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Le moniteur HOSPITALIER www.moniteurhospitalier.com Hors série 2013 Médicaments et dispositifs médicaux 2013 ÉDITO C ette année signe, mais cela devient logiquement la règle, la commercialisation souvent après ATU de spécialités indiquées dans des pathologies sévères dont elles constituent généralement alors une seconde ou une troisième ligne de traitement. Concentrant les défis que lance notre société technologique au vivant, elles n’en suscitent pas moins un questionnement sur leur positionnement dans un système de soins que l’on sait en péril, au sein d’un pays qui peine à promouvoir Comme chaque année, ce panorama ou à imposer des mesures de prophylaxie a été arrêté à fin octobre. Il ne prend efficaces en matière de santé publique. pas en compte les spécialités commercialisées en novembre ou Professionnel de la santé, le pharmacien décembre. Certains laboratoires est évidemment plus qu’un simple spec- n’ayant pas donné suite à nos demandes de renseignements, ce tateur des évolutions que nous présen- panorama ne peut prétendre à tons dans ces pages. Partie prenante d’une l’exhaustivité. La consultation des Avis de Transparence a été arrêtée chaîne allant du laboratoire au patient, il au 6 novembre 2013. lui incombe de créer puis de dynamiser au sein de l’établissement hospitalier un contexte de prise en compte des risques liés à ces traitements apte à garantir la meilleure efficience de leur prescription. Denis Richard et Catherine Dejean, pharmaciens, pharmacie centrale, centre hospitalier Henri-Laborit, Poitiers. Le Moniteur Hospitalier 10-12 avenue de l’Arche Faubourg de l’Arche Case postale 802 92419 Courbevoie www.lemoniteurhospitalier.fr Le Moniteur Hospitalier est édité par Newsmed SAS au capital de 50 000 € Siège social 17, rue Tronchet 75008 Paris RCS Paris 790 007 983 Président, directeur de la publication Charles-Henri Rossignol Responsable de la rédaction Thierry Lavigne Directrice des rédactions Anne Delorme-Mariannie, pharmacienne Rédacteur en chef Bertrand Décaudin, Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 pharmacien hospitalier, PU-PH Rédactrice en chef adjointe Françoise Le Tyrant 01 76 21 91 57 Conception graphique Sylviane Lemy Couverture © dane_mark - GETTY Secrétaire de direction Martine Clerc 01 76 21 91 71 Directrice Marketing/ Diffusion/Service clients Vanessa Mire Abonnement 0 800 94 98 96 (N° Vert, appel gratuit depuis un poste fixe) [email protected] Directrice de publicité Sakina Zennache 01 76 21 91 79 Directrices de clientèle Corinne Pillien 01 76 21 91 80 Evelyn Coutand 01 76 21 91 83 Assistantes de publicité Valérie Alcieri 01 76 21 91 81 Anna Ferreira 01 76 21 91 82 Imprimeur Champagne ZI les Franchises 52200 Langres Commission paritaire n° 0317 T 81398 Dépôt légal décembre 2013 ISSN 0993-9199 3 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux D'ADCETRIS À ZINFORO Abécédaire des nouveautés L’essor continu depuis dix ans des inhibiteurs des tyrosine-kinases mérite une nouvelle fois d’être souligné dans notre millésime 2013. Le crizotinib, le dabrafénib, le ponatinib, le régorafénib et le vandétanib offrent ainsi des espérances nouvelles dans des indications où les solutions thérapeutiques restent réduites, au prix cependant d’une iatrogénie souvent préoccupante. Le vismodégib inaugure une nouvelle classe de médicaments ciblant spécifiquement la voie de signalisation Hedgehog impliquée dans le développement tumoral. Le brentuximab constitue la première avancée en plus de trente ans dans le traitement du lymphome hodgkinien CD30-positif et du lymphome anaplasique à grandes cellules systémique récidivants ou réfractaires. Avec l’ivacaftor, cette année voit aussi émerger le premier médicament de la mucoviscidose. Enfin, deux antibiotiques apparaissent dans notre panorama : le fidaxomicine et la ceftaroline. > Adcetris A (brentuzumab vedotin) Poudre pour solution à diluer pour perfusion 50 mg TAKÉDA Le brentuximab vedotin (Adcetris) est un conjugué anticorps (Ac) -médicament libérant un agent antinéoplasique actif sur les cellules tumorales exprimant l'antigène (Ag) CD30. Sa liaison à l'Ag CD30 à la surface de la cellule déclenche l'internalisation du complexe ainsi formé qui est alors transféré dans le compartiment lysosomial où le principe actif (monométhyl auristatine E = MMAE) 4 est libéré de l'Ac par clivage protéolytique. La liaison de la MMAE à la tubuline altère le réseau de microtubules, d’où l'arrêt du cycle cellulaire avec apoptose. Le brentuximab vedotin peut surmonter la chimiorésistance car l’Ag CD30 est uniformément exprimé chez le patient réfractaire à la polychimiothérapie quel que soit son statut antérieur de greffe. Adcetris est indiqué dans le traitement du lymphome hodgkinien (LH) CD30 positif récidivant ou réfractaire chez l'adulte après greffe autologue de cellules souches (ASCT) ou après au moins deux traitements antérieurs quand l'ASCT ou une polychimiothérapie n'est pas une option de traitement. Il est également indiqué dans le traite- Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 ment du lymphome anaplasique à grandes cellules systémique (LAGCs) récidivant ou réfractaire chez l'adulte. La posologie usuelle est de 1,8 mg/kg en perfusion IV de 30 minutes toutes les trois semaines. L’efficacité et la tolérance de cet anticorps monoclonal ont été évaluées dans deux études pivot, ouvertes, multicentriques, à bras unique, en monothérapie (absence de comparateur concluant) : Dans le LH, l’étude SG035-0003 a été menée chez 102 patients atteints d'une forme récidivante ou réfractaire. Le taux de réponse objective a été de 75 % et une réduction de la tumeur a été rapportée chez 94 % des patients. Le taux de rémission complète a atteint 33 %. La survie globale médiane a été de 27,0 mois. Dans le LAGCs, l’étude étude SG035-0004 a été menée chez 58 patients atteints d'une forme récidivante ou réfractaire. Le taux de réponse objective a atteint 86 %. Le taux de rémission complète a été de 59 %, et une réduction de la tumeur a été rapportée chez 97 % des patients. La survie globale à 12 mois a été estimée à 70 %. Le service médical rendu par Adcetris est important. Cette spécialité constitue une amélioration du service médical rendu modérée (AMSR III) en termes d’efficacité. > Alvesco (ciclésonide) Solution pour pulvérisation 80 µg/dose Solution pour pulvérisation 160 µg/dose NYCOMED Le ciclésonide (Alvesco) étoffe une famille nombreuse, celle des glucocorticoïdes en solution, suspension ou poudre pour inhalation destinés au traitement continu de l’asthme persistant. Les paramètres cinétiques et la galénique du médicament (particules de 1,1 à 2,1µm) favorisent une action bronchique : il est en effet activé in situ, par des estérases. Ses caractéristiques minimisent son dépôt dans l’oropharynx et son action systémique. Le dossier analysé en commission de Transparence, regroupant plus de dix études, ne fait pas ressortir de différence d’efficacité ou de tolérance entre le ciclésonide et le budésonide ou la fluticasone. Une méta-analyse (base Cochrane, 2008) portant sur plus de 7 200 patients suggère simplement que le ciclésonide entraînerait moins de candidoses buccales, à posologie similaire, que la fluticasone. Une autre analyse Cochrane (2013), portant sur l’usage du ciclésonide chez l’enfant (hors AMM en France), confirme son équivalence avec les autres corticoïdes anti-asthmatiques. Pour la HAS, cet anti-asthmatique ne constitue pas une amélioration par rapport aux autres corticoïdes inhalés (ASMR V). L’Autorité de santé demande une étude complémentaire évaluant Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 l’efficacité de trois doses (160, 320, 640 µg/j) chez des patients présentant un asthme modéré à sévère, traités pendant un an. Résultats attendus fin 2014. > Asmanex (mométasone) Poudre pour inhalation 200µg/dose (dispositif Twisthaler) Poudre pour inhalation 400µg/dose (dispositif Twisthaler) MSD La mométasone est un autre glucocorticoïde destiné au traitement continu de l’asthme persistant. Son affinité de liaison au récepteur humain des glucocorticoïdes est, in vitro, environ 12 fois supérieure à celle observée avec la dexaméthasone, 7 fois supérieure à celle de l'acétonide de triamcinolone, 5 fois supérieure à celle du budésonide et 1,5 fois à celle de la fluticasone. L’efficacité et la tolérance de la mométasone ont été évaluées versus budésonide et fluticasone. Son efficacité, aux posologies 400 et 800 µg/j en deux prises, a été significativement supérieure à celle du budésonide 400 µg 2 x /j sur la variation du VEMS entre la visite initiale et la visite finale : toutefois, la différence observée (100 ml) reste peu pertinente cliniquement parlant. Ce corticoïde s’est montré non-inférieur à la fluticasone en termes de variation du DEM du matin après douze semaines de traitement en ouvert. Son profil de tolérance est similaire à celui des autres glucocorticoïdes inhalés. Asmanex n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport aux autres corticoïdes inhalés ayant la même indication. B > Benlysta (bélimumab) Poudre pour solution à diluer pour perfusion 120 mg Poudre pour solution à diluer pour perfusion 400 mg GSK Le bélimumab (Benlystat) est un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre la protéine BLyS (B Lymphocyte Stimulator) qui contribue à la survie des lymphocytes B et qui semble surexprimée chez les patients atteints de lupus et de polyarthrite rhumatoïde. Il est indiqué, en association au traitement habituel, dans le traitement du lupus érythémateux systémique actif, en présence d'autoanticorps et d’activité de la maladie élevée (définie par exemple par la présence d’anticorps anti-ADN natif et un complément bas) malgré un traitement standard. Ce médicament est administré en perfusion intraveineuse d’une heure : sa posologie est de 10 mg/kg aux jours 0, 14 et 28 du traitement, puis toutes les quatre semaines. 