Colloque «L`interdisciplinarité, à la frontière de l`université
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Colloque «L`interdisciplinarité, à la frontière de l`université
Ce texte a été publié dans les actes du Colloque «L’interdisciplinarité, à la frontière de l’université et de la cité», Université de Neuchâtel, 25 et 26 septembre 1997, Berne : Confédération universitaire suisse. Commission de planification universitaire (1998), 56-67. Colloque «L’interdisciplinarité, à la frontière de l’université et de la cité», Université de Neuchâtel, 25 et 26 septembre 1997 «MONODISCIPLINARITÉ ET INTERDISCIPLINARITÉ DANS L’ENSEIGNEMENT ET LA RECHERCHE À L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL» Bernard TERRISSE Département des sciences de l’éducation Université du Québec à Montréal, Québec, CANADA Nous avons choisi de situer cet exposé dans le cadre de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) car, dès sa création, en 1969, cette université a voulu privilégier l’interdisciplinarité dans l’enseignement et la recherche et s’est donc dotée de structures pouvant permettre d’atteindre cet objectif. Après avoir rappelé les concepts de monodisciplinarité, multidisciplinarité, interdisciplinarité et transdisciplinarité, nous exposerons les structures organisationnelles de l’enseignement et de la recherche à l’UQAM, puis la façon dont peuvent s’y développer les approches interdisciplinaires dans les différents cycles d’étude et la recherche. En conclusion, nous tenterons de dégager quelques pistes de réflexion sur l’évolution actuelle de la recherche universitaire vers l’inter et la transdisciplinarité. 1. DE LA MONODISCIPLINARITÉ À LA TRANSDISCIPLINARITÉ La contribution d’une ou de plusieurs disciplines à l’étude d’un problème ou d’un objet peut se situer sur un continuum selon le degré d’interaction ou de fusion de ces disciplines, de la monodisciplinarité à la transdisciplinarité (cf. figure 1). Nous croyons utile de rappeler ici ce que recouvrent ces concepts en nous inspirant du «Dictionnaire actuel de l’éducation» (Legendre, 1993). Monodisciplinarité Unidisciplinarité (Intradisciplinarité) Pluridisciplinarité Multidisciplinarité Interdisciplinarité Transdisciplinarité Figure 1: Le continuum des contributions disciplinaires à la connaissance 2 • La monodisciplinarité, c’est l’étude d’un problème ou d’un objet par les spécialistes d’une seule et même discipline. Le terme «unidisciplinarité» est utilisé dans le même sens. On parle d’«intradisciplinarité» en didactique lorsqu’on réfère à un agencement des contenus respectant la logique de la discipline dans une approche monodisciplinaire. • La pluridisciplinarité, c’est l’étude d’un problème ou d’un objet par des spécialistes de quelques disciplines, sans qu’il y ait de concertation. Il s’agit d’approches parallèles tendant à un but commun par addition de contributions spécifiques. Le terme «multidisciplinarité» constitue un quasi synonyme: la différence réside dans le nombre plus élevé de disciplines concernées. • L’interdisciplinarité, à l’inverse des précédentes, implique qu’il y ait interactions et enrichissement mutuel entre des spécialistes de diverses disciplines, tant au niveau des connaissances que des méthodes, lors de l’étude d’un problème ou d’un objet. Dans l’interdisciplinarité, il y a interpénétration féconde et dynamique des savoirs entre les disciplines. • La transdisciplinarité constitue le niveau le plus élevé de ce continuum. C’est l’étude d’un problème ou d’un objet par des spécialistes de diverses disciplines qui transcendent leurs réflexions au-delà de leurs domaines respectifs et des points de rencontre de ceux-ci en visant la fusion des savoirs et des méthodes, favorisant ainsi l’émergence d’une nouvelle discipline englobant et dépassant les disciplines constitutives. Les différents niveaux de ce continuum se retrouvent dans l’ensemble de structures d’enseignement et de recherche à l’UQAM. 2. L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL: UNE UNIVERSITÉ À DOUBLE STRUCTURE L’UQAM fait partie du réseau des institutions de l’Université du Québec (UQ) qui regroupe 6 universités (ou constituantes) et diverses grandes écoles ou instituts de recherche (cf. fig. 2). L’UQ constitue le siège social de cet ensemble, dirigé par un président et une assemblée des gouverneurs. Cependant, chaque constituante a sa propre administration (rectorat, vicerectorats, décanats) et gère ses propres programmes dans le cadre de structures organisationnelles identiques. 