Un vaccin contre la rougeole

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Un vaccin contre la rougeole
28/05/14 / LIGUE CONTRE LE CANCER Comité de Loire Atlantique
http://www.liguecancer44.fr/2014/05/28/traitement-contre-le-cancer-un-vaccin-contre-la-rougeole-equipes-de-recherche-financement
Traitement contre le cancer
: Un vaccin contre la
rougeole ?
Une équipe nantaise a mis au point une nouvelle arme contre le cancer
de la plèvre : un virus atténué de la rougeole.
Directeur de recherche à l’Inserm, le Dr Marc Grégoire explique comment fonctionne
cette «virothérapie».
Les scientifiques américains ont utilisé ce traitement chez deux femmes souffrant d’un myélome multiple, une maladie de la
moelle osseuse. «Ces patientes ne répondaient plus aux autres thérapies et avaient connu plusieurs rechutes de leur cancer»,
a précisé le Dr Russell. Elles ont reçu un traitement de virothérapie, qui repose sur l’utilisation de virus « atténués » (et donc
rendus inoffensifs) pour s’attaquer aux cellules cancéreuses, tout en activant le système immunitaire.
Ces patientes ont reçu une dose de vaccin contenant des virus génétiquement modifiés de la rougeole. Une dose
relativement forte puisqu’elle aurait pu être utilisée pour vacciner 10 millions de personnes. Ce traitement a permis d’obtenir
chez la première une rémission complète, sans trace de cancer depuis plus de six mois. Il n’a pas eu le même succès chez la
deuxième patiente dont le cancer a néanmoins été affaibli par cette virothérapie, ont précisé les médecins américains.
« Il s’agit de la première étude clinique à montrer la faisabilité d’une virothérapie contre des cancers ayant fait des métastases
», a souligné le Dr Stephen Russell, un hématologue de la Mayo Clinic dans le Minnesota (nord), principal co-développeur de
cette thérapie anticancéreuse, dont les résultats ont été publiés dans la revue Mayo Clinic Proceedings.
Détruire les cellules cancéreuses sans toucher aux cellules normales
En France, cette technique de la virothérapie est activement explorée par l’unité de recherche nantaise du Dr Marc Grégoire
en lien étroit avec Frédéric Tangy de l’Institut Pasteur. Ces chercheurs, eux aussi, misent sur l’utilisation du vaccin de la
rougeole pour essayer de traiter certains cancers, en particulier celui de la plèvre, le mésothéliome.
«Pour pouvoir se développer, les cellules cancéreuses ont besoin de se protéger du système immunitaire, ce qui les conduit à
surexprimer un récepteur qui va constituer la porte d’entrée des virus contenus dans le vaccin de la rougeole, explique le Dr
Marc Grégoire. Cette virothérapie a une double action. Ces virus, dits oncolytiques, vont d’abord cibler de manière
préférentielle les cellules cancéreuses sans toucher aux cellules normales. Ensuite, elles vont non seulement tuer ces cellules
cancéreuses, mais aussi activer une réponse immunitaire qui va ouvrir un deuxième front pour éradiquer la tumeur».
Une efficacité qui reste à confirmer
Prometteuse sur le papier, cette approche thérapeutique doit toutefois faire la preuve de son efficacité dans des essais
cliniques plus larges. Même si l’annonce américaine retient l’attention, aucune véritable conclusion ne peut être tirée à partir
du cas d’une seule patiente, après un recul de six mois. Le virus de la rougeole n’est, par ailleurs, pas le seul à être utilisé dans
le cadre de la virothérapie. D’autres virus (herpès, adénovirus, vaccine…) sont aujourd’hui testés dans le monde pour dans le
traitement de certains cancers.
Où en sont les recherches en France ?
Les recherches en France, dans ce domaine, ont commencé il y a environ dix ans. Mais il y a encore peu de laboratoires en
France, spécialisés dans ce domaine de la virothérapie, et très peu sur le vaccin contre la rougeole. Nous avons entrepris nos
travaux de collaboration entre mon équipe de recherche INSERM à Nantes celui de l’Institut Pasteur, en 2005. Le vaccinia, lui
est repris par la société Transgene.
Lors du récent congrès sur les « virus oncolytiques » à Oxford (avril 2014) qui rassemblait environ 250 chercheurs, nous étions
très peu de Français… Les Américains sont très en avances, et certains pays européens dont les Allemands et les Anglais
commencent à s’y intéresser de très près...
Pour l’heure, seuls les États-Unis proposent ce type de thérapie aux patients et les résultats sont encourageants.
« Légèrement différent de celui breveté par les Américains, notre vaccin s’est révélé être, a priori, plus efficace en ce que
l’élimination des cellules tumorales qu’il déclenche est suivie d’une réponse immunitaire forte, annonce le Dr Marc Grégoire.
Aussi, nous espérons pouvoir rapidement produire un premier lot clinique et lancer les premiers essais pour les patients
atteints de mésothéliome, mais aussi d’autres cancers comme le mélanome ou le cancer du poumon. »
ALLEZ PLUS LOIN
Cette découverte n’attend plus qu’un soutien financier pour que démarrent la production de ce vaccin et des essais cliniques
en France.
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