Les Glénans et l`environnement

Transcription

Les Glénans et l`environnement
N° 94 Décembre 2015
> Les Glénans et l’environnement
Conseil Ad Hoc
Au portant
Rencontre avec
un animal marin
>
p.7
>
p.11
Faune, flore et voile
pour des collégiens
Éditorial
A l’heure où la France accueille
la COP21, ce numéro du Courrier
des Glénans met le cap sur
l’environnement. Si aux Glénans,
nous évoquons souvent notre
attachement aux sites naturels,
nous parlons moins de ce que
nous faisons pour leur préservation.
Ce numéro est l’occasion de s’attarder sur ces
initiatives, sur ces actions et sur nos projets
concernant l’environnement. Historiquement
nous avons toujours su que l’enjeu d’habiter
des sites naturels isolés et protégés était
d’être capable de les préserver, de les habiter
de manière responsable pour que leur magie
soit préservée. Au cours des années, c’est
une vraie expertise qui est née.
Notre environnement, c’est aussi la mer
avec la richesse qui la caractérise, une
richesse fragile à laquelle nous devions
nous intéresser. L’Ecole de mer porte
désormais de nombreux projets pour que,
dans nos navigations, nous prenions le
temps d’apprendre à mieux connaître cet
environnement.
A l’origine de nombre de ces initiatives, nous
avons des bénévoles, des salariés et des
volontaires en service civique impliqués,
que je salue et remercie, qui ont porté
leurs convictions pour que collectivement
nous assumions cet te dimension
environnementale du projet Glénans.
Sylvestre LOUIS
Président des Glénans
2
Pleins Phares
Pleins phares sur
l’environnement
L’environnement, vaste sujet ! Un mot à la mode, mais pas
seulement. Si la notion de développement durable a fleuri
partout depuis de nombreuses années, le frémissement
annoncé est devenu une vague, puis un déferlement,
en témoigne la COP21-Paris. Rappelons que le respect de
l’environnement fait partie des objectifs de l’association.
Il est donc devenu un enjeu majeur et un moteur d’actions
variées. Aux Glénans, même si la mer est presque toujours
bleue, on voit l’avenir en vert. Et pour cela, dès à présent,
en mer comme à terre, bénévoles et salariés passent à
l’action, afin que la mer et le littoral demeurent une source
de richesses et de joie, et offrent des lieux préservés aux
générations futures.
L’environnement au cœur de notre projet
Dès sa création il y a près de 70 ans, l’association a sensibilisé ses adhérents à la découverte
et la préservation de l’environnement. Le fameux
triptyque ”école de voile, école de mer, école
de vie” résume bien l’importance accordée à
cet aspect. On ne consomme pas la mer, elle
vous tolère, vous accepte, et on la respecte.
Il en va de même pour le littoral. Le stagiaire
n’y vient pas en terrain conquis, en utilisateur.
Des sites d’exception, des îles désertes hors
saison, cela se mérite. Et cela justifie des efforts
permanents, renouvelés, innovants, pour que
perdure la beauté des lieux, mais aussi la vie
qui se niche dans les fonds marins et au coin
d’un rocher, d’une plante, d’une algue.
Ceux qui ont déjà foulé le sable d’une dune
savent combien elle est fragile, ainsi que le
soulignent les nombreux panneaux du littoral
français. Mais l’impact de l’homme va bien audelà. La vie sur un site isolé, voire insulaire, ou
en mer, est soumise à d’importantes contraintes
liées à la gestion de l’eau, des déchets, de l’énergie. Comment faire vivre 300 stagiaires sur
une île déserte, avec des ressources limitées,
sans polluer, sans amonceler des détritus ?
Très tôt, cette gestion des impacts a été, pour
l’association, source de préoccupation et de
réflexion, dans un esprit de recherche permanente. Ne pas laisser de déchets derrière soi
est un challenge insuffisant, il importe aussi de
préserver l’existant : le plus grand soin s’impose
pour maintenir les sentiers douaniers, l’estran,
bref tout le littoral. En laissant la faune et la flore
se développer naturellement, sans massacrer
les organismes (combien de personnes savent
qu’une pierre retournée sur l’estran et non replacée perturbe ses hôtes qui mettent quatre ans
à s’en remettre ?), sans déranger les oiseaux,
on maintient l’équilibre de la nature. Et même
s’il existe dans le monde de bien plus grosses
sources de pollution devant lesquelles nous
nous sentons impuissants, cela reste l’affaire
de chacun : dans les comportements à adopter,
et dans le savoir et l’éducation à transmettre.
Aux Glénans, on réfléchit et on innove dans tous
les domaines, qu’il s’agisse de l’accastillage,
des manœuvres ou de la sécurité. La gestion
durable des sites fait partie des préoccupations permanentes et même grandissantes
de l’association, qui s’est toujours clairement
positionnée en pionnière et en meneuse sur
ce sujet. Le souhait des administrateurs, en
particulier, est de faire plus et mieux que l’article
2 des statuts, dont voici un extrait : « participer
aux actions de protection de la nature et de
l’environnement, et de l’amélioration du cadre de
vie ». L’enjeu est de développer une compétence
et une conscience collectives, afin d’adopter
des conduites responsables et de se montrer
proactif. Le développement durable, ce n’est
pas du verbiage, ni quelques actions isolées
pour se donner bonne conscience à peu de frais.
C’est devenu un mode de vie, un état d’esprit.
Aussi l’association a-t-elle fait le choix de recruter « vert » : Matthieu, technicien en développement durable, et Céline, chargée de mission
environnement, travaillent activement à la mise
en place d’actions diverses.
De nombreux panneaux informatifs vont fleurir
sur les sites des Glénans afin de sensibiliser les
stagiaires, les encadrants, mais aussi le visiteur
SOMMAIRE
p 2
> Pleins Phares :
Pleins phares sur
l’environnement
p 7
> Conseil Ad Hoc
Rencontre avec un animal marin
p 9
> Formation : Un stage P pour (mieux)
aborder l’environnement marin
p 10
Le Guide Environnement, un
nouvel outil pédagogique
p 11
> Au portant : Faune, flore et voile pour des
collégiens
p 12
> Interview : Au service de l’« école de mer »
p 13
p 14
p 15
Un projet fédérateur
> Vie associative
L es comités de secteur et
l’environnement
3
inconnu qui foule le sable des îles. Ces panneaux
seront adaptés à chaque endroit et donc diffèreront d’un lieu à l’autre. Sur une île, par exemple,
on expliquera pourquoi l’utilisateur doit pomper
l’eau de sa douche. Ainsi, cette information
donnera-t-elle du sens à nos actions.
Matthieu souligne : « aux Glénans nous avons
été des précurseurs mais ce n’est plus suffisant,
il nous faut agir pour maintenir l’association
dans le mouvement actuel. Les initiatives prises
aux Glénans ne sont plus seulement locales, il
s’agit désormais d’une démarche nationale. Un
budget est véritablement alloué à la protection
de l’environnement et un comité de pilotage est
en charge de la démarche environnementale
et sociétale ».
