ACTAUNIVERSITATISLODZ IENSIS FOLIA LITTERARIA

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ACTAUNIVERSITATISLODZ IENSIS FOLIA LITTERARIA
A C T A
U N I V E R S I T A T I S
L O D Z I E N S I S
FOLIA LITTERARIA 26, 1989
__________ ______
Ewa Kozłowska
ETIENNE DE LA BOETIE THEORICIEN DE LA TRADUCTION?
Etienne de La Boétie - ami ardent de Michel
n'a
pas
composé
l'art
pour la postériorité
contr'un
poétique.
c'est
et deux recueils de
tout le monde pétrarquisait.
Marguerite de Carie
du
de
XXXII chant
çaise
d'un
à
tout
qui gardait sa mémoire
d abord son traite politique
sonnets écrits dans
Cependant, poussé
"sur la traduction".
Il
avec quelques
de
arts poétiques
les h o m me s "1 :
1 époque
la traduction,
temps la version.
Thomas sébillet souligne
Grâce à elle les
sa
qu'on
l'importance
version
serait
du plus près en
к
par
il précède sa
intéressante de voir ce texte
place importante
1 epoque
ou
femme
lui traduire les plaintes de Bradamante
Louis Arioste,
poème
Ce
de Montaigne -
le
fr an -
une chose
confrontant
qui consacrent une
appelle
de temps en
d'une
telle tâche.
"thrésors cachés" deviennent "communs de tous
Cependant
Sébillet prévient tous ceux
qui
en-
treprennent les traductions en leur exposant ,la nécessité d'une
bonne
connaissance des langues,
derne dans sa conception de
sébillet
l'art
traduire cela veut dire rendre bien
de
s avère
traduire.
l'idée
très
mo-
Pour lui,bien
exprimée par 1 a u-
teur :
1
"La Version ou Traduction est aujourd'huy le Poème plus frequent
mieus receu dès estimés Pôètes et dès doctes lecteurs, a cause que chacun
d'eus estime grand oeuvre et de grand pris, rendre la pure et argentine
invention dès Poètes dorée et enrichie de notre langue. Et vrayement celuy
et son oeuvre meritent grande louenge, qui a peu proprement et naiveraent
exprimer en son langage, ce qu'un autre avait mieus escrit au sien, après
l'avoir bien conceu en son esprit. Et luy est deue la mesme gloire qu em
porte celuy qui par son labeur et longue peine tire des entrailles de la
terre le thresor caché, pour le faire commun à l'usage de tous les hommes". Th. S é b i l l e t ,
Art poétique françoys, Paris 1910, pp. 187- 1 88 .
et
Ne jure tant superstitieusement aux mos de ton auteur,
délaissés
pour retenir La sentence,
phrase et propriété de ta langue,
A leur tour les
qu'ils
étaient
s'agit
voient
"tant louable labeur
des autres plus
de
serves
Du
si
la
l'estrangère^.
pleins
et
d'ardeur
illustrer
traducti on
une
la
des
Bella y prévient cependant que
[lui]
semble moyen unique
élever notre vulgaire à
fameuses
iceus
de plus près à la
diction de
"défendre
de traduire ne
ceux qui entreprennent
tant que
la
aussi dans
possibilités pour y arriver.
et suffisant pour
qu'à
ne
poètes de la Pléiade
s'il
langue française"
tu
que
lan gu es "3 .
Il
l'égal
et parangon
critique
sévèrement
la traduction des poésies,
chaque poète possède un style
spécial,
en
c on st a -
propre à
lui
et intraduisible sans p e r t e 4 .
Jacques Pelletier du Mans
vanciers:
sébillet
et Du Bellay.
une des possibilités
çaise
.
Cependant
de
l'enrichissement
mé sinon
rendez bien et fidèlement,
demeure
à
et
de traduire
marquant que
le
f ra n -
aspects n é ga Il
se
rend
si
travail
du texte original:
vous
et
n'êtes e s t i le
plus
de
l'orig in al "6 .
