L`Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie
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L`Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie
L a mission première de l’université est celle de forger les consciences, améliorer les aptitudes jusqu'à leur plus haut niveau de performance et faire valoir ce qui est fiable et juste. Les universités constituent le vrai levain de la démocratie. L’enseignement supérieur se doit de permettre de favoriser la promotion sociale en offrant aux Algériens les possibilités d’accès à des emplois qualifiés et mieux rémunérés. C’est aussi, à ce dessein, que l’enseignement supérieur en Algérie, par le biais de la formation continue, offre à tous ceux qui n’ont pas pu poursuivre des études supérieures l'opportunité de les entreprendre à tout âge. Professeur Rachid HARAOUBIA Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique Les progrès accomplis par l’université algérienne sont réels et significatifs. Ils sont décrits objectivement dans cette brochure et étayés par des données statistiques. Il reste, aujourd'hui, à accroître l’efficacité de notre système d’enseignement supérieur et de recherche et à atteindre, dans les meilleurs délais, la masse critique productive dans toutes les disciplines pour obtenir des résultats substantiels en termes qualitatifs. Dans cette perspective, le grand chantier, pour des améliorations qualitatives tangibles, est certainement la consolidation du système LMD, actuellement en phase de généralisation à tous les domaines de formation. Nous devons relever le défi de renforcer la formation des formateurs, atteindre un encadrement satisfaisant des étudiants et multiplier les passerelles entre les formations universitaires et les activités professionnelles économiques, sociales et culturelles. En effet la coupure est actuellement trop marquée entre les activités d’études et de recherche et les activités professionnelles. Il faut impérativement la réduire car elle est à la fois factice et non productive entre deux mondes qui doivent nécessairement être solidaires et complémentaires. Ces deux espaces se doivent d’être interactifs pour bénéficier des avantages mutuels, et induire, par l’effet de synergies, des progrès certains. A ce titre, les biotechnologies, les nanotechnologies, la microélectronique avancée, la technologie des lasers, la télédétection, les neurosciences et d’autres domaines et filières nouvelles, comme celui des énergies renouvelables, doivent être généralisés, autant que faire se peut, dans l’offre de formation de nos universités. L'Etat algérien a consenti des investissements considérables. Ainsi, le secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique a vu sa dotation augmenter. Si je rappelle cela ici, ce n'est certes point pour verser dans l'autosatisfaction et dire que tout va bien - je suis en effet très conscient de toute l'ampleur de ce qui reste à faire - mais c'est, essentiellement, pour signaler le grand effort consenti au plan quantitatif tant dans le domaine de la ressource humaine que dans celui des infrastructures et des équipements et des œuvres universitaires. Le secteur de l'enseignement supérieur a pris une forte consistance. Il est devenu un secteur centré sur des objectifs clairs et d’envergure qu’il est tenu d’atteindre pour le bien et le progrès de toute la Nation. Il s’agit de dispenser le savoir à la jeunesse algérienne, à travers le faisceau de connaissances renouvelées, d' accélérer, en la maîtrisant, la mission de la formation des formateurs, en nombre et en qualité et dans la diversité pluridisciplinaire, et de renforcer l’excellence dans les formations académique et professionnelle pour les besoins d’une recherche scientifique efficace et utile au service de l’économie nationale. Le réseau universitaire couvre aujourd'hui tout le territoire national, s'étendant à l’ensemble des wilayas: 92 établissements d’enseignement, plus de 1 000 laboratoires de recherche, 30 centres de recherche: 47 000 enseignants, 1 300 000 étudiants, attestent, si besoin est, du chemin parcouru entre l’étape d'aprèsindépendance du pays et aujourd’hui, et au cours duquel l’université algérienne a formé plus de deux millions (2 000 000) de diplômés. Je voudrais dans ce mot souligner l’extrême dynamisme de la communauté universitaire dans toutes ses composantes : enseignants, chercheurs, travailleurs, étudiants et gestionnaires qui tous remplissent leurs tâches avec abnégation. Je leur rends ici hommage, car grâce à leurs efforts, consentis au quotidien, un nouveau paysage universitaire est en train de prendre forme, et de nouvelles initiatives sont à l’œuvre, notamment celles qui renforcent les liens entre la recherche et l’enseignement, entre les établissements et leur environnement, entre les activités de formation et les pratiques professionnelles, entre animation scientifique et élévation du niveau culturel de la Nation. Sommaire Mot de Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique...06 Préambule ....................................................................................................................................................15 Les défis à relever .......................................................................................................................................19 Le processus de construction du secteur de l’enseignement supérieur .........................................21 Les quatre étapes essentielles du processus de construction du système d’enseignement supérieur algérien ......................................................................................................................................23 Les premières réalisations 1971-1984 ..........................................................................................24 La mise en place de la carte universitaire de 1982 – 1984 ......................................................26 . Consolidation et rationalisation du système d’enseignement supérieur algérien ....................27 La mise en place du système LMD..........................................................................................................29 Principaux acquis des réformes .............................................................................................................30 La démocratisation ...........................................................................................................................30 L'algérianisation ...............................................................................................................................30 L'arabisation .....................................................................................................................................31 L'orientation scientifique et technique ...........................................................................................32 CINQUANTE ANNEES DE DEVELOPPEMENT .................................................................................35 Dynamique du système d’enseignement supérieur algérien : progression des effectifs et densification du réseau ........................................................................................................................35 Progression des effectifs d'étudiants en graduation ....................................................................39 Variation dans l’évolution de la part des inscrits par grandes filières ......................................39 Forte progression de la féminisation dans les effectifs globaux ...................................................44 Une évolution constante du nombre de diplômés .............................................................................46 Postgraduation et formation des formateurs ................................................................................50 La formation doctorale .............................................................................................................................52 Postgraduation en Sciences Médicales ................................................................................................53 Formation postgraduée à l’étranger .....................................................................................................54 Ouverture de l’enseignement supérieur ..............................................................................................55 Croissance et diversification de l'encadrement .................................................................................55 Une évolution marquée par la prédominance des maîtres assistants et chargés de cours ...58 L'algérianisation du corps enseignant et l’arabisation des enseignements ...............................63 Sommaire Renforcement de l’encadrement pédagogique ..................................................................................63 Promotion du livre universitaire .............................................................................................................64 Réalisation des infrastructures universitaires pédagogiques et d’accompagnement ...............66 Trois grandes périodes dans le processus de réalisation ................................................................67 Les premières grandes réalisations de l’Indépendance 1962 à 1980 ........................................67 L’extension du réseau universitaire 1980 à 1998 ............................................................................69 La maturité 1999 à 2012 ........................................................................................................................69 De la conférence nationale des universités, et des conférences régionales ...............................70 Organes d’évaluation et assurance qualité dans l’enseignement supérieur ..............................71 Conseil de l’éthique et de la déontologie ............................................................................................72 Les œuvres universitaires .........................................................................................................................77 L’administration des œuvres : bref historique ....................................................................................79 Conditions règlementaires d’octroi de la bourse d’enseignement supérieur .............................80 L'hébergement et la restauration ...........................................................................................................82 La résidence universitaire constitue la structure de base des œuvres universitaires (ONOU) ...82 Les autres prestations ................................................................................................................................83 RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DEVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE ...................................85 L’organisation de la recherche scientifique en Algérie: de l'indépendance à 1998 ...............85 Avant l'indépendance ......................................................................................................................85 Après l’indépendance .....................................................................................................................86 LE SYSTÈME DE RECHERCHE ISSU DE LA LOI 98-11 DU 22 AOUT 1998 ..............................90 La programmation des activités de recherche ...................................................................................95 Le financement de la Recherche Scientifique .....................................................................................97 Le développement des ressources humaines ......................................................................................99 Consolidation du système institué par la loi n°98-11.....................................................................100 Bilan de la loi 98-11 (le premier programme quinquennal 1998-2002) ..............................100 Sommaire Optimisation du système (deuxième programme quinquennal 2008-2012) ..........................105 Affinement de la programmation ........................................................................................................107 Promotion des ressources humaines ...................................................................................................108 Valorisation des résultats de la recherche .........................................................................................110 Multiplication d'infrastructures de recherche ...................................................................................110 Poursuivre l'effort de financement .......................................................................................................112 2012 ANNEE DU CINQUANTENAIRE CHEMIN PARCOURU PAR L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ...................................................................................................115 Conclusion .................................................................................................................................................121 Préambule Il y a cinquante ans, le 05 juillet 1962, dans la joie et l'allégresse, l'Algérie recouvrait son indépendance après une longue nuit coloniale de 132 ans, au prix d'une lutte intransigeante et de la perte d'un million et demi de ses citoyens, dont beaucoup de jeunes lycéens et étudiants. Au lendemain de la Victoire, la situation de l'Algérie était catastrophique dans tous les domaines et présentait toutes les caractéristiques économiques et sociales d'un pays meurtri, sortant d'une longue période coloniale, à l’issue d’une guerre de libération nationale: une économie sous-développée, tournée essentiellement vers la satisfaction des besoins de la colonisation en produits agricoles et en matières premières pour l'industrie «métropolitaine» et en main-d'œuvre peu coûteuse; une société désarticulée, reniée par l'occupant jusque dans son existence en tant que nation algérienne, avec ses racines culturelles et linguistiques (l'arabe était relégué au statut de langue étrangère); une administration et la quasi-totalité des secteurs d'activité paralysés par la fuite massive des personnels techniques et d'encadrement, presque tous d'origine française. Le secteur de l’Éducation était dans une situation aussi catastrophique que tous les autres secteurs: 85% d’analphabètes, un taux de scolarisation insignifiant, un parc d'infrastructures dérisoire, des effectifs enseignants squelettiques, des programmes et des cursus d'études inadaptés à l'histoire, à la géographie et à la culture du pays. Les étudiants et lycéens scolarisés en petit nombre par le système colonial avaient très activement contribué à la lutte de libération nationale. Nombre d'entre eux s'étaient jetés dans la bataille sous la bannière de l’Union Générale des Etudiants Musulmans Algériens (UGEMA) créée en 1955. Suite à l'appel à la grève des étudiants algériens en 1956 et l'arrestation d'étudiants et de lycéens, beaucoup d'entre eux rejoignirent les rangs du Front de Libération Nationale (FLN) et de l’Armée de Libération Nationale (ALN). L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 19 Mars 1962: le cessez-le-feu est signé. L'Organisation de l'armée secrète (OAS), créée par les ultras du système colonial, hostiles à l'indépendance de l'Algérie, met aussitôt en action sa politique de la terre brûlée, tuant par centaines des innocents, incendiant le peu d'écoles construites. Le feu est volontairement mis le 7 juin 1962 à la bibliothèque de l'université d'Alger, symbolisant le déchaînement de cette violence colonialiste. Plus de la moitié des 500.000 livres composant le fonds - dont des manuscrits arabes inédits - est détruite par les flammes. Le nombre d'Algériens qui étudiaient dans cette université et ses annexes d'Oran et de Constantine, atteignait à peine 500 (1960/61) pour une population algérienne de près de huit millions d’habitants. Jusqu'à l'indépendance, la formation supérieure de type universitaire ne concerne que la formation d'une élite coloniale française. La composante algérienne était infime. Après les années de braise et de sang, l'Algérie s'attelle à mobiliser ses forces pour ouvrir l'immense chantier de sa reconstruction et de son édification en tant que nation libre et souveraine. Tout était à bâtir ou à rebâtir, tout ce que les lois coloniales avaient entravé et empêché d'être institué ou développé pour les Algériens, notamment la scolarisation gratuite et obligatoire pour tous et l'accès à l'enseignement supérieur pour le plus grand nombre. 