Ô temps suspends ton vol

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Ô temps suspends ton vol
Ô temps suspends ton vol
Ma liberté individuelle- et celle de tout un chacun- peut s’exercer dans deux domaines.
Le premier, c’est bien sûr l’espace géographique.
Le second c’est le temps.
Commençons par la géographie.
En 1981, lorsque le nouvellement élu Président Mitterrand décida de mettre des ministres
communistes au gouvernement alors même qu’il avait une majorité de députés socialistes à
l’assemblée, nous prîmes la décision- en famille- d’aller nous installer à Londres, ne pouvant
accepter que des gens qui avaient été les complices actifs de génocides ayant fait plus de 100
millions de morts depuis 1917 entrent au gouvernement de notre pays.C’était une décision
personnelle et qui n’avait rien à voir avec mon état de fortune à l’époque (des dettes et trois
enfants) et tout à voir avec une vue « morale » ou « éthique » de la vie.
Rester en France, c’était, à nos yeux, se rendre complice d’une forfaiture car élever des enfants
dans un pays où il y avait des ministres communistes, c’était risquer de les handicaper à vie en
faussant leurs esprits et cela était impensable.
En aucun cas, ni à l’époque, ni depuis, je n’ai jugé ou pensé que ceux qui restaient étaient
condamnables. Pour un Libéral, il n’existe ni morale ni responsabilité collectives. Il n’existe de
morale et de responsabilité qu’individuelle. C’est déjà assez dur de savoir ce que je dois fairemoi- sans en plus me charger des autres. Je veux bien leur expliquer, à la rigueur, je ne veux ni
ne peux agir à leur place.
Et donc en Septembre 1981, nous étions à Londres.
Dans un environnement démocratique, ce déménagement, cet exil-car c’était bien de cela qu’il
s’agissait-étaient certes difficiles, mais possible.Bien entendu, ce genre de décisions n’aurait pas
pu être prise si j’avais vécu dans un paradis socialiste, du type National (Socialiste) ou Marxisteléniniste … (Jamais bien compris la différence). Dans ce genre de paradis, il a toujours été d’usage
de bâtir des murs, non pas pour empêcher les gens de l’extérieur de rentrer mais bien pour
empêcher leurs citoyens de sortir, ce qui n’est pas du tout la même chose, chacun en conviendra.
Ma famille et moi-même avons donc pleinement profité de la possibilité qui nous était offerte en
Europe de l’Ouest de « voter avec nos pieds » comme l’on disait à l’époque et c’est ce que nous
fîmes. Grace à la chute du Mur de Berlin, vingt ans après, cette liberté fut étendue à quasiment
tout le continent Européen et une grande bouffée d’espoir souffla sur le monde.
A ce point, je me dois d’ajouter que cette libération n’eût rien-mais vraiment rien- à voir avec les
gouvernements ou les intellectuels Français de l’époque (à l’exception de JF Revel bien sûr) qui
firent tout pour l’empêcher mais dût à peu prés tout à trois personnalités, Thatcher, Reagan et
Jean Paul II qui eux savaient ce que le mot “Liberté” voulait dire.
Le premier endroit où chacun peut exercer sa liberté est donc dans le domaine géographique et je
constate avec satisfaction que beaucoup de Français ne se privent pas de l’utiliser.En 2002,
quand j’ai quitté Londres pour Hong-Kong, 4000 citoyens Français vivaient là bas. Aujourd’hui,
nous en sommes à 20.000, et il y a plus de Français à HK qu’il n’y a d’Anglais (ce qui agace
passablement les Anglais et me fait doucement rigoler. J’aime bien quand les Anglais sont
agacés…) .
Et la même chose s’est produite partout ailleurs.
Londres est maintenant la troisième ou quatrième ville francophone du monde (après Paris et
Montréal), New-York grouille de Gaulois, 4000 ingénieurs Français travaillent dans la siliconvalley. A Miami ou à Singapour, on entend parler le Français partout …
Et pourquoi sont- ils partis ?
