Lucien Longueville - Réussir sa Véranda

Transcription

Lucien Longueville - Réussir sa Véranda
 Reportage photo
Lucien Longueville
ouvre les portes de l’atelier d’Alexandre
Réalisation : Lucien Longueville
C’est en Aquitaine, dans la proche
banlieue d’Agen que se situe l’Atelier
d’Alexandre. Précisément au lieudit Bon
encontre où Lucien Longueville, maître
artisan ferronnier, travaille depuis 1995
avec sa fille Catherine et son gendre
Raphaël Pion, à la conception et à la
construction de vérandas en acier. Un
amour immodéré pour la ferronnerie
d’art qui s’est transmis de génération en
génération jusqu’à Catherine, la mère
du jeune Alexandre. Plongée au cœur
d’une passion familiale dont Lucien
Longueville est le fer de lance.
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Réalisation : Lucien Longueville
Qu’est-ce que l’Atelier d’Alexandre ?
LL : L’atelier d’Alexandre perpétue l’art de la construction métallique de tradition : marquises, balcons, portails… et vérandas haut de gamme qui représentent aujourd’hui 80 % de la production, Il
est implanté depuis 1992 sur un terrain de 5000 m2 dont 2000 de bâtiments dédiés à la construction
des vérandas et 800 au traitement de surface, c’est-à-dire le sablage, la métallisation et la peinture.
Mon gendre Raphaël (39 ans) est le gérant de l’Atelier d’Alexandre et ma fille Catherine (39 ans
également) a en charge la société de traitement de surface. L’effectif de l’atelier est d’une quinzaine
d’ouvriers qualifiés, marqué depuis peu par l’émergence de profils féminins, jeunes stagiaires en
C.A.P. de serrurerie, séduites par l’aspect créatif du métier.
Pourquoi avoir choisi la région du Sud Ouest pour installer l’atelier ?
LL : C’est une région délicieuse où la demande est forte, car on y trouve beaucoup de veilles maisons
à restaurer, de châteaux et d’ouvrages à l’ancienne en fer forgé. Les habitants y sont particulièrement sensibles à l’esprit d’autrefois et reviennent peu à peu à l’acier dans la plus pure tradition de la
ferronnerie d’art. Depuis 2000, l’Atelier d’Alexandre a doublé son chiffre d’affaires qui est d’environ
un million d’euros pour les vérandas et de 400 000 euros pour la ferronnerie d’art. En début d’année
2007, nous recruterons probablement 5 personnes supplémentaires. Il faut souligner que nous assurons nous-mêmes la formation de nos apprentis en vue de les garder dans l’entreprise.
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Quels outils et matériels utilise-t-on dans un atelier de ferronnerie ?
LL : Bien sûr, il y a la forge, l’enclume et les marteaux-pilon. Le fer
est découpé à la fraise scie et travaillé à l’aide de presses plieuses,
cisailles, poinçonneuses, rouleuses et autres cintreuses… En guise
de matériel, nous disposons également d’un stock important de
profilés métalliques, de marque PML, dont la finesse et la grande
résistance au poids constituent des atouts considérables pour le
marché du futur.
Comment se déroule la vie quotidienne à l’Atelier d’Alexandre ?
LL : C’est avant tout un atelier familial, ne l’oublions pas, et on
ne communique pas du tout de patron à employé. Mon gendre
prend le café tous les matins avec ses ouvriers. Quand ils rentrent
dans l’atelier ou au bureau, mon petit-fils Alexandre (13 ans) et
ma petite fille Julie (8 ans) vont dire bonjour à tout le monde. Les
relations qui s’établissent au quotidien sont forcément de nature
familiale : on connaît la vie de chacun, on déjeune souvent ensemble et après déjeuner, il arrive qu’on se retrouve au vestiaire
pour jouer au baby-foot… Et quand on demande à nos ouvriers de
travailler un peu plus, ils le font naturellement parce qu’ils savent
très bien que l’entreprise ne peut vivre sans eux. Nous ne sommes
ni des financiers, ni des industriels, mais simplement des artisans
qui valorisons toujours le travail réalisé par nos employés.
Quelles sont vos fonctions à l’Atelier d’Alexandre ?
LL : C’est moi qui suis chargé au bureau d’études de concevoir les
plans de fabrication des vérandas. Je fais d’abord, au premier coup
d’œil, un projet à main levée en fonction du site et des souhaits du
client. Si l’idée lui plaît, je passe au plan de fabrication pour rendre le projet techniquement réalisable. Il s’agit alors de composer
avec le style et l’histoire de la maison, la nécessaire épaisseur de
l’acier, la surface, la longueur et la largeur de la verrière…
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Réalisation : Lucien Longueville
Pour parvenir à rendre une véranda agréable à vivre, je pars toujours de ma culture personnelle et de mon patrimoine familial.
En fait, je ne fais ni plus, ni moins que redessiner et remettre au
goût du jour ce qu’on faisait il y a 150 ans !
Comme peut le faire un juriste, je vais parfois consulter la somme
de mes archives familiales pour vérifier si ce que j’ai dessiné correspond bien à l’esprit de l’époque. J’ai la chance d’avoir mis en
lumière une encyclopédie familiale exceptionnelle de 16 volumes
sur la ferronnerie et la construction métallique, du Moyen-Age à
l’Art Déco. Sept mois ont été nécessaires pour scanner les documents et les nombreuses planches de dessin, et les mettre ainsi à
la disposition des génération futures. C’est un travail fondamental
d’édition qui me tient particulièrement à cœur. Parce qu’à une
époque où la tradition se perd, il m’a semblé utile de laisser une
trace et de faire partager toute l’ingéniosité des ouvriers et des entrepreneurs d’autrefois qui ont donné naissance à d’authentiques
chefs d’œuvre. Architectes, décorateurs, concepteurs, métalliers
et forgerons peuvent accéder à un prix raisonnable à des ouvrages
spécialisés en ferronnerie, le plus souvent inabordables. Le premier volume qui est l’ouvrage de synthèse et le prélude aux suivants s’est déjà vendu à 800 exemplaires auprès des ferronniers et
des architectes. C’est une belle aventure éditoriale qui commence
et qui doit nous aider à retrouver la mémoire…
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