Commentaire composé JUPITER.sxw
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Commentaire composé JUPITER.sxw
MOZART (1756 – 1791) : Symphonie n°41, K551 «Jupiter» (1788) _________________________________________________________________________________________________________________________ A ‐ LE PRESENT 1) Une symphonie à lʹapogée du style classique a) Une construction rationnelle en «poupées russes» : – TRIPTYQUE symétrique des trois dernières symphonies : n°39 (majeure) – n°40 (mineure) – n° 41 (majeure) [mp3 n°49 et n°50] – Equilibre des quatre mouvements, aux caractères complémentaires : 1) Allegro vivace : rapide, tantôt rythmique, tantôt chantant 2) Andante cantabile : lent et chantant 3) Menuet : assez rapide et dansant 4) Molto allegro : très rapide, rythmique et contrapuntique – 1er, 2e et 4e mouvements construits comme des DISSERTATIONS, selon la structure appelée «forme sonate» (exposition – développement – réexposition = thèse – antithèse – synthèse) – à petite échelle, construction antécédent‐conséquent (= question‐réponse) : – – – thèmes A1 et A2 du 1er mvt [mp3 n°1] thème A1 du 2e mvt [mp3 n°26] thème principal du Menuet [mp3 n°38] b) Recherche très poussée de cohérence et dʹunité : – parenté entre des thèmes de mouvements différents : ainsi le contrechant A4 du 1er mvt ressemble‐ t‐il au thème B du 4e mvt [mp3 n°7 et n°43] – préfigurations du «thème de 4 notes» du 4e mvt [mp3 n°41] dans les 2e et 3e mouvements : – – – au début du 2e mvt, il est joué par les cordes graves [mp3 n°27] au début du 3e mvt, on lʹentend à la fin du premier thème [mp3 n°38] au milieu du 3e mvt, on lʹentend, dans une couleur «Sturm und Drang» [mp3 n°40] 2) Les Lumières ‐ la franc‐maçonnerie a) Espérance laïque dans le progrès de lʹHumanité : ainsi le 4e mvt peut‐il être vu comme une sorte de CREDO (= «je crois») laïque et sans paroles ; dʹailleurs, en 1774, le jeune Mozart avait déjà utilisé le «thème de 4 notes» [mp3 n°41] dans le Credo de sa Missa brevis K192 [mp3 n°51]. b) Symboles maçonniques : en 1784, Mozart était entré dans la franc‐maçonnerie, confrérie de libre pensée laïque. Dès lors, il parsème ses oeuvres dʹallusions aux chiffres clés des francs‐maçons : – – chiffre 3 : thème A1 du 1er mvt = 3 coups [mp3 n°1], trois groupes de thèmes dans le 1er mvt (A, B et C), groupe cohérent de trois symphonies (n°39, 40 et 41), armures de trois bémols (début du développement du 1er mvt, et 39e symphonie [mp3 n°49]) chiffre 5 : les 5 thèmes principaux du 4e mvt [mp3 n°41, 43, 44, 45, 46](cf. chapitre C/2) 1 3) Lʹopéra «buffa» italien, genre comique dans lequel Mozart excelle (Les noces de Figaro, 1786) a) thèmes de style «buffa» : – thème A1 du 1er mvt [mp3 n°1] – thème C1 du 1er mvt [mp3 n°18], tiré dʹun air buffa, «Un bacio di mano» [mp3 n°19] – thème C2 du 1er mvt [mp3 n°20] – thème du milieu (trio) du 3e mvt, dialogue drôle entre flûte et hautbois [mp3 n°39] – thèmes B, C, D et E du 4e mvt [mp3 n°43, 44, 45 et 46] b) surprises et coups de théâtre : lʹun des plus frappants est par exemple la fin du passage B du 1er mvt, lorsque le thème B2 [mp3 n°13] dialogue aimablement avec le thème A2 [mp3 n°14]. Lʹauditeur peut alors sʹattendre à une proche fin de lʹexposition, puisque la plupart des formes‐sonate nʹont que deux groupes de thèmes, A et B. Le mp3 n°15 est une «musique‐fiction» simulant cette fin concise et logique de lʹexposition que Mozart aurait pu écrire. Or, il invente tout autre chose : au lieu de cette fin à laquelle on sʹattend, Mozart