Novembre 1941 La bataille des îles Abrolhos

Transcription

Novembre 1941 La bataille des îles Abrolhos
Novembre 1941
4 – La bataille de l’Atlantique (et autres mers lointaines)
La bataille des îles Abrolhos
1er novembre
Mer cruelle
Atlantique Central – La corvette La Paimpolaise, escortant un convoi entre Dakar et
Casablanca, est coulée au large des côtes africaines par l’U-572. Le sous-marin échappe à la
contre-attaque des autres escorteurs du convoi. En fin de journée, dans le cadre de l’opération
“Lumière Bleue”, il reçoit l’ordre de passer en Méditerranée et se dirige vers Gibraltar.
Alerte au raider
Darwin (côte nord de l’Australie) – Après avoir patrouillé en mer d’Arafura, l’aviso
D’Iberville et le croiseur auxiliaire Aramis entrent au port de Darwin. Après s’être
réapprovisionnés, ils lèvent l’ancre ce même soir pour la zone Geraldton-Fremantle, car des
interceptions radios font craindre qu’un corsaire allemand opère près de la voie maritime
vitale Fremantle-détroit de la Sonde.
4 novembre
Lumière Bleue
Détroit de Gibraltar – Alors qu’il tente de passer en Méditerranée dans le cadre de “Lumière
Bleue”, l’U-572 est détruit par une patrouille anglaise.
5 novembre
Alerte au raider
Australie – Le croiseur HMAS Sydney rejoint le transport de troupes Zealandia et le croiseur
auxiliaire HMAS Adelaide dans la Grande Baie d’Australie. Le Zealandia doit rallier
Singapour avec plus de 1 000 hommes de la 8e Division australienne. Le Sydney doit
l’escorter jusqu’au détroit de la Sonde en raison de la probable présence d’un corsaire
allemand au large de la côte d’Australie occidentale.
9 novembre
Alerte au raider
Australie – Le Sydney et le Zealandia arrivent à Fremantle. Le Zealandia reçoit l’ordre d’y
rester provisoirement, pendant le Sydney met cap au nord pour rejoindre le D’Iberville et
l’Aramis près des îles Abrolhos.
10 novembre
Bataille des îles Abrolhos
Au large de la côte d’Australie Occidentale – Extrait du rapport officiel transmis aux
Amirautés alliées
Le déroulement des événements relatés ci-dessous est encore flou. En effet, ils ont été pour
une grande part reconstitués par les officiers du HMAS Sydney après l’interrogatoire des
survivants français et allemands.
Le 10 novembre 1941 à midi, par grand beau temps, l’aviso D’Iberville et le croiseur
auxiliaire Aramis détectent un navire marchant au cap 260, à 15 nœuds, dans le détroit central
des îles Abrolhos. Les deux bâtiments français se séparent pour encercler le vaisseau suspect,
qui s’identifie comme le hollandais Straat Malakka. Le D’Iberville ordonne au suspect de
stopper. Après un moment de confusion à la radio, le bâtiment tourne au 250° et met en
panne. Le D’Iberville envoie un message, reçu par la station radio à grande puissance de
Canberra HMAS Harman, indiquant qu’ils ont intercepté un navire suspect. Ce message est
capté par le Sydney, qui accélère à 30 nœuds pour atteindre le plus vite possible la zone
d’interception. Le D’Iberville reste devant la proue du bâtiment suspect tandis que l’Aramis,
plus fortement armé, en fait le tour pour mieux voir le prétendu Straat Malakka.
13h14 – L’Aramis stoppe à tribord du suspect, en accord avec les instructions de l’Amirauté
britannique concernant l’interception d’un corsaire possible (ces instructions avaient été
communiquées aux navires français lors de leur escale à Singapour et Darwin). Cette position,
à tribord et légèrement en arrière, était considérée comme sûre. Le second du D’Iberville voit
alors l’Aramis pivoter de 10° ou 20° sur tribord avant de stopper pour mettre à l’eau sous le
vent une embarcation afin de monter à bord du suspect.
13h17 – Il semble que personne n’ait vu le vaisseau amener le pavillon hollandais lorsqu’une
violente explosion secoue l’Aramis, qui commence à brûler. Le navire suspect ouvre alors le
feu avec des canons allant du 150 mm au 20 mm tant sur l’Aramis que sur le D’Iberville.
