Comment m`est venu l`amour des mathématiques En 1961–62, j

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Comment m`est venu l`amour des mathématiques En 1961–62, j
Comment m’est venu l’amour des mathématiques
En 1961–62, j’étais en quatrième à Alger. Prévoyant à juste titre que l’année scolaire serait
interrompue, notre professeur de mathématiques a traité tout le programme avant mars,
en prenant cinq minutes à la fin de chaque cours pour nous raconter une histoire.
Quelques années plus tard, je me suis rendu compte qu’il les avait puisées dans les nouvelles
de J. D. Salinger. Il n’empêche que cet homme a su être à la hauteur de sa tâche dans des
circonstances peu banales1 .
Il ne m’aimait pas beaucoup, peut-être en raison de l’hommage que ma mère avait voulu
rendre à son humour en lui offrant pour Noël. . . Le procès de Kafka, qu’elle devait être la
seule personne au monde (depuis Kafka et ses amis) à trouver drôle.
Grâce à lui, je me suis aperçu de trois faits:
– les mathématiques sont une science humaine;
– quand on ne les fait pas traı̂ner en longueur, elles sont très faciles;
– leurs vérités sont modestes, mais universelles.
Ce dernier aspect revêtait une importance particulière quand, alentour, la vérité volait en
éclats dont chacun était un mensonge.
1
Le père d’un de mes camarades a été tué parce qu’on le soupçonnait de sympathies communistes, le petit frère d’un autre, qui avait cru pouvoir prendre l’air au balcon, a été
abattu comme un lapin par la gendarmerie française, à la fin les trottoirs étaient jonchés
d’ordures et de cadavres.

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