5 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux L’efficacité et la tolérance du bélimumab ont été évaluées dans deux études comparatives de phase III (BLISS 52 et BLISS 76), randomisées vs placebo ayant inclus 1 864 patients atteints de lupus systémique actif selon les critères diagnostiques de l’American College of Rheumatology. Les différences ont été en faveur du comparateur actif dans tous les sous-groupes, et sont plus importantes dans les sous-groupes de patients atteints d’une forme sévère de la maladie. Les événements iatrogènes sont dominés par la diarrhée, des nausées, des infections, une fièvre, une insomnie, des réactions liées à la perfusion et des troubles psychiatriques (anxiété, dépression). Une efficacité modeste et l’absence de données dans les formes sévères d’atteinte rénale et neurologique ainsi que des incertitudes sur la tolérance du traitement à long terme expliquent que Benlysta constitue, en association au traitement habituel, une amélioration mineure du service médical rendu (ASMR IV). Le plan de gestion des risques prévoit la réalisation d’une étude comparative vs placebo à long terme (cinq ans) qui devrait inclure 5 000 patients de façon à évaluer le risque infectieux et carcinogène. C vandétanib que dans le groupe placebo, aucune réponse complète n’a été observée. Ni la qualité de vie, ni la survie globale ne diffèrent entre les deux bras de l’étude. La dose susceptible de limiter l’incidence des événements indésirables cardiaques, d’une sévérité préoccupante (allongement de l’intervalle QTc audelà de 500 msec, avec risque de torsade de pointe observé chez 11 % des patients), reste à déterminer (150 ou 300 mg/j). Comme les médicaments comparables, le vandétanib peut induire une iatrogénie sévère dont notamment : des nausées, une hypertension pouvant aller jusqu’à la crise hypertensive, une asthénie et des céphalées, une anorexie, des douleurs abdominales, des vomissements, un allongement de l’intervalle QT avec torsades de pointes. Compte tenu d’un allongement de la survie sans progression par rapport au placebo sans impact démontré sur la survie globale et d’une fréquence significative des événements indésirables, Caprelsa constitue une amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV). La commission de la Transparence souhaite que son efficacité soit évaluée selon le statut de la mutation RET. Soumis à prescription hospitalière d’un spécialiste en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie, Caprelsa nécessite une surveillance pendant le traitement. > Caprelsa (vandétanib) Comprimé 100 mg, comprimé 300 mg ASTRA ZÉNÉCA Le vandétanib (Caprelsa), un inhibiteur de la tyrosine kinase, inactive le récepteur 2 du facteur de croissance de l’endothélium vasculaire (VEGFR-2), le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR), et les récepteurs membranaires RET (Rearranged During Transfection) à activité tyrosine kinase, impliqués dans les cascades de signalisation cellulaires qui participent au développement des tumeurs médullaires thyroïdiennes. Le vandétanib a été évalué sur deux études de phase II non comparatives réalisées à des posologies différentes et ne pouvant être analysées. Seule une étude de phase III en double-aveugle vs placebo est retenue par la commission de la Transparence (étude 58/ZETA). Ayant inclus 331 patients, elle a permis d’évaluer l’efficacité et la tolérance de ce médicament à la dose de 300 mg/j chez des patients ayant un cancer médullaire thyroïdien, localement avancé non opérable ou métastatique. La médiane de survie sans progression n’a pas été atteinte chez les patients du groupe vandétanib : elle est estimée (modèle statistique) à 30,5 mois dans ce groupe vs 19,3 mois dans le bras placebo (en raison de l’inclusion de patients présentant une maladie d’évolution lente), soit un gain absolu d’environ onze mois. Si le pourcentage de réponse objective est plus élevé dans le groupe 6 D > Dificlir (fidaxomicine) Comprimé 200 mg ASTELLAS PHARMA La fidaxomicine est un antibiotique de type lactone macrocyclique, à spectre étroit, indiqué à raison de 200 mg x 2/j pendant 10 jours, dans le traitement des infections à Clostridium difficile (ICD) ou diarrhée associée à C. difficile (DACD), germe sur lequel elle s’avère bactéricide. Elle n’a aucune action sur les germes Gram négatif. Comme les rifamycines, elle inhibe la transcription – mais à un stade plus précoce. L’absorption digestive de la fidaxomicine est quasiment nulle, avec de fortes concentrations au site de l’infection et un faible risque de toxicité extradigestive. Les études prouvent un faible impact sur la flore intestinale et un profil de tolérance excellent. Deux études randomisées de phase III en double aveugle démontrent la non-infériorité de la fidaxomicine en comparaison à la vancomycine orale (125 mg x 4/j sur dix jours) en termes de guérison en fin de traitement. La fidaxomicine est associée à un moindre risque de récurrence dans les quatre semaines suivant la fin du traitement (25,4 % et 26,9 % après vancomycine vs 15,3 % et 12,7 % après fidaxomicine). Chez les patients pour lesquels une Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux autre antibiothérapie était poursuivie, la fidaxomicine s’est révélée plus efficace sur le critère principal (90 % de guérison vs 79,4 % pour la vancomycine). La fidaxomicine est donc comparable à la vancomycine per os dans le traitement des ICD, en termes de guérison en fin de traitement et de tolérance, mais plus efficace sur la prévention des récurrences et lorsque l’antibiothérapie à l’origine de l’infection est poursuivie. Compte tenu de ces données associées à une meilleure commodité d’emploi, la fidaxomicine constitue pour la HAS, un traitement de première intention des infections à C. difficile, sauf dans les formes les plus sévères où l’absence de données d’efficacité et de tolérance limite son utilisation. La Haute Autorité de Santé souligne l’absence de données sur l’utilisation répétée de la fidaxomicine en cas de récidive. Dificlir constitue une amélioration du service médical rendu modérée (ASMR III) dans la prise en charge des infections documentées à C. difficile. E > Erivedge (vismodégib) Capsule 150 mg ROCHE Le vismodégib (Erivedge) inaugure une nouvelle classe ciblant la voie de signalisation Hedgehog (anglais « hérisson ») impliquée dans le développement embryonnaire, mais aussi dans celui de divers cancers. La signalisation Hedgehog, à travers la protéine transmembranaire Smoothened homolog (SMO), induit l’activation des facteurs de transcription GLI (Glioma Associated Oncogene) qui migrent dans le noyau et y suscitent la transcription des gènes cibles de cette voie : la plupart d’entre eux sont impliqués dans la prolifération, la survie et la différenciation cellulaire. Le vismodégib inhibe la protéine SMO et bloque ainsi la transduction du signal. Il est indiqué à la posologie de 150 mg/j dans le traitement du carcinome basocellulaire (CBC) métastatique symptomatique ou du CBC localement avancé pour lequel la chirurgie ou la radiothérapie ne sont pas appropriées. L’étude pivotale de phase II ERIVANCE à un bras a inclus 104 patients (71 souffrant d’un CBC localement avancé et 33 d’un CBC métastatique). Le vismodégib a réduit la taille des tumeurs chez 43% des patients avec CBC localement avancé et 30% des patients avec CBC métastatique. La durée médiane de réponse est de 7,6 mois pour un CBC métastatique et 9,5 mois pour un cancer localement avancé. Une autre étude (STEVIE), destinée à évaluer la sécurité du traitement doit recruter 1200 patients dans différents centre. L’analyse intermédiaire présentée au congrès ASCO 2013 a confirmé le profil de sécurité illustré par l’étude ERIVANCE. 