16 Il fallait construire suffisamment d'écoles, de collèges, de lycées et d'universités, former suffisamment d'enseignants pour concrétiser les principes fondamentaux d’universalité, d’égalité et d’équité dans l'éducation par l'accès pour tous à une scolarité gratuite et obligatoire. Il fallait également assurer un service de proximité et fournir des aides et des soutiens multiformes aux différentes catégories d’élèves et une aide sociale massive aux étudiants. 18 Les défis à relever Le développement des nations dépend de leur niveau scientifique, technique et culturel. A ce titre, la valeur du système d’Enseignement supérieur et de recherche scientifique, son aptitude à former les générations futures constitue un important enjeu stratégique. La formation et l’accumulation d’un capital humain de qualité sont considérées comme une importante source de croissance économique et de compétitivité. Ceci place d’emblée les systèmes éducatifs, et en particulier d’enseignement supérieur et de recherche scientifique, dans une position centrale. Durant un demi-siècle, l’Algérie, qui devait relever le défi de la formation de ses enfants, va consentir un effort considérable pour répondre à ces nouvelles exigences : construire et développer un système d’enseignement supérieur et de recherche scientifique d’une densité suffisante pour couvrir l’ensemble du territoire national et l’ensemble des disciplines scientifiques. Cet effort gigantesque a produit des résultats bien visibles : l’Algérie compte aujourd’hui 90 établissements (universités, centres universitaires et grandes écoles) répartis à travers les 48 wilayas du pays. De nombreuses universités algériennes font partie des plus grandes universités arabes, africaines et mondiales autant par le nombre de leurs étudiants que par leurs réalisations. Le nombre d’étudiants qui est aujourd’hui d’un million trois cent mille, devrait dépasser un million et demi en 2015, et atteindre très probablement deux millions et demi en 2025. Aujourd’hui, des indicateurs et des estimations montrent que les priorités inscrites au regard de l’état des lieux à l’Indépendance – l’absence d’une véritable prise en charge de l’instruction publique pour le peuple algérien et la marginalisation de sa culture identitaire – semblent avoir été satisfaites dans la majorité de leurs exigences quantitatives et relativement atteintes sur le plan qualitatif. Après cinq décennies de développement, le système éducatif algérien a enregistré une expansion conséquente de l’ensemble de ses segments : primaire, secondaire, professionnel, et supérieur. Le segment supérieur est puissamment soutenu par un système national de recherche scientifique. 20 Le processus de construction du secteur de l’enseignement supérieur L'Université algérienne d'aujourd'hui est le produit d'un long processus de construction, d'évolution et de réformes entamé dès 1962, date du recouvrement de la souveraineté nationale. Ce processus débute avec la création du ministère de l'Education nationale en 1963. L'université d'Alger, dont la création remonte à 1909, servira de plateforme pour le lancement du système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique algérien et connaîtra une croissance extrêmement rapide. Totalement concentrés en 1962 dans un seul établissement– l'université d'Alger – (avec ses deux annexes : Constantine et Oran), les effectifs sont aujourd’hui répartis à travers tout le territoire national, répondant ainsi au principe de service public de proximité. Les 90 établissements et leurs structures sociales d’accompagnement réalisent un imposant maillage du territoire national. 22 Les quatre étapes essentielles du processus de construction du système d’enseignement supérieur algérien L'évolution de l'institution universitaire algérienne, dans son organisation et ses curricula, a connu quatre étapes essentielles depuis l'indépendance : • La première étape a consisté à jeter les bases de l’université nationale. • La deuxième correspond à la mise en œuvre de la première réforme du système d'enseignement supérieur de 1971, appuyée et corrigée par la mise en place de la carte universitaire de 1982, actualisée en 1984. • La troisième période est celle de la consolidation et de la rationalisation du système en conformité avec les bouleversements de la société et de l’économie algériennes. Elle est amorcée par la promulgation de la loi n°99-05 du 04 avril 1999 portant loi d’orientation sur l’enseignement supérieur. • La quatrième étape est celle de la mise en place du système universel LMD, lancé en 2004. La fondation de l’Université nationale L'université d'Alger a été officiellement créée en 1909, trouvant ses origines dans l'École de médecine et de pharmacie dont la création remonte à 1859. En 1879 s’ajoutent respectivement, la Faculté des Sciences, celle des Lettres puis de Droit. En 1909, ces facultés sont regroupées avec d’autres instituts, pour donner naissance à l’Université d’Alger durant la période coloniale. Après l’indépendance, l'Algérie hérite d'une université organisée en facultés disciplinaires académiques, caractérisée par un cloisonnement rigide. Ainsi l'Université d'Alger comptait quatre facultés: la faculté de médecine, la faculté des sciences, la faculté des lettres et sciences humaines, la faculté de droit et des sciences économiques. Au début de la reconstruction nationale, les quelques établissements d'enseignement supérieur étaient localisés dans la capitale. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Les premières réalisations 1971-1984 L'Université véritablement algérienne apparaît avec la création, en 1970, du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRS) et du lancement de l’importante réforme de l'enseignement supérieur de 1971. Les exigences du modèle de développement économique dont la mise en œuvre a commencé à partir du lancement du 1er Plan triennal en 1967, imposaient une refonte profonde du système d'éducation et de formation en général et de l'enseignement supérieur en particulier. En effet, le schéma d'industrialisation conçu pour le développement de l'économie nationale induisait des besoins importants en cadres supérieurs. Une nouvelle orientation et de nouvelles missions sont définies et assignées au système d’enseignement supérieur. Cette refonte avait en effet pour but "la mobilisation de l'ensemble du potentiel de l'université pour la formation d'hommes utiles au développement ". Il ne s'agissait pas de "se limiter à la seule formation des cadres classiquement formés à l'université, mais de répondre à toutes les demandes sectorielles" formulées par les secteurs utilisateurs. 1 Cette refonte s'est articulée autour de quatre axes principaux: une refonte totale des programmes de formation, une nouvelle organisation pédagogique des études, une intensification de la croissance de l'enseignement supérieur et une réorganisation totale des structures universitaires La principale caractéristique de la refonte totale des programmes de formation réside dans le triptyque diversification - spécialisation - professionnalisation. L'objectif recherché étant le développement de l'enseignement de la technologie au sein de l'Université. Cela se traduira entre autres par l'organisation de nouveaux cursus et l'apparition de nouveaux diplômes universitaires, comme les diplômes d'ingénieurs, les diplômes d'enseignement supérieur D.E.S., et les licences d'enseignement. 24 La nouvelle organisation pédagogique des études se traduit par l'organisation de l'enseignement 1 M.S. Benyahia, ministre de l’ESRS, 1971 par semestres selon la logique des modules et des prérequis, et non plus sur la base de la moyenne annuelle, et par la participation plus active de l'étudiant aux études. Les programmes réservent une part plus importante aux travaux dirigés qui acquièrent un poids plus important dans l'évaluation finale. L'intensification de la croissance de l'enseignement supérieur a pour objectif de faire accéder le maximum de jeunes aux paliers supérieurs du système d'éducation et de formation, afin de pouvoir offrir le maximum de cadres supérieurs à l'économie nationale en expansion. La réorganisation totale des structures universitaires consiste dans le passage du schéma traditionnel des facultés vers les instituts d'université avec pour chacun d'eux une spécialisation dans un domaine scientifique précis. L'objectif principal recherché à travers cette réorganisation des structures administratives de l'Université réside dans l'introduction de la technologie dans les cursus de formation. Ce mode d'organisation s'inspire largement du modèle des universités anglo-saxonnes où les sciences appliquées sont développées autour d'un solide socle constitué par les sciences fondamentales. Parallèlement à cette réforme radicale de l'enseignement supérieur, les années 70 se caractérisent par l'émergence d'un système de formation supérieure à caractère non universitaire à vocation plus technique, dominé par les formations courtes. En effet, pour faire face aux besoins importants induits par le modèle d'industrialisation mis en œuvre dès le 1er plan triennal de développement 1967-1969, les différents secteurs d'activité se sont dotés de leurs propres institutions de formation, les instituts de technologie qui vont prendre en charge la formation des cadres moyens, techniciens supérieurs et ingénieurs d'application. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie La mise en place de la carte universitaire de 1982 – 1984 : consolidation et rationalisation du système d’enseignement supérieur algérien. Dès le début des années 80, un certain nombre de mesures de consolidation et de rationalisation vont être mises en œuvre afin d'assurer une meilleure adéquation entre la formation supérieure et les besoins de l'économie nationale. La première mesure concerne l'intégration explicite de l'enseignement supérieur dans le processus global de planification nationale. Pour la première fois, des objectifs quantitatifs précis de formation de cadres par branches et secteurs d'activité sont assignés à l'enseignement supérieur. Cela revêt la forme de la carte universitaire de 1982 (réactualisée en 1984) qui traduit les besoins en termes de production annuelle de diplômés par discipline et filière de formation. La carte universitaire exprime un déficit en cadres technologues qu'il y a lieu de combler dans les meilleurs délais. La seconde mesure porte sur la réorganisation et la démultiplication des troncs communs. L'objectif recherché consiste à améliorer leur productivité en mettant en place des programmes spécifiques. En troisième lieu, intervient la mise en place des premières mesures d'orientation d'entrée à l'Université. Assez timide à son début, un système d'orientation des bacheliers accompagne la réorganisation des troncs communs. 26 Ce système de régulation des flux, plus incitatif qu'obligatoire, était imposé par deux types de considérations. D'une part, la structure des baccalauréats n'ayant pas beaucoup évolué, elle reste toujours dominée par les filières d'enseignement général et au sein de celles-ci par les séries "sciences" et "lettres". D'autre part, les besoins de l'économie nationale, insuffisamment maîtrisés par la première carte universitaire de 1982, sont, en 1984, mieux affinés pour les traduire en termes de flux de bacheliers à orienter vers les différentes disciplines. La loi sur la planification des flux est promulguée justement à ce moment-là. La consolidation et la rationalisation du système La loi n° 99-05 du 18 Dhou el Hidja correspondant au 4 avril 1999 constitue un moment capital dans le développement du système de l’enseignement supérieur. Loi d’orientation, elle synthétise l’ensemble du cadre réglementaire produit depuis l’indépendance et lui donne une cohérence d’ensemble. Elle codifie le dispositif organisationnel nécessaire au redéploiement de l’ensemble du système. Elle ouvre ainsi d’importantes perspectives de développement aux plans démographique et infrastructurel. La loi d’orientation de 1999 réaffirme les principes de fonctionnement de l'enseignement supérieur. Elle fixe les objectifs à atteindre. Elle précise les statuts des enseignants et des enseignés pour tous les niveaux de formation supérieure : graduation, postgraduation, formation continue. L'article 3 stipule, par exemple, qu'en tant que composante du système éducatif, le service public de l'enseignement supérieur contribue: "- au développement de la recherche scientifique et technologique, et à l'acquisition, au développement et à la diffusion du savoir et au transfert des connaissances, - à l'élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel du citoyen par la diffusion de la culture et de l'information scientifique et technique, - au développement économique, social et culturel de la nation algérienne par la formation de cadres dans tous les domaines, - à la promotion sociale en assurant l'égal accès aux formes les plus élevées de la science et de la technologie à tous ceux qui en ont les aptitudes ". La loi garantit "les conditions d'un libre développement scientifique, créateur et critique" et réaffirme "l'objectivité du savoir" et le respect de "la diversité des opinions". De même qu’elle réaffirme le caractère national du diplôme de l’enseignement supérieur qui "confère les mêmes droits à ses titulaires". L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Elle insiste sur le côté organique de la relation entre les fonctions d'enseignement et de recherche. Alors qu’elle souligne également les liens qui doivent être développés "avec les organismes nationaux et internationaux". Sur le plan institutionnel, la prise en charge des différentes missions est dévolue à "un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel... doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière". Cet établissement peut prendre la forme d'une université "organisée principalement en facultés", d'un centre universitaire, ou d'école ou institut "extérieurs à l'université". 28 La loi précise par ailleurs que des écoles et instituts peuvent être gérés par d'autres départements ministériels (avec tutelle pédagogique conjointe avec celle de l'Enseignement supérieur). Elle fixe les conditions dans lesquelles "la mission de formation technique d'un niveau supérieur peut être prise en charge par des personnes morales de droit privé..."."La liberté d'association et de réunion" est par ailleurs reconnue aux enseignants et aux étudiants "dans le cadre de la législation en vigueur". La création "d'un conseil de l'éthique et de la déontologie de la profession universitaire" est annoncée dans l’article 63. Enfin, la loi abroge d'autres textes ou les complète en fixant leurs principales modalités d'application. La mise en place du système LMD L’année 2004-2005 a connu la mise en place d’une nouvelle architecture dans l’offre de formation. Articulée selon trois paliers correspondant chacun à un diplôme-licence-master et Doctorat. Cette nouvelle architecture est organisée à l’intérieur de grands domaines recouvrant plusieurs disciplines cohérentes du point de vue des débouchés professionnels et des compétences scientifiques et techniques. A l’intérieur de chaque domaine, des parcours-types pouvant mener vers des spécialités ou options particulières sont proposés. Un parcours – type est un ensemble d’unités d’enseignement (UE) articulées selon une logique de progression en vue de l’acquisition de compétences identifiées. Ces parcours sont construits par les équipes de formation et peuvent intégrer des approches transdisciplinaires, pluridisciplinaires et professionnalisantes. Ils permettent l’orientation progressive de l’étudiant en fonction de son projet personnel ou professionnel et la prise en compte de la diversité des publics et de leurs besoins. Ils doivent inclure l’acquisition de compétences transversales, notamment la maîtrise d’au moins une langue vivante étrangère, d’outils informatiques et d’outils de recherche documentaire. Moins de dix ans après son lancement, le système LMD est quasiment généralisé à l’ensemble des formations dans les établissements d’enseignement supérieur. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Principaux acquis des réformes Au travers de ces réformes, quatre grands défis ont été relevés: La démocratisation La démocratisation de l'accès au système éducatif et à l'enseignement supérieur a marqué la politique algérienne de 1962 à nos jours. En 1954, moins de 7 étudiants sur 100.000 habitants accédaient dans leur propre pays à l'université ! Cinquante ans après l’indépendance, ce rapport dépasse 3000 étudiants pour 100.000 habitants. La démocratisation favorisée par la gratuité de l'accès à l'enseignement supérieur et l'existence des œuvres universitaires, ne se réduit pas à la massification ; c'est-à-dire à ouvrir l'accès des études supérieures au plus grand nombre d'inscrits. Encore fallait-il que cet accès soit effectivement ouvert aux jeunes issus de toutes les catégories sociales, régions et localités du pays, et que la répartition selon les sexes ne désavantage pas l'élément féminin! Un effort important a été fourni à cet effet. L'algérianisation 30 Dès la proclamation de l'indépendance du pays, l'algérianisation du système éducatif en général et de l'enseignement supérieur en particulier était apparue comme une préoccupation majeure des autorités algériennes. L'algérianisation supposait une intervention au niveau des programmes d'enseignement, de manière à assurer leur adaptation aux besoins nationaux en cadres. Elle s’est traduite par une politique visant l'accès massif des Algériens à la fonction d'enseignement afin d'assurer la relève de la coopération d'origine étrangère. A la rentrée universitaire 1962-1963, on ne pouvait compter que 82 Algériens, surtout des assistants, parmi les enseignants du supérieur, sur un total de 298 enseignants en fonction. Les décisions prises en 1982 permettront l'algérianisation totale du corps des assistants et des maîtres assistants en 1987, les sciences médicales en 1988 et les sciences sociales en 1989. Durant la décennie 1990-2000, c'est au tour des sciences biologiques, les sciences exactes et la technologie. On peut considérer le corps enseignant complètement algérianisé dans le supérieur en 2001-2002 (à peine 59 enseignants étrangers étaient recensés en 2001-2002 sur un total de près de 20.000 permanents). Les seuls établissements dépendant du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique comptabilisent aujourd’hui plus de 44.000 enseignants permanents, tous corps confondus. L'arabisation L'introduction de la langue arabe dans le système éducatif a toujours constitué à l'époque coloniale une revendication des formations politiques et culturelles qui ont marqué l'histoire du Mouvement national. En fait, l'arabe continuait à être considéré comme langue étrangère, et ce, malgré la publication en septembre 1947 du Statut de l'Algérie qui reconnaissait que la langue parlée par la grande majorité des Algériens était une des langues "de la communauté". De gros efforts devaient donc être consentis à l'indépendance du pays pour remédier à cette carence et faire progressivement de l'arabe la principale langue d'enseignement dans le cycle universitaire. L'enseignement supérieur, confronté à l'origine à un déficit important d'enseignants maîtrisant la langue arabe, il a fallu en former en faisant appel à une importante coopération venue du Monde arabe, tout en préparant le recyclage au sein notamment de Centres d'enseignement intensif des langues (ouverts dans les établissements universitaires). L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie L'arabisation ne concerne, dans les premières années de l'indépendance, que l'Institut des études islamiques rattaché à l'université d'Alger, et la licence de langue arabe qui se caractérise par un important afflux d'étudiants. La tendance va progressivement gagner d'autres disciplines, puisque, à côté des sections d'enseignement en langue française préexistantes, sont ouvertes des sections arabisées à l'école de journalisme en 1965, puis en philosophie et en histoire pour former des enseignants du secondaire, et en droit, à partir de 1969. La progression de l'arabisation en sciences sociales et en sciences de la terre et de la vie connaîtra aussi une accélération à partir de la rentrée de 1989 qui verra l'arrivée au sein de l'enseignement supérieur de la première promotion de bacheliers de séries scientifiques, totalement arabisés. En fait, le taux d'arabisation continuera de progresser de manière différenciée selon les spécialités enseignées, et, en 1996-1997 par exemple, il sera de 100 % en sciences sociales et humaines. L'orientation scientifique et technique Les options de démocratisation, d'algérianisation et d'arabisation peuvent être classées parmi les principes directeurs qui ont présidé au déploiement de l'enseignement supérieur depuis 1962. Ils ont interféré l'un sur l'autre tout au long des 50 années écoulées depuis l'indépendance du pays. 32 Une quatrième option est prise en compte pour saisir la physionomie actuelle de l'université algérienne, l'orientation scientifique et technique qui a constamment influencé la prise de décision dans ce domaine. On peut rappeler que durant l'époque coloniale, les rares Algériens qui accédaient au statut d'étudiant, suivaient généralement des études en lettres (lettres arabes en premier lieu), et quelquefois en droit ou en médecine et pharmacie, et qu'ils ne représentaient, à la veille de l'indépendance, que 03 % environ des inscrits dans les rares établissements à vocation technique tels que l'École Nationale des Ingénieurs d'Algérie ou l'École Nationale d'Agriculture d'Alger. L'importance donnée, au sein de l'État, à la question du développement économique et social, à l'effort d'industrialisation et à la mise en valeur des ressources naturelles, va contribuer à valoriser l'orientation scientifique et technique. C'est avec l'adoption du système d'économie planifiée, à partir du pré-plan triennal 1967-1969, des plans quadriennaux 1970-1973 et 1974-1977 puis des deux plans quinquennaux qui suivront, que vont être ressentis les besoins en cadres techniques qualifiés. En 1986-1987, la part des étudiants inscrits dans les filières scientifiques et technologiques représente 72 % du total des inscrits, avec une nette prédominance des inscrits en technologie (34 %). La croissance rapide des effectifs de l'université algérienne ces dernières années et la question des coûts de formation, ainsi que la récession du marché de l'emploi, vont faire baisser le pourcentage des inscrits en disciplines scientifiques, technologiques mais sans remettre en cause le fait que, de manière absolue, les chiffres qui rendent compte de cette orientation scientifique et technique continuent de croître. Cet ouvrage commémoratif présente un état synthétisé des cinquante années de construction et de réalisations de l’enseignement supérieur, secteur prioritaire, pour soutenir et déployer les plans de développement d’un pays sorti d’une colonisation, avec une économie dévastée et un système éducatif embryonnaire et complètement désorganisé. La présentation de ce demi-siècle d’efforts permanents retrace la trajectoire démographique au double plan des effectifs, étudiants et encadrement, et des structures d’accueil et d’accompagnement (pédagogie et œuvres sociales universitaires). Elle montre également l’édification du système national de recherche scientifique et de développement technologique quasi inexistant à l’indépendance. CINQUANTE ANNEES DE DEVELOPPEMENT Dynamique du système d’enseignement supérieur algérien : progression des effectifs et densification du réseau En 1961 le nombre total des Algériens recensés dans les établissements d'enseignement supérieur était de 1 317 étudiants inscrits à l'université d'Alger et dans les annexes d'Oran et de Constantine. Il a plus que doublé à la rentrée universitaire de 1962/63, et a été multiplié par 9,5 moins de dix ans après. A la rentrée de 2010/11, le nombre d’étudiants inscrits, soit cinquante ans après l’indépendance, atteint 1.200.000. Entre 1961 et 2012 il a été multiplié par presque 1000. Ces effectifs sont répartis entre plusieurs sites universitaires implantés dans les 48 Wilayate. S'ajoutent à ces effectifs les étudiants inscrits dans des établissements qui dépendent d'autres tutelles administratives que celle du MESRS. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie EVOLUTION DES EFFECTIFS D’éTUDIANTS INSCRITS 36 * dont 820 Algériens et 2 061 EU L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 38 Pour absorber ces flux croissants de nouveaux étudiants, un important programme de réalisation d'infrastructures universitaires, d'enseignement, de recherche scientifique et d’accompagnement socio-universitaire a été lancé et réalisé durant ces cinquante années de développement. Il s'est traduit progressivement par la création et la consolidation, en un temps relativement court, d'un réseau universitaire vaste et diversifié, étendu aujourd'hui sur les 48 wilayate, composé de 90 établissements d’enseignement supérieur. Progression des effectifs d’étudiants en graduation Le nombre d'étudiants inscrits a été multiplié par 9 entre 1960 et 1970, par 4,5 entre 1970 et 1980, par 3 entre 1980 et 1990, par 2,25 entre 1990 et 2000, par 2,5 entre 2000 et 2010. L'évolution des effectifs globaux pendant les cinq décennies montre, toutefois, un fléchissement qui ne remet pas en cause l'augmentation en valeur absolue du nombre d'étudiants qui a été multiplié par près de 400 au cours des cinquante dernières années. Au cours de la dernière décennie, l'effectif s'est accru de 626 318 étudiants. Variation dans l’évolution de la part des inscrits par grandes filières En 1962 les filières de formation se limitaient aux enseignements de licence dispensés dans les 4 facultés de l'université d'Alger, et à la préparation de certains diplômes, notamment celui d'ingénieur délivré par les quelques écoles et instituts supérieurs existants (Ecole Nationale des Ingénieurs d'Algérie, Ecole Nationale d'Agriculture). Au sein de l'Université, il existait une vingtaine de cursus de licence parmi lesquels on peut signaler: • En faculté des lettres et sciences humaines : lettres françaises (classiques ou modernes), langue et littérature arabes ainsi que 03 à 04 langues étrangères, histoire, géographie, philosophie, psychologie, et assez tardivement la sociologie. • En faculté de droit et des sciences économiques : le droit et les sciences économiques, • En faculté mixte de médecine et de pharmacie : la médecine, la chirurgie dentaire et la pharmacie, Ces différents enseignements pouvaient admettre l'existence, en leur sein, de certificats à option, qui élargissaient l’horizon des étudiants et permettaient, dans de nombreux cas, d'accéder à des inscriptions en troisième cycle (D.E.S. ou D.E.A., doctorat). Mais véritablement, l’offre de formation a commencé à croître et à se diversifier avec l'accession à l'indépendance, au point d'atteindre en 2001 le nombre de 128 profils de formation. Aujourd’hui, après le lancement de la réforme LMD, l’offre de formation comprend un total de 2 668 licences habilitées et 1 581 masters. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Toutefois, l’évolution de la dynamique de développement des différentes grandes familles de disciplines n’a pas été identique. La comparaison dans le temps de cette évolution montre des variations importantes enregistrées dans la part des effectifs par grandes familles de filières. 40 EVOLUTION DU NOMBRE D’ETUDIANTS INSCRITS EN GRADUATION Par grandes familles de disciplines EVOLUTION DU NOMBRE D’ETUDIANTS INSCRITS EN GRADUATION Par grandes familles de disciplines L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 42 EVOLUTION DE LA PART D’ETUDIANTS INSCRITS EN GRADUATION Par grandes familles de disciplines EVOLUTION DE LA PART D’ETUDIANTS INSCRITS EN GRADUATION Par grandes familles de disciplines L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Forte progression de l’élément féminin dans les effectifs globaux La part de l'élément féminin par rapport à l'ensemble des inscrits est passée de 23% en 1972 à 50 % en 2000. A partir de cette date, la composante féminine a continué d’augmenter régulièrement pour atteindre 59% en 2010. Le taux de progression de la féminisation est rapide et finit par dépasser les 50 % dans 5 filières sur 7 dès l’année 2000. C'est en lettres et sciences sociales qu'il est le plus élevé avec 69 %, et c'est en technologie qu'il est relativement bas avec 31 %, enregistrant toutefois une progression constante. 44 Evolution du taux de féminisation en graduation Evolution du taux de féminisation en graduation L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Nous constatons ainsi : • un renforcement de la part des sciences exactes et technologiques durant toute la période allant de l’indépendance jusqu’en 1990, suivi d’une baisse importante amorcée à partir de l’année 2000. • une baisse constante de la part des sciences médicales, sciences de la nature et sciences de la terre, qui se stabilisent durant les deux dernières décennies. • une très forte augmentation de la part des sciences sociales et humaines, qui représentent depuis plus de deux décennies plus de la moitié des effectifs. • Une évolution pour l’ensemble des filières, plus particulièrement des filières sciences sociales et humaines. • Une proportion majoritaire pour les filles. Une évolution constante du nombre de diplômés 46 En cinquante ans, le système d’enseignement supérieur algérien a produit près de 2 000 000 de diplômés. La décennie 1960 a enregistré 3 069 diplômés; celle des années 1970 a vu ce chiffre passer à près de 40 000 pour atteindre en 2000 les 600 000 diplômés. L’année universitaire 2010/11 a enregistré 246 400 diplômés. 1 393 000 diplômés sont sortis des établissements d’enseignement durant la décennie 2001-2011. EVOLUTION DU NOMBRE DE DIPLOMES DE GRADUATION Par grandes familles de disciplines L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 48 EVOLUTION DU NOMBRE DE DIPLOMES DE GRADUATION Par grandes familles de disciplines L’analyse par grandes familles de disciplines montre une relative prédominance des sciences sociales et humaines, mais aussi une forte part des sciences exactes et technologiques. En matière de rendement quantitatif, une analyse plus fine montre une constante amélioration du rapport diplômés/effectif des inscrits. C'est ainsi que ce rapport est passé de 1/29 en 1963 à 1/16 en 1970. Il est de 1/8 en 1980, en 1990 et en 2000. Il est divisé par deux entre 2000 et 2011, période au cours de laquelle il atteint 1/4. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Postgraduation et formation des formateurs Évolution des inscriptions en post-graduation Les cinq dernières décennies ont vu le nombre d'inscriptions en post-graduation passer de 156 étudiants à 60 000. La post-graduation concerne toutes les grandes familles de disciplines de formation dans les différents paliers. 50 Evolution des effectifs étudiants inscrits en postgraduation L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie La formation doctorale Elle constitue un volet primordial de la politique sectorielle de formation des formateurs. Dans ce cadre, la mise en place d’écoles doctorales à caractère local, régional ou national reste un instrument privilégié. A ce titre, et à compter de l’année universitaire 1985-1986, le nombre de diplômés en première et deuxième post-graduation s’élève à près de 74.000, hors formation en sciences médicales et formation à l’étranger. L’année 2010-2011 a enregistré un nombre global des inscrits en formation doctorale (Magister, Doctorat et Doctorat d’Etat) de 50.650. Cette année se distingue par une inscription en Magister d’un effectif de l’ordre de 21.966 étudiants et un accroissement sensible du nombre de doctorants (28.684 inscrits). Par ailleurs, les données de l’année 2010 font ressortir un nombre de soutenances de 6.957 (Magister, Doctorat, Doctorat d’Etat). En matière de formation de troisième cycle (doctorat, système LMD) ouverte en 2009-2010, 200 formations ont été habilitées en 2010-2011, totalisant un nombre d’inscrits de 2.305. Pour l’année universitaire 2011-2012, 880 formations doctorales ont été proposées pour habilitation, dont 36 formations au sein des écoles doctorales; le nombre total de postes à ouvrir s’élève à 10.108. En matière de formation de 3ème cycle (Doctorat-LMD), il est également attendu une évolution très importante du nombre de formations à habiliter et de postes à ouvrir. Cette formation est appelée à se généraliser et à remplacer, à terme, le système de formation post-graduée régi par le décret exécutif n° 98-254 du 17 Août 1998. La préoccupation essentielle du secteur reste liée aux capacités d’encadrement de la formation doctorale et son amélioration sur les plans qualitatif et quantitatif. Dans cette optique, des mesures réglementaires ont été prises : • La promulgation du statut du doctorant. • L’ouverture de l’habilitation universitaire aux chercheurs permanents. 