Historique des Grands Moulins de Pantin
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Historique des Grands Moulins de Pantin
93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– SOMMAIRE Sommaire .................................................................................................................1 Conditions de l’enquête ...........................................................................................2 Documentation.........................................................................................................3 Archives.......................................................................................................... 3 Bibliographie .................................................................................................. 6 Iconographie ................................................................................................... 7 Annexe 1 : Historique et description architecturale.................................................9 Nicolas Pierrot Annexe 2 : Les Grands Moulins de Pantin, histoire et mémoire de l’usine ..........12 Philippe Charpin Historique ..................................................................................................... 13 La marche de l’usine .................................................................................... 31 Mémoires de l’usine ..................................................................................... 46 Table des illustrations ............................................................................................ 64 1 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– CONDITIONS DE L’ENQUÊTE Les deux bâtiments en béton armé des silos et du moulin dépassent de beaucoup, grâce à leur hauteur exceptionnelle, tous les autres bâtiments industriels des alentours et constituent l’ornement du quartier. « Les nouveaux silos des Grands Moulins de Pantin », La Meunerie française, 1926, p. 219. Opération d’urgence menée en août 2001 par le Service régional de l’Inventaire d’Ile-de-France (Catherine Boulmer, chercheur, et Jean-Bernard Vialles, photographe) en collaboration avec la Sous-direction des études, de la documentation et de l’Inventaire (Catherine Chaplain, chercheur). Le service avait été alerté par Mme Geneviève Michel, archiviste de la ville de Pantin, de l’imminence de la vente des machines, suite à la cessation d’activité de l’établissement. En 2003, une étude monographique reposant notamment sur une enquête orale, ainsi qu’une campagne photographique ont été confiées par le Conseil général de Seine-Saint-Denis (Bureau du patrimoine), sous la direction d’Evelyne Lohr, responsable de l’inventaire, à Philippe Charpin, chercheur (association Trajectoires), et Laurent Desmoulins, photographe indépendant. Une recherche complémentaire – inventaire des machines, étude des permis de construire et des dossiers de la reconstruction, recherche iconographique avec la collaboration de Geneviève Michel, conception des cartes de synthèse – et la mise en forme finale du dossier ont été confiés en 2003-2004, dans le cadre du Protocole de décentralisation culturelle de la Seine-Saint-Denis, à Nicolas Pierrot, Jean-Bernard Vialles (reproduction des documents iconographiques) et Pascal Pissot (cartographie), respectivement chercheur et techniciens au Service régional de l’Inventaire d’Ile-de-France. 2 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– DOCUMENTATION Archives Archives nationales Centre historique des archives nationales (Paris) F23 110. Blé, ravitaillement du camps retranché de Paris, 1915-1917. F12 5187. Légion d’Honneur, accession d’Abel Stanislas Leblanc au grade de Chevalier, 28 août 1871. 12 F 5125, Légion d’Honneur, accession d’Ernest-Charles De Mourgues au grade de Chevalier, 1866. L 000 3003, Légion d’Honneur, accession d’Abel Edouard Désiré Leblanc au grade de Chevalier, 11 novembre 1900. Minutier central des notaires de Paris, Étude XLVIII (maître Jean Dufour), 1109, acte de constitution de la Société anonyme des Moulins Abel Leblanc, 23 septembre 1879. F12 110. Commerce et industrie. 830690 1-420. Reconstruction et dommages de guerre (Première Guerre mondiale). Dossiers de travaux pré-financés par l’Etat. [Aucune information sur les Grands Moulins de Pantin]. Centre des archives contemporaines (Fontainebleau) 19870678, art. 39-62, 163. Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU).Grands Moulins de Pantin-Paris, 1944-1976. Centre des archives du monde du travail (Roubaix) 1994042006, Grands Moulins de Pantin, rapports d’activité, 1964-1972 1994042007, Grands Moulins de Strasbourg, rapports d’activité, 1964-1972 Archives départementales de la Seine-Saint-Denis P° 3 vol 3. Plan de la commune de Pantin, dressé par Lefèvre Frère, révisé en 1872. DO 7 438. Plan d’alignement de la rue du Débarcadère, 20-avril 1899. 10 AT 159/4. Grands Moulins de Pantin, dossier patrimoine industriel. Archives municipales de Coulommiers 2 L 86, 2 L 88, 2 L 100. Legs Abel Leblanc. 3 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Archives municipales de Pantin 21 W 8. Permis de construire, 2 dossiers : PC sans n°. Projets, constructions diverses, 1921-1961, plans (Eugène Haug, architecte, pour les plans de 1921 à 1926). PC 45 2527. Reconstruction du magasin à farines, 1945, plans (Léon Bailly, architecte). 21 W 13. Permis de construire : PC sans n°. Magasin à petits blés, Déchargement pneumatique et chargement des produits finis, 1939, plans (non signés). 43 W 31. Permis de construire : PC 59.431. Construction des silos à grains de la rue Danton, 1958 [construit en 1961], plans (Léon Bailly et Alain Bailly, architectes) 43 W 32. Permis de construire, 6 dossiers : PC 50.3005. Garages et ateliers en bordure de la Ville de Paris, 1949, plans (Léon Bailly, architecte). PC 54.3717. Bureaux et logements rue du Débarcadère, 1954, plans (Léon Bailly, architecte). PC 57.30. Agrandissement du magasin à farine, 1956, plans(Léon Bailly, architecte). PC 58.288. Bureaux et habitations, 1955-1956 ; Surélévation des appartements rue du Débarcadère, 1958, plans (Léon Bailly, puis Alain Bailly après l’autorisation du préfet, 1959). PC 62.837. Bâtiment stockage farine en vrac, 1962, plans (J. Quost, ingénieur). PC 66.1630. Construction d’un silo à issues, 1966, plans (J. Quost, ingénieur). 43 W 33. Permis de construire, 4 dossiers : PC sans n°. Agrandissement du bâtiment à usage de silos à blé (canal), 1933, plans ; construction d’un moulin d’essai, d’un laboratoire et d’une école de boulangerie, 1932, plans (signature de l’architecte illisible). PC 52.3316. Construction de la semoulerie, 1956, plans (Léon Bailly, architecte). PC 55.3840. Bureaux et habitations rue du Débarcadère, 1955, plans (Léon Bailly, architecte). PC 58.231. Construction des silos de la semoulerie (Paris), 1958, plans (Pierre O. Bauer, architecte). 129 W 16. Permis de construire : PC 77.94. Agrandissement du Magasin à farines par la construction d’un ensemble de silos, 1977-1980, plans (François Mathieu, architecte) 271 W 21. Permis de construire : PC 95.0027. Construction d’un portique de déchargement, 1994 (plan accepté par le service urbanisme de la ville le 01 août 1995), plans (R. Séguy, architecte, pour le socle de la machine). 9 W 32. Etablissements dangereux, insalubres ou incommodes, 2 dossiers : Grands Moulins de Pantin, 1933 et 1957. Grands Moulins de Strasbourg, 1952. Matrice des contributions personnelles, immobilières et patentes de Pantin : 1882 , registre n° 364 ; 1913 registre 380. 4 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Matrices cadastrales, registre 2589, section A, n° 698. U 002. Plan des terrains de MM. Leroy Frères et Forest à Pantin, vers 1869. Procès-verbaux du Conseil Municipal. Réclamation de M. Abel Leblanc : 11 novembre 1880, 21 février 1883, 22 juin 1883, 15 novembre 1889, 28 mars 1890. Don de M. Abel Leblanc : 28 mars 1890. Dossier photographique relatif au bombardement des Grands Moulins de Pantin, le 19 août 1944. Dossier Grands Moulins de Pantin : coupure de journaux, brochures de présentation. Archives de Paris Annuaires du commerce Didot. D 32 U 66. Registre des constitutions de sociétés. VN 4 carton 154. Bien communaux et titres de propriétés. Préfecture de la Seine-Saint-Denis Service des établissements classés et de l’environnement : dossier Grands Moulins de Pantin. Chambre de Commerce de Paris, département central des archives 2SE 0257. Grands Moulins de Strasbourg, société anonyme Strasbourg-Port du Rhin, rapports d’activité, exercices 1921, 1930, 1938, 1972, 1976-1985. 2SE 0443. Grands Moulins de Pantin-Paris, puis Grands Moulins de Pantin (1969), rapports d’activité, exercices 1965 à 1985 (fasc.). Conservatoire national des Arts et Métiers 8° Xae 176. Exposition Universelle de 1867, listes générales des récompenses décernées par le jury international. 8° Xae 223, t. 3. Exposition Universelle de 1878, listes générales des récompenses décernées par le jury international. 8° Xae 371. Exposition Universelle de 1889, listes générales des récompenses décernées par le jury international. Archives du site des Grands Moulins de Pantin, bureau du directeur de l’usine (sources consultées en 2003) Premier rapport financier des Grands Moulins de Pantin-Paris, 1921-1922. Photographie des ouvriers dans la cour de l’usine en 1936. Dossier photographique sur le bombardement des Grands Moulins de Pantin en août 1944. Photographies des pompiers intervenants sur l’incendie du magasin à farine, 1958. 5 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Photographies des dégâts suite à l’incendie du magasin à farine, Studio Chevojon, 1958. Photographies de camions vrac. Photographie de l’inauguration de la livraison vrac farine. Bibliographie Sources imprimées VIGNE Henri, « La mouture à Paris », L’Illustration, 24 déc.1870, p. 423-424. « Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, juil. 1886, p. 219-221. « Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1890, p. 402-404. Le Génie civil, n° 522, 11 juin 1892, p. 86-87 (planches). « Le plus gros moteur à gaz du monde », La Meunerie Française, nov. 1894, p. 275-277. « Congrès international de la meunerie », La Meunerie Française, septembre 1900. « Les nouveaux silos des Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1926, p. 218221. MARCILLY P., « La Maison d’Alsace », La construction moderne, 13 juin 1926, p. 440-442 [à propos de « la maison d’alsace, réalisée à l’Exposition des Arts décoratifs (1925) par l’architecte E. Haug, de Strasbourg]. FAVIER J., « Les nouveaux silos des grands moulins de Pantin », L’Architecture française, oct. 1934, vol. 50. « Un feu de cave à 30 mètres au-dessus du sol », Allo 18, bulletin mensuel du régiment des sapeurs pompiers, n° 116, mars 1958, pp. 92-93. « Les Grands Moulins de Pantin-Paris », Les nouvelles mensuelles, SNCF, Exploitation du 1er arrondissement-EST, n° 33, déc. 1964. GERNEZ Pierre, « Les grands meuniers de Pantin », Pantin Mensuel, jan. 1990. LACADRE Renaud, « Les maîtres du pain lorgnent sur les Grands Moulins », Libération, 16 août 1994, p. 7. Travaux ARPIN Marcel, Historique de la meunerie et de la boulangerie, depuis les temps préhistoriques jusqu’à l’année 1914, tome 1, « Meunerie », Paris, Ed. Le Chancelier, 1948, 396 p. Association Nationale de la Meunerie Française, L’organisation du marché du blé et produits dérivés. Réglementation de la production, de la commercialisation et de la transformation du blé. Mise à jour 1958-1959, Paris, Ed. SEP, 68 p. BIOT Thierry, La meunerie française en Ile-de-France de 1936 à nos jours, maîtrise d’archéologie contemporaine, Philippe Bruneau dir., Université Paris IV Sorbonne, 1988, 128 p. dactyl., pl. 6 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– BIOT Thierry, La meunerie contemporaine de 1936 à 1990 : le cas de l’Ile-de-France, mémoire de D.E.A. d’archéologie contemporaine, Philippe Bruneau dir., Université Paris IV Sorbonne, 1990, 3 tomes, 346 p. dactyl., 2 vol. de pl. n.p. BOURNON Fernand, Etat des communes à la fin du XIXe siècle. Pantin, notice historique et renseignements administratifs, Montévrain, Impr. typographique de l’école d’Alembert, 1901, 160 p. CAPILLON Jean, « Instrument de recherche pour une histoire de la meunerie : « La meunerie française » (1885-1940) », L’Archéologie industrielle en France, n° 14, décembre 1986. CAUE 93 (éd.), Inventaire du patrimoine industriel de Pantin, 1997, 292 p. dactyl. CHABANON Maurice, La meunerie française, une expérience d’économie dirigée, Paris, Ed. M.T.Génin ,1955, 298 p. FIERRO Alfred, Histoire et dictionnaire de 300 moulins de Paris, Paris, 1999, 186 p. FONTANON Claudine, L’industrialisation de la Région parisienne dans la première moitié du XXe siècle. Les sources de l’histoire des établissements industriels, Paris, CNAM, 1985, 46 p. KATZ Cécile, Territoire d’usines, Grâne, Créaphis, 2003, 214 p. PELLEN Michèle, L’évolution urbaine de Pantin, Mémoire de D.E.S. de géographie présenté à la faculté des lettres de Paris, 1956. POURTEAU Roger, Pantin 2000 ans d’histoire, Paris, Temps actuels, 1982, 203 p. LABORDE Marie-Françoise, Architecture industrielle, Paris et alentours, Paris, Parigramme, 2003, 207 p. Le meunier de Paris, 75 ans d’histoire des Grands Moulins de Paris, Paris, Somogy, 1996. TEXIER Simon, « Les Grands Moulins de Pantin », dans Béatrice de Andia et Simon Texier (dir.), Les canaux de Paris, Paris, Délégation à l’action artistique de la ville de Paris, 1994, p. 159-162. Iconographie Les sources imprimées mentionnées en bibliographie, spécialement les articles publiés dans La Meunerie française, Le Génie civil et L’architecture française comprennent des gravures (vues, plans) et photographies imprimées, illustrant aussi bien l’évolution architecturale des Grands Moulins de Pantin que celle des équipements intérieurs, depuis1886 jusqu’à la construction du « silo canal » en 1934. Voir le dossier iconographique (sélection de documents). Les plans accompagnant les dossiers de demande d’autorisation de construire, conservés aux archives municipales de Pantin (voir supra), permettent de suivre avec précision l’évolution des constructions, depuis les projets d’Eugène Haug (1921 et 1923) jusqu’à l’aménagement d’un portique de déchargement des grains en bordure du canal (1995). Voir le dossier iconographique (sélection de documents). Plusieurs séries de cartes postales sont consultables aux archives municipales de Pantin (2 Fi) ainsi qu’aux archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Voir le dossier iconographique (sélection de documents). 7 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Les archives municipales de Pantin conservent également une collection de tirages photographiques en noir et blanc comprenant plusieurs vues de l’incendie du 19 août 1944 et diverses états des bâtiments jusqu’aux années 1960 (3 Fi 4163 à 4178) ; la copie numérique d’un document d’entreprise montrant l’état des constructions après l’incendie (16 Z) ; ainsi qu’une série de diapositives réalisées en 2001 par Daniel Ruhl, photographe de la Ville de Pantin (16 Z). Voir le dossier iconographique (sélection de documents). Les Grands Moulins de Pantin ont fait l’objet de plusieurs films ou documentaires, dont Jeux de joutes sur le canal de l’Ourcq (Actualités Gaumont, 1930) et L’amour existe de Maurice Pialat, en 1961. 8 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANNEXE 1 Historique et description architecturale Historique Abel Stanislas Leblanc, minotier de la Brie, s’intéresse au pain des Parisiens : pionnier de la mécanisation, le notable de Mouroux fait construire en 1882, au seuil de la capitale, entre le canal de l’Ourcq et les voies du chemin de fer de l’est, un moulin équipé de 24 meules1. A sa mort, en 1883, son fils Abel Désiré Leblanc crée avec le meunier Duval la société des Moulins de Pantin et choisit d’adopter, dès 1884, le procédé de la mouture hongroise2. En 1915, à la mort d’Abel D. Leblanc, les Grands Moulins de Pantin assurent une production de 600 qx/j et se placent au 7e rang pour l’approvisionnement de la capitale (1er rang, Corbeil, 8000 qx/j)3. La construction de l’actuelle minoterie s’explique en grande partie par le contexte de l’après-guerre : la stagnation de la production céréalière française, la lenteur de sa mécanisation, la croissance de la demande urbaine et par suite la cherté des grains encouragent la concentration de l’activité meunière. Après divers legs et achats, l’un des principaux acteurs de cette évolution, la société anonyme de Strasbourg - Port du Rhin (propriétaire des Grands Moulins de Strasbourg) fonde en 1921 la société des Grands Moulins de Pantin-Paris dont elle devient actionnaire majoritaire4. D’où le choix de l’architecte strasbourgeois Eugène Haug, successeur (avec son associé Brion) de Paul Friesé sur le chantier des Grands Moulins de Corbeil5. La construction débute en 1923 par le moulin, suivi en 1924-1926 par un silo à grains de 10000 quintaux6. La Société anonyme des anciens établissements Ed. Zublin conçoit en 1927 les quatre premières travées du silo à grains « canal » (70000 qx), augmenté de trois travées en 1933-1934, ce qui porte la capacité de stockage à 130000 qx pour une production de 5000 qx/j7. La chaufferie, élevée entre 1924 et 1926, est équipée d’une chaudière de type Babcock et Wilcox (étudiée : IM93000280), et flanquée d’un silo à charbon d’une capacité de 1200 tonnes. L’ensemble est complété par la 1 A.N., MC, XLVIII (maître Dufour), 1109, acte de constitution de la Société anonyme des Moulins Abel Leblanc, 23 septembre 1879. 2 « Les Moulins de France. Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, juillet 1886, p. 220. 3 A.N., F12 110. 4 Chambre de Commerce de Paris, département central des archives, 2SE 0257, Vingt-troisième rapport financier des Grands Moulins de Strasbourg, société anonyme Strasbourg-Port du Rhin, exercice 1921, p. 5. 5 Voir par exemple : Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, Patrimoine industriel, cinquante sites en France, Paris, Editions du Patrimoine, 1997, p. 66-67 (double page consacrée aux Grands Moulins de Corbeil, par Hélène Jantzen). 6 A.M. Pantin, 21W8, dossier sans n° de PC. 7 Ibid. 9 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– construction du quai (1930) et de la « boulangerie » (fournil ou moulin d’essai, 1933)8. Après l’incendie du 19 août 1944, provoqué par un tir de D.C.A. allemande sur une barge chargée de mines, l’ancien magasin à farine est arasé9. Sa reconstruction, entre 1945 et 1948, est confiée à l’architecte Léon Bailly. Le moulin, la chaufferie, les silos « préparation mouture » et les silos « canal », dont la structure porteuse n’est pas atteinte, sont restaurés10. Léon Bailly conçoit encore la semoulerie11 (1952, flanquée en 1958 de nouveaux silos12 conçus d’après les plans de Pierre O. Bauer), les ateliers et garages, le laboratoire, les nouveaux bureaux (19581960, projet repris par Alain Bailly en 1959)13 et le « silo Danton » en 1961 (projet de 1958 revu par Alain Bailly, suite à l’accord du maire en 1959)14. Au cours des années 1960, l’ingénieur J. Quost fait élever de nouveaux silos à farine (1962)15 et à issues (1969)16. De 6000 qx/j en 1948, le moulin atteint une production de 15 000 qx/j en 1981, employant jusqu’à 200 ouvriers17. Entre 1970 et 1990, les Grands Moulins de Pantin, contraints d’accroître leur productivité face à la concurrence des coopératives sur les marchés à l’exportation, et menacés par la diminution de la consommation de pain en France, s’engagent dans la boulangerie industrielle (marque « Baguépi »), automatisent la production, et réduisent leurs effectifs. En 1980, François Mathieu procède à l’extension du magasin (silos)18. La semoulerie est fermée en 1985. Racheté par le groupe Soufflet en 1996, l’établissement cesse son activité de meunerie en juin 2001, puis son activité d’ensachage en mars 2004 : les moyens de production sont concentrés sur le site de Corbeil. Vendu au cours de l’été 2004 à un promoteur immobilier, l’ensemble doit être, après démolitions partielles, converti en immeubles de bureaux par le cabinet d’architectes Reichen et Robert. Description Etablissement desservi par voie navigable, embranchement ferroviaire et voie particulière. Les bâtiments de production et de stockage, disposés au sud et à l'est de la cour centrale, suggèrent, par leur élévation, la circulation verticale des hommes et des produits : une architecture « parlante », dont les passerelles de liaison horizontale assure la cohérence et la lisibilité. Le blé, acheminé par le canal, la route ou le rail, est stocké dans le silo « canal ». 8 A.M. Pantin, 43 W 33, PC sans n°, construction d’un moulin d’essai, d’un laboratoire et d’une école de boulangerie (plans, signature illisible), 1932. 9 A.N., Centre de archives contemporaines, 19870678, art. 39, rapport produit par la société anonyme des Grands Moulins de Pantin, à l’adresse du MRU, précisant les circonstances et de conséquences de l’incendie du 19 août 1944. 10 Id., art. 39-62, suivi des travaux, 1945-1948. 11 A.M. Pantin, 43 W 33, PC 52.3316. 12 A.M. Pantin, 43 W 33, PC 58.231. 13 A.M. Pantin, 43 W 32, PC 58.288 (Bureaux et habitations, 1955-1956 ; Surélévation des appartements rue du Débarcadère, 1958) ; 43 W 33, PC 52.3316 (Construction de la semoulerie, 1956), PC 55.3840 (Bureaux et habitations rue du Débarcadère, 1955), PC 58.231 (Construction des silos de la semoulerie (Paris), 1958). 14 A.M. Pantin, 43 W 31, P.C. 59.431. 15 A.M. Pantin, 43 W 32, PC 62.837. 16 A.M. Pantin, 43 W 32, PC 66.1630. 17 Voir infra Philippe Charpin, « Les Grands Moulins de Pantin, histoire et mémoire de l’usine ». 18 A.M. Pantin, 129 W 16, PC 77.94, agrandissement du Magasin à farines par la construction d’un ensemble de silos, 1977-1980. 10 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– La société Zublin conçoit un édifice en béton armé paré de brique, composé de sept travées de stockage vertical surmonté d'un étage carré et coiffé d'un toit à croupes culminant à 52,69 m ; le vocabulaire d'inspiration militaire est préféré au principe nouveau de la cellule cylindrique apparente. Lieu de stockage plus récent (1961), le « silo Danton », approvisionné par la route, présente une structure en béton armé (masquant également les cellules) surmontée d'un toit terrasse ; il est relié au site principal de l'usine par un système souterrain de bandes transporteuses. Depuis le silo « canal », le blé emprunte une passerelle couverte en béton armé surplombant la chaufferie et rejoint, pour y subir l'avant-nettoyage, le « silo préparation mouture » (premier silo conçu par Eugène Haug). L'élancement vertical de ce silo-forteresse en béton armé paré de brique, haut de 34,39 m, est accentué par la présence, en son sommet, d'une tour coiffée d'un toit à croupes. Un système souterrain de bandes transporteuses le relie au moulin. Retenant le parti de l'architecture régionale alsacienne, le moulin d'Eugène Haug (en béton armé paré de brique, à cinq étages carrés), présente trois étages de combles couverts d'un toit à pans brisés et demi-croupe. La tour carrée de 47 m, portant une horloge sur chacune de ses faces, abrite un escalier tournant et, en son sommet, un château-d'eau ; elle est couverte d'un toit en pavillon à pans brisés surmonté d'un clocher dressé sur quatre arcs en plein cintre. Séparé verticalement en deux tranches de production – l'une affectée au nettoyage, l'autre à la meunerie – le moulin conserve notamment, outre des machines destinées à être vendues (étudiées), un remarquable système d'élévateurs à godets réalisés par les services menuiserie et mécanique de l'entreprise (étudié). Ce bâtiment central est relié au magasin à farine par une passerelle couverte en béton armé portant l'inscription « Grands Moulins de Pantin ». Elevé après l'incendie de 1944, ce nouveau magasin reprend le vocabulaire architectural du moulin : béton armé paré de brique, neuf étages carrés, trois de combles, toit à pans brisés. Il conserve trois toboggans métalliques de manutention hélicoïdaux (encore en place), dont l'un, remarquable, est à double hélice. La lecture du process et des bâtiments s'achève avec le chargement des produits : les sacs sont expédiés par wagons et camions ou empruntent la galerie surmontant le quai de déchargement pour rejoindre le canal. A l'écart, la semoulerie construite en béton armé et parement de brique, comprenant cinq étages carrés couverts d'un toit-terrasse, présente une succession de larges baies horizontales inspirées de l'architecture industrielle américaine du début du XXe siècle. Les garages et ateliers, en rez-de-chaussée, sont construits en béton armé paré de brique. Le bâtiment administratif d'entreprise, de mêmes matériaux, est à trois étages carrés couverts d'un toit-terrasse. Enfin, la « boulangerie », construite parallèlement aux voies de chemin de fer et marquant ainsi l'entrée du site, offre un corps central à trois étages carrés coiffé d'une corniche en béton et d'un toit-terrasse ; la façade en parement de brique, dissimulant une structure en béton armé, porte le monogramme « GMPP » (Grands Moulins de Pantin-Paris). Nicolas Pierrot, 2004 11 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANNEXE 2 Les Grands Moulins de Pantin Histoire et mémoire de l’usine Première partie : Historique ................................................................................ 13 Deuxième partie : La marche de l’usine ............................................................. 31 Troisième partie : Mémoires de l’usine .............................................................. 46 12 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Première Partie Historique Cette histoire des Grands Moulins de Pantin a été écrite sans les archives de l’entreprise. Le Groupe Soufflet, leur propriétaire, n’a pas souhaité les mettre à notre disposition avant d’avoir vendu le site de l’usine. C’est pourquoi des sources capitales manquent, qui peuvent éclairer et étayer ce périple dans le temps qui va suivre. Néanmoins, on trouvera dans les grandes lignes, les temps forts qui vont marquer l’évolution d’un établissement emblématique du patrimoine industriel de la Seine-Saint-Denis. I – Les Moulins Abel Leblanc Abel Stanislas Leblanc, meunier de la Brie C’est en 188219 que débute la production du premier moulin de Pantin construit par Abel Stanislas Leblanc, minotier de la Brie. Abel Stanislas Leblanc est né à Coulommiers en Seine-et-Marne en 1806. D’origine modeste – son père est marchand fripier – il débute comme simple ouvrier chez M. Darblay20 (propriétaire des anciens moulins de Corbeil). Fort de l’expérience acquise, il décide de se lancer à son compte dans la meunerie. Il va acheter et exploiter progressivement quatre moulins à farine situés sur la rivière du Grand Morin à Coulommiers et Mouroux (commune limitrophe) en Seine-et-Marne. Sa première acquisition, le 8 avril 1846, le Moulin des Religieuses, est situé près de la place de l’Hôtel de Ville à Coulommiers. C’est un moulin à eau équipé de 4 paires de meules « monté d’après le système anglais »21 comme ses futures acquisitions. Il faut comprendre par là que des meules de pierre très rapprochées et tournant très vite écrasent, en une seule fois, le blé. Ce système s’oppose à l’époque à la mouture dite française 19 A.M. Pantin, Registre n°364, Matrice des contributions personnelles, immobilières et patentes de Pantin, 1882. A.N., F12 5187, Légion d’Honneur, accession d’Abel Stanislas Leblanc au grade de Chevalier, 28 août 1871. 