le front polisario

Transcription

le front polisario
EUROPEAN STRATEGIC INTELLIGENCE
AND SECURITY CENTER (ESISC)
LE FRONT POLISARIO
PARTENAIRE CRÉDIBLE DE NÉGOCIATIONS
OU SÉQUELLE DE LA GUERRE FROIDE ET OBSTACLE
À UNE SOLUTION POLITIQUE AU SAHARA OCCIDENTAL ?
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notamment aux Etats-Unis, en Europe, au Proche-Orient et en Asie du Sud.
 Sur des rencontres régulières avec des responsables politiques et militaires,
des membres de la communauté du renseignement.
 Sur des missions de terrain ponctuelles effectuées par des chercheurs de
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disponibles sur son site Internet : www.esisc.org
Pour tout contact : [email protected]
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Copyright © 2005 ESISC
All rights reserved
For public release
1
RÉSUMÉ ET RECOMMANDATIONS
A) RÉSUMÉ
Trente ans après le départ du colonisateur espagnol, le conflit du Sahara occidental
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Les trois parties en cause, le Maroc,l
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Algérie (qui abrite et soutient le Front
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du Sahara occidental est toujours inacceptable pour le gouvernement de
Rabat et la société marocaine, le Front Polisario, lui, ne veut entendre
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soutenu dans son intransigeance par le gouvernement algérien. Ce soutien et de
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Le Maroc, de son côté, semble prêt à trouver une solution politique qui
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regards se tournent désormais vers les Etats-Unis qui, dans le cadre de la
« guerre contre le terrorisme » et de leur plan de démocratisation du
monde arabo-musulman, ont tout intérêt à stabiliser le Maghreb mais
doivent, en même temps, concilier les intérêts de leurs deux alliés
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plusieurs centaines de prisonniers de guerre marocains dont certains étaient détenus
depuis plus de trente ans et qui semblent avoir subi, outre unedét
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durée injustifiable au regard du droit international, des sévices massifs
et répétés. Le Front entendait sans doute ainsi se refaire une virginité et enterrer les
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Par ailleurs, le Polisario, dirigé par le même groupe depuis trois décennies,
reste en déficit de démocratie interne. Il est accusé de garder, contre leur gré,
des milliers de Sahraouis dans les camps de Tindouf, en Algérie, et ce avec la
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direction du Front Polisario. La même direction a régulièrement été accusée de
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En tout état de cause, le Front Polisario ne semble pas, faute de réformes en
profondeur, pouvoir jouer un rôle dans une éventuelle solution politique négociée.
Seule une organisation régénérée, ayant réglé ses comptes avec le passé et qui assume
ses responsabilités pourrait être partie prenante à une telle solution.
B) RECOMMANDATIONS
► Concernant le statut du Sahara occidental
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3) Les États qui ont reconnu la RASD devraient prendre conscience que cette
entité, sans existence réelle et sans avenir, est davantage un obstacle à toute
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4) Les Etats-Unis devraient user de leur influence régionale pour appuyer une
solution négociée et donner à chacune des parties –y compris, si nécessaire, à
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e–des garanties que leurs intérêts fondamentaux seront respectés.
► Concernant les anciens prisonniers de guerre marocains
5) Une enquête internationale indépendante devrait être menée pour étudier les
conditions de détention qui furent celles des détenus marocains, civils et
militaires, du Polisario.
6) Il est nécessaire que ces anciens prisonniers soient reconnus comme des
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déférés devant des tribunaux.
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manière à ce que toute personne ou famille désireuse de regagner le territoire
du Sahara occidental soit libre de le faire.
9) Le Front Polisario devrait accepter le fait que toute solution ne peut être que
politique et négociée. Il devrait, par conséquent, renoncer définitivement à la
lutte armée et désarmer et démanteler ses troupes.
10) Pour éviter que les anciens combattants du Polisario ne se tournent vers la
criminalité ou le terrorisme, il serait souhaitable que la communauté
internationale prenne en charge la relocalisation et le reclassement des
anciens combattants du Polisario.
11) La direction du Polisario devrait accepter de fonctionner de manière
démocratique et, donc, se soumettre à de véritables élections. Il devrait rendre
des comptes pour sa gestion des trente dernières années.
12) Les responsables des crimes et détournements commis sous couvert du Front
Polisario devraient être identifiés et déférés devant les tribunaux.
13) Dans leurs contacts avec le Front Polisario, les responsables politiques
étrangers et les ONG devraient insister pour que le Front se conforme aux
recommandations précédentes.
4
TABLE DES MATIÈRES
I. INTRODUCTION
8
II. LES RACI
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UN CONFLI
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11
II.1. Le contexte géographique
11
II.2. Le contexte historique
11
III. GENÈSE ET IDÉOLOGIE DU FRONT POLISARIO
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III.1. Unac
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par des adolescents
20
III.3. Un mode organisationnel de type communiste, une obsession
de la sécurité
23
IV. LES QUINZE PREMIÈRES ANNÉES (1974-1991) :
DU TEMPS DES VICTOIRES À CELUI DE LA STAGNATION
25
IV.1. D’
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25
IV.2. Des débuts militaires prometteurs
27
 IV.2.1. De 1974 à 1980 : les offensives victorieuses
 IV.2.2. De 1981 à 1987 : fixation et reflux
 IV.2.3. De 1987 à 1991 :r
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29
30
V. LES CONSÉQUENCES DU CESSEZ-LE-FEU POUR LE FRONT
POLISARIO
33
V.1. Au plan militaire : démobilisation partielle et reconversion des
combattants
33
V.2. Au plan diplomatique :l
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V.3. Au plan organisationnel :s
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V.4. Au plan civil : la vie dans les camps de réfugiés de Tindouf
40
5
V.5. Défections et ralliements
42
VI. LA DÉRIVE DU FRONT POLISARIO : UNE ORGANISATION
ORPHELINE DE LA GUERRE FROIDE ET EN VOIE DE
DÉCOMPOSITION
44
VI.1. Le Front Polisario est-il une simple couverture des ambitions régionales
algériennes ?
44
VI.2. La situation des femmes et les accusations de « procréation forcée »
48
VI.3. La situation des enfants envoyés « étudier »àl
’
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« forcés à travaille ou à se prostituer »
49
VI.4. Les accusations de travail forcé
50
VI.5. Les accusations de détournement systématique des aides internationales
51
 VI.5.1. Ledé
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ONG
 VI.5.2. Ledé
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aide des organisations internationales
51
52
VII. LE DOSSIER DES PRISONNIERS DE GUERRE MAROCAINS
56
VII.1. Le non respect de la 3ème Convention de Genève par le Polisario
(
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)
56
VII.2. Les observations du Comité international de la Croix Rouge
58
VII.3. Les observations de Human Rights Watch
58
VII.4. Le rapport de « France liberté »
60




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
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La torture
La participation des militaires algériens aux mauvais traitements
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Le travail forcé
60
61
61
61
62
62
62
VII.5. La réponse du Front Polisario à « France Liberté »
63
VIII. QUEL AVENIR POUR LE POLISARIO ?
64
VIII.1. Un bilan qui demeure médiocre en matière de respect des droits de
l
’
homme
65
VIII.2. Une absence patente de volonté de dialogue
66
VIII.3. Une force de déstabilisation toujours active
67
6
VIII.4. Le Polisario est-il menacé par une dérive islamiste ?
68
VIII.5. Une dérive terroriste du Polisario est-elle possible ?
69
VIII.6. La gangrène du crime organisé
71
VIII. EN CONCLUSION
73
ANNEXE
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tRabat: la Guerre des Sables
75
INDEX
77
TABLE DES CARTES
Étapes de la décolonisation du Maroc
16
Le Sahara occidental
17
Principales batailles livrées par le Front Polisario
32
Le Mur de défense marocain et les régions militaires du Front Polisario
35
Carte des camps de réfugiés de la région de Tindouf
55
7
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INTRODUCTION
Dans le courant de l’
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r«les plus anciens prisonniers de guerre du
monde », la question du Sahara occidental a, à nouveau, brièvement, occupé le
devant de la scène. Elle est ens
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Maroc et risque, potentiellement, de déstabiliser toute la région.
A la fin du printemps, quelques émeutes et manifestations à Laâyoune, Dakhla et
Smara (région désignée comme Sahara occidental parl
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ONU,l
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eFront
Polisario et comme Provinces du Sud par le royaume du Maroc), dont une partie de
la population, notamment de jeunes adolescents, ont été habilement manipulés par la
propagande indépendantiste, ont été présentées comme une quasi-insurrection. Nous
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é2005,M. Mohamed Abdelaziz, Secrétaire général du Front
Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique
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t
dans une interview aux quotidiens français Le Monde et espagnol El Pais1 la
libération « imminente » de plus de 400 prisonniers de guerre marocains, détenus,
souvent depuis plus de vingt ans, par son organisation.
Échaudés par de multiples annonces ayant entouré le sort de ces prisonniers depuis
plus de dix ans, et surtout par le « saucissonnage » qui avait caractérisé les
précédentes libérations, les médias et les experts de la région doutaient, pour la
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aux Etats-Unis où elle avait rencontré plusieurs personnalités politiques de haut
niveau, dont le Sénateur républicain John McCain, lui-même ancien prisonnier de
guerre au Vietnam2. M. McCain avai
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pour obtenir la libération des derniers prisonniers.
1
Le Monde et El Pais, 13 juillet 2005
2
Voir, notamment, le magazine Jeune Afrique-L’
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, 24 juillet 2005.
8
Par ailleurs, on savait que le Maghreb et la zone subsaharienne étaient, depuis
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américaine, qui souhaite stabiliser la région et surtout réconcilier les frères ennemis
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A la mi-août, le Sénateur Richard Lugar, président de la Commission des Affaires
étrangères du Sénat et envoyé spécial du président Georges Bush, entamait une
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Bouteflika et avec le Roi Mohamed VI. Le 18 août 2005, enfin, à 19h 30 un avion
spécialement affrété par le gouvernement américain se posait sur le tarmac de
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-Massira, à Agadir. A son bord, les 404 derniers prisonniers marocains
du Front Polisario.
Ces libérations, étape indispensable à tout règl
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pourtant pas la condition suffisante, tant les positions des différentes parties en cause
restent éloignées les unes des autres. On peut donc penser que la diplomatie
américaine va continuer, dans les mois à venir, à s
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crise honorable et acceptable par tous.
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20063. Un vote automatique et quasi rituel qui, tous les six mois, occupe, depuis des
années, quelques minutes du temps de travail du Conseil. Le Secrétaire général,
toutefois, estimait que « L'absence de progrès a de plus été aggravée par le climat
politique généralement tendu dans la région » et que « la situation pourrait se
détériorer encore en l'absence de solution4 ».
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nous intéresser au Front Polisario, cette organisation indépendantiste née pendant
la dernière phase de la décolonisation du Maghreb et durant la Guerre froide –elle
est un pur produit de ces deux phénomènes –, qui survit tant bien que mal dans le
Sud de l
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et présentes du Front Polisario e
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occidental, à laquelle de nombreuses publications ont déjà été consacrées ces
dernières années – nous entendons toutefois revenir sur ce problème dans les
prochains mois afin de tenter de déterminer les conditions qui permettraient
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été très médiatisée à certains moments, peu connue en Europe et aux
Etats-Unis.
10
II
LES RACINES HISTORIQUES D’
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occidental dans son ensemble) de rappeler brièvement quelles sont les bases
géographiques et historiques du conflit.
II.1. Le contexte géographique
Le Sahara occidental (nous emploierons cette désignation internationalement
reconnue pourdé
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265.000 km² de territoire désertique regroupant les régions de la Saguiet al-Hamra
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Oued al-Dahad (anciennement Rio de Oro) au Sud.
Les villes principales sont : Laâyoune (Al-Ayun), Dakhla et Smara. La population est
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sphosphate, cuivre, fer - et ressources halieutiques accessibles depuis les quelque
1.400 kilomètres de côte. Par ailleurs, des travaux de prospection pétrolière seraient
toujours en cours dans la région.
II.2. Le contexte historique
Les Sahraouis étaient organisés en tribus de nomades et pasteurs se déplaçant sur
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Cheikh dirigeant chaque tribu. La plupart des tribus faisaient allégeance aux sultans
du Maroc.
