Revista de Ia Universidad de Costa Rica 21
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Revista de Ia Universidad de Costa Rica 21 ETUDE SUR LA POETIQUE D' ARISTOTE Prof Thais Peralta Carranza * Introduction La Poetique appartient aux traites d'Aristote sur I 'esthetique. Sa Poetique est une reponse au defi que Platon avait lance dans sa Republique invitant "ceux qui n 'etaient pas poetes, mais amants de la poesie" (1) a en faire une apologie, car Platon condamnait celle-ci au nom de Ia verite et de la morale: au nom de la verite, parce qu 'elle imite un monde exterieur qui n 'est lui-meme que le reflet du monde des idees et au nom de la morale, parce qu 'elle montre les dieux et les heros en proie toutes les passi8HS humaines. Aristote, comme on le verra, s'oppose aPlaton par la theorie de la "catharsis" ou de "la purification des passions" et par la valeur generate qu 'il attribue ala poesie qui -nous dit-il- est "quelque chose de plus philosophique et de plus eleve que l'histoire" (2) parce que celle-ci raconte le particulier, par exemple, ce qui est arrive aAlcibiade, tandis que la poesie exprime plutot ce qui est general, permanent, universel. a 1. Place de Ia Poetique dans l'oeuvre d' Aristote a) En 343-342 avant J.-Christ, Aristote, qui avait alors 41 ans, fut charge de I 'education d'Alexandre. Cette education consistait avant tout afaire comprendre aux jeunes Grecs la lecture d'Homere et des poetes tragiques. Aristote se livra a leur etude, car, tout en etant philosophe, il etait tres erudit. b) .. Cependant, la doctrine litteraire, d'Aristote n 'est pas le resultat de ses recherches sur ces poetes, elle decoule plutot de sa philosophic et de sa conception generale de l'art. Dans sa celebre definition de la tragedie, Aristote insiste sur l 'action dramatique. On peut trouver une explication de cette insistance dans sa doctrine, bien connue, sur l 'acte et la puissance: c 'est dans l 'activite que l 'hom me realise ce qu 'il n 'est en dehors de l 'activite que virtuellement. Si le poete veut imiter l 'hom me, il doit done le montrer agissant. Profesora del Departamento de Lenguas Modernas. Facultad de Ciencias y Letras . 22 Revista de Ia Universidad de Costa Rica Aristote decouvre aussi dans Ia nature me me de 1'hom me, enclin < l'enfance imiter et naturellement avide d'imitation, Ia cause de Ia poesie. a 2. La Poetique: oeuvre incomplete Une theorie esthetique exige une systematisation. Comme Platon etait ennemi d ' tel procede, il a fallu tirer ses doctrines de ses Dialogues (3). Chez Aristote, au contrai Ia systematisation et Ia classification sont 1'essence de sa contribution philosophique. a) Malheureusement, sa Poetique, I'oeuvre dans laquelle on aurait esperer trouver une etude organisee sur !'art et sur Ia heaute, nous · parvenue mutilee, incomplete. Elle contient une introduction generale, une etude sur Ia tragedie et u etude sur I 'epopee, ainsi que Ia comparaison de ces deux genres. Nous verrons que Ia Poetique ne remplit pas le programme que' Aristc avait trace au debut du premier chapitre. Elle ne serait que le prem livre d' une oeuvre plus complete: le deuxieme livre aurait traite de comedie. h) D 'autre part, Ia Poetique est le cours professe par Aristote sur Ia poes M. Hardy dit que "Ia Poetique a !'allure et aussi tout l 'interet d ' expose verbal" (4). C'est pourquoi nous trouvons des disgressions, t retours en arriere et des parties nouvelles ajoutees au canevas primi Et les specialistes en Ia matiere, les commentaristes, ont ete ohlii d 'interpreter, de reconstruire. Pour toutes ces raisons, cette oeuvre presente des incoherences < rendent sa lecture tres difficile. Objet de Ia Poetique l. Aristote traite de I 'art poetique en lui-meme . 