8 Le traitement expose à une toxicité parfois sévère : spasmes musculaires, alopécie, dysgueusie, perte de poids, fatigue, nausées et troubles digestifs. La voie Hedgehog est capitale dans l’embryogenèse car elle conditionne l’apport d’informations aux cellules souches embryonnaires. Ceci explique que ce traitement soit formellement contre-indiqué au cours de la grossesse (le vismodégib peut entraîner une mort fœtale ou des anomalies congénitales sévères) et impose des précautions de contraception similaires à celles mises en œuvre lors de la prescription d’isotrétinoïne. Des mesures de prévention sont également nécessaires chez l’homme car le vismodégib est présent dans le sperme. > Eylea (aflibercept) Solution injectable 40 mg/mL seringue préremplie Solution injectable 40 mg/mL flacon 100 µL BAYER SANTÉ L'aflibercept (Eylea) est une protéine de fusion recombinante composée des fragments des domaines extracellulaires des récepteurs de type 1 et 2 du VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor) humain fusionnés au fragment Fc de l'IgG1 humaine. Constituant ainsi un leurre soluble du récepteur du VEGF-A et le PlGF (Placental Growth Factor-1), il lie ces deux facteurs angiogéniques avec une affinité supérieure à celle de leurs récepteurs naturels et inhibe ainsi l'activation des récepteurs spécifiques physiologiques de ces facteurs de croissance vasculaire. Il bénéficie de plus d’une durée d’action supérieure à celle des anti-VEGF commercialisés dans l’indication de DMLA (pégaptanib = Macugen ; ranibizumab = Lucentis ; bévacizumab = Avastin est utilisé hors AMM). L’évaluation de l’efficacité de l’aflibercept dans le traitement de la DMLA exsudative repose sur deux études pivots de non-infériorité randomisées, en double-aveugle vs ranibizumab ayant inclus plus de 2 100 patients (plus de 300 dans chaque bras) d’âge moyen de 76 ans. Dans chacune d’elles, les patients ont été randomisés en quatre groupes : – aflibercept 2 mg/8 semaines après trois doses mensuelles consécutives (schéma de l’AMM et seuls résultats pris en compte par la HAS), – aflibercept 2 mg/4 semaines, – aflibercept 0,5 mg/4 semaines, – ranibizumab 0,5 mg/4 semaines. L’étude VIEW-1 a prouvé à 52 semaines la non-infériorité de l’aflibercept vs ranibizumab sur le critère de jugement principal ( % de sujets ayant maintenu leur vision à 52 semaines, soit une perte de la vision < 15 lettres à la mesure de la meilleure acuité visuelle corrigée par rapport à la valeur initiale): 95,1 % pour le ranibizumab vs 94,4 % pour l’aflibercept. Elle n’a pas montré de différence significative sur les critères de jugement secondaire. L’étude VIEW2 a livré des résultats similaires : 94,4 % pour le ra- Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 nibizumab vs 95,6 % pour l’aflibercept. L’efficacité des deux médicaments s’est maintenue à 96 semaines sur l’ensemble des critères de jugement dans chaque étude. Leur profil de tolérance est comparable. L’aflibercept ne constitue pas une amélioration du service médical rendu (ASMR V) par rapport au ranibizumab (Lucentis). Le laboratoire réalisera une étude d’efficacité post-AMM comparant, passée la première année de traitement, le schéma posologique en injection systématique tous les deux mois à un schéma de retraitement en fonction de l’acuité visuelle et de critères anatomiques. F > Fampyra (fampridine) Comprimé LP 10 mg BIOGEN IDEC La fampridine (Fampyra) ou 4-aminopyridine n’est autre que l'isomère para de l'aminopyridine. En inhibant les canaux potassiques, elle réduit le flux ionique transmembranaire, ce qui prolonge la repolarisation et améliore la formation du potentiel d'action dans les axones démyélinisés ainsi que la fonction neurologique. La fampridine constitue un traitement symptomatique des troubles de la marche chez le patient présentant une sclérose en plaques (SEP). L’avis de l’ANSM repose sur deux études de phase III randomisées, en doubleaveugle vs placebo. Le critère d’efficacité retenu est problématique en ce qu’il repose sur le temps chronométré de parcours d’une distance limitée. Ces essais montrent que l’efficacité de la fampridine reste ténue et ne suffit pas à attester d’une amélioration de la marche : le gain, d’une seconde pour réaliser 7,6 m de déambulation, ne concerne de plus que certains des patients. L’impact du traitement sur la qualité de vie ou sur la réduction du handicap n’est pas montré et la capacité de marche n’est pas améliorée. La fampridine n’est pas dénuée d’effets indésirables parfois sévères, notamment neurologiques et psychiatriques. Les essais n’excluent pas l’augmentation d’un risque d’infection urinaire. L’ANSM résume : « Fampyra ne répond pas au besoin de santé publique identifié ». et demande une étude permettant d’identifier les sujets répondeurs (résultats en juin 2016). L’ANSM souligne la faiblesse des données d’efficacité et l’index thérapeutique étroit de la fampridine (d’autant qu’elle ne juge pas favorable le rapport bénéfice/risque d’un principe actif proche, la 3,4-diaminopyridine, formulé en préparation magistrale hospitalière). Cette spécialité, dont la prescription est réservée aux neurologues, ne constitue pas une amélioration du service médical rendu (ASMR V). Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 I > Iclusig (ponatinib) Comprimé 15 mg ARIAL PHARMACEUTICALS FRANCE Le ponatinib (Iclusig) est un pan-inhibiteur puissant de la tyrosine-kinase BCR-ABL. Sa structure a été conçue pour assurer une affinité de liaison forte aussi bien à la protéine BCR-ABL native qu’aux formes mutantes de l’ABL-kinase. Il inhibe ainsi l’activité de la tyrosine-kinase du gène ABL et du mutant ABL T315I et sur modèle cellulaire, surmonte la résistance à l’imatinib, au dasatinib et au nilotinib médiée par les mutations du domaine kinase de BCR-ABL. Il est indiqué chez le patient adulte atteint de : – leucémie myéloïde chronique (LMC) en phase chronique, en phase accélérée ou en phase blastique, présentant une résistance au dasatinib ou au nilotinib, une intolérance à ces mêmes molécules et pour qui un traitement ultérieur par imatinib n'est pas cliniquement approprié ou encore chez le patient exprimant la mutation T315I. – leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) à chromosome Philadelphie (LAL Ph+) résistante au dasatinib, intolérant au dasatinib et pour qui un traitement ultérieur par imatinib n'est pas cliniquement approprié, ou qui exprime la mutation T315I. Le ponatinib s’administre à la dose de 45 mg/j. Celle-ci est ramenée à 15 mg ou 30 mg/j si le traitement s’avère trop toxique et notamment en cas de survenue d’une pancréatite ou d’une myélosuppression. Le traitement expose à une iatrogénie importante, avec notamment survenue d’infections récurrentes, de troubles hématologiques, de troubles métaboliques, d’insomnie et de céphalées, de sécheresse oculaire, de troubles cardiaques et notamment d’hypertension, de dyspnée, de troubles digestifs, dermatologiques, musculo-squelettiques. La prescription initiale et le renouvellement de ce médicament soumis à prescription initiale hospitalière semestrielle sont réservés aux spécialistes en oncologie ou en hématologie ou aux médecins compétents en cancérologie. Le traitement par ponatinib impose une surveillance particulière. K > Kalydeco (ivacaftor) Comprimé 150 mg VERTEX L'ivacaftor (Kalydéco ex VX-770) est un traitement original prolongeant l’ouverture de certaines formes mutées de la protéine CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane Conductance Regulator), une protéinecanal qui assure les échanges de chlore, de sodium 9 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux et d'eau entre les cellules et le milieu extérieur. Ce médicament n'est actif que si le patient a bénéficié d’un génotypage et se révèle porteur d'au moins une mutation de type G5551D-CFTR qui concerne 4 à 5 % des sujets mucoviscidosiques. Plusieurs études cliniques ont été déposées pour l’agrément de Kalydéco dont deux études pivots de phase III comparatives ivacaftor (150 mg x 2/j) vs placebo en association aux thérapies standard (incluant donc ibuprofène à haute dose, dornase alfa, tobramycine ou autres antibiotiques inhalés) : STRIVE (161 patients âgés de 12 ans et plus) et ENVISION (52 patients âgés de 6 à 11 ans). Pour s’en tenir à ces études, l'ivacaftor a amélioré le VEMS (volume expiratoire maximal par seconde) de plus de 10% dès la deuxième semaine de traitement. Cette valeur a atteint 10,4% (étude STRIVE) et 12,58% (étude ENVISION) à 24 semaines. Des études complémentaires montrent des résultats favorables à 48 semaines. Le score subjectif de ressenti de la maladie est amélioré. Le risque d'exacerbations est réduit de 55% en cas de traitement actif à 48 semaines. L'administration d’ivacaftor se traduit par une prise de poids significative (en moyenne de 2,7 kg de plus que le placebo à 48 semaines) ce qui suggère qu’il agit sur les troubles gastro-intestinaux liés à la mucoviscidose. La mesure de la concentration en chlore (test à la sueur) confirme son action dès la deuxième semaine : cette valeur est abaissée d’environ 48 mmol/L pour une valeur initiale d’environ 100 mmol/L. Bénéficiant d’une bonne tolérance, ce traitement expose essentiellement à des signes respiratoires (toux, infection des voies aériennes supérieures, etc.). Une élévation notable des enzymes hépatiques, résolutive à l’arrêt du traitement, justifie les mises en garde et précautions d’emploi du médicament. Ce traitement de fond, qui doit être prescrit d’emblée aux patients âgés d’au moins six ans porteurs de la mutation G551D-CFTR, constitue une amélioration du service médical rendu importante (ASMR II) dans son périmètre d’indication. Kalydéco est un médicament orphelin soumis à prescription initiale hospitalière semestrielle. Son renouvellement n’est pas restreint. Il faut noter que cette approche innovante du traitement de la mucoviscidose est exploitée pour d'autres anomalies de la protéine CFTR (en particulier pour la mutation F508del qu’exprime 70 % des patients). P > Priligy (dapoxétine) Comprimé 30 mg Comprimé 60 mg MÉNARINI Inhibiteur de la recapture de la sérotonine (IRS) d’action rapide mais transitoire, la dapoxétine 10 (Priligy) retarde le délai avant