La traduction du québécois et son importance

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La traduction du québécois et son importance
La Traduction du québécois et son importance :
La « Québécité » dans La Grosse femme d’à côté est enceinte de Michel Tremblay
Jessica Whelan
Université de Toronto
Toute langue littéraire subit, dans une certaine mesure, une codification des règles de
grammaire, de prononciation et de vocabulaire. La codification de l’anglais est surtout le résultat
d’usage et de tradition1, tandis que la codification du français résulte plutôt d’une tentative
délibérée de la part de l’Académie française d’améliorer la qualité de la langue2. Les dialectes
sociaux et géographiques se jugent par rapport à cette norme linguistique. Dans cet article, nous
visons, dans un premier temps, à explorer un texte riche en éléments qui se distinguent de la
norme écrite et qui rendent ainsi les origines géographiques de ses personnages.
Plus
précisément, nous voulons montrer comment le dramaturge et romancier québécois, Michel
Tremblay, cherchait par son écriture à revendiquer le milieu ouvrier et montréalais par rapport au
français hexagonal dans son roman, La Grosse Femme d’à côté est enceinte3. Pour ce faire, nous
soulignons les indices linguistiques qui attirent l’attention sur les origines québécoises de deux
personnages dans le roman, indices qui relèvent de la morphosyntaxe, de la phonétique et du
lexique. Le lexique, d’abord, désigne l’ensemble d’unités linguistiques disponibles aux locuteurs
d’une langue. Toutefois, les choix offerts par le français québécois diffèrent parfois de ceux
offerts par le français standard; c’est pour cela qu’examiner le lexique dans un texte sert à en
révéler le milieu géographique. Pourtant, cet article illustrera que la québécité du roman de
Tremblay n’est pas à chercher seulement dans le lexique. Au contraire, elle se voit aussi dans la
phonétique, qui consiste en la représentation par l’écrit de l’effet auditif d’une prononciation
particulière de ces mots, et dans la morphosyntaxe, qui désigne à la fois la forme des unités
lexicales choisies et les relations phrastiques entre elles.
La deuxième étape de notre article vise à montrer dans quelle mesure la spécificité du
milieu a pu être rendue par Sheila Fischman dans sa traduction anglaise du roman, intitulée The
Fat Woman Next Door is Pregnant4. Fischman est née au Saskatchewan et a étudié à Toronto
pour ensuite déménager à Montréal et ne semble pas, à notre avis, viser un style angloquébécois dans son écriture. Par conséquent, c’est à la lumière de la tradition5 et des outils
linguistiques offerts par l’anglais canadien - non uniquement québécois - que nous évaluons sa
représentation des personnages de Tremblay. Examiner sa version nous permettra d’apprécier
d’abord, la possibilité et ensuite, l’effet de rendre, en anglais canadien, un texte français marqué
sur le plan géographique.
La représentation du français oral dans d’autres romans québécois
Avant de nous plonger dans le roman à l’étude, nous proposons une mise en contexte par
le moyen d’un survol de quelques tentatives modernes visant à représenter l’oralité au Canada
francophone qui ont précédé celle de Tremblay.
Par exemple, dans Bonheur d’occasion,
Gabrielle Roy est parmi les premiers écrivains canadiens-français à « [...] tir[er] parti du thème
fourni par la prolétarisation des masses canadiennes-françaises »6. Elle représente le milieu par
son emploi des vocables typiques du parler urbain au Québec, dont « smatte » dans « Moi, je le
trouve smatte et ben avenant »7, et par son emploi de certains éléments morphosyntaxiques
servant à représenter le parler montréalais, comme « pis », « où c’est que » et « vous autres »
dans l’exemple suivant : « Et pis après, dit-elle, vous me demanderez où c’est que je reste et
qu’est-ce que je fais ce soir. Je vous connais, vous autres! »8.
La même tendance vers la stylisation se voit chez Gérard Bessette :
2
- On va avoir ein maudit beau petit party, la bonne femme, hein?
- Ouais, ben j’espère que tu vas te conduire comme du monde, Bill. Pas trop de buvage, hein? pis pas
trop de sacrage non plus [...]9
Dans l’extrait ci-dessus, tiré de La Bagarre, Bessette marque le milieu québécois par son lexique
(« party », « sacrage ») et la phonologie (« ein », « Ouais »). Par contraste, dans un roman
ultérieur, L’Incubation, il privilégie les éléments syntaxiques et lexicaux à la place des
particularités phonétiques. Par exemple :
- Maudit baptême (fouillant paniquement dans ses poches) maudit baptême où est-ce que j’ai bien pu
fourrer
....jusqu’à ce qu’un taxi forcé de stopper, tous pneus crissant sur l’asphalte, vienne joindre ses
baptêmes aux siens l’enguirlandant nous enguirlandant tous deux en un joual impeccable [...]10
Malgré les importantes tentatives de représenter l’oralité dans le dialogue de la part de
Bessette et Roy, Jacques Renaud était l’un des premiers romanciers à se servir du joual, le parler
québécois populaire, dans la narration11.
Dans l’extrait suivant de Le Cassé, le québécois
populaire est représenté au niveau morphosyntaxique (« J’ai colissé ça là ») tout autant que
lexical (« tanné en calvaire ») et phonologique (« sus », « ya ») : « J’me sus tanné en calvaire.