52 • Le développement de thèses en cotutelle et codirection. • L’appui à la formation doctorale à travers la coopération interuniversitaire nationale et internationale. L’année universitaire 2011-2012 a enregistré un nombre global des inscrits en formation doctorale (Magister, Doctorat et Doctorat d’Etat) de plus de 53 000, dont près de 20 000 inscrits en Magister et près de 34 000 doctorants. Postgraduation en Sciences Médicales La formation postgraduée en Sciences Médicales est subordonnée à la disponibilité de terrains de formation (services hospitalo-universitaires) et aux capacités d’encadrement. Pour l’année universitaire 2010-2011, les effectifs inscrits en résidanat ont avoisiné le nombre de 10 000, toutes spécialités confondues. Le nombre de médecins spécialistes formés depuis 2005 s’élève à près de 11 500, toutes spécialités confondues. Un effort appréciable a été réalisé en matière d’ouverture de postes à concours pour l’accès au résidanat, à la session 2010 ; par exemple plus de 2 800 postes ont été ouverts dont plus de 2 600 en médecine, 137 en pharmacie et 75 en chirurgie dentaire. La promotion 2010-2011 des diplômés totalise plus de 1 700 spécialistes sur un effectif inscrit au DEMS de près de 2 000. Pour améliorer la qualité de la formation postgraduée en sciences médicales, un certain nombre d’actions ont été initiées au cours de l’année universitaire 2010-2011. Parmi ces actions : • la mise à jour des programmes des cursus de formation en spécialités ; • l’adaptation du carnet du résident aux objectifs de formation; • la réflexion sur l’amélioration de la formation théorique et pratique des résidents (moyens matériels nécessaires) ; • l’amélioration des conditions de progression dans la carrière hospitalo-universitaire. Ces actions menées en collaboration et en coordination avec les comités pédagogiques nationaux de spécialités ont fait l’objet d’assises nationales sur la formation postgraduée en sciences médicales, organisées par le MESRS durant le premier semestre de l’année 2011. Les recommandations de ces assises ont été mises en œuvre dès l’année universitaire 2011-2012. Les inscrits au D.E.M.S durant l’année universitaire 2011-2012 ont atteint un effectif de l’ordre de 11 000 résidents. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Formation postgraduée à l’étranger La formation postgraduée à l’étranger a contribué de façon conséquente à l’amélioration et au renforcement de l’encadrement pédagogique et scientifique des établissements d’enseignement supérieur. Très tôt, les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité et de l’importance de recourir à la formation à l’étranger pour relever le défi de l’algérianisation du corps enseignant. Dans cette perspective, le secteur de l’enseignement supérieur a mis en œuvre une politique de formation à l’étranger en envoyant un nombre important d’étudiants bénéficiant de bourses d’études mobilisées dans une première étape dans le cadre de la coopération universitaire et scientifique, et plus tard sur ses ressources propres. C’est ainsi que, durant les cinq dernières décennies, plus de 50 000 étudiants ont été envoyés dans différents pays, à travers quatre continents (Europe-Amérique-Afrique-Asie), tous cycles et domaines de formation confondus. Depuis le début de l’année 2000, la politique de formation à l’étranger a été redéployée essentiellement vers la prise en charge des enseignants et des chercheurs inscrits en thèse de doctorat. Un programme similaire prend en charge les étudiants majors de promotion dans certains domaines jugés prioritaires. Ainsi, au cours de la période 2000 à 2011, le nombre d’enseignants et de chercheurs bénéficiaires de ces programmes boursiers a atteint 3 056, dont 40% d’enseignants et de chercheurs. Sur ce total, 1 525 thèses de doctorat ont été soutenues, soit un taux de rendement de 56%. Cet effort de formation doctorale à l’étranger a porté sur les domaines suivants : sciences exactes et technologie 54%, sciences sociales et humaines 36% et sciences de la nature et de la vie 10%. 54 La caractéristique majeure des programmes actuels réside dans le taux important de retour et de réintégration après formation. Ainsi le taux de retour des enseignants est de 100% et celui des étudiants majors de plus de 80%. Cela a été grandement encouragé par les conditions de réintégration et les facilitations d’accueil mises en place. Ouverture de l’enseignement supérieur L’ouverture de l’Université algérienne sur l’international est marquée par l’accueil de 8 053 étudiants étrangers, en provenance de 59 pays. Au nombre de 200 en 1970, ils sont passés à 600 en 1980. Ils atteignent 3 000 en 1990 et dépassent 6 000 en 2000. Cela représente un accroissement de 400% entre 1970 et 2011. L’essentiel de ces étudiants est inscrit en graduation, 70% dans les filières scientifiques et médicales et 30% en sciences sociales et humaines. Croissance et diversification de l'encadrement Le nombre d'enseignants chargés de l'encadrement n'a cessé de croître durant ces cinq décennies. Il est passé de 298 enseignants permanents en 1962 à 17 460 en 2000. Ce nombre a été multiplié par 2,3, dépassant 40 000 enseignants en 2011. Au cours de ces cinquante années de développement, la progression des effectifs des enseignants est remarquable. Le nombre d’enseignants permanents a été multiplié par 135 entre 1962 et 2011. Il importe de souligner une forte progression du taux de féminisation du métier d’enseignant du supérieur. Ce taux atteint 40% du corps enseignant. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 56 EVOLUTION DU NOMBRE D'ENSEIGNANTS PERMANENTS EVOLUTION DU NOMBRE D'ENSEIGNANTS PERMANENTS 50 000 40 000 30 000 20 000 10 000 0 62/63 69/70 Professeur M. de Conférences (B) Maî[YL(ZZPąHU[( TOTAL 79/80 89/90 M. de Conférences Chargé de cours Maî[YL(ZZPąHU[) 99/00 09/10 M. de Conférences (A) Maî[YL(ZZPąHU[ (ZZPąHU[ 10/11 L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Une évolution marquée par la prédominance des maîtres assistants et chargés de cours Jusqu’en 2007, le corps des enseignants est composé de cinq grandes catégories : les professeurs, les maîtres de conférences (ou docents en médecine), les chargés de cours, les maîtres assistants et les assistants. A partir de 2008, un nouveau statut des enseignants du supérieur est promulgué, substituant à cette catégorisation une autre composée par les nouveaux corps suivants : les professeurs, les maîtres de conférences de classe A, les maîtres de conférences de classe B, les maîtres assistants de classe A et les maîtres assistants de classe B. les corps de chargés de cours et d’assistants étant mis en extinction. D’où la distinction et le chevauchement dans le tableau. Les effectifs du corps des professeurs sont en constante progression. Ils ont été multipliés par 48 entre 1962 et 2011, passant de 66 à 3 186 professeurs. La part relative des professeurs est en constante progression depuis 1980, passant de 03% à 08% de l’ensemble des effectifs enseignants. Les effectifs des maîtres de conférences qui ne représentaient que 04% du nombre d’enseignants permanents en 1962, ont également fortement progressé. Multipliés par 124, ils sont passés de 13 maîtres de conférences en 1962 à 1 612 en 1990. Les maîtres de conférences (toutes classes confondues) ont atteint le chiffre de 7 652. Le poids relatif de cette catégorie d’enseignants est passé de 06% en 1980 à 18% en 2011. Le corps des maîtres assistants qui ne comptait que 74 enseignants en 1962, prédomine largement aujourd’hui avec un total de 28 782, représentant 72 % des effectifs globaux. 58 Quant au corps des assistants, nettement majoritaire au début (autour de 60% entre 1970 et 1980), il ne représente plus que 1% aujourd’hui, la plupart des enseignants de ce corps ayant fini graduellement par obtenir leurs diplômes de magister et/ou de doctorat. EVOLUTION DU NOMBRE D'ENSEIGNANTS PERMANENTS ET DU TAUX D'ENCADREMENT L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie EVOLUTION DU NOMBRE D'ENSEIGNANTS PERMANENTS ET DU TAUX D'ENCADREMENT EN GRADUATION Au titre de l’année universitaire 2010-2011, l’effectif global des enseignants a atteint 40 140 enseignants, soit une progression de plus de 06 % par rapport à l’année universitaire 2009-2010. Les effectifs enseignants de rang magistral ont enregistré une progression de l’ordre de 07 %, passant de 7 436 en 2009 à 8 000 en 2010 (professeurs et maîtres de conférences classe A), soit 20% du corps enseignant. 60 Dans ce cadre, l’institution de la Commission universitaire nationale (CUN) en 1989 et la régularité de son fonctionnement ont constitué un puissant levier de la politique de promotion des enseignants de rang magistral permettant l’amélioration du niveau d’encadrement. Evolution des promotions cumulées des enseignants de rang magistral par la CUN 1991-2011 * La promotion au grade de maître de conférences ne relève plus de la CUN, depuis la mise en place de l’habilitation. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 62 Evolution des promotions cumulées des enseignants de rang magistral par la CUN 1991-2011 Cette progression remarquable du corps enseignant du supérieur, résultat d’un important effort de formation, n’a pas encore réussi à rattraper le rythme suivi par la progression des effectifs étudiants. Cette distorsion est un des effets de la démocratisation de l’enseignement supérieur et de la complexité de la formation de l’encadrement universitaire. Le taux d'encadrement en 1970 était d’un enseignant pour 15 étudiants. En 1980 il atteint le taux d’un enseignant pour 8 étudiants. En 1990 il est passé à un enseignant pour 12 étudiants. En 2011, nous enregistrons un taux d’un enseignant pour 27 étudiants. Le processus de promotion de l’encadrement pédagogique et scientifique a été couronné par l’institution du titre de professeur émérite, introduit par la loi d'orientation et consacré par le statut de l’enseignant chercheur. Sont éligibles à ce titre les professeurs ayant cumulé 20 ans d'activité en cette qualité. La première promotion de professeurs émérites, depuis l’indépendance, comprend 105 lauréats parmi 120 candidats. L'algérianisation du corps enseignant et l’arabisation des enseignements L'algérianisation du corps enseignant s'est faite relativement tôt puisque, en 1970 déjà, les Algériens représentaient près de 54 % de l'effectif total. Aujourd'hui, le corps enseignant est presque totalement algérianisé. Par ailleurs, la politique d'arabisation de l'enseignement supérieur, menée surtout à partir de 1971, a atteint dès la fin des années 1980 le taux de 100 % dans de nombreuses grandes filières. Elle continue de progresser dans les filières technologiques et médicales. Elle a nécessité un gros effort d'arabisation du corps enseignant, ainsi que l'ouverture sur les langues étrangères pour permettre l'accès des étudiants à la documentation. Renforcement de l’encadrement pédagogique En vue du renforcement et de la stabilisation de l’encadrement pédagogique et de l’amélioration des conditions socioprofessionnelles, l’année 2010 s’est distinguée par la promulgation des décrets exécutifs portant institution des régimes indemnitaires des enseignants chercheurs et des chercheurs permanents. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Ces textes ont été accueillis par ces catégories de fonctionnaires avec beaucoup de satisfaction, les mesures décidées par les pouvoirs publics, en application des orientations du Président de la République, ayant répondu à leurs attentes. Promotion du livre universitaire Le livre universitaire constitue un outil privilégié de soutien pédagogique. C’est dans cette optique que l’Office des publications universitaires (OPU) a été créé en 1973 pour accompagner le parcours universitaire de tous les cadres et de l’élite nationale. Les ouvrages, manuels et polycopiés des enseignements dispensés ont été entièrement réalisés et mis à la disposition des institutions universitaires et des étudiants avec le souci constant d’adapter les prix à leurs capacités financières. Depuis sa création, l’Office a constitué un fonds éditorial de près de 5 200 titres, couvrant toutes les disciplines et tous les paliers de formation supérieure, et ce, grâce à l’engagement du corps enseignant qui constitue l’essentiel des auteurs. Ce fonds éditorial est constitué de 52% de titres en langue arabe et 48% en langues étrangères, répartis par disciplines selon les taux suivants : sciences sociales et humaines 55%, sciences exactes et technologie 32% et sciences de la nature et de la vie 13%. L’Office compte enrichir son fonds éditorial en éditant annuellement plus d’une centaine de nouveautés, en plus de la réédition de plus de 100 titres. Des efforts considérables ont été déployés pour la réalisation de livres scientifiques en coédition, en traduction et en achat de droits de reproduction, dans le cadre de partenariats diversifiés. 64 Compte tenu du développement et de l’élargissement importants de la carte universitaire sur le plan national, et dans le cadre du rapprochement du livre universitaire de l’étudiant et de l’enseignant, l’Office a développé son réseau de distribution qui est passé de 03 librairies, durant les années 1970, à 50 en 2012, dont la plupart au sein des campus universitaires. Evolution de la production du livre universitaire Evolution de l’édition en titres ( tous les six ans ) Evolution de la production en volumes ( tous les six ans ) L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Réalisation des infrastructures universitaires pédagogiques et d’accompagnement Pour répondre aux besoins induits par les effectifs en croissance constante des étudiants, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a réalisé, durant ces cinquante années, un réseau dense d'établissements d'enseignement supérieur, de recherche scientifique et d'infrastructures d’accompagnement diverses. Actuellement, le réseau universitaire algérien compte 90 établissements d’enseignement supérieur de différents statuts: quarante-sept (47) universités (dont huit (08) centres universitaires promus en 2012 au rang d’université), dix (10) centres universitaires, dix-huit (18) écoles nationales supérieures auxquelles sont intégrées deux (02) classes préparatoires, six (06) écoles normales supérieures, dix (10) écoles préparatoires. A cela s’ajoutent deux (02) annexes universitaires. 