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Les démarches concrètes se sont
multipliées sur les bases et sur
les sites isolés.
Les sites seront équipés de chauffe-eau solaires.
Des systèmes d’assainissement phytosanitaires
seront mis en place dans les îles, afin de ne plus
rejeter directement à la mer les eaux usées.
De quoi s’agit-il ? Ces systèmes permettent le
traitement des déchets par les plantes. Les eaux
sont d’abord canalisées vers de grands bacs,
dans lesquels des plantes de plusieurs types
se nourrissent des déchets. Ainsi, massettes,
papyrus, lys et menthe aquatique se mettent
en action, et leur voracité – avec un zeste de
magie – permet de voir s’écouler, à la sortie
du bac… une eau claire ! L’eau obtenue n’est
pas potable mais pourrait être réutilisée pour
la vaisselle, par exemple. En l’occurrence sur
les sites l’eau des puits suffit pour la vaisselle,
tant il est vrai qu’aux Glénans, nous sommes
pleins de ressources ! Cette belle initiative est
progressivement installée sur les bases, le but
étant de couvrir l’ensemble des sites en 2019.
Naturellement, la protection de l’environnement
représente un coût non négligeable : de cinq
à sept mille euros (hors main d’œuvre) pour
un système d’assainissement phytosanitaire
sur un seul site. Et puisque l’on parle de budget… L’enveloppe Environnement prévoit aussi
d’achever en 2018 la mise en place progressive
– initiée depuis quelques années – des LED sur
l’ensemble du parc d’éclairage de nos sites,
ainsi que, en 2016, l’utilisation généralisée des
produits d’entretien écolabels. Les ampoules
à LED ont un coût deux à trois fois plus élevé
que les ampoules classiques mais durent plus
longtemps et consomment deux à trois fois
moins d’électricité. De plus le regroupement
des achats permet d’en limiter le coût, par un
effet de volume. Mais au 21ème siècle, le développement durable n’a pas de prix !
Histoires d’eaux
Quant au traitement de l’eau de pluie en eau
potable, quelques stations homologuées sont
déjà mises en place progressivement, afin de
couvrir l’ensemble des îles en 2017. Un premier
filtre (à charbon) rend le pH neutre. L’eau passe
ensuite dans trois grands autres filtres avant
d’achever son parcours dans des bassins équipés de lampes à UV qui ”grillent” les bactéries.
Avantage non négligeable : ce dispositif est peu
volumineux et peut donc être installé tout près
des cuisines.
L’eau potable pour tous… mais aussi parfois,
hélas, pour rincer le matériel. A l’Ile d’Arz, les
bateaux, les voiles, les brassières et les combinaisons sont encore rincés avec de l’eau potable. Un projet de forage est donc à l’étude, il
permettrait d’utiliser l’eau non potable pour les
toilettes et les bacs de rinçage, d’ici à fin 2017.
Et dans les lieux de vie ?
En 2018 l’ensemble des bases et le siège parisien feront appel à un fournisseur d’électricité
renouvelable. Cela représentera un surcoût de
20 à 30%, sans économie en contrepartie, mais
c’est le choix de l’association – qui espère néanmoins que les prix diminueront dans l’avenir…
Quant aux bâtiments, ils n’échappent pas au
tsunami du développement durable : les rénovations à venir (telle l’isolation) sont prévues
avec des matériaux durables. Ainsi, l’un des
dortoirs de Penfret (sur le site de Village) sera
rénové courant 2016. Le but en sera l’amélioration du confort – et donc de l’accueil – sans
nuire à l’environnement.
De plus, toujours sur les sites isolés, les célèbres
mais rustiques Cunégondes se font désormais
concurrencer par l’installation progressive de
toilettes sèches, disposées à proximité des
lieux d’hébergement. Le système prévoit une
séparation entre les matières liquides et les
matières solides, ces dernières étant asséchées à l’aide d’un ventilateur alimenté par un
panneau solaire (pour limiter les odeurs) puis
rapportées sur le continent. A terme, une toilette
sèche pour dix personnes – soit de six à dix par
site – sera installée.
Pour finir, sachez que des produits d’hygiène
biodégradables sont en vente sur l’ensemble
des sites des Glénans depuis 2015 !
L’énergie dans les mollets !
Les Glénans prévoient la mise en place de vélos
permettant de recharger les téléphones portables. Peut-être en avez-vous déjà vu : certaines
gares, comme celle de La Rochelle, ont installé
ce dispositif. Cerise sur le vélo, un écran indique
au cycliste la quantité d’énergie produite, pour
lui-même et pour la collectivité. Ce bel exemple
de sensibilisation à l’environnement naîtra en
2016 sur l’île de Penfret et sera développé entre
2016 et 2017. Et étant donné qu’aux Glénans,
on n’a pas de pétrole, mais on a des idées, et
que ces vélos coûtent cher, l’association les fait
fabriquer par des lycées techniques, notamment
un établissement de Lorient avec lequel nous
avons déjà établi un partenariat. Vous savez, les
fameuses ”Cadillac”, c’est-à-dire les remorques
amphibies de Fort-Cigogne, Drenec et Penfret…
Nous les devons à ce lycée, qui s’attellera ensuite
à l’élaboration des vélos. Ainsi l’association ne
déboursera que pour l’achat des matières premières. Riche idée, non ?
L’environnement jusqu’au bout du stylo
Enfin, le plus classique mais pas des moindres :
le papier recyclé est au goût du jour, et donc
progressivement mis en place, dans les bureaux,
pour les catalogues, les flyers… de même que le
recyclage des gobelets, des papiers usagés… et
puis, écriture oblige : en lieu et place de l’encre
chimique, il est prévu d’utiliser l’encre végétale,
composée de pigments naturels dissous dans
l’eau, pour un surcoût d’environ 6 %.
L’Ecole de mer
Ce volet du slogan des Glénans n’est pas nouveau mais a pris du galon. Depuis longtemps
déjà, la presse de l’association, notamment
le Cours des Glénans, traitait de sujets tels
que la faune et la flore, l’érosion marine ou les
bateaux de pêche professionnelle. Elle réaffirme
la priorité accordée à l’environnement, montrant
une forte volonté de s’investir et d’investir. Ainsi
Céline, chargée de mission environnement, a
pour rôle de faire vivre ce projet et de pérenniser
les initiatives de tous, bénévoles et salariés. En
effet, il manque à ce jour une véritable appropriation collective des compétences. Fédérer
les savoirs et les communiquer de manière
pérenne, à l’écrit comme à l’oral, tel est l’enjeu
fermement soutenu par le Conseil des moniteurs et de l’encadrement bénévole. Le CDM
souffle en effet sur les braises de ce projet qui,
tout légitime qu’il soit, n’en était pas moins
resté à un stade embryonnaire. Les premiers
balbutiements demeuraient anecdotiques,
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on est davantage citoyen de la mer et moins
consommateur ; la mer est un formidable espace
de liberté, certes, mais on n’y est pas seul, et l’on
doit respecter certaines règles pour la préserver
et ne pas pénaliser ceux qui y travaillent. »
Différents acteurs impliqués dans le projet
sans véritable organisation. Il s’agissait donc
d’amorcer un changement culturel.
