Allen Ginsberg par Eric Sarner

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Allen Ginsberg par Eric Sarner
Allen Ginsberg par Eric Sarner
ALLEN GINSBERG
1926-1997
Si un poète a réussi, au XXème siècle, à amener le lyrisme jusque dans la cité, ce poète s'appelle
Allen Ginsberg.
Visionnaire, Ginsberg a parlé du sacré avec les mots les plus ordinaires et des choses ordinaires
d'une voix prophétique.
Allen Ginsberg est né dans la matinée du 3 juin 1926 à Newark, New Jersey. Son père Louis était
professeur de lycée et poète, sa mère, Naomi, femme au foyer et communiste. Tous deux étaient
juifs américains d'origine russe.
Ginsberg a connu très tôt les poèmes d'Emily Dickinson et ceux de Shelley, Milton, Poe ou
Keats, c'étaient là les poètes préférés de Louis.
Au lycée, Allen découvrit Whitman, Thoreau, Blake, Emerson, William Carlos Williams…
Vers 1943, à Columbia University, Ginsberg découvrit Baudelaire, Apollinaire, Mallarmé,
Rimbaud et les grands Russes.
En 1945, Allen Ginsberg se fit renvoyer de Columbia University parce qu'il avait écrit sur sa
fenêtre : "Fuck the Jews".
Naomi Ginsberg, prise de crises aigües de paranoia, fut plusieurs fois internée à l'hôpital
psychiatrique de Grey Stone. En 1947, Allen, 21 ans, fut seul habilité à signer l'autorisation de
pratiquer une lobotomie sur sa mère. Il la signa sous la pression des médecins et s'en voulut
toujours.
Allen Ginsberg écrivit le poème Howl en 1955. Il le lut en public pour la première fois le 13
octobre à la Six Gallery de San Francisco au cours d'une soirée mémorable que Kerouac raconta
dans "Les Clochards célestes".
"Howl" fut d'abord jugé obscène et censuré. Ce ne fut rien en comparaison de la suite : Allen
Ginsberg, "communiste toxicomane et excentrique religieux", fut très tard considéré comme une
menace contre la sécurité des Etats-Unis.
En 1959, Allen consacra à sa mère un déchirant "Kaddish". Il dit ensuite que ces dix-neuf pages
avaient surtout été pour lui une catharsis.
Allen Ginsberg voyagea au Mexique, à Cuba, en Europe, au Maroc, en Inde…
Ginsberg : Candeur, Compassion, Constante Révérence à la vie.
Allen Ginsberg pratiqua le bouddhisme tibétain avec le maître Chögyan Trungpa Rinpoché.
Et la voix d'Allen, grave, veloutée, tantôt tantôt. Écoutez-la. La douceur, l'énergie.
Ginsberg n'a rien fait d'autre, soixante et onze ans durant, que d'appeler à la Conscience.
Allen était exubérant comme un jeune enfant et foncièrement sérieux comme un jeune enfant.
Allen Ginsberg aima la poésie chinoise, Le Pouilly Fuissé, Cézanne avec ses "petites sensations"
et Lester Young qui un même soir repris 89 fois de suite, et différemment toujours, la mélodie de
Lady Be Good.
Ginsberg eut certainement connaissance des Mystères, celle qui ouvre aux initiés les portes du
spirituel. Cette connaissance il l'a partagée avec tous.
Allen Ginsberg possédait une éloquence fièvreuse et porta parfois une barbe, la même barbe et
la même éloquence que Walt Whitman.
Ginsberg défendit l'usage spirituel des drogues psychédéliques. Au nom de la démocratie et sans
jamais faire de ces drogues une fin en soi. Il établit un parallèle entre l'expérience psychédélique et
l'esthétique romantique.
Allen Ginsberg a combattu la guerre du Vienam et tous les régimes dictatoriaux.
À Prague, en mai 1967, Allen fur élu Roi de Mai par les étudiants tchèques. Le gouvernement
tchèque l'expulsa immédiatement.
En 1974, Allen Ginsberg fonda avec Anne Waldman the Jack Kerouac School of Disembodied
Poetics à Boulder dans le Colorado,
Allen eut des millions de coups de foudre et un compagnon essentiel, Peter Orlovsky.
Longtemps Allen Ginsberg et Peter Orlovsky habitèrent un appartement des plus banals dans le
Lower East Side, à New York City.
Aussi complexe que possible, Allen Ginsberg était aussi simple qu'une truite, vive ou rôtie.
Je m'en aperçus maintes fois, et notamment ce jour-là :
Quand j'ai appelé
Allen !
Il a passé par la fenêtre guillotine
Ici !
A dit la tête à lunettes
C'est ici !
Là-haut
Peter Orlovsky
Un tablier autour
De la taille
Un géant
Sa droite
Dans un gant de cuisinier
Ou de boxeur
Il a sorti du four
Une truite
Grosse grasse grillée à point
Nous avons peu parlé
De la truite seulement
passionnément
(extrait de "Cœur chronique" de Eric Sarner, Le Castor astral 2013)

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