En 1884, durant la colonisation partielle du Maghreb, le Sahara occide
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occupé par les Espagnols, qui débarquèrent des troupes à Dakhla (rebaptisée Villa
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11
partagée en une zone sous occupation militaire (Saguiet al-Hamra, au Nord) et une zone
colonisée (Rio de Oro, au Sud). Les frontières seront fixées par Madrid et Paris en 1886
et 1934. La colonisation espagnole se caractérisait par la volonté de pousser vers le Nord
(occupation de Tarfaya, en 1919) et de contrôler totalement les côtes (
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détachement militaire à Laâyoune en 1935). Cette période fut marquée par différents
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Peu avant la colonisation espagnole, le Maroc avait déjà perdu une partie de la frange
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Abd el-Khader qui trouvèrent refuge
au Maroc, la France déclara la guerre au royaume chérifien et, le 14 août 1844, le
Général Burgeaud défaisait les troupes marocaines commandées par Moulay
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Oued Isly. La défaite marocaine ouvrait la voie à
une révision des frontières concrétisée par le Traité de Lalla Maghnia qui, le 18
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Parallèlement à cette évolution dans la région saharienne, la fin du dix-neuvième
siècle était marquée par un net affaiblissement du pouvoir des sultans.
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et les épidémies minaient le pouvoir et la base sociale traditionnelle du Makhzen (le
Makhzen ou Maghzen désigne le système politique complexe basé sur le serment
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ras, signé le 7 avril 1906, place le
royaume du Maroc sous protectorat international. Six ans plus tard, à quelques
semaines près, le 30 mars 1912, le Traité de Fès remplace le protectorat
international par un protectorat purement français, un « Résident général »
assumant la réalité du pouvoir.
Durant la seconde partie du vingtième siècle, des milliers de Sahraouis participèrent
à la lutte du Maroc –not
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Armée
de libération nationale, (ci-dessous ALN-Sud) pour recouvrer son indépendance
et, dès que celle-ci fut acquise, le 3 mars 1956, le Roi du Maroc, Mohammed V,
faisait valoir des droits historiques et réclamait le retour des territoires sous contrôle
espagnol dans le Makhzen.En1
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de plus en plus intense de la communauté internationale, commençait à rétrocéder
les territoires occupés au Maroc :
 1956 : Rétrocession de la région du Nord (Tétouan, Nador).
 1958 : Rétrocession de la région de Tan Tan et Tarfaya.
 1969 : Rétrocession de Sidi Ifni.
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Roi Hassan II lançait, en octobre 1974, la Marche verte, rassemblant pacifiquement
350.000 hommes et qui devait hâter le retrait espagnol qui se termina en février
1976 : en 1975, la puissance coloniale quittait la Sakia El-Hamra (Laâyoune, Smara)
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non-alignés, entendait transformer en État souverain.
Voilà pour les faits bruts. Reste à les interpréter. Notre but, répétons-l
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nous livrer à une étude exhaustive de la question du Sahara occidental, mais bien de
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arguments sont, en général, avancés par le Front et ceux qui le soutiennent pour
justifier la revendication indépendantiste : c
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qui aurait eu quelques pouvoirs sur la région.
Nous ne trancherons pas, ici, ces deux questions, mais nous contenterons de
souligner que ces affirmations sont, pour le moins, sujettes à discussion. Ainsi, pour
ce qui est de la « nation sahraouie »,l
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eAnthony Hodges, qui travaille
depuis vingt ans sur les problèmes de développement et de minorités en Afrique,
estime que : « Le Sahara occident
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ué», cet argument est
régulièrement avancé par le Front Polisario et ses alliés. Ainsi, le 22 juillet 2002,
Mme Martine de Froberville, Présidente du Comité sur le Sahara occidental
Anthony Hodges : The origins of Saharawi nationalism, in Richard Lawless et Laila
Monahan, War and Refugees, The Western Sahara Conflict, Pinter, London, 1987, page 31.
5
13
(France) écrivait : « Par ailleurs tous les africanistes et politiques savent
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nom même de Maroc « apparaît, semble-t-il, sous les Saâdiens, dynastie ayant
régné de 1554 à 1659. Il serait le résultat de la contraction du nom de la ville de
Marrakech, la principale de leurs capitales. Auparavant, pour désigner le Maroc,
on parlait de Maghreb al-Aqça ou Maghreb extrême7 ».
Le Général Lyautey,pr
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le remarquait Lyautey, de représentations diplomatiques. Nous n’
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le Maroc, Tanger abrite la plus ancienne propriété diplomatique américaine au
monde. Et le seul bâtiment se trouvant en sol étranger inscrit au registre national
américain des lieux historiques : la légation américaine à Tanger10 ».
In : LeRappor
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http://sahara_opinions.site.voila.fr/Frob22002.htm )
6
Fiche Histoire du Maroc, des origines à nos jours, Ambassade de France au Maroc,
http://www.ambafrance-ma.org/maroc/histoire.cfm?print=1
7
8
Cité par Georges Vancher, Sousl
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In Histoire des peuples arabes, Éditions du Seuil, Paris 1993, pp. 324-325. Pourl
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e: A
History of the Arab peoples, 1991, rééditée en 2002, Faber and Faber, London, page 243.
9
In U.S. Department of State, Bureau of Near Eastern affairs, Background Note : Morocco
http://www.state.gov/r/pa/ei/bgn/5431.htm ) mise à jour en juillet 2005.
10
14
Mais si État marocain il y a eu, celui-ci englobait-i
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religieuse, économique et culturelle quand le pouvoir des sultans était affaibli.
Cependant, à aucun moment, les régions composant le Sahara occidental ne
cessèrent de faire partie de la marocanité12 ».
Le même auteur remarque encore que « Dernière preuve et non la moindre dans le
système constitutionnel marocain, la prière du vendredi était dite au nom du Sultan
du Maroc13 ».
11
Bernard Lugan, Histoire du Maroc des origines à nos jours, Paris, Éditions Perrin, 2000.
Bernard Lugan, La Marocanité du Sahara Occidental, communication au colloque « Le
Sahara occidental est-il prêt pour une solution politique ? », 3 mai 2004, New York.
12
13
Idem.
15
16
17
III
GENÈSE ET IDÉOLOGIE DU FRONT POLISARIO
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Liberación del Sagía el Hamra y Río del Oro, ou Frente Polisario. Lors du
deuxième congrès du Front, Mustapha Sayed Ouali en devenait Secrétaire
général et le Front s
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populaire sahraouie). Il est important pour mieux comprendre la genèse du
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en effet, complètement appréhender ce que fut le Polisario dè
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(aux rangs duquel figuraient plusieurs pays socialistes plus ou moins proches de
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tout le moins, soutenir les « mouvements de libération nationale » qui allaient créer,
pensaient-ils, autant « d’
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faisait partie de la stratégie soviétique.
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de la grande crise politique qui avait secoué une partie de la planète à la fin des
années soixante et au début des années soixante-di
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« monde nouveau ». Sa générosité et son aveuglement étaient largement exploités par
le « bloc soviétique » et ses alliés, qui trouvaient, principalement en Europe, de très
utiles relais logistiques et de propagande dansl
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Sur la Guerre des Sables, voir la première annexe de ce rapport.
18
sur son rival marocain. Idéologiquement, les deux adversaires campaient sur des
positions diamétralement opposées qui contribuaient à accroître leur antagonisme.
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monde en marche, dressé contre « l
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me» occidental. Le Maroc, lui, était
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France. Pour les Soviétiques comme pour les Algériens, il représentait la quintessence
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Ajoutons encore, pour que le paysage soit plus exactement décrit, deux autres
er septembre 1969, un comité de 12
facteurs régionaux. Le facteur libyen d’
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« Officiers libres » avait, sous la conduite du Colonel Muammar al-Kadhafi,
renversé le Roi Idriss et établi à Tripoli la « République arabe libyenne », fortement
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Khadafi déclenchait une « Révolution culturelle » visant à accélérer les réformes.
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libyenne socialiste et populaire. Pe
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occidental. Les Cubains étaient déjà présents en Algérie depuis 1963. Ils y avaient
dépêché un bataillon blindé équipé de chars soviétiques T33, des conseillers
militaires et des membres de leurs services de renseignement. Entre autres choses,
ces « conseillers » assistaient les organisations indépendantistes qui commençaient à
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plus de vingt ans. Juan Vivés était présent e
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mémoires récemment publié, il écrit : « En tout cas, à la suite de cet assassinat, Fidel
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Juan Vivés, El Magnifico, 20 ans au service secret de Castro, Paris, Éditions Hugo Doc,
2005, page 153.
15
19
Polisario : « L’
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ePolisario, ont été développées par
Cuba, et la seconde, en particulier, par le Che en personne16 ».
Le dernier facteur à prendre en compte est purement marocain : la fin des années
soixante et le début de la décennie suivante avaient été marqués par quelques années
noires pour Rabat. Le régime du Roi Hassan II avait connu une dérive autoritaire17
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du champ politique sur un fond de mutation profonde au niveau sociologique et à
celui de la culture politique18». La jeunesse scolarisée (essentiellement les lycéens)
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certains crurent que leur heure était arrivée. En juillet 1971, quelques dizaines
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sera, plus tard, ministre de la Justice et des Cultes de la République arabe sahraouie
16
Idem, page 154.
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lumière sur ces années troublées, a été installée le 7 janvier 2004 :
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,«Les années de braise », in le numéro spécial « 19052005 : Un siècle marocain » du magazine Le journal, 30 juillet 2005.
18
Sur cette période troublée, voir aussi Ignace Dalle, Les Trois Rois, la monarchie marocaine
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, Fayard, Paris, 2004.
19
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démocratique et celui de Mustapha Bouh, qui deviendra « Commissaire politique »
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Hametti Rabani : « Mon père était un notable de Dakhla. Il avait écrit plusieurs
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peine terminé le lycée, que le Polisario confie la tâche délicate entre toutes de veiller
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chargé des Relations extérieures à 21 ans et responsable de la formation politique
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qui caractériseront ce mouvement. La révolte de la jeunesse sahraouie est certes une
révolte contre la tutelle de Rabat, mai
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dernières années, sur de nombreuses questions touchant la jeunesse maghrébine,
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é – y compris celles,
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révolte était très similaire à celle qui se déroulait au même mome
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des adultes et, tout simplement, à exister. Les contextes marocain et sahraoui étant
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Entretien avec Hametti Rabbani, Rabat, 4 août 2005.
21
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
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leur influence a été plus importante et déterminante sur la population dans laquelle
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Extrémiste, idéologiquement parlant, le Polisario des premières années ? Pour nous
en assurer, revenons aux premières années du Front et écoutons Mustapha Bouh :
« Devenus adolescents ou jeunes adultes au moment où le colonisateur espagnol se
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se réfugièrent en Mauritanie. Le Colonel Kadhafi faisait alors une tournée dans le
pays pour y défendre ses thèses tiers-mondistes et « révolutionnaires ». Son
discours séduisit les jeunes et les premiers contacts furent pris. Les premières armes
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castristes, les marxistes-léninistes, les partisans de la voie libyenne, les tenants du
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…23 ».
22
23
Entretien avec William Racimora, Bruxelles, 7 septembre 2005.
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
22
III.3. Un mode organisationnel de type communiste, une obsession
de la sécurité
Cette idéologie « gauchiste » va, bien évidemment, fortement influencer la façon dont
le Polisario vas
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particulièrement chargés des « organisations de masse » encadrant trois
« catégories » de Sahraouis : les ouvriers, les paysans et les femmes. Avec 19 élus des
« Comités de base du peuple », les membres du Bureau politique forment un
« Conseil national du peuple ». A la base, chaque groupe de dix personnes est
organisé en cellule et chaque camp a sa propre hiérarchie militaire et politique.
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représentée chez ce peuple de pasteurs nomades à peine sédentarisés, la vulgate
marxiste-léniniste exigeant que la révolution ne puisse être faite que par une classe
ouvrière renforcée par la paysannerie pauvre, le Polisario s
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faire son entrée en force dans la communauté syndicale mondiale, en participant à
une conférence internationale des syndicats réunie à Rome à la demande de trois
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court lorsque plusieurs syndicats importants (dont Force ouvrière et la CFDT pour la
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souffrant de la même tare originelle. La direction du Front est donc tout
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formée et encadrée par la SM algérienne. La surveillance de la SM –qui compterait
environ 3.000 membres - e
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sont en contact avec eux. La surveillance des étrangers se fait entre autres via le
« service du protocole » dont les fonctionnaires seraient tous plus ou moins liés aux
services de sécurité.
