Revue de Presse On a..

Transcription

Revue de Presse On a..
Date : 02 NOV 15
Page de l'article : p.1,21
Journaliste : Marina Da Silva
Pays : France
Périodicité : Quotidien Paris
OJD : 38184
Page 1/3
Bartabas met en scène
le ballet des chevaux
et des hommes
SPECTACLE Pour fêter les Trente ans
de sa compagnie, l'artiste présente
à Aubervilliers sa dernière création
«On achève bien les anges».
Culture J|Savoirs
THEATRE EQUESTRE
Bartabas apprivoise les chevaux
et les anges
Zingaro fête ses trente ans avec panache en présentant l'un de ses plus beaux spectacles. On achève bien les anges est une métaphore
sur la fragilité et la puissance de la vie. Lin ballet envoûtant dans lequel transparaissent les bruits du monde.
Tous droits réservés à l'éditeur
ZINGARO 9495285400507
Pays : France
Périodicité : Quotidien Paris
OJD : 38184
Date : 02 NOV 15
Page de l'article : p.1,21
Journaliste : Marina Da Silva
Page 2/3
I
ls sont tous là. En robe noire ou
blanche. Lame de feu ou de cristal.
Tachetés comme des dalmatiens.
Dorés comme des déserts. Certains
n'ont pas quitté la scène depuis
trente ans, comme Le Caravage, qui
porte si fièrement son nom. D'autres
sont de jeunes crinières. Au final, pas moins
de trente et un chevaux accompagnés d'une
mule et d'un âne pour entrer en piste un à
un ou dans des combinaisons chorégraphiques. Pour ce treizième spectacle qui
marque les trente ans d'une compagnie
unique au monde combinant l'art équestre
avec le jeu, la musique, l'acrobatie et la
danse, c'est presque l'ensemble de la troupe
des chevaux aux noms d'artistes : Le Greco,
Soutine, Tintoret... qui est à la parade. Et
puis Bartabas, qu'on avait pris l'habitude
de voir davantage en chef d'orchestre, quasi
derrière les coulisses, s'exposant en première
ligne. Écuyer d'exception, on n'est pas près
d'oublier les galops indomptables qui le
transformaient en flamme dans Éclipse ou
Triptyk. Il est dans ce nouvel et merveilleux
opus, On achève bien les anges (élégies), le
personnage-clé d'un registre de jeu étonnant
Tous droits réservés à l'éditeur
où son visage sculpte inquiète autant qu'il
émeut, incarnation d'un fil rouge tendu
entre enfer et ciel (I).
Puissance et légèreté
Dès que le noir tombe sur la piste du théâtre
en bois du fort d'Aubervilliers, il est troué
par l'irruption d'une musique volcanique
déchirant les entrailles. Tremblement de
terre ou bruit des canons ? Des anges filles
et garçons descendent du toit, enroulés
dans des tissus dans lesquels ils virevoltent
avant de s'en extirper. Il s'agissait donc
bien de la fin du monde... ou d'une invitation
à entrer dans un autre monde.
Puis surgissent des cavaliers-anges avec
des ailes blanches flottant sur leur dos, déployant leur puissance et leur légèreté. Ils
seront neuf voltigeurs, le visage souvent
dissimulé par un masque, à composer des
danses de guerre ou de joie qui mettent le
public en apesanteur. L'alchimie des lumières, la construction musicale avec la voix
rocailleuse de Tom Waits au premier plan,
mais aussi Jean-Sébastien Bach, Kurt Weill
et quèlques autres, le ballet des chevaux et
des hommes envoûte dès les premiers instants et ne va cesser de fasciner crescendo.
ZINGARO 9495285400507
Date : 02 NOV 15
Page de l'article : p.1,21
Journaliste : Marina Da Silva
Pays : France
Périodicité : Quotidien Paris
OJD : 38184
Page 3/3
BARTABAS MET LE PUBLIC EN APESANTEUR ET L'INVITE À ENTRER DANS UN AUTRE MONDE. PHOTO JEFF PACHOUD/AFP
Bartabas compose dcs images vivantes d'avancer. Toutes exercent une attraction
comme les très grands peintres leurs ta- magnétique que vient rompre un orchestre
bleaux. Elles surgissent du réel et de l'ima- de clowns rouges. Dans leur sillage un boucher-confiseur vient proginaire, elles entrelacent
poser de « la viande hallal,
exaltation mystique et rigucasher, bio ou Dieu ne sait
eur mentale, poésie du corps « Bartabas
quoi... », un clin d'œil qui
et de l'esprit. Voici un fil
nous donne
fait le diagnostic d'un état
tendu pour la traversée pure
du monde dont la décomd'un funambule juste au- là son spectacle
position est contrée par la
dessus de l'assemblée des
dérision. Qui fait aussi surgir
chevaux, d'une beauté à le plus
sur le bout de la langue le
couper le souffle. Un cheval
goût de l'univers de Fellini.
