3. Les espaces ruraux en Auvergne

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3. Les espaces ruraux en Auvergne
3. Les espaces ruraux en Auvergne
Une région handicapée par la montagne,
une agriculture dépendante des subventions.
L’Auvergne a connu un long dépeuplement et a été avec le Limousin l’une
des 2 régions à perdre des habitants entre 1990 et 1999. Il y a en fait 2 Auvergne qui
s’opposent, celles des hautes terres, vidées par l’exode rural, et l’Auvergne des
bassins, plus peuplée et disposant d’une gamme variée d’activités. L’Auvergne
historique correspond aux deux départements du Puy-de-Dôme et du Cantal et à
l’arrondissement de Brioude (43) ; on a rattaché à la région lors de sa création en
1956 le Bourbonnais (département de l’Allier) et le Velay (le reste de la HauteLoire).
I - U N MILIEU RUDE
L’Auvergne représente le ¼ du Massif Central et son altitude moyenne
est proche de 1000 m. C’est une moyenne montagne où le paysage le
plus fréquent en dehors des édifices volcaniques est celui de plateaux
cristallins horizontaux. Le relief est très compartimenté par une
structure faillée et plusieurs unités peuvent être distinguées :
- Le Bourbonnais, au nord associe à la fois de bas plateaux
taillés dans le socle hercynien et les terrasses caillouteuses de l’Allier
et de la Loire.
- Le sud de la région est beaucoup plus élevé avec le Forez,
le Livradois, la Margeride, et des reliefs volcaniques qui se sont
surimposés. Les émissions volcaniques du Tertiaire jusqu’au
Quaternaire le plus récent culminent dans la chaîne des Puys et
peuvent offrir localement, sur basalte, des sols plus fertiles.
Les bassins d’effondrement sont nettement plus peuplés, à
commencer par la Limagne qui a fixé la capitale régionale, ClermontFerrand, et l’axe autoroutier nord sud (A 71 et A 75) mais aussi les
bassins d’Ambert et du Puy, de taille plus modeste.
Le climat est océanique et frais, avec des nuances
continentales plus sèches et des inversions de température fréquentes
dans les bassins; les précipitations peuvent atteindre 2000 mm à
l’ouest mais l’enneigement instable ne se prête guère au
développement du tourisme hivernal. La faiblesse du peuplement et la
relative préservation des paysages peuvent permettre le
développement d’un tourisme rural, stimulé par les 2 parcs naturels
régionaux des volcans d’Auvergne et du Livradois-Forez. Mais cela
ne suffit pas à compenser les handicaps qu’imposent l’altitude aux
transports et à l’activité agricole.
II - UNE POPULATION PEU URBANISEE, PEU DENSE ET
VIEILLIE
La population se concentre dans les basses terres du Nord et dans les
bassins, la Limagne surtout.. L’Auvergne est la région la plus rurale
de France après la Corse et le Limousin : 59 % de population urbaine,
28% de rural périurbain et 13% dans les petites communes du rural
profond. Le Cantal a 66 % de ruraux, la Haute-Loire 53 %.
La population est également l’une des plus vieillies de
France : de 1982 à 1999, les deux soldes naturels et migratoires ont
été négatifs. Peu d’immigrés sauf à Clermont-Ferrand et à Thiers.
Autre signe inquiétant : la population active diminue avec beaucoup
de pertes d’emplois industriels non compensés par des créations dans le secteur tertiaire.
La Baisse démographique des années 1960-1990 est stoppée mais la faiblesse démographique est devenue un handicap majeur sur les
hautes terres : le département du Cantal n’a plus que 150 000 habitants, celui de la Haute-Loire 210 000.
L’insuffisance des villes et les déficiences de l’armature urbaine sont largement responsables de la dévitalisation de la région ; les villes
sont globalement trop faibles, souvent trop petites, animent mal l’espace régional ; la renaissance rurale, souvent liée en France au développement
des communes périurbaines, n’est guère visible ici. La capitale régionale, Clermont-Ferrand, a une aire urbaine de 427 000 habitants (léger déclin
de 1982 à 1990, enrayé entre 1990 et 1999) et réunit dans son bassin d’emplois la moitié des salariés de la région ; les suppressions d’emplois
catastrophiques de la sévère et prospère multinationale Michelin, qui se redéploie en Amérique Latine et en Asie du sud-est expliquent une bonne
part de ce marasme.
A l’exception de Clermont, toutes les autres aires urbaines ont vu leur population diminuer ou stagner. En Bourbonnais :
Montluçon, 78 000 habitants, est un centre industriel en crise; Moulins, (57 000 habitants est une petite ville tertiaire, et Vichy,
81000 habitants un centre tertiaire et une station thermale en déclin. Les agglomérations du sud de la région sont très isolées : Le Puy
, 68 000 habitants (- 6%), appartient à l’aire d’influence de Saint-Etienne et Aurillac, 57 000 habitants (-0,8%), est davantage tournée
vers le Bassin Aquitain.
III - DES CAMPAGNES DESERTEES. UNE AGRICULTURE TOURNEE VERS L’ELEVAGE, ET TRES SUBVENTIONNEE
1) Une agriculture spécialisée
Le territoire agricole de l’Auvergne représente 58 % des surfaces de la région, mais son appartenance à l’U.E. d’une part, à un espace
compris pour les 2/3 en zone de montagne d’autre part, ne lui laisse guère de marge de manoeuvre : l’intensification ou la diversification des
productions est difficile et les réglementations de l’U.E. limitent les volumes (quotas laitiers, quotas de primes, jachère) et orientent l’évolution des
prix agricoles. L’élevage occupe l’essentiel de l’espace, avec les 2/3 en STH et 15 % de cultures fourragères ; les céréales (blé tendre et
secondairement orge) et les oléagineux (tournesol et colza) occupent le reste; les jachères sont liées à la PAC. Séquelle du passé, il reste encore 2600
ha de vignes. Le nombre des exploitations agricoles a été divisé par deux en 25 ans, et dans le même temps, de 1970 à 2000, leur taille moyenne est
passée de 22 à 51 hectares.
