Jardin d`Ulysse attaque l`hôtellerie
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Jardin d`Ulysse attaque l`hôtellerie
Beaucoup de meubles sont fabriqués en bois de manguier 96 www.mag2lyon.com - Janvier 2011 Nantes. Alors qu’à Lyon, on a privilégié un corner aux Galeries Lafayette et notre magasin d’usine. Cette stratégie a marché ? Oui, puisqu’on est passé à 14 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2007, date à laquelle on a levé 2,5 millions d’euros pour financer l’ouverture de nouvelles boutiques à Barcelone et Milan. D’ailleurs, on réalise désormais 25 % de notre activité à l’étranger. En revanche, depuis 2008, on subit la crise financière et celle du marché de la déco. Vous avez perdu de l’argent ? Non, on est juste à l’équilibre, alors que notre rentabilité est traditionnellement de 3 à 5 %. Mais notre chiffre d’affaires a baissé de 13 %. En fait, on subit une crise psychologique : acheter de la déco est presque culpabilisant. Et dans le même temps, le ralentissement du marché immobilier ne nous les 25 ans. Donc on ne détruit pas des forêts. On travaille aussi au Vietnam qui dispose de petits ateliers et d’une main d’œuvre qualifiée. Mais pas en Chine, un pays qui propose une production semi-industrielle. Et nous contrôlons tout dans notre service qualité à Rillieux. Vous misez sur la tendance développement durable ? On le fait sans le dire. On est en accord avec la directive Reach qui s’impose uniquement aux grandes entreprises. On utilise des barges pour remonter nos marchandises de Marseille à Lyon, ce qui est plus long et plus cher. On privilégie des palettes en carton, des matériaux dits “écolos” comme le coton bio, notre bâtiment est HQE,... Mais on ne communique pas là-dessus parce qu’on considère que c’est normal. Et on ne veut pas participer à la cacophonie sur les labels. Vos projets ? A l’export, on envisage d’attaquer la Scandinavie et les pays de l’Est comme la République Tchèque. Mais notre principal projet, c’est le marché de l’hôtellerie et des collectivités. On a participé à un salon professionnel en novembre et on a de bons contacts. Car l’hôtellerie de charme 3 ou 4 étoiles, ainsi que les chambres d’hôtes, sont intéressés par notre gamme de produits assez complète. Ce sont des marchés porteurs. On espère d’ailleurs réaliser 10 % de notre chiffre d’affaires sur ce créneau d’ici trois ans. Ci-dessous, Yannick Loaëc. “A l’export, on envisage d’attaquer la Scandinavie et les pays de l’Est comme la République Tchèque. Mais notre principal projet, c’est le marché de l’hôtellerie et des collectivités” Déco “on subit une crise psychologique : acheter de la déco est presque culpabilisant” DR Votre parcours ? Yannick Loaëc : Je suis originaire du Finistère, mais je suis arrivé à Lyon pour faire mes études de commerce à l’EM au début des années 80. Je ne pensais pas créer une entreprise. Je voulais surtout voyager. D’ailleurs, après mes études, j’ai vécu deux ans en Indonésie. Puis à mon retour, j’ai intégré Ulysse Pila, une entreprise d’import-export où j’ai créé la filiale décoration en 1993. Filiale que j’ai rachetée 6 ans plus tard. Pourquoi vous avez racheté cette filiale ? En décembre 1999, le groupe a connu des difficultés et a souhaité céder des filiales considérées comme non stratégiques. Je me suis naturellement porté acquéreur de Jardin d’Ulysse dont le métier était de concevoir, faire fabriquer et distribuer de la déco d’intérieur : petit mobilier, textile de maison, luminaires, vaisselle et objets décoratifs... Je me suis donc associé avec Gilles Roussillon et Hélène Nous. A cette époque, cette filiale réalisait 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 18 salariés. Et surfait sur la tendance cocooning, le boom de la déco d’intérieur... Comment vous avez racheté cette entreprise ? On a emprunté. Mais ça n’a pas été facile. On avait un business plan sérieux mais pas explosif comme les entrepreneurs du Net à l’époque. Et on avait surtout un entrepôt, des salariés... Mais finalement, on a trouvé des partenaires bancaires qui nous suivent encore aujourd’hui. Et le passage du statut de cadre à celui de patron ? Ça n’a pas changé grand chose pour moi car j’étais assez autonome à la tête de ma filiale. Et puis je m’étais toujours beaucoup investi à ce poste, bien plus que n’importe quel cadre. Je bossais 7 jours sur 7 car je considérais que c’était déjà mon “bébé”. Donc la transition s’est faite naturellement. Votre stratégie ? Faire de Jardin d’Ulysse une marque, alors que ce marché était dominé par des enseignes, comme Pier Import ou Maisons du Monde. Pour ça, on a misé sur la communication grand public en y consacrant 4 % de notre chiffre d’affaires. Mais aussi sur l’ouverture de boutiques en nom propre. Dont la première à Paris en 2003, puis à Bordeaux, Marseille et DR Spécialisée dans la décoration, Jardin d’Ulysse, qui est implantée à Rillieux, mise désormais sur le marché de l’hôtellerie pour faire face à la crise. Interview du Pdg, Yannick Loaëc. DR Jardin d’Ulysse attaque l’hôtellerie favorise pas car les clients ne se meublent pas. Ou ne renouvellent pas leur déco. Comment vous avez réagi face à cette crise ? On a réduit les effectifs sans licencier. Juste en limitant l’intérim. Et on a restreint les coûts à tous les postes. Mais c’est effectivement compliqué de gérer une entreprise en temps de crise. Je n’avais pas l’habitude ! Il faut redéfinir son code ADN, donc repenser son offre. Par exemple, en proposant des produits d’appel pour que notre image moyen-haut de gamme ne soit pas un frein. Il faut aussi accentuer la valeur perçue du produit, c’est-à-dire qu’il faut justifier son prix par la qualité, la résistance... Afin de se distinguer des autres. Le profil de votre clientèle aujourd’hui ? La cliente Jardin d’Ulysse, c’est une femme, plutôt trentenaire, CSP +. Souvent avec une poussette, d’où l’importance de miser sur la déco enfant. Où vos produits sont fabriqués ? Essentiellement en Inde, où on a trouvé le manguier qui est un de nos bois favoris. Un arbre de plantation qu’il faut couper tous DR économie Propos recueillis par maud guillot www.mag2lyon.com - Janvier 2011 97