Pelletier souligne ensuite
1 effort
l'auteur
avoir retracé le premier portrait,
en
traduction
que même si la traduction est réussie
est toujours desti né à
l'honneur
la
ses d e -
de la langue
travail des traducteurs.
par faitement bien compte
"Car si vous
Il voit dans
il est cons cient de tous les
tifs qui accompagne le
l'honneur
partage les opinions de
le manque de
p ro porti on
entre
qu'il faut engager dans le processus
et la gloire qui en tombe sur le traducteur en r e "traduire est une besogne de plus
grand
travail
que de louange "7 .
A son tour De Laudun
tra duction craignant fort
d'Aiga liers
s'oppose
vivement
a la
que ce procédé ne peut que provoquer
Ibidem, p. 190.
3
J.
çaise,
4
Du
B e l l a y ,
Paris 1972, p. 56.
La Défense et Illustration de la Langue fran-
Ibidem, p. 59.
"Les traductions, quand elles sont bien faites, peuvent beaucoup enrichir une langue". J. P e l l e t i e r
du
Mans,
Art poétique
départi en deus livres, Paris 1930, p. 3031.
6 Ibidem.
7 Ibidem.
en fin du compte la di minution
d'intérêt
pour
de telles lan-
gues que le latin et le grec:
Je feroy brusler tous les livres
latin en François [...]
que si quelqu'un
il la feist de son esprit, car
later ou
qui ont esté traduicts du grec au
voulait faire quelque oeuvre,
outre ce que si
traduire tous les livres en François,
faire perdre la
l'on continue à transce
sera
enfin
nous
cognoissance des langues grecque et latine, d ou
nous
tirons ce que nous avons de beau .
En continuant ses divagations,
prend au problème de
l'honneur
atteindre grâce
traductions.
trouve
aux
travail
du
celle-ci
qu'il
le
lir, veu
n'a
point
encore
bonne
il
traduction
résultat on
n'obtient
l'a u-
d'honneur: car s'il prend un bon auther,
dira
Et Pierre de Laudun en tire
que "enfin
il
dira
qu'il
avait pris un si bon auther, et
qu'il est sot
,
9
en pouvoir venir a son honneur" .
c'est
une oeuvre
n'avait garde de fails'il ne faict du tout
d'entreprendre
quelque
sceptiquement
Г traduction]
chose
une
sans
conclusion
en laquelle
tous-
y a plus g rand travail que lou an ge " 1 0 .
Après cette brève revue
des opinions tirées
théoriques revenons à notre
d'Eti enne
des oeuvres
étrangères vu
les opinions de
Le
des
poète et à son poème.
de La Boétie est net.
gloire lé gèr e" 1 1 .
que
"la
Il
p eine
oeuvres
Le point de
n'a jamais traduit
est
reste de ses d ivagat ions
grande
suit
de
et la
près
Pell etier du Mans et de de Laud un d " A ig a l i e r s .
Notre poète préfère
О
écrire les vers de sa propre invention que
„
P. d e
Laudui )
d A i g a l i e r s ,
Paris, éd. Toulouse, 1909, p. 131.
çais,
peut
étant réservée toujours pour
traduise bien, l'on
qu'il
bien, l'on
départ
q u'on
Et sur ce point
Une
s'y
original:
"Le traducteur
jours
d'Aig aliers
de la gloire
acharné tandis qu'en
pas la célébrité,
et
ou
La udun
seulement les propos négatifs.
exige un
teur
de
^
L'Art poétique fran-
^ Ibidem, p. 132.
^
Ibidem.
11
E. de
La
B o e t i e ,
A Marguerite de Carie, sur la traduction des Plaintes de Bradamant, Paris 1969, p. 667.
de l e s
"to u rn er
ment s a
d 'u n e
propre
poésie peut lui
L a Boétie se rend
tem ps,
enfin,
Et
ou
s'il
tient plutôt à
mettre
comme dans les
l'opinion
l'honneur
langue une phrase
La
par
"la
Une
"Arts poétiques" de de Laudun d'Ai-
t ra ns -
la
Etienne
traduction
l'auteur
du
étrangère
toute
de
en est toujours bonne
l'original.
l'original.