2. De_s~s especes, c 'est-a-dire des divers genres ou formes que peut prendr~ poes1e. 3. De l 'effet pro pre de chacune, c 'est-a-dire, de Ia fonction et des possihili de chaque genre ( epique, theatre, etc.). De Ia fac;on de composer les fables ou les arguments pour que Ia compositi 4. soit helle. Puis, du nomhre et de Ia nature des parties que peuvent avoir les differe: 5. types de poesie. 6. Ainsi que de tous les autres prohlemes qui se rattachent aIa meme rechercl L'art et Ia poesie sont des imitations-MIMESIS La poesie est situee dans les arts d'imitation (5). En general l'epopee, le poe: tragique, Ia comedie, le dithyramhe (6) et Ia musique sont des imitations, des MIMES Toutes les formes de l 'art sont des " mimesis", des imitations de Ia Nat1 qu 'Aristote appelait " Physis ". Pour Aristote Ia "Physis" est Ia nature com me force creatrice. L 'artiste imite de Ia nature quant son principe de mouvement; de realisation; le poete imite Ia nature d~ son elan vital, dans sa force creatrice. Dans cette imitation, il ne s 'agit pas d 'une co pie servile de Ia nature: le poete im et acheve Ia nature, car il a le concours de I 'intelligence. II exprime une perfection qu~ nature, Ia plupart du temps, ne peut pas exprimer, ou "que Ia nature n 'a pas eu le ten d'achever" (7). Cette imitation ne s'etend pas seulement a Ia nature exterieure, Ia SCE du drame, elle a pour objet I 'homme, Ia vie humaine, ce qu 'il y a de permanent d~ a a Revista de Ia Universidad de Costa Rica 23 I 'homme. Et le poete, selon Aristote, doit exprimer ce qw devrait etre dans Ia VIe humaine, tout en demeurant vraisemblable. L'art serait done Ia creation d'etres parfaits. En quoi les imitations se differencient-elles? I. Par les moyens. Par I 'objet. 2. 3. - Par Ia maniere d'imiter. A Moyens pour i miter Les uns imitent par les couleurs et les dessins, comme les peintres. Les autres, par Ia voix, par le rythme, (8) la diction ou langage et I 'harmonic ou melodic. Exemples La danse imite les passions par le rythme (sans melodic). Le jeu de Ia flute imite par le rythme et Ia melodic. L 'epopee emploie le rythme et le langage. La lyrique, le rythme, le langage et Ia melodic. De meme que la lyrique chorale et le dithyrambe. Le theatre emploie les trois --rythme, langage et melodic-- mais pas toujours en meme temps: le dialogue imite par le tythme le langage; le choeur imite par le rythme, le langage et Ia melodie. Quels sont ceux qui doivent etre appeles poetes? Le metre et Ia creation poetique Dans I 'art d'imiter par le langage, les uns ecrivent en prose, les autres, en vers en employant le metre. Les poetes epiques et les poetes elegiaques emploient le metre d'une maniere differente: .,les premiers emploient I 'hexametre dactyli que (9) et les seconds, les vers distiques (10). Cependant, ce n 'est pas i' emploi clu metre qui fait le poete. Aristote en donne un exemple. L 'hexametre dactylique a ete employe par Empedocle et par Homere. Empedocle, qui etait naturaliste, l'emploie comme instrument de communication. Homere, qui etait poete, I 'emploie pour Ia creation poetique. Le nom de naturaliste convient a Empedocle, tandis que celui de poete convient a Homere. Le nom de poete depend done de Ia qualite de I 'imitation, c 'est-a-dire, de Ia creation poetique. B. Objet de !'imitation L 'objet de I 'imitation est Ia peinture de I 'humanite, en beau et en laid. Les arts imitent des sujets qui agissent, les poetes presentent des hommes en action ou les actions des hommes. lis presentent surtout deux sortes de personnages: l 2- Les gens de merite, les meilleurs, les nobles. Les pires, les mediocres. Ainsi, Homere peignait des personnages supeneurs a Ia realite, tandis que Nichochares, des personnages inferieurs. Les poetes veulent faire sentir les