3 UQ Assemblée des gouverneurs UQTR UQAR UQAC UQAM UQAH UQAT Grandes écoles, Instituts: INRS, ENAP ETS, IAF etc... Figure 2: Le réseau de l’Université du Québec Nous analyserons plus spécialement le développement de l’enseignement et de la recherche à l’UQAM qui est la plus importante de ces universités. Elle repose sur une double structure, l’une concernant plus particulièrement les disciplines, l’autre, les programmes, en particulier ceux de 1er cycle (cf. fig. 3). Il ne s’agit donc pas d’un système facultaire traditionnel. 4 Rectorat Vice-rectorat enseignement et recherche Vice-rectorat x. Vice-rectorat x. 1) Décanat de la gestion académique: Décanat des études de 1er cycle: Programme de 1er cycle (Interdisciplinarité) Banque de cours de 1er, 2e et 3e cycle et ressources professorales afférentes (Monodisciplinarité) 2) Décanat des études avancées et de la recherche: - Programmes de 2e et 3e cycles - Centres institutionnels de recherche Vice-décanat x. (Famille) Module x: Programme de 1er cycle Module x: Programme de 1er cycle Vice-décanat x. (Famille) Module x: Programme de 1er cycle Figure 3: La double structure de l’UQAM Il existe donc en principe à l’UQAM: • Une structure monodisciplinaire représentée par les départements qui assument les enseignements dans leur discipline au 1er cycle dans les divers modules (programmes) regroupés en familles et aux 2e et 3e cycles dans les programmes des certificats, maîtrises et doctorats dont ils sont responsables. • Une structure multidisciplinaire représentée par les divers modules de 1er cycle dont le programme comporte un certain nombre de cours choisis dans la «banque» de cours de chacun 5 des départements dont le champ disciplinaire contribue aux objectifs de formation de ces modules. En pratique, les distinctions entre ces deux structures ne sont pas aussi évidentes car certains départements sont eux-mêmes multidisciplinaires et, de ce fait, leurs programmes de 2e et 3e cycles également, alors que les programmes de certains modules sont, en fait, pratiquement monodisciplinaires. Nous nous proposons donc d’analyser brièvement les programmes des trois cycles selon leur degré d’évolution vers l’interdisciplinarité. 2. MULTIDISCIPLINARITÉ OU PROGRAMMES DE 1ER CYCLE? INTERDISCIPLINARITÉ DANS LES Chaque programme de 1er cycle constitue un module. Ce dernier est géré par le conseil de module, formé pour un tiers de professeurs appartenant aux départements concernés par le domaine d’étude de ce module et nommés par ceux-ci, pour un autre tiers par des étudiants élus par leur pairs et représentant chaque cohorte en formation (1re, 2e, 3e et 4e années) et enfin, pour le dernier tiers, par des représentants des milieux socio-professionnels concernés par ce programme et élus sur propositions de deux autres groupes (cf. figure 4). Le conseil de module comporte en principe 21 membres. Un directeur de module élu parmi les professeurs par le conseil est le responsable administratif et pédagogique du module, mais il doit rendre compte de sa gestion lors de réunions mensuelles au conseil qui représente donc le pouvoir décisionnel. Le vice-doyen de la famille (un professeur) fait également, d’office, partie du conseil. 1/3 professeurs (départements) Directeurs 1/3 étudiants 1/3 représentants du milieu socioprofessionnel Figure 4: Composition du conseil de module Le conseil de module doit gérer son programme et y apporter des modifications si nécessaire et veiller périodiquement à procéder à sa révision pour s’adapter à l’évolution des besoins socio- 6 économiques et du contexte socio-professionnel. Éventuellement, il doit élaborer un nouveau programme qui sera soumis à toutes les instances concernées de l’université. En fonction des objectifs de formation poursuivis par les modules, les professeurs de chaque département (cf. figure 4) proposent au conseil de module des cours de leur discipline, existants ou à créer. Ainsi, par exemple, le programme du Baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire (formation initiale) comporte une possibilité de choix parmi 60 cours, selon les options et les concentrations, offerts par 13 départements (Éducation (25), psychologie (1), mathématiques (7), linguistique (7), études littéraires (1), kinanthropologie (4), musique (1), danse (1) arts plastiques (4), théâtre (2), droit (1), morale (3), religion (3)) et 9 cours stage de formation pratique gérés par le module lui-même (cf. appendice 1). L’élaboration, la