Parce que, compte tenu de l’introduction et du développement de l’idéologie communiste en
France en 1981, leurs libertés se sont réduites comme peaux de chagrin depuis cette date et
que, ne pouvant développer leurs talents LIBREMENT en France, ils vont les exercer ailleurs
plutôt que des enterrer. Comme cela s’est passé avec les Protestants sous Louis XIV, avec les
aristocrates en 1789, avec les ordres religieux en 1905 ou avec les Français de religion Juive en
1940, les autorités décident qu’il vaut mieux qu’ils s’en aillent puisqu’ils sont différents. Ceux qui
sont restés, comme les Vendéens, se sont d’ailleurs tous fait massacrer dans ce qui a été le
premier génocide de l’histoire.
Et donc chacun peut voir que le raisonnement que nous avions fait en 1981 selon lequel l’arrivée
des communistes au pouvoir allait restreindre de façon inimaginable les libertés concrètes de
notre famille dans le futur a été parfaitement justifié par ce qui s’est passé ensuite.
Nous avons eu tort sur certains DETAILS, mais nous avons eu totalement raison sur les PRINCIPES.
Et pourtant, je continue à me faire du souci pour nos Libertés., car une autre menace est
apparue, à laquelle je dois dire que je ne m’attendais pas du tout.En effet, les hommes de Davos
qui nous gouvernent sans que nous les ayons élu, ne pouvant plus attaquer nos Libertés dans le
domaine géographique pour imposer leur dictature car ce serait un peu trop visible, ont résolu de
les faire disparaitre dans l’autre dimension où elle peut s’exercer, l’ordre temporel.
Je m’explique.
Chacun d’entre nous a une relation unique avec le temps qui lui est imparti sur cette terre et
dans une société libre, c’est à chacun d’organiser ce temps comme il ou elle l’entend.
Pour un économiste, ce qu’après tout je suis, la relation entre mon temps sur terre et mes choix
passe par les taux d’intérêts pour tout ce qui concerne ma vie professionnelle. Le rôle des taux
d’intérêts dans ce domaine est simple : ils sont l’outil qui me permet de comparer de façon
rationnelle le présent et le futur. Si les taux d’intérêts sont «élevés», il est rationnel de différer ma
consommation et de faire monter mon épargne, s’ils sont « bas » de consommer aujourd’hui
plutôt que demain.
Et chacun d’entre nous a en plus une espèce d’échelle de préférence qui lui est propre. Comme
nous l’a fort bien expliqué Jean de la Fontaine, certains sont des fourmis, d’autres sont des
cigales. Si je suis vieux, que je n’ai plus d’enfants à charge, il est raisonnable de consommer et de
ne plus prendre de risques. Si je suis jeune, que j’ai une nombreuse famille et beaucoup
d’ambitions, je dois privilégier le futur par rapport au présent.
Que va-t-il se passer si les taux d’intérêts sont à zéro, voir négatifs ?
Une chose toute simple : techniquement cela veut dire que le futur a été « effondré » dans le
présent et que je n’ai plus de moyens rationnels pour déployer mes préférences temporelles en
fonction de MES choix. Ceux qui ont pris cette décision me FORCENT à être une cigale, moi qui ai
toujours été une fourmi besogneuse. Ils ont choisi à ma place comment je vais organiser mon
temps, ma dépense et ma capacité d’épargne, ce qui est tout simplement MONSTRUEUX.
Prenons quelques exemples.
Balzac disait que le désir de doter ses enfants ou ses petits enfants était chez un homme au delà
d’un certain âge aussi fort que le désir de maternité peut l’être chez une jeune femme. Je ne sais
pas grand chose sur le désir de maternité, mais je sais que le souhait de s’occuper de ceux qui
me sont chers après ma mort est chez moi très fort. Je sais aussi que cela a été l’une de mes
principales motivations dans ma vie professionnelle, et qui explique en grande partie pourquoi je
continue à me décarcasser.