21 A.N., Minutier central, Etude XLVIII, 1109, Acte de constitution de la Société anonyme des Moulins Abel Leblanc, 23 septembre 1879. 20 13 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– commune dans les petits moulins, où de grandes meules à rotation moins rapide concassent le blé par passages successifs22. Puis, sept ans plus tard, le 15 décembre 1853, Abel Leblanc achète le Moulin des Près, à Coulommiers, également moulin à eaux faisant tourner 10 paires de meules. Mais, l’année suivante, notre homme se lance dans la meunerie « industrielle » en achetant le Moulin de Mouroux le 23 décembre 1854. C’est en effet un moulin à eaux mais aussi à vapeur équipé de 16 paires de meules. Enfin, onze ans plus tard il complète cet ensemble par l’achat du Moulin de Coubertin, sur la commune de Mouroux, comprennant quant à lui de 9 paires de meules23. En 1867, ces établissements écrasent ensemble 120 à 140 000 quintaux de blé ce qui fait d’Abel Leblanc l’un des plus importants fabricants de farine de la région. Il obtient en 1851 et 1862 une médaille à l’Exposition de Londres, et en 1867 et 1878, une médaille d’or aux Expositions Universelles de Paris24 « tant pour la qualité remarquable de ses produits que par les progrès et améliorations considérables qu’il a fait faire à la meunerie »25. Devenu notable, maire de Mouroux, Abel Leblanc demande et obtient comme beaucoup de ses pairs minotiers, la Légion d’Honneur. Le 28 août 1871, il reçoit l’insigne de Chevalier des mains d’Alphonse Dollez, ancien directeur de l’approvisionnement de la ville de Paris. Il avait été soutenu dans sa requête par J.-B. Rousseau, député de Seine-et-Marne, lequel déclarait à propos du meunier : « Sa marque est recherchée à l’égal des six marques. Il vend même sa farine à un prix supérieur… Il emploie toute l’année entre 80 et 100 ouvriers qu’il loge et nourrit en grande partie »26. Lors du siège de Paris de 1870 par les troupes prussiennes, son fils Abel Edouard Désiré Leblanc participa au ravitaillement de la capitale. Il supervisa la mouture de 150.000 quintaux de blé « sans la moindre rétribution »27 dans le moulin installé en gare du Nord, l’un des cinq moulins de fortune parant aux besoins des 2 millions d’habitants. Le catalogue de l’Exposition Universelle de Paris en 1878 donne un bon aperçu de la profession dans laquelle excelle Abel Leblanc. « De toutes les industries alimentaires, la plus importante et la plus répandue est la meunerie. La meunerie en France transforme par jour en farine 300 000 hectolitres de grain. Une paire de meules dans les conditions normales moud 20 hectolitres par jour […] La meunerie emploie donc en France 15 000 paires de meules et 60 000 chevaux vapeurs… Aujourd’hui il n’est pas une contrée en France où à côté de ces petits moulins, on ait élevé plusieurs grandes minoteries réunissant 5 et jusqu’à 10 paires de meules et pourvues à la fois de moteur hydraulique et de moteur à vapeur pour éviter tout chômage dans les saisons de basses eaux […] La force mécanique y joue le principal rôle et la main-d’œuvre n’y entre que pour une faible part. Un homme par paire de meules dans un moulin bien organisé suffit à l’ouvrage avec un rhabilleur pour chaque série 22 Article « Meunerie », La Grande Encyclopédie. Inventaire raisonné des sciences, des lettres et des Art, Paris, 1910. 23 A.N., Minutier central, Etude XLVIII, 1109, Acte de constitution de la Société anonyme des Moulins Abel Leblanc, 23 septembre 1879. 24 CNAM, 8° Xae 176 et 8° Xae 223. 25 A.N., F12 5187, Légion d’Honneur, accession d’Abel Stanislas Leblanc au grade de Chevalier, 28 août 1871. 26 Ibid. 27 A.N., L 000 3003, Légion d’Honneur, accession d’Abel Edouard Désiré Leblanc au grade de Chevalier, 11 novembre 1900. 14 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– de 5 paires. Aussi, le prix de la farine dépend de celui du grain et varie comme lui […] 1207 boulangers à Paris et 270 boulangers-pâtissiers produisent 700 000 kg de pain par jour. »28 L’implantation à Pantin Fort de son savoir-faire, l’ambitieux Abel Leblanc, décide de se rapprocher du vaste marché parisien en construisant un moulin à Pantin. Le choix du site de Pantin est judicieux. Depuis l’agrandissement de Paris en 1860 avec l’annexion des communes limitrophes, Pantin se trouve désormais aux portes de la capitale. Remarquablement desservie par le Canal de l’Ourcq et le chemin de fer (la gare de Pantin est inaugurée en 1864), et disposant d’un bassin de main-d’œuvre important, la commune va attirer très rapidement de nombreuses industries stimulées par les débouchés du marché parisien. En 1885, « Pantin devient ainsi la ville la plus industrielle de tout le secteur »29. Or le terrain acheté le 5 avril 1880 par Abel Leblanc et sa femme Lucie Françoise Levesque est idéalement placé. D’une superficie de 10 664 m2, situé au lieu dit Clôture du Rouvray30, il s’étend entre la rue du Débarcadère et le canal. Proche de la gare, c’est un lieu stratégique puisque le moulin va pouvoir facilement recevoir et expédier aisément les blés et farine par wagon et péniche. Les moulins seront parmi les premiers à s’implanter dans cette zone31 qui va subir une très forte pression foncière. En 185932, les spéculateurs Leroy Frères et Forest avaient acheté huit pièces de terrains agricoles d’une superficie totale de 510 267 m2 de part et d’autre du canal, dépendant de l’ancienne ferme du Rouvray ayant appartenue à l'Abbaye de SaintMartin-des-Champs33. Ils les morcelèrent pour les revendre en parcelles. C’est l’une d’elles, que vont acheter les époux Leblanc. Parallèlement, Abel Leblanc achète une parcelle contiguë de 4 326 m2, située sur un terrain appelé Chantier Forain34 que les Grands Moulins de Paris rachèteront en 1940. Elle sera l’affaire du fils Leblanc qui, depuis 1879, a obtenu le droit de s’appeler officiellement Abel-Leblanc. Il s’associe en effet à Louis Ernest Ladurée négociant, en novembre 1879 pour créer une société35 qui va d’abord exploiter un entrepôt de marchandises attesté en 188036. Puis l’année suivante37, les associés vont y installer une scierie mécanique à vapeur pour le bois de construction employant 15 personnes ainsi qu’un entrepôt général de bois. Au voisinage immédiat, plusieurs marchands de bois s’installent également. C’est surtout le cas 28 CNAM, 8°Xae 223, t. 3. Pourteau Roger, Pantin , deux mille ans d’histoire, Paris, Messidor/Temps Actuel, 1982, p. 103. 30 A.M. Pantin, Matrice cadastrale, Section A, parcelle 698 ; registre, fol. 2589. 31 A.D. Seine-Saint-Denis, P° 3 vol 3, « Plan de la commune de Pantin », dressé par Lefèvre Frère, révisé en 1872. En 1872, les alentours entre la rue du Débarcadère et le Canal sont encore libres de toute construction. 32 Archives de la Seine, VN 4 / 154. 33 A.M. Pantin, U 002. 34 A.D. Seine-Saint-Denis, Patrimoine Industriel GMP, 10 AT 159/4, document n°2 non inventorié. 35 Archives municipales de Coulommiers, Leg Abel Leblanc, 2 L 100. 36 A.M. Pantin, registre n° 364, matrice des contributions personnelles, immobilières et patentes de Pantin, 1880. 37 A.M. Pantin, 9 W32, Etablissements classés, sommation de la Préfecture auprès du maire de Pantin pour que l’entreprise lui adresse une demande d’autorisation d’exploitation, 2 octobre 1881. 29 15 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– de la société d’importation de chêne, rue du Débarcadère, qui va faire travailler à façon la scierie mécanique. Autour de 1900, elle lui demande de fabriquer 80 000 m2 de parquet par an qu’elle écoule à Paris et en banlieue38. L’éphémère Société Anonyme des Moulins Abel Leblanc L’investissement nécessaire à la construction du moulin amène Abel Leblanc à s’associer avec des partenaires financiers. Le 23 septembre 1879, il fonde la Société Anonyme des Moulins Abel Leblanc dont le siège est situé 51 rue Jean-Jacques Rousseau à Paris.39 Le meunier apporte à l’entreprise ses moulins estimés à une valeur de 750 000 francs, auxquels s’ajoutent « la marque de fabrique, la clientèle et l’achalandage de ses usines, les chevaux, voitures, charrette, linges etc… » estimés à un million de francs. Son fils, Abel Edouard Désiré Leblanc (dit Abel-Leblanc), est actionnaire à hauteur de 315 000 francs. Ils s’entourent de huit autres actionnaires : Alfred Balenski propriétaire, et Ernest Balenski, banquier (qui souscrivent respectivement pour 500.000 et 100.000 francs), Paul D’Angleys, propriétaire (10 000 francs), Ernest-Charles De Mourgues, juge au Tribunal de commerce de la Seine40 (500 000 francs), Jules Féder (230 000 francs), Léopold Gaulet, propriétaire (25 000 francs) Charles Kapferer, négociant (185 000 francs) et Vincent Mariéton (135 000 francs). Selon l’article premier de ses statuts, la société a pour objet, outre l’exploitation des moulins, celle de « tous établissements industriels de même genre que la société pourra acquérir ou affermer ». Abel Leblanc père meurt le 4 novembre 188341. Le rôle de cette société dans l’histoire des moulins de Pantin est assez obscur. Nous savons que le 23 décembre 1884, l’Assemblée générale extraordinaire décide la modification de son appellation en Société Anonyme des Moulins de Pantin. Elle signale notamment aux actionnaires que le fonds de roulement d’un million de francs est insuffisant, vu l’importance des affaires et même « plus insuffisant encore depuis la mise en train du Moulin de Pantin ». En conséquence, elle réclame un appel de fonds. Cette démarche n’ayant apparemment pas été suivie d’effet, le 8 mai 1885 l’assemblée générale « décide purement et simplement la dissolution le jour même de la société »42. L’installation des cylindres Désormais seul aux commandes, Abel-Leblanc décide quelques mois plus tard de faire appel à Gustave Léopold Duval, et son fils, anciens meuniers de la Brie à la Ferté-sousJouarre pour gérer la marche du moulin. Pour ce faire, les Duval, vont constituer une société en nom collectif le 12 octobre 1885 au capital de 200 000 francs43 et créer parallèlement sous38 Etat des communes à la fin du 19ème siècle, Pantin, Département de la Seine, 1901, p. 133-134. A.N., Minutier central, XLVIII, 1109. 40 A.N., F12 5125, Légion d’Honneur, accession d’Ernest-Charles de Mourgues au grade de Chevalier, 1866. 41 Archives municipales de Coulommiers, Leg Abel Leblanc, 2 L 100. 42 A.N., Minutier central, XLVIII, 1109. 43 Archives de Paris, Registre des constitutions de société, D 32 U 66. 39 16 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– seing privé avec Abel-Leblanc une société dénommée « Les moulins de Pantin » qui entérine leur partenariat44. C’est avec l’arrivée des Duval que le moulin va connaître sa première amélioration majeure, l’installation de cylindres en remplacement des 12 paires de meules initiales45. Cette innovation suit en fait un mouvement général et très rapide qui s’impose à l’ensemble des meuniers industriels de France. Ce changement radical répond en effet à une nécessité commerciale. Les farines françaises sont de plus en plus concurrencées par celles obtenues selon le nouveau procédé dit de « mouture hongroise ». La Hongrie exporte depuis 1875 de belles farines blanches, moulues par des cylindres de porcelaine ou de métal et que seuls quelques moulins français possèdent. Installation plus complexe et plus onéreuse, elle permet par passages successifs dans différents types de cylindres de séparer dans le grain de blé la partie centrale, l’amande, la plus fine et la meilleure46. En 1885, s’ouvre à Paris l’Exposition Spéciale de Meunerie et Boulangerie afin d’affranchir les meuniers sur les nouvelles techniques. Un an plus tard, se crée l’Association Nationale de la Meunerie Française, syndicat de meunier, qui, avec son journal, La Meunerie Française, tient la profession au courant des derniers développements technologiques et soutient les meuniers pour franchir le cap de la coûteuse innovation47. En 1886, le Moulin de Pantin est déjà équipé de cylindres. Il figure ainsi parmi les premiers moulins de France à avoir fait cet investissement. Les grands Moulins de Corbeil, par exemple, leader du marché de la région parisienne, restent équipés de 80 paires de meules jusqu’en 188848. L’installation est réalisée au moulin de Pantin par la maison Brault, Tesseit et Gillet de Paris et Chartres. La première description du moulin datant de juillet 1886, et l’une des rares disponibles, nous en donne un aperçu49. Le moulin constitue déjà un grand ensemble comprenant à l’entrée un corps de logis réservé aux bureaux et à l’habitation, puis au centre d’une vaste cour « où circulent à leur aise les wagons de chemin de fer et les voitures » un grand bâtiment de 5 étages servant à la fois de magasin à farine et de silo à blé. Celui-ci est relié au moulin qui compte 5 étages par une passerelle de 14 mètres de long50. Le blé arrive en sous-sol, tracté par une vis d’Archimède, jusqu’au nettoyage situé en annexe du moulin et séparé par un gros mur pour diminuer les risques d’incendie. La fabrication est un processus complexe au cours duquel le blé va suivre un long périple pour être transformé en farine et issues (son et remoulages). Au rez-de-chaussée sont installés les 9 appareils à cylindre du système Ganz disposés sur 3 lignes, soit 4 broyeurs à 4 cylindres et 5 convertisseurs (équipés de cylindres lisses) qui 44 Archives municipales de Coulommiers, Leg Abel Leblanc, 2 L 100. « Les Moulins de France. Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, juillet 1886, p. 220. 46 Marcel Arpin, Historique de la meunerie et de la boulangerie, tome 1, « La meunerie », 1948, Ed. Le Chancelier, p. 200. 47 Capillon Jean, « Instrument de recherche pour une histoire de la meunerie : "La meunerie française" (18851940) », L’Archéologie industrielle en France, n°14, décembre 1986, p. 51-77. 48 Marcel Arpin, Historique de la meunerie et de la boulangerie, tome 1, « La meunerie », 1948, Ed. Le Chancelier, p. 200. 49 « Les Moulins de France. Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, juillet 1886, p. 220. 50 Ibid. 45 17 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– font subir chacun 6 passages au produit. Entre les différents passages et suivant son état de transformation, le produit est renvoyé dans les étages sur le circuit pour être centrifugé, nettoyé, tamisé. Les farines sont emmenées par une vis au magasin dans une grande chambre où elle sont ensachées. « Une puissante machine, sortant des ateliers de construction de Pantin fait marcher tout le mécanisme et répand pour ainsi dire la vie dans ce groupement d’appareil et fait en même temps mouvoir une dynamo distribuant la lumière électrique »51. Des innovations à la suite d'un incendie Dans la soirée du 23 janvier 1889, le moulin de Pantin va connaître le premier sinistre de son histoire. « Les quartiers situés dans l’extrême nord-est de Paris » nous raconte le chroniqueur de La Meunerie Française « s’éclairaient soudain d’une immense lueur »52. Le moulin était en feu. « Le bâtiment ne formait plus qu’une immense fournaise. Les flammes s’échappant de la toiture défoncée et des ouvertures béantes des fenêtres, s’élevaient dans les airs à des hauteurs prodigieuses, projetant, comme les fusées d’un infernal feu d’artifice, les gerbes de farine incandescente et crépitante qui retombaient lentement en pluie.». Cet incendie détruisit totalement le moulin, mais épargna les magasins grâce à la promptitude des secours. Les assurances aidant, il fut reconstruit à l’identique en moins de sept mois. Comme il est d’usage en pareil cas, Abel-Leblanc fera un don de 1 000 francs à la mairie de Pantin pour qu’elle le distribue aux sapeurs pompiers de la commune53. Cet accident va néanmoins permettre de doter le moulin « de tous les perfectionnements modernes ». De fait, la maison Brault, Teisset et Gillet, installe sur les cylindres au nombre désormais de onze, le système de cannelure hélicoïdale breveté par Franck Beall qui semble à la pointe de la technologie du moment. Un éclairage électrique de 300 lampes permet à l’usine de fonctionner sans interruption. Au moulin proprement dit, grâce au« triomphe de l’art mécanique »54 45 tonnes de blé sont transformées chaque jour par seulement deux équipes de quatre hommes travaillant chacune 12 heures. « Tout dans ce moulin est exécuté mécaniquement et ceci est un avantage considérable tant au point de vue de la production qu’à celui de la main-d’œuvre. Cette dernière réduite au minimum n’exige plus que quelques hommes pour la surveillance générale des appareils, l’ensachage et la livraison des farines »55. Les silos à blé sont agrandis (4 silos pouvant désormais contenir 1 300 quintaux chacun), et les farines sont stockées dans 3 chambres qui peuvent en contenir 17 à 18 tonnes chacune, situées dans le même bâtiment que les silos. Enfin, trois générateurs Weyher et Richemond (fabriqués à Pantin) fournissent la vapeur nécessaire au moteur de 120 chevaux construit par la maison Powel de Rouen56. A la mort de son père, survenue le 3 février 1891, Fernand Duval décide de mettre fin à sa collaboration avec les moulins de Pantin et dissout la société G. Duval et fils57. 51 « Les Moulins de France. Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, juillet 1886, p. 220. « Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1890, p. 402. 53 A.M. Pantin, Procès-verbaux du Conseil Municipal, 28 mars 1890, reg. 990, fol. 17. 54 Le Génie civil, t. XXI, n° 6, 11.06.1892, p. 86-87, n° 522. 55 La Meunerie Française, novembre 1894, p. 275. 56 « Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1890, p. 404. 57 Archives municipales de Coulommiers, 2 L 100, legs Abel Leblanc. 52 18 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Abel-Leblanc se trouve à nouveau et ce jusqu’en 1905 aux commandes du moulin dont la marche quotidienne semble être assurée par un directeur technique. A la mort de sa mère (le 18 octobre1892)58, il en devient l’unique héritier. Les Moulins de Pantin vont être à nouveau au cœur de l’innovation technologique. C’est en effet entre février et mai 1894 que s’y effectue le premier essai d’un nouveau moteur à gaz pauvre de type « Simplex » conçu par Delamare-Debouteville et Malandi et réalisé par les ateliers Matter et Cie de Rouen. C’est le plus gros moteur à gaz du monde. Le combustible employé est le charbon maigre des mines d’Anzin. Avec une consommation de 103 kg de charbon à l’heure pour une énergie développée de 280 chevaux et 6100 litres d’eau à l’heure pour le refroidissement du moteur, cette installation va battre des records d’économie59. L’arrivée d’Albert Guillon Il semble que ce ne soit que douze ans plus tard qu’Abel Leblanc cède de nouveau la gérance de son établissement. Il signe le 9 février 1905 un nouveau bail avec Albert Guillon, ex-directeur des usines de la Société des Moulins de Corbeil et Myrtil Lucien Chapelain, directeur des Moulins de Pantin. Les deux hommes ont formé une société en nom collectif pour l’occasion. Le montant annuel du loyer est de 40.000 francs, à charge pour les locataires de payer l’impôt foncier et autres charges incombant au propriétaire. Le bail stipule que les preneurs s’engagent à entretenir et à améliorer le moulin. A l’expiration du bail, le bailleur conserve tout le matériel ancien et nouveau moyennant, le cas échéant, dédommagement60. Albert Guillon fait donc son entrée aux moulins de Pantin. Il y restera jusqu’en 1957 ! Transfuge des Grands Moulins de Corbeil, l’un des plus grands moulins de France et de loin le plus gros de la région parisienne, Albert Guillon va apporter en tant que Directeur de l’usine une nouvelle caution de qualité à l’établissement. La collaboration entre Guillon et Chapelain est interrompue suite à la dissolution de leur société le 6 février 1912. Un nouveau bail est contracté entre Abel-Leblanc et Albert Guillon désormais seul pour la maintenance du moulin. Mais Abel-Leblanc prend soin de lui faire signer une reconnaissance de dette de 220 000 francs, remboursable sur 20 ans, qui correspond aux avances faites « à divers reprises pour le besoin de son industrie »61. Le moulin, propriété de la ville de Coulommiers Le 15 décembre 1915 Abel-Leblanc meurt sans héritier. Par testament olographe, il lègue une fortune considérable à la ville de Coulommiers dont il est natif. L’ensemble des valeurs immobilières est évalué à 2 933 885 francs. Elles comprennent, notamment outre le Moulin de Pantin estimé alors à 775 000 francs, des propriétés à Coulommiers, et un immeuble sis au 125-129 rue de Charenton à Paris dans le XIIe arrondissement. Il y a fait 58 A.D. Seine-Saint-Denis, 10 AT 159/4, dossier GMP. La Meunerie Française, novembre 1894, p. 275. 60 Archives municipales de Coulommiers, 2 L 100, legs Abel Leblanc. 61 Ibid. 59 19 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– aménager un passage reliant la rue Crozatier dénommé de nos jours Passage Abel-Leblanc inscrivant ainsi le personnage dans la toponymie parisienne62. A cela s’ajoutent 1 450 575 francs de valeurs mobilières. S’il lègue pour 855.360 francs de rentes viagères à des relations, Abel-Leblanc, Maire de Mouroux (une rue y porte son nom), administrateur de l’hospice de Coulommiers depuis 1880, Président d’honneur de la société de secours mutuels de Saint Simon pour les ouvriers de Coulommiers, il n’a pas manqué de faire des dons charitables, notamment auprès de l’hospice de Coulommiers63. La municipalité reconnaissante inaugurera, le 2 avril 1924, un monument situé dans le parc des Capucins dédié à la mémoire de ses généreux donateurs représentant le buste du père Leblanc, et en médaillon, ceux de sa femme et son fils. Mais c’est surtout en nommant Hôpital Abel Leblanc son Centre Hospitalier Général, que la municipalité inscrit cette illustre famille dans la mémoire locale64. En décembre 1915, durant la Première Guerre mondiale, les Moulins de Pantin, nommés Moulin Guillon par l’administration, seront rattachés avec une quarantaine d’autres moulins à la Direction des Approvisionnements de la capitale. En terme de production journalière, avec 600 quintaux, il arrive en septième position très loin derrière les Moulins de Corbeil qui avec leur 8 000 quintaux dominent la profession65. Ayant besoin de liquidité, la Ville de Coulommiers décide le 24 juin 1921 la mise en adjudication des Moulins de Pantin à la barre du Tribunal civil de la ville pour 500 000 francs. L’établissement est alors acheté par Henry Chasles, Président de l’Association Nationale de la Meunerie Française, minotier à Quincy-sous-Sénart (Seine-et-Oise). II – Les Grands Moulins de Pantin Création de la Société Anonyme des Grands Moulins de Pantin-Paris Henry Chasles revend le Moulin à La Société Anonyme des Grands Moulins de Pantin-Paris, constituée le 18 juillet 1921 par devant Maître HOUOT, notaire à Nancy. Le conseil d’administration de cette société au capital de 5 millions de francs se compose d’Henry Chasles, Henry Lévy, industriel à Strasbourg, président de la société, Achile Baumann, industriel à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), Pierre Chasles, minotier à Verneuil-l’Etang (Seine-et-Oise), Michel Diebolt-Weber, Sénateur du Bas-Rhin, Eugène Meyer, banquier à Strasbourg et Paul Petit, administrateur de la Société Générale à Paris. Si les Alsaciens y sont ainsi fortement représentés c’est que la société est constituée par les Grands Moulins de Strasbourg66. 62 Jacques Hillaret, Dictionnaire des rues de Paris, t.1, p. 63, 8ème édition, 1985. A.N., L 000 3003, Légion d’Honneur, accession d’Abel Edouard Désiré Leblanc au grade de Chevalier, 11 novembre 1900. 64 A.D. Seine-Saint-Denis, 10 AT 159/4, GMP, document n° 2. 65 A.N., F12 110, Ministère de l’industrie et du commerce. 66 Bureau du directeur des Grands Moulins de Pantin, premier rapport financier des GMP-Paris, 1921-1922. 63 20 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– La création des "Grands Moulins de Pantin-Paris" intervient en effet dans un contexte économique particulier. Les surfaces cultivées ont diminué en France d’un tiers suite au conflit mondial. Mais si le prix des céréales et du pain est souvent taxé, le meunier reste libre d’acheter ou de vendre où bon lui semble, faisant jouer à plein l’économie de marché. Cette situation encourage la restructuration des grandes entreprises de la profession.67 La meunerie devient progressivement une grande industrie. De 1896 à 1931, 22 600 moulins vont disparaître en France soit 60 % de l'ensemble des sites. Ainsi, les Grands Moulins de Strasbourg décident-ils de s’implanter un peu partout en France à Paris, Dijon, Lyon, Montélimar, Marseille ou Toulouse. Les Grands Moulins de Paris démarrent leur production le 14 mai 1921. Les Grands Moulins de Corbeil, de Pantin et de Strasbourg auront des participations croisées de capitaux. Une nouvelle usine Les Moulins de Pantin, même « dotés de tout l’outillage nécessaire à l’exploitation d’une minoterie » avec une capacité journalière de 800 quintaux « ne répondent pas aux exigences modernes », annonce le premier rapport financier de l’entreprise68. C’est pourquoi les Grands Moulins de Pantin sollicitent dès le 16 août 1921 auprès du maire de la commune l’autorisation « de construire un bâtiment à usage de moulin avec ses dépendances à l’emplacement des moulins existants ». Le nouveau moulin ainsi que le bâtiment du nettoyage qui lui est accolé seront construits sur l’emplacement de l’ancienne cour 69. Les plans de cette nouvelle configuration sont confiés à Eugène Haug qui succéda, avec son associé Brion, à Paul Friesé sur le chantier des Grands Moulins de Corbeil. Cet architecte alsacien, très attaché au style de cette région, réalisera en 1925 la maison d’Alsace à l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris. La forme qu’il lui donna rappelle dans ses principes celle des Grands Moulins de Pantin « Contrairement aux toitures en terrasse qui dominent l’exposition, l’architecture de E. Haug avait tenu à rappeler l’architecture régionale d’Alsace qui se caractérise par ses combles élevés et des ouvertures en tuiles plates. Un clocheton conçu dans le goût alsacien couronne cet édifice. »70 Le permis de construire ne sera pas facilement accordé par le Conseil municipal car le projet de construction dépasse en proportion ce que les règlements sanitaires autorisent 71. Les premiers plans présentent un moulin de 11 étages dont 4 sous combles réduits en définitive à 8 étages dont 3 sous combles. La salle des machines et la chaufferie initialement prévues à l’ouest du moulin contre la parcelle du chantier forain, seront finalement installées à l’est. Le 30 janvier 1922, les Grands Moulins de Pantin-Paris présentent les nouveaux plans au Maire. Ils présentent, accolé au moulin, un château d’eau d'une contenance de 40 000 litres 67 Le meunier de Paris, 75 ans d’histoire des Grands Moulins de Paris, Paris, Somogy, 1996. Bureau du directeur des Grands Moulins de Pantin, premier rapport financier des GMP-Paris, 1921-1922. 