Il y a un peu plus d’un an, le Conseil d’Administration des Glénans a donc voté le développement
de ce projet. Céline, bénévole à l’époque, devient
alors salariée. Depuis, elle travaille activement
au développement du projet.
Aux Glénans, l’environnement a été réintroduit
dans le cursus de formation, allant même audelà des préconisations de la Fédération Française de Voile. Des guides sur l’environnement
marin sont en cours d’élaboration et seront
disponibles sur chaque bateau et sur les sites à
terre. Le but est d’aider tout adhérent à partager
ses connaissances de l’environnement marin et
d’encourager les moniteurs à se former sur le
sujet. Un premier ouvrage porte sur la zone de
navigation de Concarneau, il sera étoffé mais
aussi complété par d’autres guides concernant
chaque base, à commencer par Vannes/Île d’Arz.
Des stages à thème
De plus, des stages de perfectionnement sont
aussi proposés aux moniteurs désirant progresser
sur ces thèmes, l’Environnement P. C’est ainsi
que les stages « école de mer » (voir encart) ont
vu le jour.
Pour la première fois, les individuels (et non plus
seulement les groupes scolaires) viennent véritablement ”vivre” la mer. Ils observent, découvrent,
comprennent, aidés en cela par les topos théoriques du Guide Environnement. Au plan pédagogique, le stage revêt un aspect ludique, basé
sur l’expérience in vivo. En effet il importe au
préalable d’éveiller l’intérêt des stagiaires – on
les suppose cependant réceptifs puisqu’ils ont
fait la démarche de s’inscrire. Ils vont par exemple
découvrir l’histoire du site sur lequel ils sont, les
oiseaux, l’estran et ses secrets, les herbiers…
Céline précise : « des week-ends sont aussi prévus
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au moment des grandes marées, pour mieux
découvrir le monde marin ; ils sont destinés aux
adultes, sans critère de niveau. Les stagiaires
se déplaceront d’île en île, sans forcément faire
de la voile, pour découvrir les bases de l’océanographie, la faune et la flore insulaires, le patrimoine, la réglementation… ». Ce sera notamment
l’occasion de faire de la pêche à pied, et même
de cuisiner avec sa propre récolte !
« Apprendre la mer » pour mieux
apprendre la voile
Cet apprentissage permet de devenir un meilleur
marin. Cela vous étonne ? Si par exemple vous
connaissez l’étagement de l’estran (saviez-vous
que les moules s’implantent en son milieu ?),
vous déduirez, en apercevant les moules au ras
de l’eau, que l’on est à peu près à mi-marée.
Certes, cela ne dispense pas toujours du fameux
calcul des marées (la règle des douzièmes…)
mais permet de vous conforter dans votre estime. Un autre exemple : la limite supérieure
de l’estran est délimitée par des lichens jaunes
au-dessus et des lichens noirs en dessous. La
présence de ces bandes jaunes et noires sur les
ilots vous indique que ces ilots ont une partie
toujours émergée, ce qui peut vous aider à identifier les cailloux dans le paysage de l’Archipel
de Bréhat par exemple. En rivière, il est possible
de savoir où il y a le plus de profondeur et où
il y a du courant en observant les rives. Quant
aux pêcheurs… connaître leurs manœuvres
permet donc de les anticiper, aide à ne pas les
gêner dans leur travail, et à ne pas se mettre
soi-même en danger. Les exemples sont nombreux. Connaître la réglementation de la pêche
participe au maintien des espèces. Savez-vous,
par exemple, qu’il existe une taille minimale
autorisée pour chaque type de poisson pêché ?
Céline ajoute : « grâce à cet enseignement,
Les comités de secteurs, quant à eux, s’impliquent activement dans la préservation des
sites et le projet ”école de mer”. Enfin, un programme de sciences participatives est proposé
aux adhérents : cela consiste, par exemple, à
transmettre des informations lorsqu’on croise
un dauphin au large. Ainsi chacun peut contribuer, à son niveau, à améliorer la connaissance
des comportements des animaux marins, des
modifications liées aux changements climatiques etc. Devenir acteur de l’environnement
nécessite bien sûr de pouvoir faire la différence,
par exemple, entre un grand dauphin et un dauphin commun. Autre exemple : l’observation des
œufs de raies, que l’on trouve sur la laisse de
mer, donne des indications sur leurs lieux de
reproduction et sur les zones à préserver pour
faciliter leur développement.
Toutes ces avancées sur la gestion durable
des sites et l’école de mer sont réalisées en
lien avec des partenaires comme le conservatoire du littoral, Natura 2000, Oceanopolis ou
l’Agence des aires marines protégées et des
associations comme la Ligue de Protection
des Oiseaux, L’observatoire des mammifères
marins, Cybelle Planète.
La prise de conscience de l’urgence de l’enjeu
environnemental ne doit pas s’effectuer à grand
renfort de dogmes et de cours de morale. Mieux
que toute règle imposée, la connaissance permet d’être autonome sans être destructeur, et
suscite le respect de l’environnement marin.
Parvenir à sensibiliser les navigateurs et les
promeneurs, et modifier durablement leur comportement, telles sont les missions que s’est
donnée notre association, en espérant que les
plaisanciers de demain continueront à porter et
transmettre le projet Environnement.
EN 2016, DÉCOUVREZ
LES STAGES «ÉCOLE DE MER»
f «Découverte du littoral», croisière
niveau 2 embarqué au départ de
Concarneau et Vannes,
f « Exploration maritime», croisière
niveau 2 sur site à l’archipel de Glénan,
f les week-ends «Grandes marées»
à l’Archipel,
f le stage Environnement P pour les
moniteurs (voir p. 9).
Conseil Ad Hoc
> Rencontre avec un animal marin
Stage croisière en Méditerranée, notre équipage tire un long bord, la matinée est calme.
Soudain, un équipier s’écrie : « Là-bas, j’ai vu quelque chose bouger dans l’eau ! »
Aussitôt tous les regards convergent vers l’endroit pointé : est-ce un de ces requins
pèlerins mangeurs de plancton ? Une tortue luth qui part pour une traversée de
l’Atlantique ? Ou encore un dauphin, qui vient partager un moment de navigation avec
le navire ? Dans l’euphorie du moment, tout le monde en oublie... son poste à bord !
Céline, notre monitrice, reprend la barre, demande à chacun de garder une main sur
le bateau lors des déplacements et redistribue les postes.
Comment faire de cette rencontre fortuite avec un animal marin une vraie découverte ?
S’approcher sans gêner les animaux
Nous apercevons maintenant plusieurs ailerons : les animaux semblent poursuivre leur
course sans crainte. L’un des stagiaires suggère
que nous sommes en présence d’un groupe de
cétacés. Nous sommes tous d’accord pour aller
vérifier cela de plus près !