Imaginons par exemple que je veuille constituer un fonds dédié pour chacun de mes petits
enfants dont le but serait qu’ils puissent se payer une éducation de qualité quand ils en auront
besoin. Avec des taux à zero ou négatifs, il va falloir que je mette en réserve des aujourd’hui la
quasi totalité de la somme nécessaire à chaque enfant, ce qui m’est à peu près impossible.
Dans un monde normal, si les taux étaient à 6 % par exemple et si je me dis qu’ils auront besoin
de la somme dans vingt ans, il me suffit de mettre 25 % de la somme, et en 20 ans, cette somme
quadruplera. Si les taux sont à 3 %, il me faudra mettre 50 %, ce qui sera déjà plus difficile, mais
pas impossible. A 0 % , il me faudra mettre 100 % de la somme finale tout de suite, et comme j’ai
le bonheur d’avoir 9 petits enfants, chacun peut voir le problème auquel cette tentative se verra
confronté..
Rajoutons les impôts et pensons à l’impôt sur la fortune par exemple. Assez rapidement, je vais
devoir payer 1. 5 % ou 2 % de la valeur totale de ma fortune chaque année, alors que ma
rentabilité sur les placements sûrs est à zero, voir négative si j’achète des obligations allemandes
ou suisses. Mon capital va donc baisser en valeur nominale mettons de 2 % par an au minimum
après impôt, en admettant qu’il n’y ait pas de krach, ce qui veut dire qu’en un peu plus de 30 ans
la TOTALITE de mon capital va passer dans les mains de l’Etat.
Il s’agit d’une spoliation pure et simple du droit de propriété au profit de l’Etat, lequel, faut il le
rappeler est inscrit dans la Constitution. Ce qui fait qu’ayant été entrepreneur toute ma vie et
ayant eu la chance ou le mérite de gagner un peu d’argent, je risque de me retrouver totalement
appauvri et contraint à la mendicité si j’ai le malheur de devenir centenaire.
Et donc, empêcher les individus dans une démocratie d’organiser leurs futurs comme ils le
souhaitent est totalement attentatoire à la liberté individuelle.
Qui plus est, cela tue toute l’industrie de l’épargne longue (compagnies d’assurance, banques,
fonds de pension etc..), et comme l’épargne est égale à l’investissement sur le long terme, il est
CERTAIN que mon niveau de vie dans le futur va s’effondrer puisque nous aurons bouffé les
semences ce qui ne laissera rien pour semer.
Les lecteurs me diront que le socialisme et l’Etatisme sont toujours et partout les ennemis du
citoyen libre. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une nationalisation rampante de tous les
patrimoines. En trente ans, il n’y aura plus que des exilés ou des serfs, attendant de leurs
maitres leur pitance journalière. Car sans droit de propriété, il ne peut y avoir de Démocratie,
c’est ce que l’histoire a toujours démontré.
Me forcer à rester dans un endroit où je n’ai plus envie de vivre était déjà une atteinte
insupportable à ma liberté.
M’empecher d’organiser mon futur en fonction de mes préférences personnelles est à mon avis
bien pire.
Nous en sommes là.
Et cela se passe dans toutes les démocraties.
Il est temps, grand temps de renvoyer tous ces malfaisants à une obscurité dont ils n’auraient
jamais du sortir.
Les Anglais auront une chance de procéder à cette grande lessive le 23 Juin lors du vote sur le
Brexit et la panique chez les hommes de Davos est en train de monter a toute allure tant il
semble qu’ils vont prendre la bonne décision. J’ose espérer qu’ils sauront la saisir.
Et s’ils le font, les Néerlandais, les Suédois, les Danois, les Portugais, les Italiens, les Espagnols,
les Grecs demanderont eux aussi un référendum.
Et nous nous retrouverons avec monsieur Hollande qui pourra utiliser un nouveau slogan électoral
en remplacement de ‘ »Mon ennemi c’est la finance » par « Pour avoir un plat pays, votez
Hollande », sur musique de Brel. Je ne suis pas sûr que cela garantira sa réélection.