L’élevage bovin extensif est la spécialisation majeure et continue de progresser; l’élevage laitier (troupeaux de prim’Holstein et
Montbeliardes) sert surtout à la production de fromages (5 AOC : Cantal et Bleu d’Auvergne un peu partout, Saint-Nectaire, Salers et Fourme
d’Ambert dans des domaines plus restreints.); il s’est fortement concentré dans quelques bassins, autour d’industries agro-alimentaires ; ailleurs
progresse la production de viande « maigre » (broutards de 6 à 12 mois) dans le Bourbonnais (race charolaise), en Combrailles, et davantage encore
dans les Monts du Cantal et l’Aubrac ; ce système, plus extensif encore que pour le lait exige de grandes exploitations pour prétendre obtenir des
résultats financiers convenables. Les débouchés de ces jeunes bovins sont surtout l’Italie et l’Espagne.
Contrairement aux craintes initiales, la réforme de la PAC de 1992 n’a pas été négative; les subventions d’exploitation versées en 2001 –
456 millions € - ont représenté 71% du revenu des agriculteurs, contre 35 % pour l’ensemble de la France.
2) Les désillusions et les promesses du tourisme
Le thermalisme est une activité ancienne, liée au volcanisme :le Mont-Dore, La Bourboule, Saint-Nectaire, Châtelguyon, Royat dans le Puy de
Dôme, Vic-sur-Cère et Chaudes-Aigues dans le Cantal. Ces stations disposent d’un équipement hôtelier abondant mais vieillot et n’ont pas su
s’adapter aux nouveaux goûts de la clientèle qui aspire à des activités touristiques variées, parallèlement à la cure ; en conséquence, la fréquentation
diminue. Vichy, dans l’Allier, qui dispose du 6ème parc hôtelier de France avait 100 000 curistes avant la guerre et n’en a plus aujourd’hui que
15000 ; elle essaie de se reconvertit vers le délassement, le sport et la santé-beauté.
On avait fondé sur le tourisme beaucoup d’espérances pour rénover et diversifier l’activité des campagnes, mais l’Auvergne a tous les
inconvénients de la moyenne montagne. L’été n’accueille qu’une faible minorité de touristes français et ne peut assurer la rentabilisation des
équipements. Le tourisme hivernal existe depuis longtemps au Mont-Dore et 2 autres stations importantes ont été construites : Super-Besse, trop
bien exposé au soleil sur le flanc sud du Puy de Sancy et Super-Lioran dans le Cantal, à côté de toutes petites stations locales; mais partout, on
souffre du manque d’altitude, des trop faibles dénivellations et surtout d’un neige irrégulière et tardive. Les conditions d’accès sont par ailleurs
difficiles. Ce tourisme hivernal attire surtout une clientèle régionale. Les résidences secondaires se sont beaucoup développées dans un rayon de 50
km autour de Saint-Etienne et de Clermont-Ferrand.
Un nouveau tourisme associant l’hébergement et des pratiques sportives ou culturelles s’est cependant développé autour de produits
touristiques plus adaptés : randonnées pédestres ou équestres, VTT, parapente ou deltaplane aux flancs des volcans, canoë ou rafting sur le haut
Allier, ski de fond beaucoup mieux adapté à la nature locale que le ski alpin, festivals (dont celui de la Chaise-Dieu pour la musique classique). Les
deux parcs naturels régionaux des volcans et du Livradois-Forez attirent une nouvelle clientèle de touristes de l’Europe du Nord-Ouest
(Néerlandais notamment). Dans un style différent, un nouveau pôle est constitué par le parc « Vulcania » , ouvert en février 2002, décidé et porté
par Valery Giscard d’Estaing, longtemps président du Conseil Régional, et très violemment combattu par les écologistes.
L’industrie en milieu rural représente 40% des emplois secondaires, dont les ¾ appartiennent à des entreprises de moins de 50 salariés.
Elle est concentrée dans 3 foyers : autour de Thiers, la vieille coutellerie s’est bien maintenue et y associe les plastiques ; le bassin d’Ambert garde
sa tradition textile et papetière ; la région d’Yssingeaux enfin garde sa tradition textile mais a surtout développé le travail des matières plastiques (le
bourg de Sainte-Sigolène est la « capitale » nationale des emballages plastiques.
L’ensemble de l’industrie, en dehors des milieux ruraux, a beaucoup reculé, dominé par la production de biens intermédiaires à faible
valeur ajoutée. L’industrie du caoutchouc vient en tête avec Michelin à Clermont-Ferrand et Dunlop à Commentry, les deux entreprises ayant
procédé à de nombreuses réductions d’effectifs. Dans le secteur agroalimentaire, les coopératives occupent une grande place, notamment
LIMAGRAIN, 1er fournisseur européen de semences de maïs.
F. VINCENT / Lycées Janson de Sailly et Jean-Baptiste Say revu le 15/10 /2009 J.C. BOYER et alii, La France, 26 régions de programme, ARMAND COLIN, 2009.
A. JOUVE, P. STRAGIOTTI, M. FABRIES-VERFAILLIE, La France des régions, BREAL, 2000.
.L’agriculture et l’agro-alimentaire dans les régions, « Graph Agri » Régions, Ministère de l’Agriculture, 2002.
Espaces urbains et ruraux de la région Auvergne