1 N`GOLA N°16 Notre défi se poursuit. Depuis le douzième numéro

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1 N`GOLA N°16 Notre défi se poursuit. Depuis le douzième numéro
N’GOLA N°16
Notre défi se poursuit. Depuis le douzième numéro, N'Gola s'est rénové. L'aventure n'est pas
terminée. Que des chemins parcourus et restent à parcourir!
Un journal angolais faisant ainsi irruption sur un terrain peu propice puisque peu habitué à ne
voir les autres sous un angle de préjugés, du genre : étranger, donc il est naïf...
Il nous fallait alors casser les clichés et montrer les Angolais comme nous sommes et
souhaitons être, avec nos défauts certes, mais aussi surtout, nos qualités. Les Angolais, tels
que nous sommes. Différents mais Humains. N'Gola se veut libre. Un journal qui veut surtout
essayer de garder une certaine indépendance d'esprit et de ton. S'il est vrai que c'est un réel
bonheur de pouvoir rester soi-même en reconnaissant raisonnablement tout aussi bien ses
limites, le travail de ce journal n'est pas facile à réaliser. Il nous a fallu apprendre à souffrir de
rester nous-mêmes. Le quotidien dans la vie associative est d'accepter les sacrifices dans le
bénévolat. Et le capital humain n'est pas toujours celui qu'on attend. Y compris les moyens
financiers. Former une équipe qui doit tenir et assurer la survie de cet organe reste encore
notre soucis de tous les jours.
Depuis ce mois de juin 1998 que nous avons relevé ce défi, deux années déjà se sont écoulées.
Nous pourrions faire un premier bilan du travail accomplit. Son temps viendra. Pour l'heure,
les lectrices et lecteurs qui nous suivent depuis le début, en plus de nous apprécier et de nous
encourager, donnent des suggestions et remarques pertinents que nous tenons compte, bien
entendu. "Grâce à N'gola, nous disent-ils, nous découvrons les Angolais de Suisse et leur
pays, nous savons maintenant que la communauté angolaise est très organisée et soudée."
Voilà donc l'image que nous projetons à l'extérieur et qui est tout-à-fait vraie, pour ceux qui
nous connaissent. Nous souhaitons que cette image-là reste et ne soit pas ternie par des
comportements ou des dénigrements de ceux qui ne nous méconnaissent pas. En fait, notre
présence en Suisse n'est pas gagnée d'avance. Le journal restera la voix des sans voix. Nous
avons des divergences d'opinions certes mais c'est dans la nature des hommes. Que voulezvous, la vie elle-même n'est pas facile pour soi! Il nous faut toujours batailler dur. Car,
l'Angola est un pays complexe, à l'image de son peuple du terroir. Notre but est de construire
la paix ici et en Angola. Le journal N'Gola est un pont qui relie les Angolais bien sûr mais
aussi un journal de dialogue et d'ouverture par rapport aux autres. Entre les Suisses et les
Angolais. Dans ce sens, ce journal répond à un besoin profond et une attente. Nous assurerons
notre rôle en ces années 2000. Notre ambition pour le futur reste grandiose.
Bonne lecture pour ce numéro seize.
Alfonso Sadi
Editorial
Nous sommes plus près de la réussite qui nous éloigne
des déchirements de jadis
Un événement, qui ne peut échapper à tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de l’ Afrique,
s’est déroulé en ce début du mois d’avril au Caire, en Égypte. Que s’est-il passé là-bas ? Il
s’agissait de parler du sort de notre continent, devant la mondialisation, de la dette des pays
pauvres, et de la paix.
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Si l’on prend les choses dans le désordre, la paix n’est pas encore assurée. De différents points
du continent surgissent ou persistent encore des conflits larvés. Les armes crépitent et les
fractions armées consolident leurs positions. Le Soudan n’a pas retrouvé la paix, loin de là. Le
Congo de Kabila est encore déchiré. Son voisin d’en face ne connaît pas de répit non plus. Au
Rwanda, le nouveau président, qui est en fait le véritable maître du pays, depuis toujours, aura
du mal à faire admettre sa politique à ses adversaires. En Éthiopie, outre la famine, la guerre
avec Érythrée n’a pas encore connue de trêve. La Somalie voisine n’existe même plus et les
armes crépitent toujours. Au Tchad, les bruits de bottes se font entendre. Pour combien de
temps encore ? Au Nigeria, la situation sociale reste fragile. En Afrique du Sud, les renforts se
font attendre malgré quelques avancées sur le plan politique. Les inégalités persistent. Au
Zimbabwe, les fermiers blancs, à qui la terre est une question de survie, se battent pour
conserver les privilèges en terre africaine… Et l’Angola pendant ce temps ? S’il n’est pas
perceptible à vue d’œil, l’espoir renaît. On parle de plus en plus de la détente. Le
gouvernement, fort de son succès sur le terrain, lâche du lest. Tout en gardant un œil sur
l’opposition. L’heure est à la construction de la paix. Sur le Continent donc, il y a de l’air et
du feu, certes, mais il y a aussi de l’eau. Qui reste vitale pour éteindre le feu, apaiser les soifs,
irriguer les terres asséchées. A propos de la dette des pays pauvres, les nantis mesurent à
présent l’échec de leur politique économique clairement égoïste et hypocrite. L’africain qui a
un revenu annuel moyen de 688 dollars doit encore rembourser plus de 400 dollars de dette
aux pays riches ! Comment admettre de payer une dette dont on a jamais profitée ? Par la
mauvaise gestion de ses dirigeants, souvent corrompus, l’africain assiste passivement au
délabrement de l’économie de son Continent. C’est dans ce sens que certains dirigeants
responsables s’indignent des prêts accordés par des pays riches qui repartent avec des intérêts
accumulés. Un des chefs d’État, a pu taper du poing sur la table pour exiger l’annulation de
toutes les dettes contractées. Naturellement les choses ne sont pas si facile à régler. Étant dit
que sans argent point de développement ni de réussite économique. Puisqu’on parle de
l’économie, la mondialisation se veut un nouveau concept pour réguler le commerce mondial,
mais sous l’égide des pays riches. Ce concept-là n’a aucun sens car il créera des inégalités et
accentuera le fossé entre les riches et les pauvres. En d’autres termes, il provoquerait la
rupture du dialogue entre le Nord et le Sud. Le concept de la mondialisation doit être
généreux, humain et porteur d’espoir. Il va de soi, si on peut le dire. Il n’est pas étonnant de
constater les foyers de tensions dans différents points du globe. Il résulte de la mauvaise
répartition de la richesse, de l’égoïsme et des diktats de certains pays nantis. L’Angola est
véritablement la résultante de toutes ces alchimies. La guerre, qui a miné le pays durant deux
décennies, a aussi permit aux Angolais de se méfier de ses soi -disants amis. La paix qui
tardait jadis ne sera plus qu’un lointain souvenir au vu du climat actuel, où l’on note une prise
de conscience de l’importance de l’unité nationale. Plusieurs indices le montrent bien. Si bien
encore les contacts entre Angolais s’avèrent difficiles, aujourd’hui les Angolais se rencontrent
et se parlent plus volontiers. Même s’ils ne se tapent pas encore sur le dos, ni ne s’embrassent
pas à cœur joie, le dialogue se fait, s’installe. Des années de guerres et de méfiances n’ont pas
eu raison du nationalisme angolais. C’est vrai que la guerre n’est pas encore finie en Angola
mais les mentalités changent. La prise de conscience s’installe. Les Angolais commencent à
se poser des questions sur la nécessité de faire la guerre. Les Angolais sont conscients que la
guerre a été néfaste pour la concorde nationale. Ainsi certains angolais se sont vus refuser leur
nationalité à cause de leur conviction politique. Nous savons que l’heure sonnera où tout cela
trouvera une solution. Nous sommes plus près de la réussite qui nous éloigne des
déchirements de jadis, disions-nous. Persuadé que l’Angola de ce nouveau millénaire entre
dans sa phase de décollage, sur tous les plans, nous oeuvrerons pour que les esprits s’apaisent.
Pour que la démocratie s’installe, pour que la paix entre dans les cœurs de tous les angolais,
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nous en sommes convaincus. Notre optimisme n’est pas fondé sur une utopie mais par une
conviction. Alfonso SADI
Angola : Repères Evénementiels
1975 : (15 janvier) Accords d’Alvor préliminaires à l’indépendance, entre le Portugal et les
trois mouvements de libération de l’Angola : Mouvement populaire de libération de l’Angola
(MPLA), Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA), Front national de
libération de l’Angola (FLNA).
1975 : (mars-juillet) Affrontements entre les trois mouvements de libération
1975 : (11 novembre) Proclamation de l’indépendance de l’Angola. Agostinho Neto, chef du
MPLA, est président de la République populaire d’Angola (soutenue par Cuba et URSS). Par
ailleurs FLNA et UNITA proclament la République populaire et démocratique d’Angola
(soutenue par les Etats-Unis et l’Afrique du Sud).
1975 : (novembre) Guerre civile.
1976 : (fin janvier) Retrait des forces sud-africaines.
1976 : (8 février) Le MPLA prend Huambo, " capitale " des deux mouvements alliés, UNITA
et FLNA.
1976 : (mi-février) Victoire du MPLA. Le FNLA abandonne la lutte armée. L’UNITA, repliée
au sud-est et toujours soutenue par les Etats-Unis et l’Afrique du Sud, continue la guérilla.
1976 : (1er décembre) Admission de l’Angola à l’ONU.
1977 : (8 janvier) Emission de la nouvelle monnaie, le kwanza.
1977 : (27 mai) Tentative de coup d’Etat d’une fraction du MPLA menée par Nito Alves
1977 : (juillet) Intensification de la guérilla dans le Sud.
1977 : (décembre) Réélection de Agostinho Neto à la présidence du MPLA.
1978 : (avril) De violents combats opposent l’armée angolaise appuyée par des soldats
cubains à l’UNITA.
1978 : (4 mai) Bombardement sud-africain de Cassinga.
1978 : (24/25 juin) Réconciliation entre le Portugal et l’Angola.
1978 : (19 août) Réconciliation de l’Angola et du Zaïre.
1978 : (9 décembre) M. Lopo do Nascimento, Premier ministre depuis novembre 1975, est
démis de ses fonctions. Les postes de Premier ministre et de vice-Premier ministre sont
supprimés.
1979 : (11 septembre) Mort d’Agostinho Neto.
1979 : (20 septembre) José Eduardo dos Santos est désigné par le MPLA pour succéder à
Agostinho Neto.
1980 : (juin-oct.) Attaques sud-africaines en Angola.
1980 : (17 décembre) José Eduardo dos Santos est reconduit dans ses fonctions par le MPLA.
1981-1982 : Attaques sud-africaines dans le Sud de l’Angola.
1982 : (8 décembre) Négociations entre l’Angola et l’Afrique du Sud au Cap-Vert pour tenter
de mettre un terme à la guerre civile en Angola et à la guerre de libération en Namibie menée
par l’Organisation des peuples du Sud- Ouest africain (SWAPO).
1983 : (décembre) Raids aériens sud-africains.
1984 : (16 février) Accords à Lusaka entre l’Angola et l’Afrique du Sud. Cette dernière
s’engage à se retirer du Sud de l’Angola, l’Angola réprimant les infiltrations de la SWAPO.
1984 : L’UNITA poursuit toujours sa guérilla contre le régime de Luanda.
1985 : (juill.-sept.) Plusieurs raids sud-africains dans le Sud de l’Angola.
1987 : (octobre) Echec de l’offensive lancée par le gouvernement de Luanda contre l’UNITA.
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1988 : (20 février) Bombardements sud-africains.
1988 : (26 mars) L’UNITA annonce la formation d’un gouvernement provisoire.
1988 : (8 août) Accord à Genève entre l’Angola, Cuba (engagé militairement aux côtés de
l’Angola) et l’Afrique du Sud qui prévoit un cessez-le-feu et le retrait des troupes sudafricaines.
1988 : (22 décembre) Accord à New-York entre les trois parties qui prévoit le retrait des
troupes cubaines.
1989 : (22 juin) Accord de cessez-le-feu à Gbadolite (Zaïre) entre le gouvernement de Luanda
(représenté par le président dos Santos) et l’UNITA (représenté par son chef, Jonas Savimbi).
1989 : (juillet) Rupture du cessez-le-feu.
1990 : (janvier) Cuba suspend son retrait militaire.
1990 : (21 mars) Indépendance de la Namibie.
1990 (24/25 avril) Reprise des négociations à Evora (Portugal).
1991 (31 mai) Accord de paix signé à Lisbonne.
1991 (20 juillet) M. Fernando José de Franca Dias Van Dunem est nommé Premier ministre.
1992 : (29/30 sept.) Elections présidentielle et législatives. José Eduardo dos Santos est élu
président (49,57 %) face à Jonas Savimbi (40 %). Le MPLA obtient 129 sièges, l’UNITA 70
sièges. Jonas Savimbi conteste les résultats.
1992 : (oct.-nov.) Les affrontements entre les troupes de l’UNITA et les forces
gouvernementales se multiplient.
Reprise de la guerre civile.
1992 : (27 novembre) M. Marcolino Moco est nommé Premier ministre.
1993 : (6 mars) Huambo, deuxième ville du pays, est prise par l’UNITA.
1993 : (juil.-sept.) Violents combats. L’UNITA contrôle 85 % du territoire.
1993 : (26 sept.) Embargo pétrolier et militaire de l’ONU contre l’UNITA.
1993 : (6 octobre) L’UNITA accepte les résultats des élections du 29 septembre 1992. Reprise
des négociations entre le gouvernement et l’UNITA.
1994 : (20 novembre) Accord de paix de Lusaka.
1995 : (8 février) Le Conseil de sécurité de l’ONU décide de l’envoi de 7 000 casques bleus
(Mission de vérification de l’ONU, UNAVEM III).
1995 : (5 mars) Reprise des combats.
1995 : (6 mai) Rencontre à Lusaka du président dos Santos et de Jonas Savimbi.
1995 : (3 juillet) Mise en circulation de la nouvelle monnaie, le kwanza reajustado.
1995 : (18 juillet) Révision constitutionnelle créant deux postes de vice-président de la
République dont l’un sera réservé à Jonas Savimbi.
1995 : (novembre) Début des opérations de casernement des troupes de l’UNITA.
1995 : (décembre) Reprise des affrontements entre les forces régulières et les troupes de
l’UNITA dans les localités du nord contrôlées par celle-ci.
1996 : (4 mars) Dévaluation de la monnaie angolaise de 80%.
1996 : (10 mars) Accord de principe entre l’UNITA et l’armée régulière sur l’intégration des
hommes de
l’ex-rébellion au sein de la future armée nationale.
1996 : (3 mai) Fernando Van-Dunem, président de l’Assemblée Nationale, est nommé
Premier ministre.
1996 : (13 novembre) Suppression du poste de vice-président de la République.
1996 : (décembre) Retraits des premiers contingents de casques bleus de l’UNAVEM III.
1997 : (mars/juin/août) Affrontements entre l’armée gouvernementale et les indépendantistes
du Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC).
1997 : (31 mars) Accord entre les autorités et l’UNITA pour la formation d’un gouvernement
d’unité nationale.
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1997 : (8 avril) Les députés de l’UNITA, élus en septembre 1992, prennent officiellement
leurs fonctions.
1997 : (10 avril) Nomination des 84 membres, dont 11 de l’UNITA, du nouveau
Gouvernement d’unité et de réconciliation nationale (GURN).
1997 : (30 juin) L'ONU crée la Mission d'observation des Nations Unies en Angola
(MONUA), qui doit succéder à la mission de maintien de la paix.
1997 : (21 juillet) Dévaluation de 30 % de la monnaie nationale, le kwanza réajusté.
1997 : (28 octobre) Sanctions prises par le Conseil de sécurité des Nation Unies contre
l'UNITA pour non-respect des accords de paix.
1998 : (28 janvier) Prolongement de trois mois du mandat de la MONUA.
1998 : (11 mars) Le gouvernement légalise l'UNITA, qui devient un parti politique.
1998 : (29 avril) Prolongement de deux mois du mandat de la MONUA.
1998 : (6 juillet) Violents affrontements entre l'armée gouvernementale et l'UNITA dans la
province de Lunda-Norte.
1998 : (août) Des troupes angolaises prêtent main forte au Président Laurent-Désiré Kabila,
de la République démocratique du Congo.
1998 : (décembre) Etat de guerre civile : après le nord et l'est, les hostilités gagnent le centre
du pays.
1999 : (29 janvier) Le Président Dos Santos supprime le poste de Premier ministre. Il assume
les pouvoirs de chef de l'Etat, chef du gouvernement et chef des armées.
Sources: Afrique contemporaine, AFP Afrique,Dossier de presse du Centre de
documentation de CEAN
Angola : Données clés
Nom officiel République d’Angola
Capitale Luanda
Superficie 1 246 700 km²
Villes principales (population)
Luanda 1 200 000 (1988 estimation)
Huambo 203 000 (1983 estimation)
Benguela 155 000 (1983 estimation)
Lobito 150 000 (1983 estimation)
Démographie
Croissance démographique
Habitat humain
Migrations humaines
Langues d'Afrique australe
Religions d'Afrique
Population 10 864 512 (1998 estimation)
Croissance de la population
Taux de croissance de la population
2,84 p. 100 (1998)
Densité de population 8,7 habitants au km²
Urbanisation
Population urbaine 32 p. 100 (1997)
Population rurale 68 p. 100 (1997)
Espérance de vie
Total 47,9 années (1998)
Femmes 50,2 années (1998)
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Hommes 45,6 années (1998)
Taux de mortalité infantile 132 p. 1 000 (1998)
Taux d'alphabétisation
Total 41,7 p. 100 (1990 estimation)
Femmes 28,5 p. 100 (1990 estimation)
Hommes 55,6 p. 100 (1990 estimation)
Composition de la population
Ovimbundus 37 p. 100
Kimbundus 25 p. 100
Bakongos 13 p. 100
Métis 2 p. 100
Européens 1 p. 100
Autres 22 p. 100
Langues
Portugais (langue officielle), langues bantoues.
Religions
Animistes 47 p. 100
Catholiques 38 p. 100
Protestants 15 p. 100
Politique
Angola: Institutions
Carte
Politique
Régime politique
Gouvernement transitoire d'une démocratie multipartite avec un fort pouvoir présidentiel.
Indépendance 11 novembre 1975 (séparation du Portugal)
Constitution en vigueur
11 novembre 1975; révisée le 7 janvier 1978, le 11 août 1980, le 6 mars 1991 et le 26 août
1992.
Droit de vote Suffrage universel (à partir de 18 ans)
Membre de
ACP, APPA, Bard, Bird, CCD, CEEAC (observateur), CIO, CMT, Cnuced, Croix-Rouge
internationale, FAO, FMI, FSM, Fida, G-77, Gatt, IFRCS, Intelsat, Interpol, MNA, OACI,
OEA (observateur), OIC, OIM, OIT, OMI, OMM, OMPI, OMS, OMT, OUA, Onu, Onudi,
SADC, UIT, UPU, Unesco
Économie
L'industrie dans l'activité économique
Angola: Économie
Agriculture et économie
Produit intérieur brut (PIB)
7 662 millions de dollars (1997)
PIB par habitant (U.S.$) 660 (1997)
PIB par secteur économique
PIB : part de l'agriculture 9,3 p. 100 (1997)
PIB : part de l'industrie 62 p. 100 (1997)
PIB : part des services 28,7 p. 100 (1997)
Budget de l'État
Recettes publiques Non disponible
Dépenses publiques Non disponible
Unité monétaire
6
1 kwanza (NKZ) = 100 lwei.
Exportations
Huile, diamants, produits dérivés du pétrole, gaz, café, sisal, poisson et produits à base de
poisson, bois de construction, coton.
Importations
Biens d'équipement (industrie mécanique et équipements électriques), produits alimentaires,
automobiles et pièces détachées, textile et habillement, médicaments. Importantes livraisons
de matériel militaire.
Principaux partenaires à l'exportation
États-Unis, France, Allemagne, Pays-Bas, Brésil.