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Cette atmosphère pesante se traduira notamment par plusieurs purges, dont le but
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du « réseau des Tekhna » en 1974, du « réseau des Rguibat El Foula » en 1977, de la
« Chabaka » en 1982. Ces tensions mèneront à un véritable soulèvement dans les
camps, en 1988, soulèvement durement réprimé par une direction qui refusait tout
dialogue. Ces quatre grandes vagues de répression interne feront des centaines de
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les formes et structures dont devait se doter le Polisario, et en 1995, je suis redevenu
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…26 ».
Témoignages, déjà cités, de Hametti Rabani et de Mustapha Bouh ; témoignage de Sidati El
Ghallaoui, ancien ambassadeur du Polisario, Rabat, 4 août 2005; nombreux témoignages
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2005.
25
26
Entretien avec Hametti Rabani, Rabat, 4 août 2005.
24
IV
LES QUINZE PREMIÈRES ANNÉES (1974-1991) :
DU TEMPS DES VICTOIRES À CELUI DE LA STAGNATION
Les premières années du Polisario seront celles qui le verront engranger quelques
victoires militaires et de nombreux succès diplomatiques.
Dans la foulée de la création du Polisario, ou presque, la naissance de la
République arabe sahraouie démocratique (RASD) est proclamée, le 26 février
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Tindouf où sont regroupés les camps de réfugiés et les principales infrastructures de
la RASD/Polisario. Mais cette existence virtuelle va donner une autre dimension à
la lutte du Front Polisario.
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solidarité se créent et le « pèlerinage » à Tindouf devient un must de la gauche antiimpérialiste.
Au plan diplomatique, la RASD va rapidement engranger les succès. Dès mars 1976,
soit quelques jours à peine après sa proclamation, voire le lendemain, plusieurs États
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Angola (11.03.76), du Bénin (11.03.76), de la Guinée Bissau (15.03.76), de la
Corée du Nord (16.03.76) et du Rwanda (01.04.76). Dans les années qui suivront,
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sÉtats emboîteront le pas à ces précurseurs. Tant et si bien que, au plus fort
de sa « popularité », la RASD sera reconnue par 79 États. En 1976, elle est admise à
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Succès diplomatiques28, donc, mais de portée somme toute assez limitée. A quelques
exceptions près (Inde, Iran, Mexique, Pérou)
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ne reconnaît la RASD. Même déception du côté des pays socialistes. Hormis la
Yougoslavie « non-alignée », les seuls pays à régime marxiste à reconnaître la
RASD – malgré son idéologie affirmée – sont les parents pauvres du camp
socialiste : des pays du tiers monde aux dirigeants parfois assez peu fréquentables
(
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Afghanistan, la Corée du Nord, Cuba, l
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Éthiopie de Mengistu, le
Mozambique du Frelimo, le Nicaragua sandiniste, le Vietnam, le Yémen du
Sud). Et que dire du monde arabe et musulman ?Out
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Algérie (bien entendu), la Libye, la Mauritanie (en 1984) et la
Syrie.
Aucun pays européen et, surtout, aucun pays du bloc socialiste ne reconnaît
officiellement la nouvelle République, même si certains Ét
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soutiennent en sous-main. Écoutons Mustapha Bouh : « Il faut être clair, même si
le nombre faisait illusion – près de 80 États nous avaient reconnus – cette
campagne diplomatique était un échec relatif. Dans le monde arabe et au MoyenOrient, leur espace géopolitique naturel, le Polisario et la RASD étaient très faibles.
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conflit et peut-être assez mal informés de ses tenants et aboutissants (on pense
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ou gelé leurs relations avec elle.30
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cette vague de reconnaissance et de la sympathie que suscite la cause sahraouie pour
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organisée par le Roi Hassan II e
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Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
Ces défections ne seront compensées que par de rares ralliements, les deux plus importants
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du Kenya, le 25 juin 2005. Au 1er septembre 2005, 54 États reconnaissaient la RASD.
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IV.2. Des débuts militaires prometteurs
Mais dans les premières années, le Polisario, s
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976-1980) ; puis une période de reflux et de
combats de retardements face à la nouvelle stratégie marocaine (1981-1987) ; ensuite
une phase de réorganisation (1987-1992) et, enfin, de 1992 à nos jours, une phase
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 IV.2.1. De 1974 à 1980 : les offensives victorieuses
Après quelques coups de mains réussis, le Polisario, dans la deuxième moitié des
années soixante-di
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populaire sahraouie) applique alors avec justesse et détermination la stratégie de
la guerre du faible au fort et fait de la guérilla son arme maîtresse. Il peut compter
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unités ou en colonnes de véhicules tous-terrains, le Polisario apparaît là où on ne
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x-Sahara espagnol (la région de Dakhla) et, bien entendu, le
Maroc qui en occupe les deux tiers nord.
Le combattant emblématique de cette époque est le commandant Lahbib Ayoub,
que la presse surnommera le Giap Sahraoui, par référence au stratège vietnamien qui
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aHarakat Tharir, une organisation créée par
Mohammed Bassiri et qui combat pour la libération du Rio de Oro. En juin 1971,
il est arrêté tandis que son ami Bassiri meurt sous la torture aux mains des
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1973, voit naître le Front Polisario.
Le 30 septembre 1973, il dirige un audacieux coup de main sur un petit poste
espagnol. Ce militaire autodidacte se retrouve, du jour au lendemain, commandant de
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-major du Front. Au début de 1975, il appartient
à la première promotion de combattants du Polisario à recevoir une formation
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opérations contre les troupes marocaines qui commencent à se déployer au nord du
Sahara occidental, Ayoub prend en charge la guerre contre la Mauritanie, le maillon
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expliquera-t-il dans la première interview accordée après son ralliement au Maroc, en
2002, mais elle était inférieure en combativité et en organisation31 ».
A compter de 1976, le Polisario commence à diversifier ses fournisseurs en
armements qui, jusque-l
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entre autres, vers la Corée du Nord32 . Désormais, et surtout à partir de 1978, les
combattants sahraouis pourront compter sur des canons sans reculs, des ZPU de
14,5 mm, des mortiers de 120, des lance-roquettes multiples (« orgues de
Staline »), des missiles portables SAM 7, des armes anti-chars RPG 7, etc.
Bientôt viendront les blindés T 55, les missiles anti-aériens SAM 6 Gainful
autotractés et les transports de troupes blindés BMP et BTR. Dès 1976,
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du Front.
En juillet 1976, Lahbib Ayoub –qui doit une grande partie de son autorité naturelle
non seulement à son charisme personnel mais aussi au fait que sa famille forme le
clan le plus influent de la fraction des R’
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hat- fait la démonstration
de la bonne utilisation de ces matériels. Pour venger el-Ouali, tué devant
Nouakchott le 6 juin 1976, il opère un raid de 400 kilomètres dans le désert, descend
de Nouadhibou et occupe brièvement les faubourgs de l
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attaques contre le train minéralier blindé de la SNIM (Société nationale de
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coopérants français avec leurs familles. Elle est défendue par une garnison de 1.500
hommes, mais avec moins de 300 combattants, il bouscule les lignes de défense,
franchit tranchées et fossés anti-c
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Liamine Zéroual (qui deviendra président de la République algérienne le 31 janvier
1994) que Ayoub at
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Le harcèlement des hommes de Ayoub finit par porter ses fruits. En août 1979, la
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Interview de Lahbib Ayoub par François Soudan, Jeune Afrique-L’
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2002. Ci-dessous, « interview Ayoub ».
31
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005 ; entretien avec un officier supérieur de
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32
33
Interview Ayoub, déjà citée.
28
Eddahab. Dès le 11 août, les Forces armées royales (FAR) du Maroc occupent la
ville. De fait, les FAR ne contrôlent que quelques agglomérations : Boujdour, Dakhla,
Laâyoune, Boucraa et Smara. Dans le désert, le Polisario f
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En janvier 1979, Lahbib Ayoub s
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directement aux trois colonnes blindées envoyées du nord pour sécuriser la région et
leur inflige de lourdes pertes.
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Sahraouis et leur connaissance et utilisation du terrain nous ont occasionné des
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nous épuiser en poursuivant les kataëb del
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… ».
 IV.2.2. De 1981 à 1987 : fixation et reflux
Le choix de la construction du mur de défense –en fait, une levée de sable pouvant
atteindre trois mètres de haut reliant des positions fortifiées et des « sonnettes »
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contraire aux règles de la guérilla. Les FAR bénéficient ainsi non seulement du choix
du champ de bataille mais aussi de celui de la forme que prendra cette bataille : une
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Commencée en janvier 1980, la construction du « mur » se poursuivra en six tranches
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internationalement reconnues du Maroc) à Guergarat, sur la côte atlantique. Sur
34
Entretien avec un officier supérieur marocain, Rabat, 8 août 2005.
29
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kilomètres, et définit ainsi deux zones : un Sahara occidental « de l
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sécurisé par le « mur », et une étroite bande de terrain de plusieurs dizaines de
milliers de kilomètres carrés constituant un noman’
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Polisario peuvent se déplacer à leur gré. On notera toutefois que celles-ci, pour
descendre du Nord au Sud, ne peuvent faire autrement que de passer, parfois assez
longuement, par le territoire mauritanien. Pour éviter de se trouver confrontée à
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tentent le franchissement des portions du « mur » qui sont en construction, tuent ou
enlèvent les militaires participant aux travaux ou les protégeant, et posent des mines
pour gêner leurs mouvements quand elles se retirent.
En mars 1981, à Guelta Zemmour, les batteries de missiles anti-aériens autotractées
SAM 6 Gainful dont sont désormais dotées certaines kataëb commandées par
Lahbib Ayoub abattent un gros porteur C-130, deux chasseurs bombardiers F-5
(surnommé Freedom Fighter parce que les Etats-Uni
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les brèches séparant les différents tronçons du « mur », mais ne pourra empêcher
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mur nous imposait un autre type de guerre. Les Marocains avaient adapté leur
stratégie et, à notre tour, nous devions faire de même », se souvient Mustapha
Bouh35.
 IV.2.3. De 1987 à 1991 :réorgani
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Après 1987, seules de très rares incursions derrière le « mur de défense » réussiront
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APLS change alors de stratégie et en vient, comme le souhaitaient les FAR,
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directement aux fortifications marocaines en concentrant des forces importantes.
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est organisée en 7 régions militaires, 3 au Nord, 3 au Sud et une à Tindouf. Au Nord,
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35
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
30
appuyée, au centre, par la 2ème région « renforcée » et mécanisée de Tifariti. Au Sud,
ce sont la 3ème région (Mijeh) et la première (Zoug), appuyées au centre par la 7ème
région « renforcée » et mécanisée de Sellâourich. Près de Tindouf, enfin, la 6ème
région militaire du Polisario regroupe le commandement et la logistique générale36.
Aux attaques nocturnes (rendues possibles par des moyens infrarouges) et
accompagnées de poses de mines, font succéder quelques opérations spectaculaires
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conventionnelle que lui impose désormais le Maroc. La dernière grande bataille du
Commandant Ayoub aura lieu à Guelta Zemmour, en octobre et novembre 1989 :
avec plusieurs dizaines de blindés, il attaque le « mur », le perce mais doit se retirer
face aux contre-at
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32
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LES CONSÉQUENCES DU CESSEZ-LE-FEU
POUR LE FRONT POLISARIO
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pourtant favorable. En existant sur le terrain militaire, le Front était devenu un
acteur régional incontournable. C’
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existé sur le terrain diplomatique37 ». La fin de ceux-ci aura des conséquences
importantes pour le Front Polisario et sa cohésion.
Au début des années quatre-vingt-dix, en tout état de cause, les observateurs
militaires et civils de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Référendum
au Sahara occidental) se déployaient dans la zone contestée.
V.1. Au plan militaire : démobilisation partielle et reconversion des
combattants
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guerre, les combattants comprenaient bien ce que le « mur » signifiait pour eux et
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dans les camps de la régiondeTi
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récompensés. Quant aux familles des morts, elles subsistaient dans le dénuement.