gestion ou la révision des programmes du 1er cycle sont donc indéniablement interdisciplinaires dans la mesure où elles impliquent de multiples interactions autour d’un projet commun entre plusieurs disciplines qui s’enrichissent mutuellement à travers leurs spécialistes. L’interdisciplinarité nous paraît cependant se limiter à cette étape car, après que les cours aient été acceptés dans les programmes, chaque professeur en assume l’entière responsabilité dans le cadre de sa propre discipline et, sauf exception, sans aucune préoccupation d’interdisciplinarité. Bien au contraire, il existe une tendance générale à la compétition entre les disciplines représentées par les départements, tendance qui peut d’ailleurs se manifester dès la phase initiale de conception du programme. En conclusion, nous estimons qu’au niveau des études de 1er cycle, si l’on se réfère à Lenoir (1991, cf. tab. 1), il y a interdisciplinarité par la voie d’entrée constituée par l’objet (le programme), mais que les approches pédagogiques qui en découlent sont seulement pseudointerdisciplinaires. Il est probable cependant que les interactions entre les spécialistes des diverses disciplines représentées au conseil du module suscitent ultérieurement des collaborations de recherche interdisciplinaires dans le domaine de formation et d’étude de ce programme. 7 Tableau 1 Des approches pédagogiques interdisciplinaires: les modèles élaborés en fonction de l’application des programmes d’études primaires au Québec (Lenoir, 1991) Voies d’entrée Par les objets Approches pédagogiques interdisciplinaires Caractéristiques 1° Pseudo-interdisciplinaire Recours exclusif à un déclencheur commun. 2° Pluridisciplinaire Recours à l’approche thématique. 3° Complémentaire au ni- Traitement de questions de façon veau des objets d’études complémentaire par les sciences humaines et les sciences de la nature. 4° Intradisciplinaire Application de chaque programme d’études actuel. 5° Instrumentale ponctuelle Recours ponctuel et occasionnel à des habiletés relevant d’autres matières. 6° Instrumentale généralisée Recours systématique et régulier à des habiletés relevant d’autres matières. 7° Auxiliaire occasionnelle Recours occasionnel à une démarche relevant d’une autre matière. 8° Auxiliaire systématique Recours systématique à une relevant d’une autre matière. 9° Auxiliaire fonctionnelle Recours nécessaire à une démarche relevant d’une autre matière, en vue d’atteindre un objectif d’un programme d’études. 10° Complémentaire au niveau des démarches d’apprentissages et des objets d’apprentissages Interactions entre les démarches des programmes construisant la réalité et celles des démarches exprimant la réalité en tenant compte des objets d’études des premiers. démarche 8 3. MULTIDISCIPLINARITÉ ET INTERDISCIPLINARITÉ DANS LES PROGRAMMES DE 2e ET 3e CYCLES ET LES CENTRES INSTITUTIONNELS DE RECHERCHE Il existe deux types de programmes d’études «avancées» (2e et 3e cycles) à l’UQAM: les programmes strictement départementaux et les programmes interdépartementaux et interuniversités. Les laboratoires institutionnels de recherche peuvent être également impliqués dans ces programmes. Le degré d’interaction des disciplines y est très différent. 3.1 Les programmes départementaux La majorité des programmes de 2e et 3e cycles sont élaborés et gérés par les départements euxmêmes et sont donc le plus souvent monodisciplinaires. Toutefois, tous les départements ne présentent pas la même homogénéité dans leur discipline et leurs spécialistes peuvent avoir des formations très diversifiées. C’est le cas, par exemple, du département des sciences de l’Éducation. Les professeurs y sont regroupés non pas en fonction de leur discipline d’origine, mais en fonction de ses applications à un objet d’étude, l’éducation. Les disciplines représentées sont, en particulier, la philosophie, la sociologie, la psychologie, la pédagogie, la docimologie (mesure et évaluation), l’informatique (A.P.O.) ainsi que les didactiques de certaines disciplines telles que les lettres, les mathématiques, l’histoire, les sciences, etc. (certains didacticiens ont cependant choisi de se regrouper dans leur département disciplinaire). Dans d’autres cas, les spécialistes d’une discipline font partie de divers départements. C’est le cas, par exemple, de la psychologie. Il existe un département de psychologie proprement dit, ayant son propre objet d’étude, mais de nombreux professeurs de psychologie appartiennent à d’autres