sur le dos abandonné aux percutant
Dans ses créations, Bartabas
mains de son cavalier qui et allégorique. »
ne nous raconte pas vraiment
s'est couché sur son ventre
d'histoire, il invente une
pour le masser dans une vision amoureuse inédite. Il y a encore cette langue de sensations et d'émotions qui
charrette d'anges qui taquinent un poney contient toutes les histoires. Ici cependant,
en le soulevant de terre pour l'empêcher on a le sentiment qu'il y a davantage de
Tous droits réservés à l'éditeur
signes et d'échos rageurs des bruits du
monde. Les anges ont des ailes amochées
comme après une explosion... Ils vacillent
mais ne se rendent pas. Comme chacun
d'entre nous, Bartabas, qui fut croqué par
Cabu il y a des années, a été télescopé par
les tueries de janvier contre Charlie Hebdo.
Nul doute qu'il a mis quelque chose de cette
onde de choc dans On achève bien les anges
et qu'il nous donne là un son spectacle le
plus percutant et allégorique.
À voir aussi, le film Le Caravage, d'Alain
Cavalier, consacré à la relation entre Bartabas et son cheval éponyme.
MARINA DA SILVA
(I) Jusquau 31 decembre Theâtre équestre
Zingaro 176 avenue Jean-Jaurès
93300 Aubervilliers Tél 0148395417
ZINGARO 9495285400507
Date : 04 NOV 15
Page de l'article : p.30
Journaliste : Armelle Héliot
Pays : France
Périodicité : Hebdomadaire Paris
Page 1/1
PARARMELLE
HELIOT
ahelotOlefigarofr
Ce nouvel opus
de Bartabas,
le treizième en
trente ans, s'inscrit
dans la continuité
d'une pensée
rebord de la piste, fanfare étrange, aussi rica
nante que tendre, une fanfare a la Fellini, dans
des costumes en rouge et blanc de clowns inspires Cela grince et cela touche Le marchand
de douceurs vend aussi des charcuteries
« Casher, halal et Dieu sait quoi »
On achevé bien les anges rompt aussi avec Cala
cas, par la presence, insistante et jamais iden
tique, de Bartabas lui même Accompagne de
Soutme, du Tintoret du Caravage, bien sur, il
danse avec ses compagnons sur des chansons
de Tom Watts La voix rauque s'eraillant pai
fois la voix prenante, les paroles de chagrin,
de nostalgie souvent, du bluesman americain
ne sont pas une illustration Les chansons en
trent en dialogue a\ec la piesence du cavalier,
les figuies qu il demande a ses chevaux Ce
sont des moments d'une beaute et d une grace
subjugantes Maîs ce ne sont pas les seuls
DE MÉLANCOLIE À RIRE. Baitabas oichestre
son spectacle avec une precision remarquable La fluidité des images qui s'enchaînent,
les couleurs iiisees de gravite a joie, de me
lancolie a rire, tout fait d'On achevé bien les
anges un moment foil et tioublant Le titie
est évidemment emprunte a Horace McCov
et a son On achevé bien fes chevaux, plongee
dans les concours de danse des annees dures
de I Amerique Bartabas a ajoute un sous ti
tre Régies Ce sont ne l'oublions pas des
« chants de mort »
Maîs nulle complaisance morbide ne préside
aux images, a l'engagement magnifique des
cavaliers des cavalières, des musiciens, des
n ne le voyait plus Parfois, furtrve
ment, il apparaissait Maîs Bartabas chevaux On est face a la grande énigme de la
s'était letire des spectacles qu'il MC On discerne intuitivement ces parois de
imaginait, construisait, dirigeait Et voici qu'il nacre qui nous séparent peut etre d un autre
monde Sur de hautes echasses, des
revient Mercredi dernier est sorti le
personnages en buiqas bleues laissent
film fascinant d'Mam Cavalier Le Ca
passer des cavaliers qui ne sont que
ravage, tout entier (i h 10) consacie au THEÂTRE ZINGARO
des squelettes tiessautant, au creux
travail du maille ecuyei et de son 176 av Jean Jaures
du cratère, des croix de cimetière de
cheval prefere Quèlques jours aupa Aubervilliers (93)