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ils voyaient aussi, en revanche, que les chefs du Polisario, eux, vivaient bien. Et
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consentis en vain ou, pire, pour permettre à une clique de dirigeants de se pavaner
dans les colloques internationaux et les capitales étrangères en dissertant sans fin sur
une République sahraouie qui, le « mur » aidant, devenait chaque jour un peu plus
virtuelle38.
37
Interview Ayoub, déjà citée.
33
Une partie notable des combattants choisira alors, plutôt que de rentrer dans les
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discussions ont eu lieu avec la direction, et ceux qui privilégiaient « l
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nouvelle mobilisation. La direction, elle, a préféré fermer les yeux :d’
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nouvelle situation née du cessez-le-feu ne nécessitait pas le maintien sous les armes
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APLS, soit 6.000 hommes,
ont alors choisi de se replier vers la Mauritanie. Moins de dix ans plus tard, en 2000,
lorsque la direction sonnera le tocsin et appellera à la mobilisation générale des
effectifs pour s
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-Dakar par le Sahara occidental,
moins de 50% de ceux qui étaient partis après 1991 répondront présents39.
Mais il fallait malgré tout compenser certains de ces départs volontaires, ne fût-ce
que pour que les « Régions militaires » puissent faire illusion et être dotées des
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direction du Polisario.Se
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son heure de gloire - serait aujour
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souligne que « En1
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français familiers avec les questions du Maghreb.
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situation dans le Maghreb.
40
41
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
34
35
V.2. Au plan diplomatique :l
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sement des tentatives de
règlement international
Politiquement, une étape importante semblait avoir été franchie lorsque le Maroc et
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totalement sur les étapes intermédiaires devant conduire à celui-ci et, surtout, sur le
nombre de personnes à consulter. Tout tournait autour de la question « qui est
Sahraoui ? » et, donc, « qui peut voter ? »
Tant bien que mal, il fut admis que cinq catégories de votants pouvaient être
acceptées :
1) Les personnes mentionnées dans le recensement espagnol de 1974 (qui
comptait 74.000 noms, portés à 80.000 par le méticuleux travail de la
MINURSO).
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3) Les parents et enfants des deux premières catégories.
4) Les personnes pouvant prouver que leur père était né sur le territoire.
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En fait, dès le départ, le Polisario ne souhait voir participer au référendum que les
personnes inscrites sur les listes de 1974 confectionnées par les Espagnols à la fin de
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certain laps de temps.
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la présente étude).
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nJames Baker. En juin 2001, M.
Baker proposait son plan de règlement (Plan Baker 1) qui prévoyait une période
intermédiaire de cinq ans avec autonomie interne du Sahara dans la cadre du
royaume du Maroc puis un référendum. Alger et le Polisario rejetaient cette
proposition, pourtant faite sienne par M. Annan, qui avait le désavantage, à leurs
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Deux ans et demi plus tard, en janvier 2003, James Baker proposait un deuxième
plan de règlement (Plan Baker II) : durant 5 ans, le Sahara serait géré par une
Autorité du Sahara occidental (
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territoire et garderait les compétences relatives à la Défense nationale et aux
Relations extérieures. Nouveau blocage, du côté de Rabat cette fois, qui considère que
le plan proposé est inapplicable et propice à la déstabilisation de toute la région. Le 11
juin 2004, James Baker,c
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retour pur et simple à la « case départ », chacun campant sur des positions
inconciliables.
Certains experts (encore fort discrets pour le moment) commencent donc à explorer
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souvent des difficultés telles que, par exemple, la création de nouvelles minorités au
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étroitement différentes ethnies42 ».
On constatera, en tout cas, que cette voie semble être, depuis quelques années, celle
que souhaite emprunter le royaume du Maroc. En septembre 1999, le Roi Hassan II
mettait en place une « Commission royale de suivi des affaires sahariennes » à
laquelle participaient des personnalités du Sahara. Par ailleurs, depuis les années
quatre-vingt, de vastes programmes de mise en valeur des « Provinces du Sud » (pour
utiliser la terminologie en cours à Rabat) ont été lancés et plusieurs milliards de
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et la rigidité de la direction du Polisario/RASD.
Pierre Olivier Louveaux remarque que « LeFr
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rapidement une solution au problème sahraoui. Depuis la chute du mur de Berlin,
les soutiens des pays amis et la motivation idéologique au sein des camps se sont
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e: http://medea.be/print.html?page=&lang=fr&doc=1568 . Désigné cidessous comme « Rapport Louveaux ». Voir aussi, du même auteur Self Determination and
Autonomy : a contradiction ? in Third collection of essays on Mediterranean security,
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43
« Rapport Louveaux », déjà cité, page 3.
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Les anciens dirigeants, ralliés au Maroc, du Front Polisario, font le même constat.
Hametti Rabani, ancien ministre de la Justice : « Malgré le semblant de dialogue
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écartés ou soumis à des « enquêtes de sécurité ».Ce
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autres, à Rome et à Malte : « Cet exercice solitaire du pouvoir par une direction
confinée dans ses villas et dont certains membres ne mettent même plus les pieds
dans les camps de réfugiés, a induit une grande méfiance de la part de la population
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…46 ».
Mustapha Bouh, ancien Commissaire politique des armées47, estime que ce divorce
et les dissensions au sein de la direction ont commencé dès la fin de la construction
du « mur de protection » : « C’
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…48 ».
44
Idem, page 4.
45
Entretien avec Hametti Rabani, Rabat, 4 août 2005.
46
Entretien avec Sidati El Ghallaoui, Rabat, 4 août 2005.
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travailleurs sahraouis, etc.
47
48
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
39
Pour autant, le Polisario faisait tout pour convaincre sympathisants, bailleurs de
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Bouh se rappelle : « Lor
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Ayoub : « Abde
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prétorienne de quarante personnes et ne compte plus que sur ses services de
renseignement et sur une gendarmerie à sa dévotion. Le secrétariat national ne se
réunit que tous les six mois pour entériner les décisions prises par le président.
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V.4. Au plan civil : la vie dans les camps de réfugiés de Tindouf
Alors que la direction du Polisario est concentrée au camp de Rabouny, à 23 km au
Sud-est de Tindouf, les réfugiés, eux, sont abrités dans quatre camps distants
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on20à25km deRabounyet rebaptisés du nom de villes du Sahara
occidental. Du Nord au Sud, ce sont les camps de Al-Aayun, Aousserd, Smara et
Dakhla.
Plusieurs observateurs et travailleurs humanitaires ou de sympathisants du Front
Polisario qui ont pu se rendre régulièrement dans ces camps depuis une quinzaine
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Certains ont également constaté de criantes inégalités. Selon Pierre Olivier
Louveaux,qui s
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a mis en place un « système de clientélisme qui permet aux dirigeants de garder une
emprise forte sur la population. Les personnes ont très peu de droits établis. Tous
doivent quémander les faveurs des dirigeants. Ces faveurs peuvent consister en, par
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Interview Ayoub, déjà citée.
40
Front Polisario, le droit de sortir des camps et, probablement également des faveurs
économiques 51».
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étrangers pourraient avoir avec cette catégorie de la population, réelle victime de ce
conflit, otage du Front Polisario52 ».
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les services de sécurité du Front de même que par la Sécurité militaire algérienne.
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facilités que, comme le souligne Louveaux : « Etant donnée la situation de
paranoïa généralisée suite au conflit qui les oppose au Maroc, certaines zones ou
certains mouvements sont considérés comme de « sécurité nationale ». Le Front
Polisario manie habilement ce concept de situation de crise pour éviter de clarifier
certains points ou pour justifier certains de leurs contrôles ou surveillances53 ».
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est située dans une zone militaire algérienne. Bien que la représentante de HRW fut
encouragée par les membres du Polisario à se déplacer librement dans les camps et
à parler à qui e
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déplacements54 ».
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camps du Polisariopr
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« Rapport Louveaux », déjà cité, page 5.
52
Idem.
53
Idem, page 4.
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e:http://www.hrw.org/reports/1995/wsahara.htm
U.S. Department of State, Bureau of Democracy, Human Rights and Labor, Country
Reports on Human Rights Practice, Western Sahara, 23 février 2001. Ce rapport peut être
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e: http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2000/nea/825.htm
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Même constat dans le rapport 2002 : « Le Polisario aurait limité les libertés
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on et de mouvements dans ses camps
proches de Tindouf. En juin, des membres de deux ONG représentant des Sahraouis
qui ont quitté les camps du Polisario ont rencontré, à Laâyoune, des diplomates
étrangers et leur ont fourni des photographies de victimes de torture et des
documents alléguant que des abus avaient été commis dans la région de Tindouf56 ».
Une affirmation répétée dans le rapport 2004 (rendu public le 28 février 2005) du
U.S. Department of State, Bureau of Democracy, Human Rights and
Labor57.
V.5. Défections et ralliements
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-vingt, le Roi Hassan II lançait un « appel
aux frères égarés pour regagner la patrie clémente et miséricordieuse ».
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notre chance de vraiment faire bouger les choses dans le bon sens pour les
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U.S. Department of State, Bureau of Democracy, Human Rights and Labor, Country
Reports on Human Rights Practices, Western Sahara, 2002, rendu public le 31 mars 2003:
http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2002/18292.htm
56
Country Reports on Human Rights Practices, Western Sahara. Ce rapport peut être trouvé
àl
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e: http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2004/41735.htm
57
58
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
42
chacun qui en avait besoin. Pire :dé
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prétendre être efficaces pour diriger un immense territoire peuplé de centaines de
milliers de personnes ? Nous ne pouvions que faire le malheur de notre propre
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…59 ».
Depuis la fin des combats, pour une raison ou pour une autre, des milliers de réfugiés
sahraouis ont décidé de quitter Tindouf et de regagner le Maroc ou, pour une
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de tous niveaux et des dizaines de dirigeants et de responsables en vue.
Au nombre de ces derniers (
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 Ahmed Moul
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Hamed, dit Ahmed Cherif, ancien chef des services de
sécurité.
 Le commandant Ayoub Lahbib, membre fondateur du Polisario.
 Baba Mustapha Sayed, représentant du Polisario au Canada.
 Bahir Dkill, membre fondateur du Polisario, ancien représentant de
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 Brahim Hakim, ancien ministre et représentant du Polisario en Amérique
du Nord.
 Ghaouta Mohamed Ahmed Baba, un des responsables du recensement.
 Ghoulam Najem Mouichame, représentant en Allemagne.
 Guajmoula Bent Ebbi, anc
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 Mohamed Salem Khatri, ancien membre de la direction nationale du
Polisario.
 Hametti Rabani, ancien ministre de la Justice et des Cultes.
 Mus
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 Omar Hadrami, membre fondateur du Front et membre du Bureau
politique.
 Sidati El Ghallaoui, ancien représentant du Polisario à Rome et à Malte.
59
Entretien avec Hametti Rabani, Rabat, 4 août 2005.
43
VI
LA DÉRIVE DU FRONT POLISARIO :
UNE ORGANISATION ORPHELINE DE
LA GUERRE FROIDE ET EN VOIE DE DÉCOMPOSITION
Le rapide profil du Front Polisario tel que venons de le tracer, de sa naissance au
cessez-le-feu de 1991 et à son retrait du champ des opérations militaires, définit le
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large collecte de documents et de témoignages qui ont été soumisàl
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résulte que si certains reproches adressés au Polisario ne reposent manifestement
sur aucune base solide –et sont parfois manifestement non fondés –,l
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VI.1. Le Front Polisario est-il une simple couverture des ambitions
régionales algériennes ?
Régulièrement, depuis 30 ans, le Front Polisario a été présenté par ses détracteurs
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au plan régional et en Afrique.
M. Ahmed Lahlimi, alors ministre délégué marocain auprès du Premier ministre et
chargé des Affaires générales du gouvernement, déclarait le 23 novembre 1999, en
recevant une délégation de parlementaires français : « L’
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Même si le propos peut sembler lapidaire et peu nuancé, plusieurs éléments viennent
appuyer cette thèse :
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début de cette étude.
 Depuis la Guerre des Sables (voir annexe 1), Alger à un compte à solder avec
Rabat.