grandeurs et les petitesses de I 'homme. Les monstruosites ne sont pas considerees. On verra que dans Ia tragedie les fautes sont commises par erreur, par un defaut de caractere. Cette difference dans le choix des personnages va distinguer Ia tragedie de Ia comedie. Celle-ci represente les hommes inferieurs et celle-la, les hommes superieurs a Ia realite. C. La maniere d'imiter Aristote dit qu 'il y a trois manieres d'imiter: 24 Revista de Ia Universidad de Costa Rica La premiere, par Ia bouche du poete. Exemple: les poetes lyriques, comme Sappho, Pindare, imitaient de cette fa-;on. Mais Aristote dedaigne le lyrisme. Une autre fa~on, c 'est d'imiter en narrant,soit I 'auteur impersonnel qui narre, 2. soil par Ia bouche des personnages, comme le fait Homere dans ses epopees. 3. Et Ia troisieme, c 'est de representer les personnages com me agissant, com me "en acte ", dans le theatre . Aristote emploie le verbe "metabalo" pour indiquer que I 'acteur agit, qu 'il se trans forme en un autre hom me par rapport au public (ll ). Les acteurs s 'identifient avec les heros qu 'ils representent. l. HOM ERE --- ~-- / I I I I' I I I ,' EJ1hme ...._ I \ I / / II I I I ', I I I MOYEN$ ··•.. I I I ,' II SOPHOCLE .,.··. I I I I I I I I I I I_ .. MAN I ERE OBJET \ \ II I I II MOYENS r- I I I I MAN I ERE .---: - - -- Repd•nh SOPHOCLE i I I I / II II ' II II I 1 ARISTOPHANE .,_ \\ \ \ ........, ',' .,_ '- \ ·, ' \ ......... \ / / /.. ··...' ' ". \ , '\ ' \ ' ··-. .' \\. / I l I o' I I I ' I I II ' Penonnaae• oup6rieuro ' \\ \ /. v .I / ,/ II // I , /' R,-,lua•. ~-·al <'cllo ·. I \ I ' \ I \ ' ' \\ / I ! ./ / I I ,// MOVENS \ ;- - , I ."'/ I ...... ::0 I ~ u;· I I» Q. m .I I I \;/ I» I c::: OBJET ·-- r--------------------------------~ mediocre• :::::1 :c· m !a. Q. I» Q. Q. m n MANIEAE 0 aepdeeat- d• - · g ::0 c:;· I» N U1 26 Revista de Ia Universidad de Costa Rica .. .ij 0 :; e ! s: .!! .! w ,/' z ~ :J: Q. 0 -~- ,· / ---·-- .... C/) a: ~ ----- -------- w a: w s 0 :J: ---------. ---,_--....,_____ _ ------"'-·,,··-... ----··"-.., ·-..,·~-. ; w > 0 s Revista de Ia Universidad de Costa Rica 27 Exemples 1. Si nons comparons Homere et Sophocle nons trouvons des similitudes d'objet: les deux imitent des hommes superieurs. Mais nons trouvons anssi des differences: Par les moyens: Homere imite par le rythme et le langage et Sophocle, par le rythme, le langage et Ia mClodie. par la maniere: Homere narre, Sophocle represente. 2. Comparons maintenant Sophocle et Aristophane: nons trouvons des similitudes par les moyens (rythme, langage, melodie) et parla maniere: d'imiter: touts deux imitent des personnages qui agissent; ils representent ces personnages. Les differences se trouvent dans l'objet: Sophocle imite des personnages superieurs, Aristophane imite des mediocres. 3. Enfin, revoyons les moyens, I 'objet et Ia maniere d'imiter en comparant Homere et Aristophane: Par les moyens: Homere imite au moyen du metre et du langage. Aristophane emploi le metre, le langage et Ia melodie. Par l'objet: Homere imite des hommes superieurs. Aristophane imite des mediocres. Quant la maniere: Homere imite en narrant et Aristophane represente dans le theatre. Les Doriens sont les inventeurs de la tragedie et de Ia comedie auxquelles ils ont donne le nom de drame, parce que leurs oeuvres imitent des personnages agissant. a II. A. Origine de Ia poesie Deux causes naturelles se trouvent l 'origine de Ia poesie: l 'instinct d 'imitation de l 'homme et le plaisir qu 'il prend aux imitations. En outre, Ia mClodie et le rythme etant naturels en nons, ceux qui etaient le mieux clones firent petit petit des progres et Ia poesie naquit de leurs improvisations. Histoire de Ia poesie La poesie se divisa suivant le caractere propre de }'auteur: a) Les