69 A.M. Pantin, 21 W 8, dossier sans n° de PC. 70 La Construction moderne, 13 juin 1926. 71 A.M. Pantin, 21 W 8, dossier sans n° de PC. 68 21 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– prévu pour alimenter les extincteurs automatiques distribués dans l’usine. Le lanterneau qui surplombe le château d’eau culmine à 47 mètres de hauteur, au lieu des 20 mètres autorisés. « Nous faisons remarquer respectueusement que nous avons donné à cette construction un caractère monumental et que les horloges que nous y avons disposées rendront des services à la population de votre commune »72 . Le permis est finalement accordé le 17 février 1922 « pour besoin d’industrie ». Ainsi va commencer à s'élever un ensemble de bâtiments construits en béton armé recouvert de briques, aux silhouettes très singulières. Dominant de leur masse imposante tous les alentours, telle une « citadelle », les Grands Moulins de Pantin vont devenir l’un des emblèmes architecturaux de l’est parisien. Le 15 janvier 1923 est délivré, par une nouvelle dérogation, le permis de construire d’un silo à blé permettant d’accueillir la quantité de blé nécessaire à l’augmentation prévue de la production. Ces silos, dessinés par Eugène Haug sont « d’une dimension extraordinaire ». « Il a été nécessaire de démolir une grande partie de ces vieux bâtiments pour obtenir une place suffisante pour les nouveaux silos et la partie du vieux moulin qui existe encore est employée provisoirement comme magasin à farine. Une passerelle en fer avec deux rubans transporteurs à sacs fait communiquer les deux magasins à farine »73. Les silos, achevés en 1926, sont également entièrement construits en béton armé à parement de briques. Ils ont une capacité de stockage de 100 000 quintaux. Le moulin produit alors environ 4 000 quintaux de farine par jour. Mais très vite, ces silos se révèlent encore trop petits. Le 13 décembre 1927 un nouveau permis de construire est délivré avec une nouvelle dérogation pour un silo à blé d’une capacité cette fois de 80 000 quintaux, sur les plans du cabinet Ed. Zublin et Cie, dans le même style que le précédant. Construits au début des années 30, ils sont situés en bordure du canal à l'emplacement des silos du moulin d’Abel Leblanc démolis à cette occasion. La verticale du bâtiment atteint 34,39 mètres. Elle est surplombée d’une tour culminant à 52,69 mètres. Cette dernière devait loger à l’origine un réservoir d’eau supplémentaire.74 Un projet qui ne verra pas le jour consistait à ornementer la façade de ces silos côté canal de fausses fenêtres et de bandeaux. L’idée sera reprise en 2002 par le cabinet Reichen et Robert qui a remporté le projet de réhabilitation du site des Grand Moulin de Pantin. A côté du premier silo élevé entre 1924 et 1926 a été construit, pour alimenter l’usine en énergie électrique, une centrale thermique d’une puissance de 3 600 CV, flanquée de silos à charbon d’une contenance de 1 200 tonnes. La chaudière est équipée de grilles mécaniques provenant des fonderies et ateliers de La Courneuve75. Pour financer ces travaux considérables la société des Grands Moulins de Paris procéda dans des temps rapprochés à plusieurs augmentations de capital. Le 16 mai 1924, il est porté à 10 millions de francs, à 15 millions le 17 mars 1925 et à 30 millions le 29 janvier 192676. 72 A.M. Pantin, 21 W 8, dossier sans n° de PC. « Les nouveaux silos des Grands Moulins de Pantin », La Meunerie française, 1926, p. 218-219. 74 A.M. Pantin, 28 W 8, dossier sans n° de PC. 75 A.D. Seine-Saint-Denis, 10 AT 159/4, document d’entreprise dactylographié, non signé, non daté. 76 Premier rapport financier des GMP-Paris, 1921-1922, Bureau du Directeur de l'usine. 73 22 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Les Grands Moulins de Pantin dans un marché sous contrôle (1930-1950) A partir des années 30, marquées par la grande crise économique et les tensions internationales, la meunerie va connaître un bouleversement considérable : l’arrêt de l’économie de marché. Afin de limiter les effets de la crise sur un produit de première nécessité, les meuniers se voient imposer leurs fournisseurs, la qualité et la quantité de farine à produire et leurs débouchés. Le Service de contrôle des céréales et farines panifiables (1930), l’Office Nationale Interprofessionnel des Céréales (1936) se chargeront de contrôler cette activité. Un cadre réglementaire étroit prive ainsi la meunerie de sa liberté de manœuvre qui marqua la décennie précédente. Les moulins de France se tournent alors vers le rachat des contingents de mouture auprès d’autres établissements pour accroître leurs capacités de production. Cette économie dirigée perdure jusqu’au milieu des années 50, lorsque disparaîtront les pénuries qui succèdent à la Seconde Guerre mondiale et que viendra l’essor des «Trente Glorieuses ». Dans ce contexte, les Grands Moulins de Pantin entreprennent des agrandissements qui donneront toutes leur potentialités lors du retour à la libre concurrence. Vers 1935, Julien Haegel prend la direction des Grands Moulins de Pantin, à la demande des Grands Moulins de Strasbourg. La famille Haegel restera aux commandes de l’entreprise jusqu’en 1996. Les silos sont agrandis en 1935, portant la capacité de stockage à 130 000 quintaux. Les premiers silos de 1926 ne seront aménagés qu’après-guerre en silos de mélanges de mouture. Pendant ce temps la capacité de stockage totale de l’usine est donc portée à 200 000 quintaux. En 1933, un bâtiment est construit à droite de l'entrée pour abriter une école de boulangerie, qui ne verra jamais le jour. Il accueillera finalement un laboratoire et un moulin d’essais destinés à contrôler la qualité des blés et la farine produite77. Cette année-là encore, on construit derrière le laboratoire un garage pour abriter de 5 à 20 voitures et camions automobiles de livraison ainsi qu’un dépôt de 22 500 litres de gasoil78. En 1936, la production journalière des Grands Moulins de Pantin est de 4 500 quintaux, portée à 5 000 quintaux en 1939. 220 ouvriers répartis en 3 équipes travaillant 8 heures chacune font alors fonctionner l’usine. Incendié le 19 août 1944, suite à l'explosion d'une péniche minée sur le Canal de l'Ourcq, les moulins vont connaître le deuxième sinistre de leur histoire79. Le magasin à farine est entièrement anéanti, le moulin a pris feu et il n’en reste que la carcasse. Toutes les machines ont été détruites. Seuls les silos et la centrale électrique n'ont été que faiblement endommagés80. Malgré le coup très dur qu’ils subissent − l’activité ne reprendra que fin 1948 −, les Grands Moulins de Pantin vont profiter de la reconstruction pour agrandir et moderniser leur usine en partie grâce aux aides de l’Etat. 77 A.M. Pantin, 43 W 33, sans n° de permis de construire, plans [signature illisible], 4 mai 1932. A.M. Pantin, 9 W32, Etablissements classés, demande d’autorisation des Grands Moulins de Pantin-Paris auprès du préfet, pour installer un établissement compris dans la 2e classe des industries dangereuses, insalubres ou incommodes, 8 mars 1933. 79 Pourteau Roger, Pantin deux mille ans d’histoire, Paris, Messidor/Temps Actuel, 1982, p. 166. 80 A.M. Pantin, dossier Grands Moulins de Pantin, notes dactylographiées. 78 23 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Le magasin à farine en ruine est reconstruit sur les plans de l’architecte parisien Léon Bailly, désormais l’architecte attitré de l’entreprise. Prenant modèle sur le précédant, il comporte désormais 13 étages. Le matériel du moulin est remplacé par les modèles les plus récents, notamment les cylindres de marque anglaise Simon. 100 ouvriers travaillent à la reconstruction des bâtiments. La dépense globale de la restauration est estimée à 300 millions de francs81. En 1940, la société des Grands Moulins de Paris achète un terrain contigu de 4 326 m2 sur lequel se trouvait la scierie d’Abel-Leblanc82. La superficie de l’usine est ainsi portée à 15 000 m2. C’est là que les Grands Moulins de Strasbourg après avoir racheté le terrain aux Grands Moulins de Pantin font construire, en 1952, une semoulerie sur les plans de Léon Bailly. Elle est destinée à remplacer celle exploitée par les moulins alsaciens et qui fut détruite en juin 1940 pendant la guerre. Le choix de la région parisienne est stratégique, dans la mesure où elle constitue le premier marché de consommation (40 % de la production nationale est destinée à la région parisienne), tandis que la production se concentre entièrement dans la région de Marseille, non sinistrée pendant la guerre. Les facilités d'acheminement des matières premières depuis les ports de Rouen et du Havre où arrivent d’Afrique du Nord et d’Amérique du Nord les blés durs, renforce le choix du site de Pantin. Pour bénéficier de l’aide de l’Etat au titre des dommages de guerre, les Grands Moulins de Strasbourg font valoir dans un mémorandum daté de décembre 1951, que l’implantation à Pantin serait beaucoup plus économique qu’une création ex-nihilo car elle bénéficierait de tout l’équipement existant et représenterait ainsi «un emploi plus judicieux des fonds de l’Etat »83 Des ateliers pour l’entretien de l’usine et un garage (abritant 12 voitures et 20 camions), destiné à remplacer le précédent, sont également construits au début des années 50 sur la nouvelle parcelle84. Lorsque, le fils de Julien Haegel, Jules, lui succède au début des années 50, à la tête des Grands Moulins de Pantin, l’entreprise prend le contrôle des Grands Moulins de Corbeil. Mais pendant longtemps les deux entités du groupe vont continuer à se concurrencer. Au seuil d’un nouvel essor, une description de l’usine de Pantin en 1956 permet de mesurer la modernité de ses installations85. Les trois-quarts des blés sont acheminés en vrac par péniches, wagons-citernes et camions, le reste par sacs en wagons. L’usine constitue ainsi le premier client pantinois de la SNCF. Membre associé de la Compagnie de Transports de Céréales, les Grands Moulins de Pantin visent à améliorer le pourcentage de blé livré en vrac au fur et à mesure de l’équipement des coopératives. 81 A.M. Pantin, Dossier « Grands Moulins de Pantin », notes dactylographiées. A.D. Seine-Saint-Denis, 10 AT 159/4, document d’entreprise dactylographié, non signé, non daté. 83 A.M. Pantin, 43 W 32, P.C. 58288. 84 A.M. Pantin, 43 W 32, P.C. 503005, plans de Léon Bailly, 22 novembre 1949. 85 Bureau de la Direction des Grands Moulins de Pantin, présentation dactylographiée. 82 24 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Le déchargement des péniches s’effectue par aspiration pneumatique à raison de 600 quintaux l’heure. En 8 heures, sont déchargées deux péniches de 2 500 quintaux chacune et dans le même temps une trentaine de camions ou de wagons, dont le chargement est acheminé par bande transporteuse aux silos à la cadence de 1 200 quintaux à l’heure. L’installation de nettoyage du grain fonctionne au rythme de 28 tonnes par heure. Le blé y est débarrassé des grosses impuretés ; une batterie importante de colonnes sécheuses permet de le ramener au degré d’humidité voulue ; une série d’appareils spéciaux (tarares, séparateurs à disques à graines longues ou rondes, toboggans…) nettoie le blé. Le moulin comprend 71 appareils à cylindres qui écrasent par passages successifs entre des broyeurs, claqueurs et convertisseurs, 6 000 quintaux de blé par jour. « Aucun autre moulin français ne possède, à notre connaissance, une longueur de cylindre aussi réduite pour un rendement aussi élevé. Cela tient au diagramme particulièrement étudié de nos installations ainsi qu’à une construction de plansichters, propre à notre entreprise et à un procédé de refroidissement des cylindres, conçu et mis au point par le directeur technique de la société, M. Guillon. » Le passage d'une canalisation d’eau froide (alimentée par un puits situé à 108 mètres de profondeur au pied de la tour)86 au milieu des cylindres creux, les empêchee en effet de surchauffer en surface et d’altérer la mouture. La capacité totale des chambres à farine et à issues destinées au stockage et à l’ensachage est de 15 000 quintaux. Les chambres à farines sont dotées de grilles mélangeuses permettant d’homogénéiser le produit, « les premières réalisées en Europe ». Actionnées par un ouvrier, le « tireur », des balances ensacheuses-peseuses procèdent mécaniquement à la mise en sacs qui sont liés à la main ou cousus puis suivant la destination plombés et étiquetés, puis envoyés par toboggan aux étages inférieurs pour être stockés ou au rez-de-chaussée pour être chargés à dos d’homme dans les camions ou les wagons. Un tapis roulant transporte les sacs directement au canal où ils sont chargés dans les péniches. La capacité d’entreposage du magasin est de 30 000 sacs de 100 kg et 8 000 sacs de 50 kg. Un parc de camions de 10 à 15 tonnes est affecté à la livraison de la farine pour les boulangeries. La farine destinée à l’export (dite farine export) est expédiée par train et péniche. Plus de 5 000 quintaux de produits et sous-produits sont ainsi livrés chaque jour. 350 personnes travaillent alors au moulin. L’importance de la main-d’œuvre sur le site qui atteindra 500 personnes dans les années 70 s’explique par deux facteurs87. Si la marche du moulin et du nettoyage, largement automatisée requiert seulement une dizaine de conducteurs, il en va tout autrement de l’ensachage, du stockage et de la livraison. Dans les étages du magasin travaillent plusieurs équipes de tireurs (ensacheurs), rouleurs (transportant les sacs avec un diable), gerbeurs (empilant « cul sur gueule » les sacs). Les coltineurs chargent à dos d’hommes des sacs qui pèsent 100 kg. Mais c’est aussi toute une série de corps de métiers affectés à des tâches bien précises qui concourent à l’entretien de l’usine : corroyeurs (réparant les courroies de transmission), menuisiers (fabriquant les conduits de bois où circulent les produits), poseurs de soie (sur les tamis de plansichters), canneleurs (réparant sur les cylindres), graisseurs (huilant les machines), mécaniciens (affectés à l’entretien des machines), raccommodeuses de sacs… 86 Information fournie par Philippe Aligros (actif aux Grands Moulins de Pantin de 1958 à 1987), entretien du 13 mars 2003. 87 Selon le témoignage de Philippe Aligros. 25 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Mais aussi, maçon, tôlier, soudeur, ferblantier, électricien, magasinier, toupilleurs, peintre, etc. Presque tout était fabriqué, entretenu et réparé en interne. On visait alors autant que possible à l’autonomie. L’usine de Pantin trouve son rythme de croisière (1950-1980) Dans une économie en pleine expansion, les Grands Moulins de Pantin vont enfin prendre leur essor sur un marché à nouveau ouvert à la concurrence au début des années 6088. Soutenu par la croissance de ses débouchés, le moulin de Pantin va progressivement augmenter sa production. Sous la houlette de M. Frionnet qui dirige l’usine de 1957 au milieu des années 80, elle va ainsi doubler de 1955 à 1975 pour atteindre 10 000 quintaux l’heure. L’exportation va devenir l’un des moteurs de la croissance des Grands Moulins de Pantin. En 1955, ils créent la S.A.V.A. (Société pour l’Achat et la Vente d’Approvisionnements) qui va prendre à en charge l’exportation des farines de Pantin et Corbeil. En 1954 la moitié des 134 000 tonnes de blé écrasées à Pantin est exportée à destination des territoires d’outre-mer ou des pays étrangers, l’autre moitié étant réservée à la boulangerie parisienne89. Le développement de l’exportation requiert l’installation d’un circuit d’étuvage afin que la farine perde une partie de son humidité pour mieux voyager. L’opération est assurée par 12 étuves, situées au 9ème étage. Il s'agit de tubes cylindriques à double parois entre lesquelles circule la vapeur, alimentés par deux chaudières installées sous la centrale à charbon. La chaleur est torride à cet étage. Les hommes y travaillent torse nu et des fontaines à eau sont installées pour qu’ils puissent se désaltérer. En 1995, ce circuit est remplacé par une installation ultra moderne deux fois plus rapide. Jusqu’au début des années 70, l’usine de Pantin imprimait les sacs en coton, puis en polypropène, destinés à la farine d’exportation. Après cette date, l'imprimerie fut transférée à Corbeil. Le service comprenait deux machines à trois couleurs pouvant imprimer 12 000 sacs par jour, installées au 9ème étage. L’usine possédait une collection d’environ 300 modèles de sacs, représentant plusieurs dessins (L’Obelix, le Bélier, le Perroquet, l’Antilope…) en fonction de la destination et du choix des clients. L’introduction du vrac au début des années 60 est une autre étape importante de l’usine de Pantin. Il va permettre la livraison de grosses quantités de farine chez les boulangers. Les Grands Moulins de Pantin vont parfois soutenir financièrement leurs clients afin qu’ils puissent installer la chambre à farine nécessaire dans leur fournil. Les premiers essais avec un camion muni d’une cuve ont été réalisés à l’usine. On l’appelait le Spoutnick parce que sa forme rappelait un peu le premier satellite que les Russes avaient lancé en 1958. Les Grands Moulins de Pantin vont par la suite disposer d’une flotte de camions vracs et semi-vrac. Ces derniers sont munis de plusieurs cuves chargées directement par aspiration depuis les cellules du magasin. chaque cuve correspond à la commande d'un boulanger. L’usine va également élargir sa gamme de production avec le démarrage de « Mélior » en 1969. Les boulangers constatant à cette époque la diminution globale de la consommation 88 L’ensemble des informations restituées dans cette sous-partie provient des témoignages de Philippe Aligros, Michel Bélorgey, Mohand Maouche et René Bénard (voir ci-dessous « Mémoire de l’usine »). 89 Bureau de la Direction des Grands Moulins de Pantin, présentation dactylographiée. 26 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– de pain, vont souhaiter diversifier leur production pour attirer de nouveaux clients. La meunerie va répondre à cet impératif en créant des gammes de mélanges, les mixes, prêt à l'emploi qui vont relancer la consommation. De leur côté les Grands Moulins de Pantin rachètent la licence de fabrication « Mélior » aux Moulins de Bobigny en 1969. Les mixes vont permettre au boulanger et au pâtissier, artisans ou industriels, de fabriquer toute une gamme de pains (céréales, complet…) viennoiserie (croissants, brioches…) et gâteaux (génoise, cake, crêpe) par simple adjonction d’eau et de levure. La production des mixes démarre à l’usine avec trois mélanges de 1 500 kg par jour. Seigle, crème d’orge, riz, lait écrémé auxquels sont adjoints des additifs minutieusement dosés, sont incorporés avec de la farine dans une mélangeuse. Face au succès de ce genre de préparation, le nombre de mélanges passe à 22 de 2 tonnes chacun. Si la production est minime par rapport à celle de la farine, elle est en revanche porteuse d’une forte valeur ajoutée et ouvre au meunier le créneau de la boulangerie industrielle. Avec la croissance de la production, de nouvelles infrastructures se révèlent vite nécessaires. Dès 1958, Les Grands Moulins de Pantin demandent un permis de construire pour un silo à blé situé pour la première fois en dehors du site, rue Danton, à une centaine de mètres. Devant la réticence du maire, ils font valoir que la guerre a montré l’utilité de stockage supplémentaire de céréales à proximité immédiate de la capitale pour la sécurité de son ravitaillement. De plus, un silo trop éloigné se révélerait beaucoup trop onéreux en terme de transport90. Ayant obtenu gain de cause, les silos Danton sont construits en 196191 sur les plans d’Alain Bailly92. Ils contiennent 25 cellules d’une capacité totale de 45 000 quintaux. Le blé est acheminé à l’usine par une galerie souterraine. Avec le développement du vrac, la nécessité d’augmenter la capacité de stockage de la farine se fait rapidement sentir. En 1962, l’entreprise fait une demande pour la construction de silos à farine supplémentaires sur les plans de J. Quost. Situés derrière le bâtiment du nettoyage le long du canal d’où leur nom, les Silos Canal sont finalement achevés en décembre 1966. De même hauteur et de forme similaire à la semoulerie voisine, ils comprennent 16 chambres à farine d’une capacité totale de 2 000 quintaux93. En mars 1969 est achevé le silo à issues sur les plans de J. Quost94. D’une capacité de 9 000 quintaux, il est construit au-dessus de l’atelier d’électricité. Il va permettre d’effectuer de jour, l'ensachage des issues qui s'accomplissait la nuit, mais également de charger en vrac des camions et des wagons. Avec le silo à issues va progressivement disparaître l’ensachage de ce type de produit. Au début des années 60 on construit également une extension des silos de la semoulerie. Pour ce faire, les Grands Moulins de Strasbourg, sont obligés de louer un terrain 90 A.M. Pantin, 43 W 31, P.C. 59 431. D’après une photographie portant le timbre de l’agence Chevojon, datée du 10 juin 1961, conservée dans les archives de l’établissement. 92 A.M. Pantin, 43 W 31, P.C. 59 431, plan daté du 7 septembre 1959. 93 A.M. Pantin, 43 W 32, P.C. 62 837. 94 A.M. Pantin, 43 W 32, P.C. 66 1630. 91 27 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– 405 m2 à la Ville de Paris et d’obtenir l’autorisation d’y construire car il est encore grevé des servitudes zonières non constructibles95. Enfin, en mars 1980, « l’extension silo », construite sur les plans de François Mathieu, architecte parisien, répond à la nécessité d’augmenter à nouveau la capacité de stockage. L’arrivée des boulangers industriels sur le marché entraîne, en effet, une multiplication des types de farines produites pour satisfaire à leur demande. Cet édifice marque la fin de grands travaux de l’usine. Situé dans un angle rentrant du magasin à farine, il prolonge le bâtiment dont il a la même silhouette et la même hauteur (44,45 m au faîtage). Abritant 10 nouvelles cellules de 1 640 quintaux chacune96. Au cours de cette période de prospérité, l’usine connut un incident majeur le 6 janvier 1958, son troisième sinistre, l’incendie du magasin à farine : « vers midi et demi un ouvrier aperçut les flammes entre le coffrage d’une vis de transport et le plafond du 8ème étage ; le feu s’étendait déjà sur une longueur de 4 mètres. Aussitôt le personnel de l’établissement entreprit la lutte à l’aide de deux robinets d’incendie mais le feu gagnait vite l’ensemble de l’installation de l’étage ». Il se propagea jusqu’au 13ème étage et fut stoppé à 15 heures. « Ce fut un gros travail que d’assurer l’asséchage de tous les étages d’un pareil bâtiment. Jusqu’au lendemain à midi, le Régiment dut fournir des équipes de déblai pour, de concert avec les ouvriers de l’établissement écarter tout foyer caché d’incendie »97. Le magasin s’est arrêté pendant 8 jours. Les circuits de distribution ont été refaits avec du matériel épargné. « Tout le monde s’est retrouvé au magasin à farine car il fallait nettoyer les chambres qui avaient pris l’eau. Tout était devenu de la colle »98. Les années 1980 : modernisation et licenciements A partir des années 1980, la meunerie française rentre dans une nouvelle zone de turbulences qui va conduire aux grandes restructurations de la décennie suivante. Cette activité s’apparente à l’industrie lourde dans la mesure où pour amortir les installations il faut produire en grande quantité avec des marges peu élevées. Les meuniers se livrent à une vive concurrence, confrontés aux exigences du consommateur. Ils vont aider les boulangers dans la commercialisation de leurs produits, mettant en place une stratégie d’accompagnement et une politique de marque. Les Grands Moulins de Pantin vont ainsi commercialiser à partir des années 80 une partie de leurs produits sous le nom générique de « Baguépi ». Pour parer à leurs difficultés structurelles, les Grands Moulins de Pantin vont continuer à moderniser leurs outils de production, laquelle sera portée jusqu’à 12 000 quintaux par jour. Mais, dans le même temps, ils vont poursuivre un « dégraissage » de leur personnel commencé au milieu des années 70. De 1973 à 1987,179 postes seront supprimés99. 95 A.M. Pantin, 43 W 33, P.C. 58 231. A.M. Pantin, 129 W 16, P.C. 77 94. 97 « Un feu de cave à 30 mètres au-dessus du sol » dans Bulletin mensuel du régiment des sapeurs pompiers, Allo 18, n° 116, mars 1958, p. 92-93. 98 Souvenir de Philippe Aligros, actif aux Grands Moulins de Pantin de 1958 à 1987. Entretien du 5 mars 2003. 99 Les informations utilisées dans cette sous-partie ont, pour l’essentiel, été fournies par les témoins interrogés. 