J’ai colissé ça là.
C’est de même.
Ya toujours un maudit bout’ d’être tout seul dans
l’affaire.... »12.
Michel Tremblay et le québécois populaire
C’est dans ce contexte littéraire et linguistique que Michel Tremblay se pose le défi
d’écrire Les Belles-soeurs13, une pièce entièrement en joual14. La citation suivante souligne à la
fois l’importance du parler populaire québécois dans l’écriture de Tremblay et le rôle du
romancier dans l’acceptation du joual comme langue littéraire :
3
Il semble que ce niveau de langue [le joual] soit particulier aux jeunes générations des mi-scolarisés
des grandes villes. Il se caractérise par l’emploi de mots anglais et de tournures anglaises non
assimilés par la langue [qui n’ont pas pris une forme francisée: les shows mais non stopper], par
l’utilisation de mots français dont la signification est ignorée ainsi que par une forte réduction
syllabique. Ce niveau de langue, encore bien mal défini, a sans doute une influence sur la langue
populaire des milieux urbains, mais ne se confond pas encore avec elle. Le théâtre de Michel
Tremblay a introduit le joual dans le monde de la ‘francophonie’. C’est l’auteur lui-même qui disait :
‘Quelqu’un qui a honte du joual, c’est quelqu’un qui a honte de ses origines, d’être Québécois.’15
Pour Tremblay, la langue de la pièce était essentielle au point où, jusqu’en 1976, il a refusé de
la laisser traduire en anglais à l’intérieur du Québec16.
La même obsession avec la langue se voit dans ses Chroniques du Plateau Mont-Royal,
dont son premier tome, La Grosse Femme d’à côté est enceinte. Dans La Grosse Femme, tout
le récit a lieu dans l’espace d’une journée en mai 1942 et tourne autour d’une maison de la rue
Fabre à Montréal où habitent, entre autres, la grosse femme, qui est enceinte de sept mois, et
Albertine, qui en est dégoûtée, d’autant plus que la grosse femme est clouée au lit et
qu’Albertine se trouve responsable de tout le ménage. Ces deux femmes partagent plusieurs
traits sociologiques : elles proviennent de la même classe sociale, ne travaillent pas hors de la
maison, ont deux enfants chacune et semblent avoir à peu près le même âge. C’est donc du
langage d’un groupe social assez précis -- des femmes montréalaises, mariées et dans la
quarantaine de la classe ouvrière, telles qu’elles sont représentées dans le monde littéraire de
Tremblay -- que nous faisons le bilan dans ce qui suit.
Les niveaux de langue
Pour mieux délimiter notre étude, nous classons les éléments traités selon qu’ils
appartiennent à un registre plus, ou moins, formel : plus précisément, selons qu’ils relèvent de la
langue familière, la langue populaire ou la langue vulgaire. Pour les deux premiers, nous nous
servons des définitions proposées par Bernard Saint-Jacques :
4
La langue familière : Dans les circonstances non officielles, l’élite et les gens éduqués se permettent
une langue plus familière. Cette langue se caractérise à la fois par un certain relâchement à l’égard de
la langue soignée et par ses nombreux emprunts à la langue populaire [...].
La langue populaire : La langue populaire est parlée par l’ensemble de la population. La différence
essentielle entre le français soigné, standard, cultivé et la langue populaire est que le premier est défini
par des règles grammaticales artificiellement ou étymologiquement construites, tandis que la deuxième
n’est soumise qu’aux lois naturelles qui gouvernent tout système de signes. [...] La langue populaire
est donc un parler ouvert à de nombreuses influences. Elle ne craint pas les emprunts à l’anglais et les
assimile aisément.17
Il importe aussi de noter que, en raison de la relation intime entre eux, nous estimons plus juste
(et moins risqué) de traiter la langue populaire et le joual ensemble. Pour éclairer le concept de la
langue vulgaire, la réflexion de Richard Spears qui porte sur les termes tabou nous semble la plus
appropriée :
[...] most taboos are observed only in public and are clearly linked to the social setting, the sex, the
age, the status of the speaker, and the audience. Included among the expressions usually prohibited are
profanity, curses, oaths, discussions of sexual matters, and terms for excrement, prostitution, death,
homosexuality, and mental illness.18
Bref, la langue familière est celle qui s’emploie par des groupes étendus dans des environnements
informels; la langue populaire se parle dans des cercles plus restreints; et la langue vulgaire
comprend tous les termes désignant les sujets tabou.
La morphosyntaxe
En ce qui concerne la morphosyntaxe familière, la version française du texte de
Tremblay transmet de façon importante la québécité de ses personnages. Remarquons, par
exemple, la particule interrogative –tu dans : « C’est-tu vrai que chus trop bête avec
Marcel? »19, qui suit le modèle [sujet + verbe + tu]. La variété –ti est employée en France20,
mais -tu est particulier au québécois21.