Céline précise : « Ces animaux sont sauvages
et peuvent être effrayés par notre bateau. Certaines espèces, comme les grands dauphins ou
les dauphins communs, s’approchent d’ellesmêmes et nagent autour du navire pendant un
moment, tandis que d’autres, plus craintives,
tels les globicéphales, fuient si elles se sentent
en danger. » Pour les observer, nous allons devoir
rester discrets...
Chacun est à son poste, Céline coordonne les
manœuvres. Notre approche vise alors à adopter
progressivement une trajectoire parallèle à
celle des animaux, sans leur couper la route ni
changer brutalement de cap ou de vitesse, tout
en respectant une distance raisonnable (plus
de 100 mètres) et en naviguant à la vitesse des
individus les plus lents du groupe (5 nœuds
maximum).
« Et si les animaux s’approchent d’eux-mêmes ? »,
suggère une équipière. « Il faudra s’abstenir
de tout contact direct. », répond Céline. « Ni
baignade ni tentative visant à les toucher ! À
l’inverse, le départ des animaux signifie qu’on
les dérange ou que leur curiosité est satisfaite.
Nous limiterons notre temps d’observation et
ne les poursuivrons pas ! »
Observer, identifier, photographier
Calés à 2,5 nœuds sur une trajectoire parallèle
à celle des animaux, le moment est venu pour
nous de les observer et de tenter de les identifier,
en s’appuyant sur les outils présents à bord.
L’un d’entre nous va chercher les jumelles, je
m’occupe du Guide environnement qui contient
la fiche d’identification des mammifères marins.
« Observez la forme de l’aileron, la taille des
animaux, la couleur de leur dos, la présence
d’un bec ainsi que leur comportement, et comparez-les avec les animaux décrits sur la fiches »,
explique Céline.
Nous écarquillons aussitôt les yeux. L’aileron est
tantôt visible, tantôt sous l’eau, et ne se balance
pas latéralement : nous avons donc bien affaire
à un cétacé et non à un requin ou à un poissonlune. Leur taille est inférieure à la moitié de la
taille du bateau et lorsque leur tête est visible,
nous apercevons un bec. Il semble que nous
soyons en présence de dauphins ! Trois spécimens s’approchent peu à peu et commencent
à nager sous le bateau et de part et d’autre de
l’étrave : c’est magique !
Leur corps est assez trapu. Ils sont gris, leurs
flancs plus clairs. Après un échange animé entre
7
partisans du dauphin commun contre défenseurs du grand dauphin, nous optons pour cette
dernière espèce, car la variation de couleur entre
le dos et les flancs n’est pas nette.
Après ce moment d’observation, au cours duquel
nous nous relayons sur les différents postes afin
que tout le monde puisse profiter du spectacle
et prendre des photos, nous regardons leur
groupe s’éloigner et quittons à notre tour progressivement la zone, en reprenant petit à petit
notre cap et notre vitesse.
Idées reçues : vrai ou faux ?
Les animaux à peine éloignés, des questions
viennent : « Il paraît qu’on peut entendre les dauphins et les baleines chanter depuis le bateau ».
Ou encore : « Peut-on attirer les dauphins en
tapant sur l’étrave ? »
Céline, qui n’en est pas à sa première rencontre,
prend le temps de nous répondre. « Certains cétacés émettent des sons dans le domaine audible qui
leur permettent de communiquer entre eux, plus
ou moins fortement. Des espèces telles que les
globicéphales, les grands dauphins et les baleines
à bosse sifflent à un volume supérieur à celui d’une
sirène de pompier ! Il est par conséquent tout à fait
possible de les entendre depuis l’habitacle d’un
bateau, qui joue le rôle de caisse de résonance.
Quant à la possibilité de faire venir les dauphins
en tapant sur le bateau, c’est une rumeur sans
fondement : les dauphins nous repèrent bien
avant nous grâce à leur « sonar » très efficace, les
ultra-sons se déplaçant cinq fois plus vite dans
l’eau que dans l’air. C’est donc totalement inutile. »
Transmettre ses observations
« Ce soir, il serait intéressant de prendre le temps
de signaler notre rencontre à un organisme
qui s’occupe de surveiller les cétacés », ajoute
Céline. Certains d’entre nous interrogent : pour
quoi faire ? « Nos informations présentent un
grand intérêt pour les scientifiques et la connaissance de ces espèces ! », répond Céline.
Les signalements permettent en effet de savoir
quelle espèce est présente dans une zone maritime donnée. Cela peut confirmer la présence
des espèces communes, mais aussi alerter
sur l’arrivée ou le retour d’espèces qui avaient
déserté ces zones.
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Plusieurs signalements de dauphins communs
ont par exemple été rapportés depuis deux ans
au large des côtes françaises méditerranéennes.
Ce dauphin, rarement observé dans cette zone,
semble donc s’y trouver plus régulièrement.
Le dauphin commun était d’ailleurs autrefois
une des espèces les plus communes en mer
méditerranée !
Les tendances de la répartition des espèces,
détectées grâce aux observations des plaisanciers, doivent encore être validées par d’autres
signalements ou par des études scientifiques.
Mais pour cela, il faut que les observations
soient assez nombreuses et régulières.
De retour au ponton, plus tard dans la soirée,
nous nous connectons depuis le téléphone
mobile de Céline sur le site de Cybelle Méditerranée (cf. ci-dessous). Nous y entrons le jour,
l’heure et le lieu d’observation (coordonnées
GPS), le nom de l’espèce et le nombre d’individus aperçus, ainsi que nos coordonnées pour
pouvoir être contactés, le tout à l’aide des notes
rédigées dans le livre de bord après la rencontre.
Nous sommes heureux de nous rendre utiles en
jouant les « sentinelles » des mers !
Une rencontre réussie, ça se prépare !
Pour mieux profiter d’une rencontre lors d’un prochain stage, Céline nous conseille, avant de partir, de télécharger sur nos téléphones portables
les applications ou les fiches d’observation des
organismes de surveillance des animaux marins
et de prendre le temps de nous plonger dans le
Guide environnement si le stage est au départ
(ou à l’arrivée) de Concarneau, afin de nous
renseigner sur les espèces locales. Voire, pour
l’Atlantique et la Manche, de regarder quelques
vidéos de ces animaux sur le site d’Obs Mam
afin d’apprendre à les reconnaître.
Elle nous invite également à profiter des moments
plus calmes, lors des périodes de navigation,
pour nous décentrer du bateau – sans occulter
la sécurité, bien entendu - pour être attentifs à
notre environnement : aucune chance de voir un
animal si nous ne regardons pas la mer !
Enfin, en vue d’une éventuelle prochaine rencontre, nous nous répartissons les rôles à bord
pour que tout le monde puisse à nouveau profiter de la magie du moment. Celle-ci restera
certainement gravée dans nos mémoires pour
longtemps !