96 28 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Le magasin à farine qui emploie plus de cent personnes en 1970, déjà affecté par la mise en place du vrac sera durement touché. Plusieurs générations d’ensacheuses automatiques vont à partir de 1975 supprimer bons nombres de tireurs et de rouleurs. En 1979, l’installation d’une presse à granulés pour les issues, qui agglomèrent différentes qualités, va réduire le nombre de produit et va contribuer à la fin de leur ensachage, les issues étant désormais livrées en vrac. Les palettiseurs installés à la fin des années 80 vont signer l’arrêt de mort des coltineurs puisque désormais, les sacs sont chargés dans les camions par des chariots et par élingues dans les wagons. Par ailleurs, le chargement des péniches est supprimé. La pose d’aiguillage et de sûretés automatiques sur l’ensemble des circuits de l’usine va réduire le besoin de l’intervention humaine. Vers 1987, le moulin est l’objet d’un certain nombre d’améliorations : augmentation de sa puissance avec le changement des deux moteurs de 500 chevaux par 8 nouveaux appareils de 200 chacun, remplacement des plansichters en bois fabriqués maison, par l’achat de nouveaux appareils métalliques plus performants100. Avec l’implantation de nouveaux pulvérisateurs sur le circuit qui rendent les farines plus lisses, ces installations vont réduire le nombre de conducteurs chargés de la surveillance et du balayage. En effet, le produit s’écoulant mieux, les risques de dégorgement, l’un des principaux incidents, se trouvent diminués. En 1990, l’usine est l’informatisée achevant de réduire la place de l’homme au strict minimum. La marche du nettoyage est entièrement couplée sur celle du moulin. Plus personne n’y est spécifiquement affecté. Des mélanges de farine remplacent désormais le mélange préalable de blés pour chaque mouture. Parallèlement, l’effectif des différents services affectés à l’entretien va également fondre. La modernisation des matériaux fait que certains corps de métiers n’ont plus de raison d’être ou sont moins importants. Par exemple, la suppression des sacs de jute entraîne celle des raccommodeuses de sacs et les personnes affectées à leur nettoyage. Le remplacement de beaucoup de conduits en bois par des tubes métalliques ou en PVC limite l’intervention des menuisiers. L’amélioration de la qualité du matériel entraîne également moins d’interventions humaines. Mais il y aussi la décision de la direction de recentrer le personnel de l’usine sur l’activité principale : la meunerie. A la fin des années 1980, la sous-traitance commence à assurer la maintenance et l’entretien du site, assistée par les techniciens du moulin devenant de moins en moins nombreux et de plus en plus polyvalents. En 1988, le service de livraison interne est également supprimé au profit de transporteurs extérieurs. D’autre part, de plus en plus de matériels autrefois fabriqués par les différents corps de métiers de l’usine sont achetés à l’extérieur. A cela, s’ajoute la fermeture de la semoulerie en 1987 suite à l’arrêt de la production de pâtes alimentaires de Corbeil. Elle entraînera une trentaine de licenciements. 100 Selon Jean-Philippe Aligros, ces achats se seraient échelonnée entre 1976 et 1983 [NP]. 29 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– La restructuration des années 90 signe la fin de l’usine de Pantin Les années 90 voient le marché de l’export à son tour être touché. D’abord parce que les pays importateurs se dotent de leurs propres moulins et parce que les accords internationaux de commerce vont limiter le droit à l’exportation des farines européennes par ailleurs confrontées à la concurrence de farine importées101. C’est une nouvelle période de concentration dans la meunerie qui commence. En 1992, avec l’arrivé de Laurent Haegel à la tête du Groupe, les Grands Moulins de Pantin tentent de renforcer leur entreprise en créant la Holding Groupe Pantin reposant sur deux pôles : Société Française de Meunerie d’un côté et Malterie Franco Belge de l’autre. Le Groupe compte ainsi sur la haute rentabilité de ce dernier secteur où la réorganisation de la production est achevée. D’autre part la décision est prise de faire du Moulin de Corbeil, à la place de celui de Pantin, l’unité phare du groupe. Cette décision capitale pour la destinée de l’usine de Pantin se comprend d’une part en raison de l’imposante superficie des Grands Moulins de Corbeil (5 hectares au lieu d’un et demi) qui lui donne les moyens de devenir un véritable pôle industriel. Et d’autre part du fait du prix considérable que représente le site de Pantin aux portes de la capitale. En difficulté financière, le Groupe des Grands Moulins de Pantin est racheté en 1994 par le Groupe Soufflet pour 440 millions de francs102. C’est l’un des premiers négociants de céréales en France. Propriétaire de cinq moulins dans l’hexagone, il devient avec cette acquisition le premier meunier français. Le recentrage sur le moulin de Corbeil s’accélère. Quatre plans sociaux auront raison du personnel. En juin 2001, la production de l’usine de Pantin cesse pour ne laisser qu’une activité d’ensachage et d’entreposage qui va s’arrêter dans les prochains mois. 101 102 Le meunier de Paris, 75 ans d’histoire des Grands Moulins de Paris, Paris, Somogy, 1996, p. 105. Libération, 16 août 1994, p. 7. 30 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Deuxième Partie La marche de l’usine Faute d’avoir pu consulter les archives de l’entreprise ainsi que les documents techniques afférents aux processus de production de l’usine de Pantin, la description qui va suivre se fonde essentiellement sur la synthèse des renseignements apportés par les quatre témoins interrogés, ainsi que par le directeur de l’usine, M. Jean-Philippe Aligros, et les quelques ouvriers en activité, témoignages complétés par les indications techniques fournies par le site internet « meunerie.com ». Il s’agit de présenter le fonctionnement de l’usine avant sa fermeture en juin 2001. Depuis presque deux ans, à la suite d’une délocalisation, l’usine de Pantin a arrêté de moudre. Le site sert aujourd’hui et jusqu’à sa fermeture définitive prochaine, de lieu de stockage et abrite encore deux unités d’ensachage de farine produite essentiellement aux Grands Moulins de Corbeil. Alors que, jusque dans les années 70, plus de trois cent personnes étaient employées aux Moulins, seule une quinzaine travaille encore aujourd’hui dans le magasin à farine. Le reste du site est plongé dans le silence d’une friche industrielle, d’autant plus pathétique que la plupart des machines sont encore en place. Il s’agit de suivre le processus de fabrication mis en œuvres par les Grands Moulins de Pantin : de la livraison du blé jusqu’au départ des livraisons des farines et des issues. Le produit va suivre un long parcours, transporté par des élévateurs, des vis d’Archimède, des pneumatiques. Il va transiter dans plusieurs bâtiments, se reposer, repartir. L’automatisation, sous la conduite vigilante des opérateurs, y est très poussée. La conception des bâtiments, tout en hauteur, permet d’accroître la capacité de stockage et d’utiliser la force de gravitation, un principe essentiel en meunerie où d’innombrables tuyaux vont ainsi descendre le produit. I – La livraison des blés Situés au cœur de la première région céréalière d’Europe, les Grands Moulins de Pantin reçoivent principalement leurs cargaisons de blé de la Beauce et du Gâtinais sur un rayon de 100 km à la ronde. La CERAPRO, filiale du Groupe, puissant organisme de collecte 31 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– et de développement des méthodes de culture permet la livraison régulière de produits de qualité. En moyenne, 12 000 quintaux arrivent quotidiennement soit par train, camion ou péniche. Les wagons Jusqu’au milieu des années 80, les Moulins de Pantin se font livrer du blé par transport ferroviaire. La desserte des wagons est très minutée car elle nécessite de traverser les voies principales, lors du raccordement au réseau SNCF. Un tracteur prend le relais de la locomotive et tire le convoi dans la cour. Les wagons, en général des citernes vrac, sont d’abord pesés sur un pont-bascule. Puis, ils vont se garer sur le long du quai de déchargement. Le blé est versé dans deux fosses grillagées qui le précipitent sur une bande transporteuse en sous-sol, laquelle achemine le produit vers les silos. Les camions Jusqu’à une cinquantaine de camions arrivent quotidiennement à l’usine. Ils sont également pesés sur un pont-bascule situé à l’entrée de l’usine qui présente la particularité d’être coupé en deux par une voie ferrée. L’arrivée des gros porteurs de 25 tonnes a en effet obligé l’entreprise à rallonger le pont-bascule pour pouvoir peser d’un seul tenant les cargaisons. De plus, légèrement en pente, il a demandé une étude très spéciale du constructeur Philips. Les camions vont ensuite décharger en se positionnant sur un pont levant. Le blé tombe également sur une bande transporteuse en sous-sol. Les péniches Les péniches qui acheminent également des blés d’importation s’arriment le long du quai du canal de l’Ourcq. Une suceuse pneumatique d’un débit variant entre 500 et 800 quintaux / heure aspire les 200 à 300 tonnes de blé. A l’entrée du silo, une bascule pèse la quantité de produit acheminé. II – Les silos à blés En fonction des résultats du laboratoire, le blé est orienté dans les différentes cellules des silos selon sa qualité et sa provenance. C’est le Service des blés, chargé de la réception et du stockage des blés qui tient toute la comptabilité des silos. Le silo principal d’une capacité de 130 000 quintaux regroupe 42 cellules. Situé en bordure du canal et culminant à 52 mètres, il domine le site de sa masse impressionnante. Le silo Danton, construit en 1961 (voir 32 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– l’historique), à l’extérieur du site, de l’autre côté de la rue Danton, comprend 25 cellules d’une contenance totale de 45 000 quintaux. Dans le silo principal, le blé est acheminé à raison de 1 000 quintaux à l’heure par trois élévateurs munis de chaînes à godets jusqu’à la pointe du bâtiment. Là, il tombe dans des goulottes où des pendulaires électriques, préalablement programmés, assurent l’aiguillage du produit. En cas d’engorgement, l’ouverture d’une trappe actionne un contacteur électromagnétique qui arrête automatiquement l’acheminement. Pris en relais par trois bandes transporteuses, le blé est envoyé dans les différentes cellules des silos. La programmation des circuits se fait par le service des blés à partir d’un tableau synoptique situé au rez-de-chaussée du silo. Auparavant, un homme était chargé de régler sur place chaque aiguillage à la main et surveiller l’écoulement du produit. L’usine est parcourue par système sophistiqué et très imposant d’aération qui assure l’évacuation des poussières de blé, hautement inflammables et dont la présence rendrait l’atmosphère irrespirable et explosive. Des cyclo-filtres évacuent l’air et des écluses tamisent les particules de produits qui sont réincorporées dans le circuit. Dans la meunerie industrielle, en effet « on ne jette rien » (Philippe Aligros). III – Le contrôle qualité Après avoir été systématiquement pesé, le blé va subir un contrôle qualité strict, opéré par le Service des blés et le laboratoire. Un ouvrier échantillonneur fait pour chaque livraison une évaluation visuelle de la qualité ; voir si le blé est propre, s’il n’a pas germé. « S’il n’est pas bon, discussions, qui peuvent aller jusqu'au retour à l’expéditeur » (Philippe Aligros). Puis il prélève à la sonde un échantillon immédiatement analysé par le laboratoire ainsi que d’autres échantillons qui lui seront transmis en fin de journée pour analyses complémentaires. Le laboratoire Le laboratoire était situé à l’origine dans les locaux de l’école de boulangerie (qui n’a jamais fonctionnée) au-dessus du fournil d’essai. Il a été transféré dans les années 80, dans le bâtiment accolé au devant du moulin. Une équipe de quatre laborantines pratique dans un premier temps, en quelques minutes, un test certifiant que le taux de germination éventuel du lot autorise ou non la panification (indice de chute de Hagberg). Le laboratoire a ensuite pour fonction d’effectuer une série d’analyses dont les résultats permettent de préparer les mélanges des blés de chaque mouture : taux d’humidité, teneur en cendre qui donne une indication sur le taux d’extraction possible, teneur en protéines... Enfin, à l’aide d’un moulin d’essai miniature, il obtient un échantillon de farine sur lequel il calcule, avec un alvéographe, la « force boulangère » c’està-dire la qualité boulangère. Dans les années 60, le moulin d’essai beaucoup plus gros, se développait sur 3 étages de l’école de boulangerie. 33 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– En fin de circuit, le laboratoire contrôle également la farine produite par l’usine en effectuant de nouveau les tests sur chaque mouture. Le fournil d’essai Relayant le contrôle du laboratoire, un fournil équipé notamment de pétrins et de fours reconstitue, à l’identique d’une boulangerie, les conditions de préparation et de cuisson de différents pains pour s’assurer de la qualité des produits. Le fournil assure également le service après-vente auprès des boulangers ainsi que la formation des clients sur la préparation des nouveaux produits. A l’orée du processus de production rappelons que le moulin était entretenu en interne par une kyrielle de corps de métiers (canneleur, menuisier, corroyeur, bourrelier, ferblantier, soudeur, mécanicien, électricien, maçon, graisseur, peintre….) qui constituaient les services techniques. Modernisation et sous-traitance ont fait fondre les effectifs. IV – Le nettoyage Avant d’être moulu, le blé doit être d’une propreté irréprochable. L’opération du nettoyage consiste à débarrasser la céréale de toutes les impuretés. Le pré-nettoyage (dans le bâtiment du silo « préparation mouture ») Avant d’être envoyée au nettoyage, les blés sont préalablement composés103, c’est-àdire que différentes qualités de blé sont mélangées dans des cellules de préparation en fonction du type de produit à fabriquer. Pour ce faire, les blés sont remontés des cellules des silos de stockage. Ils sont acheminés par une bande transporteuse, qui emprunte la passerelle enjambant le bâtiment de la centrale électrique. Puis ils sont envoyés au dernier étage du silo de préparation et de là, pris en relais par quatre bandes transporteuses, qui vont les diriger vers les cellules appropriées. Le silo de préparation mouture d’une capacité totale de 45 000 quintaux compte 24 cellules. Au 8ème étage des trappes grillagées permettent de surveiller le remplissage. Avant le nettoyage, le blé va subir un pré-nettoyage au 3ème étage. Il va passer dans un séparateur haut-débit (Marot). Muni d’un cylindre incliné à ouvertures de différents diamètres il élimine par rotation les impuretés plus grosses et plus petites que le blé. Un petit séparateur de reprise (Bühler) fignole l’opération. Enfin le blé est pesé au 2ème étage sur une balance automatique (Chronos Richardson). 103 A partir des années 1990, du fait de l’adoption par les Grands Moulins de Pantin du procédé de mélange de farines (dans le magasin), les blés acheminés vers le silos « préparation mouture » ne sont plus que d’un type par livraison. On ne peut donc plus parler de composition des blés. 34 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Il tombe alors au sous-sol où une bande transporteuse passant sous la cour l’amène au bâtiment du nettoyage accolé à l’arrière du moulin. Les opérations de nettoyage (dans le bâtiment du nettoyage) L’opération de nettoyage poursuit en la parachevant, l’élimination de tout ce qui est impropre à la mouture. Elle vise à ce que n’arrive au moulin que le grain de blé nettoyé jusqu’au sillon pour obtenir une belle farine blanche. Avec la modernisation à la fin des années 80, l’opération automatisée est couplée désormais à la conduite du moulin. Du nettoyage, il n’est resté que le nom du bâtiment et la fonction dans le diagramme mais plus personne affecté au service. – Des élévateurs amènent le blé au 8ème et dernier étage du bâtiment. Il commence par être débarrassé des bouts de ferrailles en passant dans un magnétique (Sangati). A partir de là débutent trois circuits parallèles d’un débit de 200 quintaux / heure chacun. – Au 7ème étage une épointeuse (Bühler) fait passer la mouture en rideau où un courant d’air élimine les éléments plus légers que le blé. – Au 6ème un granosichter élimine à son tour par tamisage les éléments de poids similaire au blé mais de forme différente comme le maïs. – Au 5ème étage, un épierreur (Sangati) sépare les pierres de la même taille que les grains de blé. Monté sur ressort, il éjecte en vibrant les petits cailloux qui retombent dans une gamelle vidée toutes les 24 heures.En enlevant les pierres on supprime également les risques d’incendie, car au moment du passage sur les cylindres de mouture elles pourraient causer des étincelles. Un petit épierreur reprend le circuit pour l’affinement de l’opération. – Au 4ème étage, un tarare (Sangati) va à nouveau éliminer par vibration les impuretés plus légères que le blé. Le rejet part dans le circuit d’aspiration. A côté, un séparateur à disque (Simon) à graines longues et un second à graines rondes séparent l’orge et l’avoine du blé qui viennent se loger dans les alvéoles des disques. Un trieur à graine ronde sépare, quant à lui, les graines plus petites que le blé. Ces céréales seront orientées sans transformation pour l’alimentation animale, ou broyées et réincorporées dans les issues. Là encore les 3 circuits sont repris par un petit trieur qui affine l’opération. – Au 3ème étage, un toboggan (Sangati) sépare par gravitation les germes et brisure de blé qui s’orientent en fonction de leur densité de l’extérieur à l’intérieur du toboggan. Puis le blé est encore apprêté en passant dans un séparateur (Simon). – Au rez-de-chaussée, en fin de chaîne du nettoyage, un mouilleur intensif humidifie par pulvérisation le blé avec de l’eau de ville. Le taux d’humidification varie en fonction de la qualité de farine que l’on veut obtenir et du type de blé. Jusque dans les années 60, le blé était entièrement trempé dans des grosses laveuses et essoré au 2ème étage, procédé exigeant une grosse consommation d’eau. – Puis le blé est remonté au 8ème étage où il passe dans une brosse à blé pour un dernier nettoyage avant d’être entreposée dans l’une des 16 cellules de repos, situées dans le bâtiment du nettoyage. Là encore, le temps de repos, qui nécessite une connaissance parfaite du produit diffère selon la variété et l’objectif de mouture. En moyenne, il y séjournera entre 12 et 16 heures. 35 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– V – Le Moulin Voici enfin l’étape centrale de la transformation du produit. La marche du moulin est informatisée depuis 1990 (la salle de commande est située au 1er étage). Sous la direction d’un chef meunier, un conducteur, d’abord un par étage, puis dans les années 90, un seul pour l’ensemble du moulin ! surveille le bon écoulement du produit, ramasse le « gâchis » en cas de dégorgement, balaye…. Trois types de produits Trois types de produits vont sortir du processus de fabrication : – La farine, issue du broyage de l’amande du blé. Elle représente le produit de qualité supérieure, la marque de fabrique du moulin destinée à la boulangerie. – La farine basse, moins pure car moins proche de l’amande. Les enveloppes les plus externes du grain et qui ont résisté aux assauts mécaniques constituent le gros son, et celles qui se sont cassées le fin son. – Les remoulages, sont issus de la mouture des enveloppes intermédiaires entre l’amande et les enveloppes externes que le broyage a rendu plus fin que le son. Selon leur degré de finesse, ils se divisent en gros remoulage, remoulage bis et remoulage blanc (proche de la farine). Sur 100 kg de blé, en moyenne 78 kg de farine sont produites pour 22 kg d’issues. Le processus de fabrication – Au sortir des cellules de repos, le blé est donc enfin dirigé vers le moulin pour être transformé. Il est d’abord envoyé au 3ème étage, pour être pesé sur une balance Chronos abritée par un coffrage en bois pour éviter la poussière. Puis il est envoyé sur les cylindres. C’est le début du processus. Le moulin est alimenté par 8 moteurs de 200 chevaux situés au rez-de-chaussée. – Les cylindres sont au 1er étage. Nous sommes au cœur de l’usine où va s’opérer la magie de la transformation selon un processus très complexe. Le blé va d’abord subir 5 passages sur des broyeurs (cylindres cannelés) situés au fond de l’étage qui, depuis les années 90, sont renforcés par des moteurs individuels. Le grain de blé est écrasé. Chaque broyeur a deux cylindres qui marchent à des vitesses différentielles, produisant ainsi un effet de cisaillement. Le produit monte ensuite par les élévateurs à la pointe du moulin et va redescendre par gravité. Il est tamisé sur les plansichters. Le refus du tamis tombe sur un deuxième broyeur (B2) plus fin ; il est à son tour écrasé, descend au pied de l’élévateur et remonte à la pointe du bâtiment pour être à nouveau tamisé. Le refus part au B3. Au fur et à mesure des passages, les cannelures sont plus fines. En queue de broyage se trouvent ainsi les gros sons et les sons fins. En cours de route des semoules suffisamment fines sortent du circuit et sont envoyées sur des claqueurs, appareils à cylindre lisses qui vont aplatir le produit. Toujours selon le même principe, le produit remonte à la pointe, est tamisé et 36 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– redescend. Il y aura 6 passages sur les claqueurs. Les semoules fines partent à leur tour sur les convertisseurs, cylindres très lisses. Le produit repart à la pointe à nouveau pour être tamisé. Il y aura 11 passages en moyenne de convertissage. – Au 1er étage, une balance Chronos pèse la farine qui sort du moulin. Elle permet de faire le ratio quintaux de blé entré / quintaux de farine sortie, pour avoir le rendement et donc ajuster des modifications éventuelles dans la marche du moulin. – Le 7ème étage abrite la tête des élévateurs (en bois), qui remontent la mouture après chaque passage sur les cylindres. Le produit se jette dans des distributeurs qui le répartissent uniformément grâce à des boîtes à clapets, pour que la charge venant sur les plansichters soit homogène. Les distributeurs, également en bois sont fabriqués maison. Cet étage rappelle que le bois était un matériau dominant dans le moulin pour le transport de la farine avant que des tubes métalliques ou de PVC ne prennent le dessus, au cours des années 1980. – Le 6ème étage est rempli de conduits qui alimentent les plansichters à l’étage du dessous. La nécessité d’avoir une pente suffisante pour le bon écoulement du produit constitue l’un des principaux problèmes meuniers. Tous ces conduits étaient autrefois fabriqués en bois de sapin par l’équipe des menuisiers ; un travail très minutieux. – L’écrasement d’un produit farineux entre deux cylindres lisses (les claqueurs et les convertisseurs), entraîne la formation de plaquettes. Envoyées sur un tamis de plansichter, elles ne pourront pas être tamisées. Pour éviter que des produits propres et bons ne repartent dans le circuit de broyage, des accélérateurs de mouture ont été installés. Ce sont des détacheurs, à l’intérieur desquels des plots tournent très vite sur un axe et brisent les plaquettes. Puis, le produit passe dans un cyclone qui par force centrifuge le fait tourbillonner et tomber sur une petite écluse qui l’envoie aux plansichters. En 1987, des petits détacheurs complémentaires (Sangati) ont été installés à cet étage pour désagréger le produit en queue de mouture. – Le 5ème étage est consacré à une vingtaine de plansichters (Simon). Le plansichter est un caisson qui sert à faire le blutage des produits par vibration. Il se compose d’une pile de tamis carrés avec des mailles de grosseurs différentes. Le produit va sortir par le bas et être orientés en fonction de sa consistance sur le diagramme de production. C’est ainsi qu’un produit épais va repartir sur un broyeur, qu’un produit intermédiaire va généralement sur les claqueurs ou les convertisseurs. Mais à chaque passage de plansichter sort du processus de fabrication un produit fini, soit farine, soit farine basse. Les plansichters actuels à l’armature en acier ont été installés il y a une quinzaine d’années. Auparavant existaient des plansichters en bois qui possédaient des tamis sur toute la longueur de la machine. Avec les nouveaux plansichters, la surface de tamis est plus importante (6 piles au lieu de 3). Le système de vibration est également plus virulent. – Le 4ème étage abrite deux vis sans fin, sous chaque rangée de plansichters qui courent sur toute la longueur du moulin. L’une recueille la farine basse, l’autre la farine finie. Une boîte à clapet distribue le produit dans l’une ou l’autre vis. Aujourd’hui équipés de vérins télécommandés, ces clapets étaient autrefois tournés manuellement par le conducteur qui devait monter sur un escabeau. – Un petit tamiseur réincorpore à cet étage dans la mouture les produits tombés à terre en raison d’un engorgement. 37 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– – Des brosses à sons (Sangati) installées à l’arrière de la batterie de plansichters séparent à l’aide d’un disque centrifugeur les particules de farine basse qui adhèrent encore au son. Chacun des produits repart sur un circuit différent. – Au 3ème et 2ème étage étaient installés les sasseurs qui finissaient le travail des plansichters. Ils ont été supprimés au fur et à mesure de l’amélioration de ces derniers et de l’installation des accélérateurs de mouture. Ils épuraient les semoules. Un courant d’air récupérait au travers d’un tamis de soie les parties les plus fines. – Une mélangeuse Bühler (installée en 1998) parfait l’homogénéisation de la farine. Deux balances (Chronos et Avery Weiller) pèsent enfin d’un côté la farine et de l’autre la farine basse avant leur acheminement aux silos et au magasin. VI –L’ensilage des farines L’ensachage ou surtout l’étuvage de la farine fonctionnant plus lentement que la production du moulin obligent donc de stocker la farine. L’usine possède quatre silos, dont un pour les issues. La farine est ainsi amenée sur le circuit de production au fur et à mesure des besoins. Le silo canal Construit en 1966 en raison de l’accroissement de la production et du développement du vrac, le silo canal est appelé ainsi parce qu’il est accolé au bâtiment du nettoyage près du Canal de l’Ourcq. La farine est envoyée par transport pneumatique au sommet du silo. Elle tombe dans 16 cellules d’une capacité de 1 750 quintaux chacune. Chaque cellule abrite une seule variété de farine. Au 8ème étage, s’effectue le chargement de bidons de 400 quintaux chacun, qui alimentent les camions gros porteurs stationnés le long du silo et du bâtiment de nettoyage. Le silo extension Construit en 1980. La farine y est également envoyée par transport pneumatique. Il abrite 10 cellules de 1 640 quintaux chacune. Des circuits permettent de relier les deux silos entre eux pour faciliter la gestion des flux. Au sommet, des trappes permettent de surveiller le remplissage. La quantité de farine est jaugée par intermittence avec un poids attaché à une sangle graduée (fabrication maison). Les cellules du magasin La farine venant du moulin par la passerelle reliant le magasin est transportée par élévateur au 8ème étage et stockée dans 12 chambres contenant 1 000 quintaux chacune. 