Parmi d’autres tendances répandues en français
québécois, mentionnons l’emploi de « pis » à la place de « et »22 dans, par exemple : « J’aime
mieux être ignorante pis en état de grâce qu’être au courant de toute pis damnée »23 et
5
l’insertion de « à » devant « matin » ou « soir »24, à la façon de « Que c’est ça, tout c’t train-là,
à matin »25. Le genre de l’emprunt « gang », qui est masculin en français standard, mais
féminin en français québécois26, est aussi typique du dialecte québécois : « Des fois, j’me
d’mande si chus pas entourée par une gang de cochons... »27. Jean-Marcel Léard estime que
l’emploi de autres avec les pronoms nous, vous ou eux pour différencier les formes nominales
(« Moé aussi j’attends un bébé comme vous autres »28) et verbales (où nous, vous ou eux est le
sujet de la phrase) est unique aux Québécois29, mais nous autres et eux autres sont tous les
deux attestés dans les années 192030. Nous en tirons la conclusion que maintenant, la forme
pronom disjoint + autres fonctionne comme marqueur du québécois familier, même si elle ne
l’était pas au début du siècle passé.
Fischman emploie certains éléments morphosyntaxiques qui rendent le milieu familier
et canadien, bien que dans une mesure moins importante que chez Tremblay. D’abord,
l’identité canadienne des deux femmes s’entend dans leur emploi des structures
morphosyntaxiques qui relèvent de deux influences importantes pour l’anglais canadien :
l’anglais américain et l’anglais britannique. Par exemple, Fischman imite la tendance nordaméricaine à rajouter des particules supplémentaires aux syntagmes prépositionnels, telles que
« in » dans la phrase suivante : « And in behind you [...] »31. Par contraste, pour désigner une
transformation au passé, elle emploie « got » (à la façon des Anglais britanniques) par
opposition à la variété américaine gotten32 dans : « Maybe it’s because I’ve got so fat... »33.
Une technique moins subtile est le choix de l’interjection typiquement canadienne « eh » pour
traduire « hein ».
Les interjections jouent un rôle syntactique dans le sens où, selon Frei,
« […] les exclamations et interjections, sont des prophrases, c.à.d. des signes tenant lieu des
phrases »34. Bien que « eh » ne soit pas unique à l’anglais canadien, les Canadiens s’en servent
plus souvent que d’autres locuteurs anglophones35. « Hein », par contraste, n’a pas la même
6
connotation géographique. Ainsi, la version anglaise de la phrase suivante : « And if it takes you
a long time to get over having it, who’ll be stuck with it, eh? »36 est un meilleur porteur du milieu
géographique que la version française : « Si vous restez malade trop longtemps, après, qui c'est
qui va être pognée avec, hein? »37. Par son emploi de « eh », ainsi qu’en montrant par sa
morphosyntaxe familière l’origine double (américain et britannique) de l’anglais canadien,
Fischman transmet l’identité canadienne des deux femmes.
Par contraste, aucun élément morphosyntaxique populaire (c’est-à-dire, du langage
typique des classes populaires) du texte anglais ne renvoie au dialecte canadien, tandis que
Tremblay rend la québécité de ses personnages et du milieu qu’il met en scène par sa
représentation de la forme interrogative « ousque »38. Ousque est la prononciation relâchée de
« où c’est que », une forme interrogative qui est courante dans le parler populaire en France, mais
le signe qui l’accompagne dans le dictionnaire de Bélisle indique que sa forme raccourcie est
marqué sur le plan géographique39. C’est pour souligner son rôle interrogatif que nous le
classons parmi les éléments morpho-syntaxiques.
La phonétique
Il importe ici de noter que, en dépit des tentatives de rendre la langue orale qui s’y
trouvent, il s’agit dans La Grosse femme d’un texte littéraire et non pas d’une transcription
linguistique et qu’il y manque, par exemple, l’affrication courante en québécois où le /t, d/ se
prononcent /ts, dz/ devant /i, y, j, Ч/40. C’est pour tenir compte des limites du roman pour
représenter de façon fidèle la prononciation québécoise sans nuire à la compréhension du lecteur
que nous adoptons une vue ouverte sur la phonétique qui comprend, pour nous, toute
représentation par l’écrit de l’effet auditif d’une prononciation particulière.
7
Tout d’abord, Tremblay représente le registre familier de la phonétique par la chute de /l/
et /wa/. Pour Marcel Juneau : « […] la consonne l est une articulation passablement affaiblie en
québécois »41. Ainsi, la chute du /l/ dans des mots tels que plus (« pus »42) et quelque chose
(« quequ'chose »43) est surtout un phénomène québécois. Il en est de même pour la chute du /wa/
de voilà qui, dans les années 1930, existait dans plusieurs dialectes de la France, mais pas en
français parisien44. Tout comme la chute du /l/ intérieur, « v’là »45 sert à situer la langue du
roman dans la tradition québécoise plutôt que dans celle du français normatif. Enfin, je suis
[3əsчi] cède souvent la place à « chus », [‫آ‬y], comme dans la question suivante, posée par
Albertine : « C’est-tu vrai que chus trop bête avec Marcel »46.
Les éléments phonétiques du registre populaire chez Tremblay révèlent une appartenance
encore plus forte à la communauté québécoise. Selon Juneau, par exemple, les Québécois de la
classe populaire ont tendance à préférer la prononciation –ar à –er « […] dans la séquence e + r
+ consonne »47. Juneau précise : « Les nombreux exemples recueillis sont de deux types : dans
les uns, très fréquents, cet –er est devenu –ar ; dans les autres, beaucoup moins fréquents,
l’ancienne prononciation française –ar, étymologique, se maintient, tandis que le français
connaît maintenant –er »48. Ceci est bien le cas dans La Grosse Femme d’à côté est enceinte, où
« ouvarte »49 [uvart], qui tient lieu d’ouverte [uvεrt], sert d’exemple d’une transformation
phonétique, tandis que « sarvante »50 [sαrv t] , bien que considérée comme un écart par rapport à
la norme francophone, représente, en réalité, l’ancienne prononciation de ce qui se dit maintenant
[sεrv t] en français hexagonal. De la même manière, la modification de la voyelle e dans grandmère [gR mεR], père [pεR] et frère [frεR], est typique du français québécois.
