petite trotte a leon 2010 (ptl)

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petite trotte a leon 2010 (ptl)
PETITE TROTTE A LEON 2010 (PTL)
Il s’agit du nom d’une randonnée sportive par équipe de 2 ou 3 coureurs organisée dans le cadre de l’ULTRA TRAIL DU MT BLANC fin août à Chamonix. Elle ne comporte pas de balisage spécifique sur le terrain mais nécessite l’emploi d’un GPS permettant de suivre la trace du parcours préenregistrée. Chaque équipe dispose d’une série d’extraits de cartes au 1/25000è et d’un petit road book. Seuls 5 ravitaillements intermédiaires sont prévus par l’Organisation. Cette épreuve ne fait pas l’objet de classement. Elle tient son nom de l’un des membres du Comité d’Organisation de l’UTMB : Léon de nationalité suisse du village de Chez les Reuse en dessous de Champex. Après avoir participé à de nombreuses courses d’endurance dont la Diagonale des Fous (5x), l’UTMB (4x),la CCC, les Templiers, le Trail du Mercantour, le Trail de la Vallée des Lacs à Gérardmer (4x), le Solukhumbu Trail au Népal, je souhaitais participer un jour à cette PTL. Un ami savoyard (Patrick) me proposa à Noël 2009 (lors d’une rencontre à Gemaingoutte) de faire équipe avec lui et son beau frère (Manu) pour cette 3ème édition. L’occasion faisant le larron la réflexion de retour à Hoenheim fut de courte durée et la réponse vint rapidement ! L’édition 2010 comportait 240 km pour 18000m de dénivelé positif à boucler en moins de 114h30 non stop. RECIT DE L’AVENTURE Journée de lundi consacré au voyage jusqu’à Servoz et au supermarché pour constituer les vivres de courses. Mardi 24/8 lever à 8h00, matinée consacrée à la préparation des sacs de course et d’assistance ; à 15h récupération des dossards ; à 18h briefing des organisateurs ; à 19h très bon repas offert par l’Organisation ; 20h‐22h attente du départ devant l’Eglise de Chamonix.
Mardi 21h nos supporteurs arrivent, 22h00, compte à rebours et départ en petites foulées avec nos sacs de 8kg sur la Place du Triangle de l’Amitié sur le son de la musique du Dernier des Mohicans devant une foule considérable et enthousiaste. Cette foule nous accompagnera sur tout le premier kilomètre dans les rues de Chamonix. Cela fait chaud au cœur. Premier petit arrêt au pied du rocher des Gaillants pour enlever une couche de vêtement car il fait doux. Nous alternons course sur les parties plates ou descendantes et marche rapide sur les petites côtes. Il ne faut pas se laisser emporter par l’euphorie du départ car il reste 238km à parcourir ! A partir du pont enjambant la RN 205 nous attaquons en marchant la montée vers Les Houches. Traversée des HOUCHES devant quelques spectateurs courageux puis c’est la montée au Col de Voza (1656m ) puis la descente vers Bionassay‐Champel (1334m ) avec traversée sans s’attarder du torrent de Bionassay descendant du Glacier de Tête Rousse dans lequel le pompage d’une énorme poche d’eau menaçante a débuté, puis remontée vers les Chalets de Miage endormis sous le clair de lune puis la montée aux chalets du Truc. Passage par La Gruvaz au‐dessus des Contamines direction le refuge de Tré la Tête (1964m) par le sentier Bernard. Deux minutes d’arrêt devant la fontaine du refuge et nous rebasculons par une descente parsemée de rochers et de racines direction refuge de La Balme par le refuge de Nant Borant (1484m).Il est 6h du matin et nous effectuons ce petit détour car nos amis sont montés nous encourager et nous préparer un petit déjeuner à la lueur des frontales et de l’aurore qui pointe, avec café et tartines beurrées sur la terrasse engazonnée de ce refuge. Le gardien alerté par le bruit s’approche, on s’excuse de s’être installés sur ses tables. Très gentil, il repart et revient quelques minutes plus tard avec une cafetière de café chaud ! (adresse à recommander). Puis il est temps de repartir vers le refuge de La Balme. Dans la montée Antoine nous rejoint en petites foulées pour nous dire un petit bonjour –sympa !