éjaculation. Cette action pharmacologique est exploitée de longue date en psychiatrie : elle constitue le rationnel du traitement antidépresseur et anxiolytique par la fluoxétine et les autres médicaments apparentés (citalopram, escitalopram, fluvoxamine, paroxétine, sertraline). C’est l’observation de l’action de ces médicaments sur l’éjaculation qui a inspiré le développement de la dapoxétine dans le champ de la sexologie : il est désormais possible de s’affranchir de l’administration hors AMM d’IRS psychoactifs. Citalopram, fluoxétine, paroxétine ou sertraline ont une demi-vie bien plus prolongée, s’accumulent dans l’organisme et s’administrent 4 à 6 heures avant le rapport sexuel (vs 1 à 2 heures pour la dapoxétine). Inversement, la dapoxétine ne peut être utilisée comme antidépresseur, n’a pas d’action psychoactive et minimise le risque de dépendance. Le développement de la dapoxétine a inclus plus de 6 000 patients dans cinq essais en doubleaveugle vs placebo. Si le critère de jugement principal était le temps de latence éjaculatoire intravaginal (IELT), les essais ont également pris en compte la tolérance du traitement, la satisfaction du patient et l’amélioration des relations sexuelles conjugales. La dapoxétine multiplie par trois ou quatre le délai avant éjaculation. S’il est permis de regretter l’absence d’études vs comparateur actif, il faut noter que l’usage de dapoxétine en sexologie est validé par une AMM – contrairement à celui des antidépresseurs IRS. La dapoxétine constitue une alternative à l’application sur le gland d’anesthésiques locaux (lidocaïne, prilocaïne) préconisée hors AMM depuis plus de 60 ans. Ceux-ci, n’exposant guère qu’à des dysérections ou à une intolérance vaginale de la partenaire, doivent rester privilégiés en première ligne de traitement de l’éjaculation précoce. Ce traitement n’est pas remboursé par la sécurité sociale. R > Rapiscan (régadénoson) Solution injectable en flacon de 400 µg (80 µg/mL) GILEAD Destiné au seul usage diagnostic, le régadénoson (Rapiscan) est un vasodilatateur coronarien sélectif utilisé comme agent de stress pharmacologique lors de la scintigraphie de perfusion myocardique chez le patient adulte ne pouvant réaliser une épreuve d'effort adéquate. Cet agoniste du récepteur A2A de l’adénosine provoque une vasodilatation coronarienne et accroît le débit sanguin coronarien, d’où une augmentation rapide de la fréquence cardiaque. Le traitement est exclusivement administré dans Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux un établissement médical disposant d’un matériel de surveillance et de réanimation cardiaque, à raison de 400 µg en une injection unique administrée dans une veine périphérique, sans ajustement posologique en fonction du poids corporel. S > Signifor (pasiréotide) Solution injectable 0,3 mg Solution injectable 0,6 mg Solution injectable 0,9 mg NOVARTIS Le pasiréotide (Signifor), un analogue de synthèse de la somatostatine, se lie aux récepteurs de cette hormone hypophysaire et bloque ainsi la libération de l'ACTH (hormone corticotrope) en excès : la réduction des taux d’ACTH entraîne une diminution de la concentration de cortisol. C’est le premier médicament bénéficiant en France d’une AMM dans le traitement de la maladie de Cushing, lorsque la chirurgie a échoué ou ne peut être envisagée (le kétoconazole reste prescrit en ATU nominative). Il s’agit d’un médicament orphelin. L’étude pivot de phase III B2305, randomisée, en double-aveugle, a évalué sur douze mois l’efficacité de deux doses du médicament (600 µg et 900 µgx2/j, voie SC) sur 162 patients. Il était impossible de recourir à un comparateur actif, ou, pour raison éthique, à un bras placebo : l’étude a comparé deux schémas posologiques avec ce même médicament. 48 % des patients ont mené l’étude à son terme : les arrêts de traitement ont été principalement liés à la survenue d’événements indésirables (troubles du métabolisme glucidique, anomalies hépatiques). A six mois, 14,6 % d’entre eux ont été répondeurs dans le bras 600 µgx2/j et 26,3 % dans le bras 900 µgx2/j : seul ce bras a satisfait au critère d’efficacité principal (normalisation du taux moyen de cortisol libre urinaire, sans augmentation de dose avant six mois). A six mois, la proportion de patients contrôlés était de 15,9 % dans le bras 600 µgx2/j et de 28,8 % dans l’autre bras. 90 % des patients non contrôlés dès les deux premiers mois de traitement le sont restés à 6 et 12 mois. Une étude observationnelle sera initiée en 2014 pour préciser l’efficacité et la tolérance à long terme du traitement. Le plan de gestion des risques (PGR) prévoit d’ores et déjà de suivre des risques importants identifiés (ex. : hypocortisolisme, hyperglycémie, bradycardie, allongement du QTc, lithiase biliaire,etc.) ou potentiels (ex. : troubles thyroïdiens, pancréatite, diminution des hormones GH/IGF-1, etc.). En l’état actuel, on ignore l’impact du pasiréotide sur la morbi-mortalité des patients traités et sur leur qualité de vie. Le pasiréotide s’administre par voie sous-cutanée, 12 en auto-injection par le patient. La dose initiale est de 0,6 mg x 2/j. Le bénéfice est évalué après deux mois de traitement. Une augmentation de la dose à 0,9 mg peut s’envisager si besoin, à condition que la dose de 0,6 mg soit bien tolérée. En l'absence de réponse au bout de deux mois, l'arrêt du traitement est envisagé. Chez le patient présentant une diminution significative du taux de cortisol libre urinaire (CLU), le traitement est poursuivi tant qu'il apporte un bénéfice. La survenue d'effets indésirables peut nécessiter une réduction temporaire de la dose, qu’il est recommandé de diminuer par paliers de 0,3 mg deux fois par jour. Compte tenu de son efficacité modeste et de la fréquence des événements indésirables métaboliques induits par le traitement, Signifor constitue une amélioration mineure du service médical rendu (ASMR IV). Sa prescription est réservée aux spécialistes en endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ou en médecine interne. Ce traitement requiert une surveillance particulière. > Stivarga (régorafénib) Comprimé 40 mg BAYER PHARMA Le régorafénib (Stivarga) est un inhibiteur des tyrosine-kinases combinant une action antiangiogénique et antioncogénique. Il est indiqué, à la posologie de 160 mg/j pendant 3 semaines, période suivie d’une semaine de pause, dans le traitement du patient atteint d’un cancer colorectal (CCR) métastatique traité antérieurement ou non éligible aux traitements disponibles, notamment une chimiothérapie à base de fluoropyrimidine, un traitement par anti-VEGF et un traitement par un anti-EGRF. L’efficacité du régorafénib a été évaluée dans une étude de phase III multicentrique, randomisée, en double-aveugle, contrôlée vs placebo (étude CORRECT). 760 sujets ont été inclus et le traitement a été poursuivi jusqu’à progression de la maladie ou apparition d’une toxicité inacceptable. La survie globale médiane a été de 6,4 mois dans le bras régorafénib vs cinq mois dans le bras placebo, avec un taux de réponse complète de 1 % et 0,4 % respectivement. T > Tafinlar (dabrafénib) Gélule 75 mg GSK Le dabrafénib (Tafinlar) est un inhibiteur des protéines kinases RAF. Les mutations oncogéniques du gène de la protéine B-RAF 1 entraînent l'acti- Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 vation constitutive de la voie des protéines kinases activées par des agents mitogènes (MAPK) et favorisent la croissance des cellules tumorales. Des mutations B-RAF sont décrites dans environ 50 % des mélanomes (les deux mutations les plus courantes, V600E et V600K, représentent à elles seules environ 95 % des mutations de B-RAF chez le patient atteint d'un mélanome). Le dabrafénib est indiqué en monothérapie (300 mg/j en deux prises) dans le traitement du mélanome non résécable ou métastatique porteur d’une mutation BRAF V600. Sa prescription, hospitalière, est réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie. Le traitement nécessite une surveillance particulière. Il faut noter que le traitement du mélanome a progressé de façon significative ces dernières années avec la commercialisation d’un anticorps monoclonal, l’ipilimumab (Yervoy, un inhibiteur de la réponse immunitaire ciblant une protéine membranaire) et avec celle du vémurafénib (Zelboraf), un autre inhibiteur de la B-RAF mutée dont se rapproche bien sûr le dabrafénib (Tafinlar). X > Xalkori (crizotinib) Gélule 200 mg Gélule 250 mg PFIZER Le crizotinib (Xalkori) est un inhibiteur sélectif du récepteur à activité tyrosine kinase (RTK) ALK (Anaplastic Lymphoma Kinase) et de ses variants oncogéniques ainsi que du RTK du facteur de croissance des hépatocytes (HGFR, c-Met). Il inhibe de façon concentration-dépendante l'activité kinase de l'ALK et du c-Met. Le crizotinib montre une inhibition puissante et sélective de la croissance et induit l'apoptose de lignées de cellules tumorales présentant des variants de fusion ALK ou présentant une amplification des locus géniques ALK ou Met. Son efficacité antitumorale dépend donc de la dose et est corrélée à l'inhibition de la phosphorylation des protéines de fusion ALK [EML4-ALK (Echinoderm Microtubuleassociated protein-like 4) et NPM-ALK] dans des tumeurs in vivo. Il est indiqué par voie orale chez le patient ayant reçu au moins un traitement antérieur pour un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) ALK+ et avancé (après bien sûr recherche de la translocation ALK dans le tissu néoplasique du patient). 