 Si elle souhaite amplifier son rôle en Afrique, notamment du point de vue de la
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demeure actif, tensions sociales provoquées par le mauvais partage de la rente
pétrolière, rivalités politiques au sommet du pouvoir, absence de
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rappelé par la direction du Polisario : les camps de Tindouf sont situés en Algérie,
ce pays a armé, entraîné et financé le Polisario sans interruption depuis plus de
trente ans. Il a permis que plus de deux milles prisonniers de guerre marocains soient
retenus sur son sol dans les camps du Polisario, pour la plupart durant vingt ans.
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prenante dans ce conflit vieux de trente ans, et cela contrairement aux allégations de
ses dirigeants qui se veulent de simples défenseurs des droits des peuples à disposer
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ux-mêmes. Il ne nous semble toutefois pas possible de définir le Polisario comme
une organisation exclusivement au service de la politique algérienne. Comme nous
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permanente des « conseillers » algériens dans les opérations militaires avant 1991, de
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le sort des populations concernées.
Ainsi en a-t-il été, après la mort de el-Ouali Mustapha Sayed, de la désignation de
Mohamed Abdelaziz comme Secrétaire général du Polisario et président de la
RASD alors que celui-c
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considéré comme leur homme61 ». Et non sans raison, du point de vue tribal,
Mohamed Abdelaziz appartenant à la fraction minoritaire des R’
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Autre élément de réflexion : constatant le blocage résultant du rejet du Plan Baker,
Alger proposait, début 2003, la partition pure et simple du Sahara occidental entre le
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une interview explosive consentie au quotidien marocain La Gazette du Maroc, en
mars 2003, le Général Khaled Nezzar, anc
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-major et ancien ministre
de la Défense algérien, déclarait, évoquant la question sahraouie : « J’
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de nous, ce qui implique la nécessité de créer coûte que coûte notre propre espace
maghrébin63 ».
Le Général évoquait ensuite une solution « ni perdant ni gagnant », permettant
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s», de leur permettre de « rejoindre le pays dans le cadre
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frontières ».
61
Interview Ayoub, déjà citée.
62
Idem.
Interview du Général Khaled Nezzar par Samir Sobh, La Gazette du Maroc, 10 mars 2003.
Ci-dessous, « interview Khaled Nezzar ».
63
64
Interview Khaled Nezzar, déjà citée.
46
A en juger par les récentes déclarations du Président Bouteflika65 sur la question et
par la lecture de la presse algérienne, la vision de Khaled Nezzar est pourtant
minoritaire, même si elle fut partagée par le Président Mohammed Boudiaf auquel
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Afrique du
Sud et le Kenya à reconnaître la RASD66.
Dans le cadre des tensions qui continuent à miner les relations entre Rabat et Alger, il
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détection), le reste semble davantage destiné à des opérations extérieures : blindés
sud-africains, lanceurs FROG 7 (
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portée de 600 km) et No-Dong 1 (1.000 km) achetés à la Corée du Nord. Chasseur
Sukhoï 24, chasseurs-bombardiers SU-24MK, chasseurs multi-tâches
Mig 29MT,e
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quelle utilité réelle lui seront ces matériels.
A ce propos, nous citerons le Dr William Zartman, directeur du programme de
Management des conflits à la Paul H. Nitze School of Advanced International
Studies de la John Hopkins University (Washington), qui estime que « la question du
Sahara [
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En conclusion, même si la création du Polisario ne nous semble pas avoir
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avons recueillis et la documentation que nous avons compilée nous
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67 Intervention du docteur William Zartman, le 3 mai 2004 lors du colloque « Le Sahara est-il
prêt pour une solution politique ? », à New York.
66
47
VI.2. La situation des femmes et les accusations de « procréation
forcée »
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poursuivait une politique de « procréation forcée » imposant aux femmes de
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médias pour qualifier les femmes sahraouies qui, selon eux, seraient les victimes de
cette politique.
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divorce, elle garde tous les biens donnés par son père comme ceux offerts par son
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marie, la femme passe de la tutelle du père à celle de son mari. Une fois divorcée,
68 ». Quant à la polygamie, elle
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est inexistante, le contrat de mariage des Sahraouies comprenant depuis des
décennies une clause stipulant que « la sabiqa wa la lahiqa, wa ida tamma dalika fa
amrouha biyadiha » (approximativement : « ni précédente, ni suivante et si cela se
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Les « preuves » de la politique de procréation forcée –s
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plusieurs femmes de tout âge qui avaient vécu dans les camps de la région de Tindouf
et avec des travailleurs humanitaires qui avaient fréquenté ces camps69. Rien dans
leurs dires et dans leurs témoignages ne nous a permis de conclure que cette politique
continuait de nos jours.
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(HRW) de 1995 souligne que : « Des femmes interrogées sur le contrôle des
naissances dans les camps ont répondu : « Auc
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utilisent. Mais il est vrai que le Poli
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Polisario, expliquait il y a quelques années que les jeunes filles « sont obligées de se
68
Cité dans le magazine Tel Quel, 1er novembre 2005.
69
Entretiens effectués en juillet et août 2005.
Western Sahara keeping it secret, The United Nations Operation in the western Sahara,
HRW, October 1995, http://www.hrw.org/reports/1995/wsahara.htm
70
48
marier dès le plus jeune âge et se voient refuser tout accès aux moyens de
contraception moderne ».Lebutr
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camps, la direction « oblige les femmes à accepter la polygamie ». En octobre 1996,
Mme Gamoula Bent Ebbi, ancien membre du Bureau politique du Front Polisario,
notait71 : « Les femmes sont exploitées par le Polisario, elles ne sont pas respectées et
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En conclusion, nos recherches établissent que l
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VI.3. La situation des enfants envoyés « étudier »àl
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« forcés à travailler ou à se prostituer »
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Cuba pour y poursuivre leur scolarité étaient, en fait, victimes de travail forcé voire
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dans les plantations de cannes à sucre et de tabac tandis que des jeunes adolescentes
seraient forcées de se prostituer.
Plus de 5.800 enfants et adolescents sahraouis vivraient actuellement à Cuba,
souvent en dépit de la volonté de leurs parents, et sous prétexte de « scolarisation ».
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et la décolonisation, le 10 octobre 1996.
72 Juan Vivés, op. cit., page 153.
71
73
Entretien avec Hametti Rabani, Rabat, 4 août 2005.
49
Selon M. Rabani, les enfants sont envoyés à Cuba par « groupes de 500, depuis
1976 » et « il y en aurait en permanence 2.000 sur place74 ». Il estime « certain » que
nombre de ces enfants sont exploités dans des plantations, se montre plus réservé sur
les accusations de prostitution mais admet « que certains faits qui pouvaient faire
penser que certaines très jeunes filles sahraouies à Cuba se prostituaient75 » lui ont
été rapportés.
Nous avons rencontré, au Maroc, plusieurs jeunes femmes qui avaient vécu dans les
camps du Polisario e
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Nous avons également rencontré des parents qui, vivant dans les camps de Tindouf,
avaient été « privés de leurs enfants durant plus de quinze ans, ceux-ci ayant été
envoyés àCubadè
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soulignent que ces enfants « nepouvantê
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de leur famille, grandissent seuls et sans attaches ou repères familiaux» et estiment
que le but poursuivi était double : « pouvoir endoctriner ces enfants loin du milieu
familial pour en faire de futurs combattants » mais aussi « obliger les parents à
77 ».
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VI.4. Les accusations de travail forcé
Il a été dit à plusieurs reprises que la direction du Front Polisario obligeait les
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on Human Rights Watch remarquait en 1995 à ce propos : « La
situation dans les camps est décrite par les Sahraouis en termes utopiques, avec
chacun travaillant librement « pour la cause ». En fait, la liberté des réfugiés est
sujette à certaines restrictions. Par exemple, la force de travail des camps, des
écoles, des hôpitaux et des structures « gouvernementales » provient des camps
mais personne ne reçoit de salaire. A la place, ils reçoivent des payements en nature,
74
Idem.
75
Idem.
76
Témoignages recueillis à Rabat, début juillet 2005.
77
Témoignages recueillis à Rabat entre le 2 août 2005 et le 10 août 2005.
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ble de ne pas travailler, un
représentant du Polisario a répondu : « chacun souhaite travailler79 ».
Nous avons recueilli des témoignages allant dans le même sens. Ils ne permettent pas
de conclure que le Front Polisario pratique le « travail forcé » mais font état
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Polisario pratique le travail forcé, le fait de « payer » des réfugiés pour
leur travail en leur attribuant des vivres et des biens de consommation
courante, qui sont eux-mêmes fournis à la direction des camps par des
organisations humanitaires et par la communauté internationale au titre
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VI.5. Les accusations de détournement systématique des aides
internationales
Il se dit depuis plusieurs années que les aides internationales seraient
systématiquement détournées sur une grande échelle par le Front Polisario. Ces
accusations touchent aussi bien le détournement de fonds et de moyens attribués à
des programmes humanitaires par des ONG indépendantes que le détournement de
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Au cours de nos recherches, nous avons pris contact avec ces deux organisations.
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Human Rights Watch, rapport 1995, http://www.hrw.org/reports/1995/wsahara.htm,
page 28.
78
79
Idem.
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80
51
ont affirmé « avoir été délibérément cités de manière mensongère81 ». Nous en
prenons acte.
Toutefois, nous ne pouvons passer sous silence le témoignage de Ghoulam Najem
Mouichame, ex-représentant du Polisario à Bremen (Allemagne) où il était chargé
de superviser les dons allemands aux réfugiés sahraouis : « Durant toute mon action
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allemands est systématiquement détournée par les membres de la nomenklatura du
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gérie et au nord de la
Mauritanie82 ».
De même, en mars 1999, le quotidien espagnol El Pais rapportait que « Une aide
humanitaire de 64 millions de pesetas remise par la Croix rouge espagnole au
Polisario pour acheter 430 chamelles avait disparu83 », les dirigeants du Front
auraient ensuite « acheté » des chamelles leur appartenant déjà. El Pais remarquait :
« Le responsable de la coopération internationale » du Polisario, Embarek
84 »
Malainine, « n’
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mettant en cause le conseil municipal de Gran Canaria qui aurait acquis une villa à
Arucas au profit de Mohamed Abdelaziz, président de la RASD, pour un montant
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courante repose sur le différentiel qui existerait entre le nombre réel de réfugiés
abrités dans les camps de Tindouf et leur nombre officiellement déclaré, et sur base
duquel le volume global de l’
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Entretien téléphonique avec Mme Nicole Dagnino, directrice d’
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s du
Monde, le 31 août 2005 ; conversation et échange de mails avec Mme Ulrika Persson,
Program officer-Middle East, Rädda Barnen, le 1er septembre 2005.
81
Cité dans le document « Détournement des aides humanitaires par le Polisario,
Phénomène et témoignages »,doc
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http://www.mincom.gov.ma/french/reg_vil/regions/sahara/maintien_des_r%C3%A9fugi%
C3%A9s_sahraouis_.htm
82
83
El Pais, 7 mars 1999.
84
Idem.
52
Le Polisario déclare depuis des années la présence de 155.000 à 170.000 personnes
réfugiées dans la région de Tindouf, mais des organisations indépendantes et des
observateurs neutres estiment quant à eux que le nombre réel de réfugiés serait
compris dans une fourchette de 70.000 à 90.000 personnes. Certaines indications
objectives, provenant de sources indépendantes, tendent à confirmer cette fourchette.
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antipersonnelles entre avril 1998 et mai 2000, « informant à peu près 90.000
réfugiés85 ».
Plusieurs années durant, le U.S. Committee for Refugee and Immigrants86
(ci-dessous, le Comité) a estimé de manière constante, dans les chapitres de ses
rapports annuels consacrés au Sahara occidental, que le nombre total de réfugiés
sahraouis était de 110.000 « dont quelque 80.000 en Algérie, environ 25.000 en
Maur
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Dans son rapport 2003, le Comité note : « Comme les années précédentes, le
nombre réel de réfugiés sahraouis demeure une question discutée. Les autorités
algériennes et les dirigeants des réfugiés continuent à affirmer que 165.000 réfugiés
vivent dans les camps de la région de Tindouf, mais, pour des raisons politiques, ils
ont empêché le UNHCR de conduire un recensement pour vérifier ce chiffre. Les
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Committe for Refugees a estimé que le nombre réel des Sahraouis réfugiés en
Algérie est à peu près de la moitié du nombre officiellement annoncé87 ».
