Classifier correctement les records climatiques
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Classifier correctement les records climatiques
Classifier corr ectement les r ecor ds climatiques Quand le climat s’emballe et nous gratifie de températures records, une question se pose immédiatement : est-ce une tendance ou simplement un extrême climatique ? De longues séries de valeurs nous aident à répondre à cette question. Températures records : les longues séries de données permettent de mieux classifier les extrêmes climatiques. «L’été 2003 a battu le record détenu jusqu’ici par celui de 1947», rapportait un journal. Et quelques pages plus loin : «La température moyenne a dépassé de quatre à cinq degrés la norme pluriannuelle de l’été !» Aucune raison d’en douter car un réseau national de mesures existe depuis 1864 en Suisse ; les faits sont vérifiables. Mais qu’en est-il de l’affirmation suivante ? «L’été 1540 est celui qui ressemble le plus à l’été 2003. Seule la sécheresse fut alors beaucoup plus marquée qu’en 2003.» L’auteur de ces lignes s’appelle Christian Pfister. Il est historien du climat à l’Université de Berne. Comment Pfister sait-il quel temps il faisait en 1540 ? Une comparaison entre des événements si lointains et le présent est-elle fiable ? Elle l’est – grâce au WSL. Mais commençons par le début : Pfister a recueilli une multitude d’observations climatiques décrites dans des documents historiques. Il a aussi analysé les données se rapportant indirectement au climat, comme la date des vendanges ou de la récolte du blé ainsi que les volumes de moût et leur teneur en sucre. Deux ouvrages en sont issus : «Klimageschichte der Schweiz, 1525 bis 1860» ainsi que «Wetternachhersage». Si importantes que soient ces deux œuvres, elles n’en ont pas moins un petit défaut : les séries climatiques de Pfister n’ont pas pu être poursuivies à notre époque car il a «calibré» ses données avec les valeurs thermiques et pluviométriques de 1901 à 1960. Les nouveaux appareils mesurent autrement Le problème : ce que l’on mesurait jadis n’est pas valable pour toujours. Si une station météorologique doit être déplacée ou qu’un appareil de mesure est remplacé, les résultats peuvent en être largement modifiés. En conséquence, les valeurs mesurées dans le passé sont vérifiées et homogénéisées, c’est-à-dire adaptées aux valeurs actuelles, tous les 30 ans. La dernière actualisation a eu lieu en 2003. Météo Suisse dispose désormais de séries climatiques homogénéisées de 1864 à 2000. Les imprécisions d’antan sont ainsi corrigées. Un scientifique du WSL a recalculé et poursuivi jusqu’en 2003 les longues séries de Pfister en s’aidant des nouvelles données. Ainsi, la Suisse dispose d’une histoire climatique allant de 1496 à nos jours. Christian Pfister pourra donc facilement comparer l’été prochain avec les anciens. Quant au WSL, il peut désormais comparer l’effet sur la forêt du dernier été caniculaire avec celui qu’ont exercé les anciennes périodes de sécheresse. Seule la vision d’un lointain passé permet de classifier correctement les occurrences d’aujourd’hui – et de percevoir celles de demain. Personne à contacter : Tilo Usbeck, Section Ecosystèmes forestiers et risques écologiques, Birmensdorf, courriel : [email protected] Rapport annuel WSL 2003 11