auteurs a l'ame elevee imitaient les actions nobles, les actions des hommes de merite. Ils composaient des hymnes et des Cloges. lis composaient des vers heroiques, des hexametres dactyliques. b) Les auteurs vulgaires imitaient les actions des hommes viis composant d'abord des "blames" en vers iambiques (12). Homere apparan comme le pere de la litterature grecque: il a excelle dans le genre eleve, dans ses oeuvres epiques (L'Ilinde, L'Odyssee). ll a fait aussi une esquisse d'une comedie, Le Margite& qui est un poeme epique burlesque et qui n 'existe plus aujourd 'hui. II fut ecrit en vers iambiques qui devinrent les vers de la comedie. Origine de Ia tragedie La tragedie remonte aux auteurs du dithyrambe qui est devenu un vrai hymne. Le directeur du choeur ou coryphee s 'est converti en personnage: on suppose que le pretre qui dirigeait le choeur s 'est oppose un beaujoun1 ce cnoeur en laissant entendre qu 'il etait Dionysos. Le pretre feint d 'etre un autre homme et les autres feignent dele croire (13). a a B. C. D. Evolution de Ia 'tragedie II y a trois etapes dans l'evolution de la tragedie: l. Au debut, un protagoniste qui &'oppose au choeur. Par exemple, dans Les Suppliantes d'Eschyle (14), le choeur, les Danaides, entre en conflit avec le personnage principal qui est le roi Pelage: cinquante Danaides 28 Revista de Ia Universidad de Costa Rica lbolulioD de Ia 1'nl'df• (Diqnmmeo du Dr. Lentn GAfticlo) I I.ProUcoDide 2 - .. ·4--COdl~---- lo l.ProUcoqlde lut&e \ ' 1. 3 fro~nlfte ;\\ / I .1 / / 1 / / \ \ '\\ \.,\ 3 Trttacontne ___ _ _ ___.,_______... \ \ \ \ ' Revista de Ia Universidad de Costa Rica 2- 3. 29 viennent lui demander asile parce qu 'elles ne veulent pas epouser leurs cousins, les fils d'Egypte. Eschyle -nous dit Aristote- a ajoute un deuxieme personnage le deuteragoniste. Et c 'est avec I 'apparition de ce deuxieme acteur que le theatre nail vraiment, parce que le theatre nail du conflit --agon-- des personnages (15). L 'importance du choeur est diminuee et on donne le premier role au dialogue. Par exemple, dans le Promethee Enchaine (16) Promethee est le protagoniste, Zeus, le deuteragoniste. Et il y a aussi le choeur. Sophocle a introduit le troisieme acteur, le tritagoniste, qui aide a creer le conflit. Les lignes du conflit se font entre trois personnages. Par exemple, dans Antigone (17) Creon est le protagoniste; Antigone, le deuteragoniste et Tiresias, Hernon, Ismene peuvent etre, tour tour, le tritagoniste. Sophocle fit peindre le scene et des lors on ne representa que des actions sublimes. En outre, on substitua aux vers de huit pieds, le trimetre iambiquefU _.~_7\J L ,1V 1 c 'est-a-dire des vers iambiques ·des trois pieds, vers plus appropries pour Ia conversation. a :n E. Origine de Ia comedie Dans Ia comedie, on imite des hommes de qualite morale inferieure dans le do maine du risible -defauts du corps ou de I 'arne- cette imitation ne causait pas de dommage, comme le masque comique qui etait risible . Ainsi, Homere peignait en Margites un homme tellement bete qu 'il doutait s il avait le meme age que ses parents. De meme que Ia tragedie, la comedie est associee au culte de Dionysos, aux farces de masques, au cours desquelles ceux qui y prenaient part echangeaient et chantaient de grossieres plaisanteries. On ne connaft pas I 'evolution de la come die parce qu 'elle n 'etait pas en faveur. On ignore qui a introduit les masques (18), le prologue, le nombre d'acteurs. Les fables com1ques ont commence en Sicile. Et a Athenes, ce fut Crates qui commen~a ridiculiser les vices en general, abandonnant Ia comedie faite d'attaques et d'allusions personnelles. a F. L'epopee Avant d' aborder l 'etude de Ia tragedie, Aristote indique les ressemblances et les differences entre