Dans son rapport 2004, le Comité se range toutefois au chiffre officiel de 165.000
mais il précise : « le USCR réajuste ce chiffre pour refléter le nombre de bénéficiaires
desservis par les agences humanitaires internationales88 ».Cequin’
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que leur nombre ait été vérifié de manière indépendante.
Mais dans son dernier rapport en date, celui de début 2005, le Comité revient à une
estimation plus proche de cell
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avant: « Le gouvernement
[algérien] a autorisé le groupe rebelle Polisario à consigner [to confine] une
centaine de milliers de réfugiés du Sahara occidental dans quatre camps autour de
la zone militaire de Tindouf, près de la frontière marocaine, « pour des raisons
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Chiffre cité dans le rapport 2000 de Landmine Monitor, « Sahara occidental,
Développements majeurs depuis mars 1999 » :
http://www.icbl.org/lm/2000/country/sahara/index.php3
85
86
www.refugees.org
U.S. Committee for Refugees and Immigrants, rapport 2003,
http://www.refugees.org/countryreports.aspx?_VIEWSTATE=dDwxMTA10TA4M
87
Idem, rapport 2004 :
http://www.refugees.org/countryreports.aspx?_VIEWSTATE=dDwxMTA10TA4M
88
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algérienne et livrés aux autorités du Polisario avec lesquelles elle collabore
étroitement en matière de sécurité89 ».
La différence entre les chiffres réels de réfugiés et le chiffre annoncé par le Polisario
nous a été confirmé par Mustapha Bouh : « Les camps reçoivent une aide calculée
sur base de 165.000 réfugiés, mais curieusement, le Polisario ne reconnaît
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en Algérie et en Mauritanie, mais aussi au Mali et au Niger, certains encore dans leurs
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entérinée au sommet. Les sommes récupérées serviraient, dans cette hypothèse, à
financer le mouvement mais sans doute également le train de vie de ses dirigeants.
Ces détournements, bien entendu, ne restent pas sans conséquences sur la santé des
réfugiés. Le US Committee for Refugees signalait, dans son rapport 2000 : « Des
travailleurs humanitaires ont rapporté que plus de 30% des enfants âgés de 5 à 12
ans étaient sous-alimentés, plus de 70% des enfants âgés de moins de 5 ans
91 ». Dans son
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rapport 2001, il annonçait que : « Plus de 15 000 enfants ont besoin de
chaussures92 ». Et enfin, dans son rapport 2003 : « Quelques donateurs, en privé,
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eurexacte de ce détournement ou de juger de la part de
responsabilité des dirigeants du Front Polisario et de la RASD.
Idem, rapport 2005 :
http://www.refugees.org/countryreports.aspx?area=investigate&subm=19&ssm=29&c
89
90
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
91
http://www.refugees.org/countryreports.aspx?_VIEWSTATE=dDwxMTA10A4M
92
http://www.refugees.org/countryreports.aspx?_VIEWSTATE=dDwxMTA10TA4M
93
http://www.refugees.org/countryreports.aspx?_VIEWSTATE=dDwxMTA10TA4M
54
55
VII
LE DOSSIER
DES PRISONNIERS DE GUERRE MAROCAINS
Le 18 août 2005, sans doute pour « se remettre en selle » au plan international et
pour se refaire une virginité alors que les diverses accusations que nous venons de
passer en revue avaient assez sérieusement écorné sa réputation, le Front Polisario
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Or, même si le Polisario et ses sympathisants font tout pour présenter cette
libération comme un acte de grand humanisme, on ne peut oublier que le dossier des
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Entre 1976 et 1991, année du cessez-le-feu, le Polisario avait capturé environ 2.200
militaires marocains, les uns au combat, les autres après des opérations de
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VII.1. Le non respect de la 3ème Convention de Genève par le
Polisari
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Le droit de la guerre est régi par les Conventions de Genève et leurs Protocoles
additionnels94, et le sort des prisonniers de guerre par la 3ème Convention. En son
article 118, alinéa 1, celle-ci stipule : «Les prisonniers de guerre seront libérés et
rapatriés sans délai après la fin des hostilités. ». Les prisonniers de guerre
marocains du Front Polisario aur
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Pour rappel, les Conventions sont au nombre de quatre. La 1ère Convention porte sur
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forces armées sur mer ; la 3ème Convention concerne le traitement des prisonniers de guerre
et la 4ème Convention aborde la problématique de la protection des personnes civiles en temps
de guerre. Les deux « Protocoles additionnels » ont été adoptés en 1977. Le 1er s
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protection des victimes des conflits armés internationaux et le 2ème à la protection des
victimes des conflits armés non internationaux.
94
56
comptait obtenir en faisant preuve de « clémence ». De « prisonniers de guerre », les
Marocains détenus par le Front étaient devenus de véritables otages.
Douze ans après le cessez-le-feu, en 2003, le Polisario détenait toujours 1.157
prisonniers dont plusieurs civils enlevés. Sur les 1.144 militaires :
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
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3 étaient détenus depuis plus de 27 ans ;
4 étaient détenus depuis plus de 26 ans ;
3 étaient détenus depuis plus de 25 ans ;
280 étaient détenus depuis plus de 24 ans ;
224 étaient détenus depuis plus de 23 ans ;
187 étaient détenus depuis plus de 22 ans ;
2 étaient détenus depuis plus de 21 ans ;
2 étaient détenus depuis plus de 20 ans ;
6 étaient détenus depuis plus de 19 ans ;
15 étaient détenus depuis plus de 18 ans ;
7 étaient détenus depuis plus de 17 ans ;
288 étaient détenus depuis plus de 16 ans ;
61 étaient détenus depuis plus de 15 ans ;
60 étaient détenus depuis plus de 14 ans ;
2 étaient détenus depuis plus de 12 ans.
En règle générale, les plus anciens prisonniers étaient des officiers, moins nombreux
à avoir bénéficié de libérations partielles95.
En violation flagrante des dispositions de la troisième Convention évoquées cidessus, le plan de règlement des Nations unies prévoyait la libération de tous les
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Genève. Pourtant, par une lettre de 1975 au Conseil fédéral suisse96, le Polisario
envoyait la « Dé
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procédure remplaçant la ratification pour les structures non étatiques telles que les
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a3ème Convention III stipule que : « Aucun accord spécial ne
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présente convention ni restreindre les droits que celle-ci leur accorde ». Mais le
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parties à se conformer aux Conventions et à libérer les prisonniers de guerre que le 29
juin 2001, par sa résolution 1359.
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Algérie n’
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tpas sans poser problème. En dépit
des évidences, Alger a toujours prétendu ne pas être partie au conflit du Sahara
Ces données chiffrées sont extraites du Rappor
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Les conditions de détention des prisonniers de guerre marocains détenus à Tindouf
(Algérie) du 11 avril au 25 avril 2003, France Liberté, Fondation Danielle Mitterrand. Cidessous « France Liberté ».
95
La Confédération helvétique est dépositaire des Conventions de Genève, ce qui lui confère
la responsabilité particulière de veiller à leur bonne application.
96
57
occidental. Mais les prisonniers de Tindouf étaient bien détenus sur le sol algérien
et, si le pays avait accueilli le Polisario et les autorités de la RASD, il semble bien
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(algérien) pour tout ce qui relevait de la Défense et du Préfet de Willaya pour toutes
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VII.2. Les observations du Comité international de la Croix Rouge
En 1995, le Comité international de la Croix Rouge (CICR) avait recensé 2.155
prisonniers de guerre (PG) marocains dans les différents camps du Polisario et
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total approximatif de 2.400 prisonniers pour les deux côtés. Le Polisario en détenait
donc à peu près 2.355 et le Maroc quelques dizaines97. On soulignera que les
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quatre camps de prisonniers, le Polisario déplaçant les PG qui étaient dans des
camps inaccessibles pour rendre leur visite possible.
VII.3. Les observations de Human Rights Watch
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étrangers. Vous ne devriez pas croire que les conditions sont les mêmes dans les
autres camps98 ».
Le délégué note : « Certains des PG semblaient effrayés de parler au représentant de
HRW,al
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visité les PG ces dernières vingt années sans être capables de les aider à recouvrer la
99 ».
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Ces données sont citées dans le rapport de Human Rights Watch (HRW) : Western
Sahara, Keeping it Secret, The United Nations Operations in the Western Sahara. Ce
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http://www.hrw.org/reports/1995/wsahara.htm page 30. Ci dessous : « HRW »
97
98
HRW, page 30.
99
Idem.
58
Quant aux conditions de détention : « Il est obligatoire pour les prisonniers de
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construction ou de la mécanique, ou encore comme tailleurs. Ils ne sont pas payés
pour leur travail, en violation des règlements internationaux100 101 ».
La durée du travail et sa pénibilité sont également soulignés : « Nous commençons à
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appelions du travail forcé et nous étions obligés à travailler plus longtemps, parfois
la nuit102 ». Les quantités de nourriture attribuées aux PG sont inférieures à celles des
réfugiés et insuffisantes, ils doivent voler pour survivre103 104.
Les observations du CICR c
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a aussi eu des rapports crédibles que le Polisario les utilisait pour le travail
forcé105 ».
En 2001, le Départ
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État remarquait : « Le leadership du Polisario
continue à refuser de se conformer aux requêtes répétées de libérer tous les PG sur
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détention depuis plus de 20 ans et que leur santé se détériorait sérieusement du fait
des mauvaises conditions dans lesquelles ils étaient détenus106 ».
100
Idem.
Les articles 54 et 62 de la 3ème Conve
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par journée entière de travail ».
101
102
HRW, page 31.
103
Idem.
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a3ème Convention de Genève stipule : « La ration quotidienne de base sera
suffisante en quantité, qualité et variété pour maintenir les prisonniers en bonne santé et
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aux prisonniers de guerre qui travaillent les suppléments de nourriture nécessaires pour
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104
U.S. Department of State, Bureau of Democracy, Human Rights and Labor, Country
Reports on Human Rights Practice, Western Sahara, 23.02.01. Ce rapport peut être consulté
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vant
e: http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2000/nea/825.htm
105
U.S. Department of State, Bureau of Democracy, Human Rights and Labor, Country
Reports on Human Rights Practice, Western Sahara, rapport 2001, 04 04.03.02
http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2001/nea/8281.htm .
106
59
VII.4. Le rapport de « France liberté »
Le document le plus accablant existant à ce jour sur les conditions de détention des
prisonniers de guerre marocains aux mains du Polisario est certainement le rapport
établi en 2003 par la Fondation France Liberté de Mme Danielle Mitterrand. Il
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mené à bien de nombreux programmes dans les camps de Tindouf. Ce texte de
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Tous les sévices ou mauvais traitements possibles y figurent, ou presque.
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renseignements militaires est brûlé vif au kérosène par Aït Chrif. Et Mohamed
Salem dit Filipi, puis achevé107 ».
« En 1981, le sergent Zebda est exécuté pour avoir volé des cigarettes, et le détenu
Abdellatif Marakchi torturé et exécuté pour un vol de confiture108 ».
Les tortures recensées par France Liberté comprennent109 :
 L’
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ntdansune cantine de 1,20 m sur 0,80 cm 23 heures par jour
pour des périodes pouvant atteindre 1 an.
 Le fouet administré avec un câble électrique.
 Le passage à tabac.
 La suspension par les pieds pour des périodes de plusieurs heures.
 Les
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.
107
France Liberté, page 20.
108
France Liberté, page 21.
109
France Liberté, pages 21 et 23.
60
 La participation des militaires algériens aux mauvais traitements
« La quasi totalité des prisonniers ont été interrogés par des officiers algériens à
Rabouni110 ».
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France liberté recense 14 cas documentés de PG assassinés parfois pour les
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-àdire les représentants de certaines associations de solidarité internationale qui les
ont vus et parfois même photographiés116 ».
110
France Liberté, page 28.
111
Idem.
112
France Liberté, pages 20 et 21.
113
France Liberté, pages 23 et 24.
114
France Liberté, page 23.
115
France Liberté, page 35.
116
France Liberté, page 22.