OÙ REPORTER ?
f C YBELLE MÉDITERRANÉE : http://www.cybellemediterranee.org > animaux marins en
Méditerranée (formulaire d’inscription au programme et kit d’observation téléchargeables
en ligne - utiliser les identifiants à disposition dans les bateaux de croisière de Marseillan
et Bonifacio).
f CENTRE DES TORTUES DE L’AQUARIUM DE LA ROCHELLE : http://www.aquarium-larochelle.
com/conservation/le-centre-des-tortues-cestm > tortues marines du littoral atlantique
(fiche d’observation téléchargeable en ligne).
f OBS MAM : http://obs-mam.org > mammifères marins du littoral français en Atlantique et
en Manche (application Smartphone et formulaire de signalement disponibles en ligne).
f A .P.E.C.S. : http://www.asso-apecs.org > requins et raies en Atlantique et en Manche (fiche
d’observation téléchargeable en ligne).
Formation
> Un stage P pour (mieux)
aborder l’environnement marin
Les Glénans proposent aux moniteurs et bénévoles un stage d’une semaine à l’archipel
de Glénan ou à l’Île d’Arz dès 2016, pour se mettre à niveau sur les compétences
«Environnement» du cursus de formation. Yann Guiavarc’h y a participé au printemps
dernier et en présente ici les grandes lignes.
Quelles étaient tes attentes par rapport
à ce stage ?
D’un naturel contemplatif, je me suis toujours intéressé à l’environnement, en particulier marin.
En tant que moniteur, je déplore que l’attention
des stagiaires soit souvent exclusivement focalisée sur le bateau et la technique de navigation
au début de leur apprentissage, même si ce
sont bien évidemment les objectifs principaux
des stages dans une logique de progression
sécurisée. Quand d’autres moniteurs bénévoles
m’ont parlé de ce stage P, j’ai pensé que ce serait
l’occasion de compléter mes connaissances
pour pouvoir mieux partager mon intérêt, quel
que soit le niveau de formation.
Quel est le contenu de ce stage ?
Avec différents encadrants, salariés et moniteurs expérimentés de l’association, nous avons
étudié la faune et la flore présentes au niveau
local, mais aussi effectué un peu de géologie et
étudié le patrimoine maritime de l’archipel de
Glénan et du port de Concarneau, les métiers
de la mer, la réglementation...
L’archipel de Glénan, où nous avons passé
l’essentiel de la semaine, constitue un cadre
exceptionnel regorgeant de particularités : herbiers de zostères, sables blancs issus du maërl,
amers remarquables... À Concarneau, nous
sommes allés à la rencontre des pêcheurs de
la criée et avons visité le musée de la pêche.
Comment se déroulent les journées ?
Bien qu’assez denses, les enseignements sont
bien organisés et jamais rébarbatifs car ils se
déroulent principalement sur zone, en fonction
des opportunités offertes par le milieu, et très
peu en salle. La démarche est toujours pédagogique : sur chaque site, nous nous demandions « que pourrait-on raconter aux stagiaires
dans une telle situation, de quelle manière et
jusqu’où leur donner des informations ? » L’objectif du stage est de faciliter la transmission
des connaissances, avec l’aide complémentaire
du Guide environnement disponible à bord, et
de donner l’envie d’en savoir plus.
Un exemple ?
Nous avons pêché du plancton à l’aide d’un
bas en nylon et l’avons observé grâce à un
microscope portatif. C’était très amusant et
surprenant !
As-tu eu la possibilité de mettre ce stage
à profit ?
Oui, lors d’un stage semi-embarqué l’été dernier.
J’ai profité de ma première semaine d’encadrement sur Glénans 5,7 à Fort Cigogne pour
raconter l’histoire du site, expliquer ce qu’est
le maërl, parler des cormorans... Ensuite, entre
Groix et l’archipel de Glénan, nous avons croisé
quantités de fous de bassan qui plongeaient
autour de notre habitable, ce qui m’a fourni
l’occasion d’évoquer la technique de pêche
surprenante de cet oiseau pas si fou.
Quel bilan fais-tu de ce stage ?
J’en ai été pleinement satisfait et ai beaucoup
appris. Ce stage m’a donné envie d’aborder
l’environnement au cours de mes encadrements
et il fournit de la matière pour mieux en parler,
notamment par le biais d’anecdotes et d’expériences. Que vous soyez scientifique ou pas, il
ne faut pas hésiter à s’inscrire : les topos sont
clairs et très pédagogiques.
9
Formation
> Le Guide Environnement,
un nouvel outil pédagogique
Le Guide Environnement, édité par Les Glénans pour la base de Concarneau - archipel de
Glénan, est le fruit d’une collaboration et d’un partage de connaissances entre équipes
bénévoles et salariées de l’association. Destiné à fournir aux stagiaires et aux moniteurs
des clés pour mieux aborder le milieu marin, il est disponible en ligne, sur site et à bord
des bateaux de croisière depuis juin 2015. Sa déclinaison pour chaque base est en cours,
pour que la « culture école de mer » fasse partie intégrante des stages aux Glénans, quel
que soit le niveau d’apprentissage.
Contexte
L’an dernier, lorsque Les Glénans ont mis à jour
les fiches d’évaluation des stagiaires, soit les
documents qui définissent le cursus de formation par activité, leur cohérence avec la carte
de progression proposée par la FFVoile a été
renforcée, notamment pour ce qui touche au
sens marin et à l’environnement. « Cette attention à l’environnement trouve un écho dans les
statuts de l’association, qui comptent parmi
leurs buts de “faciliter à tous la connaissance
du monde marin” ainsi que “la connaissance des
divers milieux naturels” », précise Céline Hauzy,
ex-monitrice aux Glénans et Chargée de mission
environnement pour l’association. Les statuts
de l’association indiquent en outre que, « d’une
manière générale, l’association se propose de
participer aux actions de protection de la nature
et de l’environnement, et de l’amélioration du
cadre de vie ».
Un constat : deux remèdes
« Ce travail effectué sur les fiches d’évaluation
nous a donné l’occasion de développer les
objectifs pédagogiques liés à la découverte de
l’environnement », poursuit Céline. La faune et la
flore, l’océanographie et la géologie, le patrimoine
maritime et la réglementation sont les quatre axes
choisis pour structurer la progression.
« Du constat que tous les moniteurs ne disposaient pas du même bagage sur ces aspects est
née la volonté de faire en sorte que l’acquisition
de connaissances dans ces quatre domaines
fasse désormais partie intégrante de la formation
dispensée aux Glénans », explique-t-elle. « Pour
cela, nous avons mis en place deux « outils » afin
d’aider moniteurs et stagiaires à mieux connaître
10
l’environnement marin pour adapter leur comportement sur l’eau : un stage « Environnement P »
(cf. p.9) et un support disponible sur le site Internet des Glénans, à bord des bateaux de croisière
et sur les sites de l’école de voile, pour permettre
à chacun de se former avant, pendant et après
son stage : le Guide Environnement ».