38 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Le 8ème étage abrite également les chambres destinées aux circuits exportation, étuvage et transformation des issues. Le silo à issues Ce bâtiment est construit en 1969. Venant du moulin en passant par le magasin, les issues sont acheminées au-dessus du bâtiment qui abrite l’atelier électrique. Une bande transporteuse distribue le produit dans les différentes cellules du silo d’une capacité total de 10 000 quintaux. VII – Le magasin Le magasin abrite l’ensachage de la farine boulangerie, l’étuvage et l’ensachage des farines d’exportation, ainsi que la fabrication et l’ensachage des produits Mélior (mélanges prêts à l’emploi) et des granulés de sons. Si le moulin est le cœur de la production de l’usine, le magasin en était le point névralgique. Plus de 100 personnes y travaillaient avant que la modernisation ne fasse fondre les effectifs et ne le transforme considérablement. 1. Le circuit « farine boulangerie » Le principe du circuit d’ensachage boulangerie est le même pour tous les produits. La farine est soutirée de la chambre, et par l’intermédiaire d’élévateurs, de vis d’Archimède et de bandes transporteuses est montée d’abord à la pointe du bâtiment, avant de tomber dans une trémie qui alimente l’ensacheuse. Le débit de circulation étant supérieur à celui de l’ensachage, le surplus est renvoyé à la chambre. Cette pratique permet de constamment mélanger la farine et en améliore la qualité. L’introduction d’un certain nombre de nouveautés a bouleversé l’organisation du magasin : l’ensachage automatique, la palettisation et la mise en place du vrac, puis au début des années 90, la mise en route du mélange de farines. Dans le même mouvement, un certain nombre de bluteries et de pulvérisateurs ont été rajoutés au circuit dans les étages du magasin pour mieux assainir et fluidifier les farines. Jusque dans les années 70, l’ensachage de sacs en jute de 100 kg se faisait au 10ème étage du magasin alimenté par les chambres de 1 à 12. Les 12 ensacheuses Weiller, dont 10 marchaient en permanence, étaient alimentées par une vis de 60 cm de large, au 11ème étage, qui débitait environ 800 quintaux / heure. A chaque ensacheuse, un tireur faisait toutes les manipulations puis posait une étiquette et un scellé sur chaque sac. Enfin, il allait jeter le sac sur un tapis roulant qui basculait sur un toboggan vers les étages (du 1er au 7ème). A l’arrivée, il était repris par l’un des 4 ou 5 rouleurs de l’étage munis d’un chariot fabriqué spécialement pour les Moulins de Pantin chez Tripette et Renaud, puis empilé par 3 gerbeurs « cul sur 39 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– gueule ». Un étage pouvait entreposer environ 5000 quintaux de farine (soit 5000 sacs). La farine était stockée en étage de 15 jours à 3 semaines. « Elle se reposait, ce qui faisait à l’époque la qualité Pantin » (Philippe Aligros). Lorsque les sacs de 100 kg furent remplacés par ceux de 50 kg, ces ensacheuses disparurent et on installa d’abord des ensacheuses à deux bouches de marque Bates (4000 sacs/jour). On emmanchait le sac dans une bouche tuyau (système identique aux cimenteries). Ils furent remplacés assez vite, vers 1973-4, par les premiers carrousels boulangerie installés au 10ème et au 9ème étage puis en 1990 par la génération actuelle à 4 bouches (Bühler). Un conducteur appui sur des contacteurs en accrochant le sac qui se remplit automatiquement. La machine, programmée électroniquement, permet d’obtenir un poids constant (50 kg). Le sac est ensuite cousu automatiquement par une machine à coudre, les dates de fabrication et de péremption sont imprimées puis il tombe sur un toboggan. Le parcours qu’il va suivre est variable selon sa destination. Des tapis amovibles permettent de l’aiguiller sur d’autres toboggans ou de changer de spire, par exemple la spire bleue pour les livraisons péniche, la rouge en direction des wagons. Certains tapis roulants sont à vitesse variable pour mieux réguler la circulation. Pour éviter des incidents par engorgement de sacs sur les toboggans, une soixantaine de pédales disséminées sur les parcours et munies de contacteurs électriques stoppent le circuit de production lorsque la pile de sacs vient s’y appuyer. Au 1er étage, un palettiseur entièrement automatique empile environ 300 sacs boulangerie à l’heure qui arrivent par toboggan du 9ème étage. A chaque couche de 3 sacs, le plateau descend d’un cran pour permettre à la suivante d’être positionnée. Après avoir chargé 8 couches, le plateau descend au rez-de-chaussée, avance sur un tapis roulant dont la dernière partie s’abaisse au ras du sol. Un chariot prend la palette pour la stocker ou la charger directement dans les camions. La farine sans grumeau Le magasin stocke dans trois bidons en tôle au 5ème étage de la farine sans grumeaux. C’est en quelque sorte le meilleur de la farine, destiné principalement à la pâtisserie ménagère. Elle est ensachée au 3ème étage en sacs de 50 kg. L’essentiel de la production se fait sur une machine à sachet (SIG) au 2ème étage qui produit environ 8 000 sachets de 1 kilo par jour. Un homme approvisionne la machine en sachets et la surveille en permanence. Un autre récupère les sachets et les pose sur la fardeuleuse, une machine à piston qu’il actionne pour empaqueter 10 sachets, un troisième palettise le tout à la main. Les mélanges de bases Au 2ème étage, sous les cellules du silo extension, se situe la salle des mélanges qui a révolutionné la production du moulin. Désormais, les différents types de farines ne résultent plus d’un mélange de blés préalable à la mouture, mais d’un mélange de farine. Chaque silo stocke donc une farine résultant de la mouture d’une seule variété de blé appelée base. Un 40 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– circuit informatisé depuis la salle des commandes au 9ème étage procède à l’extraction dans les cellules de la quantité voulue de base. Puis les farines partent dans une mélangeuse. Des doseurs, remplis manuellement permettent de faire les ajouts de produits nécessaires (gluten et acide ascorbique notamment). Le produit est ensuite stocké dans les chambres de 1 à 12 du magasin. Un échantillonneur (Bühler) qui remplit 6 bocaux par petites impulsions, permet de faire des prélèvements en cours de fabrication. Ces derniers sont systématiquement analysés par le laboratoire et le fournil (moulin d’essais) qui donnent leur accord pour l’ensachage. 2. Le circuit des issues C’est la construction du silo à issues, et l’installation de presses à granulés (1979) qui ont considérablement changé le circuit des issues, c'est-à-dire les sous-produits de la mouture destinés à la consommation animale. Le vrac remplaça progressivement l’ensachage. Auparavant, on ensachait au 13ème étage les remoulages bis ou blancs, soutirés des chambres, sur 2 ensacheuses. Tout l’étage, comme ceux du dessous, était couvert de sacs. Le 12ème étage était consacré à l’ensachage du son fin avec 4 ensacheuses individuelles pour les grosses commandes mais seules deux marchaient en permanence. « Le tireur accrochait le sac par la gueule, tirait sur une manette pour enclencher l’écluse qui faisait tomber le produit. Arrivée au poids donné, l’écluse s’arrête automatiquement et des batteurs pour tasser le sac se mettent en marche. Puis on décroche le sac (un compte sac était relevé à chaque faction). Le tireur, après avoir ensaché, avec sa brouette, allait peser le sac sur une balance (60 kg). Les balances étaient faites maison par les menuisiers et le service mécanique. Si le poids n’était pas exact il rajoutait ou enlevait du produit d’un sac de réglage avec une petite pelle (une main de fer). Il fermait le sac avec des fils de fer de 25 cm de long avec deux petits œilletons à chaque bout. Il prenait le tour de sa gueule de sac et avec une vrille il tirait dessus pour fermer le sac. Puis il allait stocker le sac dans l’étage. A cette époque on manipulait issues et farine jusqu’à 10.000 sacs par jour. » (Philippe Aligros) Le gros son était ensaché au 11ème étage par 4 ensacheuses selon le même principe. (Une ensacheuse semi automatique Weiller inutilisée constitue le dernier vestige sur le site de l’ensachage des issues). Au 10ème étage se trouvaient 2 ensacheuses pour la farine basse dont 223 sacs remplissaient un wagon. L’installation des presses à granulés au milieu des années 70 (disparues) a supprimé les gros sons en tant que produit commercialisé. Elles se situaient au 7ème étage. Elles se composaient de 3 galets qui tournaient à l’intérieur d’une filière et fabriquaient par pression des granulés de la grosseur d’une cigarette. A l’origine, le son était ramolli à la vapeur (envoyée par la chaudière de l’étuvage), avant de passer dans les presses. Par la suite, un gicleur à eau aspergeait les sons dans une mélangeuse à gros sons - fins sons, placée au-dessus des presses pour obtenir 15 % d’humidité. Les granulés étaient ensuite refroidis au 6ème étage par un ventilateur puis sont envoyés au silo à issues. 41 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– 3. Le circuit « farine Export » Depuis 1955, la SAVA (Société pour l’Achat et la Vente d’Approvisionnement) fondée par Les Grands Moulins de Pantin prend en charge l’exportation des produits du Groupe. Jusqu’à la fin des années 90, l’exportation représente un débouché très important des Grands Moulins de Pantin. Mais les accords du GATT et les règlements de la politique agricole commune vont fragiliser le marché. La farine exportée est systématiquement étuvée afin de mieux pouvoir voyager. Elle doit perdre environ 3 à 4 % d’humidité sur les 16 % qu’elle contient en moyenne en sortant du moulin. Auparavant, l’opération était assurée par 12 étuves, situées au 9ème étage. En 1995, l’installation a été totalement changée et il ne reste aucune trace de la précédente. Entièrement informatisé et plus performant, tout le circuit se fait désormais par air comprimé. Alimentant également le circuit boulangerie pour certaines farines comme la Baguépi, ou des commandes industrielles, l’étuvage peut produire jusqu’à 400 quintaux l’heure. Une description détaillée permet de montrer les multiples cheminements du produit caractéristiques de la meunerie. La farine remonte des chambres jusqu’au 13ème étage. Elle prend alors deux circuits, l’un dit « farine chaude » l’autre « farine froide ». Au 10ème étage la farine de chacun des circuits passe sur une bascule automatique spéciale (transflotrons Bühler) permettant de réguler la quantité de produit injectée dans ce processus à flux continu. Si le débit du circuit « farine chaude » est poussé au maximum, celui de la « farine froide» est fonction du taux d’étuvage souhaité. Le circuit «farine chaude » retombe alors au 6ème étage où un filtre à air chaud alimenté par une chaudière située au 11ème étage, chauffe enfin la farine. Elle est ramenée au 11ème étage où elle passe dans un cyclone à air chaud (un caisson métallique avec une gangue de laine de verre à l’intérieur pour empêcher la déperdition de chaleur) avant de redescendre au 7ème où elle est refroidie par un filtre. Elle remonte à nouveau au 11ème étage pour passer sur le cyclone à air froid et retombe au 9ème étage où un homogénéisateur la mélange alors au circuit « farine froide ». Enfin, au 8ème, un contrôleur d’humidité s’assure de la qualité du produit avant l’envoi dans les chambres de farines étuvées. Pour être ensachée, la farine est remontée au 13ème étage, passe sur trois bluteries au 12ème, qui la débarrassent des impuretés, avant d’être pesée au 11ème, sur deux bascules. En raison du flux continu du produit qui interdit toute rupture de la chaîne, pendant que l’une des bascules se remplit, l’autre lâche sa pesée. Elle est finalement ensachée au 9ème sur un carrousel (Chronos) à 6 bouches manipulé par un opérateur. 4. Le circuit « Mélior » Mélior est le nom générique des mixes fabriqués par les Grands Moulins de Pantin. Les Grands Moulins de Pantin rachetèrent la licence de fabrication Mélior aux Moulins de Bobigny en 1969. 42 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Le mixe est un produit prêt à l’emploi, résultat d’un mélange de farine avec d’autres matières premières : blé, seigle, crème d’orge, de riz, lait écrémé, etc…, auxquels sont adjoints des additifs minutieusement dosés. Ils permettent au boulanger et au pâtissier, artisan ou industriel, de fabriquer toute une gamme de pains (céréales, complet…) viennoiserie (croissants, brioches…) et gâteaux (génoise, cake, crêpe) par simple adjonction d’eau et de levure. L’usine produisait, au démarrage de la production, trois mélanges de 1 500 kg par jour et a fini par en fabriquer jusqu'à 22 de 2 tonnes. Si la production est minime par rapport à celle de la farine, elle est porteuse en revanche d’une forte valeur ajoutée. Le circuit commence au 11ème étage. Il est dirigé automatiquement, à l’exception du versement manuel des ingrédients autres que la farine, dans deux boîtes de revidage différentes selon leur granulométrie. Une feuille donne à l’opérateur la composition des mélanges à faire pour chaque fabrication. A côté, quatre bidons de farines de 30 quintaux sont branchés sur le circuit farine et alimentent la chaîne. Au 10ème étage deux bluteries tamisent pour la sécurité les produits issus des boîtes de revidage. Au 9ème étage tous les composants sont regroupés dans des bidons de préparation. Puis, un aiguillage oriente sur l’une ou l’autre des deux mélangeuses de 20 quintaux. A cet étage, se trouve une mélangeuse conique (Gericke) dans laquelle une vis sans fin tournant sur elle-même et autour de la parois remonte le produit en le mélangeant. Au 8ème étage, une mélangeuse (Lodiguë, aujourd’hui disparue) est munie d’un axe central moins rapide sur lequel des « pioches » brassent le produit. Réservée aux mélanges moins collants, elle met 20 minutes (au lieu de 5 pour la mélangeuse conique) pour opérer. Les mélangeuses et le circuit sont nettoyés manuellement entre chaque production de produit à consistance différente. Le mixe est recueilli au 6ème étage dans l’un des 4 bidons de réception. Puis il est pesé au 5ème étage avant d’être ensaché au 3ème (sac de 25 kg). L’accroissement de la production obligea à moderniser l’opération : au départ, deux ensacheuses manuelles (Weiller) avec leur tireur et deux hommes qui palettisaient à la main. L’ensacheuse actuelle date de 1992104. Fabriquée sur mesure par une entreprise de Périgueux, elle possède un portillon pour évacuer les sacs non conformes et surtout elle permet l’ensachage de produits de différente volumétrie. Enfin, on peut y adapter une bouche pour l’ensachage à 5 kg, opération qui prend tout de même 2 heures et demie. Le palettiseur Mélior entièrement automatique a été conçu avec l’ensacheuse. Il est débrayable pour que l’opérateur puisse changer un sac percé au cours de la manipulation. En moyenne, une quinzaine de palettes de 30 sacs de 25 kg sont confectionnées à l’heure par une seule personne. 104 Affectées dans un premier temps au circuit Mélior, elle fut employée à partir de juin 2001 pour l’ensachage de tous les produits. 43 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– VIII – Le Chargement Comme pour l’arrivée des blés, la production sortant de l’usine est systématiquement pesée sur les mêmes bascules. La farine est aussi étiquetée. Ces deux mesures répondent non seulement à un impératif de gestion interne des Grands Moulins de Pantin, mais également à un souci de transparence et de traçabilité vis-à-vis de leurs clients et du service de la répression des fraudes. Jusqu’au milieu des années 80, le chargement des sacs se faisait à dos d’hommes par les équipes de coltineurs et certains chauffeurs. Là encore, la modernisation a supprimé un métier emblématique de l’activité du moulin. Par wagon La voie la plus proche du magasin sert au chargement des issues, des mixes et des farines export. Pour ces dernières, les wagons sont souvent tapissés de carton ondulé entre chaque couche de sac afin de protéger la farine de la condensation. A partir des années 90, les sacs arrivent sur une plate-forme programmée pour faire des palans de 21 ou 24 sacs qui sont élingués (entourés de filins) et chargés avec un treuil dans le wagon où l’on positionne 22 élingues. Une trentaine de wagons sont chargés ainsi quotidiennement. Par péniche Farine et issues, transportées par deux tapis roulants sont préalablement pesées avant d’emprunter une passerelle (située au dessus des voies ferrées) qui courre jusqu’au canal. Jusqu’en 1985 où ce type de livraison prit fin, quatre coltineurs chargeaient 12 000 sacs de 22,4 kg par péniche. Par camion Pour le « chargement sacs », peu avant la suppression des coltineurs, un tapis télescopique « le monte-vite » entre dans le camion permettant d’atténuer considérablement la distance du portage. Les chariots amènent désormais les palettes dans les camions. En 1989, les Grands Moulins de Pantin mirent fin à leur service livraison comprenant une flotte de 25 camions (moitié chargement sacs, moitié vrac) et le remplacèrent par des transporteurs extérieurs. Mais c’est surtout le vrac qui révolutionne le chargement. Mis au point au début des années 60, plus de 60 % de la production est chargée directement des cellules dans les camions vracs. 44 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Les camions citernes gros porteurs de 25 tonnes sont chargés à partir de 8 bidons alimentés par le silo canal ou extension ; une quinzaine par jour destinés à la clientèle industrielle, une dizaine pour alimenter les dépôts du Groupe. Un alignement de clous sert de repérage aux camions pour se caler à l’aplomb de la bouche de vidage. La livraison boulangerie artisanale est assurée par le petit vrac. Ce sont des camions comportant 3 à 7 cuves de 2 à 3 tonnes qui sont remplis d’une quantité variable en fonction de chaque commande. La quantité livrée par le vrac boulangerie artisanal est sensiblement égale à celle en sacs (environ 800 quintaux par jour). 45 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Troisième Partie Mémoires de l’usine Cette enquête a été menée en mars et avril 2003. Elle se fonde sur le témoignage de quatre retraités. De par leur ancienneté, entre trente et quarante ans « de maison », et en raison des postes différents qu’ils ont occupé, ces hommes sont porteurs d’une mémoire qui contribue à éclairer non seulement leurs savoir-faire, mais également, la manière dont les ouvriers des Grands Moulins de Pantin vivaient ensemble, la façon dont cette communauté de travailleurs était structurée, les enjeux sociaux qu’elle devait affronter. Chacun d’entre eux a d’abord reçu l’enquêteur chez lui pour un entretien d’environ deux heures au cours duquel les questions relatives à leurs parcours professionnel, leur perception de l’évolution et des temps fort de l’usine ont été évoquées. Puis dans un second temps, l’enquêteur a accompagné chacun des témoins sur le site. Ces longues visites ont permis de raviver leurs souvenirs. Elles furent émouvantes, empreintes de la nostalgie d’une époque d’autant plus révolue que l’usine allait définitivement s’arrêter. In situ, les témoins ont montré, en présence des machines, les savoir-faire mis en jeu. Enfin, les parcours sur le site ont permis d’apporter des précisions quant au fonctionnement de l’usine. I – Les témoins Les témoins sont animés d’un sentiment d’appartenance très fort à l’usine où ils ont passé une grande partie de leur vie. L’un deux résume le sentiment général : « J’avais le sentiment d’être chez moi. Une deuxième maison. A une époque c’est même le moulin notre maison, plus que chez nous. On était heureux, on touchait de l’argent, il y avait une bonne ambiance. On était en bonne santé » (Mohand Maouche). Philippe Aligros Entré aux Grands Moulins de Pantin en 1956, il est parti à la retraite en 1987. Il vient d’une famille de meuniers, son grand père tenait un petit moulin dans la Creuse. Ancien élève 46 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– de l’Ecole de Meunerie, il part d’abord travailler dans des moulins de la Nièvre, « 6 mois par ci, 6 mois par là » du côté de Decize. Il est ensuite embauché dans une coopérative agricole de la Creuse comme chef meunier de 1951 à 1956 qui « comme tous les petits moulins de France et de Navarre a été victime du manque de débouchés ». Ses parents connaissant le Directeur du Personnel de l’usine de Pantin, il entre à la suite d’un entretien d’embauche comme contremaître au magasin à farine. Il a eu pour mission principalement de réorganiser le magasin suite à l’augmentation de la production et à la diversification des produits. Il terminera sa carrière comme directeur de l’usine. Michel Bélorgey Entré aux Grands Moulins de Pantin en 1961, il est parti en pré-retraite en 2001. Sortant du Centre d’Apprentissage de Pantin, l’un des principaux viviers d’embauche des entreprises pantoises, et muni d’un CAP de tôlerie, il intègre l’atelier de mécanique comme tôlier. Petit à petit, il va étendre son champs d’action dans les principaux domaines de l’entretien du moulin en raison de la baisse progressive des effectifs et de la disparition de la plupart des corps de métiers. Il deviendra un peu « l’homme à tout réparer » du moulin. Il participera activement comme délégué à l’aventure syndicale de l’usine. Mohand Maouche Entré aux Grands Moulins de Pantin le 12-janvier 1965, il est parti en préretraite en 2001. Son père était meunier en Algérie. Il exploitait un petit moulin à eau dans lequel Mohand Maouche a travaillé très jeune et qui ferma en 1954 avec la Guerre d’Algérie. Ce n’est qu’à la fin de sa carrière qu’il a raconté ses « origines » meunières à ses collègues. D’abord mouleur dans une entreprise de robinetterie, il est licencié économique au bout d’un an. Comme il avait des cousins qui travaillaient aux Grands Moulins de Pantin (dont l’un comme ensacheur), il s’y présente. Algérien Kabyle, comme la majorité des ouvriers employés au magasin à farine embauchés dans les années 60, il aura « la chance », comme il dit, de pouvoir travailler dans le bâtiment du moulin : d’abord un an comme conducteur aux cylindres, puis 21 ans à la semoulerie au même poste jusqu’à sa fermeture en 1987, enfin à nouveau au moulin comme conducteur aux plansichters jusqu’à la fin de sa carrière. Il a participé également activement comme délégué à l’aventure syndicale de l’usine. René Bénard Entré aux Grands Moulins de Pantin en 1962, il est parti en préretraite en 2001. Titulaire d’un CAP d’ajusteur du Centre d’Apprentissage de Pantin, il resta un an à l’atelier de mécanique avant de partir à l’armée en septembre 1963 jusqu’en janvier 1965. A son retour, il est très vite muté à l’imprimerie des sacs exportation au magasin à farine ; en 1970, il devint chef d’équipe au magasin, où il termina sa carrière comme contremaître. 47 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– II – Un milieu hiérarchisé Les Grands Moulins de Pantin offraient l’image d’une structure socialement très hiérarchisée notamment à l’époque où environ 400 personnes y travaillaient. Monsieur Frionnet L’un des directeurs de l'usine, Monsieur Frionnet, a fortement marqué la mémoire collective à en juger par le souvenir des témoins. D’abord en raison de sa longévité : il remplaça en 1957 Albert Guillon, (connu pour être le père fondateur de l’usine), et quitta ses fonctions vers 1985. Ensuite parce qu’il dirigea l’usine durant sa pleine croissance, vécue par les témoins comme un âge d’or, à laquelle il prit une part active. Doué d’une forte personnalité, c’était « le Patron », « un Caïd » (Mohand Maouche). L’homme impressionnait par son intégrité : « Il faisait respecter la hiérarchie mais il ne manquait pas de respect à un ouvrier » (Michel Bélorgey). Il avait une connaissance globale du fonctionnement de l’usine. « C’était un homme qui connaissait presque tout » (Philippe Aligros). Il a laissé l’image d’un leader charismatique : « Il savait vous embringuer dans ses idées et regrouper tout le monde. » (Philippe Aligros), et disponible : « Il arrive à 3 heure du matin (lors de la construction de l’extension silo) et m’a embringué pendant une heure dans les silos en m’expliquant ce qu’il se faisait » (René Bénard). « Je lui suis reconnaissant parce qu’il m’a toujours conseillé et a un eu une confiance énorme dans ce qu’on pouvait faire sachant que ça allait dans le bon sens » (Philippe Aligros). Par son implication quotidienne dans le travail qu’il exigeait de ses subordonnés, il mesurait les difficultés et les efforts à fournir : « Il voulait savoir ce que représentait le travail qu’il demandait… Un jour il a essayé de réparer du matériel avec nous, il a pris le chalumeau, avant de voir qu’il fallait changer finalement la pièce comme on lui disait ». Ce qui marqua beaucoup également c’est qu’il ne reculait devant aucune tâche. « Il n’hésitait pas à donner un coup de main. Lors de la réfection de la voie ferrée, il a étalé le béton avec les maçons » (Michel Bélorgey). « Quand ils ont fait le silo à issues ou le silo Danton, Frionnet mettait les bottes et le casque … Pour l’extension du magasin, c’était pareil. » (René Bénard). Chaque unité de l’usine (administration, bureau d’étude, silos, moulin, nettoyage, magasin à farine, garage, entretien) avait son chef de service, secondé par des contremaîtres qui dirigeaient les employés et les ouvriers. Hormis évidemment le salaire, un certain nombre de mesures contribuait à établir une distinction hiérarchique au sein du personnel. Les témoins, sans généraliser, soulignent la mentalité de garde-chiourme de l’encadrement qui s’atténua avec le temps et l’action syndicale. Le vestiaire Les agents de maîtrise avaient un vestiaire séparé de celui des ouvriers alors que les chefs de service se changeaient dans leur bureau. Un moment donné, une catégorie intermédiaire « l’ouvrier pilote » jouissait au sein du vestiaire ouvrier d’un casier à part. 48 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– « C’était le bon ouvrier en qui on avait entière confiance, un très bon professionnel, mais qu’on n’allait pas faire passer agent de maîtrise, il fallait pas exagérer ! » (Michel Bélorgey). Le pointage Cette mesure de contrôle, généralisée dans le monde du travail, était aux Grands Moulins de Pantin sujet également à ségrégation entre les salariés. Un préposé au pointage, « le pointeau », contrôlait le bon déroulement de l’opération. Les ouvriers travaillaient en 3/8 : 7-14 heures, 14-22 heures, 22-7 heures, mais les services entretien et mécanique travaillaient de jour. « On pointait avant 7 heures. On montait au vestiaire. A moins 5, il y avait un coup de sirène qui nous disait faut y aller. A midi, un coup de sirène et on retournait pointer. 