1- Une protéine kinase de la famille Raf qui régule les protéines MAPK et ERK et joue un rôle dans les processus de division et de différenciation cellulaire : elle est située en aval des voies de signalisation du récepteur à l'EGF et des protéines Ras. Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 L’AMM conditionnelle du crizotinib a été obtenue au vu de deux études non comparatives : L’étude 1001, de phase I/II, ayant inclus 121 sujets, était conçue comme une étude d’escalade de dose chez des patients présentant une tumeur ALK+ quel qu’en soit le type. Des résultats favorables ayant été observés sur le CPNPC, il a été recruté plus de patients souffrant de ce type de tumeur. S’agissant de ces 121 patients, l’étude a livré un pourcentage de réponse objective de 60,3 % et une médiane de survie sans progression de 9,2 mois. Le pourcentage de réponse objective de l’étude 1005, de phase II, ayant inclus 255 patients, a été de 53,3 %, avec une médiane de survie sans progression de 8,5 mois, et une durée médiane de traitement de 42,9 semaines. L’AMM du médicament a été octroyée au vu d’une étude comparative crizotinib vs chimiothérapie par docétaxel (Taxotère et génériques) ou pémétrexed (Alimta), randomisée et ouverte, ayant inclus 347 patients à un stade avancé de CPNPC ALK+ et en échec à une ligne de traitement par chimiothérapie. Le crizotinib s’est révélé supérieur au comparateur avec une médiane de survie sans progression de 7,7 mois vs 3,0 mois, un pourcentage de réponse objective de 65,3 % vs 19,5 % et une amélioration de la qualité de vie, du moins pour certains aspects (fatigue, dyspnée, insomnie, etc.). La survie globale n’a pas différé entre les deux bras : 28 % vs 27 %. L’iatrogénie observée dans le bras crizotinib se traduit essentiellement par une élévation des transaminases, des embolies pulmonaires et une neutropénie, justifiant la surveillance imposée pendant le traitement. Xalkori constitue une amélioration du service médical rendu modérée (niveau III) dans la stratégie de prise en charge du CPNPC ALK+ avancé, en deuxième ligne par rapport au docétaxel ou au pémétrexed. Administrée par voie orale, cette chimiothérapie a un impact positif sur l’organisation du système de soins (hospitalisations évitées, prise en charge en consultation et non en hôpital de jour, etc.). > Xéplion (palipéridone) Seringue préremplie 25 mg Seringue préremplie 50 mg Seringue préremplie 75 mg Seringue préremplie 100 mg Seringue préremplie 150 mg JANSSEN-CILAG La palipéridone ou 9-hydroxyrispéridone n’est autre que le principal métabolite actif de la rispéridone (Risperdal, RisperdalOro, RisperdalConsta), un antagoniste des récepteurs sérotoninergiques 5HT2 et dopaminergiques D2 largement prescrit en psychiatrie dans plusieurs types d’indications (schizophrénie, épisode maniaque, 13 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux agressivité persistante). La palipéridone est indiquée quant à elle seulement dans le traitement d’entretien de la schizophrénie chez le patient adulte stabilisé par la rispéridone – tout comme l’est la forme injectable LP de rispéridone). Quatre études de phase III à court terme et deux à long terme sont versées au dossier de Transparence de la palipéridone : Etudes à court terme. Trois études comparent sur treize semaines l’efficacité et la tolérance de Xéplion vs placebo, en phase aiguë de schizophrénie (388, 518 et 652 patients) : dans une étude, seul le bras Xéplion 100 mg montre une efficacité supérieure à celle du placebo. Dans les autres études, Xéplion est constamment supérieur au placebo. Une étude vs comparateur actif a inclus 1 220 patients : elle montre que Xéplion n’est pas inférieur à RisperdalConsta sur l’amélioration symptomatique de la schizophrénie. Etudes à long terme. L’étude PSY-3001 randomisée, en double-insu, vs placebo a duré 52 semaines. Le traitement a été instauré par Xéplion chez 849 patients. 681 ont été inclus dans la phase de maintenance, puis 410 dans celle d’évaluation de la prévention des rechutes, objectif de l’étude. Le délai jusqu’à la première rechute a été plus long dans le bras Xéplion que dans le bras placebo. 53 patients sous placebo ont rechuté vs 15 sous Xéplion. L’étude PSY-3002, randomisée, en double-insu (53 semaines, 749 patients) ne montre pas la non-infériorité de Xéplion vs RisperdalConsta sur l’amélioration clinique (la dose de Xéplion administrée à J1 et J8 était de 50 mg, inférieure à celle recommandée par l’AMM : respectivement 150 mg et 100 mg). Elle ne permet pas de comparer Xéplion vs médicament actif dans la prévention des rechutes de schizophrénie. Le profil de tolérance des traitements par Xéplion et RisperdalConsta est comparable, qu’il s’agisse des réactions au site d’injection, de la prise de poids ou de la survenue de signes extrapyramidaux. Si Xéplion apporte rien de neuf au plan pharmacologique et clinique (ASMR V), il a un triple intérêt pratique dans le circuit du médicament hospitalier : absence de chaîne du froid, facilité d’instauration du traitement (pas de supplémentation orale), administration mensuelle (bimensuelle pour RisperdalConsta). 14 Z > Zinforo (ceftaroline) poudre pour solution à diluer pour perfusion 600 mg ASTRAZÉNÉCA La ceftaroline (Zinforo), une céphalosporine de cinquième génération, bénéficie d’une activité remarquable contre le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM : c’est même la seule bêta-lactamine active sur ce type de germe) et les autres cocci Gram positif (Streptococcus ssp., S. pneumoniae). Elle n’en conserve pas moins l'activité des céphalosporines des générations précédentes avec un large spectre dirigé contre les bactéries Gram négatif (Escherichia coli, Klebsiella pneumoniæ, Haemophilus influenzæ et parainfluenzæ). Elle est indiquée à la posologie de 600 mg/12 heure en perfusion intraveineuse d’une heure, dans le traitement des infections compliquées de la peau et des tissus mous (ICPTM), où elle rend un service médical important (c’est l’unique céphalosporine injectable bénéficiaire d’une AMM dans ce champ d’indications), ainsi que dans le traitement des pneumonies aiguës communautaires, où, par contre, le service médical rendu est insuffisant. La durée du traitement est respectivement de 5 à 14 jours et de 5 à 7 jours dans ces deux types d’indications. Pour s’en tenir à l’indication ICPTM, la ceftaroline s’est révélée non-inférieure à la vancomycine (1 g x 2/j ± aztréonam 1 g x 2/j) dans deux essais randomisés en double-aveugle (études CANVAS I et CANVAS II), avec un pourcentage de guérison clinique 8 à 15 jours après l’arrêt du traitement de 91,1 % pour la ceftaroline vs 93,3 % dans un essais et de 92,2 % vs 92,1 % dans l’autre. L’ANSM considère que Zinforo apporte une amélioration mineure du service médical rendu (ASMR IV) dans la prise en charge des ICPTM mais n’a pas démontré son intérêt dans le traitement des pneumonies aiguës communautaires pour lesquelles il existe des solutions thérapeutiques plus simples d’emploi et dont le spectre est mieux adapté (la ceftaroline ne bénéficie donc pas d’un avis favorable à l’agrément aux collectivités dans cette dernière indication). Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux Les dispositifs médicaux innovants Un dispositif médical doit être accompagné des informations nécessaires pour pouvoir être utilisé correctement et en toute sécurité, en tenant compte de la formation et des connaissances des utilisateurs potentiels et pour permettre d'identifier le fabricant. L’information sur les dispositifs médicaux relève donc d’un enjeu primordial pour le fabricant et les professionnels de santé. En 2013, année de mise en œuvre de l’encadrement de la publicité sur les dispositifs médicaux, Le Moniteur Hospitalier poursuit son travail d’information au travers de ses cahiers et de son hors série de fin d’année. Retour sur une sélection de six innovations marquantes. Bertrand Décaudin, pharmacien, CHRU de Lille > Airseal barrier free ou valveless Trocard de cœlioscopie AB MEDICA Airseal est un trocard de cœlioscopie sans membrane physique (barrier free trocar ou valveless), commercialisé en France par les laboratoires AB Medica (fabriqué par Surgiquest). Ces trocards, de classe de marquage CE IIa, existent en deux longueurs : 100 et 120 mm. Il existe en diamètre de 16 5 et 12 mm. Les trocards utilisent l’effet vortex pour créer une barrière non physique, une membrane d’air facilitant le passage simultané de plusieurs instruments. Il n’existe donc pas de valve à ce trocard. Celui-ci est relié à un générateur grâce à trois tubulures dont les orifices se situent sur la partie latérale de la chemise du trocart : l’une pour insuffler en continu du dioxyde de carbone, la seconde pour aspirer en continu les fumées et la troisième pour compenser en direct les éventuelles fuites de gaz. Ainsi, le principal avantage de ces trocards est le système de création et de maintien d’un pneumopéritoine à une pression de travail constante, malgré d’éventuelles fuites de gaz importantes. La pression maximale recommandée est de 14 mmHg. Le système Airseal est équipé d’un système de détection de la