61
 La malnutrition
« Les prisonniers prennent deux repas par jour :unpl
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davantage à une sorte de soupe ou bien un plat de riz ou de pâtes. Les prisonniers
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alimentation en travaillant chez des particuliers sahraouis contre de la
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essentiellement des prisonniers qui sont soumis au travail forcé dans les régions
militaires et dans les postes militaires autour de Rabouni118 ».
 Le travail forcé
France Liberté établit la liste des travaux confiés aux prisonniers : fabrication de
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120 briques par jour.
Les chantiers emploient de 20 à 300 PG, suivant leur importance : « Ils étaient
réveillés à 04h00 et rassemblés. A 05H00, ils étaient répartis en plusieurs groupes
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Chahid El Hadad est un centre de détention au sud de Tindouf qui a été construit en
45 jours par les prisonniers marocains en 1982, 200 personnes y ont travaillé jour
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tranchées dans la région de Ouargziz, transporté des munitions, etc.120
117
France Liberté, page 25.
118
Idem.
119
France Liberté, page 31.
120
France Liberté, page 33.
62
VII.5. La réponse du Front Polisario à « France Liberté »
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Front Polisario : elle tient en un document publié en septembre 2003121.
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r«donné suite à des allégations ayant comme seule source les prisonniers de
guerre marocains, soldats capturés au cours des combats les armes à la main123 »,
curieux argument.
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demandent à être acceptés tels quels et sans aucun débat. Ainsi, pour ce qui est des
morts par accident du travail, le Front se borne-t-il à contester les causes de la mort
ou la date de celle-ci124.
Abordant le problème des prisonniers sensément exécutés après une tentative
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e Front prétend ne pas connaître certains des noms avancés par
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Pour ce qui est du travail forcé, le Front Polisario affirme « qu’
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« Réponse au rapport publié par la Fondation France liberté sur les conditions de
détention des prisonniers de guerre marocains aux mains du Front Polisario », ci-dessous :
« Réponse Polisario ».
121
122
Réponse Polisario, page 1.
123
Réponse Polisario, page 2.
124
Réponse Polisario, page 6.
125
Réponse Polisario, pages 10 à 13.
126
Réponse Polisario, pages 14 à 16.
127
Réponse Polisario, page 21.
63
VIII
QUEL AVENIR POUR LE POLISARIO ?
Au regard du passé qui est celui de cette organisation, la question qui se pose
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Quelques jours après la libération des prisonniers de guerre marocains, en août 2005,
Mohamed Abdelaziz, Secrétaire général du Polisario et président de la RASD,
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129
règlement du conflit ». Au quotidien algérien L’
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on, il confiait, non sans
cynisme : « La décision [de la libération] a été prise en mai dernier, entre temps, et
notamment depuis le 21 mai, des manifestations pacifiques ont été organisées dans
les villes et territoires occupés et même dans certaines villes du sud marocain et
dans les universités marocaines, là où il y a des étudiants sahraouis. A ces
manifestations pacifiques, le gouvernement marocain a opposé la force et la
répression les plus brutales. Cette démarche des autorités marocaines a, en quelque
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officiers marocains détenus, durant, le plus souvent, de longues années130 ».
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Le Polisario entend donc bien profiter de la nouvelle donne politique créée par
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souhaitant stabiliser et sécuriser le Maghreb e
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cette dernière continuant plus que jamais à soutenir les ambitions du Polisario et de
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éventuelle solution.
128
Réponse Polisario, page 21.
129
Dépêche Associated Press, 23 août 2005, 16H07.
130
L’
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on, 23 août 2005.
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mouvement à être une force de stabilisation et de paix capable de participer à
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stratégie anti-terroriste sous ce deuxième mandat de Georges W. Bush.
VIII.1. Un bilan qui demeure médiocre en matière de respect des
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Certes, la libération –même très tardive –des « plus anciens prisonniers de guerre
du monde » - va dans le bon sens, et, par ailleurs, il semblerait que les violations les
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algériennes pour être déférées à la justice ».
A.I. ne faisait ainsi que continuer dans la voie que était la sienne depuis bien des
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Amnesty International a également exprimé sa préoccupation au sujet des abus
commis dans les camps de réfugiés sous la responsabilité des autorités du Polisario
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De nombreuses personnes ont été détenues et accusées de comploter contre les
autorités du Polisario au profit de pays ennemis, spécialement dans les années
soixante-dix et au début des années quatre-vingt. Beaucoup de ceux qui avaient été
arbitrairement détenus souvent pour plusieurs années ont été relâchés après de
violentes protestations, en 1988, contre la répression politique dans les camps. Les
détenus avaient souvent été torturés et maltraités et n’
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la fin des années quatre-vingt comprenaient Khalif Laroussi Zaougai, qui a été
détenu en 1987 après son arrivée dans les camps, et de Salama Khbaou, qui a été
détenu a la fin de 1989, trois mois après être arrivé dans les camps. Ils auraient tous
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-1991. Certains détenus sont morts en prison,
apparemment des suites de tortures et de mauvais traitements. Parmi eux, El Mehdi
Othman Souayah, qui a été détenu en 1976 et serait mort en détention à la fin de
Amnesty International, Rapport 2005 :
http://www.amnestyinternational.be/doc/artivles5505.html
131
65
1977, et Mohamed Moussa ould Mokhtar, qui est réputé avoir été arrêté au début de
1983 et être mort en prison dans les années suivantes. A ce jour, les autorités du
Polisario ont manqué à fournir quelque information spécifique au sujet des
détentions, de la torture, des mauvais traitements et des morts en détention. Depuis
le début des années 1990, les autorités du Polisario ont reconnu que des abus des
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VIII.2. Une absence patente de volonté de dialogue
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Mohamed Abdelaziz soit à sa tête sans discontinuer depuis près de 30 ans en est une
preuve), le Polisario réagit à la critique comme le fait classiquement toute structure
totalitaire :parl
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ion, et le refus de la discussion.
En novembre 2003, une délégation de chefs de tribus sahraouie acquis aux thèses
marocaines avait fait une visite en France. Elle avait évidemment été fortement
décriée par les amis du Polisario, mais en quoi les dirigeants sahraouis proche de
Rabat seraient-i
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Dans cette logique du « tout ou rien » et du « nous contre les autres » assez
représentative de la pensée stalinienne, tout ce qui s’
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être attaqué, vilipendé et si possible détruit. Ainsi, lorsque la parlementaire
européenne Catherine Lalumière –par ailleurs ancienne ministre socialiste - ose
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de désinformation ». Quant à Fadel Ismail, chef de la mission du Sahara
occidental (Polisario) au Royaume-Uni, il écrira, le 21 avril 2001, que « le rapport de
Amnesty International, rapport daté du 18 avril 1996 et consacré aux « Violations des
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http://www.saharawi.it/documenti/2002/3.htm
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Catherine Lalumière épouse aveuglément les thèses expansionnistes marocaines et
cautionne la tentative de génocide politique du peuple saharoui134 ».
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tour, de faire valoir le « dr
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prend le mors aux dents, affirmant que M. Chauprade, « de conférence bidon en
déclaration à la presse marocaine remplit la galère. Engagé avec émoluments pour
la besogne, celui-c
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plus fantaisistes. Faut-il rappeler que ce mercenaire de la plume [est le] professeur
des idéologies les plus sinistres ? 135 ».
Quant aux ralliés et autres défecteurs, ce sont, bien entendu, des « traîtres ». Au
dialogue et à la remise en cause de ces certitudes idéologiques, le Front Polisario
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VIII.3. Une force de déstabilisation toujours active
Pour arriver à ses fins –la déstabilisation du Maroc au Sahara occidental - le Front
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2005, de quelques manifestations à Laâyoune et dans quelques autres villes de la
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Mahmoud Ben Mohamed Ben Ali,âgé de 28 ans
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multirécidiviste violent déjà condamné pour vols, coups et blessures, escroqueries.
En décembre 2003, il a été condamné à 7 années de détention pour trafic de
stupéfiants. Devenu le caïd de la prison de Laâyoune, où il tente de faire régner sa
loi, le jeune homme se découvre des idées indépendantistes et, à la mi-2004, il
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marocaine et se proclame « prisonnier politique ». Les relais du Polisario, toujours
à la recherche de ce qui peut mettre le feu aux poudres dans les « territoires »,
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eun martyr de la répression. Devant
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trublion 400 km plus au nord pour calmer le jeu.
Le 21 mai 2005, jour programmé de son transfert, plusieurs dizaines de membres de
sa famille bloquent les accès à la prison. Des coups sont échangés entre ces
manifestants et la police, rien de vraiment grave. Le lendemain soir, les
sympathisants du Polisario rassemblent une petite foule de deux cents personnes
qui manifestent devant la maison du détenu aux cris de « Marocains dehors ! ». La
police intervient et disperse sans violence le rassemblement. Deux jours plus tard,
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pierres et brûlent des pneus dans le centre de Laâyoune. Le lendemain, les brigades
134
http://www.arso.org/FPUK210402.htm
135
Communiqué du bureau de la RASD à Bruxelles, le 19 avril 2004.
67
anti-émeutes « nettoient » l
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136 ».
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A Dakhla, Smara et Assa, de petites manifestations de solidarité auront lieu,
organisées par les cellules locales du Polisario. De même au Nord, des étudiants
sahraouis manifesteront dans quelques universités. Certes, ces manifestations peu
spontanées avaient un caractère ouvertement indépendantiste, mais elles ont à peine
rassemblé quelques centaines de personnes. Cette agitation sera présentée, par la
propagande du Polisario qui dénoncera le « génocide » et « l
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VIII.4. Le Polisario est-il menacé par une dérive islamiste ?
Certains observateurs ont cru discerner, ces deux dernières années, une dérive
« islamiste » du Polisario e
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Mauritanie. De nombreux dirigeants historiques sont partis également. Restent pas
mal de jeunes. Que peut leur dire la direction ? Quel espoir peut-elle leur donner ?
Aucun, le mouvement est dans l’
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Mustapha Bouh est plus précis sur la genèse de cette islamisation : « Tout a
commencé à la fin des années quatre-vingt. Des étudiants venus des camps de
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, 12 juin 2005.
137
Entretien avec Hametti Rabani, Rabat, 4 août 2005.
138
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
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familier du dossier : « En 1994, les services de sécurité algériens ont saisi, entre les
mains de terroristes du GIA, quelques armes dont les numéros de série leur ont
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terroristes par des sympathisants au sein des camps de Tindouf. Ce qui est certain,
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peu probable une dérive islamiste massive au sein du Front Polisario. Néanmoins,
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Mali ou de la Mauritanie pour maintenir le niveau de ses effectifs, une
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139
Entretien avec un officier supérieur marocain, Rabat, 8 août 2005.
140
Ce fait nous a été confirmé par Hametti Rabani et Mustapha Bouh.
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Les mobiles exacts de ce groupe ne sont pas connus. Agissaient-ils pour le compte du
Polisario, et, dans ce cas, cela signifie-t-il que la direction du mouvement envisage
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médias depuis environ un an, un « nouvel Afghanistan » où les organisations
terroristes seraient « chez elles » et où même Al-Qaïda aurait déployé un « quartier
général opérationnel » destiné à propager son idéologie et son combat en Afrique et à
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les services de renseignement occidentaux.
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Mustapha Bouh ne le croit pas : « En 1975, nous avions envisagé de créer une
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Polisario ou une partie de celui-ci évolue comme une bande armée qui se livre à la
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celui-ci passait par le Sahara occidental. Un haut responsable algérien avait même dû
faire le voyage à Tindouf pour calmer les esprits : au second semestre de 2000
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les fabriques de treillis militaires fonctionnaient à plein régime143.
142
Entretien avec Mustapha Bouh, Rabat, 5 août 2005.
Voir Jeune Afrique-l
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http://www.jeuneafrique.com/articleImp.asp?art_cle=LIN160131les1eesirce0
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aque de la caserne mauritanienne de
Lemgheity, au printemps 2005. Le 4 juin 2005, un groupe de 150 hommes,
fortement armé, attaquait la caserne de Lemgheity, à 75 km au-delà de la frontière
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GSPC, qui aurait agi sous la direction de Mokhtar Belmokhtar. Ce dernier,
installé dans le Nord du Mali, au mont Sibita, se serait spécialisé dans les activités de
contrebande (carburant, cigarettes et armes) et dirige une petite phalange de
combattants, Al Moulatoum.D’
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parlaient hassani, le dialecte parlé en Mauritanie et au Sahara occidental. Des
hommes du Polisario ont-ils, à titre individuel, prêté la main à cette attaque ?
