’acceptent malgré les différences. Lou encourage sa mère à trouver l’amour et
sa mère fait de même pour elle plutôt que d’éprouver de la jalousie. Elles s’entraideront
beaucoup à ce niveau malgré leurs maladresses. Sa mère se love dans son bonheur
amoureux mais Lou est contente pour elle. Lou a le cœur vide mais elle devient
indépendante et se tourne vers la ville plutôt que vers un garçon. Ça lui permettra de
prendre la distance pour retomber en amour avec Tristan. La malle de la honte est un
endroit onirique et symbolique où la mère et la fille peuvent se retrouver et échanger en
toute vulnérabilité et en toute franchise. On sépare les clans des garçons et des filles mais
chacun veut le bien de l’autre : les filles diront ‘Ils ont des sentiments les garçons’ et de
l’autre côté, Jean-Jean fait un grand discours sur le respect de la femme. Les deux clans
s’affrontent lors de la bataille des lasers, tout le monde s’unira sauf Lou qui n’est pas encore
prête, et ce n’est pas grave, chacun respecte son sentiment. Les femmes comme les hommes
sont indépendantes et respectent l’autre sexe. Emma et Richard uniront les deux ‘clans’ en
abattant le mur mitoyen de leurs appartements qui les sépare pour laisser vivre leur amour.
La mamie est au départ très désagréable et intolérante envers sa fille et sa petite-fille mais
elle découvrira le talent d’écrivaine de l’une et le caractère fort de l’autre et en viendra à les
apprécier, s’ensuivra une légèreté menant à une danse de la joie. Elle les accepte malgré
tout.
2- l’équilibre des relations familiales
On dépeint plusieurs types de relations familiales dont les pères semblent absents. On voit
un effet miroir entre la famille de Mina et celle de Lou. Les deux familles, très différentes,
s’entendent à merveille dans une parfaite complémentarité et s’acceptent comme elles sont.
Lou et sa mère vivent dans le confort douillet des couettes et du bordel ambiant. Leur
relation mère-fille est fusionnelle. Elles partagent tout, elles aiment les mêmes choses, les
vieux objets entre autres. Tandis que la famille de Mina désire vivre une simplicité
volontaire épurée, mais la mère est névrosée, elle cherche de l’aide dans l’ésotérisme mais
ça ne fonctionne manifestement pas. Les frustrations s’estompent lorsque les femmes se
rencontrent et s’apprécient malgré toutes leurs différences. Chacune des femmes semble
trouver un équilibre entre le bordel de chez Lou et le contrôle exacerbé de chez Mina (la
bouffe pleine de cholestérol). On voit le stress et son contraire très paresseux s’assembler
dans l’harmonie. La mère de Lou est très tolérante, on peut penser à l’espionnage et au
voyeurisme louche de sa fille qui peut sembler bizarre. Elle l’accepte en disant
distraitement : ‘ça t’occupe’. Il en va de même pour l’obsession de sa jeune fille pour Tristan,
mais elle la laisse vivre. Tandis que la mère de Mina semble plus contrôlante, elle semble
éprouver un laisser-aller contagieux lorsqu’elle côtoie Emma. Les petites filles peuvent
s’adapter aux deux mondes et s’en nourrir. La relation de Marie-Émilie avec sa mère n’est
par contre vraiment pas politically correct. Elle méprise ses parents qui la laisse faire tout
ce qu’elle veut. On ne passe pas beaucoup de temps avec eux, mais cette famille, quoique les
deux parents soient présents, semble projeter une image négative. Lou finira par grandir et
reconnaitre que : ‘À la base, il y a toujours la mère et la fille, mais il y a plein d’autres trucs
autour aussi’. Elle sera donc moins fusionnelle avec sa mère, elle prendra un recul pour
vivre son amour et laisser sa mère s’émanciper avec son amoureux. La mamie est une force
négative dans la famille mais elle changera en voyant la force d’affirmation de Lou et de sa
mère, elle les acceptera telles qu’elles sont.
3- Les médiums
Dans ce film basé sur une bande dessinée aussi écrite par le réalisateur, on joue avec les
médiums. On voit des créations dans le film, d’abord, on mélange souvent animation en
découpage avec la prise de vue réelle, ensuite la mère de Lou crée elle-même une histoire
de science-fiction présentée en séquences d’animation, puis Lou et Mina créent leurs
propres films à l’intérieur du film. On joue donc avec les disciplines et on les mélange dans
l’univers du film. Le visuel du film est aussi très embelli, il est d’apparence très plastique,
une version fantasmée et idéalisée de la vraie vie.
Exemples :
L’ambiance du film a une touche japonaise avec les néons, les outils technos, les objets
design et les jeux vidéo. On semble loin d’une représentation réaliste de la France, on
s’inspire de l’univers créé dans la bd et peut-être des mangas japonais. De la même manière
que le film est loin de la réalité, les personnages fuient leurs réalités en créant des fictions
dans la fiction, elles sont illustrées par l’utilisation d’un médium différent. Plusieurs scènes
mélangent du dessin d’animation et de la prise de vue réelle, on voit de nombreux collages
et représentations graphiques des personnages comme si on voulait garder un peu de la bd
ou réaffirmer le lien entre le film et son origine. La mère crée elle-même une fiction qui sera
animée sous nos yeux comme un monde de fantasme. Le film bascule à plusieurs reprises
dans l’univers fantastique de Sidera, l’alter-ego de la maman de Lou. Elle peut y délaisser le
morose de sa vie et de son travail en traduction pour la conquête de l’amour fictif ‘qui
accepte ses rondeurs et ses incapacités sociales’. Les personnages de Mamie et de Richard
ont aussi un avatar qui reflète la réalité déformée et sert d’exutoire à Emma. Lou et Mina
créent aussi un monde parallèle à leurs vies par l’art comme catharsis. Pour elles, il s’agit
d’un décor de poupées qu’elles filment et mettent en scène. Le monde de ces petits films est
à un moment détruit par Mina, Lou s’efforcera de le réparer, geste symbolique pour
restaurer leur amitié.