Principaux partenaires à l'importation
Portugal, Brésil, États-Unis, France, Espagne.
Industries et services
Pétrole, mines de diamants, minerai de fer, phosphates, bauxite, uranium, or. Poissons et
dérivés de poissons, agroalimentaire, brasserie, tabac, sucre, textiles, ciment, métallurgie de
base.
Agriculture
Cultures commerciales : canne à sucre, café, sisal, maïs, coton, manioc, tabac. Cultures
vivrières : cassave, légumes, plantains, bananes.
Ressources naturelles
Pétrole, diamants, minerai de fer, phosphates, cuivre, or, bauxite, uranium.
Sources :
Données-clés
Les données relatives à la superficie sont extraites de 1994 Food and Agriculture Organization
(FAO) Production Yearbook. Les données relatives à la population, au taux de croissance de
la population et à l'espérance de vie sont extraites de World Population Prospects: The 1994
Revision des Nations unies. Les données relatives à la densité de population et au taux de
mortalité infantile sont extraites de 1993 Statistical Yearbook des Nations unies. Les données
relatives au taux d'alphabétisation sont extraites du 1995 Statistical Yearbook de l'Unesco.
Les données relatives au taux d'urbanisation sont extraites de World Urbanization Prospects:
The 1994 Revision des Nations unies. Les données relatives à la composition de la
population, aux langues et aux religions sont extraites du 1995 World Factbook de la CIA.
Économie
Les données relatives au PIB sont extraites de World Bank World Tables. Les données
relatives au PIB par habitant sont extraites de 1993 Statistical Yearbook des Nations unies.
Les données relatives à la structure du PIB sont extraites de 1993 Handbook of International
Trade and Development de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le
développement. Les données relatives au budget de l'État sont extraites de World Bank World
Tables.
Remarque : les pourcentages étant arrondis, les totaux peuvent être inférieurs ou supérieurs à
100
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LIBRE OPINION
UN POIGNARD DANS LE DOS DE LA LIBERTE D'OPIGNION
La condamnation le 31 mars de cette année, du journaliste Rafaël Marques du journal
"AGORA" à 6 mois de prison ferme et 16'000 $ d'amende pour offense au Président,
interpelle notre conscience.
Le jeune Rafaël, un journaliste indépendant a mis sa vie en danger en mettant en cause une
certaine forme de gouvernance. Quant à nous, nous garderons de prendre position quant à la
véracité des propos.
N'ayant aucun élément de jugement sur ses opinions et sur les faits qui lui sont reprochés,
notre analyse se limitera à donner une opinion quant à l'importance de liberté d'expression
dans un Etat démocratique. C'est le sens de notre démarche. Notre article ne juge pas, ne
condamne pas, mais il permet de mettre en lumière une politique qui peut porter préjudice aux
efforts de démocratisation entrepris dans ce pays (ANGOLA).
La condamnation de Rafaël Marques et de son Directeur de journal "AGORA" est un signe
alarmant pour tous ceux qui, comme nous, pensons que la liberté d'opinion doit être le fer de
lance d'une démocratie naissante. Le pouvoir politique doit s'exercer dans la diversité
d'opinions.
Le pouvoir est le terrain de prédilection de l'arrogance. Or, l'histoire nous a apprend que le
pouvoir pour qu'il soit maître de ses agissements ou encore plus, doit être contrôlé. Le pouvoir
de presse est essentiel dans ce domaine. La presse éveille les consciences, crée les opinions,
façonne les mentalités et dans une large mesure, se fait l'écho de la majorité des citoyens sans
parole. C'est donc "le garant" de la démocratie. Il n’y a pas de démocratie sans liberté
d’opinion.
Une démocratie ne peut se construire ou ne peut survivre que si toutes les libertés sont
garanties, parmi lesquelles celle de la presse a une place particulière. Cela implique que nos
institutions reconnaissent les droits fondamentaux d'opinions et autres. Cela implique
également une nouvelle manière de gouverner.
N'oublions pas en effet, que le jour où nous avons accepté la disparition d'un Etat à parti
unique, à une presse étatique, nous avons pris l'engagement moral et surtout institutionnel de
favoriser le pluralisme. Le pouvoir doit par conséquent agir autrement. Il doit défendre ses
thèses dans la puissante presse étatique, toujours à ses bottes.
L'intimidation, les menaces, les condamnations, l'emprisonnement des journalistes est un aveu
d'impuissance de l'Etat. La Culture démocratique exige de l'Etat une aptitude à argumenter
d'une façon lucide, impartiale, en connectant toutes les vues.
Si le Gouvernement angolais est sincère dans sa volonté de démocratisation du pays, il doit
agir avec tolérance et modération. C'est le sens d'une nouvelle réalité. Une réalité irréversible.
Les temps ont changé, nous devons en être conscients. La manière de gouverner doit changer.
Faut-il le rappeler, que des problèmes beaucoup plus importants attendent d'être résolus pour
le bien être du peuple angolais.
En tant qu'Angolais, nous courrons bien entendu, un certain risque en donnant une opinion sur
une question sensible. Toute fois, se laisser bâillonner par de telles considérations, perdrait
notre droit universel "d'opinion". L'expression est notre seule liberté, qui nous permette de
vivre notre pays avec passion et affection.
La liberté d'opinion est un droit universel qui doit être défendu avec force et conviction pour
que l'Angola soit réellement un ETAT DEMOCRATIQUE. La présence en signe de soutien
de plusieurs leaders de l'opposition et même certains députés du parti au pouvoir, au procès de
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Rafaël Marques, nous donne bon espoir quant à l'avenir démocratique de notre pays. Pedro
Kiangebeni
A N G O L A : La force change de camp et le M.P.L.A. accélère
la reconquête du territoire
On pensait s'acheminer vers une "troisième force", en Angola. Et que voici la tournure des
événements qui ont eu lieu, peu avant la date de l'avènement de la célébration du 24ème
anniversaire de l'indépendance du pays, le 11 novembre.
Dès la fin du mois d'octobre de l'année dernière, l'armée gouvernementale angolaise avait
déclenché, la plus grande contre-offensive militaire jamais organisée contre les positions des
combattants rebelles de l'UNITA. Le résultat ne s'est pas fait attendre. Plusieurs villes, dont
Andulo et de Baïlundo, fiefs de Jonas Savimbi et quelques membres de son staff, encore
aujourd'hui en fuite, ont même failli être capturés.
La reconquête des territoires jusqu'alors occupés par l'opposition armée, préfigure la nouvelle
donne de la situation politico-militaire en Angola. La position de force qu'obtient le MPLA va
certainement modifier l'analyse de l'avenir de ce pays qui reste malgré tout, toujours en
guerre, les poches de résistance des rebelles n'étant pas complètement eradictées. En
débandade, repliée à l'Est du pays, réduite à faire de la guérilla, mais toujours surarmée,
l'opposition armée réorganisée, peut encore à tout moment reprendre la guerre.
Ses victoires marquent un tournant décisif pour le MPLA. Le voilà maître du jeu. Voudra-t-il
instaurer, avec la paix, la liberté et la démocratie? Que sera sa politique pour assurer la
cohésion nationale? Un partage du pouvoir pourra-t-il se faire avec l'opposition non-armée?
"C'est toujours les mêmes qu'on voit dans la politique. Il faut des nouvelles têtes, jeunes et
responsables." Voilà ce que se disent les Angolais en privé, lorsqu'on les interroge sur la
situation politique de leur pays.
Quant au Mouvement pour la Paix qui était en gestation, va-t-il perdre de son élan ? Que sera
l'attitude de la Société Civile face à cette nouvelle donne? Et la diaspora angolaise à l'étranger,
quel rôle veut-elle jouer en Angola ? La diaspora angolaise, où qu'elle se trouve, se soucie de
l'avenir du pays. C'est pour cela qu'un Colloque sur la paix a eu lieu aux îles du Cap-Vert. Le
MPLA militairement vainqueur peut-il encore accepter des nouvelles idées, pour faire avancer
le débat sur le projet de la société nouvelle angolaise, et de la paix véritable pour le pays ?
C'est peut-être possible. Toutes ces questions mériteraient des réponses concrètes. Pour
l'heure, la paix n'est pas définitive en Angola. Le gouvernement doit parer au plus urgent de
priorités : assurer le ravitaillement, le logement, les soins, l'éducation à la population.
Quant à l'UNITA en débandade, la stratégie de guérilla est une de ses spécialités, qui, repliée
à l'Est du pays, toujours surarmée, réorganisée, peut encore à tout moment reprendre la
guerre.
Le MPLA, qui par le passé s'est fait piéger, ne se laissera assurément plus prendre encore une
fois, avec le discours, quelquefois inefficace et apaisant, de l'ONU. Qui a d'ailleurs perdu un
de ces meilleurs hommes dans le conflit angolais. Le gouvernement a bien tiré les leçons du
passé. Ses récents succès militaires vont lui monter à la tête et ne se laissera pas dicter une
nouvelle fois la conduite à suivre. D'autant plus que, sur le plan international, sa légitimité
n'est plus contestée. Et pourtant, c'est grâce à cette institution internationale, (l'Organisation
des Nations Unies), que la crise angolaise peut encore trouver un dénouement. Joignant les
paroles aux actes, cette fois-ci l'ONU tranche franchement en faveur du MPLA et propose des
sanctions immédiates à tous les coupables et complices de Jonas Savimbi et de l'UNITA :
En Afrique, les alliés de Savimbi sont nombreux. Tous vont subir des sanctions. le Zaïre de
Mobutu et de sa clique, la Côte d'Ivoire de Bedié, le Congo de Pascal Lissouba, le Togo
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d'Eyadéma, le Burkina Faso de Blaise Compaoré, le Rwanda de Paul Kagamé, l'Uganda de
Museveni, tous ont reçu des diamants, de l'argent de Savimbi, et de surcroît, l'ont aidé à se
réarmer pour tuer le peuple angolais.
En Europe, les pays d'Europe de l'Est, en tête la Bulgarie et l'Ukraine, qui continuent à vendre
des armes pour la soldatesque unitiste de Savimbi.
Au Portugal, les amis de Savimbi ont aussi reçu des "cadeaux" diamantifères. A commencer
par l'insoupçonnable Mario Soares, ancien président de la république portugaise et leader
historique du parti socialiste, qui n'hésite plus, en signe de reconnaissance pour des diamants
reçus, de soutenir Jonas Savimbi et d'accuser le MPLA de tout faire pour éliminer ses amis de
l'UNITA...Or, un document circule où Mario Soarès est mal placé pour donner des leçons de
la démocratie aux Angolais, surtout après avoir été complice de vol des richesses de l'Angola.
Son fils Joao Soarès, maire de Lisbonne et lui-même, se seraient livrer au trafic de diamant et
d'ivoire (Le Nouvel Afrique Asie n°127-avril 2000). Il semblerait même que plusieurs
membres du gouvernement portugais et des entreprises portugaises, se seraient impliqué dans
cette affaire. En tout cas, le gouvernement angolais est prêt à cracher le morceau si le soutien
du Portugal à l'UNITA se poursuivait. Au Portugal même, certaines personnes dénoncent. Rui
Mateus, ancien dirigeant du Parti socialiste portugais a écrit un livre au vitriol qui met en
lumière la complicité existante entre des personnalités du pays et la rébellion armée en
Angola. Finalement les deux pays ne souhaitent pas aller trop loin car certaines vérités
risquent de mettre tout le monde dans des bien mauvaises postures...
Des années de guerre ont très certainement marqué le peuple angolais. Leur conception
politique est modifiée et une nouvelle conception politique émerge. La méfiance reste encore
vivace entre angolais. Il faudra combien de temps pour effacer cet état d'esprit? Difficile de
répondre. Seule certitude, un changement radical sur le terrain, une stabilité constitutionnelle,
peuvent faire évoluer les mentalités.
Avec la bipolarisation a surgit les intransigeants qui ne veulent parler ni du MPLA, ni de
l'UNITA. Dans les deux camps, les irréductibles se tirent à fleurets mouchetés. Comme hier
encore avec la colonisation portugaise. Ceux qui ont vécu avec les colonisateurs gardent
encore la nostalgie du passé glorieux, où il suffisait d'être bien vu par les colons pour jouir de
certains avantages. Il y a aussi ceux qui ont souffert de la colonisation qui n'en veulent même
pas parler. Parmi les exilés, il y a ceux qui refusent même de parler la langue portugaise qui
évoque un passé douloureux : "Dès que je vais quelque part ici en Europe, ou en Amérique, ,
et que je me présente en tant qu'Angolais, les étrangers blancs ne me demandent même pas si
je parle kimbundu, kikongo ou tschokwé, ils me demandent tous, si je parle le portugais. C'est
comme si c'était notre langue à nous, les Angolais! " Les plus virulents sont les sympathisants
de l'UNITA, et quelques membres du FNLA en exil, qui ont toujours estimé que le Portugal
préférait toujours les gens du MPLA puisqu'ils sont pour la plupart des blancs ou des métis
culturels ou raciaux. En 1992, lors des élections, Jonas Savimbi a su bien exploiter ce
ressentiment nationaliste. Le ton était donné avec un discours mémorable de Savimbi, mâtiné
de xénophobie, assaisonné d'un peu de piment raciste, et au final, mijoté de haine tribale, les
ovimbundu devenant du coup des victimes de l'ensemble des ethnies angolais sous la botte de
MPLA!... Tous les autres ne faisant pas partie de l'ethnie de M.Savimbi sont considérés
comme des "assimilés vendus aux Portugais!". Malheureusement ce discours ne lui pas servi.
Voilà encore un autre problème que l'Angola doit résoudre : le racisme. Quant au sein du
MPLA, le métissage est brandi comme l'arme idéale pour l'avenir de la société multiraciale
angolaise. On oublie de dire qu'à Luanda les originaires de Cap-Vert, du Brésil, du Portugal,
métis ou non, affichent un certain mépris à peine voilé vis-à-vis des autochtones, vivant entre
eux, se refilant des combines, privilégiant d'aider un frère ou une sœur de race qu'un Noir pur!
Le volcan est à peine couvert, au moindre étincelle, l'éruption sera violente et fatale. Les
dirigeants du MPLA le savent, le reconnaissent en privé, mais cela reste un problème racial
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sensible qu'il ne faut surtout pas aborder... Or, pour la paix sociale future de l'Angolais, tous
ces problèmes doivent être mis sur la table et que tout gouvernement, actuel ou futur, doit
régler en menant une campagne pédagogique et médiatique. Le métissage est une chance pour
l'Angola. Il faut que les Angolais s'acceptent entre eux, quelle que soit l'origine, du moment
qu'un individu a fait un choix de se reconnaître Angolais. Il sera plus prudent d'exiger à celui
qui se dit Angolais de prouver son "angolanité" dans ses actes civiques.
Sur le front de la diplomatie internationale, le gouvernement angolais est crédible et reçoit le
soutient de la "communauté internationale". La légitimité du gouvernement du MPLA n'est
plus contestée. Sauf par l'opposition armée de l'UNITA qui n'a jamais digérée son échec sur
tous les plans.
La victoire du MPLA est un coup de grâce qui achève la mauvaise politique et la stratégie de
l'UNITA. Jonas Savimbi et ses proches ont donc failli être capturés et se trouveraient en fuite
dans un pays africain qui peut être l'Ouganda, voir même le Burkina Faso. Définitivement ?
Peut-être bien. Parce qu'abandonné par ses plus fidèles et proches lieutenant et ses guerriers
qui ont choisi la réédition avec armes et bagages, plus rien ne lui servira de s'entêter et
accepter de vivre une vie d'exilé forcé, qui n'est jamais bien et vivable pour personne de
normal. Il lui reste une chance : faire une déclaration apaisante pour pouvoir jouer un rôle
politique pour son pays, plutôt que de le trahir ou le vendre aux étrangers. Ses propres enfants,
(Savimbi en aurait eu 28!), n'acceptent plus cette situation qui a certes permis à son père de
s'enrichir avec les diamants du pays, mais vivre en parias et en errance, loin d'un pays qu'ils
aiment. L'un d'eux, Arauja Sakaita, âgé de 22 ans, étudiant au Togo, a tenu une conférence de
presse à Luanda, dès son arrivée, début octobre, à la surprise générale. Au cours de cette
conférence, il accuse son père d'être "le plus grand assassin que l'Angola ait jamais connu et
aussi responsable des malheurs et de la destruction du pays." Dans sa dénonciation, il fustige
"ses complices chefs d'Etats africains des pays comme le Togo, le Burkina Faso, la Côte
d'Ivoire, la Zambie et l'Afrique du Sud, de continuer à soutenir Savimbi, en échange des
diamants angolais." Le fils est bien placé pour le dire.
Cette fois-ci, le chef rebelle Jonas Savimbi aura du mal à mettre de nouveau la main sur ce
pactole qu'est le diamant angolais, puisqu'une décision significative de la société sud-africaine
DE BEERS (société exploitante de ce mine de diamant angolais), qui a décidé , pour se
conformer avec le Comité des Sanctions de l'ONU, de ne plus acheter de diamants provenant
des zones contrôlées par les rebelles de l'UNITA.
Le 30 octobre à Luanda, une réunion des pays tels que, la Zambie, l'Afrique du Sud, la
Tanzanie et le Zimbabwé, s'est dégagé un communiqué commun qui décrit "Jonas Savimbi,
leader de l'UNITA comme une menace pour la paix et la stabilité de la région".
Le Brésil, allié naturel de l'Angola, a, lui aussi, décidé d'envoyer des troupes armées en
Angola, pour aider le gouvernement de Luanda de venir à bout des quelques poches de
résistance rebelle.
Les Américains ont choisi eux, leur camp, et rompus depuis fort longtemps avec l'UNITA et
Jonas Savimbi. Business is Business, n'est-ce pas ? En bons occidentaux.
Ces victoires diplomatiques permettront au gouvernement d'accélérer la reconquête du
territoire dans son ensemble afin de le contrôler.
Sur le plan interne, le MPLA aura du mal à convaincre l'opposition légale, de l'UNITARenové, de FNLA et des autres petites formations reconnues qui siègent au Parlement, sur sa
nouvelle politique. Il sera obligé d'expliquer longuement sa nouvelle option politique. Tant
que cela restera conforme à la constitution légale, le MPLA ne mettra pas longtemps pour
faire adhérer les autres dans sa nouvelle orientation. Un semblant de démocratie existant
encore au sein de ce dit-Parlement.
Le FNLA, déjà divisé en deux, reste l'interlocuteur le plus intransigeant. L'aile de FNLALuanda dirigé par Lucas Benghi Ngonda réclame toujours une plus grande démocratie pour le
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pays, pour se faire mieux représenter. Son parti veut jouer un rôle et peser sur les orientations
qui engageront le pays.
Le FNLA, aile-Holden Roberto à Paris, multiplie des conférences et des publications en
Europe, pour expliquer sa stratégie politique. Le 2 août dernier, une délégation de ce parti , a
tenu une conférence de presse en Belgique, à l'International Press Center de Bruxelles. Le
conférencier, M. Bento Diamvutu, député au Parlement à Luanda, a fait une remarquable
allocution, et dont voici un extrait : "L'Angola ressemble à un pays qui a souffert plusieurs
bouleversements sismiques." Autre morceau choisi et percutant : "Depuis deux décennies la
population est soumise à une aggravation de ses conditions de vie. En effet l'Angola détient
un des plus tristes et tragiques records du monde contemporain. Avec son cortège lugubre de
désordre, d'orphelins, de veuves, de mutilés, de plus d'un million et demi de morts et des
déplacés, de destructions massives ; le peuple angolais est contraint à la militarisation à une
société bloquée, où l'éducation et la santé sont ignorées. Aussi, suite à cette guerre les droits
les plus élémentaires sont purement et simplement ignorés et bafoués. Le patrimoine national
conquis a grand prix a été détruit par la guerre civile, qui par voie de conséquence a entraîné
la disparition des villages entiers, transformant des millions d'Angolais en personnes
sinistrées, sans foyer ni logement auxquels fut retiré toute dignité humaine et surtout espoir
dans leur propre pays. Le tissu social est complètement détruit(...)"