On présume que le navire suspect, aujourd’hui identifié comme l’allemand KMS Kormoran,
était équipé d’un tube lance-torpille sous-marin disposé à 135° sur chaque travers. L’Aramis
fut mis hors de combat par la torpille, même si certains de ses canons de 138,6 mm purent
ouvrir le feu, mais sans atteindre le Kormoran.
De multiples obus de 20 mm touchent la passerelle du D’Iberville, tuant le commandant,
tandis que l’aviso est également frappé par plusieurs obus de 150 mm. Cependant, ses trois
pièces de 138,6 sont prêtes. Elles ouvrent immédiatement le feu à courte portée (moins de
1 200 mètres), mettant au but au moins six et peut-être huit obus avant que les deux canons
avant ne soient détruits. A ce moment, l’officier artilleur qui dirige le feu du canon arrière
peut voir clairement l’enseigne allemande sur le vaisseau ennemi.
13h21 – Une autre explosion est aperçue sur l’Aramis, où les incendies paraissent hors de
contrôle. A ce moment, le croiseur auxiliaire accuse une gîte d’au moins 15°.
Cependant, des incendies font aussi rage sur le corsaire allemand. Il a reçu au moins deux
autres obus de 138,6 dans la coque, sous le pont, et une explosion éblouissante est aperçue,
peut-être provoquée par des casiers à munitions.
Le D’Iberville est alors touché en succession rapide par plusieurs obus de 150 mm et la
plupart de ses officiers sont maintenant tués ou blessés. Selon les survivants, « sur la
passerelle, c’était une véritable boucherie ». Tous les équipements radios sont détruits. Un
jeune aspirant parvient à diriger l’aviso vers le sud, augmentant la distance, tandis que le
corsaire allemand s’éloigne lentement vers le nord en continuant à brûler.
13h31 – La fumée du combat est aperçue de la passerelle du HMAS Sydney. Le capitaine
Burnett, qui le commande, ne pouvant joindre les deux bâtiments français qu’il sait être en
patrouille, fait prendre les postes de combat.
13h43 – Voyant deux colonnes de fumée à l’horizon, Burnett fait changer de cap pour
pouvoir lancer son hydravion Supermarine Walrus.
A ce moment, le Kormoran a cessé de tirer sur le D’Iberville, qui parvient à donner 8 nœuds
sur son diesel, malgré un violent incendie. L’Aramis sombre par la proue probablement à cette
heure, avec de lourdes pertes.
14h10 – L’observateur du Walrus signale au Sydney qu’il voit un navire de guerre gravement
endommagé ressemblant à un aviso français ou hollandais, au cap 170, au sud des îles
Abrolhos.
14h22 – Le corsaire allemand, cap au nord et brûlant lui aussi, est aperçu. Burnett demande
par radio à Fremantle d’envoyer deux escorteurs aider l’aviso endommagé, qu’il identifie
comme le Bougainville (c’est bien sûr le D’Iberville), car il veut rattraper le corsaire avant la
nuit. Le Walrus commence à tourner en rond au-dessus du navire allemand, tâchant
évidemment de rester hors de portée de possibles tirs anti-aériens.
15h15 – Le corsaire stoppe et les incendies semblent gagner en intensité.
15h30 – L’observateur du Walrus peut signaler qu’il voit l’équipage allemand évacuer le
navire. Du pont de ce dernier, on peut voir la fumée du Sydney, qui approche rapidement.
15h54 – L’officier de tir du croiseur vise le corsaire, mais deux minutes plus tard, une très
violente explosion secoue le Kormoran, qui coule très vite, avant que le Sydney ait commencé
à tirer. Les survivants allemands ont attribué la dernière explosion à des mines transportées
par leur vaisseau.
Tandis que le Walrus continue à tourner, le Sydney retourne aider le D’Iberville. L’aviso
français a stoppé, car l’incendie rend intenable la salle des machines. En approchant, le
Sydney établit le contact par signal optique. Le D’Iberville lui demande de rechercher des
survivants de l’Aramis, ce que Burnett fait bien volontiers.
18h00 – Le HMAS Sydney a récupéré la plus grande partie de l’équipage du Kormoran, mais
seulement 35 hommes de l’Aramis, dont six vont d’ailleurs mourir de leurs brûlures.
18h30 – L’équipage du D’Iberville étant parvenu à contrôler les incendies, le diesel est
redémarré. Le navire blessé se traîne alors à 6 nœuds jusqu’à Geraldton, escorté par le Sydney,
avec plus de 130 morts et blessés sur 183 membres d’équipage.