Plusieurs de nos interlocuteurs, aussi bien parmi les anciens cadres du mouvement
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VIII.6. La gangrène du crime organisé
La menace la plus actuelle qui découle de la déstructuration du Polisario et de la
faillite de son idéologie est la reconversion de nombre de ses membres dans le crime
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nhaut». En 2001, Foudel
Mohammed Bella, un officier des forces de reconnaissance du Polisario, regagnait le
Maroc après avoir passé 26 ans dans les camps. Il témoignait du fait que « les
salaires des fonctionnaires [du Polisario] n’
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années » et que « les officiers reçoivent entre 12 et 17 dollars deux fois par an, une
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pour nourrir leurs familles ».
A plusieurs reprises, ces dernières années, des éléments du Front Polisario ont été
arrêtés dans des affaires de traite des êtres humains, acheminés vers le Maroc et qui
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ope. Dans le cadre de ces affaires, la preuve a été
apportée que les personnes inquiétées avaient fait passer des centaines de
« clandestins » vers la Mauritanie ou le Maroc.
Des arrestations de Sahraouis liés au mouvement ont également été effectuées dans
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dans les camps et vivant dans la misère, le Front Polisario représent
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Cité par AranicNews.com, 24 juin 2001: Polisario Military officer flees camps back to
Morocco.
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72
VIII
EN CONCLUSION
Le Polisario, qui fut, hier, une organisation très structurée, puissante et animée par
une idéologie hybride de type marxiste-léniniste mâtiné de nationalisme, cherche
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rythme soutenu depuis 1991, la direction resserrée autour de Mohamed Abdelaziz,
tente de reprendre la main dans la partie qui se joue autour du Sahara occidental
mais ses chances de participer à une solution politique semblent nulles et non
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M. Erik Jensen, ancien responsable des opérations de recensement en vue du
référendum ne disait pas autre chose, en juin 2005. Estimant que « les micros-Etats
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large autonomie du Sahara au sein du Maroc serait la solution la plus réaliste pour
résoudre le conflit145 ».
Une grande partie des Sahraouis quasiment retenus en otage depuis près de trente
ans dans les camps de Tindouf pensent probablement la même chose
.
Le
Commandant Lahbib Ayoub,c
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2002 : « Là-bas, dans les camps, il reste une minorité de gens convaincus,
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Cité dans ArabicNews.com, Autonomy within Morocco « realistic solution » to Sahara
Conflict, Erik Jensen, 6 juin 2005.
145
146
Interview Ayoub.
73
 Le renoncement total et définitif à la voie armée et le démantèlement des
troupes.
 Le renonceme
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 Une réelle démocratisation interne.
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la direction actuelle renoncer à la chimère indépendantiste comme à ses
privilèges.
Dès lors, quelle peut-être son évolution ? Le retour à la voie des armes semble exclu,
car on voit mal comment les Etats-Unis pourraient accepter de voir naître un conflit
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national irréaliste, se décompose lentement. Mais un Polisario en voie de
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une manière de sortir le Polisario del
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Evoquant Mohamed Abdelaziz, le commandant Ayoub ne disait-il pas, en 2002 :
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tout particulièrement après la prise de pouvoir par Houari Boumediène, le modèle
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En conséquence de quoi, Alger soutenait avec constance la gauche marocaine qui
cherchait, dans les années soixante, à renverser la monarchie. Ainsi, le dirigeant de
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Alger. De son côté, le Maroc allait plus tard accueillir des opposants au colonel
Boumediène et, au premier chef, Mohammed Boudiaf.
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a en 1976, en pleine « Guerre du Sahara ». Le premier
affrontement ouvert remontait à 1963.
En octobre 1963, un bref conflit armé oppose les armées marocaine et algérienne,
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aGuerre des Sables. En cause, les territoires du Sahara, autour de Tindouf,
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sque «les accords qui pouvaient
intervenir à la suite de négociations franco-algériennes ne sauraient être
opposables au Maroc quant aux délimitations territoriales algéro-marocaines…»
En mars 1963, Ahmed Ben Bella c
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visite de Hassan II à Alger. Dans ses mémoires, Hassan II écrit que Ben Bella lui a
déclaré : « Je demande à votre majesté de me laisser le temps de mettre en place en
Algérie les nouvelles institutions. Lorsque, en septembre ou octobre, cela sera fait,
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algériennes147 ».
Une fois au pouvoir, Ben Bella reviendra sur cet engagement et de nombreux
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bien, semble-t-il, vers le Maroc. Dans une note de juin 1962, « le Colonel Chevalier
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choix qui est « incontestablement marocain148 ». Au début du mois de septembre, la
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les Forces armées royales à Hassi Beida. Les combats cesseront le 4 novembre.
Ignace Dalle, qui a longtemps travaillé au Maghreb comme journaliste, estime : « Ce
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anede«Fraternité, bon
voisinage et coopération » signé le 15 janvier 1969, est sensé clore définitivement le
chapitre.
147
Hassan II, Le défi, Albin Michel, Paris, 1976, page 91.
Ignace Dalle, Le
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, Paris,
Fayard, 2004, page 297.
148
149
Ignace Dalle, page 303.
76
INDEX
Abdelaziz, Mohamed : 8, 21, 40, 46, 52, 64, 66, 73-74
Agadir : 9
Ahmed Baba, Ghaouta Mohamed : 43
Al-Ayun : voir Laâyoune
Alger : 18, 26, 37, 57
Algérie : 2-3, 8, 13, 18-19, 21, 28, 30, 42, 44-47, 53-54, 56-58, 70, 74-76
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): 12
Al Moulatoum : 71
Al-Qaïda : 70
Amgal
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): 61, 75
Amnesty International : 65
Annan, Kofi : 37, 45
Armée de Libération nationale : 12, 18, 22
Armée de Libération populaire saharouie (APLS) : 18, 26, 29-31, 33-34, 69, 70
Assa : 68
Ayoub, Commandant Lahbib : 27-29, 31, 33, 40, 43, 46, 73-74
Baker, James : 37
Bassiri, Mohammed : 27
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I
s
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y: 12
Bella, Foudel Mohammed : 71
Belmokhtar, Mokhtar : 71
Ben Barka, Mehdi : 19, 75
Ben Bella, Ahmed : 76
Bent Ebbi, Guajmoula : 43, 48
Bouaziz, Mostapha : 20
Boucraa : 29
Boudiaf, Mohammed : 47, 75
Bouh, Mustapha : 21-22, 26, 30, 34, 39-40, 42, 54, 68, 70
Boujdour : 29
Boumediène, Houari : 75
Bouteflika, Abdelaziz : 9, 46
Bush, Georges W. : 65
Camp de réfugiés d’
Al
-Aayun (Tindouf) : 40
Camp de réfugiés d’
Aous
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d(Tindouf) : 40
Camp de réfugiés de Dakhla (Tindouf) : 40
Camp de réfugiés de Smara (Tindouf) : 40
Centre de détention Hamdi Aba Sheikh (Polisario) : 59
Centre de détention de Jelfa (Algérie) : 61
Centre de détention de Ksar el Boughari (Algérie) : 61
Centre de détention Mohammed Lasyad (Polisario) : 59
CFDT : 23
CGIL : 23
Chauprade, Aymeric : 67
CICR : 58, 59
77
CISL : 23
Comité sur le Sahara occidental (France) : 13
Commission royale de suivi des affaires sahariennes : 38
Conseil fédéral suisse : 57
Conseil de Sécurité : 9,
Conventions de Genève : 56, 57, 61, 62
Cour internationale de Justice : 13, 15
Corée du Nord : 28
Cuba : 19, 20, 49
Dakhla : 8, 11, 21, 26, 28, 29, 68
Dalle, Ignace : 76
De Froberville, Martine : 13
Dé
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o): 67
Djebel Ouarkziz : 29
Dkill, Bahir : 43
El-Ghallaoui, Sidati : 39, 43
Enfants Réfugiés du Monde : 51
Etats-Unis : 2, 3, 19, 56, 64, 74
Espagne : 22
Europe : 2
Fès (traité de) : 12
FLN : 75
Fondation France Liberté : 60-63
Forces Armées Royales (FAR) : 29
Force ouvrière : 23
FREPIC (Canaries) : 52
GIA : 70
GSPC : 70, 71
Guelta Zemmour : 30
Guergarat : 29
Guerre des Sables : 18, 30, 45, 75-76
Guevara, Che : 20
Hadrami, Omar : 43
Hakim, Brahim : 43
Harakat Tharir : 27
Hassan II : 13, 19, 20, 26, 38, 42, 76
Hodges, Anthony : 13
Hourani, Albert : 14
Human Rights Watch : 41, 48, 50-51, 58
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): 12
Ismaïl, Fadel : 66
Jensen, Erik : 37, 73
Kadhafi, Muammar : 19, 22
Khatri, Mohammed Salem : 43
Khayati, Keltoume : 43, 48
Laâyoune : 8, 11,12, 13, 29, 38, 67
Lahlimi, Ahmed : 44
Lalla Maghnia (Traité de): 12
Lalumière, Catherine : 66
Lemgheity : 71
Libye : 19, 22, 28
78
Louveaux, Olivier Pierre : 37, 38, 40-41
Lugan, Bernard : 15
Lugar, Richard : 9,
Lyautey, Maréchal : 14
Madrid : 12
Malainine, Embarek : 52
Mali : 54, 69, 70
Marche verte : 13, 26
Maroc : 2, 8, 12-14, 18-19, 22, 26, 29, 35, 37, 42, 44-45, 67, 70, 73-76
Mauritanie : 13, 26, 28, 30, 34, 53-54, 69-71
McCain, John : 8,
M’
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ane: 29
MINURSO : 2, 9, 33, 35
Mitterrand, Danielle : 60
Mohammed V : 12
Mohammed VI : 9, 14
Mouichame, Ghoulam Najem : 43, 52
Moul
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Hamed,Ahmed: 43
Mur de Défense : 29-31
Nador : 12
Naïmi, Mohamed : 48
Nezzar, Khaled : 46
Niger : 54, 70
Nor
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d: 52
OLP : 26
ONU : 2-3, 9, 12-13, 31, 35, 37, 45, 64
Opération Ecouvillon : 12
OSCE : 37
Oued al-Dahad : 11,
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Bouhal
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,MohammedLami
ne: 69
Ouled Bou Sba : 11
Ouled Delim : 11
Paris : 12
Plan(s) Baker : 37
Purge dite du «Réseau des Tekhna » : 24
Purge dite du « Réseau des Rguibat El Foula » : 24
Purge dite « de la Chabaka » : 24
Rabani, Hametti : 20-21, 24, 39, 42-43, 49, 68
Rabat: 14, 18, 38, 47, 73
Racimora, William : 21
Rädda Barnen (Save the Children Sweden) : 51
RASD : 2-3, 8, 25-26, 39, 42, 46-47, 50, 58, 64
Ras el-Khanfra : 29
Référendum : 2, 36- 37
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Gue
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bat: 11
Rio de Oro : 11, 12
Rome : 23
Saguiet al-Hamra : 11, 12
Saoura : 12
Sayed, Baba Mustapha : 43
Sayed el-Ouali, Mustapha : 18, 27-28, 46
79
Sécurité militaire (algérienne) :41
Sécurité militaire (du Polisario) : 24
Sidati, Mohamed : 67
Sidi Ifni : 12
Smara : 8, 13, 29, 68
SNIM : 28, 69
Tanger : 14
Tan Tan : 12, 22, 29
Tarfaya : 12
Tchad : 70
Tétouan : 12
80
Tidikelt: 12
Tindouf : 3-4, 12, 25, 30, 33, 40-41, 45, 50, 52-53, 58, 69
Touat: 12
UGT Sario: 23
UGTP: 23
U.S. Committee for Refugee and Immigrants: 53, 54
U.S. Department of State: 41, 42, 59
Vivés, Juan: 19, 49
Zartman, William: 47
Zéroual, Liamine: 28
Zones militaries du Polisario: 30
Zérouate: 28, 69
81

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