Tout est dit dans cet extrait. Le pays est exsangue. son parti propose la tenue d'une table ronde
réunissant toutes les composantes de la vie politique nationale, sans oublier la société civile et
religieuse, en vue d'une concertation nationale. Cet appel à la raison, qui d'ailleurs tout
patriote réclame finira-t-il par être entendu par le MPLA, désormais seul maître à mort du
gouvernail ?
Dans le journal "Le Soir" du 4/11/99, la journaliste colette Braeckman brosse un tableau très
sombre de l'Angola : " Si l'armée angolaise financée par les ressources du pétrole, est devenue
la plus puissante et la plus expérimentée de la région, forgée au feu de vingt ans de guerre, en
revanche la population est l'un des plus misérable de l'Afrique : l'Angola détient le triste
record de la plus grande concentration de mines et des personnes handicapées, des millions de
citoyens sont des réfugiés dans leur propre pays, la famine ravage les campagnes où les
paysans ne peuvent plus cultiver, et dans les villes, déplacées intérieurs et résidents dépendent
de l'aide alimentaire. Mais l'importation de voitures de luxe représente plus du double de
l'aide humanitaire", conclut-elle."
Une page est en train de se tourner pour l'Angola, toujours ravagé par la guerre civile absurde.
L'Angola vient de fêter l'anniversaire de son indépendance dans la douleur. Le 11 novembre
1975, le Portugal a laissé un pays en ruine, détruisant une partie du patrimoine du pays, se
précipitant de vider les lieux, laissant les Angolais s'entretuer entre eux. Aujourd'hui, ce même
pays s'accroche à jouer un rôle dans ses anciennes colonies. Mémoire courte ou mépris
colonial ? Combien d'anciens coloniaux portugais avons-nous rencontré en Europe, au
Portugal, en France, en Suisse, qui nous disent les larmes aux yeux : "Vous êtes en train de
détruire votre pays très riche, qui est aussi quelque part, notre pays..."
En Angola, une nouvelle ère a sans doute commencé avec l'An 2000. Espérons que les
angolais n'entreront pas dans le 21èsiécle "à reculons", comme dirait Alpha Blondy et qu'ils
prendront enfin le train de la paix, de la tolérance, et du progrès.
Alfonso Sadi
L'intégration des Angolais en Suisse
Depuis quelque temps, je fais partie du nouveau lectorat qui compte N'Gola depuis que ce
médias a commencé à publier régulièrement ses éditions avec sérieux et enthousiasme.
Connaissant ma passion pour cette revue africaine, et bien qu'habitant en France voisine, mon
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ami et collègue, Alfonso Sadi, ne rate pas une occasion pour m'encourager à écrire quelques
lignes pour ce sympathique bi-mensuel . Jusqu'à présent, soit par paresse intellectuelle ou par
timidité, je n'arrivais pas à trouver un "bon sujet" qui puisse retenir l'attention de mes amis
Angolais. D'autant plus qu'étant moi-même lecteur de N'Gola, nous sommes habitués à lire
des sujets beaucoup plus passionnants et bien traités, élaborés chaque mois par la formidable
équipe rédactionnelle qui anime cette revue. C'est encore Sadi qui, ne voulant lâcher prise,
m'a encore suggéré le sujet objet de ces lignes : "L'intégration des Angolais en question". Un
thème apparemment facile qui m'a enchanté. Alors j'ai pris mon stylo. Surtout après avoir lu
l'analyse de mon ami Sadi dans le précédent numéro consacré aux jeunes Angolais nés dans la
diaspora en Europe.
En France, pays de référence de la société euroccidentale, l'intégration est le mot clé pour tout
ce qui concerne la question de l'immigration. "il faut que l'immigré (entendez un Africain ou
un Maghrébin) s'intègre à la société française pour qu'il soit accepté par le français moyen.
C'est-à-dire par Monsieur tout le monde". Quant on connaît toutes les qualités qui réunit un
Français moyen (sans énumérer les défauts) on mesure tout l'étendu de l'effort demandé au
pauvre émigré noir, venu manger "le pain des français" pour sa survie, alors qu'il n'offre en
échange que sa modeste force de travail.
L'intégration demandé à l'immigré est à plusieurs niveaux. D'abord, au travail. Sur ce plan elle
est quasi automatique, main d'oeuvre à bon marché, docile et rentable, neuf fois sur dix
l'émigré réussi son intégration sociale. Originaire le plus souvent des pays où le droit des
travailleurs, ou le droit tout court, est méprisé, sinon inexistant, l'émigré travaille jour et nuit,
les dimanches et les jours fériés. Il est l'objet d'un traitement paternaliste de la part de son
patron blanc.
C'est dans la vie sociale, dans la vie hors travail, c'est-à-dire la vie réelle, en dehors du centre
de production, que l'intégration de l'immigré est non-réussite, quand elle n'est pas tout
simplement non-souhaitée. La visibilité de l'émigré dans la sphère sociale est mal vue par le
national. Sa réussite ne provoque que sarcasme et mépris de la part de son homologue. Les
membres du Parti Socialiste Français (PSF) non pas digéré la nomination par François
Mitterrand de Koffi Yam Gnam (originaire du Togo) au ministère de l'Intérieur, ils l'ont
surnommé "caprice du Dieux". Sous-entendu, sa promotion avait été un caprice du président
de la République. Ses réussites et son succès à la tête d'une municipalité bretonne n'étaient pas
suffisants pour ses camarades socialistes blancs.
Bien souvent ce phénomène de rejet de l'immigré est proportionnelle aux différences
culturelles, humaines, historiques et géographiques existantes entre son pays d'origine et son
pays d'accueil. C'est ainsi que les Maghrébins musulmans se heurtent à plus de difficultés
administratives que les Africains Noirs chrétiens dans l'ensemble des pays de l'Europe
occidentale. Dans l'Europe des Balkans c'est plutôt l'inverse.
Dans le cas concret de l'intégration des Angolais en Suisse, il conviendrait de s'arrêter un
moment sur la présentation des deux pays, l'Angola et la Suisse, pour mieux cerner la nature
des obstacles qui peuvent se dresser devant le "parcours d'intégration" des femmes et des
hommes venus du pays de Neto et de Do Santos ( ou Savimbi) au pays helvétique ou à la cité
de Calvin.
"Le Brésil de l'Afrique", c'est ainsi que l'on surnomme l'Angola ;. un pays qui porte déjà en lui
les germes du métissage culturel et les gènes de l'intégration raciale. La population côtière
angolaise est majoritairement métisse, avec une forte minorité blanche, les Noirs vivent pour
la plupart à l'arrière-pays et à l'intérieur. L'Angola, plus que toute autre pays africain, est le
résultat d'un processus colonial spécifique. A la différence de l'Anglais, qui colonisait pour
rentabiliser son commerce, ou du Français qui colonisait pour piller les ressources africaines,
le Portugais colonisait pour s'y installer et s'approprier humainement les lieux, tout comme
l'Espagnol, dans une moindre mesure. En Angola, les descendants des colons portugais sont
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devenus eux aussi des "indigènes" du pays. Ainsi il n'est pas rare de trouver un Blanc rougit
par le soleil africain et aux yeux bleus, en plein pays Bakongo au Nord-Est du pays près de la
frontière avec l'ex-Zaïre. Ses faits et gestes sont celui d'un Mukongo, et bien sûr, il vous parle
en portugais ou en kongo. Formidable réussite d'intégration tribale de l'homme blanc au coeur
de la forêt ! En pratiquant une colonisation par "l'indigénat" du colonisateur, les Portugais
faisaient parallèlement du Noir africain un étranger sur son propre sol. Par la politique de
transfert des populations. Ainsi un Capverdien était muté en Angola, un Mozambicain en
Guinée-Bissau, un Angolais au Cap-vert,ou à Sao Tomé et Principe. Résultat, beaucoup des
ressortissants des anciennes colonies portugaises en Afrique sont issus de plusieurs pays à la
fois. Un père Angolais, un grand-père Brésilien, une grand-mère Mozambicaine, une tante
cap-verdien, une mère sao-toméenne! Quel cocktail de mélange de races! Dans ce cas il est
difficile de s'identifier pleinement à une entité nationale précise, et, partant, un sentiment
nationaliste diffus et moins revendicatif. Façonné par l'histoire coloniale, l'Angola sera aussi
modelé par la lutte pour l'indépendance nationale, première force de frappe africaine contre le
régime sud-africain de l'Apartheid. Devenu indépendant, le pays doit encore battre ses armes
pour libérer le sud du continent africain de la suprématie coloniale occidentale blanche. En
1975, année de l'indépendance, l'Angola est d'emblée une puissance de 1 246 700 km2 peuplé
de près des dix millions d'habitants, une armée militairement et idéologiquement aguerrie.
L'Angola possède d'immenses richesses, pétrole et diamants surtout, avec des villes modernes,
notamment Luanda, la capitale, présentant une infrastructure développée. Comme au
Portugal, la religion catholique est majoritaire dans les villes du pays. Son premier président,
Agostinho Neto(président du MPLA), fixe le camp sans ambiguïté et tient à ne faire aucun
cadeau au néocolonialisme européen complice de l'Apartheid. Il trouve ses amis dans le
camps socialiste notamment auprès du leader cubain Fidel Castro. Un engagement qui ne lui
sera à jamais pardonné par les puissances occidentales. Un quart de siècle après son
indépendance, l'Angola subit toujours une guerre civile larvée entretenue par les grandes
puissances. Les principales victimes de cette guerre civile interminable se trouvent dans les
couches les moins favorisées de la population ; des Noirs majoritairement. Ce sont eux qui
fuient la guerre et qui constituent le plus gros lot des requérants d'asile angolais en Europe. Ils
constituent une forte communauté en Suisse. Esseulés en Europe, ils se sentent plus que
jamais Africains, Angolais surtout. Mais en Angola, l'horizon est bouché. Pour certains
l'alternative c'est l'intégration : l'adoption du pays d'accueil comme la nouvelle patrie. cela se
passe par la nouvelle génération. Les enfants qui sont nés en Suisse qui n'ont jamais connu
l'Angola deviendront suisse sans remords ni regrets. Pour l'ancienne génération beaucoup des
choses sont en jeu, tout peut encore basculer. La fin de la guerre civile, par exemple, la paix
en Angola, le lancement d'un processus de réconciliation nationale, ou l'éventuel appel des
cadres Angolais de l'étranger...etc. En attendant, regardons la Suisse et restons en Suisse. La
politique helvétique en matière d'immigration s'est caractérisée pendant des années, durant
"les 30 glorieuses" notamment, par une politique de proximité, en acceptant de préférence les
travailleurs étrangers de "l'Europe pauvre" limitrophe : Italie, Espagne et Portugal, avec un
contingent complémentaire venu de l'autre rive de la Méditérranée, plus exactement du
Magrheb. Après les années 70 et au début des années 80 les trois pays de l'Europe
méridionale se sont enrichis et appartiennent désormais à la puissante Communauté
Economique Européenne (CEE), (l'actuelle CE), de plus en plus leurs ressortissants trouvent
du travail chez eux, nul besoin de s'exiler en Suisse. Il y a eu donc une pénurie de main
d’œuvre que, fort heureusement, un nouveau type d'immigrants est venu compenser. Le
nouveau immigré en Suisse est fondamentalement Africain. Il a fui son pays pour des raisons
politiques, conséquence aussi de la faillite économique de leur continent. Ces Africains sont
majoritairement acceptés dans la société hélvétique pour deux raisons fondamentales : la
première est économique, les nouveaux venus sont souvent jeunes, c'est donc une force de
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travail exceptionnel à bon marché pour le marché suisse. La deuxième raison est culturelle,
les ressortissants de l'Afrique noire, bien que très visibles par la couleur de leur peau, sont
néanmoins facilement "intégrables" par leur culture postcoloniale. Ils sont formés, éduqués et
élevés à l'occidentale et, c'est très important, ils ont tous une culture européenne et chrétienne.
Ces deux raisons qui ne découlent pas du tout de la bonne volonté de qui que ce soit sont aussi
des atouts pour l'intégration des Angolais en Suisse mais aussi de son retour au pays.
Joachin Bacheng M.(journaliste équato-guinéen à Regards Africains, Genève)
Authentification de l’Identité Angolaise
Les Associations Angolaises à travers l’Europe ne cessent d’enregistrer depuis quelques
temps des doléances émanant de leurs membres sur l’AUTHENTIFICATION DE LEUR
Identité, opération menée de concert entre les Représentants du Gouvernement Angolais
(M.P.L.A) et les Services Spécialisés Européens.
Outre le caractère partisan d’une telle démarche, il y a lieu de s’interroger sur les priorités
que se seraient fixées les autorités de Luanda, à l’heure où la guerre civile continue à faire des
ravages et que la paix tarde à venir en Angola. Plutôt que de préconiser des voies et moyens
susceptibles de sortir le pays de l’impasse, voilà qu’une campagne est savamment menée à
l’encontre des Angolais demandeurs d’asile en Europe.
Il est vrai qu’un clivage persiste encore aujourd’hui entre les angolais restés au pays pendant
la période coloniale et ceux par la force de circonstances avaient trouvé refuge dans les pays
voisins, notamment, en R.D.C ex-Zaïre et qui depuis l’indépendance de l’Angola en 1975 sont
rentrés au bercail. On les reproche de ne pas maîtriser la langue portugaise.
Cette situation malheureuse résultant d’abord de la lutte de libération contre le colonialisme
portugais et de la guerre fratricide a été et continue d’être exploitée politiquement par le
MPLA dans le but avoué de diviser le peuple angolais pour mieux régner.
Depuis plus d’un quart de siècle, l’Angola cherche toujours la sérénité et la paix. Cet état de
fait découle entre autre de la désarticulation de l’appareil étatique rongé par la corruption et le
manque flagrant de volonté politique de la part des autorités au pouvoir en vue de créer les
conditions pour une réconciliation nationale digne de ce nom.
Cela étant dit, la campagne d’identification en cours dans des pays européens n’est qu’une
manœuvre de diversion de plus, pour retarder davantage l’avènement d’une nation angolaise
réconciliée et débarrassée de tous les vieux démons qui la hantent depuis la nuit de temps.
Il est vrai que tout le monde veut profiter de la montée en flèche de l’extrême droite
européenne qui fonde son idéologie sur la xénophobie et le racisme. Les représentants du
gouvernement angolais, en s’érigeant en recenseur des Angolais en Europe croient réussir à
démobiliser la diaspora. C’est pourquoi, il importe d’attirer l’attention de l’opinion
européenne, particulièrement celle de nos pays d’accueil quant au danger réel de cet acte
machiavélique et sans scrupule.
Il est plus que temps pour les acteurs du conflit Angolais d’enterrer la hache de guerre, en vue
de parvenir à une paix véritable et durable. La réconciliation nationale dépend de ce préalable.
Une fois la paix et la concorde retrouvées, le Gouvernement d’Unité Nationale qui résultera
des accords de tous les partis en conflits sera appelé à mettre en place des conditions d’accueil
favorables pour faire revenir au pays tous les angolais de l’exil.
Faire autrement serait de la tricherie et de la malhonnêteté intellectuelle. L’Association des
Angolais en Suisse est persuadée du fait que nos hôtes européens ne tarderont pas à réaliser
l’étendue de la mascarade ourdie par le Gouvernement Angolais à ce sujet. Ainsi, tous nos
compatriotes aujourd’hui poursuivis par une soi-disante AUTHENTIFICATION DE LEUR
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IDENTITE, pourront avec quiétude, mener une vie tout à fait normale, en attendant les
lendemains politiques meilleurs en Angola.
Eduardo NANIFUTAZO
ANGOLA : La guerre de prix du pétrole
Du point de vue production en pétrole, l’Angola est cité parmi les premiers producteurs
mondiaux. Cependant, il est incroyable et inadmissible de voir ce pays plongée dans la guerre
et la misère malgré ses immenses potentialités minières. La fin du deuxième millénaire aura
laissé aux cœurs des Angolais des mauvais souvenirs.
Nous voici au début du troisième millénaire. Au moment où nous osons croire à un début de
paix et à un apaisement de souffrances, soudain, le gouvernement annonce l’augmentation du
prix de carburant à 150% alors que le salaire de l’ouvrier n’atteigne pas 30$ et celui du cadre
supérieur fixé la moyenne à 100$. Ce qui signifie que même un cadre supérieur ne peut pas se
permettre de faire le plein de carburant pour ses déplacements. De l’autre côté des misérables
vient la classe des Bourgeois. Ce sont les dignitaires, les officiers supérieurs et les autres
privilégiés de l’Etat à qui reviennent tout. Ils bénéficient de tous les avantages, ignorant la
misère du peuple.
Au vu de ce qui précède, nous arrivons à la conclusion que le gouvernement Angolais
sauvegarde ses intérêts au détriment de ceux du peuple. A titre d’exemple, que le
gouvernement nous justifie cette augmentation de prix du carburant quand bien même les
caisses de l’Etat sont vides et le peuple voué à la misère.
Ce qui semble étonnant, c’est que l’Etat Angolais est incapable de définir son état des besoins
à court et à long terme.
Pour revenir à l’augmentation de prix du carburant, dans son discours du 20 février, le
Président de la République se justifie en ces termes, ``l’augmentation du prix de pétrole est
due au disfonctionnement entre membres du gouvernement’’. Ce qui nous amène à croire
qu’il s’agit bien d’une accusation contre son ministre de l’énergie (Pétrole) et celui des
finances.
En fin de compte, comment peut-on comprendre que le Président de la République à qui
revient aussi le poste de Premier ministre ne soit saisi du dossier visant l’augmentation de prix
du carburant. Admettons que le Président n’était pas saisi du dossier, il aurait fait son mieux
pour baisser le prix du pétrole, chose tout à fait normale, dans le cas contraire, nous pouvons
conclure que le président Eduardo Dos Santos dirige le pays à titre décoratif.
C’est depuis deux décennies qu’on assiste à une aggravation de la situation sanitaire et de la
dégradation du système éducatif du peuple. La meilleure éducation étant réservée aux
privilégiés de l’Etat et dignitaires, le carburant est aussi devenu aujourd’hui une affaire des
riches.
En effet, nous pouvons poser la question suivante, est-ce que l’Etat n’est-il pas en mesure de
financer les entreprises publiques à caractère commercial qui devaient à leur tour imaginer des
nouveaux mécanismes de financement ?
A l’image de Sonangol et Pétrangol, les deux grands employeurs après la fonction publique,
elles ont toujours été l’objet de toutes les convoitises et placées au centre de toutes les
batailles jusqu’à la fin du siècle passé. Tout ce qui touche aux compagnies pétrolières est un
secret d’Etat. Rien ne doit être révélé ni le budget ni le capital, ni le résultat ne figurent dans
aucun document. Est-ce que les compagnies pétrolières ont elles été dans le chiffre rouge pour
qu’elles suscitent l’augmentation de prix du carburant ?
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Tout compte fait, ces machinations politiques et diaboliques utilisées par le gouvernement,
déclenchent un sentiment d’indignation de tout un peuple, et l’augmentation du prix de
pétrole devant nous amener à une prise de conscience pour qu’enfin le gouvernement et les
industriels se mettent autour d’une table afin de trouver la solution la plus adéquate et urgente
à ce problème.
Eduardo LUBANZADIO
Economie
Humanisme et Capital
Valeurs humanistes au pouvoir : l'Homme, capital réel de l'entreprise
Talent, intelligence, créativité et adaptation seront les facteurs clés du succès de l'économie du
21ème siècle. Les entreprises axées sur le seul profit à outrance seront condamnées par la
société du savoir. Qui fait de l'homme un partenaire et non plus un vulgaire instrument. Le
changement de conscience s'impose.
Tel est le message que des responsables d'organisations économiques souhaitent délivrer aux
chefs d'entreprises pour le siècle à venir.