TÉL
toutes les religions du monde nous
ravant, les représentations d'On OI 4 8 3 9 5 4 1 7
interrogent silencieusement
achevé bien les anges commençaient HORAIRES
pour le public au Theatre equestre mar mer ven et sam Les chevaux sont omniprésents Tous
a20h30 dim a!7h
plus beaux les uns que les autres Tous
Zingaro, a Aubervilliers
peignes, lustres superbes Harna
Ce nouvel opus, le treizieme en trente JUSQUÀ
a fm de annee
cnes, disciplines, obéissant a leurs
ans, est insciit dans la continuité DURÉE
cavaheis ou en troupeaux, libres,
d'une pensée et lompt avec le piece 2h
s ébattant magiquement sur d'autres
dent Par une scénographie remven CAT
musiques encore Bach comme Mes
tee d'abord <\u centre de la piste de 21 € a 41 €
s'ouvre un cratère Les anges aux veux bandes
siaen, Prokofiev ou Kurt Weill Cree aux Nuits
surgissent des cintres en une grappe étrange et
de Fourviere, On achevé bien les anges nous
enfourchent silencieusement les chevaux en
mené du cote du spirituel sans nous priver de
tamant une premieie londe fascinante Des la sensualité du monde I
rondes, il y en aura beaucoup Celles des musi
Pwfitez de réservations a pru réduits sur
ciens, notamment qui cheminent au long du
www ticketac com
BARTABAS
DONNE DES AILES
AVEC « ON ACHEVE
BIEN LES ANGES»
LE MAÎTRE ECUYER
DU THEÂTRE
EQUESTRE ZINGARO
SIGNE UN SUPERBE
SPECTACLE
DANS LEQUEL
IL APPARAÎT SU R
DES CHANSONS
DE TOM WAITS
POUR TOUT PUBLIC
Tous droits réservés à l'éditeur
ZINGARO 9341685400503
Date : 05 NOV 15
Journaliste : Didier Méreuze
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 93149
Page 1/1
Bartabas, entre ange et bête
) Apres ses derniers soles,
Bartabas revient au theâtre
de troupe pour le plus grand
ravissement du public
I Un spectacle en forme
de poème grave, tendre,
drôle, émouvant
ON ACHÈVE BIEN LES ANGES (ÉLÉGIES),
DE BARTABAS
Theatre equestre Zingaro,
a Auberall ers (93J
G était au temps ou, fils d'un pere
architecte et d'une mère médecin
Bartabas se faisait passer pour heritier d un baron tsigane issu d'une
improbable Mitteleuropa Ou il
pourchassait le public au milieu
des roulottes ou pendaient des rats,
a grand renfort dè cris gutturaux et
de borborygmes barbares, vêtu
d'une peau de bête, la crinière au
vent, un oiseau de proie sur son
épaule, la lance a la mam
C'était a I orée des annees 1980, à
Avignon, en « off », a l'enseigne du
Cirque Aligre, devenu, en 1985, Zin
garo Certains n'y virent que provocation D'autres avaient compris,
déjà, que s'inventait un art semblable
a nul autre, fondé sur la rencontre
de l'homme et du cheval, de l'univers
equestre et du monde de la danse,
de la musique, du théâtre
Un art souvent copie, jamais
égale, que Bartabas n'a cessé d'il
lustrer au fil d'une douzaine de
créations a l'mspirauon toujours
renouvelée Les unes placées résolument sous le signe d'un theâtre
populaire, ouvert a tous Battuta
Calacas D'autres, plus épures,
marquées du sceau d'une quête
plus spirituelle - Tnptyk, Loungta
D'autres encore, célébrant, en rituel
quasi religieux, la confrontation
intime entre Bartabas et ses chevaux
- Lever dè soleil, Golgota On
achevé bien les anges n'appartient
à aucune de ces catégories Ou alors,
aux trois a la fois
Malgre son titre, le spectacle ne
relevé en rien d'une adaptation du
roman d'Horace McCoy, immortalise par Sydney Pollack au cinema
II s'agit d'une suite d'« élégies » « poèmes lyriques exprimant une
plainte douloureuse, des sentiments
mélancoliques », précise Le Petit
Robert Maîs ponctuées, par Bartabas, d'intants de grâce, tendres et
graves, drôles et poétiques, toujours
Le spectacle se conclut sur une séquence d'une poésie inoubliable.