66 L’ensemble, réparti à travers les quarante-huit wilayas, regroupe également plus de 1 000 laboratoires de recherche scientifique. Cet ensemble d’établissements a enregistré, au titre de l’année universitaire 2011-2012, l'inscription, dans les différents cycles de formation supérieure, de près de 1 300 000 étudiants dont quelque 240 000 nouveaux bacheliers, encadrés par plus de 44 000 enseignants permanents dont plus de 8 500 de rang magistral (professeurs et maîtres de conférences de classe A).2 2 Données de 2012. Trois grandes périodes dans le processus de réalisation Trois grandes périodes peuvent être distinguées dans la réalisation des principales infrastructures de base : • les premières grandes réalisations de l’Indépendance 1962 à 1980 ; • l’extension du réseau universitaire 1980 à 1998 ; • la maturité 1999 à 2012. Les premières grandes réalisations de l’Indépendance 1962 à 1980 Trois grandes universités ont été lancées dès l’indépendance. Elles seront suivies de nombreuses autres selon un rythme soutenu avec le souci constant de répondre harmonieusement au principe de proximité, aux objectifs de la reconstruction économique ainsi que de l’adéquation avec les impératifs démographiques, scientifiques et technologiques. Ces réalisations constituent souvent de véritables monuments sur le plan architectural, conçus par des bureaux d'architecture de renommée internationale. C'est le cas de l'Université des Sciences et de la Technologie Houari-Boumediene (USTHB, Bab Ezzouar, Alger) et de l'Université des Frères Mentouri de Constantine, toutes deux conçues par le Brésilien Oscar Niemeyer Celui de l'Université des Sciences et de la Technologie Mohamed-Boudiaf à Oran (USTO), conçue par le Japonais Kenzo-Tange. Ces trois réalisations d’avant-garde dans trois villes prestigieuses vont constituer les chefs de file du réseau des sites universitaires de l’Algérie d’aujourd’hui. S’est ajoutée, une décennie plus tard (1984), l’Université des Sciences Islamiques Emir Abdelkader, implantée à Constantine. Après les universités d’Alger, de Constantine et d’Oran, la progression dans l’exécution des plans de développement du secteur de l’enseignement supérieur a privilégié un dimensionnement maîtrisable en érigeant des centres universitaires, lesquels, au fur et à mesure de leur croissance, seront élevés au rang d’université. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Au cours de cette première période L’extension du réseau universitaire 1980 à 1998 Ce processus s’est consolidé par l’ajout durant cette nouvelle période de dix-huit centres universitaires dotés de l’ensemble des moyens pour leur bon fonctionnement, c’est-à-dire les équipements pédagogiques et scientifiques, ainsi que les structures d’accompagnement des œuvres universitaires. La maturité 1999 à 2012 Un double mouvement caractérise cette période. En effet, dix-neuf nouveaux centres universitaires ont été érigés, et parallèlement, vingt-quatre autres ont été promus au rang d’université. A cette continuité de croissance s’est greffée la préoccupation de rationalisation de la gouvernance de certains sites dont la cohérence s’est affaiblie par leur développement. C’est le cas d’Alger et de Constantine, notamment. Ainsi, huit nouvelles universités sont nées de ce mouvement de restructuration du réseau universitaire. Cette période a connu aussi une démarche d’unification du statut concernant les anciennes écoles d’ingénieurs, écoles normales et plusieurs instituts nationaux avec les nouvelles créations d’écoles hors universités sous la dénomination « Ecoles Nationales Supérieures ». L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie De la conférence nationale des universités, et des conférences régionales En 1995, trois académies universitaires ont été instituées comme services extérieurs régionaux du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Domiciliées respectivement à Oran, Constantine et Alger, elles étaient chargées de coordonner les activités des établissements de formation et les actions des œuvres universitaires au niveau régional. Structurées en départements, elles étaient dirigées par un président représentant le ministre. Cette démarche aura constitué une première expérience de déconcentration des missions du ministère à un niveau régional de 1995 à 2001. Les académies seront remplacées par les conférences régionales qui forment la conférence nationale des universités présidée par le ministre. La conférence nationale des universités est un organe consultatif placé auprès du ministre chargé de l'Enseignement supérieur. C'est un cadre de concertation, de coordination et d'évaluation des activités du réseau de l'enseignement supérieur et de mise en œuvre de la politique arrêtée en la matière. Elle est présidée par le ministre chargé de l'Enseignement supérieur ou son représentant. Le président de la Conférence nationale des universités est assisté d'un bureau composé des présidents des conférences régionales en exercice. Elle se réunit en session ordinaire deux fois par an. Trois conférences régionales ont été créées (Centre, Est et Ouest). Elles sont composées des chefs d'établissement des aires géographiques de compétence qui les délimitent. La conférence est chargée d'émettre des avis et recommandations, notamment sur : • les perspectives de développement du service public de l'enseignement supérieur; • les perspectives de développement de la carte nationale des formations supérieures; • les perspectives de développement du réseau national des établissements d'enseignement supérieur; • la régulation des effectifs de titulaires du baccalauréat et la détermination des besoins en découlant; 70 • tout autre dossier soumis par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Organes d’évaluation et assurance qualité dans l’enseignement supérieur Deux organes d’évaluation ont été institués en 2010, et installés officiellement: • le Comité national d’évaluation des établissements d’enseignement supérieur (CNE); • le Conseil national d’évaluation de la recherche scientifique et du développement technologique (CNERSDT). Le CNE a pour missions d’évaluer régulièrement l’ensemble des activités et des actions des établissements d’enseignement et de formation supérieurs, de mettre en place un système de références et de standard, d’analyser les performances des établissements en vue de l’accroissement de leur efficacité interne et externe, d’impulser une dynamique d’autoévaluation des établissements et de promouvoir toute relation avec les organismes similaires d’évaluation et d’assurance qualité dans le monde. Le CNERSDT est chargé d’évaluer les stratégies et les moyens mis en œuvre dans le cadre de la politique nationale de la recherche scientifique et du développement technologique, de contribuer à l’analyse de l’évolution du système national de recherche, de proposer des mesures dans le cadre de la compétitivité scientifique internationale et, enfin, d’élaborer un bilan de synthèse de ses activités au terme de chaque programme quinquennal. Il apprécie également les besoins en compétences pour atteindre les objectifs assignés. Ces deux organes d’évaluation sont assistés par la commission ad hoc d’Assurance Qualité. Cette dernière contribue à la mise en œuvre du programme d’actions à mener dans le but de parachever le processus d’implémentation du système d’Assurance Qualité, notamment par la formation des responsables d’assurance qualité (RAQ) aux techniques d’autoévaluation et l’élaboration de normes, référentiels, manuels et guides. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Conseil de l’éthique et de la déontologie Le Conseil d'éthique et de déontologie de la profession universitaire, institué pour la première fois dans l'histoire de l'université algérienne, par la loi d'orientation sur l'enseignement supérieur de 1999, a été mis en place à la rentrée universitaire 2005/2006 et a pu, durant son premier mandat 2005-2009, mettre en place son règlement intérieur et organiser un nombre appréciable de travaux de sensibilisation et de vulgarisation des questions d'éthique et de déontologie universitaires. 72 Cet organe consultatif, placé auprès du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, concrétisera, en 2010, l'un de ses principaux objectifs, l’élaboration et l’adoption d’une charte d'éthique et de déontologie universitaires, qui sera diffusée à l’ensemble de la communauté universitaire. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 74 La carte des Etablissements Universitaires 2010/2011 Distance entre établissements universitaires situation 2010/2011 Un Réseau cohérent Répartition des établissements de l’enseignement supérieur L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Rythme d’émergence des universités algériennes 1962 1972 1982 1992 2002 76 2012 LES œUVRES UNIVERSITAIRES Au lendemain de l'indépendance, la situation économique, sociale et politique était relativement difficile. Il n’était possible qu’exceptionnellement pour une famille algérienne moyenne de prendre en charge les dépenses pour des études supérieures. La prise en charge immédiate de la formation universitaire par l’Etat est d'emblée exigée par le déficit en cadres dont la continuité du fonctionnement des institutions avait besoin. Sans le soutien et le financement public de l'enseignement supérieur, rares étaient les familles qui pouvaient prendre en charge le coût de formation de leurs enfants. L'indice de pauvreté de la population était des plus élevés. En plus d'un environnement économique et social complexe, les pouvoirs publics ont proclamé clairement l'important rôle assigné à l’Etat et le degré de son intervention. La politique de l'aide aux étudiants est donc née dans un contexte particulier avec la mise en place du système des œuvres universitaires. Cette politique visait deux objectifs : alléger la charge financière des familles les plus démunies par l'octroi de bourses d'études; offrir à des prix très réduits des services tels que la restauration, l'hébergement, le transport, etc. Au-delà d'une profonde conviction, d'ordre économique, largement partagée, que la croissance et le développement sont intimement liés à l'élévation de la productivité du travail par la formation et l'éducation, la prise en charge par l'Etat de l'appareil de formation et d’éducation faisait partie d'une stratégie de rupture avec la politique élitiste de la période coloniale. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie A partir de là, et en ce qui concerne l'enseignement et la formation supérieurs, tout un système d'aide aux étudiants a été mis en œuvre pour que ce palier supérieur profite à l'ensemble des couches sociales. En termes de revenus réels, le manque à gagner des étudiants, pendant la durée de formation, est important ainsi que les gains d'opportunité sacrifiés par les familles. Même si l'enseignement lui-même est dispensé gratuitement, beaucoup ne peuvent se permettre de le suivre sans une aide pour subsister pendant la période des études. D'où cette double politique d'offre de biens et services et de redistribution de revenus, qui a pour objectif majeur la formation du maximum de cadres dont l’économie nationale avait besoin. La nature du modèle de développement économique préconisé par l'Algérie à la fin des années 60 s'est fixé comme priorité d'intégrer l’université dans l'ensemble du processus et lui confier des missions importantes. Ce nouveau rôle est clairement défini dans les textes de la refonte de l'enseignement supérieur de 1971. Ainsi, tout en assurant la gratuité de l’enseignement supérieur, l’Etat a mis en place un système d'aides aux étudiants basé sur deux types : l'aide directe et l’aide indirecte. La gestion a été confiée aux établissements des œuvres universitaires. Ces structures qui assurent un ensemble de services et de prestations en direction des étudiants tout en profitant aux travailleurs du secteur de l’enseignement supérieur, ont joué un rôle primordial dans la massification de l’enseignement supérieur. Le développement d’un enseignement de masse implique non seulement la gratuité des cours, mais également l’adoption de mesures permettant aux étudiants devenant de plus en plus nombreux de disposer de revenus qu’ils ne peuvent produire eux-mêmes. 78 Depuis 1962 l'effort considérable consenti par les pouvoirs publics en matière d'aide aux étudiants a revêtu principalement deux formes: une aide directe sous forme de bourses (et présalaires), et une aide indirecte sous forme de subventions à de multiples services offerts aux étudiants. En effet, en plus de l’aide directe exprimée sous forme de bourses et de présalaires, l’étudiant algérien bénéficie d’une aide indirecte consistante sous forme de prestations multiples assurées par les établissements gestionnaires des œuvres universitaires. Ces prestations concernent le transport, l’hébergement, la restauration, les activités culturelles et sportives, dont certaines sont offertes à tous les étudiants sans conditions particulières, comme par exemple le transport ou la restauration. En revanche, d’autres sont fournies sous conditions, comme par exemple l’hébergement pour cause d’éloignement. L’administration des œuvres universitaires : bref historique En matière d’aides sociales universitaires, le premier dispositif réglementaire a fait l’objet de l’ordonnance n° 67 - 44 du 17 mars 1967 portant création du Centre national des œuvres universitaires et scolaires. Doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, il était placé sous la tutelle du ministre de l’Education nationale. Il avait pour mission : 1- d’améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants et des élèves des établissements de l’enseignement supérieur, 2- d’aider et d’orienter l’action des centres régionaux, 3- d’effectuer ou de faire effectuer toute étude ou enquête sur les besoins des étudiants, de provoquer la création de services propres à satisfaire ces besoins, 4- de participer à l’action des organismes qui poursuivent les mêmes buts ou des buts complémentaires. Le CNOUS a été dissous par l’ordonnance n° 71-5 du 4 février 1971, qui transfère l’ensemble de ses attributions à trois nouvelles structures. En effet, deux décrets successifs (71/52 et 71/53 du 4 février 1971) créent trois centres des œuvres universitaires, situés à Alger, Oran et Constantine. Les missions dévolues à l’ancien CNOUS ont été revues et enrichies par les ajouts de : • la promotion et le développement des activités culturelles et sportives des étudiants; • la gestion des biens meubles et immeubles affectés à l’hébergement et à la restauration des étudiants; • la gestion des logements des enseignants nationaux et des coopérants. Pour une raison d’adaptation réglementaire et de généralisation d’une structure des œuvres universitaires, le décret n° 86-314 du 23 décembre 1986 a pour objet de définir la réglementation et les prérogatives liées à l’organisation et à la gestion des centres des œuvres sociales universitaires (COSU). L’existence d’un établissement des œuvres universitaires est souvent conditionnée par l’existence d’un établissement d’enseignement universitaire. Quand le nombre des étudiants est inférieur à 2 000, la gestion des œuvres universitaires est rattachée directement aux établissements pédagogiques. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Ces COSU ont connu des transformations successives pour devenir des centres des œuvres universitaires sociales (COUS). Puis des centres des œuvres universitaires (COU). En 1995, dans le cadre des réformes lancées par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, un office national des œuvres universitaires (ONOU) a été créé par le décret n° 84-95 du 22 mars 1995. Après cette création de l’office, les COSU ont été dissous en 1996. L’organisation de l’ONOU demeure uniforme jusqu’à la publication du décret exécutif n° O3312 du 14 septembre 2003. A partir de ce texte, sont érigées des structures centrales et locales dénommées « directions des œuvres universitaires » (DOU) et « résidences universitaires » (RU). L’objectif de cette réadaptation est d’assurer une meilleure gestion des moyens matériels, humains et financiers. Conditions réglementaires d’octroi de la bourse de l’enseignement supérieur Les œuvres universitaires ont pour finalité de contribuer matériellement pour que le maximum de jeunes issus de l'enseignement secondaire puissent poursuivre des études dans le cycle du supérieur. Il s'agit d'aider matériellement les étudiants issus de familles aux ressources limitées par une contribution directe dispensée sous forme de bourses d'études ou de subventions aux structures de restauration, d'hébergement, de transport, de culture, de loisirs et de santé (infirmerie, assurance maladie... ). Au lendemain de l’indépendance, l’Etat algérien a lancé ce qui allait devenir au fil du temps un solide cadre réglementaire régissant l’aide directe financière (bourse) versée aux étudiants et stagiaires algériens en Algérie et à l’étranger. Parmi les premiers textes promulgués en la matière, on peut citer l’arrêté du 10 janvier 1964, signé par le ministre de l’Orientation nationale, qui fixe pour l’année 1963-1964, après enquête effectuée par le bureau national des bourses au sujet du coût de la vie, le montant des bourses allouées aux étudiants algériens en Algérie, et étudiants et élèves algériens du second degré en formation à l’étranger. Ces derniers bénéficient de surcroît d’une indemnité vestimentaire et scolaire. 