La révision des politiques doit succéder à un réel changement de conscience. C'est notre vœux
pieu. Car hélas, l'observation sans nuance des règles de l'économie de marché est une
survivance d'un proche passé très matérialiste. Les dirigeants d'entreprises qui ne feront pas ce
retour sur eux-mêmes, qui n'auront pas cette perception claire de la primauté des valeurs
humaines, ces dirigeants, les hommes et les femmes qui leur succèderont, vivront des réveils
difficiles et des gueules de bois massives.
LAISSER FAIRE OU REAGIR, IL FAUT CHOISIR
Le bilan de ce siècle finissant est alarmant pour ne pas dire catastrophique. Là ce n'est qu'en
raison de l'espace chichement limité que nous alloue la rédaction de ce journal, que nous vous
épargnons les sombres détails de ce tableau, mais il est néanmoins suffisamment significatif
pour réveiller la conscience de chaque être humain, afin de repenser les facteurs essentiels de
progrès réel et de bien être.
Les résultats sont largement inquiétants pour voir par soi-même quels sont nos principaux
problèmes et où ils se posent; le temps aussi d'apprécier la gravité de ces problèmes et
d'acquérir la certitude que le grand public symbolise l'attachement à un grand idéal
humanitaire. Il suffit d'évoquer l'avenir de nos enfants, pour lesquels est une nécessité un
développement durablement efficace et authentique. Le temps enfin de se rendre compte que
l'univers n'appartient pas seulement à ces 5% de l'humanité qui manipule le reste de ses
habitants et gère sa richesse.
AUDACE, SANG FROID, SOLIDARITE
C'est une tâche importante que la nôtre car elle vise à protéger et restaurer la vie, ainsi qu'à
préserver la dignité humaine. Il n'en existe certainement guère qui exigent à la fois plus
d'audace, de sang froid et surtout de solidarité. L'entraide humaine n'est pas divisible. La
participation de tous à l'utilisation des biens est aussi nécessaire que la prise en charge de la
responsabilité sociale pour tous.
Les différentes formes d'un développement durable relèvent de problèmes, actuellement
âprement discutés, et chacun connaît les résultats, par exemple dans "le Machin" (ONU) du
général De Gaule.
Cette notion n'est pas encore courante, ce n'est pour l'heure qu'une hypothèse. Mais elle fait
sens si on la considère comme un paradigme englobant plusieurs tentatives de donner au
17
développement mondial un visage plus humain. Ses contours éthiques exacts demandent
toutefois encore réflexions et discussion.
Conseil, Gestion & création d'entreprise (CGC) en collaboration avec votre journal...étudie la
mise sur pied d'un colloque sur le développement durable. Elle se propose d'aborder ces
thèmes sous un aspect alternatif et constructif, en évaluant les moyens et les mécanismes par
lesquels un nouvel ordre mondial peut être rendu plus équitable, plus social et plus
écologique. Ce colloque largement ouvert à toutes les couches de la population vise à faire le
point sur une série d'initiatives destinées à introduire des valeurs éthiques au niveau
économique, social et environnemental sans négliger la conscience humaine.
Hédi
SEBLAOUI
Activités de l'Association
Nos remerciements à la Communauté Angolaise de Suisse
Au seuil de notre mandat à la tête de l’Association des Angolais de Suisse qui coïncide avec
le nouveau millénaire, qu’il nous soit permis de présenter à l’ensemble de la Communauté
Angolaise de Suisse nos sincères remerciements pour son choix.
Il est vrai que la tâche qui nous incombe est complexe et de grande envergure. Seul, le
nouveau Comité Exécutif ne pourra rien faire. Mais, avec l’appui de la diaspora Angolaise de
Suisse, nous sommes certains de pouvoir mener à bien les tâches qui nous sont attribuées.
A nos prédécesseurs, membre du Comité sortant, nous ne pourrons que réitérer notre profonde
gratitude. Nous ferons nôtre enseignement qu’ils nous ont inculqué après leur expérience de
deux ans aux affaires. Nous les exhortons à nous encadrer par leurs conseils et propositions,
afin que notre Association aille de l’avant.
Quant à nos Collaborateurs au niveau de Sections, nous les invitons à ne ménager aucun effort
dans la sensibilisation et la mobilisation de nos compatriotes résidant au travers de tous les
Cantons qui compte la Suisse. Il est nécessaire et même urgent que soient mises sur pied des
stratégies pouvant permettre une adhésion massive des Angolais de Suisse au sein de l’A.A.S.
Le Comité Exécutif de l’A.A.S. constitue sans nul doute l’élément catalyseur susceptible
d’enclencher des perspectives nouvelles. Toutefois, les membres qui composent ce corps ne
peuvent pas se retrouver partout à la fois. Et, quand bien même ils résideraient dans différents
Cantons, ils sont régis par la loi de la hiérarchisation, c’est-à-dire qu’ils dépendent d’abord et
avant tout de leurs Présidents Sectionnaires. Ces derniers ont dans leurs attributions et
prérogatives la mission de suggérer à la haute instance (le Comité Exécutif) les voies et
moyens à préconiser dans la résolution des problèmes qui se posent dans leurs Sections
respectives.
Nous formons le vœu de voir tous les compatriotes Angolais résidant en Suisse s’unir autour
de l’A.A.S. Nul n’ignore l’immensité de l’enjeu qui guette le peuple Angolais confronté
jusqu’à présent à une guerre civile décimant sa population valide. Les yeux de nos parents
habitant l’Angola sont tournés vers nous. Aucune solution n’est envisageable pour l’instant
dans le règlement du conflit Angolais. Il est possible que la solution devant aboutir à la
cessation de la guerre provienne de la diaspora. Qui vivra verra. Eduardo Nanifutazo,
Secrétaire Général
18
UN COMITE EXECUTIF HORS DU COMMUN
L'Assemblée générale, l'organe suprême de l'association, s'est réunie en session extraordinaire
le 29 janvier 2000 à Lausanne pour traiter uniquement deux points inscrits à l'ordre du jour :
Elections des membres du Comité Exécutif, pour un mandat d'une durée de deux ans
(2000/2001) et des Vérificateurs des Comptes, pour un mandat d’une année non renouvelable.
En fait, ces élections devaient avoir lieu en session ordinaire de l’assemblée programmée à
Berne le 18 décembre 1999. Mais, suite au retrait, en ultime minute, de deux candidats au
poste dans le Comité Exécutif, les membres avaient décidé d’ajourner ces élections.
Démocratie oblige !
Mais, cette fois-ci, après l’approbation des candidatures par l’assemblée, aucun membre n’a
encore créé la surprise de se retirer. Il était alors question d’élire le président de l’Association
des Angolais en Suisse.
Ainsi, après un vote à bulletin secret dont la procédure a été conduite par Madame Maria
Esteves Ntimunsende et Monsieur Nicolau Makuntima, président du bureau de vote, le
dépouillement a donné les résultats suivants :
Monsieur Buanga Pedro Alves, Section de Vaud, 54% des voix
Monsieur Nanifutazo Eduardo, Section du Jura, 14%
Monsieur Catoco Sozinho, Section de Zurich, 8%
Monsieur Kembo Sungu Paulo, Section de Neuchâtel, 8%
Monsieur Lando Garcia Domingos, Section de Berne, 6%
Monsieur Lubanzadio Eduardo, Section de Genève, 2%
Monsieur Mario Mateus Pedro, Section de Lucerne, 2%
Au vu de ces résultats, qu’il faut par ailleurs signalé les 6% d’abstention et de bulletins nuls,
Monsieur Pedro Alves Buanga de la section de Vaud est élu président de l'Association des
Angolais en Suisse pour un mandat de deux ans, et à qui il revient la responsabilité d'attribuer
à d'autres membres élus leurs secrétariats dans le Comité Exécutif.
Par la suite les choses se sont vite accélérées car, le président, nouvellement élu, après
consultation d’une heure à huis clos, a présenté son équipe et les fonctions de chacun. De ce
fait, Monsieur Eduardo Nanifutazo, le dauphin, a été nommé Secrétaire Général de
l’Association. Les autres membres du Comité Exécutif vont occuper les postes suivants :
Eduardo Lubanzadio (Culture et Information), Catoco Sozinho (Affaires Sociales), Mario
Mateus Pedro (Sports et Loisirs), Lando Garcia Domingos (Coordination des Sections) et
Kembo Sungu Paulo (Trésorier).
Il est très important de souligner que la configuration actuelle du Comité Exécutif a
profondément changé. La démocratie envisagée, à la manière de l'association, commence à
gagner le terrain et surtout les cœurs des membres et des sympathisants. Car, les sections qui
étaient massivement représentées dans le Comité Exécutif ne les sont plus présentement. A
l'exemple de la section de Fribourg qui n’a plus de siège dans le Comité Exécutif.
Ainsi, nous nous trouvons devant un Comité Exécutif hors du commun : sept (7) Sections y
sont représentées sur neuf (9) que compte notre association. Il faut souligner que la nouveauté
dans cette configuration, c'est l'entrée des Sections du Jura et de Lucerne dans le Comité
Exécutif ; et aussi la réapparition de la Section de Vaud dont le membre assume actuellement
la présidence de l’Association.
Enfin, l’assemblée générale a aussi élu les Vérificateurs des comptes. Sur 5 candidats qui se
sont prononcés, 3 seulement ont été élus, selon les Statuts, pour avoir obtenu le plus grand
nombre de voix provenant du vote à bulletin secret.
Ainsi, l’organe de contrôle de l’Association est composé de MM. Décant Keto Yama, Pedro
Kiangebeni et Joaquim Nkidiaka.
Décant K.
19
ELECTIONS DANS LES SECTIONS
La plupart des Comités des Sections devaient ou doivent procéder aux nouvelles élections des
membres de leurs comités respectifs ; conséquence de la nouvelle équipe du Comité Exécutif.
Car, selon les Statuts, un membre du Comité Exécutif ne peut pas être membre du Comité de
la Section au cours du même exercice sauf, dérogation accordée par l’assemblée générale ou
par le Conseil élargi (Conseil Exécutif).
Les membres de l’Association, principalement les responsables des Sections, qui mettent déjà
en application les principes démocratiques se sont déjà préparés aux changements dans leurs
sections respectives.
Ainsi, les changements ont été enregistrés dans plusieurs Sections, notamment Fribourg, Vaud
et Zurich. D’autres Sections procéderont à l’élection des membres de leurs comités dans les
jours qui suivent.
Présentement, l’équipe dirigeante de la Section de Fribourg est composée de Mbambi Antonio
(président), Keto Yama Décant (secrétaire), Garcia Raimundo (trésorier), N'Vuala Pedro
(vérificateur des comptes), Domingos Maïnga (vérificateur des comptes), Lando Augusto
(conseiller) et Domingos Félix (conseiller).
Pour la Section de Vaud, le Comité est formé de Lubanzadio Kembo Antonio (président),
Eduardo Domingos (secrétaire), Bunga João (affaires sociales), Armando Teka (trésorier),
Muanza Ziku Richard (sports et loisirs) et Pululu Baptista Antonio (conseiller).
La Section de Zurich a également renouvelé son comité qui est composé de Koko Pedro
Martins (président), Catoco Sozinho (secrétaire), Mukinisa Kipulu Rufino (finances),
Mutaleno João Antonio
(affaires sociales), Bongo Castro João (sports et loisirs) et Mbala Filipe, Luvualu Manuel,
Kiesse Madison Gabriel (tous conseillers).
Décant K.
ASSOCIATION DES ANGOLAIS EN SUISSE : UN MODEL A SUIVRE
D’aucuns n’ignorent le profond changement survenu à la tête du Comité Exécutif de
l’Association des Angolais en Suisse, ce, à la suite des élections organisées démocratiquement
et en toute transparence par le comité sortant à Lausanne, le samedi 29 janvier 2000 devant
une foule nombreuse de membres.
En effet, en vertu d’une disposition prévue dans ses Statuts, un Comité exécutif chargé de
conduire les affaires est élu tous les deux ans, moyennant un scrutin libre, transparent et
démocratique des membres qui composent l’Association des Angolais en Suisse.
La particularité à relever du dernier vote dont question supra est le fait qu’après un brillant
mandat de deux ans, le Comité Exécutif présidé par Monsieur Nkosi Zassala Jean Jacques ait
consenti de partir sans la moindre intention de se représenter une seconde fois.
Or, ainsi que tout le monde le sait, il est de coutume en Afrique que tout gouvernement en
exercice appelé à organiser de nouvelles élections ait tendance à réunir toutes les chances de
son côté, afin de se maintenir au pouvoir bon gré mal gré. Aussi, assistons-nous à des fraudes
et autres manipulations qui entourent le scrutin. Le principe : « j’y suis et j’y reste » est de
mise presque partout.
L’alternance au pouvoir est foulée aux pieds dans la plupart de nos pays, comme qui dirait
que le vocable « alternance » n’existe pas dans le lexique politique du continent africain.
C’est d’ailleurs ce qui se trouve à l’origine des conflits internes qui s’observent en Afrique,
lesquels conflits dégénèrent en guerre civile causant des pertes inestimables en vies humaines.
20
Nos amis du comité sortant ont donc bien fait d’outrepasser cette cupidité du pouvoir.
Pourtant, il résulte des renseignements en notre possession que plusieurs contacts avaient été
pris à priori et à posteriori pour amener certains anciens dirigeants de l’AAS à briguer un
nouveau mandat. Mais, de façon unanime, ceux-ci s’en sont tenus au strict prescrit du
règlement en vigueur. Ils ont préféré jeter l’éponge laissant aux nouveaux le soin de diriger.
Nous avons choisi de nous appesantir sur cette acceptation de l’oubli de soi, au profit de
l’intérêt général, du triomphe de l’alternance au pouvoir au sein de l’Association des Angolais
en Suisse pour exhorter tous les Angolais à suivre cet exemple combien louable. Apprenons à
servir et lorsqu’on est certain d’avoir atteint les objectifs assignés, ayons le courage de laisser
aux autres le soin d’exploiter nos acquis, et à l’histoire, de nous rendre hommage.
Comme le staff du comité sortant de l’AAS, il y a lieu de se demander pourquoi les
compatriotes qui briguent la magistrature suprême en Angola n’arriveraient-ils pas à faire
preuve de dépassement un jour ? Il est souhaitable que les décideurs politiques actuels
s’effacent du pouvoir afin de céder le tandem à l’élite montante supposée être à l’abri de la
corruption perpétrée et entretenue par les différents lobbies qui œuvrent dans le sens
d’exacerber le soi-disant conflit entre les deux tendances politiques les plus en vue, à savoir :
le MPLA et l’UNITA.
Notons, toutefois, que si nous pouvons oser suggérer aux autorités politiques de notre pays
d’adopter telle ou telle autre attitude en vue de parvenir à la pacification de l’ensemble du
territoire national angolais, il nous revient à nous tous l’obligation de nous dépasser pour
contribuer au développement du pays. Le peuple angolais est demeuré longtemps meurtri par
une guerre fratricide injustifiée. Aux dirigeants de demain, c’est-à-dire les jeunes
politiquement vierges dont certains font aujourd’hui partie de la diaspora angolaise de Suisse,
d’apprendre à balayer devant leur parcelle respective. Il est important pour tout un chacun de
s’imprégner les vertus de la démocratie, de la tolérance ainsi que de l’entraide.
Nous saisissons ainsi cette opportunité afin de lancer un vibrant appel à la diaspora angolaise
de l’Europe, d’une part, et à la communauté angolaise de Suisse, d’autre part. Nous devons
unir nos efforts dans le sens de la relance d’une solidarité entre nous. Chacun doit mettre la
main à la pâte dans la promotion et la re dynamisation de l’Association des Angolais en
Suisse, une organisation apolitique visant le bien être de nous tous.
Chaque angolais doit se sentir concerné dans le processus devant aboutir à la reconstruction
nationale de l’Angola. Or, cette dernière démarche passe nécessairement par la participation
active de tous les Angolais où qu’ils se trouvent. L’Association des Angolais en Suisse est
notre apanage. Elle n’est pas que l’affaire de Monsieur Buanga Pedro, actuel Président de
l’AAS ni celle de Monsieur Nanifutazo Eduardo, le Secrétaire Général en exercice. Nous
devons nous organiser à partir de nos cantons respectifs, en vue d’insuffler un vent nouveau à
l’AAS.
Il va de soi que le nouveau comité exécutif de l’AAS est prié d’aller vers ses membres
potentiels non déclarés, principalement ceux qui habitent les cantons alémaniques et italiens ;
cela sans attendre que ceux-ci se décident un jour à s’inscrire au sein de la communauté. Cette
démarche revêt un caractère impérieux dans la mesure où, l’apport de tout angolais et surtout
l’opinion des sans voix pourrait faciliter le déblocage de la situation politique dans le pays.
Le principe d’alternance au pouvoir étant acquis au sein de l’Association des Angolais en
Suisse, il reste que chacun puisse librement donner ses avis et considérations sur le devenir du
pays. De ce fait, les restrictions d’une démocratie exigent des membres leur contribution tous
azimuts aux débats, aux élans de solidarité et à la concorde devant régner entre les filles et les
fils du pays.
A la lumière de ce qui précède, il sied de rappeler que notre propos du jour s’est articulé
autour des principaux points ci-après :
21
Primo : Nous avons jeté des fleurs au comité sortant de l’Association des Angolais en Suisse
dirigé par Monsieur Nkosi Zassala Jean Jacques avec la collaboration efficace de Ses
Secrétaires pour le travail abattu au cours d’un mandat de deux ans. La spontanéité avec
laquelle le staff dirigeant a courageusement accepté le principe de l’alternance au pouvoir
force notre admiration.
Secundo : Nous avons exhorté le comité entrant dirigé par Monsieur Buanga Pedro avec pour
Secrétaire Général, Monsieur Nanifutazo Eduardo, à persévérer dans la voie tracée par les
prédécesseurs, évidemment en recherchant l’innovation. Ce nouveau staff fera œuvre utile en
ralliant en son sein la quasi-totalité des angolais résidant en Suisse, spécialement ceux
habitant les cantons alémaniques et italiens.
Tertio : Nous avons lancé un appel pathétique à l’endroit de toutes les Angolaises et de tous
les Angolais présents en Suisse pour qu’ils puissent apporter leur contribution dans le
processus de la pacification et de la réconciliation nationale de l’Angola. La présence de la
diaspora angolaise en Suisse est une voie obligée, pendant que le pays se trouve à feu et à
sang. Mais, une fois la paix et la concorde retrouvées en Angola, il s’agira pour nous tous de
participer efficacement à la reconstruction nationale en vue de préserver à jamais les acquis
découlant de la paix et de la réconciliation nationale.
Mankumbani Antonio,
St Gallen.
LA FEDERATION DES ASSOCIATIONS ANGOLAISES EN EUROPE EST NEE
Faisant suite au Forum 99, du mois d'octobre de l'année dernière, la rencontre entre les
associations angolaises en Europe du 22 au 23 avril 2000 à Bruxelles, a permis de voir la
naissance de la Fédération des Associations Angolaises en Europe (FAAE).
Le 22 avril 2000 à 20 heures les statuts sont adoptés par toutes les Associations présentes
après des longues heures de discussion à la dimension de l'enjeu Un moment historique. Jeune
mais déjà ambitieuse, la FAAE montre la voie de l'unité nationale qui fait grandement défaut
à notre pays.
La Fédération est un instrument de paix, de concorde nationale, de réflexions, de débats, de
coopération et de développement. La FAAE, est née de la prise de conscience des problèmes
qui affectent l'Angola dans les domaines sociaux, économiques, politique et culturel. Elle est
aussi le reflet de la détermination de la diaspora angolaise en Europe quant à son rôle dans la
recherche permanente des solutions à ces problèmes.
L'unité affichée des Associations Angolaise en Europe permettra sans aucun doute de créer
des synergies indispensables pour favoriser une participation active de la diaspora au
processus de reconstruction nationale. C'est un défi majeur.