magiques, alors que, au fil des saynètes se fondent hommes et bêtes,
terre et ciel, vie et mort ici, les petits chevaux argentins s'ébrouant
paisiblement sur la piste en cratère,
la, une dizaine d'anges cavaliers aux
grandes ailes blanches, voletant ou
tombant du ciel, pour, avec delica
tesse, les enfourcher, ailleurs, ce
sont ces fantômes en burka montes
sur echasses qui pourchassent des
squelettes branlant sur leurs selles
Malgré son titre,
le spectacle ne
relève en rien d'une
adaptation du roman
d'Horace McCoy.
Moins inquiétant, maîs tout aussi
cocasse, est le cheval qui remue de
la croupe sur un rythme jazzy, tout
en égalisant la piste Ou ce vaillant
petit poney soulevé du sol par la
carriole qu'il tire, trop chargée
d'anges pour lui II y a aussi la re
prise de numéros traditionnels délicatement revisités - ah, les funambules sur fil au-dessus d'un
troupeau au galop ' oh, l'écuyere à
plateau 1
BARTABAS, BIO EXPRESS
• 1957 : naissance, le 2 juin.
De son vrai nom. Clément Marty.
• 1976: creation du Theâtre Emporté.
• 1978: création du Cirque Aligne.
• 1984: ^fondation de Zingaro, avec Igor
Dromesko, futur createur de la Volière Dromesko.
Tous droits réservés à l'éditeur
Dirige par François Manllier,
vieux comparse de Bartabas, flanque parfois d un boucher-confiseur
aux produits faits maison, « casher,
hallal et Dieu sait quoi », un petit
orchestre d'une douzaine de
clowns-musiciens garçons bouchers (chevalins 7 ) les accompagne
en fanfare S ajoutent la musique
de Bach, Prokoviev, Marcel Dupré,
Jean Guillou, Messiaen - Le Ban
quel céleste -, Kurt Weill - Lune
d'Alabama Et, surtout, Tom
Waits ange déchu chantant Innocent When You Dream d'une voix
d'outre tombe
II n'en demeure pas moins que
les séquences les plus enchanteresses sont celles ou Bartabas se
met en scène lui-même, en neuf
solos Changeant a chaque fois de
cheval, en même temps que d'apparence et de personnage (ange,
poivrot, clochard aux rouflaquettes teintes en rouge, chapeau
ou pas sur le chef, corde de pendu
au cou ou non ), il fascine plus que
jamais ll semble moins diriger ses
montures que leur obéir, comme si
ce n'était pas le cheval qui était la
plus belle conquête de l'homme,
maîs le contraire Ainsi lorsqu'il erre
en aveugle à canne blanche au mi-
lieu de pierres tombales de toutes
religions, guide par son fidèle Zurbaran a la robe noire Sont aussi
présents Tintoret, Horizonte, Le
Greco, Caravage, le héros du film
d'Alain Cavalier (La Croix du 27 octobre) Tous magnifiquement beaux
d'élégance et de muscles, magnifies
par Bartabas, lorsqu'il se livre a des
exercices de haute-école avec l'un,
en couche un autre sur le dos, se
laisse mener par le bout du nez par
un troisieme, dodelinant de la tête
L'osmose est parfaite, propice à de
doux câlins
Commencées dans le fracas
d'une bande-son et des lumières
aveuglantes comme des phares,
On achevé bien les anges se conclut
sur une séquence d'une poesie
inoubliable une pluie de nuages
de mousse se déverse sur la piste,
noyant dans leur halo un cheval
blanc et les anges-musiciens qui,
bientôt, remontent au ciel, poses
sur un nouveau nuage, telles des
figurines plantées sur un gâteau a
la creme Fuiraient-ils l'enfer de
la Terre '
DIDIER MÊREUZE
20 h 30 SENS OI AS 39 5417
www bartabas fr
• 1989: installation dans le theâtre de bois,
construit à son intention, par Jack Lang,
à Aubervilliers.
• 1992: premier film, Mazeppa, en 1992.
• 2003: prend la direction de I Académie
du spectacle equestre de Versailles.
• À lire: Pour une vie d'artiste
Éd. Autrement. 2012.146 p 17 €.
• A voir: Zingaro l'intégrale
1989-2009 9 DVD, MK2,105 €
ZINGARO 1924785400505

Documents pareils