Tremblay
représente cette tendance vocalique par un accent aigu qui tient lieu de l’accent grave habituel
pour donner « grand-mére »51 [gR meR], « pére »52 [peR] et « frére »53 [freR]. Une recherche
8
sur la base de données littéraire ARTFL54 révèle plusieurs exemples de cette prononciation, mais
comme ils datent presque tous de la Renaissance, son emploi plus récent chez Tremblay semble
être surtout québécois. De façon semblable, la prononciation d’Albertine de habitude [abityd],
que Tremblay représente par « habetude »55 [abetyd], est marquée par rapport à celle de la grosse
femme qui prononce « habitude »56.
Il est probable qu’Albertine modèle sa prononciation
habetude sur le relâchement de la voyelle i qui est courant en français québécois57.
La québécité se voit aussi dans la tendance des deux femmes à remplacer /o/ (au) par la
voyelle /a/, par exemple dans « sarait »58 [saRε] qui tient lieu de saurait [soRε] et « arais »59
[aRε] qui remplace aurais [oRε]. De façon similaire, « su’l’yable »60 [syldjab], la représentation
phonétique de sur le diable (une expression voulant dire gâchée en français québécois), se trouve
deux fois dans le texte. Il s’agit d’un exemple de palatalisation, un phénomène par lequel le [d],
sous l’influence du [i] qui le suit, se prononce au palais.
Le québécois populaire se reconnaît également par l’insertion du t de liaison. Notons, à
titre d’exemple, le t qui suit vas dans la phrase suivante : « Si je t’explique ça, je vas-t-être
obligée de t’expliquer d’autres choses [...] »61. Le langage populaire en France, aussi, permet la
« fausse liaison »62 pour faciliter la prononciation de certaines locutions, mais le t est moins
fréquent que le z ou le vé63. Le t de liaison est donc marqueur du québécois.
De la même manière, « [l]e français canadien – et le français de Montréal en particulier
– frappe le francophone étranger par la présence de [t] finaux qu’on ne retrouve pas en français
standard »64. Leur présence se voit chez Tremblay dans des mots courants comme nuit qu’il écrit
« nuitte »65 aussi bien que des noms propres dont Eugénie Grandet, qui s’écrit « Eugénie
Grandette »66 dans le dialogue de la grosse femme. Dans le roman, le cas de tout est variable : le
t final a tendance à se prononcer dans la forme pronominale, à la façon de : « Victor Hugo, y’est
9
toute à l’index! »67, mais il est plus rare lorsqu’il fait partie d’une expression figée telle que « [...]
tout le monde [...] »68, et il est variable devant « ça »69.
Notre dernier élément phonétique renvoyant à la classe populaire est la représentation de
moi (« moé ») et toi (« toé »). Par exemple : « De toute façon, j’pense que j’rêve plus pour moé
que pour toé »70. Selon Marc Picard, ce phénomène phonétique où /we/ tient lieu de /wa/, se
limite à quelques mots : « Pour autant que je sache, c’est restreint à /mwe/ moi, /twe/ toi, /bwe/
(il) boit, /dwe/ (il) doit »71.
Il est donc évident que la prononciation d’Albertine et de la Grosse femme, telle qu’elle
est représentée par l’orthographe de Tremblay, montre la distance importante qui distingue le
français québécois des autres variétés du français standard. Fischman, pour sa part, ne représente
aucun phénomène phonétique72 et, par conséquent, elle appauvrit de façon importante sa
traduction.
Le lexique
Le lexique familier de Tremblay est très riche en québécismes. D’abord, dans les cas où
un mot a un sens différent au Québec et en France, Tremblay a tendance à adopter la définition
québécoise. Dans la phrase suivante, « bête » désigne non pas l’ignorance, comme en français
standard, mais plutôt la méchanceté : « C’est-tu vrai que chus trop bête avec Marcel? »73.
D’autres mots remplissent au Québec un domaine sémantique plus élargi qu’en France. Par
exemple, au Québec le mot « pire » veut dire mal, pas forcément le comparatif, ce qui permet de
telles formulations : « Si au moins j’rêverais d’aller à la baie des Chaleurs ou ben donc à Percé,
ça serait moins pire! »74, et « jaser »75 signifie parler, pas forcément au sens de bavarder. Parmi
les néologismes québécois dans le dialogue des deux femmes sont « chaudasse »76 pour dire
10
légèrement ivre et « garrocher »77, qui veut dire lancer. Enfin, les quelques emprunts qui s’y
trouvent, comme « shows »78, illustrent la proximité du Québec des sociétés anglophones.
Fischman, pour sa part, montre l’appartenance nationale de ses personnages par son
emploi de mots qui - à en juger par les dictionnaires Webster’s (dictionnaire américain) et Oxford
(dictionnaire britannique) - montrent la place du Canada entre les normes britannique et
américaine.