‐ Nous passons à côté du refuge (km 36), j’enlève une couche en vue de la montée qui nous attend. Direction Col du Bonhomme puis au pylône de la ligne HT direction Lacs Jovet (2180m) que nous atteignons à 8h10 (25/8, jour de mon anniversaire), direction Col d’Enclave (2667m) dont la montée est raide et constituée de blocs rocheux sur un gros éboulis. Quatre bouquetins semblent nous ignorer totalement. Derrière nous la vue sur les lacs et les montagnes est splendide dans la lumière du petit matin. Nous franchissons ce col à 9h20 sous le ciel bleu ; Manu ressent les effets de son mal non identifié, il ne peut plus s’alimenter et vomit, son calvaire commence. Le PC course nous signale que notre balise n’est plus détectée depuis 3h00 ce matin. Petite pause puis longue descente vers la vallée de Ville des Glaciers. Passage rapide à 11h au refuge des Mottets (1904m) pour remplissage camel back). Puis nous abordons la terrible montée (pentes herbeuses puis final sur pierrier bien raides) vers le col de l’Ouillon (2603m) que nous avions repéré début juillet avec un départ de sentier pas très visible (merci au GPS) sur une moraine bien pentue et la traversée du torrent de Rau de Praz. Passage de la brèche rocheuse du col puis longue descente dans le vallon du Fornet très verdoyant avec cheminement de part et d’autre du torrent de Versoyen. Petite pause au‐dessus du hameau des Crottes avant la montée sur la trace à moutons très raide d’un alpage vers le col de Forclaz (2513m).Passage au col à 16h, nous basculons pour une descente facile à flan d’alpages au milieu des vaches et moutons vers le Col du Petit St Bernard. Nous retrouvons Cathy et Chantal venues à notre rencontre pour nous accompagner un bout de chemin (très bon pour le moral). Arrivée devant l’Hospice au Col (2232m, km 63) à 17h, une petite gorgée d’eau gazeuse fait le plus grand bien. Manu très courageux est toujours avec nous. Pause au Col, repos d’1 heure sous la tente de l’Organisation après s’être rafraichis avec des lingettes et changés grâce à notre fidèle assistance. Repas offert au restau San Bernardo : soupe, pâtes au basilic (j’ai du mal à les avaler malgré le coca, cela me créé des inquiétudes pour la suite avant d’aborder la 2ème nuit, mais j’essaye de ne pas le laisser paraître). Manu est livide, il ne peut rien manger, Cathy le persuade de ne pas repartir pour éviter toute aggravation. Patrick active le départ, il est 20h15, nous repartons à 2 en pensant beaucoup à Manu qui doit être très déçu –il est spécialement venu de l’île de la Réunion pour cette course‐ ; Cathy me glisse un flacon d’Actimel dans le sac. Au bout d’1/4h nous sommes rejoints par 2 normands (Roger et François) qui viennent aussi de repartir du col ; nous sympathisons et proposons de marcher ensembles en abordant la 2ème nuit dehors. Cela est bon pour le moral. L’itinéraire redescend puis remonte sur une piste très large mais raide, je suis à la traine, nous arrivons au col de la Traversette et nous suivons un sentier en faux plat en direction du Mt Valézan. Puis le chemin d’élève, Roger ralentit la cadence, je m’accroche aux pas de Patrick. Il part en avant dans les derniers mètres de l’ascension qui devient difficile et raide avec petits pas de varappe et cheminement pas évident de nuit. J’atteins le sommet (2884m) vers 23h. Il fait froid, le vent souffle fort, nous remettons les vestes. On ne s’attarde pas, le panorama doit être splendide au vu de la configuration des lieux mais il fait nuit malgré la pleine lune ! Nous basculons avec précautions (sentier escarpé, pente raide et exposée) sur la crête Bella Valetta vers les pistes de ski de La Thuile. Roger souhaite s’arrêter pour se reposer un peu, Patrick et moi continuons puis poursuivons une progression régulière. Le parcours initial de la descente a été modifié, nous quittons le sentier selon les indications du GPS pour descendre à travers un alpage pour chercher selon le road‐book un transformateur que nous finissons par trouver et longer. Nous poursuivons sur une large piste de ski au clair de lune pour ensuite prendre un petit sentier remontant / descendant vers le vallon de Bellecombe. Nous nous engageons dans le labyrinthe que constitue ce vallon chaotique constitué de gros blocs rocheux ; un petit lac scintille sous la lune. Plus loin le sentier remonte au travers d’une végétation dense (cet itinéraire ne doit pas être très fréquenté). Je suis Patrick à distance. Son sens de l’orientation est impressionnant malgré la nuit et la fatigue déjà accumulée. Je commence à accuser le coup et lui dit que j’aimerai bien m’arrêter un peu pour m’allonger ; on repère une petite prairie au bord du sentier et nous nous allongeons emmitouflés dans les ponchos pour somnoler. Il fait frais et humide, il y a du vent. Nous décidons de repartir car nous tremblons de tout notre corps (fatigue + froid). Nous apercevons les lueurs de lampes plus haut. Nous traversons un torrent et faisons une petite pause pour déguster nos Actimel avant d’attaquer la montée vers le refuge Deffeyes. Cette montée pour moi est difficile, je n’ai plus de jambes, je marche au ralenti, je demande à plusieurs reprises où se trouve le refuge et m’inquiète de savoir s’il sera bien ouvert ! Patrick me rassure, nous allons le trouver derrière la crête ; nous y arrivons (2549m, km 81), il est 5h ce 26/8, il y a de la lumière et des coureurs devant l’entrée. Je demande à une personne s’il y a de la place pour dormir ; il ne me rassure pas car il dit qu’il y a déjà pas mal de monde. Nous laissons nos chaussures à l’extérieur et entrons, certains prennent le petit déjeuner, le gardien nous confirme qu’il y a de la place (arrivées et départs en continu). Nous payons 40 euros (nuitée + petit déj), prenons des sacs à viande et montons nous allonger 2 heures. Sommeil léger car allers/venues incessants. Nous nous relevons et prenons un excellent petit déjeuner café/tartines au milieu de nombreux trailers et randonneurs de passage. Le jour s’est levé, il fait toujours grand beau, il est 8h10. Nouvelles couleurs splendides sur les lacs et rochers voisins en ce début de matinée. Nous repartons vers le majestueux glacier du Ruitor tout lumineux sous le soleil en direction du col de Planaval. Nous faisons un bout de chemin avec 2 randonneurs canadiens à qui nous expliquons notre périple. Nous cheminons sur l’arête de la moraine du glacier, puis attaquons le final du col au travers de gros blocs. Nous franchissons le col (3006m) vers 10h. Jean‐Claude Marmier est là pour nous faire quelques recommandations pour le début de la descente (pente de neige mêlée de blocs rocheux). Une corde fixe a été mise en place sur une cinquantaine de mètres pour descendre le névé très raide. Nous apercevons le Cervin et plongeons dans le Val Grisenche en direction de Morgex par une très longue descente agrémentée d’une montée courte mais très raide au col de Faveray (12h30/2249m) puis franchissons quelques bosses. La température s’est élevée, les coups de soleil de la veille chauffent sur les bras et plus nous descendons, plus nous ressentons la chaleur lourde (changement météo en vue !). Je ressens les premiers échauffements sous les pieds. Nous cheminons bientôt sur une large piste forestière sur laquelle nous retrouvons à 15h notre assistance vers Arpille/Lazay pour déguster yop, limonade, coca frais bien appréciés en raison de la canicule. Manu est avec eux et a retrouvé sourire et couleurs. Cathy et Chantal effectuerons à bon rythme la fin de la descente avec nous sur un sentier à travers bois. Nous arrivons au gymnase de Morgex (935m, km 113) à 17h15, il fait 30°. Surprise pour moi : il ya des douches chaudes à disposition et sans cohue. C’est un vrai + pour se remettre d’aplomb et envisager de repartir tout frais. Nous prenons un repas offert par l’Organisation avec potage bouillon, lasagnes et jus de fruit. Après cette pause, il est 19h et nous repartons ragaillardis à 3 (Manu repart avec nous !) au soleil couchant avec une nouvelle balise (pour permettre à tous nos supporters de nous suivent sur Google Earth) vers le col de Fetita (un gros morceau) dont le dernier tiers allait s’avérer difficile pour moi. Cheminement sur sentier bien marqué jusqu’au village de Villaresson puis en forêt avant de quitter la piste pour monter directement à travers les alpages nez dans la pente très raide. Patrick et Manu sont en pleine forme, je monte avec difficulté et ils m’attendent régulièrement. Nous arrivons sur le replat des chalets de Tramail des Ors