Un travail collectif
« Nous étions plusieurs bénévoles à avoir des
connaissances sur l’environnement et l’envie de
les transmettre, afin de faire émerger une culture
commune aux Glénans », explique Gildas Veret,
moniteur bénévole. « Le Conseil des Moniteurs et sa
commission environnement ont longtemps porté
cette démarche visant à intégrer le projet d’« école
de mer » dans la formation de tous les stagiaires,
avant qu’une équipe salariée prenne le relais.
C’est, à mon sens, une belle histoire d’interaction
bénévoles / salariés dans la vie de l’association.
Quand la possibilité de concrétiser notre projet
s’est présentée, j’ai répondu présent ! »
Des bénévoles, des salariés et un apprenti du
BPJEPS ont composé l’équipe qui a rédigé le premier des guides environnement pour la base de
Concarneau-archipel de Glénan, chacun apportant
sa pierre à l’édifice selon ses connaissances personnelles. « L’association nous a fait confiance pour
mettre nos compétences à profit ! », résume Gildas.
Contenu et mode d’emploi
Le guide Environnement couvre les quatre axes
présents dans les fiches d’évaluation. « Il a été
conçu pour répondre à trois questions : que
dire sur l’environnement marin ? Où en parler ?
Comment l’aborder ? », complète Céline. « Dans
le guide figurent des cartes comportant des
indications de lieux où observer des éléments
intéressants, des informations sur ces éléments
(photos, textes, anecdotes...), ainsi que des
idées de séances pour aborder ce contenu
informatif avec les stagiaires ». « Nous avons
tenté de fournir des clés de compréhension du
milieu marin », renchérit Gildas, « en partant du
principe qu’il faut connaître avant de protéger.
Cela fait partie du rôle d’utilité publique de
l’association, me semble-t-il ! »
L’avenir du guide
« Nous souhaitons que dès l’année prochaine,
la prise en main de ce guide soit systématique
pendant la formation des moniteurs », affirme
Céline. En outre, il est destiné à être non seulement actualisé et enrichi au cours du temps,
mais aussi décliné pour toutes les bases des
Glénans, avec l’aide des bénévoles qui souhaiteraient apporter leurs compétences. La version
« Vannes-île d’Arz » du guide sera disponible
dès l’été prochain, les autres sont attendues
l’année suivante, l’objectif étant de proposer un
guide par base à l’horizon 2018. « Les bonnes
volontés, notamment celles des comités de
secteur, sont les bienvenues pour étoffer la
rédaction des guides ou l’illustrer de photos »,
ajoute Céline. « Nul besoin d’être chercheur au
CNRS pour participer, la passion suffit ! »
À bon entendeur...
f LE GUIDE ENVIRONNEMENT
est disponible pour tous sur le site
www.moniteurs.glenans.asso.fr,
ainsi que de nombreuses informations !
Au portant
et voile
> Faune, flore pour
des collégiens
En septembre dernier, la base de l’Île d’Arz a accueilli un groupe de collégiens belges
issus de la St John’s International School de Waterloo pour un stage composé de cours
de voile et d’animations sur le thème de l’environnement. Doug Lowney et Maggie Rose,
professeurs organisateurs, reviennent sur cette expérience « extrêmement positive »,
tant pour les élèves que pour leurs accompagnateurs.
L’école internationale de St John est un établissement d’enseignement privé couvrant tous les
niveaux, de la maternelle au lycée. Depuis plusieurs années, ses collégiens de 6ème participaient à un séjour de ski pendant l’hiver. Cette
année, le personnel d’encadrement du collège a
souhaité tester une nouvelle formule.
« L’école de voile des Glénans jouit d’une solide
réputation en Belgique. Nous avons été attirés
par ses valeurs de solidarité, de responsabilité
et de vie en communauté, issues de sa création
à la fin de la guerre. Elles correspondent à la
camaraderie, à l’intégrité et au respect promus
par notre établissement, y-compris vis-à-vis de
l’environnement », raconte Doug Lowney, principal
du collège.
« Notre objectif était de souder nos élèves et
d’instaurer un esprit d’équipe entre eux, complète
Maggie Rose, professeure accompagnatrice.
Or la voile contribue largement à rapprocher les
gens ! De plus, sur les cinquante élèves de 6e
cette année, certains venaient tout juste d’intégrer
l’école et de multiples nationalités cohabitent.
Face à cette diversité, notre défi était de faire
connaissance le plus vite possible pour former
rapidement un groupe uni. Nous avons donc
organisé ce stage dès la deuxième semaine après
la rentrée ».
Les Glénans ont proposé une formule sur mesure
à ce groupe scolaire : pendant une semaine, sur
la base nautique de l’Île d’Arz, des séances de
formation à la voile ont alterné avec la découverte de la faune et de la flore locales, le tout en
anglais. Les jeunes se sont initiés au catamaran,
au dériveur et à la croisière. « Les Glénans ont su
s’adapter au niveau de chaque enfant pour les
mettre tous à l’aise sur l’eau et les faire progresser
chacun à leur rythme, s’enthousiasme Maggie.
Le personnel qui nous a encadrés était à la fois
compétent, patient et très à l’écoute de nos
attentes et de nos besoins. Il a su faire en sorte
que chacun dans le groupe prenne confiance
en soi et en l’autre et gagne en compétences.
C’était une expérience formidable, y compris
pour les débutants ».
« Notre groupe a été impressionné par la beauté
du site et sa situation privilégiée au cœur du
golfe du Morbihan, poursuit Maggie. Les séances
consacrées à l’environnement étaient variées et
intéressantes. Les animateurs étaient à l’écoute
des réactions des enfants et par leurs enseignements, fondés sur l’observation active sur place,
ils ont su très vite les captiver. Nous avons exploré
le bord de mer et l’estran rocheux, tout en veillant à ne pas abîmer les milieux rencontrés. Les
enfants ont particulièrement aimé leur découverte
de l’île d’Ilur, où ils se sont rendus à la voile pour
pique-niquer puis pêcher des crabes, poissons
et escargots, équipés de masques », résume
Maggie. « Nous nous sommes beaucoup amu-
sés, mais notre séjour n’était pas une semaine
à la plage : nous avons également beaucoup
appris ! », ajoute Doug.
« Parfois, renchérit-t-il, la découverte continuait
pendant les temps de vie collective sur la base,
où nous cuisinions, mangions et participions
tous ensemble à l’entretien des locaux, ce qui
était nouveau pour certains. Les professeurs ont
montré l’exemple et ont été suivis ».
« Ce séjour a été une réussite. Il a permis aux
élèves et professeurs de mieux se connaître
et de souder le groupe. Le ton de l’année a
été donné ! », conclut Maggie. « À travers ce
stage, nous avons abordé de multiples points
d’apprentissage, en matière de sciences, de
sport, d’histoire - nous avons visité le MontSaint-Michel en rentrant en Belgique – ou encore
de vie collective, précise Doug. Nous avons déjà
prévu de revenir l’année prochaine ! »
f Les Glénans ont décidé de généraliser ce stage ”Faune et Flore”, qui
fera désormais partie des formules
proposées aux groupes scolaires.