13 h 25, nouveau coup de sirène pour retourner pointer et on repointait le soir en partant. Mais les cols blancs, c’est-à-dire le personnel d’encadrement, pointaient le matin et le soir. On leur faisait confiance à eux » (Michel Bélorgey). Des témoins se rappellent du malaise de l’encadrement lorsque à la fin des années 80, avec la mensualisation, la suppression du pointage le midi est intervenue. Des discussions ont eu cours pour voir s’il ne fallait pas du coup supprimer complètement le pointage pour la maîtrise « parce qu’il n’y a plus de différence entre nous ». Mais les choses en restèrent là. De façon plus symbolique, mais assez révélatrice, pendant longtemps, la direction ne fournissait pas les toilettes des ouvriers en papier hygiénique. Dans les années 60, certains vieux ouvriers manifestaient encore parfois un respect désuet à cette hiérarchie prégnante. « J’avais un collègue, un ajusteur, quand le directeur entrait, il retirait son béret, se courbait en deux et reculait de trois pas, et disait la tête baissée, bonjour M. le directeur ! Nous les jeunes on ne comprenait pas cette attitude » (Michel Bélorgey). Les ouvriers du moulin Parmi les ouvriers affectés à la production, ceux qui travaillaient au moulin (et à la semoulerie), appelés les conducteurs, avaient un statut à part. Ils étaient beaucoup moins nombreux, une personne par étage, et avaient la responsabilité de surveiller le bon écoulement de la production. Ils étaient « au cœur du l’usine ». « Nous travaillions tout le temps alors qu’au magasin, le rouleur avec sa brouette pouvait des fois attendre d’avoir du boulot. Il y avait des coupures. Nous on devait surveiller, balayer et ramasser tout le temps » (Mohand Maouche). Cette distinction était confirmée par un salaire plus élevé. A cela s’ajoutait le fait que l’équipe de jour des conducteurs ne mangeait pas à la cantine lorsque le moulin tournait. Pour parer au moindre problème technique, ils devaient manger sur une table pliante installée entre deux élévateurs, à un endroit où pouvait s’exercer le mieux possible leur vigilance. « On allait chercher la gamelle à la cantine ou on amenait sa gamelle de chez soi qu’on faisait chauffer sur un réchaud électrique à l’étage » (Mohand 49 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Maouche). Par la suite, un local fut aménagé au 3ème étage du moulin où ils purent manger ensemble. Au magasin à farine, seuls les tireurs (ensacheurs) qui touchaient une prime de productivité se démarquaient des autres ouvriers. Mais conducteurs et tireurs n’en restaient pas moins des ouvriers de l’usine. Les chauffeurs Il en allait différemment des chauffeurs. « A Pantin il n’y avait pas beaucoup de contacts entre les chauffeurs et les autres salariés » (Mohand Maouche). Jusqu’à la suppression du service de livraison interne aux Grands Moulins de Pantin en 1989, les chauffeurs firent très nettement bande à part. Leur position stratégique qui les rendait capables de bloquer la marche de l’usine en stoppant l’écoulement de la production, en est en partie responsable. « Ils étaient bien soudés et s’ils avaient décidé de ne pas sortir la farine, la farine ne sortait pas. Ailleurs sur l’usine, en cas de grève, il y avait toujours des gens qui, soit par conviction, soit forcés, étaient capables de la faire marcher. Mais se posait alors le problème du stockage si la farine n’était pas enlevée. Les chauffeurs, c’était la bête noire ». (Michel Bélorgey). Fortement syndiqués jusque la fin des années 60, ils avaient obtenu des acquis salariaux « proches des petits cadres ». Les chauffeurs avaient donc les moyens de manger ailleurs qu’à la cantine, ce qu’ils faisaient souvent, accentuant ainsi la nette distinction avec les ouvriers de l’usine. III – L’usine, lieu de sociabilité Il ressort de l’enquête que les ouvriers et employés des Grands Moulins de Pantin fréquentaient surtout ceux avec qui ils travaillaient dans chaque unité de production ou chaque étage, lorsque l’usine avait son plein d’effectif. La chute des effectifs a resserré les liens. Ils ne semblaient non plus se fréquenter les week-end. C’était « chacun chez soi ». (René Bénard) D’abord, mis à part les gens du service d’entretien qui devaient aller partout dans l’usine, la mobilité des salariés était limitée à leur bâtiment. « Il était très mal vu par exemple par les chefs du moulin de voir un gars de la semoulerie venir dans les étages du moulin » (Michel Bélorgey). Cependant quelques lieux et moment de convivialité rapprochaient les salariés. La cantine La cantine est bien sûr le premier d’entre eux. Mais tout le monde n’y allait pas. « Beaucoup de gens venaient en vélo, en solex, ou mobylette et retournaient chez eux manger. Aligros, Frionnet ne mangeaient pas non plus à la cantine. J’habitais Livry c’était loin. A 50 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– notre table il y avait un ou deux électriciens, des maçons. Il y avait la table des chefs au milieu (les contremaîtres), les chauffeurs mangeaient à leurs tables (au début) au fond avec le bourrelier. A gauche il y avait les tireurs, les manœuvres, beaucoup d’Africains. Les gens mangeaient avec ceux avec qui ils travaillaient. On ne se mélangeait pas trop. On restait entre nous. Il n’y avait qu’un service » (René Bénard). « Au début, il fallait amener ses couverts et son pain, la gamelle arrivait sur la table, des grandes tables de 8 avec des bancs. On lavait notre assiette. Par la suite ça c’est arrangé. Maintenant le réfectoire est tout à fait correct. » (Michel Bélorgey). Le déjeuner du samedi Un déjeuner informel mais devenu une institution se tenait les samedis au cinquième étage du moulin. L’absence de l’encadrement qui prenait son week-end, facilitait ces élans conviviaux. Au gré des affinités, les convives de différents services se retrouvaient à l’étage où les conducteurs restaient attentifs à la production. « Quand on travaillait le samedi, à midi on installait des tréteaux au centre de l’étage où il n’y a pas de plansichters, on posait des grandes planches. On était des fois plus de 10 personnes autour de la table, même des gens de l’usine venaient. On se tapait 2 ou 3 bouteilles de whisky pour l’apéro. On était tranquille parce qu’il n’y avait que le chef d’équipe qui est avec nous. S’il y a 10 personnes, il y a 10 bouteilles de vins, plus le Ricard…. Et on mangeait ensemble. On a passé de bons moments quand il y avait du monde. Mais quand ils ont commencé à débaucher ça s’est dégradé » (Mohand Maouche). Le café Autre lieu de sociabilité, bien qu’en dehors de l’usine, le café à l’angle de la rue du Débarcadère. « Le Café c’était l’annexe de l’usine » (Michel Bélorgey). « On mangeait vite à la cantine quand on était jeune. Puis on allait boire un jus et jouer au baby au café du coin, chez le boxeur, comme on disait, parce que le patron avait fait de la boxe. Le soir parfois aussi. Le samedi c’était un rituel, on allait boire l’apéro en sortant (on ne travaillait pas l’après-midi sauf exception) ». (René Bénard). Le café était aussi le lieu de rencontre des ouvriers travaillant aux alentours. « On jouait au Babyfoot avec les gars de chez Elis, à l’époque Lavaupoids Mage. On était mieux payé avec une direction moins sévère. On passait le matin avant d’aller au boulot. Certains jours il y avait 3 rangs derrière le comptoir ! 300 gars du Moulin, 250 ou 300 de chez Mage, les gars de chez Pénamet, rue Victor Hugo qui venaient manger aussi ! Il y avait plein d’activité.» Les pots Enfin, l’usine n’échappait pas aux inévitables pots de départ en vacances des collègues du service, occasion de réjouissance « en interne ». Seuls les pots de départ en retraite 51 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– débordaient parfois du cadre du service. Mais avec la multiplication des préretraites et des licenciements, cette coutume devint de plus en plus brève avant de s’arrêter complètement. IV – L’usine, lieu de lutte L’usine fut le théâtre d’un certain nombre de grèves et de débrayages sous l’impulsion de sa section syndicale CGT, notamment après 1975, date de la création de la première section CGT à l’usine. Elle a permis aux salariés de conquérir un certain nombre d’avancées sociales. Elle a aussi contribué à décloisonner les rapports entre les salariés, qui se rencontrèrent au sein des réunions, et pouvaient exprimer leurs demandes auprès des délégués. Auparavant, il existait un syndicat ne regroupant que des chauffeurs. Très corporatiste, il lutta surtout pour ses propres intérêts. Vers 1966, à la suite d’un débrayage, la direction a licencié les syndiqués mettant fin du même coup à cette section. Mai 68 L’usine de Pantin n’échappa point au vaste mouvement contestataire et revendicatif qui balaya la France entière en mai 1968. Il y eut deux semaines de grève. « Un jour un chauffeur vient me voir pour m’annoncer qu’on fait grève. Il me dit que les copains de Corbeil sont arrêtés. Il avait besoin qu’on fasse le tour dans l’usine pour voir qui voulait faire grève » (Michel Bélorgey). L’arrêt de travail fut décidé mais ses modalités ont donné lieu à de vives discussions : « On a négocié pour ne pas arrêter bêtement. Tout circuit de produit commencé devait aller à son terme. On a été en mouture jusqu’en fin d’après-midi. Pour ne pas gâcher de marchandise et ne pas mettre en danger le redémarrage parce qu’il aurait fallu tout renettoyer ». L’usine était occupée. Des piquets de grève y couchaient à tour de rôle. Comme dans beaucoup d’endroits le respect de l’outil de production au moulin de Pantin est aussi important que la lutte. « On voulait surveiller soit la malveillance de certains de nos collèges ou de la part de la Direction pour nous faire porter le chapeau par la suite en cas de dégradation de matériel. « On laissait rentrer les gars qui avaient peur de faire grève et qui s’occupaient des mouvements de farine pour qu’elle ne stagne pas, ou dans les silos à blé pour mettre du blé qui avait été préparé et qu’il a fallu transiler aux sécheurs. Sinon les grévistes l’auraient fait. Et à la remise en route on a vérifié toute l’installation pour voir s’il n’y avait pas de barre de fer dans les cylindres ou des trucs comme ça. On a mis une journée. » (Michel Bélorgey). Fabricant un produit de première nécessité dans un contexte de blocus général, l’usine a fait l’objet de pressions qui ont posé des problèmes aux grévistes. « Des camions venaient de Bretagne pour charger, on leur disait qu’on était en grève et ils revenaient avec un ordre 52 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– de réquisition de la mairie. On était gréviste mais on chargeait les camions. Il fallait le faire sinon les CRS pouvaient intervenir. » (Michel Bélorgey). La section syndicale CGT A la fin de l’année 1975, une section CGT se monte à l’usine. Echaudée par le précédent syndicat des chauffeurs, la Direction a eu du mal à accepter. La première revendication concerne une augmentation de salaire : «On a fait 3 jours de grève à partir du 13 avril 1976 avec l’arrêt total de l’usine. Tout le monde était d’accord. Frionnet a compris qu’il devait lâcher. On a demandé 10 % d’augmentation, il a lâché un peu moins. » (Mohand Maouche). Cette grève a été menée conjointement avec le syndicat des Grands Moulins de Corbeil. En 1978, eut lieu un autre mouvement social en vue d’obtenir une nouvelle augmentation de salaire. Hormis sa longueur, 10 jours, il a marqué les esprits par l’attitude de certains agents de maîtrise et surtout de membres du siège parisien qui ont tenté de remplacer les grévistes au pied levé. «Le moulin tournait avec certains chefs d’équipe et chefs de services. Ils ont fait les rouleurs et les coltineurs. Des représentants du siège sont venus charger les camions. On était content car on leur disait qu’ils allaient voir ce que c’était que le travail. Un directeur d’achat de blé est venu avec ses bottes décharger des péniches sur le canal ! Quand on passait derrière le moulin pour aller à l’Union locale, on le voyait actionner la suceuse (à blé). On se marrait. » (Mohand Maouche). La section demanda, avec succès, une prime de jour (inférieure à celle de nuit) pour les ouvriers qui, travaillant jusqu’à 22 heures ne pouvaient dîner chez eux. Le 13ème mois fut décidé en commission paritaire mais « accordé là où les syndicats sont assez forts. Dans les petits moulins, ils n’ont pas encore le 13ème mois. » (Mohand Maouche). La lutte contre le racisme a mobilisé une fois le syndicat. La majorité des ouvriers, dans les années 70, étaient Maghrébins, employés surtout au magasin à farine. Il y avait quelques Africains Mauritaniens et Maliens. La Direction aurait accusé la section, auprès des délégués français, d’être « un syndicat arabe ». « Un jour, en 1978-79, il y a eu une insulte. Un chef d’équipe du magasin a manqué de respect à un Algérien. Le syndicat de l’usine a décidé de faire un tract pour dénoncer le racisme. Depuis il n’y a pas eu d’autres incidents. » (Mohand Maouche) Lors de la fermeture de la semoulerie, en 1987, faisant suite à celle de l’usine de pâtes alimentaires de Corbeil, la section s’est opposée au licenciement des 30 salariés. Si 15 d’entre eux ont intégré l’usine, 15 autres postes ont été supprimés par départs en préretraite, aides au retour pour les Maghrébins (disposition indemnisant les candidats souhaitant rentrer dans leur pays) mais aussi quelques licenciements secs que le syndicat n’a pas pu empêcher. A partir de 1988, le syndicat n’a pas réussi à faire échec aux plans sociaux qui se succèdent à partir de cette date et a dû se contenter d’aider au reclassement des salariés. 53 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– V – Les métiers disparus Le témoignage des anciens des Grands Moulins de Pantin atteste que jusque dans les années 80, plusieurs centaines de personnes y travaillaient. Des dizaines de corps de métiers concouraient alors à la bonne marche de l’usine. Car, de même que rien ne se perdait (des poussières de blés réincorporées dans le circuit de production, au vieux balai coupé en deux pour faire une balayette) l’usine vivait en vase clos. Le principe d’autonomie était très poussé. Autant que faire se pouvait, le matériel était fabriqué et entretenu par les services techniques. Le travail était également très compartimenté : « celui qui avait une activité bien précise ne faisait que ça.» (Michel Bélorgey). Avec la modernisation, les économies d’échelle, les restructurations, les effectifs se réduisirent comme peau de chagrin. Voici quelques-uns des métiers aujourd’hui disparus du monde de la minoterie. Aux services techniques – Le magasinier distribuait les boulons, les roulements et le matériel nécessaire à l’entretien. « On nous a dit à un moment, qu’il y aura désormais un chef qui sera responsable du matériel. On faisait notre commande et il ouvrait de telle heure à telle heure. Mais, s’il y avait une panne entre deux, on allait voir le chef qui nous disait « vous m’emmerdez, tenez voilà la clef.» (Michel Bélorgey). Le peintre. «Vu qu’on ne faisait quasiment plus de fabrication en tôlerie ou mécanique, les pièces qui arrivaient étaient déjà peintes.» (Michel Bélorgey). – Le bourrelier. « On ne faisait plus de courroie cuir, que de la courroie collée. Les chefs meuniers ou les chefs d’équipe sont capables de tailler une courroie en biseau, de mettre la colle dessus et de les mettre sous la presse pendant 6 heures. Les bourreliers n’avaient plus les coltins à faire, c’est à dire les empiècements de cuir sur les vestes des coltineurs qui ont disparu. Le peu qui restait était acheté auprès d’entreprises spécialisées. » (Michel Bélorgey). – Le graisseur. Il était le seul habilité à l’entretien des cylindres. « Les techniques ayant évolué, on n’a plus de ligne d’arbre complète avec des paliers en régule (L’arbre de transmission était soutenu par un palier et le régule était la partie sur laquelle frottait l’arbre). On a motorisé certains appareils avec des roulements à bille qui n’avaient plus ou presque plus besoin d’huile. L’entretien des gros moteurs de 150-200 chevaux était réservé aux électriciens. » (Michel Bélorgey). – Le tuyauteur. Il faisait les conduits métalliques qui ont remplacé les conduits bois. « Avant qu’ils soient usés, il en passe du temps ! » (Michel Bélorgey). Le ferblantier. Il réalisait toutes les petites pièces en fer blanc, les soudures à l’étain. « Il arrivait à faire des pièces sans avoir appris le traçage avec le feeling, le coup d’œil, la chance aussi. Il prenait, regardait, découpait, taillait, mettait en forme, rognait, il rouvrait, retaillait un petit bout et il arrivait à faire du bon boulot. C’était un peu du bricolage quand même. » (Michel Bélorgey) 54 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– – La brossière. Elle confectionnait toutes les brosses, pour ramasser la poussière, pour nettoyer les tamis des plansichters, mais également celles des sasseurs qui faisaient tomber la farine collée aux parois. – Le basculeur. Il intervenait sur les bascules à fléaux qui servaient à peser les sacs à farine. « C’était un ajusteur qui réglait tous les couteaux. Il fallait ajuster, limer, tremper, segmenter. Lui seul savait le faire. On est passé à des bascules pneumatiques avec des vérins. Il n’y avait plus toutes ces petites pièces de bascule. » (Michel Bélorgey). Au magasin à farine Avant l’arrivée des carrousels, l’ensachage se faisait sac par sac par un « tireur » qui «après avoir ensaché, avec sa brouette, allait peser le sac sur une balance (Les balances étaient faites maison par les menuisiers et la mécanique). « Si le poids n’était pas exact il rajoutait ou enlevait du produit d’un sac de réglage avec une petite pelle (une main de fer). Il fermait le sac avec des fils de fer de 25 cm de long avec deux petits œilletons à chaque bout. Il prenait le tour de sa gueule de sac et avec une vrille il tirait dessus pour fermer le sac. On achetait des lots de 5000 fils de fer » (Philippe Aligros). Les gerbeurs empilaient les sacs l’un sur l’autre, « cul sur gueule ». « Ils les prenaient à deux avec un bâton à gerber, un gros tasseau carré de 5 cm de côté et de 50 cm de long arrondi en bout pour que les gars ne se blessent pas sur les arrêtes. Ils prenaient le sac chacun de leur côté par la gueule, ils mettaient le bâton à un tiers de hauteur en partant du bas et ils soulevaient le sac et le posaient sur le sac au plancher» (Michel Bélorgey). Tous les sacs de 100 kg de jute ou polypropylène étaient consignés à 6 francs. Au retour, ceux plus ou moins propres ou déchirés étaient amenés au sous-sol du magasin à farine à l’entretien des sacs. « Les sacs étaient aspirés par un gros tube. S’il y avait des croûtons de pâte encore accrochés, un gars l’enfournait dans une batteuse à sac (un tambour à lanières). Le sac était posé entre deux grilles sur lesquelles venaient cogner les lanières. Le gars mettait les sacs réutilisables sur un chariot et les donnait à 5 raccommodeuses qui travaillaient sur des Singer 133 4 S ». (Philippe Aligros). Aux silos à blé Quatre à cinq personnes étaient affectées à l’ouverture manuelle des trappes et changeaient les circuits d’orientation du blé vers la direction voulue. « Avec l’informatisation, toutes les trappes à vérin étaient télécommandées du bureau du service de blés. Le personnel est passé à la trappe. Il n’y avait plus qu’une personne qui passait voir s’il n’y avait pas une vanne bloquée, un conduit de percé. » (Philippe Aligros) 55 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– VI – L’expérience professionnelle des témoins Les témoins sont animés d’une forte conscience professionnelle. Ils sont fiers du métier qu’ils ont exercé, des savoir-faire mis en jeu, de leur technique. Certains décrivent avec minutie les gestes précis de leur intervention. Lorsqu’ils racontent leur expérience, ils montrent que chacun des hommes joue un rôle spécifique par son poste ou par sa fonction dans la longue chaîne de production de l’usine. Ces hommes surveillent, entretiennent et réparent, bichonnent même, leur matériel, car on sent que cette chaîne est fragile, parce qu’elle marche quasi continuellement à flux tendu. La panne, le problème technique, qui bloque la production sont fréquents. Philippe Aligros Parti en 1987, Philippe Aligros n’a pas connu les derniers bouleversements structurels et technologiques des Grands Moulins de Pantin. Avec lui, on entre de plain-pied dans la réorganisation de l’usine à partir de la fin des années 50 et surtout du magasin à farine. L’exportation commençait à prendre beaucoup d’importance. Boulangerie et exportation confondues, plus de 120 hommes manipulaient jusqu’à 10.000 sacs par jour. Aligros est embauché pour réorganiser le magasin. « Electron libre » pendant 6 mois, il reste « pratiquement à ne presque rien faire » sinon observer comment fonctionnait le service. « Je voulais connaître ce bâtiment, le moindre tuyau, l’étuvage, l’arrivée des farines, les chambres à farines, tous les circuits ». L’ensachage et la circulation des sacs (stockage et expédition) représentaient un « parcours du risque permanent ». « A l’époque il n’y avait pas de silo à son, pas de vrac son. Au fur et à mesure de la production, le magasin ensachait des issues 24 h./24 h. Aux 13ème étage les remoulages, 12ème, les sons gros, 11ème les sons fins, 10ème les farines basses. Les étages étaient recouverts de sacs. Le contremaître qui s’occupait du chargement jonglait littéralement avec tout ça. Tout était sur plancher, manipulé par une équipe de 12 à 15 gars avec des brouettes. Les sacs d’exports étaient au 8ème, les ensacheuses au 9ème. Il faisait l’acrobatie de charger les wagons avec les sacs de farine et les issues de là-haut avant que l’étage soit complet et qu’on soit coincé. Les gars pirouettaient les sacs dans le toboggan. Direction les wagons. 4 coltineurs dans les wagons, un chef d’équipe qui contrôlait le chargement et le tracteur qui était en attente pour tirer le wagon sitôt fini pour en mettre un autre à la place. Il empilait ses wagons jusqu’au fond vers le canal et il les faisait au fur et à mesure. Il y avait une deuxième voie pour que le magasin charge à jet continue». C’est pourquoi, si ses connaissances « farinières » l’ont un peu servi, Aligros reconnaît que son principal instrument de mesure était « le chronomètre ». Il fallait que tout soit prêt en temps et en heure. « La SNCF venait faire la desserte des wagons, à l’heure pile parce que la gare de Pantin était obligée de couper les voies principales. Donc les créneaux horaires étaient extrêmement rigoureux. Il fallait que les wagons soient prêts et accrochés sur l’embranchement lorsque le tracteur SNCF venait chercher la rame. En moyenne, le chargement d’un wagon de 25 tonnes prenait une petite 56 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– demi-heure ». Il est arrivé que des camions soient affrétés pour acheminer un chargement prêt trop tard pour prendre le train. La tâche est d’autant plus délicate qu’il faut parallèlement augmenter « la puissance de feu » du moulin. Aligros fait sienne la devise municipale « Hardy Pantin en avant ». Le nombre d’élévateurs est augmenté, les godets qui transportent le produit sont agrandis et petit à petit des pneumatiques sont installés. Constamment à l’affût « de toutes les astuces possibles et imaginables », il note ses remarques fréquemment dans ses cahiers. Dans le même temps, de nouveaux circuits de toboggans sont mis en place, ainsi que de nouvelles vis transporteuses, des tapis roulant intermédiaires qui servent également de distributeur. Avec l’accroissement de la production des problèmes ont surgi entre le service livraison et le magasin. De fréquentes incompatibilités entre leurs commandes et les possibilités du magasin envenimaient les rapports. « On se bagarrait sans arrêt avec les gars de la livraison en face qui étaient le cul sur leur chaise qui fabriquaient les tours des camions. Des bagarres éclataient entre les livreurs qui voulaient être chargés tout de suite et ceux qui préparaient les tours. Des fois c’était épique ! » A la demande d’Aligros, le service livraison a été transféré sur le quai de chargement « pour qu’il se rende compte que ce qu’il pond il faut pouvoir le réaliser ». Des améliorations de matériel sont également intervenues. Aligros fait fabriquer à son idée de nouvelles brouettes pour les rouleurs chez Tripette et Renaud. « C’était la forme Pantin. La forme du bec en bas est arrondie, moins recourbée. Le rouleur arrivait sur le tapis roulant, il butait sur une barre à terre, le sac faisait un saut et tombait sur le tapis en glissant sur l’arrondi. Les poignées sont plus maniables, et les roues très costauds. » Une machine motorisée à imprimer les étiquettes est aussi commandée. « On mettait sur l’étiquette, Française de Meunerie, l’appellation de la farine, le poids du sac, et un numéro qui permettait de savoir à quel jour, quel étage, quel ensachage correspondait le sac. La machine a été faite exprès pour les Moulins de Pantin par Maillet pour qu’on puisse imprimer le numéro en bas. C’est la deuxième. On en a usé une avant. » A la fin des années 70, Aligros devient directeur technique de l’usine, sous la supervision de M. Frionnet. Un rien moqueur pour les nouvelles technologies, « aujourd’hui vous vivez tous avec des ordinateurs. Mon fils [actuellement directeur de l’usine] a des tas de listing long comme ça avec des tas de chiffres », il livre une étonnante description de sa fonction résumée dans un petit cahier. « Ces vieux calepins, c’était l’usine dans mes poches. Je peux vous dire ce que le moulin avait écrasé en décembre… je ne sais pas de quelle année. Je devais pouvoir rendre compte de tout ce qui se passait dans l’usine, n’importe quoi, n’importe quand. Les moutures de farine, vous voyez, là c’était de l’aide Ethiopie, là de la panifiable pour l’Egypte. Il y a les quantités de blés à écraser en fonction des besoins de l’export. Connaissant les rendements, je disais : il me faut telle quantité, tel jour… J’avais l’implantation de l’usine sur ce bout de papier, les différentes qualités de farines sont là, les quantités aussi, le planning de l’export est là, journée par journée. Le nom des péniches, les quintaux, l’heure de démarrage… A partir de là, je crayonnais là-dessus et puis je phosphorais pour dire au moulin il faut ça ». Car, tout comme au magasin, la gestion des moutures demande une