départements, en fonction de leurs intérêts et de leur spécialisation: Départements des Sciences Administratives (marketing, étude de motivation, ressources humaines), de Linguistique (psycholinguistique, déficience auditive), de Kinanthropologie (psychophysiologie, neuro-physiologie), de Travail social, des Communications, etc. Dans tous ces départements, l’élaboration et la gestion des programmes deviennent donc interdisciplinaires et il existe même des collaborations de ce type au niveau des cours euxmêmes, pouvant aller jusqu’au «team-teaching». De plus, dans le cadre des divers comités départementaux, les spécialistes des différentes disciplines du même département entament des processus d’interactions qui les conduisent fréquemment à constituer des équipes de recherche 9 interdisciplinaires autour d’un objet d’étude et de recherche spécialisé. À titre d’exemple, l’actuel projet de recherche de notre Groupe de recherche (le GRÉASS) regroupe quatre chercheurs en psychologie, sociologie, pédagogie spéciale et kinanthropologie. 3.2 Les programmes interdépartementaux et interuniversités En marge des programmes strictement départementaux, il existe des programmes de 2e et 3e cycles dépendant soit de plusieurs départements de l’UQAM, soit de plusieurs départements du réseau des universités de l’UQ (UQAM, UQTR, UQAR, etc.) soit enfin de plusieurs départements de différentes universités (UQAM, U. de M., Concordia, etc.). Certains de ces programmes demeurent monodisciplinaires dans la mesure où il s’agit de collaborations entre les départements d’une même discipline, mais appartenant à des universités différentes. Par contre, d’autres sont interdisciplinaires dans leur conception même: tant les programmes que les cours sont conçus et assumés par des professeurs de différentes disciplines s’intéressant à un objet d’étude et de recherche commun, mais considéré sous l’angle de leur propre spécialité. Les interactions entre les spécialistes sont fréquentes et contribuent à la formation interdisciplinaire des futurs chercheurs. Nous citerons à titre d’exemple le doctorat en éducation du réseau de l’UQ: «Ce programme vise la formation à la recherche, (...) utilisant une approche macroscopique et interdisciplinaire...» (UQAM, doctorat en éducation, p. 1). Tous les descripteurs des cours reflètent cette volonté de privilégier l’interdisciplinarité qui doit être présente, tant au niveau de l’objet d’étude que des méthodologies de recherche propres aux différentes disciplines; «... pour situer l’études des problèmes en éducation dans une vision élargie, rendue possible par l’apport des différentes disciplines» (DME 9200, id, p. 2); «... de mener à bien sa recherche: une initiation à d’autres approches disciplinaires...» (DME, 9200, id, p. 2). Le cours «Recherche en éducation» a, en particulier, entre autres objectifs, l’étude des étapes d’une recherche interdisciplinaire en éducation et la définition des concepts de monopluri-multi-inter et transdisciplinarité (DME 9005, id, p. 2). Afin d’assumer cette interdisciplinarité, les cours DME 9000 et 9001 sont assurés conjointement par un professeur assisté par trois collègues de disciplines différentes, dont au moins deux sont présents à chacun des séminaires de recherche des doctorants. Chacun d’entre eux intervient en réaction à l’exposé des étudiants en fonction de sa discipline et de ses méthodologies spécifiques. Dans ce contexte, l’interdisciplinarité est donc vécue tant au niveau des formateurs que des étudiants (cf. appendice 2) 3.3 Les centres (laboratoires) institutionnels de recherche 10 Ces centres sont interdépartementaux et regroupent les spécialistes de tous les départements s’intéressant à un même objet de connaissance considéré sous l’angle de leur propre discipline en interaction avec les autres. Ils bénéficient d’autant plus de subventions d’infrastructure et de recherche que cet aspect interdisciplinaire est présent (certains organismes subventionnaires externes à l’université (FCAR, CRSHC, CQRS, etc.) en font même l’un des principaux critères d’octroi). Ceci favorise sans aucun doute la création d’équipes de recherche dont les membres sont complémentaires en terme de disciplines et de méthodes, ce qui permet de cerner l’objet d’étude dans son ensemble et dans son contexte. C’est le cas, par exemple, dans le domaine des sciences humaines, du LARESH et du CIRADE (cf., fig. 5). Les centres peuvent, d’ailleurs, regrouper des spécialistes de différentes universités et il existe également des «chaires» (intrauniversité ou interuniversités) qui suscitent, notamment par des programmes de séminaires, conférences, échanges internationaux, publications, l’établissement d’interactions entre les chercheurs de diverses disciplines s’intéressant au même domaine. C’est le cas, par exemple, de la chaire «Concordia-UQAM en études interethniques». 