11
Interview
> Au service de l’« école de mer »
aux catways du port de plaisance ou à l’Archipel.
A cette occasion, j’ai rencontré les moniteurs
et les stagiaires des Glénans.
J’ai suivi auparavant un master science biologie
marine à l’IUEM de Brest. Mes études m’ont donc
conduit très naturellement à postuler à l’offre
de service civique proposée par les Glénans.
Je n’avais auparavant aucune expérience de
voile même si j’ai pratiqué différents sports de
mer, comme le kayak et la chasse sous-marine.
Que va vous apporter cette expérience ?
Cédric Barbeyron, 25 ans, à l’Île d’Arz et Antoine Goarant,
24 ans, à Concarneau sont volontaires service civique. Tous
deux vont consacrer leur mission au projet « école de mer ».
Quelles sont vos missions lors de ce
service civique ?
Cédric Barbeyron : Nous avons les mêmes
missions, sur des bases différentes : l’Île d’Arz
et Vannes pour moi, Concarneau et l’archipel
de Glénan pour Antoine. Sous la direction de
Céline, chargée de mission environnement, et
en collaboration tous les deux, nous participons
entre autres au Guide Environnement (réécriture
et écriture de nouvelles fiches) afin qu’une nouvelle version soit disponible, y compris à Vannes
et l’Île d’Arz, au printemps 2016.
Antoine Goarant : Ce guide s’adresse à toute
personne qui désire en savoir plus sur l’environnement marin (faune et flore, patrimoine,
métiers de la mer, réglementation), et permettra
notamment aux moniteurs de voile de l’association d’approfondir leurs connaissances en
la matière, pour pouvoir transmettre à leur tour
ces notions aux stagiaires. Nous animerons des
ateliers de formation pour les moniteurs de voile
et les MDM afin de les former à l’utilisation du
guide. Nous préparons également des ateliers
pédagogiques pour les stages « Faune et Flore »
destinés aux groupes scolaires (voir p.11). Ceci
12
nous amène à prendre en charge la préparation
des outils spécifiques pour ces séances.
Pourquoi avoir choisi d’effectuer votre
service civique aux Glénans ?
C.B. : Je suis titulaire d’un Master en écologie
spécialisée sur les écosystèmes tropicaux,
effectué en Guadeloupe. Durant cette formation, je me suis orienté sur le parcours marin. Ce
sujet est donc au cœur de mes préoccupations.
Et puis, j’ai commencé la voile très jeune, sur
des optimistes et continué à la pratiquer tous
les étés en faisant des stages en dériveur et
catamaran.
J’ai découvert l’association en répondant à l’offre
de service civique. J’ai tout de suite été attiré par
la perspective d’utiliser et de développer mes
compétences en milieu associatif, qui plus est
pour une mission de sensibilisation à l’environnement. J’aime transmettre mes connaissances.
Mon premier objectif était l’enseignement.
A.G. : J’ai choisi d’effectuer ce service civique
aux Glénans car je suis originaire de Concarneau. J’ai connu l’association lors d’un travail
saisonnier qui m’a amené à faire des livraisons
C.B. : Après mes études, j’ai cherché du travail
dans ce domaine pendant un an, sans succès.
Ce service civique est pour moi l’occasion d’acquérir une première expérience enrichissante
pour la suite de mon parcours professionnel,
autant dans la connaissance du milieu marin
que dans celle de l’animation.
A.G. : Effectuer ce service civique aux Glénans va
m’apporter une première expérience en médiation scientifique, valorisante dans mes futures
candidatures. De plus, cela me permettra d’avoir
accès à une formation en voile embarquée et ainsi
d’approfondir mes compétences en nautisme.
Interview
> Un projet fédérateur
Quel a été votre parcours aux Glénans ?
Quel rôle jouez-vous actuellement dans
le lancement du projet « école de mer » ?
Olivier Pardessus,
administrateur et membre
du comité de pilotage du
projet « école de mer »,
nous explique en quoi
ce projet participe d’une
évolution importante pour
l’association en matière
d’environnement.
C’est en 2002 que j’ai connu Les Glénans en
tant que stagiaire. En 2010, je suis remonté à
bord d’un dériveur et en 2014, je suis devenu
moniteur de dériveur.
Entre temps, j’ai participé aux activités des
comités de secteur, désirant m’impliquer davantage dans le projet Glénans et donner de
mon temps à l’association. En 2012, j’ai été
élu Président du comité de secteur d’Arz. Mon
mandat vient de prendre fin mais depuis avril,
je suis l’un des seize administrateurs de notre
association.
Mon rôle en tant qu’administrateur sur le projet
« école de mer » consiste notamment à apporter
mon soutien à l’équipe projet et à relayer les
informations auprès du conseil d’administration.
En quoi le projet constitue-t-il une
évolution pour Les Glénans ?
Il s’agit d’une réaffirmation de notre identité,
pas d’un changement radical. L’association se
définit comme une école de voile, une école de
mer et une école de vie.
D’autre part, lors des stages de voile, les stagiaires et moniteurs ont l’occasion de découvrir
l’environnement marin. Qu’ils naviguent en
croisière ou vivent sur un site, ils ont la possibilité d’explorer les milieux naturels marins
et littoraux ainsi que le patrimoine local. Ils
côtoient les acteurs du monde maritime et
peuvent découvrir les règles de préservation
de ces espaces. L’objectif est de redonner vie
à cet apprentissage et de le formaliser. Il sera
concrétisé et complété par des apports théoriques, afin de former de bons marins.
La finalité de ce projet est de permettre à l’association de se réapproprier une compétence
collective liée à la connaissance de notre environnement marin et contribuer à sa découverte
et à sa préservation.
Concrètement, comment s’organise
cette formation ?
Un stage P a déjà eu lieu en avril à Concarneau
afin de former des moniteurs à la connaissance
de l’environnement marin, d’autres seront planifiés en 2016. Nous mettons aussi en place des
stages pour les groupes scolaires notamment
ou les stagiaires individuels avec la thématique
« école de mer ». Ces connaissances, qui sont
déjà de notre compétence, enrichiront notre
enseignement de la navigation.
Plus globalement, nous nous donnons aussi
comme objectifs de valoriser cette démarche
d’enseignement auprès de nos adhérents et
partenaires et de participer à des programmes
de sciences participatives.
13
Vie associative
> Participez
aux activités bénévoles
Secteur Paimpol
Secteur Arz
CONTACT :
n
EN BREF...
> Salon Nautique
International de Paris
Cette année encore, Les Glénans seront
présents au Salon Nautique de Paris,
à la Porte de Versailles, du 5 au 13
Décembre 2015. Retrouvez-nous sur
notre stand dans le Hall 1, emplacement
C8. En espérant vous y rencontrer !
> Les Glénans sur
la Scène Nautic
Mercredi 9 décembre au Salon
Nautique de Paris, Les Glénans
participeront à la journée de
conférences organisées sur la
Scène Nautic à l’occasion de la COP21,
par la Plateforme Océan et Climat.