Bref, quatre vocables (« scared silly »79, « out of the blue »80, « chips »81,
« crazy »82) affichent l’identité nord-américaine du texte, tandis que « by ourselves »83 et
« gadding around »84 (le Webster’s propose gadding about) sont plus courants en Angleterre.
Tout comme elle l’a fait à l’égard de la morphosyntaxe, Fischman montre l’identité linguistique
canadienne, partagée entre deux puissances anglophones, par le lexique qu’elle choisit. Ce qui
plus est, elle se sert d’un certain nombre d’éléments lexicaux français qui rappellent le
bilinguisme qui - n’existant pas dans la même mesure en Angleterre ou aux États-Unis - est
particulier au Canada. Des mots courants comme « bonjour »85 et « mon oncle »86 côtoient des
lieux et des titres, dont « Baie de Chaleurs »87 et « Eugénie Grandet »88, pour lequel Fischman
choisit l’orthographe ‘correcte’ à la place du « Grandette »89 de Tremblay.
Pour le lexique populaire, Tremblay rend la québécité de ses deux personnages par deux
éléments seulement : « pogner » 90 et « icitte »91, l’ancienne forme québécoise de ici92.
Comme au registre familier, le lexique populaire de Fischman est canadien dans la mesure
où il porte quelques éléments que l’on pourrait croire britanniques, et d’autres qui seraient plutôt
américains. Par exemple, la définition de to be wound up qui s’applique aux objets animés est
absente du dictionnaire américain Webster’s et la même source propose la préposition out (non
over) pour « Is she going to fork over or not »93. D’autres vocables semblent plutôt américains,
dont « cut it out »94 et « to lift a finger »95, dont le Oxford ne fait aucune mention. Bien
qu’aucune expression figurée qui se trouve dans le roman ne soit particulière au Canada, la
11
tendance canadienne du texte est illustrée par le fait que deux expressions populaires qui s'y
trouvent sont partagées avec la Grande-Bretagne, et deux avec les États-Unis.
Dans la version française du roman, la langue vulgaire des deux femmes (et surtout
d’Albertine, qui s’en sert beaucoup plus souvent que sa belle-soeur) est très représentative de
l’originalité du québécois par opposition au français standard. Par exemple, Albertine choisit le
mot « cochonneries »96 pour parler de l’acte d’amour. Bien que cochonne soit certainement
connu en France, cochonnerie (où l’on trouve le suffixe –erie qui est courant en québécois mais
qui, selon Marguerite Fauquenoy Saint-Jacques, « […] a perdu beaucoup de sa disponibilité en
français standard […] »97) suggère une appartenance légèrement québécoise. Cela est encore
plus vrai de « guidoune »98, un mot uniquement québécois qui signifie prostituée. Bien que la
variété de termes charnels dans le texte anglais soit très riche (l’on trouve « slut »99,
« hussies »100, « chippie »101, « perverts »102 et « floozies »103), aucun ne porte la spécificité
culturelle de guidoune ou même cochonneries.
Les autres mots vulgaires québécois sont liés à la religion. Par exemple, en français
standard maudit porte le sens de celui qui est damné, mais les Québécois le connaissent surtout
comme juron courant, dans une phrase telle que « J’espère que vous teniez pas trop à
vot’maudite assiette chinoise laide, hein, moman [...] »104.
Tel est également le cas pour
« sainte »105, « bonyeu »106, « tornon »107 et surtout « torieux »108; tous sont, dans leur emploi en
tant que jurons, uniques au québécois. Le Canada anglais ne semble pas disposer d’une telle
variété de sacres canadiens; Fischman se sert de « hell »109, « goddam »110, « damn »111, « Lord
Almighty »112, « Good Lord »113, « blessed »114 et « hocus-pocus »115, mais le seul qui suggère
une appartenance géographique possible est « Good Lord », qui se trouve seulement dans le
dictionnaire britannique, le Oxford. La différence entre les versions française et anglaise à cet
12
égard est frappante et révèle l’importance des sacres pour transmettre la québécité de la langue
vulgaire.
L’orthographe
Il nous reste à étudier un dernier élément : l’orthographe. Comme le français dispose d'un
seul système orthographique, cet élément linguistique ne peut pas être traité dans la section
française, mais il mérite cependant d'être abordé dans le cas de l'anglais, qui connaît deux
systèmes orthographiques : le système britannique et le système américain. D’un côté, Fischman
choisit –our (et pour la fin et pour le milieu d’un mot) dans des mots tels que « honour »116 et
« favourite »117 pour suivre la tendance britannique et canadienne, mais elle suit la préférence
canado-américaine pour les mots se terminant en –ize, comme « civilized »118 et pour les
terminaisons en -ction, dont « reflection »119, 120. De même, « today »121 et « tomorrow »122 sont
toujours écrits sans trait d’union malgré le fait qu’au moment où Fischman traduisait La Grosse
Femme d’à côté est enceinte, les deux s’écrivaient toujours avec un trait d’union en anglais
britannique123. Ainsi, Fischman montre par son orthographe la place de l’anglais canadien entre
les variétés américaine et britannique.