4. CONCLUSION: VERS LA TRANSDISCIPLINARITÉ DANS L’ENSEIGNE-MENT ET LA RECHERCHE? Les structures de l’UQAM ont certainement pour objectif de favoriser l’interdisciplinarité dans l’enseignement et la recherche. L’atteinte de cet objectif varie sans doute selon les cycles considérés, selon les disciplines et selon les objets d’étude. À l’UQAM, les secteurs des sciences humaines et de l’éducation semblent être plus propices que d’autres à l’interdisciplinarité, sans doute en raison de la multiplicité et de l’interpénétration des variables à considérer dans ces domaines de recherche. Le développement des modèles de recherche d’inspiration écosystémique (Bronfenbrenner, 1979) a amené les chercheurs à ne plus centrer leurs analyses sur un objet d’étude isolé (ontosystème), mais à situer celui-ci en relation avec l’ensemble des interactions de son environnement, en considérant donc les différents niveaux de l’écosystème (micro, meso, exo, macro). D’où la nécessité d’approches interdisciplinaires dans le cadre d’une même recherche. Au niveau supérieur du continuum de la mise en commun des connaissances et des méthodes, les modèles écosystémiques conduisent inévitablement à la transdisciplinarité. Nous nous référons ici, par exemple, aux recherches conduites dans le domaine de l’enfance en difficulté d’adaptation où il est nécessaire d’explorer et de prendre en compte simultanément les caractéristiques distales et proximales du microsystème familial (psychologie, sociologie, démographie, anthropologie, travail social...), les caractéristiques des mésosystèmes social et scolaire (sociologie, économie...), les institutions et les structures (exosystème), les valeurs et les 11 choix sociétaux (sociologie, politique, droit, éthique, philosophie...). Les recherches actuelles sur les facteurs de résilience (d’invulnérabilité) aux conditions créées par des environnements défavorables illustrent la transdisciplinarité puisqu’elles s’inspirent de modèles explicatifs en biologie concernant les agressions virales contre l’organisme (Gowen, 1952), adaptés en psychosociologie à l’étude des agressions de l’environnement socio-économique (Horowitz, 1987). Ces recherches s’orientent de plus en plus vers la transdisciplinarité. La multidisciplinarité et la transdiciplinarité correspondent à une époque où l’esprit humain s’aperçoit de la complexité des phénomènes à étudier et permettent sans doute l’avancement accéléré des connaissances dans la mesure où aucune discipline ne prend le pas sur l’autre, dans la mesure aussi où les acteurs savent transcender les querelles idéologiques et les rivalités personnelles et où les considérations économiques et politiques, nationales et locales, ne constituent pas les seuls déterminants des choix effectués par les responsables institutionnels. RÉFÉRENCES Université du Québec à Montréal (1995). Les départements, les programmes d’études avancées, les familles et les modules, Montréal, Qc.: Secrétariat général, UQAM, Novembre. Université du Québec à Montréal (1996). Doctorat en éducation, Montréal, Qc.: Registrariat, UQAM, Novembre. Legendre, R. (1993). Larousse. Dictionnaire actuel de l’éducation, Montréal, Qc.-Paris: Éditions Lenoir, Y (1991). Relation entre interdisciplinarité et intégration des apprentissages dans l’enseignement des programmes d’étude du primaire au Québec. Thèse de doctorat non publiée, Paris: Département des sciences de l’éducation, Université Paris VII. Bronfenbrenner, U. (1979). The Ecology of Human Development, Cambridge, Mass: Harvard University Press. Gowen, J.W. (1952). «Humoral and Cellular Elements in Natural and Acquired Resistance to Typhoid», American Journal of Human Genetics, 4, 285-301. Horowitz, F.D. (1987). Exploring Developmental Theories, New-York: Lawrence Erlbaum Associates. ________________________________ Bernard Terrisse, N-5780, Département d’éducation et formation spécialisées Université du Québec à Montréal, Case postale 8888, Succursale «Centre-Ville», Montréal, Québec H3C 3P8, CANADA 12 Téléphone: 1-514-987-3000, poste 3877 Télécopie: 1-514-987-4608 Courrier électronique: [email protected]