grande maîtrise gestionnaire. « Une mouture de 2000 quintaux durait en moyenne une petite journée. J’essayais dans la préparation de les faire les plus grosses possibles pour qu’en passant d’une qualité donnée à une autre il y ait le moins de disparités possibles ». En effet, si une 57 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– farine se mélange avec la farine précédemment sur le circuit, et de consistance différente, cela peut endommager sa qualité « Je m’arrangeais pour que les qualités qui se suivent soit assez proches ». Dans les années 80, les réunions auparavant quotidiennes deviennent, semble-t-il, beaucoup moins fréquentes car « chacun travaillait dans son coin ». Dans ces réunions, la marche de l’usine est passée en revue et coordonnée. « Tous les matins on faisait un briefing (avec l’ensemble des chefs de service). Il y avait telle mouture à faire. On voyait les impératifs des uns et des autres. Si le moulin devait s’arrêter, j’étais obligé d’en tenir compte dans mon planning de production ». Mohand Maouche Mohand Maouche était conducteur à l’étage des plansichters (5ème étage du moulin) qui tamisent le produit après chaque passage sur les cylindres. Il était seul à son étage chargé de surveiller l’écoulement du produit et de balayer. Le principal problème auquel est confronté le conducteur est « le gâchis ». Il s’agit du dégorgement du produit suite à son mauvais écoulement. Pour éviter les risques, une surveillance constante est requise. Le conducteur doit passer dans les rangs pour voir si l’installation est conforme ; il doit regarder par exemple si une manche de plansichters n’a pas sautée (la manche est un conduit en tissu qui relie le plansichter au sol et au plafond). « Des fois, ça c’est la technique du conducteur, j’arrive à un plansichter, j’ouvre un bouchon au bas et rien ne vient ce qui n’est pas normal. C’est une intuition, le hasard, c’est le métier. Alors soit c’est bouché en haut du plansichter, soit aux cylindres, soit c’est l’élévateur qui est cassé. Il faut chercher. On va à la tête de l’élévateur. Si la marchandise y tombe, c’est que le problème vient d’ici ou du 6ème ou 7ème étage. Si rien ne vient de l’élévateur c’est au cylindre qu’il y a problème. Si c’est moi qui ait détecté le problème je pars dans les étages à sa recherche. » En cas de dégorgement la farine « dégueule de partout » et très vite. Le conducteur sonne ses collègues aux étages pour l’aider à ramasser le gâchis qui peut atteindre un tas de plus d’un mètre très rapidement. « Si on est absent une demi heure et qu’il arrive un problème on en a pour une demie journée de ramassage à plusieurs surtout si c’est une manche des plansichters où passent les grosses semoules au début du processus. Parce que ça crache ». « Avant de descendre au 4ème, on comptait les sorties pour repérer l’endroit approximatif de la panne à cet étage [une forêt de tuyaux oblige en effet l’opérateur à détecter celui qui pose problème]. Avec le manche de la boule on tape fort. Le son est différent entre un tuyau vide et un tuyau plein. S’il est plein on entend un bruit bizarre. C’est comme ça qu’on repère lequel est bouché. Il faut toujours frapper du côté de la pente, où passe la farine. C’est la technique. On commence par taper avec la boule. Si on n’arrive pas il faut démonter les colliers et on déboîte le tuyau. On le fait en marche, donc on est couvert de farine. Après avoir remonté on ramasse la farine. Du temps des conduits en bois, on ne démontait pas alors on tapait ou on passait un jonc dedans. C’était plus compliqué ». L’usine s’arrêtait chaque semaine environ huit heures pour entretenir ou faire les réparations préventives des machines. Les interventions étaient donc limitées, on ne pouvait pas réparer tous les plansichters. En fonction du temps d’arrêt programmé, et de l’état des 58 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– tamis, les conducteurs réparaient 2 ou 3 « caisses » (ou cadres) de plansichter par jour et par personne (environ 2 heures pour faire une rangée de caisses, sachant qu’il y en a 6 par plansichter). « On commençait par les priorités parce que la veille on prenait des échantillons de farine et le chef en regardant où la farine est piquée (avec du son) savait quels tamis étaient percés […] Des fois, on s’aperçoit alors qu’il n’y a pas de farine ». « On enlève les portes du plansichter, on dévisse les 4 barres de fer qu’on écarte et on sort les cadres un par un en commençant par celui du haut (car il est impossible d’enlever le cadre inférieur avant) qu’on pose par terre. Puis on prend un tabouret à 3 marches (fabriqué à l’usine) qui sert aussi à monter pour enlever les cadres du haut. Sur la plus haute marche est disposé un cône sur lequel on pose un angle du cadre d’un tamis que l’on nettoie en le tournant avec une brosse dure spéciale. A la lumière du jour on regarde si le tamis n’est pas percé. Après on nettoyait l’intérieur de la caisse du plansichter. Puis on remet les tamis en commençant toujours par le bas. » Lorsque le conducteur ne travaille pas aux plansichters, il est affecté à la salle de réparation des tamis. C’est ici qu’on change leur garniture et qu’on répare les cadres. Les tamis très fins pour la farine sont remplacés toutes les semaines. « On avait une agrafeuse à air comprimé. On commençait par dégarnir en enlevant toutes les agrafes avec un tournevis légèrement recourbé. Puis, on posait deux cadres de tamis sur un établi (fourni par Simon le fabriquant des plansichters), on serrait avec un volant sur le côté. Puis on dépliait le rouleau à garniture qu’on posait sur les cadres. On coinçait le tissu avec 2 barres de fer attachées avec une lanière en caoutchouc sur des crochets aux 4 coins de l’établi. Après on coupait le tissu, puis on tournait à fond les deux petits volants latéraux qui faisaient monter les cadres et tendaient le tissu. Après on agrafait, puis on collait les bords. On laissait sécher, une heure, une heure et demi quand il fait chaud. […] Avant on le faisait à la main. On coupait la garniture qu’on agrafait d’un côté et puis on tendait avec une pince spéciale et on agrafait tout autour, puis on collait. » René Bénard René Bénard a participé à l’épopée de l’imprimerie, installée au 9ème étage du magasin, qui jusqu’en 1970 imprima surtout les sacs en coton, puis en polypropène, destinés à la farine d’exportation. En moyenne, 12.000 sacs étaient réalisés par série. Certaines étaient imprimées à 60.000 sacs (marque Les Béliers-The Ram). Car le service prit de l’ampleur avec la croissance de l’exportation mais aussi dans la mesure où l’imprimerie de l’usine de Pantin travaillait pour d’autres moulins, notamment Corbeil et Strasbourg. On y réalisait sur place les gélatines reproduisant les motifs à imprimer. « Tous les 15 jours en moyenne, on recevait un nouveau caoutchouc, c’est-à-dire un nouveau dessin de sac. On le positionnait sur une grosse table en bois. On clouait tout autour des règles en bois de 5 cm d’épaisseur puis on coulait du plâtre à l’intérieur. On tapait sur le marbre pour que tout le plâtre rentre bien dans les creux. On allait faire sécher 3 ou 4 jours le plâtre à la centrale sur des caillebotis. Une fois sec on démoulait. On ramenait le plâtre et on corrigeait les imperfections avec du mastic et un petit clou aplati qu’on faisait nous même ; on rebouchait les petits trous. Puis on passait de la 59 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– peinture cellulosique. Une fois sec on refaisait un cadre autour du moule en laissant 5 mm entre le moule et le bois et on coulait de la gélatine. Tous les matins, les pompiers de la sécurité qui avaient les clefs branchaient le bac à gélatine. Des pains de gélatine qui fondaient dans un bain-marie. On puisait la gélatine à la louche et avec un morceau de bois coupé en pointe on la faisait rentrer partout car on ne pouvait pas la retoucher après coup. Tous les plâtres et les caoutchoucs étaient répertoriés et rangés dans des casiers. Sur une plaque de zinc décapée avec de la toile émeri, on plaçait la gélatine comme pour une mise en page. On composait des lettres coulées également à la gélatine, ainsi que le logo de Pantin puis on faisait chauffer avec un réchaud la plaque pour que la gélatine fonde juste ce qu’il faut pour coller. Il fallait que la gélatine soit d’une hauteur uniforme pour ne pas être uniformément pressée par le cylindre. Matière molle qui s’usait vite si elle était trop pressée. On décollait au couteau les parties trop basses et on calait en rajoutant de la gélatine chaude par en dessous ». Une série de sacs était souvent réimprimée. Réné Bénard se trouva donc confronté au problème du durcissement de la gélatine, processus qui pouvait durer de 6 mois à un an. A la suite de plusieurs tentatives, il trouva un remède : « après avoir imprimé, je la nettoyais avec un chiffon doux et je la talquais et elle pouvait durer plusieurs mois». Le service disposait de 3 machines : 2 à encres à l’eau pour les sacs en coton imprimant en 3 couleurs, et une à encres grasses 2 couleurs pour les sacs en toile de jute. Ces machines étaient rudimentaires : « L’été quand les encres commençaient à coller on rajoutait de l’alcool à brûler ». Même si c’était « infernal » de travailler dessus, le résultat était de qualité. « J’aurais voulu qu’on voit les machines qu’on avait et le boulot qu’on arrivait à sortir avec. (…) Le contremaître de l’imprimerie, on l’appelait Gutenberg au moulin ». Et les clients en redemandaient. Pour éviter toute réclamation, étant donné que les Grands Moulins de Corbeil produisaient parfois les mêmes sacs, l’usine de Pantin avait inséré un signe discret, « un petit carré, dissimulé en bas des sacs pour bien faire la distinction ». Aussi, le rapatriement de l’imprimerie au moulin de Corbeil, en 1970, fut-il vécu comme un déchirement par le personnel du service. Parmi les nombreuses interventions que René Bénard eut à faire dans le magasin, il en est une qui montre bien que la meunerie est une industrie de précision. Pour commercialiser de la farine de qualité, il faut notamment qu’elle soit bien mélangée. Ce processus demande de la vigilance de la part de l’opérateur. « Lorsque le contremaître nous disait on va tirer maintenant de la Corde Verte (une qualité de farine) on la mettait sur le circuit en la soutirant du silo à un débit plus important que celui de l’ensachage pour que la vis de retour qui remuait et ramenait la farine non ensachée dans les chambres puisse être bien alimenté (on mettait deux chambres en route pour mieux mélanger les farines). Si on remplissait deux chambres en même temps, mais de contenance inégales, il fallait faire attention que la farine qu’on ramène du silo ne monte pas plus vite que celle qu’on tire. On surveillait, on disait, ils tirent 200 quintaux à l’heure, on attendait que la chambre soit au 5ème étage (vérification avec un bouchon et une pige), 1 étage = 150 quintaux, on avait de la marge pour 450 quintaux. En goupillant, on mettait le soutirage en route et on mélangeait. Ce que voulait Aligro, qui est un peu le précurseur des mélanges de farine, c’est quand on faisait un tirage sur les deux chambres de Corde Verte, par exemple, on ramenait de la farine plus fraîche du silo canal qui était brassée avec l’ancienne, donc ça 60 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– donnait de la farine homogène. Avant c’était moins systématique. Quand il s’est aperçu qu’on le ne faisait pas toujours, il a fait installer des mouchards sur les moteurs de chambres ». L’usine de Pantin réalisait également le remplissage de sachet de 1 kg ou de 500 g à l’aide d’une machine située au 2ème étage du magasin : « Elle marchait bien mais elle nous a en fait voir de toutes les couleurs. Les sachets se mettaient en travers ou étaient parfois collés les uns aux autres. C’était l’enfer. Parfois ça marchait comme une pendule et des fois non. Il y avait un réglage très minutieux à faire et il ne fallait pas trop tripoter. Pour faire des sacs de 500 g il fallait changer des pièces et refaire des réglages qu’on faisait à la main. On faisait 8 000 sacs par jour en moyenne ». Michel Bélorgey Michel Bélorgey a vécu les grandes évolutions des services techniques de l’usine, c’est-à-dire la disparition progressive des corps de métiers affectés à l’entretien et l’arrivée de la sous-traitance. Progressivement, il apprend à changer des cylindres, à réparer les machines à coudre des carrousels d’ensachages et à changer les roulements des plansichters. Il se forme sur le tas en travaillant avec son remplaçant. « Je suis arrivé un mois avant que la personne ne prenne sa retraire. Il m’a expliqué comment faire et j’ai essayé de me souvenir de tout ça. » Parfois, la transmission est plus délicate, parce que le préposé est licencié ou bien muté « pour faute professionnelle » et refuse de donner des conseils. « Il disait : puisque je ne suis plus bon à la mécanique je ne vois pas pourquoi je te dirais comment ça se marche. Il n’avait pas tort le gars ». Il suit quelques courtes formations : « J’ai fait un stage d’une journée chez Ficheben (machine à coudre). Le gars a démonté une machine, j’ai commencé à la remonter, il m’a aidé à finir. Voilà ». On mesure l’écart entre la période faste de plein emploi à l’usine et les dernières années lorsque Michel Bélorgey évoque son activité presque en solitaire : « Quand on ne sait pas comment intervenir, on prend des revues, des bouquins professionnels et puis si on ne sait pas faire on appelle un professionnel. Au moment où j’ai été licencié, il n’y avait plus de tourneur, de fraiseur. Si j’avais des pièces de tour à faire, je devais les faire faire à l’extérieur. Ou, si c’était pas d’une grande précision on les faisait nous même avec les tours qui restaient. Quand j’avais des pièces que je pensais pouvoir faire, j’appelais mon tourneur à l’extérieur, il m’expliquait par téléphone. Il pouvait se déplacer dans certains cas. Ca dépendait de l’importance de la réparation, si c’était une panne avec arrêt du moulin ou juste en prévision, ou du type d’appareil. » Le changement de cylindre au 1er étage du moulin est délicat parce qu’il se fait pendant que les machines tournent : « On était proche d’une courroie d’un autre cylindre en mouvement. On retirait le garde-corps. On avait un genre de carter, une protection en bois que l’on mettait pour éviter de se faire happer par la courroie. Mais ça nous réduisait la place entre les deux appareils. C’était parfois gênant » […] « Il faut démonter la poulie, les paliers d’un côté. Sur le côté opposé, il faut démonter les carters avec les pignons, et les paliers également. A l’origine les paliers n’étaient pas avec des roulements à bille mais des coussinets en bronze qu’il fallait démonter. On enlevait les systèmes de tensions de ressorts qui permettaient de régler les écartements des cylindres. Puis on mettait des perches, des grosses barres métalliques qui font environs 5 cm de diamètre et 1,80 m de haut sur lequel on 61 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– accrochait un palan. On avait donc une perche et un palan de chaque côté pour sortir les cylindres de 200 kg chacun. Puis on remonte le tout. Il faut tirer les deux palans en même temps, en parallèle sinon on coince le cylindre dans l’appareil. Il y a 2 mm de jeu de chaque côté, donc sur un diamètre de 25 cm, si on tire pas bien on coince ». Le temps de l’opération dépendait de l’état dans lequel on trouvait l’appareil à cylindre, notamment le système de clavetage qui pouvait retarder l’opération. En règle générale, il fallait compter une petite journée de travail à deux personnes pour démonter, remonter, faire les réglages et redémarrer. « Par contre j’ai eu une journée complète à essayer d’extraire une poulie qui était gelée, c’est-à-dire bloquée sur l’arbre, impossible d’enlever la clavette. On a été obligé finalement de chauffer le moyeu de la poulie avec un très gros chalumeau, chose qu’on évitait de faire parce qu’il y a malgré tout toujours un peu de farine en suspension, avec des risques d’explosion. L’utilisation d’une flamme ou même de la soudure à l’arc était réglementée. A chaque intervention, on devait remplir en trois exemplaires, un permis de feu. On signalait, le bâtiment, l’étage, le type d’appareil sur lequel on travaillait, l’intervention (tronçonnage, soudure, chauffe). On emmenait le permis au poste de garde et la Sécurité devait normalement voir sur place si elle estimait qu’on pouvait travailler.» Avec les cylindres, ce sont les plansichters qui posaient le plus de problèmes à Michel Bélorgey. La description minutieuse qui suit donne un aperçu de la difficulté du dépannage. « On intervenait sur les plansichters principalement lorsque le roulement central était défaillant. Ce sont des roulements imposants parce que le plansichter en charge pèse 1,5 tonne. Il fallait commencer par ouvrir les portes de chaque côté pour avoir accès au boîtard, un gros palier cylindrique avec un gros roulement dans lequel passe un arbre. Sur la partie basse de cet arbre, est fixé le contrepoids et sur la partie haute un contre-arbre qui, lui, est relié au moteur. Il fallait travailler quasiment plié dans l’appareil, parce que dès qu’on se relevait on se cognait la tête au plafond. Le boîtard avec l’arbre est lourd, le roulement à bille doit faire dans les 30 à 40 kg. On enlevait également les tôles du dessus qui étaient tenues par une quantité de petites vis de 6 mm ce qui prenait en gros une heure ! Puis on installait les palans. Bien souvent le roulement était usé, donc il ne retenait plus la graisse, et toute cette bonne vieille graisse bien sale giclait de partout. On devait changer de bleu après. Le boîtard était tenu sur le plansichter par 8 boulons à l’origine alésés, donc chaque boulon de 150 mm de long allait dans son propre trou et on était obligé de les chasser par en dessous avec un jet en aluminium pour ne pas abîmer le filetage du boulon avec un marteau de 5 kg. On était assis par terre. Ca pouvait nous prendre 2 bonnes heures. Puis il fallait enlever également le contrepoids qui tenait par un écrou avec un grand crochet qu’on vissait sur le bâti à un trou taraudé dans le contrepoids et on le descendait au palan. Il fallait l’ajuster parce que ça tourne assez vite. Il ne fallait pas qu’il y ait du jeu dans l’accouplement car comme le contrepoids était en porte-à-faux pour donner le mouvement excentrique de l’appareil, en descendant il avait tendance à aller en biais et à coincer. Puis défaire le contre-arbre, c’était un accouplement avec des doigts en caoutchouc, qui pesait 15 kg. Il fallait réussir à conjuguer tout en même temps au démontage et au remontage. Les premiers temps, il fallait s’habituer, à 2 ça nous prenait 8 heures. Après, quand chacun sait ce que fait l’autre à un moment déterminé, on arrivait à le faire en 6 heures quand ça allait bien, dans les moins mauvaises conditions ». 62 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– La panne est toujours la hantise à l’usine, parce qu’elle arrête ou retarde la production. C’est sur l’un des plansichters qu’eut lieu un incident mémorable. Le moulin s’est arrêté puisque qu’il est impossible d’immobiliser seul un plansichter. « Les bâtis intérieurs était cisaillés. Il y avait eu un défaut de montage, tout avait pris du jeu si bien que l’appareil n’était plus tenu. Le milieu s’effondrait ». Il a fallu refaire, le temps de l’intervention, un circuit pour que le moulin puisse redémarrer. On fit venir de Corbeil une bluterie installée à côté du plansichter en panne. « On a travaillé pendant 25 heures d’affilée avec 3 équipes de 2. Une équipe de sous-traitants extérieurs (MAES) démontait les tuyaux et faisait les trous dans le plancher, une équipe qui adaptait le matériel de Corbeil et nous qui réparions ». « La Direction a été reconnaissante, elle a fait un petit geste symbolique : une prime, et un jour le directeur a réuni toutes les équipes qui avaient travaillé et on a bu une petite coupe de champagne ensemble ». La sous-traitance est arrivée dans les années 90 avec, notamment l’entreprise MAES, spécialisée dans l’agroalimentaire. Elle entraîna la fin irrémédiable du service EntretienMécanique. « Ils étaient venus nous installer du matériel neuf, un plansichter qu’on appelait la sûreté par lequel passaient toutes les farines et qui garantissait une qualité irréprochable et d’autres appareils en amont et en aval. Ils ont changé dans la foulée plein d’appareils qui commençaient à dater. Dans un premier temps ils sont restés pour la mise en conformité et puis des chefs meuniers ont trouvé que les gens de MAES travaillaient mieux que le personnel de Pantin. Certaines personnes des ateliers se sont retrouvées en fabrication. J’ai un collègue mécanicien qui s’est retrouvé à l’ensachage parce qu’il s’était blessé deux fois. Les gars de MAES étaient plus disponibles, parce qu’ils habitaient Strasbourg, étaient logés à l’usine dans des caravanes et ils pouvaient bosser 12 ou 15 heures par jour puisque c’était payé ». Philippe Charpin Conseil Général de Seine-Saint-Denis DCJS - Bureau du Patrimoine Association Trajectoires Relectures : Nicolas Pierrot (Drac d’Île-de-France, SRI) Evelyne Lohr (CG93, Bureau du Patrimoine) Mise en forme : NP Septembre 2003 63 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– TABLE DES ILLUSTRATIONS Pl. 1 Plan masse, extrait du plan topographique de 1972 Section O parcelles 45, 48 Echelle : 1/2000e Nicolas Pierrot, Pascal Pissot 2003 Pl. 2 Plan de situation Nicolas Pierrot, Pascal Pissot 2003 Pl. 3 Chronologie de la construction Nicolas Pierrot, Pascal Pissot 2003 Pl. 4 Schéma des principaux flux (1) Déchargement et stockage des blés (fermeture en juin 2001) Nicolas Pierrot, Pascal Pissot 2003 Pl. 5 Schéma des principaux flux (2) Nettoyage, mouture, stockage des farines (fermeture en juin 2001) Nicolas Pierrot, Pascal Pissot 2003 Pl. 6 Schéma des principaux flux (3) Expédition des produits (fermeture en juin 2001) Nicolas Pierrot, Pascal Pissot 2003 Doc. 1 Plan des Grands Moulins de Pantin en 1926 Extrait de : « Les nouveaux silos des Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1926, p. 218. Photocopie Doc. 2 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet d'un nouveau moulin. Plan du rez-de-chaussée, élévation des façades (premier projet, non réalisé), coupe. Signé et daté en bas à droite : « E. Haug / 13 janvier 1922 ». Haug, Eugène (architecte) Plan, impression en noir et rehauts de lavis rouge, rose et bleu, échelle 0.005 p.m., 84,5 x 98,5 cm, 13 janvier 1922. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930472XE Doc. 3 Plan dressé entre 1952 (construction de la semoulerie) et 1958 (construction des silos de la semoulerie). Plan, impression en noir, échelle 0.008 p.m., 19,5 x 32,2 cm, 1952-1958. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930493XE 64 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 4 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet d'un nouveau moulin. Elévation de la façade est (premier projet, non réalisé). Signé et daté en bas à droite : « E. Haug / 13 janvier 1922 ». Haug, Eugène (architecte) Plan, impression en noir, échelle 0.02 p.m., 104 x 104 cm, 13 janvier 1922. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930473X Doc. 5 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet d'un moulin-neuf. Elévation de la façade est (deuxième projet : des modifications ont été apportées au moment de la construction, au couronnement de la tour château d'eau). Signé et daté en bas à droite : « Strasbourg, 4 janvier 1923 / E. Haug ». Haug, Eugène (architecte) Plan, impression en noir, rehauts de crayon rouge et jaune, échelle 0.01 p.m., 61,5 x 75 cm, 04 janvier 1923. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930474XE Doc. 6 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet d'un bâtiment de moulin et de nettoyage, plan du rez-de-chaussée (deuxième projet, réalisé). Signé et daté en bas à droite : « Strasbourg, 4 janvier 1923 / E. Haug ». Haug, Eugène (architecte) Plan, impression en noir, rehauts de crayon rouge et jaune, échelle 0.01 p.m., 46,5 x 49,5 cm, 04 janvier 1923. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930475XE Doc. 7 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet d'un bâtiment de moulin & nettoyage, coupe longitudinale (deuxième projet, réalisé). Daté en bas à droite : « Strasbourg, le 4 janvier 1923 », tampon de l'architecte. Haug, Eugène (architecte) Plan, impression en noir, rehauts de crayon rouge et jaune, échelle 0.01 p.m., 46,5 x 49,5 cm, 04 janvier 1923. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930476XE Doc. 8 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet d'un bâtiment de moulin et de nettoyage, coupe transversale (deuxième projet, réalisé). Daté en bas à droite : « Strasbourg, le 4 janvier 1923 », tampon de l'architecte. Haug, Eugène (architecte) Plan, impression en noir, rehauts de crayon rouge et jaune, échelle 0.01 p.m., 97 x 63 cm (en hauteur), 04 janvier 1923. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930477XE Doc. 9 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet d'un nouveau moulin, coupe moulin A-B (projet de moulin dans la continuité des silos, non réalisé ; projet de silos, réalisé). Daté en bas à droite : « Strasbourg, janvier 1922 », tampon de l'architecte Eugène Haug. Haug, Eugène (architecte) Plan, impression en noir, rehauts de lavis rose, échelle 0.02 p.m., 108 x 58,5 cm (en hauteur), janvier 1922. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930478XE 65 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 10 Grands Moulins de Pantin-Paris, élévation côté silos (à droite, silos et chaufferie : projet réalisé). Signé et daté en bas à droite : « E. Haug / 13 Janvier 1922 ». Validation par le propriétaire le 20 juin 1925. Haug, Eugène (architecte) Plan, impression en noir, échelle 0.01 p.m., 69,5 x 105 cm 13 janvier 1922, validé le 20 juin 1925. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930479XE Doc. 11 Grands Moulins de Pantin-Paris, vue d'ensemble. Vue perspective centrée sur les nouveaux silos, depuis le canal de l'Ourcq. Etablissements Ed. Zublin et Cie. Zublin, Ed. (constructeur) Plan, bleu, 39 x 35,5 cm, 29 juillet 1927. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930480XE Doc. 12 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet de silos à blé. Plans et coupes des quatre premières travées. Etablissements Ed. Zublin et Cie. Zublin, Ed. (constructeur) Plan, bleu, 92 x 124 cm, 25 août 1927. