La vaccination du furet
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La vaccination du furet
Folia veterinaria LA VACCINATION DU FURET Parmi les « nouveaux animaux de compagnie », le furet (Mustela putorius furo) est fréquemment rencontré au cabinet vétérinaire. Ce carnivore appartient à la famille des Mustélidés. Domestiqué depuis longtemps, il a été utilisé comme animal de laboratoire et, à ce titre, on connaît assez précisément les pathologies dont il est naturellement affecté, ainsi que les virus auxquels il est sensible expérimentalement. Principales maladies virales du furet Les principales maladies virales qui atteignent le furet sont (Langlois, 2005) : • la maladie de Carré ; • la rage ; d’autres infections à lyssavirus, dont le lyssavirus de la chauve-souris européenne (souche EBL-1), responsable de mortalités humaines à la suite d’une maladie proche de la rage (Vos et al., 2004) ; • la grippe à virus influenza A humain, ainsi que les autres infections à virus influenza A responsables des grippes porcine, équine et aviaire (Govorkova et al., 2005) ; • l’entérite catarrhale épizootique causée par un coronavirus apparenté au virus de la gastro-entérite transmissible du porcelet ; • la gastro-entérite néonatale due aux rotavirus : • la maladie aléoutienne, causée par un parvovirus du vison ; • le syndrome respiratoire sévère aigu humain causé par un coronavirus humain : la sensibilité du furet a été examinée de manière expérimentale (Martina et al., 2003). Maladie de Carré Le furet est très sensible à l’infection par le virus de la maladie de Carré (Von Messling et al., 2003). Après une phase d’inflammation catarrhale, il développe une phase nerveuse. L’hyperkératose des coussinets plantaires est rarement observée. Lorsque le virus est adapté au furet, le cours clinique de la maladie se déroule plus rapidement. L’issue de la maladie est toujours fatale chez le furet. Rage Le furet présente également une très grande sensibilité au virus de la rage. La période d’incubation dure en moyenne un mois. Ensuite, le furet déclare une rage paralytique, avec parfois des signes d’agressivité, qui se termine en 4 à 5 jours par la mort de l’animal (Langlois, 2005). Grippe Le furet est facilement atteint par le virus influenza A de la grippe humaine. Cette infection est répandue dans les élevages de furets, sans que l’on connaisse précisément les conditions de transmission du virus. L’infection expérimentale du furet est bien décrite : l’animal souffre de jetage oculo-nasal purulent, d’éternuement, d’abattement, de fièvre et d’inappétence. La maladie est bénigne. La prévalence de l’influenza chez le furet de compagnie est inconnue. Face à de tels signes, il convient d’isoler le furet des contacts humains. Cette précaution est valable dans les deux sens : prévenir la transmission soit de l’homme grippé au furet, soit du furet durant la phase d’expression clinique à l’homme. Il n’existe pas de vaccin adapté au furet et la vaccination n’est pas conseillée (Langlois, 2005). Conseils de vaccination du furet Il n’existe pas de vaccin enregistré en Belgique qui possède une indication pour le furet. De tels vaccins sont pourtant disponibles dans d’autres pays, les Etats-Unis, par exemple. Comme le furet peut être considéré comme une espèce mineure, il conviendra d’appliquer le principe de la « cascade » en utilisant avec discernement les vaccins destinés aux autres carnivores domestiques. Dans tous les cas, une dose entière de vaccin sera administrée au furet. En effet, la stimulation de la réponse immune nécessite la même quantité d’antigènes, quel que soit le poids de l’animal, chien ou furet. Deux vaccinations sont importantes chez le furet domestique : contre la maladie de Carré et contre la rage (Hoover et al., 1989). Vaccination contre la maladie de Carré Comme le furet est très sensible au virus de la maladie de Carré, il est déconseillé d’utiliser un vaccin vivant insuffisamment atténué pour cette espèce. Les vaccins présentant à la fois une bonne innocuité et une bonne efficacité sont basés sur des virus fortement atténués par un nombre élevé de passages en fibroblastes d’embryons de poulet (Gorham et Wilson, 1997). De tels vaccins sont disponibles aux Etats-Unis, mais pas en Belgique. Dans notre pays, comme il n’existe ni vaccin inactivé, ni vaccin monovalent contre la maladie de Carré, la seule alternative