imagine une mise en scène avec plusieurs rebondissements. Tout dʹabord, le thème B2 monte dans lʹaigu et reste soudain en suspens, silence qui est une première surprise. Deuxième surprise, ce silence est interrompu par un accord mineur et fortissimo de tout lʹorchestre, dans une atmosphère dramatique (cf. chapitre B, point n°2) qui tranche avec le style galant du dialogue A2 / B2 précédent [mp3 n°16] . Et enfin, troisième surprise : une fois lʹorage passé, cʹest le personnage bouffon du thème C1 qui fait irruption alors que personne ne lʹattend ! [mp3 n°18] _________________________________________________________________________________________________________________________ B ‐ LE PASSE PROCHE 1) Le style galant des années 1760 (enfance de Mozart) Thèmes B1 et B2 du 1er mvt [mp3 n°10, 13], thèmes A1, A2, A3, B1 et B2 du 2e mvt [mp3 n°26, 28, 29, 34, 35], thème principal du 3e mvt [mp3 n°38]. Les mp3 n°32 et 33 décomposent le thème B1 du 2e mvt, et montrent comment Mozart superpose lʹornementation galante des violons [mp3 n°33] à la même mélodie, mais non ornée, jouée par les vents [mp3 n°32]. 2) Le «Sturm und Drang» des années 1770, ancêtre du Romantisme Thème C1 du 1er mvt, complètement transformé au cours du développement [mp3 n°21]. Le thème A1 subit le même sort quelques mesures plus tard [mp3 n°23 et vidéo sur le blog]. Pont en do mineur du 2e mvt, aux syncopes haletantes typiques du «Sturm und Drang» [mp3 n°31]. Passage mineur du milieu du 3e mvt, annonçant le «thème de 4 notes» [mp3 n°40]. _________________________________________________________________________________________________________________________ C ‐ LE PASSE LOINTAIN : influence du Baroque tardif (1700 ‐ 1750) 1) fanfares grandioses (cf. Messie de HAENDEL) Le meilleur exemple est le thème A3 du 1er mvt, dont les mp3 n°2 à 6 décomposent la construction. 2) Style savant = contrepoint (superposition de lignes, cf. Fugues de BACH) Le meilleur exemple est bien sûr la coda du 4e mvt, superposant les cinq thèmes [mp3 n°47 et 48]. Mais on trouve de nombreux autres exemples plus discrets : dans le 1er mvt, le thème B1, repris par les basses en canon [mp3 n°11], et le contrechant A4 se superposant au thème A1 [mp3 n°9] ; dans le 2e mvt, le thème B2 traité en canon violons / flûte [mp3 n°36], et dans plusieurs passages du 3e mvt, notamment le canon des bois sur le thème principal [mp3 n°52]. D – LʹAVENIR : influence sur lʹhumanisme héroïque de Beethoven (1770 – 1827) Comme dans la symphonie n°9 (1822) de Beethoven, le dernier mvt est le plus important (normalement, cʹest plutôt le 1er), et il est résolument optimiste. Le triomphe du «thème de 4 notes» annonce le Finale de la 9e, «LʹHymne à la Joie». 2 ANNEXE : la structure classique en «poupées russes» THEMES A1 et A2 (du 1er mvt) : Antécédent (A1 sur DO, A2 se terminant en «question» sur la dominante SOL) Conséquent (A1 sur SOL, A2 se terminant en «réponse» sur la tonique DO) EXPOSITION (du 1er mvt) : Thèmes A en DO, Thèmes B en SOL, «coup de théâtre», Thèmes C en SOL FORME SONATE (= FS) : Exposition – Développement – Réexposition SYMPHONIE : Allegro (FS) – Lento (FS) – Menuet (ABA) – Finale (FS) TRIPTYQUE : Symphonie n°39 mi b majeur Symphonie n°40 sol mineur Symphonie n°41 do majeur Les couleurs soulignent le passage dʹune échelle à une autre : chaque élément analysé sʹemboîte dans une «poupée» plus grande. Ainsi les thèmes A1 et A2 sʹemboîtent dans lʹexposition, qui elle‐même sʹemboîte dans le 1er mvt de forme sonate, et ainsi de suite. 3