celle-ci et I ;epopee. Puis, a pres a voir etudie a fond la tragedie, il complete son etude sur I 'epopee. L'epopee, a-t-on deja dit, est une imitation d'hommes de haute valeur morale qui se fait I 'aide du metre et par le recit, Ia narration. Comparaison entre I' epopee et Ia tragedie Ressemblances Elles imitent des hommes de haute valeur morale, des hommes superieurs. Elles presentent une action entiere, ayant commencement, milieu et fin. La fable do it procurer du plaisir. L 'action se developpe par les peripeties, les reconnaissances -dont nous Nous rappelons seulement ici Ia parlerons en traitant Ia tragedie-. reconnaissance a ' Ulysse par Eurykleia, sa nourrice ( 19). Le denouement peut etre simple comme dans L'Iliade et Antigone ou complexe, comme dans L 'Odyssee et Hippolyte (20). 11 y a des epopees aussi bien que des tragedies simples et implexes (21). a a) b) c) d) e) f) / ·........ / / ////_/. / / ...... ........ .....~ ,. / ............. /' ·. . .............~· ~ c;;· - ..... ,- Q) c.. \ a) Imltent des hommes supeneurs b) Action enb~re :D \ ....... RESSEMBLANCES ...... CD Dr \ c :::1 (ayant commencement :c· CD ·.\ ~c.. Q) c.. c.. CD milieu-fm). / _// c) Fable dolt procurer du pla&Sif d) L ' actaon se developpe pat penpities, \ reconnaissances. / ... e) ./ ..... C") Denouement sunple ou complexe 0 \ f) _/; Sunples et unplexes ~ ' Q) :D DIFFERENCE!': / I DIFFERENCES l ·Metre •amb1que, melod1e hexametre daetyhque sans 2- Representatwn melodte. acteur spectacle 3- Etendue 2· Narratzon Lunrtee: 3- Etendue N 'est pas bm1tee dans achons s1multanees le temps recit retrospectd 4· Mer verlleux 0 ·•.. '·.......... ,./ 1 .. Metre w TRAGEDIE EPOPEE 1 revolution du aolell. Ne peut pas prisenteJ' &Imuitanelti d'actlona 4-Merver//eux do1t etre mena&e agyeable Mitre, mus!Que (spectacle Superionte de Ia tnce<he Elle a plu.s de resources plus d ' unite (etendue moind:re) Attelnt mieux oa fin emotions d.ramatlauel c:;· Q) Revista de Ia Universidad de Costa Rica 31 Differences a) b) c) Par I' emploi du metre et Ia maniere d'imiter: L 'epopee imite par le langage et emploie un metre uniforme, l 'hexametre dactylique qui, Jfour son ampleur, s'accommode mieux aux mots insignes (22) et aux metaphores. L 'epopee est une narration sans musique et sans representation, sans optique, sans spectacle. La tragedie imite aussi par le langage, mais emploie le metre iambique et la musique. C'est une representation avec spectacle. Par l'etendue L'epopee n'est pas limitee dans le temps. Et grace ace qu'elle est un recit, le poete peut presenter simultanement plusieurs parties de l 'action. Ainsi, dans L'Odyssee ily a simultaneite dans la ligne d'action de Tetemaque partant ala recherche de son pere et dans celle d'illysse qui se trouvait dans l 'fie de Kalypso (23). L 'epopee permet egalement le recit retrospectif. Par exemple, Ulysse qui narre a Alkinoos ses aventures apres laGuerre de Troie (24). Tout cela procure au lecteur le plaisir du changement. Dans la tragedie, l'etendue est limitee, car, nons dit Aristote, "l 'action doit s 'enfermer, autant que posible, dans le temps d'une revolution du soleil" (25). Comme la tragedie est un representation, on ne peut pas presenter la simultaneite des actions sur la scene. Le merveilleux est agreable dans l 'epopee, mais doit etre menage dans la tragedie (26). Aristote fait l'eloge d'Homere Aristote considere Homere un poete merveilleux entre tous et le poete epique par excellence: a) Sa fable tourne autour d'une seule action. Il a su choisir dans L'Iliade (27) un episode de la Guerre de Troie: tous les evenements gravitent autour d'une action telle qu'est la colere d'Achille. Les autres faits, illes traite sons forme d'episodes, destines a agrementer l 'oeuvre, a detasser