où d’autres concurrents font une pause, puis poursuivons sur un sentier cette fois‐ci bien marqué jusqu’au col de Fetita (2554m). Nous venons de dépasser la mi‐parcours (123km). C’est très bon pour le moral ! Nous franchissons ce col puis le col de la Pointe de Dziule avant de nous diriger vers le col Citrin que nous allons avoir du mal à atteindre. Le cheminement dans la nuit au milieu de blocs et d’une végétation buissonneuse n’est pas évident. Patrick et Manu explore les traces avant de trouver enfin le bon chemin. Ces hésitations me sapent le moral car le physique est aussi atteint. Finalement nous réussissons à franchir ce col à 2488m au droit d’un pylône de ligne HT et basculons versant vallée du Grand St Bernard. Je marche doucement et trébuche régulièrement, Patrick et Manu me disent que l’on va essayer d’aller jusqu’à une bâtisse repérée sur la carte. Nous finissons par l’atteindre, il s’agit d’une bergerie en ruines dont il ne reste qu’une partie de la toiture et des murs ! Nous décidons malgré tout d’y faire un arrêt. Nous installons quelques planches et étalons la tente de manière à profiter du tapis de sol. Il est 2h00 du matin ce 27/8. Nous nous emmitouflons dans nos ponchos après avoir enfilées vestes polaire et gore tex. Nous somnolons environ 1h dans le bruit du vent dans ce qui reste de la charpente et de la toiture et après avoir quelques gouttes de pluie. Je me réveille une nouvelle fois tout en tremblements incontrôlables. Nous repartons de nuit dans le brouillard pas trop dense heureusement mais qui nous fait malgré tout louper 2 fois la bonne trace que nous rattrapons grâce au GPS et à Patrick toujours très attentif. Dans la descente nous passons à côté d’une tente d’autres traileurs endormis au bord du sentier. Nous poursuivons la descente très rapidement et passons à côté de la source ferrugineuse de Citrin sans faire le petit détour nécessaire (j’aurais pourtant bien aimé m’y désaltérer !). Nous arrivons en vallée près du village de Cerise et décidons de faire une halte un peu plus confortable que la précédente. Nous montons la tente à l’entrée d’un pré et Manu se sacrifie pour coucher dehors (cause tente 2 places). Nous lui prêtons nos ponchos pour qu’il puisse se protéger le mieux possible. A peine installés, Cathy nous appelle pour nous dire qu’ils arrivent à St Oyen. Patrick lui confirme nos intentions de nous reposer 2 à 3 heures. Ils nous attendront en somnolant dans la voiture. Nous nous réveillons, le jour s’est levé, il est 7h. Nous reprenons notre route pour atteindre le centre de St Oyen (1389m, km 137) vers 8h où nos accompagnateurs nous servent café chaud et tartines beurrées confiture –royal !‐ Mais il ne faut pas trainer car le ciel commence à se couvrir et nous repartons en direction du col du Grand St Bernard via le col de Barrasson. Une petite halte aux chalets de Barrasson où nous trouvons un confortable WC à la turque avec eau courante bien venu. Le col au loin là haut est encore bien dégagé. Nous attaquons la montée et le mauvais temps ne tarde pas à s’installer d’abord sous forme de brouillasse puis sous forme de pluie soutenue ; nous enfilons les ponchos que nous ne quitterons plus jusqu’au Gd St Bernard. Nous franchissons le col de Barrasson à 2679m dans la froidure en récupérant un coureur trempé et en short abandonné par ses coéquipiers et en attente d’une équipe suivante car ne connaissant pas l’itinéraire (pas très futé pour une course d’équipe et vu les conditions météo). Nous l’emmenons derrière nous jusqu’au col du Gd St Bernard que nous atteignons sous le soleil revenu vers 12h30 (2493m, km 146). Nous retrouvons Cathy, Chantal et Claude qui nous guident vers le point de ravitaillement/repos à l’Hospice. Une salle est affectée aux coureurs trempés pour pouvoir se changer en prenant soin de ne pas faire de bruit et de fermer la porte pour éviter d’apparaitre dénudés dans ce lieu particulier selon les consignes du maître des lieux. Une salle de restaurant nous accueille pour une bonne soupe, fromage et quelques pâtes nature. Ce repas, à 14 euros !, est heureusement complété par les victuailles et boissons acheminés par nos assistants