13 novembre
Redéploiements et réarmements
Alger – Si l’Amirauté ne s’était pas trop émue après la perte du croiseur auxiliaire Quercy
(X20), survenue le 30 août précédent, considérant que les forces déployées dans l’Océan
Indien restaient à un niveau suffisant, il n’en va pas de même après la victoire à la Pyrrhus des
îles Abrolhos, laquelle a coûté l’envoi par le fond du grand croiseur auxiliaire Aramis (X1)
ainsi que la mise hors combat pour plusieurs mois de l’aviso colonial D’Iberville. Après
discussion, l’idée d’armer de nouveaux croiseurs auxiliaires pour remplacer les deux unités
disparues est toutefois écartée : les paquebots ou les cargos rapides disponibles sont pour
l’heure plus utiles comme transports, de troupes ou de fournitures.
La solution retenue ne nécessite de fait aucune réquisition supplémentaire. Elle consiste à
faire passer dans la catégorie des croiseurs auxiliaires les grands patrouilleurs Marigot (P1) et
Caraïbe (P6), en remplaçant leur armement de quatre pièces de 100 mm par autant de 138
prélevés sur le cuirassé Paris (stationné à Plymouth). Le Marigot, futur X23, sera transformé
le premier : il profitera de la présence à l’arsenal d’Alger de quatre canons de 138 apportés là
en début d’année, quand il avait été envisagé d’armer en croiseur auxiliaire le bananier Belain
d’Esnambuc, projet renvoyé aux calendes grecques après les graves dommages subis par ce
bateau au mois de mars. Le Caraïbe, futur X24, suivra dès que quatre nouveaux canons seront
arrivés de Plymouth. Les 100 mm débarqués du Marigot permettront de renforcer l’armement
du patrouilleur auxiliaire Alice Robert (P31), qui sera ensuite déployé dans l’Océan Indien.
En attendant la pleine exécution de ces mesures, l’Amirauté décide de renforcer la présence
française dans l’Océan Indien, en y envoyant temporairement, dès la fin de son actuelle
mission d’escorte entre Casablanca et les Antilles, le croiseur auxiliaire Charles-Plumier
(X11), qui passera par le Canal de Panama. Elle y redéploie aussi via Suez, tout aussi
temporairement et bien qu’il ne soit guère rapide, le patrouilleur Président Houduce (P40). Ce
dernier sera remplacé dans les patrouilles anti-sous-marines des parages de Gibraltar par
l’Heureux (P28), libéré des Patrouilles de l’Océan par une Royal Navy désormais mieux
pourvue en escorteurs ASM.
16 novembre
Un forceur de blocus italien
Dairen (Mandchoukouo) – Le cargo à moteurs (motonave) Cortellazzo (5 292 GRT, 14,5 n.)
quitte ce port sous contrôle japonais avec une cargaison de 5 659 tonnes de matières
premières, destinée pour les trois quarts (4 309 tonnes) à l’Allemagne. Il doit traverser le
Pacifique, doubler le cap Horn et remonter l’Atlantique pour gagner Bordeaux. Il est prévu
qu’il voyage camouflé en cargo japonais… mais à partir du 8 décembre, il devra prendre
l’apparence d’un cargo suédois.
Il arrivera à Bordeaux le 27 janvier 1942. Sa précieuse cargaison sera rapidement transportée
vers l’Allemagne et l’Italie par chemin de fer. Rome récompensera largement son
commandant, Luigi Mancusi, et tout son équipage.
21 novembre
Arctique
Côtes de Norvège – Sous les ordres du successeur du commandant Attané, le LV Petit1,
l’Archimède remporte sa sixième victoire en coulant devant Hammerfest le cargo norvégien
Bessheim (1 774 GRT).
26 novembre
Sous dix drapeaux
Cherbourg – Le Komet achève sa mission après plus de 500 jours de mer pendant lesquels il
a franchi huit fois l’équateur. Il a coulé ou capturé une dizaine de navires (totalisant environ
40 000 t), dont une partie en collaboration avec l’Orion. Quelques jours plus tard, il sera en
Allemagne.
30 novembre
Sous dix drapeaux
Brunsbüttel, embouchure du canal de Kiel – Le Thor entame sa seconde croisière. Sous le
commandement du capitaine Gumprich, il doit chasser les flottes baleinières dans l’Atlantique
Sud puis passer dans l’Océan Indien. Escorté par les T-2, T-4, T-7 et T-12 (2e Flottille de
torpilleurs), il doit d’abord atteindre La Rochelle, en passant par la Manche.
1
Auparavant commandant du 1 100 tonnes Dauphin.