pression intra-abdominale afin d’adapter le niveau d’insufflation des gaz. Ce type de trocard est sans barrière mécanique, ce qui rend possible l’utilisation et l’insertion de deux instruments et le retrait de pièces opératoires. D’autres avantages peuvent être attendus comme une diminution des temps opératoires, notamment sur les procédures de longue durée comme en chirurgie robotique, expliquée par l’absence de manœuvre pour corriger les pertes de gaz. Le maintien des pneumopéritoines pourrait être particulièrement intéressant pour les interventions sous robot ou en chirurgie bariatrique. Ce trocard aspire en continu les fumées occasionnées par les instruments chirurgicaux comme les systèmes de coagulation mono- et bipolaire, les systèmes de destruction tissulaire (radiofréquence, ultrasons). Cette aspiration augmente particulièrement la qualité de vision du champ opératoire pour les équipes chirurgicales. Par ailleurs, le temps opératoire peut être optimisé par une Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 moindre obligation de nettoyer l’optique en dehors de la cavité abdominale. Le système fonctionnant en circuit clos, le besoin en CO2 pourrait être moindre, notamment pour les interventions de plus longue durée. Herati et al (Urology, 2011) ont montré une diminution du temps opératoire et une moindre consommation de dioxyde de carbone en utilisant les trocards Airseal, critères qui ne sont cependant pas toujours retrouvés de façon significative dans d’autres études (Hortsmann et al, J Endourol 2013). La stabilité du pneumopéritoine, le retrait facilité des pièces opératoires, l’utilisation simultanée des instruments sont les principaux avantages mis en avant par les chirurgiens dans différentes études de type observationnelles. Le coût de ce trocard (entre 350 et 400 euros) peut en freiner son utilisation dans les hôpitaux. Des études médicoéconomiques sont nécessaires pour le bon positionnement de ces trocards en routine dans certains types de chirurgie. Sandra Wisniewski > Cliniporator Procédé d’électroporation ou électrochimiothérapie IGEA CLINICAL BIOPHYSICS Le mélanome métastatique avec localisations secondaires cutanées est une pathologie de prise en charge difficile avec mise en jeu du pronostic vital et fonctionnel. Les métastases cutanées et sous-cutanées de mélanome ou de tumeurs d’origine non cutanées, surviennent souvent dans un contexte de maladie disséminée et entraînent notamment des saignements, des douleurs et des ulcérations. L’objectif principal du traitement est donc uniquement palliatif. Parmi ses modalités on retrouve la chirurgie, la radiothérapie, la perfusion du membre isolé, l’hyperthermie, la cryothérapie et la chimiothérapie (Wolf et al 2003). Il existe cependant des situations où ces traitements ne sont pas adaptés ou insuffisants. En effet, certaines métastases cutanées peuvent s’avérer non résécables en raison de leur emplacement (face, organes génitaux), de plus certaines complications telles que des saignements et infections, ainsi que des problèmes psychologiques, peuvent nécessiter des options thérapeutiques moins invasives (Balch et al, 2000). C’est dans ce contexte que l’électrochimiothérapie ou électroporation a été développée, avec une approche de traitement plus sélectif. En 1980, l’équipe de Mir et al améliore le procédé d’électroporation consistant à utiliser de brèves impulsions électriques pour ouvrir temporairement la membrane cellulaire sans causer de dommages permanents aux cellules. Puis, l’équipe démontre en 1987 que l’activité de certains médicaments comme la bléomycine peut être potentialisée et leur toxicité fortement augmentée sur des cellules tu- Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 morales électroperméabilisées, donnant ainsi naissance au concept de l’électrochimiothérapie. Enfin, en 1991, ils confirment chez l’homme l’efficacité et la tolérance de cette technique dans le traitement des métastases cutanées et sous-cutanées, quelle que soit l’origine de la tumeur primaire (Mir et al, 1991). La bléomycine et le cisplatine sont les principales molécules utilisées car elles ont montré une potentialisation de leur cytotoxicité par les impulsions électriques (Mir et al, EJC supplements 4, 2006). Le principe de cette technique consiste donc à combiner l’administration de molécules cytotoxiques peu ou non perméantes avec l’application locale d’impulsions électriques à des tumeurs cutanées, pour faciliter la pénétration de ces molécules au sein des cellules. En 2000, un projet européen est lancé, afin de mettre au point un système intégrant les éléments de recherche fondamentale développée par l’équipe de Mir et al. Ce projet a conduit à la rédaction des procédures opérationnelles standard européennes pour l’électrochimiothérapie (ESOPE) qui décrivent précisément toutes les instructions nécessaires à la réalisation de l’électrochimiothérapie avec le dispositif Cliniporator. En pratique, l’électrochimiothérapie peut être réalisée sous anesthésie générale ou locale, en ambulatoire. Dans un premier temps le patient reçoit une chimiothérapie par voie intraveineuse ou intratumorale. Peu de temps après l'administration du cytotoxique, de brèves et intenses impulsions électriques sont délivrées directement dans la tumeur à l'aide d’électrodes ou de lamelles de forme différente en fonction de la taille de la tumeur, de L’électrochimiothérapie combine l’administration de molécules cytotoxiques peu ou non perméantes à l’application locale d’impulsions électriques (console à gauche et électrodes ci-dessous et à droite) à des tumeurs cutanées pour faciliter la pénétration des molécules cytotoxiques au sein des cellules tumorales. 17 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux son étendue, de sa forme et de son emplacement. La durée du traitement peut varier selon le nombre et la taille des tumeurs. En général, une électrode est utilisée par patient, pour une séance. Des traitements répétés peuvent être effectués si nécessaire, le plus souvent à quelques semaines d’intervalle. Cliniporator est commercialisé par la société IGEA Clinical Biophysics (Italie), partenaire des projets européens Cliniporator et ESOPE. Ce dispositif médical est composé de différents éléments, dont : – une console qui permet à l’opérateur d’insérer les données des patients, d’afficher en temps réel les informations sur le traitement, de sélectionner l’électrode appropriée et de réaliser l’électrochimiothérapie. Une deuxième version (Cliniporator 2) est actuellement commercialisée, – un générateur qui délivre les impulsions électriques, – un manche avec l’électrode à usage unique. Il existe différents types d’électrodes de longueur variable (le plus souvent de 30 et 40 mm). Elles peuvent être linéaires ou hexagonales. Les électrodes linéaires sont utilisées pour le traitement des lésions cutanées et sous-cutanées jusqu'à 3 cm de profondeur. Les électrodes hexagonales sont utilisées pour le traitement des lésions cutanées et sous-cutanées jusqu'à 4 cm de profondeur, le champ électrique étant appliqué à chaque paire individuelle d'aiguilles adjacentes, il est donc plus adapté pour les tumeurs nombreuses ou de gros volumes. Les électrodes sont désormais toutes ajustables, un ajustement de leur hauteur peut être réalisé, de 0,5 à 4 cm, par tranche de 0,5 cm. L’ancien modèle proposait des électrodes non ajustables à usage unique, avec un manche à part, réutilisable après stérilisation. Les électrodes peuvent également se présenter sous forme de lamelles séparées de 8 mm, le champ électrique est alors réparti uniformément entre les deux lamelles. Les électrodes disposent du marquage CE (classe IIa) depuis le 21 septembre 2009. Il existe aussi une forme doigtier pour le traitement des lésions de petite taille dans des cavités anatomiques, disposant d’un marquage CE depuis le 29 mai 2009. Une revue récente de la littérature sur l’électrochimiothérapie, son efficacité actuelle et les différences d’efficacité observées selon le type de tumeur, la chimiothérapie et la voie d’administration rapporte 44 études impliquant 1 894 tumeurs (Mali er al, EJSO 2013). L'analyse des données confirme que l’électrochimiothérapie a une efficacité significativement plus importante (plus de 50 %, p < 0,001) par rapport à la bléomycine ou au cisplatine seul. L’électrochimiothérapie serait plus efficace dans le sarcome par rapport aux mélanomes ou aux carcinomes. Une efficacité significativement plus élevée est retrouvée lors de l’administration par voie intratumorale de la bléomy- 18 cine par rapport à l'administration intraveineuse (p < 0,001), avec une efficacité comparable entre la bléomycine et le cisplatine, par voie intratumorale. En mars 2013, l’agence britannique NICE propose une évaluation concernant l’électrochimiothérapie dans le traitement des métastases cutanées de tumeurs d’origine non cutanées et de mélanome, et conclut en la présence suffisante de preuves d’efficacité de l’électrochimiothérapie pour soutenir son utilisation comme traitement palliatif. Il n’y a pas de problème de sécurité majeur. Une étude coût-efficacité de 2008 montrait un rapport coût-efficacité favorable de l’électrochimiothérapie avec le Cliniporator (Colombo et al, Therapeutics and Clinical Risk Management 2008). En conclusion, le Cliniporator est une technique qui peut permettre aux patients de conserver la fonctionnalité d’un membre et/ou de diminuer les douleurs liées au développement de métastases cutanées en diminuant la prolifération. Cette technique présente un intérêt palliatif en cas de métastases cutanées multiples invalidantes ou potentiellement invalidantes d’un membre ou du tronc pour lesquelles une chirurgie ou une radiothérapie ne sont pas réalisables. Julie Fulcrand, Frédéric Feutry et Marion Carbonne > Colonring Dispositif médical implantable pour anastomose NOVOGI LTD Les cancers colorectaux ont une incidence importante en France (42 152 nouveaux cas en 2012 selon l’InCa) et nécessitent une chirurgie de résection et d’anastomose à risque. Le rapport d’évaluation de la HAS 2009 sur les sutures mécaniques en chirurgie digestive rapporte un taux de mortalité de 3,4 % et de morbidité globale de 35 %, avec en particulier 4,4 % de déhiscences anastomotiques. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) sont moins fréquentes, mais peuvent également nécessiter une chirurgie de résection. Les anastomoses coliques gauches et colorectales basses peuvent être réalisées manuellement, il s’agit d’un acte sûr, mais techniquement difficile. Les experts recommandent ainsi de réaliser ces anastomoses à l’aide d’une pince mécanique (HAS 2009). Ces pinces fonctionnent avec un système d’agrafage/section. Les deux segments intestinaux réséqués sont suturés en bourses, une enclume permettant le rapprochement des deux « moignons » est intégrée dans la partie supérieure. Enfin, après mise en contact des deux segments, les tissus sont agrafés, puis sectionnés afin de rétablir la continuité de la lumière intestinale. Les deux complications fréquentes survenant avec ce type d’anastomose sont la fistule et la sténose anastomotique (taux de sténoses plus fréquent avec les pinces mécaniques par rapport à l’anastomose Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 trique date de 2010, Tulchinsky et al. ont comparé treize anastomoses réalisées avec des agrafes, à dix anastomoses réalisées avec Colonring. Les résultats ne retrouvent pas de différences significatives entre ces deux techniques, en termes de fuites, d’infections et de fièvre. Une étude comparative prospective entre un groupe Colonring (66 patients) versus un groupe historique avec double agrafage standard (116 patients) publiée en 2012 par Koo et al, ne retrouvait pas de différence significative entre les deux techniques, en termes de temps opératoire (172,5 min vs 185 min ; p = 0,3), de fuite des sutures (1 vs 0 ; p=0,36) et d’occlusion intestinale (0 vs 2 ; p = 0,54). Masoomi et al. ont publié en 2012 une large série de cas dont les résultats sur 1 180 patients issus du registre multinational de NiTi Surgical Solutions montraient un taux de fuite global de 3,22 % (38 patients) : 3,79 % sous laparoscopie ou colectomie gauche et 1,93 % sous résection antérieure. Le traitement de référence est actuellement la technique par agrafage/section. Une étude multicentrique, prospective, randomisée, comparant la technique de référence et Colonring est actuellement en cours. Cette étude devrait permettre de positionner la place du Colonring dans le traitement chirurgical des résections colorectales. Un anneau de compression permet de compresser les deux extrémités de l’anastomose de façon homogène. Après cicatrisation naturelle, l’anneau de compression est éliminé de façon naturelle. manuelle, HAS 2009).ColonRing est un dispositif médical implantable d’anastomose par une technique alternative appelée anastomose par compression, permettant de réaliser théoriquement des anastomoses plus larges, moins à risque de sténose et de fistules. Ce dispositif est destiné à la réalisation des anastomoses termino-terminales, termino-latérales, latéro-latérales et latéro-terminales ouvertes ou en laparoscopie dans un contexte de résections antérieures basses colorectales. La technique chirurgicale est inchangée, mais la jonction des deux berges des tissus réséqués est assurée non pas par des agrafes, mais par un anneau qui va permettre la compression des deux extrémités de l’anastomose. La force de compression est répartie de manière homogène et s’adapte à l’épaisseur du tissu grâce à des lames élastiques à mémoire de forme en nitinol (alliage de nickel et de titane). Les tissus ainsi comprimés par l’anneau se nécrosent, tandis que le processus naturel assurant la cicatrisation se réalise en périphérie. Après cicatrisation naturelle, le diamètre initial de la lumière intestinale est rétabli et l’anneau de compression est éliminé par les voies naturelles, en quelques jours (la littérature rapporte des durées variables de 7 à 17 jours). Contrairement à l’agrafage, l’anastomose par compression est une technique qui permettrait de préserver les différentes couches de la paroi de l’intestin puisqu’elles ne sont pas transfixées et réduirait ainsi la réaction inflammatoire. ColonRing est autorisé depuis 2004 au RoyaumeUni, il est disponible en France et dispose du marquage CE (classe IIa, stérile, à usage unique) depuis novembre 2010. Une étude de phase II a été réalisée en 2008 et a conclu à son efficacité. Il existe une cinquantaine de publications validant cliniquement la technique d’anastomose par compression. La première étude comparative multicen- Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 Marion Carbonne, Frédéric Feutry et Julie Fulcrand > Hemospray spray Kit hémostatique endoscopique COOK MEDICAL Le traitement des hémorragies digestives peut se faire selon deux techniques : – les techniques de première intention : endoscopiques, avec injection de vasoconstricteur, méthodes thermiques ou pose de clips hémostatiques, – les techniques de seconde intention : radiologiques, avec embolisation radiologique par voie artérielle, ou chirurgicale. Hemospray, disponible depuis décembre 2012, est une poudre hémostatique que l’on applique directement sur la muqueuse digestive hémorragique à l'aide d'un cathéter spray via l’endoscope. Hémospray est indiqué dans le traitement par voie endoscopique des hémorragies digestives hautes actives non variqueuses. C’est un DM de classe IIa, stérile, à usage unique, présenté en kit unitaire comprenant une seringue contenant des particules Caractéristiques Référence produit Longueur cathéter (cm) Diamètre cathéter (Fr.) Canal opérateur minimum (mm) HEMO-7-EU 220 7 2,8 HEMO-10-EU 220 10 3,7 19 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux tant et diffus. Hemospray peut ainsi apporter un bénéfice dans le traitement endoscopique des hémorragies actives sévères, et dans certaines situations comme les tumeurs où aucun traitement endoscopique n’a été efficace jusqu’à maintenant. Elle constitue une avancée pour les patients hospitalisés pour hémorragie digestive. Il est recommandé de conserver Hémospray dans un endroit sec, à l’abri de la lumière et des températures extrêmes. La péremption est de douze mois. Emmanuelle Carré fines de poudre d’origine minérale, un cathéter d’introduction en PTFE et une cartouche de CO2. Il permet, grâce à de brèves pulvérisations, d’appliquer une poudre hémostatique au niveau de l’hémorragie. Cette poudre est inorganique, très absorbante et sans allergène. Deux diamètres de cathéters sont disponibles, 7 et 10 French. Le calibre de canal minimum nécessaire pour l’introduction du cathéter est précisé sur l’emballage de chaque kit. L’efficacité est quasi immédiate avec l’obtention d’un caillot assurant l’hémostase, ce qui accélère la prise en charge des patients. Aucun effet indésirable n’a été décrit, il n’y a pas de passage systémique du produit. Contrairement aux autres techniques, il n’y a pas de modification des tissus (pas d’action thermique), ni de traumatisme tissulaire (aucune force mécanique n’est nécessaire). Par ailleurs, cette technique ne nécessite pas la précision requise par les modalités classiques, ce qui est intéressant dans les hémorragies sévères et diffuses. Le cathéter ne doit pas être mis en contact direct avec le sang et/ou la muqueuse et son extrémité doit être positionnée à 1 ou 2 cm du site hémorragique. De brèves pulvérisations sont appliquées jusqu’à ce que le site soit totalement couvert de poudre et qu’aucun saignement actif ne soit visible. Il est recommandé de ne pas appliquer plus de trois dispositifs Hemospray par patient. Les contre-indications d’Hemospray sont celles spécifiques à la réalisation d’une intervention endoscopique. Son utilisation est contre-indiquée chez les patients présentant des fistules gastrointestinales à risque élevé de perforation. Cette technique très innovante fait partie de l’arsenal thérapeutique possible de l'endoscopiste. Elle constitue une alternative aux techniques existantes comme moyen d’hémostase primaire en première intention en cas de critères prédictifs sévères (âge élevé, comorbidités graves, anémie sévère, choc hémorragique) ou après échec d'un traitement hémostatique conventionnel. Son principal avantage est sa simplicité d'utilisation, notamment dans des indications réputées difficiles d'hémostase endoscopique par les techniques conventionnelles. Cette technique a montré son efficacité, notamment dans les zones de saignement impor- 20 Grâce à de brèves pulvérisations, le dispositif Hemospray