Conclusions et traduction alternative
Nous venons de voir qu’à certains égards, Fischman égale ou même dépasse Tremblay
dans sa tentative de rendre un milieu typiquement québécois ou, dans le cas de Fischman,
canadien (la morphosyntaxe populaire, par exemple). À d’autres égards, pourtant -- surtout celui
de la phonétique -- la version originale est beaucoup plus forte. Nous avons schématisé notre
évaluation des éléments linguistiques dans chaque version du texte qui rendent ou trahissent une
appartenance géographique dans le Tableau A :
13
Tableau A : Succès à rendre l’appartenance géographique de deux personnages
(Albertine et la Grosse Femme) dans les versions française (Tremblay) et anglaise
(Fischman, trad.) de La Grosse Femme d’à côté est enceinte
Élément
Niveau de langue
Tremblay
Fischman
Linguistique
Familière
Très présente
Présente
Morpho-syntaxe
Populaire
Présente
Présente
Familière
Présente
X
Phonétique
Populaire
Très présente
X
Familier
Très présent
Très présent
Lexique
Populaire
Présent
Présent
Vulgaire
Très présent
X
Non marqué
X
Présent
Orthographe
En tenant compte de la discussion et de l’évaluation précédentes, nous avons tenté une
traduction alternative d’une conversation entre la grosse femme et son beau-frère que nous
présentons dans le Tableau B ci-dessous. Parfois, notre traduction tient de celle de Fischman :
par exemple, nous avons gardé la préposition nord-américaine dans in between, et nous n’avons
trouvé aucune manière de représenter (de rendre plus canadien) l’élément phonétique toé.
Toutefois, un certain nombre de tentatives phonétiques réalisent, à notre avis, une représentation
plus fidèle de l’accent canadien-anglais que ce qui se voit dans la traduction de Fischman. Par
exemple, plusieurs fois nous avons remplacé /t/ par /d/, à la façon canadienne et, en ce qui
concerne le lexique, nous avons remplacé « those fights you have » par une allusion au hockey
(peut-être trop stéréotypée?) pour compenser la difficulté à traduire pogner et affaires, deux
vocables typiquement québécois. Nous avons souligné les marques du vernaculaire dans les trois
versions.
14
Tableau B : Une traduction alternative d’un extrait tiré de La Grosse femme d’à côté
est enceinte
La grosse femme « jase » avec Édouard
Tremblay
« J'pense
toujours
Fischman
Whelan
à « I always think of Richard « I’m jes’ thinkin’ ’bowd
Richard qui couche entre sleeping in between you and Richard...
toé
pis
ta
mére...
’e
sleeps
in
Les your mother.... Those fights between you an’ your mom
chicanes que vous pognez you have just about every ...
you
clear
guys
the
tou'es deux quasiment tou'es night are bad for him..... benches priddy much every
nuittes sont pas bonnes He
pour lui...
hears
things
he nigh’ ... ’t’s naw good fer
Y'entend des shouldn’t hear and maybe it ’im.
’E ’ears things ’e
affaires qu'y devrait pas upsets him..... You know, shou’dn’d,
it
might
entendre, pis ça pourrait le he’s really... »125
bother’im... Y’know, ’e’s
troubler...
priddy... »
T'sais,
y'est
ben... » 124
Nous avons donc illustré que le texte de Tremblay est très riche en éléments qui orientent
son langage sur le plan géographique; à certains égards (par exemple, par son orthographe et son
lexique familier), Fischman y arrive aussi. Pourtant, accomplir une traduction exhaustive de La
Grosse femme d’à côté est enceinte aurait obligé que la traductrice rende le statut de la langue
utilisée par rapport à la norme, ce que, à notre avis, elle aurait pu accomplir par une attention plus
soignée aux éléments phonétiques. En effet, le défi de Fischman était énorme : elle devait
illustrer, par des moyens linguistiques offerts par la tradition anglo-canadienne, les réalités
sociales, historiques et autres que représente le québécois. À moins de trouver un moyen textuel
15
pour rendre cette originalité du québécois parlé, une autre option aurait consisté à se servir des
moyens métatextuels (d’une préface, par exemple) pour faire connaître l’environnement qui
entoure la langue.
The Fat Woman Next Door Is Pregnant est le premier roman que Fischman ait jamais
traduit, ce qui expliquerait, peut-être, sa décision d’être moins audacieuse que Tremblay sur le
plan stylistique. Cependant, les raisons de sa décision semblent avoir été plus complexes. En
1995, quatorze ans après la publication de The Fat Woman Next Door Is Pregnant, ayant traduit
une série d’autres œuvres des romanciers québécois les plus célèbres et ayant reçu cinq prix du
Gouverneur général en traduction, Fischman a expliqué la décision à prendre entre l’effet
esthétique et l’intérêt sociologique d’un texte à traduire. Pour elle, la réponse était évidente :
There was a time, long ago, when I thought that being instrumental in bringing contemporary writers to the
attention of non-French speaking readers might perform a kind of political function. I don’t think I’d be so
naive as to use that kind of language now. [...] What’s important is to be clear in one’s own mind about the
significance of cultural difference, then find, to the best of one’s abilities as a translator, the most
appropriate way to render the elements into a language that first of all makes good sense in English, and
only secondarily emphasizes the sociological point. For me, the emphasis is first and foremost literary.126
Toutefois, nous espérons avoir montré que dans certains cas, la langue -- et d’autant plus qu’elle
se situe en dehors de la norme linguistique -- constitue un élément essentiel dans la
détermination du sens du texte. Même la traduction la plus impressionnante sera toujours
incomplète si elle néglige l’importance sociale de la langue d’origine.