consiste à utiliser des vaccins atténués canins, possédant le minimum de valence, dont celle de la maladie de Carré. Les données de terrain semblent indiquer que ces vaccins présentent une innocuité suffisante. Elles devraient cependant être validées à l’avenir. Une dose entière de vaccin est nécessaire pour une bonne stimulation de la réponse immune. Le schéma de vaccination est le suivant : • première vaccination à 8 semaines ; cette vaccination peut être inopérante en présence de taux élevés d’anticorps maternels (Hoover et al., 1989) ; il est donc nécessaire de répéter la vaccination ultérieurement ; • revaccinations à 11 et 14 semaines ; • rappels annuels de vaccination. Vaccination contre la rage La vaccination contre la rage est une obligation légale pour autoriser le transport intracommunautaire des carnivores dans le cadre du passeport européen. Les vaccins inactivés sont utilisés chez le furet (Hoover et al., 1989). Une dose entière de vaccin est administrée au furet. Le schéma de vaccination est le suivant (Langlois, 2005) : • une injection de vaccin à partir de l’âge de 12 à 13 semaines ; • rappels annuels de vaccination. Toute vaccination effectuée avant l’âge de trois mois doit être recommencée après cet âge. 2 Réactions adverses post-vaccinales Le furet est sujet à des réactions anaphylactiques post-vaccinales. Elles ont été rapportées à la suite de vaccinations antirabiques. La réaction apparaît 5 à 25 minutes après l’injection. Le furet montre les signes cliniques suivants : hyperémie généralisée, visible au niveau du nez, des muqueuses et des coussinets plantaires, hypersalivation, vomissements, diarrhée et cyanose (Greenacre, 2003). Face à un tel tableau symptomatique, il reçoit le traitement adéquat contre la réaction anaphylactique. Il est donc conseillé de garder le furet en observation durant 30 minutes après vaccination. Conclusions Le furet ne devrait plus être considéré comme « nouvel animal de compagnie », tant il est devenu fréquent à l’heure actuelle. Malgré cela, il n’existe pas encore de vaccins qui lui sont destinés en Europe. Pourtant, l’investissement pour vérifier l’efficacité et l’innocuité des vaccins contre la maladie de Carré et la rage ne devrait pas être très important : des vaccins contre la maladie de Carré existent pour le furet aux Etats-Unis ; tester l’efficacité des vaccins contre la rage chez le furet devient indispensable puisque cette vaccination est une obligation légale en Europe. Vu la robustesse des vaccins antirabiques qui leur confère une excellente efficacité dans toutes les espèces animales testées jusqu’à présent, il ne fait aucun doute que les vaccins actuels soient de bonne qualité pour le furet. Il faut donc espérer que le furet quitte son statut d’espèce animale mineure en regard du médicament vétérinaire et que des produits spécifiques soient bientôt disponibles. Références Gorham J.R., Wilson L.K. Vaccines for fur-bearing animals. In : P.-P. Pastoret, J. Blancou, P. Vannier, C. Verschueren (Editeurs). Veterinary Vaccinology, Elsevier Science, Amsterdam, 1997, p. 428-430. Govorkova E.A., Rehg J.E., Krauss S., Yen H.L., Guan Y., Peiris M., Nguyen T.D., Hanh T.H., Puthavathana P., Long H.T., Buranathai C.,LIM W., Webster R.G., Hoffmann E. Lethality to ferrets of H5N1 influenza viruses isolated from humans and poultry in 2004. J. Virol., 2005, 79, 2191-2198. Greenacre C.B. Incidence of adverse events in ferrets vaccinated with distemper or rabies vaccine: 143 cases (1995-2001). J. Am. Vet. Med. Assoc., 2003, 223, 663-665. Hoover J.P., Baldwin C.A., Rupprecht C.E. Serologic response of domestic ferrets (Mustela putorius furo) to canine distemper and rabies virus vaccines. J. Am. Vet. Med. Assoc., 1989, 194, 234-238. Langlois I. Viral diseases of ferrets. Vet. Clin. Exot. Anim., 2005, 8, 139-160. Martina B.E.E., Haagmans B.L., Kuiken T., Fouchier R.A.M., Rimmelzwaan G.F., Van Amerongen G., Peiris J.S.M., Lim W., Osterhaus A.D.M.E. SARS virus infection of cats and ferrets. Nature, 2003, 425, 915. Von Messling V., Springfeld C., Devaux P., Cattaneo R. A ferret model of canine distemper virus virulence and immunosuppression. J. Virol., 2003, 77, 12579-12591. Vos A., Muller T., Cox J., Neubert L., Fooks A.R. Susceptibility of ferrets (Mustela putorius furo) to experimentally induced rabies with European bat lyssaviruses (EBLV). J. Vet. Med., 2004, 51, 55-60. 3