GLOBALISATION, REGIONALISATION, MYTHES ET LOGOSPHERES

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GLOBALISATION, REGIONALISATION, MYTHES ET LOGOSPHERES
GLOBALISATION, REGIONALISATION, MYTHES ET LOGOSPHERES
Prof. Antonio Lopez Eire
Université de Salamanque
La « logosphère « est l’ensemble des représentations linguistiques du monde, communes à
une collectivité politico-sociale déterminée. On y rencontre des mythes qui joue un grand
rôle dans toutes les disciplines sociales, la pensée, la culture et ses multiples réalisations.
Certains de ces mythes sont globalisateurs, d’autres sont singularisant, d’autres sont mixtes.
J’étudierai un aspect de la globalisation et de la régionalisation en les envisageant comme des
entités de ce que j’appellerai la logosphère ; selon moi il est hors de doute que sous-jacents à
des faits culturels ou de ce que l’on nomme la culture, il y a des faits économiques et pour
reconnaître cette réalité il n’est pas nécessaire d’être marxiste. Ainsi par exemple, j’estime
que la société NIKE fabriquant de matériel de sport, a intérêt à la globalisation car celle -ci
lui permet de produire son matériel au Mexique c’est à dire dans un pays ou le coût de la main
d’œuvre est très bas. Par contre mon ami le charcutier de la casa Marcos de Salamanque est
partisan de la régionalisation y compris culturelle car la maison Leclerc et autres grandes
firmes de comestibles sont en train d’envahir son territoire.
Que des réalités économiques sous-tendent les faits culturels c’est évident mais qu’il y a-t-il
en commun entre ces bases économiques et la culture ? il y a la logosphère et dans la
logosphère il y a les mythes
Car l’homme est un animal essentiellement mythomane par nature.
Qu’est ce que la logosphère ? entre deux et cent kilomètres de la terre il y a la stratosphère ; la
stratosphère est très éloignée de nous; en de ça de ces deux kilomètres et jusqu’à la terre il y a
la biosphère, cette fidèle protectrice qui nous abrite mais qui, chaque fois qu’elle nous abrite,
abrite simultanément les vaches folles …etc et de ce fait n’est que très relativement
protectrice et pourrait même devenir tanathosphère…ou sphère de la mort.
Ensuite il y a la logosphère qui est l’ensemble des représentations qui s’expriment
linguistiquement et grâces auxquelles les membres d’ une communauté peuvent se
comprendre. On a cru que l’être humain était à l’origine, doué d’idées abstraites, diffuses,
métaphysiques qui se sont peu à peu métamorphosées en paroles mais aujourd’hui cette
théorie n’est plus acceptée ; et le philosophe Wiengelstein affirme que sans le mot il n’y a pas
d’idée ni de concept que nous ne percevons pas directement la réalité du monde mais que
nous voyons le monde à travers le langage et ce que nous appelons culture n’est en réalité que
langage, logos. La culture est inhérente au logos.
La logosphère est pleine de mythes, tout est mythe ; le mythe contient un message politicosocial extraordinairement actif. Il est langage mais c’est un langage dynamique, pragmatique
et indifférent aux critères de vérité.
Les funérailles dont les Athéniens honoraient les citoyens morts pour la patrie et qui
s’appelaient « discours funéraires » étaient un tissu de mythes auxquels aucun athénien ne
croyaient mais qui avaient une fonction de cohésion politico-sociale
La publicité moderne utilise indifféremment des mythes globalisateurs ou régionalisateurs
(ex. les bas collant pour toutes les femmes du monde (globalisateur)…mais un bas collant
pour chaque type de femmes: les femmes minces, les femmes fortes (singularisateur).
Il en est de même en politique, le mythe domine. Le mythe suprême de la globalisation est
celui du messianisme marxiste: les damnés de la terre participeront à la lutte finale pour
accéder au paradis globalisateur de la fraternité …; alors que, l’hymne des andalous, par
exemple, exprime le mythe de régionalisation… « retournons à être ce que nous fûmes » …
on rêve d’un passé glorieux, heureux car autochtone…
Réponse à un doute sur la primauté du langage
L’unique moyen de transmettre la connaissance est le langage ; pour savoir que le miel est
« sucré », je le goutte mais si je veux communiquer à quelqu’un cette sensation de sucré, je
prononce le mot mais je ne saurai jamais si ce mot évoque chez l’autre la même sensation de
douceur, dans le meilleur des cas le monde serait incommunicable, sensation et mot sont
absolument distincts mais nous sommes conditionnés par le langage et croire que le langage
est la base d’un discours rationnel est illusoire ; ainsi par exemple la science américaine a
toujours cru à l’existence de l’homme parfaitement sain, considérant la maladie comme
seconde, accidentelle…ceci n’est qu’une vision linguistique qui est sans rapport avec la réalité
puisque dès notre conception, nous sommes constitués d’une multiplicité de bactéries
maléfiques ou bénéfiques… Mais chacun de nous, influencé par un mythe puissant qui nous
est commun adhère, à cette illusion.
On peut faire un parallèle entre ce qui se passe dans notre cerveau et sur le disque dur d’un
ordinateur, ce ne sont pas des notions vagues et sans contour que notre cerveau enregistre, nos
idées, comme le disait déjà Spinoza sont des paroles, que les cerveaux d’une même
communauté partagent.