L’impossibilité de
traduire la totalité du message -- ce qui risque toujours d’être le cas -- ne doit pas empêcher les
traducteurs d’en rendre au moins quelques éléments.
BIBLIOGRAPHIE
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1
Tony CROWLEY, The Politics of discourse, London, Macmillan Education Ltd, 1989, p. 148.
Lothar WOLF, « La Normalisation du langage en France de Malherbe à Grevisse », La Norme linguistique, éds.
Édith Bédard et Jacques Maurais, Québec, Gouvernement du Québec, 1983, p. 114.
3
Michel TREMBLAY, La Grosse femme d’à côté est enceinte, Montréal, Éditions Leméac, 1978. Dès lors, LGF.
4
Michel TREMBLAY, The Fat Woman Next Door Is Pregnant, trad. Sheila Fischman, Montréal, Éditions Leméac,
1981. Dès lors, TFW.
5
Nous avons montré ailleurs que parmi les écrivains anglo-canadiens qui tentent de reproduire le style oral d’un
milieu précis, il y a Thomas Halliburton, Susanna Moodie, Sinclair Ross, Margaret Laurence, et Mordecai Richler
(Jessica WHELAN, Représentation et Traduction de l’oralité : La Grosse Femme d’à côté est enceinte et The Fat
Woman next Door Is Pregnant, Ottawa, Library and Archives Canada / Bibliothèque et Archives Canada, 2005,
section 2.5).
6
Gérard TOUGAS, La littérature canadienne-française, Paris, Presses Universitaires de France, 1974, p. 159.
7
Gabrielle ROY, Bonheur d’occasion, Montréal, Librairie Beauchemin Limitée, 1967, p. 16.
8
Ibid., p. 10.
9
Gérard BESSETTE, La Bagarre, Montréal, Le Cercle du Livre de France, 1958, p. 77.
10
Gérard BESSETTE, L’Incubation, Montréal, Librairie Déom, 1965, p. 19.
11
Greg LESSARD, « La Littérature et le théâtre comme moyen d’intervention sur le français », De la polyphonie à
la symphonie : Méthodes, théories et faits de la recherche pluridisciplinaire sur le français au Canada, éd. Jürgen
Erfurt, Leipzig, Leipziger Universitätsverlag GmbH, 1996, p. 345.
12
Jacques RENAUD, Le cassé, Montréal, Éditions Parti Pris, 1964, p. 83.
13
Michel TREMBLAY, Les Belles-soeurs, Montréal, Éditions Leméac Inc., 1972.
14
Michel TREMBLAY, Entretien avec Eleanor Wachtel, Writers and Company, CBC Radio One, 25 juillet 2004.
15
Bernard SAINT-JACQUES, « Le français québécois : langue de communication et symbôle d’identité », Langue
et identité : Le français et les francophones d’Amérique du Nord, éd. Noël Corbett, Québec, Les Presses de
l’Université Laval, 1990, p. 232.
16
Michel TREMBLAY 2004.
17
Bérnard SAINT-JACQUES 1990, p. 231-232.
18
Richard A. SPEARS, Slang and Euphemism, New York, Jonathan David Publishers, Inc., 1981, p. ix.
19
LGF, p. 192.
20
Henri FREI, La Grammaire des Fautes, Genève, Slatkine Reprints, 1971, p. 159.
21
Maguerite FAUQUENOY SAINT-JACQUES, « Structures populaires du québécois : simplicité et redondance,
dérivation et emprunt », Langue et Identité : Le français et les francophones d’Amérique du Nord, éd. Noël Corbett,
Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1990, p. 273.
22
WHELAN 2005, p. 64.
23
LGF, p. 69.
2
18
24
Il nous semble que ce soit pour des raisons phonétiques que des locutions de temps comprenant après-midi laissent
tomber le à. Par exemple, la dernière parole d’Albertine est « J’ai acheté d’la p’tite bière d’épinette Larose, aprèsmidi... » (LGF, p. 326) et non pas « à après-midi ». Albertine et la grosse femme utilisent cette locution deux fois
chacune.
25
LGF, p. 36.
26
« Lorsqu’une forme nouvelle (néologisme ou emprunt) coexiste avec une forme ancienne de même sens, la forme
préexistante dans la langue peut influencer le genre de la nouvelle entrée lexicale. On pourrait ainsi expliquer
pourquoi en français standard on dit [...] un gang ‘groupe d’individus peu recommandables’, alors que ces mêmes
mots sont féminins en québécois et respectent la règle phonétique de Guiraud » (FAUQUENOY SAINT-JACQUES
1990, p. 280).
27
LGF, p. 143.
28
Ibid., p. 128.
29
Jean-Marcel LÉARD, « Essai d’interpretation de quelques faits de morphologie du québécois », Travaux de
linguistique québécoise, éd. Marcel Juneau, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1978, p. 127.
30
Henri BAUCHE, Le Langage populaire, Paris, Payot et Cie, 1920, p. 108-110.
31
TFW, p. 30.
32
John EDWARDS, « Language attitudes and their implications among English speakers », Attitudes Towards
Language Variation, éds. Ellen Bouchard RYAN et Howard GILES, London, Edward Arnole, 1982, p. 20-33.
33
TFW, p. 248.