permet d’appliquer une poudre hémostatique au niveau de l’hémorragie digestive. > Relieva system Sinuplastie par ballonnet ACCLARENT Il s’agit de dispositifs de classe de marquage CE I, stériles indiqués dans les chirurgies de l’ethmoïde, du sphénoïde, du sinus maxillaire et du sinus frontal. Ces dispositifs médicaux Relieva System, commercialisés depuis 2006 par Acclarent se présentent sous forme de kit de plusieurs éléments devant être assemblés : un ballonnet, un guide, un manche de maintien, une fibre optique, un dispositif de gonflage et un cathéter de lavage. Ces dispositifs sont utilisables tant chez l’adulte que chez l’enfant. La sinuplastie par ballonnet non compliant est une technique mini-invasive conçue pour dilater par microfractures les ostia sinusaux chez les patients souffrant de sinusite, sans résection de muqueuse. En chirurgie conventionnelle, dans ce type d’indications, les chirurgiens utilisent des instruments rigides de type pinces ou microdébrideurs pour réséquer os et tissus afin de reperméabiliser le sinus concerné par chirurgie sinusienne endoscopique fonctionnelle (CSEF). Le principe de la sinuplastie par ballonnet est le suivant : après positionnement du ballonnet par repérage grâce à la fibre optique, le gonflement du ballonnet entre 10 et16 atmosphères selon les diamètres des ballonnets provoque des microfractures au niveau de l’ostium pour l’agrandir. L'intérêt de la sinuplastie par ballonnet réside donc dans son aspect mini-invasif, dans son respect de la physiologie de drainage du sinus et son absence de rançon cicatricielle et ce, dans des objectifs diagnostiques ou thérapeutiques. Acclarent présente son produit avec un potentiel ambulatoire fort et des bénéfices multiples attendus du point de vue du patient : anesthésie locale envisageable, réduction de la durée de séjour, de la morbidité, des soins post-opératoires, réduction du risque de reprise chirurgicale et amélioration de la qualité de vie des patients selon le score SNOT-20 (Score Sino Nasal Outcome Test). De plus, les interventions semblent peu algiques. Les patients atteints de rhinosinusite chronique présentent des symptômes locaux de type encombrement nasal, voire obstruction nasale, écoule- Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 ment purulent, maux de tête, sensation de pression faciale, réduction, voire perte de l’odorat. La persistance des symptômes peut altérer la qualité de vie des patients. La prévalence de cette pathologie augmente avec l’âge. La prise en charge est pharmacologique en première intention, mais une forte proportion de patients échappe à cette stratégie thérapeutique : 20 à 25 %. Par ailleurs, les patients souffrant de sinusites aigües ou subaigües à répétition, voire de sinusites barotraumatiques, pourraient aussi être éligibles à la sinuplastie par ballonnet. De même, certaines souspopulations de patients fragiles (coagulopathie ou immunodépression) ou en situation d'urgence ORL pourraient profiter de cette technique miniinvasive après échec du traitement médicamenteux conduit de manière optimale par antibiothérapie, corticothérapie, topiques vasoconstricteurs et antiinflammatoires. Le système est séduisant mais encore peu utilisé en France. Le coût en consommables est assez conséquent, de l’ordre de 1200 euros par intervention, à analyser toutefois en coût complet (durée opératoire, durée de séjour, non réintervention, potentiel ambulatoire, recettes perçues) pour une analyse médico-économique plus intéressante. Les équipes françaises qui en ont l’expérience telles celles du CHU de Nantes, de Clermont-Ferrand et de Strasbourg ont trouvé que la technique était plutôt facile d’utilisation. Quelques études internationales existent, mais peu sont randomisées et comparatives, études pourtant nécessaires pour positionner clairement cette technique dans l’arsenal thérapeutique, qu’il soit chirurgical ou médical. Un concurrent existe au système Acclarent. Il s’agit du système Ventera, commercialisé par Collin ORL, beaucoup moins onéreux certes, mais aussi peut-être moins facile d’utilisation d’après les équipes chirurgicales qui ont pu utiliser ces deux systèmes. Sandra Wisniewski Moteur Vac Ulta et ses accessoires permettant la Vac Veraflo thérapie. Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013 > VAC Ulta Système de thérapie par pression négative KCI MEDICAL L’intérêt du traitement des plaies par pression négative est reconnu par la Haute Autorité de santé depuis 2010, notamment pour la prise en charge de certaines plaies aiguës ou chroniques avec perte de substances, avec ou sans infection. La VAC thérapie (Vacuum Assisted Closure) facilite la cicatrisation des plaies en délivrant une pression négative au niveau de la plaie, c’est-à-dire une pression inférieure à la pression atmosphérique. Elle créée ainsi un environnement favorable à la cicatrisation des plaies, par drainage des exsudats, amélioration de la circulation sanguine, diminution de la charge bactérienne et préservation d'un milieu humide et tiède, aidant ainsi la formation d’un tissu de granulation. VAC Ulta est un nouveau système de thérapie par pression négative (TPN). La prise en charge des plaies est réalisée via une option d’instillation appelée VAC VeraFlo qui permet une administration et un drainage contrôlés de solutions topiques (type sérum physiologique, solutions antiseptique, antibiotique ou antifongique). La combinaison des deux thérapies, VAC thérapie classique et VAC VeraFlo thérapie, a pour objectifs d’améliorer le nettoyage de la plaie et la qualité du tissu de granulation et d'éviter l'assèchement des tissus osseux. VAC VeraFlo est indiquée lorsque les patients doivent bénéficier simultanément de la VAC thérapie et de l'application topique et séquentielle d’une solution au niveau de la plaie. Elle est particulièrement indiquée en cas de plaies traumatiques infectées et/ou à haut risque infectieux ou en cas de plaies avec matériel ou tissu osseux exposés. Certaines plaies orthopédiques et/ou traumatiques, brulûres, ulcères, lambeaux ou greffes par exemple peuvent constituer des indications. Comme pour la VAC thérapie classique, le système VAC Ulta comprend une unité de traitement, des consommables à usage unique (pansements-interface, champ adhésif, connectique) et un réservoir à usage unique pour le recueil des exsudats drainés. Il peut fonctionner en mode VAC Veraflo thérapie ou VAC Thérapie. L'unité de thérapie en mode instillation fonctionne en trois temps : un temps d’instillation, un temps de pause (humidification) et un temps de pression négative avec répétition de ce cycle en trois temps pendant toute la durée de la thérapie. En mode VAC VeraFlo, des consommables spécifiques sont utilisés en plus des éléments nécessaires à la VAC thérapie, notamment : – une cassette VAC VeraLink et un drain d’instillation (en plus du drain d’aspiration pour le retrait des exsudats/liquides), – une solution topique compatible avec la VAC VeraFlo thérapie (non commercialisée par le la- 21 2013 Nouveaux MÉDICAMENTS & DISPOSITIFS médicaux boratoire KCI Medical). Elles sont précisées par KCI. Ce sont par exemple l’hypochlorite de sodium, le nitrate d’argent, le chlorure de benzalkonium, le polyhexanide, le chlorure de sodium, et la solution Ringer lactate. Pour VAC VeraFlo Thérapie, des pansements spécifiques sont aussi utilisés. Ce sont des mousses en polyuréthane hydrophiles, plus résistantes à la traction que les pansements VAC habituels. En fonction des plaies, deux types de pansements spécifiques sont proposés : – le pansement VAC VeraFlo qui existe en petit, moyen et grand modèle. Il est utilisé lorsque l'objectif est de maximiser la granulation. Il permet une diffusion et une élimination uniformes des solutions topiques au lit de la plaie. – le pansement VAC VeraFlo Cleanse qui existe en moyen modèle. Il est préconisé pour la détersion et le nettoyage par irrigation des plaies infectées. Il fournit peu de tissu de granulation. La connexion entre le pansement et l’unité de traitement, pour la diffusion et l’élimination des liquides, est réalisée grâce à deux tampons au choix : – le tampon VAC VeraTrac Pad qui est un tampon 22 unique avec double tubulure, l’une délivrant l'instillat, l'autre la pression négative. Le tampon VAC VeraTrac est similaire au tampon Sensa Trac de la VAC thérapie classique, – le tampon VAC VeraTrac Duo (double) qui est un kit de deux tubulures et de deux tampons, un pour l'instillation, l'autre pour la pression négative. Il est indiqué dans les plaies plus étendues pour une meilleure circulation de l’instillat. La thérapie VAC Ulta présente donc l’avantage de combiner deux produits en un et donne ainsi aux cliniciens le choix entre les deux traitements. La thérapie par instillation permet la prise en charge des plaies complexes (os exposé, matériel infecté) de façon précoce. C’est une technique simple qui permet une instillation topique dans un milieu fermé et contrôlé, réduisant ainsi le risque de contamination. Elle peut faciliter la prise en charge initiale des patients en limitant les gestes de couverture cutanée complexe, dans le cas des pertes de substances des membres. Elle constitue ainsi un complément intéressant aux techniques habituelles. Emmanuelle Carré Le moniteur HOSPITALIER Hors Série décembre 2013