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930481XE Doc. 13 Grands Moulins de Pantin-Paris, Silos à blé près du canal, agrandissement 1933-34 (trois travées supplémentaires). Plan au sol, façade et coupe. Non signé. Plan, impression en noir rehaussée de jaune, 52 x 54,5 cm 18 novembre 1933. AM, Pantin 43 W 33, dossier sans n° PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930482XE Doc. 14 Grands Moulins de Pantin-Paris, Construction d'un moulin d'essai, d'un laboratoire et d'une école de boulangerie, façade principale. Signature illisible. Le toit du corps central n'a pas été réalisé. Plan, impression en bistre, 80 x 63,5 cm, 4 mai 1932. AM, Pantin 43 W 33, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930483XE Doc. 15 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet de silos à blé (il s'agit du nouveau magasin à farine, construit après l'incendie du 19 août 1944). Signé et daté en haut à gauche : L. Bailly, architecte S.A.D.G., Paris, le 25 juin 1945 (modifié le 9 octobre 1945). Partie gauche de la feuille : pignon. Bailly, Léon (architecte) Plan, impression en bleu, échelle 0.01 p.m., 69,5 x 137 cm 25 juin 1945, modifié le 9 octobre 1945. AM, Pantin 21 W 8, permis de construire n° 45.2527 Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930484X 66 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 16 Grands Moulins de Pantin-Paris, projet de silos à blé (il s'agit du nouveau magasin à farine, construit après l'incendie du 19 août 1944). Signé et daté en haut à gauche : L. Bailly, architecte S.A.D.G., Paris, le 25 juin 1945 (modifié le 9 octobre 1945). Partie droite de la feuille : façade ouest. Bailly, Léon (architecte) Plan, impression en bleu, échelle 0.01 p.m., 69,5 x 137 cm 25 juin 1945, modifié le 9 octobre 1945. AM, Pantin 21 W 8, permis de construire n° 45.2527 Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930485X Doc. 17 Grands Moulins de Strasbourg, garages, ateliers, service sociaux, façades, coupe. Dressé par L. Bailly arc. S.A.D.G, Paris oct. 1949, vu et accepté le 22 nov. 1949. Partie droite de la feuille. Bailly, Léon (architecte) Plan, impression en bistre, échelle 0.01 p.m., 69 x 131 cm, octobre 1945, accepté le 22 novembre 1949. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930486X Doc. 18 Grands Moulins de Strasbourg, garages, ateliers, service sociaux, façades, coupe. Dressé par L. Bailly arc. S.A.D.G, Paris oct. 1949, vu et accepté le 22 nov. 1949. Partie gauche de la feuille. Bailly, Léon (architecte) Plan, impression en bistre, échelle 0.01 p.m., 69 x 131 cm, octobre 1945, accepté le 22 novembre 1949. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930487X Doc. 19 Grands Moulins de Strasbourg, semoulerie, façade sur cour des moulins. En hauit à gauche : Paris le 3.1.1952 / Léon Bailly architecte S.A.D.G. Bailly, Léon (architecte) Plan, impression en bistre, échelle 0.01 p.m., 54,5 x 99 cm, 03 janvier 1952. AM, Pantin 43 W 33, permis de construire n° 58.231 Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930488X Doc. 20 Grands Moulins de Pantin-Paris, façade du nettoyage vue côté canal. En haut à gauche : 779 / Autorisation du 16.10.61. Non signé. Plan, impression en bistre, 65,5 x 44 cm, 1961. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930490X Doc. 21 Grands Moulins de Pantin, magasin à farines (emplacement erroné), nouveaux silos, perspective (il s'agit des nouveaux silos à farine «canal» accolé au dos du bâtiment de nettoyage). En haut à gauche : « J. Quost, Ingénieur E.C .P., Ingénieur conseil (...) » ; en bas à droite : « le 9 février 1962 ». Quost, J. (ingénieur) Plan, impression en bleu, échelle 0.01 p.m., 53,5 x 69 cm, 9 février 1962. AM, Pantin 43 W 32, permis de construire n° 62.837 Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930491X 67 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 22 Grands Moulins de Pantin, surélévation des appartements, façade Nord. En haut à droite : « Paris le 24.11.1958 / L. Bailly arch. S.A.D.G ». Bailly, Léon (architecte) Plan, impression en bleu, échelle 0.02 p.m., 50,5 x 109 cm, 24 novembre 1958. AM, Pantin 43 W 32, permis de construire n° 58.288 Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930489X Doc. 23 G.M.P.P., façade des silos à sons (ou à issues) avec chassis sabla. Daté en haut à droite : « 25.4.66 ». Non signé (J. Quost). Silos achevés en 1969. Quost, J. (ingénieur) Plan, impression en noir rehaussée de jaune, échelle 0.01 p.m., 55,5 x 32,5 cm, 14 mai 1966. AM, Pantin 21 W 8, dossier sans n° de PC Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930492XE Doc. 24 Les Grands Moulins de Pantin en 1886 Extrait de « Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, juil. 1886, p. 220. Photocopie Doc. 25 Les Grands Moulins de Pantin en 1890 Extrait de « Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1890, p. 403. Photocopie Doc. 26 Vue des « Moulins de Pantin » (raison sociale à la date du document), identifiables à leur passerelle en surplomb sur le canal de l'Ourcq, et de la blanchisserie Leducq (fondée en 1883, blanchisserie Elis à partir de 1967). Sans date, v. 1900-1910. Carte postale en couleur, 8,8 x 13,5 cm, v. 1900-1910. AM, Pantin 2 Fi 499 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930494XE Doc. 27 De gauche à droite, sur le rive sud du canal de l'Ourcq, à son inflexion : les « Moulins de Pantin » (raison sociale à la date du document), identifiables à leur passerelle en surplomb pour le déchargement des péniches, et la blanchisserie Leducq, fondée en 1883 (blanchisserie Elis à partir de 1967), armée de deux cheminées. Sans date, avant 1905 (oblitération). Carte postale, 8,9 x 13,9 cm, 1er quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 435 Repro. AM Pantin 03931048NUCB Doc. 28 De gauche à droite : les Moulins Abel Leblanc (passerelle en surplomb pour le déchargement des péniches) et la blanchisserie Leducq. Sans date, v. 1900-1910. Carte postale, 9 x 13,9 cm, 1er quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 455 Repro. AM Pantin 03931049NUCAB Doc. 29 Vue des «Moulins de Pantin» et de la blanchisserie Leducq. Sans date, avant 1906 (date portée au crayon). Carte postale, 9 x 13,9 cm, avant 1906. AM, Pantin 2 Fi 567 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930495XB 68 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 30 Vue de l'entrée des «Moulins de Pantin» (raison sociale à la date du document), prise de la rue du Débarcadère avant 1901 (oblitération). A gauche du portail, le bâtiment de l'administration. Endommagé lors de l'incendie du 19 août 1944, il fut détruit en 1956 et remplacé par l'actuel bâtiment administratif d'entreprise, dont la construction s'échelonna entre 1956 et 1960. Carte postale, 8,8 x 13,8 cm, 1er quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 231 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930496XB Doc. 31 Les silos des nouveaux moulins (actuels silos « préparation mouture ») en 1926 Extrait de « Les nouveaux silos des Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1926, n.p. Photocopie Doc. 32 Vues intérieures des silos des nouveaux moulins (actuels silos « préparation mouture ») en 1926 Extrait de « Les nouveaux silos des Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1926, n.p. Photocopie Doc. 33 Les Grands Moulins de Pantin, vus de la rue du Débarcadère. De gauche à droite : le magasin à farine construit vers 1926 ; le nouveau silo à blé construit entre 1924 et 1926 (actuel silo « préparation mouture »). Le moulin construit en 1923-24. Le silo «canal» (1927-1934) n'est pas encore construit. Sans date, entre 1924 et 1927 ; oblitération 1936. Carte postale, 9 x 14 cm, 2e quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 808 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930497XB Doc. 34 Vue du moulin, des silos à blé et de la chaufferie depuis la rive gauche du canal de l'Ourcq, vers le Sud-Est. La chaufferie, surmonté d'une seule cheminée, est en cours d'achèvement. La construction des silos « canal » (1927) n'a pas encore débuté. Ainsi peut-on dater cette photographie de 1926. Carte postale, 9,1 x 13,9 cm, 2e quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 570 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930498XB Doc. 35 Construction des quatre premières travées du silo « canal » (1927). Sans date. Carte postale, 8,9 x 13,6 cm, v. 1927. AM, Pantin 2 Fi 437 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930499XB Doc. 36 A l'inflexion du canal de l'Ourcq, les Grands Moulins de Pantin et la blanchisserie Elis flanquée de sa cheminée. Les quatre premières travées du silo à blé «canal» ont été construites en 1927. L'élévation des trois dernières travées (1933-1934) n'a pas encore eu lieu : le pignon du silo s'inscrit dans le prolongement de la tour. Sans date, entre 1928 et 1933. Carte postale, 9 x 13,9 cm, 2e quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 569 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930500XB Doc. 37 Paul Signac (1863-1935), Les Grands Moulins de Pantin Dans Richesses de la France n° 96, 2e trimestre 1973 Sceaux, Musée de l’Ile-de-France, Centre de documentation. Photocopie 69 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 38 Les Grands Moulins de Pantin-Paris, avril 1932. Au premier plan, dans la cour de l'usine, un camion de livraison ou d'expédition fabriqué par les usines Renault. Le camion, comme la passerelle reliant le moulin (à droite) et le magasin à farine (à gauche) portent l'inscription «Grands Moulins Pantin-Paris». Photographie noir et blanc, avril 1932 Photothèque Renault, Série rouge, album n° 86, cliché n° 27715 Repro. Inv. J. B. Vialles 04930003NUCB Doc. 39 Incendie des Grands Moulins de Pantin, dans la nuit du 19 août 1944. Vue prise depuis la gare de marchandises. Le feu touche dans un premier temps le magasin à farine. Cliché anonyme, 1944. Photographie noir et blanc, 8,8 x 13,7 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4171 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930501XB Doc. 40 L'incendie des Grands Moulins de Pantin, dans la nuit du 19 août 1944. Détail du magasin à farine en flammes. Cliché anonyme, 1944. Photographie noir et blanc, 8,8 x 13,7 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4178 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930502XB Doc. 41 L'incendie des Grands Moulins de Pantin, dans la nuit du 19 août 1944. Détail du moulin en flammes. Cliché anonyme, 1944. Photographie noir et blanc, 8,8 x 13,7 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4174 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930503XB Doc. 42 Vue générale, prise de l'est, après l'incendie du 19 août 1944. De gauche à droite : la toiture du magasin à farine s'est effondrée, le silo de 1924-1926 (actuel silo «préparation mouture») n'a été que faiblement endommagé, la structure du moulin de 1923 est conservée. Chevojon (photographe) Photographie noir et blanc, 13 x 18 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4165 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930506XB Doc. 43 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Vue générale du site depuis le nord. Au premier plan à gauche, le magasin à farine incendié. Chevojon (photographe) Copie numérique, 10,9 x 15,4 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930783NUCB Doc. 44 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Vue de la passerelle reliant le moulin au magasin, prise du sommet de la tour. Chevojon (photographe) Copie numérique, 10,7 x 15,2 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930785NUCB 70 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 45 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Magasin à farine, vue de la cage d'ascenseur (2e travée). Chevojon (photographe) Copie numérique, 15,1 x 10,7 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930788NUCB Doc. 46 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Moulin et nettoyage. Chevojon (photographe) Copie numérique, 10,7 x 15,1 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930784NUCB Doc. 47 Vue de la tour abritant le château d'eau, après l'incendie du 19 août 1944. Chevojon (photographe) Photographie noir et blanc, 13 x 18 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4167 Repro. AM Pantin 03931063NUCAB Doc. 48 La charpente en béton armé du moulin, après l'incendie du 19 août 1944. Vue prise de la tour du silo à blé (actuel silo «préparation mouture»). Chevojon (photographe) Photographie noir et blanc, 13 x 18 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4164 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930504XB Doc. 49 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Moulin, sixième étage, vue de la salle des détacheurs prise de la porte sur tour. Chevojon (photographe) Copie numérique, 10,7 x 15,1 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930787NUCB Doc. 50 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Moulin, 1er étage, vue de la salle des cylindres prise du pignon côté rue. Chevojon (photographe) Copie numérique, 10,7 x 15,1 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930786NUCB 71 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 51 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Nettoyage, toiture vue de la tour du moulin (10e étage). Bluteries à poussières, tuyauteries des filtres. Chevojon (photographe) Copie numérique, 15,4 x 10,9 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930782NUCB Doc. 52 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Nettoyage, 7e étage, vue prise de la porte sur tour. Au deuxième plan, le ventilateur du sécheur et son moteur. Chevojon (photographe) Copie numérique, 15,4 x 11 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930781NUCB Doc. 53 Les Grands Moulins de Pantin après l'incendie du 19 juin 1944. Nettoyage, 6e étage, vue plongeante prise du plancher des ventilateurs du sécheur, côté tour. Chevojon (photographe) Copie numérique, 15,3 x 10,7 cm, 4e quart du 20e siècle. D'après le cliché noir et blanc (1944) conservé dans les archives de l'entreprise. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03930780NUCB Doc. 54 Vue d'une galerie couverte, sur le flanc est du magasin à farine (à droite), après l'incendie du 19 août 1944. A gauche, la blanchisserie Leducq (blanchisserie Elis à partir de 1967). Chevojon (photographe) Photographie noir et blanc, 13 x 18 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4166 Repro. AM Pantin 03931064NUCAB Doc. 55 Vue du moulin d'essai, du laboratoire et de l'ancienne école de boulangerie, après l'incendie du 19 août 1944. Chevojon (photographe) Photographie noir et blanc 13 x 18 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4168 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930505XB Doc. 56 Vue du bâtiment de l'administration après l'incendie du 19 août 1944. Chevojon (photographe) Photographie noir et blanc, 13 x 18 cm, 1944. AM, Pantin 3 Fi 4163 Repro. AM Pantin 03931065NUCB Doc. 57 Vue aérienne oblique des Grands Moulins de Pantin, prise depuis le sud-ouest. Durandeau (photographe) Photographie noir et blanc, 13 x 18 cm, 1er mai 1949 Institut géographique national, photothèque nationale DUR 112, n° 12. Repro. Inv. J. B. Vialles 04930002NUCB 72 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 58 Vue aérienne oblique des Grands Moulins de Pantin, prise depuis le sud. Durandeau (photographe) Photographie noir et blanc, 13 x 18 cm, 1er mai 1949 Institut géographique national, photothèque nationale DUR 112, n° 13. Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930001NUCB Doc. 59 Vue générale, prise du canal de l'Ourcq, vers l'ouest. A gauche, le magasin à farine reconstruit de 1945 à 1948 par Léon Bailly. La semoulerie n'est pas encore construite (1952). Au premier plan, promenade et bain de soleil le long du canal. Sans date, entre 1948 et 1952. Photographie noir et blanc, 9 x 14 cm 3e quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 720 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930507XB Doc. 60 Vue aérienne oblique des Grands Moulins de Pantin. A gauche, la semoulerie élevée en 1852. En haut à droite, à proximité de la voie ferrée, les bureaux de l'administration, dont les deux étages de logements viennent d'être achevés (1960). Carte postale, 8,7 x 13,6 cm 3e quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 721 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930508XB Doc. 61 La semoulerie, flanquée de son «extension silos» construite de 1958 à 1960 sur la commune de Paris. Sans date, années 1960. Photographie noir et blanc, 12,7 x 9 cm 3e quart 20e siècle AM, Pantin 3 Fi 4179 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930510XB Doc. 62 Au second plan, à droite, la semoulerie flanquée de ses nouveaux silos. Sans date, années 1960. Photographie noir et blanc, 11,8 x 17 cm, 3e quart 20e siècle. AM, Pantin 3 Fi 4162 (1) Repro. AM Pantin 03931066NUCAB Doc. 63 A l'inflexion du canal de l'Ourcq, les Grands Moulins de Pantin et la blanchisserie Elis flanquée de sa cheminée. A gauche du silo à blé «canal», la semoulerie, élevée en 1952. Sans date, années 19601970. Photographie noir et blanc, 9,1 x 12,2 cm, 3e quart 20e siècle. AM, Pantin 3 Fi 4169 Repro. Inv. J.-B. Vialles 04930509XB Doc. 64 A l'inflexion du canal de l'Ourcq, les Grands Moulins de Pantin et la blanchisserie Elis flanquée de sa cheminée. A gauche du silo à blé «canal», la semoulerie, élevée en 1952. A droite, se distinguant par sa façade de béton uni (rehaussé de blanc sur le document), le silo «Danton», élevé en 1961. Sans date, années 1960-1970. Carte postale colorisée, 10,5 x 15 cm, 3e quart 20e siècle. AM, Pantin 2 Fi 495 Repro. AM Pantin 03931052NUCAB 73 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Doc. 65 De gauche à droite : la semoulerie, le silo à farine «canal» construit de 1962 à 1966 sur les plans de J. Quost, le silo à blé «canal» construit par Zublin entre 1927 et 1934, et la blanchisserie Elis. Reproduction sur carte postale (1990) d'un dessin à l'encre noire de Robert Riou intitulé «Paysage urbain I», 65 x 50 cm, 1984. Carte postale, 10,3 x 14,5 cm, 1990. AM, Pantin 8 Fi 584 Repro. AM Pantin 03931068NUCAB Doc. 66 Les Grands Moulins de Pantin, par Kemal ; s.b.d. : «Kemal 02». Carte de voeux offerte par la ville de Pantin aux jeunes mariés. De gauche à droite : la Cité des Sciences et de l'Industrie, la semoulerie, le silo à farine «canal», le silo à blé «canal», et la blanchisserie Elis. Kemal (aquarelliste) Carte de voeux, 12,3 x 16 cm, 2002. AM, Pantin 16 Z Photo. AM Pantin 03931069NUCA Doc. 67 Les wagons vides sont acheminés vers le quai de chargement, le long du magasin à farine. Au fond, le bâtiment de l'administration (construit en 1956 sur les plans de Léon Bailly), surmonté de deux étages de logements (1959-1960, Léon Bailly) ; à droite, les silos à farines, ou «extension silos» (1980, François Mathieu) accolés au magasin à farine. Daniel Ruhl (photographe), ville de Pantin Diapositive 24 x 36, 2001. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03931070NUCAB Doc. 68 Chargement d'un lot de 21 ou 24 sacs de farines élingués (entourés de filins) dans un wagon. Daniel Ruhl (photographe), ville de Pantin Diapositive 24 x 36, 2001. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03931071NUCAB Doc. 69 La salle des commandes, au 1er étage du moulin. Daniel Ruhl (photographe), ville de Pantin Diapositive 24 x 36, 2001. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03931072NUCAB Doc. 70 Tableau de commande, au 1er étage du moulin. Daniel Ruhl (photographe), ville de Pantin Diapositive 24 x 36, 2001. AM, Pantin 16 Z Repro. AM Pantin 03931073NUCAB Fig. 1 Vue générale, prise de la terrasse du Centre national de la Danse, en direction du nord-ouest. Phot. Inv. J.-B. Vialles 03930064XA Fig. 2 Vue d'ensemble vers l'aval depuis la rive gauche du canal. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930279X 01930280XA 01930281XA 01930282XA 74 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Fig. 3 Vue des parties hautes du silo à blé «canal», du silo à issues et du silo «préparation mouture». Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930276X 01930277XA 01930278XA Fig. 4 Vue générale depuis la rive gauche du canal de l'Ourcq. De gauche à droite : la semoulerie, le silo à farine «canal» (accolés au dos du moulin), la chaufferie, le silo à issues et le silo à blé «canal». Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930187V 01930188VA 01930189VA Fig. 5 Vue de la passerelle pour le déchargement des péniches, prise du 8e étage du moulin. A gauche, accolé au silo à blé «canal», le silo à issues. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930207X 01930208XA 01930209XA Fig. 6 Vue intérieure de la passerelle de chargement des péniches, surplombant le quai. Les bandes transporteuses acheminaient jusqu'au canal de l'Ourcq les sacs de farines provenant du magasin. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930231X Fig. 7 Vue générale depuis l'embranchement ferroviaire longeant la rue du Débarcadère. Au premier plan, le bâtiment des garages et de la menuiserie, élevé en 1950 sur les plans de Léon Bailly. Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930153XA 04930154XA Fig. 8 Vue générale depuis l'embranchement ferroviaire longeant la rue du Débarcadère. Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930155XA 04930156XA Fig. 9 Vue de l'entrée du site depuis la rue du débarcadère. A gauche, le bâtiment de l'administration, construit entre 1958 et 1960 sur les plans de Léon et Alain Bailly. Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930151XA 04930152XA Fig. 10 Vue d'ensemble du site depuis l'entrée. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930181V 01930182VA 01930183VA Fig. 11 Vue d'ensemble depuis la menuiserie. A gauche, la façade éclairée du magasin à farine. A droite, le moulin (dont les deux premiers niveaux sont occupés par le laboratoire). La photographie prend appui, à droite, sur le bâtiment de la semoulerie. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930184V 01930185VA 01930186VA Fig. 12 Parties hautes de l'ensemble silos-moulin-magasin. De gauche à droite, le magasin à farine, le silo «préparation mouture» (tour coiffée d'un toit à croupes), le silo à blé «canal», la passerelle reliant le moulin au magasin à farine, la tour-château d'eau et le moulin. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930202X 01930203XA Fig. 13 Détail du couronnement de la cage d'escalier du moulin, abritant le château d'eau. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930204X 01930205XA 01930206XA 75 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Fig. 14 Au 6e étage du moulin, sous la charpente en béton apparent. La circulation verticale des produits est assurée, depuis la «pointe» du moulin jusqu'au premier étage, par des conduits métalliques ou de PVC, qui on remplacé les conduits en bois. L'emploi de ce dispositif façonne l'espace intérieur du moulin. La circulation verticale du bas vers le haut est assurée par un système de 22 élévateurs à godets : voir la notices «objets» dans la base Palissy (IM93000272). Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930247X 01930248XA 01930249XA Fig. 15 Prélèvement de farine en cours de chaîne, dans le moulin. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930253X Fig. 16 Le quai de déchargement et de chargement des wagons est surmonté orthogonalement d'une première passerelle, utilisée pour acheminer les sacs de farine depuis le magasin jusqu'à la passerelle conduisant vers le canal. La seconde passerelle, portant l'inscription «Grands Moulins de Pantin», permet d'acheminer les farines depuis le moulin jusqu'au magasin. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930196X 01930197XA 01930198XA Fig. 17 Quai et passerelles. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930199X 01930200XA 01930201XA Fig. 18 A droite, le quai de déchargement des wagons. On distingue les grilles sur lesquelles était déversé le blé, avant d'être acheminé jusqu'au silo «canal» par l'intermédiaire de bandes transporteuses installées sous-sol. A gauche, le quai de chargement des wagons bordant le magasin à farine. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930210X 01930211XA 01930212XA Fig. 19 A gauche, le quai de déchargement des wagons précédé de pèses wagons Philips Industrie. A droite, le quai de chargement des wagons bordant le magasin à farine. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930213X Fig. 20 Livraison de farine en 2003 : la fabrication de farine a cessé depuis juin 2001, mais le site a conservé une activité d'ensachage jusqu'en mars 2004. A gauche, le revers du bâtiment de l'administration. Repro. L. Desmoulins 04930009NUCAB Fig. 21 Au 8e étage du magasin à farine, le toboggan métallique de manutention à double hélice, destiné à la descente des sacs après ensachage. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930225X 01930226XA 01930227XA Fig. 22 Au rez-de-chaussée du magasin à farine, le quai de chargement des sacs de farine (transport par camion). Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930228X 01930229XA 01930230XA 76 93 - Pantin, 9, rue du Débarcadère Minoterie appelée Grands Moulins de Pantin ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– Fig. 23 Ensemble de bâtiments situés sur le flanc nord-est de la cour, comprenant les ateliers de mécanique et de menuiserie, les garages et la «boulangerie» (fournil et moulin d'essais) surmontée d'une tourelle. Phot. Inv. J.-B. Vialles 01930193X 01930194XA 01930195XA Fig. 24 Façade de la «boulangerie» (fournil et moulin d'essai). Construite en 1933, parallèlement aux voies de chemin de fer, et marquant ainsi l'entrée du site, ce bâtiment offre un corps central à trois étages carrés coiffé d'une corniche en béton et d'un toit-terrasse ; la façade en parement de brique, dissimulant une structure en béton armé, porte le monogramme « GMPP » (Grands Moulins de Pantin-Paris). Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930147XA 04930148XA Fig. 25 Détail de la façade de la «boulangerie» : monogramme « GMPP » (Grands Moulins de Pantin-Paris). Phot. Inv. J.-B. Vialles 04930150XA 04930149XA Fig. 26 Façade de la semoulerie, prise depuis la terrasse de la menuiserie. Le bâtiment, construit en 1952 sur les plans de Léon Bailly, présente une succession de larges baies horizontales inspirées de l'architecture industrielle américaine du début du XXe siècle. Repro. L. Desmoulins 04930015NUCAB Fig. 27 Vue du silo à blé «Danton», prise depuis le sud. Bâtiment achevé en 1961 sur les plans de Léon Bailly (1958) repris en 1959 par Alain Bailly. Repro. L. Desmoulins 04930007NUCAB 77