34
FREI 1971, p. 115.
35
Margery FEE et Janice McALPINE, Guide to Canadian English Usage, Toronto, Oxford University Press, 1997,
p. 177.
36
TFW, p. 148.
37
LGF, p. 195.
38
Ibid., p. 145; p. 257.
39
Le signe qui accompagne l’entrée ousque dans le dictionnaire de Bélisle renvoie à la note suivante : « Les
anglicismes, barbarismes et atres impropriétés pour lesquels existent dans le français international de réels
équivalents qui sont donnés en guise de définitions » (Louis-Alexandre BÉLISLE, éd., Dictionnaire général de la
langue française au Canada, Ottawa, Bélisle-Sondec, 1974, p. II).
40
Alain MARCHAL, « Éléments de phonétique québécoise », Langue et Identité : Le français et les francophones
d’Amérique du Nord, éd. Nöel Corbett, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1990 , p. 252.
41
Marcel JUNEAU, Contribution à l’histoire de la prononciation française au Québec, Québec, Les Presses de
l’Université Laval, 1972, p. 172.
42
LGF, p. 260.
43
Ibid., p. 51.
44
Adjutor RIVARD, éd., Glossaire du parler français au Canada, Québec, L’Action social (limitée), 1930, p. 699.
45
LGF, p. 258.
46
Ibid., p. 192.
47
JUNEAU 1972, p. 39.
48
Ibid.
49
LGF, p. 38.
50
Ibid., p. 195.
51
Ibid., p. 194.
52
Ibid., p. 294.
53
Ibid., p. 69.
54
Projet ARTFL, Centre National de la Recherche Scientifique et University of Chicago, 28 août, 2004,
http://www.lib.uchicago.edu/efts/ARTFL/projects/encyc/.
55
LGF, p. 229.
56
Ibid., p. 49.
57
Veuillez voir, par exemple, MARCHAL 1990, p. 252, et JUNEAU 1972, p. 38.
58
LGF, p. 40.
59
Ibid., p. 41.
60
Ibid., p. 125.
61
Ibid., p. 186.
62
JUNEAU 1972, p. 219.
19
63
FREI 1971, p. 104.
Paul PUPIER et François GROU, « Le [t] final non standard et les alternances vocaliques du français de
Montréal », Le Français de la région de Montréal, Québec, Les Presses de l’Université du Québec, 1974, p. 57.
65
LGF, p. 315.
66
Ibid., p. 40.
67
Ibid., p. 68.
68
Ibid., p. 69; p. 229.
69
Ibid., p. 41; p. 232.
70
Ibid., p. 41.
71
Marc PICARD, «La diphtongue /wa/ et ses équivalents en français du Canada », Le Français de la région de
Montréal, Québec, Les Presses de l’Université du Québec, 1974, p. 153.
72
Il est vrai que Fischman se sert de plusieurs contractions (par exemple, I’m pour I am), possibles dans l’écriture
informelle et usuelles dans la langue orale, pour représenter l’oralité. Cependant, ces contractions peuvent s’utiliser
dans tout milieu géographique -- et même parfois à l’écrit -- et ainsi ne montrent aucunement les origines des deux
femmes.
73
LGF, p. 192.
74
Ibid., p. 261.
75
Ibid., p. 49.
76
Ibid., p.170.
77
Ibid., p. 223.
78
Ibid., p. 51.
79
TFW, p. 5.
80
Ibid., p. 148.
81
Ibid., p. 200.
82
Ibid., p. 228.
83
Ibid., p. 130.
84
Ibid., p. 40.
85
Ibid., p. 177.
86
Ibid., p. 200.
87
Ibid.
88
Ibid., p. 31.
89
LGF, p. 40.
90
Ibid., p. 50. Pogner ne se trouve pas dans le dictionnaire de Bélisle ni dans le Glossaire de Rivard, mais Gaston
Dulong le donne comme équivalent de poigner dans son Dictionnaire des canadianismes (Gaston DULONG,
Dictionnaire des canadianismes, Québec, Les Éditions du Septentrion, 1999, p. 405).
91
LGF, p. 51.
92
RIVARD 1930, p. 398.
93
TFW, p. 178.
94
Ibid., p. 175.
95
Ibid., p. 32.
96
LGF, p. 145.
97
FAUQUENOY SAINT-JACQUES 1990, p. 277.
98
TFW, p. 185.
99
Ibid., p. 53.
100
Ibid., p. 211.
101
Ibid., p. 142.
102
Ibid., p. 110.
103
Ibid., p. 205.
104
LGF, p. 125.
105
Ibid., p. 230.
106
Ibid., p. 195.
107
Ibid., p. 145.
108
Ibid., p. 194.
109
TFW, p. 241.
110
Ibid., p. 96.
64
20
111
Ibid., p. 52.
Ibid., p. 53.
113
Ibid., p. 197.
114
Ibid., p. 176.
115
Ibid., p. 241.
116
Ibid., p. 32.
117
Ibid., p. 197.
118
Ibid., p. 225.
119
Ibid., p. 200.
120
WHELAN 2005, p. 104.
121
TFW, p. 178; p. 211.
122
Ibid., p. 314.
123
Ruth Ethel McCONNELL, Our Voice: Canadian English and how it came to be, Toronto, Gage Publishing
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124
LGF, p. 50.
125
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126
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21

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