« Concevoir un 5.5 et proposer autre chose : voilà le vrai défi

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« Concevoir un 5.5 et proposer autre chose : voilà le vrai défi
mardi 10 janvier 2012
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Alain Marchand se lance dans l’architecture navale
« Concevoir un 5.5 et proposer
autre chose : voilà le vrai défi ! »
Propos receuillis par: Ambroise Johnson
Pourquoi ce projet et
pourquoi un 5.5 IC ?
TALENT SCOUT CAMP DE
SWISS SAILING ET SWISS
SAILING TEAM
Recherche de talents : un
franc succès
VOLVO OCEAN RACE
Charles Caudrelier, de la
Volvo Ocean Race au
Vendée Globe
Dessiner un 5.5 est un
défi intéressant, car la
jauge est assez
permissive, mais en
même temps elle fixe un
cadre et oblige à faire
des choix entre des
éléments
interdépendants. Les
combinaisons sont
infinies et je suis
persuadé que toutes les
solutions n’ont pas
encore été explorées.
C’est vrai, j’aurais pu
choisir de concevoir un
voilier libre de
contraintes, mais je
n’aurais jamais atteint ce
niveau de réflexion.
Biographie
Alain Marchand navigue dans plusieurs classes et a
accumulé de nombreuses titres en Esse 850,
Surprise ou sur d’autres monotypes. Il a remporté
deux saisons en Décision 35 aux côtés de Loïck
Peyron et Nicolas Grange en tant que navigateur et
performer de l’équipe. Il est aussi présent sur le
circuit mondial de Match Racing, participant
régulièrement à des événements aux Bermudes ou
aux Etats-Unis avec Eric Monnin. En 5.5 IC, il a
remporté le championnat du monde en 1992 aux
Bahamas sur Chlika-Chlika, ainsi que le titre de
champion de Suisse ; plus récemment, il a ravi le
titre de vice-champion Suisse à Thun sur le SUI 214
Blade runner.
Lien: www.alain-marchand.com
LA VITESSE DU BATEAU SERA OPTIMUM SI LA PUISSANCE
DÉVELOPPÉE PAR LES VOILES N’EST PAS AMORTIE PAR LA
GÎTE, PAS FREINÉE PAR LA CARÈNE NI PAR LES APPENDICES
ET SI ELLE PEUT SE TRANSMETTRE DIRECTEMENT SUR LA
LONGUEUR DE FLOTTAISON DYNAMIQUE ET CECII, À FAIBLE
VITESSE DÉJÀ.
On te connait plus en
tant que maîtrevoilier que comme
architecte, on ne
s’improvise pas
concepteur de bateau du jour au lendemain ?
A la base, je voulais être architecte naval, mais le hasard a voulu que je devienne
maître-voilier ; j’ai donc appris le métier traditionnel puis la maîtrise des logiciels de
dessin de voile. J’ai toujours gardé en tête l’envie de départ ; dès que j’en ai eu
l’occasion, j’ai étudié l’architecture navale en autodidacte et une fois les logiciels de
dessin de carène et d’hydrodynamique maîtrisés, j’ai démarré le projet, ce fut un
énorme investissement en temps.
Tu n’avais jamais dessiné de bateau auparavant ?
En fait, j’ai participé à la conception de voiliers, notamment le Luthi 870. Mon métier de
voilier et mes compétences de régatier au niveau international m’ont aussi permis de
rencontrer des gens à la pointe dans le domaine de l’architecture grâce auxquels j’ai
beaucoup appris.
Revenons sur ton projet, en quoi se distingue-t-il des 5.5 actuels ?
Je suis parti d’une idée que je voulais valider, j’ai commencé par disséquer la jauge
puis j’ai choisi et comparé un peu plus de 25 bateaux et redessiné plusieurs d’entre eux
sur CAO pour les analyser avec les outils actuels. J’ai axé mon travail sur 4 facteurs
fondamentaux en termes de performance: le plan de voilure, la résistance à
l’avancement, la longueur de flottaison en navigation, gîté et non gîté, puis le couple de
redressement. J’ai opté pour la surface de voilure maximum autorisée par la jauge, soit
29m2. Deuxièmement, j’ai recherché le meilleur compromis entre le déplacement, les
mesures de chaînes (contraintes avant et arrière), puis les élancements dans le but de
tendre les lignes de la coque à tous les angles de gîte et d’obtenir une longue flottaison
en marche même si celle-ci est courte à l’arrêt. Et dernier point, le rapport de lest sera
au maximum de la jauge, soit 70 %.