et notamment les haricots verts vinaigrette de Cathy. Nous repartons à 13h30 sous un ciel nuageux mais avec le soleil vers la Pointe de Drone. Après la gare d’un ancien téléphérique, l’accès se fait par une zone rocheuse équipée d’échelles et de câbles. J’écoute les conseils rassurants de Patrick dans ces passages délicats où je ne suis pas trop à l’aise. Manu suit de près en transportant mes bâtons. J’apprécie beaucoup leurs présences rassurantes. Après un petit replat et une dernière montée facile nous atteignons à 15h15 la Pointe de Drone, effilée et magnifique promontoire rocheux et lunaire à 2948m d’altitude. Vue splendide sur 360° sur le massif. Photo souvenir au sommet puis nous attaquons prudemment la descente délicate et aérienne vers le Col Supérieur de Fenêtre (2714m). Nous plongeons ensuite vers les Lacs de Fenêtre (2571m) que nous abordons vers 16h. Courte halte au petit barrage puis montée au col de l’Arpalle à 2652m. Dans cette ascension nous dominons le Val Ferret et apercevons en face le refuge de La Peule. Nous pouvons même percevoir des clameurs provenant de ce refuge et qui saluent le passage de coureurs de la CCC (que de bons souvenirs pour être passé par là lors de 3 UTMB et d’une CCC !). Après avoir franchi le col nous redescendons au travers d’énormes blocs vers le col du Névé de la Rousse (2604m). Au loin le ciel est de plus en plus chargé et n’annonce rien de bon. Nous remontons ensuite vers de surprenants rochers blancs avant d’atteindre le sommet des Gros Six (2873m, km 156) sur une sente raide et peu marquée dans le vent très fort. Patrick et Manu franchissent le sommet et quand j’arrive en haut à mon tour un peu plus tard je ne les vois pas et panique un peu sur ce sommet venté et austère sous le ciel gris. J’appelle puis les aperçois en contrebas à l’abri du vent. Il est 18h, nous abordons la descente sous la bruine puis ne tardons pas à enfiler à nouveau les ponchos car la pluie se met à tomber drue. Nous passons à proximité de la Gouille du Dragon (lac) sur un sentier mal défini. Nous atteignons le hameau des Planards (2189m) puis nous apercevons à travers le brouillard la retenue d’eau du barrage voûte des Toules. Nous passons à côté du barrage et retrouvons des coureurs qui ont été invités à prendre un itinéraire plus court et plus facile à partir du col du Gd St Bernard pour éviter la pointe de Drone et le Gros Six en raison du mauvais temps. A leurs visages et à leur allure, je les sens plus marqués que moi par les difficultés de la course et cela me redonne confiance par ce temps triste et maussade. Nous arrivons à Bourg St Pierre (1620m, km 167) vers 21h30 et nous arrêtons à l’hôtel du Crêt point de contrôle, ravitaillement, repos. Nous retrouvons notre assistance, il ont passé l’après midi sous le soleil à nous attendre. Nous prenons une bonne douche chaude, mais le coin pour se changer est bien exigu et encombré dans le couloir devant le dortoir puis nous allons prendre un excellent repas chaud (soupe + pâtes bolo). Nous apprenons qu’en raison de la météo exécrable et des coulées de boue l’UTMB a été arrêté aux Contamines , la CCC à Vallorcine et que la TDS a été purement et simplement annulée. Patrick et Manu ont réservé une chambre, j’adhère complètement à cette idée au vu de la localisation des dortoirs ! Il est 23h00 nous allons profiter pendant 3heures d’un bon lit au calme avec des draps frais ! Réveil puis départ à 2h00 du matin ce samedi 28/8 sous la pluie et en poncho (matériel bien amorti pendant cette PTL). En raison de la mauvaise météo persistante et d’informations fournies par des équipes précédentes ayant rebroussé chemin, l’Organisation a pris la sage décision de modifier le parcours afin d’éviter le col de l’Ane et le Mt Rogneux (3081m) trop dangereux. Elle nous remet une cartographie modifiée. Nous partons par un chemin carrossable direction le col des Mille. Puis un long sentier passant par Le Cœur à flanc de montagne va nous permettre d’atteindre le col puis la Cabane des Mille à 2484m (km 183) et son drapeau suisse flottant dans les bourrasques vers 6h00 du matin. Nous nous arrêtons à ce refuge noyé dans la bruine pour