C'est ainsi qu'en se fixant pour objectif principal le renforcement des liens entre associations,
le développement de l'esprit d'entraide, la promotion culturelle angolaise, la réinsertion et
l'intégration des angolais au niveau national, la sensibilisation de l'opinion tant nationale
qu'internationale sur les problèmes spécifiques affectant l'Angola, tout en défendant les
intérêts et favoriser l'intégration des angolais dans leurs différents pays d'accueil, la
Fédération des Associations Angolaises en Europe (FAAE) a défini un vaste programme.
Ambitieux, certes, mais aussi et surtout, un programme cohérent à la dimension de la mission
qu'elle s'est fixée. C'est une idée conforme aux aspirations de tout un peuple, l'unité.
Composée de 10 associations membres ordinaires actuellement la FAAE, est appelée à
s'agrandir. Toute nouvelle adhésion soit la bienvenue. Les associations angolaises, de
Belgique, de France, de la Hollande, de l'Italie, et de la Suisse membres fondateurs ont lancé
un appel aux autres associations angolaises en Europe pour adhérer à leur demande
22
patriotique. C'est une question de bon sens. La Fédération est ouverte à toutes et tous ceux qui
ont un idéal pour l'Angola. L'Angola est notre dénominateur commun.
Voici par ailleurs la composition de l'équipe dirigeante (le Conseil d'Administration).
Président M. Jean-Jacques NKOSI (AAS) Suisse
Vice-Président M. Luvumbu Kimu di Kanda (GREDA) Belgique
Secrétaire Générale Mme. Lusekumbanza M. Honorina (ALEGRIA) Belgique
Trésorière Mme Chantale (ALEGRIA) Belgique
Commissaire à la coopération et au développement
M. Mbala (UNEAF) France
Commissaire à l'Economie et Finance
M. Carlos Mangaka (GREDA) Belgique
Commissaire Politique et Juridique
M. Sebastiãu Ntangisina (ACEA) France
Commissaire à la Culture
M. Massaki (ACEA) France
Commissaire à l'action Sociale
M. AZEVEDO (NZINGAMBANDI) Italie
Commissaire à l'information et communication
M. Belo (GREDA) Belgique
Asile
Action humanitaire 2000 : grandes lignes
Nécessité d'une réglementation
Dans les domaines de l'asile et des étrangers, il peut s'avérer que la procédure soit pendante
durant un certain temps, indépendamment de la volonté des intéressés, ou qu'une décision de
renvoi ne puisse être exécutée pendant des années. Cette remarque vaut non seulement pour la
Suisse, mais aussi pour d'autres Etats, plus récemment à la RFA, la Belgique, l'Italie et les
Pays-Bas.
Les motifs en sont divers :
surcharge des autorités compétentes en matière d'asile ;
priorité donnée au traitement des nouveaux cas ;
refus des Etats de réadmettre leurs ressortissants ou de leur délivrer les documents nécessaires
;
manque de capacités et parfois absence de volonté politique de la part des cantons pour
exécuter les renvois.
Au vu de ces motifs, quelque 13'000 personnes séjournent en Suisse depuis de nombreuses
années sans savoir ce qu'il va advenir de leur avenir. Aux yeux des intéressés, cette situation
n'est plus tolérable. Lorsqu'ils se sont bien intégrés et que la durée de leur séjour n'est pas due
à un comportement abusif, il y a lieu de faire preuve de générosité en leur concédant une
réglementation pour des raisons humanitaires et juridiques.
Bases légales
L'art. 44, al. 3, de la loi sur l'asile (LAsi) prévoit que l'Office fédéral des réfugiés (ODR) peut
ordonner une admission provisoire en cas de détresse personnelle grave lorsqu'aucune
décision exécutoire n'a été rendue dans les quatre ans qui ont suivi le dépôt de la demande
d'asile. L'admission provisoire peut être accordée lorsque les actes du requérant d'asile
permettent de conclure que l'intéressé est disposé à s'intégrer en Suisse et apte à le faire (cf.
art. 33, al. 1, OA1).
23
En vertu de l'ordonnance sur l'asile, la personne est considérée comme intégrée lorsqu'elle
s'est bâti une vie économique durable et qu'elle a la charge d'enfants fréquentant une école
publique en Suisse depuis plus de quatre ans. Cette énumération n'étant pas exhaustive,
d'autres facteurs peuvent être pris en compte. Par ailleurs, les conditions énoncées dans la
disposition de ladite ordonnance doivent être assouplies, lorsque plus de huit ans se sont
écoulés depuis le dépôt de la demande d'asile.
Une interprétation de l'art. 44 LAsi quant à son bien-fondé et son opportunité permet de
déduire que la réglementation relative aux cas de rigueur peut s'appliquer non seulement aux
personnes dont la procédure est en cours, mais aussi à celles dont l'exécution du renvoi est
pendante. Toute autre interprétation aboutirait à un résultat choquant, à savoir que les
personnes se trouvant effectivement dans une situation similaire seraient traitées
différemment. Exclure de cette réglementation les requérants d'asile déboutés séjournant en
Suisse depuis longtemps indépendamment de leur volonté et répondant aux critères relatifs
aux cas de rigueur, reviendrait à adopter une attitude formaliste et contraire au principe de
l'égalité de traitement. C'est pourquoi l'ODR peut, dans de tels cas, reconsidérer ses décisions
à la demande d'un canton.
Conditions à remplir pour participer à «Action humanitaire 2000»
Peuvent participer à « Action humanitaire 2000 », les personnes qui
ont déposé une demande d'asile ou sont entrées en Suisse avant le 31.12.1992;
n'ont pas commis de délit ou n'ont pas attesté d'un comportement asocial ;
sont disposées à s'intégrer en Suisse et aptes à le faire ;
ne sont jamais passées à la clandestinité durant leur séjour en Suisse ;
ne sont pas responsables de la durée de leur séjour par manque de coopération.
Groupes de personnes devant faire l'objet d'une réglementation
«Action humanitaire 2000» doit son origine à une décision rendue en octobre 1994 par
l'ancien chef du DFJP. En effet, l'ODR ne doit pas traiter les demandes d'asile émanant de
5'294 requérants srilankais, ayant déposé leur requête entre le 1er juillet 1990 et le 31
décembre 1992. Parallèlement, a été suspendue l'exécution du renvoi de 1'089 personnes
originaires du Sri Lanka, dont la demande d'asile émise dans la même période a abouti à une
décision négative. A l'époque, des milliers de requérants d'asile srilankais étaient déjà tenus de
quitter la Suisse. Or les difficultés rencontrées pour se procurer des papiers, les capacités
restreintes des cantons pour exécuter les renvois et la situation délicate régnant au Sri Lanka
constituent autant de facteurs qui ont limité le nombre des rapatriements. Par la suite, le
problème a été déplacé en raison des deux conflits dans les Balkans, au cours desquels la
Confédération et les cantons ont dû accorder la priorité aux décisions et aux programmes
d'aide au retour en faveur des requérants bosniaques et albanais provenant du Kosovo. En vue
de donner des signaux clairs aux requérants d'asile potentiels dans les Etats de provenance et
d'éviter d'autres cas risquant d'augmenter le nombre des cas en suspens depuis longtemps, les
autorités chargées de l'asile ont été priées de traiter essentiellement les demandes déposées par
les personnes entrées en dernier lieu.
En conséquence, les décisions, les recours et les exécutions des renvois de 6'502 requérants
d'asile srilankais, entrés en Suisse avant 1993, n'ont pu être traités et la décision de suspension
rendue en octobre 1994 est toujours en vigueur aujourd'hui. Par comparaison, quelque 6'500
ressortissants d'autres Etats sont en attente d'une solution.
Dans la mesure où les conditions précitées sont remplies, les groupes de personnes suivantes
sont habilités à participer à « Action humanitaire 2000 » :
Personnes dont la demande d'asile est pendante en première instance
Il s'agit des 5'294 requérants d'asile srilankais qui ont déposé leur demande entre le 1.7.1990
et le 31.12.1992 et dont le traitement des requêtes a été suspendu suite à la décision rendue en
octobre 1994. Aujourd'hui mercredi, la cheffe du DFJP a levé la décision de suspension.
24
Personnes dont le recours est pendant auprès de la Commission suisse de recours en matière
d'asile (CRA)
Sont concernées 944 personnes, ayant déposé leur demande d'asile avant le 31.12.92. Il s'agit
de ressortissants d'une douzaine de pays, dont 331 proviennent de la République fédérale de
Yougoslavie (RFY), 196 de la Turquie et 119 du Sri Lanka.
Personnes dont la demande d'asile a été rejetée et dont l'exécution du renvoi est en
suspens
Ce groupe comprend 6'500 ressortissants de différents Etats, dont la plupart sont des
personnes d'origine albanaise provenant de la RFY (4'147). Dans leur cas, l'exécution de leur
renvoi a d'abord été bloquée, étant donné que leur Etat d'origine a longtemps refusé de leur
délivrer des documents de voyage. Ensuite, leur rapatriement n'a pas été possible en raison du
conflit au Kosovo et de l'interruption des liaisons aériennes avec la Yougoslavie.
Pour participer à « Action humanitaire 2000 », il convient non seulement de remplir les
critères susmentionnés, mais aussi de faire l'objet d'une demande d'admission provisoire que
le canton de séjour déposera auprès de l'ODR avant le 31.12.2000. Dans le cas contraire, le
canton est supposé vouloir exécuter le renvoi, la Confédération remboursant les prestations
d'assistance.
Anciens saisonniers et titulaires d'une autorisation de séjour de courte durée
Il s'agit de 100 à 200 personnes, originaires notamment de l'ex-Yougoslavie, entrées en Suisse
avant 1993, ayant par la suite perdu le bénéfice de leur autorisation de séjour et ayant déposé
une demande d'asile avant le 30.4.1996 suite à la première guerre dans les Balkans.
Anciens titulaires d'une autorisation de séjour conformément à l'art. 13, let. f, de
l'ordonnance limitant le nombre des étrangers (OLE)
Bon nombre de personnes du Sri Lanka, entrées en Suisse avant le 31.12.1992, ont retiré leur
demande d'asile en vue d'obtenir une autorisation cantonale de séjour conformément à l'art.
13, let. f, OLE. Les cantons n'ont plus prolongé les autorisations de séjour pour 100 à 200
d'entre elles, en raison de leur dépendance à l'assistance. Ils n'ont toutefois pas procédé à
l'exécution de leur renvoi. Ces personnes séjournant également depuis de nombreuses années
en Suisse, elles doivent être intégrées à la campagne.
Personnes relevant du domaine des étrangers et participant à la campagne « Bosnie et
Herzégovine »
S'agissant de ces personnes également entrées en Suisse avant le 31.12.1992, leur séjour a été
réglementé provisoirement pour raisons humanitaires sans procédure d'asile dans le cadre de
la campagne «Bosnie et Herzégovine». En vertu de l'art. 14a de la loi fédérale sur le séjour et
l'établissement des étrangers (LSEE), elles peuvent obtenir une admission provisoire
lorsqu'elles attestent d'une situation de détresse personnelle grave. Ainsi, toutes les personnes
se trouvant dans une situation similaire, bénéficient du même statut juridique. Dans les cas où
un recours est pendant auprès du Service des recours du DFJP, l'Office fédéral des étrangers
(OFE) dépose une demande d'admission provisoire auprès de l'ODR.
Conséquences financières
« Action humanitaire 2000 » entraîne peu de frais supplémentaires. La plupart des personnes
concernées relèvent du domaine de l'asile et sont déjà pris en charge par la Confédération
pour autant qu'ils dépendent de l'assistance. Des dépenses supplémentaires peuvent résulter du
regroupement familial dont les membres sont dépendants de l'assistance. Néanmoins, le
regroupement familial concernant les personnes entrées en Suisse avant fin 1992 a déjà été
largement entrepris.
Mesures d'accompagnement
En vue d'éviter que, « Action humanitaire 2000 » n'éveille chez les requérants d'asile l'envie
de retarder le traitement de leur demande, les mesures d'accompagnement suivantes ont été
prises :
25
L'ODR accorde la première priorité au traitement des nouvelles demandes d'asile, afin d'éviter
le plus grand nombre possible de cas en suspens.
En outre, l'ODR et la CRA traiteront en priorité les demandes d'asile et les recours déposés
entre 1993 et 1995.
Pour les requérants d'asile dont le rejet de la demande est entré en force, qui ne peuvent pas
participer à « Action humanitaire 2000 » et dont le renvoi doit en conséquence être exécuté, la
Confédération ne remboursera plus les frais d'assistance aux cantons une fois le délai de
départ échu.
La Division Rapatriements de l'ODR soutient les cantons dans l'exécution des renvois en
participant à l'obtention des documents de voyage de remplacement et à la détermination de
l'identité des intéressés ainsi qu'en dispensant un conseil spécialisé et en assumant la
coordination.
Un contrôle de la procédure et de l'exécution des renvois doit garantir que les missions
assignées dans le domaine de l'asile sont remplies efficacement par les autorités fédérales et
cantonales.
La mise en place de programmes d'aide au retour spécifiques doit permettre d'éviter dans la
mesure du possible les rapatriements sous contrainte.
Concernant toutes les relations extérieures avec les Etats de provenance, il convient de
prendre en compte la position de ces derniers quant à la réadmission de leurs propres
ressortissants.
Berne, le 1er mars 2000
A propos de « Action humanitaire 2000 »
Le 1er mars 2000, le Département fédéral de justice et police a publié un communiqué faisant
mention « Action humanitaire 2000 ». Il s’agit de régulariser la situation des requérants
d’asile ou des étrangers qui ont déposé une demande d’asile ou sont entrés en Suisse avant le
31 décembre 1992.
Cette action, combien louable, a donné matière à réflexion à toute la communauté angolaise
en Suisse, principalement aux concernés, notamment les requérants d’asile angolais et, aussi
et surtout aux responsables de l’Association des Angolais en Suisse.
En fait, lors de la manifestation des Angolais devant le Palais fédéral à Berne, le 31 mars
1999, une motion a été remise au Conseil Fédéral concernant le renvoi de Suisse des
requérants d’asile Angolais et particulièrement la demande des permis humanitaires pour les
Requérants Angolais ayant séjourné en Suisse depuis dix ans.
Cette demande de permis humanitaire a été formulée sur base d’un cas fondé sur l’arrêt du
Tribunal Fédéral rendu le 23 janvier 1998. Dans cet arrêté, le Tribunal Fédéral souligne
« qu’il y a lieu de tenir compte de la très longue durée du séjour en Suisse » dans
l’appréciation d’ensemble de la situation d’un étranger – requérant d’asile ou non – qui
sollicite un permis humanitaire. Appliquant immédiatement cette règle générale, le Tribunal
Fédéral part d’un constant « qu’on doit même admettre qu’à partir d’un séjour de dix ans en
Suisse, le renvoi dans le pays d’origine d’un requérant dont la demande n’a pas été
définitivement tranchée comporte une rigueur excessive ».
Nous pensons que l’acte posé par le Département fédéral de justice et police concernant
l’Action humanitaire 2000 doit être accueilli avec allégresse par la communauté angolaise en
Suisse, surtout par les dirigeants de l’Association des Angolais en Suisse. Mais, il faut tenir
compte que la proposition de l’Association était fondée sur référence d’un document de
jurisprudence du Tribunal Fédéral.
26
Est-ce que l’action humanitaire 2000 est-elle aussi bénéfique aux Angolais ?
En fait, dans cette action, il est mentionné le nombre de 13'000 personnes dont la situation va
être régularisée. Le record revient aux Srilankais et aux Européens de l’Est. Dès lors, nous
nous sommes posé la question sur le nombre d’angolais qui peuvent bénéficier de cette action.
A notre avis le nombre est presque insignifiant. Nous savons qu’en 1996, près de 1'200
Angolais, demandeurs d’asile, étaient frappés par les mesures de levée de l’admission
provisoire et d’expulsion de Suisse suite à l’application des accords de Lusaka (20 novembre
1994). Mais suite à la manifestation des Angolais devant le Palais fédéral à Berne le 9 août
1996, les autorités fédérales ont suspendu leurs mesures. Mais, à l’époque, beaucoup
d’angolais se trouvant dans ces cas étaient déjà hors le territoire helvétique.
Un cas très important est celui qui s’est passé en 1991 et 1992. Beaucoup d’angolais,
requérants d’asile ont été contraints de rentrer en Angola pour simple justification : la
« démocratisation » ; c’est-à-dire, organisation des élections législatives et présidentielles
conclue dans les accords de Bicesse.
Jusqu’à l’ultime jour, le 4 octobre 1992, lorsque les coups de feu ont repris, suite à la
contestation des résultats des élections présidentielles par l’UNITA, certains Angolais étaient
déjà dans le ciel en destination de Luanda et d’autres attendaient les dernières formalités pour
être embarqués, alors qu’un grand nombre d’entre eux se trouvaient déjà au pays et étaient
pris entre le feu croisé de l’armée gouvernementale angolaise et les combattants de l’UNITA.
Et, le renvoi a été suspendu après que les autorités fédérales se soient rendu compte de la
reprise effective de la guerre civile en Angola.
Ces angolais renvoyés, bon gré, mal gré, du moins ceux qui ont eu la vie sauve, suite à la
reprise de la guerre en octobre 1992 et à la tuerie des bakongo en janvier 1993, sont rentrés en
Suisse pour une seconde demande d'asile. Beaucoup d’entre eux sont revenus en 1993. Les
uns ont repris leur boulot dans la même entreprise parce que l’employeur a bien compris leur
malheur, les autres en ont trouvé d’autres activités professionnelles. Bon nombre d’entre eux
sont financièrement autonomes, bien intégrés en Suisse sur le plan tant social que
professionnel et présentent un comportement correct et irréprochable. Ces gens-là ne
pourront-ils pas bénéficier d’une dérogation de la part du Département fédéral de justice et
police, ou principalement du canton de leur résidence ?
Possibilité il y a, car le document indique : « Exclure de cette réglementation les requérants
d’asile déboutés séjournant en Suisse depuis longtemps indépendamment de leur volonté et
répondant aux critères relatifs aux cas de rigueur, reviendrait à adopter une attitude formaliste
et contraire au principe de l’égalité de traitement. C’est pourquoi l’ODR peut, dans de tels
cas, reconsidérer ses décisions à la demande d’un canton ».
Si tel n’est pas le cas, on le sait fort bien qu’en matière de sélection naturelle, les faibles
périssent toujours. Dommage !
En dernière minute, nous apprenons que le Département fédéral de justice et police procède à
la levée définitive d’admission provisoire accordée aux Angolais, principalement aux
célibataires, pour la simple raison que la situation en Angola s’est considérablement modifiée.
Décant K.
13'000 requérants peuvent défaire leurs valises!
L'OSAR salue l'admission provisoire des personnes présentes en Suisse depuis plusieurs
années La décision du Conseil fédéral d'autoriser quelques 13'000 requérants à demeurer en
Suisse est accueillie favorablement par les œuvres d'entraide. Elle constitue un pas important
dans la mise en œuvre des recommandations de la commission fédérale des réfugiés pour une
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approche plus cohérente de notre politique de retour.
L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) salue la réglementation par le Conseil
fédéral des cas anciens de requérants d'asile. De nombreuses personnes attendent depuis des
années une décision claire sur leur droit à demeurer ou non dans notre pays. Souvent, malgré
le fait que leurs procédures soient closes, ils n'ont pu être renvoyés et ont été tolérés en Suisse.
Cette situation était devenu intenable, pour les intéressés et leurs proches bien sûr, mais aussi
pour les autorités. Les dommages psychologiques et sociaux causés par cette attente
prolongée, pour difficilement chiffrables qu'ils soient, n'en sont pas moins avérés.
Grâce à "l'action humanitaire 2000", le Conseil fédéral permet aux requérants entrés avant
1993 de défaire enfin leurs valises et de s'installer durablement en Suisse. Le critère d'un
séjour de sept ans au moins est assez élevé. La loi sur l'asile n'exige en effet qu'un séjour de 4
ans. De manière particulièrement heureuse toutefois, les autorités ont décidé de mettre au
bénéfice de cette réglementation les personnes dont les procédures d'asile sont closes, ainsi
que les anciens saisonniers. En effet, l'intégration des intéressés dans notre pays est
déterminante, non de leur statut juridique. L'OSAR espère dès lors une pratique humaine et
ouverte de la part des cantons.