DESSIN CAO DE COMPARAISON ENTRE LE PROJET ET UN 5.5 EXISTANT : LE RATIO
D’ALLONGEMENT DU STATIQUE EN DYNAMIQUE S’EN EST RETROUVÉ AMÉLIORÉ. LE BLOCK
COEFFICIENT ET LA TRAINÉE DUE AUX VAGUES ONT DU COUP ÉTÉ RÉDUITS. LE RAPPORT
DÉPLACEMENT/SURFACE DE VOILE A LUI AUSSI SUBI UN GAIN D’ENVIRON 15 %.
Ce n’est pas déjà le cas sur les bateaux actuels ?
Non, les 5.5 Wilke/Schmidt ‘traînent’ près de 400 kilos de plomb dans le fond de la
coque (soit environ 30 % du lest total) pour un effet de couple de seulement 15 %. Moi
je pars sur un bulbe, pour augmenter le moment de redressement (puissance) par
rapport aux bateaux actuels à équipage égal. D’après moi, le gain du bulbe primera sur
la traînée et la surface mouillée.
Ça a déjà été essayé, c’est un retour en arrière, je pense en particulier au
bulbe ?
Le bulbe a été essayé notamment par Howlett et Murray et cela n’a pas donné les
résultats escomptés car ils ne sont pas allés au bout du raisonnement. A l’époque, il y a
près de 20 ans, ils n’avaient pas les outils d’analyse d’aujourd’hui et l’ensemble n’était
pas toujours cohérent pour exploiter pleinement ce choix d’où l’échec partiel.
Aujourd’hui tous les voiliers de course modernes ont un bulbe.
On voit aussi que ton bateau a plus de franc-bord, alors que la tendance
est à la limitation du fardage ?
J’ai voulu exploiter un aspect de la jauge en mettant plus de franc-bord pour avoir un
tirant d’air plus haut et utiliser le gradient d’air croissant avec l’altitude. Je pense que
l’augmentation minime du fardage sera amplement compensée par l’efficacité du
gréement. D’autre part, l’étude de la position et des centres de gravité de l’équipage au
rappel sur la coque montre que le couple de redressement sera légèrement meilleur
avec un franc-bord plus élevé.
Parlons du mât, ça sera un Wilke ? (seul fournisseur de mât carbone pour
le 5.5)
« Hésitations…, » Non pas tel qu’il est réalisé à ce jour, il sera ‘custom’. Tout ce que je
dirais, c’est qu’un soin tout particulier a été apporté sur la traînée du gréement et qu’il
possèdera des innovations pour son réglage…, il pourra bien sûr être basculé au
portant! C’est un détail que je n’aimerais pas dévoiler pour l’instant.
Où en es-tu du projet ?
Le dessin de la coque est terminé, il se peut que j’allonge un peu la voûte arrière. Les
devis de poids sont prêts, le gréement est déterminé, je dois encore finir les tests de
traînée et de portance des appendices à l’aide de mes logiciels de CFD pour choisir les
profils.
Oui, mais tu as un acheteur ?
Il est encore trop tôt pour le dire, le projet vient d’être dévoilé! J’en ai déjà parlé avec
des propriétaires dans la série et j’ai eu beaucoup d’échos positifs, l’approche est
nouvelle et a su capter leur attention, c’est encourageant! En cas de commande, je
proposerai de suivre la construction et d’aider l’équipage à le prendre en main pour
arriver rapidement au top.
Quoiqu’il advienne, mon objectif est de commencer la construction début 2012 ;
plusieurs solutions existent, l’une d’elles pourrait être un consortium de propriétaires.
Toute ressemblance avec un architecte genevois reconnu n’est pas
fortuite ?
En fait, c’est vrai, je me retrouve aujourd’hui exactement dans la même situation que
Sébastien Schmidt et Philippe Meier quand ils ont conçu «Chlika-Chlika» en 1989. Les
autres architectes de l’époque étaient conservateurs ou manquaient d’inspiration et
chaque nouveau plan n’était souvent qu’une petite évolution du précédent. Seb et
Philippe, très avant-gardistes, avaient apporté ce renouveau que j’espère aussi offrir
aujourd’hui par ce projet, étayé par mon métier de régatier et de maître voilier.
Merci Alain pour tes explications et bonne chance !
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