L'auteur de
rendre
"rebelle"
sa version soit à la fois
"ronger ses on g le s" 14
dans sa
qu'elle
belle
était,
et fidèle
Il lui arrive pas une seu en endurant des
véritables
Boétie semble se plaindre à sa femme qui
de lui une telle
même.
que si le traducteur entreprend de
aux pensées et idées de
maux.
le
"la sentance".
des heures en essayant de
il veille à ce que
notre
Boétie
en est à
la traduction passe
de
selon
La
une oeuvre bonne,
le fois
à son ouvrage
rendre le texte phrase par phrase,
et celui de Pelletier du Mans,
confirme
l'on veut la
comprend
prend en considération le contenu,
galiers
si
traduction de son original,
de savoir ce que La Boétie
chose est sûre:
et
la traduction,
travail, de
"la robe" tandis que "le corps" reste
Il est curieux
s'il
exige
de
que le simple lan gage" 1 3 .
Ce qui diffère la
robe":
une certaine gloire.
tout cela pour donner seulement
"rien que soit sien
auteur, c'est
garantir
parfaitement compte combien
d'efforts
bien faire.
l a n g u e e s t r a n g e r e " 12 s a c h a n t q u e s e u l e -
a
demandé
tâche en posant une question purement
rh é to -
rique:
Où peult asseoir
d'avoir
sa recompense
Le traducteur malheureux se fiance^.
La réponse
s'il
n'apporte
pas de consolation
peut attendre quelque intérêt
Comment
trouve une solution.
sujet de
Il
prend part
dans
Il
qui trouvent que tous les
traité par les Anciens
12 Ibidem, p. 667.
13 Ibidem.
^
Ibidem.
^
Ibidem, pp. 667-668.
d'une
poète:
savants ne prenant garde
donc atteindre la gloire.
chercher le sujet poétique.
pinion de ceux
notre
pour son oeuvre c'est u n i -
quement de la part des ignorants ; les
à un tel travail.
à
manière
la
La Boétie
d iscussion
ne partage pas
thèmes
excellente
au
l'o-
ont été déjà
et que
"la
fontaine soit v ui d e " 1 6 .
autrefois après
les deux ont
contraire,
il
laissé à la posté riorité
ration - même
d émontr é
que comme
Homère sont venus Théocrit e et V irg ile et tous
même ma intenant chaque
lui dictée
Au
s'il
une oeuvre de génie, de
po ète peut trouver une source
le
répète,
d 'i n s pi -
il traite ce sujet d'une façon
par sa propre imagination,
verve
et
enfin son t a-
lent poétique:
Heureux celuy que le premier on conte:
Mais qui ne
l'est, ne doit point avoir honte,
t...]
Or est-ce bien un grand abus, s o n
Que
d'inventer
cuide
la fontaine soit vuide.
De voir le fond on ne doit presumer
De nostre esprit, ny le fond de mer.
Des grands discours la semence infinie
D'oeuvre
nouveau
pour jamais est fournie,
Nostre esprit prend en sa source eternelle
Or une chose, or une autre nouvelle:
Or ceste cy, or ceste la il treuve,
Et puis encor, une autre toute neufve^7 .
La Boétie ne défe nd pas de puiser le sujet chez les Anciens,
étant
d'avis
que chaque thème peut
de diffé rentes manières,
et de
l'imagination
approcher sa
tirée
celles-ci
poétique
de
présenté
ne dépenda nt que
l'auteur.
conception du lecteur,
d 'Hérac lite
être
se
sert
l'une
d'une
(pantha rei):
Et tout de rang
L'une
suit
eau aprfes
d'un
l'autre
coulant:
eternel conduit,
l'autre, et
l'une
l'autre
fuit:
Par ceste cy celle la est poussee
Et ceste cy par une autre avancee:
Toujours
l'eau
va dans
du génie
Notre poète, pour
Ainsi voit Ion en un ruisseau coulant,
Sans fin
et traité
l'eau, et tousjours est-ce
18
Mesme ruisseau, et tousjours eau diverse
mét aphore
On ne peut pas refuser à
Etienne de La Boétie une o ri gi na -
lité de cette
image dans l'époque
où la majorité des
tés poétiques
se contentaient
reproduire
1 abeille
de
un
qui ramasse le nectar de différentes
faire du miel.