Le Conseil fédéral, par sa décision, met en pratique les recommandations de la Commission
fédérale des réfugiés présentées la semaine dernière. Il répond de manière satisfaisante à
l'appel des œuvres d'entraide pour une approche plus cohérente du renvoi et du séjour en
Suisse des requérants déboutés.
OSAR.
Culte
FOI RELIGIEUSE DES AFRICAINS
CHRISTIANISME COMME INSTRUMENT D'EMANCIPATION ?
Il y a plusieurs façons de lire la Bible. La découvrir et la comprendre. Ce Livre est plein
d'enseignements et de sagesses. On y trouve de tout. Ce qu'on y trouve constitue un élément
fondamental dans l'éveil de la prise de conscience de soi, de la vie sur terre, de rapport
existant entre les hommes et enfin, une source d'un acquis spirituel indéniable. Dans ce sens,
la Bible aide à retrouver une autre philosophie de l'existence à travers la foi en Christ. Une
parabole de Jésus dit ceci : < Le Royaume des Cieux est semblable à quelqu'un qui avait semé
une bonne semence dans son champ. Mais à l'heure où les hommes dorment, son ennemi vint,
sema de l'ivraie parmi le froment et s'en alla. Après que la semence eut poussé et qu'elle eut
produit du fruit, l'ivraie parut aussi. Alors le serviteur du père de famille vinrent lui dire:
"Seigneur, n'avais-tu pas semé une bonne semence dans ton champ? D'où vient donc qu'il y a
de l'ivraie?" Et il leur dit: "C’est un ennemi qui a fait cela!" Ils lui répondirent: "Veux-tu donc
que nous allions l'arracher?" - "Non", leur dit-il, "de peur qu'en arrachant l'ivraie vous ne
déraciniez en même temps le froment. Laissez-les croître tous ensemble jusqu'à la moisson;
et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs: "Arrachez premièrement l'ivraie et liezla en gerbes pour la brûler; mais amassez le froment dans mon grenier">(Mathieu, chapître
12; verset 24)
La foi en Dieu reste la seule voie possible qui permet d'atteindre le Royaume des Cieux. Pour
cultiver cette foi, il faudra se débarrasser d'oripeaux et de toute sorte d'obscurantisme qui
nuisent à la religion et installent l'aliénation, l'aveuglement, source d'intégrisme religieux que
28
l'on observe chez les Africains en Suisse, partout en Europe, en Amérique, ou d'ailleurs même
en Afrique.
C'est en tirant les enseignements des passages les plus sacrés de la Bible, ou de tout autre
Livre Saint des autres religions, que la lecture de ces Livres peut être très important pour soi
et pour sa communauté.
André Matsoua est le dernier prophète noir de notre série, qui a commencé avec le Congolais
Simon Kimbangu et l'Angolais Simao Toko. On verra qu'à travers l'itinéraire de cet homme de
l'Eglise chrétienne, peut jaillir l'espérance, l'exemple d'une vie guidée par le foi en Jésus
Christ (amen!), qu'un chrétien peut aussi s'en inspirer dans sa vie quotidienne et se mettre au
service de ses soeurs et frères, croyants ou non. Nous avons pu vérifier il y a quelques temps
lors de notre séjour à Brazzaville que le matsouanisme continu d'exister. Tout comme le
kimbangouisme, à Kinshasa, ou le tokoïsme à Luanda, et partout en Angola.
Dans le prochain numéro, nous nous proposons de surprendre nos lectrices et lecteurs
africains en nous intéressant à... l'Animisme, une religion méconnue, mais qui continue à
guider nos pas de tous les jours.
A.Sadi
3.- ANDRE MATSOUA, précursseur au Congo-Brazzaville
De son vrai nom, MATSWA MA NGOMA, André Matsoua, ( ou Matswa), est né en 1899, en
pays lari, au Congo-Français, aujourd'hui le Congo-Brazzaville. Il fit ses études à l'Ecole de la
Mission de Brazza, puis devint Employé de l'Administration. Durant cette période, André
Matsoua adhère au christianisme, et dès 1921, il s'engage dans l'armée coloniale française.
C'est l'époque où la France conquérante et colonialiste livre la bataille en Afrique dans des
terres hostiles qu'elle veut "coloniser" ou en faire plus tard des "républiques bannanières". Et
c'est en Afrique du Nord, dans un pays du Maghreb qu'André matsoua est envoyé au combat
comme chair à canon pour l'intérêt de la France. Il participe donc à la guerre coloniale dans un
bataillon des "Tirailleurs Sénégalais" (ces Négres que la France utilisait pour les sales
besognes durant la guerre mondiale et dans les pays africains- Des nègres africains dociles qui
n'obéissent qu'aux ordres venant des Blancs). La guerre du Rif, au Sahara, au Maroc, poussait
la France à combattre la résistance d'un certain Abd-El-Krim. Encore une page de l'histoire
africaine à découvrir...Un massacre, un génocide sans nom! A la fin de cette sale guerre,
libéré de ses obligations militaires, ayant obtenu la médaille de l'ancien combattant, il vit
pendant un temps à Paris. Il fréquente le milieu syndicaliste. En 1926, il anime une campagne
de résistance passive contre les règlements de l'Administration française dans les colonies. Un
abus de ces règlements imposait l'obligation à tous les Noirs Africains francophones de payer
les Impôts à la France! L'arnaque. Pour André Matsoua, les Congolais n'ont rien demandé à la
France et ne lui doit rien.
Il est arrêté trois ans plus tard, transféré et jugé à Brazzaville pour ce procès en 1929, puis
condamné à 3 ans de prison et d'interdiction de séjour en France tout comme au Congo! Il
s'évade avec la complicité des gardiens qu'il a réussi à convaincre en leur débitant la parole de
la Bible, de l'Evangile et de Jésus-Christ. Il parvient à fuir en 1935, gagne le Nigéria, le
Sénégal, le Maroc, et enfin la France, où il vit clandestinement à Paris. La montée du racisme
prônée par Hitler à cette époque le pousse à se réengager, sous un faux nom, dans l'armée
française pour aller combattre le nazisme allemand. Blessé pendant la guerre en avril 1940, il
est hospitalisé. C'est sur son lit d'Hopital, et dénoncé par des proches, à qui il parlait du Christ,
de son engagement dans la voie du Seigneur, qu'il sera arrêté. En 1942, transféré au CongoBrazzaville, il meurt avec la foi en Jésus Christ, une Bible à ses côtés, en prison dans des
conditions épouvantables. A sa mort, des proches fondent l'église matsouaniste du Congo.
Comment le Congo de l'époque se présentait-il sur le plan spirituel deux siècles plus tôt?
Entre le XVII et le XVIIIè Siècle, l'évangélisation du Royaume du Kongo était déjà entamée.
Le 22 août 1883 marque la date de la fondation de la Mission Catholique Romaine au Congo.
29
Trois ans plus tard, les Soeurs de la Congrégation de Cluny arrive à Loango. En 1890, le
Vicariat du Congo est scindé en deux: d'une part, dans le Bas-Congo, à Loango; et de l'autre
part, dans le Haut-Congo, à Brazzaville. Le premier prêtre noir congolais sera ordonné en
1893. En 1899, date de la naissance du prophète Matwa ma Ngoma, le pays était déjà
largement christianisé. L'enfance du baptisé André Matsoua va baigner dans cet atmosphère,
dans cette ambiance de la foi chrétienne. Pour André Matsoua l'appel du Christ et de
témoigner seront les plus forts. Très jeune, il ne jure que par la Bible, ne parle que de Dieu, de
Jésus-Christ. Un sentiment de lutter contre l'injustice l'habitera et ne le quittera plus jusqu'à la
fin de sa vie. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard. De l'autre côté du rive du fleuve Congo, l'écho
de l'arrivée d'un prophète se faisait entendre. On parlait d'un "Simoni Kimbangu" qui parle de
la Bible et guérit mieux que les Blancs.
André Matsoua se jette dans la Bible à la recherche de la Vérité et du sens de la Justice pour
tous les hommes sur terre. Matsoua se donne enfin comme mission de ne parler que du Christ
et apporter la bonne parole de Dieu, convertir les païens congolais. Pour la France qui
colonise et administre le pays, c'est un affront contre l'ordre des choses. Cette influence de
l'éveil du matsouanisme, inspiré de kimbanguisme de l'autre côté, n'est qu'une secte des
nègres qui vont probablement se rebeller et lutter contre les blancs colons français. Il faut les
éliminer. C'est vrai que le prophète ne se contentait pas seulement d'interprêter fidèlement la
Bible, mais plus encore, il osait faire le parallélisme avec les pratiques coloniales et certaines
réalités qui s'appuient sur les discours bibliques : aime ton prochain, tend la joue pour qu'on te
frappe sans penser à la vengeance ou la revanche, et d'autres choses de ces genres. Une
interprêtation biaisée de la Bible loin de la vraie parole de cette même Bible. Tout cela pour
mieux dominer les Indigènes Noirs africains. André Matsoua s'implique politiquement,
dénonce les conditions de travail lors de la construction de chemin de fer Congo-Océan. Il est
contre l'exploitation de l'homme noir par l'homme blanc, les violations des droits de l'homme
que la même France brandit comme une nouvelle bible alors qu'ils les foulent chaque jour aux
pieds, sans vergogne. Pour l'administration française, c'en était trop. Ce Matsoua dépassait les
bornes. Il faut l'éliminer. Le gouverneur du Congo est un Noir de la Guyane française et
s'appelle Felix Eboué. C'est lui qui va ordonner l'arrestation de André Matsoua qui mourra
plus tard dans la prison de Mayama, dans des circonstances non élucidées jusqu'à ce jour.
Tout comme tous les autres crimes coloniaux jamais trouver la lumière. Mais le mythe du
prophète André Matsoua était né et continue à exister à Brazzaville comme partout au Congofrançais.
Alfonso Sadi
Quel est le rôle du Pasteur dans une communauté ?
Je saisis l’opportunité qui m’est offerte pour porter une réflexion sur un sujet qui préoccupe la
Communauté africaine vivant en Suisse, particulièrement les Congolais et les Angolais
concernant le rôle que doit jouer le Pasteur en son sein.
En effet, l’arrivée massive des Africains en Suisse a commencé dans les années 80. De part
notre culture et notre éducation, chacun par sa foi fréquente l’Eglise de son choix (Catholique,
Protestante, Salutiste, Kimbanguiste, etc.). D’autres ne fréquentent pas les Eglises, mais rien
ne les empêchent de croire en Dieu et d’avoir la foi. D’autres encore sont des athées, des
personnes qui ne croient pas en l’existence de Dieu, mais qui ont un profond respect aux
croyances et convictions des autres. Malgré ces divergences, la communauté vivait à 60%
unie et solidaire.
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Vers les années 90, on a vu se créer des Communautés Chrétiennes Africaines. L’idée était la
bienvenue, car c’est important d’avoir de Communauté vive, capable de témoigner l’Evangile
à travers notre culture, par des chants et d’autres danses.
Mais hélas, on assiste à ce que l’on appelle la prolifération exagérée ou la multiplication de
ces communautés.
Certains adeptes sont passés diacres, puis pasteurs sans un réel charisme et discernement.
Pour preuve, on assiste depuis un certain temps à des divisions. De meilleurs amis se séparent
et s’accusent mutuellement soit disant que les uns ne servent pas Dieu, ne sont pas convertis
ou sont des satans et des couples se défont à tour de bras.
Dans certaines communautés, les pasteurs sont vénérés comme des prophètes, des illuminés et
ils ont le 6ème sens, capable de prédire l’avenir et voir le danger venir.
A chaque fois, ils arrivent à dénicher que tel est un sorcier et que tel autre est un vrai converti.
Dans l’Evangile, on nous dit que si quelqu’un a un problème envers son frère, qu’il aille en
premier le trouver et lui faire la paix, s’il refuse, qu’il cherche deux ou trois personnes pour
lui parler. S’il refuse encore, en ce moment là, on en parle au sein de la communauté.
Actuellement, on assiste aux festivals de dénonciations ou des exhibitions spectaculaires en
fin d’attirer plus du monde dans le groupe.
Ces affaires sont en train de prendre une ampleur inquiétude, entre autre dans le canton de
Berne.
Des meilleurs amis d’hier sont devenus des ennemis aujourd’hui et certains habitant dans un
même immeuble ne se parlent plus, parce que des pasteurs leur ont prédit que tel homme ou
telle femme est sorcier ou sorcière.
On ne peut jamais éteindre les feux avec de la benzine.
La haine prend des tournures considérables, des familles s’entredéchirent à cause des Eglises.
Un pasteur doit être un Semeur de Joie et de Paix.
Là où il y a de la haine, qu’il mette l’amour.
Là où il y a la faute, qu’il mette le pardon.
Là où il y a de la discorde, qu’il instaure l’union.
Là où il y a l’erreur, qu’il établisse la vérité, la lumière et la parole de Dieu.
Là où il y a le doute, qu’il mette la foi.
Là où il y a le désespoir qu’il installe l’Espérance.
Là où il y a les ténèbres qu’il mette la lumière de Dieu.
Là où il y a la tristesse qu’il redonne la joie de Dieu.
Voilà, selon moi, le cheminement que doit avoir un bon pasteur. Les font-ils ? En tout cas, le
sujet mérite une réflexion.
L’Eglise est source de grâce, d’amour, de paix et de bonheur. Tout bon pasteur a le rôle de
créer une harmonie au sein de sa Communauté sans intérêt particulier dans le respect de ses
fidèles et les croyances des autres ne partageant pas les mêmes convictions. Eduardo
LUBANZADIO
N.B: Le débat est ouvert. Vous pouvez réagir en nous envoyant vos réactions à l’adresse
de l’Association.
Portrait d'un pasteur au parcours remarquable
Originaire de la République Démocratique du Congo le Révérant Pasteur Joseph Mudimba
Kabongo est sans aucun doute une des personnalités les plus en vue au sein de la communauté
chrétienne africaine de Suisse.
Comme bon nombre des protestants, le Pasteur Kabongo a commencé sa vie chrétienne au
sein de l'église catholique avant que celui-ci et toute sa famille ne deviennent membre de
31
l'église Evangélique et Episcopale du Zaïre. Après des brillantes études secondaires (mathphysique…) et un graduat en sciences, M. Kabongo abandonna les sciences pour les études
théologiques.
En 1983, il obtient un diplôme du 3ème cycle en philosophie de religion à l'Institut
Théologique de Clayton (Californie). Etabli à Genève, il occupa depuis 1984 plusieurs
responsabilités ecclésiastiques au sein de l'Eglise Nationale Protestante de Genève et de la
Lutheran Church (Eglise Luthérienne de Genève). Cette expérience enrichissante ne l'éloigne
nullement de sa communauté africaine d'origine. Au contraire, il devient de plus en plus un
pasteur à l'écoute de tous ses paires. Vite, il devient l'ambassadeur de la culture religieuse
africaine. Célébrant mariages, baptêmes, et autres cultes en faveur des personnes, il est au
centre de tous les événements de la vie. Ce qui fait de lui une personnalité incontournable au
de la diaspora africaine.
En 1984, en compagnie des feux Pasteurs Kilola et Mayemba, le Pasteur Kabongo participe à
la création de la première église africaine en Suisse dans le but de replacer la foi chrétienne du
peuple africain en Suisse dans son vrai contexte, en utilisant ses langues et ses rites pour prier.
Cette église a généré beaucoup d'enthousiasme et d'espérance.
Aujourd'hui la communauté chrétienne est en plein essor. Son développement initié dans les
années 80 se confirme de jour au jour. A Zurich, Berne, Fribourg, Lausanne, Genève et
ailleurs, les communautés chrétiennes naissent au sein desquelles naissent des comportements
et des attitudes parfois pas toujours conformes à l'enseignement du Christ. Etat de lieu, nous
avons donc interrogé un des percuteurs de cette communauté. Découvrons un homme
attachant, disponible, sincère et surtout engagé pour la cause de tous ses frères et sœurs
africains. Il nous parle sans complaisance ni complexe pour faire la part des choses entre le
message du Christ et une certaine pratique de la religion dans un monde en mouvement.
Lisons - le attentivement…
Interview
N’gola : Actuellement, vous êtes au sein de la communauté chrétienne africaine de suisse
une des personnalités les plus en vue en votre qualité de pasteur. Comment êtes-vous
devenu Pasteur ? Par vocation ? Par un concours de circonstances ou tout simplement
par un appel du Seigneur ? Donnez-nous quelques précisions.
Pasteur Kabongo : Après le départ du pasteur Mayemba pour Lyon où il termina ses jours, le
pasteur Kilola (décédé en 1994 à Genève pendant la célébration de Pâques) et moi qui étions
restés à Genève, avons décidé de nous retirer des églises africaines pour rester dans nos
paroisses réformées jusqu’en 1991 quand un jeune pasteur, Pierre Kassongo, requérant d’asile
à Genève, demande notre collaboration. Ce qui fut fait mais pour une courte période à cause
des certains désaccords sur la méthode du fonctionnement pastoral.
Dès mai 1993, je suis devenu pasteur de la Communauté Oecuménique et Charismatique de
Bex, dénommée aujourd’hui l’Eglise Chrétienne du Chablais ayant des célébrations tous les
dimanches à 14h30’ à Aigle.
C’est vrai que sur Genève, plusieurs personnes comptent sur moi pour des grands actes
pastoraux tel que le mariage et le Culte d’action de grâce. Mais il y a plusieurs jeunes pasteurs
que j’aime beaucoup. Les personnes d’un certain âge me contactent toujours mais je les
oriente vers les communautés qui existent à Genève. C’est vrai que j’ai une longue expérience
de 23 ans dans ce ministère mais en matière biblique les jeunes peuvent dépasser les vieux. La
seule différence est qu’après plusieurs années nous avons aussi une expérience de la vie, outre
l’expérience biblique, cela donne la sagesse.
Depuis 1998, les Eglises africaines cherchent leur unité autour d’une institution chrétienne qui
s’appelle CONFERENCE DES EGLISES AFRICAINES EN SUISSE (CEAS) dont je suis
membre du bureau exécutif sous la direction d’un grand pasteur africain Jean ZIDA, un
homme sage qui a aussi une longue expérience pastorale derrière lui. Il est le secrétaire
32
général de la CEAS. Celle-ci est composée des délégués (pasteurs ou laïcs) des églises
membres. On en compte une vingtaine aujourd’hui.
Ancien co-responsable de l’amnesty International de la section Suisse / Groupe Eglise, je suis
membre du Réseau officiel Elisa (Genève) pour la défense des requérants d’asile.
Actuellement, je suis membre du bureau Exécutif du Conseil Européen des Eglises Africaines
et des Caraïbe qui a son siège à Londres. Ce conseil est un nouveau bébé qui vient de naître
sur l’initiative des quelques professeurs de la Faculté de Théologie de Leeds (Angleterre) –
des juristes allemands travaillant en Allemagne dans les institutions humanitaires…. La
conférence des églises africaines en Suisse est candidate pour cette grande institution qui aura
bientôt un relais au niveau du parlement européen dès que les structures juridiques seront
terminées.
N’gola : Les Eglises traditionnelles nous ont appris une grande vertu, celle de l'amour
fraternel entre les humains, or aujourd'hui dans les nouvelles églises (pour emprunter le
terme à l'économie ) à vocation évangéliste et pentecôtistes ( groupe de prière et autres ),
il est question des bons et des mauvais chrétiens. Cette attitude, ces comportements, ont
porté un mauvais coup à la cohésion de la communauté, l'entente entre les gens. Quel
jugement portez-vous à cette situation ?
Pasteur Kabongo : C’est vrai que les églises traditionnelles nous ont beaucoup appris. Au
départ les gens (en Afrique) ont commencé à se révolter en observant ce qui se passait en
Afrique du Sud pendant la période de l’apartheid. Dans cette période, on a vu les églises
chrétiennes des communautés à peau blanche soutenir le tenant du pouvoir. Pendant cette
période on a entendu quelques ministres de Dieu blancs en Afrique dire du haut de la chair
que c’est avec raison que Dieu nous a crée noirs et blancs, c’est mieux de vivre séparé.