80 L’ordonnance n° 71-78 du 3 décembre 1971 considère la bourse comme une aide visant à couvrir les frais d’études et un complément pour subvenir aux besoins courants de l’étudiant. La bourse est attribuée en fonction des revenus des parents, de la nature des études poursuivies et des résultats obtenus. L'octroi des bourses d’études en Algérie a été généralisé à tous les étudiants inscrits à l'université. Des nécessités induites par l’augmentation du coût de la vie et l'inflation ont incité l'Etat à en actualiser régulièrement le montant. Aujourd’hui, le montant mensuel de la bourse attribuée aux étudiants inscrits en graduation ou en premier cycle ou en formation supérieure, est fixé comme suit : • 1 350 DA par mois, pour les étudiants dont les parents justifient d’un revenu mensuel net cumulé inférieur à quatre (4) fois le salaire national minimum garanti, • 1 200 DA par mois, pour les étudiants dont les parents justifient d’un revenu mensuel net cumulé inférieur ou égal à sept (7) fois le salaire national minimum garanti, • 900 DA par mois, pour les étudiants dont les parents justifient d’un revenu mensuel net cumulé inférieur ou égal à huit (8) fois le salaire national minimum garanti. Il est par ailleurs attribué une allocation d’études et de recherche aux étudiants inscrits en magister ou en deuxième cycle, pendant une durée correspondant à un cycle d’études de deux années. Le montant de cette allocation, servie trimestriellement, est fixé à 5 850,00 DA par trimestre pour les étudiants de 1ère année, et à 7 200,00 DA par trimestre pour les étudiants de 2ème année. Pour les étudiants inscrits en deuxième cycle assuré par les écoles hors universités, cette allocation d’études et de recherche est servie trimestriellement pendant une durée correspondant à un cycle d’études de trois années, et avec les mêmes montants. Enfin une bourse du doctorant est allouée aux étudiants inscrits en doctorat. Le montant de cette bourse est fixé actuellement à douze mille dinars par mois. En 2011, 796 414 étudiants étaient boursiers de la graduation, soit un taux de 74% de l’ensemble des étudiants inscrits en graduation. Ainsi, les bourses et allocations d’études, éléments essentiels du dispositif d’aide aux étudiants, constituent un puissant levier de la politique de démocratisation de l'enseignement supérieur. Elles mobilisent, de ce fait, d’importantes ressources financières. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie L'hébergement et la restauration L'hébergement constitue une préoccupation pour les étudiants qui vivent loin de leurs familles. Ils étaient ainsi 215 292 étudiants en 2000, soit 53% des inscrits, à résider au sein des structures gérées par l'ONOU. En 2011, 442 538 étudiants ont bénéficié de l’hébergement dans les résidences universitaires, soit un taux national moyen d’hébergement de 41% de l’ensemble des inscrits en graduation, L'octroi d'une chambre individuelle ou collective en cité universitaire est conditionné par l'éloignement du lieu de résidence des parents par rapport à la ville universitaire où sont poursuivies les études. Une candidature d'hébergement peut être déposée, lorsque la distance entre les deux sites considérés est d'au moins 30 km pour les filles et 50 km pour les garçons. La résidence universitaire constitue la structure de base des œuvres universitaires (ONOU) Au plan de l’hébergement, la capacité d’accueil globale du réseau actuel est constituée de 368 résidences universitaires et 477 unités de restauration. Ce qui représente une capacité de 516 220 lits, dont 42 460 réceptionnés en 2010. Après l’indépendance, on comptait seulement trois résidences universitaires. 82 "Les résidences universitaires constituent les structures de base de l'office. Elles sont composées chacune, selon l'importance des effectifs d'étudiants à couvrir, d'une ou de plusieurs unités d'hébergement et de restauration. Elles sont chargées d'assurer directement aux étudiants, les prestations en matière de paiement des bourses, d'hébergement, de restauration, de transport, d'activités culturelles et sportives et autres prestations sociales ". Les autres prestations Les résidences universitaires mettent des bibliothèques et salles de travail à la disposition de leurs résidents. Les œuvres universitaires interviennent également dans le domaine de la protection sanitaire et médicale pour étudiants, avec gestion des unités de médecine préventive (UMP). La direction générale de l'ONOU dispose d'un département des activités sociales, culturelles et sportives, représenté au sein des résidences qui ont chacune des animateurs, et sont équipées d'installations et de moyens pour les activités culturelles et sportives, auxquelles les étudiants contribuent à travers leurs comités de résidents, clubs et associations. RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DEVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE Cette partie synthétique et rétrospective sur le système algérien de la recherche scientifique et du développement technologique vise à donner une description du système de recherche scientifique algérien. Elle va situer le contexte et les évolutions successives depuis l’indépendance. L’organisation de la recherche scientifique en Algérie : de l'indépendance à 1998 Avant l'indépendance A la veille de l'indépendance, les activités de recherche dépendaient de diverses institutions relevant de la métropole coloniale. Elles peuvent être classées en deux groupes : les institutions spécialisées et l’université. Les entités de recherche recensées sont le CNRS, le Commissariat à l’énergie atomique, le Centre national d'études spatiales, et l'Office de la recherche scientifique et technique d'outre-mer. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie La recherche universitaire était concentrée dans l'unique université d'Alger et regroupait un ensemble d'instituts tels que l'Institut d'études orientales, créé en 1933, celui des études philosophiques, en 1952, l'Institut d'ethnologie, en 1956, et l'Institut de recherche saharienne, en 1937. D'autres instituts ayant vocation de recherche ont coexisté au sein de l’université d'Alger3. Après l’indépendance Les perspectives de la recherche universitaire, encore liées à la recherche française, étaient pour ainsi dire suspendues, après le départ massif et précipité des enseignants chercheurs français. La préoccupation des enseignants algériens a consisté à assurer l'enseignement et la gestion administrative de l'université. Cette mission prioritaire d’enseignement et d’encadrement n'a pas permis d’assurer la poursuite des activités des institutions de recherche existantes. Les tentatives de relancer l'activité de recherche au sein de l'université et de combler le vide, à partir de 1964, étaient l'œuvre de quelques personnalités. Le protocole algéro-français du 16 mars 1968 a organisé pour une durée de quatre ans la coopération scientifique (OCS). Il se caractérise par le financement mixte entre l’Algérie et la France de la recherche scientifique. En 1971 il est mis fin à ce dispositif. Les premières décisions algériennes d'organiser une recherche nationale remontent au début des années 1970, avec la création du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS), qui consacre l'intégration de la recherche scientifique aux activités d'enseignement supérieur. Cette création est suivie de deux autres: celle du Conseil Provisoire de la Recherche Scientifique (CPRS) en 1971 et de l'Organisme National de la Recherche Scientifique (ONRS) en 1973. 3 A savoir l'Institut du trachome et d'ophtalmologie tropicale, la station zoologique maritime devenue institut d'océanographie, l'Observatoire astronomique de Bouzaréah, l'Institut d'hygiène et de médecine d'outre-mer, l'Institut de l’énergie solaire, et enfin l'Institut d'études nucléaires, créé en 1956. En plus de ces institutions, il y a lieu d'évoquer les autres instituts à vocation de recherche appliquée, il s'agit de l'Institut Pasteur d'Algérie, filiale de celui de Paris, l'Institut de météorologie et de physique du globe et enfin le Centre de recherches agronomiques de l’Ecole nationale d'agriculture d'Alger. 86 4 Un point de formation étant un établissement assurant une offre de formation. Malgré le dynamisme dont elles ont fait preuve, ces structures n'ont eu que peu d'effet d'entraînement sur la recherche universitaire, dont les premières activités ont été surtout le fruit d'initiatives individuelles et d'équipes informelles. Cependant, l'œuvre de l'ONRS a été véritablement fondatrice dans le domaine de la création de nouveaux centres de recherche et de la redynamisation de ceux dont le pays a hérité de la colonisation, et qui commençaient à cesser leur activité. De son côté, la Direction de la Recherche du MESRS a dressé, à l'occasion du deuxième Plan Quadriennal 1973-1977, un «Plan national de la recherche scientifique et technique». Ce plan insiste sur la reconnaissance de la recherche comme facteur de développement et d'indépendance technologique. En décembre 1983, l'ONRS est dissous. Sans coordination institutionnelle, des équipes de recherche maintenaient toutefois leurs activités dans une relative précarité. En 1985, est créé le Commissariat à la Recherche Scientifique et Technique (CRST) placé auprès du Premier Ministre pour lui donner une plus grande autorité. Les premières unités de recherche ont été initiées dans le cadre des comités intersectoriels installés auprès du CRST. Les programmes de ces entités furent largement concertés avec les différents partenaires susceptibles de bénéficier des résultats de la recherche. Le Centre de Recherche en Economie Appliquée (CREA) fut créé au cours de cette période, et toute l'activité de recherche universitaire est organisée sous forme d'unités de recherche (unité au sens d’unité scientifique). En 1986 est installé le Haut-Commissariat à la Recherche (HCR) placé au niveau de la Présidence de la République. Le HCR est la fusion entre l'ancien CRST et le Commissariat aux énergies nouvelles (CEN). En 1990, le HCR est érigé en instance gouvernementale puisqu'un Ministère Délégué à la Recherche et à la Technologie fait partie du Gouvernement. En 1986 le statut du secteur de la recherche est mis en place, instituant le corps des chercheurs permanents. Un tel statut devait inciter les entreprises nationales à intégrer dans leurs activités la fonction recherche par la création d'unités, d'équipes et de centres de recherche. Le statut de l'enseignant chercheur devrait, en principe, favoriser la mobilité des universitaires pour le renforcement des entités de recherche des secteurs économique, social et culturel. • La recherche est régie durant cette période par trois textes fondamentaux: • le statut de l'unité de recherche (décret n° 83-521 du 23 Juillet 1983) ; • le statut du Centre de recherche (décret n° 83-521 du 10 Septembre 1983) ; • le statut du chercheur permanent (décret n° 86-52 du 18 Mars 1986). L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie En 1990, le nombre des équipes constituées s'élève à 500, impliquant quelque 3 500 chercheursenseignants. Les crédits accordés à l'université dans le cadre de la recherche ont diminué depuis la dissolution de l'ex-ONRS (1983). La période 1984-1985 s'est caractérisée par l'absence d'un cadre organisationnel, La faible enveloppe retenue durant ces deux exercices budgétaires finançait quelques équipes issues de l'ex-ONRS (CREA notamment URBT et CRBT). La redynamisation de la recherche scientifique date de juin 1986 après l’installation officielle des premières équipes et unités de recherche dont les programmes ont été approuvés par le HCR relançant le financement du fonctionnement de la recherche. 88 Ainsi, cette période s'est caractérisée par l'expérimentation de schémas successifs d'organisation de la recherche scientifique. évolution institutionnelle de la recherche en Algérie: 1962 à 2012 L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Cette volonté s’est concrétisée en 1998 par la promulgation de la loi d'orientation et de programme à projection quinquennale sur la recherche scientifique et le développement technologique (loi n° 98-11 du 22 août 1998) afin de remédier, d'une part, à l’instabilité qui a caractérisé la perception et le rôle de la recherche scientifique et du développement technologique durant les périodes passées et, d'autre part, à la discontinuité permanente des actions engagées par les institutions qui se sont succédé à la tête de la recherche. Pour ce faire, la loi se propose de construire un édifice institutionnel de recherche à même de garantir la stabilité des institutions, la pérennité des missions, la cohérence des objectifs et enfin la mobilisation des compétences humaines et des moyens matériels et financiers à cet effet. LE SYSTÈME DE RECHERCHE ISSU DE LA LOI 98-11 DU 22 AOUT 1998 La décision d'inscrire l’activité de recherche scientifique et de développement technologique dans le cadre d’une loi-programme traduit l’intérêt qu'accorde l'Etat à la recherche scientifique et au développement technologique. Elle marque également sa volonté de placer la science et la technologie au centre du processus de construction d’une nation moderne. Elle constitue, enfin, une consécration de la recherche scientifique comme priorité nationale, facteur essentiel de développement socioéconomique et culturel du pays. Il est à signaler qu'en 1998, l'enseignement supérieur a connu également la promulgation d'une loi d'orientation favorisant la promotion des activités de recherche universitaire. Les principaux objectifs de la loi 98-11 se résument comme suit: • renforcer les bases scientifiques et technologiques du pays ; 90 • identifier et réunir les moyens nécessaires à la recherche scientifique et au développement technologique; • réhabiliter la fonction recherche au sein des établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique et des établissements de recherche, et stimuler la valorisation des résultats de la recherche ; • renforcer le financement par l'Etat des activités de recherche scientifique et de développement technologique ; • valoriser les édifices institutionnels et réglementaires pour une prise en charge plus efficiente des activités de recherche scientifique et de développement technologique. A ce titre, l'année 1998 constitue un véritable amorçage de la recherche scientifique et du développement technologique en Algérie. C'est avec la promulgation de cette loi d'orientation et de programme qu'un nouveau système de recherche est mis en place par les pouvoirs publics. Au plan institutionnel et organisationnel, l'architecture du système prévu par la loi 98-11, composé d'organes et de structures, se présente comme suit: 1. Des organes d'orientation et de mise en œuvre de la politique nationale de la recherche scientifique et du développement technologique: • Le Conseil national de recherche scientifique et technique (CNRST), présidé par le Premier ministre, constitue l'organe chargé d'arrêter les grandes orientations de la politique nationale de la recherche scientifique et du développement technologique, et de déterminer les priorités entre les programmes nationaux de recherche, de coordonner leur mise en œuvre et d'en apprécier l'exécution. • Le Conseil National d'Évaluation de la recherche scientifique et du développement technologique (CNE), organe consultatif placé auprès du ministre chargé de la Recherche; il est chargé de l'évaluation stratégique de la politique nationale de recherche, de ses choix et de ses retombées, ainsi que de l'élaboration des mécanismes d'évaluation et du suivi de leur mise en œuvre. • L'organe directeur, prévu par la loi-programme, est chargé de la mise en œuvre de la politique nationale en matière de recherche scientifique et de développement technologique arrêtée par le Conseil National de la Recherche Scientifique et L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Technique et d'assurer le secrétariat de celui-ci. Depuis 2008, cet organe est mis en place sons la forme d'une Direction Générale de la Recherche Scientifique et du Développement Technologique (DGRSDT). • Les commissions intersectorielles (CIS) ont pour rôle d'assister l'organe directeur (DGRSDT) dans la mise en œuvre de la politique nationale de la recherche scientifique et du développement technologique. A ce titre, elles sont chargées de la promotion, de la coordination et de l'évaluation des activités de recherche scientifique et de développement technologique liées aux programmes nationaux dont elles ont la charge, de même qu'elles sont chargées d'étudier, évaluer et mettre à jour les programmes nationaux de recherche et de proposer les crédits et les moyens de leur réalisation. Les commissions intersectorielles proposent des actions de valorisation des résultats de la recherche, veillent à l'organisation des échanges d'informations et de documentations scientifiques et techniques et proposent les mesures pour la mise à jour de l'inventaire du potentiel scientifique et technique, ainsi que l'utilisation rationnelle de ce dernier. Elles sont créées par grands domaines. • Les comités sectoriels permanents (CSP) de la recherche scientifique et du développement technologique existent au niveau de chaque département ministériel. Ils sont charges d'assurer la promotion, la coordination et la réévaluation des activités de recherche scientifique et de développement technologique au niveau du secteur. 