La
Boétie
montre bien
son
au tor i-
cliché
sur
fleurs pour en
érudition
et
sa
connaissance de la philosophie ancienne.
Le poème présenté nous
fait penser tout de suite du sonnet
acrostiche écrit par
Thomas
tion des
et celle des
pinion
contramours
Sébillet qui précède
présentée.
Cette
fois-ci ce
le traducteur qui prend
mière tout-à-fait
traduction
n'est
été
déjà
plus un théoricien,
mais
la parole et voit ce
différente.
tra du c-
de Lattini L'o -
Advis civils
de Sébillet-théoricie n de la
sa
Sébillet
a
métier
à la lu-
avoue franchement que
Tourner de langue en autre un estranger auteur
Honnore peu celuy qui en a pris la peine^.
Le traducteur travaille
en "se mordant
[souvent!
acharnement jusqu'à perdre haleine,
l'ongle".
Cet
effort cependant est
vain parce que toujours:
Avantage plus grand remporte
l'inventeur
On y voit parfaitement bien
de Sébillet et de
tirée de
La Boétie.
l'expérience
sible que
traduire
Est-ce,
personnelle.
d une
Quoi
sur la
"version"
,qu'il
en soit
le
hasard.
On
l'un
Th.
et
pour
S e b i l l e t ,
20 Ibidem.
TL *J
à
travail
les fruits b ie nf a i -
de Sébillet-traducteur
peut se demander si La Boétie a c on -
de
A
l'autre
mon
est
tous les problèmes que pose
"changement de robe"
19
poètes
l'approcher deß adeptes des
Chacun des deux poètes a ressenti,
les difficultés,
les
qu apporte le
l'opinion
fameux sonnet de Sébillet.
des opinions de
une opinion
tout a fait, p o s -
invitant
voyant
l'avis
s'identifie avec ce que sur ce sujet a avoué
Etienne de La Boétie.
nu
en
telle tâche, voulait
Muses.
Il est,
en
entre
peut-être,
pas connu les peines
des traducteurs, ou, peut-être,
sants
la ressemblance
Sébillet - théoricien
n avait
.
se servir
op. cit.,
d'une
p. VI.
avis la convergence
tout à fait due au
à son
tour,
toutes
la traduction,
express ion
ce
de La
Boétie.
S'ils
se plaignent,
leurs lecteurs,
les textes
que
le
c'est
fait
qu'ils
des auteurs étrangers,
qui ont; passé
peut-être
instruire
pu issent m aint enant lire
c'est
plusieurs jours et nuits
Etienne de La Boétie le
part?
pour
grâce aux traducteurs
remplis
dit à sa femme, es t-ce
de
fatigue.
gentil
de
sa
Université de Łódź
Pologne
Ewa Kozłowska
STEFAN DE LA BOÉTIE TEORETYKIEM PRZEKŁADU?
Stefan de La Boétie
na temat przekładu dał
nie napisał żadnej sztuki poetyckiej. Swym opiniom
wyraz w poemacie poprzedzającym
jego
tłumaczenie
Żalów Bradamanty z Ariosta.
Autor
Contr'un
wypowiada się na temat sztuki
łelletier du Mans czy też
de
tłumaczenia wymaga od tłumacza
Laudun
przekładu
d Aigaliers.
olbrzymiego
Stwierdza,
wysiłku,
natomiast
on się spodziewać żadnej chwały, bowiem cały nimb i tak
oryginału.
Autorowi tłumaczenia pozostaje
jego pracy wybitne
wi.
jedynie
podobnie
spływa
że
nie
na
do
proces
może
autora
satysfakcja, iż dzięki
dzieła starożytnych stały się dostępne szerszemu ogóło-