l :auditoire. b) Homere n 'intervient pas directement dans ses oeuvres. Dans L 'Ilia de et dans L 'Odyssee sa voix impersonnelle narre, puis, il cede sa voix --par le discours direct et par le recit retrospectif-- aux personnages qu 'il met aussitot en action. Superiorite de Ia tragedie sur l'epopee Malgre son admiration pour Homere, Aristote prefere la tragedie l 'epopee. C'est en donnant ses raisons de la superiorite de la tragedie sur l 'epopee qu 'Aristote termine son Art Poetique. Il considere qu'on ne doit pas confondre l 'art du poete avec l 'art del 'acteur: un jeu force pent aussi bien se rencontrer chez un rapsode qui recite une epopee que chez un acteur qui joue une tragedie. Parle seule lecture d'une tragedie ou d'une epopee, on pent se rendre compte de leur qualite. Cependant, la tragedie -conclut Aristote- l'emporte sur l'epopee parce qu'elle a plus de ressources: elle emploie le metre, la musique, le spectacle; son etendue est moindre et elle a plus d'unite (d'une epopee on peut tirer plusieurs tragedies). Aussi, la tragedie atteint-elle mieux sa fin, celle de produire les emotions dramatiques (28). a 32 Revista de Ia Universidad de Costa Rica NOTES (1) Cite in J. G. Warry, Greek Aesthetic Theory, (London: Methuen & Co. Ltd., 1962), p. 86. (2) Aristote, Poetique, texte traduit par J. Hardy, (Paris: Societe d'Edition "Les Belles Lettres", 1932) Chap. IX, p. 41. (3) Chez Platon la beaute supreme est liee a I' Idee du vrai et du bien. En realite toute sa philo sophie est esthetique. (4) J. Hardy, in op. cit, Introduction, pag. 8. (5) Le terme art designait aussi bien les beaux-arts que les arts utiles, comme !'architecture, I' art de la medecine, etc. (6) Chanson a Dionysos, dieu du vin. (7) Raymond Bayer, Histoire deL 'Esthetique (Paris: A. Colin, 1961 ), p. 42. (8) Rythme est la repetition d'une unite definie. En poesie cette unite est le pied; c'est l'unite metrique. Dans Ia metrique du vers grec, le pied est compose de deux syllabes ou plus, de quantite variable. La quantite est la duree longue ou breve d'une voyelle. Exemples: Pied dactylique : ...:... 1.L4.L· Pied i"am bique: u. ..!. . .Pied trochai·que:....!.... u . (9) L'hexametre dactylique est un vers dactylique de 6 pieds: ~vv/..!_uu/-' convient aux actions heroiques parce qu' il est plus ample. ui./-'uv/...!...u~_!_v ~ (10) Ces distiques sont formes par un hexametre dactylique et un pentametre dactylique. ( 11) Dr. Lenir Garrido, Cours de Litterature C/assique FL-101, Universite de Costa Rica, 1970. (12) Le i'amb·.!r;:_i _!Jest le metre propre ala conversation. (13) Dr. Lenin Garrido, Cours de Litterature Qassique FL-101, Universite de Costa Rica, 1970. (14) Esquilo, Las Siete Tragedias, Las Suplicantes. (Mexico: Editorial Porrua, 1968). (15) Dr. Lenin Garrido, Cours cite. (16) Esquilo, Prometeo Encadenado. (17) , Sophocle, Theatre. Traduit en franr;ais par Louis Humbert. (Paris: Librairie Garnier. Sans date). (18) Les acteurs portaient un masque expressif qui servait de porte-voix. (19) Homere, Odyssee. Traduction en prose par Leconte de Lisle. (Paris: Librairie Alphonse Lemerre, sans date), tome ll, Rapsodie XIX, p. 14. (20) Euripides, Las Diecinueve Tragedias, Hipolito. Version del griego de Angel Ma. Garibay K., (Mexico: Editorial Porrua, S.A., 1969). (21) Celles qui sont implexes consistent en peripeties et reconnaissances. (22) Aristote appelle mots "insignes" les mots etrangers (23) Homere, Op. cit., Rapsodie V. (24) Ibid., Rapsodie IX. (25) Aristote, Op. cit., Chap. V, p. 36. (26) Ibid., p. 69. a l'usage quotidien. Aristote Op. cit., p.63. Revista de Ia Universidad de Costa Rica (27) Homere, L '/liade. Traduction de Mme Dacier. (Paris : Librairie Garnier Freres, sans date). (28) Aristote, Op. cit., p. 75. 33