prendre un peu de repos et prendre un petit déjeuner au coin du feu et à l’abri. Nous y retrouvons l’équipe fort sympathique du « chapeau pointu » surnom que leur a donné Patrick en raison du couvre chef porté par l’un des 3 équipiers ; c’est une équipe que nous retrouvons régulièrement sur le parcours soit devant soit derrière. D’autres équipes sont sur le départ et d’autres arrivent pour les mêmes motifs. Le gardien du refuge ami de Léon est resté de veille pendant toute la nuit pour accueillir les courageux traileurs ! Vers 7h00 nous repartons dans la bourrasque et sous la pluie battante, le gardien qui a surveillé notre départ nous appelle pour nous remettre sur le bon chemin de crête vers le Mt Brulé (2572m). Nous amorçons ensuite la descente vers Orsières, la pluie cesse et le ciel se dégage. Nous arrivons à Orsières (1032m) à 9h30. Nos dévoués assistants fidèles au poste nous attendent avec café chaud, tartines beurrées et chaussures de rechange asséchées. Nous prenons un nouveau petit déjeuner sur les marches d’escalier confortables d’une entrée d’immeuble. Claude très opportuniste nous y confectionne une table avec des cartons d’emballage trouvés sur place (le grand confort).J’en profite pour protéger mes ampoules au pied gauche (talon et sous l’avant pied) à l’aide d’un film que me procurent Claude et Chantal. Le soleil est au rendez vous et nous attaquons la montée vers Champex. Nous traversons « Chez les Reuse » le village natal de L éon. Le moral est au beau fixe, nous sommes au 198ème kilomètre, l’arrivée n’a jamais été aussi proche mais il ne faut pas relâcher la cadence. Nous arrivons à la base vie de Champex Lac (1370m) qui attend le passage de la CCC et de l’UTMB version réduite. Quel calme sous cette tente ce matin à 11h15 en comparaison de l’agitation et de la cohue régnant lors de mes passages les années passées en pleine CCC ou UTMB. Nous rencontrons le très sympathique et fameux Léon avec qui nous échangeons quelques mots et posons pour la photo souvenir. Nous mangeons quelques pâtes et un bon yaourt avant d’aborder la longue montée en direction de la Fenêtre d’Arpette la grosse difficulté de fin de parcours. Nous retrouvons la pluie à l’entrée du Val d’Arpette et la montée d’abord facile va s’avérer très difficile pour moi, notamment sur le final à travers de gros blocs sur un sentier très raide. J’atteins la Fenêtre d’Arpette (2640m) vers 16h00. Patrick et Manu sont installés et cassent la croûte en m’attendant. Je marque une courte pause et manque de peu de m’étaler (jambes flageolantes + froidure) sur les rochers avant d’aborder la descente très chaotique dans le haut sur le versant Trient dont le glacier apparait discrètement au travers des nuages bas. J’effectue cette descente à allure modérée pour éviter toute chute car je trébuche fréquemment (fatigue). Nous arrivons au Chalet/buvette du Glacier (1518m, km 212) au bord du torrent où nous faisons une halte d’1/2h pour déguster nos vieux sandwichs jambon et fromage préparés la veille avec amour par nos accompagnateurs. La bouteille de coca est elle aussi bien appréciée. Un renard fait plusieurs apparitions à la recherche de pitance, il doit avoir ses habitudes ! Je n’ai pas très chaud et rêve d’un arrêt pour dormir. Patrick me convainc qu’il vaut mieux avancer et essayer de finir avant dimanche ! Pour repartir il me demande de marcher en tête à mon rythme, ce que je ferai jusqu’au col de Balme. Nous franchissons la passerelle sur le torrent de Trient et attaquons la montée en direction du col de Balme. Après avoir emprunté une étrange et large voie magnifiquement taillée à flanc de falaise, nous faisons une pause au refuge des Grands pour boire un bon café chaud. Les gardiens sont en train de déguster une fondue qui à l’air succulente… D’autres coureurs arrivent et décident de passer la nuit ici. Je les envie un peu. Nous repartons à la tombée de notre 5ème nuit dehors, nous dominons la vallée de Trient illuminée d’où quelques échos remontent du passage de l’UTMB. Nous atteignons le col de Balme (2202m) vers 21h00 et dans le brouillard (les lumières du refuge percent à peine). Patrick et Manu repère le