Au programme, présentation des
démarches et projets écoresponsables
de l’association et du projet
« école de mer ».
> European Sailing
Academies Cup
En septembre 2016, la base
de Concarneau organisera la 6e ESA
Cup. Cet événement regroupe des
équipages venant des plus grandes
écoles de voile d’Europe. Neuf nationalités seront représentées pour quatre
jours de régate !
14
Claire Manneville – Présidente
CONTACTS :
n
Olivier Valles - Président
E-mail : [email protected]
E-mail : [email protected]
Secteur Archipel
Secteur Méditerranée
CONTACTS :
n
Sarah Bertrand - Présidente
E-mail : [email protected]
CONTACTS :
n
François Janin - Président
E-mail : [email protected]
> Calendrier
des évènements 2016
1ÈRE FUN CUP : les 21 et 22 mai 2016 à l’archipel de Glénan (windsurf)
16E RALLYE NAUTIQUE DE CONCARNEAU : du 28 au 30 mai 2016
11E RALLYE NAUTIQUE DES ENTREPRISES : du 3 au 5 juin 2016 à Concarneau
14E RAID CATA : du 11 au 13 juin 2016 à Marseillan
13E CHALLENGE PLURI’ELLES : du 17 au 19 septembre 2016 à Marseillan
7E RALLYE NAUTIQUE DE PAIMPOL : du 24 au 26 septembre 2016
> Événements nautiques :
Les inscriptions aux Rallyes sont ouvertes ! Inscrivez-vous par téléphone auprès
du service Groupe au : 01 53 92 86 20 ou dans la rubrique « évènements » de
notre site internet www.glenans.asso.fr (inscriptions individuelles).
Toutes les brochures sont disponibles aussi sur www.glenans.asso.fr
> L’environnement marin vous passionne ?
Si vous souhaitez contribuer au projet « école de mer », n’hésitez pas à vous rapprocher des
comités de secteur. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !
Vie associative
> Les comités de secteur
et l’environnement
Les bénévoles des comités de secteurs apportent leur soutien aux chefs de base dans
l’entretien et l’embellissement des sites. Forces de proposition, ils participent également
à la préservation des sites et au projet « école de mer ».
SARAH BERTRAND, secteur Concarneau-Archipel de Glénan
CLAIRE MANNEVILE, secteur Vannes-Île d’Arz
En mars, lors du week-end d’ouverture de l’île de Bananec, nous
avons profité de la grande marée pour faire une partie de pêche
à pied sur l’estran, suivie d’une dégustation. Cette opération doit
être reconduite l’an prochain dans le cadre d’un stage, pour en faire
profiter un plus large public.
Comme en 2014, le comité a participé en septembre au projet
social « Balise », avec le Centre socio-culturel de Concarneau.
L’objectif était de permettre à des familles de milieux modestes de
découvrir la voile et l’archipel de Glénan, le temps d’un week-end.
Quinze bénévoles les ont accueillies à Bananec. L’opération sera
reconduite l’an prochain.
Le comité de secteur s’investit également dans le Guide environnement, en réalisant des plaquettes sur les oiseaux des îles de
l’archipel, afin de le compléter. Nous avons commencé à les recenser
et à les photographier.
Enfin, le comité a participé aux quatre opérations de science participative
« Objectif plancton » organisées cette année à l’initiative d’Océanopolis.
Les bénévoles ont navigué jusqu’à un point GPS de la baie indiqué par
la station marine de Concarneau, pour y prélever du plancton à l’aide
du kit fourni et contribuer ainsi à l’étude des éco-systèmes côtiers.
Nous proposons régulièrement des actions visant à économiser
énergie et eau, comme la mise en place d’un bac récupérateur d’eau
de pluie, utilisé pour l’arrosage en été et le rinçage des combinaisons,
ou encore la mise à disposition de vélos et de brouettes sur la base
pour les déplacements et le transport du matériel. Nous souhaitons
aussi améliorer le tri sélectif dans les maisons et le forum en rendant
les consignes plus claires.
D’autre part, le Foyer va être rénové prochainement dans un but
de récupération maximale des éléments existants, tels que bar
et fenêtres. En vue de la réouverture du bar associatif, nous réfléchissons à la mise en place de gobelets réutilisables, pour limiter
le gaspillage de plastique.
Enfin, le comité compte non seulement participer à la réalisation du
futur Guide Environnement mais aussi à celle de panneaux sur la faune
et la flore locales, avec l’équipe en charge du projet « école de mer ».
OLIVIER VALLES, secteur Paimpol
Le comité de secteur teste depuis quelque temps des solutions
écologiques pour débroussailler l’Île Verte. L’an passé, des boucs
ont brouté efficacement le lierre envahissant mais ont vraisemblablement introduit une nouvelle plante invasive, ce qui nous conduit
à envisager de les remplacer par des moutons.
Ensuite, des toilettes sèches hors-sol ont été mises en service pour
éviter de faire des trous partout, l’île étant petite. Nous projetons
d’utiliser le compost récupéré pour le mêler aux végétaux débroussaillés et l’utiliser comme engrais pour un futur carré potager.
Enfin, en attendant le futur Guide Environnement, auquel un vivier
de bénévoles très motivés participera, nous allons nous approprier
les fiches pédagogiques du Guide de Concarneau, et répertorier les
lieux d’intérêt dans la zone de navigation de Paimpol afin de préparer
la rédaction du futur Guide Environnement de la base.
FRANÇOIS JANIN, secteur Méditerranée
Le comité de secteur œuvre régulièrement pour que les aménagements des bases de Marseillan et Bonifacio soient intégrés le plus
discrètement possible à l’environnement. À Marseillan, dernièrement,
l’espace d’accueil et les containers de stockage ont été habillés de
matériaux naturels (bois et végétaux).
Nous avons également démarré une réflexion pour participer au
projet « école de mer », en lien avec les salariés de l’association. Le
comité s’est organisé en commissions internes, notamment pour
contribuer au futur Guide Environnement. Les bénévoles préparent
le travail en amont en compilant des documents disponibles, y
compris audio-visuels.
En outre, dans le cadre de la récente rénovation de la base, rien
n’a été prévu pour la cour intérieure. Nous avons donc pris contact
avec un lycée agricole pour proposer à ses étudiants de travailler
sur ce projet d’aménagement. Nous en avons ainsi profité pour créer
une dynamique avec les acteurs locaux. Un protocole d’accord a
été signé suite à leur visite et le comité de secteur s’est engagé à
suivre ce dossier.
15
Le Courrier des Glénans
16
Les Glénans - quai Louis Blériot
5781 PARIS cedex 16
Tél. 01 53 92 86 00 - www.glenans.asso.fr
Directeur de la publication : L. Martini
Responsables de la rédaction : F.Essirard, A.boudinot
Maquettiste : V. Boudon
Rédaction : M-A. Chavassieu, C. Ménager, E. Nouel.
Crédit photo : M-A. Chavassieu, M. Dufay, P.Mugnier, J. Seilinger.

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