Devant la crise politique et économique, le peuple africain s’est mis à rechercher sa cohésion
ancestrale, cela n’était possible que dans la mesure où les barrières confessionnelles apportées
par les missionnaires européens devraient tomber. Cette cohésion est pour l’africain un bain
de consolation qui devrait commencer dans l’église. Plus de catholiques – plus de protestants
mais des mouvements évangéliques qui nous font avancer vers le Christ pour déposer
ENSEMBLE nos soucis. Mais le mouvement de prise de conscience apporte quelques fois des
abus. En cherchant à s’identifier à la Parole de Dieu telle qu’elle est donnée dans la bible,
certains chrétiens que je me permettrais d’appeler, ici, des prophètes de la dernière heure,
pensent posséder plus d’un savoir biblique que les autres. Alors les mouvements sectaires
basés sur la Parole prêchée par ces illuminés se créent ! Les jugements et la méfiance
s’installent parmi les chrétiens qui normalement, selon la Bible qu’ils utilisent comme le
guide de leur réflexion et de leurs expériences, devraient chercher à renfoncer l’Unité en
Christ.
C’est dommage de constater que la diffusion de Parole de Dieu occupe une place importante
en Afrique. Les fidèles vont à l’église parce que c’est le seul lieu de recours qui leur reste
après avoir perdu la pleine jouissance de la vie, et de leur stabilité. Dans l’église ils trouvent la
Paix et le partage avec les autres centrés sur la foi en Jésus. Par contre, certaines personnes
ont compris que l’église est devenue un lieu facile pour se faire un nom. La théologie
restributive où tous les petits problèmes qui nous arrivent sont une punition de Dieu. Si Dieu
ne pouvez être là que pour punir l’Homme à tous ses écartements, on serait constitué que
d’une communauté de cris et de larmes. Au nom de cette nouvelle théologie, beaucoup des
ministères pastoraux sont crées, les prophètes émergent et dans la situation de crise
économique le peuple de Dieu innocent est pris dans l’engrenage de cette thérapie. Nous
prêchons l’Amour, le Pardon et l’unité mais pourquoi nous mettre au service séparatiste de
nos communautés et à l’intolérance de nos erreurs. C’est comme si on retirait le R(ayon) qui
nous lie les uns autres pour que le verbe actif, AIMER devienne un mot, AMER.
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N’gola : En prenant l'exemple des églises chrétiennes noires-américaines, elles ont été à
la base de l'émancipation de l'homme noir aux U.S.A par la défense de ses droits
fondamentaux. Quel rôle les églises africaines doivent-elles jouer selon vous dans la
recherche de la paix en Afrique, de l'émancipation de son peuple et surtout pour que le
peuple africain puisse retrouver la dignité humaine ?
Pasteur Kabongo : C’est triste car dans la situation que traverse l’Afrique aujourd’hui,
l’église en tant qu’institution a les potentialités de faire participer l’Afrique toute entière à la
Paix et à la stabilité. Dans les difficultés les gens vont chercher un réconfort dans l’église mais
leur espoir devient une arme que certains responsables de l’église retournent contre leurs
propres fidèles. Quel bilan présenterons-nous au Seigneur ?
Les ministres devraient apprendre à être objectifs devant toute situation sans se laisser
enfermer dans le cercle vicieux des hommes politiques.
Une prise de conscience de la dégradation de la situation socio-économique de nos pays au
sein des églises peut pousser nos responsables politiques à réduire la vélocité de leurs
machines des guerres. Le cas des noirs américains est l’illustration la plus palpable. Rien
n’était laissé au hasard et l’émancipation de l’homme noir a vu le jour aux USA. L’Afrique
n’a pas encore tout perdu mais les forces sont éparpillées et les plus grandes divergences se
trouvent malheureusement dans les églises. La religion comme le craignaient les pays de l’est
pendant la période de la grande force communiste est en train de devenir l’opium du peuple ;
nous parlons, ici, du peuple qui ne sait pas comprendre ce qu’il lit dans la Bible et qui se
laisse entraîner par n’importe quel enseignement. Une église est toujours au milieu d’un
village donc la dimension sociale est quelque chose qui ne doit pas se dérober aux yeux et
dans la conscience des fidèles et particulièrement des ministres. Pour les pays africains, cette
vision devrait permettre à l’église d’organiser des séances des réflexions centrées sur
l’approche de vie menée par Jésus-Christ, qui était à l’écoute et proche de ceux qui avaient
besoin de lui. L’église africaine doit aller vers le peuple pour lui apporter son aide au lieu
d’attendre que ce dernier vienne vers elle. Dans ce cas, c’est l’église qui dépouille le peuple.
La Parole de Dieu telle qu’elle est apportée dans les saintes écritures détient un conseil pour
chaque cas d’une situation conflictuelle que nous pouvons trouver dans la vie courante mais il
faut surtout savoir lire la bible entre les lignes et faire bon usage de ce que nous lisons.
N’gola : Comment peut-on considérer l'aberration selon laquelle des enfants (symboles
de l'innocence et de la pureté ) soient pris en tenaille entre la cupidité et les malices des
adultes dans les églises en les accusants de sorcellerie ( Bandoki ) ?
Pasteur Kabongo : C’est important et la bonne compréhension de la parole de Dieu, que
l’église devient un lieu théâtral. La sorcellerie est devenue un thème principal des réunions de
prières. Je ne doute pas que la sorcellerie existe. Mais ce thème est utilisé aujourd’hui comme
un attrait des fidèles dans les communautés conduites par des prophètes de la nouvelle
génération. Il arrive que les enfants de Dieu ne viennent plus à l’église avec une raison
principale : la recherche de la face de Dieu, approfondir la Parole de Dieu. Beaucoup viennent
puisqu’ils ont entendu que tel pasteur, tel évangéliste a une force de chasser les mauvais
esprits. Ce qui est étonnant c’est que ces fidèles qui sont dans ces mouvements ondulatoires
des papillons sont ceux qui prétendent avoir une certaine ancienneté dans la Parole de Dieu,
qui sont des chrétiens pratiquants de plusieurs années. Alors nous pouvons comprendre,
lorsque les disciples de Jésus n’arrivaient pas à chasser des mauvais esprits, Jésus les
réprimandait en ces termes ‘’Race incrédule et perverse… jusqu’à quand serais-je avec vous,
et vous supporterai-je’’ (Luc 9 :39-42) ; nous pouvons aussi comprendre pourquoi l’apôtre
Paul s’adressant à des chrétiens en ces termes ‘’… je vous ai donné du lait, non de la
nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter, et vous ne pouvez même pas à
présent…’’ (1 Corinthiens 3 :2-3). Les chrétiens qui doivent cesser d’être des bébés spirituels
pour mieux comprendre l’utilité de la Parole de Dieu dans notre vie.
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Dans la crise économique et dans la survie tout le monde a peur de tout le monde ; il est
aujourd’hui facile d’attirer les jeunes dans l’église en leur prêchant la protection contre les
sorciers, en espèce parents, tentes… !
Si c’est vrai qu’un parent …est sorcier, l’église devrait passer par la voie inverse : attaquer le
ou la sorcier (ère) par la prière que de séparer quelqu’un de ses proches. N’est ce pas la Bible
qui dit si vous croyez, vous serez sauvé. C’est quoi être sauvé ? A ma connaissance, on ne
peut être sauvé que d’un danger. Donc si un sorcier menace notre vie, et si nous croyons nous
ne nous inquiéterons de rien. Jésus est dessus de toute puissance . Un vrai chrétien peut défier
toute puissance du mal. Mais dans les prophéties de la nouvelle génération on apprend à
séparer les gens. La Bible dit dans Tite 1 : 10-11 que ‘’Il y a …parmi les circoncis, beaucoup
de gens rebelles, de vains discoureurs et de séducteurs, auxquels il faut fermer la bouche. Ils
bouleversent des familles entières, enseignent pour un gain honteux ce qu’on ne doit pas
enseigner’’.
Pour que ces abus cessent, ceux qui croient en la Parole de Dieu doivent cesser de suivre
l’homme et la foule mais suivre la Parole de Dieu.
Terre à terre on dit ‘’si tu cherches le monde, il faut aller le trouver dans l’église’’ alors que
c’est l’église qui devrait chercher le monde !
N’gola : Quel message adressez-vous à la communauté africaine en votre qualité de
pasteur ?
Pasteur Kabongo : Je peux conclure en invitant les africains à une théologie biblique et
pratique.
C’est à dire visionner la Parole de Dieu et l’adapter à toute les dimensions du domaine de la
vie. Les chrétiens disent que Jésus est la solution à tes problèmes : ces problèmes sont de
quelle nature ? nous venons vers Jésus avec nos différences mais la solution est relative,
adaptée à nos situations. Cela est possible si chaque chrétien comprenait que la Parole de Dieu
s’applique dans tous les secteurs de la vie, elle est une lumière à nos barrières obscures.
L’église africaine doit aider l’Afrique à repenser le rétablissement de nos valeurs et de nos
droits fondamentaux. La Parole appliquée mieux vaut que la foi aveugle.
Propos recueillis par Pedro Kiangebeni
Entretien avec le pasteur Roberto
N’gola : Actuellement, vous êtes au sein de la communauté africaine de Suisse une des
personnalités les plus en vue, en votre qualité de Pasteur. Comment êtes-vous devenu
Pasteur? Est-ce par vocation? Par un concours de circonstances, ou tout simplement par
un "appel" du Seigneur? Pouvez-vous nous donner quelques précisions ?
Pasteur Roberto : Je tiens d'abord à rendre grâce à l'Eternel, Lui qui est le Maître de
circonstances et de temps, et qui a permis que je puisse m'exprimer dans le journal "N'Gola".
Je bénis toute l'équipe de rédaction dans le nom précieux de notre Seigneur Jésus-Christ et
souhaite une longue vie à ce journal N'Gola qui fait un travail remarquable.
Pour répondre à votre question, je dirais que dés mon jeune âge, je me suis toujours intéressé
aux choses spirituelles. Déjà à l'école secondaire, j'ai été attiré dans des sciences occultes mais
gloire soit rendu à Dieu qui a permis que je Le cherche et Le trouve en tâtonnant de tous côtés
et pourtant Il n'était pas loin de moi (Actes 17:27). Dans les ténèbres où j'étais, (croyant
pourtant être au service de Dieu), le Seigneur s'est révélé en moi d'une manière très forte lors
d'une campagne d'évangélisation sur la place de Plain-palais en été 1992.
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Le message de l'évangile que j'ai entendu ce jour-là m'a complètement bouleversé. J'étais
convaincu que Dieu parlait à moi personnellement (Romains 10:17). Tout d'un coup, une
grande tristesse envahit mon cœur. La conviction du péché au dedans de moi m'a fait tomber
en sanglot devant tout le public qui était en ce lieu. J'ai réalisé à ce moment que je n'avais pas
d'autres alternatives que de donner ma vie au Seigneur et j'ai reçu la conviction que sans
Jésus-Christ dans ma vie, j'étais perdu. Quelques mois plus tard, je me suis fait baptiser du
vrai baptême d'immersion (selon le modèle du Christ). Ma conversion était tellement radicale
et authentique qu'autour de moi, les compatriotes n'en revenaient pas. Ils ne comprenaient pas
que je venais de goûter à l'amour, la grâce, et le pardon du Seigneur. C'était une expérience
tellement extraordinaire que je voulais absolument la partager avec tous les amis. Avec le peu
de connaissance biblique que j'avais, je commençai à prêcher la Parole de Dieu dans des
maisons et dans les lieux de deuil (Matanga). Je parlai de l'amour de Dieu envers les hommes
et du salut que nous pouvons recevoir qu'en Jésus-Christ et non en aucun autre nom, tout en
démontrant que celui qui refuse cette grâce sera condamné. Mon message se limitait à ce
niveau.
Au même moment que le Seigneur s'est révélé en moi, Il le fera de même à mon épouse
Bernadette. Au fait, nous nous sommes convertis presqu'au même moment. Le Seigneur nous
mettra à cœur, dans cette même année, d'ouvrir notre appartement pour constituer une cellule
de prière qui d'ailleurs fonctionne jusqu'aujourd'hui dans un autre lieu tellement elle a grandie
et beaucoup d'enfants de Dieu ont été bénis par le Seigneur au travers de ce groupe.
Plus que les années passaient, plus que je grandissais dans la foi, je réalisais dans mon cœur
que le Seigneur m'appelait à son service. Non seulement je prêchais la Parole là où le
Seigneur me donnait l'opportunité, non seulement j'animais cette cellule de prière mais je
commençai aussi avec mon épouse à aider les couples(familles) en difficultés en prodiguant
des conseils, en rendant témoignage de ce que Christ a fait dans notre propre couple et en les
soutenant dans la prière.
Au fait, sans être Pasteur, j'exerçai déjà par la grâce de Dieu un ministère pastoral au sein de
la communauté.
Je disais au début que notre Seigneur est Maître des circonstances et de temps. Au temps fixé
par Lui-même, il m'a fait voir aux responsables de l'assemblée où je prie tous les dimanches.
J'avoue, Dieu m'est témoin, je n'ai jamais demandé de prêcher dans l'église. Un dimanche,
mon pasteur Fabrice Degerine, m'a demandé d'apporter la Parole de Dieu à l'assemblée. Le
Seigneur m'a conduit par son Esprit dans la prédication et le peuple de Dieu était béni.
Depuis, mon pasteur a commencé à me laisser petit à petit certaines responsabilités à l'église à
son absence jusqu'au jour où le Seigneur donna Lui-même la conviction à tous les membres
du Conseil de l'église que j'étais la personne que Lui a choisi pour être aux côtés du pasteur
titulaire afin de faire avancer son oeuvre. Et comme nous vivons dans un pays où tout se passe
par la votation, malgré la consigne du Seigneur à mon égard, le Conseil a jugé bon de
soumettre mon choix à l'assemblée générale de l'église qui va d'ailleurs approuver presqu'à
l'unanimité (89 votants : 87 oui, 1 non et 1 abstention) que je sois l'adjoint du pasteur.
Du reste, je suis membre d'une église à majorité européenne, appelée <Eglise Missionnaire du
Plein Evangile>. Depuis quelques années, le Seigneur a ajouté dans son église beaucoup de
frères et sœurs africains (Angolais, Congolais, Camerounais, etc.)
Voilà, cher compatriote, comment je suis devenu Pasteur. Mais, je voudrais ajouter que, pour
le moment je n'ai pas encore été consacré officiellement à ce ministère. Même si je fonctionne
comme Pasteur-adjoint dans notre assemblée. Le Seigneur Lui-même décidera du moment
que je serai consacré. Il m'a appelé dès ma conversion à Le servir, mais il a fallu attendre sept
(7) ans pour donner la confirmation à l'église.
N’gola : Les églises traditionnelles nous ont appris une grande vertu : celle de l'amour
fraternel entre les humains. Or, aujourd'hui, dans les nouvelles églises (pour emprunter
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le terme à l'économie) à vocation évangéliste et pentecôtistes (groupe de prière et
autres), il est question des bons et des mauvais chrétiens. Cette attitude, ces
comportements ont porté un mauvais coup à la cohésion de la communauté, l'entente
entre les gens. Quel jugement portez-vous à cette situation?
Pasteur Roberto : Je dénonce ce genre de comportements qui consistent à porter des
jugements sur les autres en les qualifiant de faux chrétiens. A ma connaissance, les églises
évangéliques et pentecôtistes prêchent l'amour fraternel de la même manière que les églises
traditionnelles. La bible, qu'est la Parole de Dieu, nous exhorte à ne pas juger les autres
(Mathieu 7: 1-5), aussi (Romains 14: 10), mais à nous aimer les uns les autres (1 Jean 4:
11,12, 20-21).
A mon avis, ce n'est pas en terme de faux et vrais chrétiens qu'il faut aborder le sujet. Je pense
que ce terme de chrétien, même s'il est biblique, a perdu tout son vrai sens. Il n'y a pas si
longtemps en Irlande du Nord, on nous parlait des chrétiens catholiques et protestants qui
s'entretuaient pour des raisons que personnellement j'ai du mal à comprendre. Voyons dans le
monde tous ces guérillas à tendance chrétienne (Soudan, Sierra Leonne, Philippines, etc...),
qui massacrent et tuent des pauvres innocents. Tous se proclament Chrétiens...Et pourtant, le
Seigneur ne nous envoie pas pour tuer les autres en son Nom.
Dans ma propre communauté, s'il faut prendre notre exemple, beaucoup se réclament
chrétiens mais ne le sont pas car, être chrétien n'est pas un titre mais c'est toute une vie vouée
au Christ.
C'est pourquoi, j'utiliserai à la place du mot "chrétien", je dirai "né de nouveau"(Jean 3:3). Au
lieu de dire "Makiesse est un vrai chrétien", je dirai "Makiesse est né de nouveau". Au lieu de
dire "Makiadi est un faux chrétien", je dirai "Makiadi est né de nouveau".
Un vrai chrétien, c'est celui qui est passé par une nouvelle naissance. Comme nous naissons
physiquement par l'union intime de nos parents, nous naissons aussi de nouveau
spirituellement par notre conversion en Jésus-Christ. Celui qui est né de nouveau, c'est celui
qui a reconnu son état de pécheur, qu'il regrette d'avoir mené cette vie de péché, qui prend la
ferme résolution d'abandonner ses mauvaises voies et qui reçoit le Seigneur Jésus-Christ dans
son cœur comme son Seigneur et Sauveur afin de bénéficier de sa grâce et d'être pardonné
pour toutes ses fautes( ou péchés).
Ce chrétien après quelques temps, se fera baptiser du baptême d'immersion et trouvera une
assemblée où il fréquentera régulièrement le culte afin d'adorer le Seigneur en communauté et
là, il sera édifié et affermis dans sa foi par les enseignements de la Parole de Dieu. Il marchera
par la grâce de Seigneur dans l'obéissance et la crainte de Dieu. Et sa préoccupation majeure
sera le salut des autres. Ainsi, il rendra témoignage autour de lui, de l'amour de Dieu,
manifesté en Jésus-Christ.
Un faux chrétien, c'est celui qui pense l'avoir hérité de ses parents (notre famille a été toujours
chrétienne) ; il oublie qu'on ne naît pas chrétien mais on devient chrétien par une décision
personnelle devant Dieu. Il ne croit pas vraiment à la grâce de Dieu car il ne l'a jamais
expérimenté. Pour lui, "Jésus-Christ est le Fils de Dieu mais ceux qui ne croient pas en Lui
seront quand même sauvés par d'autres religions". Il se fait baptiser sans vraiment savoir la
vraie signification du baptême. Il a une assemblée qu'il fréquente si le samedi soir s'il n'a pas
fait la foire. Et quand on lui demande la raison de ses absences répétées, il répondra que "Dieu
ne se trouve pays seulement à l'église mais Il regarde le cœur" ; ou alors, il dira "je prie à la
maison". Il cache sa bible pour qu'on ne voit pas que lui aussi a commencé à prier et il lit sa
bible de temps en temps, voire même, ne la lit pas. Et la prière se fait discrètement sinon on
sera taxé de fanatique. Que chacun s'examine soi-même sans juger son prochain.
N’gola : En prenant l'exemple des églises chrétiennes noires-américaines, elles ont été à
la base de l'émancipation de l'homme noir aux Etats-Unis par la défense de ses droits
fondamentaux. Quel rôle les églises africaines doivent-elles jouer, selon vous, dans la
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recherche de la paix en Afrique, de l'émancipation de son peuple, et surtout, pour que le
peuple africain puisse retrouver la dignité humaine ?