92 • Les agences thématiques de recherche: au moment de la promulgation de la loi 98-11. Il existait deux (02) agences: l’Agence Nationale pour le Développement de la Recherche Universitaire (ANDRU), et l’Agence Nationale pour le Développement de la Recherche en Santé (ANDRS). Elles sont chargées notamment du suivi de la mise en œuvre des projets dans le cadre des PNR. Cet instrument est développé par la suite à l'occasion de la modification de la loi en 2008 pour instituer les actuelles agences thématiques, dont la mise en place est déjà lancée, en vue de couvrir l'ensemble des grands domaines de recherche. 2. Des structures de promotion et d’exécution de la recherche scientifique et du développement technologique: • L'Etablissement Public à caractère Scientifique et Technologique (EPST), à vocation de recherche scientifique sectorielle ou intersectorielle: outre la mission générale d'identification, de programmation, d'exécution et d’évaluation des projets de recherche, l'EPST est chargé, notamment, de favoriser l'assimilation et la maîtrise des sciences et techniques ainsi que l'innovation dans son domaine d'activité, de valoriser les résultats de la recherche et d'œuvrer à la formation des chercheurs, cadres et techniciens de la recherche. • L'unité de recherche, une entité déjà préexistante à la loi 98-11, peut être également à vocation de recherche scientifique sectorielle ou intersectorielle, rattachée à l'EPST, est chargée de mettre en œuvre un domaine de recherche spécifique. • Les laboratoires de recherche propres (au sein de l’université) ou associés (avec d'autres structures, même économiques) et dotés de l'autonomie de gestion créés au sein des établissements d'enseignement et de formation supérieurs. De tels laboratoires de recherche peuvent être également créés au sein des établissements publics, sur proposition des commissions intersectorielles concernées. Ainsi, l'édifice institutionnel et organisationnel, consacré par la loi 98-11, est illustré par le schéma suivant: L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 94 SYSTEME NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DU DéVELOPPEMENT TECHNOLOGIQUE La programmation des activités de recherche La loi 98-11 inscrit la programmation nationale des activités de la recherche scientifique et du développement technologique dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de développement global. Dans ce cadre, les activités de recherche scientifique et de développement technologique sont organisées en programmes nationaux de recherche (PNR). Ces derniers, traduisant la problématique de développement économique, social et culturel du pays en un ensemble cohérent d'objectifs et d'actions de recherche scientifique et de développement technologique, peuvent revêtir un caractère sectoriel, intersectoriel et/ou particulier. Chacun des programmes est subdivisé en domaines, les domaines en axes, les axes en thèmes et les thèmes en projets qui peuvent être réalisés par un groupe de chercheurs ou plus. La mise en œuvre des projets de recherche dans le cadre des PNR se fait par voie d'avis d'appel à proposition en direction des chercheurs et enseignants chercheurs, et sont financés par le budget de l'Etat à travers un fonds spécial pour la recherche scientifique créé à cet effet par la loi. Pour le premier programme quinquennal, trente (30) PNR ont été arrêtés et mis en œuvre tandis que trente-quatre (34) PNR sont en cours de mise en œuvre au titre de la deuxième programmation quinquennale qui a démarré en 2008. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Structuration d'un Programme National de Recherche (PNR) consacré par la loi : II convient de noter qu'en parallèle avec ce nouveau mode de programmation des activités de recherche, obéissant à des règles particulières de sélection, de financement, d'exécution et d'évaluation, trois autres types de programmation existent : 1- les projets de recherche universitaire (CNEPRU) : programmés et exécutés au niveau des établissements d'enseignement et de formation supérieurs (universités, centres universitaires, instituts et écoles) ; 2- les projets de recherche propres aux centres de recherche (devenus EPST) sont programmés et mis en œuvre selon des protocoles particuliers ; 3- les projets de coopération régis par les accords internationaux. L'ensemble de ces modes de programmation des activités de recherche puise ses thématiques des Programmes Nationaux de Recherche dont les contenus sont élaborés en étroite concertation avec les secteurs socioéconomiques à travers des "Comités de programmes". La mise en œuvre des PNR, pour le premier programme quinquennal, s'est traduite par l'exécution de 5 226 projets, dont 1 150 sur avis d'appel nationaux à soumission de projets de recherche, 3 331 sur propositions émanant d'enseignants-chercheurs et s'inscrivant dans le cadre de la programmation de la recherche universitaire (CNEPRU), 625 projets inscrits dans les programmes de recherche des entités de recherche conformément à leur mission et 120 projets dans le cadre de la coopération internationale. 96 Au titre du deuxième programme quinquennal 2008-2012, 2 842 projets sont en cours d’exécution. Le financement de la Recherche Scientifique En matière de financement des activités de recherche, l’effort déployé par l'Etat s'est renforcé avec les dispositions de la loi 98-11, notamment à travers la consécration du Fonds National de la Recherche Scientifique et du Développement Technologique (FNRSDT), créé auparavant à la faveur de la loi de finances pour 1995. Les ressources de ce Fonds s'ajoutent aux budgets classiques de fonctionnement et d'équipement accordés par l'Etat aux entités de recherche, et permettent de financer toute l'activité de recherche, depuis sa programmation jusqu'à sa valorisation économique. Dans ce cadre, le budget de la recherche scientifique est consacré annuellement par les lois de finances. Il comprend l'ensemble des crédits de fonctionnement et d'équipement consentis pour le financement des activités de recherche scientifique et de développement technologique menées par les différents établissements de l'enseignement supérieur et les centres de recherche scientifique relevant des différents départements ministériels concernés et autres établissements de recherche, ainsi que les crédits destinés au financement des programmes nationaux de recherche (PNR). Par ailleurs, les agents économiques publics et privés ont la possibilité d'investir dans l'effort national de promotion de la recherche scientifique et du développement technologique. Ils bénéficient en contrepartie de mesures incitatives et d'encouragement définies annuellement par les lois de finances. 98 L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Le développement des ressources humaines Les principaux objectifs visés par la loi 98-11 en matière de développement des ressources humaines visent la mobilisation des compétences scientifiques nationales, notamment par : • l'implication accrue des personnels de la recherche dans les établissements d'enseignement et de formation supérieurs, • l'accroissement du potentiel chercheur à plein temps dans les secteurs de recherche; • l'utilisation effective, au sein des entreprises et des organismes publics et privés, des ressources humaines qualifiées au profit des activités de recherche, selon les exigences des mutations socioéconomiques, • l'utilisation optimale des chercheurs résidant en Algérie ainsi que la mise à contribution des compétences scientifiques algériennes en activité à l'étranger, dans les domaines de la formation, de l'enseignement et de la recherche, • la constitution de réseaux d'équipes de recherche assurant le développement de la recherche coopérative, • la mise en place de dispositifs adéquats permettant la mobilité des personnels de la recherche entre les établissements d'enseignement et de formation supérieurs, les entités de recherche, les organismes et les entreprises, • l'élaboration d'un annuaire national des personnels de recherche scientifique et du développement technologique. La loi prévoit également un statut pour les professeurs chercheurs, les chercheurs permanents, les chercheurs à temps partiel et le personnel de soutien à la recherche, garantissant les conditions les plus adéquates et les plus stables en matière d'emploi, de rémunération et d'encouragement, y compris les recettes liées à la recherche scientifique et les dépenses nécessaires à la réalisation des projets de recherche qui entrent dans le cadre de l'exécution des PNR. Ce statut garantit, d'une part, le suivi de carrière et consacre, d'autre part, l'obligation de résultat. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Consolidation du système institué par la loi n°98-11 Bilan de la loi 98-11 (le premier programme quinquennal 1998-2002) La mise en œuvre du premier programme quinquennal accompagnée par les dispositions pertinentes de la loi 98-11 a permis d'aboutir notamment à : • l’élaboration et la mise en œuvre de vingt-sept (27) programmes nationaux de recherche sur les trente (30) prévus ; • la mise en place de vingt et un (21) comités sectoriels sur les vingt-sept (27) départements ministériels concernés ; • la création de six cent quarante (640) laboratoires de recherche dans des établissements scientifiques ; • l'érection au statut d'EPST de seize (16) centres de recherche et la création de deux (02) unités de recherche ; • la mise en place de l'Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche (ANVREDET) ; • la création de trois (03) filiales à caractère économique auprès de l’EPST ; 100 • l'implication de plus de treize mille sept cents (13 700) enseignants chercheurs et mille cinq cents (1 500) chercheurs permanents sur un potentiel global de seize mille (16 000) prévu par la loi ; • réalisation d'infrastructures de recherche concernant notamment les programmes : technologies de l'information et de la communication, technologies spatiales, biotechnologie, énergies renouvelables, santé, agriculture et alimentation, société et population, sciences sociales et humaines ; • en matière de financement, les subventions allouées, en moyenne, pour la période 1999-2005, s'élèvent à 34 266 MDA dont 17 550 MDA en crédit de renforcement de l'environnement de recherche, 14 154 MDA en crédits d'équipement et 2 562 MDA pour la mise en œuvre des PNR ; • en termes de résultats scientifiques, il est à noter que le nombre de publications scientifiques a connu une augmentation sensible à la fin du quinquennat par rapport à 1997 ; quant au nombre de thèses soutenues, il a connu une croissance accrue ; • parmi les réalisations technologiques remarquables, il y a lieu de souligner le lancement et l'exploitation du premier satellite algérien ALSAT-1. Les premières analyses de l'impact de l'application de la loi n° 98-11 sur le système national de recherche (SNR) montrent que ce dernier est devenu plus performant et plus cohérent en termes de mise en adéquation des objectifs scientifiques avec les objectifs socioéconomiques de développement, de mobilisation de la communauté scientifique et de sa structuration dans le cadre des entités de recherche prévues par la loi, d'amélioration du dispositif de financement par objectif. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Evolution comparative des publications scientifiques algériennes par grands domaines (1996-2010) 102 Les Publications Multidisciplinaires Evolution comparative des publications scientifiques algériennes par grands domaines (1996-2010) Science des Matériaux L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 104 Les Publications sur les Energies Renouvelables Optimisation du système (deuxième programme quinquennal 2008-2012) Pour le quinquennat 2008-2012, plus de cent (100) actions ont été identifiées et lancées en matière de programmation, d'organisation et de mesures institutionnelles, de développement de la ressource humaine, de recherche universitaire, de développement technologique et d'ingénierie, de recherche en sciences sociales et humaines, d'information scientifique et technique, de coopération scientifique, de valorisation, d'infrastructures et de grands équipements et enfin de financement. Dans le même ordre d’idées, 1 046 laboratoires de recherche scientifique ont été agréés, disposant de leurs infrastructures et de leurs équipements. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie 106 Evolution du nombre de laboratoires de recherche dans les Universités (et projections fin 2012) Affinement de la programmation L'efficience et l’impact du système dans sa globalité dépend de la maîtrise de la programmation et de l’évaluation qui constituent l’ossature même du système. A cet effet, les nouveaux PNR mis en œuvre depuis 2008, ont bénéficié d’une méthodologie affinée par l’expérience des programmes précédents. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Promotion des ressources humaines La ressource humaine et sa mobilisation ont bénéficié de nouveaux statuts, et de l’amélioration de l'environnement de la recherche par une plus grande disponibilité des moyens matériels et documentaires. De nouvelles incitations ont été introduites afin d’améliorer la valorisation des résultats de la recherche. A noter l’intérêt porté à la participation des compétences algériennes résidant à l’étranger dans les activités nationales. 108 Par ailleurs, l’installation de la Commission nationale d’évaluation des chercheurs permanents (CNEC) durant l’année 2000 a permis la promotion d’un nombre appréciable de chercheurs de rang magistral, soit 88 directeurs de recherche et 76 maîtres de recherche, tous domaines confondus. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Valorisation des résultats de la recherche Si le premier programme quinquennal a permis la redynamisation des activités de recherche et leur structuration optimale avec la mobilisation croissante des ressources humaines et financières, l'accent est mis dans ce deuxième quinquennat sur la promotion de la valorisation économique de l'activité de recherche scientifique et de développement technologique, étant la phase ultime du transfert des produits et du savoir, des espaces de recherche vers le monde économique et ce, en la considérant comme une préoccupation permanente et un facteur d'orientation et de modulation pour la politique de recherche scientifique. A ce titre, un certain nombre d'actions sont lancées, notamment la mise en œuvre d'une gestion stratégique par l'orientation de la créativité des chercheurs vers des thèmes à réelle pertinence du point de vue économique, la mise en place des structures de support à la valorisation (dynamisation des services y afférents au sein des structures de recherche, incubateurs, plateformes technologiques (...), l'accroissement de la mise en place de filiales au sein des EPST et des universités, la mise en place d'un dispositif législatif, réglementaire et financier favorisant et stimulant la mise en valeur des idées innovantes afin de les porter sur le marché, la consolidation du dispositif de valorisation par la création d'un fonds d'amorçage en introduisant les techniques modernes de gestion de l'innovation. Multiplication des infrastructures de recherche 110 Le quinquennat 2008-2012 sera marqué, aussi, par la réalisation des infrastructures et des grands équipements de recherche. A cet effet, six (6) types d'infrastructures sont lancés : les blocs laboratoires, les centres et unités de recherche, les pôles scientifiques d'excellence au sein des établissements d'enseignement supérieur et de recherche, les installations scientifiques interuniversitaires, les technopôles, ainsi que les très grands équipements relevant des programmes mobilisateurs, notamment dans les domaines du spatial, du nucléaire et de la biotechnologie. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie Poursuivre l’effort de financement Le financement de la recherche scientifique et du développement technologique pour la période 2008-2012 est davantage lié aux objectifs scientifiques et prend en charge toutes les actions prévues en matière de programmation, d'évaluation, de valorisation économique, de renforcement de l'environnement de recherche et de son organisation, de réalisation des infrastructures et des grands équipements de recherche, de coopération scientifique, ainsi que les aspects liés à l'information scientifique et technique. L'enveloppe consacrée pour ces cinq (05) années s'élève à cent (100) milliards de dinars. Parallèlement à ce financement, des mesures législatives d'exonération des droits de douane et de taxe sur la valeur ajoutée pour tous les équipements issus du marché local ou d'importation et destinés aux activités de recherche scientifique et de développement technologique sont prises, ainsi que des mesures favorisant les activités de R&D en entreprises par le biais de réduction d'impôts. 112 Ce sont en somme les grands axes autour desquels le système actuel de la recherche scientifique et du développement technologique évolue en Algérie, avec un accroissement d'intérêt, de visibilité, de production et enfin d'impacts socioéconomiques. L'évolution de la recherche scientifique en Algérie a connu plusieurs étapes depuis l'indépendance (1962) ; une évolution subordonnée aux différentes phases de construction de l'Etat et de la société. Cependant, il demeure évident que la volonté de l'Algérie de particulariser la recherche en tant qu’instrument au service du développement reste palpable durant tout ce parcours, bien que dissimulée sous diverses formes induites par les exigences et les défis des différentes conjonctures vécues. Les changements intervenus depuis la promulgation de la loi 98-11 du 22 août 1998 sont fondamentaux et marquent la naissance d'un véritable système national de la recherche nourrissant un espoir immense au sein de la communauté scientifique nationale. Cet amorçage marque également la conscience de l'Algérie des enjeux mondiaux quant à l'importance et au rôle de la connaissance d'une manière générale et du développement technologique en particulier dans la construction d'une société moderne, notamment à partir d'une économie dont les ressources doivent être diversifiées. Le système actuel montre aussi que nous sommes encore dans la phase d'apprentissage en matière d'utilisation rigoureuse des ressources, de mise en place des structures, de conception et de gestion des programmes, de mise au travail des collectifs de chercheurs. Ce processus d'apprentissage collectif est un passage nécessaire. II a forcément un coût. Tout l'art, mais aussi toute la difficulté, consiste à augmenter l'efficacité de ce processus afin d'en raccourcir les délais et d'en réduire les coûts. Ceci sera grandement facilité par le parachèvement de la mise en place de tout ce que la loi a prévu en matière d'organisation et d'allocation de moyens. II s'agit en tout état de cause de consolider et de valoriser les nombreux acquis déjà réalisés. Toutefois, l'ouverture du système national de la recherche vers la société et le monde extérieur s'avère un impératif pour l'optimisation des performances de ce système, notamment en ces temps très favorables où les espaces de coopération se multiplient en réponse aux défis de la compétitivité et du développement des sociétés, au plan régional et mondial. Le système algérien de la recherche scientifique et du développement technologique, tel que connu et mis en place à la lumière de la politique nationale de la recherche consacrée par la loi 98-11 modifiée et complétée en 2008, offre pleinement cette opportunité d'ouverture et d'échange, en vue de construire les partenariats et les projets de développement de demain avec les différentes parties concernées. 114 2012 ANNEE DU CINQUANTENAIRE CHEMIN PARCOURU PAR L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR Le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique en cette année universitaire (2012-2013) du 50ème anniversaire de la Victoire présente un bilan positif pour la majorité des grands chantiers ouverts au lendemain de l’Indépendance. Notons que parmi les secteurs à caractère stratégique permanent, celui de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique a toujours figuré dans les toutes premières priorités des différents plans de développement national. C'est à lui qu'échoit, en effet, l' objectif central de la formation du capital humain. Est-il besoin de rappeler, qu'au seul plan quantitatif, le nombre d’étudiants - infime à l’indépendance du pays en 1962 - a atteint en cette année anniversaire 1 300 000 inscrits répartis à travers les différents cycles de formation: graduation, postgraduation et formation continue, et que le nombre d’établissements accueillant cette formidable ressource humaine est passé d’une unité à l’indépendance à 92 durant ces 50 années, constituant ainsi un réseau universitaire d’une L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie densité remarquable : 47 Universités, 10 centres universitaires, 19 écoles nationales supérieures, 05 écoles normales supérieures et 10 écoles préparatoires implantées au niveau des 48 wilayas que compte le pays. Dans ce même ordre d 'idées, signalons que l’encadrement pédagogique et scientifique de l’ensemble du système d’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, également quasi inexistant à l’indépendance , est assuré aujourd'hui par 47 000 enseignants-chercheurs de divers grades académiques. Au titre de ce volet primordial, il y a lieu de mettre en exergue la politique sectorielle de formation des formateurs. Dans ce cadre, la mise en place des écoles doctorales reste un instrument privilégié, consolidée par le programme de bourses de formation doctorale à l’étranger et soutenue par la mise en œuvre de la politique de recherche. 116 A ce jour le résultat de cet important effort de la Nation a permis d’atteindre le chiffre de 2 000 000 de diplômés La formation de ce nombre emblématique de diplômés a été rendue possible par la réalisation d’importantes infrastructures pédagogiques, scientifiques et techniques auxquelles s’ajoutent les réalisations des œuvres universitaires : infrastructures d'hébergement-restauration, infrastructures culturelles, sportives et sanitaires et- on ne saurait trop insister - par la mobilisation d’importantes ressources humaines, pour assurer un encadrement aussi bien au niveau pédagogique et scientifique qu’administratif et de soutien. Naturellement, l’ensemble de ces acquis a induit un important impact sur les progrès réalisés aux plans économique, social et culturel. De ce point de vue le système universitaire a été un puissant moteur du développement durable, améliorant partout le niveau des activités économiques. L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie L’édification du système algérien d’enseignement supérieur et de recherche scientifique a nécessité un grand effort budgétaire au double plan du fonctionnement et de l’équipement. La part du budget du secteur de l’enseignement supérieur dans le budget global de l’Etat qui est passée de 4,8% à 3,4% durant la décennie 1990-1999 a représenté près de 09% en 2006 et près de 10% en 2011, soit respectivement 226 milliards de Da et 557 milliards de Da. 118 Rapporté au produit intérieur brut, le budget du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, qui représentait environ 2% du PIB en 1999, a atteint le chiffre record de 3,81% en 2011. Conclusion L’Algérie, nation riche d'une histoire plusieurs fois millénaire, est cependant encore toute jeune au regard de la date de son accession à l'indépendance il y a cinquante ans. Au sortir d’une longue colonisation et d’une guerre de libération, elle connaît aujourd’hui de profondes transformations et des mutations d’une grande ampleur. La construction du système éducatif dans tous ses segments a toujours constitué l’un des défis majeurs et prioritaires de l’étape de l’édification. Sans prétendre à l'exhaustivité, un large panorama du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique est présenté dans cette brochure éditée à l’occasion du 50ème anniversaire du jour de la Victoire. Cette étape anniversaire n’est qu’un jalon. Elle s'insère dans la continuité de cette grande œuvre qui puise sa sève du mode d’organisation de la Nation algérienne retenu depuis la déclaration de Novembre 1954. Ainsi l’enseignement supérieur : - est national et républicain à travers, notamment, ses orientations fondamentales, ses finalités, ses objectifs et ses modes d’organisation, - il est démocratique et populaire car : • ouvert à tous, sans distinction de sexe, d’origine, de religion ou de conditions économiques et sociales • adapté aux besoins de chacun dans un strict esprit d’équité : il garantit, en particulier, le plein épanouissement de chaque citoyen en rapport avec ses seules aptitudes ; il assiste les individus en difficulté et encourage les talents. - Inséré dans le concert des nations, il contribue au développement du savoir et de la science à l’échelle universelle. La volonté de participer à une dynamique régionale ou mondiale ne peut, cependant, aller à l'encontre des missions de service public des établissements mais, L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie au contraire, doit permettre l'amélioration des réalisations et en accroître la performance et l'ambition. - Il convient de souligner que les données sur l'enseignement supérieur changent rapidement et qu'elles vont encore évoluer. Les universités algériennes sortent à peine d'une période tendue de croissance démographique qu'elles ont pu canaliser tant bien que mal, mais qui les a sûrement contraintes à régler, dans l'urgence, des problèmes quantitatifs. La refonte de l’enseignement supérieur engagée en 1971, jalon important dans la création de l’Université algérienne, n’a pu réaliser sur le terrain tous les objectifs en raison notamment de l’absence de mesures adéquates d’accompagnement au niveau de la formation des formateurs et de leur maintien dans le secteur, de l’insuffisance des ressources affectées et du manque de suivi. - Pour corriger les dysfonctionnements de la réforme de 1971, une nouvelle carte universitaire a été initiée en 1982 et réactualisée en 1984 pour assurer une meilleure adéquation, notamment entre la formation supérieure et les besoins de l’économie nationale. A la fin de cette période, le schéma organisationnel des établissements du secteur se caractérisait par une grande diversité. Aussi était-il devenu urgent d’imaginer, pour rationaliser l’ensemble du système, un dispositif unificateur. Ce fut l’un des objectifs de la loi n°99-05 d’avril 1999 qui a introduit de nombreux aménagements, notamment la remise en place des facultés et l’abandon du dispositif fondé sur les instituts spécialisés, sans modifier fondamentalement l’architecture des différents statuts. 122 - Parallèlement à ces grandes actions, il importait, pour répondre aux exigences nouvelles induites par l’avancée de la science et la technologie à l’échelle mondiale, notamment la généralisation des TIC, l’apport nouveau des biotechnologies, des nanotechnologies… de procéder à la rénovation des programmes et à l’introduction de nouvelles filières. C’est ainsi que l'insertion des universités dans les territoires et la diversification dans l’offre de formation sont devenues une réalité à partir de 2006, année charnière qui a vu le lancement du schéma directeur d’aménagement de la carte universitaire à l’horizon 2025. Cette mise à niveau doublée d’une mise en cohérence avec le schéma directeur de l’aménagement du territoire national est en cours de mise en œuvre par les mesures d’ajustement annuel afin, d’une part, de mettre en cohérence la difficile adéquation des différents segments du système global et, d’autre part, de mettre en œuvre l’arrimage de l’économique avec l’ensemble du système de formation et de recherche. - La prochaine étape décennale exigera, depuis la récente généralisation du système LMD, une maîtrise de la diversité des programmes et l’augmentation du taux d’encadrement des étudiants à tous les stades, le développement et l’augmentation des pôles d’excellence, ainsi que des plateformes de recherche scientifique et technique dans des implantations dédiées telles par exemples les villes nouvelles de Sidi Abdallah, Bouinan, El Affroun, Boughzoul. - La modernisation du fonctionnement des établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique suppose la consolidation institutionnelle et pratique de l’évaluation. Celleci devrait devenir, à brève échéance, une culture interne à tous les établissements et laboratoires de recherche et renforcer leur attractivité. - La mobilité géographique, même bridée, est une réalité et elle permet d'évaluer l'attractivité des différentes filières, des établissements ou des sites. La mobilité régionale donnera dans un futur proche plus de consistance à cette réalité. Elle concerne les enseignants comme les étudiants, et constitue un moyen puissant d'accroître la vocation régionale, voire continentale des universités (bassin méditerranéen, Monde arabe, Afrique). Néanmoins, elle ne sera pleinement effective que si se développe le plurilinguisme, ce qui renvoie à l'efficacité de l'enseignement et de l'apprentissage des langues dans tous les établissements du second degré et à l'université. - Il faut réaffirmer que l'université a besoin des professionnels en vue de leur participation aux enseignements, à l'encadrement des stages et des projets des étudiants, à la conception des filières de formation et aux conseils de perfectionnement, ainsi qu'à une évaluation prospective des débouchés. En outre, les universités doivent pouvoir sans peine développer des partenariats solides, durables et efficaces avec les organisations professionnelles. Il faut aussi que les universités, jusque-là insuffisamment présentes, se mobilisent en faveur de la formation tout au L'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique en Algérie long de la vie et perçoivent comme un acquis des plus positifs le développement, encore trop marginal, de filières nouvelles, performantes et transversales, adaptées à un public de jeunes adultes déjà insérés dans la vie professionnelle. - La recherche est, et doit rester, une composante essentielle de l'identité universitaire comme c'est le cas dans le monde entier. Les universités et certaines écoles, à travers leurs laboratoires (qu'ils soient strictement universitaires ou en partenariat avec des organismes), participent directement à l'avancée des connaissances. Mais la recherche joue aussi, et de plus en plus, un rôle décisif pour les autres missions telle que la formation des jeunes, et pas seulement ceux qui sont inscrits en doctorat, la valorisation de la recherche, la diffusion de la culture scientifique et le développement économique. - A côté de leurs missions classiques qui demeurent la production, la transmission et la diffusion du savoir, l’enseignement et la formation supérieurs préparent aux métiers de l’encadrement supérieur, de la recherche et de l’expertise. 124 - Face à l’augmentation des flux d’étudiants et aux difficultés liées à son organisation, l’Université algérienne, malgré des résultats probants, se doit de pouvoir amorcer les mutations profondes pour augmenter son efficacité et s’inscrire positivement dans les exigences croissantes du IIIème millénaire.