chemin derrière le refuge en direction du col des Posettes. Il fait froid mais il ne pleut pas, la veste polaire est fermée jusqu’au ras du cou, les gants sont bien utiles. Je reconnais dans la nuit les sentiers que j’ai eu l’occasion de fréquenter en été, je me sens en pays connu, l’arrivée approche ! Nous passons le large col facile (km 220), longeons le flan de l’Aiguillette des Posettes et abordons la descente que j’effectue à bon rythme en tête vers Tré‐ le‐ Champ, les lumières de la vallée de Chamonix brillent, les végétaux humides scintillent dans le faisceau de nos lampes frontales. Les jambes ont retrouvé de la vigueur dans cette descente de nuit. Nos accompagnateurs dont l’effectif a augmenté nous attendent déjà sur la RN 206 en vallée (1415m). Nous les retrouvons vers 23h30 (Thomas et Anaïs se sont joints à eux). Ravitaillement rapide avec limonade, coca, Actimel et nous repartons sur la dernière montée du parcours en direction de la Tête aux Vents. Cathy, Chantal et Thomas vont faire ce dernier tronçon avec nous. Cela met de l’ambiance et de la distraction pour rester vigilant. Nous franchissons les passages équipées d’échelles et de marches de l’Aiguillette d’Argentières que j’avais eu l’occasion de descendre avec Cathy et ma petite Marie au cours de l’été 2009. Je suis à nouveau en terrain connu et cela est rassurant pour le final. Nous atteignons la Tête aux vents/Les Cheyserys (2117m) et le sentier du Gd Balcon Sud sur lequel nous retrouvons les premiers coureurs de l’UTMB (version raccourcie). Le chemin est détrempée et parsemé de grosses flaques ce qui confirme la grosse pluviométrie qui s’est produite. Nous passons à La Flégère (1977m) et abordons la longue descente vers Chamonix. De nombreux coureurs utmbistes nous dépassent à vive allure malgré la nuit, la visibilité réduite et les racines glissantes. Nous passons à la buvette La Floria déserte à cette heure là et puis au sortir de la forêt nous débouchons sur la route des Nants (1060m). D’autres supporters qui n’ont pas hésité à veiller, sont là pour nous accompagner jusqu’à l’arrivée. Nous sommes euphoriques, on oublie la fatigue, on accroche les dossards, on traverse le pont sur l’Arve, on longe le cours d’eau et le centre sportif (il y a 4 jours on y dégustait la pasta party !), on atteint le centre de Chamonix, l’avenue principale, dernier virage à droite, c’est la Place du Triangle de l’Amitié, l’arche d’arrivée, on y est, larme à l’œil, on s’embrasse tous les trois, il est 3h42 ce 29/8/2010, ON L’A DIT, ON L’A FAIT !!!! Nous pouvons alors mériter dimanche a‐m de monter sur le podium avec TOUS les finishers réunis autour de Michel Poletti, Jean‐Claude Marmier et René Bachelard devant la foule de spectateurs en face de l’Eglise de Chamonix pour recevoir notre clochette commémorative. Cette aventure physique et humaine exceptionnelle a pu être menée à bien grâce à la parfaite entente et solidarité dont nous avons su faire preuve Patrick, Manu et moi‐
même tout au long des 5 nuits, 4 jours, 102heures, 240 km, 18000m de dénivelé positifs vécus et endurés sur les sentiers français, italiens et suisses autour du Mt Blanc. REMERCIEMENTS Un grand merci à Cathy, Chantal et Claude qui nous ont soutenus tout au long de cette aventure par leur présence, leur disponibilité et leur dévouement. Sans eux nous n’aurions certainement pas pu réussir ce formidable pari. Un grand merci à Patrick et Manu mes 2 coéquipiers pour leur patience et pour avoir su s’adapter à mon rythme. Un grand merci à tous nos autres supporters : Mario, Alain, Thomas, Anaïs, Antoine T., Simon, Laetitia, Yohann, Jeanne, Nanou, Annette (pour sa couverture et sa chaufferette prêtées à l’arrivée), Joël, Isabelle, Marie, Cindy, Antoine, Geneviève et tous les autres qui par leurs présences, messages ou encouragements à proximité ou à distance nous ont soutenus. 71 équipes (de 2 ou 3 coureurs) avaient pris le départ, 56 ont terminé, nous avons franchi la ligne d’arrivée en 24ème position. Notre équipe L’a dit, l’a fait, portait le dossard n°26. Elle était composée de Patrick BOUCHARD (V2H), Emmanuel RIETTE (V1H) et Jean‐Paul LASOLLE (V2H).
Jean‐Paul LASOLLE