Pasteur Roberto : Je reconnais que les églises chrétiennes noires américaines ont joué un
rôle très important dans l'émancipation de l'homme noir aux U.S.A. Cependant, je constate
que les droits fondamentaux dont vous faites allusion chez ces Noirs américains sont loin
d'être acquis. Une grande partie de cette population vit l'injustice au quotidien. Elle est non
seulement marginalisée, mais subit les effets de la drogue, de la violence, de la prostitution et
le chômage. Et la pauvreté bat le record parmi ce peuple noir. C'est connu de tous qu'il y a
cette situation aux U.S.A. malgré quelques améliorations ces derniers temps. Non, je ne crois
pas que l'église soit appelée à jouer un rôle politique dans nos pays mais ce que je crois, c'est
que l'église annonce l'évangile avec puissance de Dieu pour transformer le cœur de l'homme.
Car tout vient du cœur de l'homme (Jérémie 17 : 9-10). L'église est appelée à prêcher la
repentance pour que les gens soient transformés dans leur mentalité et mettent en pratique les
oeuvres que Dieu a préparé d'avance pour eux-mêmes et leurs nations (Ephésiens 2 : 10). Car
Dieu a dit dans Jérémie chapitre 29 verset 11 : "Car je connais les projets que j'ai formés sur
vous, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance".
L'Occident n'est pas toujours innocent du drame qui se passe en Afrique, ainsi nous les
Serviteurs de Dieu en Europe et partout dans le monde, sommes appelés à dénoncer les
péchés sous toutes ses formes (égoïsme, cupidité, méchanceté, hypocrisie, etc...). L'église ne
peut pas se substituer aux politiques. Cependant, elle peut par son autorité morale et
spirituelle, prodiguer des conseils pratiques inspirés de la Parole de Dieu pour ramener les
acteurs politiques à la raison. C'est ce que font la plupart des églises dans nos pays.
N’gola : Comment peut-on considérer l'aberration selon laquelle des enfants (symboles
de l'innocence et de la pureté) soient pris en tenaille entre la cupidité et les malices des
adultes dans les églises en les accusants de "sorcellerie"(bandoki)?
Pasteur Roberto : La sorcellerie n'est pas seulement une affaire africaine. Elle est
universelle. Je sers Dieu dans une église européenne et j'ai vu toutes sortes de délivrances.
Malgré l'innocence et la pureté dont vous faites chez les enfants, ils peuvent être plus
dangereux et plus nuisibles à cause justement de leur ignorance dans le domaine occulte. Les
adultes animés des esprits démoniaques utilisent parfois les enfants pour faire du mal chez les
autres. J'ai moi-même assisté à des délivrances des enfants et adultes atteints de la sorcellerie.
(Je ne citerai pas les noms -secret pastoral oblige!-, par respect à ces familles). La sorcellerie
est une réalité spirituelle qui dépasse l'entendement humain et cela est toujours difficile à
prouver. Dans nos familles africaines, l'histoire de sorcellerie chez les enfants n'est pas chose
étonnante mais cela dérange souvent quand on en parle au niveau de l'église. Et pourtant, c'est
à l'église où le Seigneur agit pour donner la délivrance aux victimes de ce problème.
Cependant, je reconnais qu'il y a beaucoup d'abus dans ce domaine dans nos églises.
N'exagérons pas comme c'est le cas dans beaucoup de communautés où l'on accuse à tort les
gens de sorcellerie et l'on voit des démons partout. Je déteste ce genre de comportement. Il
nous faut beaucoup de sagesses et de discernements dans ce domaine très délicat si nous ne
voulons pas qu'on soit taxé de sectaires.
Le Seigneur aime le sorcier et veut qu'il se repente et soit sauvé (Psaumes 25 : 8). Je donnerai
ce conseil à quiconque qui qualifie son prochain de sorcier, d'examiner lui-même dans son
cœur avec l'aide du Saint-Esprit, s'il traîne pas en lui la jalousie, la haine, l'amertume, le nonpardon, le ressentiment, la méchanceté, car quiconque pratique ces choses est semblable à un
sorcier.
N’gola : Quel message adressez-vous à la communauté africaine en votre qualité de
Pasteur?
Pasteur Roberto : J'ai un double message :
-Je lance premièrement un message du Salut que nous avons gratuitement en Jésus-Christ.
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J'exhorte alors mes compatriotes à ne plus résister à l'appel de Dieu qui veut nous sauver tous
et qui veut nous bénir en son Fils Bien-aimé Jésus-Christ.
-Deuxièmement, j'adresse un message d'amour et de paix en Jésus-Christ au sein de la
communauté africaine. Si nous disons que nous aimons Dieu que nous ne voyons pas et que
nous haïssons notre prochain que nous voyons, alors nous ne connaissons pas Dieu.
Efforçons-nous à rechercher toujours la paix autour de nous et avec tout le monde, sans quoi,
nous ne verrons pas le Seigneur.
Propos recueillis par Pedro Kiangebeni
Vos Droits Fondamentaux
LES DROITS DE L'HOMME
Fidèle à l'esprit de ses statuts, l'AAS, se propose comme objectifs entre autre "de participer à
la défense des droits de l'homme en Angola conformément à la charte des Nations Unies. Pour
concrétiser cette action N'GOLA organe de communication de notre Association, inaugure
une nouvelle rubrique que nous intitulons "VOS DROITS FONDAMENTAUX" en
reproduisant la Déclaration universelle des droits de l'homme telle qu'elle a été adoptée pas
l'Assemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948.
Aux angolais, à tous nos lecteurs "ces droits sont les vôtres". Il est donc important et
indispensable à "mieux les connaître", afin de "contribuer à les faire prévaloir et à les
défendre". Après tous les considérant, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé la
DECLARATION UNIVERSELLE DES DROIT DE L'HOMME comme suit :
Comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que
tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment
à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces
droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et
international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les
populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous
leur juridiction.
Article premier
Toute les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit. Ils sont doués de raison
et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Article 2
Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente
Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de
religion, d'opinion politique ou toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune,
de naissance ou de toute autre situation.
De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou
international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou
territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque
de souveraineté.
Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne
Article 4
Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits
sous toutes leurs formes.
Article 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruel, inhumains ou dégradants.
Article 6
Chacun a la droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.
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Article 7
Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi.
Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente
Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination
Article 8
Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions nationale compétentes
contre les actes violant les droits fondamentaux qui lui sont reconnus par la constitution ou
par la loi.
Article 9
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Article 10
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit entendue équitablement et
publiquement par un tribunal indépendant et impartial, qui décidera soit de ses droits et
obligations, soit du bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
Article 11
Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa
culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties
nécessaires à sa défenses lui auront été assurées.
Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été
commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De
même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où
l'acte délictueux a été commis.
Article 12
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraire dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa
correspondance, ni d'atteintes a son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la
protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
Article 13
Toute personne a le droit de circuler librement et choisir sa résidence à l'intérieur d'un ETAT.
Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
Article14
Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en
d'autres pays.
Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de
droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.
Article 15
Tout individu a droit à une nationalité
Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.
La suite dans le prochain numéro
Sport
L'ECHEC DE M. ARMINDO MACHADO : UN CAMOUFLET POUR LE
GOUVERNEMENT ANGOLAIS.
Comme nous l'avions annoncé dans notre précédente édition, M. Machado ancien Président
de la Fédération angolaise de football , briguait le poste de Président de la Confédération
africaine de Football(C.A.F.) Il était l'unique adversaire du président sortant le Camerounais
Issa Hayitou . La tâche s'annonçait rude. Il est vrai que M. Hayitou est à la tête de la C.A.F.
depuis 16 ans ne manquait pas d'arguments pour se succéder à lui-même. L'engagement du
Gouvernement angolais dans la bataille à travers une diplomatie tous azimuts n'a pas suffit
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pour convaincre la majorité des Etats africains. Le 20 janvier 2000-à Accra, lors des élections
organisées en marge de la phase finale de la coupe des nations, disputée au Ghana et au
Nigeria et rem0portée au passage par le Cameroun, M. Armindo Machado a été littéralement
balayé par son adversaire, n'obtenant qu'à peine 12% des suffrages. C'est un véritable
camouflet pour le sport angolais en général et le football en particulier . L'échec est surtout
cuisant pour le Gouvernement qui a voulu muser sur une personnalité dont la stature
internationale reste à prouver.
Quelles sont les raisons de l'échec ? A notre avis elles sont de deux natures: politiques et
sportives. Sur le plan politique, nous le savons tous, tout n'est pas rose dans notre pays. La
situation politico-militaire issue de la guerre sans fin, dont les Angolais sont incapables de
trouver une solution, n'inspire pas confiance à nos interlocuteurs quant à la capacité pour un
angolais de diriger une organisation internationale . Il faudrait également relever que
l'implication directe de l'Angola dans les différents conflits armés touchant l'Afrique Centrale
a laissé des traces. Une grande partie de la crédibilité et de l'amitié des autres en font les frais.
Sur le plan sportif , il est à noter que M. Issa Hayitou qui est à la tête de la C.A.F: depuis 16
ans a acquis une notoriété internationale dans ce monde du football aux multiples intrigues. Il
était donc normal qu'au moment où les instances du football mondial(FIFA) se dirige vers des
choix historique , la désignation d'un pays africain(Afrique du Sud ou Maroc) pour
l'organisation de la coupe du monde 2006, M. Issa Hayitou apparaissait comme l'homme de la
situation. C'est une question de bon sens. La présence de M. S. BLATER (Président de la
FIFA) et de son conseiller Michel Platini à Accra lors de ses assises, peut être interprétée
comme un soutien informel à leur ami qui lui-même a soutenu Mr.Blater à la présidence de la
FIFA en remplacement de M. J. Havelange parti à la retraite. C'est un juste retour d'ascenseur.
A noter également l'absence du football angolais au plus haut niveau paraissait aussi comme
un handicap de départ au contraire du football camerounais. Nous l'avons déjà dit, quelle que
soit la décision prise, seul le football africain en est le vainqueur.
PEDRO
KIANGEBENI
Le Cameroun remporte la XXIIème Coupe d’Afrique des Nations
On savait que le Cameroun pouvait réserver des surprises lors de cette XXIIème Coupe
d’Afrique des Nations. C’est chose faite. Ce pays vient de gagner sa troisième Coupe
d’Afrique. En effet, le Cameroun s’est qualifié en 1984, pour sa première Coupe d’Afrique,
puis quatre ans plus tard, en 1988, et enfin cette année 2000. Cette nouvelle victoire confirme
la santé du football d’Afrique Subsaharienne. Même si cela ne doit pas masquer l’épineux
problème du transfert des joueurs Africains en Europe et le scandale de l’exploitation de ces
talentueux joueurs africains par des équipes européennes.
La XXIIème Coupe d’Afrique des Nations a aussi permis de constater la progression du
football des pays comme l’Algérie, le Sénégal, le Togo ou la Côte d’Ivoire. Le Burkina -Fasso
et l’Afrique du sud ont réalisé des progrès appréciables. En Afrique du Nord, outre l’Egypte,
la Tunisie est un grand espoir, ainsi que le Maroc. Sur les seize prétendants, de cette sacrée
Coupe d’Afrique des Nations qui s’est déroulée le 22 janvier au Ghana et au Nigeria, c’est le
Cameroun qui a surpris par la qualité des ses joueurs et l’extraordinaire fougue dans la
motivation de l’équipe nationale pour remporter l’entre Coupe. Du coup, le football de
l’Afrique Noire commence à prendre le dessus face au football de l’Afrique du Nord.
En 2002, la XXIIIème CAN aura lieu au Mali. Nous verrons si cette tendance se confirmera.
D’ici là, le Cameroun aura prouvée la bonne santé de son football qui restera un modèle pour
l’ensemble du continent noir.
Alfonso SADI.
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Hommage
JOSE N’DELE ne reverra plus l’Angola
Le mercredi 19 avril, la communauté angolaise s’est endeuillé d’un de ses plus précieux de
ses fils. Né en 1940, dans l’enclave de Cabinda, José N’Délé est mort à Lausanne, en Suisse,
alors que le débat sur l’avenir de l’Angola se poursuit. La nouvelle a bouleversé tous ceux qui
l’ont connu. Et laisse vide le terrain auquel il avait réellement sa place. Il fut le premier, et, à
35 ans, après de brillantes études en économie à l’Université de Fribourg, le plus jeune
premier ministre du gouvernement de transition, mis en place à Luanda, en Angola, à la veille
de l’indépendance du pays qui devait avoir lieu le 11 novembre 1975. Il représentait la
tendance UNITA de ce premier gouvernement angolais après l’accord d’Alvor, au Portugal.
L’instabilité et les conflits qui s’ensuivirent l’empêcha de rester en Angola. Il choisi de vivre
à Lausanne, en Suisse, avec son épouse suissesse et toute sa famille. Militant actif de la cause
de son pays, il s’est toujours soucier d’encadrer les jeunes qui arrivaient en terre Helvétique.
Coordinateur de l’Association des résidents angolais en Suisse, José N’Délé s’est toujours
dévoué pour l’intérêt de son pays et des frères et sœurs angolais. Se plaçant au dessus de
toutes querelles politiques partisanes, il nous a accordé une interview……. (voir Regaf’ no 18
–juin 1991), dans laquelle, il donne sa position sur son pays, l’Angola. José N’Délé avait des
amis de tous bords, au sein du gouvernement du MPLA, à l’UNITA et au FNLA, sans oublier
tous les autres Angolais apolitiques. Intellectuel, il laissera l’image d’un homme simple,
tolérant, humaniste et d’une gentillesse sans faille. Nous présentons nos hommages attristés à
ses proches.
Que la terre africaine accueille ce digne fils d’Afrique et lui soit légère !
M. José N’Délé, Premier ministre dans le premier gouvernement :
« Plus jamais la guerre ! »
Membre du collège présidentiel pendant l’éphémère gouvernement tripartite (FNLA, MPLA,
UNITA) de transition, mis en place à l’indépendance de l’Angola, en 1975, M. José N’Délé
représentait, à 35 ans, l’UNITA, dans les fonctions de Premier ministre.
Devenu ensuite une des figures les plus effacées de la politique angolaise, après son départ de
l’UNITA en 1981, M. José N’Délé a vécu en Suisse, où il avait déjà effectué, jeune, des
études d’Economie à Fribourg. Coordinateur de l’Association des Angolais Résidents en
Suisse, il continue à suivre avec attention l’évolution politique actuelle de son pays.
A l’heure où les négociations sur la paix en Angola et sur la démocratisation du pays entraient
dans une phase décisive, nous avons tenu à connaître son point de vue.
Interview
Avez-vous beaucoup d’espoir dans la réconciliation nationale en Angola ?
Oui, bien sûr. Le processus est déjà engagé et, malgré les accidents de parcours, il aboutira
dans un premier temps à un cessez-le-feu du conflit armé.
Suivra alors la phase très délicate de la consolidation de la paix et des structures
démocratiques, car il y a trop de haine et de blessures, ainsi que trop de soldats et d’armes en
Angola.
Mais je suis confiant. Le bon sens l’emportera, au vu de la misère et des souffrances qui
n’épargnent aucune région du pays.
Croyez-vous en la volonté du gouvernement de Luanda de mener à bien le processus de
démocratisation ?
Le gouvernement de Luanda a dû constater l’échec de sa politique d’harmonisation nationale
qui voulait l’intégration pure et simple des opposants à son régime. Devant la gravité de la
situation interne, sur les plans politiques et militaires, et à la lumière des événements dans le
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monde et en Afrique, il est devenu l’animateur de l’ouverture démocratique en cours. Cette
dernière était inévitable, malgré les réticences de certains barons du régime.
A votre avis, pourquoi cette absence de cohérence au sein de la société politique
angolaise ?
Le manque de cohésion, ou plutôt le manque d’attachement à l’intérêt national avant tout,
n’est pas spécifique aux groupes politiques angolais. Il y a eu beaucoup trop de coups bas, de
blessures et de haine pour que les gens soient prêts à se faire confiance du jour au lendemain,
à croire aux déclarations de bonnes intentions et de bonne foi des autres. Il y a aussi les
ambitions personnelles des uns, la recherche d’avantages matériels immédiats des autres.
Mais dès que la cohabitation et le dialogue dans la paix seront de mise dans la société
politique angolaise, les antagonismes actuels, entretenus et maintenus par des radicalismes
idéologiques ainsi que par la manipulation des puissances et des intérêts étrangers, seront
alors dépassés. L’exigence d’une société démocratique forcera les formations politiques à
mettre plus en relief l’intérêt national.
Le tissu social angolaise dans les grandes villes est également fragile. D’un côté, les
natifs(Angolais nés et demeurés en Angola) et de l’autre, les «regressados» (Angolais nés
au pays et/ou ayant vécu à l’extérieur, au Zaïre principalement), qui ont manifestement
du mal à se comprendre culturellement. Comment réussir une bonne entent entre les
deux communautés ?
Il n’est pas toujours facile de faire cohabiter des communautés de cultures différentes, y
compris un passé colonial différent, surtout dans les périodes de crise et de pénurie. L’afflux
d’Angolais du Zaïre, surtout de Kinshasa, vers les villes du centre et du Sud de l’Angola, a
formé des communautés à la zaïroise, reconnues de la majorité de la population résidente. En
effet, l’Angolais de la ville ne pouvait facilement voyager à l’étranger pendant la période
coloniale. L’Angolais venu du Zaïre connaissait déjà les rouages du «système D» pour la
survie dans les difficultés. Il avait déjà la pratique du petit commerce, il ne se faisait plus
d’illusions sur les lendemains de l’indépendance, il entendait mener sa vie, conserver ses
habitudes. L’Angolais résident en fut profondément choqué et, devant la pénurie qui devenait
aiguë, et les malversations, il en attribué la faute au nouveau venu.
A mon avis, le conflit entre les deux communautés trouve sa source, outre dans la pénurie,
dans la crise même des institutions, et dans le manque d’empressement du nouveau à
s’intégrer, à faire comprendre et partager ses valeurs.
Vous qui connaissez bien Savimbi pour avoir été un de ses plus proches collaborateurs,
pensez-vous qu’il a une réelle volonté d’œuvrer pour la paix en Angola ?
Il faudrait poser la question à Savimbi en personne. Pour ma part, je dirai simplement que
Savimbi a fait des concessions en vue d’un cessez-le-feu en Angola et a déclaré sa foi et sa
volonté de conclure un accord dans ce sens. D’ailleurs, l’UNITA, a été le premier à proposer
et à demander l’ouverture des négociations directes avec le MPLA.
Parlons un peu de vous. Apparemment, vous avez lâché l’UNITA ?
Il est en effet de notoriété publique que je ne participe à aucune instance de cette organisation
depuis 1981. J’ai toutefois de la famille et des amis dans l’UNITA, comme j’en ai dans le
MPLA et d’autres organisations. J’essaie de faire la part des choses et de préserver ce qui va
dans le sens de l’idéal national, même en n’étant pas d’accord avec les gens ou les méthodes
employées.
Vous êtes-vous trouvé en désaccord avec l’UNITA ?
Je défends mes idées. Je ne veux pas me porter en justicier. Les instances et l’évolution du
processus démocratique finiront par apporter la lumière sur les agissements des uns et des
autres, et par imposer la vérité, la justesse des faits.
Vous avez gardé le silence longtemps ?
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Vous savez, à cause de mon passé politique, même mon silence a eu parfois des
interprétations politiques. En effet, j’ai préféré, souvent me taire, même lorsque les médias,
surtout portugais, m’attribuaient tel ou tel rôle, telle ou telle déclaration. Mon souci est de
partager avec les autres Angolais mes espoirs, mes déceptions et mes opinions sur la
réconciliation nationale et les moyens de parvenir à la paix et à la démocratie en Angola. Mes
réflexions, je les ai transmises aux acteurs principaux de la scène politique du pays.
Quel est l’avenir politique de José N’Délé ?
Je n’en sais rien et ce n’est pas mon souci. Je crois que je peux aussi faire autre chose que de
la politique. Si seulement je pouvais contribuer, même indirectement, à l’instauration de la
paix et de la démocratie en Angola, je me sentirais très heureux ! Puissent les Angolais, enfin,
s’entendre dire et répéter toujours : plus jamais la guerre !
Propos recueillis par Alfonso SADI
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